Le Montagnard NUMÉRO 84 ÉTÉ 2014 Eboulement dans l’Emmental page 6 Histoire oubliée page 8 Rénové avec passion page 12 L’avenir dans le Val Blenio page 14 AZB CH-3000 Bern 23 PP/Journal 2 ÉDITORIAL SOMMAIRE 4 Pas le même genre de poils Il est loin le temps où, à la place du petit salon de coiffure des Loosli, il y avait des cochons qui grognaient. 8 Un bistrot qui mise sur le local Tout ce qui est servi au restaurant Hospezi provient du jardin et de l’étable de l’établissement. L’Aide Suisse aux Montagnards a un nouveau président. Chers amis de l’Aide Suisse aux Montagnards, Chers lectrices et lecteurs, Franz Marty, ancien conseiller d’Etat du canton de Schwyz, a été président du Conseil de fondation de l’Aide Suisse aux Montagnards pendant huit ans. Quand il a repris cette fonction en 2006, l’Aide Suisse aux Montagnards était certes une organisation dotée d’une longue tradition, mais qui venait tout juste de passer du statut d’association à celui de fondation. Au cours de son mandat, Marty a poursuivi la démarche de professionnalisation initiée par Adolf Ogi. Le 12 mai, il s’est retiré, estimant qu’après huit ans, un changement au sein de la direction est salutaire à toute organisation. Pour lui succéder, le Conseil de fondation a élu Willy Gehriger, ancien CEO du groupe Fenaco-Landi. Gehriger est le premier romand à présider à la destinée de l’Aide Suisse aux Montagnards. De par ce choix, l’ASM entend démontrer son engagement d’organisation nationale qui œuvre pour la population de montagne de toutes les régions de Suisse. Ce changement de président ne changera pas grand-chose pour les montagnards. L’Aide Suisse aux Montagnards continuera en effet à être un partenaire fiable prêt à apporter son soutien lorsque des projets prometteurs risquent d’échouer faute de moyens financiers. Quant aux donatrices et donateurs, ils peuvent être assurés que leur argent sera toujours judicieusement investi. Vous apprendrez dans cette édition du «Montagnard» comment l’Aide Suisse aux Montagnards se mobilise pour faire bouger les choses avec l’argent des dons. Et en page 16, vous découvrirez ce qui a le plus impressionné Franz Marty durant son mandat de président et comment Willy Gehriger envisage ses nouvelles fonctions. 10 Un développement galopant Le déménagement d’une école d’équitation amène de l’animation dans le très excentré Val Müstair. 11 Lucratif, le Vacherin Mont-d’Or A Ballaigues, ce fromage saisonnier très particulier permet aux paysans d’écouler leur lait à meilleur prix. 14 Un apprentissage pour la vie A 15 ans, Doris Martinali s’apprête à reprendre la ferme de ses parents. Mais avant de s’y établir, elle se forme au loin. Il faut se retrousser les manches Découvrez ce qu’entreprend le hameau de Schlangenwinkel pour se relever après un éboulement. Page 6. Regula Straub Directrice Impressum Editeur Aide Suisse aux Montagnards, Soodstr. 55, 8134 Adliswil, tél. 044 712 60 60, www.berghilfe.ch Direction Max Hugelshofer (max) Rédaction Daliah Kremer (dak) Conception graphique Exxtra Kommunikation, Zurich Production Denon Allmedia Corporate Publishing, Rapperswil Traduction Nicole Monnier Correction Irène Fasel, Murielle Thrier Photographie Yannick Andrea Crédits photographiques Max Hugelshofer (p. 10, 13, 16, 18, 19), Martin Weiss, Urchuchi (p. 1, 8, 9, 20) ZIVI/Lukas Lehmann (p.3) Schweiz Tourismus (p.11) Mode de parution «Le Montagnard» paraît 4 x par an en allemand et en français Abonnement Fr. 5.– par an (gratuit pour les donateurs) Tirage total 130 000 exemplaires . Le Montagnard 2_ 2014 3 34 25,8 projets touristiques millions de francs de dons. ont été soutenus par l’Aide Suisse aux Montagnards en 2013. Nos montagnes sont l’une des raisons majeures pour lesquelles les touristes étrangers et nationaux souhaitent passer leurs vacances en Suisse. Or le tourisme joue un rôle essentiel pour les régions de montagne. En développant des projets novateurs et durables, les montagnards s’assurent de nouvelles sources de revenu qui assurent leur existence. La population suisse fait preuve d’une solidarité exemplaire envers les régions de montagne. Plus de 57 900 donatrices et donateurs ont en effet démontré leur volonté de contribuer à améliorer les conditions de vie difficiles des montagnards. En 2013, leurs dons se sont montés à 25,8 millions de francs. LE SAVIEZVOUS?… Service civil sur les alpages. Théâtre à la ferme L’estivage implique de nombreux travaux sur les alpages, comme par exemple l’entretien des pâturages. En règle générale, ce sont les paysans qui estivent avec leur bétail qui s’en chargent, mais pour nombreux d’entre eux le travail au quotidien ne leur en laisse pas le temps. Résultat: les pâturages se dégradent et tombent en friche. Lorsque la maind’œuvre fait défaut, les exploitants d’alpage peuvent avoir recours aux civilistes. Pour en savoir davantage: ww.alpfutur.ch/src.zivildienst_dt.pdf En proposant des représentations théâtrales professionnelles dans des fermes, le Hoftheater vient combler le fossé entre villes et campagne. Il offre une sélection de productions qui se prêtent bien à des spectacles dans les fermes et qui rencontrent de surcroît un réel succès. Voir programme, tournée et autres infos sur: www.hof-theater.ch. En taxi à la montagne AlpenTaxi.ch conduit sur les hauteurs les fans de montagne à partir de l’arrêt CFF le plus proche. Ce moyen de transport, combiné avec les téléphériques et les bus sur appel, permet d’atteindre les régions les plus reculées en respectant davantage la nature et profite à la population locale. Pour plus d’infos: www.alpentaxi.ch Le Parc National a 100 ans Le Parc National Suisse (PSN), premier parc national dans les Alpes, fête cette année ses 100 ans. Diverses activités sont prévues autour de ce jubilé. Point d’orgue: une fête populaire le 1er août à Zernez/GR. La «Festa» sera retransmise sur les chaînes TV suisses. Situation des projets présentés dans cette édition 1 Ballaigues/VD Page 11 3 2 Boudry/NE Page 12 3 Le Fuet/BE Page 4 2 4 Oberthal/BE Page 6 5 Ernen/VS Page 11 8 4 1 7 6 Largario/TI Page 14 7 Caltgadira/GR Page 8 5 9 6 8 Weissenberge/GL Page 13 9 Santa Maria/GR Page 10 Des timbres du jubilé sont en vente dans tous les bureaux de poste. 