CLASSEMENT TOP 20 DES BÂTISSEURS DE DEMAIN 1) MAGATTE WADE, 38 ANS : entrepreneuse, fondatrice d’«Adina» (SÉNÉGAL). 2) ACHA LEKE, 40 ANS : directeur du bureau de McKinsey à Lagos (CAMEROUN). 3) JANINE DIAGOU, 40 ANS : directrice générale du pôle banque du groupe NSIA (CÔTE D’IVOIRE). 4) CINA LAWSON, 40 ANS : ministre des Postes et de l’Economie numérique (TOGO). 5) DIDIER DROGBA, 35 ANS : joueur de football professionnel (CÔTE D’IVOIRE). 6) VERONE MANKOU, 27 ANS : entrepreneur, président-directeur de VMK (CONGO). 7) SWAADY MARTIN LEKE, 36 ANS : entrepreneuse, fondatrice de Yswara (CÔTE D’IVOIRE). 8) ARTHUR ZANG, 26 ANS : ingénieur, créateur de la tablette tactile médicale Cardiopad (CAMEROUN). 9) SAMUEL ETO’O, 32 ANS : joueur de football professionnel (CAMEROUN). 10) TIDJANE DÈME, 40 ANS : responsable de Google pour l’Afrique francophone (SÉNÉGAL). 11) RAINATOU SOW, 30 ANS : militante des droits des femmes (GUINÉE). 12)ÉRIC KACOU, 38 ANS : cofondateur et directeur général d’ES Partners (CÔTE D’IVOIRE). 13)INGRID AWADÉ, 40 ANS : directrice générale des impôts (TOGO). 14) CLARE AKAMANZI, 34 ANS : directrice générale du Rwanda Development Board (RWANDA). 15) DIEYNABA NDOYE BAKIRI, 37 ANS : entrepreneuse, cofondatrice des enseignes Colorii (SÉNÉGAL). 16) MARIE-CÉCILE ZINSOU, 31 ANS : présidente de la Fondation Zinsou pour l’art contemporain africain (BÉNIN). 17)JEAN-MARC SAVI DE TOVÉ, 40 ANS : associé chez Cauris Management (TOGO). 18) SERGE THIERRY MICKOTO, 41 ANS : dir. général du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (GABON). 19) ANTHONY OBAME, 24 ANS : champion de taekwondo (GABON). 20) MAROU AMADOU, 42 ANS : ministre de la Justice et porte-parole du gouvernement (NIGER). Méthodologie Qu’est-ce que l’influence? Disposer de vastes réseaux tissés aux quatre coins de la planète? Mais alors, comment apprécier le nombre de followers d’un compte Twitter, ce réseau social 2.0 qui traverse les frontières? Sont-ils plus concrets, finalement, qu’un carnet d’adresses auquel personne d’autre que son propriétaire n’a accès? Voici le genre de dilemme qui anime aisément une rédaction lors de la définition d’une méthode de classement la plus scientifique et objective possible. En la matière, l’objectivité la plus totale n’existe pas, soyons clairs. Mais cela n’empêche en rien l’existence de critères qui nous ont semblé les plus adéquats pour mesurer «l’influence» des 20 personnalités présentes dans ce classement. Car ce concept plutôt vague se juge pourtant à l’aune d’actions bien concrètes. Les personnes influentes sont celles qui démontrent leur capacité à agir sur le cours des événements. Soit par leur pouvoir social, culturel, politique, médiatique… ou économique. Voilà pourquoi nous avons une grille d’analyse globale, contenant plusieurs critères qui, cumulés, les départagent, afin d’obtenir un classement le plus fidèle à la réalité et à sa diversité. C’est la raison pour laquelle se croisent des personnalités aux parcours variés et aux horizons parfois très éloignés. Mais tous, à leur échelle, sont des acteurs du changement. Ils ont le pouvoir de transformer le visage de leur pays à long terme. Et ont l’avenir devant eux. Si leurs champs d’action sont différents, les critères qui les ont départagés sont les mêmes. Sont-ils d’abord détenteurs d’un pouvoir économique, et lequel ? Est-ce une fortune accumulée au fil des générations ou bien au fil des années ? Sont-ils à la tête d’une grande entreprise, d’une multinationale, et à combien s’élève le chiffre d’affaires de celle-ci ? Ensuite, quel est leur degré de notoriété et sont-ils connus audelà des frontières de leur pays ? En somme, nous comparons leur rayonnement et leur capacité à incarner un rôle de leader d’opinion. Puis sont-ils capables de transformer cette réputation en créativité, c’est-à-dire, leur action porte-t-elle l’empreinte d’une imagination qui, à elle seule, fait bouger les lignes ? Enfin, quel est leur avenir ? Aucun d’eux n’a plus de 42 ans. Certains sont très jeunes, d’autres moins. Ils incarnent un espoir, une relève, impriment une direction. Mais