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Compte-rendu de l'audience au
Conseil Supérieur des Programmes
Association PAGESTEC
Le mercredi 16 avril 2014 à 14h30, l'association PAGESTEC
représentée par Charles FREOU, président, et Xavier HERBAUX,
secrétaire, était reçue par Alain BOISSINOT, président du CSP,
Véronique FOUQUAT, secrétaire, et Anne-Laure MONNIER.
Alain BOISSINOT a tout d'abord présenté les missions du Conseil
Supérieur des Programmes et les prochaines échéances, à savoir la
révision du socle commun des connaissances et des compétences à
livrer pour mai 2014, la refonte des programmes des sections de
maternelles et de l'éducation morale et civique, enfin la refonte des
programmes de l'école primaire et du collège dont les projets devront
être publiés en septembre 2015 pour consultation / débats et
applicables à partir de la rentrée 2016.
Nous avons successivement abordé les enseignements numériques,
les finalités de la technologie au collège, la relation « sciencetechnologie », et enfin la refonte des programmes, tant sur le fond
que sur leurs conditions de mise en œuvre.
Enseignements numériques
M. BOISSINOT a de lui-même lancé le sujet en évoquant l'enquête PAGESTEC
« Enseignement de l'informatique et Technologie » qui a particulièrement attiré son
attention. Il nous dit avoir déjà reçu plusieurs associations ou groupes disciplinaires qui ont
chacun émis leur avis sur la question de l'enseignement du numérique au collège et au
lycée et qu'il aimerait avoir notre point de vue sur la question.
PAGESTEC : Nous avons présenté les conditions de réalisation de l'enquête et ses
conclusions, à savoir qu'il serait judicieux de réintroduire un apprentissage des TIC au
collège et que, d'après la majorité des collègues ayant répondu à notre enquête, les
professeurs de Technologie sont les mieux à même de prendre en charge cet
apprentissage, puisqu'ils ont le matériel et les compétences pour le faire. Nous ne
revendiquons pas la mise en place d'une nouvelle discipline autour de cet apprentissage,
mais le retour dans les programmes de technologie au collège de l'enseignement des
bases de la bureautique, ainsi que des notions informatiques et de programmation.
Les collégiens étudient en cours de technologie les objets techniques, or les programmes
informatiques, au même titre que les ordinateurs, sont des objets techniques qu'il convient
d'étudier et de démystifier.
M. BOISSINOT se demande s'il est vraiment utile de maîtriser les TIC pour les utiliser. Il
cite l'exemple de la voiture : inutile d'être expert en mécanique pour la conduire.
PAGESTEC : depuis quelques années, les candidats au permis de conduire doivent avoir
quelques notions de mécanique et être capable de déceler les défauts techniques (comme
contrôle de l'usure des pneus, ampoule grillée). Nous lui rappelons que certaines
compétences qui nous paraissent aujourd'hui naturelles ou intuitives (conduire une
automobile par exemple) nous ont souvent demandé par le passé un long et difficile
apprentissage.
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Nous constatons que les enfants arrivant en 6 e ont beaucoup de lacunes en connaissance
du matériel et en maîtrise des usages des TIC de base (traitement de texte, tableur,
recherche, courriel, etc). Le manque d'équipement des écoles primaires, de formation des
professeurs des écoles expliquent certainement cela.
Ces simples compétences, qui ne sont plus aujourd'hui qu'abordées et travaillées au
détour d'une autre activité, sont en perte d'acquisition dans les collèges. Les pratiques des
adolescents se limitent souvent aux réseaux sociaux (Facebook) dont ils ne connaissent
pas les dangers, Ils ne connaissent pas non plus les problèmes de législation y afférant
(droit à l'image, harcèlement, calomnie).
Le B2I, qui était certainement une bonne idée au départ, a dilué les responsabilités ; et si
nous devons piloter ces apprentissages, comme c'est souvent le cas, autant que ce soit
écrit dans nos programmes.
M. BOISSINOT propose d'éventuelles interventions de professeurs de collège
(technologie?) dans les écoles primaires, comme ce qui se faisait pour l'initiation aux
langues vivantes.
Concernant la programmation, M. BOISSINOT nous demande s'il n'est pas prématuré de
l'aborder en collège, ou alors en troisième ?
PAGESTEC : Nous ne souhaitons pas faire de nos collégiens de petits ingénieurs en
informatique, mais seulement leur montrer qu'un ordinateur, ou toute machine numérique
est avant tout un outil, qu'ils peuvent et doivent apprendre à dompter. Des bases
d'informatique et de programmation leur permettrait de ne plus subir les systèmes qu'ils
utilisent quotidiennement (ordinateur, tablette, smartphone), ne plus en être de simples
consommateurs ou clients dépendants, mais utilisateurs conscients et responsables.
En apprenant à produire de petites applications, ils prendraient conscience que pour que
leurs objets numériques fonctionnent, des personnes ont imaginé, conçu, développé et
publié des programmes, ce qui pourrait susciter à terme bien des vocations.
Finalités de la technologie au collège
PAGESTEC : Nous abordons ensuite la finalité de la technologie au collège ; la
« discipline de formation générale » des programmes de 1998 prépare désormais « l'élève
à l'acquisition d'une culture technologique susceptible d'être approfondie lors d'études
ultérieures » (extrait des programmes 2008). Nous demandons à ce que la technologie
redevienne une discipline de formation générale, utile à chaque citoyen, lui permettant de
comprendre et d'agir sur son environnement, plutôt que de le subir.
M. BOISSINOT nous apprend que c'est lui qui est à la base des programmes actuels et
qu'il avait cru judicieux de demander à la commission CHEVALIER de faire en sorte que la
technologie prépare les collégiens à une orientation en STI ou en SI, afin de ré-dynamiser
ces sections.
PAGESTEC : Nous rétorquons que la technologie au collège ne doit pas avoir pour
principale vocation à remplir les sections technologiques du lycée. Nous relatons des
réactions d'élèves lors de portes ouvertes ou immersion en lycée technologique qui
avaient l'impression qu'en STI2D, on refaisait les mêmes activités qu'en technologie au
collège et que ça ne les intéressait pas. Ceci nous a d'ailleurs été confirmé par le
président de l'UPSTI lors de la rencontre des associations en décembre 2012.
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Relation science-technologie
PAGESTEC : La technologie a bien évidemment besoin des sciences (principe de
fonctionnement d'un objet technique par exemple) mais nous ne devons surtout pas
interférer dans l'apprentissage des notions de sciences physiques.
Concernant l'EIST, nous exposons :
- nos craintes des effets d'une généralisation de l'EIST : réduction du nombre de postes,
disparition de la technologie au profit des sciences et rappelons que de nombreuses
actions de travaux transdisciplinaires (4 e & 3e technologiques, IDD) ont été testées, puis
abandonnées sans évaluation, entraînant des pertes d'heures postes.
- nos doutes quand à l'efficacité du dispositif et la pérennité des moyens qui lui sont
alloués.
M. BOISSINOT dément tout projet de généralisation de l'EIST, qui reste sous couvert du
bénévolat. Des expériences intéressantes et prometteuses ont été rapportées. Il pense
que les travaux transdisciplinaires autour de projets peuvent permettre aux élèves de
donner du sens aux apprentissages, qu'il faut les favoriser et les valoriser. Reste à définir
les conditions, sans les imposer, car le travail en équipe ne s'improvise pas.
En ce qui concerne les rumeurs de diminution du nombre de disciplines en 6°, M.
BOISSINOT nous assure que ce n'est pas à sa connaissance à l'ordre du jour. Pour
l'instant, seuls les cycles ont été revus. Dorénavant chaque cycle dure 2 années et un
cycle CM2-6e a été créé, ainsi qu'un conseil école-collège qui devrait permettre aux
professeurs des écoles et professeurs de collège de travailler ensemble et d'améliorer le
passage école-collège.
Refonte des programmes : sur le fond
PAGESTEC : Nous rappelons l'importance de l'investissement personnel dans un objet
confectionné, et demandons à ce titre, sans tout forcément remettre en cause, des
programmes mettant davantage en avant les compétences instrumentales, le « geste » de
l'élève.
Nous souhaitons aussi offrir à nos élèves un véritable apprentissage structuré des TIC,
commençant par exemple très concrètement par l'étude du clavier.
Nous demandons également à ce qu'aucune démarche pédagogique ne nous soit
imposée dans les textes ; la démarche d'investigation préconisée dans les derniers
programmes pose en effet des problèmes de mise en œuvre à bon nombre de collègues.
Et nous insistons bien évidemment sur la nécessité du travail en effectif réduit.
M. BOISSINOT rappelle que la refonte des programmes du collège n'en est qu'à ses
balbutiements, qu'un projet paraîtra pour la rentrée 2015, qu'il sera discuté, débattu avec
les syndicats et avec les associations. Pour les groupes allégés, il est conscient qu'ils
seraient bénéfiques, mais la conjoncture actuelle n'est pas propice à leur retour, d'autant
que s'ils sont accordés à la technologie, les sciences vont les réclamer à leur tour, puis les
langues vivantes, etc. La mise en place de groupes ne pourraient se faire qu'à moyens
constants, par exemple en modulant les emplois du temps sur l'année (des périodes en
groupes allégés, d'autres périodes en classe entière), mais cela engendrerait des
contraintes et changements de mentalité que les acteurs de l'éducation ne sont peut-être
pas prêts à accepter. Ce sera débattu avec les diverses parties.
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Refonte des programmes : mise en œuvre
PAGESTEC : Nous rappelons la mise en œuvre pour le moins chaotique et précipitée des
programmes sur trois niveaux en 2009 sans formation ni moyens.
Nous regrettons l'absence dans la charte des programmes du CSP récemment parue
d'une clause relative à la garantie des moyens de mise en œuvre.
Nous rappelons que l'équipe d'experts de Luc CHEVALIER en rédigeant les programmes
de 2008, avait prévu (noir sur blanc) une application en effectif réduit, mention ayant été
rayée d'un coup de crayon avant la parution officielle.
Nous demandons donc que les moyens nécessaires à la mise en œuvre des programmes
soient à l'avenir chiffrés et prévus en amont, lors de leur rédaction.
M. BOISSINOT nous dit que les moyens matériels ne sont pas de son ressort (mais de
celle de la DGESCO), mais devraient effectivement être prévus en amont, tout en nous
rappelant les difficultés budgétaires du moment.
La rencontre s'est achevée après plus d'une heure de dialogue convivial dans un respect
mutuel. Nous remercions Monsieur BOISSINOT et Mesdames FOUQUAT et MONNIER de
nous avoir reçus et écoutés. M. BOISSINOT nous encourage à continuer de lui faire part
de nos remarques, demandes et conseils.
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