23 Les maladies provoquées par les champignons LES MYCOSES GENERALISEES ET LES MYCOSES DIVERSES Les mycoses généralisées sont ordinairement des infections sporadiques qui apparaissent par hasard et n'engendrent pas de syndromes spécifiques par suite des différences de localisations organiques possibles. Un pas important a été fait lorsqu'on a montré qu'un certain pourcentage d ' avortements bovins qui ne pouvaient être attribués à un autre agent infectieux connu, était dû à des infections par des champignons et des levures. Les avortements mycosiques ont été également observés chez la brebis (4) et la truie. La fréquence des avortements fongiques est plus grande en hiver chez les vaches en étable que dans tout autre groupe; la maladie est très rare chez les vaches vivant en liberté au pâturage toute l'année. L'impression générale est que les vaches entretenues en étable sont exposées à un environnement fortement contaminé par des spores venant d'un foin ou d'un ensilage moisi. Dans de telles circonstances, l'avortement fongique peut compter pour 10 à 15 pour 100 des cas d'avortements qui se produisent dans un effectif. Une fréquence de 30 pour 100 a été observée chez des bovins maintenus en étable toute l'année (1). On a montré qu'il existait une nette relation positive entre la fréquence de l'avortement mycosique et l'importance des pluies au moment de la récolte du foin avant le début de la gestation (3). Comme on a remarqué que les infections fongiques étaient plus volontiers dominantes là où l'on utilisait intensivement les antibiotiques, on a émis l'hypothèse que l' augmentation des placentites mycosiques pouvait être mise en relation avec l'emploi généralisé de sperme traité par les antibiotiques dans l'insémination artificielle. Cependant la fréquence de la maladie ne paraît pas plus élevée chez les vaches inséminées artificiellement que chez celles qui sont servies par un taureau. Il est plus probable que l'infection s'opère à la faveur de l'inhalation ou de la pénétration par un ulcère de la caillette (2), avec localisation ultérieure dans l'utérus gravide et parfois dans d'autres organes. OUVRAGES GENERAUX S mith, J. M. B. (1968). N.Z. vet. 1., 16, 89-100. Austwick, P. K. C. (1966). Colston Pap., 18, 321. Kong, Y. C. M. & Levine, H. B. (1967). Bact. Rev., 31, 35-53. Campbell, C. K. (1969). Veterinary Annual, pp. 129-39. Bristol: Wright. BIBLIOGRAPHIE (1) Turner, P. D. (1965). Vet. Rec., 77, 273. (2) Cordes, D. O. et al. (1964). N. Z. vet. 1., 12, 95 & 101. (3) Hugh-Jones, M. E. & Austwick, P. K. C. {1967). Vet. Rec., 81, 273. (4) Gardner, D. E. (1967). N. Z. vet. J., 15, 85. La coccidioïmycose La coccidioïmycose est une affection relativement bénigne des animaux de la ferme, elle ne provoque généralement aucune maladie apparente. Des cas sporadiques ont été signalés dans toutes les espèces, mais c'est chez le chien (1), le boeuf (2) et à un degré moindre le porc, le mouton et le cheval (7) qu'on la voit le plus souvent. La maladie est enzootique dans le sud-ouest des Etats-Unis; jusqu'à 20 pour 100 des bovins en lots d'engraissement peuvent être atteints (7). L'apparition de la maladie chez les humains dans une région, pose un problème de santé publique (8). Coccidioides immitis est l'agent causal de la maladie dans toutes les espèces, l'homme y compris, mais l'infection ne se transmet pas facilement des animaux à I'homme, non plus que d'animal en animal. L'infection se produit par inhalation de spores du champignon qui pousse dans le sol, elle peut également se produire par ingestion ou par contamination d'une plaie (5). Les lésions chez 646 MEDECINE VETERINAIRE les bovins et les porcins (9) sont du type granulomateux, elles contiennent du pus de couleur crème, parfois calcifié. On les observe le plus généralement à l'abattoir ou à l'autopsie; par suite de leur localisation bronchique, médiastinale et parfois mésentérique, pharyngée et sous-maxillaire, ainsi que pulmonaire, elles peuvent être prises pour des lésions de tuberculose (3). Les mêmes lésions chez le mouton ressemblent beaucoup à celles de la lymphadénite caséeuse. L'examen microscopique ou la mise en culture peut être nécessaire à la distinction de ces maladies. Deux cas cliniques ont été signalés chez le cheval (4, 6). Dans l'un, on avait une émaciation grave, une température fluctuante, de l'oedème des membres, de l'anémie et de la leucocytose; la rupture du foie provoqua la mort. Dans l'autre, des coliques intermittentes se produisaient et, à l'autopsie, on trouva des adhérences péritonéales; des lésions typiques siégeaient aux poumons, au foie et à la rate. La maladie clinique a été signalée chez le mouton, se traduisant par de la fièvre et des abcès dans les ganglions périphériques. Dans le diagnostic, on a utilisé un extrait du champignon, la coccidioïdine, pour une épreuve d'allergie cutanée et une fixation du complément. L'isolement du germe est une méthode diagnostique spécifique, tandis que l'emploi de la coccidioïdine ne l'est aucunement (7). Il n ' existe aucun traitement. Comme l'infection se réalise principalement par l'inhalation de spores existant dans le sol, la prophylaxie dans les lots de bovins à l'engrais consiste à lutter contre la poussière. 11 en est de même en ce qui concerne la maladie de l'homme, car aucun vaccin, aucun agent thérapeutique n'est disponible et l'éradication de Coccidioides immitis des sols semble parfaitement impossible (8). BIBLIOGRAPHIE Maddy, K. T. (1958). J. Amer. vet. med. Ass., 132, 483. Prchal, C. J. (1948). J. Amer. rets med. Ass., 112, 461. Maddy, K.T. (1954). J. Amer. vet. med. Ass., 124, 456. Zontine, W. J. (1958). J. Amer. vet. med. Ass., 132, 490. Soles, G. W. & Davis, C. L. (1942). J. Amer. med. Ass., 119, 765. Rehkemper, J. A. (1959). Cornell Vet., 49, 198. Maddy, K. T. (1963). Proc. 66th ann. gen. Mtg U.S. Lire.stock san. Ass., p. 396. Maddy, K. T. (1960). Advances in Veterinary Science, Vol. 6, pp. 251-286. New York : Academic Press. Prchal, C. J. & Crecelius, H. G. (1966). 