MANAGEMENT Retourner sur les bancs de l’école quand on est cadre sup’ ou dirigeant ? Pas exactement… Les Executive MBA allient les cours au concret, au développement personnel, aux échanges et au réseau, pour devenir un dirigeant sûr de soi et compétent. L’investissement, certes onéreux en temps et en argent, est rentable, s’il est bien préparé. Les 10 élus de la 1ère promo de l’EMBA Global and Domestic Transport de l’E.S.T. Executive MBA : devenez un leader P lus loin, plus haut, plus fort, », est la devise olympique. Elle pourrait être également celle des Executive MBA (EMBA). Si de vos années d’étude, vous regrettez uniquement l’ambiance des fêtes estudiantines, passez votre chemin. Les EMBA sont proposés en formation continue à des cadres ayant plusieurs années d’expérience, pour développer leurs qualités de leadership et accélérer leur évolution professionnelle. Bref, pour devenir un dirigeant, entrer au Comité Exécutif, ou éventuellement créer son entreprise. Si vous y pensez tous les matins et si vous n’avez pas peur des doubles journées de travail, bienvenue ! Car à l’approche ou au passage de la quarantaine, le risque d’être blasé par un poste dont on a fait le tour guette. Que vous soyez expert ou manager opéra60 N°83 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2014 tionnel, êtes-vous prêt à de nouveaux challenges, à prendre de main de maître votre carrière, à changer de vie professionnelle ? Financement de l’entreprise Comme la majorité des étudiants des EMBA d’ESCP Europe (60 %) et de l’Ecole Supérieure des Transports (E.S.T., 70 %), faites-vous payer les frais de scolarité par votre entreprise. Car ils sont élevés, allant de 22.500 € à l’E.S.T. à 115.000 € pour le Trium d’HEC/London School of Economics and Political Sciences (LSE) New-York University Stern school of business. Négociez aussi les jours de congés nécessaires pour suivre les séminaires et cours. Et si vous ne l’êtes pas déjà, faites en sorte d’être repéré comme « haut potentiel » par la direction des ressources humaines, cela vous facilitera la tâche. « Certes, les ©ESTP management, et une partie pratique, avec des études de cas concrets. Leur cœur de cible est le cadre supérieur de 35-45 ans, avec 10 ans ou plus d’expérience, mais aussi le cadre dirigeant. Car dans un environnement globalisé et qui change très vite, avec une concurrence accrue, suivre l’évolution des méthodes de management est crucial. Si vous savez bien équilibrer votre vie professionnelle et personnelle, il faut être prêt à assumer une triple vie, professionnelle, personnelle et d’étudiant. On peut vous rassurer, Uta Niendorf, allemande qui a suivi l’EMBA d’ESCP Europe en 2006, avait une petite fille de trois mois à l’époque. Organiser en amont le soutien familial est préférable. Nous avons rencontré les responsables des EMBA de l’Ecole Supérieure des Transports, d’ESCP Europe et d’HEC, dont les principales données des programmes se retrouvent avec quatre autres EMBA dans le tableau page 63. Toutes les écoles se battent pour monter dans le classement international de nos confrères du Financial Times, qui fait autorité en la matière. Jean Damiens, Directeur de l’E.S.T. Rosso, DGA Naviland Cargo, l’investissement personnel est signe d’une motivation d’autant plus grande. Et n’étant pas liés à une entreprise, ils n’ont ainsi aucun scrupule à partir voir ailleurs, à un poste plus haut placé. Renseignez-vous auprès de l’école sur les bourses, les aides publiques et les partenariats bancaires. Sur certains programmes, comme ceux de l’ESCP Europe et de l’Insead, il existe des bourses spécifiques pour les femmes, qui ne représentent que 20 à 30 % des effectifs des EMBA en moyenne. Mener une triple vie Les EMBA proposent l’intégralité ou une partie des cours en anglais. Si un bon niveau est demandé, pas de crainte, un fort accent français n’est pas rédhibitoire : souvenez-vous que Jacques Delors a été Président de la Commission Européenne ! Il aura même son charme auprès des professeurs et étudiants étrangers