Méthodologie - Entrepreneurial Solutions Partners

CLASSEMENT
TOP 20
DES BÂTISSEURS DE DEMAIN
1) MAGATTE WADE, 38 ANS : entrepreneuse,
fondatrice d’«Adina» (SÉNÉGAL).
2) ACHA LEKE, 40 ANS : directeur du bureau
de McKinsey à Lagos (CAMEROUN).
3) JANINE DIAGOU, 40 ANS : directrice générale
du pôle banque du groupe NSIA (CÔTE D’IVOIRE).
4) CINA LAWSON, 40 ANS : ministre des Postes
et de l’Economie numérique (TOGO).
5) DIDIER DROGBA, 35 ANS : joueur
de football professionnel (CÔTE D’IVOIRE).
6) VERONE MANKOU, 27 ANS : entrepreneur,
président-directeur de VMK (CONGO).
7) SWAADY MARTIN LEKE, 36 ANS : entrepreneuse,
fondatrice de Yswara (CÔTE D’IVOIRE).
8) ARTHUR ZANG, 26 ANS : ingénieur, créateur de la
tablette tactile médicale Cardiopad (CAMEROUN).
9) SAMUEL ETO’O, 32 ANS : joueur de football professionnel (CAMEROUN).
10) TIDJANE DÈME, 40 ANS : responsable de Google
pour l’Afrique francophone (SÉNÉGAL).
11) RAINATOU SOW, 30 ANS : militante des droits
des femmes (GUINÉE).
12)ÉRIC KACOU, 38 ANS : cofondateur et directeur
général d’ES Partners (CÔTE D’IVOIRE).
13)INGRID AWADÉ, 40 ANS : directrice générale des
impôts (TOGO).
14) CLARE AKAMANZI, 34 ANS : directrice générale
du Rwanda Development Board (RWANDA).
15) DIEYNABA NDOYE BAKIRI, 37 ANS : entrepreneuse,
cofondatrice des enseignes Colorii (SÉNÉGAL).
16) MARIE-CÉCILE ZINSOU, 31 ANS : présidente de la
Fondation Zinsou pour l’art contemporain africain (BÉNIN).
17)JEAN-MARC SAVI DE TOVÉ, 40 ANS : associé
chez Cauris Management (TOGO).
18) SERGE THIERRY MICKOTO, 41 ANS : dir. général
du Fonds gabonais d’investissements stratégiques
(GABON).
19) ANTHONY OBAME, 24 ANS : champion de taekwondo (GABON).
20) MAROU AMADOU, 42 ANS : ministre de la Justice
et porte-parole du gouvernement (NIGER).
Méthodologie
Qu’est-ce que l’influence? Disposer de vastes réseaux tissés aux
quatre coins de la planète? Mais alors, comment apprécier le nombre
de followers d’un compte Twitter, ce réseau social 2.0 qui traverse
les frontières? Sont-ils plus concrets, finalement, qu’un carnet
d’adresses auquel personne d’autre que son propriétaire n’a accès?
Voici le genre de dilemme qui anime aisément une rédaction lors
de la définition d’une méthode de classement la plus scientifique et
objective possible. En la matière, l’objectivité la plus totale n’existe
pas, soyons clairs. Mais cela n’empêche en rien l’existence de critères
qui nous ont semblé les plus adéquats pour mesurer «l’influence»
des 20 personnalités présentes dans ce classement.
Car ce concept plutôt vague se juge pourtant à l’aune d’actions
bien concrètes. Les personnes influentes sont celles qui démontrent
leur capacité à agir sur le cours des événements. Soit par leur
pouvoir social, culturel, politique, médiatique… ou économique. Voilà
pourquoi nous avons une grille d’analyse globale, contenant plusieurs
critères qui, cumulés, les départagent, afin d’obtenir un classement
le plus fidèle à la réalité et à sa diversité. C’est la raison pour laquelle
se croisent des personnalités aux parcours variés et aux horizons
parfois très éloignés. Mais tous, à leur échelle, sont des acteurs du
changement. Ils ont le pouvoir de transformer le visage de leur pays
à long terme. Et ont l’avenir devant eux. Si leurs champs d’action sont
différents, les critères qui les ont départagés sont les mêmes.
