Supply Chain Magazine 83

MANAGEMENT
Retourner sur les bancs de
l’école quand on est cadre sup’
ou dirigeant ? Pas exactement…
Les Executive MBA allient les
cours au concret, au développement personnel, aux échanges
et au réseau, pour devenir un
dirigeant sûr de soi et compétent. L’investissement, certes
onéreux en temps et en argent,
est rentable, s’il est bien préparé.
Les 10 élus de la 1ère promo
de l’EMBA Global and Domestic
Transport de l’E.S.T.
Executive MBA :
devenez un leader
P
lus loin, plus haut, plus fort, »,
est la devise olympique. Elle
pourrait être également celle des
Executive MBA (EMBA). Si de vos
années d’étude, vous regrettez uniquement l’ambiance des fêtes estudiantines, passez votre chemin. Les
EMBA sont proposés en formation
continue à des cadres ayant plusieurs
années d’expérience, pour développer
leurs qualités de leadership et accélérer leur évolution professionnelle.
Bref, pour devenir un dirigeant, entrer
au Comité Exécutif, ou éventuellement créer son entreprise. Si vous y
pensez tous les matins et si vous
n’avez pas peur des doubles journées
de travail, bienvenue ! Car à l’approche ou au passage de la quarantaine, le risque d’être blasé par un
poste dont on a fait le tour guette. Que
vous soyez expert ou manager opéra60
N°83 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2014
tionnel, êtes-vous prêt à de nouveaux
challenges, à prendre de main de maître votre carrière, à changer de vie
professionnelle ?
Financement de l’entreprise
Comme la majorité des étudiants des
EMBA d’ESCP Europe (60 %) et de
l’Ecole Supérieure des Transports (E.S.T.,
70 %), faites-vous payer les frais de scolarité par votre entreprise. Car ils sont
élevés, allant de 22.500 € à l’E.S.T. à
115.000 € pour le Trium d’HEC/London
School of Economics and Political
Sciences (LSE) New-York University
Stern school of business. Négociez aussi
les jours de congés nécessaires pour suivre les séminaires et cours. Et si vous ne
l’êtes pas déjà, faites en sorte d’être
repéré comme « haut potentiel » par la
direction des ressources humaines, cela
vous facilitera la tâche. « Certes, les
©ESTP
management, et une partie pratique,
avec des études de cas concrets. Leur
cœur de cible est le cadre supérieur de
35-45 ans, avec 10 ans ou plus d’expérience, mais aussi le cadre dirigeant.
Car dans un environnement globalisé
et qui change très vite, avec une
concurrence accrue, suivre l’évolution
des méthodes de management est crucial. Si vous savez bien équilibrer
votre vie professionnelle et personnelle, il faut être prêt à assumer une
triple vie, professionnelle, personnelle
et d’étudiant. On peut vous rassurer,
Uta Niendorf, allemande qui a suivi
l’EMBA d’ESCP Europe en 2006,
avait une petite fille de trois mois à
l’époque. Organiser en amont le soutien familial est préférable.
Nous avons rencontré les responsables
des EMBA de l’Ecole Supérieure des
Transports, d’ESCP Europe et d’HEC,
dont les principales données des programmes se retrouvent avec quatre
autres EMBA dans le tableau page 63.
Toutes les écoles se battent pour monter dans le classement international de
nos confrères du Financial Times, qui
fait autorité en la matière.
Jean Damiens, Directeur de l’E.S.T.
Rosso, DGA Naviland Cargo, l’investissement personnel est signe d’une
motivation d’autant plus grande. Et
n’étant pas liés à une entreprise, ils
n’ont ainsi aucun scrupule à partir
voir ailleurs, à un poste plus haut
placé. Renseignez-vous auprès de
l’école sur les bourses, les aides
publiques et les partenariats bancaires. Sur certains programmes,
comme ceux de l’ESCP Europe et de
l’Insead, il existe des bourses spécifiques pour les femmes, qui ne représentent que 20 à 30 % des effectifs des
EMBA en moyenne.
Mener une triple vie
Les EMBA proposent l’intégralité ou
une partie des cours en anglais. Si un
bon niveau est demandé, pas de
crainte, un fort accent français n’est
pas rédhibitoire : souvenez-vous que
Jacques Delors a été Président de la
Commission Européenne ! Il aura
même son charme auprès des professeurs et étudiants étrangers que vous
rencontrerez.