1. Amer. vet. med. Ass., 148, 1168. La mucormycose ' L infection des animaux par les champignon de la famille des Mucoracés est possible, on rencontre des infections à Rhizopus, Absidia et Mu. cor. Une placentite fongique provoquant l'avorta ment a été signalée chez les bovins (1, 2); les avortements se produisent ordinairement entre 3 et 7 mois; il y a de la nécrose des cotylédons maternels et le produit de nécrose donne au cotylédon placentaire l'aspect d'un coussin mou de couleur jaune; les espaces intercotylédonnaires portent des lésions élevées de la consistance du cuir. Des lésions correspondantes existent sur l'endomètre et des lésions annulaires se voient sur l'avorton. Des hyphes peuvent être vues à ' l'examen direct de frottis de cotylédons, d'estomac foetal et de peau. Si l'avortement mycosique est suspecté, les cotylédons placentaires constituent le meilleur matériel de recherche. Il faut s'efforcer d'obtenir le placenta entier, car l'infection peut n'être pas généralisée, mais être localisée à quelques cotylédons seulement. Les champignons peuvent être mis à cultiver sur des milieux convenables. Le catarrhe du fourreau accompagné de lenteur de la saillie et de masturbation a été vu chez des taureaux infectés par des champignons de l'espèce Absidia et on pense que l'infection s'est transmise par le coït (3). Des lésions granulomateuses, typiques des infections fongiques, peuvent siéger dans les ganglions mésentériques et la paroi intestinale chez le porc. Les lésions granulomateuses existent également dans les ganglions médiastinaux et mésentériques des bovins (4). Les lésions ressemblent à celles de la tuberculose et le laboratoire est indispensable à la différenciation (4). Ces lésions n'entraînent ordinairement aucun symptôme apparent On a signalé assez souvent la mucormycose digestive du porc et aussi du jeune veau. Elle s'associe souvent à une thérapeutique antibiotique prolongée. Chez le porc elle peut se manifester par une gastro-entérite avec vomissements et diarrhée, ou par une gastrite ulcéreuse qui donne de la diarrhée, de l'oedème, des hémorragies et des ulcérations visibles à l'autopsie (5). Il y a souvent des lésions oesophagiennes (6). Des enzooties similaires se rencontrent chez le veau (7, 8); l'infection et l'ulcération de la caillette sont des lésions fréquentes. Le sulfate de cuivre administré dans l 'eau de boisson est un agent efficace de lutte contre cette infection. La ruminite primitive due à la fermentation lactique après surcharge du rumen par les céréales LES MALADIES PROVOQUEES PAR LES CHAMPIGNONS est souvent compliquée de l'invasion de la paroi ruménale par des champignons du genre Rhizopus; la paroi s ' épaissit, devient oedémateuse et noire. Les lésions peuvent être diffuses ou localisées en taches dans le sac ventral du rumen. Il y a de la nécrose de l'épithélium corné et une péritonite étendue; des métastases peuvent exister dans le foie. Cliniquement l'animal peut réagir favorablement au traitement de l'indigestion aiguë, niais il se produit des rechutes avec anorexie totale, atonie du rumen et mort en 3 à 4 jours. On a décrit chez le porc une candidase cutanée qui provoque une dermatite; la maladie donne des enzooties graves chez les porcs maintenus dans un environnement humide (9). BIBLIOGRAPHIE (1)Austwick, P. K. C. & Venn, J. A. J. (1962). Proc. 4th lnt Congr. Anim. Reprod., The Hague, 3, 562. (2)Munday, B L. (1967). N. Z. vet. J., 15, 149. (3)Rollinson, D. H. L. & Haq, I. (1948). Vet. Rec., 60, 69. (4)Cordes, D. O. et al. (1967). N. Z. ver. J., 15, 143. (5)Gitter, M. & Austwick, P. K. C. (1959). Vet. Rec., 71, 6. (() Baker, E. D. & Cadman, L. P. (1963). 1. Amer. ver. med. Ass., 147, 763. (7)Mills, J. H. L. & Hirth, R. S. (1967). J. Amer. vet. med. Ass., 150, 862. (8)Smith, J. M. B. (1967). Sabouraudia, 5, 220. (9)Reynolds, I. M. et al. (1968). J. Amer. ver. med. Ass., 152, 182. L'aspergillose L'aspergillose généralisée est rare chez les grands animaux, bien que les diverses Aspergillus semblent être une cause relativement courante d'avortement chez la vache (1, 2) et qu'on l'ait signalé chez la jument (3) et la truie (4). Chez la vache, une placentite, identique à celle qui est due à l'infection par Mucor, est caractéristique et des hyphes peuvent être reconnus à l'examen sous le microscope de frottis directs de cotylédons ou d'estomac de l'avorton. La plupart des avortements surviennent entre le 6 e et le 8e mois de la gestation. Des prélèvements doivent être envoyés au laboratoire pour faire des cultures. On constate rarement une dermatomycose chez le foetus avorté, sous la forme de taches d'alopécie, recouvertes d'un amas feutré gris faisant une élevure, parsemées sur tout le corps (5). L'infecfion congénitale peut aussi se produire, on a déjà découvert des lésions granulomateuses renfermant le champignon dans les poumons d'un agneau d'une journée (6). 647 L'infection du placenta provient, pense-t-on, des ulcères de la caillette ou de l ' appareil respiratoire qui s'infecte par inhalation de spores venant de foin et de paille moisis. On peut réaliser l'infection du placenta et de l'utérus grâce à des injections intraveineuses au cours de la gestation (5), mais non par infusions intra-utérines avant la saillie. L'invasion du tube digestif se produit, la maladie est semblable à la candidose; chez le veau on a une gastro-entérite grave. Des zones de nécrose et des ulcérations apparaissent dans l'oesophage et l'estomac (7). L'aspergillose pulmonaire est rare chez les animaux, mais on en a publié des cas occasionnels chez toutes les espèces, parfois avec généralisation (8, 9). La forme pulmonaire de la maladie apparaît sous la forme d'une pneumonie chronique, subaiguë ou aiguë. La pneumonie aiguë est de courte durée, elle s'accompagne de fièvre et de dyspnée. Toutes les formes sont ordinairement mortelles (10). On rencontre parfois des granulomes cutanés, amenant des lésions semblables à celles de la tuberculose cutanée, chez les bovins. A l'autopsie, les poumons présentent des granulomes petits mais nombreux, souvent avec un centre nécrosé, ce qui donne une ressemblance grossière avec la tuberculose. Chez l'agneau, les granulomes se présentent comme de très petits nodules (1 à 3 mm de diamètre) et ressemblant à ceux de l'infestation par Muellerius capillaris. Une diarrhée persistante qui guérit après traitement à la nystatine est rencontrée dans l'infection du poulain par Aspergillus fumigatus (11). BIBLIOGRAPHIE (1) Dijkstra, R. G. (1963). T. Diergeneesk., 88, 563. lat. Congr. Anim. Reprod., The Hague, 3, 562. (2) Austwick, P. K. C. & Venn, J. A. J. (1961). Proc. 4th (3) Mahaffey, L. W. & Adam, N. M. (1964). J. Amer. vet. med. Ass., 144, 24. (4) Mason, R. W. (1971). Aust. vet. J., 47, 18. (5) Hillman, R. B. & McEntee, K. (1969). Corne!! Vet., 59, 269, 289. (6) Nobel, T. A. & Shamir, A. (1956). Refuah vet., 13, 23. (7) Barinov, V. N. (1968). Veterinariya, 2, 57. (8) Ainsworth, G. C. & Austswick, P. K. C. (1958). Fungal Diseases of Animais, Farnham Royal, Bucks, England : Commonwealth Agricultural Bureaux. (9) Gracey, J. F. & Baxter, J. T. (1961). Brit. p et. J., 117, 11. (10) Cordes, D. O. et a1. (1964). N. Z. vet. J., 12, 