Sont-ils d’abord détenteurs d’un pouvoir économique, et lequel ?
Est-ce une fortune accumulée au fil des générations ou bien au
fil des années ? Sont-ils à la tête d’une grande entreprise, d’une
multinationale, et à combien s’élève le chiffre d’affaires de celle-ci ?
Ensuite, quel est leur degré de notoriété et sont-ils connus audelà des frontières de leur pays ? En somme, nous comparons leur
rayonnement et leur capacité à incarner un rôle de leader d’opinion.
Puis sont-ils capables de transformer cette réputation en créativité,
c’est-à-dire, leur action porte-t-elle l’empreinte d’une imagination
qui, à elle seule, fait bouger les lignes ? Enfin, quel est leur avenir ?
Aucun d’eux n’a plus de 42 ans. Certains sont très jeunes, d’autres
moins. Ils incarnent un espoir, une relève, impriment une direction.
Mais l’action de tous s’inscrit dans un pari pour le futur.
Bien sûr, c’est en évaluant tous les critères ensemble qu’il est
possible de « figer » leur influence. Pour un artiste, la créativité
sera maximisée, tandis que le pouvoir économique, lui, privilégie
les acteurs du monde de la finance. Ce classement ne détermine
pas une fois pour toutes l’influence d’une
personne. Son plus grand mérite est plutôt Les personnes
de dessiner un visage de ce continent qui,
influentes
plus personne n’en doute aujourd’hui,
sont celles qui
évolue de manière exponentielle.
démontrent
Cette Afrique-là est incarnée par des
personnalités aux potentiels différents et
leur capacité
nous nous sommes plus intéressés à leurs
à agir sur
parcours, leurs idées, leurs desseins. En
le cours des
ce sens, ce classement est une feuille de
événements.
route profondément humaine de ceux qui
bâtissent le futur.
MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 35
LA RELÈVE EN COUVERTURE
Magatte Wade, symbôle
de la « génération Guépard »
Son âge est loin de refléter la somme des expériences acquises,
car Magatte Wade en est déjà à la deuxième vie d’une carrière
entrepreneuriale lancée aux Etats Unis. Elle raconte sa vision
de l’Afrique de sa génération, celle de la relève.
E
PAR KARO DIAGNE-NDAW
lle ne cherche ni un travail, ni
un contrat, ni un mari. » Ces
paroles, d’un ministre sénégalais,
alors qu’il présentait la jeune
femme à un de ses collègues,
pourraient caractériser Magatte Wade.
Devenue une référence dans le domaine
de l’entreprenariat, cette élégante jeune
femme de 38 ans a un parcours aux allures
de success-story. Née au Sénégal, elle fait
sa scolarité en France et aux Etats-Unis, où
elle débute sa carrière entrepreneuriale, à la
Silicon Valley puis à San Francisco. Magatte
Wade a d’abord fondé Adina World Beat
Beverage, une entreprise spécialisée dans
la fabrication et la commercialisation d’une
boisson à base d’hibiscus, le bissap. Une
initiative née du constat, lors d’un séjour au
Sénégal, que ce jus local, autrefois très prisé
des Sénégalais, a été détrôné par les boissons
étrangères, comme Fanta ou Coca-Cola. La
réussite est immédiate. En 2009, lorsqu’elle
quitte la direction générale d’Adina, tout en
y gardant ses parts dans le capital, la société
réalise un chiffre d’affaires 3,5 millions de
dollars. Rançon de ce succès, « après avoir levé
30 millions de dollars pour lancer l’affaire et
embaucher des gestionnaires professionnels,
[sa] vision africaine du départ de l’entreprise
s’est retrouvé diluée ». « Or, [elle] n’avait plus
le contrôle du conseil d’administration, en
charge de décider des orientations majeures
de la société ». Plutôt que de se livrer à des
batailles juridiques et internes à n’en plus
finir, elle décide de partir et de concentrer
son énergie pour lancer Tiossan, « afin de
poursuivre une version plus authentique
de [son] rêve ». « Tiossan a été dès le départ
conçu pour être une marque de beauté haut
de gamme à base de recettes traditionnelles
sénégalaises. »
36 | FORBES AFRIQUE MARS 2014
Un changement de cap ?