l’action de tous s’inscrit dans un pari pour le futur. Bien sûr, c’est en évaluant tous les critères ensemble qu’il est possible de « figer » leur influence. Pour un artiste, la créativité sera maximisée, tandis que le pouvoir économique, lui, privilégie les acteurs du monde de la finance. Ce classement ne détermine pas une fois pour toutes l’influence d’une personne. Son plus grand mérite est plutôt Les personnes de dessiner un visage de ce continent qui, influentes plus personne n’en doute aujourd’hui, sont celles qui évolue de manière exponentielle. démontrent Cette Afrique-là est incarnée par des personnalités aux potentiels différents et leur capacité nous nous sommes plus intéressés à leurs à agir sur parcours, leurs idées, leurs desseins. En le cours des ce sens, ce classement est une feuille de événements. route profondément humaine de ceux qui bâtissent le futur. MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 35 LA RELÈVE EN COUVERTURE Magatte Wade, symbôle de la « génération Guépard » Son âge est loin de refléter la somme des expériences acquises, car Magatte Wade en est déjà à la deuxième vie d’une carrière entrepreneuriale lancée aux Etats Unis. Elle raconte sa vision de l’Afrique de sa génération, celle de la relève. E PAR KARO DIAGNE-NDAW lle ne cherche ni un travail, ni un contrat, ni un mari. » Ces paroles, d’un ministre sénégalais, alors qu’il présentait la jeune femme à un de ses collègues, pourraient caractériser Magatte Wade. Devenue une référence dans le domaine de l’entreprenariat, cette élégante jeune femme de 38 ans a un parcours aux allures de success-story. Née au Sénégal, elle fait sa scolarité en France et aux Etats-Unis, où elle débute sa carrière entrepreneuriale, à la Silicon Valley puis à San Francisco. Magatte Wade a d’abord fondé Adina World Beat Beverage, une entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation d’une boisson à base d’hibiscus, le bissap. Une initiative née du constat, lors d’un séjour au Sénégal, que ce jus local, autrefois très prisé des Sénégalais, a été détrôné par les boissons étrangères, comme Fanta ou Coca-Cola. La réussite est immédiate. En 2009, lorsqu’elle quitte la direction générale d’Adina, tout en y gardant ses parts dans le capital, la société réalise un chiffre d’affaires 3,5 millions de dollars. Rançon de ce succès, « après avoir levé 30 millions de dollars pour lancer l’affaire et embaucher des gestionnaires professionnels, [sa] vision africaine du départ de l’entreprise s’est retrouvé diluée ». « Or, [elle] n’avait plus le contrôle du conseil d’administration, en charge de décider des orientations majeures de la société ». Plutôt que de se livrer à des batailles juridiques et internes à n’en plus finir, elle décide de partir et de concentrer son énergie pour lancer Tiossan, « afin de poursuivre une version plus authentique de [son] rêve ». « Tiossan a été dès le départ conçu pour être une marque de beauté haut de gamme à base de recettes traditionnelles sénégalaises. » 36 | FORBES AFRIQUE MARS 2014 Un changement de cap ? Qu’importe ! Pas le temps pour les regrets chez cette femme qui, parmi ses références, cite Steve Jobs, « l’entrepreneur le plus original et le plus brillant de notre époque », selon elle. UNE SOURCE D’INSPIRATION Tiossan propose des lignes de parfums, des lotions pour le corps, du gommage, des lignes de gels douche et de savons, toutes inspirées du savoir-faire des tradipraticiens sénégalais avec des ingrédients comme l’Aloe Vera, l’huile de baobab, le beurre de karité et l’huile de cumin noir. Magatte Wade, qui s’emploie à imposer sa marque sur un marché très concurrentiel, est devenue une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes. « Etant donné le parcours du combattant auquel je suis livrée jour après jour en tant qu’entrepreneure, il est extrêmement gratifiant de savoir que mes mots et mon travail sont source d’inspiration pour d’autres. » Des obstacles, la Sénégalaise en a surmonté un bon nombre dans sa vie d’entrepreneur. Elle raconte l’anecdote de ce vendredi aprèsmidi où elle reçoit un coup de fil l’informant