2014 | dossier septembre 2014 chorégraphie pour 5 interprètes création au Théâtre Sévelin 36, Lausanne (CH) Première : 19 novembre 2014 coproduction Théâtre Forum Meyrin version : CieSaire_UtopiaMia_F_140926 www.philippesaire.ch/index.php/fr/spectacles/utopia-mia NOTE D’INTENTION 3 U-TOPIE3 LA SCÉNOGRAPHIE 4 LA DANSE 4 LES MUSIQUES 4 L’IMAGERIE DES 70’S 5 LE POLITIQUE DANS LA DANSE 5 BIOGRAPHIES6 UTOPIA MIA PÉRIODE DE CRÉATION 2014 DURÉE env. 70 min. COPRODUCTION Théâtre Forum Meyrin, Meyrin (CH) DISTRIBUTION Chorégraphie Philippe Saire En collaboration avec les interprètes Géraldine Chollet, Philippe Chosson, Lee Davern, Maïté Jeannolin, Antonio Montanile Dramaturge Roberto Fratini Serafide Assistante Émilie Launay-Bobillot Scénographie et lumières Eric Soyer Création vidéo Renaud Rubiano Création sonore Stéphane Vecchione Recherche musiques Valérie Niederoest Costumes Isa Boucharlat Maquillage Nathalie Monod Direction technique Yann Serez, Benoît Michellod Régie son Xavier Weissbrodt Captation vidéo et teaser Pierre-Yves Borgeaud A près un printemps 2014 marqué par des tournées à New York, Paris et au Moyen-Orient, ainsi qu’une création, NEONS, Philippe Saire présente une nouvelle pièce en novembre 2014, coproduite par le Théâtre Forum Meyrin. Création pour 3 danseurs et 2 danseuses, Utopia Mia interroge notre rapport intime à l’utopie. Elle produit des images paradisiaques, scrute les élans militants, et en révèle parfois les déceptions, sur fond de musiques rebelles. Utopia Mia nous rappelle les rêves éveillés d’hier et d’aujourd’hui, des cités idéales de la Renaissance aux hippies des années 1960-70. Plus récemment, c’est le mouvement des Indignados, né à Madrid, qui a poussé le chorégraphe à travailler sur les utopies. Comment part-on de nos réalités troublées pour imaginer un avenir meilleur ? Utopia Mia, c’est le rêve enchanté d’une île où tout peut être recommencé, où les mouvements des danseurs sont porteurs de changement sensible, où la musique sublime les idéaux, juste là, sur scène, à portée de main. L'utopie, à notre portée. REPRÉSENTATIONS Théâtre Sévelin 36, Lausanne (CH) 19 au 30 novembre 2014 – Première Théâtre Forum Meyrin, Meyrin (CH) 4 et 5 décembre 2014 Théâtre Nuithonie, Fribourg (CH) 9 et 10 décembre 2014 Forum Saint-Georges, Delémont (CH) 11 et 12 décembre 2014 (dates supplémentaires à venir) SOUTIENS ET PARTENAIRES Ville de Lausanne, Canton de Vaud, Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, Loterie Romande, Fondation de Famille Sandoz, Fondation Meyrinoise du Casino, Fondation Sophie & Karl Binding, Pour-cent culturel Migros, Sixt, La Terrasse, 360°. CONTACT Administration & communication, presse Valérie Niederoest [email protected] Diffusion & tour management Gábor Varga [email protected] Cie Philippe Saire Av. de Sévelin 36 CP 110 CH – 1000 Lausanne 20 T +41 21 620 00 12 [email protected] www.philippesaire.ch Design graphique & photographies matière grise | Philippe Weissbrodt P hilippe Saire, figure majeure de la danse contemporaine en Suisse, a créé une trentaine de spectacles à ce jour, sans compter les performances in situ, court-métrages et ateliers. Une volonté l’anime, celle de ne pas se répéter. Ses intérêts portent vers les arts visuels, le théâtre, la musique, le cinéma, la performance, la lumière, avec toujours le caractère de créations intenses et ciselées. Vacarme, Étude sur la Légèreté, Vie et Mœurs du Caméléon Nocturne, La Haine de la Musique, Les Affluents, [ob]seen, Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie ? et Black Out comptent parmi les créations qui ont permis à la Compagnie Philippe Saire d’acquérir une notoriété au-delà des frontières suisses. Depuis sa fondation en 1986, la compagnie a donné plus de 1’000 représentations dans plus de 180 villes d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique. En 1995, Philippe Saire inaugure son lieu