2_ 2014 Le Montagnard 4 R EP O R TAG E Dans son salon de coiffure moderne et clair, Marina se consacre à son travail avec plus de passion encore. TRANSFORMATION D’UNE PORCHERIE ET D’UN VESTIBULE Des cochons … à la coupe de cheveux. Là où avant il y avait des cochons qui grognaient, Marina Loosli coupe les cheveux de ses amis, de sa parenté et des voisins. Le nouveau salon de coiffure au Fuet, dans le Jura bernois, est à la fois un commerce, un lieu de rencontre et il apporte aux Loosli des revenus complémentaires bienvenus. Pas très engageant, l’extérieur devra lui aussi subir une rénovation. Le Montagnard 2_ 2014 R EP O R TAG E 5 Texte: Daliah Kremer L e crépi tombe en lambeaux au-dessus de la porte d’entrée, et l’éclairage n’est assuré que par une simple ampoule. «Il faut encore que l’on s’en occupe», explique Adrian Loosli comme pour s’excuser en ouvrant la porte qui donne sur un vestibule clair et moderne. Un changement de look qui contraste avec l’aspect extérieur. Parois blanches fraîchement peintes, carrelage gris clair au sol prouvent que tout vient d’être rénové. A gauche de l’entrée, derrière une cloison, un fauteuil de coiffeur avec bac pour le lavage des cheveux. Un faisceau de lumière pénètre par une large fenêtre rendant l’endroit très lumineux et convivial. Ces quelques mètres carrés sont le domaine de Marina Loosli, 30 ans. C’est là que la coiffeuse lave, coupe, teint, roule les bigoudis et frise les cheveux de ses clients et clientes depuis deux ans. Ceux qui ne savent pas à quoi ressemblait l’espace avant auront de la peine à croire ce qu’Adrian Loosli raconte: «Juste à côté, c’était notre porcherie avec quatre truies, leurs porcelets et huit truies allaitantes.» Les enfants peuvent jouer dehors tranquillement pendant que leur mère coupe les cheveux. Marina a à la base une formation de cuisinière et a aussi grandi dans la région. Cela fait, déjà, huit ans qu’elle coupe les cheveux. «Je suis pratiquement tombée dedans», dit Marina en riant. «J’ai toujours aimé couper les cheveux, je me suis donc décidée après mon apprentissage de cuisine à faire une formation de coiffeuse.» Désaffectée depuis longtemps La porcherie intégrée à la maison avait été construite par le père d’Adrian en 1982. Les cochons apportaient à ce paysan du petit village du Fuet dans le Jura bernois de petits compléments de revenu. 25 ans plus tard, il abandonna la porcherie qui n’était plus en règle. «Selon les normes relatives à la protection des animaux nous n’aurions plus pu avoir que deux truies mères et quatre truies allaitantes. Cela ne valait donc plus la peine», déclare Adrian Loosli, 37 ans. La porcherie resta donc inexploitée pendant plusieurs années. Entre-temps, Marina et Adrian avaient repris la ferme avec ses 15 vaches à lait, du jeune bétail et 20 hectares de terrain. Les parents d’Adrian se construisirent un «Stöckli» à côté, et le jeune couple eut très vite des enfants qui remplirent la maison. Noah est né en 2007, Léane en 2009, puis est arrivée deux ans plus tard Sina, et enfin Méline en 2012. Marina, la maman, assume le tout: enfants, ferme, ménage et coiffure. «Bien sûr, nous devons nous organiser, mais le fait de pouvoir travailler à la maison simplifie bien les choses», dit-elle. Les clientes amènent leurs propres enfants qui jouent avec les nôtres. Plus besoin donc de s’en occuper. Les enfants aiment bien aussi accompagner leur père quand il va aux champs avec son tracteur ou à l’étable pour traire ou nourrir les vaches. La famille au complet: Marina et Adrian avec leurs quatre enfants. Elle a d’abord travaillé à l’extérieur, mais quand les enfants sont arrivés, cela n’était plus possible. «Après la naissance de mon deuxième enfant, j’ai commencé à exercer mon métier à la maison. C’était la pièce de séjour qui servait de salon de coiffure, des conditions peu propices, comme le souligne Adrian. «Après le travail, je ne pouvais pas m’asseoir dans la pièce quand ma femme travaillait. Et il y avait toujours des cheveux partout.» Comme le cercle des clients s’élargissait en permanence, la situation devenait intenable. Pas question cependant de renoncer au salon. «Le travail me plaît et il nous apporte une source de revenu essentielle», souligne la jeune femme. «Et travailler à l’extérieur quand on a quatre enfants n’est pas non plus une solution viable.» Des travaux laborieux C’est alors que leur vint l’idée de transformer la porcherie désaffectée. «Nous avons dessiné les plans et nous nous sommes mis à l’œuvre dès que nous avons obtenu le permis de construire», commente Adrian, qui n’avait cependant pas conscience de tout ce que cela impliquait. «C’était très pénible. Nous avons évacué nous-mêmes 15 tonnes de gravats depuis la porcherie», raconte-t-il. Le coût du matériel se révéla être un gouffre, bien que les Loosli se soient efforcés de construire à moindres frais. Et comme si cela n’avait pas suffi, d’autres problèmes sont venus se greffer. Les mulots causèrent de gros dégâts. Il leur a fallu racheter du foin et prévoir de nouvelles semences. Côté vaches aussi, 2012 a été une année sinistre. Le vétérinaire a dû intervenir souvent, car les bêtes ne portaient plus. Il a fallu finalement les vendre en partie. Les Loosli firent néanmoins tout ce qui était en leur pouvoir pour terminer les travaux. «Sans le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, nous n’y serions pas arrivés», dit Adrian, qui, comme son épouse, est fier que tout soit rentré dans l’ordre et terminé dans les temps. Prochainement, Adrian se consacrera aussi à la façade afin que l’aspect extérieur soit en accord avec l’intérieur. www.aideauxmontagnards.ch/lefuet 2_ 2014 Le Montagnard 6 R EP O R TAG E COÛTS PLUS ÉLEVÉS POUR LA CONSTRUCTION D’UNE ÉTABLE APRÈS UN ÉBOULEMENT DANS L’EMMENTAL Un éboulement de terrain remet tout en question. L’avenir s’annonçait prometteur pour Bernhard Wisler et Petra Tröhler. Ils avaient enfin économisé suffisamment d’argent pour remplacer leur ancienne étable trop petite et en construire une nouvelle, plus spacieuse. Les excavatrices avaient déjà fait leur travail, la fosse était creusée mais le terrain s’effondra. Texte: Max Hugelshofer L es versants sont pentus ici dans le hameau de Schlangenwinkel entre Signau et Oberthal dans l’Emmental. La petite route étroite et très escarpée qui conduit à la ferme de Bernhard Wisler et Petra Tröhler a été élargie et consolidée pour les besoins de la construction, mais en temps de pluie elle n’est praticable qu’avec un véhicule 4x4. A côté de l’ancienne maison d’habitation se trouve la nouvelle étable, construite pour y loger 27 vaches. Rien de particulier jusque-là! Pourtant l’histoire de sa construction sort de l’ordinaire. Tout avait bien commencé. Bernhard Wisler avait repris la ferme de ses parents il y a quatre ans, après l’avoir exploitée avec eux dans une communauté intergénérationnelle. Lorsque son père travaillait encore dans l’exploitation, Bernhard travaillait à plein temps à l’extérieur comme maçon ainsi que dans la sylviculture. C’est ainsi qu’il a pu réunir le capital nécessaire pour réaliser, avec sa compagne Petra, la rénovation la plus urgente: celle de l’étable. L’ancienne étable était exiguë, sombre et ne répondait plus aux réglementations en matière de protection des animaux. Ils avaient donc besoin d’une étable plus claire, plus pratique à exploiter et surtout plus spacieuse. Ils dressèrent des plans, évaluèrent les alternatives et calculèrent les coûts. Et, comme la banque leur accorda une hypothèque, les excavatrices purent se mettre rapidement à l’œuvre. L’excavation pour la nouvelle fosse à purin était pratiquement terminée, quand de fortes pluies provoquèrent un éboulement de terrain au-dessus de l’endroit prévu pour l’étable, remplissant à nouveau la partie excavée. Arrêt immédiat des travaux Bien que leur ferme soit située sur un versant très pentu, Bernhard Wisler et Petra Tröhler n’avaient auparavant jamais eu de problèmes de glissement de terrain. Le Montagnard 2_ 2014 Le soulagement de constater que personne n’avait été blessé fut bien vite effacé par la question de savoir comment les choses allaient continuer. Les travaux de construction furent immédiatement stoppés car il était impossible de les poursuivre comme prévu. «Le danger que le versant s’éboule à nouveau pendant les travaux de bétonnage était trop important. Cela aurait alors provoqué des dégâts énormes», dit Bernhard, qui ne voulait prendre aucun risque par rapport aux ouvriers de chantier. La solution a été de déplacer de quelques mètres la fosse à purin sur le versant pour que la pente ne soit pas si raide et que le versant ne risque plus de s’effondrer. L’étable a ensuite pu être construite sans danger comme prévu initialement. R EP O R TAG E 7 Bernhard Wisler plante des pommiers afin de solidifier le terrain au bord de la faille qui est encore béante après le glissement de terrain. Des opérations qui ont pris beaucoup de temps et coûté aussi beaucoup d’argent. Un argent que les Wisler n’avaient pas, car ils avaient mis toutes leurs économies dans la construction de l’étable. La situation semblait sans issue. «Au début, je ne savais pas comment on allait s’en sortir», dit Bernhard. Son rêve d’une nouvelle étable pour laquelle il avait travaillé des années durant risquait de s’envoler. Un conseiller agricole lui suggéra alors de solliciter le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards. «J’avais peu d’espoir car notre exploitation n’est qu’à 900 m d’altitude.» Or, de par son emplacement sur un terrain très escarpé, la ferme des Wisler fait, en dépit de sa faible altitude, tout de même partie des zones de montagne. Heinz Aebersold, expert bénévole à l’Aide Suisse aux Montagnards s’est rendu sur place et a tout de suite décrété une situation d’urgence, indépendante de la volonté des paysans. Ces derniers ont donc rapidement reçu une promesse de soutien. «Nous sommes très reconnaissants pour cette aide rapide et sans tracasseries administratives», déclare Petra. «La construction a pu se poursuivre sans problèmes et nous pouvons désormais envisager l’avenir avec optimisme.» Se mobiliser pour l’avenir L’avenir, c’est d’abord d’évacuer les restes visibles du glissement de terrain. Bernhard a emprunté une excavatrice pour faire les travaux et il s’en charge lui-même à côté de son travail à l’étable. Et quand l’herbe aura repoussé sur la faille, plus personne ne se souviendra de tous les aléas rencontrés lors de la construction de l’étable. www.aideauxmontagnards.ch/ schlangenwinkel Le travail est plus aisé dans la nouvelle étable. 2_ 2014 Le Montagnard 8 R EP O R TAG E RÉPARATION D’UN TOIT À L’AUBERGE HOSPEZI DANS LA SURSELVA Produits locaux à l’honneur. A l’Hospezi, celui qui commande un steak frites restera sur sa faim. Par contre, ceux qui se laissent surprendre par ce que leur serviront Ursi et Christian Weber découvriront des mets authentiques oubliés depuis longtemps et dégusteront des aliments dont ils ne connaissaient pas l’existence. Le Montagnard 2_ 2014 R EP O R TAG E 9 Texte: Max Hugelshofer L ’«Hospezi» est une auberge d’un genre particulier. Inutile d’y chercher une carte des mets. Dans cet hôtel de Caltgadira dans la Surselva, on sert exclusivement des produits qui proviennent du jardin, de la cave ou de l’étable. Depuis 15 ans, Ursi et Christian Weber misent tout sur leur propre production, sur les recettes oubliées, les plantes qu’ils cultivent et les animaux de leur exploitation. Rares achats à l’extérieur Dans les jardins autour de la maison, croissent quelque 150 sortes de plantes soigneusement étiquetées et que pratiquement plus personne ne connaît. Parmi elles, une variété de maïs qui ne croît plus nulle part ailleurs au monde. Et dans les nombreuses petites étables, on trouve des chèvres grisonnes, des moutons à cornes de l’Oberland des Grisons, des porcs Le vieux toit de l’«Hospezi» n’était plus étanche. état la maison, construite dans les années 1930 et qui était à l’époque un hospice pour les pèlerins», dit Ursi. Le toit laissait passer l’eau, mais les Weber n’étaient pas en mesure d’assumer les coûts de réfection. Ursi déclare: «Sans le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, il pleuvrait encore à l’intérieur.» Désormais, le «Hospezi» peut à nouveau recevoir des clients qui y dégusteront des plats étonnants à partir d’ingrédients souvent oubliés. www.hospezi.ch www.aideauxmontagnards.ch/ caltgadira Lexique des légumes. La préparation des produits – un travail essentiellement manuel. laineux, des lapins et des poules. Les Weber n’achètent pratiquement rien. Tout au plus du sel et parfois un peu de lait de vache quand une recette spéciale l’exige. Ils travaillent tous leurs produits eux-mêmes, fabriquent du fromage, de la viande séchée, font des conserves de légumes et sèchent des fruits. «C’est en valorisant sur nos tables les produits de notre jardin que nous faisons les meilleurs affaires», déclare Christian. Ursi et Christian Weber travaillent en étroite collaboration avec Pro Specie Rara, notamment pour l’édition de livres. L’un deux, un ouvrage de recettes, consacre tout un chapitre à l’auberge «Hospezi». Le dernier ouvrage de l’éditeur propose, en allemand, un lexique sur les légumes d’antan, auquel les Weber ont activement collaboré. Ce lexique, qui comprend plus de 1000 photos, incite à redécouvrir des légumes presque oubliés. En vente en librairie ou directement chez Pro Specie Rara. Il pleuvait à travers le toit Les bénéfices sont cependant modestes. «Nous arrivons à vivre avec ce que nous gagnons et à maintenir plus ou moins en 2_ 2014 Le Montagnard 10 PA N O R A M A UNE ÉCOLE D’ÉQUITATION DÉMÉNAGE «Hue» et non plus «brrr». Dans le Val Müstair, le tourisme a le vent en poupe grâce aux chevaux. Iris Hauschild attire en effet de nombreux groupes dans cette vallée excentrée. Texte: Max Hugelshofer SANTA MARIA/GR «Habituellement, tout n’est pas aussi calme», souligne Iris Hauschild. Dix jeunes filles sont assises autour d’une grande table, les yeux rivés sur leur bircher müesli et leurs tartines. Elles se sont couchées tard hier. C’était la fin du camp et elles ne voulaient rien manquer. Et de faire du cheval tous les jours, cela fatigue. Mais, quand il s’agit de repartir à l’écurie, les jeunes filles, qui ont entre 6 et 16 ans, retrouvent du poil de la bête. Et lorsqu’elles caressent les nasaux de leur cheval préféré, la fatigue est vite oubliée. Ce camp d’une semaine est consacré exclusivement à l’équitation. Les plus jeunes y apprennent les bases, les plus âgées se préparent à passer le brevet – sorte de permis de conduire pour cavaliers. C’est Iris Hauschild qui donne les cours. Après sa formation dans l’agriculture, elle s’est lancée dans l’éducation et a travaillé comme éducatrice dans des homes pour les jeunes. Et c’est en collaborant dans un haras qu’elle s’est découvert une passion pour les chevaux islandais. Plus tard, elle a commencé à donner des cours pendant ses loisirs, une activité pour laquelle elle s’est révélée être très douée. Les enfants l’aiment bien et lui restent fidèles même après deux déménagements. Iris Dès que les jeunes filles montent sur leur cheval, la fatigue s’envole. Le Montagnard 2_ 2014 Les filles se sont couchées tard et un silence inhabituel règne au petit-déjeuner. vient en effet de transférer son école d’équitation et le lieu de résidence des six personnes de sa famille, de la Basse-Engadine au Val Müstair, refermant ainsi la boucle, car c’est dans cette vallée isolée qu’elle a grandi. Ce n’est pas le mal du pays de son enfance qui l’a motivée, mais l’occasion de reprendre la maison de ses parents et d’avoir enfin, après des années de situation provisoire, une écurie adéquate pour ses chevaux et la possibilité d’aménager un paddock pour ses cours. Avec le développement continu de l’école d’équitation, les anciennes infrastructures étaient insuffisantes. L’école d’équitation était déjà un job à plein temps pour Iris, 41 ans, mais la nouvelle écurie lui a permis de passer au stade professionnel. Elle n’organise pas seulement des cours et des camps pour les enfants, mais aussi pour les adultes. Et comme le Val Müstair est très excentré, elle propose aussi des logements. Elle a aménagé dans sa maison un grand dortoir, et loue aussi une chambre pour des familles ainsi qu’un petit appartement. Mais parfois cela ne suffit pas. Des enfants de Zurich, qui viennent toujours avec leurs familles, on dû dormir dernièrement à l’auberge de jeunesse de Santa Maria. «Je trouve cela super. L’école d’équitation ne bénéficie ainsi pas seulement à ma famille mais à toute la région», qui a d’ailleurs accueilli Iris Hauschild et ses chevaux à bras ouverts. Le financement du projet posa cependant problème. Iris et son mari avaient mis toutes leurs économies dans l’écurie, mais cela n’a pas suffi. Iris fut donc soulagée quand l’Aide Suisse aux Montagnards lui eut promis son soutien. www.plaun-schumpeder.ch www.aideauxmontagnards.ch/ plaun PA N O R A M A Pleinement engagés dans le Vacherin Mont-d’Or. L’emballage du Vacherin Mont-d’Or s’effectue à la main. BALLAIGUES/VD Jean-Pierre Chuard et son fils Frenky traitent, dans la Fromagerie du Coteau à Ballaigues, 1 800 000 kg de lait par an. La Fromagerie du Coteau fait partie de la société coopérative laitière de Ballaigues, propriété de 15 familles de paysans, qui lui li- vrent leur lait deux fois par jour. A côté du Gruyère, la fromagerie produit également du Vacherin Mont-d’Or, spécialité d’hiver du pied du Jura vaudois, ainsi qu’une quantité non négligeable de beurre pour différents boulangers pâtissiers de la région. Jean-Pierre Chuard explique: «Nous travaillons avec un produit naturel vivant. Et c’est à nous qu’il appartient de le comprendre, de le respecter et de le valoriser, et pas l’inverse.» Au vu de l’augmentation de la production du Vacherin Mont-d’Or, il était impératif de moderniser la fromagerie, de l’agrandir et de l’adapter aux normes d’hygiène actuelles. Les membres de la coopérative essayèrent de rassembler des fonds pour effectuer les travaux nécessaires, mais en dépit des capitaux propres et d’un crédit accordé par la banque, il manquait de l’argent. Ce n’est que quand l’Aide Suisse aux Montagnards eut promis son soutien que ce projet, essentiel pour toute la région, a pu être réalisé. Et ce ne sera pas pour déplaire à tous ceux qui apprécient le Vacherin Mont-d’Or. (dak) 11 3 questions à… Nicola