101. (11) Lundvall, R. L. & Romberg, P. F. (1960). J. Amer. vet. med. Ass., 137, 481. L'histoplasmose L'histoplasmose due à l'infection par Histoplasma capsulatum est rare chez les animaux de la 1 MEDECINE VETERINAIRE ferme, par rapport à ce qui se passe chez le chien; cette infection se distingue des autres mycoses parce qu'elle ne provoque pas la formation de lésions granulomateuses. L'invasion des cellules du système réticulo-endothélial est caractéristique de la maladie et les lésions consistent en groupes de macrophages agglomérés à des cellules para-sites. L'infection se produit par inhalation de poussière contaminée et l' invasion primitive est généralement pulmonaire. La maladie peut passer de l'animal à l'homme. Des tentatives d'infection expérimentale chez le bœuf, le mouton, le cheval et le porc n'ont donné que des infections non mortelles, sauf si l'agent pathogène est introduit par voie veineuse, mais le sujet devient et reste positif à l'épreuve à l'histoplasmine (1). Des cas ont été signalés chez le cheval, le boeuf et le porc (2). Une vache atteinte présentait une maigreur chronique, de la dyspnée, de la diarrhée et de l' anasarque. A l'autopsie on remarquait de l'ascite, de l' hypertrophie du foie, un épaississe-ment oedémateux considérable de la paroi du gros intestin et un emphysème interstitiel pulmonaire modéré. Histologiquement, on découvrait des corps éosinophiles ronds, typiques, dans les cellules endothéliales des espaces portes. Le pourcentage des sujets positifs à l'épreuve d'allergie à l'histoplasmine était élevé chez les animaux vivant au voisinage. Les poulains atteints étaient très maigres, avaient de la dyspnée et de l'ictère à l'âge de 6 mois. A la mort les poumons étaient fortement hépatisés et on remarquait de l'hypertrophie des ganglions lymphatiques bronchiques. En tant que moyen diagnostique collectif pour un effectif ou le bétail d'une région, l'épreuve à l' histoplasmine est valable; diverses études d'en-semble ont été publiées (11). La maladie provoquée par H. farciminosum est envisagée sous le nom de lymphangite épizootique. BIBLIOGRAPHIE (1) Saslaw, S. et al. (1960). Proc. Soc. exp. Biol., 105, 76. (2) Menges, R. W. et al. (1963). Ver. Med., 58, 331. La rhinosporidiose La rhinosporidiose est une maladie chronique de la muqueuse nasale des bovins et des équins amenant la formation de gros polypes dans les choanes postérieurs et une gêne respiratoire. Le champignon en cause, Rhinosporidia seeberi peut être découvert sous la forme de gros sporanges dans les polypes. Des granulomes nasaux que l'on pense être d' origine fongique provoquent également de l'ob struction respiratoire chez les bovins. Dans ces cas les lésions consistent en petits nodules (0,5 i 2 cm de diamètre) dont la distribution est limitée au tiers antérieur de la cavité nasale. Du point de vue histologique, il y a une nette réaction éosinophilique et des corps ressemblent à des levures se voient à l' intérieur des cellules ou libres dans les espaces tissulaires. Les champignons n'ont pas été positivement identifiés, mais ils ressemblent ià des Rhinosporidia. Cliniquement il y a une dyspnée marquée, avec jetage nasal muco-purulent, parfois teinté de sang, venant des deux narines. Les lésions se laissent voir et palper. La respiration est stertoreuse, elle peut être entendue à quel-que distance. La maladie peut être fréquente dans certains élevages et dans certaines zones. Une rhinosporidiose de ce type a été signalée aux Etats-Unis (1), en Australie (2), en Inde et en Amérique du Sud ( 3). Sur le plan clinique la maladie ressemble à une obstruction nasale due à la douve nasale Schistosoma nasalis (4, 5) et à la rhinite chronique allergique des bovins et des ovins. BIBLIOGRAPHIE (1) Robinson, V. B. (1951). Amer. J. vet. Res., 12, 85. (2) Albiston, H. E. & Gorrie, C.J.R. (1935). Aust. vet.l, 72. (3) Saunders, L. Z. (1948). Corne!! Vet., 38, 213. (4) Choudbury, B. (1955). Indian vet. J., 31, 403. (5) Biswal, G. & Dus, L. N. (1956). Indian vet. J., 33, 214. La cryptococcose (Blastomycose européenne, Torulose) L'infection par la levure Cryptococcus neoformans est connue dans la plupart des espèces, soit sous forme de maladie généralisée, soit de méningoencéphalite granulomateuse (1). Deus cas de méningite ont été publiés chez le cheval; les malades montraient de la raideur, de l'hyperesthésie ou de la cécité et de l'incoordination (2, 3). Les lésions myxomateuses de la muqueuse nasale dues à l'infection par Cryptococcus neoformans ont été observées chez le cheval et le boeuf; da abcès pulmonaires ont été vus chez le cheval et la chèvre ( 4, 5) et de la lymphadénite chez le boeuf. La mammite à C. neoformans a été décrite par ailleurs. De petites lésions pulmonaires se développant en tant que métastases d'une mammite crytococcique ont été décrites chez une vache (2). LES MALADIES PROVOQUEES PAR LES CHAMPIGNONS BIBLIOGRAPHIE (1)Laws, L. & Simmons, G. C. (1966). Aust. vet., 1., 42, 321. (2)Barron, C. N. (1955). J. Amer. vet. med. Ass., 727, 125. (3)lrwin, C. F. P. & Rac, R. (1957). Aust. ver. 1., 33, 97. (4)Sutmoller, P. & Poelma, F. G. (1957). W. Jnd. med. J., 6, 225. (5)Dickson, J. & Meyer, E. P. (1970). Aust. vet. 1., 46, 558. La moniliose (Candidose) La moniliose due à l'infection par la levure Candida albicans se rencontre chez les bébés mal nourris sous la forme d'une mycose de la cavité buccale (muguet). Une maladie identique a été observée chez des porcelets recevant une ration artificielle (1, 3, 4). Des vomissements fréquents avec émaciation apparaissent vers l'âge de 2 semaines. Une pseudo-membrane blanche couvre le fond de la langue et descend dans l'œsophage jusqu'au cardia stomacal. Le contenu de l'estomac et de l ' intestin est liquide. Le champignon a été isolé de la litière dans les cages où l'infection était apparue, mais on pense que le micro-organisme n'est pas pathogène à titre primitif et que l'invasion des muqueuses n'est possible qu'en association avec E. coli ou qu'en cas de forte concentration de glucides dans la ration artificielle (5). Le traitement des malades par la nystatine semble peu opérant. Une pneumonie chronique due à Candida albicans a été observée assez fréquemment chez les bovins à l'engrais (2). Les symptômes sont ceux d'une pneumonie avec dyspnée caractéristiquement grave, pouvant aller jusqu'à la respiration buccale, mais avec réaction fébrile modérée. Une salivation profuse, striée de sang et un jetage nasal muco-purulent strié de brun, apparaissent. Une diarrhée profuse peut se manifester, ainsi que des croûtes sur le mufle formées d'exsudat séché, mais il n'y a pas de lésions ulcéreuses, érosives ou vésiculeuses sur le mufle, ni dans les narines ou la bouche. Le larmoiement est souvent abondant, il colle les poils de la face, mais il n'y a pas de conjonctivite. La maladie est lentement progressive, le malade meurt ou est abattu. A l'autopsie on voit l'hépatisation des poumons, laquelle peut être extrême dans les cas anciens et de petits abcès caséeux dans le tissu pulmonaire. Des lésions locales peuvent exister dans la paroi de l'intestin. Le champignon se voit sur des calques et des coupes, on peut le cultiver sur milieux spéciaux. 