Profils professionnels liés aux conditions de travail: identification des groupes à inconvénients multiples Synthèse Introduction Ce rapport, fondé sur les données de la cinquième enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS), vise à recenser en Europe les professions qui cumulent de multiples inconvénients, compliquant ainsi le maintien des travailleurs à ces postes. Les principaux outils utilisés dans cette analyse sont les indicateurs de la qualité de l’emploi, tels que les salaires, les perspectives de carrière, le temps de travail et la qualité intrinsèque de l’emploi, élaborés par Green et Mostafa sur la base des données de la cinquième EWCS. Les professions dont la qualité de l’emploi est continuellement faible sont désignées comme «professions cumulant de multiples inconvénients». Ces professions enregistrent des résultats relativement médiocres pour les quatre indicateurs: salaires, perspectives de carrière, temps de travail et qualité intrinsèque de l’emploi. La relation entre les caractéristiques structurelles de la main-d’œuvre (telles que le sexe, l’âge, le niveau d’études et le secteur économique) et la qualité d’une profession est également évaluée; et les différences entre certains types de salariés sont étudiées. Contexte politique Créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité en Europe, tout en améliorant la qualité des emplois et assurant de meilleures conditions de travail, est une priorité essentielle de la stratégie européenne pour l’emploi et de la stratégie Europe 2020. L’amélioration des conditions de travail vise en outre à encourager la prolongation de la vie active et la durabilité de l’emploi. Cette analyse s’avère pertinente dans le contexte du débat sur les inégalités sociales, et notamment sur les déterminants sociaux de la santé. Elle est également utile dans le cadre du débat sur le report de l’âge légal de la retraite, et tout particulièrement dans la mesure où certains s’y opposent en invoquant la pénibilité de certaines professions. Cette analyse permet également d’étudier les changements structurels du marché européen du travail. Elle complète les travaux des EWCS pour aider à comprendre ce qu’il convient de faire pour augmenter les taux de participation à l’emploi et améliorer la qualité de l’emploi. Au lieu d’adopter une approche consistant à analyser simplement un ou plusieurs aspects des conditions de travail, ce rapport met l’accent sur différents groupes de travailleurs qui nécessiteraient des mesures politiques dédiées spécifiquement aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Principales conclusions Cette analyse a confirmé qu’en fonction de leur profession, les travailleurs sont exposés à des conditions de travail et une qualité de l’emploi variables. Il existe une nette différence entre les groupes professionnels en termes de salaires, de perspectives de carrière, de temps de travail et de qualité intrinsèque de qualité de l’emploi. En outre, les disparités entre les professions sont souvent liées au niveau de compétence exigé pour accomplir les tâches. Les travailleurs exerçant des professions exigeant des niveaux élevés de compétence (tels que les cadres de direction, les spécialistes et les techniciens) sont souvent situés en haut de l’échelle concernant la qualité de l’emploi, alors que les travailleurs exerçant des métiers moyennement qualifiés (tels que les agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche; les artisans et ouvriers des métiers de type artisanal; les conducteurs d’installations et de machines), et les travailleurs non qualifiés sont plus susceptibles de se situer dans la moitié inférieure de l’échelle. Les travailleurs exerçant des professions moyennement et faiblement qualifiées sont plutôt mal positionnés en ce qui concerne les salaires, les perspectives de carrière et la qualité intrinsèque de l’emploi, et déclarent de faibles niveaux de bien-être physique et mental. La qualité de leur temps de travail est cependant généralement satisfaisante. En revanche, les travailleurs exerçant des emplois hautement qualifiés présentent des résultats relativement satisfaisants pour presque tous les indicateurs de la qualité de l’emploi, sauf en ce qui concerne le temps de travail. Les taux de salaire moyens entre les groupes professionnels diminuent progressivement, allant des métiers hautement qualifiés aux salaires les plus élevés, vers les métiers moyennement et faiblement qualifiés qui enregistrent des valeurs relativement basses. Les spécialistes et les cadres de direction