enseignant reconversion et évol dossier

D OSSIER
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Reconv
et évolution du
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Les difficultés rencontrées au cours des différentes phases d’une carrière,
ont toujours amené les enseignants à se poser des questions sur leur métier.
Nombreux sont ceux qui ont été contraints de changer de niveau
d’enseignement, de discipline, voire de métier ou qui y ont songé fortement.
La reconversion interroge le métier
Une adaptation imposée
Même si pour la plupart des enseignants, ce
métier est d’abord un métier passionnant, les
conditions de travail des enseignants sont
difficiles, une enquête flash de la Fep l’a
attestée en 2011.
Corroborée depuis par d’autres enquêtes, elle
révélait que le métier se dégradait : surcharge de
travail, modification des missions, manque de
reconnaissance sociale et financière, classes
chargées, relations difficiles… les effets sur la
santé sont nombreux.
Les réformes qui se sont succédé ont eu pour
conséquences la disparition de filières et l’apparition
de nouvelles formations.
Les reconversions, la plupart du temps envisagées
dans l’urgence, provoquées par les réformes,
traitées «au cas par cas» dans les académies, ont
révélé l’absence de politique de ressources
humaines et de moyens, tant sur le plan prévisionnel
qu’en matière de formation continue.
Les enseignants percutés par cette évolution, ont
dû, bon gré mal gré, s’adapter pour rester dans le métier. Cela ne s’est pas fait sans souffrance.
Un contexte politique et économique
difficile
En juin 2012, le rapport de la sénatrice Brigitte
Gonthier Maurin, inscrivait la souffrance des
enseignants dans un contexte politique et
économique plus général.
L’éducation nationale est désormais touchée par
des évolutions déjà bien avancées dans les
entreprises, où les salariés sont soumis à des
injonctions contradictoires : exigence de qualité
et demande de rapidité, esprit d’initiative et
respect des protocoles, engagement et recul.
Soumis à une évaluation externe permanente, les
travailleurs n’ont pourtant aucun contrôle sur les
objectifs assignés. Leurs propres critères d’appréciation de ce qui constitue du «bon travail» sont niés
et pourtant on leur demande d’être fiers de leur
activité et de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Ils perdent ainsi progressivement prise
sur leur travail.
Face aux défaillances du système, l’enseignant ne
peut plus compter que sur ses propres ressources, et
si le métier ne le protège plus, alors la santé
(physique et psychique) est menacée.
Temps de travail
Jusqu’à peu, les enseignants avaient la possibilité de
finir leur carrière en cessation progressive d’activité
(aménagement de fin de carrière réduisant le
temps de travail). La réforme des retraites a mis
un terme à cette pratique.
Cela pose aujourd’hui un réel problème ; en même
temps que le métier devient plus difficile, la
carrière s’allonge. Un nombre conséquent
d’enseignants en fin de carrière se trouvent en
difficulté dans leur métier, accumulant une
fatigue physique et nerveuse, ou atteints de
troubles musculo-squelettiques (TMS).
Certains préfèrent partir en retraite alors même
qu’ils n’ont pas réuni toutes les conditions pour
obtenir le taux plein de leur pension de retraite
(décote), d’autres ont recours à la longue maladie ou
l’invalidité pour finir leur carrière lorsqu’ils sont
en incapacité de travailler.
L’abandon comme tentation
Le rapport 2011 du Carrefour Santé Social et les
enquêtes de victimation menées ces dernières
années par l’équipe d’Eric Debarbieux, montrent
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que l’exposition des personnels d’enseignement et
d’éducation à des violences répétées (violences
verbales essentiellement des élèves mais aussi
développement du harcèlement entre adultes)
qui mettent en cause le climat général de vie dans
l’établissement, est un facteur de difficultés, de
tensions, voire d’épuisement professionnel (burn-out).