649 Candida parapsilosis a été incriminée comme cause probable d'avortement de la vache (6). BIBLIOGRAPHIE (1) McCrea, M. R. & Osborne, A. D. (1957). 1. camp. Patte., 67, 342. (3) Saunders, L. Z. (1948). Cornell Vet., 38, 213. (2) McCarty, R. T. (1956). Ver. Med., .51, 562. (4) Gitter, M. & Austwick, P. K. C. (1959). Vet. Rec., 71, 6. (5) Osborne, A. D. et al. (1960). Vet. Rec., 72, 237. (6) Bisping, W. et al. (1964). Berl. Munch. rierürztl. Wschr., 77, 260 . La blastomycose nord-américaine Cette maladie semble n'avoir jamais été signalée qu'une fois sur les grands animaux (1). Chez le cheval atteint, il apparut d'abord une série d'abcès du périnée, puis l'amaigrissement et la mort s'ensuivirent. Chez l'homme et le chien, la maladie prend généralement la forme de lésions granulomateuses du poumon ou de la peau. Il n'existe aucun traitement efficace. La maladie est une zoonose importante. Le champignon en cause est Blastomyces dermatiditis. BIBLIOGRAPHIE (1) Benbrook, E. A. et al. (1948). J. Amer. vet. med. Ass., 112, 475. LES DERMATOMYCOSES La teigne La teigne est due à l'invasion des cellules kératinisées de l'épithélium et de la fibre pileuse par des dermatophytes. Fréquence La teigne se produit chez les animaux en toutes circonstances, mais plus volontiers lorsque les animaux sont confinés à proximité les uns des autres pendant de longues périodes. Les dégâts sont peu importants et I'exploitation n'est pas perturbée sur le plan économique. C'est en hiver que l'affection est la plus fréquente, au printemps on signale souvent des guérisons spontanées. Cependant des cas apparaissent aussi au cours de l'été quand les animaux sont tenus enfermés; il se peut que la nutrition soit plus importante dans les facteurs prédisposants que ne peuvent l'être la température et la lumière solaire. 1 Etiologie Les agents étiologiques sont des champignons qui poussent sur le poil ou sur la peau, ou sur les deux. Les plus courants sont, par espèce animale : Chez le cheval: Trichophyton equinum; Tr. quinckeanum, Tr. mentagrophytes, Microsporum equinum, Tr. verrucosum. Chez le boeuf : Trichophyton verrucosum, Tr. mentagrophytes, Tr. megnini, Tr. verrucosum var. album, Tr. verrucosum var. discoides. Chez le porc : Tr. mentagrophytes, M. canis, Tr. verrucosum var. discoides, M. nanum, Tr. rubrum. Chez le mouton : Tr. verrucosum var. ochaceum, Tr. quinckeanum, Tr. mentagrophytes, Tr. gypseum, M. canis. Les Trichophytes produisent des spores en longues chaînes; les Microspores produisent des spores en mosaïque et toutes deux sont capables de pousser sur le poil. La transmission interspécifique se produit facilement; dans les régions rurales 80 pour 100 des teignes humaines ont une origine animale (1). Les trichophyties sont couramment contractées auprès des chevaux et des bovins, tandis que les infections à Microsporum canis dérivent du chien (3). La teigne animale passe aussi bien chez l'homme adulte que chez l'enfant. Le diagnostic et le traitement sont souvent difficiles. Comme la mycologie comparée et les questions de transmission de l'animal à l'homme sont de plus en plus étudiées, on identifie toujours de nouveaux champignons dans les lésions cutanées animales. Au nombre de ces nouveaux parasites citons M. gypseum chez le cheval; Keratomyces allejoi chez le cheval; Scopulariopsis brevicaulis chez le boeuf. Il est particulièrement intéressant de noter l'observation récente de l'infection du porc par M. nanum dans laquelle les lésions sont si bénignes qu'elles passent inaperçues de l'éleveur. La maladie sévit surtout chez le porc adulte. Il apparaît que les carences en certains facteurs nutritifs contribuent à l'extension des lésions chez les bovins (2). Transmission Le contact direct avec les malades est la méthode la plus commune de contagion de la teigne, mais le contact indirect avec des objets inanimés, particulièrement la litière, les harnais, les ustensiles de pansage, les couvertures sont probable-ment les plus importants. Des spores peuvent se MEDECINE VETERINAIRE trouver sur la peau sans créer de lésions et des sujets porteurs peuvent ainsi entretenir la source de l'infection. Les locaux peuvent rester infectants pendant de longues périodes parce que les spores; peuvent demeurer viables pendant des années: pourvu qu'elles soient en un endroit sec. M. gypseum, K. allejoi et M. nanum sont des:. saprophytes du sol et on ne connaît pas les raisons de l'augmentation soudaine de leur pouvoir pathogène. Pathogénie Les champignons de la teigne attaquent surtout les cellules kératinisées, notamment celles du stratum corneum et les fibres pileuse, amenant l' autolyse de la fibre ce qui provoque la brisure du poil et l'allopécie. L'exsudation venant des couches épithéliales envahies, les débris épithéliaux et les hyphes fongiques produisent les croûtes sèches caractéristiques de l'affection. Les lésions progressent si le milieu est favorable à la croissance du mycélium, c'est-à-dire si l'atmosphère est chaude et humide et si la peau a un pH légère-ment alcalin. Les champignons de la teigne sont tous des aérobies stricts, ils meurent donc au centre de la croûte, ce qui fait que seule la périphérie en est active. C'est ce mode de croissance centrifuge qui donne l'aspect caractéristique des lésions de la teigne. L'importance du pH de la peau dans l'apparition de la teigne est bien connue. La sensibilité de la peau humaine est plus grande avant la puberté qu' après, parce que le pH descend de 6,5 à 4 environ. Cette modification est surtout due à l'excrétion d' acides gras dans le sébum, au surplus ces acides gras sont nettement fongistatiques. C'est pour cette raison que de nombreux traitements modernes de la teigne humaine sont basés sur des pommades renfermant des acides propionique et undécylénique. Le veau est plus souvent infecté que l'adulte, mais on ne sait si c'est à cause d'une plus grande sensibilité du vers ou d'une immunité de l'adulte. L'invasion bactérienne secondaire des follicules pileux est courante. La période qui suit l'infection expérimentale, avant que des lésions