LE JEUNE ATHLETE

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Le jeune athlète
et le triple saut
DANIEL LAIGRE
Responsable national jeune triple saut
Réputé discipline
traumatisante, le triple
saut a connu bien des
difficultés pour trouver
sa véritable place au
sein du registre
athlétique ainsi que
dans le cœur des
entraîneurs-éducateurs
soucieux de préserver
l’intégrité physique
des jeunes qui leur
sont confiés.
L’ouverture
de la spécialité
aux féminines, la
médiatisation du triple
saut devenu show
grâce à des sauteurs
d’exception tel que
Banks, premier à
inviter le public à être
partie prenante de la
performance en
cadençant la course
d’élan au rythme des
applaudissements, tels
que Jonathan Edwards
régulier toute une
saison au-delà
de la mythique ligne
des 18 m, tels que
Serge Hélan et Pierre
Camara, les deux
meilleurs spécialistes
de l’hexagone de ces
dernières années
habitués des podiums
internationaux, ont
contribué à donner au
✔ Situation 1
triple saut une
meilleure image
d’une activité que
l’on peut exercer sans
modération pourvu
que l’on se soit
doté des éléments
indispensables à une
pratique sans risques
inconsidérés.
Deux foulées d’élan ; dans le sable, une foulée
bondissante plus un ramené de saut en longueur
(cf. document de Alain Tronqual).
Objectif : avoir un maximum de vitesse pour
réaliser le saut en longueur (chasser le sable du
bac).
SAUTER VITE POUR
SAUTER LOIN ET…
LONGTEMPS
✔ Situation 2
Triple sauter c’est enchaîner des
rebonds après une course
d’élan rapide ; ces enchaînements de bonds s’ils sont mal
réalisés ou tout au moins effectués sans prendre garde de limiter les pressions peuvent effectivement
provoquer
des
traumatismes d’autant plus
graves qu’ils s’appliquent à des
organismes en pleine mutation.
Il convient donc de mettre l’accent sur une réalisation adaptée
aux jeunes athlètes.
Deux foulées d’élan ; dans le sable cloche pied
plus ramené de saut en longueur.
✔ Situation 3
Apprendre
Les sauts trop “montés” provoquent des écrasements au sol ;
des écrasements surtout visibles
à la réception du cloche pied ; à
l’initiation il convient de limiter
ces pressions génératrices de
traumatismes. L’une des solutions pour résoudre ce problème consiste à considérer le
triple saut dans un premier
temps comme un saut en longueur précédé de deux appuis
spécifiques.
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Deux foulées d’élan ; cloche pied limité dans
l’espace (filles environ 3 mètres, garçons environ
3 m 50) sur la piste d’élan + foulée bondissante et
saut en longueur dans le sable.
L’esprit de cet apprentissage
(voire de cette rééducation)
consiste à faire percevoir au
sauteur en herbe que le paramètre conservation de la
vitesse est l’élément essentiel
de la performance. Contrairement à ce que veut bien laisser
entendre la “sagesse populaire” : ce qui est pris n’est plus
à prendre (donc plus je parcours de distance dans le
cloche pied plus j’ai de chance
d’aller loin), il convient d’effectuer ce cloche pied sans dépenser excessivement de vitesse.
Toutefois si cette organisation
nous paraît essentielle pour le
jeune triple sauteur, les principes fondamentaux régissant
cette discipline demeurent bien
évidemment de mise pour le
jeune triple sauteur.
L’appui :
Le pied sert de véritable interface entre le sol et le sauteur ;
le contact avec le sol au cours
des rebonds doit s’effectuer de
manière précise :
Légèrement en avant de la
projection verticale du centre de gravité, pied armé, en
passant sur toute la surface
du pied, celui-ci arrivant au
sol avec un mouvement
d’avant en arrière (cf. la notion de J.H. Stievenart poserpasser-pousser).
L’équilibre :
Pendant toute l’exécution du
triple saut le buste doit rester
perpendiculaire à la piste (tronc
droit) : la mobilisation des segments libres permettra d’enrayer
les rotations créées à l’appel.
Le déplacement
du bassin sur l’appui
Pendant que le pied est au sol
le bassin doit parcourir dans le
minimum de temps le maximum de chemin ; pour ce faire
il convient de limiter les déformations, le travail de gainage
(en prenant soin de ne pas limiter la mobilité articulaire) sera le
garant de cette bonne tenue
du bassin.
L’entraînement
La coordination :
Les impacts sur cette qualité
seront permanents avec les
situations proposant des enchaînements de cloche pied, de
double cloche pied, de foulées
bondissantes, mais également
avec les situations mettant en
œuvre la mobilisation des segments libres.
✔ Situation 4
La vitesse :
Cf. le travail de l’école de la
course (courir, courir vite, savoir
accélérer, courir placé et disponible pour enchaîner une succession d’actions, courir avec précision pour ajuster une cible…).
Même exercice que le 3, avec 4, 6, 8… foulées d’élan
tout en maintenant la contrainte espace du cloche pied ;
l’objectif demeure de passer très vite dans le cloche pied
en décollant le moins possible. Le critère de réussite
pour le jeune athlète sera de pouvoir réaliser le dernier
saut avec un maximum de vitesse.
