Annales de Paléontologie (Vert.-lnvert.). 1986, vol. 72, fase. 3, pp. 163-210. © Masson, Paris, 1986. REDÉFINITION DES GENRES POTAMIDES ET PIRENELLA (GASTROPODA, PROSOBRANCHIA) À PARTIR DES ESPÈCES ACTUELLES ET FOSSILES : IMPLICATIONS PHYLÉTIQUES ET BIOGÉOGRAPHIQUES PAR Pierre LOZOUET * Mots-clés: Gastropodes. Prosobranches. Potamides. Pirenella. Taxonomie. Phylogénie. Key-words : Gastropoda. Prosobranchia. Potamides. Pirenella. Taxonomy. Phylogeny. Résumé. - Il est montré que Pirenella est synonyme de Potamides et que les « Pirenella » de la littérature paléontologique doivent être attribuées au genre Granulolabium. La reconstitution de la phylogénie de Potamides montre que P. conicus (= cailliaudi) peut être considéré comme une relique mésogéenne. Probablement, le genre Potamides, d'origine européenne, a pénétré tardivement dans la province Indo-Pacifique (Pliocène voire même Quaternaire). La phylogénie du genre Granulolabium est aussi reconstituée et un représentant actuel, très proche de l'espèce oligocène d'Europe G. plicatum est reconnu: « Zeacumantus » diemenensis Quoy et Gaimard. Granulolabium diemenensis est actuellement confiné au sud-est de l'Australie et à la Tasmanie où il est commun dans les habitats vaseux du médiolittoral. Deux sous-genres sont reconnus: Granulolabium (s.s.) et Granulolabium (Tiaracerithium); le genre néo-zélandais Zeacumantus apparaît étroitement apparenté. * Lab. de Biologie des Invertébrés Marins, 55, rue de Buffon, 75005 Paris et Lab. du Quaternaire de l'E.P.H.E., Inst. des Sciences de la Terre, 6, Bld Gabriel, 211oo Dijon, France. - 163- Annales de Paléontologie (Vert.-!nvert.), 1986, vol. 72, fascicule 3. 13 2 PIERRE LOZOUET Abstract. - It is shown that Pirenella is synonymous with the genus Potamides and that the « Pirenella » of the palaeontologicalliterature should be assigned to Granulolabium. The reconstitution of the phylogeny of the Potamides proves that P. conicus (= cailliaudi) can be considered as a mesogean relict. Probably, the genus Potamides (of European origin) has entered, only very late, into the Indo-Pacific province (Pliocene and even Quatemary). The phylogeny of the Granulolabium is also reconstituted and a recent representative, quite similar to the European üligocene species G, plicatum has been identified : « Zeacumantus » diemenensis (Quoy et Gaimard). Granulolabium diemenensis is now confined to the South East of Australia and Tasmania where it is easy to find in the muddy habitats of the Midlittoral. Two subgenera have been recognized : Granulolabium (s.s.) and Granulolabium (Tiaracerithium); the New-Zealander genus Zeacumantus seems very weil connected. INTRODUCTION Les Potamides et les Pirenella pullulent souvent dans les terrains cénozoïques européens; par exemple, des comptages précis (Gitton et al., à paraître) ont montré que «Pirenella » plicata était le mollusque le plus abondant de l'Oligocène du bassin de Paris. Il Y a déjà plusieurs années, j'ai remarqué la similitude des espèces types des genres Pirenella (P. conica, actuel) et Potamides (P. lamarcki, Stampien). Or, aucune publication jusqu'au récent article de Kadolsky (1984) ne faisait allusion à la synonymie de Pirenella et de Potamides que je souhaite démontrer ici. La mauvaise interprétation des rapports entre les formes actuelles et fossiles de ces deux genres est à l'origine d'une confusion extrême que l'on retrouve dans la classification de Bouniol (1981) où les Pirenella sont intégrés aux Tiaracerithiinae et les Potamides aux Potamidinae. Cossmann (1906) subdivisait les Cerithiidae en Cerithiinae, Potamidinae et Bittiinae, Thiele (1929) élève les Potamidinae de Cossmann au rang familial et introduit la sous-famille des Batillariinae. Les Potamididae se composent alors des Potamidinae et des Batillariinae. Wenz (1938-44) reprendra cette classification qui est encore celle adoptée actuellement par les malacologues. Cependant Bouniol (1981) a proposé de scinder les Cerithiidae en quatre sous-familles (Cerithiinae, Potamidinae, Batillariinae et sa nouvelle sous-famille des Tiaracerithiinae) qui constitueraient un ensemble polyphylétique. Ce classement ne tient pas compte des caractéristiques anatomiques et notamment du fait bien connu que tous les Potamididae de Thiele possèdent un opercule corné, circulaire, de type spiral polygyré, alors que l'opercule corné des Cerithiidae est de type spiral oligogyré. D'autre part, si la dichotomie classique entre Potamides saumâtres et cérithes marins souffre, ainsi que l'a rappelé Plaziat (1984, p. 295), quelques exceptions, elle n'en reste pas moins dans la grande majorité des cas exacte, et le mode de vie des Potamides n'est pas une convergence fortuite comme le croit Bouniol (1981). Houbrick (1984) prend soin de - 164- POTAMIDES ET PIRENELLA 3 réaffirmer la classification de Thiele sans toutefois mentionner l'hypothèse de Bouniol et la sous-famille des Tiaracerithiinae. Pour ma part, je considère que les Potamididae doivent être compris au sens de Thiele en y intégrant les Tiaracerithiinae de Bouniol qu'il sera nécessaire de redéfinir. Cette rectification de nomenclature m'a obligé à traiter le problème dans sa totalité, c'est-à-dire en retraçant l'histoire des groupes concernés. Le texte a été ainsi divisé en trois parties: une première partie est d'ordre systématique et taxinomique, une seconde retrace l'histoire du genre Potamides de l'Oligocène à l'actuel et la troisième est consacrée aux genres Granulolabium et Zeacumantus. Dans les seconde et troisième parties, figure un relevé des principales « espèces» du cénozoïque européen, témoins du lourd héritage typologique chez les Potamididae, et l'espèce Granulolabium plicatum, espèce type du genre qui doit remplacer les ex-Pirenella fossiles, est l'objet d'une étude biométrique. SYSTÉMATIQUE DES POTAMIDIDAE APERÇU NOMENCLATURAL ET ÉCOLOGIQUE Les différents genres de Potamididae évoqués au cours de ce travail sont présentés dans leur sous-famille respective, en privilégiant les taxons fossiles. Tiaracerithinae Bouniol, 19891. - Bouniol (1981) a créé cette sous-famille pour les genres Pirenella, Terebralia, Tiaracerithium et son sous-genre Gravesicerithium. Dans un premier temps, nous y adjoindrons les genres considérés jusqu'à présent comme synonymes de Pirenella : Tiarapirenella et Granulolabium. Pirenella Gray, 1847 (espèce-type: P. conica Blainville, actuel, Méditerranée). Outre Pirenella conica (= mamillata PhiL), on relève en Méditerranée des variants considérés par certains auteurs comme des espèces distinctes : P. decorata, peloritana et cinerascens. Dans la Mer Rouge et l'Océan Indien il existe une autre forme généralement considérée comme une espèce distincte : P. cailliaudi (Poitiez et Michaud). Pirenella conica est une espèce abondante dans les lagunes de Méditerranée orientale. L'écologie et la répartition des Pirenella sont traitées en détail dans la deuxième partie. Terebralia Swainson, 1840 (espèce-type: T. palustris Bruguière; IndoPacifique). Ce genre paraît actuellement inféodé aux mangroves du domaine indo-pacifique. - 165- 4 PIERRE LOZOUET Tiaracerithium Sacco, 1895 (espèce-type: T. pseudotiarella d'Orbigny, Burdigalien d'Aquitaine). Ce genre fossile est particulièrement abondant dans les milieux calmes, évoluant vers une dessalure, de l'Auversien du bassin de Paris. Gravesicerithium Charpiat, 1923 (espèce-type: G. tiara Lamarck, Lutétien du bassin de Paris). Gravesicerithium Bouniol (1981) est rigoureusement synonyme. Granulolabium Cossmann, 1889 (espèce-type: G. plicata Bruguière, Aquitanien de la Caunette près de Montpellier). L'espèce G. plicata, qui existe de l'Oligocène inférieur au Miocène inférieur, a reçu un grand nombre de noms en rapport avec une variabilité étendue. Elle est considérée comme à l'origine des Pirenella actuelles. Tiarapirenella Sacco, 1895 (espèce-type: T. bicincta Brocchi, Miocène supérieur d'Italie). Pour Sacco (1895 : 61) «Cerithium» pictum (Basterot) et « Cerithium » mitrale (Eichwald) respectivement du Miocène inférieur du Bordelais et du Miocène moyen de la Paratéthys appartiennent à ce sous-genre. Les genres fossiles Tiaracerithium, Granulolabium et Tiarapirenella sont présents dans le même type de dépôts laguno-marins. Avec les Tiaracerithium de l'Auversien du Guépelle (bassin de Paris) comme avec les Granulolabium de l'Oligocène belge et du bassin de Paris, on trouve le même type de faunule accompagnatrice: Hydrobies, Stenothyrioides, Nystia. Quant à Tiarapirenella, il ne fait que se substituer à Granulolabium au Miocène inférieur. L'aggravation des conditions saumâtres ne semble pas favoriser le groupe des Granulolabium et Tiaracerithium alors concurrencé par les Potamides à plus large valence euryhaline. Dans l'ultime formation marine parisienne (Sables d'Ormoy), avec le retrait de la mer stampienne, on suit la régression de Granulolabium parallèlement au développement de Potamides lamarcki. H. et A. Adams, 1854. - Potamides Brongniart, 1810 (espècetype: P. lamarcki Brongniart, Oligocène du bassin de Paris). P. lamarcki caractérise les dépôts saumâtres de l'Oligocène. Les figures d'Alimen (1936, pl. 6) donnent une bonne idée de la variabilité de cette espèce. Dans le bassin parisien, P. lamarcki connaît une explosion démographique à la partie sommitale du Stampien, avec la généralisation des biotopes lagunaires. De nombreux points autour d'Etampes livrent, au sein de lits de calcaires marneux, une communauté composée exclusivement de P. lamarc·ki et d'Hydrobia. Dans le bassin du Rhône, on recueille dans des dépôts de marnes pliocènes, une faune à dominance de Potamides basteroti; le milieu est tout à fait comparable à celui des marnes à Potamides de l'Oligocène. Précisons que le genre Potamides était jusqu'à présent considéré