n'apparaissent distinctement, dure environ 4 semaines chez le veau, mais beaucoup moins chez le cheval. La guérison spontanée se produit chez le veau en 4 mois environ, la gravité et la durée de l'affection dépendant souvent de la nutrition du sujet. Après guérison d'une teigne expérimentale, le sujet est résistant à l'infection, bien qu'une lésion locale de dermatite puisse apparaître au point où se pro- LES MALADIES PROVOQUEES PAR LES CHAMPIGNONS duit la réinfection. La question de l'immunité et de la réaction dermique allergique provoquées par la teigne a été étudiée (2). Symptômes Chez le boeuf, la lésion classique est une croûte gris-blanc un peu surélevée par rapport à la peau; elle est grossièrement circulaire et elle a environ 3 cm de diamètre. Au début la surface sous la croûte est humide, dans les lésions plus anciennes la croûte commence à se détacher, puis tombe, ce qui fait que les seules lésions sont le pytiriasis et l'alopécie. Les lésions siègent plus volontiers au cou, sur la tête et au périnée, mais on rencontre souvent une distribution plus parsemée sur le corps tout entier, notamment chez le veau; dans les cas graves, les lésions individuelles se rejoignent. Le prurit est inexistant et l'acné secondaire est rare. Chez le cheval, les lésions peuvent être superficielles ou profondes. Les lésions superficielles sont plus courantes et se traduisent soit par des croûtes épaisses, soit plus souvent par un mauvais aspect général (comme « mangé par les mites ») avec desquamation et alopécie. Moins souvent, les structures plus profondes sont atteintes par le canal des follicules pileux, provoquant de petits foyers d'inflammation et de suppuration. De petites croûtes se forment au-dessus des follicules, le poil tombe, mais il ne se produit ni alopécie étendue, ni formation de croûtes importantes. On constate dans ce type un peu de démangeaison et d'irritation. La distribution des lésions chez le cheval diffère de celle que l'on voit chez le boeuf, les lésions se manifestent d'abord aux aisselles et aux aines puis sur le tronc et sur la croupe, de là elles peuvent s'étendre au cou, à la tête et aux membres. La teigne du porc se présente comme une lésion s'agrandissant en anneau au centre duquel on a lésion une zone pelliculeuse et alopécique. La cutanée due à M. nanum chez le porc, diffère de la lésion que nous venons de décrire; il n'y a pas de prurit, ni d'alopécie, la lésion est si superficielle qu'elle ne déclenche qu'une réaction minime; on note un agrandissement centrifuge de chacune des lésions, lesquelles peuvent atteindre une taille énorme; des croûtes superficielles, sèches, de couleur brune couvrent la zone touchée, mais elles ne forment pas d'élevure sensible, sauf par leurs bords dans quelques cas. Les croûtes sont composées de débris épithéliaux. La plupart des lésions se situent sur le dos et les côtés. La guérison spontanée ne se produit pas chez le porc adulte. Chez 651 le mouton, les lésions siègent sur la tête et, bien que disparaissant en 4 à 5 semaines, la maladie peut persister dans l'ensemble du troupeau pendant plusieurs mois. La maladie est rare chez le porc et plus rare encore chez le mouton. Examens de laboratoire Le diagnostic au laboratoire dépend de l'examen du produit de raclage de la peau, lequel permet de distinguer des spores et des éléments mycéliens sous le microscope, ou de l'examen des cultures. Les grattages de la peau doivent être faits après dégraissage à l'éther ou à l'alcool, si des pansements gras ont été faits. Les produits de raclage sont chauffés doucement dans une solution à 20 pour 100, soit d'hydroxyde de potassium, soit d'hydroxyde de sodium. Les spores sont caractéristiques; ce sont des formations rondes ou polyédriques, très réfringentes qui se présentent en chaînes (Trichophyton) ou en mosaïque (Microsporon) dans les follicules pileux, les débris épithéliaux, à la surface et dans l'intimité des fibres pileuses. L'examen de la peau d'un animal infecté pour déceler la fluorescence de certaines infections fongiques, peut également aider le diagnostic. Il existe à cet égard une cause d'erreur, parce que tous les trichophytons ne sont pas fluorescents, tandis que la vaseline et les autres corps gras dont la peau a été ointe peuvent l'être. L'examen se fait avec un filtre de Wood placé devant une source lumineuse de courte longueur d'onde, une lampe à ultraviolets. Une fluorescence verte indique les poils infectés par les champignons de la teigne. Les poils qui sont fluorescents doivent être choisis pour un examen au laboratoire. Les spécimens adressés au laboratoire doivent être emballés dans des enveloppes, car des emballages plus imperméables à l'air favoriseraient la croissance de champignons non pathogènes. Diagnostic Le diagnostic de teigne dépend de la notion de contagion, de l'aspect des lésions et de la présence de mycélium et de spores fongiques. Cliniquement, elle peut être confondue avec la dermatite mycosique des bovins, et chez le porc, avec le pityriasis rosea, l'épidermite exsudative et la dermatite provoquée par les infestations dues à l'acarien de l'espèce Tyroglyphos. Les deux premières affections sont banales chez le jeune porc; l'infection à M. nanum est rare chez le porc de cet âge. L'examen des produits de grattage peut être néces- 1 MEDECINE VETERlNAIRE saire pour différencier la teigne, de la gale et de diverses infections cutanées. Traitement Les travaux expérimentaux indiquent que les traitements d'usage courant ont peu d'influence sur les lésions prises individuellement et que la majorité des succès sont dus à un traitement appliqué au bon moment, juste avant la guérison spontanée (15). Le traitement est cependant largement pratiqué, il a tout de même l'avantage de réduire grandement la contamination de l'entourage des malades. Les traitements locaux ou généraux sont utilisés, les seconds lorsque les lésions sont étendues. En vue d'un traitement local, les croûtes doivent être enlevées par brossage avec une brosse douce, puis le médicament est appliqué à la brosse maniée vigoureusement. Il faut faire attention à bien recueillir les croûtes et à les brûler. On peut ensuite appliquer une solution faible d'iode, l'onguent de Whitfield, la pommade mercurielle à 10 pour 100 ou des solutions d'ammoniums qua-ternaires (entre 1 pour 200 et 1 pour 1.000). Les pommades contenant des acides propionique et undécyclénique et leurs esters sont efficaces, non irritantes, et elles empêchent l'invasion bactérienne secondaire. On a publié d'excellents résultats chez le boeuf, le cheval et le porc grâce à 2 à 3 applications à 3 ou 4 