Flux poussés : MRP et DRP par André THOMAS Professeur agrégé, enseignant et tuteur de recherche à l’ENSGSI (École nationale supérieure du génie des systèmes industriels) Certifié expert en Analyse de la valeur (CEXV) et en gestion industrielle (CFPIM) et Samir LAMOURI Maître de conférences au département Organisation et génie de la production de l’université de Cergy-Pontoise Chercheur au Centre de robotique de l’École des mines de Paris, équipe Systèmes de production 1. 1.1 1.2 La planification en flux poussé en production : MRP.................... AG 5 110 - 2 Fonctions ...................................................................................................... — 2 1.1.1 Le plan stratégique ............................................................................. — 3 1.1.2 Le plan industriel et commercial (PIC) .............................................. — 4 1.1.3 Le programme directeur de production (PDP) ................................. — 5 1.1.4 Le calcul des besoins nets (CBN) ...................................................... — 5 1.1.5 Le pilotage du court terme (gestion d’atelier et achats).................. — 5 Mise en œuvre ............................................................................................. — 5 1.2.1 Réalisation du plan stratégique......................................................... — 5 1.2.2 Réalisation du PIC............................................................................... — 6 1.2.3 Réalisation du PDP ............................................................................. — 6 1.2.4 PIC, PDP et ventes............................................................................... — 6 1.2.5 Calcul des besoins nets...................................................................... — 8 1.2.6 Gestion des capacités......................................................................... — 9 1.2.7 Pilotage d’atelier ................................................................................. — 9 2. 2.1 2.2 2.3 La planification des ressources de distribution : DRP .................. DRP et gestion industrielle.......................................................................... Techniques DRP ........................................................................................... Management d’un système DRP ................................................................ — — — — 10 10 11 11 3. Interactions entre MRP, JAT et TQM .................................................. — 12 Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. AG 5 110 n entend dire parfois que le Kanban fonctionne en flux tiré et MRP en flux poussé. En réalité, les choses ne sont pas si simples, car une méthode du type MRP peut très bien générer un flux de produits à l’atelier dont les caractéristiques s’approchent de celles d’un flux tiré en juste à temps (JAT), si l’incertitude sur les ventes est faible, les délais de réalisation courts et les lancements effectués le plus tard possible. A l’inverse, un système Kanban appliqué avec un nombre excessif de tickets, sous prétexte que les machines ne doivent pas s’arrêter, s’apparente davantage à un flux poussé qu’à un flux tiré. La distinction entre flux poussé et flux tiré ne tient pas tant à la méthode de programmation de la production qu’à la façon de l’appliquer : — si on engage la production en tout point du processus en suivant l’ordre défini par un programme de travail et ceci dès que les ressources sont disponibles (matières, machines, main-d’œuvre) et sans prendre en compte les besoins à court terme du processus aval (ou du consommateur final), on dit que le flux est poussé ; O Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 1 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ — si la décision de produire dépend des besoins à court terme du processus aval (ou des besoins réels du consommateur), on dit que le flux est tiré. Le flux poussé reflète l’optique d’un « producteur », qui cherche à tirer profit de ses ressources en respectant son programme de livraison. Le flux tiré reflète l’optique d’un fournisseur qui cherche à rendre à son client le service précis que celui-ci désire. Dans l’article « Enjeux de la logistique » de ce traité [3], Pascal Eymerie évoque l’idée de complexité dans les systèmes logistiques et en particulier concernant l’indépendance des décisions de gestion industrielle dans le cas des ressources partagées. La complexité d’un système logistique est accrue par différents facteurs : variété des produits fabriqués, inertie des décisions de capacité et de flux, incertitude de la demande commerciale, existence d’aléas de production (pannes machine, problème de qualité, etc.). Mais en fait, comment gère-t-on un système complexe ? Le présent article retrace l’évolution des systèmes de planification en flux poussé en production de type MRP (Management des Ressources de Production) et en distribution de type DRP (Planification des Ressources de Distribution). Avant l’apparition des méthodes MRP et DRP, la gestion de la production et de la distribution se résumait bien souvent à une gestion par les niveaux de stock. Les méthodes MRP et DRP s’adaptent plus particulièrement aux industries qui fabriquent et assemblent de nombreux composants à la commande ou en petites séries, selon le type de production par lots. C’est en effet dans ce type de situation que les flux de production sont les plus difficiles à gérer. Ces méthodes sont particulièrement adaptées aux industries mécaniques et aux industries d’assemblages. Des extensions ont été conçues pour gérer la production en ligne. Si les méthodes de type Kanban s’adaptent à une production stable, les systèmes MRP/DRP s’adaptent plus facilement à tout type de contexte. C’est grâce à cette caractéristique qu’il sera possible d’installer des systèmes Kanban dans des environnements instables. Dans cet article nous développerons les systèmes de type MRP, les systèmes de type DRP, puis nous analyserons les interactions MRP, JAT, TQM (Total Quality Management). 1. La planification en flux poussé en production : MRP MRP est une technique de gestion industrielle qui répond aux objectifs suivants : — donner au client le meilleur service ; — définir un programme de production ; — réaliser au mieux l’adéquation charge/capacité résultant de ce programme de production ; — tenir les délais ; — maîtriser les coûts de production. MRP n’est plus une simple technique : de système de gestion des approvisionnements, il est devenu un système de gestion de la production, pour, enfin, évoluer vers un système de gestion industrielle intégré (on parle de plus en plus de « système intégré de logistique globale » ou Supply Chain Management System) (voir encadré). AG 5 110 − 2 1.1 Fonctions MRP remplit les fonctions suivantes : — planification de la production, fonction qui établit les priorités et les capacités correspondantes ; ce qui suppose de faire des prévisions, des programmes directeurs, un calcul des besoins ainsi qu’une planification et une réservation de capacité ; — mise en œuvre et gestion des plans élaborés par la planification de la production, fonctions qui correspondent au « pilotage de l’atelier » et à la gestion des approvisionnements ; — gestion des stocks. Toutes ces fonctions sont à mettre en œuvre en même temps. La gestion des stocks pourra opérer d’une manière indépendante uniquement pour les articles achetés puis vendus sans apport spécifique de valeur ajoutée [AG 5140 à paraître]. MRP répond aux quatre questions suivantes : 1. Que doit-on faire et pour quand ? 2. Que faut-il pour le faire ? 3. Qu’avons-nous déjà fait ? 4. De quoi avons-nous besoin ? Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP Historique des systèmes MRP Gestion commerciale MRP a vu le jour aux États-Unis dans les années 60. Précisons les différentes étapes d’évolution de cette méthode. ● 1965 : MRP ne représente à cette époque qu’une méthode de « calcul des besoins matières ». MRP signifie alors Material Requirements Planning (planification des besoins en composants). C’est le MRP 0. ● 1971 : En évoluant vers un système avec adéquation charge/capacité, MRP devient une « Méthode de Régulation de la Production ». C’est le MRP 1. ● 1979 : MRP s’interface avec l’ensemble des fonctions de l’entreprise (commercial, finance...) et devient un système à boucles fermées. (Closed Loop). MRP évolue vers le Management des Ressources de la Production (Manufacturing Resource Planning). C’est le MRP 2. ● 1986 : associé aux techniques « juste à temps » et qualité totale, c’est le MRP 2 à délai court. ● 1995 : la gestion de production est devenue un maillon central de l’entreprise, réellement intégré avec les autres fonctions. MRP évolue vers l’ERP (Enterprise Resource Planning), planification des ressources de l’entreprise (figure 1). MRP reste le maillon central de la fonction industrielle, il est connecté avec différentes fonctions dont : — la fonction commerciale, pour suivre au mieux les fluctuations du marché ; — la fonction financière, pour produire au moindre coût ; — la fonction achat, pour assurer un plan d’approvisionnement stable et compatible avec le programme de production. Les systèmes ERP proposent souvent une solution complète recouvrant la gestion des données techniques, la production, la logistique ainsi que la gestion comptable et financière. Par contre, si ces systèmes offrent la possibilité de simuler et de visualiser différents scénarios de production, ils ne possèdent pas encore de modules d’optimisation de l’ensemble. ● 1997 : évolution vers la Supply Chain Management (SCM). L’objectif est l’optimisation de l’ensemble de la chaîne logistique, depuis la prévision de la demande jusqu’à la distribution, en prenant en compte la planification de la production et des approvisionnements. Véritables outils d’aide à la décision, dotés d’algorithmes d’optimisation, ils simulent le fonctionnement de l’ensemble du système logistique, vérifient la disponibilité des produits et les capacités de production nécessaires pour faire face à différents niveaux de la demande. On répond à ces questions en traitant de la planification du travail à faire (gestion des priorités) et de la gestion des capacités de l’entreprise pour le faire. Le marché établit les priorités relatives aux produits fabriqués : combien en faut-il et pour quand ? C’est la charge de travail. La capacité représente les possibilités de produire ces biens et services. Elle dépend des ressources. La réponse à ces questions n’est pas originale. Par contre, rendre cohérentes les réponses les unes avec les autres et assurer une logique de déroulement est plus difficile. L’approche MRP permet d’assurer cette logique et cette cohérence. MRP comprend cinq niveaux de décision et de planification (figure 2) : 1. Le plan stratégique. 2. Le plan industriel et commercial (PIC). 3. Le programme directeur de production (PDP). 4. Le calcul des besoins nets (CBN). 5. Le pilotage du court terme (gestion d’atelier et d’achats). Cette hiérarchisation des fonctions et des décisions est un principe fondamental des systèmes MRP. Hiérarchiser les fonctions et les décisions consiste à concevoir un modèle en plusieurs plans, Administration des ventes Gestion de la demande Marketing Négoce Gestion industrielle Achats et logistique Production Achats Distribution Stock Maintenance Qualité Fonctions Comptables Gestion des ressources humaines Immobilisation Finance Comptabilité Paie Personnel Calcul des coûts fonctions appartenant à MRP 2 L'ERP couvre l'ensemble des flux matières, d'informations et financiers de l'entreprise industrielle. Figure 1 – Évolution du MRP vers l’ERP chaque plan étant le lieu d’un ensemble de décisions d’échelle et d’horizon spécifiques (figure 3). Pour chacun des plans, on identifie un objectif, un horizon et un niveau de détail, et chaque plan est revu avec une périodicité spécifique. A chaque niveau, on répondra aux questions suivantes. Quelles sont les priorités ? Quelle est la capacité disponible ? Comment peut-on résoudre les écarts ? Dans un premier temps nous allons décrire chacun de ces cinq niveaux de planification, dans un second temps nous décrirons leurs fonctionnalités en terme de planification. 1.1.1 Le plan stratégique C’est un état des objectifs stratégiques (marché, volume...) que la société souhaite atteindre ; il couvre un horizon de 2 à 10 ans. Il s’intéresse aux types de marchés et s’appuie sur des prévisions de long terme. Il est établi en euros et induit la participation de la direction, du marketing, des finances, de la production et de la conception. Ce plan est revu tous les 6 mois et quelquefois tous les ans. Il formalise les axes de développement de l’entreprise à long terme. Il fixe chaque année les grandes orientations de l’entreprise : — marchés à pénétrer ; — planification des effectifs ; — technologie à maîtriser ; — développement des gammes de produits. Le plan stratégique est élaboré en fonction de données macroéconomiques. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 3 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ Planification Gestion des données Gestion de la capacité 1. Plan stratégique 2. Plan industriel et commercial Planification globale des capacités (usines, embauches...) 3. Programme directeur de production Planification globale des capacités (ressources critiques) 4. Calcul des besoins nets (MRP) Planification des besoins en capacité Prévisions/Commandes Stocks produits finis Nomenclatures Stocks matière première et sous-ensemble Contrôle des entrées/sorties 5. Pilotage de l'atelier Séquencement des opérations Postes de charge Gammes Figure 2 – Logique MRP : cinq niveaux de décision et de planification Niveau de détail 1.1.2 Le plan industriel et commercial (PIC) Il est établi en fonction des objectifs du plan stratégique et concerne les familles de produits. Il définit les volumes de vente (et donc de production), les niveaux de stocks, les besoins en équipement et en ressources. Il couvre un horizon de un an à 18 mois (lié au budget). Ce plan est revu chaque mois ou chaque trimestre. C’est ainsi que la planification stratégique alimente la planification industrielle. Le PIC réunit tous les mois direction générale, marketing, vente, finance et production. C’est un forum d’analyses et de décisions, plus stratégiques qu’opérationnelles. Il faut pouvoir dégager pour chaque site l’évolution des ventes, de la production et des stocks. Pilotage d'atelier CBN PDP PIC Plan stratégique Horizon de planification (temps) CBN PDP PIC calcul des besoins nets programme directeur de production plan industriel et commercial Figure 3 – Niveau de détail et horizon de planification AG 5 110 − 4 Des simulations sont réalisées en termes de demandes, de capacités, de stocks, de ressources. Les capacités vont-elles permettre de répondre à la demande des clients ? Va-t-on constituer des stocks stratégiques ou au contraire les consommer ? La réunion PIC permet de gérer la supply chain (chaîne logistique) et d’avoir une vision globale, des clients jusqu’aux fournisseurs. Pendant cette réunion PIC, on mesure aussi les performances avec des indicateurs qui peuvent être par exemple la précision des prévisions de vente, la justesse des stocks, les écarts mesurés au planning de production. C’est le moment de prendre des décisions stratégiques et c’est avec ces éléments (suivi des ventes, des stocks et de la production) que l’on peut le faire. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP 1.1.4 Le calcul des besoins nets (CBN) Plan stratégique Besoins bruts commerciaux d'une famille Stratégies et contraintes financières Contraintes techniques de production Réunion PIC Validation du PIC : ventes et production par famille Figure 4 – Schéma d’élaboration du PIC Le PIC pilote le PDP en établissant par famille et par mois (figure 4) : — les prévisions de vente ; — le niveau d’activité ; — le niveau de stock. Le calcul des besoins est un outil de programmation à moyen terme qui génère des propositions de fabrication et d’achat pour l’ensemble des articles à tous les niveaux de la nomenclature à partir du PDP. Le calcul des besoins est le cœur du système MRP. Il consiste : — à induire, à partir du PDP et des nomenclatures, des besoins sur chacun des articles et à y intégrer des besoins externes éventuels ; — à confronter ces besoins aux disponibilités propres de chaque article, c’est-à-dire la quantité existante de cet article en stock ou en « en-cours » ; — à proposer des réapprovisionnements ou des lancements d’ordres d’achat ou de fabrication complémentaires ; — à formaliser pour chaque article un échéancier montrant les besoins induits à satisfaire par période, les disponibilités déjà existantes positionnées dans le temps, l’évolution du stock prévisionnel, les propositions de lancements complémentaires ou les ordres proposés à effectuer ; — à recaler la date de fin des ordres suggérés déjà planifiés sur la date de besoin, en faisant apparaître un message d’anomalie quand il n’y a pas de coïncidence entre ces deux dates. Le CBN a, en général, le même horizon de planification et la même périodicité que le PDP. Le PIC a une logique de planification qui sera remise en cause à la réunion suivante du plan. 1.1.5 Le pilotage du court terme (gestion d’atelier et achats) 1.1.3 Le programme directeur de production (PDP) Il concerne le lancement et le suivi des ordres d’achats et de fabrication, l’ordonnancement, le suivi de fabrication, le contrôle des entrées/sorties. Il couvre le court terme. Il est mis à jour au moins tous les jours. Cette fonction sera développée plus loin (§ 1.2.7). Le PIC donne des objectifs de production, il ne permet pas de produire, car on ne fabrique pas une famille de produits mais des références commerciales précises. C’est le but du PDP. Le PDP a pour mission la planification de la production détaillée, c’est-à-dire exprimée au niveau des références, en tenant compte des prévisions les plus récentes, de l’arrivée de nouvelles commandes et de l’état des stocks. Le PDP précise donc, pour chaque article fabriqué, les quantités à produire, période par période. Il constitue ainsi l’articulation entre le PIC et le CBN et, à ce titre, il est nécessaire que l’agrégation des niveaux de production de toutes les références coïncide avec les niveaux de production par famille indiqués au PIC. Le PDP est alors un réel contrat à moyen terme entre la fonction commerciale et la fonction de production. Le rôle du PDP est d’adapter la production aux besoins, il permet de : 1.2 Mise en œuvre A chacun des niveaux précédents, le système et le gestionnaire devront vérifier que les ressources nécessaires pour réaliser ces plans seront disponibles en temps voulu. Compte tenu du volume de données et de leurs nombreuses interactions, il est nécessaire d’avoir recours à des logiciels MRP adaptés pour remplir les cinq fonctions de planification. Ils auront une base de données unique et des possibilités d’interfaçage avec les autres systèmes informatiques de l’entreprise. Ce système est organisé de façon à être un système de gestion de production complètement intégré (figure 5). Il travaille du haut vers le bas avec des remontées d’informations. Ceci est appelé Closed Loop MRP (MRP boucle fermée), c’est le MRP2. — traduire la volonté de la direction, exprimée dans le PIC, en forme opérationnelle, c’est-à-dire en quantités à produire ou à acheter ; Nous allons décrire les fonctionnalités des cinq niveaux de planification. — confronter l’usine au marché, régulariser la réponse de l’usine au commercial ; 1.2.1 Réalisation du plan stratégique — bien affecter les ressources ; — assurer le meilleur niveau de service à la clientèle (produire la bonne quantité au bon moment). L’horizon de planification couvre le plus grand délai cumulé d’achat et de fabrication. Ce programme est revu toutes les semaines (certaines entreprises réalisent le PDP tous les mois et d’autres à la journée. Le PDP est l’interface entre la direction commerciale et la direction de production : il est l’outil de réalisation des objectifs commerciaux. Le PDP a une logique de contrat et de faisabilité. Il sera mis en œuvre. C’est la planification à long terme : l’horizon est lointain, 3 à 5 ans, et son objectif est de définir le cadre global et d’arrêter les décisions concernant les politiques et les stratégies marketing et industrielles, dans une orientation marché : les grands investissements, la structure industrielle, les stratégies produits... Sont concernés la direction générale et le comité de direction. Ce plan est donc un état présentant la stratégie à long terme ainsi que les objectifs de recettes, dépenses et profits. Cet état est le plus souvent accompagné de budgets, de bilans prévisionnels et d’une prévision de cash-flow (source et utilisation des fonds). Le plan stratégique est habituellement établi en euros et par famille de produits. Bien que souvent établi en des termes différents de ceux du PIC, il constitue le cadre dans lequel le PIC sera établi. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 5 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ Alors que le PIC s’applique aux familles de produits, le PDP concerne les produits finis : le total de ceux-ci pour une famille dans les différents PDP correspondra au total établi au niveau du PIC. Plan stratégique Plan industriel non Ressources OK ? Feedback Plan commercial oui PDP non Ressources OK ? oui Feedback CBN Pilotage d'atelier Achats Suivi de fabrication Figure 5 – MRP2 et Closed Loop MRP 1.2.2 Réalisation du PIC S’appuyant sur les données de marché et les ressources disponibles, le PIC établit les limites des activités de production au niveau du moyen terme. Pour atteindre les objectifs globaux de résultats financiers de l’entreprise, il prend en compte, d’une part, les possibilités et capacités de celle-ci et, d’autre part, les objectifs financiers et de vente. Compte tenu de l’horizon pris en compte et de l’incertitude de la demande sur ces longues périodes, le degré de détail au niveau des produits ne serait, en général, ni utile ni possible et le plan serait alors cher à obtenir, c’est pourquoi on le construit en s’appuyant sur les familles de produits. Les entreprises mesurent leur production par le nombre de pièces qu’elles ont fabriquées. Mais si elles offrent à leurs clients une grande variété de produits finis avec variantes, elles ont besoin de constituer des groupes de produits (ou familles) qui sont construits selon les similitudes de formes ou de gammes. Ce qui leur permet de raisonner plus globalement. La fabrication doit procurer la possibilité de générer des biens et des services : c’est la capacité. Cela implique d’avoir les ressources disponibles pour satisfaire la demande. Pour l’horizon concerné par le PIC, elle peut être exprimée en temps disponible ou en euros qui peuvent être produits en une période donnée. La demande en produits doit alors être transformée en « demande en capacité ». Une fois le PIC établi, il est comparé aux ressources existantes en personnel, en stock ou en trésorerie (Sont-elles disponibles ? Comment peut-on résoudre les écarts ?). 