Qu’importe ! Pas le temps pour
les regrets chez cette femme
qui, parmi ses références, cite
Steve Jobs, « l’entrepreneur le
plus original et le plus brillant de
notre époque », selon elle.
UNE SOURCE D’INSPIRATION
Tiossan propose des lignes
de parfums, des lotions pour le
corps, du gommage, des lignes
de gels douche et de savons,
toutes inspirées du savoir-faire
des tradipraticiens sénégalais
avec des ingrédients comme
l’Aloe Vera, l’huile de baobab, le
beurre de karité et l’huile de cumin
noir.
Magatte Wade, qui s’emploie à
imposer sa marque sur un marché
très concurrentiel, est devenue une
source d’inspiration pour beaucoup de
jeunes. « Etant donné le parcours du
combattant auquel je suis livrée jour
après jour en tant qu’entrepreneure,
il est extrêmement gratifiant
de savoir que mes mots et mon
travail sont source d’inspiration pour
d’autres. »
Des obstacles, la Sénégalaise en
a surmonté un bon nombre dans
sa vie d’entrepreneur. Elle raconte
l’anecdote de ce vendredi aprèsmidi où elle reçoit un coup de fil
l’informant d’un problème qui a
eu pour conséquence de gâcher
toute la production de boisson.
Les pertes sont estimées à près
de 400 000 dollars. « Ce jour-là,
se souvient-elle, je me suis
assise dans ma voiture. J’ai pleuré, puis […] et j’ai pris
le téléphone pour appeler chacun de mes clients un
par un pour leur annoncer la nouvelle. Certains étaient
furieux, d’autres plus compréhensifs, mais au bout
du compte je n’ai perdu aucun client. Au contraire,
l’épreuve nous a rapprochés », confie Magatte Wade.
NOUVELLE GÉNÉRATION
La jeune femme demeure confiante en l’avenir du
continent africain et en sa jeunesse. Cette nouvelle
génération est malheureusement confrontée à
de nombreux obstacles et à des informations
trompeuses, déplore-t-elle. Elle cite la théorie
de George Ayittey, penseur ghanéen pour
qui c’est la génération Guépard contre la
génération Hippopotame. « La génération
Hippopotame ne s’intéresse qu’au pouvoir
et au statut. Tandis que la génération
Guépard est plus concentrée sur la création
de valeurs par le biais de l’entreprenariat. La
génération Guépard créera la prospérité et la
dignité que l’Afrique mérite », se réjouit Magatte
Wade. « Ces jeunes incarnent un nouveau départ,
ont de l’énergie, une nouvelle perspective, et ne sont
prisonniers ni de la corruption, ni des confusions du
passé, ni des contraintes d’espace. Avec Internet, le
monde entier leur est accessible. »
Idéaliste ou réaliste, Magatte Wade est convaincue
que dans deux décennies une entreprise africaine fera
partie des 100 premières entreprises mondiales. « Il
faut viser le sommet dès maintenant pour atteindre
l’objectif au moment venu », professe-t-elle. A titre
d’exemple, elle cite des nations fabuleusement
entrepreneuriales et à croissance rapide comme
la Chine et l’Inde, ou encore Hong Kong et
Singapour, qui sont passés, en quelques
décennies, de la pauvreté à la prospérité.
« Partout dans le monde, à chaque fois qu’un
pays a conjugué une culture entrepreneuriale et
un système juridique de marché libre, il est devenu
riche. Ce que personne ne semble remarquer, c’est
que les Africains ont combiné les systèmes éducatifs
coloniaux qui brident l’instinct entrepreneurial en
amont, avec des gouvernements quasi-socialistes
et sur-réglementés », analyse Magatte Wade. Le
classement des pays africains sur l’indice « Doing
Business » de la Banque mondiale la fait sortir de ses
gonds, et elle s’indigne même de ne voir aucune « ONG
bien pensante » dénoncer cet état de fait. « Une fois
que nous aurons développé des systèmes juridiques de
marché libre sur la base des règles de droit, et une fois
que nous aurons acquis une confiance et une expertise
entrepreneuriale, nous deviendrons instoppables »,
martèle Magatte, qui en perdrait presque son latin.
