1 Conférence le sommeil et les rêves avec Michel Jouvet Comment rêvons-nous, comment dormons nous ? Le rêve a toujours préoccupé les hommes VÉRONÈSE : VISION DE ST HÉLÈNE Sainte Hélène fut la mère de l’empereur romain Constantin 1 Ici Véronèse peint en prenant pour point de départ la Vision de sainte Hélène pour composer ce magnifique tableau, dont on en voit guère comment dort cette femme, mais dont on peut admirer le tissu de la robe, sa gorge et plus haut audessus, la vision de la sainte croix : au dessus d’elle pour bien montrer que le songe «vient d’en haut » Oui, certes, le songe vient d’en haut : il concerne notre cerveau, les anciens en avaient l’évidente confirmation, ils le localisaient déjà dans la « tête », voir plus, puisque jusqu’à ces derniers siècles, le rêve était une discussion avec les dieux afin d’affronter une tâche. Nous aurons à en discuter plus tard. 2 II MICHEL JOUVET ET LE RÊVE présentation Michel Jouvet né en 1925 Chargé de recherches au CNRS puis devenu directeur du service onirologie de l’Inserm de Lyon - Récompensé par de nombreux prix sur ses recherches en neurobiologie exécutées la plupart du temps sur des chats ! - A publié 400 articles de neurochirurgie et 6 ouvrages sur les rêves dont des romans fort drôles comme le voleur de songes Grand précurseur en physiologie du cerveau, Michel Jouvet a découvert le sommeil paradoxal, 3° état de conscience assimilable au temps du rêve. Il a découvert le REM : mouvements des yeux durant le sommeil paradoxal, ouvrant la route à d’autres découvertes sur le cerveau. Révolutionnant l’histoire de la neurobiologie, cet événement a ouvert la voie aux recherches en neurophysiologie, en psychologie et en histoire naturelle et évolutive. Survenue à Lyon dans les laboratoires de recherche du CNRS , cette découverte a fondé la création d’un pôle scientifique hyperactif en neurosciences. Voir document annexe III CLINIQUE DU SOMMEIL apparition du rêve 3 Sur cette photo, vous pouvez voir comment les chercheurs testent l’apparition du rêve chez une personne endormie. Les tests consistent en un électroencéphalogramme qui est enregistré tout au long des différents états de sommeil ou d’éveil, sachant que les ondes électriques émises par le cerveau sont de l’ordre de 12 à 4 Hertz, captées par les fils visibles ici. Le cerveau est un système ouvert qui émet et reçoit composé de 100 milliard de neurones capable d’établir chacun 10 millions de connexions … d’où l’immensité du domaine ! COMMENT DORMONS NOUS ? Il nous faut de nombreuses conditions pour nous endormir et pour rêver - passer de l’éveil au sommeil - du calme, absence de bruit, d’excitation, absence de douleurs. Se sentir en sécurité. - laisser venir l’endormissement le cerveau se déconnecte de l’extérieur, plus de pensée - la température du corps descend de 0,8 ° - le cerveau ne rêve que lorsque sa température a atteint les 20 ° - les yeux se ferment et lors du rêve ils peuvent rouler dans les orbites - absence de tonus musculaire - alors les ondes cérébrales se modifient et le sommeil lent commence à apparaître.. Le milieu ambiant et la température du corps et du cerveau jouent un rôle très important. IV NOUS NE SOMMES PAS LES SEULS À RÊVER Tableau des animaux mammifères et homéothermes, c’est à dire nous, les chats, les rats, les vaches .. Notre température est constante et non assujettie au milieu ambiant comme les poissons ou les lézards. Tous les mammifères rêvent m^me le dauphin seule exception du milieu marin, Jouvet démontre que les poissons n’ont pas de sommeil paradoxal, ils dorment en nageant mais n’ont pas besoin de rêver. Pourquoi ? 1- phylogenèse : Il fait remarquer que les mammifères arrêtent de diviser leurs neurones dès la prime jeunesse par exemple pour nous : dès le troisième mois : les neurones ne se 4 divisent plus, tandis que prenez une carpe de soixante ans : les neurones de son cerveau se divisent toujours. 