jours d' intervalle, d'une solution à 0,25 pour 100 de chlorure d'isoquinolinium hexadecaméthylène 1 : 16-bis ( Tinevet); la préparation est appliquée avec une brosse raide et l'enlèvement préalable des croûtes n' est pas nécessaire. L'hexetidine (bis-1, 3 bêta-éthylhexyl-5-méthyl 5 aminohexa-hydropyrimidine) a la réputation d'être très efficace chez le jeune veau après une application unique. Un complexe borotannique est également un bon fongicide, il a donné d' excellents résultats dans le traitement de la teigne équine; il a l'avantage d'être en solution dans un solvant (acétate d'éthyl ou alcool) qui est un bon mouillant de la peau. La pommade au thiabendazole, en 2 applications d'une préparation à 2 ou 4 pour 100, à 3 ou 5 jours d'intervalle, donne d'excellents résultats. Les applications locales en solutions aqueuses ou l'administration buccale de l' anthelminthique sont sans effet (3). D'autres publications indiquent que cette préparation serait inefficace contre les nouvelles infestations (4). Les traitements locaux ci-dessus sont probablement de grande valeur au début de la maladie, lorsque les lésions sont petites et peu nombreuses. Lorsque l'infection est répandue dans un groupe animal, on préfère les traitements qui se font par lavages ou pulvérisations sur le corps entier de tous les animaux. C'est ainsi que la bouillie de Bordeaux employée en agriculture donne de bons résultats dans la lutte contre la teigne dans les grand effectifs de chevaux. du sulfate de cuivre ( 1.600 kg) et de la chaux non éteinte (1,600 kg) doivent être dissous en solutions séparées qui sont mélangées dans un récipient en bois ou en terre cuite, on ajoute de l'eau pour faire 160 1. La pulvérisation à une semaine d'intervalle donne de bons résultats. Le naphténate de cuivre est prometteur , chez le porc (5), le captan (N-trichlorométhylmercapto-4-cyclohexene-1, 2-dicarboxamide) i une concentration de 1 pour 300 ou 1 pour 400 a été utilisé avec succès dans la lutte contre la teigne des bovins, en application à la dose de 4 il 6 1 par sujet, deux fois à deux semaines d'intervalle. Une préparation qui a donné des résultats en pulvérisation, sur les chevaux malades et leurs harnais est le N-trichlorométhylthicotétrahydrophtalamide; 56 g d'une solution à 45 pour 100 de ce composé sont mélangés à 12 1 d'eau et appliqués chaque jour en pulvérisation ou en bains aux chevaux et à la brosse sur les harnachements. Le seul traitement général d'un emploi courant chez les animaux de la ferme est l'injection intraveineuse d'iodure de sodium (1 g pour 14 kg de poids vif) en solution à 10 pour 100; il faut sonvent plusieurs injections et elles doivent être accompagnées de l'application topique d'agents fongistatiques. Une nouvelle méthode de traite. ment général est apparue avec l'administration de griséofulvine; on préconisait pour le veau 1g par kg de poids vif pendant 7 à 10 jours, mais ces doses étaient économiquement impraticables; on a montré que de bons résultats pouvaient être attendus de doses bien plus faibles (125 mg pour 130 kg de poids vif pendant 7 jours). Un dosage de 1 g pour 100 kg de poids vif a été préconisé chez le porc pendant 30 à 40 jours de traitement ( 6). Une présentation en fine particules peut être employée en breuvage forcé ou en supplémentation de la ration. Elle est très active; on la fournit à présent sous forme d'un prémélange alimentaire qui est d'un prix intéressant. L'infection de l'homme se trouve réduite à son minimum et l'effet protecteur dure 2 mois (8). Un autre antibiotique du type de la griséofalvine, la tricocéthine, est en cours d' expérimentation. La guérison spontanée est fréquente, ce qui ne facilite pas l'appréciation de l'effet d'un traitement Des essais minutieux ont permis de conclure que LES MALADIES PROVOQUEES PAR LES CHAMPIGNONS le seul effet des applications topiques de fongicides chez le veau était de réduire l'extension des lésions récentes et de limiter par là la dissémination du matériel contagieux. Nombreux sont les éleveurs qui traitent inconsidérément leurs animaux en employant des préparations irritantes chaque jour pendant de longues périodes. Une dermite croûteuse voire une acanthose néoplasique (7) peuvent s'ensuivre. Prophylaxie Les échecs que l'on connaît dans la lutte contre la teigne sont habituellement dus à la contamination de l'environnement avant que le traitement ne soit commencé. L'isolement et le traitement des malades, l'emploi d'instruments, de couvertures et d'ustensiles séparés, la désinfection de ce matériel avant de l'utiliser pour un autre animal, sont des mesures nécessaires à la lutte sanitaire. Le nettoyage et la désinfection des écuries avec un détergent du commerce ou une solution forte (2,5 à 5 pour 100) de phénol ou d'hypochlorite de soude (solution à 0,25 pour 100) est à conseiller lorsque cela est possible. De bons résultats sont également à attendre dans la désinfection des bâtiments d'une pulvérisation à 2 pour 100 de formol plus 1 pour 100 de soude caustique. Dans un plan de prophylaxie, on combine cette pulvérisation des locaux avec celle des membres du troupeau par une solution à 0,4 pour 100 de formol plus 0,5 pour 100 de soude caustique, deux fois, à intervalle d'une semaine. On s'intéresse de plus en plus aux possibilités de vaccination contre la teigne (9). On a publié qu'une culture liquide de Tr. gypseum formolée et précipitée sur hydroxyde d'alumine constituait un antigène efficace (10). Un vaccin vivant préparé à partir d'une souche très immunogène de Tr. faviforme est également en faveur (11, 12). Des résultats nettement moins bons sont obtenus lorsque le vaccin est tué (13). La teigne apparaît aussi bien chez des sujets bien nourris que chez des sujets sous-alimentés, mais il semble toutefois que ces derniers ont tendance à s'infecter plus facilement et plus intensément que les autres. La supplémentation de la ration des jeunes animaux, notamment avec la vitamine A, doit être préconisée en tant que moyen préventif. BIBLIOGRAPHIE (1)Medical Research Council (1956). Vet. Rec., 68, 357. (2)Lepper, A. W. D. (1972). Res. vet. Sci., 13, 105. 653 (3) Neuman, M. & Platzner, N. (1968). Refuah vet., 25, 10. (4) Hammerling, G. (1969). Inaug. Diss. tierürztl. Hochschule, Hanover, 73. (5) Ginther, O. J. & Ajello, L. (1965).J . Amer. vet. med. Ass., 146, 361, 945; 148, 1034, 1170. (6) Kielstein, P. & Gottschalk, C. (1970). Mh. Vet.Med., 25, 127, 130. (7) Carter, G. R. & Glenn, M. W. (1966). J. Amer. vet. med. Ass., 149, 42. (8) Edgson, F. A. (1970). Vet. Rec., 86, 58. (9) Lepper, A. W. D. (1969). Rev. med. vet. Mycol., 6, 435. (10) Sharapov, V. (1968). Trudy vses. Inst. Vet. Sanie, 27, 162. (11) Podobedov, A.I. (1971). Veterinariya, 6, 48. (12) Sarkisov, A. K. et al. (1971). Veterinariya, 2, 54. (13) Kielstein, Lalymphangiteépzotique P. & Richter, W. (1970). Mh. Vet.