2
Acha Leke, 40 ans
DIRECTEUR DU BUREAU DE MCKINSEY
À LAGOS (CAMEROUN)
C’est l’histoire d’un homme engagé dans
son époque, qui a décidé de revenir en
Afrique. Avant de devenir l’analyste écouté
et réputé qui dirige aujourd’hui le bureau
nigérian de McKinsey, un des leaders
mondiaux du conseil, Acha Leke est parti
étudier aux Etats-Unis (Stanford), comme
beaucoup de Camerounais brillants de sa
génération. Ce fils de médecins, qui a vécu
dans son enfance au Canada et en Belgique,
a ensuite fait le chemin inverse, celui du
retour, pour rejoindre le bureau sud-africain
de Johannesburg du même cabinet de conseil
américain, et ouvrir par la suite celui de Lagos.
Une histoire qui l’a sans doute influencé
lorsqu’il a créé, en 2004, l’African Leadership
Academy, une école destinée à former l’élite
africaine de demain, celle-là même qui
prendra sa relève dans quelques années !
MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 37
LA RELÈVE EN COUVERTURE
Lawson, 40 ans
4 Cina
MINISTRE DES POSTES ET DE L’ÉCONOMIE
Diagou, 40 ans
3 Janine
DIRECTRICE GÉNÉRALE DU PÔLE
BANQUE DU GROUPE NSIA (CÔTE D’IVOIRE)
La carrière de cette banquière abidjanaise de 40 ans porte
l’empreinte de son père Jean Kacou Diagou, président
fondateur du groupe NSIA, dont elle a pris la tête du
pôle banque il y a quelques mois. Si elle assume fièrement
cette filiation, elle ajoute toutefois que cette parenté lui
impose des responsabilités importantes, dans un groupe fort
de 1 300 salariés, qui a réalisé, en 2012, un chiffre d’affaires
de plus de 248 millions d’euros. Sa vision est emprunte de
panafricanisme, elle qui a étudié et vécu les plus belles années
de son existence à Dakar, au Sénégal, avant de partir à Paris et
à Londres, où elle obtient un diplôme en ingénierie financière.
Aujourd’hui, elle prolonge l’héritage de son père tout en traçant
son sillon. Cette transmission, c’est un gage de pérennité et de
stabilité, assure-t-elle, gonflée d’assurance pour les challenges à
venir, tout comme l’était déjà… son père !
38 | FORBES AFRIQUE MARS 2014
NUMÉRIQUE (TOGO)
Elle est sans conteste l’une de celles qui incarne
le mieux cette Afrique de demain. Un visage de
la mondialisation mais aussi et surtout d’une
Afrique tournée vers les nouvelles technologies
et le développement de l’économie numérique.
Signe qui ne trompe pas, cette dernière a
remplacé dans son portefeuille ministériel les
télécommunications, il y a quelques mois. Banque
en ligne, commerce électronique, réseaux sociaux,
ces secteurs porteurs d’une nouvelle vision du
monde sont ses priorités, elle qui tweete déjà
régulièrement. Cette Togolaise de cœur qui se
plaît à rappeler que son pays est l’un des plus
petits pays francophones d’Afrique sait que
le développement passera
nécessairement par ce
secteur stratégique. C’est
d’abord chez France
Télécom Orange, où
elle occupait le poste de
directrice de la stratégie
et du développement
commercial, puis chez
Alcatel, qu’elle a forgé
ses convictions sur ce
changement technologique
qui sied à notre époque.
Cette diplômée de Harvard
et de Sciences-Po, qui a été
nommée jeune leader
mondial lors du Forum
économique mondial
en 2012, plaide
aujourd’hui pour
une « nouvelle
Afrique »,
refondée autour
d’un réseau
panafricain
complètement
ouvert, tout
comme l’est,
déjà, le secteur
des nouvelles
technologies.
Mankou, 27 ans
6 Verone
ENTREPRENEUR, PRÉSIDENT-
DIRECTEUR DE VMK (CONGO).