La dernière enquête de victimation et climat
scolaire auprès des personnels du second
degré parue fin février 2013, montre que la
souffrance des enseignants les pousserait au
départ : 30 % des enseignants pensent quitter
l'enseignement.
Changer de carrière ?
Face à ces difficultés, nombre d’enseignants en
viennent à se poser la question d’une autre carrière.
Mais souvent, avec le préalable : «Je ne sais rien
faire d’autre.»
Rémi Boyer, enseignant reconverti et créateur du
site Aide aux profs, parce qu’il n’a pas eu, en son
temps, les réponses nécessaires, s’est saisi de la
question.
Venu présenter le fruit de son expérience et de ses
recherches lors d’une réunion fin mai,
organisée par la Fep et le Sgen de Normandie, il a
Interview
Marie-Hélène Capdevielle
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nversion
u métier
rassuré les enseignants présents. En s’appuyant
sur la pratique au quotidien des enseignants,
Rémi Boyer a montré que beaucoup de leurs
savoirs, savoirs-faire, savoirs-être, savoirs-agir,
sont non seulement transposables mais aussi
recherchés. L’enseignant utilise «l’ingénierie de
formation» dans l’exercice de son métier : il analyse,
conçoit, réalise, évalue. Il possède des compétences
à des degrés qu’il conviendra de préciser et
d’améliorer s’il souhaite les faire valoir : des savoirs
(connaissance du système éducatif, connaissance
budgétaire, utiliser les TICE et l’audiovisuel), des
savoirs-faire (conduite de projets de classe,
travail en équipe, qualités rédactionnelles,
esprit de synthèse, management… des savoirsêtre (animation, travail en autonomie, créativité,
sens de l’organisation, de la négociation, des
relations humaines, du service public...).
Alors quitter le métier,
est-ce la solution ?
C’est lorsqu’un enseignant se sent épuisé par le
métier, qu’il envisage une reconversion.
La souffrance des enseignants : le stress et ses
facteurs déclenchants, la solitude, voire l’isolement
dans le travail, le harcèlement… Toutes les
recherches convergent pour montrer qu’ils sont
autant de symptômes d’une organisation déficiente
du travail. L’Éducation nationale, l’enseignement
privé, ont-ils conscience de la souffrance
exprimée ? Cherchent-ils des solutions à mettre en
place pour une organisation du travail plus
respectueuse des personnels qui sont sous leur
responsabilité ?
Pour que les enseignants puissent vraiment faire
le choix d’une reconversion, le métier doit d’abord
retrouver tout son sens.
L’annonce du ministre quant à la mise en place de
groupes de travail sur les métiers de l'enseignement,
sur “les missions de façon à intégrer les réformes
pédagogiques”, sur les “thématiques des parcours
professionnels et de la formation” semble aller
dans le bon sens.
Isabelle Morlaas-Lurbe
Enseignante en Segpa
Fep-mag : Peux-tu nous parler de ton
parcours d’enseignante ?
M-H Capdevielle : J’ai commencé ma carrière
comme remplaçante en premier degré pendant
15 ans, puis j’ai réussi le concours interne d’institutrice.
J’ai d’abord eu le choix entre un poste en Institut
thérapeutique éducatif et pédagogique (I.T.E.P) ou
un poste de regroupement d’adaptation. J’ai choisi
le regroupement. L’enseignant, en principe «un
maître E» est chargé de l’aide à dominante pédagogique.
J’y suis restée 12 ans, années aux cours desquelles j’ai
passé la spécialisation, maître E. Mais mes conseils
et recommandations semblaient parfois se surajouter
aux nombreuses obligations de mes collègues. Ils
étaient débordés et le nombre d’élèves à gérer
rendait difficile leur travail. Je me suis alors attelée
à la création d’une Segpa en collège. C’est la
deuxième année que j’y enseigne. Nous avons
ouvert cette année la classe de 5ème. J’avais envie de
neuf. J’avais envie de comprendre comment aider
les élèves plus grands, les adolescents à dépasser
leurs difficultés et contribuer à éviter les décrochages.