Spirig, championne de triathlon Restaurant de montagne ou pique-nique? Pique-nique, car je préfère être dans la nature et jouir de l’environnement en toute quiétude. Cervelas ou gâteau au chocolat? Gâteau au chocolat. J’aime bien le chocolat, je préfère donc renoncer au cervelas. Vaches ou moutons? Les vaches font partie intégrante des pâturages alpins. Lorsque leurs cloches produisent un tintement sympathique, elles me plaisent encore davantage. www.aideauxmontagnards.ch/ ballaigues Prêts pour la saison des concerts. ERNEN/VS Chaque été, la musique attire à Ernen plus de 5000 mélomanes. Depuis 1974, cette charmante commune de la vallée de Conches se convertit en effet, sept semaines durant, en «village de la musique». Concerts classiques, cours prodigués par des maîtres ainsi que manifestations littéraires ont lieu dans la magnifique église baroque de St-Georges. Cette année, les manifestations se dérouleront du 5 juillet au 22 août sur le thème «Le pouvoir de l’amour». Le Festival «Musikdorf Ernen» joue un rôle économique important pour la région. Un succès qui a engendré cependant son lot de problèmes. Il n’y avait qu’une seule toilette à disposition des nombreux visiteurs dans la maison paroissiale. Avec le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, l’association «Musikdorf Ernen» a pu aménager de nouvelles toilettes. Francesco Walter, l’intendant du festival, s’en réjouit. «Cet été nous aurons enfin des installations sanitaires en suffisance à proximité des concerts.» (cob) www.aideauxmontagnards.ch/ernen-musik Des musiciens du monde entier donnent des concerts dans la magnifique église baroque d’Ernen. 2_ 2014 Le Montagnard 12 PA N O R A M A RESTAURATION D’UN BIJOU ARCHITECTURAL Bientôt de nouvelles fêtes. L’hôtel-restaurant de la Truite n’est pas seulement connu et apprécié pour ses spécialités de truite. Les imposants bâtiments historiques rénovés avec le souci du détail méritent à eux seuls une visite. Champ-du-Moulin se trouve au cœur du site naturel protégé du Creux-du-Van. Texte: Daliah Kremer BOUDRY/NE Le petit village de Champ-du-Moulin, au milieu des gorges de l’Areuse dans le parc naturel du Creux-du-Van, n’est qu’à 15 minutes de Neuchâtel. C’est un hameau pittoresque qui attire chaque année quelque 70 000 visiteurs. Les touristes ne sont pas seulement séduits par la beauté de la région, mais aussi par le restaurant de «La Truite», au cœur du village, qui, comme son nom le laisse entendre, sert de délicieuses spécialités de truite. Or, si ce site, qui se compose de trois bâtiments, mérite qu’on s’y arrête, ce n’est pas uniquement pour sa gastronomie mais aussi pour son C’est dans cette imposante bâtisse que se trouve la Salle des Fêtes. Le Montagnard 2_ 2014 caractère historique. La première construction date de 1811. A la fin du 19e siècle, la bâtisse s’est convertie en restaurant et hôtel. Son imposante Salle des Fêtes est un véritable bijou sur le plan architectural. Construite en 1905, dans le «Heimatstil», elle y accueillait des fêtes de tous genres. Entre-temps, les bâtiments ont pris de l’âge et avaient bien besoin d’un assainissement. Pour réunir les fonds nécessaires une «Association des Amis du Site du Champ-duMoulin», ainsi qu’une Fondation ont été créées. Selon Claude Borel, président de cette dernière, la rénovation s’est avérée onéreuse, en particulier à cause de la restauration nécessaire des ornements et des peintures. L’association était donc tributaire de dons. Le premier pas a pu être franchi grâce, notamment, au soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards. «Nous sommes heureux que cette première étape ait pu se réaliser et que le restaurant puisse désormais recevoir ses nombreux clients dans un cadre rénové, mais toujours chaleureux et respectueux de l’héritage du passé.» www.la-truite.ch www.aideauxmontagnrads.ch/ boudry Les ornements et les peintures ont rendu la rénovation onéreuse. PA N O R A M A 13 mulent l’esprit d’équipe et sont pour les apprentis les plus âgés également une occasion de montrer de quoi ils sont capables», selon Jan Schibli, directeur commercial. «Les ‹pommeaux› ont tout réalisé eux-mêmes, des plans à l’exécution en passant par les achats de matériel». Et, selon Scherhag, ils s’en sortent très bien. «Pour l’ordre sur les places de travail il y a cependant encore des progrès à faire», dit-il en souriant. Le travail dans l’étable du paysan de montagne Heiri Marti a été pour Bekaj Fatlind une expérience gratifiante. DES APPRENTIS CONSTRUISENT UNE ÉTABLE Des jeunes s’investissent en montagne. Un camp de travail pour adolescents a permis à de jeunes citadins de découvrir un monde totalement nouveau. Plusieurs d’entre eux ne seraient jamais allés en montagne spontanément. Texte: Max Hugelshofer WEISSENBERGE/GL Une nappe de brouillard épaisse enveloppe les versants et une pluie fine tombe sur le hameau de Weissenberge dans le pays de Glaris. «Nous n’avons pas vu le soleil de toute la semaine», commente Jörg Scherhag, formateur professionnel du Groupe Schibli. Il n’est cependant pas en montagne avec ses dix apprentis pour profiter du soleil, mais pour y travailler. L’équipe d’apprentis électriciens, automaticiens, monteurs, commerciaux, est en effet venue pour faire le câblage des prises et de l’éclairage dans la nouvelle étable de Heiri Marti, paysan de montagne. Un travail qu’ils ont effectué gratuitement dans le cadre de ce camp de travail. De tels camps sont une tradition pour la firme Schibli AG de Zurich. Hans Jörg Schibli les avait instaurés en 1975. C’était une époque de récession et il n’avait plus de travail pour ses apprentis. «Je voulais qu’ils se rendent utiles au lieu de gamberger», explique l’ancien patron. Ce premier camp en montagne a été un succès et au fil des ans il est devenu une tradition. Et ce ne sont pas seulement les bénéficiaires des prestations qui en tirent profit. «Les camps sti- Pour les apprentis, le camp est une expérience forte, en particulier pour ceux qui ne sont encore jamais allés en montagne. «C’est passionnant mais je suis content de ne pas devoir habiter ici», déclare Bekaj Fatlind. Une expérience qui lui laisse des souvenirs