Il est le concepteur de la première tablette
tactile africaine, surnommée Way-C. Son
petit bijou de technologie, commercialisé au
prix initial de 300 dollars (puis 200 ensuite)
au Congo et en France, a atteint tous ses
objectifs. Et Verone Mankou, qui ne compte pas
s’arrêter en si bon chemin, travaille déjà sur le
projet d’une deuxième tablette, que l’on devrait
apercevoir au premier trimestre 2014 !
Ce business-man né au Congo dans les
années 80 est du genre précoce. Dès l’âge
de 7 ans, il commence à s’intéresser à la
technologie. En 2003, il obtient son bac et,
deux ans plus tard, empoche son BTS en
informatique. C’est en 2009, après une première
idée d’ordinateur portable qui a avorté, qu’il créé
VMK, une société spécialisée dans le secteur
de la haute technologie. Aujourd’hui, son
entreprise emploie 13 salariés, dont 3 en Chine,
un pays porteur pour son domaine d’activité, et
dispose d’un capital de 380 000 euros.
Drogba, 35 ans
5 Didier
JOUEUR DE FOOTBALL PROFESSIONNEL (CÔTE D’IVOIRE)
C’est un Eléphant – le surnom donné aux joueurs de l’équipe
nationale ivoirienne, dont il est capitaine et meilleur
buteur – qui vient d’ajouter une corde à son arc. En plus
d’être une icône nationale et une star planétaire pour les gamins
passionnés de football, Didier Drogba, qui joue actuellement
à Galatasaray, en Turquie, après avoir porté notamment les
couleurs de Marseille et de Chelsea, en Angleterre, s’investit
pour son pays natal. D’abord nommé ambassadeur de
bonne volonté du Programme des nations unies pour
le développement (PNUD) en 2007, il représente la
diaspora ivoirienne dans une commission de vérité et
réconciliation suite à la crise postélectorale de 2011.
Sa fondation œuvre pour l’éducation et la santé, un
secteur qui lui tient à cœur, avec un projet d’hôpital
à Abidjan. Par ailleurs, depuis le 7 janvier
dernier, il détient désormais 5 % du capital
de la Société des mines d’or d’Ity (SMI),
entreprise ivoirienne contrôlée par
le Canadien La Mancha. Celui qui
a remporté deux fois le trophée de
meilleur joueur africain de l’année,
en 2006 et 2009, n’a peut être pas
fini de nous étonner…
MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 39
LA RELÈVE EN COUVERTURE
8
Arthur Zang, 26 ans
7
Swaady Martin
Leke, 36 ans
ENTREPRENEUSE, FONDATRICE DE
« YSWARA » (CÔTE D’IVOIRE)
Elle est un pont entre la France
et la Côte d’Ivoire… et le monde !
Membre du réseau « African
Leadership Network », principale
organisation de jeunes leaders
influents et dynamiques en Afrique,
celle qui se dit « PanAfropolitan »
(mélange de cosmopolitisme et
panafricanisme) et qui dispose
des deux nationalités, française et
ivoirienne, vient d’ouvrir sa première
boutique de thé de luxe, Yswara, à
Johannesburg à l’été 2012. D’autres ne
manqueront pas de fleurir sur le reste
du continent dans les prochains mois.
Après un parcours multinational (un
diplôme du MBA de la London School
of Economics (LES), de l’université de
New York et de HEC à Paris, rien que
ça), elle ambitionne de développer
le savoir-faire local. Et pour cela,
elle s’inspire de… Louis Vuitton !
Un exemple de savoir-faire français
connu et reconnu à travers le monde
dans le secteur du luxe. Son objectif :
atteindre un chiffre d’affaires annuel
de 4 à 6,5 millions d’euros en cinq ans.
40 | FORBES AFRIQUE MARS 2014
INGÉNIEUR, CRÉATEUR DE LA
TABLETTE TACTILE MÉDICALE
CARDIOPAD (CAMEROUN)
Ce brillant ingénieur a
démontré que l’Afrique
pouvait être en pointe dans
le secteur médical. Ce n’est
pas rien, dans un continent
où les zones rurales souffrent
cruellement d’un manque de
médecin : au Cameroun, son
pays, on recense seulement
30 cardiologues pour 20 millions
d’habitants. C’est dire si Arthur
Zang, diplômé de l’école
polytechnique de Yaoundé, qui a
inventé le Cardiopad, la première
tablette tactile médicale
fabriquée en Afrique, a conçu un
produit susceptible de répondre
à une demande évidente !