Ils mêlent tous une partie académique
avec l’acquisition de méthodes de
E.S.T : la dimension
transport en sus
L’Ecole Supérieure des Transports
(groupe Enoes) a lancé en janvier
2014 l’Executive MBA Global and
Domestic Transport Management, qui
ajoute une dimension transport au
programme classique d’un EMBA,
« une demande de la profession, selon
Jean Damiens, Directeur de l’école. Il
©ESCP EUROPE
©ESTP
entreprises considèrent un EMBA
comme un investissement dans un haut
potentiel, et regardent le R.O.I., analyse
Sean Kilbride, Directeur du développement d’HEC Executive Education.
Toutefois, auparavant, les entreprises
étaient plus enclines à le financer en
intégralité. Aujourd’hui, de plus en plus
de mastérants paient eux-mêmes tout
ou partie du programme. »
Mais pour certains, comme Christine
Valérie Madon, Directrice du programme
Executive MBA, ESCP Europe
AVRIL 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°83
61
MANAGEMENT
Jean-Pierre Banucha,
Directeur des projets SC, Hachette Livre
« Entre personnes d’expérience,
nous confrontons nos problématiques »
©C.CALAIS
Après un poste chez Mars, Jean-Pierre Banucha, diplômé de
l’école de commerce Inseec, rentre chez Hachette en 1996
au contrôle de gestion. Puis après un passage par la DSI, il
gravit les échelons en logistique. Il est Directeur de la planification et de l’organisation logistique d’Hachette Livre Distribution depuis 2011, dépendant du Directeur Supply Chain,
au comité exécutif. Il devient Directeur de projets Supply
Chain en février dernier pour suivre l’EMBA de l’E.S.T., financé
par son entreprise : « Il m’apporte la dimension stratégique
transport au sein de la Supply Chain. Nous allons à la
rencontre de 25 responsables d’entreprises partenaires en
11 mois. Nous développons notre réseau. Le plus est le vrai partage entre les 10 « étudiants », qui ont entre 18 à 20 ans d’expérience ; entre personnes expérimentées, nous confrontons nos problématiques, très différentes. C’est
de la « cross fertilisation ». » ■
Geoffroy Ehrismann,
Responsable réseaux, Astre
« Avec les intervenants, c’est un vrai partage d’expérience »
©C.CALAIS
Diplômé d’un D.U.T. Transport Logistique en 1991, Geoffroy
Ehrismann a effectué sa carrière dans la prestation transport
et logistique. Ce Responsable du réseau de transport de
palettes d’Astre, Palet System explique : « Je cherchais une formation qui valide mes acquis. Le Président d’Astre Commercial, Eric Thévenet, a été d’accord pour financer l’EMBA de
l’E.S.T. et les frais de déplacement annexes. Mon objectif est de
prendre du recul, de créer un nouveau réseau. Avec les intervenants, c’est un vrai partage d’expérience. Nous sommes allés
depuis janvier chez Sephora, Danone, Vente-privée, Schneider
Electric, SDV et Colizen. Les points abordés sont différents
chaque fois : mise en place d’un plan de veille chez SDV, stratégie d’entreprise
pour Schneider Electric… Le MBA est intensif. Et entre mastérants, nous échangeons sur nos pratiques et nos difficultés, voire sur des opportunités de travailler
ensemble au niveau de nos entreprises. » ■
Nicolas Ethevenin,
Consultant avant-vente SC, JDA Software
« Des méthodes applicables immédiatement sur le plan
professionnel et personnel »
©JDA SOFTWARE
Nicolas Ethevenin, 32 ans, Ingénieur de Polytech Marseille
depuis 2004, a fait sa carrière dans l’IT orienté Supply Chain.
Aujourd’hui Consultant avant-vente chez JDA Software, il suit
actuellement l’EMBA d’ESCP Europe en formule itinérante,
une démarche personnelle qu’il finance lui-même. Il souhaite
accélérer son rythme d’apprentissage, ouvrir son périmètre
d’action dans son travail quotidien. « On me donne les clefs et
les outils pour prendre du recul. Et j’ai appliqué immédiatement
sur le plan professionnel et personnel les méthodes apprises en
cours de communication et de développement personnel. La
pédagogie est telle qu’on acquiert une quantité de connaissances en peu de temps.