Le décrochage dans le secondaire est un symptôme
du manque d’enseignements spécialisés. J’avais
aussi le désir de communiquer avec les enseignants
du second degré sur les difficultés scolaires, leur
apporter mes compétences d’enseignante spécialisée,
et leur donner envie de faire évoluer leur pratique.
Fep-mag : Pourquoi faire évoluer tes
pratiques d’enseignement ?
M-H C. La formation de maître E m’a passionnée.
Elle répondait à des questions que je me posais
depuis le début de ma carrière et même avant, car
j’avais rencontré des difficultés lors de ma propre
scolarité. Je ne comprenais pas pourquoi des
enfants n’arrivaient pas à progresser. La formation
m’a permis de voir le fonctionnement que met en
place un enfant dans une situation d’apprentissage.
La mise en projet à partir de situations vécues par
les élèves, laisse une grande place à l’imagination
et à la liberté. Cela permet d’entrer plus facilement
dans l’étude de la langue par exemple, de
construire les étapes du raisonnement dans la
résolution de problème aussi. Si la réussite est au
bout, je suis convaincue que c’est parce qu’on
travaille en petit groupe.
Fep-Mag : Quel bénéfice en as-tu tiré ?
M-H C. C’est d’abord un enrichissement personnel,
j’ai conservé l’envie d’aller travailler tous les
9 - Fep magazine n° 184- Décembre 2013
matins, le plaisir de travailler avec les jeunes. En
collège, l’exigence des élèves oblige à une remise
en cause permanente, ce qui permet de s’améliorer,
d’apprendre, de continuer à chercher. C’est un
bonheur d’arriver à avoir l’attention de 90 % des
élèves, de les voir s’investir complètement dans
leur travail. Le bilan est très positif sur le plan
personnel et très valorisant pour les élèves également.
Mes collègues me posent des questions, s’informent,
vont en formation à présent ; ils souhaitent aider
leurs élèves. Nous dialoguons beaucoup. Dans le
secondaire, la difficulté reste un tabou, que ce soit
du côté des élèves ou de l’enseignant. Il faut la
désacraliser.
Fep-Mag : As-tu rencontré des freins ?
(institutions, collègues, parents d’élèves…)
M-H C. Les freins sont venus du rectorat, il ne nous
a pas donné les moyens nécessaires à l’ouverture
d’une 5ème cette année. Des moyens réduits sont
arrivés certes mais une fois la rentrée faite. Certains
collègues parfois ne comprennent pas encore,
certains parents ne reconnaissent pas la difficulté
de leurs enfants, d’autres n’adhèrent pas au projet mis
en place. Mais, je veux souligner que la reconnaissance
des élèves, elle, est incontestable. Je remercie également
la DDEC et la plupart de mes collègues aussi.
Fep-Mag : Dans le cadre d’une redéfinition
du métier de l’enseignant, quels seraient tes
conseils pour l’améliorer ?
M-H C. D’abord, réduire le nombre d’élèves par
classe, surtout depuis l’inclusion du handicap à
l’école ! Développer les postes d’enseignants
spécialisés auprès des élèves mais aussi développer
le nombre de personnes ressources pour soutenir
les collègues. Changer les pratiques pédagogiques,
abandonner l’enseignement frontal, développer
les TICE. Privilégier les actions innovantes et
favoriser la liberté pédagogique. «L’allégement des
programmes» n’est pas «la» solution, il
faut s’adapter au rythme des élèves, tenir compte
de leur projet personnel. C’est cela qui les conduits
à réussir. S’appuyer également sur les travaux des
neurosciences, sur les intelligences multiples
et la plasticité du cerveau, sur les profils
d’apprentissage…
On a encore tendance à croire que parce que l’élève
est en difficulté en mathématiques, il le restera !
Enfin, notre formation est à revoir complètement !