Grâce au Cardiopad, il est
désormais possible d’effectuer
des examens cardiaques
(électrocardiogrammes
notamment), y compris dans les
zones rurales les plus reculées,
et de les transmettre à distance.
9
Samuel Eto’o, 32 ans
JOUEUR DE FOOTBALL
PROFESSIONNEL (CAMEROUN)
Qui ne connaît pas ce joueur
mondialement connu, sorte de
Michel Platini camerounais, dont
la notoriété dépasse largement les
frontières du football ? C’est le seul
joueur africain à avoir remporté à
quatre reprises le trophée de Ballon
d’or africain en 2003, 2004, 2005 et
2010. A 32 ans, il est déjà le meilleur
buteur des Lions indomptables, son
équipe nationale camerounaise, et
figure au rang de monument pour
un pays qui vibre au rythme de ses
buts et de ses frasques. Meilleur
buteur de l’histoire de la Coupe
d’Afrique des nations, son influence
s’étend en dehors des terrains. Sa
fondation, créée en mars 2006, se
consacre notamment à l’enfance et
la jeunesse, pour lesquelles il
tente d’apporter des solutions
concrètes. Chaque année,
elle accorde 80 bourses
aux meilleurs élèves de
l’université de Yaoundé.
10 Tidjane Dème,
40 ans
RESPONSABLE DE GOOGLE
POUR L’AFRIQUE FRANCOPHONE
(SÉNÉGAL)
L’influence n’exclut pas la
discrétion, c’est la morale que
nous apprend ce patron de
Google en Afrique francophone,
qui parcourt consciencieusement
le continent pour le compte
du géant américain depuis
maintenant près de cinq ans.
Diplômé de l’école polytechnique
en France, il a travaillé comme
consultant puis, lui aussi, a fait le
chemin du retour au pays natal.
Il répond alors à Google, qui le
sollicite pour ouvrir leur bureau au
Sénégal. L’entreprise américaine
cherche quelqu’un au profil
africain, qui connaît le terrain, le
comprend, plutôt qu’un expatrié. Le
signe d’un changement d’époque.
Et une aubaine, même si le pari est
plutôt risqué : Internet n’est pas
encore extrêmement développé.
Aujourd’hui, c’est un secteur crucial
pour l’économie de demain. A
condition, convainct-il, que l’Afrique
se lance dans
la production
de contenus
locaux, seul
gage de
réussite et de
développement
prospère.
12
Eric Kacou, 38 ans
11
Rainatou Sow, 30 ans
MILITANTE DES DROITS DES
FEMMES (GUINÉE)
Si vous ne le saviez pas déjà, nous
sommes entrés officiellement
depuis 2010 dans la « décennie de
la femme africaine ». Une décennie
dans laquelle la militante pour les
droits des femmes Rainatou Sow
prend toute sa dimension, elle qui a
fondé « Make Every Woman Count »,
en décembre 2010, soit deux mois
après la « Déclaration des femmes
africaines » par l’union africaine.
La dimension d’une femme qui
élève sa voix dans un continent où,
trop souvent, ces mêmes femmes
ont encore du mal à trouver des
places à leur juste valeur dans les
conversations mondiales. Sa société
à but non lucratif est justement
chargée de surveiller les droits
de toutes ces femmes africaines à
travers le continent. Elle publie un
rapport annuel très influent. Cette
Guinéenne, également fondatrice de
Women4Africa, exhorte les
femmes à partager leurs histoires,
à ne plus accepter les étiquettes
de victimes impuissantes et,
au final, à être les seuls actrices
de leur propre vie.