d’un problème qui a eu pour conséquence de gâcher toute la production de boisson. Les pertes sont estimées à près de 400 000 dollars. « Ce jour-là, se souvient-elle, je me suis assise dans ma voiture. J’ai pleuré, puis […] et j’ai pris le téléphone pour appeler chacun de mes clients un par un pour leur annoncer la nouvelle. Certains étaient furieux, d’autres plus compréhensifs, mais au bout du compte je n’ai perdu aucun client. Au contraire, l’épreuve nous a rapprochés », confie Magatte Wade. NOUVELLE GÉNÉRATION La jeune femme demeure confiante en l’avenir du continent africain et en sa jeunesse. Cette nouvelle génération est malheureusement confrontée à de nombreux obstacles et à des informations trompeuses, déplore-t-elle. Elle cite la théorie de George Ayittey, penseur ghanéen pour qui c’est la génération Guépard contre la génération Hippopotame. « La génération Hippopotame ne s’intéresse qu’au pouvoir et au statut. Tandis que la génération Guépard est plus concentrée sur la création de valeurs par le biais de l’entreprenariat. La génération Guépard créera la prospérité et la dignité que l’Afrique mérite », se réjouit Magatte Wade. « Ces jeunes incarnent un nouveau départ, ont de l’énergie, une nouvelle perspective, et ne sont prisonniers ni de la corruption, ni des confusions du passé, ni des contraintes d’espace. Avec Internet, le monde entier leur est accessible. » Idéaliste ou réaliste, Magatte Wade est convaincue que dans deux décennies une entreprise africaine fera partie des 100 premières entreprises mondiales. « Il faut viser le sommet dès maintenant pour atteindre l’objectif au moment venu », professe-t-elle. A titre d’exemple, elle cite des nations fabuleusement entrepreneuriales et à croissance rapide comme la Chine et l’Inde, ou encore Hong Kong et Singapour, qui sont passés, en quelques décennies, de la pauvreté à la prospérité. « Partout dans le monde, à chaque fois qu’un pays a conjugué une culture entrepreneuriale et un système juridique de marché libre, il est devenu riche. Ce que personne ne semble remarquer, c’est que les Africains ont combiné les systèmes éducatifs coloniaux qui brident l’instinct entrepreneurial en amont, avec des gouvernements quasi-socialistes et sur-réglementés », analyse Magatte Wade. Le classement des pays africains sur l’indice « Doing Business » de la Banque mondiale la fait sortir de ses gonds, et elle s’indigne même de ne voir aucune « ONG bien pensante » dénoncer cet état de fait. « Une fois que nous aurons développé des systèmes juridiques de marché libre sur la base des règles de droit, et une fois que nous aurons acquis une confiance et une expertise entrepreneuriale, nous deviendrons instoppables », martèle Magatte, qui en perdrait presque son latin. 2 Acha Leke, 40 ans DIRECTEUR DU BUREAU DE MCKINSEY À LAGOS (CAMEROUN) C’est l’histoire d’un homme engagé dans son époque, qui a décidé de revenir en Afrique. Avant de devenir l’analyste écouté et réputé qui dirige aujourd’hui le bureau nigérian de McKinsey, un des leaders mondiaux du conseil, Acha Leke est parti étudier aux Etats-Unis (Stanford), comme beaucoup de Camerounais brillants de sa génération. Ce fils de médecins, qui a vécu dans son enfance au Canada et en Belgique, a ensuite fait le chemin inverse, celui du retour, pour rejoindre le bureau sud-africain de Johannesburg du même cabinet de conseil américain, et ouvrir par la suite celui de Lagos. Une histoire qui l’a sans doute influencé lorsqu’il a créé, en 2004, l’African Leadership Academy, une école destinée à former l’élite africaine de demain, celle-là même qui prendra sa relève dans quelques années ! MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 37 LA RELÈVE EN COUVERTURE Lawson, 40 ans 4 Cina MINISTRE DES POSTES ET DE L’ÉCONOMIE Diagou, 40 ans 3 Janine DIRECTRICE GÉNÉRALE DU PÔLE BANQUE DU GROUPE NSIA (CÔTE D’IVOIRE) La carrière de cette banquière abidjanaise de 40 ans porte l’empreinte de son père Jean Kacou Diagou, président fondateur du groupe NSIA, dont elle a pris la tête du pôle banque il y a quelques mois. Si elle assume fièrement cette