déclarent les revenus les plus élevés, et les ouvriers agricoles qualifiés, les plus bas. Les spécialistes, les cadres de direction et les techniciens présentent par ailleurs les meilleures perspectives de carrières, alors que les travailleurs moyennement qualifiés et manuels ainsi que les travailleurs non qualifiés enregistrent les perspectives les plus faibles. Les métiers hautement qualifiés bénéficient également de la meilleure qualité intrinsèque de l’emploi. Le temps de travail est le seul critère n’ayant pas de corrélation nette avec le niveau de compétence. Les employés non qualifiés et les ouvriers agricoles qualifiés déclarent des temps de travail similaires à ceux des employés hautement qualifiés. Les professions enregistrant de faibles résultats pour les quatre indicateurs de la qualité de l’emploi (salaires, perspectives de carrière, temps de travail et qualité intrinsèque de l’emploi) concernent les services après-vente, les métiers de la construction, de l’agroalimentaire, les conducteurs d’installations et de machines, les manœuvres, et les assistants à la préparation de produits alimentaires. Les professions ayant obtenu des résultats élevés comprennent les membres de l’exécutif et des corps législatifs, les cadres supérieurs de l’administration publique; les gestionnaires des services d’accueil, de la distribution et autres services; les spécialistes des sciences et de l’ingénierie; et les spécialistes des technologies de l’information et des communications. Cette analyse montre également que les inégalités professionnelles peuvent parfois être liées aux caractéristiques individuelles de la main-d’œuvre et non simplement aux conditions de travail. Les jeunes travailleurs sont plus susceptibles d’occuper des emplois cumulant de multiples inconvénients, que les travailleurs de 50 ans et plus. Les travailleurs avec un niveau d’instruction plus faible sont également plus susceptibles d’occuper des emplois à inconvénients multiples. Les variations de la quasi-totalité des indicateurs de la qualité de l’emploi montrent que les différences entre les pays et les contextes des marchés du travail nationaux méritent une étude plus approfondie, les disparités entre les pays pouvant suggérer la nécessité de mettre en œuvre des approches politiques différentes dans les États membres pour améliorer la qualité de l’emploi. Orientations politiques Les préoccupations des décideurs politiques concernant la nécessité d’augmenter l’emploi chez les jeunes ont déjà été largement abordées. Cette analyse décrit toutefois une situation inquiétante pour les jeunes travailleurs qui se retrouvent exposés au risque d’accéder à des emplois présentant de multiples inconvénients. Ceci implique qu’il conviendrait de mettre en place des mesures adaptées aux groupes spécifiques de travailleurs en situation vulnérable (tels que les jeunes travailleurs). L’autre défi urgent que les responsables politiques européens doivent relever, est de remédier aux inégalités professionnelles liées au niveau de compétence, car l’exposition à de multiples inconvénients sur le lieu de travail est supposée avoir des effets négatifs sur la santé des travailleurs, ce qui finalement a une incidence sur leur capacité à conserver leur emploi. De nombreuses actions destinées à améliorer les conditions de travail sont organisées et mises en œuvre par secteur, aux niveaux européen et national. Cet aspect est capital dans toute tentative visant à améliorer les conditions de travail dans les professions subissant de multiples inconvénients, car les groupes professionnels ne sont pas répartis de façon uniforme à travers les secteurs en Europe. En effet, des professions spécifiques sont nettement plus représentées dans certains secteurs dans certains secteurs (par exemple, plus de 47 % des travailleurs de la construction sont des travailleurs du bâtiment et assimilés; alors que plus de 47 % des travailleurs du secteur des transports sont des conducteurs de véhicules et d’engins lourds de levage et de manœuvre). Informations complémentaires Le rapport Occupational profiles in working conditions: Identification of groups with multiple disadvantages [Profils professionnels liés aux conditions de travail: identification des groupes à inconvénients multiples) est disponible à cette adresse: http://www.eurofound.europa.eu/publications/htmlfiles/ef1413.htm Pour plus d’informations, veuillez contacter Gijs van Houten, directeur de recherche, à l’adresse: [email protected] EF/14/13/FR 1
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