comme éteint à la fin du Pliocène. Potamidinae 166 - POTAMIDES ET PIRENELLA 5 Tympanotonos Schumacher, 1817 (espèce-type: T. fuscatus Linné, actuel, Afrique de l'Ouest). Selon l'opinion générale, Tympanotonos serait le représentant actuel le plus proche de Potamides. Ce genre si florissant au Paléogène n'est actuellement représenté que par l'espèce fuscatus des côtes d'Afrique occidentale. C'est donc un genre relique et la restitution de quelques biotopes dans lesquels ont vécu les Tympanotonos fossiles (Gitton et al., à paraître, pour l'Oligocène) montre que son inféodation à la mangrove ouest-africaine constitue un refuge. Tympanotonos fuscatus est un mollusque râpeur, détritivore qui recherche le plus souvent sa nourriture sur le fond. On le rencontre en abondance sur la vase des estuaires et des chenaux de marée qui sillonnent la mangrove (Niklès, 1950; Plaziat, 1984). Plaziat (1977) a obervé T. fuscatus au Cameroun dans des eaux dont la salinité variait de 0,02 %0 (saison des pluies) à plus de 45 %0 à certaines périodes de l' année (étiage). II existe deux sous-genres de Tympanotonos (ou de Potamides) : Eotympanotonus (Chavan, 1952) qui englobe les principales espèces du Paléocène bien que l'espèce-type, P. conarius Bayan, soit de l'Eocène supérieur; Ptychopotamides (Sacco, 1985) qui groupe les espèces à trois rangées de granulations et à fort pli columellaire (type tricinctus Brocchi du Pliocène italien). L'interprétation que donne GIibert (1962) de ce sous-genre est à rejeter entièrement: il classe en effet dans ce sous-groupe des Tympanotonos typiques tel T. conjonctus, T. margaritaceus. Potamidopsis Munier-Chalmas, 1900 a été créé pour l'espèce tricarinatus du Lutétien-Bartonien et on y classe un certain nombre d'espèces affines (voir GIibert, 1962); pour Bouniol (1982 : 317) il s'agirait d'ailleurs d'un Cerithiinae! Alocaxis Cossmann, 1889 qui a valeur de genre pour Bouniol (1981) renferme l'espèce-type du Thanétien supérieur (cylindracea Deshayes) et une autre espèce que Bouniol (1981) lui a adjoint. Enfin, Wittibschlager (1983) a créé un genre Mesohalina pour la lignée de Tympanotonos margaritaceus connue de l'Oligocène inférieur au Miocène, en Europe. Selon toute vraisemblance T. margaritaceus est à l'origine de T. fuscatus, (Lozouet, 1985), il n'est donc pas douteux que Mesohalina soit strictement synonyme de Tympanotonos. Telescopium Montfort, 1810 (espèce-type : T. telescopium Linné, actuel, Indo-Pacifique). L'unique espèce actuelle vit dans les vasières littorales. Le sous-genre Campanilopsis Chavan, 1949 désigne seulement la lignée ancestrale avec l'espèce leminiscatum (Brongniart) de l'Eocène moyen-supérieur d'Italie et son transient ceres (Chavan) de l'Oligocène inférieur. Cerithidea Swainson, 1840 (espèce-type: C. decollata Linné, actuel, de l'Indo-Pacifique) est une autre espèce de vasières littorales. Houbrick (1984) admet - 167- 6 PIERRE LOZOUET trois sous-genres récents: Cerithidea (s.s.), Ceritheopsis (Thiele, 1929) de la province Caraïbe, Cerithideopsilla (Thiele, 1929) de l'Indo-Pacifique. Batillariinae Thiele, 1929. - Batillaria Benson, 1842 (espèce-type: B. zonalis Bruguière, actuel, de l'Indo-Pacifique). Ce genre est répandu dans les milieux médio-littoraux vaseux de la province indo-pacifique. Plusieurs sous-genres ont été reconnus dont Vicinocerithium Wood, 1910 (espèce-type: V. bouei Deshayes) particulièrement abondant dans les dépôts saumâtres de l'Eocène européen. Zeacumantus Finlay, 1927 (espèce-type: Z. subcarinatus Sowerby). Les relations de ce genre essentiellement néo-zélandais avec Granulolabium sont discutées en détail dans la troisième partie. PRINCIPAUX CRITÈRES DE CLASSIFICATION Il est unanimement reconnu que la seule prise en compte des caractères de l'ornementation et du galbe, aboutit à une phylogénie et donc à une classification des cérithes (et des autres groupes) incohérente, surtout si elle repose sur des séries peu importantes. Tympanotonos fuscatus (forme épineuse) et T. radula (forme granuleuse) de l'ouest-africain, longtemps considérés comme deux espèces distinctes (deux espèces selon Linnée; deux lignées pour Charpiat en 1923), comportent des individus sur lesquels alternent ces deux types d'ornementation (Plaziat, 1977). Elles sont d'ailleurs obtenues, à volonté, par transport dans un site favorable à l'une ou l'autre forme (Monteillet, 1979). Ce qui prouve qu'il s'agit d'écomorphes de la seule espèce T. fuscatus, dont on n'a toutefois pas encore élucidé clairement le déterminisme (Plaziat, 1984 : 296). Ce dimorphisme est encore interprété de façon erronée par Menegatti (1978) qui a proposé un tableau phylétique des Tympanotonos où les écotypes de Tympanotonos fuscatus deviennent chefs de file de lignées connues depuis l'Eocène. En se fiant scrupuleusement à l'ornementation, l'auteur a d'ailleurs rapproché Tympanotonos fuscatus f. radula d'un Campanile. Trois caractères indépendants de l'ornementation peuvent être pris en considération : a) la section columellaire, b) le cou (partie abapicale de la columelle), c) la protoconque . - 168- POTAMIDES ET PIRENELLA 7 La section columellaire L'examen des sections columellaires (ou sections spirales) Charpiat qui considérait que leur forme «constitue le moins connus » (1923 : 288). Les sections de Gravesicerithium gravesi, Tiarapirenella Terebralia subcorrugata. Tiaracerithium tiarella et Potamides dégager trois groupes : a surtout été utilisé par imparfait des critériums picta. Pirenella conica, lamarcki permettent de - sections rondes: Potamides et Pirenella actuelles (fig. 1 C, F); - sections ovales assez allongées: Tiaracerithium et Tiarapirenella (fig. 1 B, E). En particulier, la section columellaire de Granulolabium plicatum (<< Pirenella » fossile) est identique à celle de Tiarapirenella; - sections quadrangulaires: Gravesicerithium et Terebralia (fig. 1, A, D). 1. - Sections columellaires de : A, Gravesicerithium gravesi (Deshayes), Auversien; B, Granulolabium (s.s.) plicatum bicinctum (Basterot), Burdigalien; C, Potamides conicus Blainville, Méditerranée; D, Terebralia subcorrugata (d'Orbigny), Burdigalien; E, Granulolabium (Tiaracerithium) tiarella (Deshayes), Bartonien; F, Potamides lamarcki (Brongniart), Stampien. Echelle: 0,5 cm. FIG. FIG. 1. Columellar sections of: 1. Gravesiceritliium gravesi (Deshayes), Auversian; 2, Granulolabium (s.s.) plicatum bicinctum (Basterot), Burdigalian; 3, Potamides conicus Blainville, Mediterranean; 4, Terebralia subcorrugata (d'Orbigny), Burdigalian; 5, Granulolabium (Tiaracerithium) tiarella (Deshayes), Bartonian; 6, Potamides lamarcki (Brongniart), Stampian. Scale : 0,5 cm. On soulignera avec Charpiat que les sections de Tiaracerithium et de Gravesicerithium sont très dissemblables et s'opposent au classement de Gravesicerithium en tant que sous-genre de Tiaracerithium. Par contre, Boussac (1912: 38) estime qu'il y a passage - 169- 8 PIERRE LOZOUET continu de Gravesicerithium gravesi à Terebralia bonelli (première Terebralia admise) et je considère avec lui que Gravesicerithium gravesi est à l'origine des Terebralia. Il existe des individus spectaculaires qui changent de décoration à la suite d'un accident de croissance, passant du type gravesi à celui de blainvillei-bonelli (voir à ce sujet les observations de Dolin et Le Renard, 1980: 33). Le cou La terminaison de la columelle, à la base de la coquille, est un caractère essentiel du point de vue de la distinction des genres de gastéropodes (Cossmann, 1895 : 20). Chez les Cerithiidae, le développement parfois important du labre, masquant la columelle, a souvent trompé sur les affinités réelles de la coquille. On se rendra compte à l'examen des figures 2 et 3 de Granulolabium, Tiarapirenella, Pirenella et Potamides de la stabilité du cou, comparée aux fluctuations du système ornemental et, dans une moindre mesure, du labre. On sépare sans difficulté deux groupes: l'un se compose des espèces à cou long, subdroit (Granulolabium. Tiaracerithium et Tiarapirenella); dans l'autre, prennent place les espèces avec un cou court dont la columelle présente une torsion Potamides, Pirenella). Certains individus de Pirenella pliocènes ont développé un fort callus qui enrobe en partie la columelle et se prolonge en pointe, donnant l'impression d'un cou subdroit (voir fig. 3 E). De tels individus rappellent les Tiaracerithium ou les Granulolabium, mais en y regardant de plus près la torsion est nette. Dans le détail, l'ouverture de Tiarapirenella et Granulolabium est absolument identique et fort proche de celle de Tiaracerithium. Il en résulte que la séparation de Tiaracerithium et de Granulolabium, sur la base de la columelle (Bouniol, 1981 : 27) ne se justifie pas. La protoconque Les protoconques des Cerithiidae du Cénozoïque français, voire européen n'ont jamais été étudiées et je n'en connais pas de figurations. Pourtant leur étude ne devrait pas être négligée, non seulement parce qu'elles peuvent renseigner valablement sur les rapports entre espèces mais aussi, parce qu'elles sont la clef de nombreux problèmes paléobiogéographiques. Je me suis limité pour ce travail à quelques protoconques. On constate que, d'après la taille, deux ensembles sont séparables (trois avec la protoconque de Batillaria dessinée à titre de comparaison) : les espèces à grosse protoconque (P. lamarcki. 1 tour 112; Pirenella cailliaudi, 1 tour 112; Potamides perditus, plus de 2 tours) et celles à petite protoconque (Tiaracerithium tiarella, 1 tour 112; Granulolabium plicatum. 1 tour 112, remarquons la protoconque minuscule de cette dernière espèce). La scission Tiaracerithium tiarella, Granulolabium plicatum/ groupe de Pirenella conica est donc corroborée par l'étude des protoconques. De plus, la protoconque de Pirenella cailliaudi est remarquablement semblable à celle de Potamides lamarcki. - 170- 9 POTAMIDES ET PIRENELLA j H FIG. 2. - Dernier tour de: A-O. Grallillolabilllll (s.s.) pliCallIlIl (Bruguière), (A, Stampien; B, Aquitanien; C, Aquitano-Burdigalien; D, Burdigalien); E, Grallillolabilllll (Tiaracerithilllll) tiarella (Deshayes), Bartonien; F, Grallillolabilllll (Tiaracerithilllll) pselldotiarella (d'Orbigny). Aquitanien; G, Potalllides lalllarcki (Brongniart), Stampien; H, Potalllides perditlls (Bayan). Bartonien. Echelle: 0,5 cm. FIG. 2. - Body whorl of: A-D, Grallillolabilllll (s.s.) plicatlllll (Bruguière), (A, Stampian; B, Aquitanian; C, Aquitano-Burdigalian; D, Burdigalian); E, Grallillolabilllll (Tiaracerithilllll) tiarella (Deshayes), Bartonian; F, Grallillolabilllll (Tiaracerithilllll) pselldotiarella (d'Orbigny). Aquitanian; G, Potalllides lalllardi (Brongniart), Stampian; H, Potalllides perditlls (Bayan), Bartonian. Scale : 0,5 cm. - 171- PIERRE LOZOUET 10 B c E FIG. 3. - Aspects de la variabilité de l'ouverture et du dernier tour chez Potamides : A-B, P. conicus (Blainville) forme cai/liaudi des Lacs Amers; C, P. conicus de Méditerranée (Messine); D-E, P. graecus (Deshayes) du Pliocène supérieur de Karoubi (Algérie); F, P. conicus Blainville du golfe Persique (Qatar). Echelle: 0,5 cm. FIG. 3. - Variability of aperture and body whorl on Potamides: A-B, P. conicus (Blainville) caillialldi fonn of Bitter Lakes; C, P. COlliCII.I' of Mediterranean (Messina); D-E, P. graecII.I' (Deshayes) from late Pliocene of Karoubi (Algeria); F. P. COlliCII.I' (Blainville). Persian-Arabian Gulf (Qatar) Scale : 0.5 cm. - 172- POTAMIDES ET PIRENELLA 11 FIG. 4. - Protoconque de quelques Potamidae : A, POlal1lides perditus (Bayan), Auversien; B, POlal1lides larl1larcki (Brongniart), Stampien; C, Potamides conicus (Blainville), Isthme de Suez; D, Batillaria bicarinata (Lamarck), Auversien; E, Granulolabiul1l (Tiaracerithiul1l) tiarella (Deshayes), Bartonien; F, Granulolabiul1l (s.s.) plicatul1l (Bruguière), Stampien. Echelle: 0,5 mm. FIG. 4. - Protoconchs of some Potamids : A, Potal1lides perditus (Bayan), Auversian; B, Potal1lides larl1larcki (Brongniart), Stampian; C, Potal1lides conicus (Blainville), Suez Isthmus; D, Batillaria bicarinata (Lamarck), Auversian; E, Granulolabiul1l (Tiaracerithium) tiarella (Deshayes), Bartonian; F, Granulolabium (s.s.) plicatul1l (Bruguière), Stampian. Scale : 0,5 mm. En résumé, les trois caractères étudiés: section columellaire, cou et protoconque convergent et permettent d'affirmer que Pirenella est un synonyme tardif de Potamides (s.s.); les Pirenella fossiles de la littérature paléontologique n'ont donc aucun rapport avec la Pirenella conica actuelle. C'est pourquoi, je propose de reprendre pour les fossiles et en particulier « Pirenella » plicata le terme Granulolabium créé par Cossmann (1889) et qu'il a lui-même rejeté pour adopter Pirenella. Les Pirenella actuelles deviennent donc des Potamides (s.s.). D'autre part, Gravesicerithium appartient incontestablement au groupe des Terebralia et ne peut, par conséquent, être classé en sous-groupe de Tiaracerithium, ce dernier étant inclus dans les Granulolabium dont il possède l'ouverture et les sections spirales. La présence constante de varices axiales chez Terebralia et Gravesicerithium (inconnues chez Granulolabium et Tiaracerithium) est également significative. Les interprétations phylétiques exposées dans les paragraphes suivants vont préciser ces propositions. PHYLOGÉNIE DU GROUPE POTAMIDES-PIRENELLA ÉCOLOGIE ET RÉPARTITION DE POTAMIDES Po/amides conicus En Méditerranée occidentale, Potamides conicus est fréquent au sud du 40° parallèle (Plaziat, 1982; Pérès et Picard, 1964), le point le plus septentrional étant les côtes sud-sud-ouest de Sardaigne, si l'on exclut les citations anciennes concernant la Provence et le NE de l'Adriatique. En Afrique du Nord, il ne dépasse - 173- 12 PIERRE LOZOUET pas vers l'ouest, le golfe de Tunis. Nous ne l'avons pas rencontré dans la grande lagune de Bizerte, un peu à l'ouest du golfe de Tunis et il n'a jamais été signalé sur les côtes algériennes et, a fortiori, marocaines. Plaziat (1982) signale sa présence à Chypre et en mer ionienne. D'après S. Glanzig (comm. orale) P. conicus est très fréquent sur les côtes grecques de la mer Egée dans le fond des lagunes entre Ermioni et Plepi (Argolide). Autrement dit, l'espèce habite les portions les plus chaudes de la Méditerranée. Nous ne disposons pas de travaux sur la tolérance thermique du genre Potamides. Une telle étude permettrait peut-être de mieux comprendre l'aire de répartition de ce mollusque. Remarquons que la répartition des gastéropodes pélagiques méditerranéens (thécosomes) à tendance thermophile, permet de situer au niveau du 40° parallèle nord une barrière thermique (Rampal, 1981). P. conicus caractérise pour Pérès et Picard (1964) un «faciès» de la biocoenose des sables vaseux mode calme de l'infralittoral supérieur. En réalité, il pullule dans la frange médiolittorale inférieure de mode très calme où le substrat est le siège d'un important développement bactérien (Zaouali, 1974). Dans les régions à marée, en particulier dans le golfe de Gabès, la zone à Potamides découvre à chaque marée; pour lutter contre l'assèchement, le mollusque peut s'enfoncer dans le sédiment et l'on observe alors une multitude de petits trous en surface. A l'extrémité nord du golfe de Tunis (Ghar el Melh) dans des petites lagunes adjacentes à une grande lagune principale, on rencontre de nombreux Potamides. En ces lieux l'influence de la marée est nulle et les Potamides prospèrent sous une faible tranche d'eau. Ils ont même tendance à s'aventurer hors de l'eau. Ces lagunes sont peu profondes (une cinquantaine de centimètres) et surchauffées en été; leur fond est couvert de phanérogames. Comme espèces accompagnatrices, on ne relève guére que des hydrobies et des polychètes. Sur le littoral marin, Potamides est souvent seul à sillonner, en surface, inlassablement la vase. Dans toutes les stations visitées le long des côtes de Tunisie et autour de l'île de Djerba, Potamides occupe une position supérieure, au-dessus des premières touffes de cymodocées, sous moins de 20 cm d'eau. Potamides cailliaudi L'espèce est signalée de longue date dans la mer Rouge, elle existe également dans le golfe Persique et jusqu'au-delà du fleuve Indus dans la mer d'Oman. D'après les collections du Muséum national d'Histoire naturelle, l'espèce est présente sur les côtes est-africaines à Zanzibar mais aussi à Ceylan. La forme de cette dernière région a été dénommée layardi Adams (voir Tryon, 1887: 165, pl. 34, fig. 86, 87, 84) ou bombayana Sowerby; l'espèce layardi est indifférenciable de cailliaudi et le bombayana correspond à une forme lisse. Dautzenberg - 174- POTAMIDES ET PIRENELLA 13 (1929 : 284) a trouvé P. cailliaudi à Madagascar (Tuléar) et dans l'île Europa. La citation de Tryon (1887) en Australie (Cap York) demande à être confirmée et me semble pour l'instant douteuse. Potamides cailliaudi colonise le littoral marin, les lagunes, les fleuves salés et les estuaires, ce qui implique une grande tolérance vis-à-vis de la salinité. Bigg (1973 : 358) a observé P. cailliaudi (qu'il dénomme conicus, considérant cailliaudi comme un synonyme) dans le golfe Persique sur un substrat vaseux sous une vingtaine de centimètres d'une eau à 42 %0. C. Cavelier (comm. orale) m'a confirmé que P. cailliaudi occupe dans le golfe Persique exactement la même localisation écologique que P. conicus en Méditerranée. Guerlorget et Perthuisot (1982 : 85) ont étudié des flaques de saumures dans une sebkha du golfe de Suez que fréquente Potamides cailliaudi. La concentration du milieu est voisine de la saturation en sel (350 g/l) soit une salinité d'environ 280 %0. Ces observations élargissent considérablement la fourchette de tolérance de salinité de P. cailliaudi et témoignent d'une résistance aux pressions du milieu, notamment osmotique, étonnante. Le genre euryhalin et thermophile Potamides est donc un indicateur paléoécologique de choix, étant soumis à des contraintes strictes de bathymétrie, d'hydrodynamisme et dans une moindre mesure de température. On verra, une fois la phylogénie de ce groupe reconstituée, l'importance de cet indicateur pour la compréhension de nombreux milieux du Cénozoïque. PRINCIPAUX TAXONS Un grand nombre « d'espèces », de « sous-espèces », de variétés, ont été créées, souvent dans le même gisement, dans le groupe Potamides-Pirenella. Le relevé qui suit, n'est pas exhaustif; il comprend néanmoins la majorité des espèces du Néogène européen et devrait permettre d'éclaircir la nomenclature. Les ex-Pirenella fossiles attribuées maintenant au genre Granulolabium sont évidemment exclues de cette liste; elles font l'objet d'une récapitulation similaire, exposée plus loin. Pour chaque espèce, un renvoi est donné à au moins une bonne figuration. La discussion des synonymies est placée à la fin de cette liste. Oligocène (Stampien) Potamides lamarcki (Brongniart, 1810); pl. II, fig. 7 et pl. III, fig. 13. Alimen, 1936, pl. VI. Miocène inf. (Aquitanien et Burdigalien du bassin d'Aquitaine) Potamides girondiensis (Mayer, 1878) Cossmann et Peyrot, 1922, pl. VI, fig. 28-31. - 175- 14 PIERRE LOZOUET Potamides tournoueri (Mayer, 1878) Cossmann et Peyrot, 1922, pl. 6, fig. 32-36 et 65-66. Potamides derelictus (Cossmann et Peyrot, 1922) Cossmann et Peyrot, 1922, pl. VI, fig. 12-15. Potamides benoisti (Cossmann et Peyrot, 1922) Cossmann et Peyrot, 1922, pl. VI, fig. 24. Potamides persuturatus (Cossmann et Peyrot, 1922) Cossmann et Peyrot, 1922, pl. VI, fig. 25. Miocène moyen du bassin de la Loire (Langhien) Potamides dujardini (Glibert, 1949) Glibert, 1949, pl. IX, fig. 2 ab. Miocène moyen et supérieur de la Paratéthys Potamides disjunctus (Sowerby, 1831); pl. II, fig. 8. Homes, 1856, pl. 42, fig. 10-11. Potamides gamlitzensis (Hilber, 1879) Hilber, 1879, pl. 4, fig. 2-3; Strausz, pl. 7, fig. 43-46, 1966. Potamides hartbergensis (Hilber, 1891), Strausz, 1966, pl. 7, fig. 4-7. Potamides fraterculus (Mayer, 1878), Mayer, 1878, pl. 4, fig. 1. Potamides rolld (Hilber, 1879), Hi/ber, 1879, pl. 4, fig. 4. Potamides theodiscus (Rolle in Hilber, 1879), Hilber, 1879, pl. 4, fig. 5; Strausz, 1966, pl. 7, fig. 14-15. Potamides gamlitzensis pseudotheodiscus (Strausz, 1966), Strausz, 1966, pl. 7, fig. 41-42. Potamides gamalitzensis transdanubicus (Strausz, 1959), Strausz, 1966, pl. 7, fig. 41-42. Potamides nodosoplicatus (Homes, 1856), Homes, 1856, pl. 44, fig. 20 ab. Potamides nefaris (Kolesnikov, 1935), Simionescu et Barbu, 1940, pl. 1, fig. 15-20. Potamides dobrogense (Simionescu et Barbu, 1940), Simionescu et Barbu, 1940, pl. 1, fig. 30. Potamides biseriatus (Friedberg, 1914), Friedberg, 1914, pl. 18, fig. 2-3. Potamides zboroviensis (Friedberg, 1914), Friedberg, 1914, pl. 18, fig. 4. Potamides gracile (Simionescu et Barbu, 1940), Simionescu et Barbu, 1940, pl. 1, fig. 53. Potamides turritiliformis (Simionescu et Barbu, 1940), Simionescu et Barbu, 1940, pl. II, fig. 24. - 176- POTAMIDES ET PIRENELLA 15 Potamides lineolatus (Sowerby, 1831), Sowerby, 1831, pl. 39, fig. 11. Ce nom qui n'aurait pas été employé depuis Sowerby, s'applique au groupe du theodiscus, il doit être considéré comme un nomen oblitum. Potamides orheiense (Simionescu et Barbu, 1940), Simionescu et Barbu, 1940, pl. 1, fig. 29. Miocène sup. d'Italie Potamides tuberculiferus (Cocconi, 1873) Cocconi, 1873, pl. 4, fig. 14-15; Robba, 1968, pl. 39, fig. 15 ab. Potamides bisdisjuncus (Sacco, 1895) Sacco, 1895, pl. 3, fig. 48-51. Pliocène (France) Potamides basteroti (Serres, 1829) Toumouer, 1874, pl. 9, fig. 6. Pliocène (Italie) Potamides giuli (De Stefani, 1889) De Stefani, 1889, pl. Il, fig. 33-35. Potamides granosus (Borson, 1821) Pavia, 1976, pl. 1, fig. 5. Potamides etruscus (Mayer, 1864); pl. III, fig. 7. De Stefani, 1889, pl. 11, fig. 29-31; Pavia, 1975, pl. 4, fig. 45. Pliocène? (Grèce, Morée) Potamides graecus (Deshayes, 1832); pl. .III, fig. 6 et 10, Il et 12. Deshayes, 1832, pl. 14, fig. 15-16. Deshayes n'indique pas la provenance exacte des échantillons fossiles, mais la plupart des mollusques qu'il décrit indiquent un âge Pliocène très probable. Pliocène (Algérie) Potamides subconicus (Pallary, 1901); pl. III, fig. 6 et 10. Pallary, 1901, pl. 3, fig. 6, 12, 14. Potamides africanus (Toumouer in Joly, 1878), Pallary, 1901, pl. 3, fig. 2-3-5. - 177- 16 PIERRE LOZOUET Pour effectuer les comparaisons outre les matériaux que nous avons récoltés dans les bassins de Paris, de la Loire, d'Aquitaine et dans le Pliocène tunisien, j'ai utilisé la collection Cossmann et les autres collections de l'Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), les collections du Muséum et la collection Toumouer à l'Institut Albert de Lapparent. Ceci représente un matériel important bien qu'insuffisant, les collections ne renfermant que peu d'éléments du Néogène de la Paratéthys. Toutefois, les espèces se répartissent en 4 groupes et il est possible de simplifier la nomenclature. a) Groupe de P. hartbergensis. - Le premier groupe est constitué par le minuscule Potamides (s.l.) dujardini (Glibert) des faluns de la Touraine, espèce qui apparaît rigoureusement synonyme de Potamides hartbergensis (Hilber) de la Paratéthys. Les sous-espèces que l'on collecte dans les mêmes gisements (ruedti, schildbachensis ... ) sont aussi de stricts synonymes. Les 8 exemplaires examinés de Touraine présentent une variabilité étonnante, comparable aux populations de la Paratéthys, et me confortent dans cette opinion. Le Potamides fraterculus (Mayer) est apparemment fondé sur la même espèce; malheureusement l'espèce de Mayer n'est connue que par un mauvais dessin. Strausz dans un premier travail (1954) ne reconnaît qu'une espèce qu'il classe malheureusement dans le genre Bittium. Juste après ce travail, correct au niveau spécifique, il change totalement d'opinion (1955) et multiplie les espèces. Le micro-Potamides du Miocène supérieur de la Paratéthys hartbergensis (Hilber) (= dujardini, ruedti, schildbachensis, fraterculus) est donc connu depuis la base du Miocène moyen (Langhien de Touraine). L'origine de cette lignée est obscure, elle semble sortir du cadre des Potamides traditionnels aussi ne sera-t-elle plus évoquée. b) Groupe de P. theodiscus-P. graecus. - Il comprend le Potamides theodiscus et toutes les espèces du groupe gamlitzensis, en me référant principalement aux figures de Strausz (1966 : pl. 7, fig. 14-18 et 38-46, pl. 8, fig. 1-4) car celles d'Hilber (1879) sont très mauvaises, le dessinateur n'ayant pas saisi l'importance des caractéristiques de l'ouverture. Les mêmes remarques que pour l'espèce hartbergensis doivent être faites. Strausz, en 1954, ne distingue qu'une espèce (gamlitzensis Hilber) et il précise: « on ne peut à peine distinguer les deux variétés gamlitzensis et roUd, la différence est très superficielle et les deux formes sont liées par des transitions »; l'année suivante (1955), il reconnaît cinq « sous-espèces ». Les espèces du Miocène supérieur de Pologne décrites par Friedberg (1914, P. biseriatus et zboroviensis) et retrouvées en Roumanie par Simionescu et Barbu (1940) font partie de ce groupe. Ces deux auteurs ont créé une autre espèce indifférenciable : P. gracile. Enfin, le « Cerithium » nodosoplicatum (Homes) du bassin de Vienne semble être une espèce composite; la figure 19 a, b - 178- 17 POTAMIDES ET PIRENELLA d'Homes (1856 : pl. 44) représente un Granulolabium (c'est l'interprétation de Strausz, 1966) alors que sa figure 20 a, b montre un Potamides proche de gamlitzensis. Pour le domaine de la Paratéthys, la prise en compte de la variabilité implique la synonymie suivante: Potamides theodiscus (Rolle) (= gamlitzensis, roliei, pseudotheodiscus, transdanubicus, nodosoplicatum Homes, fig. 20 non 19, zboroviensis, biseriatus, gracile). Dans le Pliocène de Tunisie, nous avons récolté un Potamides (dénommé tuberculiferus Cocconi, par Fekih, 1975: pl. 33 fig. 4) qui semble proche du theodiscus (voir pl. III fig. 11-12). C'est probablement cette espèce que Deshayes a figurée sous le nom de graecus, terme peu employé depuis. Le Potamides subconicus (Pallary) désigne la même espèce. A son propos, on relève la phrase de Pallary (1901 : 174) : P. subconicus « est une forme presque insaisissable entre P. conicus, P. mamillatus de la Sicile, P. cailliaudi de Suez... P. graecus de Morée et P. etruscum». En ce qui concerne le « Cerithium » etruscum, il évoque de manière saisissante le groupe indo-pacifique de Cerithideopsilla cingulata. Je n'ai vu que quelques individus mal conservés de cette espèce (coll. Cossmann; coll. Vignal), provenant du Pliocène de Sienne (Italie). Or, un individu est presque inséparable d'un C. cingulata actuel de taille égale (comparaison d'après une population de cingulata actuelle provenant d'Irak, communiquée par J.e. Plaziat). La présence de Cerithidea (Cerithideopsilia) actuellement cantonnée à la province indo-pacifique, dans le pliocène méditerranéen, doit donc être envisagée. c) Groupe des P. lamarcki-P. disjunctus-P. granosus. - Le Potamides benoisti Cossmann et Peyrot du Miocène inférieur aquitain, rentre de toute évidence dans le cadre de la variabilité de l'espèce lamarcki. La connaissance que nous avons de la variabilité de cette espèce, dans le bassin de Paris, jointe à l'examen de P. disjunctus de Roumanie et du bassin de Vienne, incite à considérer les tuberculiferus Cocconi, bisdisjunctus (Sacco), turritiliformis et dobrogense (Simionescu et Barbu), nefaris (Kolesnikov), orheinse S. et B. comme des expressions phénotypiques locales de P. disjunctus. Le Potamides basteroti (Serres) marqueur très caractéristique du Pliocène méditerranéen est de manière certaine un synonyme de P. granosus (Borson). La figuration du type de Borson (Pavia, 1976, pl. l, fig. 5) lève tous les doutes à ce sujet. Enfin, le Potamides africanus s'applique aussi à l'espèce granosus ainsi peut-être que le Potamides giuli Stefani. d) Groupe de P. girondiensis-P. tournoueri. Le «Potamides» girondiensis jusqu'à présent rangé dans la lignée de P. lamarcki, s'avère être une espèce beaucoup plus problématique qu'il n'y paraît. Tout d'abord, on doit noter - 179- Annales de Paléontologie (Vert.-Invert.), 1986, vol. 72, fascicule 3. 14 18 PIERRE LOZOUET l'analogie entre P. girondiensis et le P. tournoueri également du Miocène inférieur d'Aquitaine et qui évoque en petit le P. granosus du Pliocène. Le P. tournoueri est fréquent dans l'Aquitano-Burdigalien de Villandraut (Gironde); dans cette région il présente constamment, en section, un pli columellaire et comparable à celui des Tympanotonos. Les sections de P. lamarcki, P. granosus (= basteroti) et la columelle de P. disjunctus ne montrent pas trace de ce dispositif. On aurait donc un simple parallélisme ornemental. J'ai récolté dans le gisement landais de Saint-Avit, de nombreux exemplaires de P. tournoueri très proches de la population de Villandraut; ils sont simplement d'une taille un peu supérieure. Or, pas un seul des P. tournoueri sectionnés provenant de Saint-Avit n'est doté d'un pli columellaire. Pour Drooger (1958 : 158), les gisements de Villandraut et de Saint-Avit sur la base des Miogypsines sont synchrones et appartiennent au Burdigalien le plus basal. Cependant, l'histoire de l'espèce tournoueri semble liée à celle de Potamides girondiensis. J'ai pu examiner quelques individus de P. girondiensis provenant du gisement aquitanien du Thil (Léognan, Gironde). Ils présentent un pli columellaire (Labarthe, 1959: 70, l'avait aussi noté) et des exemplaires s'apparentent au P. tournoueri. Cossmann et Peyrot (1922 ; pl. 6, fig. 25) ont décrit par ailleurs un P. derelictus du Thil qui se présente comme un intermédiaire entre P. girondiensis et P. tournoueri. J'ai constaté également que P. girondiensis était difficilement séparable de certains morphes de Tympanotonos margaritaceus qui se rencontre dans les mêmes gisements. Il semble donc que « Potamides » girondiensis ne doit pas être compris dans la descendance de P. lamarcki. A mon avis, il est issu du groupe de Tympanotonos margaritaceus et a donné « Potamides » tournoueri à l'Aquitano-Burdigalien. Ce dernier, en particulier dans les gisements de Saint-Avit ressemble à P. granosus du Pliocène. Il s'agit vraisemblablement d'un simple parallélisme indiquant cependant l'étroite parenté des genres Potamides et Tympanotonos. 3. PHYLOGÉNIE DE L'ENSEMBLE P. LAMARCKI- P. THEODISCUS- P. BASTEROTI a) Origine. - Tous les auteurs ont admis à la suite de Charpiat (1923), que P. lamarcki avait pour ancêtre le P. lapidum de l'Eocène moyen. Au delà du Lutétien, la lignée de Potamides (s.s.) semble se fondre avec celle des Eotympanotonus que Bouniol (1981) signale dès le Danien. L'émergence au cours de l'Eocène du genre Potamides reste donc à préciser. A l'Oligocène, Potamides lamarcki est particulièrement répandu en France où se développent sur de grandes superficies des milieux peu profonds à salinité variable. Le Miocène français est en revanche beaucoup moins favorable à cette - 180- POTAMIDES ET PIRENELLA 19 espèce et c'est dans la Paratéthys que Potamides (s.s.) connaît au Miocène son développement maximum. C'est dans ce domaine que sera donc recherché l'évolution de l'espèce. b) Cadre paléogéographique. - La mer a transgressé en Europe centrale, au Miocène, dans des zones soumises à de fortes contraintes tectoniques. Il en est résulté un va-et-vient de la mer, avec isolement périodique de bassins, entraînant des fluctuations importantes des différents facteurs physico-chimiques. Dès le sommet du Badénien moyen, le bassin précarpathique, par exemple, est isolé momentanément déterminant le dépôt d'évaporites en Bulgarie, de gypse en Pologne et Roumanie (Kojumdgieva, 1976). Au cours du Miocène supérieur et du Pliocène, les conditions hydrologiques s'aggravent et les formes saumâtres qui seules subsistent, s'adaptent ou disparaissent. La radiation adaptative de certains groupes tels les Dressenidae et surtout les Cardium qui donneront la famille des Limnocardiidae (actuellement représentée par trois genres reliques en Caspienne et dans les limons de la mer Noire, Archambault, 1976, p. 27) feront comparer le bassin euxinique à un vaste « laboratoire génétique» (Andrussov, cité par Archambault). Toutefois la majeure partie des mollusques euryhalins n'ont pas survécu dans la Paratéthys, au delà du Miocène supérieur. A cette époque, on constate qu'une forte variabilité affecte tous les mollusques (Trochidae, Rissoidae, Cerithiidae, Nassariidae, Mactridae... ). Ceux-ci sont en effet très sensibles aux pressions du milieu (seuil réactionnel bas) et la variabilité parfois considérable de leur ornementation est souvent évoquée. Dans leur monographie sur le Sarmatien de Roumanie, Simionescu et Barbu (1940) ont recensé 26 espèces de Potamides et Granulolabium. J'estime que trois sont certaines, dont deux nous intéressent pour l'instant: P. disjunctus et P. theodiscus. c) Potamides (s.s.) du Néogène à l'actuel. - Des individus de P. disjunctus (Miocène supérieur d'Autriche et de Roumanie) sont si proches de P. lamarcki de l'Oligocène que la filiation n'est pas douteuse. De même, le P. granosus (= basteroti) du Pliocène se relie très certainement au P. disjunctus. Il n'offre pas de tendance qui permette de lui supposer une descendance. Le Potamides theodiscus semble apparaître en Paratéthys, au Miocène moyen, il serait donc issu d'une des « crises» évoquées précédemment. Je ne connais cette espèce qu'à travers la littérature. Elle présente la particularité de développer une ornementation proche du groupe des Tiaracerithium miocènes; c'est ce parallélisme qui a conduit à une incompréhension des genres Pirenella et Potamides. Dans le Pliocène tunisien nous avons récolté près de Menzel Bourguiba (Oued el Galaa), une population de P. graecus proche morphologiquement de P. theodiscus. Le Pliocène de Kaboubi (Algérie, près d'Oran, Pliocène supérieur pour Pallary, 1901) renferme une population de P. graecus qui présente des morphes - 181 - 20 PIERRE LOZOUET B A 5. - Aspects de la variabilité de Potamides: A, P. lamarcki (Brongniart) de l'Oligocène du Cantal; B, P. conicus (Blainville) du fleuve Mehran (Iran); C-D, P. lamarcki de l'Oligocène du bassin de Paris; E, P. conicus (Blainville) d'un Lac salé d'Egypte; F, P. conicus des Lacs Amers; G, P. conicus de Monastir (Tunisie); d'après photos J.C. Plaziat. Echelle: 0,5 cm. FIG. o FiG. 5. Variability of Potamides : A, P. lamarcki (brongniart), from the Oligocene of Cantal; B, P. conicus (Blainville) from Mehran river (Iran); C-D, P. lamarcki from the Oligocene of Paris basin; E, P. conicus (Blainville) of upper salinity lake in Egypt; F, P. conicus of the Bitters Lakes (Suez Canal); G, P. conicus from Monastir (Tunisia); A-D, after photos, courtesy of J.c. Plaziat). c semblables à la fonne tunisienne mais surtout d'autres qui établissent un lien certain avec les espèces actuelles P. conicus et 1'. cailliaudi. L'espèce actuelle de l'Indo-Pacifique (P. cailliaudi) présente une série d'écotypes qui évoquent tour à tour le Potamides lamarcki de l'Oligocène, le P. graecus pliocène et le P. conicus actuel de Méditerranée. Plusieurs écotypes sont tout à fait remarquables, par exemple, la fonne de la figure 5 E et de la planche III, fig. 1 dont la localité n'est pas connue mais qui se trouvait avec une faunule de planorbes et Cardium dans un ensemble de mollusques d'Egypte récolté par le Père Teilhard de Chardin. Elle correspond exactement aux écotypes de P. lamarcki de l'Oligocène du Cantal que l'on rencontre dans des calcaires à faunes témoignant de conditions de vie certainement limites (voir fig. 5 A). Plaziat m'a montré des Potamides cailliaudi qui vivent dans le fleuve Mehran en Iran; cet écotype réalise (fig. 5 B) un compromis entre les fonnes ornementées et lisses. L'examen de - 182- POTAMIDES ET P1RENELLA 21 nombreux P. cailliaudi provenant de l'isthme de Suez m'a montré qu'il s'agit généralement d'un écotype de petite taille (nanisme ?), trapu, qui a développé un labre et une ornementation rappelant P. graecus du Pliocène. Pallary a d'ailleurs créé pour la forme des Lacs Amers, une variété minima (1901, pl. 3, fig. 6) de son subconicus du Pliocène de l'Algérie. A l'inverse, les P. cailliaudi récoltés par Cavelier dans une lagune du golfe Persique, au Qatar, et par J.e. Plaziat dans un lac salé d'Egypte sont de grande taille, presque comparables au P. lamarcki (voir pl. II, fig. 6 et pl. III, fig. 4). En 1927, Tomlin, après examen d'un grand nombre d'échantillons du canal de Suez, concluait qu'il était impossible de séparer P. conicus de P. cailliaudi. Barash et Danin (1982) sont arrivés aux mêmes conclusions; ils font également état d'un travail d'électrophorèse enzymatique accréditant la réunion de P. conicus et P. cailliaudi. Tout ceci suggère l'existence d'une seule espèce de Potamides actuelle et donc d'une simple race méditerranéenne. En conséquence, P. cailliaudi sera considéré comme un synonyme de Potamides conicus. Discussion: L'arbre phylétique de la figure 6 montre le scénario de l'évolution des Potamides, une fois éliminé un certain nombre de formes appartenant à d'autres genres (Tympanotonos girondiensis, tournoueri, Potamides (s.l.) hartbergensis et les ex-Pirenella fossiles). On constate que P. lamarcki se poursuit sans grand conicus 1 PLEISTOCENE -1.6 Mir - -5.3 - -t- gra.Ls gr.nosu5 (= bas/oro/i) PLIOCENE ~"""' -MIOC. SVP -10.5 MIOC. MOY. -16 )-"'~) th~oiJ,scus (=gamli/zonsis) / MIOCENE INF. -25 - - - - OLIG. SVP OLIGOCENE INF. -36MA- - - - - FIG. 6. - Phylogénie de Po/amides (= Pirenella}. FIG. 6. - Phylogeny of Po/amides (= Pirenella). - 183- 22 PIERRE LOZOUET changement morphologique jusqu'au Miocène supérieur où apparaît P. disjunctus à l'origine de P. granosus du Pliocène. Une phase de cladogénèse intervient vers le Miocène inférieur d'où est issue l'espèce P. theodiscus, ancêtre de P. graecus du Piocène, cette dernière donnant le P. conicus (= cailliaudi) actuel. Il est probable que P. graecus a comme berceau, la Paratéthys miocène dont la grande instabilité fut un défi permanent aux organismes littoraux. Ne disposant pas de populations de Potamides miocènes d'Europe centrale, il n'est évidemment impossible de préciser la modalité évolutive dans laquelle s'inscrit la spéciation de l'espèce P. graecus. Le passage P. disjunctus-P. granosus souffre des mêmes imprécisions, c'est donc, en fait, tout un domaine de l'évolution des Potamides à peine effleuré. 4. L'EXPANSION DE L'ESPÈCE CONICUS-CAILLIAUDI Comme nous l'avons vu, le Potamides (s.s.) actuel est présent dans toute la Méditerranée orientale, la mer Rouge et sur une bonne part des côtes de l'océan Indien (voir carte fig. 15). Son origine européenne, dans l'état actuel de mes informations ne me paraît pas contestable. Mais, à quelle époque le Potamides (s.s.) s'est-il répandu dans l' Indo-Pacifique ? a) Le cadre paléogéographique. - Jusqu'à l'Oligocène supérieur, ce qui constitue la province indo-pacifique actuelle étend son influence au bassin méditeranéen et jusqu'à la façade atlantique. Par la suite, avec l'interruption de la liaison tropicale mondiale, le bassin méditerranéo-atlantique et sa dépendance paratéthysienne vont évoluer indépendamment. Une grande province qui s'étendait du nord de l'Europe (Pays-Bas, Allemagne) aux côtes ouest-africaines s'est alors individualisée. Les bouleversements cJ:matiques de la fin du Néogène et du Quaternaire, en accentuant les zonations latitudinales, vont fragmenter la grande province miocène euro-africaine en provinces ou sous-provinces celtique, lusitanienne, mauritanienne, sénégalienne (1). La carte d'Adams (1983 : 237) qui se fonde sur la répartition des grands foraminifères, indique que vers la fin du Miocène inférieur, les relations entre le domaine méditerranéen et l'Indo-Pacifique sont interrompues. La divergence des lignées de Miogypsinidae et Lepidocyclinidae, entre les deux domaines à partir du Miocène inférieur est significative. Notons que l'étude des mollusques de l'Oligocène au Miocène inférieur, en Aquitaine, montre que plusieurs genres (1) Ce schéma est très général et il faut préciser que dès l'Oligocène inférieur, les paléocommunautés du bassin de Paris (voir Gitton et al.) évoquent les communautés actuelles de la Méditerranée. - 184- POTAMIDES ET PIRENELLA 23 d'origine indo-pacifique (Trisidos, Stosicia, Palisadia, Tibia (s.s.) ... ) apparaissent avec l'Oligocène supérieur mais, en revanche, les nouveautés burdigaliennes ne semble pas référables à un apport indo-pacifique. Cependant, la présence dans le domaine de la Paratéthys au Miocène moyen de quelques mollusques typiquement indo-pacifiques (Strombus (Euprotomus) schrockingeri, Pseudoliotia varpalotensis, «Liotia» micraster... ) non signalés dans le bassin méditerranéen, est un argument probant en faveur de l'existence de communications intermittentes Paratéthys-Indo-Pacifique. On pourrait donc penser que l'ancêtre européen (paratéthysien ?) de Potamides conicus a emprunté cette voie et s'est répandu dès le Miocène supérieur dans la province indo-pacifique. Je crois devoir écarter cette hypothèse pour au moins deux raisons : premièrement, à ma connaissance, il n'y a aucune trace de Potamides (s.s.) dans l'Indo-Pacifique au Miocène et semble-t-il au Pliocène; deuxièmement, il existe un ensemble de Potamides dans le Pliocène méditerranéen annonçant nettement le Potamides conicus et indiquant donc une origine méditerranéenne pour ce taxon. L'expansion hors de la Méditerranée de l'ancêtre de Potamides conicus ne semble donc pas avoir lieu avant le Pliocène. Ma première démarche était de considérer qu'elle était liée, d'une certaine manière, à l'ouverture de la mer Rouge et qu'il existait donc au Pliocène une communication entre la Méditerranée et la mer Rouge. En fait, l'incroyable capacité de dispersion des Potamides ne rend pas nécessaire cette hypothèse. C'est ainsi que l'on doit admettre un transport aérien de l'ordre de 1000 km au cours de l'Holocène, de Potamides et Cerastoderma d'un ancien lac salé du Sahara (comm. orale J.C. Plaziat). Toutefois, pour la période quaternaire, on a de sérieuses présomptions de l'existence, lors des hauts niveaux, d'un réseau de lacs temporaires permettant à des espèces résistantes, un aller-retour mer Rouge-Méditerranée. Por (1978) a synthétisé de nombreux travaux sur ce sujet. Il a ainsi recensé un certain nombre d'espèces présumées « pré-lessepsiennes » c'est-à-dire d'affinité indo-pacifique et présentes en Méditerranée avant l'expansion lessepsienne. On sait que par ce dernier vocable, Por désigne l'influx biotique, à sens unique (mer Rouge - - - - Méditerranée) qui résulte du percement du canal de Suez. Parmi les espèces « pré-lessepsiennes » que Por nomme « faune 'de l'Isthme» on relève P. conicus, bien à sa place dans ce cortège de faunes saumâtres résistantes. Notons que Por considère P. conicus (= cailliaudi) comme un immigrant indo-pacifique, ce qui n'est pas nécessairement faux car, on peut se demander si l'espèce thermophile P. conicus s'est maintenue en Méditerranée lors des phases froides du Quaternaire. b) Les Potamides et les conditions climatiques du Pléistocène méditerranéen. - Le Pléistocène dans le bassin méditerranéen est caractérisé entre autres, par ses cycles glacio-eustatiques qui induisent d'importants changements fauniques. Ainsi, on constate en Méditerranée occidentale, lors des phases glaciaires, l'arrivée - 185- 24 PIERRE LOZOUET d'espèces actuellement cantonnées dans les eaux tempérées froides. Dans le bassin oriental de la Méditerranée, l'isolement hydrologique a fait qu'il y régnait des conditions climatiques sensiblement différentes. S'il est improbable que P. conicus se soit maintenu en Méditerranée occidentale durant les épisodes froids en revanche, sa survie dans des zones chaudes refuges de Méditerranée orientale est envisageable. Il faut toutefois préciser que l'on ne connaît pas à terre les faciès où vivait Potamides lors des phases froides, régressives. Toutefois, l'appréciation des paléo-températures soit par les mesures isotopiques (Znaidi-Rivauly, 1982; Herman, 1981) soit par les assemblages de foraminifères planctoniques (Blanc-Vernet, 1982; Blanc-Vernet et al., 1984) indique que les conditions de vie devaient être certainement limites pour les Potamides même en Méditerranée orientale. Ceux-ci se répandent dans toute la Méditerranée avec le réchauffement du Tyrrhénien épousant donc la répartition et le sort des espèces dites « sénégalaises ». Le Strombus bubonius espèce des plus caractéristiques de cette période tolère actuellement (Meco-Cabrera, 1967) des minima de 15° à 20 oC (P. conicus semble ne pas dépasser les zones où la température moyenne minimale est inférieure à 14 oC). Il disparaîtra de la Méditerranée avec le refroidissement würmien. Ainsi que l'a fait remarquer Bonifay (1983), la disparition de la faune sénégalaise n'est pas en accord avec la carte des paléo-températures proposée par Thiede (1978) pour l'ensemble de la Méditerranée, au maximuxm du dernier glaciaire. Ce dernier donne en effet pour la Méditerranée orientale des températures hivernales supérieures aux actuelles avec une valeur extrême de 21°C (contre 17 oC actuellement) (1). En conclusion: P. conicus dont l'origine européenne est très probable - sinon certaine - a pénétré tardivement (plio-Pléistocène) en mer Rouge et s'est ensuite propagée dans l'océan Indien. L'hypothèse d'une réintroduction de P. conicus en Méditerranéenne, à différentes périodes au cours du Quaternaire, grâce à des lacs temporaires au niveau de l'isthme de Suez ou bien, en faisant appel au transport à distance des larves par pattes d'oiseaux doit être envisagée. Je ne rejette évidemment pas la possibilité que P. conicus ait survécu dans des zones chaudes refuges de Méditerranée orientale. Il conviendrait cependant de penser ces zones dans le cadre d'une Méditerranée quaternaire, lors des bas niveaux. On ne peut montrer à la fois un golfe de Gabès asséché et l'inclure dans les zones refuges comme le fait Por (1978 : fig. 1 et p. 16). Quoi qu'il en soit, on peut affirmer que la lignée de Potamides (s.s.) fréquente la Méditerranée depuis au moins d'Oligocène et par conséquent Potamides conicus est une véritable relique mésogéenne. (1) Pour la même période Bergreen (1969) indique un minimum de 13'-14 oC en mer Rouge. - 186- POTAMlDES ET PIRENELLA 25 GRANULOLABIUM, TIARACERITHIUM, TIARAPIRENELLA ET ZEACUMANTUS GRANULOLABIUM ET LE GROUPE DE BICINCTA-PICTA (pl. 1) Charpiat (1923) proposait l'évolution suivante: «Cerithium» tiarella au Bartonien puis pseudotiarella au Miocène inférieur qui donne pictum au B urdigalien ... à l'origine de l'espèce méditerranéenne Potamides (= Pirenella) conicus. « Cerithium » plicatum est alors indu comme type d'une petite lignée adjacente. Selon cette conception, on avait les synonymes suivants: Pirenella (= Tiarapirene/la = Granulolabium = Tiaracerithium). Bouniol (1981) admet Tiaracerithium comme genre distinct et Pirenella devient la lignée de « Cerithium » plicatum. Il a été montré que le genre Potamides recouvre Pirenella et que la lignée de « Cerithium » plicatUin doit être dénommée Granulolabium. Les relations entre Tiaracerithium, Granulolabium et Tiarapirenella doivent donc être réexaminées. Selon Charpiat, la caractéristique majeure du groupe de «Cerithium» tiarella (Tiaracerithium) réside dans la présence de tours à suture canaliculée bordée par une rangée de nodules en forme de goutte de cire; en dessous, les cordons peuvent être granuleux, rester lisses ou disparaître. Le groupe de Granulolabium plicatum possède des tours étagés à suture faiblement canaliculée; l'ornementation se compose de tubercules épineux par rangée de quatre, allongées dans le sens spiral. Quatre individus caractéristiques ont été figurés (fig. 7). Le premier correspond à la forme plicatum « var. moniliferum » du Stampien parisien, à rangées régulières de granulations (fig. 7 A). Le second (fig. 7 B) qui provient de l'Aquitano-Burdigalien de Saint-Avit, est intermédiaire entre la variété inconstans (Cossmann et Peyrot) (1922: 270, pl. VI, fig. 49-50) et certaines variétés de « Pirenella » picta (Tiarapirenella). Comparé à Granulolabium plicatum du Stampien, la variété inconstans tranche par ses tours étagés, par sa rangée de granulations infrasuturales plus grossières dont la disposition axiale a disparu. Chez le troisième individu (fig. 7 C) récolté dans le Burdigalien inférieur de Saint-PaulLes-Dax (Maïnot), les tours sont nettement plus étagés, la coquille est plus trapue et les granulations sont plus grossières quoique toujours disposées axialement. Elle est proche de pictum de Basterot. Ce dernier (1825 : 57) précise que son espèce est commune à Bordeaux et dans le bassin de Vienne et « qu'il serait impossible de décrire exactement les formes très variables de ce petit cérithe ». Enfin, le quatrième individu, du Burdigalien moyen de Saucats (Pont-Pourquey) correspond au pictum «variété» cingulatum (fig. 7 D) et possède les caractéristiques ornementales de Tiaracerithium tiarella et pseudotiarella. La rangée de grosses granulations est toujours présente alors que les granulations des rangées abapicales - 187- 26 PIERRE LOZOUET l A B FIG. 7. - Granulolabium (s.s.) : A, G. plicatum (Bruguière) du Stampien de Morigny; B, G. plicatum «var. inconstans» de l'Aquitano-Burdigalien de Saint-Avit; C, G. plicatum f. pictum (Basterot) du Burdigalien de Saint-Paul-lès-Oax; D, G. plicatlll11 bicillctlll11 « var. cillglllatlll11 » du Burdigalien de Saucats (O. d'après photos J.c. Plaziat). Echelle: 0,5 cm. Granulolabium (s.s.) : A, G. plicatul11 (Bruguière) from Stampian of Morigny; B, G. p/icatlll11 « var. illcollstalls» from Aquitanian-Burdigalian of Saint-Avit; C, G. plicatlil/1 f. pictlll/1 (Basterot) from Burdigalian of Saint-Paul-Iès-Oax; D, G. plicatul/1 bicillc/ul/1 « var. cillgu/(l/ul/1 » FIG. 7. - from Burdigalian of Saucats (D, after photos of J.C. Plaziat). Scale : 0,5 cm. sont effacées et forment des rubans spiraux. C'est la forme la plus éloignée du type initial plicatum. Elle est à l'origine de la confusion entre Granulolabium et Tiaracerithium. Le travail biométrique qui suit devrait permettre de mieux saisir le sens des variations morphologiques que les présentes descriptions ont montré ci-dessus à travers quelques exemples démonstratifs. - 188- POTAMIDES ET PIRENELLA 27 ÉTUDE BIOMÉTRIQUE DU GROUPE DE GRANULOLABIUM PLICATUM L'étude a porté sur un échantillonnage provenant de cinq gisements répartis depuis l'Oligocène inférieur jusqu'au Miocène inférieur (Burdigalien). L'Oligocène basal est représenté par la population des Sables de Vieux-Joncs (Belgique) attribués à la biozone NP 22 (Aubry, 1983). Les Sables d'Ormoy, où se situe le deuxième échantillonnage, ne fournissent pas de nannoplancton calcaire mais, par leur position au sommet des Sables de Fontainebleau (dont la base est vraisemblablement NP 23, Aubry, 1983) et leur faune de mollusques, ils peuvent être classés en sommet de NP 23 ou à la base de la biozone NP24. La biozone NP25 à laquelle correspondent les dépôts oligocènes supérieurs du bassin de l'Adour n'est pas représentée, car je ne disposais que de quelques individus de ce niveau. Le gisement de Lariey (stratotype de l'Aquitanien) a fourni une population de la base du Miocène (NN 1). L'âge du quatrième gisement (Moulin de Carreau, Landes) est plus controversé, les miogypsines en font du Burdigalien très inférieur. Enfin, le gisement de Pont-Pourquey sur la commune de Saucats (Gironde) appartient à la série stratotypique du Burdigalien et est rattaché par Muller et Pujol (1979) à la biozone NN 2. En résumé, les gisements se situent en terme de biozones nannoplanctoniques comme suit: A, B, C, D, E, Vieux-Joncs (Oligocène inférieur, NP 22) Ormoy-La-Rivière (Oligocène, Stampien inférieur, PN 23124) Saucats (Lariey) (Miocène inférieur, Aquitanien, NN 1) Moulin de Carreau (Miocène inférieur, NN 1/2) Saucats (Pont-Pourquey) (Miocène inférieur, Burdigalien, NN 2) a) Considérations paléoécologiques. Ces cinq gisements reflètent un milieu très littoral avec toutefois quelques nuances. Dans les sables fins de Vieux-Joncs les Granulolabium pullulent au sein d'un ensemble de formes littorales de milieu agité (Lentidium) où se mêlent des espèces lacustres (Gyraulus, Lymnaea) et oligohalines (Nystia, Metanoides). On rencontre fréquemment, chez les différentes espèces, des individus qui présentent des anomalies de croissance, indice d'une action « stressante» du milieu. A Ormoy, il n' y a aucune trace de transport et les Granulolabium ont vécu sur un fond de sables très fins dans un système de lagunes interdunaires. Le médiocre lot de Lariey, provient de deux niveaux superposés: l'un est un sable de plage à poches très fossilifères, le second est un niveau marneux à faune lagunaire. C'est dans un faciès lagunaire assez semblable que l'échantillon du Moulin de Carreau a été prélevé, à la base de la coupe, dans une marne bleutée. Les Granulolabium particulièrement bien conservés se rencontrent avec des 189 - 28 PIERRE LOZOUET Tympanotonos tournoueri et quelques autres espèces typiques des lagunes miocènes. La population de Pont-Pourquey provient des sables calcaires fins du sommet de la coupe, connus pour leur faune marine à nombreux éléments lagunaires et continentaux. Les coquilles de Granulolabium de cette couche sont souvent usées. Les mesures ont été effectuées d'après dessins à la chambre claire (X 6) où les seuls 6 derniers tours avaient été figurés (fig. 8). Les trois caractères retenus sont : le rapport de la hauteur des cinq derniers tours de spire à la hauteur du dernier tour; l'angle « spiral » formé par deux projections partant du milieu de la suture supérieure du premier tour de spire retenu, pour aboutir aux côtés opposés du dernier tour (la base non comprise); le nombre de granulations par tour de la première rangée, dénombrées au niveau de l'avantdernier tour (fig. 8). b) Analyse biométrique. - 8. Granulolabium plicatum bicinctum de Pont-Pourquey, caractères utilisés : AN = angle, SP = hauteur des cinq derniers tours de spire, DT = hauteur du dernier tour, GR = nombre de granulations de la 1re rangée de l'avant-dernier tour. FIG. 8. - Granulolabium plicatum bicinctum of Pont-Pourquey, abbreviations : AN = angle. SP = height of the 5 last spire whorls. DT = height of body whorl, GR = number of granules on the shoulder of penultimate. FIG. Spire/dernier tour (fig. 9). - Pour ce paramètre, les populations oligocènes de Vieux-Joncs et d'Ormoy se distinguent par leur faible amplitude de variation. La population de Lariey avec une moyenne identique à celle d'Ormoy apparaît toutefois plus dispersée. Au Moulin de Carreau où l'on note une valeur extrême, la dispersion est encore plus importante. La moyenne beaucoup plus faible qu'à Lariey montre un décalage de l'histogramme vers les faibles valeurs; enfin, la dissymétrie de ce dernier est à signaler. La tendance au décalage vers les faibles valeurs est accentuée à Pont-Pourquey tandis que l'histogramme indique une distribution nettement unimodale. - 190- 29 14 12 la 8 NOMBRE: :x 6 MOYENNE: 5 rANDARD ERREUR ECAR T 4 60 MS E 0.011 TYPE : 0.086 2 D 6 4 60 0.98 2· 0.015 0.119 c 6 4 39 2 0.017 113 0.105 8 B 6 4 40 1.13 0.013 0,083 ~ 8 1 A 6 40 4 1.15 0.012 2 0,013 Q.635 FIG. 9. FIG. 9. 0.875 1.115 1.355 Histogrammes de la répartition des fréquences du rapport spire/dernier tour. Histograms of relation spire/body whorl-frequency distribution. - 191 - PIERRE LOZOUET 30 ERREUR NOMBRE: 60 MOYENNE: 9 STANDARD ECART TYPE 0.15 E 1. 2 60 14.7 0.30 8 o 2.3 39 C 14.5 0.27 q 1.7 ~ 40 12 19.3 0.4 2.5 8 8 j 12 40 20.7 0.42 2.64 A 30.55 33.55 36.55 39.55 FIG. 10. Histogrammes de la répartition des fréquences de l'angle. FIG. 10. Histograms of angle-frequency distribution. - 192- POTAMIDES ET PIRENELLA 31 f " 19 16 13 10 NOMBRE: 60 j( ERREUR , MOYENNE: 0.45 STANDARD: ECART E 9 TYPE: 1.2 10 :60 0 : 14,7 0.30 2.3 10 :39 c :14.5 : 0.27 : 1.7 ,'0 B : 19.3 , O., : 2.5 :40 :20.7 : 0,42 : 2.64 16.!S 6.~ 1O.!S FIG. 11. - Histogrammes de la répartition des fréquences des granulations. FIG. 11. - Histograms of granules-frequency distribution. 14.!S - 193- A 32 PIERRE LOZOUET Angle (fig. 10). - Les populations de l'Oligocène présentent une répartition comparable, avec une moyenne beaucoup plus faible qu'au Miocène. L'augmentation progressive de la moyenne au Miocène reflète l'ouverture de l'angle spiral et donc le tassement de la coquille. Granulations (fig. Il). - Le dénombrement des granulations s'est révélé un caractère important, à prendre en considération lors d'une étude du groupe des Granulolabium. On constate une diminution du nombre des granulations de l'Oligocène au Miocène et les histogrammes des populations des Sables de Vieux-Joncs et de Pont-Pourquey ne se recouvrent pas. En conclusion, bien que très limitée, cette étude met en évidence des variations morphologiques significatives pour les trois caractères considérés (Spire/demiertour, Angle, Granulations) que résume la figure 12. Cette évolution morphologique correspond approximativement au passage de populations élancées à nombreuses petites granulations à des populations d'individus « trapus» à grosses granulations peu nombreuses. Sur les dessins (fig. 13) on remarque également que les tours assez plans de la population de Pont-Pourquey présentent des sutures canaliculées donnant un aspect imbriqué à la coquille. La comparaison avec les populationns des Sables de Vieux-Joncs (A) et d'Ormoy (B) est éloquente. 'II III 'II Il' c:====r:::t 1::;1.====:JI 1=1 A III C======:Jtq\=r:::1====~Ic C:====:I:I:t:1Il====:JI B C:====:JlqlPt====:J1 A C=======I+I:::r1======~IE t Il D Il 1 'I t B III~ - FIG. 12. - Comparaisons des différents caractères (intervalle de confiance: les moyennes (flèches), ±2 sm, cx = 0,05). FIG. 12. - Comparison of the different features (confidence interval: means (arrows) ±2 SO, cx = 0,05). 194- POTAMIDES ET PIRENELLA 33 FIG. 13. - Contour de Granulalahilllll (s. s.) monIrant Ic passage de G. plicalul/1 plicalllln à G. plicatlil/1 bicinclul/1 : A, Oligocène de Vieux-Joncs (Stampien inférieur); B, Oligocène d'Ormoy (Stampien supérieur); C, Miocène de Lariey (Aquitanien); D. Miocène du Moulin de Carreau (Aquitano-Burdigalien); E, Miocène de Pont-Pourquey (Burdigalien). FIG. 13. - Outline of Granulalabiul/1 (s.s.) showing intermediate forms between G. plicatul/1 to G. plicatul/1 plicatul/1 bicinctul/1: A, Oligocene of Vieux-Joncs (Lower Stampian); B, Oligocene of Ormoy-LaRivière (Upper Stampian); C, Miocene of Lariey (Aquitanian); D, Miocene of Moulin de Carreau (Aquitanian-Burdigalian). Dans cette évolution, il n'est pas douteux que nous assistons au déploiement dans le temps d'une seule lignée et que, par conséquent, les nombreuses « espèces» décrites de l'Oligocène au Miocène ne sont que de simples variants en relation avec les fluctuations du milieu. La population de Pont-Pourquey est assimilée à une sous-espèce stratigraphique (transient) de Granulolabium plicatum. Elle correspond à l'espèce pictum (Basterot) mais, elle est si proche de l'espèce bicinctum (Brocchi) décrite antérieurement du Miocène supérieur italien, que je la désignerai sous le nom de Granulolabium plicatum bicinctum (Brocchi). Le genre Tiarapirenella dont le type est l'espèce bicincta, est donc un synonyme de Granulolabium et il est aussi évident que « Pirenella » picta n'a pas pour ancêtre Tiaracerithium pseudotiarella. La liste ci-dessous regroupe les principales «espèces» dont la majorité provient du Miocène moyen et supérieur d'Europe centrale et que je considère comme synonymes de G. bicinctum (Brocchi) : G. bicinctum (Brocchi, 1814). Sacco, 1895, pl. 3, fig. 52-57 Rossi-Ronchetti, 1953, fig. 60. 8 variétés; 195 Annales de Paléontologie (Vert.-Invert.), 1986, vol. 72, fascicule 3. 15 34 PIERRE LOZOUET G. bicostatum (Eichwald, 1853) (= mitralis Eichwald, nymphum Eichwald). Eichwald, 1853, pl. 7, fig. 10 et 12-13, pl. 24, fig. 1-2. G. discolor (Dujardin, 1837). Glibert, 1949, pl. 9, fig. 14. G. moravicum (Homes, 1856) (= tabulatum Homes) Homes, 1856, pl. 42, fig. 7 et pl. 49, fig. 15; Baluk, 1975, pl. 15, fig. 5-6. G. nodosostriatum (Hilber, 1879) (= noricum, sturi Hilber) Hilber, 1879, pl. 4, fig. 1 et 7-8. G. pictum (Basterot, 1825). Basterot, 1825, pl. 3, fig. 6; Cossmann et Peyrot, 1922, pl. 6, fig. 17-20 et pl. 7, fig. 9. PHYLOGÉNIE DE T1ARACERITHIUM D'après Bouniol (1981) les Tiaracerithium débutent au Thanétien supeneur avec T. consobrinum et auraient connu une phase de cladogenèse intense à l'Ilerdien. De ce riche ensemble, il ne subsiste au Bartonien, semble-t-il, que Tiaracerithium tiarellel très proche de l'espèce oligocène et miocène inférieure d'Aquitaine, pseudotiarella d'Orbigny). Passé le Miocène inférieur, il n'a pas été cité d'espèce de Tiaracerithium en Europe. Je dois signaler cependant la présence d'un possible Tiaracerithium dans le Langhien de la colline de Turin (d'après la collection Vignal, MNHNP) ce serait le dernier représentant du groupe. Tiaracerithium pseudotiarella est bien représenté en compagnie de Granulolabium plicatum dans le Bordelais, dans l'Aquitanien inférieur du Thil (Léognan) et de La Brède. Mais il est très rare dans l'Aquitanien supérieur de la même région (Lariey) et inconnu dans les gisements de Saint-Avit (Aquitano-Burdigalien) où pullule Granulolabium plicatum. Nous l'avons recueilli en petit nombre dans le Burdigalien inférieur de Saint-Paul-Iès-Dax mais il n'a jamais été signalé dans le Burdigalien du Bordelais. On soulignera que les populations aquitaniennes du bassin d'Aquitaine ne montrent pas de tendance évolutive particulière. Tiaracerithium pseudotiarella (voir fig. 2 F et pl. II, fig. 5) demeure proche de l'ancêtre éocène Tiarella (Deshayes) dont il ne se distingue que par le non développement du labre chez l'adulte et la taille plus réduite, caractères qui peuvent être liés à des conditions de vie défavorables. CAUSES POSSIBLES DE LA DISPARITION DES GRANULOLABIUM ET TIARACERITHIUM EN EUROPE a) Tiaracerithium. - Tout porte à croire que Tiaracerithium disparaît du domaine européen au Burdigalien ou au cours du Langhien. L'explication que je propose de ce phénomène se réfère à la répartition antagoniste entre les Tiaracerithium et les - 196- POTAMIDES ET PIRENELLA 35 Granu/o/abium qUi semblent posséder approximativement la même niche écologIque. Dans les couches auversiennes de milieu littoral euryhalin où pullule Tiaracerithium, Granu/olabium n'est pas représenté, inversement Tiaracerithium manque dans le bassin de Paris à l'Oligocène, époque durant laquelle Granulolabium plicatum est le mollusque le plus abondant. C'est dans le premier niveau laguno-marin du Spamacien inférieur des Corbières (Fabrezan, Caunettes-en-Val) qu'apparaît pour la première fois Tiaracerithium, on n'y signale pas de Granulolabium. Dans le second niveau, cohabitent toutefois Tiaracerithium et Granulolabium. D'autre part, on constate qu'à l'Oligocène, Granu/o/abiul11 p/icatUI11 est répandu jusque dans les bassins belges et allemands. A cette époque, Tiaracerithium ne dépasse pas le sud de l'Aquitaine. Autrement dit, sa limite d'extension coïncide avec celle des nummulites et des madréporaires coloniaux. On sait qu'une baisse appréciable de température intervient avec l'Oligocène (Cavelier, 1979) et il semble bien que se soit à cette époque que Granulolabium plicatum supplante totalement Tiaracerithium. b) Granulolabium. - La disparition en Europe de Granulolabium, au cours de l'intervalle Miocène supérieur-Pliocène est très certainement en rapport avec la crise messinienne, aux effets catastrophiques sur la faune du domaine méditerranéen. Le genre Potamides (= Pirenella), plus tolérant que Granulolabium aux variations de la salinité, sont ragaillardi de la crise messinienne. Ce qui suggère une réplique, à grande échelle, de la succession, Granulolabium-Potamides constatée à l'Oligocène dans le bassin de Paris. A l'époque, cette succession s'inscrit dans l'évolution paléogéographique de chenaux interdunaires où l'isolement détermine l'installation de communautés marines confinées à Granulolabium-Pelecyora (communauté « euryhaline interdunaire », Gitton et al. à paraître) puis lagunaires à Potamides-Hydrobia et finalement lacustre. RAPPORTS ENTRE GRANULOLABIUM COSSMANN ET ZEACUMANTUS FINLAY ET PHYLOGÉNIE DES GRANULOLABIUM Le genre Zeacumantus a été créé par Finlay en 1927 pour l'espèce actuelle Cerithidea» subcarinata (Sowerby) de Nouvelle-Zélande. Finlay et d'autres auteurs (Macpherson et Gabriel, 1962; Powell, 1979) y classent également les espèces lutulentus Kiener, de Nouvelle-Zélande, turritellus et diemenensis (Quoy et Gaymard), d'Australie. Wenz (1938-1944) plaçait Zeacumantus au sein des Batillariinae. Les collections du Muséum de Paris renferment des séries de turritellus et « - 197- 36 PIERRE LOZOUET diemenensis qui proviennent de Tasmanie ou des côtes australiennes et plus douteusement, de Nouvelle-Guinée (turritellus). Macpherson et Gabriel (1962: 106) ont souligné la variabilité de l'espèce diemenensis et j'admets avec eux l'existence d'une seule espèce (diemenensis) dans le groupe diemenensis-turritellus. Le Zeacumantus diemenensis est répandu sur les côtes sud de l'Australie et en Tasmanie; Tryon (1887) n'indique pas d'autres provenances. l'ai donné ces précisions car Zeacumantus diemenensis paraît presque indifférenciable de Granulolabium plicatum. Je pense qu'il est le dernier terme de la lignée de Granulolabium plicatum et contrairement au représentant européen du Miocène moyen et supérieur, Granulolabium bicinctum, il n'a pratiquement pas subi de changement morphologique (voir pl. 1, fig. 6). Il serait donc l'héritier d'une vieille lignée qui a peu évolué depuis le Montien. Actuellement, il est encore impossible de jalonner la réduction de la répartition de Granulolabium au cours du Cénozoïque supérieur. Mais nous pouvons situer au sommet du Miocène inférieur (fermeture des communications Méditerranée/océan Indien), l'interruption certaine et définitive des échanges entre les populations de Granulolabium européennes et celle du domaine indo-pacifique. Il est vraisemblable que la disjonction entre populations européennes et australiennes soit en fait plus ancIenne. Ainsi comprise, la lignée de Granulolabium plicatum est connue, en Europe, depuis le Montien avec G. montensis puis praeplicatum à l'Eocène inférieur (lignée de « Pirenella » plicata de Bouniol, 1981), scruposum à l'Eocène moyen, pour aboutir à plicatum à l'Oligocène et Miocène inférieur. Bouniol admet une petite phase de cladogénèse au Paléocène (Thanétien) avec l'espèce tuba Deshayes pour laquelle Cossmann a créé le genre Tylochilus. Dans l'hémisphère sud, la lignée de plicatum s'est poursuivie jusqu'à l'époque actuelle sans notable changement avec l'espèce diemenensis. En revanche, en Europe la lignée connaît au Miocène inférieur un changement de phénotype (passage de plicatum à l'espèce ou sous-espèce bicinctum Brocchi) avant de s'éteindre au Miocène supérieur (voir fig. 14). Granulolabium diemenensis fréquente les zones vaseuses médiolittorales des lagunes (Macpherson et Gabriel, 1962: 105). Zeacumantus subcarinatus est une coquille de petite taille fréquente en Nouvelle-Zélande sur les rochers envasés du médiolittoral, couverts de Corallina (Powell, 1979 : 131). Il s'écarte très nettement de Granulolabium diemenensis et ses affinités semblent davantage être avec les Granulolabium s.g. Tiaracerithium. Le Zeacumantus lutulentus est encore plus éloigné et on ne connait rien de comparable dans la série cénozoïque d'Europe (voir pl. II, fig. 4). Stearns MacMeil (1960 : 40, pl. 12, fig. 4) a figuré du Pliocène inférieur de l'île d'Okinawa, un « cérithe» qui s'apparente au Zeacumantus et particulièrement à Zeacumantus lutulentus. Les paléontologistes néo-zélandais ont admis plusieurs - 198- 37 POTAMIDES ET PIRENELLA 1 PLEJSrOCENE -1.6.1«- _ Pl/OCENE -s. - - - - -"uoe. SUl' '. t bicm(fum MIOC.HOY. -16 MIOCENE INF. -]5 - - - -- OL/G. SUP. Dl/GOeEHE INF. -16 - - -- EDC. SUP. EOC. MOY. -<9 --~ EOCENE !NF -55 FIG. 14. - Phylogénie de Granulolabium (s.s.). FIG. 14. - Phylogeny of Granulolabium (s.s.). - --- PALEOCENE -65"'.4- _ Zeacumantus fossiles (voir Fleming, 1966). Le plus ancien est « Ataxocerithium » perplexum (Marshall et Murdoch, 1919: 245, pl. 20, fig. 5-6) du Miocène supérieur. L'exemplaire figuré est mal conservé, usé, grand et allongé (3,4 cm XI, 1 cm), le cou a exactement la forme de celui des Batillaria auprès desquels il serait plus à sa place. