UNIVERSITÉ GASTON BERGER DE SAINT LOUIS ÉCOLE DOCTORALE Sciences et Technologie THÈSE DE DOCTORAT Spécialité Informatique Présentée par Dame Diongue Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Gaston Berger de Saint Louis Optimisation distribuée de la durée de vie dans les réseaux de capteurs sans fil Thèse dirigée par Ousmane thiaré soutenue le 13 juin 2014 devant le jury composé de : Rapporteurs : Jean Frédéric myoupo Professeur Université de Picardie Jules Verne (France) Bernard pottier Professeur Université de Bretagne Occidentale (France) Directeur : Ousmane thiaré Maître de Conférences Université Gaston Berger (St Louis) Président : Cong Duc Pham Professeur Université de Pau (France) Examinateurs : Ibrahima niang Maître de Conférences Université Cheikh Anta DIOP (Dakar) Cheikh sarr Maître de Conférences Université de Thiès Maïssa mbaye Maître Assistant Université Gaston Berger (St Louis) Invité : Dédicaces À mes parents ! À mon feu grand père maternel ! À toute ma famille iii Remerciements Ouf c’est parti pour les remerciements ! on ne sait même plus par qui commencé sans une considération subjective. Bref après un court instant de réflexion, je plonge enfin ! ! J’adresse tout d’abord mes sincères remerciements à mon directeur de thèse M. Ousmane THIARE, Maître de Conférences HDR, pour tout son soutien et ses conseils tout au long de ce travail. C’est avec un très grand plaisir que j’entame cette partie, me permettant de lui exprimer mes plus vifs remerciements, pour m’avoir encadré malgré les conditions très difficiles, et pour sa générosité que j’estime beaucoup chez lui.. Je remercie M. Jean-Frederic MYOUPO, Professeur à l’Université de Picardie Jules Verne (France), et M. Bernard POTTIER, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale (France), pour m’avoir fait l’honneur d’accepter de rapporter cette thèse, malgré leurs calendriers très chargés. Je tiens également à remercier M. Cong Duc PHAM, Professeur à l’Université de Pau (France), M. Ibrahima NIANG, Maître de Conférences à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, M. Cheikh SARR, Maître de Conférences à l’Université de Thiès, et M. Maïssa MBAYE, Maître Assistant à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, qui m’ont fait l’honneur d’avoir accepté de faire partie du jury. Mes remerciements vont naturellement à tous le PER de l’UFR SAT, des personnes chaleureuses que j’ai côtoyées durant ces années et qui n’hésitent jamais à consacrer un peu de leur temps aux gens qui frappent à leurs portes. Un grand merci aussi pour votre confiance en ma personne pour les enseignements dispensés durant ces années. Je réserve aussi de vifs remerciements à mes amis et collègues avec qui j’ai partagé des moments agréables surtout avec les défis au terrain de football, entre autres. Je ne pourrais clore ce lot sans citer explicitement Messieurs Mor NDONGO et Serigne Mamour DIOP. Ce dernier, l’homme qui m’a accueilli à Saint Louis et à Pau (France), qui m’a initié aux outils de simulations (OMNeT++ et Castalia) et qui a su être très disponible pour partager son expérience avec moi. Je remercie également mes amis de la promotion «LICINFO 2007» de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, en particulier M. Abdoukarim Dit Séga LY, qui m’a convaincu par une longue discussion à choisir la formation Informatique au détriment de la Physique Appliquée. Mes remerciements vont aussi à l’endroit de M. Mouhamadou Lamine BA, qui m’a accueilli à bras ouverts durant mes deux passages à Paris (France). iv Ouf ! je t’ai beaucoup fatigué my boy. Mes remerciements reviennent à l’endroit de M. Cong Duc PHAM, Professeur à l’Université de Pau (France) pour m’avoir invité dans son laboratoire. Grace à lui, j’ai eu a échanger avec d’autres chercheurs mais surtout à faire mes premiers pas avec la programmation et les tests sur des nœuds capteurs sans fil réels. Je remercie au passage toutes les personnes chaleureuses que j’ai connues durant ce séjour à Pau. Je tiens aussi à exprimer toute ma gratitude à mon frère Abdou Kâ DIONGUE, qui m’a accompagné à tous les niveaux depuis mes débuts au Lycée Maba Diakhou BA de Nioro du Rip. Il a su toujours, Ah ben presque ! répondre présent à mes appels. Pour tout dire, merci grand ! ! :-) À présent, je reprends le souffle et adresse mes sincères remerciements à ma seconde famille, Monsieur Gorgui NDAO qui avait accepté d’accueillir une personne inconnue chez lui et qui, grace à sa générosité, a fini par s’intégrer au vrai sens du terme. Merci encore pour les prières et bref pour tout. Je tiens particulièrement à remercier des amis que je ne pourrais pas me passer de les citer nommément, je veux dire «Biggest» de son vrai nom M. Samba SIDIBE, mon nouveau tuteur à Dakar, a qui je souhaite bonne chance pour la thèse qu’il vient de démarrer. Mes remerciements vont à M. Ousseynou DIOP, à qui je souhaite une excellente carrière au sein de la Gendarmerie Nationale Sénégalaise. J’espère n’avoir oublié personne ! Sinon j’espère qu’ils comprendront que l’émotion d’avoir terminé ce travail m’a étouffé l’esprit. Mes vifs remerciements à mes parents, mes frères et soeurs, mes oncles et tantes, mes cousins et cousines, pour leur soutien et leur prière, surtout durant mon cursus universitaire à Dakar et à Saint Louis. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à ma très chère et douce maman qui n’a jamais cessé de m’encourager pour que j’aille jusqu’au bout. Merci encore maman pour ta patience et surtout pour tes conseils qui ont toujours attisé ma force mentale et mon courage. Un grand merci à mon papa, qui a donné de tout son possible pour protéger sa famille, merci et merci ! Je ne saurais terminer cette section sans adresser mes vifs remerciements à mon très cher grand père maternel, mon guide, mon idole, je veux nommer Feu Serigne Al Hassane Salame. Que la paix règne sur toi «mame» et sur toute ta famille. À tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin, merci. Résumé Les récentes avancées technologies ont permis l’émergence de nouveaux types de réseaux sans fil autonomes, les réseaux de capteurs sans fil (RdCSF). Ils sont constitués d’un grand nombre de nœuds peu onéreux et ayant la capacité de collecter et communiquer des données physiques et cela quelque soit la position géographique des zones étudiées. Ils offrent aujourd’hui une variété de domaines d’applications allant de la surveillance environnementale et militaire à la domotique. Cependant, ces réseaux font face à de nombreux défis souvent liés aux contraintes intrinsèques des nœuds capteurs. Dans cette thèse, nous avons proposé un modèle, Sentinel, qui se base sur la distribution de probabilité de Weibull. L’originalité de notre modèle est qu’il permet un calcul du temps de veille et une mise à jour distribuée du taux de sondage tout en prenant en considération l’usure des nœuds dans le temps. Nous avons poursuivi cette lancée en proposant ALARM, une solution d’ordonnancement adaptatif qui utilise Sentinel. ALARM permet, afin de mieux exploiter la redondance, de sélectionner un sous ensemble de sentinelles pour assurer la surveillance puis mettre les nœuds redondants en mode veille. Ces derniers doivent se réveiller par moment afin de détecter et maintenir la topologie. Deux variantes de la solution ALARM, ont été proposées dans la suite de notre travail ; une solution de maintien de la connectivité des sentinelles et une autre qui repose sur un ordonnancement hybride. La solution de contrôle de topologie est en quelque sorte une amélioration de ALARM avec une mesure de la qualité du lien entre les sentinelles. Cela permet de maintenir une route pouvant atteindre la station de base. L’hybridation consiste à combiner deux techniques d’ordonnancement, aléatoire et adaptatif. Ainsi, nous avons ajouté une phase d’initialisation permettant une disponibilité des sentinelles dès le déploiement. Enfin, nous avons procédé à une validation par simulation avec les outils OMNeT++ et Castalia. Mots gie, clés : Optimisation Réseaux de de la capteurs durée de sans vie, fil, Conservation Ordonnancement de l’énerdistribué Abstract Recent advances in communication technology have enable the emergency of new types of wireless networks, Wireless Sensor Networks (WSN). A WSN consists of a huge number of tiny and low cost devices with sensing and communication capabilities. They are emerging recently as a key solution to monitor remote environments and concern a wide range of applications from the environmental and military surveillance to home automation. However, these networks cope with many challenges often related to the intrinsic constraints of sensor nodes. We firstly, in this thesis, proposed the Sentinel scheme based on the Weibull probabilistic distribution. The originality of Sentinel, is that it permits a fully distributed node sleep time computation and probe rate update while taking into consideration the probability of failure over time. We continued in the same vein by proposing ALARM, an adaptive sleep scheduling algorithm based on Sentinel model. ALARM permits us to better exploit the network’s redundancy by selecting a minimum subset of sentinel nodes maintained active while putting the rest into sleep mode for energy conservation. The redundant nodes are subject to wake up at times to detect and maintain the topology. We then proposed two variants of ALARM, a first one for connectivity maintenance between sentry nodes and another based on scheduling techniques hybridation. The connectivity maintenance solution is an improvement of ALARM using link quality measurement between sentry nodes upon the second step of probing phase. This connectivity check permits to ensure a better path toward the base station. The hybrid scheduling solution consists of adding an initialization phase with random scheduling before the adaptive one. This permits us to early stand sentries after the deployment. Finally, we validated our propositions by simulation using Castalia under OMNeT++. Keywords vation, : Lifetime Wireless sensor optimization, networks, Energy Distributed conserscheduling Table des matières 1 Introduction générale 1 2 Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil 5 2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.2 Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . 7 2.2.1 Anatomie d’un nœud capteur sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.2.2 Architectures des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . . 8 2.2.3 Caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . 10 Applications des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 2.3.1 L’agriculture de pointe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 2.3.2 Applications dans le domaine militaire . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.3.3 La télémédecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2.3.4 Surveillance de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.3.5 Habitats et villes intelligentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2.3.6 Applications dans l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Les défis et problématiques dans les réseaux de capteurs sans fil . . . . . . 19 2.4.1 L’efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 2.4.2 Le déploiement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4.3 La robustesse ou tolérance aux pannes . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4.4 Routage et agrégation de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 2.4.5 La sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 2.3 2.4 2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 État de l’art 21 23 3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 3.2 La consommation d’énergie d’un nœud capteur sans fil . . . . . . . . . . . 24 3.3 Facteurs de surconsommation d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 3.4 Notion de durée de vie dans les réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . 26 3.5 Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . 29 3.5.1 Approches basées sur le «Duty Cycling» . . . . . . . . . . . . . . . 29 3.5.2 Approches orientées données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 3.5.3 Approches basées sur la mobilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 viii 3.6 Table des matières Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 4 Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de Weibull 41 4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 4.2 Modèle de probabilité pour l’étude de la durée de vie . . . . . . . . . . . . 42 4.2.1 La distribution exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 4.2.2 La distribution de Weibull . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Le modèle Sentinel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 4.3.1 Prolongation de la durée de vie avec le modèle Sentinel . . . . . . 45 4.3.2 Description des états d’un nœud Sentinel . . . . . . . . . . . . . . 47 4.3 4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 48 51 5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 5.2 Ordonnancement des activités des nœuds . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 5.2.1 Terminologies utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 5.2.2 Gestion efficace de la redondance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 5.2.3 Contrôle des conflits de surveillance des sentinelles . . . . . . . . . 56 Gestion efficiente de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 5.3.1 Méthode de calcul distribuée du temps de veille . . . . . . . . . . . 58 5.3.2 Ajustement dynamique des paramètres des nœuds . . . . . . . . . 60 Évaluation de performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 5.4.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 5.4.2 Efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 5.4.3 Gestion des messages de contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 5.3 5.4 5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Solution de maintenance des topologies dynamiques 66 69 6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 6.2 Problème de la maintenance dans les RdCSFs . . . . . . . . . . . . . . . . 70 6.2.1 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 6.2.2 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Auto-maintenance de la topologie basée sur le contrôle du lien . . . . . . . 73 6.3.1 Auto-adaptation des nœuds redondants . . . . . . . . . . . . . . . 73 6.3.2 L’adaptation du lien des sentinelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Simulations et résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.3 6.4 Table des matières ix 6.4.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.4.2 Résultats et discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs 79 81 7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 7.2 Méthode d’ordonnancement hybride . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 7.2.1 Phase d’initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 7.2.2 Phase de stabilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Analyse et évaluation de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 7.3.1 Modèle et paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 7.3.2 Efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 7.3 7.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Conclusion et perspectives 92 93 8.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 8.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 A Outils de simulation 97 A.1 OMNeT++ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A.1.1 Architecture 97 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 A.1.2 Le langage NED . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 A.2 Castalia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 A.2.1 Caractéristiques de Castalia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 A.2.2 Modélisation du média de transmission . . . . . . . . . . . . . . . 100 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Table des figures 2.1 Anatomie d’un nœud capteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2.2 Architecture générale d’un réseau de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . . 9 2.3 Les différentes architectures des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . 11 2.4 Mosaïque des applications des réseaux de capteurs sans fil [Rawat 2013] . 12 2.5 Méthodes d’irrigation moderne utilisant les RCSF 13 2.6 Applications des réseaux de capteurs sans fil (BANs) dans la télé-médecine 15 2.7 Détection des feux de forêt grâce aux réseaux de capteurs sans fil . . . . . 17 2.8 Smart parking dans la ville de Nice, France . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 3.1 Les approches de bases pour la conservation de l’énergie dans les RCSFs . 29 3.2 L’approche du «duty cycling» dans les RCSFs . . . . . . . . . . . . . . . . 30 3.3 Partitionnement par ensembles couvrants et par clusters dans les RCSFs . 31 3.4 Approche de conservation d’énergie orientée données . . . . . . . . . . . . 33 4.1 Évolution du temps de veille des nœuds en fonction du temps . . . . . . . 45 4.2 Évolution du taux de sondage d’un nœud donné en fonction du temps . . 46 4.3 Transition des états d’un nœud sentinel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 5.1 Redondance totale ou complète (a) et redondance partielle (b) . . . . . . 56 5.2 Sondage du voisinage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 5.3 Un cas de figure pour illustrer le conflit de couverture entre deux nœuds . . . . . . . . . . . . . sentinelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 5.4 Énergie moyenne consommée avec différentes valeurs de β . . . . . . . . . 63 5.5 Énergie moyenne consommée : ALARM vs. PEAS . . . . . . . . . . . . . 63 5.6 Messages envoyés par un nœud sonde vs. messages effectivement reçus par une sentinelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 5.7 Messages envoyés vs. réponses reçues par un nœud sonde . . . . . . . . . . 65 6.1 Perte et apparition de trous de couverture dans les RCSFs . . . . . . . . . 72 6.2 Maintenance de la topologie grâce à la redondance dans les RCSFs . . . . 74 6.3 Cliché du réseau à un temps t donné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.4 Énergie moyenne consommée pour différentes valeurs de β . . . . . . . . . 78 6.5 ‘Énergie moyenne consommée avec et sans contrôle du lien . . . . . . . . . 79 xii Table des figures 7.1 Diagramme d’états de l’algorithme d’ordonnancement hybride . . . . . . . 84 7.2 Algorithme d’ordonnancement hybride . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 7.3 Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau durant la phase d’initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.4 Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau avec différentes puissances de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.5 90 91 Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau avec différents modèles d’interférence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Liste des tableaux 5.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 6.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 7.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Liste des Algorithmes 1 Activity withdrawal : algorithme pour la levée des conflits de couverture . 58 2 Algorithme de maintenance de la topologie utilisant les nœuds redondants. 75 3 Algorithme de maintenance de la topologie utilisant les sentinelles (ajustement de la connectivité entre les sentinelles) . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 4 Génération d’un jeton aléatoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 5 Vérification de la valeur tirée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Chapitre 1 Introduction générale Le commencement de toutes les sciences, c’est l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont. Aristote - Extrait de la métaphysique Durant ces dernières décennies, des avancées fulgurantes notées dans les domaines de l’électronique numérique, de la micro-électronique et de l’électro-mécanique ont permis un essor sans commune mesure des réseaux de capteurs sans fil [Akyildiz 2002]. Ces réseaux sont devenus aujourd’hui une technologie clef et sont présents dans notre quotidien ; d’où le terme très en vogue ces derniers temps, l’Internet des objets ou Internet of Things (IoT). Les réseaux de capteurs sans fil sont d’une importance particulière, quand un très grand nombre de nœuds doivent être déployés dans des zones qui étaient pendant longtemps une problématique du point de vue de l’accessibilité. Par exemple des zones volcaniques et des environnements radio-actifs où l’accès est très difficile voire impossible, les réseaux de capteurs sans fil, ont permis à l’homme de pouvoir explorer aujourd’hui toutes ces zones et de les analyser de près. Les dangers récurrents et la difficulté d’accès, font que le déploiement aléatoire (largage par avion) demeure la seule alternative pour explorer de tels environnements. Les réseaux de capteurs sans fil sont constitués de plusieurs nœuds, minuscules (quelques cm3 ), capables de s’auto-organiser et de s’auto-configurer sans une infrastructure fixe ou d’intervention directe de l’homme. Un nœud capteur sans fil est essentiellement composé d’une unité de traitement et de stockage, d’une unité de communication (la radio), d’une unité de capture pouvant comprendre un ou plusieurs capteurs intégrés et d’une unité d’énergie généralement équipée de deux (02) piles AA. Nous pouvons aussi retrouver d’autres modules optionnels (selon les cas d’application et les besoins) tels qu’un mobile permettant de faire le nœud ou de réorienter ses composantes (antenne, capteurs, etc.) et une unité de géolocalisation (GPS) pour recueillir la position géographique de ce dernier à travers la zone de déploiement. 2 Chapitre 1. Introduction générale Les réseaux de capteurs sans fil offrent aujourd’hui une panoplie d’applications allant de la surveillance au téléguidage dans les champs de bataille, en passant par la détection et la surveillance biomédicale, la surveillance environnementale, le suivi de la production industrielle et très récemment avec les espaces intelligents (villa, ville, ou immeuble intelligents) [Chinrungrueng 2007, Hefeeda 2009, Oliveira 2011, Lee 2009, Rawat 2013, Santos 2012, Tay 2009]. Selon la nature des applications, les réseaux sont structurés suivant une architecture soit plate soit hiérarchique. Cependant, quelle que soit l’architecture adoptée, les nœuds collaborent entre eux pour recueillir des données puis les retransmettre vers la station de base pour une exploitation (l’aide à la décision). Les réseaux de capteurs sans fil sont caractérisés par leur capacité à s’auto-organiser et collecter de façon coopérative des données relativement à un phénomène physique et de les communiquer à une station de base. Cependant, ils sont sujets à de nombreuses contraintes telles que l’énergie très limitée, la portée des transmissions, ouverture du média de communications, etc. Ces contraintes, en particulier l’énergie, font que ces réseaux font face à de nombreux défis tels que l’efficacité énergétique, le routage, l’agrégation des données, etc. L’énergie constitue la ressource la plus critique car le fonctionnement de tous les modules et celui du nœud même en dépendent donc étroitement liée à la durée de vie du réseau. De ce fait, la mise en œuvre de bonnes politiques de gestion de l’énergie (efficace et efficiente) demeure une question très discutée par les chercheurs. Ce qui fait de la conservation d’énergie l’un des critères de performance les plus convoités des solutions destinées aux réseaux de capteurs sans fil. Étant donné que ces réseaux sont souvent déployés avec un nombre excédentaire de nœuds, une solution très astucieuse consiste à exploiter cette redondance afin de maximiser la longévité du réseau. Sans une bonne gestion, la redondance peut s’avérer très négative sur la consommation de l’énergie et par conséquent sur la durée de vie du réseau de manière générale. Ainsi, l’ordonnancement d’activité (duty cycling) est l’une des techniques les plus utilisées pour tirer le meilleur de la densité du réseau. L’objectif de cette thèse est de mettre en œuvre une solution permettant de maximiser la durée de vie des réseaux de capteurs sans fil. Pour cela, nous proposons une solution d’ordonnancement basée sur un modèle probabiliste, Sentinel. Le modèle Sentinel est inspiré du principe de la garde dans les espaces militaires. Il permet de sélectionner un sous-ensemble minimal de nœuds qui vont assurer la surveillance pendant que les autres sont en mode d’économie d’énergie afin de préserver leur batterie. Ainsi, en ce qui concerne la gestion des réveils des nœuds redondants, nous utilisons 3 la distribution de Weibull grâce à sa fonction de survie. Le choix de cette distribution est guidé par le fait qu’elle est très adaptée et très utilisée pour l’étude de la fiabilité des composants électroniques et permet de prendre en considération l’usure de ces derniers. La suite de cette thèse est structurée autour de sept (07) chapitres avec celui-ci à titre introductif. Le second chapitre présente les notions générales sur les réseaux de capteurs sans fil en commençant par l’anatomie et les caractéristiques d’un nœud capteur sans fil. Ce chapitre permet également de faire une mosaïque des applications avant de passer en revue les défis et les problématiques de recherche les importants qui font que cette technologie est d’actualité aussi bien dans le milieu universitaire qu’industriel. Ensuite nous abordons dans le troisième chapitre l’état de l’art sur les techniques de conservation d’énergie. Mais avant cela, nous présentons les différentes sources de consommation d’énergie et les composants d’un nœud capteur qui y sont impliqués. Ce chapitre nous permet aussi de discuter sur les différentes sources de surconsommation et de la notion de durée de vie avec ses définitions que l’on retrouve souvent dans la littérature. Nous débutons à travers le quatrième chapitre, sur la partie concernant notre contribution sur cette thèse. Nous présentons dans ce chapitre le modèle Sentinel sur lequel nous nous appuyons pour la maximisation de la durée de vie. Sentinel, est un modèle probabiliste basé sur la distribution de Weibull. Et c’est cela qui nous a amené à faire une présentation de cette dernière avant d’aborder la description des différents états d’un nœud capteur fonctionnant avec ce modèle. Dans le chapitre cinq, nous présentons ALARM, une solution d’ordonnancement basée sur le modèle Sentinel. La première partie de ce chapitre est destinée aux terminologies et méthodes utilisées pour gérer les nœuds. Nous y présentons le principe utilisé pour sélectionner les sous-ensembles de nœuds sentinelles ainsi que la gestion des nœuds redondants. Nous avons bouclé ce chapitre par une validation par simulation de notre solution ALARM avec d’importantes performances sur le plan de l’efficacité énergétique. Le chapitre six constitue notre troisième contribution dans cette thèse. Dans ce chapitre, nous analysons le problème de la maintenance de topologie dans les réseaux de capteurs sans fil. Nous proposons une amélioration de ALARM avec un mécanisme d’autoadaptation de lien afin de garantir une bonne connectivité entre les nœuds sentinelles. La deuxième partie de ce chapitre est destinée à expliquer comment nous avons assuré l’intégration du contrôle du lien mais aussi la mise à jour de la topologie avant de terminer 4 Chapitre 1. Introduction générale avec l’évaluation de l’impact sur la consommation moyenne énergétique. Notre dernier élément de contribution dans cette thèse est consacré, dans le chapitre sept, à l’hybridation de la solution ALARM avec la technique d’ordonnancement aléatoire. Nous avons proposé à travers ce chapitre une solution d’ordonnancement hybride combinant la technique adaptative à celle hybride. Cette solution est essentiellement composée de deux grandes phases : la phase d’initialisation et celle de stabilisation. Nous avons comparé par simulation les résultats de la solution hybride à ceux de ALARM et nous avons constaté une nette amélioration du point de vue de la consommation d’énergie. Finalement le chapitre huit conclue ce travail et rappelle les différentes contributions que nous avons pu élaborer tout le long de cette thèse. Ce chapitre présente également nos perspectives par rapport à ce travail. Ces perspectives se dégagent en deux étapes ; celles à court terme et les autres que nous nous projetons de réaliser dans le moyen voire le long terme. En annexe, nous présentons l’environnement de simulation que nous avons utilisée pour évaluer les performances de nos contributions mais aussi de les comparer avec les solutions existant dans la littérature. Chapitre 2 Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil La science ne doit pas être un plaisir égoïste : ceux qui ont la chance de pouvoir se consacrer aux études scientifiques doivent-être aussi les premiers à mettre leurs connaissances au service de l’humanité Paul Lafargue - Souvenirs sur Marx, P. Lafargue et Wilhem Liebnknecht, Editions de Sandre, 2008 Sommaire 2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.2 Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil . . 7 2.3 2.4 2.2.1 Anatomie d’un nœud capteur sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.2.2 Architectures des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . . . 8 2.2.3 Caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . 10 Applications des réseaux de capteurs sans fil . . . . . . . . . . . . 12 2.3.1 L’agriculture de pointe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 2.3.2 Applications dans le domaine militaire . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.3.3 La télémédecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2.3.4 Surveillance de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.3.5 Habitats et villes intelligentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2.3.6 Applications dans l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Les défis et problématiques dans les réseaux de capteurs sans fil 19 2.4.1 L’efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 2.4.2 Le déploiement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4.3 La robustesse ou tolérance aux pannes . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4.4 Routage et agrégation de données 21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil 2.4.5 2.5 2.1 La sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 21 Introduction Les récentes avancées technologiques dans les domaines de la micro-électronique et de l’électromécanique ont catalysé, durant ces dernières décennies, l’émergence de nouvelle génération de réseaux tels que les réseaux WiMAX, les réseaux de capteurs sans fil, etc. Les réseaux de capteurs sans fil, sont aujourd’hui une technologie qui vient à la rescousse de l’humanité pour leur permettre l’exploration d’environnements qui sont restés pendant très longtemps inaccessibles par l’homme. Le concept de réseau de capteurs sans fil peut se résumer à la simple équation suivante : Capture+T raitement+T ransmission = U ne multitude d0 applications possibles. (2.1) Ainsi, un réseau de capteurs est généralement constitué d’une multitude de nœuds dits «capteurs» par abus de langage. Un nœud capteur sans fil, est un composant miniaturisé à faible coût, embarqué avec plusieurs modules de base tels que les unités d’énergie, de communication, de traitement et de capture. La nature des environnements étudiés et les coûts souvent très faibles de ces composants, font que les réseaux de capteurs sont en général déployés avec une forte densité de nœuds capteurs. Étant donné que les zones d’études sont souvent difficilement accessibles, les nœuds doivent, après déploiement, être capables de s’auto-configurer et s’auto-organiser afin de mener à bien les tâches qui leur sont assignées. Un réseau de capteurs a en général pour objet de recueillir des informations pour l’étude et l’aide à la décision sur un phénomène physique et la tâche assignée aux nœuds consiste (selon l’équation 2.1) à collecter des données relativement au phénomène physique étudié puis les transmettre vers une station de base (BS). La souplesse qu’offre cette technologie, notamment du point de vue du déploiement, fait qu’elle est aujourd’hui présente dans notre quotidien. Les domaines d’application sont multiples allant de la surveillance environnementale à l’assistance médicale. Elle est très utilisée dans le domaine de l’environnement pour la prévention des catastrophes naturelles (secousses sismiques, volcans, etc.) mais aussi pour les prévisions climatologique. Nous pouvons même retrouver cette technologie au-delà de la prévention et de la prévision, dans nos domiciles (domotique), pour l’assistance personnelle qui fait qu’aujourd’hui on parle de l’Internet des objets (Internet of things). 2.2. Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil 7 Cependant, ces réseaux font face à de nombreux défis notamment la conservation de l’énergie vue que la survie d’un nœud est étroitement liée à sa réserve énergétique. Cette contrainte influe souvent l’organisation du réseau. Outre la gestion de l’énergie, les concepteurs de solutions dédiées aux réseaux de capteurs sans fil, font face aussi à d’autres défis tels que le routage, l’agrégation des données, l’acquisition, la sécurité, le déploiement, et même tout récemment l’auto-destruction des nœuds survivants après une opération donnée. 2.2 Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil Les récentes avancées dans les domaines de la micro-électromécanique, de l’électronique numérique et des communications sans fil ont permi un développement fulgurant des réseaux de capteurs sans fil. Un réseau de capteurs sans fil est composé de minuscules systèmes micro-électroniques à faible coût mais aussi à faibles capacités (ressources) appelés nœuds capteurs. 2.2.1 Anatomie d’un nœud capteur sans fil Un nœud capteur sans fil est un micro-dispositif capable d’observer un phénomène physique, de recueillir des informations relatives au phénomène observé et de les transmettre vers une unité de traitement via des liaisons radio [Akyildiz 2002]. Il est généralement composé de quatre unités de base (cf. Fig. 2.1) : — l’unité d’acquisition : elle est composée en général de la composante de capture et d’un convertisseur analogique-numérique (ADC). La composante de capture peut, elle aussi être composée d’un ou de plusieurs capteurs. Les capteurs effectuent des mesures numériques relatives à l’environnement observé puis les convertissent en signaux analogiques grâce au convertisseur analogique-numérique. — l’unité de traitement : elle est composée d’un microcontrôleur et des mémoires. Elle s’occupe aussi de la coordination avec les autres modules. Pour une bonne coordination, elle est dotée de deux interfaces ; l’une avec l’unité de capture et l’autre avec l’unité de transmission. — l’unité de communication : ce module, identique à ceux que l’on retrouve dans les réseaux sans fil classique, est composé d’un émetteur-récepteur et d’une mémoiretampon. L’émetteur-récepteur dont la consommation énergétique est proportion- 8 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil nelle à la puissance de transmission utilisée, s’occupe des échanges d’information via les ondes radio. — l’unité d’énergie : ce module est une composante cruciale car il alimente tous les autres modules. Elle est souvent constituée de deux batteries AA d’environ 2,2 à 2,5 Ah fonctionnant à 1,5 volt. Module de localisation Mobilisateur Lumière Température Humidité Antenne capteurs Conditionnemt du signal TX ADC Processeur RX Mémoires Module de transmission Unité d’énergie Figure 2.1 – Anatomie d’un nœud capteur Un nœud capteur sans fil peut aussi être doté d’un module de localisation (Global Position System) et/ou d’un mobilisateur. C’est le cas souvent des noeuds embarqués dans des systèmes robotiques. Le module de localisation est utilisé pour guider les mouvements du nœud à travers la zone d’intérêt. 2.2.2 Architectures des réseaux de capteurs sans fil Les réseaux de capteurs sans fil font partie de la famille des réseaux ad hoc. Un réseau de capteurs sans fil est généralement constitué d’un ensemble de nœuds, à dimension très réduite, répartis à travers une zone de surveillance (sensor field). Un réseau de capteurs sans fil est souvent composé de deux (02) types de nœuds : les nœuds capteurs sans fil et le nœud puits ou encore Sink Node en anglais. Les nœuds capteurs sans fil ont la capacité de collecter des informations relativement à leur environnement immédiat, de faire si nécessaire des traitements et de les transmettre vers une passerelle ou nœuds 2.2. Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil Internet 9 Noeuds capteurs sans fil Internet Station de base Utilisateur final Figure 2.2 – Architecture générale d’un réseau de capteurs sans fil puits (Sink Node en anglais) via Internet ou par liaison satellite. Le nœud Sink, ayant suffisamment de ressources, est quant à lui destiné à collecter les données de captures des nœuds puis de les retransmettre vers un autre réseau ou un centre de traitement. Il peut être vu comme une passerelle entre le réseau de capteurs sans fil et d’autres réseaux ou comme une interface avec les utilisateurs du réseau. Les données recueillies (température, humidité, pression, son, image, vidéo, etc.) sont routées vers une ou plusieurs stations de base puis vers un centre de traitement pour des fins d’aide à la décision, à la prévision, etc. (cf. Fig. 2.2). Les architectures des réseaux de capteurs sans fil peuvent être classées selon la topologie du réseau (architecture physique du réseau) ou suivant le modèle de communication adoptée (architecture logique du réseau). • Architecture physique : elle renvoie à l’organisation ou à la répartition spatiale des nœuds du réseau. Nous pouvons distinguer deux (02) grandes classes d’organisation spatiale des réseaux de capteurs sans fil : les réseaux dits plats et ceux dits hiérarchiques. Dans une architecture plate, tous les nœuds ont la même responsabilité, donc aucune hiérarchie dans l’organisation. Une illustration simple est fournie à la figure 2.3, cas (1) et (2). Quant à l’architecture hiérarchique, les nœuds sont organisés en classes ou encore clusters. Et deux types de responsabilités peuvent être notés : les nœuds simples et ceux chef de classe ou cluster head (voire Fig. 2.3, cas 10 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil (3) et (4)). Seuls les chefs de clusters ont la possibilité d’interagir avec la station de base, tandis que les nœuds membres d’un cluster doivent nécessairement passer par le cluster head pour atteindre la station de base. • Architecture logique : ou encore architecture de communication représente la manière dont les nœuds du réseau relaient les données de capture jusqu’à l’utilisateur final. Deux modèles de communication peuvent être retenus : le modèle de communication direct ou single hop et celui multi-saut ( multi hop). Comme illustré à la figure 2.3, cas (1) et (4), le modèle de communication direct consiste à envoyer les données directement à la station de base. Dans le premier cas (cas (1)) de la figure 2.3, tous les nœuds envoient directement leur données à la station de base, cela nécessitent une puissance de transmission adaptée par rapport à la position de la station de base. Cette approche est souvent utilisée dans les réseaux de petite taille. Dans le cas où le réseau serait organisé en clusters, le modèle de communication direct s’applique seulement aux clusters head, qui sont souvent dotés de suffisamment de ressources pour transmettre jusqu’à la station de base. Le modèle de communication multi saut, le plus utilisé dans les réseaux de capteurs sans fil surtout dans les réseaux denses, consiste à transmettre les données en passant par des relais pour atteindre la station de base (voire Fig. 2.3, cas (2) et (3)). Dans le cas d’une architecture plate, les nœuds transmettent l’information vers le voisin le plus proche sur le chemin menant à la station de base. Et quand il s’agit d’un réseau hiérarchique, le même procédé est adopté mais cette fois-ci avec les clusters head, c’est-à-dire, les données sont relayées vers les clusters head les plus proches de la station de base. 2.2.3 Caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil Considérés comme une sous-classe des réseaux ad hoc, les réseaux de capteurs sans fil héritent certaines caractéristiques de ces derniers[Yong-Min 2009]. Parmi elles nous pouvons citer la topologie dynamique, le déploiement rapide et à moindre coût, la faible capacité énergétique, les communications multi-sauts, etc. Outre celles-là, les réseaux de capteurs sans fil ont d’autres caractéristiques spécifiques à eux même telles que l’identification, la faible capacité de traitement, la densité, etc. • Capacité de traitement : à cause des faibles coûts, de la taille et du fonctionnement sur batterie, les nœuds capteurs sans fil sont très limités en matière de capacité de traitement. Ils sont souvent équipés d’un microcontrôleur Atmel AVR 8535 à 4 MHz 2.2. Concepts et caractéristiques des réseaux de capteurs sans fil (1) 11 (2) (4) (3) Figure 2.3 – Les différentes architectures des réseaux de capteurs sans fil et 8 ko de mémoire flash pour les instructions et une capacité de stockage de 512 Ko.de mémoire RAM et 512 Ko de EEPROM. Les systèmes d’exploitation utilisés occupent presque la moitié (TinyOS occupe 3,5 ko), ce qui laisse aux concepteurs une faible marge. • Réserve énergétique : dans la plupart des cas, le nœud fonctionne avec une batterie d’où une capacité énergétique limitée et sa validité est étroitement liée à la capacité de la batterie. Ce qui fait que souvent le nœud est considéré comme « mort »si sa batterie est épuisée et ainsi l’utilisation de l’énergie doit être soigneusement suivie pour assurer une fonctionnalité optimale du nœud tout au long de la vie du réseau. • Topologie : généralement très dense (très grand nombre de nœuds déployés à travers la zone d’intérêt), les réseaux de capteurs sans fil sont souvent sujets à des pannes récurrentes qui sont soit natives (défaut de fabrication) soit accidentelles (épuisement de la batterie ou défaillance d’autres unités fonctionnelles telles que la radio, entre autres). Tout cela fait que la topologie de tels réseaux est très changeante. • Communication : vu qu’ils héritent des caractéristiques des réseaux sans fil de manière générale, les réseaux de capteurs sans fil ont une bande passante très étroite et souvent instable avec une portée de la radio allant d’une dizaine à quelques centaines de mètres. Les communications se heurtent à certains obstacles relativement à l’environnement à surveiller et aux interférences avec d’autres rayonnements. 12 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil • Déploiement : fonctionnant en mode égal à égal, le déploiement d’un réseau de capteurs sans fil ne requiert souvent pas la préinstallation d’aucune infrastructure. Donc les noeuds sont suffisamment autonomes pour qu’après déploiement, ils puissent s’auto-configurer et s’auto-organiser indépendamment d’une infrastructure extérieure. 2.3 Applications des réseaux de capteurs sans fil Les réseaux de capteurs sans fil, grâce à leur faible coût d’acquisition et de déploiement ajouté à cela leur aptitude à s’auto-organiser et s’auto-maintenir, couvrent aujourd’hui une large palette d’application allant du domaine militaire au domaine civil. Applications des Réseaux de Capteurs Sans Fil Insfrastructure & Urbanisme BAN Villa & Ville Intelligentes Santé Mesures automatiques Industrie & Agriculture Système de transport Intelligent Ferme Agricole Militaire & Prévention de crime Environnement Sécurité & Surveillance Équipement & suivie des plantes Prévisions Climatiques Pistage des Animaux Gestion des Catastrophes Figure 2.4 – Mosaïque des applications des réseaux de capteurs sans fil [Rawat 2013] 2.3.1 L’agriculture de pointe Les réseaux de capteurs sans fil (RCSF) peuvent être utilisés dans le domaine de l’agriculture pour le monitorage du climat, des cultures et des caractéristiques du sol dans les zones de culture [ur Rehman 2011] mais aussi le contrôle des intrants et l’irrigation des sols. Un bon contrôle de ces paramètres permettrait aux agriculteurs de réaliser des actions proactives afin de mieux améliorer les productions [Díaz 2011, Garcia-Sanchez 2011, Riquelme 2009, Wark 2007]. • Irrigation des sols : les méthodes d’irrigation traditionnelles (par inondation, par sillon, etc.) gaspillent énormément d’eau alors que cette ressource devient de plus en plus rare dans certaines zones. L’utilisation des réseaux de capteurs sans fil conju- 2.3. Applications des réseaux de capteurs sans fil 13 Figure 2.5 – Méthodes d’irrigation moderne utilisant les RCSF guée avec les méthodes récentes telles que l’irrigation par goutte-à-goutte ou par rampe arroseur ou center pivot (irrigation de précision voire Fig. 2.5), permettrait une utilisation efficace et efficiente de l’eau dans les zones de culture. Les capteurs (underground sensors) déployés pour l’irrigation de précision effectuent des mesures des caractéristiques des zones de culture (climat, sols, etc.). • Fertilisation des sols : l’application de fertilisants et des pesticides dans les zones de culture nécessite certaines précautions et dispositions à prendre telles que la température, l’humidité, le vent, etc. L’utilisation des nouvelles technologies de pointe (capteurs sans fil, actuateurs, etc) pourrait venir en aide aux agriculteurs pour l’application des intrants et des pesticides. Ces derniers renseignent sur les conditions idéales dans les zones de culture mais aussi permettent d’éviter des débordements par rapport à la zone cible [Santos 2012]. Ils peuvent alerter dès la présence d’une certaine population d’insectes dans les zones de culture et/ou agir en effectuant un pompage efficace des insecticides au moment opportun. 2.3.2 Applications dans le domaine militaire Les caractéristiques telles que la facilité de déploiement, l’autoconfiguration, l’automaintenance font que ce type de réseaux est très adapté pour les applications militaires. Les réseaux de capteurs sans fil peuvent être intégrés dans le commandement militaire, les systèmes de contrôle, la communication, le calcul, les renseignements, la surveillance et le ciblage [Akyildiz 2002]. • Détection d’intrusion : les réseaux de capteurs sans fil sont très utiles en ce qui concerne la surveillance des zones cibles afin de détecter la présence de tout corps 14 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil étrangers et signaler sa position en temps réel. Ils peuvent être déployés en territoires ennemi pour la détection d’arme nucléaire, biologique ou chimique avant le déploiement des troupes ou encore signaler les systèmes espions. Les réseaux de capteurs sans fil sont aussi utilisés dans les zones de conflits pour détecter les tireurs embusqués ou sniper (exemple de PinPtr) lors du déplacement des troupes. • Surveillance des zones de conflits : la surveillance continue et minutieuse des champs de bataille est impérative pour la prise de bonnes décisions. Ainsi, les réseaux de capteurs sans fil peuvent assurer cela pour les endroits stratégiques et alerter le commandement dès l’observation d’une irrégularité dans la zone cible afin d’anticiper sur les nouveaux plans d’attaques et de défenses. • Évaluation des dégâts : les réseaux de capteurs sans fil s’avèrent être un outil adéquat pour être déployés dans les zones d’après combat afin d’évaluer les dégâts et de dégager des statistiques. Ils peuvent aussi être déployés sur les équipements de guerre tels que les chars et autres véhicules pour renseigner en temps réel des pertes. Cela permettrait aussi de mieux organiser le déploiement des renforts de troupes et les opérations de sauvetage. 2.3.3 La télémédecine Le secteur de la santé fait face à de nombreux défis tels que l’accroissement incessant de la demande (avec l’accroissement des populations), l’insuffisance des infrastructures de proximité, etc. L’émergence des réseaux de capteurs sans fil s’avère être une véritable bouffée d’oxygène pour de tels secteurs en offrant de nouvelles opportunités telles l’utilisation des BANs (Body Area Networks) [Rawat 2013] pour la télé diagnostic des patients mais aussi le déploiement de réseaux de capteurs sans fil pour des alertes à temps réel des services d’urgence (voire Fig. 2.6). Les réseaux de capteurs sans fil ont aujourd’hui inspiré beaucoup de secteurs tel que l’industrie de l’habillement. L’intégration des systèmes micro-électromécaniques a favorisé l’émergence de nouveaux termes, les “biomonitoring MEMSWear” ou encore les habits intelligents [Tay 2009, Lee 2009, Pandian 2008, Milenkovi 2006], ceintures intelligentes [Sardini 2010], etc. Cela permet d’avoir un diagnostic continu des données biologiques des patients ainsi que sa localisation géographique. De tels dispositifs sont souvent dotés de capteurs de mouvement pour suivre les déplacements de capteurs positionnés au niveau du cœur pour mesurer l’activité cardiaque (ECG), de capteurs de température et SpO2 pour mesurer la température corporelle ainsi que le taux d’oxygène dans le sang. Un 2.3. Applications des réseaux de capteurs sans fil 15 Prévision Météo Capteurs ECG & Inclinaison Capteurs spO2 & Mouvement ZigBee Urgence BAN Serveur Personnel GPRS Internet Infirmier Bluetooth WiFi Capteur de mouvement Coordonateur du réseau & Capteurs de température/humidité Serveur Médical Médecin Figure 2.6 – Applications des réseaux de capteurs sans fil (BANs) dans la télé-médecine Smart phone est utilisé comme station de base permettant d’effectuer certains traitements pour ensuite envoyer les données vers les centres médicaux. Les capteurs de mouvement ont aussi leur importance en ce qui concerne la rapidité des interventions des services d’urgences en cas d’incidents. Cette technologie vient en aide à la médecine pour le suivi des personnes âgées, des enfants, mais surtout des personnes ayant une maladie chronique [Alemdar 2010]. 2.3.4 Surveillance de l’environnement La surveillance de l’environnement est un candidat naturel pour l’utilisation des réseaux de capteurs sans fil. Deux volets peuvent être notés en ce qui concerne ce domaine : la surveillance domicile (indoor) avec la mesure de la qualité de l’air dans les immeubles et la surveillance des espaces inhabités (outdoor) pour la détection des tremblements de terre, des irruptions volcaniques, des feux de forêt, des inondations, etc. [Oliveira 2011]. Ce type de réseau est très utile pour la surveillance environnementale et peut servir de système d’alerte pour les feux de forêt, la détection de polluants dans l’atmosphère et dans les aires marines. Par exemple, au Sénégal, le déploiement de réseaux de capteurs 16 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil sans fil au niveau des bassins de rétention et autres milieux de reproduction pourrait permettre une meilleure organisation de la lutte contre les maladies telle que la bilharziose, le paludisme, etc. • Surveillance écologique : d’un point de vue écologique, les réseaux de capteurs sans fil peuvent jouer un rôle fondamental pour la protection et le suivi des oiseaux marins (exemple du réseau déployé par l’Université de Berkeley aux États-Unis), de la faune dans les parcs zoologiques (exemple du ZebraNet au Centre de Recherche à Mpala, Kenya), des oiseaux migrateurs, etc. • Lutte contre les inondations : un système d’alerte sur les zones fréquemment inondables permettrait de limiter les dégâts mais aussi de mieux organiser les secours. Le système ALERT 1 , fut l’un des premiers réseaux de capteurs sans fil déployé à cet effet par la NWS (National Weather Service) dans les années 70. ALERT a été utilisé pour une observation à temps réel des niveaux de précipitation afin d’anticiper sur d’éventuelles inondations. Actuellement, le réseau ALERT est utilisé sur presque tout le long de la côte Ouest des États-Unis notamment en Californie et en Arizona pour alerter sur des inondations à grande envergure. Dans le même sillage, le réseau CORIE [Xu 2002] est déployé sur le fleuve Colombia avec treize nœuds statiques pour guider les bateaux de sauvetage mais aussi alerter sur d’éventuelles crues du fleuve. • Détection des feux de forêt : la planète est aujourd’hui menacée par une dégradation alarmante des espaces verts due aux agressions incessantes par l’homme. Ajouté à cela, les feux de forêts qui font souvent des ravages tant du point de vue environnemental qu’humaine. En début 2009, les feux de forêts en Californie (États-Unis) et dans l’État de Victoria (Australie), où 173 personnes ont perdu la vie, ont causé des pertes évaluées à plusieurs milliards de dollars américains. Pour lutter efficacement contre ce fléau, le monde scientifique et les protecteurs de l’environnement ont recours à la technologie des capteurs sans fil. 1. www.alertsystems.org 2.3. Applications des réseaux de capteurs sans fil 17 Figure 2.7 – Détection des feux de forêt grâce aux réseaux de capteurs sans fil Le signalement des feux de forêts par des hommes accuse souvent un retard [Hefeeda 2007, Hefeeda 2009], car il arrive au moment où les feux ont déjà pris de l’ampleur. Le déploiement de réseaux de capteurs sans fil dans les forêts et les zones souvent exposées aux feux pourrait permettre de détecter et d’alerter les services d’intervention et de lutte (pompiers, etc.) à temps. Les capteurs utilisés à cet effet permettent de mesurer des paramètres tels que la température, le niveau du monoxyde de carbone (CO) et celui du dioxyde de carbone (CO2 ) dans l’air et remplacer parfaitement la détection par satellite qui semble moins efficace [Yu 2005, Son 2006, Lloret 2009]. Récemment des prototypes de réseaux de capteurs sans fil comme FireWatch [Andreou 2012] ont été proposés pour remplacer les systèmes classiques de détection (satellites, caméra de surveillance, etc.) en prenant en compte les manquements dont souffraient ces derniers à savoir la lenteur de la détection et l’absence de précision durant la nuit. 2.3.5 Habitats et villes intelligentes Les réseaux de capteurs sans fil sont aujourd’hui très présents dans les habitations d’où l’émergence d’un nouveau terme : habitats ou villes intelligent(e)s. Les capteurs déployés dans les habitations peuvent servir sous plusieurs angles. Ils peuvent : contrôler les fondations et la structure des bâtiments (en génie civil), assurer la gestion des stocks (dans les commerces). Ils peuvent aller plus loin en permettant la surveillance des trafics (dans les transports), la surveillance de l’éclairage, de la climatisation, du chauffage, de la ventilation (dans la domotique). Les smart homes, smart office et smart cities deviennent aujourd’hui le point de convergence des géants de la technologie telle que IBM, Orange, Cisco, etc. • Parking et route intelligent(e) : Actuellement, on parle de routes intelligentes 18 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil [Karpiriski 2006] afin de prévenir les conducteurs de véhicules sur l’état des routes, de la circulation et des éventuels dangers. Cela permettrait de réduire considérablement le nombre d’accidents sur les routes mais aussi de baisser le taux d’émission de gaz polluants des véhicules en évitant les embouteillages. Un autre volet très en vogue aujourd’hui, est les parkings intelligents ou en anglais smart parkings [Chinrungrueng 2007]. Des prototypes de tels réseaux ont été déployés par exemple dans les villes de Santander, en Espagne (Smart Santander), Nice, en France, la gare de Lyon, en France, etc. Grâce à ces réseaux de capteurs sans fil, les conducteurs de véhicules pourront localiser très rapidement, à partir de leur situation géographique, le parking le plus proche et ainsi économiser considérablement l’énergie qui aurait pu être consommée pour les grandes tours à la recherche d’un parking. Outre cette économie de la consommation en carburant, cela aussi permet de lutter contre la pollution atmosphérique. Figure 2.8 – Smart parking dans la ville de Nice, France • Les habitats intelligents : la domotique est aujourd’hui très rapidement passée des thermostats programmables aux systèmes intégrés, intelligents et centralisés accessibles via plusieurs points tels que les écrans tactiles, les ordinateurs, les téléphones et de manière générale sur les équipements mobiles (smart phone, tablets). Cela résulte de ces habitations hautement personnalisées qui réagissent en fonction des besoins et du confort de ses occupants. Cette perspective est l’impact des conséquences dramatiques de la technologie pervasive sur la société. La notion d’habitats intelligents peut s’expliquer suivant ce scénario très simple à savoir ; le réveil matinal jouant la musique préférée tandis que le volume du son est gentiment contrôlé jusqu’à ton réveil, au même moment se déclenche par anticipation le chauffage de la salle de bain alors que la machine à café se met en marche. En résumé, un habitat intelligent est un assistant qui anticipe sur les gestes et désir de l’occupant [Viani 2013, Castello 2013, Yamazaki 2006]. Les habitations intelligentes 2.4. Les défis et problématiques dans les réseaux de capteurs sans fil 19 constituent aussi un grand progrès en ce qui concerne l’assistance et la sécurité des personnes âgées. Par exemple, au Japon, des capteurs sont déployés au niveau des éclairages des domiciles de telle sorte que si une lampe reste allumée pendant un délai seuil, le nœud capteur intégré déclenche automatiquement une alerte vers les services d’urgence afin qu’ils viennent au secours de l’occupant. 2.3.6 Applications dans l’industrie L’utilisation des capteurs est essentielle dans l’industrie car elle assure le lien entre les systèmes de contrôle et le monde physique [Shen 2004]. Et les réseaux de capteurs sans fil permettent aujourd’hui de lever la barrière tels que l’encombrement des capteurs filaires, les coûts d’installation, etc. et ainsi, rendent de plus en plus intelligente l’industrie. Ils permettent aujourd’hui d’automatiser certaines tâches telles que l’inventaire en temps réel des produits, la détection des fuites de gaz et/ou d’eau [Akhondi 2010], le suivi en temps réel de l’état de santé des machines, le contrôle du processus de fabrication, etc. [Christin 2010]. Les réseaux de capteurs sans fil peuvent aussi être utilisés dans l’industrie afin de veiller au respect des normes écologiques [Valverde 2012]. 2.4 Les défis et problématiques dans les réseaux de capteurs sans fil Les réseaux de capteurs sans fil reçoivent aujourd’hui une attention significative aussi bien dans le domaine de la recherche que celui de l’industrie. Cependant, du fait des nombreuses limitations en matière de ressources, de tels systèmes font face à de nombreux défis allant de la collecte à la transmission des données. Cette section est consacrée à une brève présentation de quelques défis de recherche des réseaux de capteurs sans fil qui nécessitent d’être étudiés afin d’établir des applications adaptées à la technologie des capteurs sans fil. 2.4.1 L’efficacité énergétique Veiller à une utilisation judicieuse et efficace de l’énergie est d’une importance capitale dans les réseaux de capteurs sans fil. Vu que les nœuds capteurs sans fil sont le plus souvent équipés de batteries non rechargeables avec une réserve énergétique limitée, le bon fonctionnement du réseau serait compromis si certains ou une bonne partie des nœuds épuisent leur énergie. Ainsi, la durée au bout de laquelle, le réseau reste opérationnel ou 20 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil encore durée de vie du réseau est limitée dans le temps et est étroitement liée à la réserve d’énergie du réseau. Plusieurs mécanismes de conservation d’énergie, tels que l’utilisation différents modes opérationnels avec différents niveaux d’énergie, ont été implémentés au niveau matériel lors de la conception des nœuds (phase industrielle). Parallèlement à cela, l’ordonnancement d’activité doit cependant être coordonné et renforcé de façon étendue afin de préserver les performances du réseau et ainsi utiliser de façon rationnelle l’énergie des nœuds capteurs. 2.4.2 Le déploiement Le déploiement dans les réseaux de capteurs sans fil constitue après la gestion de l’énergie, l’un des défis et issues de recherche qui attirent de plus en plus d’attention. Le déploiement peut se réaliser de deux manières, déterministe ou aléatoire, selon les exigences de l’application et la nature de la zone étudiée. Le déploiement déterministe, souvent applicable à la surveillance urbaine, industrielle ou à la domotique, nécessite une étude de prédéploiement et fait face aux problèmes des obstacles. L’autre type de déploiement, celui-ci dit aléatoire, interpelle le plus le monde de la recherche car consiste souvent à l’unique alternative pour des zones d’intérêt hostiles à l’accès humain. Dans ce cas, les nœuds doivent avoir suffisamment d’autonomie pour s’auto-configurer et s’autoorganiser afin d’établir une structure et une topologie cohérentes du réseau. Dans un tel réseau, les nœuds doivent être capables d’organiser de façon coopérative les tâches de détection, de capture et de transmission des données sans l’intervention d’un tiers mais aussi s’auto-adapter par rapport aux conditions changeantes du réseau. 2.4.3 La robustesse ou tolérance aux pannes Les nœuds capteurs sans fil sont des équipements électroniques ou électromécaniques bon marché et souvent très exposés aux pannes. Une panne de nœud peut subvenir lors de sa conception (défaut de fabrication au niveau industriel), mais peut être due dans la plupart des cas aux incidents lors du déploiement. En outre, une panne peut aussi subvenir au cours de la phase opérationnelle du réseau et dans la plupart des cas, une dissipation complète de la réserve d’énergie. Cependant, la robustesse du réseau est un paramètre crucial à prendre en considération lors de la conception de tels réseaux ; car une très grande perte de nœuds non planifiée peut écourter considérablement la durée de vie du réseau. Ainsi, il est très souhaitable de mettre en œuvre des solutions adaptées de sorte que les performances du réseau puissent être garanties au mieux tout en annihilant 2.5. Conclusion 21 l’impact des pannes susceptibles de perturber son bon fonctionnement. 2.4.4 Routage et agrégation de données Les réseaux de capteurs sans fil sont caractérisés par leur forte densité, donc une forte redondance des données de capture. Laisser à chaque nœud la liberté de transmettre ses données de capture entrainerait une duplication significative de l’information au niveau de la station de base et ainsi, une surconsommation (inutile) de l’énergie. De ce fait, un choix efficace des nœuds relais et une fusion des données reçues de plusieurs sources permettent de réduire de façon considérable la consommation globale de l’énergie. Cependant, selon les applications, un compromis se pose souvent entre la qualité des données transmises et la durée de vie du réseau. 2.4.5 La sécurité Étant donné qu’un réseau de capteurs sans fil est un type spécial de réseau ad-hoc, il hérite de caractéristiques de ce dernier. Dans certains cas d’application (surveillance, etc.), garantir la protection des données est une tâche fondamentale. Mais cela est rendu difficile, outre l’environnement sans fil, par les contraintes telles que l’accès difficile à la zone d’intérêt, la faible capacité de traitement et d’énergie des nœuds, etc. Tout cela fait que le problème de la sécurité dans les réseaux de capteurs sans fil reste une issue très ouverte et très discutée. 2.5 Conclusion Dans la première partie de ce chapitre, nous avons abordé les notions de nœud et de réseau de capteurs sans fil avec leur organisation structurelle et fonctionnelle. Nous avons par la suite procédé à la présentation d’un panorama de domaine d’application des réseaux de capteurs sans fil. Ce chapitre nous a aussi permis, dans sa dernière partie, d’aborder les différentes problématiques relatives à la technologie des capteurs sans fil et les nombreuses interrogations ouvrant ainsi de nombreuses issues de recherches. Étant donné que la conservation de l’énergie et la maximisation de la durée peuvent être considérées comme des défis transversaux tout le long de la conception de réseaux de capteurs sans fil, nous allons dans la suite de ce manuscrit, tenter de faire une étude 22 Chapitre 2. Généralités sur les réseaux de capteurs sans fil élargie de ces concepts et passer en revue les différentes solutions qui ont été proposées à cet effet. Chapitre 3 État de l’art Toutes les sciences qui sont soumises à l’expérience et au raisonnement, doivent être augmentées pour devenir parfaites ; les anciens les ont trouvées seulement ébauchées, et nous les laisserons à ceux qui viendront après nous en un état plus accompli que nous ne les avons reçues. Pascal - Fragment d’un traité du vide Sommaire 3.1 Introduction 3.2 La consommation d’énergie d’un nœud capteur sans fil . . . . . 24 3.3 Facteurs de surconsommation d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . 25 3.4 Notion de durée de vie dans les réseaux de capteurs sans fil . . 26 3.5 Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil . 29 3.6 3.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 3.5.1 Approches basées sur le «Duty Cycling» . . . . . . . . . . . . . . . . 29 3.5.2 Approches orientées données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 3.5.3 Approches basées sur la mobilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Introduction Un réseau de capteurs sans fil consiste en une multitude de nœuds alimentés par batterie et déployés dans des zones souvent difficilement accessibles (voire impossible d’accès). Cependant, la durée de vie du réseau dépend de façon étroite de celle des nœuds capteurs. C’est ce qui justifie le fait que la durée de vie est l’une des métriques, si ce 24 Chapitre 3. État de l’art n’est la plus, importante pour l’évaluation des performances des solutions destinées à de tels réseaux. Ainsi, elle occupe une place remarquable sur les réflexions menées avant et pendant la conception de protocoles spécialisés pour les réseaux de capteurs sans fil. Dans ce chapitre, nous allons d’abord passer en revue les différents composants sources de consommation d’énergie au niveau d’un nœud capteur sans fil. Ensuite, nous allons essayer d’analyser les facteurs pouvant influencer une surconsommation de l’énergie visà-vis du nœud dans sa conception et dans son fonctionnement en réseau. La maximisation de la durée d’un réseau de capteurs sans fil, revient à l’optimisation de la consommation énergétique des nœuds qui le constituent. Après une synthèse des différentes définitions de la durée de vie, la dernière partie de ce chapitre est consacrée à une étude détaillée des approches de conservation d’énergie les plus courantes dans la littérature. 3.2 La consommation d’énergie d’un nœud capteur sans fil Cette section met en relief la consommation énergétique au niveau des différents composants d’un nœud capteur sans fil. Un nœud capteur sans fil est un dispositif électronique ou encore électromécanique multicomposant. Il est essentiellement composé, selon ce qui est généralement retenu dans la littérature, de quatre composants de base : l’unité de capture comportant un ou plusieurs capteurs accompagnés de convertisseurs analogique-numérique, l’unité de traitement (microcontroleur + mémoire), l’unité de transmission (émetteur-récepteur + antenne) et l’unité d’énergie (batteries 2 AA à 1,5 volt) [Anastasi 2009, Mukherjee 2013]. Nous allons nous focaliser sur la consommation de ces composantes de base. Néanmoins, selon le type d’application, un nœud peut être équipé d’autres composantes, comme une unité mobile pour déplacer le nœud ou changer l’orientation de l’antenne, une unité de géolocalisation pour déterminer la position du nœud, entre autres. Étant donné que ces derniers sont optionnels, ils ne seront pas considérés dans cette section. • Niveau capture : L’énergie de capture est dissipée pour accomplir les tâches d’échantillonnage, de traitement du signal, de conversion analogique/numérique et d’activation/désactivation de la sonde du capteur. En général, l’énergie de capture représente un faible pourcentage de la consommation globale d’un nœud donné. Mais, selon les exigences de certaines applications, elle peut s’avérer non négligeable [Srivastava 2013]. 3.3. Facteurs de surconsommation d’énergie 25 • Niveau traitement : L’énergie de traitement représente la quantité d’énergie dissipée pour le traitement des instructions (énergie de commutation) mais aussi pour le fonctionnement du microcontrôleur et des mémoires (énergie de fuite). Cette quantité d’énergie est négligeable devant celle dissipée par l’unité de communication. Il est néanmoins beaucoup plus judicieux de concevoir des solutions et algorithmes moins gourmands en mémoire et simples en terme de ressources processeur pour une utilisation raisonnable de l’énergie. • Niveau communication : la radio d’un nœud capteur fonctionne généralement suivant quatre modes : émission, réception, passif ou «idle» et veille ou sommeil [Mahfoudh 2008]. Et chacun de ces modes, fonctionne avec différents niveaux d’énergie ; nous les avons énumérés selon l’ordre décroissant de quantité d’énergie dissipée. L’énergie dissipée durant les phases de transmission est proportionnelle à la portée du signal ; c’est-à-dire, plus la puissance du signal est importante, plus l’énergie l’est aussi. Le mode passif ou idle, mode durant lequel la radio reste allumée et qu’il n’ y ait aucun bit de données à transmettre ou à recevoir, est aussi une source non négligeable de consommation d’énergie mais est néanmoins moins gourmand que la transmission. Le mode veille est celui avec la plus faible consommation d’énergie parmi les quatre, dans ce cas, la radio est complètement inactive. Outre ces quatre modes, l’unité de communication connaît d’autres formes de consommation d’énergie, les phases de transition entre les différents modes [Wang 2007]. 3.3 Facteurs de surconsommation d’énergie • La retransmission : les nœuds capteurs sans fil utilisent le support radio pour échanger des données. Ainsi, plusieurs transmissions simultanées et dirigées vers une même destination peuvent aboutir à des collisions au niveau de la destination, d’où une perte de données. Certaines applications exigent une retransmission des données perdues ; et cela engendre des coûts supplémentaires en terme d’énergie dissipée. Si nous considérons une seule retransmission, la quantité d’énergie dissipée est deux (02) fois celle qui devait être utilisée pour une transmission normale. Beaucoup de travaux dans la littérature tentent de solutionner ce problème en proposant des mécanismes d’accès au canal (niveau MAC) taillé pour les réseaux de capteurs sans fil afin de permettre une utilisation efficiente et efficace de l’énergie. • L’écoute active : l’écoute active ou encore «idle listerning» se produit lorsqu’un 26 Chapitre 3. État de l’art nœud est à l’écoute du canal alors qu’il y a aucune transmission. Cela peut, de façon abusive, engendrer une consommation considérable et inutile d’énergie. La solution basique qui est préconisée contre ce phénomène est de faire basculer la radio en mode veille le plus longtemps possible surtout dans le cas des réseaux à faible trafic. • L’écoute abusive : l’écoute abusive ou encore «overhearing» se produit lorsqu’un nœud reçoit des données qui ne lui sont pas destinées. Cela peut engendrer une surconsommation importante d’énergie surtout dans le cas des réseaux très denses et à très fort trafic. • La surcharge : les protocoles d’accès au média et de routage fonctionnent en échangeant des informations de signalisation, de connectivité, de réservation de ressources, etc. Ces informations sont connues sous le terme messages de contrôle ou overhead et permettent de garantir une certaine cohérence du réseau. Cette charge additionnelle du réseau entraine une consommation supplémentaire de l’énergie mais aussi une détérioration des performances (si c’est généré de façon abusive). • La taille des paquets : la taille des paquets transmis peut aussi être source de surconsommation d’énergie. Ainsi, la taille des paquets ne doit être ni trop courte ni trop longue. Une taille de paquet trop petite nécessite souvent qu’une donnée soit segmentée en plusieurs paquets, d’où plusieurs transmissions accompagnées des informations de contrôle. Le contraire, c’est-à-dire, une taille de paquet trop importante nécessite elle aussi plus de puissance de transmission donc plus d’énergie dissipée par la radio. 3.4 Notion de durée de vie dans les réseaux de capteurs sans fil Un réseau de capteurs sans fil n’a d’intérêt que s’il reste fonctionnel pendant la durée d’étude bien déterminée. Cette durée d’étude est souvent définie sous l’appellation durée de vie du réseau. Ainsi, Chen et al. [Chen 2005] définissent la durée de vie d’un réseau de capteurs sans fil comme étant le temps écoulé depuis son déploiement jusqu’à ce que le réseau devient non fonctionnel. La notion «fonctionnel ou non» du réseau peut avoir plusieurs interprétations selon le type d’application considérée. Dans la littérature, nous pouvons avoir plusieurs définitions de la durée de vie qui sont généralement basées sur différentes métriques relativement au domaine d’application [Champ 2009, Dietrich 2009]. 3.4. Notion de durée de vie dans les réseaux de capteurs sans fil 27 • La durée de vie basée sur la proportion de nœuds opérationnels : c’està-dire le temps écoulé depuis l’activation du réseau jusqu’à atteindre une fraction définie de nœuds «en survie». Cette métrique est aussi formulée dans la littérature comme étant la durée de vie k-sur-n. Cependant, cette métrique ne permet pas de prendre en considération la possibilité de relayer les données jusqu’à la station de base. Car la proportion de nœuds survivant peut être éparpillée à travers la zone d’intérêt, ce qui fait que le réseau présente plusieurs segments isolés. Si nous considérons les applications de sorte que tout nœud peut joindre avec un seul saut la station de base, les segments isolés ne seront plus un souci mais cela est moins réaliste car les réseaux de capteurs sans fil sont souvent de nature multi-sauts. • La durée de vie basée sur la proportion de nœuds «morts» : considérant cette métrique, nous retrouvons aussi plusieurs variantes. Luo et al. définissent la durée de vie du réseau [Luo 2011] comme étant le temps écoulé depuis le déploiement du réseau jusqu’à ce que le premier nœud épuise sa batterie ; c’est-à-dire qu’ils considèrent la fin du réseau 1-sur-n perte de nœud. Tian et al. pour leur part parlent de la durée de vie [Georganas 2002] en considérant que le réseau devienne plus opérationnel que si tous les nœuds épuisent leurs batteries. Le problème avec cette métrique est qu’elle néglige, au delà du problème de l’existence de route jusqu’à la station de base, le fait que la perte ou «mort» d’un nœud peut être due à une défaillance de l’une de ses unités de base (radio, capteur, etc.). Les auteurs qui utilisent cette métrique supposent que seul l’épuisement de la batterie est susceptible de provoquer une disparition d’un nœud du réseau ; ce qui n’est pas toujours le cas. Par exemple pour Luo et al., la durée d’un réseau peut être de quelques secondes si nous considérons le cas d’un déploiement par largage par avion où certains nœuds peuvent être défaillants au moment du contact avec le sol. • La durée de vie basée sur le α-couverture : cette métrique est très utilisée dans la littérature. Dans les cas d’étude de la couverture par domaine ou «area coverage», la durée de vie est souvent définie comme étant l’intervalle de temps entre l’activation du réseau jusqu’à ce qu’une proportion α de la zone d’intérêt ne soit plus couverte [Zhang 2005a, Zhang 2005b, Zhang 2006, Gentili 2013]. Une autre variante [Wu 2005] consiste à définir la durée de vie comme étant l’intervalle de temps écoulé depuis le déploiement jusqu’à ce que le pourcentage de couverture passe en deçà d’un seuil prédéfini α. Kasbekar et al. [Kasbekar 2011] quant à eux, considèrent que le réseau atteint sa durée de vie limite dès l’apparition du premier 28 Chapitre 3. État de l’art trou sur la couverture ; c’est-à-dire que les nœuds restants ne peuvent plus constituer un ensemble couvrant. Dans [Shirazi 2011], les auteurs définissent la durée de vie comme étant la durée maximale durant laquelle des événements donnés puissent être détectés avec une probabilité définie. • La durée de vie basée sur la connectivité : comme la couverture, la métrique de durée de vie basée sur la connectivité aussi est très répandue dans la littérature. Nous avons plusieurs variantes de durée de vie reposant sur la connectivité du réseau, parmi lesquelles le pourcentage de nœuds pouvant atteindre la station de base via une communication multi-sauts. Cette définition de la durée de vie utilisée est celle qui propose une fraction de nœuds opérationnels puis y ajoute la condition de maintenir une route jusqu’à la station de base [Cărbunar 2006]. Sha et Shi dans [Sha 2005] combinent la couverture et la connectivité dans leur définition de la durée de vie. Ils considèrent que la durée de vie du réseau est le temps écoulé depuis le déploiement jusqu’à ce que la connectivité ou la couverture atteigne un seuil bien défini. • La durée de vie basée sur la qualité de service requis par l’application : le plus souvent dans la littérature, les chercheurs et concepteurs de solutions pour les réseaux de capteurs sans fil expriment la durée de vie du réseau en matière de qualité de service (QoS) requis par les applications [Béjar 2012, Chen 2011, Pham 2011, Zairi 2012]. Le choix de cette métrique nous semble tout à fait cohérent et justifié vu que tout réseau de capteurs est déployé pour satisfaire un ou des besoins spécifiques ; c’est-à-dire qu’une application donnée a ses exigences spécifiques qui peuvent être exprimées en terme de couverture, de débit, de disponibilité, de fiabilité, etc. Chen et al., définissent la durée de vie en se basant sur le taux de paquets transmis. Pour cela, ils essayent de déterminer le niveau de redondance optimal pour satisfaire la QoS désirée et ainsi prolonger la longévité du réseau. D’un autre côté, Pham utilise le niveau de criticité nécessaire pour la détection des événements dans les réseaux de capteurs multimédias. Son approche repose sur les courbes de Bezier pour fournir le niveau de QoS requis et permet en même temps de maximiser la durée de vie du réseau. En résumé, une métrique de définition de la durée de vie n’est pertinente que dans le contexte applicatif dans lequel elle est utilisée. Toutefois, la combinaison de plusieurs métriques permet de donner plus de souplesse aux solutions destinées aux réseaux de capteurs sans fil. Ainsi, les objectifs implicites de l’une ou de l’autre définition dans une 3.5. Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil 29 solution protocolaire donnée peuvent se résumer en l’efficacité énergétique. Car la finalité principale qui incite à déployer un réseau de capteurs sans fil, est de collecter des données relatives à un phénomène dans une zone d’étude donnée et pour une période de temps bien définie. Atteindre ce temps désiré pour l’étude ou l’observation d’un phénomène physique donné crée une véritable interrogation aussi bien dans le milieu universitaire qu’industriel. 3.5 Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil Dans les réseaux ad hoc en particulier les réseaux de capteurs sans fil, la consommation de l’énergie est généralement considérée comme un facteur déterminant et suscite beaucoup de réflexions. Les concepteurs de solutions pour de tels réseaux se focalisent souvent sur la qualité de service requise par l’application au premier plan pour ensuite assujettir cela avec l’efficacité énergétique. Une telle attention est accordée à l’efficacité énergétique, car le fonctionnement d’un nœud est étroitement lié à la quantité d’énergie disponible dans sa batterie. Ce qui fait que la durée de vie du réseau est en général fortement dépendante des quantités individuelles d’énergie des différents nœuds capteurs. Ainsi, plusieurs solutions ont été proposées dans la littérature et utilisent différentes techniques qui peuvent être classées en trois grandes approches (cf. figure 3.1) [Alippi 2009, Anastasi 2009, Mahfoudh 2008, Mukherjee 2013, Srivastava 2013, Vincent 2007, Wang 2007] : l’approche basée sur le Duty Cycling, celle basée la réduction des données et enfin l’approche basée sur la mobilité. Approches de conservation d’énergie "Duty Cycling" Approche orientée données Approche orientée mobilité Figure 3.1 – Les approches de bases pour la conservation de l’énergie dans les RCSFs 3.5.1 Approches basées sur le «Duty Cycling» Le «Duty Cycling» de manière générale consiste à la proportion de temps durant laquelle un composant, un périphérique ou un système est opérationnel. Dans un contexte 30 Chapitre 3. État de l’art relatif aux réseaux de capteurs sans fil, le «duty cycling» peut être défini comme étant la fraction de temps durant laquelle un nœud reste actif (opérationnel). La technique consiste à mettre les nœuds en mode basse consommation d’énergie dès que nécessaire c’est-à-dire, s’il y a aucune donnée à transmettre. Cependant, les nœuds en mode économie d’énergie sont réactivés aussitôt qu’il y a des données à transmettre ou à recevoir. Ainsi, les nœuds commutent fréquemment entre les modes actif et veille selon l’activité du réseau. Plusieurs solutions dans la littérature utilisent cette technique surtout au niveau MAC et routage, et peuvent être classées en deux principales catégories différentes et complémentaires : le contrôle de topologie et la gestion de la consommation de l’énergie (cf. figure 3.2). Dans Contrôle de topologie Duty Cycling Gestion de la consommation d’énergie Figure 3.2 – L’approche du «duty cycling» dans les RCSFs un réseau de capteurs sans fil, les nœuds sont souvent déployés en surnombre, créant ainsi une redondance dans la répartition de ces derniers à travers la zone d’intérêt. Le contrôle de topologie a pour objectif d’exploiter cette redondance en partitionnant les nœuds en plusieurs sous-ensembles dont chacun est capable de couvrir la zone d’étude dans sa totalité (ensembles couvrants) ou partiellement (clusters). Quant à la gestion de la consommation de l’énergie, elle consiste à mettre les nœuds en mode d’économie d’énergie lorsqu’ils ne sont pas acteurs d’une communication. Beaucoup de travaux dans la littérature s’adressent au partitionnement du réseau en utilisant la redondance des nœuds. Ainsi, le partitionnement peut se faire sur deux niveaux : spatial ou protocolaire. Nous allons discuter du problème du partitionnement en considérant le modèle d’organisation protocolaire qui veut que le réseau ait, soit une structuration plate ou hiérarchique. 3.5.1.1 Partitionnement hiérarchique Le partitionnement hiérarchique ou encore clustering, consiste à répartir les nœuds en plusieurs groupes distincts et chacun doté d’un chef de groupe dit chef de cluster ou cluster head (cf. figure 3.3b). Le cluster head a pour rôle de collecter les données des nœuds membres du cluster qu’il gère avant de les retransmettre vers la station de base soit par un 3.5. Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil 31 Noeuds dans l’ensemble couvrant actif Noeud membre inactif Points cibles à couvrir Noeud membre actif Noeuds dans l’ensemble couvrant inactif Chef de cluster Station de base Station de base (a) Ensembles couvrants (b) Clusters Figure 3.3 – Partitionnement par ensembles couvrants et par clusters dans les RCSFs saut direct soit en passant par ses homologues jusqu’à atteindre la station de base. Deux types de communication peuvent être notés dans un réseau hiérarchique, les échanges intra-clusters où les nœuds membres dialoguent avec le chef, et ceux interclusters où les chefs de clusters communiquent entre eux pour relayer des données. Ce type de partitionnement permet une efficacité énergétique, car les nœuds membres d’un cluster, s’ils n’ont aucune donnée à transmettre ou à recevoir, peuvent se mettre en mode d’économie d’énergie. Ce processus est réglementé par un ordonnancement des activités des nœuds, le plus souvent effectué au niveau MAC. Nous n’ allons pas dans ce travail insister sur comment les clusters sont établis, mais juste sur la structuration fonctionnelle afin d’économiser l’énergie. LEACH [Banerjee 2001], est l’un des pionniers dans le domaine, où les chefs de clusters sont choisis aléatoirement et pour un temps ∆t selon la politique du round robin pour un équilibrage de la consommation énergétique. Tandis que les nœuds membres de cluster communiquent, si nécessaire, directement avec leur chef de cluster. Les auteurs dans LEACH, considèrent que les chefs de cluster peuvent via une communication directe atteindre la station de base, ce qui n’est pas toutefois très réaliste. Car, dans le cas des réseaux déployés dans de vastes étendues, il serait très difficile voire impossible que chaque potentiel chef de cluster puisse être à portée de la station de base. Cependant, plusieurs variantes ont été proposées pour améliorer le protocole [Farooq 2010, Loscri 2005]. 3.5.1.2 Partitionnement plat Ce mode organisationnel ne définit aucune hiérarchie dans le réseau, de ce fait, tous les nœuds ont les mêmes responsabilités. Dans ce type de partitionnement, les nœuds sont organisés soit en sous-ensembles couvrants soit en une organisation libre. L’organisation 32 Chapitre 3. État de l’art des nœuds du réseau en sous-ensembles couvrants est une technique souvent centralisée et permet de répartir les nœuds capteurs en plusieurs dont chacun est capable de couvrir à lui seul toute la zone d’intérêt (cf. figure 3.3a). Ensuite, une politique d’ordonnancement est appliquée pour l’activation des sous-ensembles couvrants un à un permettant ainsi de prolonger la longévité du réseau d’un facteur k avec k étant le nombre de sousensembles couvrants obtenus [Abrams 2004, Cardei 2005, Slijepcevic 2001, Zorbas 2010]. D’autres solutions adoptent une organisation libre du réseau, où les nœuds effectuent un ordonnancement de leur activité de façon individuelle. Dans ce cas, chaque nœud choisit d’entrer en mode actif ou veille en se basant sur le contexte de son voisinage immédiat. Généralement, dans de tels cas de figure, les réveils sont souvent contrôlés par un processus probabiliste. Ye et al. [Ye 2003], proposent le protocole PEAS qui est un algorithme distribué utilisant le principe du sondage du voisinage. Ainsi, tous les nœuds doivent procéder au sondage de leur voisinage afin de détecter la présence d’un voisin actif. Si un nœud se réveille et trouve qu’il y a déjà un voisin actif qui couvre sa zone, il retourne en mode veille afin d’économiser sa batterie, sinon il commence aussitôt son activité et assure la surveillance. Les auteurs de PEAS considèrent que le temps de réveil d’un nœud suit une distribution exponentielle de paramètre λ (λ, représente le taux de sondage du nœud en question). Cependant, le problème avec ce mode de partitionnement est que les nœuds en veille ou redondants ne sont pas tout de suite informés lorsqu’il y a disparition (mort ou panne) d’un nœud actif. Ce qui fait que la capture des événements ne peut pas être garantie à tout moment. Une solution par rapport à ce problème consiste à doter les nœuds d’un mécanisme efficace de reprise afin de mettre à jour la topologie en cas de perte d’un nœud. En résumé, nous pouvons noter qu’en général, l’approche du duty cycling met en exergue des techniques d’économie d’énergie vis-à-vis du module radio et vis-à-vis de l’organisation spatiale du réseau [YILMAZ 2007]. De ce fait, elles oublient souvent le prélèvement des données. 3.5.2 Approches orientées données L’approche orientée donnée vient ajouter une autre touche sur l’efficacité énergétique. Cette approche est mise au point pour réduire le nombre d’échantillonnage tout en maintenant des prélèvements pertinents pour le module de détection. Toutefois, les données capturées affectent la consommation d’énergie au niveau d’un nœud capteur de deux manières [Anastasi 2009, Mukherjee 2013] : 3.5. Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil 33 Approche orientée données Réduction des données Traitement intra-réseau Compression des données Acquissition efficace des données Prédiction des données Échantillonage adaptatif Échantillonage hiérarchique Échantillonage actif Figure 3.4 – Approche de conservation d’énergie orientée données • L’échantillonnage excessif ou inutile : en général, les données transmises à la station de base ont une corrélation spatiale et/ou temporelle, entrainant ainsi une surconsommation au niveau des nœuds responsables. Par exemple, un capteur de température qui envoie des données toutes les 30 secondes causerait une surconsommation aussi bien au niveau de la détection qu’à la transmission de l’information vers la station de base. • La consommation énergétique du module de capture : les opérations de capture requièrent de l’énergie, qui est souvent négligée dans la conception de solutions dédiées aux réseaux de capteurs sans fil. Cependant, la consommation énergétique de l’unité de capture mérite parfois d’être minutieusement étudiée surtout dans les cas d’application où cette dernière devient une véritable source de dissipation d’énergie. L’approche de conservation d’énergie basée sur les données utilise en général, deux principales techniques pour faire face à ces défis ; la réduction des données et l’efficacité énergétique au niveau acquisition (cf. figure 3.4). 3.5.2.1 Réduction des données Durant ces dernières décennies, le problème de la réduction des données de capture a suscité beaucoup d’attention tant dans le domaine protocolaire que conceptuel [Santini 2006]. Étant donné que les données collectées ont souvent une corrélation spatiotemporelle, la plupart des solutions proposées dans la littérature s’appuient soit sur la réduction des données dans le temps soit dans l’espace. Comme illustré dans la figure 3.4, plusieurs techniques agissant sur des niveaux différents ont été proposées pour une utilisation efficace de l’énergie vis-à-vis de la capture. 34 Chapitre 3. État de l’art Prédiction des données : Les techniques de prédiction des données s’appuient sou- vent sur des modèles décrivant le phénomène surveillé. Ces modèles peuvent être exécutés à deux niveaux ; au niveau de la station de base ou d’un nœud capteur simple. La station de base traite les demandes des nœuds capteurs sans avoir recours à des communications supplémentaires. Ce qui permet ainsi de réduire de façon considérable les coûts des échanges station de base - nœud capteur. Cela est possible seulement avec une "parfaite” modélisation du phénomène étudié. Quand du coté d’un nœud, ce dernier effectue des échanges avec la station de base que pour les échantillons de données pertinentes. Ainsi, Le Borgne et al. proposent dans [Le Borgne 2007], un modèle d’échantillonnage temporel en se basant sur le modèle Dual Prediction Scheme (DPS). Les nœuds capteurs utilisent le modèle DPS pour la prédiction des temps d’échantillonnage et ont aussi la possibilité de sélectionner de façon autonome grâce à la stratégie AMS (Adaptive Model Selection), un modèle de prédiction parmi plusieurs en se basant sur le contexte actuel du réseau. Leur solution permet de réduire le nombre d’échanges entre un nœud donné et la station de base. Santini et al. suivent dans la même optique et proposent une solution de prédiction adaptative sans se baser ni sur un modèle quelconque ni sur les connaissances à priori du phénomène observé [Santini 2006]. Les nœuds utilisent l’algorithme Least-Mean Square (LMS) pour décider s’il faut ou non envoyer des mesures à la station de base. Pour cela, ils considèrent que l’erreur minimale que l’on peut commettre sur une mesure x[k] est emax . Et que la station de base n’a pas besoin de connaitre avec exactitude la valeur x[k] d’une mesure donnée mais plutôt x[k] ± emax . De ce fait, il n’est pas nécessaire d’envoyer tous les flux de données x[k], mais plutôt envoyer quelques valeurs et la station de base va reproduire le flux entier avec une certaine précision. Compression des données : Chez un nœud capteur sans fil, toute capture du phénomène physique est convertie en un flux binaire grâce à un convertisseur analogique/numérique (ADC). Si chaque nœud se met à communiquer ses échantillons de données vers la station de base (Base Station - BS), la durée de vie du réseau serait écourtée proportionnellement au taux des échanges inter-nœuds et ceux entre les nœuds capteurs et la station de base. De ce fait, la compression de données de capture est une issue très discutée pour optimiser la consommation énergétique au niveau d’un nœud en particulier et sur tout le réseau en général. Cela a ainsi suscité beaucoup de réflexion et de solutions proposées dans la littérature [Kimura 2005, Li 2011, Luo 2009, Petrovic 2003]. Mina Sartipi et al. proposent dans [Sartipi 2011] CDS(RW) un algorithme distribué de compression des données de capture, basé sur la marche aléatoire, indépendant des 3.5. Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil 35 informations de routage et de la topologie. Ils partent de la technique dite Compressive Sensing [Caione 2012] pour permettre aux nœuds de collecter de façon distribuée suffisamment de données puis de les agréger sans pour autant accroitre les coûts des communications inter-nœud. Dans la même lancée, Marcelloni et al. [Marcelloni 2008], proposent un algorithme simple pour la compression des données de capture. Dans leur solution, ils considèrent qu’à chaque fois qu’un nœud acquiert une mesure mi , il la convertit en un flux binaire ri sur R bits ; avec R représentant la résolution du CAN (Convertisseur Analogique/Numérique). Ensuite, pour une nouvelle capture, le nœud calcule grâce à l’algorithme de compression, la différence di = ri − ri−1 qui représente l’entropie sur l’encodage. Cela permet de réduire de façon considérable les communications nœuds - BS. Leur solution permet de faire un gain conséquent de la quantité d’énergie dissipée pour les transmissions et le calcul mais aussi la quantité de mémoire pour le stockage des données. Traitement intra-réseau : Un réseau de capteurs sans fil est souvent composé d’une multitude de nœuds distribués à travers une zone donnée pour la surveillance d’un phénomène physique. Les nœuds vont collecter de manière distribuée les données puis les envoyer à la BS. Le traitement en local de toutes ces données pourrait être plus coûteux que leur transmission vers la BS, pour un traitement centralisé. Cependant, le traitement de toutes les données au niveau de la BS, contribue à isoler complètement l’utilisateur du fonctionnement interne du réseau. De ce fait, l’utilisateur ne peut pas interagir directement avec le principal acteur du réseau à savoir le nœud capteur lui-même. Ainsi, la technique du in-network processing permettrait comme à la manière des proxys d’attribuer certaines tâches d’agrégation et de traitement à des nœuds afin de réduire les coûts des communications mais aussi de pouvoir fournir des informations avec une certaine fraicheur aux utilisateurs [Fasolo 2007]. Les auteurs dans [Yao 2002], proposent une solution distribuée de traitement intra-réseau basée sur l’approche Cougar. Leur solution permet, pour chaque requête d’un utilisateur, l’optimiseur de requête génère un plan de traitement distribué. Cela permet de soulager l’utilisation des ressources tout en prolongeant la durée de vie réseau. Dans la même optique, Intanagonwiwat et al. proposent dans [Intanagonwiwat 2002] une approche d’agrégation in-network des données le long d’une route donnée. Leur solution est basée sur ce qu’ils appellent la greedy aggregation qui est une nouvelle approche de diffusion pour construire de manière incrémentale l’arbre d’agrégation des données. Pour cela, ils considèrent le plus court chemin entre un nœud source et la BS, puis les autres sources sont ajoutées en considérant le point le plus proche de l’arbre existant. Cette approche trouve son importance sur le fait qu’elle peut être couplée 36 Chapitre 3. État de l’art avec d’autres approches de conservation d’énergie telles que le partitionnement, etc. 3.5.2.2 Acquisition efficace des données L’acquisition des données est l’une des tâches la plus fondamentales pour un réseau de capteurs sans fil. Les nœuds sont destinés à collecter des données d’un phénomène physique relativement à un environnement donné. Cependant, le défi majeur qui se présente est comment pouvoir récolter les informations de manière efficace et intelligente tout en assurant leur pertinence. En effet, réaliser cet objectif devient pour certaines applications une contrainte supplémentaire qui s’ajoute à celle de la consommation énergétique relative aux échanges radio. Ainsi, le module de capture peut devenir dans certains cas une véritable source de surconsommation d’énergie si l’on considère plusieurs facteurs intrinsèques tels qu’un capteur ou CAN gourmand en énergie, les temps de capture très longs, etc. De ce fait, réduire simplement le nombre de communications ne suffit plus mais l’intégration de nouvelles méthodes de conservation d’énergie au niveau de l’acquisition des données s’impose afin de permettre une efficacité énergétique plus ou moins acceptable. Ainsi, une réduction de la consommation d’énergie du module de capture permettrait aussi une baisse implicite de l’énergie dissipée au niveau de la radio. Plusieurs solutions ont été proposées dans la littérature et peuvent être classées en trois principales techniques d’échantillonnage : adaptatif, hiérarchique et actif. Échantillonnage adaptatif : L’échantillonnage adaptatif a pour objectif de réduire le nombre d’échantillons de données générées par un nœud en exploitant la corrélation spatio-temporelle sur ces données [Kho 2009, Willett 2004a, Willett 2004b]. Kho et al. [Kho 2009] s’appuient sur la corrélation temporelle pour proposer une méthode de contrôle distribuée de l’échantillonnage dans un réseau de diffusion. Pour cela, ils subdivisent la période d’observation en plusieurs intervalles de temps réguliers, et ainsi, chaque nœud exécute l’algorithme pour déterminer le taux d’échantillonnage adéquat. Ainsi, à chaque instant, on peut avec une certaine certitude avoir le taux d’échantillonnage d’un nœud donné. Dans la même lancée, Rebecca Willett et al. proposent Backcasting [Willett 2004a]. L’idée de base dans Backcasting est que, du fait de la densité, tous les nœuds n’ont pas besoin d’échantillonner des données de capture de manière uniforme à travers la zone d’intérêt. En fait, plusieurs nœuds peuvent être activés pour capturer des données sensiblement identiques. De ce fait, les nœuds peuvent, au lieu d’effectuer un échantillonnage continu, estimer l’état du phénomène observé en se basant sur les états précédents. Willett 3.5. Conservation de l’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil 37 et al. continuent sur la même optique en proposant une nouvelle méthode d’échantillonnage spatial à trois rounds : «preview», «backcast» et «rafinement». La phase «preview» consiste à faire une estimation à faible résolution d’une zone donnée puis vient la phase dite «backcast». La phase «backcast» permet d’activer des nœuds supplémentaires afin d’avoir une vue nette. Enfin, nous avons la phase dite «raffinement» qui est utilisée pour avoir l’estimation finale avec une haute résolution. Échantillonnage hiérarchique : il consiste à équiper les nœuds de plusieurs capteurs simples et complexes. Les capteurs simples sont à basse consommation mais offrent une résolution faible sur le phénomène observé. Contrairement aux capteurs simples, ceux dits complexes sont plus sophistiqués en terme de résolution mais en contrepartie sont plus gourmands en énergie. L’idée de base consiste à activer d’abord les capteurs basse consommation pour la détection puis utiliser les capteurs à haute résolution pour raffiner l’observation. Échantillonnage actif : L’échantillonnage actif ou «model-based active sampling» est un peu similaire à l’approche de prédiction des données. Mais contrairement à la prédiction qui effectue un échantillonnage périodique, l’échantillonnage actif s’appuie sur les données déjà obtenues pour déterminer un modèle qui permettra de déduire l’état futur du phénomène observé avec une certaine précision. Deshpande et al. [Deshpande 2004] utilisent cette approche pour proposer BBQ. Leur solution est basée sur un modèle statistique permettant d’optimiser l’échantillonnage des nœuds capteurs. Ainsi, les nœuds doivent capturer des données si et seulement si le modèle probabiliste n’est pas suffisamment riche pour répondre aux demandes avec une confiance acceptable. 3.5.3 Approches basées sur la mobilité Outre les approches «duty cycling» et orientées données, la mobilité des nœuds aussi est souvent utilisée pour une gestion efficiente de la consommation d’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil. Actuellement, la plupart des travaux de recherche dans la littérature sont axés sur généralement deux principales techniques : la mobilité de la station de base elle-même ou le choix de nœuds relais mobiles. La mobilité, en plus d’être une solution au problème de la conservation de l’énergie, permet aussi de compenser un autre vide relativement à la connectivité des nœuds. Car elle peut permettre de régler définitivement le problème des zones isolées à cause des trous de couverture. 38 Chapitre 3. État de l’art 3.5.3.1 Techniques basées sur la mobilités de la BS Les nœuds capteurs sont destinés à collecter des données et de les transmettre vers la BS (nœud puits ou sink). Le plus souvent, ces communications sont réalisées de manière multi-sauts, cela produit beaucoup d’échanges radio pour souvent transmettre une information redondante du fait du maillage du réseau. La mobilité du sink, consiste cependant une solution très adéquate à certains types d’applications, par le fait qu’elle contribue à réduire considérablement le flux de trafic (funneling effect) vers le nœud sink tout en assurant la connectivité [Ekici 2006]. La plupart des solutions adoptant la mobilité du sink utilisent la programmation linéaire (LP) pour optimiser la durée de vie du réseau. La finalité première de la mobilité du sink est de pouvoir garantir un équilibrage des charges en ce qui concerne la consommation énergétique, et aussi alléger la tâche de routage. Wang et al. dans [Wang 2005] proposent une solution exploitant la mobilité du sink pour une collecte de données efficace garantissant une longévité du réseau. Ils modélisent le problème en utilisant la programmation linéaire afin de déterminer les déplacements du sink ainsi que son temps de séjour au niveau de chaque point de collecte. De la même manière, les auteurs dans [Yun 2010] proposent une solution avec mobilité du sink pour des applications non contraignantes au délai. Ainsi, ils proposent que les nœuds doivent stocker temporairement les données puis les transmettre une fois que le sink est dans le voisinage. La plupart de ces solutions relèvent du problème d’optimisation et de ce fait, elles sont approximatives ou simplement applicables à des applications spécifiques. 3.5.3.2 Techniques basées sur la mobilité de nœuds relais La mobilité du nœud relais est aujourd’hui très utilisée pour la collecte des données dans les réseaux de capteurs sans fil. L’approche la plus courante consiste à utiliser des nœuds dits «bac à message ou message ferries». Un bac à message est un nœud spécial qui se déplace à travers le réseau pour collecter les informations des nœuds capteurs statiques situés à proximité. Les auteurs dans [El-Moukaddem 2013], passent en revue les différentes approches de mobilité puis proposent une nouvelle technique permettant de calculer la trajectoire des nœuds mobiles en s’appuyant sur l’état actuel de la topologie. En résumé, les solutions basées sur la mobilité utilisent en général des techniques fondées sur les informations de topologie et négligent souvent la consommation du module de mobilité intégré dans le nœud. 3.6. Conclusion 3.6 39 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons effectué une étude élargie de la consommation d’énergie ainsi que les facteurs intrinsèques influençant cette dernière au niveau d’un nœud. Cela, a permis de conclure que la longévité d’un réseau de capteurs sans fil est étroitement liée à celle des nœuds qui le composent. Cette contrainte, constitue une influence considérable pour les chercheurs et concepteurs lors de la mise en œuvre de solutions dédiées à de tels réseaux. Nous pouvons retenir, à travers cette étude que les modules de capture et radio, sont souvent au cœur des sources de surconsommation de l’énergie. De ce fait, tout comme la radio, le module de capture mérite aussi une attention particulière en ce qui concerne l’échantillonnage et l’acquisition des données. Ces deux éléments ont suscité beaucoup de réflexion et de nombreuses solutions ont été proposées, mais ils restent toutefois des issues assez ouvertes pour une optimisation de la consommation énergétique. Le dernier volet de notre étude à travers ce chapitre a été consacré aux approches de conservation d’énergie. Ainsi, le taux de production dans la littérature permet de déduire que l’approche du duty cycling demeure la plus couramment utilisée. Nous avons cependant constaté que les promoteurs de cette approche se focalisent le plus souvent sur l’organisation spatiale du réseau et oublient ou négligent l’impact de l’acquisition des données sur la consommation énergétique. Car la plupart des solutions mettent en relief la radio et négligent les autres modules qui, dans certains cas de figure, peuvent eux aussi être de véritables sources de dissipation d’énergie. La mobilité est aussi une autre issue très prisée pour réduire la consommation énergétique des nœuds et par conséquent prolonger la durée de vie du réseau. Cependant, cette approche se heurte souvent, outre la nature accidentée des terrains observés, au problème du module de déplacement «mobilizer» qui est souvent très gourmand en énergie. Nombreuses sont les approches et techniques détaillées dans ce chapitre, mais la liste est toutefois loin d’être exhaustive. Cela, nous mène dans la suite de ce travail à se pencher sur les solutions protocolaires que nous avons proposées pour optimiser la durée de vie du réseau en guise de contribution. Chapitre 4 Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de Weibull La science ne connaît qu’une loi : la contribution scientifique. Galilée - La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing) Sommaire 4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 4.2 Modèle de probabilité pour l’étude de la durée de vie . . . . . . 42 4.3 4.4 4.1 4.2.1 La distribution exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 4.2.2 La distribution de Weibull . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Le modèle Sentinel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 4.3.1 Prolongation de la durée de vie avec le modèle Sentinel . . . . . . . 45 4.3.2 Description des états d’un nœud Sentinel . . . . . . . . . . . . . . . 47 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Introduction La conservation de l’énergie ou encore l’optimisation de la durée de vie constitue l’un des critères clés de performance pour les réseaux de capteurs sans fil. Plusieurs solutions existantes dans la littérature s’appuient sur la technique d’ordonnancement d’activité ou scheduling pour prolonger la durée de vie du réseau. Cependant, la plupart de ces solutions utilisent des modèles peu réalistes par rapport aux réseaux de capteurs sans fil. Car elles considèrent souvent un ordonnancement périodique des activités des nœuds du réseau. De ce fait, la maintenance du réseau nécessiterait, au plus, un délai égal à la période après qu’une panne soit survenue. Cela signifie que dès qu’une panne survient, aucun événement Chapitre 4. Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de 42 Weibull ne sera plus détecté sur la zone concernée jusqu’à la prochaine période. Donc, ces modèles ne prennent pas en considération de manière réaliste la forte probabilité de panne dans les réseaux de capteurs sans fil. Or, ces dernières peuvent avoir un impact significatif sur la surveillance et la détection de phénomènes physiques sur la zone d’intérêt. Dans ce chapitre, nous présentons un modèle probabiliste pour prolonger la durée de vie des réseaux de capteurs sans fil. Le modèle que nous dénommons Sentinel est inspiré du principe des gardes au niveau des zones militaires. C’est-à-dire, pour des endroits stratégiques, on positionne des sentinelles pour assurer la surveillance et cela à tour de rôle. Ainsi, au niveau d’un réseau de capteurs sans fil très dense, nous sélectionnons un sous-ensemble minimal de nœuds qui seront désignés sentinelles. Les nœuds sentinelles vont rester en mode actif pour assurer la garde. Afin de mieux exploiter la redondance des nœuds et ainsi augmenter la durée de vie du réseau, les nœuds redondants passent en mode d’économie d’énergie grâce à une technique d’ordonnancement adaptatif. Le modèle Sentinel, pour gérer les réveils des nœuds redondants, s’appuie sur la distribution de probabilité de Weibull pour déterminer les temps de veille des nœuds et la mise à jour de leur taux de sondage. 4.2 Modèle de probabilité pour l’étude de la durée de vie Les contraintes financières mais aussi d’accès aux zones de déploiement obligent les concepteurs des réseaux de capteurs sans fil à améliorer la fiabilité des réseaux déployés. Les concepteurs doivent mettre en œuvre des mécanismes adaptés afin d’assurer une disponibilité du réseau et à coût raisonnable. Pour cela, il est nécessaire de définir des politiques adaptées de prévention de panne mais aussi de reprise. C’est-à-dire des mécanismes pouvant regrouper les deux piliers de bases de la maintenance à savoir la maintenance préventive et celle corrective. La mission d’un mécanisme de maintenance pour un réseau de capteurs sans fil est en priorité de : — Assurer une disponibilité optimale du réseau ; — Maintenir l’aptitude à réagir très vite face aux pannes de nœuds ; — Assurer une gestion efficiente de l’énergie. Cela évoque des questions qui méritent une importante réflexion sur les objectifs et le choix des différents critères. Faut-il assurer la disponibilité du réseau quelqu’en soit le prix (par rapport à la consommation d’énergie) ou (faut-il) assurer la disponibilité du réseau en prenant en considération les contraintes énergétiques ? Répondre à ces questions serait une tâche très difficile si nous considérons un réseau en général. Mais des éléments de 4.2. Modèle de probabilité pour l’étude de la durée de vie 43 solutions peuvent surgir dès que nous essayons de les traiter suivant des contextes bien définis. La fiabilité d’un système peut être définie qualitativement et quantitativement selon AFNOR 1 . Qualitativement : la fiabilité est l’aptitude d’un système à accomplir une fonction requise dans des conditions données et pendant une période donnée. Quantitativement : c’est la probabilité qu’un système accomplisse une fonction requise dans des conditions données, pendant une période donnée. Les problèmes de la fiabilité et de la maintenance ont, pendant très longtemps, suscité des réflexions visant à amoindrir les coûts dans plusieurs domaines notamment l’électronique, l’hydraulique, l’aéronautique, etc.. Beaucoup de modèles mathématiques sont utilisés pour analyser ces problématiques. Dans ce chapitre nous allons présenter le modèle basé sur la distribution exponentielle et sur celle de Weibull. 4.2.1 La distribution exponentielle En fiabilité, la loi exponentielle est très utilisée pour représenter la durée de bon fonctionnement des systèmes notamment les systèmes électroniques. Elle permet de modéliser la durée de vie d’un système S ou son temps de bon fonctionnement. Nous considérons T la variable aléatoire qui à tout système S associe son temps de bon fonctionnement ou encore TBF (Time Between failure). La densité de probabilité de T , notée f (t) est appelée densité de défaillance. Fonction de défaillance du système S : la fonction de répartition ou la probabilité que le système ait une défaillance avant l’instant t est donnée par : F (t) = P rob(T ≤ t) = Z t f (x)dx 0 ≤ F (t) ≤ 1 (4.1) 0 Le taux de défaillance est donné par : h(x) = f (x) f (x) = =λ 1 − F (x) R(x) (4.2) Le taux de défaillance de la distribution exponentielle est constant, c’est-à-dire indépendamment du temps de fonctionnement du système. Quelles que soient les interactions entre les différents composants du système, ce taux reste inchangé et ne subit pas les influences des changements de comportement des composants voire du système lui-même. 1. Association Française de Normalisation, www.afnor.org Chapitre 4. Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de 44 Weibull 4.2.2 La distribution de Weibull La loi de Weibull [Weibull 1951], très utilisée en fiabilité, permet de déterminer la probabilité qu’un système S fonctionne pendant une durée T sans défaillance avec T > t. Cette probabilité peut être formulée suivant la relation suivante. t P rob(T > t) = e−( α ) En d’autres termes, t β α β (4.3) suit une loi exponentielle et nous obtenons la densité de t par la relation (4.4). f (t) = β (βt)β−1 e−( αt ) αβ t, α, β > 0 (4.4) sinon 0 Où α est le paramètre d’échelle et β le paramètre de forme. Et le taux de défaillance de Weibull est obtenu grâce à la relation suivante : 1 P (t < X ≤ t + ∆t | X > t) ∆t→0 ∆t h(t) = lim f (t) 1 − F (t) Et ainsi, nous obtenons à partir de l’équation (4.6) : h(t) = h(t) = λ(t) = β α β−1 t α (4.5) (4.6) (4.7) La forme de la fonction de hasard dépend de la valeur du paramètre de forme β [Barriga 2011]. Il peut prendre des valeurs entre 0 et 4 et présente des valeurs particulières. C’est ce qui fait que la loi Weibull peut substituer avec des valeurs particulières de β d’autres lois telles que normales, log-normales, exponentielles, etc. — Si β < 1, le système est dans sa phase infantile. — Si β = 1, le système est dans une période dite de vie utile ou de panne fortuite. Dans ce cas, le système suit une loi exponentielle avec un taux de défaillance constant en fonction du temps. C’est-à-dire que la fiabilité du système est indépendante de son âge. Elle ne dépend que de la durée de l’étude ou encore de la durée de la mission. — Si 1 < β < 4, dans ce cas, le système est dans sa phase de vieillissement et la probabilité de pannes est fonction de son âge. 4.3 Le modèle Sentinel Le modèle Sentinel que nous utilisons ici a été inspiré du système de garde dans l’armée où des sentinelles sont positionnées à des endroits stratégiques afin de prévenir 4.3. Le modèle Sentinel 40 30 10 20 Node Sleep Time 50 60 45 0 20 40 60 80 100 Time Figure 4.1 – Évolution du temps de veille des nœuds en fonction du temps d’éventuelles intrusions. Nous nous sommes inspirés de ce modèle basé sur la distribution de probabilité de Weibull (Équation 4.4) pour proposer le modèle Sentinel. 4.3.1 Prolongation de la durée de vie avec le modèle Sentinel Le modèle Sentinel, s’appuie sur la distribution de Weibull et consiste à sélectionner, dans un réseau très dense, un sous-ensemble minimal de nœuds sentinelles qui vont assurer la garde, permettant ainsi aux autres nœuds redondants de se mettre en mode d’économie d’énergie. Contrairement au principe des gardes dans l’armée, dans le modèle Sentinel, nous considérons qu’un nœud, une fois qu’il est désigné sentinelle, doit rester dans cet état jusqu’à l’épuisement de sa batterie. Une sentinelle est un nœud qui est en pleine activité avec tous ses composants de base fonctionnels. Le choix de Weibull se justifie par le fait que cette loi est très utilisée en fiabilité notamment pour l’étude de la durée de vie des systèmes électroniques et mécaniques mais aussi qu’elle prend en considération l’effet de fatigue ou d’usure [Talreja 2013]. De ce fait, les nœuds redondants, qui sont utilisés pour assurer la relève dans la tâche de surveillance, vont s’appuyer sur le modèle Sentinel pour mettre à jour dynamiquement leurs paramètres et déterminer leur temps de veille (pour de plus amples détails cf. chapitre 5). Cela signifie que ces derniers, étant en mode Chapitre 4. Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de 46 Weibull d’économie d’énergie c’est-à-dire en mode veille, doivent se réveiller par moments afin de vérifier si la sentinelle du voisinage est toujours «debout». Pour cela, ils se mettent à chaque réveil dans un état intermédiaire dit état de sondage où ils envoient des messages 1.0 0.0 0.5 Node Probe Rate 1.5 2.0 sondes pour détecter la présence d’une sentinelle. 0 200 400 600 800 1000 Time Figure 4.2 – Évolution du taux de sondage d’un nœud donné en fonction du temps L’originalité du modèle Sentinel repose sur le fait qu’il permet la détermination du temps de veille des nœuds redondants en prenant en considération l’effet de l’usure. C’està-dire, que nous considérons que la probabilité de panne d’un nœud sentinelle augmente en fonction du temps. De ce fait, les nœuds redondants doivent prendre en compte cette contrainte et ainsi, ajuster leur temps de veille. Ce qui fait que nous aurons théoriquement le temps de veille d’un nœud redondant qui décroît et tend vers zéro dans le temps (cf. figure 4.1). Cela permet, aux systèmes de réveil périodique, de maintenir très rapidement la topologie en cas de panne. Cependant, il faut remarquer que le modèle Sentinel permet la mise à jour des paramètres des nœuds dynamiquement et cela sans avoir un stockage d’information de voisinage ou de topologie. Nous notons que la probabilité de défaillance d’un nœud croît avec le temps (cf. figure 4.2), d’où le temps de veille qui est inversement proportionnel décroît progressivement et tend vers zéro. Une autre particularité de Sentinel relève du fait que c’est un modèle totalement distribué et que les mises à jour au niveau d’un nœud peuvent s’effectuer indépendamment 4.3. Le modèle Sentinel 47 des autres. La seule influence que le voisinage peut avoir sur un nœud donné, est la contribution par réponse des messages sondes durant la phase de sondage. Un nœud sonde qui se retrouve à la fin de sa phase de sondage, prend une décision non pas par rapport à ses homologues mais juste par rapport à l’issue de son dialogue avec les éventuelles sentinelles. 4.3.2 Description des états d’un nœud Sentinel Sleep <sleep timer expire> <receive notification from older active neighbors> <receive probe reply from active neighbors> Probing Working <wait for probe reply timer expire> <out of energy> Dead Figure 4.3 – Transition des états d’un nœud sentinel Cette section présente les différents états d’un nœud fonctionnant avec le modèle Sentinel. Nous considérons qu’un nœud peut se mettre sous l’un des modes suivants : veille, sonde, actif ou mort. Chacun de ces modes met les différents modules de base du nœud sous différents états. Mode veille : c’est le mode initial des nœuds au déploiement. En mode veille, un nœud met ses unités de communication et de capture éteintes tandis que son microcontrôleur Chapitre 4. Sentinel : un modèle probabiliste basé sur la distribution de 48 Weibull reste actif c’est-à-dire que les composants de base du nœud sont à l’état suivant : radio_off, sensor_off, cpu_on. Durant ce mode, chaque nœud calcule son temps de veille en fonction de ses paramètres initiaux puis s’endort pendant ce temps. Mode sonde : le mode sonde est un mode intermédiaire permettant aux nœuds de réserve de vérifier autour de leur voisinage si une sentinelle est toujours debout ou pas. Pour cela, un nœud se trouvant dans ce mode interroge son voisinage en envoyant trois (03) messages de découverte puis attend une réponse pendant un temps tw (compteur d’attente) durant lequel il se met à l’état suivant : radio_rx, sensor_off, cpu_on. De ce fait, le nœud sonde met ses modules de base sur l’état suivant : radio_tx, sensor_off, cpu_on. Si le nœud reçoit une réponse d’une sentinelle voisine avant l’expiration de son compteur d’attente, il met à jour son paramètre de sondage, recalcule son temps de veille puis retourne en mode veille. Sinon, c’est-à-dire que le nœud ne reçoit aucune réponse jusqu’à l’expiration du compteur, et dans ce cas, le nœud décide immédiatement de monter la garde et bascule en mode actif. Mode actif : un nœud se met dans ce mode si et seulement s’il ne détecte aucune sentinelle dans son voisinage. Et dans ce cas, il se déclare sentinelle et se met à l’état suivant : radio_on, sensor_on, cpu_on. C’est-à-dire qu’il commence à remplir pleinement sa fonction de capteur proprement dit en assurant la surveillance, la détection et la transmission des événements relativement à la zone dédiée et cela jusqu’à ce qu’il épuise sa batterie. Mode mort : ce mode met fin au processus de vie d’un nœud capteur sans fil (ra- dio_off, sensor_off, cpu_off ). Un nœud se retrouve dans ce mode lorsque sa réserve d’énergie est épuisée en général ou encore qu’une défaillance d’un de ses modules de base (radio, le ou les capteurs, etc.) ait été notée. Pour des soucis de simplicité de modélisation, nous considérons que la seule source de défaillance d’ un nœud est l’épuisement de sa batterie. 4.4 Conclusion Nous avons présenté dans ce chapitre notre modèle Sentinel sur lequel nous nous appuyons pour élaborer nos différentes contributions dans cette thèse. Le modèle que nous avons présenté, tire son fondement de la distribution de probabilité de Weibull qui 4.4. Conclusion 49 s’avère être une loi très répandue dans le domaine de l’étude de la durée de vie ou de survie des systèmes notamment ceux électroniques. Nous avons aussi fait une présentation de la distribution exponentielle car dans le chapitre 5, nous avons comparé notre solution avec celle proposée dans [Ye 2003] qui utilise cette loi de probabilité. Nous avons noté à travers ce chapitre, une différence du point de vue du vieillissement du système avec ces deux lois de probabilité. La loi exponentielle considère que le taux de panne du système est constant et ne dépend que de la période d’étude. Donc ne prend pas en compte l’effet de l’usure des composants du système. Contrairement à la loi exponentielle, Weibull a une fonction de hasard qui est fonction du temps et dont la forme dépend du paramètre de forme β. Le modèle que nous avons proposé dans ce chapitre est totalement distribué et permet de garantir la mise à jour des paramètres des nœuds sans avoir à stocker des informations de voisinage ou de topologie. En outre, Sentinel permet de prendre en considération l’effet du vieillissement des nœuds c’est-à-dire de l’usure d’un ou plusieurs de ses composants en particulier la batterie. De ce fait, il constitue un modèle efficace pour la conservation de l’énergie mais aussi la maintenance de la topologie. La suite de ce travail, sera consacrée à l’implémentation de solutions d’ordonnancement basées sur le modèle Sentinel, cela afin de tirer un meilleur profit de la redondance du réseau. Chapitre 5 Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel Une des causes principales de la misère dans les sciences est qu’elles se croient riches, le plus souvent présomptueusement. Leur but n’est pas d’ouvrir une porte à la sagesse infinie mais de poser une limite à l’erreur infinie. Galilée - La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing) Sommaire 5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 5.2 Ordonnancement des activités des nœuds . . . . . . . . . . . . . . 53 5.3 5.4 5.5 5.2.1 Terminologies utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 5.2.2 Gestion efficace de la redondance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 5.2.3 Contrôle des conflits de surveillance des sentinelles . . . . . . . . . . 56 Gestion efficiente de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 5.3.1 Méthode de calcul distribuée du temps de veille . . . . . . . . . . . . 58 5.3.2 Ajustement dynamique des paramètres des nœuds . . . . . . . . . . 60 Évaluation de performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 5.4.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 5.4.2 Efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 5.4.3 Gestion des messages de contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 52 5.1 Introduction Les réseaux de capteurs sans fil sont aujourd’hui une technologie très prometteuse et sont omniprésents dans toutes nos activités quotidiennes. De tels réseaux sont composés de plusieurs nœuds minuscules, souvent alimentés par batterie, dotés de capacités de collecte, de calcul et de transmission de données physiques relativement à l’environnement de déploiement. Cependant, les réseaux de capteurs sans fil font face au défi de la gestion efficace de la batterie des nœuds qui ont une durée de vie limitée et cela est dû au fait que les zones d’études sont souvent difficilement accessibles, le rechargement ou le changement de la batterie des nœuds est une tâche quasi impossible. De ce fait, le temps de fonctionnement d’un nœud capteur sans fil est étroitement lié à sa durée de vie. Ainsi, cela devient une contrainte transversale pour tout concepteur, de prendre en considération la gestion efficace et efficiente de l’énergie pour les solutions dédiées aux réseaux de capteurs sans fil. L’une des solutions les plus utilisées dans la littérature consiste à déployer une quantité excédentaire de nœuds et d’exploiter la redondance afin d’atteindre la durée de vie désirée. Cela passe par un ordonnancement des activités des nœuds pour en sélectionner un sous-ensemble actif et faire dormir le reste afin qu’ils puissent économiser leurs batteries. Cependant, il s’avère judicieux de planifier des règles efficaces pour le contrôle et l’activation des nœuds redondants. Dans ce chapitre, nous proposons ALARM, une méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel. La solution proposée, s’appuie sur la technique d’ordonnancement adaptatif ou adaptive scheduling technique et utilise un modèle probabiliste pour la gestion des nœuds redondants. La plupart des solutions d’ordonnancement qui existent dans la littérature, utilisent des modèles de probabilités comme c’est le cas avec le protocole PEAS dans [Ye 2003]. Pour notre part, nous avons choisi le modèle probabiliste avec la distribution de Weibull comme loi de probabilité utilisée pour le calcul des paramètres des nœuds du réseau. Le choix de la distribution de Weibull est motivé par le fait qu’elle est très adaptée et aussi très utilisée pour l’étude de la durée de vie des composants électroniques. Car la distribution de Weibull permet de prendre en considération l’effet de l’usure du composant dans le temps. Cet effet d’usure des composants électroniques est en corrélation avec la probabilité de panne de ce dernier ; c’est-à-dire que plus un composant dure dans le temps, plus sa probabilité de défaillance augmente. Ainsi, ALARM permet une utilisation efficace de la redondance avec la sélection de manière distribuée d’un sous-ensemble minimal de nœuds sentinelles pour assurer la sur- 5.2. Ordonnancement des activités des nœuds 53 veillance. Afin d’assurer une disponibilité du réseau durant tout son fonctionnement, nous proposons une procédure de mise à jour dynamique et distribuée des paramètres des nœuds redondants. En effet, cette procédure de mise à jour des propriétés des capteurs redondants ou encore nœuds de réserve utilise la distribution probabiliste de Weibull afin de prendre en compte l’accroissement de la probabilité de défaillance des nœuds en fonction du temps. Cela passe par l’ajustement automatique du temps de sommeil proportionnellement à cette probabilité de défaillance. Ainsi, nous avons le temps de veille des nœuds redondants qui décroît progressivement vers zéro. Outre la mise à jour dynamique et la gestion distribuée des réveils des nœuds redondants, nous avons réalisé à travers la solution ALARM l’optimisation de l’utilisation des messages de contrôle. Contrairement à la solution présentée dans [Kasbekar 2011] où les auteurs utilisent un échange de messages de contrôle actif, ALARM utilise un échange passif afin de réduire la surcharge due aux messages de contrôle. Nous avons ensuite validé par simulation la solution proposée sous l’environnement OMNeT++ couplé avec son framework Castalia. Ainsi, nous avons procédé à une analyse comparative avec le protocole PEAS qui utilise la même approche d’ordonnancement qu’ALARM. 5.2 Ordonnancement des activités des nœuds Les réseaux de capteurs sans fil connaissent aujourd’hui un essor fulgurant pour la surveillance mais aussi pour l’exploration des environnements qui ont été pendant longtemps difficilement accessibles aux hommes. Ils ont permis aujourd’hui au monde scientifique de franchir ce gap et de pouvoir mettre en place des systèmes d’études et d’alertes dans des zones les plus hostiles à l’accès humain notamment les volcans, etc. Ces réseaux, malgré leur charme vis-à-vis du monde scientifique et industriel, font face à de nombreux défis en particulier la gestion efficace de l’énergie. Essentiellement composés de nœuds capteurs sans fil, qui sont dépendants de leur batterie, le bon fonctionnement et/ou la durée de vie de tels réseaux sont étroitement liés à la survie de la batterie des nœuds. Cependant, il est judicieux, lors de la conception de solutions pour ces réseaux, de bien prendre en considération ces contraintes. Plusieurs techniques (acquisition des données, routage, ordonnancement d’activité, etc.), à travers plusieurs solutions, ont été proposées dans la littérature. Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 54 5.2.1 Terminologies utilisées Le concept Sentinel, utilisé ici, est inspiré du processus des gardes dans les zones militaires, où pour un endroit stratégique, une sentinelle monte la garde pour assurer la surveillance pendant une période donnée. Le même principe est adopté ici, sauf que nous considérons qu’une fois qu’un nœud prend le rôle de sentinelle, il le garde jusqu’à l’épuisement de sa batterie ou qu’il soit désactivé par une autre sentinelle (ce cas sera traité plus loin dans ce chapitre). Ainsi, un sous-ensemble de nœuds sentinelles est sélectionné pour assurer la surveillance. Pour cela, nous considérons : • Ω = {ω0 , ω1 , ...ωn } : l’ensemble des nœuds déployés sur la zone d’intérêt ; • S = {s0 , s1 , ..., sm } : l’ensemble des nœuds sentinelles sélectionnés pour la surveillance ; • S¯ = Ω − S : l’ensemble des nœuds redondants utilisés pour la maintenance ; S¯ = {n0 , n1 , ...nl }. Nous considérons dans notre étude, un réseau dense et homogène, où chaque nœud capteur sans fil assure la couverture de tout point situé dans sa zone de capture. La zone de capture est un disque C de centre O(x, y) et de rayon de capture Rs ; où le point O(x, y), représente la position du nœud dans la zone d’intérêt. Les nœuds doivent communiquer entre eux et le rayon de communication, Rc est considéré égal à la moitié du rayon de capture (Rs = 2Rc ). Nous considérerons aussi que chaque nœud est équipé d’une unité de géolocalisation (GPS) qu’il utilise, tout au début et une seule fois, pour déterminer sa position dans la zone d’intérêt. Pour une utilisation efficace de la redondance et pour assurer une bonne connectivité entre les nœuds sentinelles, nous considérons les propriétés suivantes : Propriété 1. Redundant Node Sleep Scheduling - RNSS Un nœud est considéré redondant si et seulement si toute sa zone de capture est couverte par ses voisins. La redondance totale ou complète est souvent difficile à accomplir surtout pour les zones clairsemées. Cependant, nous posons une contrainte sur la connectivité des nœuds sentinelles. Propriété 2. Strongly Connected Active Node - SCAN Nous considérons que les nœuds actifs ou nœuds sentinelles doivent être deux à deux séparés d’une distance seuil δ ≤ 2Rs . 5.2. Ordonnancement des activités des nœuds 5.2.2 55 Gestion efficace de la redondance Dans ce chapitre, nous proposons une solution utilisant la technique d’ordonnancement en particulier, l’ordonnancement adaptatif de l’activité des nœuds afin de prolonger la durée de vie du réseau. La solution proposée, permet au réseau d’avoir suffisamment d’autonomie afin de sélectionner de manière collaborative un sous-ensemble de nœuds dits sentinelles pour assurer la surveillance de la zone d’intérêt pendant que les autres nœuds ou nœuds redondants sont en veille pour économiser leur batterie. Cependant, une mauvaise planification de l’ordonnancement des nœuds peut introduire des angles morts dans la surveillance ou encore trous de couverture, comme c’est le cas dans la figure 5.1-(b). Dans LDAS [Wu 2005], les auteurs définissent la notion de redondance complète (voir Propriété 1) comme illustrée dans la figure 5.1-(a). Dans l’exemple de la figure 5.1-(a), le nœud n2 , dont la zone de couverture est représentée par un cercle en pointillé, est considéré comme étant complètement redondant car sa zone est couverte par les nœuds sentinelles s1 , s5 , s6 et s10 . Ainsi, le nœud n2 peut passer en mode veille afin d’économiser sa batterie et va devoir se réveiller après ts pour vérifier si sa redondance est toujours maintenue. Pour une meilleure efficacité du réseau, nous considérons la redondance des nœuds à travers la zone d’intérêt. Ainsi, nous utilisons la propriété RNSS, qui nous permet de mettre en veille tous les nœuds redondants et ainsi sélectionner un sous-ensemble minimal de nœuds sentinelles pour assurer la surveillance. Le sous-ensemble des nœuds sentinelles est construit en considérant qu’au déploiement, tous les nœuds sont en mode veille pendant une durée tsinitial calculée en fonction de la loi de Weibull. Ainsi, un nœud est initialement considéré comme nœud de réserve et au bout de son temps de veille, il passe en mode sonde afin de vérifier la présence d’une sentinelle dans son voisinage. Pour cela, un nœud sonde (en mode sonde) envoie des messages de sondage en y incluant sa localisation, ensuite attend une réponse d’une éventuelle sentinelle pendant un temps tw . S’il ne reçoit aucune réponse jusqu’à l’expiration du temps d’attente tw , il décide de monter aussitôt la garde afin d’assurer la surveillance de sa zone dédiée. Le même principe est adopté par les autres nœuds jusqu’à ce que toute la zone d’intérêt soit couverte. Donc la sélection des nœuds sentinelles se fait à travers une compétition, qui consiste à élire le nœud qui se lève le plus tôt possible. Et tous les autres nœuds situés dans une zone donnée, trouveront une sentinelle pour répondre à leurs messages de sondage. De ce fait, tout nœud qui reçoit une réponse vérifiant la propriété SCAN, doit retourner en mode veille. Mais avant cela, il met à jour son taux de sondage puis recalcule son nouveau temps t. Nous montrerons Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 56 (a) Completly redundant node (b) Blind sectors Figure 5.1 – Redondance totale ou complète (a) et redondance partielle (b) comment on calcule t à la page 60. 5.2.3 Contrôle des conflits de surveillance des sentinelles Les communications dans les environnements sans fil sont souvent sujettes à de nombreux problèmes tels que la sécurité des données, les collisions entre les échanges, etc. Dans un réseau sans fil en général et dans un réseau de capteurs sans fil en particulier, le média de communication est partagé et est souvent perturbé par le bruit externe entrainant ainsi beaucoup de perte dans les transmissions de messages. À cause des collisions et de la nature de l’environnement (souvent très hostile), certains échanges entre les nœuds capteurs sans fil n’aboutissent pas avec les résultats escomptés. De ce fait, dans le cas de notre étude, nous avons constaté par expérimentation qu’un nœud sonde (nœud de réserve en mode sonde ou probing) pouvait envoyer des messages sonde dans son voisinage. Et nous avons constaté que soit les messages eux-mêmes (flèche 2 de la figure 5.2) soit les réponses des nœuds sentinelles (flèche 1 de la figure 5.2) pouvaient ne pas arriver jusqu’à destination. Comme premier élément de solution à ce fléau, nous avons essayé d’augmenter les chances du nœud sonde à atteindre une sentinelle, si elle existe dans le voisinage, en faisant passer le nombre de messages sonde envoyés pour chaque phase à 3. Mais nous avions remarqué que cela permettait de réduire ces problèmes que dans un seul sens et de ce fait, un nœud pouvait attendre jusqu’à l’expiration de son temps d’attente tw sans recevoir de réponse d’une éventuelle sentinelle située dans son voisinage. Et de ce fait, il passe en mode actif et monte la garde, croyant qu’aucune autre sentinelle est en garde. Cela est considéré comme un conflit sur la surveillance de la zone partagée entre ces deux nœuds. Ainsi, pour résoudre ce problème, c’est-à-dire lever le conflit sur la couverture, nous avons introduit l’algorithme dit activity withdrawal. La solution consiste à imposer 5.2. Ordonnancement des activités des nœuds 57 Noeud sonde 2 1 Noeud sentinelle Figure 5.2 – communication entre nœud sonde et sentinelle à chaque nœud sentinelle d’introduire, outre sa position, sa durée d’activité dans ses réponses aux nœuds sondes. Ainsi, le ou les nœuds sentinelles voisins pourront utiliser ces informations afin de prendre une décision (voir Algorithme 1). Pour expliquer le fonctionnement de l’algorithme activity withdrawal, nous considérons le scénario de la figure 5.3 où nous avons une zone donnée avec deux nœuds sentinelles s5 et s0 et des nœuds de réserve n4 , n10 et n20 . Supposons que le nœud n10 passe en mode sonde et envoie des messages sonde afin de détecter la présence de sentinelles. Les nœuds s0 et s5 vont tous deux recevoir les messages sonde puis répondre à n10 en incluant dans leurs réponses, leur position et leur durée d’activité (c’est-à-dire le temps écoulé depuis qu’ils ont monté la garde). Étant donné que les échanges se font par diffusion, chacune de ces sentinelles peut recevoir la réponse de son homologue. Et ainsi, chacune d’elles va exécuter l’algorithme activity withdrawal afin de décider si elle restera en garde ou pas. Pour cela, une sentinelle vérifie d’abord si la propriété SCAN est vérifiée ou non ; c’est-à-dire vérifier si la distance euclidienne la séparant à l’autre sentinelle est inférieure au seuil δ. Si oui, elle continue l’exécution en comparant maintenant sa durée d’activité à celle de son homologue. Et si elle constate qu’elle est plus jeune, elle met à jour son taux de sondage, recalcule son temps ts puis retourne en mode veille afin d’économiser sa batterie. Sinon, elle ignore la réponse considérant que son homologue de sentinelle va de son coté faire le même traitement. Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 58 Algorithme 1 Activity withdrawal : algorithme pour la levée des conflits de couverture 1: début 2: Précondition 3: d(si , sj ) : la distance euclidienne entre les sentinelles si et sj 4: a.si , a.sj : la durée d’activité du nœud sentinelle si respectivement sj 5: δ : distance seuil permise entre deux sentinelles données 6: Initialisation : un nœud sentinelle reçoit une réponse de son homologue 7: si d(si , sj ) ≤ δ alors Ne rien faire 8: 9: sinon si a.si ≤ a.sj alors 10: % Le nœud si est plus jeune que sj du point de vue du temps d’activité% 11: Le nœud si calcule son nouveau temps de veille ts 12: a.si ← 0 13: Le nœud si retourne en mode veille pour ts secondes 14: sinon Le nœud si ignore la réponse de sj et continue son activité 15: 16: fin si 17: fin 5.3 Gestion efficiente de l’énergie La gestion efficiente et efficace de l’énergie est une problématique transversale pour tous les concepteurs de solution des réseaux de capteurs sans fil. Cela parce que les composants (nœuds capteurs sans fil) de tels réseaux ont un fonctionnement étroitement lié à leur batterie d’où une durée de vie limitée dans le temps. De ce fait, tous les travaux, allant de l’acquisition jusqu’au traitement des données partagent ce défi. Ce chapitre présente une méthode d’ordonnancement efficace basée sur le modèle Sentinel (cf. chapitre 4). 5.3.1 Méthode de calcul distribuée du temps de veille L’ordonnancement de l’activité des nœuds passe par la sélection d’un ensemble minimal S de nœuds sentinelles pour assurer la tâche de surveillance. Et ainsi, tous nœuds redondants, c’est-à-dire ayant leur zone déjà couverte, vont passer en mode veille afin de préserver leur batterie. Étant donné que nous considérons qu’un nœud sentinelle reste à la garde jusqu’à l’épuisement de sa batterie, il faudrait donc une bonne planification des 5.3. Gestion efficiente de l’énergie 59 n10 s5 s0 n4 n20 n10 s5 n4 s0 n20 Figure 5.3 – Un cas de figure pour illustrer le conflit de couverture entre deux nœuds sentinelles réveils des nœuds redondants afin qu’ils puissent prendre le relais dès qu’une sentinelle tombe. Pour cela, les nœuds redondants ou encore nœuds de réserve se réveillent de temps en temps pour sonder la présence de sentinelles dans leur voisinage en envoyant des messages sondes. Dans le cas où un nœud sonde remarque la présence de nœuds sentinelles dans son voisinage, il recalcule son temps de veille selon le théorème 1. Théorème 1 (Sleep Time Computation). Le temps de veille d’un nœud est calculé en utilisant la distribution Weibull et le taux de sondage. La distribution de Weibull est très appropriée pour l’évaluation de la durée de vie des composants électroniques notamment les capteurs sans fil. Dans notre cas d’étude, elle permet d’ajuster le temps de veille des nœuds redondants à leur probabilité de panne. Et des expériences sur l’étude de la durée de vie ont montré que la probabilité de panne d’un composant électronique augmente proportionnellement avec son temps de fonctionnement. Ainsi, la distribution de Weibull nous permet d’avoir des temps de veille qui tendent progressivement vers zéro. Les paramètres de Weibull utilisés ici sont : — le paramètre d’échelle α : représente l’inverse du taux de sondage λ d’un nœud donné ; — le paramètre de forme β : valeur choisie entre 1 et 4 Démonstration. Soit R, la probabilité de réveil d’un nœud X donné. En utilisant la Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 60 fonction de survie de la distribution de Weibull, nous obtenons : R = 1 − F (t) (5.1) = 1 − P [X ≤ t] (5.2) Z t = 1−( f (u)du) (5.3) 0 t β = 1 − (1 − e−( α ) ) = e −( αt )β (5.4) (5.5) Ainsi, à partir de la relation 5.5, nous en déduisons le temps de veille t. β t α lnR = − 1 ln R t α = (5.6a) β t (5.6b) α = (ln 1 β1 ) R (5.6c) Et à partir de l’équation 5.6c, nous déduisons : 1 t = αln R Avec α = 1 λ 1 β (5.7) et β sont respectivement les paramètres d’échelle et de forme de la distribution de Weibull. 5.3.2 Ajustement dynamique des paramètres des nœuds Nous pouvons constater que le temps de veille d’un nœud donné n’est dépendant que de son taux de sondage et de sa probabilité de réveil qui est étroitement liée à celle de tomber en panne. Ainsi, les nœuds sont suffisamment autonomes pour mettre à jour leur taux de sondage et ensuite déterminer leur temps de veille. C’est-à-dire que la solution d’ordonnancement proposée dans ce travail est complètement distribuée. Et contrairement aux solutions dans PEAS [Ye 2003] et LDAS [Wu 2005], notre solution d’ordonnancement permet aux nœuds de mettre leur taux de sondage indépendamment des informations de voisinage. La mise à jour dynamique du taux de sondage est réalisée en utilisant la fonction de hasard de la distribution de Weibull (voir Théorème 2). Théorème 2 (Dynamic Probe Rate Adjustment). Avant chaque phase de veille, un nœud de réserve ou nœud redondant met à jour son taux de sondage. La mise à jour du taux de sondage utilise le temps de fonctionnement du nœud en question et son ancien taux de sondage, et cela indépendamment des paramètres de ses voisins. 5.4. Évaluation de performances 61 Démonstration. Soit h(t), la fonction de hasard de la distribution de Weibull. Cette fonction h(t) est obtenue à partir de la fonction de survie ; ce qui donne : h(t) = = = 1 P (t < X ≤ t + ∆t | X > t) ∆t f (t) 1 − F (t) lim ∆t→0 β α β−1 t (5.8a) (5.8b) (5.8c) α Et nous avons à partir de la relation 5.8c : β h(t) = α 5.4 β−1 t α (5.9) Évaluation de performances Cette section est consacrée à l’évaluation des performances de notre solution d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel que nous appelons ALARM - energy Aware sLeep scheduling Algorithm for lifetime Maximization. Ainsi, nous avons essayé de valider notre solution par simulation en considérant deux métriques clefs pour les réseaux de capteurs sans fil, à savoir la consommation de l’énergie et les messages de contrôle ou «overhead». Ensuite nous avons comparé notre solution à PEAS, qui est un autre protocole d’ordonnancement proposé par Ye et al. dans [Ye 2003]. Les auteurs de PEAS, ont utilisé la distribution exponentielle pour calculer les temps de veille des nœuds et ont considéré que le taux de sondage est constant. 5.4.1 Paramètres de simulation Une validation expérimentale a été effectuée en utilisant la plateforme de simulation OMNeT++ et son framework Castalia dédié aux réseaux de capteurs sans fil. Les paramètres utilisés pour la simulation sont résumés dans le tableau 5.1. Remarque : La valeur du taux de sondage initial est obtenue en supposant qu’au bout d’un temps t = 60s, au moins 50% des nœuds se réveilleront puis passeront en mode sonde. Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 62 Table 5.1 – Paramètres de simulation Champ de capture Taille du réseau [50 :1000] Type de déploiement uniforme Environnement bruyant Rayon de détection - Rs 10 m Rayon de transmission - Rc = 2Rs 20 m Distance seuille δ 10 m Énergie initiale de chaque nœud 2 piles AA Le taux de sondage initial λinit 0.012 Paramètre de forme de Weibull β 5.4.2 50 x 50 m2 1.5, 2 et 3 Efficacité énergétique L’énergie constitue l’une des contraintes cruciales pour les réseaux de capteurs sans fil. Ainsi, la plupart des solutions proposées pour de tels réseaux sont validées en prenant en considération la consommation énergétique des nœuds durant le processus de surveillance. Motivés par cela, nous avons tenté de mesurer la consommation moyenne d’énergie de notre solution (ALARM) et cela pendant une durée de simulation de 6000 secondes. Ensuite, nous nous sommes mis à faire une comparaison dans les mêmes conditions qu’avec le protocole PEAS. Mais avant cela, nous avons essayé de mesurer l’impact de la variation du paramètre de forme de la distribution de Weibull sur la solution proposée. La figure 5.4, montre que l’énergie moyenne consommée augmente légèrement avec β. Cela s’explique par le fait que, plus β augmente, les temps de veille auront tendance à décroitre plus rapidement et ainsi les nœuds auront à se réveiller très souvent pour sonder leur voisinage. Toutefois, nous avons la même progression pour les différentes valeurs de β, ce qui signifie que l’impact n’est pas aussi significatif. Ce qui permet de conclure que notre solution se comporte bien avec d’autres distributions de probabilité telles que celles de Rayleigh, Normale, etc. Par rapport à PEAS, qui utilise la distribution exponentielle, la figure 5.5 montre que notre solution ALARM offre plus de souplesse en ce qui concerne la consommation d’énergie sur l’ensemble du réseau. Les courbes montrent que la solution ALARM est nettement 5.4. Évaluation de performances 35 ALARM, beta=3 ALARM, beta=2 ALARM, beta=1.5 30 Energy depletion 63 25 20 15 10 5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Network density Figure 5.4 – Énergie moyenne consommée avec différentes valeurs de β plus performante du point de vue de la consommation moyenne énergétique avec un gain G d’environ égal à 36%. Le gain G est obtenu par la relation 5.10. G= M Ealarm − M Epeas M Ealarm M E représente l’énergie moyenne consommée. 45 ALARM, beta=3 ALARM, beta=2 ALARM, beta=1.5 PEAS 40 Energy depletion 35 30 25 20 15 10 5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Network density Figure 5.5 – Énergie moyenne consommée : ALARM vs. PEAS (5.10) Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 64 5.4.3 Gestion des messages de contrôle Les informations de contrôles constituent souvent un handicap majeur pour les solutions destinées aux réseaux capteurs sans fil. Car il est démontré que les communications via la radio constituent la plus grande source de consommation d’énergie. De ce fait, une solution trop "bavarde" en ce qui concerne les échanges de messages en particulier ceux de contrôles contribuerait à un épuisement abusif de la batterie des nœuds. Cependant, il 14 sent probe request received probe request Control message overhead 12 10 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Network density Figure 5.6 – Messages envoyés par un nœud sonde vs. messages effectivement reçus par une sentinelle est nécessaire lors de la conception de solution protocolaire pour les réseaux de capteurs sans fil, de penser à optimiser l’utilisation de l’énergie à travers la minimisation des informations de contrôle. C’est ce qui nous a motivé à adopter le type d’échange à la demande afin d’éviter de polluer le réseau et ainsi consommer inutilement de la batterie. En effet, ALARM est un protocole d’ordonnancement qui offre aux nœuds la totale autonomie de gérer leurs activités. De ce fait, il utilise des échanges de messages de contrôle durant sa phase de sondage afin de maintenir le bon fonctionnement du réseau. Ainsi, ces communications si elles ne sont pas contrôlées peuvent détériorer les performances du réseau par une consommation de la bande passante mais plus fatale encore par une surconsommation de l’énergie. C’est d’ailleurs ce qui nous a motivé à utiliser le mode d’échange de messages de contrôle passif. Cependant, dès nos premières expérimentations, nous nous sommes confronté aux problèmes liés aux collisions. Nous avions constaté qu’après quelque temps de fonctionnement du réseau, une bonne partie des nœuds (∼ 60%) passaient en 5.4. Évaluation de performances 65 mode actif et cela à cause des collisions sur les messages sondes échangés. Car un nœud sonde envoyait à son réveil un seul message pour détecter la présence d’une sentinelle dans son voisinage. Étant donné que l’environnement est ouvert et le canal de communication partagé, si ce message entre en collision avec celui d’un autre nœud, ce dernier (nœud sonde) n’aura aucune information par rapport à son voisinage et de ce fait agira en sentinelle après avoir attendu tw même si une sentinelle était déjà en place. Pour surpasser cette barrière, nous avons par la suite permis aux nœuds sondes d’envoyer trois (03) messages de sondage (valeur fixée après plusieurs series de tests) dans leur voisinage afin de maximiser les chances d’une communication réussie entre les nœuds sondes et une éventuelle sentinelle présente dans une zone donnée. Les courbes de la figure 5.6, viennent en appui par rapport à l’impact des collisions et montre que la plupart des messages sondes envoyés ne sont pas effectivement reçus par les sentinelles. Et nous observons aussi que le taux de perte de paquets augmente avec la taille du réseau. La figure 5.7, montre que, du coté des nœuds sondes, presque la moitié des messages ont été effectivement répondus. Cela peut être interprété par : si un nœud sonde envoie 10 messages pour vérifier la présence d’une sentinelle dans le voisinage, il recevra environ 4 voire 5 réponses lui permettant d’avoir une connaissance de la présence d’un nœud actif déjà en garde. 14 sent probe request received probe reply Control message overhead 12 10 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Network density Figure 5.7 – Messages envoyés vs. réponses reçues par un nœud sonde Chapitre 5. Méthode d’ordonnancement basée sur l’approche Sentinel 66 5.5 Conclusion Nous avons consacré ce chapitre à notre solution protocolaire d’ordonnancement des activités des nœuds pour une prolongation de la durée de vie des réseaux de capteurs sans fil à forte densité. Nous avons présenté à travers ce chapitre notre solution ALARM qui consiste à un algorithme d’ordonnancement adaptatif permettant de sélectionner un sous-ensemble minimal de nœuds sentinelles pour assurer la surveillance et ensuite mettre les nœuds redondants en veille pour économiser leur batterie. Chaque nœud sentinelle se charge de la collecte et de la transmission des données recueillies ; cela comme une alerte ou alarme déclenchée dans un secteur pour remonter le signal vers les autres. L’idée originale dans ALARM, consiste à un contrôle intelligent des nœuds redondants ou nœuds de réserve de sorte à mettre à jour leurs paramètres de réveil tout en prenant en compte leur état d’usure. Pour cela, nous avons choisi d’utiliser la distribution de Weibull qui est très connue dans le domaine de l’étude de la fiabilité. Ainsi, l’utilisation de la fonction de survie de Weibull permet aux nœuds redondants d’adapter leur temps de réveil par rapport à leur temps d’activité. Cela permet, dès qu’une défaillance se produise, qu’il y ait le plus rapidement possible un nœud qui se réveille pour maintenir la topologie. Outre l’adaptabilité par rapport à l’état du réseau des nœuds, ils ont aussi l’autonomie, grâce à la fonction de hasard de Weibull, de mettre à jour de manière totalement distribuée leur taux de sondage en fonction du temps. Ce qui permet de contrôler les nœuds redondants indépendamment des informations de voisinage comme cela est utilisé dans de nombreuses solutions dans la littérature. Un autre atout remarquable de notre solution ALARM, est qu’elle utilise un contrôle passif ou à la demande. Les échanges des informations de contrôle sont aléatoires (pas périodique comme ce que l’on voit le plus souvent) et ne sont déclenchés que par les nœuds de réserve. Une sentinelle n’initie jamais un dialogue de contrôle, elle se contente seulement de deux choses à savoir : (1) répondre aux messages sondes des voisins vérifiant la propriété RNSS et (2) s’occuper de la surveillance de sa zone dédiée (collecte et transmission des données). L’énergie constitue l’une des ressources les plus critiques pour la plupart des réseaux de capteurs sans fil, ce qui fait de l’efficacité énergétique l’une des métriques les plus utilisées pour la validation des solutions destinées à de tels réseaux. Pour cela, nous avons tenté une validation par simulation de notre protocole ALARM puis nous avons comparé sa consommation moyenne d’énergie à celle d’un autre protocole, PEAS [Ye 2003]. Et les résultats des simulations ont montré que notre solution est nettement plus efficace 5.5. Conclusion 67 du point de vue de la consommation énergétique. Ce qui nous permet de conclure que notre solution offre de meilleures performances par rapport à PEAS. Nous avons aussi les courbes sur les messages de contrôle échangés qui réconfortent la thèse que nous avions émise sur l’impact des collisions. Ce qui revient à consolider le pourquoi nous avons introduit la procédure de règlement de conflit sur la couverture de zone entre les nœuds sentinelles, et cela nous a permis de réduire la consommation inutile d’énergie. Cependant, notre solution reste à parfaire sur les deux points ; l’un à court terme et l’autre dans le long terme. Nous avons pensé à combler un vide connu pour le protocole ALARM, c’est-à-dire consolider la connectivité entre les éléments du sous-ensemble sélectionné pour assurer la surveillance. Une bonne connectivité entre ces derniers permettrait de pouvoir relayer les données de capture via des relais jusqu’à la station de base. Pour cela, nous comptons au niveau de l’implémentation du protocole ALARM lui-même, ajouter un module de gestion de la connectivité pour renforcer la propriété RNSS. Et dans le long terme, nous pouvons aller jusqu’au traitement des données, c’est-à-dire la collecte et la transmission des données physiques vers un autre réseau pour un éventuel traitement. Chapitre 6 Solution de maintenance des topologies dynamiques Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tenté d’innover. Albert Einstein - Mathématicien, Physicien, Scientifique (1879 - 1955) Sommaire 6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 6.2 Problème de la maintenance dans les RdCSFs . . . . . . . . . . . 70 6.3 6.4 6.5 6.1 6.2.1 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 6.2.2 État de l’art 71 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Auto-maintenance de la topologie basée sur le contrôle du lien . 73 6.3.1 Auto-adaptation des nœuds redondants . . . . . . . . . . . . . . . . 73 6.3.2 L’adaptation du lien des sentinelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Simulations et résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.4.1 Paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 6.4.2 Résultats et discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Introduction L’émergence des réseaux de capteurs sans fil, a constitué une véritable bouffée d’oxygène en ce qui concerne l’exploration et l’étude de zones qui ont été depuis très longtemps inaccessibles à l’homme. La nature de ces zones, fait que le déploiement aléatoire se présente dans la plupart du temps comme étant la seule alternative afin de pouvoir les visiter. 70 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques Le déploiement aléatoire s’effectue souvent par largage par avion et par conséquent entraine une répartition non uniforme des nœuds à travers la zone d’intérêt. Au-delà des problèmes relatifs au déploiement aléatoire, les réseaux de capteurs sans fil font face aussi à d’autres défis (cf. chapitre 2) tels que l’agrégation des données, le routage, la sécurité, la gestion de l’énergie, la gestion de la topologie, etc. Ce chapitre s’adresse aux deux derniers défis, c’est-à-dire la gestion de l’énergie et de la topologie du réseau qui méritent une attention particulière car une bonne connectivité et une bonne couverture sont nécessaires pour tirer de meilleurs profits du réseau et tout cela pendant la période d’étude escomptée. Nous proposons à travers ce chapitre, une solution d’auto-maintenance à deux niveaux : une première étape vise à maintenir une bonne connectivité entre les nœuds sentinelles et une deuxième et dernière étape s’appuie sur la redondance. Dans ces deux étapes, nous avons introduit une procédure auto-adaptative couplée au contrôle de la qualité du lien entre les nœuds afin de maintenir si nécessaire la topologie. La procédure auto-adaptative consiste à la solution que nous avions présentée dans le chapitre 5 et à cela nous avons ajouté celle dite d’adaptation de lien pour consolider la connectivité du réseau. Nous avons soumis notre solution à une validation par simulation puis nous avons comparé les performances avec celles de la solution ALARM. Nous avons évalué la consommation moyenne d’énergie en mettant l’accent sur l’impact du contrôle du lien basée sur le paramètre LQI (Link Quality Indication). Les défaillances des nœuds et l’instabilité de la topologie sont des problèmes «naturels» chez un réseau ad hoc en particulier un réseau de capteurs sans fil. De ce fait, un bon fonctionnement nécessite une bonne gestion pour prendre en considération ces différentes contraintes. Beaucoup de solutions sont proposées dans la littérature, mais nombreux parmi elles reposent soit sur le déploiement de nœuds supplémentaires soit sur la mobilité. Nous allons dans la suite de ce chapitre discuter de quelques solutions puis présenter notre contribution qui s’appuie sur l’autoadaptation des nœuds. 6.2 6.2.1 Problème de la maintenance dans les RdCSFs Problématique Le bon fonctionnement d’un réseau de capteurs dépend de sa capacité à assurer la couverture et la connectivité désirée mais aussi une utilisation efficace de l’énergie afin que la longévité du réseau puisse couvrir la période d’étude. Cependant, les stratégies de 6.2. Problème de la maintenance dans les RdCSFs 71 déploiement notamment celles dites aléatoires ont souvent une influence remarquable sur ces critères de performances mentionnés. L’idéal serait de pouvoir effectuer un déploiement déterministe, mais la nature des zones surveillées constitue en général une entrave. De ce fait, le déploiement aléatoire devient l’ultime recours pour certains cas d’application. Étant donné que le déploiement s’effectue le plus souvent par largage par avion ou voie aérienne de manière générale, il entraine par conséquent une certaine disparité par rapport à la répartition des nœuds à travers la zone de surveillance. Ainsi, nous pouvons dans certains cas, avoir des zones clairsemées tandis que d’autres concentrent un bon nombre de nœuds avec une forte redondance. Outre les problèmes liés au déploiement, les réseaux de capteurs sans fil font aussi face aux problèmes de surconsommation d’énergie liés à une répartition inégale des charges ou encore funneling effect (détection et routage) entre les différents nœuds du réseau. Par exemple un nœud qui concentre un fort trafic épuise plus rapidement son énergie. De tels cas de figure peuvent conduire à l’apparition de trous de couverture (coverage holes) ou encore trous d’énergie (energy holes). Par exemple, le scénario de la figure 6.1 est une illustration patente de ce genre de problème. L’état de la topologie à la date t montre une stabilité du point de vue de la couverture (cf. figure 6.1a). Cependant, après un certain temps t + ∆t, nous avons les nœuds S2 et S4 (cf. figure 6.1b) qui disparaissent et laissent leur zone non couverte. De ce fait, ce problème peut être résolu avec une bonne politique d’équilibrage des charges entre les nœuds et cette issue ne sera pas étudiée dans ce travail. 6.2.2 État de l’art De nombreuses solutions traitant du problème de la maintenance de la topologie dans les réseaux de capteurs sans fil ont été proposées dans la littérature. Ces solutions peuvent être classées en trois approches : l’adaptation du nœud capteur, l’adaptation du lien et la mobilité. La technique d’adaptation de nœud s’appuie généralement sur l’organisation structurelle du réseau (clustering, les ensembles couvrants, l’ordonnancement, etc). Gupta et al. dans [Sengupta 2012], utilisent la technique d’ordonnancement des activités des nœuds pour maintenir les trous de couverture. Pour cela, ils utilisent un mécanisme probabiliste pour déterminer le degré de redondance. Un peu plus tôt, Corke et al. proposent dans [Corke 2007] deux algorithmes pour la maintenance. Le premier algorithme utilise les informations de voisinage afin de déterminer les nœuds défaillants et ainsi localiser les trous 72 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques (a) État du réseau à l’instant t (b) État du réseau à l’instant t + ∆t Figure 6.1 – Perte et apparition de trous de couverture dans les RCSFs de couverture. Quant au second algorithme, il utilise les informations de routage afin de détecter les trous de couverture (en quelque sorte de connectivité) le long d’une route et essaie de maintenir le gap en faisant appel aux nœuds voisins. Cependant, il faut noter que leur solution nécessite que les nœuds stockent en mémoire les informations d’état de la topologie. Une autre approche très utilisée pour faire face au problème de maintenance de la topologie, est la mobilité des nœuds. Dans [Wang 2009], Wang et al. ont effectué une étude élargie sur la maintenance de la topologie basée sur la mobilité. Deux principales stratégies peuvent être tirées de cette étude ; la mobilité des nœuds et le déploiement additionnel de robots munis de capteurs. Ghosh et al. dans [Ghosh 2004] proposent le déploiement additionnel de nœuds mobiles pour compenser les trous de couverture. Pour cela, ils utilisent les diagrammes de Voronoi pour détecter les trous de couverture et ainsi guider le déplacement des nœuds vers les zones affectées. Les auteurs dans [Shiue 2005] continuent sur la même optique. Ils définissent différents rôles assignés aux nœuds selon la quantité résiduelle d’énergie et sa position relativement à la zone à maintenir. Un nœud est choisi à l’issue d’une élection, et est ainsi désigné comme leader. Le nœud a, à lui seul, la responsabilité d’interagir avec les nœuds mobiles afin de leur dire quand et où intervenir. Cependant, il faut noter qu’une panne subite du nœud leader bloquerait le système pendant un moment. D’autres travaux sont axés sur le déploiement précis de robots équipés de capteurs. Fletcher et al. dans [Fletcher 2010] proposent un algorithme 6.3. Auto-maintenance de la topologie basée sur le contrôle du lien 73 qu’ils appellent R3S2 pour les réseaux de capteurs sans fil très denses (redondance) avec des nœuds statiques. Ensuite pour régler le problème des trous de couverture, ils proposent une variante, G-R3S2. Dans cette variante, ils proposent l’utilisation de robots en marche aléatoire dans une grille virtuelle pour récupérer des nœuds et les redéployer dans des zones affectées. Les robots se déplacent en continue à l’intérieur de la grille et peuvent visiter plusieurs points afin d’augmenter les chances de retrouver un nœud redondant. Le problème avec leur solution est que les robots sont généralement plus coûteux que les nœuds capteurs. 6.3 Auto-maintenance de la topologie basée sur le contrôle du lien L’auto-maintenance consiste à la capacité d’un réseau à pouvoir réagir par rapport à la dynamicité de la topologie. En effet, les nœuds doivent être autonomes afin que lorsqu’ils détectent le départ d’un voisin (pannes), qu’ils puissent prendre le relai aussitôt afin de maintenir la couverture. Pour cela, nous proposons une solution de maintenance de la topologie en adoptant la technique d’adaptation du lien. Ce travail constitue une amélioration de la solution qui a été présentée dans le chapitre 5. Ici, nous introduisons la mesure de la qualité du lien afin de garantir une bonne connectivité entre les sentinelles. Mais avant cela, nous tentons d’analyser quelques solutions de maintenance de la topologie dans les réseaux de capteurs sans fil. 6.3.1 Auto-adaptation des nœuds redondants L’autoadaptation des nœuds consiste à donner aux capteurs suffisamment d’autonomie afin qu’ils puissent agir très rapidement dès qu’une défaillance est notée. C’est-à-dire que les nœuds redondants, bien qu’ils soient pour la plupart du temps en mode d’économie d’énergie, doivent pouvoir se réveiller et maintenir la topologie. Si nous considérons par exemple le scénario de la figure 6.2, nous avons à l’instant t, un sous-ensemble de sentinelles S = {S0 , S1 , S8 , S13 , S15 , S20 } pour assurer la surveillance tandis que les autres nœuds sont en veille pour économiser leur batterie. Ensuite à l’instant t + ∆t, les sentinelles S0 et S8 meurent. Ainsi, les nœuds S2 et S7 , à l’issue de leur phase de sondage, ne détectent aucune sentinelle et montent aussitôt la garde. De ce fait, nous obtenons un nouvel sousensemble de sentinelles S = {S1 , S2 , S7 , S13 , S15 , S20 }. Ce mode de remplacement des nœuds défaillants est ce que nous avons présenté dans le chapitre 5 et est détaillé dans 74 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques (a) État du réseau à l’instant t (b) État du réseau à l’instant t + ∆t Figure 6.2 – Maintenance de la topologie grâce à la redondance dans les RCSFs l’algorithme 2. 6.3.2 L’adaptation du lien des sentinelles Les liens de communications dans les réseaux de capteurs sans fil sont souvent extrêmement instables car ils sont sujets à des fluctuations de la qualité et à une connectivité faible. Cette instabilité des liens est due en partie à la faible puissance des transmissions radio qui fait qu’ils sont exposés au bruit et interférences extérieures. La mesure de la qualité du lien est une approche très pratique pour la mise en œuvre de protocole fiable de contrôle de topologie, de routage, etc. Plusieurs métriques sont utilisées pour évaluer la qualité des liens de communication radio notamment le LQI (Link Quality Indicator), le RSSI (Received Signal Strength Indicator), le SNR (Signal-to-Noise Ratio), etc. Ces métriques ont la particularité d’être directement accessibles via l’émetteur radio sans avoir recours à aucun calcul supplémentaire. Ainsi, pour des raisons de simplicité, nous avons choisi le LQI comme métrique pour estimer la qualité des liens entre nœuds sentinelles. Le LQI permet d’estimer la facilité de modulation du signal reçu en considérant un canal bruité [Benkic 2008]. La technique d’adaptation du lien, est utilisée ici afin de permettre aux sentinelles de pouvoir ajuster dynamiquement leurs paramètres de transmissions et ainsi maintenir une bonne connectivité entre eux. La procédure d’ajustement de ces paramètres est décrite dans l’algorithme 3. Nous considérons que les nœuds redondants doivent se réveiller fréquemment afin de sonder leur voisinage et de détecter la présence de nœuds sentinelles 6.3. Auto-maintenance de la topologie basée sur le contrôle du lien 75 assurant la surveillance. Algorithme 2 Algorithme de maintenance de la topologie utilisant les nœuds redondants. status, est l’état d’un nœud ; ts ,le temps de veille ; tw , temps d’attente d’une réponse sonde ; λ, paramètre d’échelle de Weibull ; β, paramètre de forme de Weibull 1: status = SLEEP ,rcvM sg = F ALSE 2: ts > 0, λ > 0, tw > 0 3: si (ts expires) alors 4: status = P ROBE 5: probe neighborhood 6: set timer tw 7: si (tw expires) alors 8: si (rcvM sg) alors R = unif orm(0, 1) 9: 1 10: ts = λ1 log 11: λ(t) = (β × λ) × (t × λ)β−1 12: status = SLEEP 13: set timer ts 1 R β sinon 14: 15: status = ACT IV E 16: wait connectivity check tc fin si 17: 18: fin si 19: fin si 20: fin Ainsi, les éventuelles sentinelles, doivent de leur part répondre aux messages sondes de ces derniers (cf. Chapitre 5 pour plus de détails). Nous avons introduit une procédure de vérification de la qualité du lien durant cette phase de réponse. Étant donné que les messages de réponses sont envoyés en diffusion, les autres sentinelles peuvent les recevoir. Et dès qu’une sentinelle reçoit un message provenant d’une de ses homologues, elle en profite pour tester la qualité de leur lien de communication. Pour cela, le nœud sonde 76 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques Algorithme 3 Algorithme de maintenance de la topologie utilisant les sentinelles (ajustement de la connectivité entre les sentinelles) 1: linkState = {ST RON G, W EAK} 2: nodeStatus = ACT IV E 3: rcvP robeReplyM sg = F ALSE 4: si (rcvP robeReplyM sg == T RU E) alors 5: Check proximity from the sender j 6: si (d(i, j) ≥ δ) alors 7: 8: Do nothing sinon 9: si (LQI ≥ LQIseuil ) alors 10: linkState = STRONG 11: sinon 12: linkState = WEAK 13: Adjusts link parameters 14: 15: 16: fin si fin si fin si récupère le LQI du message et le compare au LQIseuil . Si la valeur du LQI reçue est inférieure au LQIseuil , elle ajuste sa puissance de transmission afin de maintenir une bonne connectivité avec ses voisines ; sinon elle ignore le message. L’utilisation des réponses aux messages sonde permet aux sentinelles de vérifier la connectivité entre elles sans pour autant introduire des messages de contrôle supplémentaires. D’où, cela contribue à garantir la connectivité avec une utilisation efficace de la bande passante du réseau mais aussi de l’énergie. Table 6.1 – Paramètres de simulation Taille de la zone d’intérêt 100 × 100m2 Taille du réseau [50 :1000] Type de déploiement aléatoire et uniforme Environnement surveillé bruyant Puissance de transmission des nœuds -5 dBm, -10 dBm LQI seuil 7 6.4. Simulations et résultats 6.4 77 Simulations et résultats Cette section est réservée à l’évaluation des performances de notre proposition. Nous avons analysé les performances pour ensuite comparer les résultats obtenus par simulation, sous l’environnement OMNeT++/Castalia, avec notre première proposition sur laquelle il n’y avait pas de contrôle du lien. Sentinel Node Sleep Node 46 13 25 11 42 16 10 36 49 2 45 15 34 23 32 33 18 2937 3 41 1 0 7 6 19 14 38 8 40 47 27 26 21 43 4 39 20 31 24 17 22 30 12 28 9 44 35 48 Figure 6.3 – Cliché du réseau à un temps t donné 6.4.1 Paramètres de simulation Les simulations sont réalisées avec OMNeT++ et son framework Castalia (cf. Annexe), dédié aux réseaux de capteurs sans fil. Les paramètres de simulations sont résumés dans le tableau 6.1. 6.4.2 Résultats et discussions Notre premier plan d’étude est orienté sur l’impact du contrôle du lien sur le fonctionnement antérieur de notre solution. Pour cela, nous avons essayé, comme dans le chapitre 5, de mesurer la consommation moyenne d’énergie avec différentes valeurs du paramètre de forme de Weibull. Ceci pour vérifier la propriété qui fait que cette loi généralise plusieurs autres lois telles que celle Log-normale, etc. Les résultats obtenus (cf. figure 6.4) montrent que nous avons toujours la même progression. De ce fait, nous pou- 78 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques vons retenir que le contrôle du lien que nous avons introduit permet de mieux consolider la connectivité des sentinelles (cf. figure 6.3) sans pour autant avoir un impact négatif sur la consommation moyenne d’énergie. Ainsi, notre algorithme de contrôle du lien garantit une adaptation dynamique des nœuds sentinelles afin de maintenir une bonne connectivité et une route pour la transmission des données de capture vers la station de base. Un autre atout remarquable de notre solution est que l’ajustement de la qualité du lien s’effectue de manière passive. C’est-à-dire que les nœuds sentinelles n’ont pas besoin d’injecter du trafic de contrôle supplémentaire mais plutôt utilisent les échanges de sondages déjà existants. Donc il permet une minimisation considérable des surcharges de contrôle, d’où une utilisation optimale de la bande passante du réseau. Nous avons, tou45 β=1.5 β=2.0 β=3.0 Average energy consummed 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0 100 200 300 400 500 600 Network density 700 800 900 1000 Figure 6.4 – Énergie moyenne consommée pour différentes valeurs de β jours dans l’analyse des performances, mesuré la consommation moyenne d’énergie avec et sans contrôle de lien sur l’ensemble du réseau. Les courbes de la figure 6.5 montrent qu’une amélioration non négligeable a été réalisé. Cela s’explique par le fait que le contrôle de lien permet aux nœuds sentinelles de débuter leur transmission avec de faibles puissances jusqu’à ce qu’elles constatent une baisse de la qualité du lien. Dès qu’une sentinelle se rend compte qu’elle est en connexion faible avec une autre, elle ajuste sa puissance de transmission. Cela permet au lien d’effectuer tous les échanges avec une grande puissance de transmission, de pouvoir en fonction de l’état des liens, utiliser la puissance adéquate et par conséquent épargner le nœud en question de la surconsommation de sa batterie. 6.5. Conclusion 79 55 With link control Without Link control 50 Average energy consummed 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0 100 200 300 400 500 600 Network density 700 800 900 1000 Figure 6.5 – ‘Énergie moyenne consommée avec et sans contrôle du lien 6.5 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons présenté une solution de maintenance de la topologie basée sur les techniques d’autoadaptation et du contrôle de la qualité du lien (adaption du lien). La solution que nous avons étalée dans ce chapitre constitue une amélioration de ALARM, présentée dans le chapitre précédent. La solution de maintenance proposée est efficace du point de vue de la consommation énergétique et garantit une bonne connectivité entre les sentinelles. La connectivité entre les nœuds sentinelles offre à ces dernières la possibilité, après la collecte des données, de pouvoir les router jusqu’à un centre de traitement (souvent la station de base). Cependant, nous sommes persuadés que ce travail pourrait être encore plus valorisé si nous avions aussi analysé l’impact du contrôle du lien sur la qualité des échanges en mesurant par exemple le taux de pertes de paquets, etc. Mais nous pouvons toutefois ranger cela dans nos perspectives sur l’évaluation de la robustesse de notre proposition. En résumé, cette solution garantit dans un réseau de capteurs très dense, d’utiliser l’autoadaptation des nœuds afin de pouvoir maintenir à tout instant un sous-ensemble de sentinelles qui assurent la surveillance. Au-delà de l’autoadaptation, nous appliquons l’adaptation du lien à travers la mesure la qualité des liens grâce au LQI. Cela a permis d’ajouter une touche renforçant la connectivité des sentinelles tout en veillant sur l’utilisation efficace et efficiente de l’énergie. 80 Chapitre 6. Solution de maintenance des topologies dynamiques La suite de notre travail, sera axée sur l’étude d’une possibilité d’hybridation de tech- niques d’ordonnancements afin de rendre plus souple l’utilisation de l’énergie mais aussi faire en sorte que juste après le déploiement, que des nœuds sentinelles puissent monter la garde et assurer la surveillance de la zone d’étude. Chapitre 7 Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d’où ils étaient partis. Pascal - ib III, 18 Sommaire 7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 7.2 Méthode d’ordonnancement hybride . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 7.3 7.4 7.2.1 Phase d’initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 7.2.2 Phase de stabilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Analyse et évaluation de performance . . . . . . . . . . . . . . . . 88 7.3.1 Modèle et paramètres de simulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 7.3.2 Efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 82 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs 7.1 Introduction L’ordonnancement d’activité ou encore scheduling est l’une des approches les plus utilisées pour gérer le problème de la consommation d’énergie dans les réseaux de capteurs sans fil. Les travaux basés sur cette approche, à travers la littérature, peuvent être classés suivant trois groupes selon la technique utilisée ; nous avons les solutions dites always on, les solutions d’ordonnancement aléatoire et celles dites adaptatives. Chacune de ces techniques a ses avantages mais aussi ses faiblesses par rapport au contexte d’application. Par exemple, dans un contexte de réseaux de surveillance à événements rares, la technique always on permettrait de capturer tous les événements qui se produiraient dans le réseau, mais en contrepartie entrainerait une usure rapide de la batterie des nœuds. Étant donné que l’existence du réseau est étroitement liée à l’autonomie énergétique des nœuds ; la question que nous nous posons face à ce défi est : pourquoi dépenser autant d’énergie pour ne détecter que très peu d’événements ? Et là, un compromis, entre la qualité de détection et la consommation d’énergie se présente aux concepteurs de solutions pour les réseaux. Cependant, une solution très astucieuse consisterait à combler les faiblesses d’une technique par les atouts d’une autre par hybridation. L’hybridation est une technique très répandue dans le domaine des réseaux en particulier dans les réseaux de capteurs sans fil. Dans ce chapitre, nous proposons une solution d’ordonnancement pour une utilisation efficace de l’énergie des nœuds capteurs sans fil. La solution proposée utilise une hybridation horizontale de deux techniques d’ordonnancement à savoir l’ordonnancement aléatoire ou random scheduling et celui dit adaptatif ou adaptive scheduling. Nous considérons une hybridation horizontale dans la mesure où, notre solution proposée est organisée en phase et qu’au niveau de chacune d’elles, nous avons une technique d’ordonnancement appropriée qui est utilisée afin d’atteindre les objectifs escomptés. C’est-à-dire réduire la consommation d’énergie tout en préservant une bonne couverture de l’espace à surveiller. Le processus mis en œuvre s’exécute en deux phases, une première dite phase d’initialisation et une autre dite de stabilisation. Durant la phase d’initialisation, les nœuds capteurs sans fil exécutent la technique d’ordonnancement aléatoire. Ainsi, chaque nœud tire aléatoirement un ticket et selon la valeur obtenue (veille ou actif), il prend le rôle correspondant. De ce fait, nous avons dès le déploiement du réseau, des nœuds prêts à monter la garde (valeur du ticket obtenue est actif) et ainsi remplir la fonction de sentinelle. Les autres nœuds (ceux ayant tirés une valeur veille) vont entrer en sommeil en éteignant leur unité de communication et ainsi économiser leur batterie. 7.2. Méthode d’ordonnancement hybride 83 Après la phase d’initialisation, nous avons la phase de stabilisation qui suit et permet de compenser les trous de couverture en activant d’une part des nœuds de réserve si nécessaire et d’autre part en ordonnant des nœuds actifs à retourner en veille si une redondance est constatée sur la surveillance d’une zone donnée. Nous avons validé notre proposition par simulation avec une analyse de notre solution hybride avec la solution d’ordonnancement adaptative présentée dans le chapitre 5. Nous avons évalué la consommation d’énergie, avec une taille de réseau variable et sous différents scénarios, durant la phase d’initialisation et durant tout le fonctionnement du réseau. Nous avons aussi analysé l’impact de l’environnement d’exécution (bruité ou non) et la variation de puissance de transmission sur la consommation énergétique du réseau en d’autre termes sur la durée de vie du réseau. 7.2 Méthode d’ordonnancement hybride L’ordonnancement d’activité des nœuds capteurs sans fil constitue l’une des issues de recherche les plus discutées dans la littérature. La plupart des techniques font apparaître un compromis entre la qualité de la surveillance et l’efficacité énergétique. Plusieurs solutions ont été proposés et ainsi peuvent être classées en quatre catégories : (i) always on ; (ii) random on/off ; (iii) adaptive on/off ; (iv) et periodic on/off. La technique d’ordonnancement «always on», adaptée pour les applications de surveillance continue, consiste à mettre les nœuds en activité et cela de façon continue. Cette technique est le plus souvent utilisée dans des réseaux où les nœuds capteurs sans fil sont suffisamment autonomes en énergie. La technique d’ordonnancement dite «random on/off», quant à elle, consiste à activer les nœuds pendant une durée aléatoire puis retourne en veille afin d’économiser leur énergie. Ce qui fait qu’il est difficile de se prononcer à priori sur la sélection du nœud qui sera responsable de la surveillance d’une zone donnée. La technique d’ordonnancement adaptatif ou encore «adaptive on/off scheduling», consiste à activer suivant le contexte courant du réseau, les nœuds qui se chargeront de la surveillance. Ainsi, leur comportement est dicté par l’état du réseau. La quatrième et dernière technique est l’ordonnancement périodique ou «periodic on/off scheduling» et consiste à fixer un temps périodique d’activité pour tous les nœuds du réseau. Dans ce cas, la surveillance est organisée en «round». Cela permet aux nœuds d’économiser leur batterie et ainsi, prolonger la durée de vie du réseau. Cette politique n’est pas adaptée à certaines applications, car ne prend pas en considération les pannes fréquentes. Cela signifie que si la période considérée est de T , et qu’une panne survienne à T + ε, alors aucun événement ne sera détecté dans 84 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs la zone concernée jusqu’à la prochaine période 2T . Chacune de ces techniques a des avantages et des inconvénients selon le type d’application considérée. Ainsi, il serait très astucieux de combiner deux ou plusieurs techniques dans une même solution d’ordonnancement afin de compenser les faiblesses de l’une par les forces de l’autre et vice-versa. La première solution d’ordonnancement hybride à notre connaissance a été proposée par Cheng et al. dans [Cheng 2010]. Ils compilent dans leur solution les techniques d’ordonnancement périodique et adaptatif. Cependant, dans leur solution, ils bloquent le changement d’état des nœuds de sorte qu’un nœud ne puisse passer d’un état à un autre qu’au début de chaque round. De notre part, nous proposons une solution hybride d’ordonnancement par une combinaison de la technique dite aléatoire et celle dite adaptative. Cette solution consiste à utiliser dans sa première phase ou phase d’initialisation, un ordonnancement aléatoire de l’état des nœuds puis s’exécute dans la RANDOM ON/OFF phase de stabilisation utilisant l’ordonnancement adaptatif. Initialization (Ticket) Ticket equal to 1 Ticket equal to 0 receive deseabling msg from an active neighbor ADAPTIVE ON/OFF Sleep Mode (Ts) Ts timer expire Active Mode receive a probe response msg from an active neighbor Receive no probe response msg from an active neighbor Probing Mode Energy depletion Dead Mode Figure 7.1 – Diagramme d’états de l’algorithme d’ordonnancement hybride 7.2. Méthode d’ordonnancement hybride 7.2.1 85 Phase d’initialisation La phase d’initialisation consiste à permettre aux nœuds de sélectionner, dès leur déploiement, leur état de démarrage (veille ou actif). Cela permet de garantir un «démarrage à chaud» de la surveillance, c’est-à-dire que dès au début, que nous ayons une proportion de nœuds prêts à assurer la fonction de surveillance dans la zone d’intérêt. Pour cela, chaque nœud, au démarrage, tire un jeton aléatoire (voir Algorithme 4) dont la valeur détermine le comportement à prendre par la suite. Le tirage d’un jeton peut aboutir à une et une seule valeur parmi deux possibles, c’est-à-dire que le jeton tiré contient soit veille soit actif et ces issues sont toutes deux équiprobables. Algorithme 4 Génération d’un jeton aléatoire 1: string ticketRandShot(){ 2: int value ; 3: value = rand()%2; 4: si (value == 1) alors 5: { 6: state = active 7: retour state 8: } 9: sinon 10: { 11: state = sleep 12: retour state 13: fin si 14: }} Après avoir généré un ticket, chaque nœud fait appel à la procédure de vérification (voir Algorithme 5) afin de déterminer la valeur obtenue. Si le ticket obtenu est actif, alors le nœud prend aussitôt le rôle d’une sentinelle et monte la garde, c’est-à-dire commence à exécuter la fonction de surveillance de sa zone dédiée. Cependant, dans le cas où le ticket obtenu a la valeur veille, alors le nœud est mis dans la réserve. Et ainsi, il calcule son temps de veille initial (voir Chapitre 5) puis passe en mode veille afin d’économiser sa batterie. 86 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs Algorithme 5 Vérification de la valeur tirée 1: bool checkTicket(string state){ 2: si (state ==”active”) alors retour vrai 3: 4: sinon retour faux 5: 6: fin si 7: } 7.2.2 Phase de stabilisation Après la phase d’initialisation où les nœuds utilisent la technique d’ordonnancement aléatoire afin de déterminer leur comportement initial, vient la phase de stabilisation. Cette phase consiste à permettre aux nœuds sentinelles de rester en garde pour assurer la surveillance et cela jusqu’à ce que sa batterie soit vide. Quant aux nœuds de réserve, ils utilisent la technique d’ordonnancement adaptatif afin d’ajuster leur paramètre en fonction du contexte actuel du réseau. En effet, un nœud en réserve se réveille au bout de ts pour sonder son voisinage. Ainsi, tous les nœuds situés à une distance δ et qui recevront les messages sondes vont répondre. Les réponses des nœuds sentinelles sont utilisées à deux fins : 1) pour maintenir la topologie ; et 2) pour garantir la connectivité entre les différents nœuds sentinelles. D’une part elles permettent d’assurer la maintenance de la topologie, car le nœud sonde attend cette réponse pendant un temps tw ; et s’il reçoit une réponse, il recalcule son nouveau temps de veille puis passe en mode veille sinon, il considère qu’il y aucune sentinelle pour assurer la surveillance de cette zone et ainsi, il monte la garde aussitôt. D’autre part, elles sont utilisées par les nœuds sentinelles pour maintenir une bonne connectivité entre eux et aussi lever le conflit pour la surveillance d’une zone donnée. Ces derniers comparent, à la réception d’une réponse, la durée d’activité de l’émetteur avec la leur. Si un nœud sentinelle constate que la durée d’activité reçue est supérieure à la sienne et que la distance est inférieure à δ, alors il décide de laisser, au nœud sentinelle émetteur du message, la responsabilité d’assurer la surveillance puis retourne en mode veille après avoir mis à jour ses paramètres. Et dans le cas contraire, c’est-à-dire si la durée d’activité reçue est supérieure à sienne, alors il maintient sa posture de sentinelle et continue d’assurer la surveillance de sa zone dédiée. Quant à l’autre nœud, il fera le même traitement dès qu’il recevra une réponse sonde. Et ainsi, le conflit sur la surveillance 7.2. Méthode d’ordonnancement hybride 87 souvent dû aux collisions est résolu grâce à l’utilisation du temps d’activité des nœuds sentinelles. Begin Randomize ticket tk no Compute sleep time based on initial probe rate is tk = 1 yes Pass to Sleep Mode for Ts Pass to Active Mode (Sentinel) no Ts expire? no Energy depletion? yes yes Pass to Probing Mode Update probe rate and compute new Ts Send probe request Pass to Dead Mode Remain probe request to Tx no yes End yes Received probe response? Wait for probe response no Wait response timer expire? no yes Figure 7.2 – Algorithme d’ordonnancement hybride 88 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs 7.3 Analyse et évaluation de performance Dans cette section, nous allons essayer d’évaluer les performances de notre algorithme d’ordonnancement hybride par une simulation. Nous allons commencer d’abord par présenter l’environnement de simulation qui a été considéré puis procéder à l’évaluation de l’énergie consommée sous différents scénarios et comparer les résultats obtenus avec ceux d’une technique d’ordonnancement classique. Dans ce travail, nous avons choisi de comparer notre algorithme avec celui que nous avions proposé [Diongue 2013] dans le Chapitre 5, c’est-à-dire la technique d’ordonnancement adaptative. 7.3.1 Modèle et paramètres de simulation Nous avons évalué les performances de notre algorithme HSA par simulation avec le framework Castalia sous OMNeT++. Les solutions d’ordonnancement reposent en général sur la redondance, et de ce fait, nous avons considéré un déploiement uniforme d’un très grand nombre de nœuds sur une zone de capture de 100 × 100 m2 . Afin de tester la scalabilité de notre solution, nous faisons varier la taille de notre réseau de 50 jusqu’à 1000 par incrément de 50. Ensuite, nous avons évalué la consommation moyenne d’énergie suivant deux scénarios ; en considérant l’impact de l’environnement d’application (via le modèle d’interférence) et celui de la puissance de transmission des nœuds. Castalia propose dans son implémentation trois modèles d’interférences : le modèle idéal, le modèle simpliste et celui dit additif. (i)Le modèle idéal considère qu’aucune collision ne peut se produire lors des communications. Ce modèle n’est pas réaliste car considère que toutes les communications se passent normalement comme si chaque nœud opérait à lui seul sur le canal. (ii) Le modèle d’interférence simpliste propose que si deux nœuds donnés émettent en même temps des paquets vers une même destination, alors il se produira toujours une collision. (iii) Et enfin le modèle d’interférence additif quant à lui propose que si deux nœuds donnés émettent au même moment vers la même destination, alors il existe une probabilité non nulle que la destination reçoive correctement un message s’il est reçu avec une grande puissance de signal c’est-à-dire qu’une collision est étroitement liée au SINR à la destination. Et dans le cas contraire, il se produit une collision au niveau de la destination. Ainsi, pour plus de réalisme, nous avons évalué l’algorithme HSA en considérant les deux derniers modèles d’interférences cités ci-dessus. Le second scénario de nos simulations consiste à analyser la consommation moyenne d’énergie avec différentes puissances de transmission. Castalia utilise au niveau radio avec les paramètres définis dans CC2420 de Texas Instrument. Les détails des paramètres de 7.3. Analyse et évaluation de performance 89 Table 7.1 – Paramètres de simulation Champ de capture 100 x 100 m2 Taille du réseau [50 :1000] Type de déploiement uniforme Modèles d’interference simple interference (1), additive interference (2) Puissances de Transmission 0, -5, -10, -15 and -25 dBm simulation sont présentés dans le tableau ci-dessous. 7.3.2 Efficacité énergétique L’efficacité énergétique est l’un des critères de base pour l’évaluation et la validation des réseaux de capteurs sans fil. Ainsi, pour évaluer la robustesse énergétique de HSA, nous avons essayé de mesurer la consommation moyenne d’énergie durant la phase d’initialisation puis en considérant toute la durée de la simulation et nous avons comparé les résultats obtenus avec ceux de notre algorithme d’ordonnancement adaptatif. 7.3.2.1 La phase d’initialisation : Nous avons analysé la quantité moyenne d’énergie dissipée lors de la phase d’initialisation pour les algorithmes HSA (Hybrid Scheduling Algorithm) et ASA (Adaptive Scheduling Algorithm) en faisant varier le paramètre de forme de Weibull. Pour rappel, nous avions dit dans la section 4.2 que la distribution de Weibull permet, grâce à son paramètre de forme, de généraliser plusieurs lois de probabilité notamment la loi exponentielle, celle de Rayleigh, etc. Ainsi, les courbes de la figure 7.3 montrent une nette différence sur la quantité d’énergie consommée dans la phase d’initialisation. Nous avons une consommation d’environ 2, 3 joules en 6000 secondes avec la méthode d’ordonnancement hybride et quasiment la moitié avec celle adaptative. Cette surconsommation s’explique par le fait qu’avec HSA, nous avons dès le déploiement un pourcentage des nœuds actifs pour assurer la surveillance de la zone «Early wake-up for monitoring» et de ce fait, ces nœuds ont leur radio par défaut en mode écoute (c’est-à-dire en réception). Tandis que pour ASA, tous les nœuds sont initialement en mode veille pendant un temps aléatoire, puis certains d’entre eux se réveillent pour monter la garde. Nous avons aussi analysé l’impact ou l’adaptabilité de notre approche par rapport à différents modèles de probabilités sur la consommation d’énergie. Cela est nettement visible sur la figure 7.3. Le second enseignement que nous 90 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs Energie moyenne consommee (Joule) 0.25 Hybrid Scheduling k=1.5 Hybrid Scheduling k=2 Hybrid Scheduling k=3 Adaptive Scheduling k=1.5 Adaptive Scheduling k=2 Adaptive Scheduling k=3 0.2 0.15 0.1 0.05 0 0 100 200 300 400 500 600 Taille du reseau 700 800 900 1000 Figure 7.3 – Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau durant la phase d’initialisation tirons à partir de cela est que notre approche sentinel (aussi bien avec HSA qu’avec ASA) prend en compte l’évolutivité vers d’autres modèles comme nous l’avions pressenti plus haut. 7.3.2.2 La phase de stabilisation : Nous avons aussi essayé d’évaluer les performances de notre algorithme avec deux paramètres importants à savoir le modèle d’interférence qui matérialise l’environnement d’ exécution et la puissance de transmission de la radio qui, plus elle est importante, plus la quantité d’énergie consommée l’est aussi. Ainsi, l’analyse montre d’une part, que la solution hybride est plus efficace en terme de consommation globale d’énergie. La figure 7.4 montre que quel que soit le niveau de transmission du signal, HSA permet plus de souplesse dans la consommation d’énergie. Et cela est plus considérable quand on considère de faibles puissances de transmission. L’explication que nous pouvons donner à cela est qu’avec HSA, le réseau génère moins de surcharge due aux messages de contrôle. Car, une partie du réseau est déjà fonctionnelle et de ce fait les nœuds dits «early sentinels» n’ont pas besoin d’échanger des informations de sondage. Contrairement à la méthode adaptative où, tous les nœuds devront nécessairement procéder au sondage de leur voisinage afin de sélectionner coopérativement les nœuds sentinelles pour assurer la surveillance. D’où, une surconsommation d’énergie lors de cette phase d’échange des informations de sondage. 7.3. Analyse et évaluation de performance 450 ASA TxPower=0 HSA TxPower=0 ASA TxPower=−5 HSA TxPower=−5 ASA TxPower=−10 HSA TxPower=−10 ASA TxPower=−15 HSA TxPower=−15 ASA TxPower=−25 HSA TxPower=−25 400 Energie moyenne consommee (Joule) 91 350 300 250 200 150 100 50 0 0 100 200 300 400 500 600 Taille du reseau 700 800 900 1000 Figure 7.4 – Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau avec différentes puissances de transmission 450 Hybrid Scheduling Int. Model=1 Hybrid Scheduling Int. Model=2 Adaptive Scheduling Int. Model=1 Adaptive Scheduling Int. Model=2 Energie moyenne consommee (Joule) 400 350 300 250 200 150 100 50 0 0 100 200 300 400 500 600 Taille du reseau 700 800 900 1000 Figure 7.5 – Énergie moyenne consommée en fonction de la taille du réseau avec différents modèles d’interférence D’autre part, nous avons aussi le même constat sous un environnement d’ exécution bruité. La figure 7.5 montre que HSA présente plus de souplesse sur la consommation globale d’énergie comparée à ASA. Nous avons avec HSA une consommation totale d’énergie nettement plus faible quand on considère le modèle d’interférence additif, qui à notre avis est plus proche de la réalité. Par conséquent, avec le modèle d’interférence simpliste, nous 92 Chapitre 7. Algorithme d’ordonnancement hybride pour les RCSFs avons sensiblement les mêmes quantités d’énergie dissipées avec une faible baisse pour ASA. 7.4 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons tenté d’analyser le problème d’ordonnancement des activités des nœuds et nous avons proposé HSA, un algorithme hybride d’ordonnancement combinant les méthodes d’ordonnancement adaptatif et aléatoire. Notre solution HSA s’exécute en deux phases ; une phase d’initialisation utilisant la méthode d’ordonnancement aléatoire et une deuxième phase dite de stabilisation utilisant la technique adaptative. Pour évaluer les performances, nous avons choisi de comparer la solution proposée dans ce chapitre avec celle que nous avons présentée dans le chapitre 5. Pour cela, nous avons choisi d’évaluer la solution en prenant en considération l’efficacité énergétique mais aussi la robustesse de l’algorithme par rapport à l’environnement d’exécution et par rapport aux caractéristiques des communications (c’est-à-dire la puissance de transmission utilisée par les nœuds du réseau). Nous avons noté à travers l’évaluation des performances que HSA présente plus de souplesse sur la quantité moyenne d’énergie consommée comparée à notre algorithme d’ordonnancement adaptatif et cela quel que soit l’environnement et la puissance de transmission utilisés. L’hybridation de solutions d’ordonnancement, nous a permis d’avoir une bonne partie des nœuds du réseau en activité (environ 50% car chaque nœud a 50% de chance d’être en mode actif) dès le déploiement. D’où une réduction conséquente de la surconsommation d’énergie qui aurait dû être utilisée pour les échanges de messages sondes. La solution présentée dans ce chapitre est une amélioration ou encore une extension de l’algorithme d’ordonnancement probabiliste que nous avions au chapitre 5. Nous avons constaté à travers plusieurs scénarios que la combinaison de la technique d’ordonnancement aléatoire à celle adaptative a abouti à une solution optimale garantissant la longévité du réseau mais aussi le passage à l’échelle et la robustesse dans un environnement bruité. Comme perspectives de recherche à ce travail, nous pourrions étudier le contrôle des réveils en se basant sur une étude statistique des événements dans la zone surveillée. Un autre point qui serait intéressant d’être étudié, est l’évaluation de la robustesse face aux attaques tels les dénis de services en particulier le «deny of wake-up». Puisque nous utilisons dans nos scénarii des nœuds de réserve pour maintenir la topologie, un attaquant pourrait essayer de perturber le fonctionnement du réseau en s’attaquant à ces nœuds. Chapitre 8 Conclusion et perspectives Dans les sciences, le chemin est plus important que le but. Les sciences n’ont pas de fin. Erwin Chargaff Sommaire 8.1 8.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 8.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Conclusion Durant ces dernières décennies, les réseaux de capteurs sans fil ont réussi à conquérir de nombreux secteurs d’activité et cela grâce aux avancées fulgurantes dans les domaines de la micro-électronique et de l’électromécanique. Cet important essor de la technologie des capteurs sans fil, fait que cette dernière attire aujourd’hui un très grand monde de chercheurs aussi bien dans les universités que dans l’industrie. Cependant, ces réseaux, du fait de plusieurs paramètres intrinsèques notamment l’énergie, font face à de nombreux défis. Dans cette thèse, nous nous intéressons au problème d’optimisation de la durée de vie, qui est une métrique de qualité de service étroitement liée à celle de la conservation de l’énergie. La prolongation de la durée de vie d’un réseau de capteurs fait intervenir plusieurs paramètres allant de la conception matérielle à celle logicielle ou protocolaire. Ainsi, nous nous sommes intéressés à l’élaboration d’une solution pour la maximisation de la longévité des réseaux de capteurs sans fil. Dans la première partie de notre travail, nous avons proposé le modèle Sentinel, une solution probabiliste formatée pour les réseaux de capteurs à grande échelle et à forte 94 Chapitre 8. Conclusion et perspectives densité. Le modèle, Sentinel, que nous avons proposé s’appuie sur la distribution probabiliste de Weibull. Sentinel, s’inspire du principe de garde dans les zones militaires afin de contrôler les temps de veille des nœuds de réserve (la relève pour la garde). Ainsi, au-delà de l’auto-organisation des nœuds, Sentinel, garantit aussi la reprise après qu’une panne d’un nœud capteur ait été constatée. Cela permet de mettre les nœuds de réserve, pour la plupart du temps, en veille (mode d’économie d’énergie) tout en veillant à l’ajustement des paramètres de veille en fonction du temps et de l’état du réseau. Ce qui fait de Sentinel un modèle auto-adaptatif très pratique pour les réseaux à topologie très instable tels que les réseaux de capteurs sans fil. Nous avons dans le cadre de l’application du modèle, utilisé Sentinel avec la technique d’ordonnancement des activités des nœuds afin de mieux tirer profit de la forte densité du réseau (beaucoup de redondance sur la couverture). Nous avons proposé ALARM, un algorithme d’ordonnancement basé sur le modèle Sentinel. Le principe dans ALARM, est de sélectionner au déploiement du réseau, un sous-ensemble minimal des sentinelles qui vont assurer la garde c’est-à-dire la surveillance de la zone d’étude puis mettre les nœuds redondants en mode d’économie d’énergie afin de préserver leur batterie. Cependant, ALARM, grâce au modèle Sentinel, utilise la fonction de survie de Weibull pour déterminer et ajuster dynamiquement les temps de veille des nœuds redondants. Cette mise à jour dynamique du temps de veille des nœuds en fonction de l’état du réseau, permet de faire en sorte que s’il y a une sentinelle qui tombe en panne (car elle épuise sa batterie ou que l’une de ses modules de base devient dysfonctionnel) qu’il ait un autre qui prend aussitôt la relève. À la différence de la plupart des solutions d’ordonnancement proposées dans la littérature qui utilisent des réveils périodiques ou aléatoire simple, ALARM permet aux nœuds de déterminer de façon aléatoire leur temps de veille et cela sous la contrainte de l’usure de la batterie en fonction du temps. C’est-à-dire que nous considérons que la probabilité de panne des nœuds augmente en fonction temps et par conséquent l’ajustement des réveils en fonction de cette probabilité permet de réduire de façon considérable les retards sur la reprise après panne. À la suite de la validation par simulation de ALARM, nous avons poursuivi notre étude en y ajoutant un mécanisme de contrôle de topologie basé sur l’adaptation de lien afin de garantir une meilleure connectivité entre les nœuds sentinelles. Cela, permet de maintenir durant tout le fonctionnement du réseau, une route vers le centre de traitement ou la station de base. Ce mécanisme d’adaptation de lien s’appuie sur ALARM via ces messages de sondage pour vérifier la connectivité en utilisant le LQI et éventuellement 8.2. Perspectives 95 ajuster si nécessaire la puissance de transmission. À travers nos simulations, nous avons constaté que le contrôle de la topologie nous a permis à ALARM d’être plus efficace du point de vue de la consommation d’énergie. Enfin, nous avons, toujours dans le souci d’optimiser davantage la consommation de l’énergie, hybridé notre solution d’ordonnancement en y introduisant une phase d’initialisation à état aléatoire. L’hybridation consiste à coupler deux techniques d’ordonnancement à savoir la technique adaptative et celle dite aléatoire. Ainsi, la solution s’exécute sur deux phases : une phase d’initialisation basée sur la technique d’ordonnancement aléatoire afin de permettre, dès le déploiement du réseau qu’il y ait des sentinelles prêtes à assurer la surveillance une deuxième phase qui consiste à celle de stabilisation du réseau où les nœuds sentinelles, en cas de conflit sur la surveillance, exécutent l’algorithme 1 pour lever le conflit. Malgré la faible hausse d’énergie notée dans la phase d’initialisation, l’hybridation a contribué à une baisse sur la consommation globale de l’énergie comparée à notre solution basée uniquement sur l’ordonnancement adaptatif. Cependant, tous ces efforts sur le plan de l’efficacité énergétique, ne constituent que les jalons posés pour tendre vers une solution optimisée basée sur l’ordonnancement des activités des nœuds dans les réseaux de capteurs sans fil à forte densité afin de les permettre une longévité en adéquation avec les périodes d’études escomptées. 8.2 Perspectives Les réseaux de capteurs sans fil constituent en un vaste domaine de recherche avec une panoplie d’applications possibles et de nombreux défis à relever. De ce fait, nous allons dégagé un certain nombre de perspectives à court et à moyen terme pour la continuité de ce travail. — Nous envisagerons dans le court terme de développer un algorithme de suivi de la couverture orientée événement afin de permettre aux nœuds de coupler la probabilité de production d’événements à celle des pannes pour calculer leur temps de veille. — Nous nous proposerons également de se pencher sur la gestion de l’énergie des nœuds sentinelles elles-mêmes. Ainsi, nous avons considéré dans ce travail qu’une sentinelle dès qu’elle monte la garde reste en mode actif jusqu’à l’épuisement de sa batterie ou qu’elle soit désactivée avec l’algorithme de réglement de conflit sur la couverture. Cependant, une politique de gestion de l’énergie peut être adoptée de sorte qu’une sentinelle puisse se mettre dans un mode moins gourmand en énergie 96 Chapitre 8. Conclusion et perspectives quand elle ne détecte aucune activité dans son voisinage. — Dans le moyen terme, nous nous proposerons d’aller vers l’acquisition car nous avons vu à travers l’état de l’art que la phase d’acquisition peut dans certains cas être une véritable source de consommation d’énergie. — La sécurité est un point très sensible pour les réseaux sans fil en particulier les réseaux de capteurs. Cela, nous a motivé à projeter l’intégration d’un module de sécurité pour faire face aux attaques qui viseraient à épuiser la batterie des nœuds capteurs. Parmi tant d’autres types d’attaques, nous pouvons avoir par exemple un attaquant qui empêche les nœuds de retourner en veille en lui faisant croire qu’aucune sentinelle n’est présente dans son voisinage. Annexe A Outils de simulation Les réseaux de capteurs sans fil constituent aujourd’hui un véritable champ d’attraction pour une variété d’applications. Ainsi, plusieurs solutions ont été proposées durant ces dernières années ; et les chercheurs font souvent appel à la simulation pour la validation de leurs propositions. De ce fait, de nombreux simulateurs dédiés ou réadaptés aux réseaux de capteurs sans fil ont été mis au point avec chacune de ces caractéristiques [Egea-Lopez 2005, Jevtić 2009, Sundani 2011, Weingartner 2009]. Cependant, nous avons, dans cette thèse, évalué les performances de nos contributions par simulation. Pour cela, notre choix par rapport aux outils de simulation disponibles, était orienté sur le couple OMNeT++/Castalia [Xian 2008]. Castalia est un framework fonctionnant au-dessus d’OMNeT++ et est spécialement conçu pour les réseaux de capteurs sans fil. Castalia a beaucoup attiré notre attention par le fait que c’est un simulateur de réseaux de capteurs sans fil générique, c’est-à-dire que l’implémentation d’un nœud n’est pas spécifique à telle ou telle autre modèle de capteurs. Outre cela, Castalia utilise aussi des modèles plus ou moins réalistes, en particulier au niveau de l’utilisation de la radio. La suite de cette partie du manuscrit est axée sur la présentation de cet outil mais avant cela, nous allons présenter le simulateur de base qui est utilisé, à savoir OMNeT++. A.1 OMNeT++ Nous avons évalué les performances de nos algorithmes avec OMNeT++, qui est un simulateur à événements discrets orientés objet, basé sur C++ [Varga 2008, Varga 2001]. OMNeT++ a été conçu pour la simulation des systèmes de réseaux de communication, des systèmes distribués, etc. C’est un projet open source, développé par Andras Varga de l’Université de Budapest, qui connaît aujourd’hui plusieurs évolutions avec plusieurs frameworks prenant en compte divers domaines d’application allant des réseaux classiques jusqu’à ceux de dernière génération notamment les réseaux de capteurs sans fil et les réseaux véhiculaires. Il est un simulateur programmable, paramétrable et modulaire ; ce 98 Annexe A. Outils de simulation qui justifie qu’il soit adapté à une panoplie d’applications. OMNet++ a été développé pour satisfaire principalement les besoins suivants : • permettre des simulations suivant un modèle hiérarchique et à large échelle mais qu’elles puissent aussi accepter la réutilisation des composants. • offrir une traçabilité mais aussi plus de souplesse en ce qui concerne la maintenance des programmes de simulation. Ce qui permettrait de réduire considérablement les temps de débogage. • être un outil de simulation modulaire, personnalisable et pouvant supporter des modèles intégrés pour une variété d’applications. A.1.1 Architecture Le fonctionnement d’OMNet++ repose principalement sur des modules qui communiquent entre eux par le biais de messages ou encore messages passing. Les modules sont organisés de manière hiérarchique et le module de base est appelé «module simple» ou encore «simple module». Le regroupement de plusieurs modules simples forme un module dit composé ou «compound module» qui a son tour peut être regroupé avec d’autres pour donner aussi un module composé, et le nombre de niveaux hiérarchiques n’est pas limité. Les modules sont implémentés en C++ et sont aussi de type de base module. L’architecture est conçue de telle sorte que les modules simples soient à la fois émetteurs et récepteurs de messages. Le modules composés se contentent de relayer les messages aux modules simples de façon transparente. Les différents modules sont reliés entre eux par des liens ou connections ayant des paramètres tels que le délai de transmission, le débit autorisé, le taux d’erreurs permis, etc. Les points de connexion entre les modules et les liens sont assurés par des portes ou «gates» où passent les messages échangés entre les différents modules. Les portes permettent la communication inter-niveau. Cependant, une porte peut être créée dans un niveau donné. A.1.2 Le langage NED La définition de la structure d’une simulation et la description de sa topologie se font par le biais du langage NED (NEtwork Description language). Ainsi, la description de la topologie est stockée dans un fichier .ned qui est essentiellement constitué de la déclaration des modules simples (gates et paramètres de connexion) mais aussi de la A.2. Castalia 99 définition des modules composés (interfaces externes) et du réseau de manière générale. OMNet++ intégre même dans son implémentation, un éditeur graphique permettant l’édition facile et aisée des fichiers NED. L’utilisateur a le choix, pour l’édition des fichiers NED, d’utiliser l’interface avec le code source ou de procéder simplement à du «drag and drop». Le langage NED est aussi compatible avec le standard XML en permettant l’importation et l’exportation de fichiers au format XML ; ceci grâce à son riche NEDXML API. En résumé, OMNeT++ est un simulateur open source compatible avec quasiment tous les environnements tels que Windows, Unix/Linux, Mac OS X, etc. Il a aussi une documentation très fournie et des groupes d’échanges et de développement très dynamique. OMNeT++ supporte également une panoplie de framework (INET, INETMANET, ReaSE, MIXIM, Castalia, etc.) pour diférentes applications notamment les réseaux de capteurs sans fil. A.2 Castalia Castalia est un framework dédié aux réseaux de capteurs sans fil et est basé sur la plateforme de simulation OMNeT++ [Jevtić 2009]. Castalia a été développé par la NICTA 1 (National ICT Australia) pour tester des algorithmes et protocoles dans le domaine des réseaux et de l’informatique «pervasive». C’est un simulateur générique conçu pour la validation d’algorithmes distribués de haut niveau et/ou de protocoles dans un environnement sans fil et des modèles radios réalistes par rapport aux exigences des réseaux de capteurs sans fil. A.2.1 Caractéristiques de Castalia Castalia peut être utilisé pour évaluer les caractéristiques de différentes solutions pour des applications spécifiques, cela grâce à son héritage d’OMNeT++ sur sa souplesse et le fait qu’il est hautement paramétrable. Ses principales caractéristiques sont les suivantes [Boulis 2007, Rastegarnia 2011, Pediaditakis 2010] : — Un modèle avancé du canal de transmission basé sur les données empiriques mesurées. — Un modèle radio avancé utilisant des données réalistes des radios existantes pour les transmissions basses portées. 1. http://castalia.npc.nicta.com.au 100 Annexe A. Outils de simulation — Un modèle de données de capture étendu avec une modélisation très flexible des processus physiques prenant en compte les effets du bruit et du biais relatifs à l’environnement mais aussi à la consommation d’énergie. — Intégre déjà la synchronisation des horloges des nœuds. — Offre une base existante de protocoles (MAC et Routage) avec une facilité d’extension. — Il a une documentation très fournie et une communauté très active via le forum. Comme OMNeT++, Castalia utilise le langage C++ pour l’implémentation et le langage NED pour la définition de la structure de la topologie. A.2.2 Modélisation du média de transmission Dans Castalia, les nœuds sont des modules d’OMNeT++ et par conséquent, ils ne se connectent pas directement entre eux mais communiquent via le module du canal sans fil. Un aspect important de la modélisation du canal sans fil selon Castalia, est l’estimation de l’affaiblissement du signal sur les liens entre les différents nœuds ou de manière générale entre deux points quelconques de l’espace. Castalia utilise un modèle d’observation lognormal le long du canal, permettant de déterminer la probabilité de réception des paquets (PRP) à partir du ratio signal sur bruit (SNR). Cela permet d’émuler les conditions réalistes du canal sans fil. En résumé, nous pouvons retenir que Castalia est un simulateur générique et modulaire spécialement dédié aux réseaux sans fil à faible puissance de transmission et en particulier les réseaux de capteurs sans fil. C’est un simulateur hautement paramétrable et très extensible pour tester des algorithmes distribués et/ou des protocoles de haut niveau. Parmi les atouts de Castalia, nous pouvons citer le fait qu’il se base sur des données réalistes (par rapport à la radio, le média sans fil, etc.) avec une variété de processus physiques prit en compte au niveau capture. Liste des publications Revues internationales • DIONGUE, Dame and THIARE, Ousmane. "A New Sentinel Approach for Energy Efficient and Hole Aware Wireless Sensor Networks". In International Journal of Computer Science and Information Security (IJCSIS), vol. 11, num. 9. pp. 30-37, Sept. 2013. Conférences internationales • DIONGUE, Dame and THIARE, Ousmane. "ALARM : An Energy Aware Sleep Scheduling Algorithm for Lifetime Maximization in Wireless Sensor Networks". In Proceedings of IEEE International Symposium of Wireless Technology and Applications (ISWTA), pp. 74-79, 2013. • DIONGUE, Dame and THIARE, Ousmane. 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