filiation, elle ajoute toutefois que cette parenté lui impose des responsabilités importantes, dans un groupe fort de 1 300 salariés, qui a réalisé, en 2012, un chiffre d’affaires de plus de 248 millions d’euros. Sa vision est emprunte de panafricanisme, elle qui a étudié et vécu les plus belles années de son existence à Dakar, au Sénégal, avant de partir à Paris et à Londres, où elle obtient un diplôme en ingénierie financière. Aujourd’hui, elle prolonge l’héritage de son père tout en traçant son sillon. Cette transmission, c’est un gage de pérennité et de stabilité, assure-t-elle, gonflée d’assurance pour les challenges à venir, tout comme l’était déjà… son père ! 38 | FORBES AFRIQUE MARS 2014 NUMÉRIQUE (TOGO) Elle est sans conteste l’une de celles qui incarne le mieux cette Afrique de demain. Un visage de la mondialisation mais aussi et surtout d’une Afrique tournée vers les nouvelles technologies et le développement de l’économie numérique. Signe qui ne trompe pas, cette dernière a remplacé dans son portefeuille ministériel les télécommunications, il y a quelques mois. Banque en ligne, commerce électronique, réseaux sociaux, ces secteurs porteurs d’une nouvelle vision du monde sont ses priorités, elle qui tweete déjà régulièrement. Cette Togolaise de cœur qui se plaît à rappeler que son pays est l’un des plus petits pays francophones d’Afrique sait que le développement passera nécessairement par ce secteur stratégique. C’est d’abord chez France Télécom Orange, où elle occupait le poste de directrice de la stratégie et du développement commercial, puis chez Alcatel, qu’elle a forgé ses convictions sur ce changement technologique qui sied à notre époque. Cette diplômée de Harvard et de Sciences-Po, qui a été nommée jeune leader mondial lors du Forum économique mondial en 2012, plaide aujourd’hui pour une « nouvelle Afrique », refondée autour d’un réseau panafricain complètement ouvert, tout comme l’est, déjà, le secteur des nouvelles technologies. Mankou, 27 ans 6 Verone ENTREPRENEUR, PRÉSIDENT- DIRECTEUR DE VMK (CONGO). Il est le concepteur de la première tablette tactile africaine, surnommée Way-C. Son petit bijou de technologie, commercialisé au prix initial de 300 dollars (puis 200 ensuite) au Congo et en France, a atteint tous ses objectifs. Et Verone Mankou, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, travaille déjà sur le projet d’une deuxième tablette, que l’on devrait apercevoir au premier trimestre 2014 ! Ce business-man né au Congo dans les années 80 est du genre précoce. Dès l’âge de 7 ans, il commence à s’intéresser à la technologie. En 2003, il obtient son bac et, deux ans plus tard, empoche son BTS en informatique. C’est en 2009, après une première idée d’ordinateur portable qui a avorté, qu’il créé VMK, une société spécialisée dans le secteur de la haute technologie. Aujourd’hui, son entreprise emploie 13 salariés, dont 3 en Chine, un pays porteur pour son domaine d’activité, et dispose d’un capital de 380 000 euros. Drogba, 35 ans 5 Didier JOUEUR DE FOOTBALL PROFESSIONNEL (CÔTE D’IVOIRE) C’est un Eléphant – le surnom donné aux joueurs de l’équipe nationale ivoirienne, dont il est capitaine et meilleur buteur – qui vient d’ajouter une corde à son arc. En plus d’être une icône nationale et une star planétaire pour les gamins passionnés de football, Didier Drogba, qui joue actuellement à Galatasaray, en Turquie, après avoir porté notamment les couleurs de Marseille et de Chelsea, en Angleterre, s’investit pour son pays natal. D’abord nommé ambassadeur de bonne volonté du Programme des nations unies pour le développement (PNUD) en 2007, il représente la diaspora ivoirienne dans une commission de vérité et réconciliation suite à la crise postélectorale de 2011. Sa fondation œuvre pour l’éducation et la santé, un secteur qui lui tient à cœur, avec un projet d’hôpital à Abidjan. Par ailleurs, depuis le 7 janvier dernier, il détient désormais 5 % du capital de la Société des mines d’or d’Ity (SMI), entreprise ivoirienne contrôlée par le Canadien La Mancha. Celui qui a remporté deux fois le trophée de meilleur