de travail et de création, le Théâtre Sévelin 36. Situé à Lausanne, ce lieu est entièrement consacré à la danse contemporaine, il contribue à la circulation d’œuvres de dimension © Gregory Batardon internationale, tout en programmant des compagnies locales dont il favorise l’émergence. Le Théâtre Sévelin 36 est le lauréat du « Prix spécial de danse 2013 » de l’Office fédéral de la culture. Conduit de 2002 à 2012, le projet Cartographies, mêlant performances en ville de Lausanne et création vidéo, témoigne d’une envie de sortir la danse des murs du théâtre. Les 11 chorégraphies in situ, filmées par 9 réalisateurs romands dont Lionel Baier, Fernand Melgar, Bruno Deville, PierreYves Borgeaud et Philippe Saire lui-même, sont sorties en collection complète au printemps 2013 sous la forme d’un livre-DVD et continuent leur parcours dans les festivals de par le monde. NOTE D’INTENTION Philippe Saire J e n’ai pas manifesté en 68, j’étais trop jeune, j’étais en Suisse. Je n’étais pas à Woodstock. Mon passage à l’âge adulte a baigné dans ces années 1970 qui ont prolongé tous ces mouvements. J’étais contre la guerre, j’ai manifesté, j’étais contre la société de consommation – j’ai aujourd’hui un iPad et un iPhone – j’étais non-violent, je croyais qu’on pouvait changer le monde en s’y mettant tous ensemble, je croyais sérieusement à tout ça. Je n’ai pas fumé de joints, pas pratiqué l’amour libre. J’ai enseigné, puis arrêté, trouvé que l’école ne jouait pas son rôle de former des gens capables de libre-arbitre, de faire évoluer le monde, détesté la TV comme manipulateur de masse, regardé la TV, détesté la TV… Je n’ai pas eu le sentiment de m’être pour autant résigné, malgré l’iPad et l’iPhone, mais de m’être « arrangé ». Et j’ai fait de la danse, du spectacle, de l’utopie en barres. Me demandant parfois à quoi ça servait, le demandant une fois aux spectateurs, avec la réponse véhémente de l’un d’entre eux qui me disait combien c’était essentiel pour lui, quel espace de liberté ça lui apportait, et combien ma mise en doute le fâchait. Je me suis dit que peut-être ce que je faisais servait à cela : rendre et garder sensible, et résister, à la disparition de l’altérité, à la disparition du regard qu’on pose sur autrui, à nos yeux captivés et capturés par les écrans, … Que mon utopie se concrétisait là, peut-être. NOTE DE TRAVAIL | Philippe Saire, août 2014 Imaginons une scène, un horizon marin, une plateforme inclinée qui déverse des danseurs sur le plateau. Des musiques qui démarrent le pied posé sur le sol et qui nous meuvent. Qui nous ébranlent. Qui réveillent ce que, peut-être, nous avons enfoui sous les compromis et les contentements. Qui nous remuent. Nouvelle mue. Des corps qui articulent ce que les mots n’ont pu dire, une lame de fond qui les secoue. Si le repos est nécessaire, si le regard se dilue dans la mer, les aquariums et les lampes psychédéliques, ce congé ne saurait être qu’un répit. Notre inapaisement émergera à nouveau, bousculant nos chaises longues, appelant de sa corne de brume nos souvenirs d’adolescents questionneurs et querelleurs. Ce temps béni et incommode de l’ennui et de la réfection des promesses du monde. Nous n’avons pas à accepter les choses telles qu’elles sont. Dans le fond nous le savons. Pas réalistes, les hippies, les « Indignados » et les autres ? Et alors, c’est quoi, notre réel ? De quelle matière est-elle faite, cette existence, qu’on ne puisse y toucher ? D’un argile si friable, de béton ? Un sac de nœuds tel qu’on ne parvient pas à le dénouer, dont on se trouve captif si on s’y aventure ? A l’ère de l’introspection, des multiples thérapies et techniques de développement personnel, le questionnement de notre société est cantonné à un plan très secondaire. Si je ne parviens pas à me sentir bien dans un contexte, le problème vient aussi de ce contexte. Déserter le camp de l’impuissance et prendre celui de l’innocence est salutaire. La candeur de la table rase. « Utopia Mia », c’est un spectacle de danse. Il ne va faire ni discours ni révolution. Les corps, les images vont être imprégnés de toutes ces tensions qui nous traversent, de nos aspirations, de nos refus, de nos luttes, de nos tentatives. De notre fondamental désir d’être biens au monde, et dans un monde bien. Un spectacle porté par des musiques qui nous soulèvent comme des vagues. Et quelques références hippies, vers la fin, non par nostalgie ou pour en signifier l’échec, mais pour garder la mémoire de cet épisode, et se rappeler d’en inventer de nouveaux. septembre 2014 Cie Philippe Saire | Utopia Mia U-TOPIE L e projet de ce spectacle sur l’utopie est venu avec l’émergence du mouvement des Indignados, démarré à Madrid en 2011. Mouvement qui a tiré son nom du livre de Hessel, Indignez-vous. Je réalisai là concrètement que, depuis les années 1970, c’était la première fois que je voyais un groupe de gens se mettre ensemble pour réfléchir de manière constructive à notre monde, soutenus par une large population qui percevait là un début de solution. J’ai trouvé ça très émouvant, et ça m’a renvoyé à mon propre parcours de vie, à ce que j’avais bien pu faire de mes convictions de jeune adulte. Et à ce que nous en faisons tous, à comment nous nous « arrangeons ». Au-delà de l’émotion, j’ai également été touché par le souvenir de l’enthousiasme qui m’animait alors, un élan, un transport lié à ce monde qu’on rêvait autre, ou susceptible de changer. Et de constater que cet enthousiasme s’est chez moi déplacé dans des formes artistiques, d’une portée à la fois plus concrète et décalée. L’U-topie : la contrée qui n’est nulle part, qu’on ne pourra donc pas trouver. Peut-être est-ce justement cet inatteignable qui motive, enchante, soulève ! Cette attitude « donquichottesque » : ce « rêver d’un impossible monde » qui donne un supplément de vie et pose un regard dynamique et actif sur nos actes. Utopia Mia est né de l’envie d’interroger notre rapport à l’utopie au travers la mémoire collective de mai 68 et de ces années 1970 qui ont amené un réel changement dans l’imaginaire collectif. Un point de vue totalement personnel. Pas le lieu de produire une pièce didactique, historique, désabusée ou teintée d’une quelconque nostalgie. Cette période, à la fois proche et lointaine, nous l’utiliserons pour ses signes génériques, son imagerie. Nous allons par contre nous appliquer à rendre intemporel ce qui traverse le interprètes. Un questionnement, le plus ludique et joyeux possible, sur la nécessité de nos élans et désirs de changement, et ce que nous en faisons, sur l’absurdité fondamentale de la situation. De quel monde nous rêvons, et comment nous nous y projetons. 3 LA SCÉNOGRAPHIE T homas More situait son « Utopie » – sa république idéale – sur une île. Toutes les tentatives concrètes de créer un monde différent ont été faites dans l’isolement, dans la coupure avec la civilisation. Une forme d’autarcie, repliée sur elle-même, avec ses propres règles, au final très contraignantes, voire totalitaires. Le topos de l’île a inspiré la scénographie, une plate-forme y fait allusion. En fond, une projection de mer renforce cette idée et évoque par son traitement les lampes psychédéliques à bain d’huile des années 1970. LA DANSE Q ue peut faire la danse pour explorer nos rapports à l’utopie ? Certainement pas illustrer ou expliquer, ce n’est pas son domaine. La danse comme éloge de la sensation. Le choix d’une danse qui ne travaille pas sur la distance, la théâtralisation ou la parodie, mais sur une réelle implication. Elle se doit d’explorer des chemins hors-normes, eux aussi utopiques. Elle se doit aussi de fuir toute formalisation, et de trouver une écriture gestuelle qui garde des parts de liberté et de prises de risques. Pour construire la danse, nous nous appuyons sur : • des éléments très spécifiques à l’utopie, tels la colère, la contagion, l’élan, la construction commune, l’urgence, l’enthousiasme,… • sur des sensations très personnelles aux danseurs et danseuses, sur ce que j’ap- LES MUSIQUES L NOTE DE RECHERCHE MUSICALE | Valérie Niederoest, septembre 2014 a musique comme pouvoir rassembleur et projection individuelle : nous allons nous appuyer sur la force contestataire des musiques de diverses époques, dont certaines ont marqué la mémoire collective. La pensée politique faisait parfois défaut en mai 68 et dans les années 1970. De manière lapidaire, on pourrait dire que l’idéologie était remplacée par des chansons. Woodstock est autant perçu comme un rassemblement contestataire que comme un concert. Avec le développement d’internet, la musique reste un média contestataire qui peut toucher rapidement les masses. Tout en reproduisant les paradoxes associés : la forme même de la chanson est-elle compatible avec une réelle contestation ? Issue du système, va-t-elle pour voir le changer ? La mélodie, le look, ne vont-ils pas prendre le dessus sur le fond ? Pascal Quignard, dans La Haine de la musique – de fait un livre d’amour de la musique – a décrit les mécanismes de cette puissance rassembleuse, ses dérives aussi : la musique implique une perte de soi, bienfaisante souvent, mais dangereuse lorsque manipulée. À ce propos, Lénine disait : « Là où on veut des esclaves, il faut beaucoup de musique. » Forts de ces constats, avertis des dérives possibles, il nous a paru essentiel de mettre la musique au centre d’Utopia Mia. Que les chansons soient ici la seule parole, ou succédané de parole et de projet politique. Tous les mots du spectacle, projetés, dits, chantés, proviennent exclusivement des chansons. Ainsi, la pièce est pensée et structurée comme un disque, avec ses morceaux et ses interludes. Chaque piste avec son titre et son action propre, comme autant de tentatives de refaire le monde, le sien. Chaque chanson comme une île. 4 pelle le « ce que ça nous fait », en quoi ces questions-là nous touchent. C’est donc une très grande sollicitation en ce sens qui est demandée aux interprètes. On le voit dans la suite de ce dossier : l’univers sonore de la pièce, ses costumes et sa scénographie sont parcourus par de nombreuses références visuelles et musicales, d’imaginaire collectif, d’éléments très signifiants : le mouvement peut, lui, se trouver comme « débarrassé » de toute obligation de connotation explicite, et peut se concentrer sur des états de corps. Pour donner physiquement cette ambivalence entre nos rêves et nos compromis. Une série de morceaux triturés, allongés, raccourcis, mis en boucle, forment les « plages » de la pièce. Ils sont issus d’un style musical porteur de rébellion depuis deux générations en Occident : le rock. Dans la recherche musicale effectuée pour « Utopia Mia », les sous-genres et dérivés du rock – au sens large – que nous explorons sont le protopunk, le folk, le rock psychédélique, le punk, le post-punk, le post-hardcore, le post-rock, et l’électro-rock. Nous ne souhaitons pas offrir un catalogue de musiques contestataires et anticonformistes, ni une chronologie, encore moins être exhaustifs. Il s’agit de créer un univers sonore qui ait une cohésion de sens et de son, et d’apporter avec les paroles de certains morceaux un contenu textuel, une charge explicative que la danse a choisi de ne pas endosser. Par souci de cohérence, nous nous sommes limités à un style, un seul, le rock, sans perdre de vue que le blues, le rap, le funk, le reggae, le grime, le ska, la chanson française, la musique électronique, eux aussi, ont été et sont aujourd’hui les bandes-son de mouvements contestataires ou anti-conformistes de par le monde. De ces registres musicaux, le rock y-compris, tous ont été militants et aussi tous ont été récupérés par l’industrie de la musique, utilisés