L’esprit de groupe est encouragé par l’école ; je suis tombé amoureux de ma
promo ! On parle anglais entre nous, on se connecte facilement. » ■
62
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offre une vision large et ouverte en la
complétant par une dimension métier.
Il se fonde sur des études de cas et de
situations à maîtriser, et sur la maîtrise des outils du dirigeant et le développement personnel, afin d’accéder à
un poste de dirigeant en prestation ou
chez les donneurs d’ordre. Un vrai
partage de bonnes pratiques et de
réseaux s’est déjà instauré entre les
intervenants et les élèves. » 10 professionnels, six issus de la prestation,
quatre des chargeurs, forment la première promotion, qui compte deux
femmes. Trois mastérants ont financé
personnellement leur formation, dont
un en Congé Individuel de Formation
(voir les sites Internet des Fongecif
pour plus d’informations). Sa particularité est d’offrir des visites de sites
logistiques, où des cas sont à résoudre : Guerlain, Vente-privée.com, Faurecia, Geodis…Un business plan de
création d’entreprise dans la prestation transport et logistique est à réaliser en groupe.
ESCP : l’orientation
européenne et le réseau
Valérie Madon, Directrice du programme Executive MBA à ESCP
Europe, expli-que : « Avec l’Executive
MBA, qui fête ses 20 ans cette année,
le manager ouvre son horizon pour
acquérir de la hauteur, une vision globale, et développer ses compétences en
matière de leadership. L’EMBA ESCP
Europe a pour objectif de transformer
des managers en dirigeants, de les faire
accéder à des postes de niveau comité
exécutif. Nous rencontrons nos candidats lors de sessions d’information organisées sur nos campus, autour de nos
Alumni et professeurs. Nous sélectionnons des managers qui ont le potentiel
pour devenir des leaders ; nous recherchons des profils internationaux qui
peuvent s’intégrer facilement dans un
groupe et qui ont des valeurs humanistes. Débuter un Executive MBA doit
se préparer à l’avance et avec soin avec
son employeur, sa famille ; nous rencontrons les candidats plusieurs fois
avant l’entretien de sélection final
pour bien les accompagner dans leur
démarche et les guider dans leur dossier
de candidature ; celui-ci doit être également accompagné d’un test d’anglais.
Les 18 mois de l’EMBA ESCP Europe
représentent un moment qui permet de
prendre du recul sur sa vie personnelle
et professionnelle. A l’acquisition de
connaissances et de compétences nouvelles s’ajoute un atout fort : celui d’un
nouveau réseau professionnel; rencontrer des personnes de nationalité, fonction et de secteur différents du sien
permet de penser « out-of-the-box ». Les
diplômés de l’Executive MBA intègrent
le réseau des 40.000 ESCP Europe
Alumni, qui comporte un club Executive MBA ».
Les femmes n’ont pas droit au cadeau
Bonux mais à beaucoup mieux, au
réseau bonus, car elles ne sont que 30
% de l’effectif, contre la moitié dans les
autres programmes de l’école, du réseau
féminin de l’Executive MBA, et au
cours en option « Women in leadership ».
Le programme est européen et toutes
les sessions se font en anglais, à Paris,
Londres, Berlin, Madrid et Turin, soit
de façon itinérante, soit dans l’une des
villes. Actuellement, les 76 étudiants
de 21 nationalités suivent en outre un
séminaire au choix en Chine, au Brésil ou en Inde, mettant en exergue les
spécificités économiques locales, ainsi
qu’un séminaire à Austin, Texas sur
l’innovation.
HEC : pousser plus loin
ses limites
HEC propose deux EMBA : l’Executive
MBA et le Trium, avec LSE et NYU Stern
« Notre objectif est double : former à gérer
une entreprise et sortir le mastérant de
sa zone de confort, met en avant Sean
Kilbride. D’une part, le but est d’appréhender les enjeux stratégiques dans
chaque domaine de l’entreprise, comprendre le langage de chaque secteur
d’activité, afin de prendre les bonnes
décisions. D’autre part, c’est un challenge
pour pousser plus loin ses limites. Nos
mastérants aiment évoluer et se confronter à des défis ». L’EMBA, qui séduit cette
année 300 personnes de 45 nationalités
différentes à Paris, à Doha au Qatar, à
Pékin et à Shanghaï, propose d’étudier de
nouvelles méthodes de management et
de gestion d’entreprise, 50 études de cas,
et de développer son leadership. Le mastérant choisit parmi quatre formules la
plus adaptée à son rythme : un jour par
semaine, par modules de plusieurs jours
©CYRIL BADET
La promotion 2013
de l’EMBA d’ESCP Europe.