2 -ontogenèse La génétique a son mot à dire Remarque très importante : plus un mammifère ou un oiseau né immature , c’est à dire non fini, plus il présente des états de sommeil de type paradoxal , = sommeils sismiques : qui correspondent tout simplement à la programmation génétique 3 -niche écologique des animaux Il semble que plus les animaux sont « sécurs » dans leur niche écologique plus ils dorment longtemps et plus ils rêvent. Voir le chien et le chat , comme l’homme dans son lit. Par contre, les oiseaux dorment en volant, les poissons en nageant mais une partie de leur cerveau continue à fonctionner normalement. Nul n’a pu enregistrer de sommeil paradoxal sur les poissons. Il semble que plus les animaux sont en danger moins ils dorment et moins on trouve chez eux de sommeil paradoxal. Plus les animaux naissent « finis » leurs neurones continuent de se développer toute leur vie Jouvet tire la conclusion que le rôle du sommeil paradoxal servira aux homéothermes de reprogrammation génétique comme lors du rêve de l’embryon : Je vais donner des déceptions aux mères présentes ici : le sourire du nourrisson est tout simplement une programmation neuronale ainsi que toutes les mimiques spontanées, c’est une mise en place du système neuronal qui se produit dans les cerveaux en formation des nourrissons. Tout le monde sait qu’un enfant n’est pas fini en naissant, il continue à se programmer , son cerveau se complexifie et se termine jusqu’à 3 mois ..Là les cellules ( du cerveau) cessent de se diviser, elles n’ont plus qu’un seul avenir : mourir. Mais avant elles vont servir ! 5- 6 ZONES DU CERVEAU CONCERNÉES PAR LE SOMMEIL 5 5 – le cerveau humain , il ne se met pas totalement au repos, lors du rêve. les chercheurs américains ont découvert que « penser » fatigue ! le cerveau penseur se trouve dans les mêmes conditions qu’un sportif de haut niveau. Il dépense de l’énergie, il lui faut beaucoup d’énergie. L’énergie, sera fournie par le glucose, nourriture des aires corticales. Le sommeil apparaît pour refaire des stocks de glucose. Il faut à peu près 90 minutes pour prévenir le cerveau qu’il a refait le plein d’énergie. Alors il entre dans le rêve. Le rêve dépense une énorme quantité d’énergie. 6- le cerveau rêvant : C’est un échange permanent entre les zones corticales et la zone que l’on appelle le Pont La zone du pont semble la seule responsable du moment du rêve. Structure ponto-bulbaire responsable du sommeil paradoxal : L’activité ponto-géniculo-occipitale PGO constitue le générateur de l’activité du rêve. Des relations sont mises en évidence avec les noyaux moteurs oculaires et les voies ascendantes menant au cortex cérébral. L’activité du générateur PGO du rêve concerne donc tout l’encéphale. Ce qui n’est absolument pas le cas lors du sommeil lent. (Pour savoir cela Jouvet a introduit dans l’encéphale du chat des électrodes. Le frein moteur : du tonus musculaire est aussi en alerte. Car durant le rêve les muscles sont parfaitement à l’arrêt. Donc il y a encore des transmetteurs qui sont en action, ils se nomment des freins . Il est bilatéral, et se trouve dans le locus cæruleus alpha .. Enfin ne pas croire que le cerveau reste atone pendant le rêve, tout au contraire 6 Cerveaux rêvant 9 LES ONDES ÉLECTRIQUES DU CERVEAU - le rythme BETA : de 13 -15 à 60 Hertz (ou Hz, 1 Hz étant égal à une oscillation par seconde) de fréquence et environ 30 microvolts d’amplitude. C’est celui que l’on enregistre sur l’EEG d’un sujet éveillé et alerte qui traite activement de l’information. Certains y distinguent parfois le rythme GAMMA, de fréquences supérieures à 30 35 Hz, qui pourrait être relié à la conscience, c’est-à-dire à l’établissement de liens entre différentes régions cérébrales pour former un concept cohérent. - le rythme ALPHA : de 8 à 12 Hz de fréquence et de 30 à 50 microvolts d’amplitude. C’est le rythme typique d’un individu aux yeux clos, éveillé mais détendu ou en méditation. - le rythme THETA : de 3 - 4 à 7- 8 Hz de fréquence et de 50 à 100 microvolts d’amplitude. C’est un rythme associé à l’activité limbique, celle de la mémoire et des émotions. -le rythme DELTA : de 0,5 à 3 -4 Hz de fréquence et de 100 à 200 microvolts d’amplitude. C’est le rythme du sommeil profond et du coma. 7 Enfin, notons que l’absence d’ondes cérébrales, qui se traduit par un EEG plat, est un signe clinique de mort cérébrale. - 10 ONDES ÉLECTRIQUES DU SOMMEIL ET DU REVE - EOG ondes de l’œil, EMG : ondes musculaires, EEG : encéphalogramme. 1 Le sommeil lent, qui peut être subdivisé en 4 stades distincts, semble correspondre à un état fait pour le repos. Les muscles sont plus relâchés, et les rares mouvements ne servent qu’à ajuster la position du corps. Le métabolisme général de l’organisme diminue : température, consommation d’énergie, fréquence cardiaque, respiration, fonction rénale, tout cela ralentit conformément à la prépondérance du système parasympathique durant cette phase du sommeil 2 le sommeil paradoxal se définit comme l’état d’un « cerveau actif halluciné dans un corps paralysé » REM Ondes du sommeil paradoxal = rêves Le comportement du dormeur et les modifications physiologiques que subit son corps durant le rêve sont tout aussi singuliers. Il y a d’abord l’EEG dont la fréquence élevée et la faible amplitude évoque celui de l’éveil. Des mouvements rapides des yeux accompagnés de pointes pontogéniculo-occipitales (PGO) sur le tracé de l’EEG sont aussi typiques du sommeil paradoxal. 90 à 95% des gens réveillés durant ce type de sommeil disent qu’ils étaient en train de rêver Durant le sommeil paradoxal, la consommation d’oxygène du cerveau, qui reflète sa consommation d’énergie, est très élevée, et même supérieure à celle du même cerveau éveillé qui réfléchit à un problème cognitif complexe. Et que dire de la perte presque totale de tonus musculaire qui survient durant le sommeil paradoxale et qui fait que nous sommes littéralement paralysés durant nos rêves ! Nos muscles respiratoires et cardiaques assurent toutefois les « services essentiels » et nos muscles oculaires (ainsi que les minuscules muscles de l’oreille interne) demeurent actifs en produisant les fameux mouvements oculaires rapides. REM Durant le sommeil paradoxal, la température interne du corps n’est plus bien régulée et tend à glisser vers la température de la pièce, comme chez les reptiles. Comme le bébé humain passe énormément de temps en sommeil paradoxal, on doit éviter les accidents de chauffage dans la pièce où il dort car ceux-ci pourraient lui être préjudiciables.De leur côté, les fréquences cardiaques et respiratoires augmentent durant le sommeil paradoxal, mais de manière irrégulière. 8 Figure 11 Finalement, le pénis entre en érection et le clitoris se gorge de sang et ce, peu importe si le rêve a un contenu érotique ou pas. Ce phénomène permet d’ailleurs de distinguer entre une impuissance d’origine psychologique ou physiologique. Ceci commence à nous poser le problème de l’interprétation freudienne du rêve comme étant toujours le produit d’un désir sexuel, mais nous verrons cela plus loin. Il a été mis en évidence que ls rats et les chats présentent le même symptôme. 12 LE TRAIN DU SOMMEIL Le stade 1 du sommeil lent apparaît quand on s’allonge et ferme les yeux. Quelques brusques contractions musculaires des jambes annoncent alors le relâchement des muscles. Le début de l’endormissement est ensuite marqué par le rapide rythme Bêta de l’éveil qui est remplacé par le rythme Alpha plus lent d’un individu détendu aux yeux clos. Bientôt, des ondes Thêta, encore plus lentes, commencent à apparaître. Bien que nos réactions aux stimuli du monde extérieur diminuent, le stade 1 demeure le moment où le dormeur est le plus facile à réveiller. Aussitôt interrogé sur son état de conscience, celui-ci rapporte habituellement qu’il venait juste de s’endormir ou bien qu’il était en train de s’endormir. Des rêves courts ou des pensées errantes sont aussi souvent rapportés durant ce stade qui dure généralement de 3 à 12 minutes 9 Pour dormir nous prenons le train du sommeil : les 4 états Le stade 2 du sommeil lent est un sommeil léger où l’on assiste à une nouvelle baisse de fréquence de l’EEG et à un accroissement de son amplitude. Les ondes Thêta caractéristiques de ce stade sont ponctuées par un train occasionnel d’ondes de haute fréquence, les fuseaux du sommeil, qui sont des bouffées d’activité de 8 à 14 Hz et de 50 à 150 microvolts d’amplitude. Ces fuseaux durent généralement 1 à 2 secondes et sont produits par des interactions entre neurones thalamiques et neurones corticaux. On peut aussi observer durant ce stade une onde rapide de grande amplitude appelée complexe K. Celuici semble associée à de brefs réveils souvent en réponse à des stimuli externes. Au stade 2, il est peu probable qu’une personne réagisse à une lumière ou un bruit, à moins qu’il soit extrêmement fort. Il est toutefois encore possible de réveiller les dormeurs à ce stade, même si ceux-ci rapportent alors qu’ils dormaient vraiment durant les 10 à 20 minutes que dure ce stade au début de la nuit. Mais comme le dormeur passe plusieurs fois par le stade 2 durant les cycles du sommeil, c’est le stade où l’adulte passe le plus de temps, soit près de 50% du temps de sommeil d’une nuit. Le stade 3 du sommeil lent marque le passage du sommeil moyennement profond à profond. Les ondes Delta font leur apparition et constituent bientôt près de la moitié de ce que l’on observe sur l’EEG. Les fuseaux du sommeil et les complexes K s’observent encore, mais moins souvent qu’au stade 2. L’activité plus grande qui s’observe sur le tracé de l’EOG durant le stade 3 et 4 reflète la grande amplitude de l’activité de l’EEG dans les régions préfrontales plutôt que des mouvements des yeux. Durant ce stade qui dure environ 10 minutes lors de sa première apparition durant la nuit (mais n’est présent qu’environ 7% du temps durant la nuit), les muscles ont encore du tonus et nous sommes très peu réceptif aux stimuli extérieurs, à moins qu’ils soient très forts ou aient un 10 sens particulier pour nous (la mère qui entend son enfant pleurer ou notre nom par exemple). Le stade 4 du sommeil lent est le niveau le plus profond du sommeil, là où l’on dort « le plus dur ». Les ondes Delta dominent le tracé de l’EEG et l’activité neuronale est globalement à son plus bas. La température du cerveau est aussi à son plus bas et la respiration, le rythme cardiaque et la pression sanguine sont ralentis par l’influence du système parasympathique. Durant ce stade qui dure environ 35 à 40 minutes chez l’adulte lors de sa première apparition en début de nuit (15% à 20% du temps total de sommeil chez le jeune adulte), les muscles ont toujours leur tonus et des mouvements des bras, des jambes et du torse sont possibles. C’est le stade où le sommeil est le plus réparateur pour le corps et où il est le plus difficile de réveiller le dormeur. C’est également durant ce stade que l’on peut observer les épisodes de somnambulisme et de terreur nocturne chez les enfants 12 /13/14 LE CHAT DANS TOUS SES ÉTATS 12 le chat est le champion du sommeil, il peut dormir presque 15 heures par jour. Il présente 200 minutes par 24 heures. Jouvet fait la différence entre éveil et sommeil en implantant des électrodes dans le cerveau de l’animal et surveillant les variations de l’EEG durant éveil et sommeil. On appelle éveil : les états de vigilance où l’animal se déplace, se nourrit, chasse, ou se reproduit. Il en est de même chez nous. Alors nous présentons des ondes Béta et Gamma. 15 le chat court et dort : pour montrer la corrélation entre sommeil paradoxal et rêve : Jouvet détruit les freins du comportement onirique du chat et constate - aucun changement dans le comportement de l’éveil - durant le sommeil lent rien de spécial - durant le sommeil paradoxal , le chat se lève , ouvre les yeux , tourne la tête de gauche à droite, se met à courir après une proie imaginaire, saute, attrape, peut avoir des peurs soudaines, des rages, des feulements.. tout ce que fait un chat au naturel. 11 Si on lui présente une réelle souris : il ne la voit pas il ne s’y intéresse pas, un chat affamé ne se dirigera pas sur un morceau de viande ou pâté. il ne suit que ce que l’on peut appeler son rêve. C’est la démonstration du sommeil paradoxal. SOMMEIL PARADOXAL DU CHAT ET DE L’ÉCUREUIL Le sommeil paradoxal met en évidence que l’EEG est proche de celui de l’éveil, mais seuls les muscles sont freinés, Il y a imagerie sans doute mais pas de mouvements , le chat reste sur place , tout au plus, bougera- t- il les yeux , les moustaches, le bout de la queue et un peu les pattes ou les oreilles tout en dormant . Ses yeux roulent dans les orbites comme nous. On ne peut demander au chat ses rêves, mais il est évident qu’il rêve exactement comme nous. De quoi rêve t -il ? eh bien si l’on se réfère à ce qu’on vient de décrire : scènes de chasse, de course, de léchage, enfin la vie d’un chat semble contenir dans ses rêves. Des expériences faites sur un écureuil montre qu’un jeune écureuil élevé en cage est capable pendant le sommeil paradoxal de présenter les mimiques caractéristiques de son hérédité comportementale innée : il mime l’enfouissement d’un quelconque objet dans le plancher de sa cage ! (pauvre animal ) 12 Jouvet note que les différents rêves montrés par le chat a qui on a supprimé certains freins, et qui bougent alors lors des leurs rêves, permettent de constater que chaque chat possède un type de comportement propre , qu’il répète à chaque sommeil, : agressif, chasseur ou affectif ou autre, peur, .. 16 ROLE DU RÊVE CHEZ LE NOURRISSON le fœtus et le nourrisson rêvent, on en a la preuve par l’ EEG et les mouvements oculaires. Les mouvements similaires des fœtus de souris ou de chat, semblent indiquer que durant le sommeil paradoxal chez eux comme chez le fœtus humain des connexions neuronales s’accomplissent durant ce sommeil : « LES MOUVEMENTS DU FŒTUS SONT SANS DOUTE L’EXPRESSION MOTRICE DE LA FORMATION DE SYNAPSES GÉNÉTIQUEMENT PROGRAMMÉES AU COURS DE LA MATURATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. Même si l’on ne peut nier l’influence du milieu ambiant, de l’environnement, lors de l’éducation, la programmation génétique joue un rôle prédominant. Il n’y aura pas de possibilité d’un comportement inné sans programme génétique. Il semble qu’il se mette en place lors du sommeil paradoxal, c’est du moins l’hypothèse de Jouvet. 17- LE SOMMEIL PARADOXAL CHEZ L’HOMME Seul , l’homme peut raconter ce qu’il rêve, les animaux ne font que des mimiques. Durant le train du sommeil, à tous les stades les scientifiques ont réveillé les dormeurs et ont demandé ce qu’ils rêvaient. C’est là que commence réellement notre exploration car le domaine scientifique n’en est qu’à ses débuts, par manque de grande banque de rêves. En 1988 Dement a résumé les travaux de 8 études mondiales sur le rêve Ils ont collationné sur 214 sujets un total de 2240 fois de sommeils interrompus afin de questionner les dormeurs, en phase paradoxale, leur demandant ce qui se passait 13 Ils ont tous répondu en 1814 réponses qu’ils rêvaient …C’est donc la période la plus remarquable pour les rêves. Il faut ajouter, que il peut y avoir des rêves dans les autres périodes, mais Jouvet fait une distinction, ces rêves ne sont pas complets Cela peut être une pensée, une image, un flash, la plupart du temps rien de « construit » comme un véritable rêve. Cependant des études plus poussées ont pu démontrer qu’il pouvait exister chez certaines personnes des « rêves lucides » qui pouvaient être dirigés intérieurement par le rêveur, en tout cas qui pourraient être suivis avec la conscience, cela est rare et déconseillé par Jung, qui y voit la marque du « moi » donc le danger d’infléchir le rôle du rêve . Mais ajoutons que cela fait penser à certaines expériences que firent les grands illuminés du livre des morts tibétain, ou des révélations d’appréhension de la mort de grands initiés égyptiens relaté dans le livre des morts.. Jouvet a collationné ses propres rêves toute sa vie de scientifique, il en a tiré de nombreuses conclusions en accord avec d’autres recherches de par le monde. Il remarque que des rêves peuvent être vus hors du sommeil paradoxal. Donc le SP doit avoir un rôle particulier. 17 - FONCTION DU SOMMEIL PARADOXAL CHEZ L’HOMME Autrement dit qu’est ce qu’un rêve à quoi sert-il ? Théorie de Freud : le rêve est le gardien du sommeil. Rendons d’abord hommage à Freud qui en neurologue ouvrit la « voie royale « aux rêves. Néanmoins bien que ayant eu de belles intuitions parfois fort justes, il ne possédait pas les moyens dont dispose aujourd’hui les bioneurologues comme Jouvet. 