D OSSIER
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Catherine Jeanneau, enseignante spécialisée
Extrait du témoignage
Hervé Renaud, enseignant
en cours de reconversion
près trente-quatre ans d’enseignement, je
n’éprouvais plus vraiment de plaisir à
enseigner les mathématiques. J’ai pourtant
aimé mais je trouve que les programmes, pour
s’adapter au niveau des élèves, se sont
vidés de leur contenu. Je ne crois pas que ce
soit en diminuant les contenus qu’on réponde
aux difficultés des élèves. Au contraire, je
crains qu’à terme, on augmente les inégalités.
Le raidissement idéologique de l’Enseignement
catholique ne me convenait pas et il a été un
facteur déterminant dans ma décision de
quitter ce métier.
Il y a trois ans, j’ai obtenu un congé-formation
et entrepris un master d’histoire des Sciences
et des Techniques à la faculté de Nantes.
Puis j’ai commencé un doctorat d’histoire
des mathématiques. L’an dernier, j’ai décidé de
démissionner de l’Education nationale et j’ai
demandé à bénéficier de l’IDV (indemnité de
départ volontaire). Cette indemnité me permet
aujourd’hui, de financer la fin de mes études.
J’en ai encore pour deux ans d’études.
J’envisage de me reconvertir dans l’édition
scientifique. Je sais que les débouchés ne sont
pas énormes, mais je suis dans un milieu qui
peut me permettre d’obtenir les contacts
nécessaires. Ma reconversion se fait en accord
avec mon épouse, qui travaille et assure
financièrement, les enfants sont grands et
bientôt plus à charge.
C’est un vrai plaisir pour moi de me retrouver
étudiant à nouveau. Ce que sera l’avenir, nous
verrons en temps utile.
J’observe que dans le collège où j’enseignais,
sur les 35 enseignants, nous sommes quatre à
nous être engagés sur une reconversion où à
l’envisager (trois en mathématiques, un en
français). Ça fait un pourcentage important,
révélateur d’une perte du plaisir à exercer ce
métier. Les relations plus tendues avec les
parents d’élèves, les élèves eux-mêmes, le
manque de soutien de l’administration vis à vis
des enseignants… Tout cela témoigne d’un
malaise certain.
A
Fep-mag : Comment améliorer le métier ?
◗ Il faut réduire les effectifs. On ne fait pas le même travail avec 20 élèves qu’avec 30.
◗ Il faut améliorer la formation. Une formation initiale solide est nécessaire, elle doit laisser du
temps pour la pratique et pour la théorie. On doit aider les enseignants à réfléchir sur les raisons
pour lesquelles un enfant se trouve en difficulté. Quant à la formation continue, elle doit être
réellement accessible. En premier degré, il y a un manque de propositions de formations malgré
les 18 h sur 108 h consacrées à la formation. L’offre ne correspond pas à la demande.
◗ De plus, un temps de réflexion, de recherche, d’échange de pratique du métier doit faire partie de la
formation initiale, pour ensuite se pratiquer au quotidien, tout au long de la carrière. Les temps
de concertation devraient être le lieu de cette réflexion pédagogique, pour que les enseignants
se sentent des «enseignants chercheurs».
Les témoignages
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Alain Artayet, enseignant en lycée professionnel
Changement de discipline
rofesseur des lycées professionnel en
Master enseignement première année (MEI)
depuis six ans à Pau, j’ai dû me reconvertir à
cause de la réforme du bac professionnel en
trois ans.
La réforme touchait ma discipline, mais mon
établissement me proposait de compléter les
heures que je perdais, dans une autre matière.
Comme j’avais déjà anticipé la suppression de
mes heures - je m’étais renseigné auprès du
syndicat - je pouvais changer de discipline, et
aller vers la technologie en collège. J’ai appris
qu’un poste de technologie se libérait, ce qui
me rapprocherait de mon domicile, Bayonne.
La Fep-CFDT m’a donné les démarches à suivre.
J’ai été déclaré en perte d’heures. J’ai donc été
prioritaire pour le réemploi et l’accès à la
formation. J’ai fait un courrier à mon IPR
l’informant de ma demande et un autre à l’IPR
de technologie. Mon chef de travaux a appuyé
ma demande. La réponse a été positive.
Les modalités de ma reconversion ont été
d’effectuer quinze heures d’enseignement,
immédiatement en techno, et trois heures de
formation disciplinaire. Elles ont été
validées en CCMA.
Le poste de technologie sur lequel j’ai été affecté,
était sur deux établissements, l’un dans
lequel j’effectuais quinze heures à l’année et un
autre où trois heures m’étaient réservés.
J’ai été pris en charge par Formiris sud-ouest.
P
On m’a mis en contact avec le centre de
formation en technologie à Nantes. Il y avait
plusieurs modules de deux à trois jours à
Nantes sur l’année. La formation a été vraiment
intéressante, j’y ai retrouvé beaucoup de
professeurs de lycée professionnel (LP) en
reconversion, parfois, ils arrivaient de disciplines
très éloignées…
Ce qui m’a le plus posé problème, c’est le
remboursement des frais que j’ai été obligé
d’engager pour aller suivre les modules de
formation à Nantes (déplacements BayonneNantes et hébergement). Le forfait de prise en
charge de Formiris était loin de couvrir les frais
q u e j ’ a i d û e n ga ge r. J ’ a i ca l c u l é q u ’ i l
restait à ma charge au moins cinquante euros par
jour de formation ! Je me suis débrouillé pour
dormir dans ma famille à Bordeaux les veilles
de formation, car la nuitée d’avant la formation
n’était pas prise en charge ! C’est quand même
anormal d’avoir eu à payer pour faire une
reconversion qui m’était imposée !
Je regrette qu’aucun bilan ne soit fait de cette
année de reconversion. Même si je redoutais
le fait de me retrouver en collège, aujourd’hui, je
me rends compte que je m’y plais davantage
qu’en LP. Je suis satisfait de cette reconversion
mais, heureusement que j’étais syndiqué,
parce que c’est le syndicat qui m’a donné la
marche à suivre et qui a veillé sur moi en
CCMA.
La Fep et l’évolution du métier
La Fep-CFDT consacre dans ses orientations
pour les quatre années à venir, une part
importante à la rénovation du système éducatif et
donc, du métier d’enseignant. Consciente de la
nécessité, elle participe aux groupes de travail
organisés par le Ministère de l’Education nationale.
Quelques points de ces orientations
◗ La Fep accorde une attention toute particulière à
la formation. Nécessaire, elle impose une
actualisation des compétences professionnelles.
La Fep continue d’exiger une formation initiale
et une certification communes, dispensées
dans les mêmes lieux, les mêmes conditions
et avec les mêmes jurys que nos homologues
du public. Elle revendique également une
formation permanente et reconnue dans le
temps de travail, et une formation systématique
en cas de réforme. Et elle insiste sur le droit
d’obtenir un bilan de compétences à n’importe
quel moment de sa carrière et systématiquement
proposé en milieu de carrière.
◗ La Fep demande aussi que le temps de travail
soit repensé. Elle préconise d’innover pour
trouver une organisation du travail qui
s’adapte à tous les élèves et pour que toutes
les tâches des enseignants soient enfin
prises en compte.
Regards croisés
Quelques points sur les positions communes
Sgen-CFDT et Fep-CFDT sur l’évolution du métier.
Le Sgen-CFDT pour l’enseignement du public et
la Fep-CFDT pour l’enseignement du privé ont,
dans leurs orientations une vision proche
de leur conception de l’évolution du métier
d’enseignant. Si nos conditions d’exercice et
notre histoire, celle de l’enseignement privé et
de l’enseignement du public sont différentes,
le métier lui-même nous conduit de fait à des
réflexions et revendications proches.
◗ Evaluation : une déconnexion de l’évaluation
à l’avancement de la carrière.