toutes les cinq semaines (bilingue) ou
tous les deux mois (en anglais), ou vendredi/samedi matin. Le Trium insiste sur
l’esprit d’entreprise et la prise en compte
du contexte économique et sociopolitique global. 40 % des inscrits sont des
expatriés.
Peter ? Certainement pas moi !
Nous tirons notre chapeau à ceux qui
suivent un EMBA, pour leur sens de
l’organisation et leur gestion des
charges de travail. Attention toutefois
au burn out, qui sera le sujet de l’arti-
cle de notre numéro de juin... En tout
cas, grâce à votre Executive MBA,
vous aurez théoriquement plus de
chances de faire mentir le principe de
Peter qui pourrait vous évoquer certains souvenirs professionnels peutêtre désagréables ; pour Laurence
Peter et Raymond Hull, « dans une
hiérarchie, tout employé a tendance à
s’élever à son niveau d’incompétence »
avec le corollaire qu’« avec le temps,
tout poste sera occupé par un employé
incapable d’en assumer la responsabilité ». ■ CHRISTINE CALAIS
8 Executive MBA
Durée
Prochaine rentrée Tarif
Ecole des Ponts Paris Executive MBA
Tech/Fox School of
Business Philadelphie
Ecole
Dénomination
24 mois
Janvier 2015
45.000 €
ESCP Europe
Executive MBA
18 mois
Janvier 2015
51.000 €
Essec & Mannheim
Executive MBA
18 mois
Octobre 2014
47.500 € ou 49.500 €
selon la formule choisie
E.S.T.
Executive MBA
12 mois
Global and domestic
transport management
Janvier 2015
22.500 €
frais de déplacement
compris
HEC-LES-NYU Stern
Trium
17 mois
Septembre 2014 115.000 €
HEC
Executive MBA
14 mois
Septembre 2014 54.950 € +9.000 € à
10.500 € de frais selon
la formule choisie
Insead
Global Executive MBA 14 mois
Kedge Business School Global MBA
24 mois
Novembre 2014 100.500 €
Octobre 2014
32.000 €
AVRIL 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°83
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MANAGEMENT
Christine Rosso,
Directrice générale, Naviland Cargo, groupe Geodis
« Le plafond de verre, c’est celui qu’on se met soi-même. J’ai pris confiance en moi »
Ingénieur de Polytech Orléans et docteur en optoélectronique, Christine Rosso, 47 ans, a débuté
en PME industrielle avant de conseiller des groupes industriels. Puis elle a mis en place un
modèle de performance industrielle chez Soparind Bongrain. L’une des conditions pour devenir
Directrice des Opérations de Condifresh a été de pouvoir prendre des congés pour suivre
l’EMBA d’HEC en 2010-2011, « mon rêve, venant d’un milieu modeste », qu’elle a financé ellemême, afin de devenir Directrice Générale : « J’ai appris le savoir-faire et le savoir-être nécessaires. Il y a eu des moments difficiles, avec des personnes dans mon groupe de travail
uniquement là car leur entreprise finançait la formation. J’ai pris conscience que je manquais
de confiance en moi… Le plafond de verre, c’est celui qu’on se met soi-même. J’ai pris
confiance en moi. Le réseau est extraordinaire et je l’utilise. » Elle est chassée avant la fin de
l’EMBA, rentrant en 2012 comme Directrice Générale Adjointe des Opérations chez Naviland Cargo, groupe Geodis. Elle devient DGA ventes et développement un an après, pour
relever le défi d’améliorer la rentabilité de l’organisation commerciale : « Je connais les outils
de pilotage grâce au MBA et j’ai la capacité d’être très vite réactive. Les résultats sont probants. » Mariée à un créateur de start-up, mère d’un tout jeune entrepreneur de 16 ans, ses cours
d’e-marketing ont profité à toute la famille. « Je conseille de faire un EMBA si on a bien préparé son
projet en amont. Quand on s’investit, on en profite intégralement. » ■
Mes news Ressources Humaines
Utilisez la connaissance !