1.2.3 Réalisation du PDP C’est l’étape qui suit le PIC dans le système de gestion de production. Le PDP est un outil (planning) qui constitue la base de la discussion entre les ventes et la fabrication. Il permet le calcul des besoins en composants ainsi que le calcul des ressources et capacités nécessaires. AG 5 110 − 6 Le PDP est un programme pour la fabrication. Il traduit les besoins du marché et la capacité de produire, il constitue un contrat à suivre pour la production. Il permet aux ventes et à la fabrication de savoir quand les produits seront disponibles. C’est un contrat entre production et commercial. Le PDP doit remplir trois objectifs : — assurer le niveau de service client désiré (en décidant des niveaux de stock et des programmes de fabrication) ; — faire le meilleur usage des matières, main-d’œuvre et équipements ; — maintenir les immobilisations stockées aux niveaux requis. Pour atteindre ces objectifs, on identifie trois étapes dans la préparation du PDP : — réaliser un premier PDP ; — comparer ce PDP avec la capacité disponible ; — résoudre les problèmes d’écarts (adéquation charge/capacité). Pour évaluer la faisabilité du PDP, on ne teste pas toutes les ressources, mais uniquement certaines qui sont appelées critiques. Cette étape permet de contrôler si les capacités des « goulots d’étranglement » supporteront la charge de travail induite par ce premier PDP ; pour ce faire, elle utilise des nomenclatures de ressources. On compare le total du temps de travail requis à la capacité de ces postes de charge. Si la capacité n’est pas suffisante, des méthodes pour l’augmenter devront être trouvées. Le PDP sera évalué selon trois critères : — l’utilisation des ressources (saturation des goulots) ; — le taux de service client (100 %) ; — le coût (surcoûts dus aux heures supplémentaires, soustraitance, mises en urgences...). S’il y a un très grand nombre de produits finis, cela entraînera un très grand nombre de PDP à réaliser et ainsi il sera difficile de prévoir la production et de gérer les programmes, on devra alors « réaliser » le PDP à l’endroit où il y a le moins de sortes de produits (figure 6). L’horizon de planification doit couvrir au moins une période aussi grande que le temps requis pour réaliser ce planning. Pour le PDP, il s’agira du « plus long délai cumulé ». L’horizon de planification est en général plus long pour assurer une meilleure visibilité, et la capacité, pour le management, à éviter (anticiper) les problèmes. Dans le cas de produits avec de nombreuses variantes, ou de produits assemblés à partir de composants standards, on utilise le PDP à 2 niveaux. Le premier niveau constitue un programme d’assemblage final répondant à la demande réelle client, qui permet une personnalisation au plus tard du produit (concept de différentiation retardée) à partir de la nomenclature de planification. Le deuxième niveau permet une production sur stock des composants et sousensembles standards. 1.2.4 PIC, PDP et ventes Le PIC et le PDP prennent en compte séparément les prévisions de vente et la production pour l’établissement du planning de fabrication. Cependant, le PDP est un programme pour lequel la production doit être faite : il doit être réaliste, et ne peut être établi que si la fabrication et le commercial sont en accord. Le disponible à la vente indique les quantités disponibles à la vente un moment donné, sans entraîner de modification nécessaire au PDP. Il s’agit donc des quantités qui peuvent être instantanément promises à un client non prévu, en tenant compte des commandes fermes déjà réceptionnées. Le disponible à la vente est alors la quantité que l’on peut promettre à un nouveau client sans remettre en cause les disponibilités déjà acceptées dans le programme à réaliser. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP • Peu de produits finis • Beaucoup de composants Produits finis • Grande variété de produits finis • Beaucoup de composants • Nombreux éléments communs • Peu de matières premières et composants • Grande variété de produits finis Produits finis PDP PDP Produits finis Matières premières et composants Matières premières et composants PDP Matières premières et composants Choix évident, niveau supérieur de la nomenclature ex : grille-pain, électroménager Familles de produits au niveau du PDP. Une nomenclature de planification désagrège les familles en produits spécifiques ex : cristallerie, sidérurgie Familles de produits au niveau du PDP à considérer comme des articles spécifiques (éléments communs) ex : chimie fine, cimenterie Structure en pyramide (convergente) Structure divergente Structure linéaire (multiple) • Grande variété de produits finis • Beaucoup de composants • Assemblage des produits finis appartenant à un petit groupe de familles (options, modules...) • Grande variété de produits finis • Beaucoup de composants et matières • Multitudes de conditionnements Produits finis Produits en vrac PDP PDP à 2 niveaux Matières premières et composants Produits finis Programme d'assemblage final Modules PDP Matières premières et composants Le PDP se situe au niveau du produit en vrac pour éviter le grand nombre de références Nomenclatures inversées et surplanification du PDP peuvent être utilisées pour définir les besoins en matériaux d'emballage ex : cosmétiques, produits de maquillage Planification de modules correspondant à des options (associée à un programme d'assemblage final). Possibilité d'utiliser des nomenclatures de planification (PDP à 2 niveaux) ex : cuisines, voitures Structure en té Structure en diabolo Figure 6 – Structure du produit et contenu du PDP Beaucoup de changements peuvent arriver lors de l’élaboration d’un PDP : — un client qui annule ou change sa commande ; — une panne machine ou une nouvelle machine mise en œuvre, un changement de capacité ; — des fournisseurs qui ont des problèmes et des dates de livraison non respectées ; — des processus qui créent plus de rebuts que ce que l’on attendait. Ces changements au programme de production peuvent induire : — une augmentation des coûts due aux reprogrammations et aux en-cours, — une diminution du service client (en rapport aux autres commandes passées), — une perte de crédibilité pour le PDP et le process de planification. Pour faciliter le processus de prise de décision, les entreprises établissent des zones dans leurs programmes (figure 7). Si la fréquence du PDP, du calcul des besoins en composants et du calcul de charge est trop importante, le système préconisera des modifications trop nombreuses à court terme. D’une manière générale, on peut dire que le MRP2 est un système de décision et que l’atelier est un système opérant. La fréquence du calcul doit être compatible avec le temps de réponse de l’atelier. Un calcul journalier est inutile si les délais de production sont voisins du mois. Le système est alors dit « trop nerveux» car il introduit trop de modifications à court terme et risque de ne pas être pris au sérieux par l’encadrement des ateliers. Si les délais de production sont réduits, la fréquence du calcul doit augmenter. C’est pour cela que l’on préconise de prévoir une période de PDP gelée. Pendant cette période, les changements exceptionnels de PDP doivent être validés par des niveaux de direction concernés. Horizon du PDP Zone figée Zone négociable De quelques jours à quelques semaines selon le type de fabrication S'étend jusqu'à la fin du cycle de fabrication + le cycle d'approvisionnement Toute modification entraîne des surcoûts importants Les ordres peuvent