COFONDATEUR ET DIRECTEUR
GÉNÉRAL D’ES PARTNERS
(CÔTE D’IVOIRE)
Son expertise a largement
participé à la reconstruction de
l’économie rwandaise, dévastée
après le génocide. Véritable
pilote du plan gouvernemental
« Rwanda National Innovation
and Competitiveness Program »,
cet expert en développement
économique des pays fragiles
est l’ancien directeur chargé
du marketing et de la stratégie
au sein du cabinet de conseil
américain OTF Group. En 2011, il
fonde Entrepreneurial Solution
Partners, (ES Partners), qui a pour
objectif de conseiller les leaders
des entreprises africaines. Une
influence qui s’étend sur tout
le continent pour cet homme
multicarte, également multidiplômé : Harvard, HEC Montréal…
En 2012, il décroche le prix du
jeune leader mondial décerné par le
Forum économique mondial.
MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 41
LA RELÈVE EN COUV
15
13
Dieynaba
Ndoye Bakiri,
37 ans
Ingrid Awadé,
40 ans
DIRECTRICE GÉNÉRALE
DES IMPÔTS (TOGO)
Cette femme de 40 ans n’a
pas grandi dans un milieu
doré qui la prédestinait
à la carrière qu’elle fait
aujourd’hui. Sa mère,
femme de ménage, et
son père, directeur d’une
école primaire, lui auront
inculqué les valeurs de
courage et d’opiniâtreté
d’une famille pauvre du
nord du Togo. Des valeurs
indispensables pour
mener de front toutes ses
responsabilités, elle qui est
depuis 2006 la puissante
et controversée directrice
générale des impôts du
Togo. Dame de fer pour
les uns, cette diplômée en
science de gestion est au
cœur du pouvoir et dispose
de la confiance absolue
du président togolais.
Jusqu’à infliger de sévères
redressements fiscaux
à des hommes d’affaires
considérés jusque-là
comme intouchables,
comme Ram Shriyan ou le
Libanais Bassem El Najar.
42 | FORBES AFRIQUE MARS 2014
14
Clare
Akamanzi,
34 ans
DIRECTRICE GÉNÉRALE
DU RWANDA
DEVELOPMENT BOARD
(RWANDA)
Avant d’en devenir la
directrice, cette jeune
femme formée en
Ouganda s’est d’abord
occupée de la promotion
des investissements du
Rwanda Development
Board (RDB), où elle est
entrée en 2008. Si son
pays jouit de la croissance
la plus rapide d’Afrique
de l’Est, c’est un peu grâce
elle, dont l’action en faveur
des femmes est largement
saluée. Un pari sur
l’avenir, pour celle qui veut
augmenter l’investissement
du Rwanda à hauteur de
30 % du PIB avant la fin
de la décennie. Partisan
d’une diversification des
activités de son pays, elle
en a été la négociatrice
auprès de l’Organisation
mondiale du commerce
(OMC) à Genève. Un
emploi du temps surbooké
qui ne l’empêche pas,
dès qu’elle en a le temps,
de se ressourcer dans
la campagne rwandaise
qu’elle apprécie tant.
ENTREPRENEUSE,
COFONDATRICE DES
ENSEIGNES « COLORII »
(SÉNÉGAL)
Passer du secteur
pétrolier aux soins
de beauté sans jamais
couler, c’est le défi relevé
par Dieynaba Ndoye
Bakiri. Cette Sénégalaise
issue de Schlumberger,
une société francoaméricaine spécialisée
dans les services
pétroliers, a sauté le pas
en créant, en 2007, Colorii,
à la fois salon de coiffure,
centre de soins et boutique
de soins cosmétiques
destinés en particulier
aux femmes noires et
métissées. Au départ,
un constat, pour cette
Africaine arrivée dans
l’Hexagone au milieu des
années 90 : se faire coiffer
à Paris est quasi-mission
impossible. D’où sa volonté
de lancer sa propre
entreprise qui répondra à
un véritable besoin. C’est
chose faite aux Halles,
puis en région parisienne,
Rosny, Evry, Argenteuil…
Son prochain défi : ouvrir
un établissement au
Sénégal, où elle revient
chaque année rendre visite
à ses parents.