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du savoir à travers les Mooc (massive online open courses,
cours en ligne ouverts à tous et gratuits). Il propose de rendre événementiels les programmes de formation et d’y intégrer davantage de jeu. Enfin, pour capter les meilleurs talents,
le processus de recrutement doit s’inverser en faisant intervenir l’offre d’emploi non pas avant, mais après avoir créé
une communauté de candidats. ■ CC
Se former en ligne avec l’AFT-Iftim
G
râce à la formation en e-learning lancée par l’AFT-Iftim le
2 avril au SITL, baptisée e-Cariste, au lieu de passer deux
jours dans un centre de formation, le cariste peut désormais
renouveler son Caces (Certificat d’Aptitude à la Conduite en
Sécurité) en un jour. A travers une « pédagogie ludique et
interactive » composée de six modules et de 10 évaluations,
une demi-journée de cours en ligne peut suffire, avant de venir
passer le test en centre une autre demi-journée. Coût :
340 €HT. L’AFT-Iftim propose également des formations aux
attestations de capacité en e-learning, ou en blended learning
(en centre et à distance). ■ CC
©C.CALAIS
« Le véritable manager est celui qui sait utiliser la connaissance »,
assure Jean-Luc Moisan, Directeur avant-vente de la plateforme de gestion des talents Technomedia, lors de la conférence annuelle Innovations RH, le 25 mars dernier au sein de
l’Ecole 42. Elle a regorgé de conseils. Impliquez davantage
vos salariés, par exemple en créant un agenda collaboratif
lors des séminaires, pendant lesquels, selon David Guillocheau, Directeur Associé de Talentys, spécialiste des systèmes
d’information RH, « une présentation ne doit pas durer plus
de 10 min : moins de texte dans vos présentations, scénarisez
vos messages sans hésiter à surprendre. » Ou en leur demandant d’élaborer leurs contenus de e-learning, de réfléchir à de
nouvelles idées. La start-up parisienne Stormz propose de
faciliter la mise en place de workshops collaboratifs sur
mobile. « Un brainstorming de 50 personnes peut déboucher
sur un compte-rendu d’idées affinées et priorisées en moins
d’une heure », témoigne David Guillocheau, qui ajoute :
« Hacker, c’est remettre en cause des processus établis pour
les améliorer » Rassemblez vos collaborateurs lors d’un
« hackathon » destiné à « détruire pour mieux reconstruire »
certains processus RH clefs, tels le recrutement ou l’évaluation annuelle.
Faites du Big Data RH : les entreprises disposent d’innombrables d’informations RH, exploitables en trouvant les bons
indicateurs afin d’optimiser le recrutement, concevoir un parcours de formation… La start-up américaine Cangrade a
développé une plate-forme de recrutement prédictive capable d’identifier, grâce au Big Data, les meilleurs candidats
pour s’intégrer et être performant dans l’entreprise. Côté formation, Franck Perrier, Fondateur d’Idaos, société de conseil
en stratégie digitale, mise sur la qualité et la démocratisation
Les Ailes de la Supply Chain (en partenariat avec Fapics)
Muriel Amouroux,
Directrice de Continental Foods France
« Mutualiser, c’est faire confiance et être transparent »
Muriel Amouroux a adopté les bonnes pratiques en
matière de management et de Supply Chain, en particulier le Sales & Operations Planning et la mutualisation.
conçue par Philippe Meouchy : une meilleure coordination entre
les services par la mise en place d’un processus mensuel permet
à chacun d’avoir une vision claire des objectifs et des résultats
de l’entreprise. En étant mieux informées, les directions peuvent
gérer plus en amont les problèmes, qui sont remontés en Comité
de Direction pour être traités.
©DR
Supply Chain Magazine : Après des études d’ingénieur, comment
avez-vous évolué vers la logistique ?