être modifiés après négociation Ordres fermes ou zone concernée par l'affermissement des ordres de fabrication Zone libre Ordres suggérés Figure 7 – Différentes zones existantes pour assurer la planification Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 7 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ 1.2.5 Calcul des besoins nets Programme directeur de production En 1965, Joseph Orlicky [1] a formulé le principe que les besoins exprimés sur les produits d’une entreprise sont de deux types, dont la distinction conduit à des modes de gestion différents. Les besoins indépendants, d’une part, proviennent de sources à l’extérieur de l’entreprise : sources indépendantes de la volonté de celle-ci. Les besoins indépendants sont typiquement les besoins pour les produits finis ou pour les pièces de rechange. Les besoins dépendants, d’autre part, proviennent des précédents, ils représentent la plus importante consommation. La simple décision de fabriquer un sous-ensemble va générer des besoins sur chacun des composants de ce sous-ensemble. La production du sous-ensemble induit des besoins dépendants sur ces composants. Par rapport aux besoins dépendants, les besoins indépendants représentent un profil de consommation beaucoup plus irrégulier, ils nécessitent l’usage de méthodes statistiques. La demande indépendante doit être prévue (articles du PDP gérés par prévisions) et la demande dépendante peut être calculée (articles du MRP). C’est le principe d’Orlicky. Le calcul des besoins est un outil de programmation à moyen terme qui génère des propositions de fabrication et d’achat sur l’ensemble des produits à tous les niveaux de nomenclature à partir du PDP (PDP produits finis). Les objectifs du CBN sont de déterminer quels composants sont nécessaires pour réaliser le PDP. En tenant compte des délais, on calcule les moments où les composants doivent être disponibles. Il doit alors déterminer : Décomposition via les nomenclatures Besoins bruts positionnés dans le temps Action Résultat Affectation des stocks et des en-cours Besoins nets positionnés dans le temps Ajustement aux paramètres de gestion Ordres suggérés Message d'anomalie pour réordonnancement Figure 8 – La logique du calcul des besoins Quoi commander ? Combien commander ? Quand commander ? Quand programmer la livraison ? Le CBN doit être capable de gérer les priorités afin de respecter les programmes. Il doit pouvoir additionner et soustraire, mettre en urgence, retarder et changer des ordres de travail ou d’achat. Ce plan doit être contrôlé au regard de la capacité ; ceci est nommé « gestion de la capacité des postes de charge détaillés ». Les recettes, les formules de mélange, les listes de pièces... sont des nomenclatures. L’APICS (American Production and Inventory Control Society) [2] définit une nomenclature comme « une liste de tous les sous-ensembles, pièces intermédiaires, composants et matières premières qui entrent dans la fabrication d’un assemblage parent et qui montre les quantités requises pour chacun d’eux ». Une nomenclature montre toutes les pièces nécessaires pour fabriquer un produit fini où chaque pièce, ou article, a un coefficient de lien [4]. L’objectif du CBN est de déterminer les composants utilisés, leur quantité et la date d’exigibilité afin que les articles du PDP soient faits à temps. La matière première est transformée par plusieurs opérations d’une gamme avant d’être prête pour l’assemblage. Les techniques de base du CBN sont décrites dans la figure 8. Ce sont les planificateurs qui gèrent le système MRP, ils sont responsables des décisions de pilotage prises au niveau des postes de charge détaillés. Les responsabilités du planificateur sont de : — lancer les ordres d’achat ou de fabrication (OA et OF) ; — reprogrammer les dates d’exigibilité des ordres fermes ; — résoudre les erreurs et essayer d’en trouver les causes ; — résoudre les problèmes de ruptures d’approvisionnements par des mises en urgences ou des replanifications ; — se coordonner avec les autres planificateurs, PDP, ordonnancements et achats pour résoudre les problèmes. Pour cela, on utilise trois types d’ordre : AG 5 110 − 8 L’ordre suggéré. Le PDP et le CBN ne génèrent que des ordres suggérés. Au moment où il est suggéré il est cohérent avec les autres ordres fermes ou suggérés. Il est en général maintenu dans la mémoire du système, mais s’il n’est pas confirmé avant le prochain calcul des besoins, il est remis en cause au moment du nouveau calcul. L’ordre ferme. Il est créé par une action du responsable, à partir de l’ordre suggéré. Une fois l’ordre créé, il est considéré par le système comme un ordre devant être réalisé obligatoirement lors des prochains calculs de besoins. L’ordre ferme sera pris en compte avec les ordres déjà lancés pour l’ordonnancement. Pour faciliter la tâche du responsable chargé de la création des ordres, un listing est édité ne comportant que les ordres nécessitant une action. Quand un ordre est créé mais non lancé, le système examinera à chaque calcul des besoins si certaines actions de replanification sont nécessaires, des messages sont générés pour avancer ou reculer l’ordre, et c’est au responsable d’en tenir compte ou pas. L’ordre lancé. Le lancement d’un ordre a lieu au moment de la mise en fabrication (OF), ou de l’admission de la commande à un fournisseur (OA). Dans le cas d’un ordre de fabrication, le statut d’ordre lancé a pour effet : — de provoquer une réservation des composants ; — de provoquer une entrée en stock du produit fabriqué, de la quantité concernée, ainsi le calcul des besoins ne s’appliquera plus aux composants de ce produit (puisqu’ils sont déjà alloués). Le planificateur reçoit des retours d’informations des fournisseurs, de l’atelier ou du PDP... Il doit alors évaluer cette information et prendre des actions correctives si nécessaire, tout en prenant en compte les priorités (respect des dates client), l’éclatement de la nomenclature (une action corrective peut induire des changements à différents niveaux de la nomenclature) et la « nervosité du système » (réagir si les changements sont importants et utiliser des ordres fermes). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP 1.2.6 Gestion des capacités Le fichier des ordres fermes procure les informations telles que les quantités, les dates d’exigibilité et les opérations de la gamme. La gestion des capacités est responsable de l’utilisation des ressources lors de la réalisation des programmes de production. La capacité est le total de travail qui peut être fait dans une période donnée. C’est la possibilité d’un opérateur, d’une machine, d’un poste à charge... à produire des pièces dans une période donnée. C’est une cadence potentielle de travail et non une quantité de travail fait. Il y a deux sortes de capacité : la capacité disponible et la capacité requise (figure 9). « La capacité disponible » est la capacité d’un système ou d’une ressource à produire une quantité de biens dans une période donnée. « La capacité requise » est la capacité d’un système ou d’une ressource nécessaire pour produire une quantité de pièces dans une période donnée. Elle est souvent appelée « charge ». La fonction « gestion des capacités » utilise la planification et le contrôle des capacités. La planification de la capacité est le processus de détermination des ressources requises pour réaliser les programmes, et des méthodes nécessaires pour rendre cette capacité disponible. Le contrôle de la capacité est le processus de pilotage de la production à réaliser au regard de la capacité planifiée, et de mise en œuvre d’actions correctives quand cela est nécessaire. Le process de planification de la