que vous rencontrerez. Ils mêlent tous une partie académique avec l’acquisition de méthodes de E.S.T : la dimension transport en sus L’Ecole Supérieure des Transports (groupe Enoes) a lancé en janvier 2014 l’Executive MBA Global and Domestic Transport Management, qui ajoute une dimension transport au programme classique d’un EMBA, « une demande de la profession, selon Jean Damiens, Directeur de l’école. Il ©ESCP EUROPE ©ESTP entreprises considèrent un EMBA comme un investissement dans un haut potentiel, et regardent le R.O.I., analyse Sean Kilbride, Directeur du développement d’HEC Executive Education. Toutefois, auparavant, les entreprises étaient plus enclines à le financer en intégralité. Aujourd’hui, de plus en plus de mastérants paient eux-mêmes tout ou partie du programme. » Mais pour certains, comme Christine Valérie Madon, Directrice du programme Executive MBA, ESCP Europe AVRIL 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°83 61 MANAGEMENT Jean-Pierre Banucha, Directeur des projets SC, Hachette Livre « Entre personnes d’expérience, nous confrontons nos problématiques » ©C.CALAIS Après un poste chez Mars, Jean-Pierre Banucha, diplômé de l’école de commerce Inseec, rentre chez Hachette en 1996 au contrôle de gestion. Puis après un passage par la DSI, il gravit les échelons en logistique. Il est Directeur de la planification et de l’organisation logistique d’Hachette Livre Distribution depuis 2011, dépendant du Directeur Supply Chain, au comité exécutif. Il devient Directeur de projets Supply Chain en février dernier pour suivre l’EMBA de l’E.S.T., financé par son entreprise : « Il m’apporte la dimension stratégique transport au sein de la Supply Chain. Nous allons à la rencontre de 25 responsables d’entreprises partenaires en 11 mois. Nous développons notre réseau. Le plus est le vrai partage entre les 10 « étudiants », qui ont entre 18 à 20 ans d’expérience ; entre personnes expérimentées, nous confrontons nos problématiques, très différentes. C’est de la « cross fertilisation ». » ■ Geoffroy Ehrismann, Responsable réseaux, Astre « Avec les intervenants, c’est un vrai partage d’expérience » ©C.CALAIS Diplômé d’un D.U.T. Transport Logistique en 1991, Geoffroy Ehrismann a effectué sa carrière dans la prestation transport et logistique. Ce Responsable du réseau de transport de palettes d’Astre, Palet System explique : « Je cherchais une formation qui valide mes acquis. Le Président d’Astre Commercial, Eric Thévenet, a été d’accord pour financer l’EMBA de l’E.S.T. et les frais de déplacement annexes. Mon objectif est de prendre du recul, de créer un nouveau réseau. Avec les intervenants, c’est un vrai partage d’expérience. Nous sommes allés depuis janvier chez Sephora, Danone, Vente-privée, Schneider Electric, SDV et Colizen. Les points abordés sont différents chaque fois : mise en place d’un plan de veille chez SDV, stratégie d’entreprise pour Schneider Electric… Le MBA est intensif. Et entre mastérants, nous échangeons sur nos pratiques et nos difficultés, voire sur des opportunités de travailler ensemble au niveau de nos entreprises. » ■ Nicolas Ethevenin, Consultant avant-vente SC, JDA Software « Des méthodes applicables immédiatement sur le plan professionnel et personnel » ©JDA SOFTWARE Nicolas Ethevenin, 32 ans, Ingénieur de Polytech Marseille depuis 2004, a fait sa carrière dans l’IT orienté Supply Chain. Aujourd’hui Consultant avant-vente chez JDA Software, il suit actuellement l’EMBA d’ESCP Europe en formule itinérante, une démarche personnelle qu’il finance lui-même. Il souhaite accélérer son rythme d’apprentissage, ouvrir son périmètre d’action dans son travail quotidien. « On me donne les clefs et les outils pour prendre du recul. Et j’ai appliqué immédiatement sur le plan professionnel et personnel les méthodes apprises en cours de communication et de développement personnel. La pédagogie est telle qu’on acquiert une quantité de connaissances en peu de temps. L’esprit de groupe est encouragé par l’école ; je suis tombé amoureux de ma