dans des publicités d’opérateurs téléphoniques, vidés de leur sens premier : la revendication d’un mode de vie différent, et parfois d’un changement politique. Il reste que derrière le bling-bling, on trouve toujours des poches de subversion, des désirs de prise de parole, dans le rap comme dans le rock et l’électro. À ce moment-là, la musique peut devenir intéressante ; lorsque l’urgence fait partie de son processus de création, lorsque la recherche de rupture artistique et/ou politique est à son fondement. Cie Philippe Saire | Utopia Mia septembre 2014 LE « CE QUE ÇA NOUS FAIT » J’ai dit à plusieurs reprises vouloir que cette pièce soit joyeuse. Je sens qu’il est essentiel que la pièce ne se contente pas d’être un discours sur l’utopie, mais qu’elle tente elle-même d’en être une. Une des meilleures manières de traiter du sujet est de passer par la sensation, de réveiller ce qui existe en nous d’une jubilation possible. Il y a une forme de salubrité dans l’utopie. C’est probablement son propre que d’ouvrir un sentiment de puissance et d’espérance, et une des meilleures voies pour ne pas retourner la colère contre soi. C’est aussi le choix de la voie oblique plutôt que de la ligne droite. Une relation particulière à notre temps: jouer sur le décalage et déjouer les formes routinières. Notre résolution de l’utopie, c’est peut-être aujourd’hui de «tendre vers» plutôt que bêtement chercher à aboutir. L’IMAGERIE DES 70’S L’ imagerie attachée aux années post-68 arrive en force à la fin de la pièce. Elle est clairement celle d’une apparence un peu foutraque, débridée, en opposition aux codes vestimentaires et sociétaux de l’époque. On en reste très souvent à ce cliché-là, et à réduire un mouvement traduisant des aspirations vitales à un rassemblement de hippies excentriques. La confrontation soulevée ici m’intéresse : comment concilier l’interrogation essentielle des bienfondés de notre société avec une apparence qui rebute, prête à sourire, ou en tout cas met à mal le sérieux du questionnement et des revendications ? En quoi notre regard péjore-t-il ce qui devrait nous impliquer ? En quoi prend-il le pouvoir sur le fond ? Au final, en quoi nous pénalisons-nous ? La condescendance envers le look décalé des hippies, Indignados et autres altermondialistes en dit long sur notre « époque de l’emballage ». Les liens tendus entre l’apparence et la prise au sérieux ont finalement bien peu évolué depuis Diogène, qui, au passage, défendait quelques idées intéressantes : Les conventions font tous nos maux ? Renversonsles et soyons libres et heureux. La civilisation c’est la guerre ? Soyons barbares mais pacifiques. Les beaux discours servent le pouvoir? Aboyons, mordons… Les références visuelles aux années 1970, à la fin du spectacle, ne nous renvoient pas à une quelconque nostalgie, elles sont là pour rendre compte de l’héritage de cette période. Mai 68, dans notre culture francophone, est un événement proche qui, déjà, est entré dans l’Histoire, et qui a changé les fondements de notre société. Cette balise de la mémoire collective a été un référent à plusieurs étapes de notre travail. Il nous a semblé important de la faire apparaître dans la pièce, ce d’autant plus que l’isolement et le déni du passé sont des caractéristiques récurrentes à la majorité des utopies, et peut-être une des raisons de leurs échecs. LE POLITIQUE DANS LA DANSE I l y a une sorte d’adéquation, ou de tension, à trouver ici : la danse n’a que peu exploré explicitement en Europe les positionnements politiques. Elle a peu joué sur la tension générée par le réel amené dans l’artefact. C’est un axe de travail qui m’importe : référer pour détourner dans une forme singulière, et ainsi ouvrir sens, réflexion et mémoire personnelle. Une des évolutions manifeste dans la revendication utopique, c’est que l’ennemi à combattre ou l’idéal à atteindre ne semblent plus