capacité est le suivant : — déterminer la capacité disponible de chaque entité de gestion et pour chaque période ; — déterminer la charge à chaque poste de charge à chaque période. Pour cela : transformer le programme en heures de travail et déduire les charges nécessaires ; — résoudre les problèmes de différences : si possible, ajuster la capacité ; — si la capacité n’est pas disponible, changer de programme. Ce processus se déroule à chaque niveau du système de gestion industrielle (figure 2) : — la gestion des capacités globales induit des besoins dans le long terme et est liée au PIC. Elle concerne des heures de maind’œuvre et induit des changements en nombre d’employés, en capital, en équipements, en stocks... ; — la gestion des capacités des postes de charge critiques est liée au PDP et concerne les OF de produits finis ; — la gestion des capacités des postes de charges détaillés est liée au CBN. Elle concerne les OF de composants et calcule la charge des postes de charge ; — les ordres planifiés et les ordres fermes du CBN sont convertis en besoin de temps pour chaque poste de charge à chaque période. Les données nécessaires pour cela sont les ordres fermes, les ordres planifiés lancés, les gammes, les temps standards, les délais et les capacités des postes. Pilotage Charge (capacité requise) Délai Capacité disponible Production Figure 9 – Charge et capacité 1.2.7 Pilotage d’atelier Le pilotage d’atelier est responsable de l’exécution du PDP et de la planification du besoin en composants (CBN), ainsi que de la bonne utilisation de la main-d’œuvre et des machines ; il doit aussi minimiser les en-cours et assurer le taux de service client. Dernière phase du mécanisme MRP, le pilotage d’atelier a pour objectif de fabriquer les bons produits aux bons moments (respect des délais). Il comporte les fonctions suivantes : — — — — ordonnancement ; lancement ; suivi de production ; réordonnancement. ■ L’ordonnancement est l’ensemble des choix des priorités qui sont faits sur les ordres de fabrication à lancer et en-cours dans les ateliers. Il y a deux formes d’organisation bien distinctes du point de vue de l’ordonnancement. Pour la fabrication en ligne, les choix essentiels ont été établis au moment du lancement de l’ordre de fabrication. Pour la fabrication par lots, il reste autant de décisions de priorité à prendre qu’il y a d’opérations dans la gamme, puisqu’il peut y avoir des conflits de priorité à chaque file d’attente. Il est nécessaire de calculer le moment où chaque ordre devra débuter et finir sur chaque poste de charge, de telle manière que les dates d’exigibilité puissent être respectées. La manière de faire habituelle est de commencer par la date du besoin et, en utilisant le temps décrit dans la gamme, de trouver la date de début de chaque opération : c’est l’ordonnancement amont. Par opposition, l’ordonnancement aval part de la date du besoin, et en utilisant le délai, trouve la date de début de l’OF. Les opérations sont alors programmées successivement. Pour faire cela, il faut connaître les quantités et les dates du besoin, les gammes et les postes de charges utilisés, les temps de changement, de transformation, d’attente après et avant le poste et de transit et la capacité disponible des postes de charge. Toutes ces informations sont dans les fichiers gamme et postes de charge (figure 2). La gamme est la manière de faire un travail donné. Elle est spécifiée dans un fichier gamme qui contient les informations suivantes : — opérations à réaliser ; — séquence des opérations ; — postes de charge utilisés ; — postes de charge de remplacement ; — outillage nécessaire à chaque opération ; — temps standards (temps de changement de série et de transformation par pièce). Le fichier poste de charge contient les informations sur la capacité et sur le temps de transit, de file d’attente et d’attente après le poste ainsi que sur le nombre de machines dans le poste de charge. Ainsi le délai global et la somme des différents temps de file d’attente, de changement, de travail, d’attente après le poste et de transit. Le calendrier d’atelier, quant à lui, précise le nombre de jours ouvrés. Pour équilibrer la capacité et la charge, il faudra éventuellement déplacer, en amont ou en aval, les ordres ou changer la capacité. Dans le court terme, il est préférable d’ajuster la capacité (en fonction des cas, on pourra avoir recours à des heures supplémentaires ou chômées, déplacer de la main-d’œuvre d’un poste de charge sous-chargé à un poste de charge surchargé, de la soustraitance...). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 9 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ ■ Le lancement représente le dernier niveau de la planification, celui qui correspond à l’engagement effectif des premières opérations sur le terrain. C’est le dernier point de contrôle de la production, car une fois cette opération faite on ne peut plus modifier les priorités. C’est avant de lancer que l’on détermine la charge encours dans l’atelier, donc le cycle productif moyen, et donc les délais. C’est avant de lancer qu’il est encore possible de décider de sous-traiter, ou de modifier la gamme de fabrication, ou de retarder le lot (sous réserve d’un contrôle des coûts induits par ces changements de dernière minute dans la zone gelée du PDP). Bien que l’on vérifie lors du PIC et du PDP-CBN l’équilibre-charge capacité et que le CBN ait assuré la disponibilité des composants, des problèmes sont encore possibles car tout ceci a été fait à « capacité infinie ». L’on ne s’est pas posé la question de savoir si les postes de charge étaient libres ou non au moment du lancement. Il n’est pas rare alors de manquer de l’une ou l’autre de ces ressources. On devra donc, préalablement au lancement, vérifier que l’on dispose bien des ressources en composants et des disponibilités en capacité (c’est le rôle de l’ordonnancement). ■ Le suivi de production : suite logique de l’ordonnancement-lancement, il mesure le réalisé par rapport au prévisionnel. Il permet d’assurer le bouclage avec le PDP. Il permet le contrôle des entrées et sorties des postes de charge, les déclarations de production en quantité, délais et qualité. Il permet encore d’accumuler les informations pour le calcul des salaires et des coûts de revient ainsi que celles qui serviront de base à la dynamique d’amélioration continue. ■ Le réordonnancement (replanification) a pour but de modifier les dates de réalisation et celles des ordres de fabrication ou d’achat devant une impossibilité de leur mise en œuvre tel que le prévoyait le premier ordonnancement issu du PDP/CBN. Dans le monde dynamique de la production, les aléas sont nombreux : panne machine, casse d’un outil, retard d’un fournisseur, absentéisme, problèmes de qualité, commandes urgentes, etc. Les changements seront donc fréquents. Réordonnancer c’est donc : — modifier les dates des ordres de fabrication en fonction d’aléas ; — responsabiliser les opérationnels en faisant un planning réaliste ; — respecter le PDP en quantité, en référence et en délai. 