promo ! On parle anglais entre nous, on se connecte facilement. » ■ 62 N°83 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2014 offre une vision large et ouverte en la complétant par une dimension métier. Il se fonde sur des études de cas et de situations à maîtriser, et sur la maîtrise des outils du dirigeant et le développement personnel, afin d’accéder à un poste de dirigeant en prestation ou chez les donneurs d’ordre. Un vrai partage de bonnes pratiques et de réseaux s’est déjà instauré entre les intervenants et les élèves. » 10 professionnels, six issus de la prestation, quatre des chargeurs, forment la première promotion, qui compte deux femmes. Trois mastérants ont financé personnellement leur formation, dont un en Congé Individuel de Formation (voir les sites Internet des Fongecif pour plus d’informations). Sa particularité est d’offrir des visites de sites logistiques, où des cas sont à résoudre : Guerlain, Vente-privée.com, Faurecia, Geodis…Un business plan de création d’entreprise dans la prestation transport et logistique est à réaliser en groupe. ESCP : l’orientation européenne et le réseau Valérie Madon, Directrice du programme Executive MBA à ESCP Europe, expli-que : « Avec l’Executive MBA, qui fête ses 20 ans cette année, le manager ouvre son horizon pour acquérir de la hauteur, une vision globale, et développer ses compétences en matière de leadership. L’EMBA ESCP Europe a pour objectif de transformer des managers en dirigeants, de les faire accéder à des postes de niveau comité exécutif. Nous rencontrons nos candidats lors de sessions d’information organisées sur nos campus, autour de nos Alumni et professeurs. Nous sélectionnons des managers qui ont le potentiel pour devenir des leaders ; nous recherchons des profils internationaux qui peuvent s’intégrer facilement dans un groupe et qui ont des valeurs humanistes. Débuter un Executive MBA doit se préparer à l’avance et avec soin avec son employeur, sa famille ; nous rencontrons les candidats plusieurs fois avant l’entretien de sélection final pour bien les accompagner dans leur démarche et les guider dans leur dossier de candidature ; celui-ci doit être également accompagné d’un test d’anglais. Les 18 mois de l’EMBA ESCP Europe représentent un moment qui permet de prendre du recul sur sa vie personnelle et professionnelle. A l’acquisition de connaissances et de compétences nouvelles s’ajoute un atout fort : celui d’un nouveau réseau professionnel; rencontrer des personnes de nationalité, fonction et de secteur différents du sien permet de penser « out-of-the-box ». Les diplômés de l’Executive MBA intègrent le réseau des 40.000 ESCP Europe Alumni, qui comporte un club Executive MBA ». Les femmes n’ont pas droit au cadeau Bonux mais à beaucoup mieux, au réseau bonus, car elles ne sont que 30 % de l’effectif, contre la moitié dans les autres programmes de l’école, du réseau féminin de l’Executive MBA, et au cours en option « Women in leadership ». Le programme est européen et toutes les sessions se font en anglais, à Paris, Londres, Berlin, Madrid et Turin, soit de façon itinérante, soit dans l’une des villes. Actuellement, les 76 étudiants de 21 nationalités suivent en outre un séminaire au choix en Chine, au Brésil ou en Inde, mettant en exergue les spécificités économiques locales, ainsi qu’un séminaire à Austin, Texas sur l’innovation. HEC : pousser plus loin ses limites HEC propose deux EMBA : l’Executive MBA et le Trium, avec LSE et NYU Stern « Notre objectif est double : former à gérer une entreprise et sortir le mastérant de sa zone de confort, met en avant Sean Kilbride. D’une part, le but est d’appréhender les enjeux stratégiques dans chaque domaine de l’entreprise, comprendre le langage de chaque secteur d’activité, afin de prendre les bonnes décisions. D’autre part, c’est un challenge pour pousser plus loin ses limites. Nos mastérants aiment évoluer et se confronter à des défis ». L’EMBA, qui séduit cette année 300 personnes de 45 nationalités différentes à Paris, à Doha au Qatar, à Pékin et à Shanghaï, propose d’étudier de nouvelles méthodes de management et de gestion d’entreprise, 50 études de cas, et de développer son leadership. Le mastérant choisit parmi quatre formules la plus adaptée à son rythme : un jour par semaine, par modules de plusieurs jours ©CYRIL BADET La promotion 2013 de l’EMBA d’ESCP Europe. toutes les cinq semaines (bilingue) ou tous les deux mois (en anglais), ou vendredi/samedi matin. Le Trium insiste sur l’esprit d’entreprise et la prise en compte du contexte économique et sociopolitique global. 