Muriel Amouroux : Ingénieure de l’Ecole des HEI de Lille, j’ai
débuté comme Responsable de processus sur les machines à SCMag : Comment évaluez-vous l’évolution de la Supply Chain
papier chez Kimberly-Clark en 1992. Issue d’une famille de logis- en 15 ans ?
ticiens, j’ai eu l’occasion en 1995 de rejoindre le service logistique M.A. : Ce sont d’abord nos clients qui évoluent, et nous nous
au siège pour y gérer les approvisionnements de produits finis. adaptons à leurs besoins. Nous avons mis en place des process
Un an après, je suis passée Responsable distribution, en relation personnalisés par client : une commande pour l’un est préparée
étroite avec les prestataires de transport et de logistique. En 1998, différemment d’une commande pour l’autre. Cette logistique
orientée client rend plus complexe la Supsuite au rachat des marques Peaudouce et
« Le S&OP apporte
Scottex, j’ai mis en place une refonte gloune vision claire des objectifs ply Chain. Nous bénéficions des services de
qualité de FM Logistic qui opère notre
bale de la logistique de par la relocalisaet des résultats »
entrepôt près de notre usine du Pontet
tion de nos entrepôts en fonction des
et dispose d’un outil informatique perforbarycentres de nos clients et de nos usines.
mant ; il livre les enseignes de distribution
SCMag : Quel rôle a joué Philippe Meoualimentaire dans toute la France.
chy dans votre carrière ?
M.A. : Nous avons démarré en logistiSCMag : Comment appréhendez-vous
que ensemble, Philippe Meouchy venant de
votre expérience de mutualisation avec un
l’informatique et étant mon supérieur hiéfabricant de confiserie ?
M.A. : Nous partageons notre entrepôt
rarchique. Nous avons travaillé ensemble
avec cette société depuis plus d’un an, et
17 ans, il a été mon mentor. Cela n’a pas
nous mutualisons nos transports lorsque
toujours été simple, nous n’avions pas tout
cela est possible. Pour réussir, nous nous
le temps la même vision. Mais nous étions
devons d’être transparents et de travailler
complémentaires : lui était généralement
main dans la main, notamment d’aller voir
optimiste avec des idées « rupturistes », moi,
ensemble les clients. Disposer de volumes
prudente et carrée, pour arriver au juste
équivalents est un facteur clef de succès
milieu. Avec lui la porte était toujours
d’une collaboration réussie, permettant
ouverte à la discussion. Je l’ai suivi en 1999
dans une entreprise à taille humaine, Campbell France (les soupes d’obtenir des gains similaires. Et la confiance est primordiale.
Liebig et Royco). L’appel du Sud, l’usine étant au Pontet en périSCMag : Comment envisagez-vous le management ?
phérie d’Avignon, n’est pas non plus étranger à ma décision.
M.A. : Je gère actuellement une équipe de 20 personnes en
SCMag : Quel a été votre parcours chez Campbell France ?
interne. C’est ce qui me plaît le plus. Je suis proche de mes
M.A. : J’ai d’abord travaillé à la planification usine court et long équipes et travaille beaucoup en « one to one », sans multiplier
terme et l’approvisionnement des matières premières/ embal- les réunions. J’écoute beaucoup et j’ai peu d’idées préconçues,
lages. Puis pendant deux ans, j’ai parcouru les usines euro- sans oublier d’être ferme quand cela ne va pas.
péennes pour mettre en œuvre des processus méthodiques au
niveau de la planification. En 2006, je suis passée Directrice SCMag : En tant que Directrice, avez-vous éprouvé des
logistique, en charge du planning, des approvisionnements, de difficultés à vous imposer dans un monde masculin ?
l’entreposage et de la distribution. Le fonds d’investissement bri- M.A. : Je n’ai jamais ressenti le fait que les femmes ne soient pas
tannique CVC Capital Partners a acquis à l’automne 2013 la acceptées en logistique. Bien sûr, il faut faire nos preuves face
filiale française du géant américain de la soupe Campbell et l’a aux hommes. Le plus dur est de concilier vie professionnelle et
personnelle, surtout pour moi qui suis mère célibataire d’un garrenommée Continental Foods France.
çon de sept ans, avec un double sentiment de culpabilité, d’une
SCMag : Qu’a apporté le Sales & Operations Planning (S&OP) à part d’avoir l’impression de ne pas travailler assez, d’autre part
Campbell France ?
de ne pas donner assez de temps à mon enfant. ■
M.A. : J’ai participé à la mise en œuvre de la démarche S&OP
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CALAIS
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