-Med., 25, 334. (Blastomycose équine, Pseudo-morve, Histoplasmose équine) La lymphangite épizootique est une maladie chronique, contagieuse du cheval, caractérisée par une lymphangite suppurante, de la lymphadénite et des ulcères de la peau, de la kératite ou de la pneumonie. La maladie est importante à la fois par elle-même et par sa ressemblance avec la morve. Fréquence La maladie apparaît principalement en Asie, en Afrique et sur le littoral méditerranéen. Elle se produit plutôt sous forme d'épizooties que sous forme enzootique et, bien que non mortelle (la mortalité est de 10 à 15 pour 100), son cours est prolongé et les malades perdent leur valeur économique. La plupart des épizooties éclatent lorsque des chevaux en très grand nombre sont rassemblés dans un but militaire ou civil. Etiologie Le champignon parasite Histo plasma (ou Zymonema, Cryptococcus, Saccharomyces, Blastomyces) farciminosum est la cause de la maladie. Le cheval, rarement le boeuf et l'homme, sont atteints; les chevaux de moins de 6 ans sont les plus sensibles. Dans les zones d'enzooties, la majorité des cas se produisent en automne et en hiver. Transmission Les spores sont transportées à partir des animaux infectés, par le contact direct ou par des objets inanimés, tels que litière, instruments de pansage, couvertures ou harnais, et elles pénètrent par des plaies cutanées. On. a pensé qu'il devait 654 VETERINAIRE exister un stade saprophytique dans le sol, ce qui, expliquerait les difficultés que l'on éprouve quand on veut éradiquer la maladie. Comme les plaies siègent plus volontiers dans la partie distale des membres, c'est dans ces régions que l'on voit le plus de lésions. Le germe a été isolé dans le tube digestif de mouches piqueuses, leur intervention dans la transmission du contage a donc été envisagée (1). Pathogénie La pathogénie de cette maladie a toujours posé des problèmes. Est-ce une maladie multiforme dont la forme cutanée ne serait que l'une d'entre elles ? La seconde proposition semble plus vraisemblable et la maladie se définit comme " due à M. farciminosum " sous le nom d'histoplasmose équine (2). Le champignon envahit le tissu sous-cutané, un ulcère s'installe et l'extension se fait par les vaisseaux lymphatiques (3). Symptômes Dans la forme cutanée de la maladie un ulcère indolore apparaît à l'endroit de pénétration, il se manifeste plusieurs semaines à 3 mois après que l'infection s'est produite. Les vaisseaux lymphatiques correspondant à l'ulcère sont épaissis et des nodules apparaissent sur leur trajet; ces nodules donnent issue à du pus crémeux. Les ganglions lymphatiques locaux sont également hypertrophiés et peuvent s'ouvrir. L'épaississement de la peau dans la région et le gonflement du membre tout entier sont de règle. Les lésions sont presque indolores. Dans la plupart des cas les lésions siègent aux membres, notamment au voisinage des jarrets, mais elles peuvent aussi exister sur le dos, les flancs, le cou, la vulve et le scrotum. Occasionnellement les lésions se rencontrent sur la muqueuse nasale, elles sont généralement dues au mordillage du tronc et des membres, elles se situent juste à l'intérieur des naseaux et ne touchent pas la cloison nasale. L'atteinte oculaire, manifestée par de la kératite, de la conjonctivite, de la sinusite et une pneumonie primitive apparaissent dans les autres formes de la maladie. La maladie est chronique, elle évolue sur 3 mois à 1 an; les malades perdent beaucoup de poids et ne peuvent travailler. La guérison spontanée se produit et l'immunité est solide après l'infection; mais de nombreux sujets doivent être abattus par suite de l'allure chronique de la maladie. MEDECINE Examens de laboratoire On découvre facilement dans le pus, des cellules Gram-positives ressemblant à des levures, caractérisées par une capsule à double paroi, mais cette méthode n'est pas une méthode diag nostique sûre. Le germe peut être mis à cultiva sur champigno des milieux spéciaux, mais le meurt rapidement dans les prélèvements à moins qu'ils ne soient placés en solution d'antibiotiques, réfrigérés et ensemencés rapidement. L'échantillon doit être recueilli dans une solution renfermant 500 unités de pénicilline par ml. L'épreuve à la! malléine est négative, mais un filtrat stérile d'u ne culture de H. farciminosum a été employé dans une épreuve de sensibilité cutanée. La fixation du complément a été également employée, niais elle n'est positive chez les animaux infectés que pendant un court laps de temps. Une technique basée sur la fluorescence des anticorps a été mise au point (4). Lésions Les lésions sont réservées à la peau, aux tissus sous-cutanés, aux vaisseaux lymphatiques et aux ganglions. Dans les cas atypiques, des lésions gra nulomateuses peuvent être découvertes dans la poumons, le foie et la rate (5). Diagnostic om- Du fait de son tableau clinique typique, c prenant des ulcérations cutanées, de la lymphadénite et de la lymphangite, la maladie peut être confondue avec la morve. Cependant il n'y a pas de réaction générale et rarement une atteinte pulmonaire, les lésions ne touchent pas la cloison nasale, le pus est crémeux. Dans la lymphangite ulcéreuse, le pus est verdâtre, les lésions se produisent au niveau du boulet et guérissent rapidement Dans la sporotrichose, seules de petites quantités de pus sont émises par les lésions et souvent on ne note aucune extension aux lymphatiques, mais en réalité la différenciation repose uniquement sut les examens de laboratoire. Traitement De nombreux traitements ont été essayés sans grand succès. Les cas récents peuvent être guéri par excisions des parties atteintes, suivie d'applications fréquentes de nitrate d'argent ou de teinture d'iode. Les iodures par voie parentérale ont été signalés comme efficaces dans quelques cas (7). Prophylaxie Des précautions hygiéniques strictes doivent ' LES MALADIES PROVOQUEES PAR LES CHAMPlGNONS être observées. Les épizooties en région indemne sont combattues grâce principalement à l'abattage des sujets atteints. Dans les zones d'enzooties, les malades graves doivent être abattus et les cas moins graves tenus en quarantaine pendant le traitement. Les litières infectées, les harnais et les ustensiles doivent être détruits, on peut cependant désinfecter le matériel qu'il serait coûteux de détruire. Un vaccin formolé, adsorbé sur l'hydroxyde d'aluminium est capable de donner une immunité très intéressante (6). BIBLIOGRAPHIE (1) Singh, T. et al. (1965). Ind. J. vet. Sei., 35, 102, 111. 