clairement définis : « Et que la guerre ne soit pas bonne, que les diverses formes de déshumanisation soient générées par la pauvreté, matérielle, économique, ou culturelle via la saturation de l’espace mental par un certain type d’images, voilà qui façonne un large consensus mais ne suffit sans doute pas à redessiner du sens politique. Il semble largement entendu aujourd’hui qu’aucun principe de vérité ne peut plus être posé comme horizon utopique septembre 2014 Cie Philippe Saire | Utopia Mia de notre présent social. Mais la question de la transformation du monde et celle du rôle que l’art peut y tenir demeure présente, fût-ce en termes moins tranchés. » (Nancy Delhalle, in Alternatives théâtrales, n° 100 : Poétique et politique) Plus que dans l’aspect tranché du bien et du mal, c’est dans la révélation de nos ambivalences que se trouve sans doute aujourd’hui la matière que la scène peut révéler. La tension entre la dimension collective et la dimension individuelle. Ce n’est sans doute pas le lieu de changer le monde, mais modestement d’aider à rendre conscient que le monde a besoin d’être changé. Personnellement, si je me suis généralement inspiré de thèmes sociétaux, tels l’insécurité ou le divertissement, je l’ai fait toujours de manière très allusive. Il est vrai que c’est une des forces, et parfois un travers de la danse contemporaine que d’avoir la crainte de trop dire… 5 BIOGRAPHIES PHILIPPE SAIRE 11 chorégraphies in situ, filmées par l’amène à la danse en 1997. Suivent Prague, Rome, Montréal, Tallin, Chorégraphe 9 réalisateurs romands dont Lionel d’autres projets chorégraphiques Tel-Aviv, Wuppertal…). Baier, Fernand Melgar, Bruno Deville, et cinématographiques avec Bruno Algérie, où il passe les cinq premières Pierre-Yves Borgeaud et Philippe Saire Dizien, Laura de Nercy, Mathieu Punto con Fondo (2002), Niedich (2003) années de sa vie. Établi à Lausanne, lui-même, sont sorties en 2013 sous Poirot-Delpech (réalisateur), Laure et Un Fascio di nervi (2008 – honoré du il se forme en danse contemporaine la forme d’un livre-DVD et souvent Bonicel, Coline Serreau (réalisatrice), prix « Moving » de Fabbrica Europa et suit des stages à l’étranger et programmées en festivals. Pascal Montrouge, Michèle Rust, Dance Festival en Italie). Philippe Saire est né en 1957 en notamment à Paris. En 1986, il crée sa Pareil goût pour l’expérimentation Jean-Marc Heim, Héla Fattoumi et Il est aussi le chorégraphe de Antonio a travaillé avec Caterina propre compagnie. Implantée dans a aussi conduit à la création de Eric Lamoureux, Benjamin Silvestre Sagna pendant 7 ans, notamment la région lausannoise, elle développe Black Out en 2011 – 100e représentation (réalisateur). sur Basso Ostinato, Relation Publique, son travail de création et participe à en 2014 –, une chorégraphie qui se l’essor de la danse contemporaine à déroule dans un carré, avec une 2005 et travaille depuis 2008 avec Sandroni, Maria Clara Villalobos sur travers toute la Suisse. audience en nombre limité, placée en Christian Rizzo (l’association fragile). le spectacle pour enfants Têtes à Têtes, En 1995, la Compagnie Philippe Il rejoint la Cie Philippe Saire en surplomb. Pompei, HeilTanz ; aussi avec Simone et sur la Cartographie no.11 et plusieurs LEE DAVERN Saire inaugure son lieu de travail et de création, le Théâtre Sévelin 36. Situé GÉRALDINE CHOLLET à Lausanne, ce lieu est entièrement Danseuse Danseur En 2005, à l’âge de 23 ans, après autres pièces de Philippe Saire. Il a obtenu le Diplôme d’état au CND de Lyon comme professeur de consacré à la danse contemporaine, Née en Suisse en 1975, Géraldine il contribue à la circulation d’oeuvres Chollet s’est formée au Laban Centre diplômé de la Northern School of à dimension internationale, tout (Londres). De retour en Suisse, elle Contemporary Dance de Leeds au MAÏTÉ JEANNOLIN en programmant des compagnies travaille et