14 Deux importantes notions pour Freud : le rêve réalise un désir, et donc dans ce sens le rêve garde le dormeur en état de sommeil en réalisant son désir. Pour Jouvet, une grande partie de la théorie freudienne du rêve en tant que neurobiologie est fausse. Il a mis en évidence l’activité du « pont » dans le sommeil paradoxal ce n’est pas un « instinct » qui se manifeste mais l’activité électrique et donc pas un « désir » il y a autre chose qui se passe, qui reste malgré tout un mystère. L’observation de l’animal qui rêve montre que, plus il est en sécurité plus il rêve, donc il ne réalise pas un éloignement du danger, mais semble plutôt s’y préparer, en répétant des actes de chasse, de prédations ou de combats. Les animaux chassés, eux présentent que de courtes périodes de sommeil paradoxal par crainte justement d’être attaqués, donc la théorie de Freud sur le rêve « gardien du sommeil » et sur le « désir » ne tient pas. De même la théorie sexuelle, tant prisée par Freud, ne tient pas devant les réactions biologiques instantanées et itératives qui se produisent durant le rêve : l’érection du pénis comme du clitoris s’accomplit avec n’importe quel contenu. Théorie de Bloch sur l’apprentissage Tout le monde a pu expérimenter que le sommeil permet un meilleur apprentissage. Jouvet corrèle cela avec le sommeil paradoxal. Les échanges électriques entre le « pont » et le cortex cérébral montrent qu’il y a une corrélation entre l’impulsion profonde et les parties à la fois visuelles, verbales, et motrices du cerveau. Le rat privé de sommeil paradoxal assez longtemps montre des défaillances notoires lors d’apprentissage de tâches complexes. Il ne peut plus enregistrer les nouvelles demandes qu’on lui fait faire en temps normal. 15 Si on lui redonne le temps normal de sommeil paradoxal, il va être capable de faire de nouveaux apprentissages. C’est pourquoi on conseille aux parents de coucher tôt leurs enfants. Non seulement le cerveau produit des hormones du développement corporel durant le sommeil, pas en plus le rêve et le sommeil paradoxal permettent d’enregistrer les acquisitions de la journée. Cette théorie n’est pas vraiment corrélée chez Jouvet. THÉORIE DE LA MATURATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL Nous l’avons déjà dit plus le cerveau est immature à la naissance, plus il a besoin de sommeil. Les mouvements du sommeil paradoxal ou « sismique » sont le signe de mise en place des diverses fonctions neuronales. 80 % chez le raton ou le chaton, est consacré au sommeil paradoxal et 60 % chez le nourrisson le sommeil paradoxal fournirait une stimulation intense d’origine endogène, au moment où justement il n’y a pas d’excitation venues de l’extèrieur . CETTE STIMULATION POURRAIT ANTICIPER OU PRÉPARER LE CERVEAU A RÉAGIR DE FAçON ADAPTÉE AUX FUTURES STIMULATIONS SENSORIELLES. Ce qui rejoint la théorie de Boris Cyrulnik : les nourrissons ont besoin de stimuli externes pour se développer. La machine interne est en place mais il faut aussi que le milieu externe y réponde. Ce que fait une mère normale. Mais non pas ce que l’on observe par exemple dans les orphelinats Roumains par exemple où il a trouvé des enfants sous développés, nains, des soitdisant « attardés » mais qui ne sont que le fruit du peu d’attention que l’on leur a prodigué. Mais le sommeil sismique du nourrisson ne serait que le sommeil archaïque paradoxal. L’adulte présente un sommeil paradoxal différent. Chez l’adulte, le sommeil paradoxal pourrait tout simplement permettre de réparer ou recréer les nouvelles connexions rendues nécessaires par la perte inévitable des neurones qui meurent tous les jours, puisque le cerveau perd tous les jours des neurones. C’est une fonction que retient Jouvet. La reprogrammation pourrait jouer un rôle dans le rêve L’émotion aussi : elle serait alors utilisée pour fixer ou enregistrer les mémoires et les programmes dans un but de consolidation. 