joueur africain de l’année, en 2006 et 2009, n’a peut être pas fini de nous étonner… MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 39 LA RELÈVE EN COUVERTURE 8 Arthur Zang, 26 ans 7 Swaady Martin Leke, 36 ans ENTREPRENEUSE, FONDATRICE DE « YSWARA » (CÔTE D’IVOIRE) Elle est un pont entre la France et la Côte d’Ivoire… et le monde ! Membre du réseau « African Leadership Network », principale organisation de jeunes leaders influents et dynamiques en Afrique, celle qui se dit « PanAfropolitan » (mélange de cosmopolitisme et panafricanisme) et qui dispose des deux nationalités, française et ivoirienne, vient d’ouvrir sa première boutique de thé de luxe, Yswara, à Johannesburg à l’été 2012. D’autres ne manqueront pas de fleurir sur le reste du continent dans les prochains mois. Après un parcours multinational (un diplôme du MBA de la London School of Economics (LES), de l’université de New York et de HEC à Paris, rien que ça), elle ambitionne de développer le savoir-faire local. Et pour cela, elle s’inspire de… Louis Vuitton ! Un exemple de savoir-faire français connu et reconnu à travers le monde dans le secteur du luxe. Son objectif : atteindre un chiffre d’affaires annuel de 4 à 6,5 millions d’euros en cinq ans. 40 | FORBES AFRIQUE MARS 2014 INGÉNIEUR, CRÉATEUR DE LA TABLETTE TACTILE MÉDICALE CARDIOPAD (CAMEROUN) Ce brillant ingénieur a démontré que l’Afrique pouvait être en pointe dans le secteur médical. Ce n’est pas rien, dans un continent où les zones rurales souffrent cruellement d’un manque de médecin : au Cameroun, son pays, on recense seulement 30 cardiologues pour 20 millions d’habitants. C’est dire si Arthur Zang, diplômé de l’école polytechnique de Yaoundé, qui a inventé le Cardiopad, la première tablette tactile médicale fabriquée en Afrique, a conçu un produit susceptible de répondre à une demande évidente ! Grâce au Cardiopad, il est désormais possible d’effectuer des examens cardiaques (électrocardiogrammes notamment), y compris dans les zones rurales les plus reculées, et de les transmettre à distance. 9 Samuel Eto’o, 32 ans JOUEUR DE FOOTBALL PROFESSIONNEL (CAMEROUN) Qui ne connaît pas ce joueur mondialement connu, sorte de Michel Platini camerounais, dont la notoriété dépasse largement les frontières du football ? C’est le seul joueur africain à avoir remporté à quatre reprises le trophée de Ballon d’or africain en 2003, 2004, 2005 et 2010. A 32 ans, il est déjà le meilleur buteur des Lions indomptables, son équipe nationale camerounaise, et figure au rang de monument pour un pays qui vibre au rythme de ses buts et de ses frasques. Meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations, son influence s’étend en dehors des terrains. Sa fondation, créée en mars 2006, se consacre notamment à l’enfance et la jeunesse, pour lesquelles il tente d’apporter des solutions concrètes. Chaque année, elle accorde 80 bourses aux meilleurs élèves de l’université de Yaoundé. 10 Tidjane Dème, 40 ans RESPONSABLE DE GOOGLE POUR L’AFRIQUE FRANCOPHONE (SÉNÉGAL) L’influence n’exclut pas la discrétion, c’est la morale que nous apprend ce patron de Google en Afrique francophone, qui parcourt consciencieusement le continent pour le compte du géant américain depuis maintenant près de cinq ans. Diplômé de l’école polytechnique en France, il a travaillé comme consultant puis, lui aussi, a fait le chemin du retour au pays natal. Il répond alors à Google, qui le sollicite pour ouvrir leur bureau au Sénégal. L’entreprise américaine cherche quelqu’un au profil africain, qui connaît le terrain, le comprend, plutôt qu’un expatrié. Le signe d’un changement d’époque. Et une aubaine, même si le pari est plutôt risqué : Internet n’est pas encore extrêmement développé. Aujourd’hui, c’est un secteur crucial pour l’économie de demain. A condition, convainct-il, que l’Afrique se lance dans la production de contenus locaux, seul gage de réussite et de développement prospère. 