danse avec différentes Royaume-Uni, concluant trois années Danseuse locales dont il favorise l’émergence. compagnies (Cie Gaspard Buma, de formation professionnelle en son Le Théâtre Sévelin 36 est le lauréat Cie Fabienne Berger, Cie Prototype sein. Rapidement, il a travaillé comme chorégraphe travaillant actuellement du « Prix spécial de danse 2013 » de Status, Cie Jessica Huber, Cie T2+, danseur en Angleterre. Partageant à Bruxelles. Après avoir étudié dans l’Office fédéral de la culture. Cie Utilité Publique). Depuis 2006, elle son emploi-du-temps avec du service des formations pré professionnelles se forme auprès d’Ohad Naharin et comme barman, il a dansé avec Attik en France (Roanne, Junior ballet « Grand Prix » de la Fondation vau- de la Batsheva Dance Company pour Dance, Wired Aerial Theater et Protein d’Aquitaine/Bordeaux), puis en doise pour la promotion et la création l’enseignement du langage de mouve- Dance. Hollande (Codarts) et plus récem- artistiques. Cette même année, il est ment GaGa aux professionnel-le-s et également lauréat du « Prix d’auteur » aux amateurs/trices de la danse et du Theatre of Ireland (Dublin), Alias maintenant basée – avec un groupe du Conseil général de Seine-Saint- théâtre. Elle enseigne notamment à la (Genève), Jasmin Vardimon (Londres) d’artistes – dans un espace alternatif Denis (France), aux VI Rencontres Manufacture (HETSR), au Bern:Ballett et participé à deux productions et à Bruxelles, mélangeant arts visuels, chorégraphiques internationales pour et au Marchepied à Lausanne. tournées avec DV8 Physical Theater studio d’enregistrement et espaces Etude sur la légèreté. En 2004, Philippe De plus, elle poursuit une recherche (Londres) : To be strait with you et Can de travail. Saire reçoit le « Prix suisse de danse personnelle sur le mouvement et la we talk about this. et de chorégraphie » décerné par voix. En 1998, Philippe Saire obtient le e le mouvement à la Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse romande. La Compagnie Philippe Saire Depuis, il a travaillé avec le Dance Ensuite, Lee s’est installé à Paris, ProTanz, Zürich. Dès 2003, Philippe Saire enseigne avoir été plombier, Lee Davern est danse contemporaine. Maïté Jeannolin est une danseuse- ment à Bruxelles (P.A.R.T.S), elle est Elle a dansé tant ses propres créations que celles d’autres et après un court épisode dans Médée chorégraphes en Belgique et dans PHILIPPE CHOSSON au Théâtre des Champs-Elysées, il d’autres multiples pays (Birdwatching Danseur a travaillé chez Christian & François 4x4 de Benjamin Vandewalle, Drifting, Ben Aïm CFB 451, et dansera bientôt Ville Tentaculaire). Elle a été invitée avec Le Guetteur (Paris). comme intervenante pour des ateliers Né en 1969, Philippe Chosson commence par le travail d’acteur, en 1987 il reçoit le « Prix de l’humour » en France (Centre de danse Belleville) compte à ce jour 30 spectacles, du Conservatoire d’art dramatique ANTONIO MONTANILE et en Lettonie (Latvian Academy of plus de 1000 représentations dans Rhône-Alpes, section improvisation. Danseur Arts) tout en organisant elle même 180 villes d’Europe, d’Asie, d’Afrique, Il entame alors sa formation Antonio Montanile entre à 18 ans ces 3 dernières années des ateliers de avec des études de mime à l’École à l’Accademia Isola Danza de la danse contemporaine dans les Alpes Internationale de Mimodrame de Biennale de Venise. Il intègre ensuite la françaises. régulièrement dans des expositions, Paris Marcel Marceau, puis avec compagnie de Carolyn Carlson pour y galeries d’art, jardins, espaces urbains Corinne Soum et Steven Wasson travailler pendant 4 ans. et autres lieux extérieurs à la scène. (assistant-e-s d’Étienne Decroux). du Moyen-Orient et d’Amérique. Elle se produit également En 2001, la Biennale de Venise, en coproduction avec le Teatro Massimo ROBERTO FRATINI SERAFIDE Dramaturge Après des études à l’École Conduit de 2002 à 2012, le projet Il s’oriente vers le théâtre gestuel à Cartographies, mêlant performances partir de 1993 en compagnie de Laura de Palermo, lui passe commande et Normale Supérieure de Pise en théorie en ville de Lausanne et création vidéo, Scozzi. il crée son premier solo Quduo’, qui théâtrale, Roberto Fratini Serafide entamera par la suite une tournée devient assistant et co-dramaturge internationale (Londres, Milan, Tunis, du chorégraphe Micha van Hoecke de témoigne de cette envie de sortir la danse des murs du théâtre. Les 6 Sa rencontre décisive avec Bernard Glandier (Cie Alentours) Cie Philippe Saire | Utopia Mia septembre 2014 1995 à 1998. Il crée ses propres spectacles à Palerme en 1997-1998 avec la compagnie Substanz. Il est professeur de théorie de la danse à l’Université de Pise depuis 2002 ainsi qu’au Conservatoire Supérieur de Danse de Barcelone depuis 2003. Il donne aussi des conférences sur l’histoire de la danse et écrit des articles de théorie de la danse dans des revues italiennes et étrangères. Il est également l’auteur de Nodo Parlato, recueil de poèmes édité en 2000 chez Crocetti en Italie. Depuis 2001, il travaille avec Caterina Sagna comme dramaturge et auteur des textes de scène dans Sorelline, Relation Publique, Heil Tanz! ou encore Basso Ostinato. ERIC SOYER Créateur lumières et scénographe Après des études autour des architectures éphémères à l’École Boulle, Eric Soyer conçoit des scénographies et des éclairages pour septembre 2014 de nombreux metteurs en scène et chorégraphes sur les scènes d’Europe. Il signe plusieurs collaborations depuis 2006 avec Hermès pour qui il crée les espaces lumineux des spectacles du Salon de Musique, pièces musicales et chorégraphiques uniques avec Shantala Shivalingappa et Ferran Salva, Raphael Delaunay et Antoine Hervé, Ofesh Shechter, David Drouard puis Rachid Ouramdan. Eric Soyer entame une collaboration avec l’écrivain et metteur en scène Joël Pommerat en 1997 qui se poursuit aujourd’hui autour de la création d’un répertoire de 18 spectacles de la compagnie Louis Brouillard plusieurs fois récompensée. Il s’initie à l’art chorégraphique en 2005 avec la Chorégraphe Nacera Belaza et poursuit cette exploration entre autre avec Thierry Thieu Niang. Il aborde également l’opéra contemporain avec les compositeurs Oscar Strasnoy, Oscar Bianchi, Daan Jansen et Philippe Boesmans. Il reçoit un prix du Syndicat de la critique journalistique française pour son travail en 2008 et en 2012. interprète, et NEONS Never Ever, Oh ! Noisy Shadows. VALÉRIE NIEDEROEST STÉPHANE VECCHIONE Recherche musicale Créateur sonore et interprète Musicienne au sein de plusieurs groupes tels que Toboggan, Meril Wubslin – avec Christian Garcia membre de Velma – et Wild Guys, Valérie Niederoest a été membre fondatrice et co-directrice artistique du Romandie Rock Club, à Lausanne, après des études en sciences politiques à l’Université de Lausanne et un passage en entreprise. Elle est par ailleurs l’administratrice et chargée de communication de la Cie Philippe Saire. Stéphane Vecchione s’est formé au Conservatoire de Lausanne, à la Section Professionnelle d’Art Dramatique (SPAD), de 1995 à 1999. Il travaille ensuite – en qualité de performer ou musicien – pour de nombreux artistes et compagnies, notamment Stefan Kaegi, Denis Maillefer, Massimo Furlan, Nicole Seiler, Corinne Rochet et Nicholas Pettit. Il est par ailleurs membre du groupe Velma, avec lequel il a reçu le prix « Jeunes Créateurs Musique » de la Fondation vaudoise pour la promotion et les créations artistiques. Stéphane Vecchione a créé les musiques des plusieurs pièces de Philippe Saire : Je veux bien vous croire, Black Out, La Dérive des continents – pièce dans laquelle il est aussi Cie Philippe Saire | Utopia Mia 7 8 Cie Philippe Saire | Utopia Mia septembre 2014
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