positifs. Et Hans Jörg Schibli de déclarer: «Je connais de nombreux apprentis qui sont restés en contact avec leurs moniteurs des régions de montagne», dit-il. Une expérience que partage Fabian Bucher du CECOVO (Centre de volontariat en montagne) qui coordonne les missions de travail. «Ces camps génèrent souvent une relation très forte avec la population de montagne, qui n’existerait pas autrement. Cela favorise la compréhension mutuelle.» C’est d’ailleurs aussi cela qui motive l’Aide Suisse aux Montagnards à soutenir financièrement le CECOVO. www.aideauxmontagnrads.ch/ weissenberge Près de 8000 journées de travail par an. Le CECOVO (Centre de volontariat en montagne) coordonne chaque année environ 100 missions de travail pour des groupes et des particuliers. En 2013, quelque 8000 jours de travail ont été ainsi réalisés. Les bénévoles ne collaborent pas seulement à des projets de construction, mais également à la construction de routes ou à l’entretien des pâturages. Pour de plus amples informations sur le CECOVO: www.berge-versetzen.ch 2_ 2014 Le Montagnard 14 P O R T R A I T UN APPRENTISSAGE AXÉ SUR LE BIO Tracer son propre chemin. Le Montagnard 2_ 2014 P O R T R A I T 15 A 15 ans, Doris Martinali sait déjà exactement ce qu’elle veut: reprendre très bientôt l’exploitation paysanne de ses parents dans le Val Blenio. Pour cela, elle a besoin d’une solide formation. Elle a donc opté pour un apprentissage en Suisse alémanique axé sur le bio. Et elle en accepte les défis, entre autres de ne plus voir ses parents et sa sœur qu’une seule fois par mois. Même après avoir nettoyé les œufs des milliers de fois, Doris est bien décidée à reprendre la ferme. « Propos recueillis par Max Hugelshofer Non, je n’ai pas l’ennui, mais c’est chouette de pouvoir revenir au Tessin pour quelques jours. Cela fait six semaines que je suis venue pour la dernière fois. Il y avait encore de la neige et maintenant c’est presque le printemps. J’aimerais bien revenir plus souvent à la maison, mais c’est compliqué. Je dois faire cinq heures de train et de bus depuis ma place d’apprentissage à Ellikon sur la Thur avant d’arriver à la maison. Quand c’est possible, je préfère donc travailler quelques heures de plus pour avoir ensuite plusieurs jours de congé d’affilée. Le voyage en vaut alors la peine. J’ai tout organisé moi-même Cette place à Ellikon ainsi que ma deuxième année d’apprentissage à Benken, je les ai organisées moi-même. Maman craignait que mes futurs maîtres pensent qu’elle ne s’occupait pas bien de moi, mais en fait, elle est toute fière que je sois aussi débrouille. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’effectue mon apprentissage en Suisse alémanique et pas au Tessin. Avec mon père, nous aimerions nous convertir au bio ces prochaines années. Il était donc important que j’aie une formation complémentaire dans ce domaine au cours de mon apprentissage déjà. Mission impossible au Tessin. Comme mon père a déjà 65 ans, nous disposons de moins de temps que d’autres familles pour mettre en place la succession. Il faut donc que j’apprenne le plus de choses possible dans les différents domaines. Comme maman vient du canton de Zurich et qu’elle a toujours parlé le suisse-allemand, il n’y avait pas de problèmes pour que je fasse ma forma- tion en dehors du Tessin. Cependant, comme je ne maîtrise pas aussi bien le bon allemand que le dialecte, j’ai dû bosser dur avant de commencer mes cours. Comme mon apprentissage dans cette ferme du canton de Zurich revient cher avec tous ces déplacements et que je ne peux plus travailler à la maison, mes parents se sont retrouvés avec des problèmes financiers. Ma sœur Marina prépare sa maturité et les frais de formation grèvent lourdement le budget de la famille. Je sais que mes parents font tout pour que j’aie la formation dont je rêve, mais je ne sais pas si cela aurait été possible sans le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards. Et de nombreux défis vont encore se présenter. Nous ne pourrons éviter d’assainir et d’agrandir notre étable vétuste, car elle ne répond depuis longtemps plus aux Les Martinali se serrent les coudes et travaillent en famille. nouvelles normes en matière de protection des animaux et en particulier en vue d’une production bio. Je me réjouis de pouvoir offrir à nos vaches de meilleures conditions de vie. Discussion en nettoyant les œufs Pour moi, il a toujours été évident que je reprendrais un jour l’exploitation. Ma grande sœur y songeait aussi, et c’était elle l’aînée! Je me rappelle encore parfaitement le jour où, alors que nous nettoyions les œufs, elle m’a déclaré solennellement qu’elle n’envisageait plus vraiment de reprendre la ferme et que je pouvais l’avoir. Elle avait alors douze ans et moi neuf. Depuis, maman plaisante toujours en disant qu’elle ne veut plus que je nettoie les œufs, car elle craint que je perde l’envie de travailler à la ferme, mais je continue à devoir faire cette besogne. Loin de moi l’idée de me plaindre. J’aime bien travailler dans notre exploitation et je donne aussi toujours un sérieux coup de main quand je suis là. Et cela, même maintenant quand, après de dures semaines de travail, je reviens à la maison fatiguée, je préfère aider mon père à traire les vaches plutôt que me reposer. J’apprécie la diversité des travaux à effectuer et le fait de devoir faire encore beaucoup de choses à la main. Là où je fais mon apprentissage, tout est mécanisé. C’est intéressant mais pas vraiment ce qui me plairait à long terme. Je suis toujours convaincue que c’est ici, à Largario dans le Val Blenio, que j’ai vraiment ma place. » www.aideauxmontagnards.ch/largario 2_ 2014 Le Montagnard 16 EN P R I V É CHANGEMENT DE PRÉSIDENT À LA TÊTE DE L’AIDE SUISSE AUX MONTAGNARDS «Pas de Röstigraben». Max Hugelshofer s’entretient avec Franz Marty et Willy Gehriger geait un travail beaucoup plus intensif que de nos jours. Un paysan de montagne peut aujourd’hui exploiter davantage de terrain qu’une famille entière il y a des décennies. Mais ce n’est pas pour autant qu’aujourd’hui une exploitation est à même de nourrir plus d’une famille. Et encore… ce n’est pas toujours le cas! Franz