DENISE BECKER DENISE BECKER 4 Pour ce premier numéro, nous allons nous intéresser à Denise Becker, professeure des écoles en C.L.I.S. (Classe d'Inclusion Scolaire) à l'école Wentzel de Wissembourg depuis la dernière rentrée. Auparavant, elle exerçait et ce pendant 27 années à l'école Saint Jean-Ohleyer, également située à Wissembourg. Denise Becker, en haut à gauche en train d’expliquer les règles d’un de ses jeux pour permettre aux enfants V. Ham: Aimez-vous votre métier ? d’apprendre tout en s’amusant… Denise Becker : Oui beaucoup ! Je me réjouis (Photos: Valentin Hammer). chaque matin d’aller en classe et de voir mes élèves. V. Ham : Aviez-vous eu d'autres idées de métiers lorsque vous étiez enfant ? Vous souvenez-vous de votre première année dans l'éducation nationale ? Denise Becker : Quand j'étais jeune, je rêvais de devenir professeur de sport ou professeur de musique. J'ai commencé ma carrière en tant que remplaçante, lors de mon premier remplacement, j'ai été au LEP (Lycée Enseignement Professionnel) à Wissembourg. Je donnais des cours de Vie Sociale et Professionnelle alors que je n'avais même pas les diplômes requis pour enseigner, je venais tout juste de quitter le lycée avec un Bac musique en poche. Après avoir fait 5 ans de remplacements dans le secondaire puis 5 autres dans le primaire, j'ai voulu avoir ma classe à moi et j'ai décidé de passer les diplômes pour devenir institutrice spécialisée comme mon père. V.H : En quoi votre classe se différencie-t-elle d'une classe dite "normale" ? Denise Becker : En C.L.I.S., il n'y a pas de programme spécifique, je fixe le programme que je souhaite faire à chaque élève en fonction de son niveau. Je peux ainsi avoir une classe de 3 à X niveaux, cela peut changer d’une année à l’autre. Chez moi, c’est à la carte ! Les élèves de C.L.I.S. viennent de toute la circonscription de Wissembourg. Cette année, j’en ai 6 qui viennent des villages et 6 de Wissembourg. S'il y a 2 classes de C.L.I.S. à Wissembourg, c'est parce qu'il y a beaucoup de choses sur place, orthophonistes, hôpital de jour, le service du Sessad des Glycines… Mais ce qui est difficile pour les enfants des villages, c’est qu’ils ont de longues journées, ils partent tôt le matin et rentrent tard le soir. Ils baillent souvent ! V. Ham : Quelle chose vous frappe le plus dans votre métier? Denise Becker : Je crois que ce qui est le plus marquant, c'est la forte augmentation de familles ayant de très gros soucis financiersqui ont du mal à payer les fournitures scolaires, un spectacle ou un film, le loyer, le chauffage, les courses etc. La maltraitance, sous toutes ses formes d’ ailleurs, c’est aussi un gros problème. J’ai souvent de mauvaises nuits ! "Quand tu aimes ton métier, tu te donnes entièrement pour le faire de la meilleure façon. Je pense que je continuerai encore un peu après ma retraite, si ma santé me le permet." V.Ham : Est-ce qu'il y a des moments difficiles dans votre métier ? Denise Becker : Le moment le plus difficile c'est la rentrée. Je me réjouis et en même temps je dois m’adapter à de nouveaux élèves, à de nouvelles situations. Mais plus le temps passe, plus j'aime mon métier. Chaque enfant est unique et je m’adapte. Il y a quelques années, j'ai fait un burn-out. Je m'étais tellement investie que je n'ai pas su m'arrêter à temps. Il paraît que c’est une DENISE BECKER maladie qui touche surtout les gens passionnés. V.Ham : Ce métier demande-t-il de l'investissement ? Denise Becker : Énormément ! Il n'y a pas que la partie que l'on voit en classe. Tous les soirs, je prépare ma classe pour le lendemain très consciencieusement. Et je cherche tous les ans à innover. Mais quand un gamin me dit : « Ca y est, maîtresse, j’ai compris ! » avec un sourire lumineux, c’est la plus belle des récompenses. "À huit ans, l'école buissonnière existe déjà. Les enfants n'attendent plus le lycée pour le faire." V.Ham : Vous avez également inventé des jeux ? Denise Becker : Oui, il y a quelques temps, chaque élève de ma classe avait envie d’un petit jardin dans lequel il plantait des fruits, des légumes, des aromates et des fleurs. Et pour ce faire, j'ai inventé des jeux en rapport avec le jardin, pour apprendre les noms de ce qu'ils plantaient et savoir les lire, je trouvais que c'était une manière amusante d'apprendre. Ils apprenaient de façon ludique et avaient beaucoup de plaisir. V. Ham: Avez-vous une autre passion que votre métier ? Denise Becker : J'ai deux autres passions. L'orgue, je suis l’organiste titulaire de la paroisse Sts Pierre et Paul de Wissembourg et j’adore ça. Et puis je suis passionnée de broderie. Les gens ont souvent du mal à le croire parce que ça demande beaucoup de patience et comme je suis plutôt nerveuse, ça les surprend. Texte et Photo V. Hammer
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