16
Marie-Cécile
Zinsou, 31 ans
PRÉSIDENTE DE
LA FONDATION
ZINSOU POUR L’ART
CONTEMPORAIN
AFRICAIN
(BÉNIN)
Cette jeune femme vient
d’une lignée illustre :
petite-nièce d’un
président béninois, fille
d’un influent financier
franco-béninois, Lionel
Zinsou, elle vit entre
Paris et Cotonou et
assouvit, à la tête de la
Fondation Zinsou (voir
p. 90), créée il y a huit
ans, sa passion pour l’art
contemporain. Cette
fondation, reconnue à
travers le monde, promeut
des œuvres et des artistes
africains à travers des
expositions et des actions
culturelles, pédagogiques et
sociales. Depuis sa création,
la fondation a accueilli
4 600 000 visiteurs au
détour de 22 expositions et
formé 450 professeurs aux
expositions d’art.
17
Jean-Marc
Savi de Tové,
40 ans
ASSOCIÉ CHEZ CAURIS
MANAGEMENT (TOGO)
C’est un petit prince
de la finance togolaise.
Passé par l’agence
de développement
britannique
Commonwealth
Development
Corporation (CDC),
ce financier togolais
basé à Abidjan a rejoint
en 2011 la société de
capital-investissement
ouest-africaine Cauris
Management. Il ne
cesse de proclamer sa
croyance dans le potentiel
économique africain qui,
selon lui, n’a pas encore
été totalement exploité.
Un optimisme aujourd’hui
largement partagé par
l’élite africaine, qui ne
l’était pas il y a encore
quelques années.
20
18
Serge Thierry
Mickoto, 41 ans
DIRECTEUR GÉNÉRAL
DU FONDS GABONAIS
D’INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES (FGIS)
(GABON)
Le Gabon a beau avoir
de nombreux atouts,
il peine encore à faire
émerger une nouvelle
génération de décideurs.
Et pourtant ! Serge
Thierry Mickoto en fait
résolument partie. Cet
homme de 41 ans à l’allure
rassurante gère le fonds
gabonais d’investissements
stratégiques, véritable
pierre angulaire de la
stratégie économique
mise en place par le
président Ali Bongo, qui
souhaite diversifier son
champ d’action sous
peine de stagner. Objectif :
continuer de profiter de
la manne pétrolière tout
en développant les filières
annexes, seul gage de
croissance harmonieuse.
Les défis qui attendent
Serge Thierry Mickoto
– ancien cadre de BGFI
Bank, le premier groupe
financier d’Afrique
centrale – sont encore
immenses. Tout comme les
attentes de tout un pays.
19
Anthony
Obame, 24 ans
CHAMPION DE
TAEKWONDO (GABON)
Le sport, un vecteur
d’influence énorme en
Afrique. Au-delà du
football, Anthony Obame
l’a prouvé, en offrant
au Gabon la première
médaille olympique de
son histoire. Médaille
d’argent aux JO de Londres
en 2012, c’est pour l’heure
le seul Gabonais à monter
sur un tel podium. Un
parcours qui a mené ce
natif de Libreville jusqu’à
l’Insep, en France, où il
s’entraîne depuis deux ans
grâce à un programme du
Comité olympique.
Marou Amadou,
42 ans
MINISTRE DE LA JUSTICE
ET PORTE-PAROLE DU
GOUVERNEMENT (NIGER)
C’est l’histoire d’un homme
militant de la société civile
qui accède à de hautes
responsabilités politiques.
A 41 ans, Marou Amadou
n’a pas abandonné ses
combats, au contraire,
il les met en pratique au
ministère de la Justice et
en tant que porte-parole
du gouvernement du Niger.
Un poste à la mesure de cet
homme qui, personnellement,
a plusieurs fois connu la
prison en raison de son
engagement. En 2000, il
fonde le Comité de réflexion
et d’orientation indépendant
pour la sauvegarde des
intérêts démocratiques
(CROISADE), dont il devient
président, et en 2008,
devient vice-coordinateur du
Collectif des organisations
de défense des droits de
l’Homme et de la démocratie
(CODDHD). Après le
renversement de Mamadou
Tandja en février 2010, il
a aussi occupé le poste
de président du Conseil
consultatif national,
sorte de Parlement de
transition mis en place
pour préserver la
cohésion nationale.
MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 43