18 – fonction du rêve chez l’homme THORIE DE LA PROGRAMMATION GÉNÉTIQUE ITÉRATIVE Expérience faites en Amérique assez récente Théorie des jumeaux : exemple des jumeaux homozygotes séparés ont le même profil psychologique : les mêmes problèmes physiques, épousent des femmes qui ont le même nom, divorcent en même temps... Comment expliquer ces invariances comportementales ? 70 % de variance pour le quotient intellectuel. Mais sur le plan psychologique les jumeaux explorés ont une grande similarité de conduites de leur vie sociale et psychique. Certains exemples montrent même qu’ils peuvent avoir les m^mes rêves en même temps. De ceci Jouvet conclut : tous ces circuits neuronaux ont été programmés in utero, par le cerveau et en particulier durant le sommeil sismique. Mais ensuite Hypothèse de travail : et si le sommeil permettait lors des rêves de maintenir ces circuits en fonction ? Cela passe par la neurogenèse : où tout se forme, mais - chez les poissons : la neurogenèse se poursuit toute leur vie 16 -chez les oiseaux il semble qu’il y ait un système mixte, ce sont les premiers dans la chaîne de la phylogenèse à présenter des rêves. Or chez eux de nouveaux neurones peuvent apparaître : ils seraient le maillon intermédiaire entre nous et les animaux à sang froid. - chez le chat la neurogenèse, comme pour nous s’achève avec la maturité du bébé ; ensuite les cellules meurent. Il faut donc envisager une nouvelle formule pour les mammifères. Il observe que Certains neurones peuvent synthétiser continuellement des récepteurs. Cela pourrait se faire dans le sommeil au moment où les muscles moteurs sont à l’arrêt. Néanmoins il ne faut pas croire que tout est dit ici. -En effet le conditionnement externe intervient : si le chaton révise ses attaques en dormant, il n’en est pas moins capable d’improviser selon la situation. 19 Le rêve semble être le lieu où se maintient l’individuation de l’être vivant. Les réserves de glycogènes accumulées durant el sommeil permettent ensuite durant le rêve des connexions nouvelles, chaque épisode de sommeil sera suivi d’une reprogrammation qui dépense l’énergie - la suppression du rêve chez l’adulte provoque un rebond de sommeil et de rêve. - l’apprentissage est largement handicapé par la suppression du rêve et du sommeil - l’imagerie électrique ne donnera jamais le contenu d’un rêve, il faut le descriptif - l’importance du rêve n’est plus à démontrer, mais par contre sa fonction physiologique est toujours à trouver. - sa fonction psychologique par contre pourrait bien être pour Jouvet un bouquet de fonctions à la fois physiologiques, neurologiques, hormonales, cérébrales, cortex et pont, mais sa profonde fonction reste un mystère. CONCLUSION Le SP reste une énigme. Pour Jouvet la seule fonction qui pourrait être présentée au vu des connaissances d’aujourd’hui : est L’ÉVOLUTION DE L’INDIVIDU . La préservation de l’identité psychologique et la relative possibilité de progresser ou de « trouver » de nouveaux savoirs de l’individu psychologique, c’est à dire l’individuation, terme qu’il a emprunté à Jung dont il partage les vues sur la vie des rêves. L’évolution serait justement portée par le SP et peut être le rêve, c’est ce que Jung a pu prouver dans ses expérimentations empiriques portant sur toute une vie d’étude sur le rêve sur le plan psychologique. Mais aussi par les mouvements oculaires : qui mettent en relation l’amygdale avec le cortex oculaire. Ce qui est utilisé par l’hypnose : capacité de visualiser des évènements bloqués par la mémoire dans les neurones de l’amygdale, et refoulées par le stress, peuvent être ramenées à la conscience afin de pouvoir être « parlées » vues, et donc désamorcées. Jouvet cependant avoue qu’il y a tant de facteurs en jeu pour expliquer le rêve, en particulier les dernières découvertes sur le liquide céphalo-rachidien, et les relations entre l’amygdale et le cortex, qu’il ne peut s’engager réellement en grand scientifique qu’il est à dire : le sommeil et le rêve servent exactement à cela, pour lui cela reste un hypothèse à prouver. ET CELA EST VRAI AUTANT POUR NOUS QUE POUR LES ANIMAUX ! Il existe une évolution constante des comportements sur une base génétique stable, donc la génétique n’explique pas tout.
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