12 Eric Kacou, 38 ans 11 Rainatou Sow, 30 ans MILITANTE DES DROITS DES FEMMES (GUINÉE) Si vous ne le saviez pas déjà, nous sommes entrés officiellement depuis 2010 dans la « décennie de la femme africaine ». Une décennie dans laquelle la militante pour les droits des femmes Rainatou Sow prend toute sa dimension, elle qui a fondé « Make Every Woman Count », en décembre 2010, soit deux mois après la « Déclaration des femmes africaines » par l’union africaine. La dimension d’une femme qui élève sa voix dans un continent où, trop souvent, ces mêmes femmes ont encore du mal à trouver des places à leur juste valeur dans les conversations mondiales. Sa société à but non lucratif est justement chargée de surveiller les droits de toutes ces femmes africaines à travers le continent. Elle publie un rapport annuel très influent. Cette Guinéenne, également fondatrice de Women4Africa, exhorte les femmes à partager leurs histoires, à ne plus accepter les étiquettes de victimes impuissantes et, au final, à être les seuls actrices de leur propre vie. COFONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ES PARTNERS (CÔTE D’IVOIRE) Son expertise a largement participé à la reconstruction de l’économie rwandaise, dévastée après le génocide. Véritable pilote du plan gouvernemental « Rwanda National Innovation and Competitiveness Program », cet expert en développement économique des pays fragiles est l’ancien directeur chargé du marketing et de la stratégie au sein du cabinet de conseil américain OTF Group. En 2011, il fonde Entrepreneurial Solution Partners, (ES Partners), qui a pour objectif de conseiller les leaders des entreprises africaines. Une influence qui s’étend sur tout le continent pour cet homme multicarte, également multidiplômé : Harvard, HEC Montréal… En 2012, il décroche le prix du jeune leader mondial décerné par le Forum économique mondial. MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 41 LA RELÈVE EN COUV 15 13 Dieynaba Ndoye Bakiri, 37 ans Ingrid Awadé, 40 ans DIRECTRICE GÉNÉRALE DES IMPÔTS (TOGO) Cette femme de 40 ans n’a pas grandi dans un milieu doré qui la prédestinait à la carrière qu’elle fait aujourd’hui. Sa mère, femme de ménage, et son père, directeur d’une école primaire, lui auront inculqué les valeurs de courage et d’opiniâtreté d’une famille pauvre du nord du Togo. Des valeurs indispensables pour mener de front toutes ses responsabilités, elle qui est depuis 2006 la puissante et controversée directrice générale des impôts du Togo. Dame de fer pour les uns, cette diplômée en science de gestion est au cœur du pouvoir et dispose de la confiance absolue du président togolais. Jusqu’à infliger de sévères redressements fiscaux à des hommes d’affaires considérés jusque-là comme intouchables, comme Ram Shriyan ou le Libanais Bassem El Najar. 42 | FORBES AFRIQUE MARS 2014 14 Clare Akamanzi, 34 ans DIRECTRICE GÉNÉRALE DU RWANDA DEVELOPMENT BOARD (RWANDA) Avant d’en devenir la directrice, cette jeune femme formée en Ouganda s’est d’abord occupée de la promotion des investissements du Rwanda Development Board (RDB), où elle est entrée en 2008. Si son pays jouit de la croissance la plus rapide d’Afrique de l’Est, c’est un peu grâce elle, dont l’action en faveur des femmes est largement saluée. Un pari sur l’avenir, pour celle qui veut augmenter l’investissement du Rwanda à hauteur de 30 % du PIB avant la fin de la décennie. Partisan d’une diversification des activités de son pays, elle en a été la négociatrice auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève. Un emploi du temps surbooké qui ne l’empêche pas, dès qu’elle en a le temps, de se ressourcer dans la campagne rwandaise qu’elle apprécie tant. ENTREPRENEUSE, COFONDATRICE DES ENSEIGNES « COLORII » (SÉNÉGAL) Passer du secteur pétrolier aux soins de beauté sans jamais couler, c’est le défi relevé par Dieynaba Ndoye Bakiri. Cette Sénégalaise issue de Schlumberger, une société francoaméricaine spécialisée dans les services pétroliers, a sauté le pas en créant, en 2007, Colorii, à la fois salon de coiffure, centre de soins et boutique de soins cosmétiques destinés en particulier aux femmes noires et métissées. Au départ, un constat, pour cette Africaine arrivée dans l’Hexagone au milieu des années 90 : se faire coiffer à Paris est quasi-mission impossible. D’où sa volonté de lancer sa propre entreprise qui répondra à un véritable besoin. C’est chose faite aux Halles, puis en région parisienne, Rosny, Evry, Argenteuil… Son prochain défi : ouvrir un établissement au Sénégal, où elle revient chaque année rendre visite à ses parents. 