1f) Singh, T . Ç19GG). 1..1. I . ,.cn. 5c.., 36, 4S(5) Khater, A. R. et al. (1968). J. Egypt. vet. med. Ass., 165. (4) Fawi, M. T. (1969). Brit. ver. J., 125, 231. (5) Fawi, M. T. (1971). Sabouraudia, 9, 123. (6) Noskov, A. I. (1960). Trudy vses. Inst. Ver. Sanit., 16, 368. (7) Singh, S. (1956). Indian vet. J., 32, 260. 1 lente et seuls quelques cas sporadiques apparaissent dans un groupe. Pathogénie La pénétration d'une plaie cutanée amène le développement d'abcès et d'ulcères avec écoulement. Symptômes Des nodules nombreux, de petite taille, apparaissent dans les parties inférieures des membres, habituellement vers le boulet. Les nodules ne sont pas douloureux, ils se couvrent d'une croûte sur leur sommet, laissent sortir un peu de pus et guérissent en 3 à 4 semaines. Des vagues successives de lésions peuvent amener la persistance de la maladie chez un animal donné, pendant des mois. Dans certaines enzooties, il se manifeste de la lymphangite, alors qu' elle est absente dans d'autres. Examens de laboratoire Des spores Gram-positives sont présentes dans le pus, mais elles peuvent y être en petit nombre et La sporotrichose difficiles à découvrir, d'où le diagnostic par mise en culture du pus est-il préférable. Le stade des hyphes La sporotrichose est une maladie contagieuse du est peu abondant dans les tissus. L'injection de pus à cheval, caractérisée par l'apparition de nodules et d' des rats ou à des hamsters pro-duit une lésion locale ulcères cutanés sur les membres, avec ou sans renfermant des quantités de cellules semblables à des lymphangite. levures. Ce procédé peut avoir de la valeur quand les germes sont rares dans le pus venant de lésions Fréquence naturelles. La maladie est signalée en Europe, en Inde et aux Diagnostic La maladie n'apparaît que sporadiquement dans les Etats-Unis. L'économie agricole est peu affectée par cette maladie parce qu'elle se répand lentement, que groupes affectés, c'est ce qui aide à la différencier de sa mortalité est faible et que le traitement en est la morve, de la lymphangite épizootique et de la efficace. De rares cas ont été signalés chez l'homme. lymphangite ulcéreuse. Dans les cas où il y a de la lymphangite, il faut nécessairement identifier les Etiologie cellules ressemblant aux levures pour faire le La cause de la maladie, Sporotrichon schencki ( diagnostic. Le mycétome maduromycosique, dans Sporothrix beurmannii, S. schencki, S. equi) est un lequel de petits nodules (0,5 à 1 cm de diamètre) champignon unicellulaire Gram-positif qui donne parsèment la peau du corps entier a été signalé chez le des spores à paroi unique. Le cheval est le seul cheval (2); quelques lésions donnent issue à un animal touché couramment, mais des cas ont été exsudat; la coupe des nodules montre de petites taches signalés chez l'homme, le chien, le chat, le chameau brun sombre dans un tissu rose pâle; l'agent fongique et le bœuf (1). causal a été identifié, il s'agit de Brachycladium spiciferum Bainier. Transmission Le germe causal peut survivre dans les matières Traitement organiques; la contamination d'une blessure cutanée Le traitement général par les iodures (iodure de peut se produire, soit par contact direct avec le pus potassium oralement, iodure de sodium par voie d'un malade, soit indirectement par la con- veineuse) est le plus efficace. L'application tamination de l'environnement. La maladie a une quotidienne locale de teinture d'iode sur les ulcécontagion rations peut suffire dans les cas bénins. On a publié les résultats thérapeutiques obtenus par 1 MEDECINE VETERlNAlRE administration orale de griséofulvine à un cheval chez qui le traitement par les iodures était resté inopérant ( 3). Prophylaxie Le traitement préventif de toutes les coupures et abrasions, l'isolement des malades pour les traiter, la désinfection des litières, harnais et accessoires limite l'extension de la maladie en zone d'enzooties. BIBLIOGRAPHIE (1) Saunders, L. Z. (1948). Corne!! Vet., 38, 213. (2) Bridges, C. H. & Beazley, J. N. (1960). J. Amer. vet. med. Ass., 137, 192. (3) Davis, H. H. & Worthington, W. E. (1964). 1. Amer. vet. med. Ass., 145, 692. Le cancer des marais - Hyphomycose (Sangsue de Floride, Bursattee) d'une infection fongique. On a montré récemment que l'infestation par H. megastoma larvaire ou l' infection par le champignon Hyphomyces destruens provoquant des lésions identique et pouvaient toutes deux être reconnues comme cause de la maladie (1). Dans une région donnée, l'un de ces agents peut être plus fréquent que l'autre. Les lésions dues à l'un ou à l'autre gagnent rapidement, elles entraînent des démangeaisons; 1 elles présentent des foyers de nécrose jaune dans du tissu conjonctif dense. Elles renferment de nombreux éosinophiles et semblent avoir pris origine dans des plaies ou des endroits excoriés. Les lésions d'habronémose tendent à régresser pas temps froid. L'examen d'un fragment obtenu par biopsie est la seule manière de déterminer l'agent étiologique; il faut mettre tous ses soins à faire un prélèvement qui comporte une partie de tissu nécrosé, parce que c'est en son sein qu'on trouve le plus volontiers les larves ou les hyphes. Le traitement de cette maladie est indiqué dans le chapitre sur l'habronémose. Des lésions semblables chez le cheval ont été découvertes et leur agent causal identifié, il s'agissait du champignon microscopique Entomophtora coronata, mais les lésions ne siégeaient que sur la peau des naseaux, la muqueuse nasale et les lèvres. L'excision chirurgicale des lésions est recommandée dans le stade de début de l'affection (2). Les appellations ci-dessus se rapportent à une lésion courante de la peau et des muqueuses chez le cheval, sous les climats tropicaux. La lésion apparaît le plus volontiers aux membres, au ventre, au cou, aux ailes des naseaux et aux lèvres, elle consiste en un tissu de granulation dense renfermant de petites masses de tissu nécrosé jaune grisâtre, qui sont souvent calcifiées. Cette excroissance est connue sous le nom de « sang-sues » ou de « kunkurs ». Le granulome s'étend par la périphérie et s'ulcère, il peut atteindre en peu de temps un volume considérable. L' étiologie de la maladie a été mal connue pendant BIBLIOGRAPHIE long-temps, on a pensé qu'il s'agissait, soit d'une infestation par les larves d'Habronema megastoma, (1) Bridges, C. H. & Emmons, C. W. (1961). I. Amer. soit vd. med. Ass., 138, 579. (2) Bridges, C. H. et al. (1962). 1. Amer. vet. med. An., 140, 673.
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