◗ Rémunération : la constitution d’un corps unique
sans distinction de statuts. La constitution
d’une grille commune qui commence à l’indice
415 et se termine à 963 pour tous les degrés
d’enseignement.
◗ Temps de travail : la prise en compte de
toutes les tâches effectuées par les enseignants hors face-à-face.
◗ Réflexion sur une véritable politique de
ressources humaines.
◗ Conditions de travail : des conditions matérielles
nécessaires pour exercer – la mise en place
des IRP (DP-CE-DUP-CHSCT) dans tous les
établissements – la présence de la médecine
du travail au sein des établissements.
Ces quelques points communs parmi d’autres
montrent une volonté de conduire une véritable
réflexion sur le métier d’enseignant. Et nous
avons conscience que ces changements doivent
passer par une pédagogie coopérative et
collaborative. La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT
participent activement.
L’idée de la reconversion a donc toujours été
abordée dans l’urgence. Des situations parfois
alarmantes auxquelles ont répondu les académies
de façons différentes avec des moyens différents.
De ce fait, on a pu constater des inégalités de
traitements. Pourtant certains dispositifs
nous semblent aujourd’hui particulièrement
intéressants. Nous ne citerons que l’exemple
du «Dispositif d’Optimisation des Personnels
par la Reconversion et l’Adaptation» (Opéra)
mis en place dans l’académie d’Amiens,
i l p r é s e n t e un i n t é r ê t ce r ta i n p o u r l e s
enseignants du privé et du public. Il offre
des solutions. Pourquoi ne pas l’étendre ?
Pourquoi ne pas mettre en place des solutions
alternatives avant d’arriver à des situations de
non retour.
Un enjeu majeur pour le système éducatif
Il faut penser à donner des garanties aux
collègues, si on ne veut pas voir la jeunesse fuir
le métier. Le climat est à la critique du
système, à la condamnation souvent. Le
métier d’enseignant doit retrouver sa juste
place au sein de la société, la reconnaissance
sociale, des conditions de travail satisfaisantes
et une reconnaissance salariale décente.
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Eric Albérola - Maryline Hadjadj
11 - Fep magazine n° 184 - Décembre 2013
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Quel beau métier !
18 heures de travail par semaine, 16 semaines
de congé par an ! Il faudrait être fou pour penser
à une reconversion !
e travail d’un enseignant du second degré se
limite-t-il réellement à 18 heures de travail
par semaine ? NON.
Trop souvent, on confond obligation réglementaire
de service (ORS), c’est-à-dire le nombre d’heures
de cours devant élèves et le nombre d’heures de
travail effectué.
C’est une tradition ancienne, les enseignants
sont soumis, à l’obligation réglementaire de
service (ORS) du corps auquel ils appartiennent :
de quinze heures hebdomadaires pour les
professeurs agrégés du second degré à trentesix heures pour un documentaliste.
L
Les autres missions
Ce temps ne prend pas en compte les autres
missions qu’un enseignant est tenu d’assurer
en vertu de dispositions législatives et de la
jurisprudence. Il est notamment demandé aux
enseignants, outre la préparation des cours et
la correction des copies, de travailler en équipes,
d’apporter une aide au travail personnel des
élèves, d’assurer le suivi des élèves, d’assurer
le suivi lors des stages, de les évaluer, de les
conseiller dans leur orientation, de rencontrer
les parents, d’innover, de se former, sans
compter la participation aux jurys des examens,
aux épreuves de CCF (Contrôle en cours de
formation) ainsi qu’aux diverses réunions au
sein de l’établissement.
Il y a donc bien une différence entre le temps
«effectif» - le cours - et le temps réel de travail
des enseignants. Ils exercent donc leurs fonctions
sur une durée hebdomadaire bien plus longue
que ce qu’indiquent ces ORS car les attentes
envers eux sont de plus en plus nombreuses et
variées.
Monique Bergamelli