La force :
Les foulées bondissantes : en
nombre limité, mais en insistant sur la qualité de la réalisation et sur la vitesse d’exécution (5MB chronométré ; 10MB
chronométré départ pieds joints,
tout type d’enchaînement avec
2, 4, 6, 8 foulées d’élan ces
enchaînements débutant systématiquement par un cloche pied
et étant chronométrés.
Ces foulées seront effectuées
sur diverses surfaces : pelouse,
sable, tapis, piste… en training,
avec les chaussures à pointes
mais également pieds nus ! Ces
exercices pourront également
être effectués les yeux fermés
le sauteur, privé de ses repères
visuels devra faire appel aux
informations provenant du pied
pour solutionner les problèmes
d’équilibration et de propulsion,
problèmes qu’il lui faut régler
pour être performant !
La musculation avec charge
additionnelle : ce sera avant
tout une initiation aux différents
mouvements de l’haltérophilie,
l’accent étant porté sur la qualité de la réalisation couplée à
la vitesse d’exécution ; tous
les exercices de Starzinski seront
privilégiés ; ils constitueront tout
au long de la carrière de l’athlète le fil rouge du travail relatif
au développement de la force
chez le triple sauteur.
La souplesse :
Cf. le travail de préparation
physique de l’athlète.
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✔ Situation 5
Deux foulées d’élan ; cloche pied + foulées bondissantes
contraintes (filles environ 5 m 50 ; garçons environ
6 m 50) sur la piste d’élan + saut en longueur. Mesurer
la longueur du saut en longueur en distance et en temps.
Objectif : Améliorer ce rapport espace-temps.
✔ Situation 6
Même exercice avec 4, 6, 8… foulées d’élan tout en
maintenant la contrainte espace du cloche pied et de la
foulée bondissante ; l’objectif demeure de passer très
vite dans le cloche pied en décollant le moins possible.
Le critère de réussite pour le jeune athlète sera de pouvoir réaliser le dernier saut avec un maximum de vitesse.
Triple sauter c’est :
Equilibrez-vous
Ce sera le leitmotiv
de l’entraînement
du jeune athlète.
Equilibre
dans la réalisation
technique du geste :
Equilibre du sauteur :
Le buste doit rester en permanence perpendiculaire au sol
pendant toute la réalisation
du geste, la mobilisation des
segments libres enrayeront
les rotations créées aux divers
appels.
demeure pas moins que cet
aspect régularité conserve son
importance mais plus que sur la
mesure métrique l’on mettra
l’accent sur la rythmique du saut
en demandant au jeune sauteur
de s’écouter sauter et de jouer
ses rythmes ; malgré tout si l’on
souhaite tenir compte de la longueur de chaque bond, dans la
logique de la conservation de la
vitesse préconisée précédemment, il conviendrait de tendre
vers une répartition de type
36% + 28% + 36% voire 35%
+ 28% + 37%.
Equilibre
dans la gestuelle du saut :
Equilibre
dans la conception
de l’entraînement :
Les trois bonds doivent tendre à
être réguliers néanmoins la
répartition 33% + 33% + 33%
ne correspond pas à la réalité de
la spécialité, le cloche pied (qui
bénéficie de toute la vitesse de
la course d’élan) et le dernier
bond (avec les centimètres
emmagasinés par le ramené)
seront logiquement plus longs
que la foulée bondissante (celleci oscillera entre 27 et 30 % du
total de la performance) ; il n’en
S’il convient avant tout de sauter juste et donc de s’attacher à
la bonne réalisation du geste
(technique) il faut également
s’attacher à développer les
moyens qui permettent de pouvoir sauter juste puis de sauter
loin tout en préservant son
intégrité physique ; l’entraînement du jeune triple sauteur
respectera donc cette notion
d’équilibre dans sa préparation
physique.
Ce que tout jeune
triple sauteur doit
retenir s’il veut
atteindre un jour
son plus haut niveau
de performance :
• Le triple saut est avant tout
un saut et non la somme de
trois bonds, en conséquence
la meilleure représentation
que l’on puisse en faire est la
comparaison avec le galet qui
ricoche sur l’eau ; plus il est
lancé avec vitesse et à plat et
plus il a de chance d’aller loin.
• Si le facteur vitesse est important, l’accélération terminale
est déterminante pour la réalisation de performance de
pointe ; aussi faut-il arriver sur
la planche en accélération
(notion de rythme).
Faut-il choisir le pied
d’appel du saut
en longueur comme
pied de cloche pied ?
C’est un débat non résolu ;
l’avantage du choix du pied
d’appel du saut en longueur
comme pied de cloche pied
réside à deux reprises autant
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utiliser celui qui possède ces
aptitudes.
Toutefois dans la stratégie d’apprentissage que nous venons
de développer il nous semble
plus logique de conserver le
pied d’appel-longueur pour le
dernier saut du triple ; dans
l’esprit le jeune sauteur doit dès
lors passer très à plat dans les
deux premiers bonds pour se
retrouver en situation d’effectuer un dernier saut quelque
peu semblable à un saut en
longueur.
Reste un paramètre à ne pas
négliger celui de l’ajustement
de la planche ; de l’habileté ou
de la non-habileté à résoudre
ce problème peut découler le
choix du pied de cloche pied.
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