16 Marie-Cécile Zinsou, 31 ans PRÉSIDENTE DE LA FONDATION ZINSOU POUR L’ART CONTEMPORAIN AFRICAIN (BÉNIN) Cette jeune femme vient d’une lignée illustre : petite-nièce d’un président béninois, fille d’un influent financier franco-béninois, Lionel Zinsou, elle vit entre Paris et Cotonou et assouvit, à la tête de la Fondation Zinsou (voir p. 90), créée il y a huit ans, sa passion pour l’art contemporain. Cette fondation, reconnue à travers le monde, promeut des œuvres et des artistes africains à travers des expositions et des actions culturelles, pédagogiques et sociales. Depuis sa création, la fondation a accueilli 4 600 000 visiteurs au détour de 22 expositions et formé 450 professeurs aux expositions d’art. 17 Jean-Marc Savi de Tové, 40 ans ASSOCIÉ CHEZ CAURIS MANAGEMENT (TOGO) C’est un petit prince de la finance togolaise. Passé par l’agence de développement britannique Commonwealth Development Corporation (CDC), ce financier togolais basé à Abidjan a rejoint en 2011 la société de capital-investissement ouest-africaine Cauris Management. Il ne cesse de proclamer sa croyance dans le potentiel économique africain qui, selon lui, n’a pas encore été totalement exploité. Un optimisme aujourd’hui largement partagé par l’élite africaine, qui ne l’était pas il y a encore quelques années. 20 18 Serge Thierry Mickoto, 41 ans DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FONDS GABONAIS D’INVESTISSEMENTS STRATÉGIQUES (FGIS) (GABON) Le Gabon a beau avoir de nombreux atouts, il peine encore à faire émerger une nouvelle génération de décideurs. Et pourtant ! Serge Thierry Mickoto en fait résolument partie. Cet homme de 41 ans à l’allure rassurante gère le fonds gabonais d’investissements stratégiques, véritable pierre angulaire de la stratégie économique mise en place par le président Ali Bongo, qui souhaite diversifier son champ d’action sous peine de stagner. Objectif : continuer de profiter de la manne pétrolière tout en développant les filières annexes, seul gage de croissance harmonieuse. Les défis qui attendent Serge Thierry Mickoto – ancien cadre de BGFI Bank, le premier groupe financier d’Afrique centrale – sont encore immenses. Tout comme les attentes de tout un pays. 19 Anthony Obame, 24 ans CHAMPION DE TAEKWONDO (GABON) Le sport, un vecteur d’influence énorme en Afrique. Au-delà du football, Anthony Obame l’a prouvé, en offrant au Gabon la première médaille olympique de son histoire. Médaille d’argent aux JO de Londres en 2012, c’est pour l’heure le seul Gabonais à monter sur un tel podium. Un parcours qui a mené ce natif de Libreville jusqu’à l’Insep, en France, où il s’entraîne depuis deux ans grâce à un programme du Comité olympique. Marou Amadou, 42 ans MINISTRE DE LA JUSTICE ET PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT (NIGER) C’est l’histoire d’un homme militant de la société civile qui accède à de hautes responsabilités politiques. A 41 ans, Marou Amadou n’a pas abandonné ses combats, au contraire, il les met en pratique au ministère de la Justice et en tant que porte-parole du gouvernement du Niger. Un poste à la mesure de cet homme qui, personnellement, a plusieurs fois connu la prison en raison de son engagement. En 2000, il fonde le Comité de réflexion et d’orientation indépendant pour la sauvegarde des intérêts démocratiques (CROISADE), dont il devient président, et en 2008, devient vice-coordinateur du Collectif des organisations de défense des droits de l’Homme et de la démocratie (CODDHD). Après le renversement de Mamadou Tandja en février 2010, il a aussi occupé le poste de président du Conseil consultatif national, sorte de Parlement de transition mis en place pour préserver la cohésion nationale. MARS 2014 FORBES AFRIQUE | 43
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