Marty: C’est vrai, il y a de nombreux paysans qui, sans revenu complémentaire, n’arrivent pas à nouer les deux bouts. Il est donc d’autant plus important que le commerce local et le tourisme vert se développent. Les marques de solidarité sont un signe positif pour notre pays. Franz Marty, président du Conseil de fondation de l’Aide Suisse aux Montagnards pendant huit ans, s’est retiré et c’est Willy Gehriger qui lui succède. Les deux hommes nous font part de leurs visions sur les régions de montagne, des alternatives qui se présentent et du sentiment infondé d’un «Röstigraben». Monsieur Marty, estimez-vous que la vie en montagne a évolué au cours des huit années où vous avez été président de l’Aide Suisse aux Montagnards? Franz Marty: La vie dans les montagnes reste toujours plus exigeante et pénible que celle dans les villes et les agglomérations. Et la force de caractère des montagnards m’impressionne fortement. L’Aide Suisse aux Montagnards at-elle changé? Franz Marty: Je suis entré en fonction à une époque où l’organisation était en pleine mutation et est passée du statut d’association à celui de fondation. Nous avons alors commencé à soutenir des projets qui dépassaient le cadre de l’agriculture et continuons sur cette lancée. Monsieur Gehriger, vous êtes le premier Romand à la tête de l’Aide Suisse aux Montagnards. Selon vous, l’institution est-elle perçue comme une organisation suisse alémanique? Willy Gehriger: Si c’est le cas, ce n’est pas grave. L’important c’est que nous soyons là pour la population de montagne de tout le pays. Et c’est indubitablement le cas. Pas de «Röstigraben»! Et les gens le Willy Gehriger: Oui, l’objectif n’a pas changé. Pour que les vallées reculées puissent continuer à se développer, il ne suffit en effet pas de promouvoir l’agriculture. Il faut que les jeunes aient la possibilité d’avoir accès à une formation et puissent apprendre un métier, car sinon ils émigrent. Il en a toujours été ainsi. Pourquoi n’a-t-on pas envisagé plus tôt un soutien dans des domaines comme le commerce ou le tourisme? Willy Gehriger: Avant, l’agriculture exi«Je n’ai reçu que des réactions positives.» Le Montagnard 2_ 2014 L E T T R E S savent. L’Aide Suisse aux Montagnards jouit d’une bonne réputation en Suisse romande également. J’ai déjà reçu de nombreuses réactions positives, mais aucune négative. Comptez-vous renforcer la présence de l’ASM en Suisse romande? R E M ERC I E M EN T S 17 Merci! L’Aide Suisse aux Montagnards reçoit quotidiennement des lettres, dans lesquelles des familles ou des particuliers remercient les donatrices et donateurs pour leur précieux soutien. Nous vous en transmettons quelques-unes ci-après. Willy Gehriger: Cela se fera certainement déjà à travers ma personne. Je souhaiterais instaurer à moyen terme une représentation permanente en Suisse romande. Mais je n’y vois aucune urgence pour l’instant. Nous pourrons bientôt déménager Monsieur Marty, qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant ces huit ans à la tête de l’Aide Suisse aux Montagnards? Franz Marty: Ce sont sans conteste les projets captivants qui émanaient de personnes remarquables. Mais ce qui m’impressionne le plus, c’est la fidélité de nos donatrices et donateurs. Qu’autant de personnes renoncent volontairement à une partie de leur bien-être pour en aider d’autres qui sont moins favorisées est un signe positif pour notre pays. D E Désormais nous aurons chaud partout Nous vous remercions très chaleureusement pour votre soutien pour la transformation de notre maison d’habitation. Grâce à votre aide, nous pourrons bientôt installer un nouveau chauffage à pellets de bois. Nous aurons alors chaud dans toutes les pièces de notre maison, qui en hiver ne voit pas le soleil pendant quatre mois. Famille L., canton de St-Gall Nous vous remercions de tout cœur d’avoir soutenu notre projet de construction. La maison prend peu à peu forme et nous pourrons bientôt déménager et vivre enfin dans notre exploitation. Grâce à votre contribution, nous avons pu réaliser notre rêve. Nous sommes heureux que l’Aide Suisse aux Montagnards soutienne les jeunes familles dynamiques et contribue ainsi à assurer l’avenir de l’agriculture. Nous nous rendons quotidiennement sur le chantier avec nos deux petites filles et nous réjouissons qu’elles puissent bientôt grandir à côté de l’étable et des bêtes. Famille S., canton de Berne Les personnes en bref Franz Marty, 67 ans, habite à ArthGoldau et il a été longtemps conseiller d’Etat du canton de Schwyz et président du Conseil d’administration de Raiffeisen Suisse. Il était président de Conseil de fondation de l’ASM depuis 2006. Willy Gehriger, 61 ans, est membre du Conseil de fondation de l’Aide Suisse aux Montagnards depuis 2011. Auparavant il a été CEO du Groupe Fenaco-Landi et président d’Intercoop Europe, la fédération européenne des coopératives agricoles. Le 12 mai 2014, il a repris la présidence du Conseil de fondation de l’ASM. Un grand allégement Sans vous, nous n’aurions pas pu construire une annexe à notre étable. Nous vous en remercions de tout cœur. Elle est maintenant terminée et nous remplit de joie tous les jours. Les bêtes aussi s’y plaisent bien car elles disposent de davantage de place. Pendant des années, nous avons dû évacuer le fumier à la fourche. Maintenant cela se fait automatiquement et cela allège considérablement notre travail. Famille J., canton des Grisons Fourrage et machines bien au sec Un immense merci pour votre aide. Nous ne savons comment vous exprimer notre gratitude. Comme vous pouvez le voir sur les photos, nous avons pu rénover notre grange grâce à votre soutien. Maintenant le fourrage pour les bêtes et nos machines sont enfin protégés sous le nouveau toit et sont au sec tout au long de l’année. Famille M., canton du Jura 2_ 2014 Le Montagnard 18 D O N S INFORMATIONS UTILES SUR LES SUCCESSIONS «On s’en ira comme on est arrivé». «Nous arrivons sur terre sans rien et repartirons de même.» C’est en ces termes que s’exprime Bernhard Wyss, qui veut léguer une partie de sa fortune à l’Aide Suisse aux Montagnards après son décès. Le fait d’avoir déjà réglé sa succession est un grand