40 % des inscrits sont des expatriés. Peter ? Certainement pas moi ! Nous tirons notre chapeau à ceux qui suivent un EMBA, pour leur sens de l’organisation et leur gestion des charges de travail. Attention toutefois au burn out, qui sera le sujet de l’arti- cle de notre numéro de juin... En tout cas, grâce à votre Executive MBA, vous aurez théoriquement plus de chances de faire mentir le principe de Peter qui pourrait vous évoquer certains souvenirs professionnels peutêtre désagréables ; pour Laurence Peter et Raymond Hull, « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence » avec le corollaire qu’« avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité ». ■ CHRISTINE CALAIS 8 Executive MBA Durée Prochaine rentrée Tarif Ecole des Ponts Paris Executive MBA Tech/Fox School of Business Philadelphie Ecole Dénomination 24 mois Janvier 2015 45.000 € ESCP Europe Executive MBA 18 mois Janvier 2015 51.000 € Essec & Mannheim Executive MBA 18 mois Octobre 2014 47.500 € ou 49.500 € selon la formule choisie E.S.T. Executive MBA 12 mois Global and domestic transport management Janvier 2015 22.500 € frais de déplacement compris HEC-LES-NYU Stern Trium 17 mois Septembre 2014 115.000 € HEC Executive MBA 14 mois Septembre 2014 54.950 € +9.000 € à 10.500 € de frais selon la formule choisie Insead Global Executive MBA 14 mois Kedge Business School Global MBA 24 mois Novembre 2014 100.500 € Octobre 2014 32.000 € AVRIL 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°83 63 MANAGEMENT Christine Rosso, Directrice générale, Naviland Cargo, groupe Geodis « Le plafond de verre, c’est celui qu’on se met soi-même. J’ai pris confiance en moi » Ingénieur de Polytech Orléans et docteur en optoélectronique, Christine Rosso, 47 ans, a débuté en PME industrielle avant de conseiller des groupes industriels. Puis elle a mis en place un modèle de performance industrielle chez Soparind Bongrain. L’une des conditions pour devenir Directrice des Opérations de Condifresh a été de pouvoir prendre des congés pour suivre l’EMBA d’HEC en 2010-2011, « mon rêve, venant d’un milieu modeste », qu’elle a financé ellemême, afin de devenir Directrice Générale : « J’ai appris le savoir-faire et le savoir-être nécessaires. Il y a eu des moments difficiles, avec des personnes dans mon groupe de travail uniquement là car leur entreprise finançait la formation. J’ai pris conscience que je manquais de confiance en moi… Le plafond de verre, c’est celui qu’on se met soi-même. J’ai pris confiance en moi. Le réseau est extraordinaire et je l’utilise. » Elle est chassée avant la fin de l’EMBA, rentrant en 2012 comme Directrice Générale Adjointe des Opérations chez Naviland Cargo, groupe Geodis. Elle devient DGA ventes et développement un an après, pour relever le défi d’améliorer la rentabilité de l’organisation commerciale : « Je connais les outils de pilotage grâce au MBA et j’ai la capacité d’être très vite réactive. Les résultats sont probants. » Mariée à un créateur de start-up, mère d’un tout jeune entrepreneur de 16 ans, ses cours d’e-marketing ont profité à toute la famille. « Je conseille de faire un EMBA si on a bien préparé son projet en amont. Quand on s’investit, on en profite intégralement. » ■ Mes news Ressources Humaines Utilisez la connaissance ! 64 N°83 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2014 du savoir à travers les Mooc (massive online open courses, cours en ligne ouverts à tous et gratuits). Il propose de rendre événementiels les programmes de formation et d’y intégrer davantage de jeu. Enfin, pour capter les meilleurs talents, le processus de recrutement doit s’inverser en faisant intervenir l’offre d’emploi non pas avant, mais après avoir créé une communauté de candidats. ■ CC Se former en ligne avec l’AFT-Iftim G râce à la formation en e-learning lancée par l’AFT-Iftim le 2 avril au SITL, baptisée e-Cariste, au lieu de passer deux jours dans un centre de formation, le cariste peut désormais renouveler son Caces (Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité) en un jour. A travers une « pédagogie ludique et interactive » composée de six modules et de 10 évaluations, une demi-journée de cours en ligne peut suffire, avant de venir passer le test en centre une autre demi-journée. Coût : 340 €HT. L’AFT-Iftim propose également des formations aux attestations de capacité en e-learning, ou en blended learning (en centre et à distance). ■ CC ©C.CALAIS « Le véritable manager est celui qui sait utiliser la connaissance », assure Jean-Luc Moisan, Directeur avant-vente de la plateforme de gestion des talents Technomedia, lors de la conférence annuelle Innovations RH, le 25 mars dernier au sein de l’Ecole 42. Elle a regorgé de conseils. Impliquez davantage vos salariés, par exemple en créant un agenda collaboratif lors des séminaires, pendant lesquels, selon David Guillocheau, Directeur Associé de Talentys, spécialiste des systèmes d’information RH, « une présentation ne doit pas durer plus de 10 min : moins de texte dans vos présentations, scénarisez vos messages sans hésiter à surprendre. » Ou en leur demandant d’élaborer leurs contenus de e-learning, de réfléchir à de nouvelles idées. La start-up parisienne Stormz propose de faciliter la mise en place de workshops collaboratifs sur mobile. « Un brainstorming de 50 personnes peut déboucher sur un compte-rendu d’idées affinées et priorisées en moins d’une heure », témoigne David Guillocheau, qui ajoute : « Hacker, c’est remettre en cause des processus établis pour les améliorer » Rassemblez vos collaborateurs lors d’un « hackathon » destiné à « détruire pour mieux reconstruire » certains processus RH clefs, tels le recrutement ou l’évaluation annuelle. Faites du Big Data RH : les entreprises disposent d’innombrables d’informations RH, exploitables en trouvant les bons indicateurs afin d’optimiser le recrutement, concevoir un parcours de formation… La start-up américaine Cangrade a développé une plate-forme de recrutement prédictive capable d’identifier, grâce au Big Data, les meilleurs candidats pour s’intégrer et être performant dans l’entreprise. Côté formation, Franck Perrier, Fondateur d’Idaos, société de conseil en stratégie digitale, mise sur la qualité et la démocratisation Les Ailes de la Supply Chain (en partenariat avec Fapics) Muriel Amouroux, Directrice de Continental Foods France « Mutualiser, c’est faire confiance et être transparent » Muriel Amouroux a adopté les bonnes pratiques en matière de management et de Supply Chain, en particulier le Sales & Operations Planning et la mutualisation. conçue par Philippe Meouchy : une meilleure coordination entre les services par la mise en place d’un processus mensuel permet à chacun d’avoir une vision claire des objectifs et des résultats de l’entreprise. En étant mieux informées, les directions peuvent gérer plus en amont les problèmes, qui sont remontés en Comité de Direction pour être traités. ©DR Supply Chain Magazine : Après des études d’ingénieur, comment avez-vous évolué vers la logistique ? Muriel Amouroux : Ingénieure de l’Ecole des HEI de Lille, j’ai débuté comme Responsable de processus sur les machines à SCMag : Comment évaluez-vous l’évolution de la Supply Chain papier chez Kimberly-Clark en 1992. Issue d’une famille de logis- en 15 ans ? ticiens, j’ai eu l’occasion en 1995 de rejoindre le service logistique M.A. : Ce sont d’abord nos clients qui évoluent, et nous nous au siège pour y gérer les approvisionnements de produits finis. adaptons à leurs besoins. Nous avons mis en place des process Un an après, je suis passée Responsable distribution, en relation personnalisés par client : une commande pour l’un est préparée étroite avec les prestataires de transport et de logistique. En 1998, différemment d’une commande pour l’autre. Cette logistique orientée client rend plus complexe la Supsuite au rachat des marques Peaudouce et « Le S&OP apporte Scottex, j’ai mis en place une refonte gloune vision claire des objectifs ply Chain. Nous bénéficions des services de qualité de FM Logistic qui opère notre bale de la logistique de par la relocalisaet des résultats » entrepôt près de notre usine du Pontet tion de nos entrepôts en fonction des et dispose d’un outil informatique perforbarycentres de nos clients et de nos usines. mant ; il livre les enseignes de distribution SCMag : Quel rôle a joué Philippe Meoualimentaire dans toute la France. chy dans votre carrière ? M.A. : Nous avons démarré en logistiSCMag : Comment appréhendez-vous que ensemble, Philippe Meouchy venant de votre expérience de mutualisation avec un l’informatique et étant mon supérieur hiéfabricant de confiserie ? M.A. : Nous partageons notre entrepôt rarchique. Nous avons travaillé ensemble avec cette société depuis plus d’un an, et 17 ans, il a été mon mentor. Cela n’a pas nous mutualisons nos transports lorsque toujours été simple, nous n’avions pas tout cela est possible. Pour réussir, nous nous le temps la même vision. Mais nous étions devons d’être transparents et de travailler complémentaires : lui était généralement main dans la main, notamment d’aller voir optimiste avec des idées « rupturistes », moi, ensemble les clients. Disposer de volumes prudente et carrée, pour arriver au juste équivalents est un facteur clef de succès milieu. Avec lui la porte était toujours d’une collaboration réussie, permettant ouverte à la discussion. Je l’ai suivi en 1999 dans une entreprise à taille humaine, Campbell France (les soupes d’obtenir des gains similaires. Et la confiance est primordiale. Liebig et Royco). L’appel du Sud, l’usine étant au Pontet en périSCMag : Comment envisagez-vous le management ? phérie d’Avignon, n’est pas non plus étranger à ma décision. M.A. : Je gère actuellement une équipe de 20 personnes en SCMag : Quel a été votre parcours chez Campbell France ? interne. C’est ce qui me plaît le plus. Je suis proche de mes M.A. : J’ai d’abord travaillé à la planification usine court et long équipes et travaille beaucoup en « one to one », sans multiplier terme et l’approvisionnement des matières premières/ embal- les réunions. J’écoute beaucoup et j’ai peu d’idées préconçues, lages. Puis pendant deux ans, j’ai parcouru les usines euro- sans oublier d’être ferme quand cela ne va pas. péennes pour mettre en œuvre des processus méthodiques au niveau de la planification. En 2006, je suis passée Directrice SCMag : En tant que Directrice, avez-vous éprouvé des logistique, en charge du planning, des approvisionnements, de difficultés à vous imposer dans un monde masculin ? l’entreposage et de la distribution. Le fonds d’investissement bri- M.A. : Je n’ai jamais ressenti le fait que les femmes ne soient pas tannique CVC Capital Partners a acquis à l’automne 2013 la acceptées en logistique. Bien sûr, il faut faire nos preuves face filiale française du géant américain de la soupe Campbell et l’a aux hommes. Le plus dur est de concilier vie professionnelle et personnelle, surtout pour moi qui suis mère célibataire d’un garrenommée Continental Foods France. çon de sept ans, avec un double sentiment de culpabilité, d’une SCMag : Qu’a apporté le Sales & Operations Planning (S&OP) à part d’avoir l’impression de ne pas travailler assez, d’autre part Campbell France ? de ne pas donner assez de temps à mon enfant. ■ M.A. : J’ai participé à la mise en œuvre de la démarche S&OP PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CALAIS AVRIL 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°83 65
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