2.1 DRP et gestion industrielle Dans le système de gestion industrielle présenté précédemment, DRP se trouve interfacé avec la gestion de la demande (figure 10). ■ DRP face au marché Le système DRP tire ses informations du marché. C’est une manière, pour les entreprises, de se rapprocher de leurs clients. Pour les entreprises importantes, les dépôts, les centres de distribution, les magasins de vente... sont autant d’outils qui permettent de « capter » des informations issues des clients. Ainsi on peut dire que DRP contribue à améliorer le service client. DRP procure des volumes relatifs à des demandes indépendantes clients, des informations de type (service après-vente), des tendances du marché ou des évolutions de produits. Dans une entreprise pour laquelle le système de distribution est relativement éclaté, DRP permettra de centraliser et d’anticiper, au niveau de l’usine, les décisions de planification en production et en approvisionnement (figure 11). Plan stratégique Plan industriel et commercial Gestion de la demande DRP Programme directeur de production Long terme De long à moyen terme Moyen terme Planification des ressources globales Planification des ressources critiques Figure 10 – Interface DRP/gestion industrielle 2. La planification des ressources de distribution : DRP Marché Comme on l’a vu, la gestion de l’information doit concourir à la rapidité de l’exécution des commandes et du réapprovisionnement des magasins et à la fiabilité du service et du suivi du flux. DRP (Distribution Resources Planning) est le système qui y contribue. C’est le système de logistique externe aval (système physique de distribution). Il a pour objectif de maintenir au niveau strictement nécessaire l’ensemble des stocks dans tout le système de distribution. Pour ce faire, il s’appuie sur les stocks déclarés en fichiers dans les différents dépôts et lieux de stockage de toute l’entreprise ainsi que sur les prévisions de consommations. Il conduit alors à des économies d’échelle significatives en immobilisations au niveau global. PDP DRP Gestion de la demande Nous présenterons successivement : — DRP dans le système de gestion industrielle ; — les techniques DRP ; — le management d’un système DRP. AG 5 110 − 10 Figure 11 – DRP : un pont entre l’usine et le marché Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP Dépôt 2 Dépôt 1 Semaine Gestion des moyens de transport Gestion du chargement Éclatement des frets Planification des réceptions dans les dépôts 1 2 Lancements planifiés 20 Usine 3 Semaine 1 20 Lancements planifiés Semaine 1 DRP Disponible 3 10 3 20 10 20 Besoins bruts Délai : 2 semaines quantité d'ordre : 50 2 2 40 20 10 40 Lancements planifiés 50 Figure 13 – Le système DRP PDP Figure 12 – DRP : une donnée d’entrée du PDP ■ DRP et la gestion de la demande La fonction de la gestion de la demande est de procurer à la planification les informations concernant les différents types de demandes clients, fermes et/ou prévisionnelles. DRP facilite alors la saisie de ces besoins en multipliant les points d’entrée des informations (informations relatives au transport, au chargement, à la distribution des frets, à la gestion des dépôts). Dans le cas de systèmes logistiques étendus, DRP facilitera les choses en offrant une structure d’agrégation et de remontée de ces informations vers les PDP (figure 12). DRP génère les instructions de mouvements de stocks de l’usine vers le client, et donc vers les dépôts. Il peut éventuellement proposer des mouvements entre dépôts si des manquants surviennent. ■ DRP et le PDP Concernant le PDP, l’intérêt de DRP est d’aider à établir d’une manière plus juste les besoins bruts, c’est-à-dire les commandes fermes et les prévisions. Être plus près du client, c’est avoir plus de chances de saisir son besoin réel sous forme de commande ferme, et c’est aussi mieux saisir les tendances relatives à la future demande globale pour une famille de produits. En fait, DRP fonctionne sur le même principe de calcul que le PDP et le CBN, ainsi il procure dans le système logistique externe aval une plus grande visibilité. En effet, quand le responsable du PDP propose des programmes dans le système DRP, il reçoit en retour des informations lui permettant de valider ou d’invalider certaines de ses hypothèses de décisions et ainsi ces informations lui permettent d’élaborer des PDP plus réalistes face à la variation des demandes clients. 2.2 Techniques DRP D’une manière analogue au MRP pour la gestion de production, on utilise DRP pour traiter les commandes et le réapprovisionnement des stocks dans les divers lieux de dépôt (figure 13). Le principe de DRP consiste à gérer comme un système de flux dépendants les livraisons qui vont de l’usine aux détaillants. Il s’applique aux entreprises disposant de magasins centraux. Les dépôts font connaître leurs échéanciers prévisionnels aux centres de distribution qui transmettent leurs propres prévisions à l’usine de production. Celle-ci établira son PDP à partir des données calculées via le réseau. L’idée est de partir de prévisions qui soient le plus proche possible du client. Elles seront plus fiables : en effet, si un concurrent ouvre (ou ferme) un établissement à côté d’un dépôt, ce dernier aura une idée de l’impact de cette ouverture (ou fermeture) sur ses besoins. L’usine, quant à elle, aurait certainement ignoré l’événement. Suivant une logique analogue à celle de la méthode MRP, la demande prévisionnelle au niveau de l’usine est calculée à partir des demandes prévisionnelles au niveau aval (en général le détaillant), en tenant compte des stocks existants et des règles de réapprovisionnement : délai, stock de sécurité, quantité standard de réapprovisionnement. L’avantage de DRP est d’orienter les programmes prévisionnels de production en fonction de la demande finale du consommateur, et non de la seule demande reçue au niveau de l’usine. Cette dernière est délicate à exploiter, car elle est sensible à l’effet des stocks existant dans le réseau et aux règles d’approvisionnement propres à chaque intermédiaire de la distribution. Si l’on néglige ces paramètres, les calculs MRP ont toutes les chances d’être faux. Les systèmes DRP gèrent : — chaque couple produit/lieu de stockage ; — les prévisions et les commandes fermes ; — les paramètres de réapprovisionnement : stocks de sécurité, fréquences de transport, lots ou quantités minimales, délai standard... Cependant, la mise en place du juste à temps dans la distribution réduit, dans une certaine mesure, la nécessité de faire appel à DRP. La diminution des stocks entre l’usine et le consommateur rapproche l’usine de la demande du marché (voir article [5] des Techniques de l’Ingénieur). Mais contrairement au système MRP qui est unique pour un site, DRP peut concerner plusieurs sites des sous-traitants, des transporteurs. C’est pourquoi il convient d’envisager l’intégration de plusieurs systèmes et de prévoir des échanges via l’EDI (Electronic Data Interchange) ou Internet. L’EDI permet d’accélérer l’échange de données par télétransmission électronique. L’EDI est surtout intéressant pour les transmissions de données chiffrées et répétitives. 2.3 Management d’un système DRP A l’évidence, les contraintes de fonctionnement du système général de gestion industrielle s’appliquent aussi à DRP. Ainsi le gestionnaire devra chercher à minimiser les erreurs dans la base de données : stocks, nomenclatures relatives à la distribution... Par ailleurs, tout le système reposant sur les prévisions de consommation, il sera très important de suivre de très près les ratios d’erreurs sur ces prévisions et d’ajuster leur mode de calcul si les écarts sont significatifs. D’autre part, les aspects relatifs à la gestion des personnels sont aussi très importants. Pour limiter les erreurs relatives aux mouvements de produits, telles les erreurs de saisie, de déclaration, de placement en rayonnages, de comptage, voire les vols, une formation spécifique du personnel sera nécessaire. Le taux de service client en dépend directement. Afin de pallier les différents problèmes rencontrés, une démarche de résolution de problèmes pourra être préconisée, et ainsi, à chaque inventaire réalisé par la technique de l’inventaire tournant [6], on cherchera à trouver, puis à éliminer les causes d’écarts en stocks. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 11 FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP _____________________________________________________________________________________________________________ 3. Interactions entre MRP, JAT et TQM La philosophie des systèmes en flux poussés consiste à privilégier la planification pour simplifier la gestion d’atelier. Le schéma général de la méthode le montre assez bien. Il y a beaucoup de modules de planification pour un seul module de gestion d’atelier. Si la planification est bien menée (à tous les niveaux : PIC, PDP, CBN) alors la gestion de l’atelier doit être plus simple. La gestion d’atelier peut être informatisée, mais si le processus de planification a été bien réalisé et si le processus de production n’est pas trop complexe, il est possible d’ordonnancer les travaux sur les machines sans logiciel. Dans ce cas, l’ordonnancement s’effectuera grâce à la mise en place d’une boucle Kanban qui assure un fonctionnement autonome des ateliers en fonction de la demande (flux tirés). Il est à noter que l’utilisation du Kanban pour gérer un atelier est bénéfique pour l’entreprise (moins de stock, forte réactivité, responsabilisation des opérateurs, mais ne dispense pas pour autant de la partie planification de type MRP ou DRP. MRP servira alors non pas à lancer des OF (flux poussé) mais à dimensionner le système de production (calcul des charges à partir des prévisions), à lisser la charge de travail à faire sur la période et à planifier les approvisionnements si l’on ne travaille pas en Kanban avec les fournisseurs. Se pose alors le problème de l’interaction MRP/JAT. Juste à temps et TQM sont, comme nous l’avons vu, deux stratégies de gestion intimement liées (voir article [5]). On ne peut pas les comparer. Le TQM offre une vision globale de l’effort de chacun pour améliorer la qualité et la position concurrentielle de l’entreprise. Par ailleurs, il comporte l’inconvénient suivant : étant global, il peut tolérer la lenteur des efforts et ne touchera pas nécessairement certains aspects de la stratégie de production qui créent les stocks et des délais de livraison. De son côté, le juste à temps comporte au moins un inconvénient : de par son histoire, il est encore perçu par certains comme une stratégie limitée aux stocks et uniquement orientée vers l’ambition économique de l’entreprise. Par ailleurs, si les efforts liés au juste à temps sont menés avec honnêteté, ils déboucheront nécessairement sur la qualité à tous les niveaux. La plupart des débats centrés autour de l’utilisation privilégiée d’un système Kanban ou MRP sont biaisés pour des raisons de terminologie. S’en tenir à une définition restrictive du Kanban en termes d’ordonnancement peut assurément conduire à des résultats différents de ceux d’une planification à flux poussés dès lors que les demandes commerciales s’écartent des prévisions. Par contre, associer à l’outil Kanban une réflexion critique sur l’existant, pour améliorer qualité, fiabilité et flux, conduit à faire progresser n’importe quel système de gestion et en particulier celui qui assure logique et cohérence entre toutes les informations : le MRP2. Pourquoi le MRP continue-t-il, malgré la sophistication des logiciels à poser quelques difficultés ? C’est essentiellement à cause de sa fragilité et sa complexité : fragilité dès lors que les données de l’environnement diffèrent des prévisions (par exemple données commerciales ou retard d’approvisionnement), complexité à cause de l’abondance et de la combinatoire des données servant à documenter le système. Dès lors, on entrevoit les cas où une « kanbanisation » du système MRP peut se révéler fructueuse. Un des intérêts importants en est la simplification de la gestion par le fait de la diminution du nombre d’OF à traiter figure 14. En effet, le PDP et le MRP dans le système traditionnel génèrent des OF pour tous les postes de charge concernés par les gammes de fabrication et d’assemblage. Ce sont ces OF qui donnent les instructions de début et fin de travail. Avec la mise en place de Kanbans, c’est la demande client qui tire le flux physique, le système PDP/ MRP doit alors planifier les demandes clients et en déduire les achats nécessaires pour l’alimentation de la production. Le nombre d’OF généré diminue fortement. Les gains induits par une telle organisation sont multiples : coûts de gestion plus faibles, moins d’erreurs dans le système de gestion AG 5 110 − 12 et à l’atelier, programmes plus stables, meilleure satisfaction client, meilleure gestion du disponible à la vente... Le recul que nous avons de l’utilisation de nombreuses entreprises de systèmes « hybrides » montre que le débat MRP-Kanban doit être dépassé. Il n’y a pas prédominance d’un système sur un autre, de même qu’il n’y a pas en soi de bons ou de mauvais systèmes. Le « bon système » est celui qui permet de faire émerger les bons problèmes et de susciter une réflexion collective conduisant à la mise en place de solutions acceptées par les différentes personnes concernées. Une divergence dans les résultats du MRP, des ruptures dans l’utilisation des fiches Kanban sont des révélateurs de dysfonctionnements que seule une action collective peut solutionner. Une fois que des solutions auront été progressivement apportées, la question ne se pose plus de savoir si les résultats sont imputables au Kanban ou au MRP, car il ne sera plus possible de dissocier les deux systèmes. L’impact de la réduction des délais avec les outils du juste à temps et de la TQM facilite la mise en œuvre du PDP. Le Kanban facilite la gestion en la rendant visuelle. Par ailleurs, si à la place du Kanban classique (Kanban spécifique : on fabrique ce qui vient d’être consommé) l’entreprise adopte un Kanban générique (on fabrique ce qui vient d’être commandé), l’entreprise gagne en en-cours, en délais et en satisfaction client. Le PIC et le PDP demeurent les fonctions essentielles pour réussir l’intégration MPR2/JAT. Nous avons vu dans l’article sur le JAT que le Kanban ne pouvait fonctionner que si la demande était relativement stable. Existe-t-il aujourd’hui un secteur de marché dans lequel la demande serait véritablement stable ? Dans la pratique, il est judicieux de« lisser » les demandes clients et/ou les objectifs de vente en développant les « bonnes stratégies » au niveau du PIC et en les déclinant en production via les PDP. En intégrant les différentes étapes du processus de transformation du produit en une sorte de « macro-étape », on pourra simplifier les nomenclatures et ainsi diminuer le nombre d’OF générés, en allant vers un MRP sans OF. La maîtrise opérationnelle des flux à l’atelier se fera alors par Kanban. La plupart des progiciels de GPAO, ERP ou SCM utilisent plus ou moins la méthode MRP. La connaissance de cette méthode paraît nécessaire pour l’utilisation optimale de progiciel de gestion de production. Les échecs ou les mauvais résultats souvent attribué à la méthode MRP proviennent très souvent de cette méconnaissance de la méthode, ou d’un manque d’implication d’un service de l’entreprise ou d’un manque de rigueur dans la gestion des données techniques ou de flux. Client/Assemblage PDP Client/Assemblage PDP Atelier MRP Achats Atelier MRP Fournisseurs Achats Système MRP 2 Fournisseurs Système MRP/JAT Figure 14 – MRP sans ordre de fabrication Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle ____________________________________________________________________________________________________________ FLUX POUSSÉS : MRP ET DRP Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 5 110 − 13
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