soulagement pour lui. Texte: Max Hugelshofer U ne vive discussion s’est engagée à l’étable entre un homme de 63 ans, ancien cadre de Winterthur, et un paysan de montagne de 31 ans à Simplon Village. Les deux hommes n’ont, à prime abord, guère de points communs. Mais bien qu’ils aient fait connaissance depuis quelques minutes seulement, Bernhard Wyss et Meinrad Gerold ont l’air de bien s’entendre. Ils discutent de politique agricole, de la dégradation des pâturages alpestres et des efforts que les jeunes doivent faire pour sauvegarder notre patrimoine culturel. Pas de place pour deux générations Meinrad Gerold a grandi dans une exploitation paysanne de montagne, dans l’une des régions les plus isolées de Suisse: à Simplon Village, sur le versant sud du col du même nom. Dès son enfance, il a su qu’il deviendrait un jour paysan de montagne comme son père. Il exploite la ferme avec son épouse Rosemarie depuis trois ans. Lors du changement de génération, ils ont dû consentir à de nombreux investissements. Trop lourds cependant pour ce jeune couple, qui a dû investir la majeure partie de ses Le Montagnard 2_ 2014 économies pour reprendre la ferme. La rénovation de la maison d’habitation a été leur première préoccupation, mais comme les parents continuaient à vivre dans la ferme, ils étaient à l’étroit. Grâce à beaucoup d’engagement personnel, le coût des travaux a pu être fortement réduit, mais cela n’a pas suffi. Les Gerold ont alors fait appel à l’Aide Suisse aux Montagnards. «Nous avons été soulagés quand nous avons reçu sa promesse de soutien», déclare Meinrad. Aujourd’hui, le couple vit au-dessus de l’appartement des parents. Trop occupé pour faire son deuil «C’est à ce genre de projet que je souhaite que mon argent aille après ma mort», déclare Bernhard Wyss. A 63 ans, il compte bien vivre encore quelques années. S’il s’est déjà préoccupé d’établir son testament, c’est par rapport au décès de sa mère, il y a deux ans. Cette dernière est décédée à l’âge de 94 ans après une courte maladie. «J’étais triste, bien sûr, mais aussi reconnaissant qu’elle n’ait pas dû souffrir longtemps», dit Wyss. Ce qui a été le plus pesant pour lui, c’est qu’il n’arrivait pas à faire son deuil car la succession lui a occasionné énormément de travail. «J’aurais souhaité pouvoir recevoir toutes les informations utiles d’une seule source. Cela a été la galère de devoir glaner les informations auprès des différentes instances.» Wyss s’est donc juré que quand il mourrait, tout serait réglé et clair. Comme il est célibataire et n’a pas de descendance, il n’a pas dû respecter la clause réservataire lors de la rédaction de son testament. Cela lui donnait une certaine liberté mais aussi une grande responsabilité. En tant que cadre dans une grande assurance, Wyss a bien gagné sa vie et bénéficie désormais d’une retraite bien méritée. Il s’est mis alors à réfléchir à ce qui lui tenait le plus à cœur et en a conclu que c’était la culture sous toutes ses formes. Selon lui, la culture ce n’est pas seulement la musique et l’art, mais aussi la manière de contri- D O N S 19 DONS À CHOIX Dons en général Vous faites un don à l’Aide Suisse aux Montagnards, en effectuant un versement. C’est l’Aide Suisse aux Montagnards qui décide quel projet doit être soutenu. Dons à thème Vous avez la possibilité de choisir le domaine dans lequel vous souhaitez que votre don soit investi: «Habitat et ferme», «Alpage et fromage», ou «Innovation et avenir». C’est à vous de décider. La contribution annuelle pour de tels dons a été fixée à Fr. 480.–. Dons en faveur d’un projet Vous faites un don en faveur d’un projet concret. Vous trouverez une sélection des projets à soutenir sur www.aideauxmontagnards.ch. Nous tenons par ailleurs à votre disposition une liste des projets actuels. Le montant minimum pour ce genre de dons est de Fr. 1000.–. Dons à l’occasion d’un événement Belle complicité entre le retraité Bernhard Wyss et Meinrad Gerold, paysan de montagne. buer à soutenir une cause symboliquement importante pour la Suisse, en l’occurrence la sauvegarde de l’univers montagnard. «En tant que gens de plaine, on ne peut pas ne pas s’en préoccuper. Il est important que la population montagnarde entretienne les paysages. C’est un travail considérable et pour lequel j’ai un énorme respect.» Prendre soin de moi et des autres. Commandez notre documentation sur la prévoyance personnelle et la planification des successions. Vous trouverez dans ce dossier toutes les informations dont vous pourriez avoir besoin pour planifier votre propre prévoyance et votre succession. En tant que donateur, vous le recevrez gratuitement. Pour ce faire, remplissez simplement le volet ci-contre. Un anniversaire, un jubilé, un mariage ou tout autre événement festif constituent toujours une bonne occasion de penser aux personnes qui ont besoin d’aide. Dons de condoléances Suite à un décès, vous pouvez également faire un don à l’Aide Suisse aux Montagnards, à la place de couronnes ou de fleurs, lorsque le défunt ou sa famille en ont exprimé le désir. Vous trouverez toutes les indications utiles sur www.aideauxmontagnards.ch à la rubrique Dons/Dons en cas de décès. Successions et legs Vous souhaitez léguer des biens à l’Aide Suisse aux Montagnards? Martin Schellenbaum se fera un plaisir de vous conseiller. Tél. 044 712 60 56. Notre brochure «Donner une chance à la vie en montagne» vous livre également de précieux conseils en matière de testaments. Modes de versement Compte postal 80-32443-2 IBAN CH44 0900 0000 8003 2443 2 Compte WIR 264641-38-0000 Ou utilisez simplement le bulletin de versement annexé. Nous vous remercions très chaleureusement pour votre don! Pour de plus amples informations: www.aideauxmontagnards.ch Avez-vous des questions relatives aux dons? Appelez-nous! Nous nous ferons un plaisir de vous conseiller. Vous pouvez nous joindre par téléphone au: 044 712 60 60 ou par e-mail: [email protected] 2_ 2014 Le Montagnard 20 Fondation Aide Suisse aux Montagnards Soodstrasse 55, 8134 Adliswil, tél: 044 712 60 60 www.aideauxmontagnards.ch, [email protected] Compte postal 80-32443-2
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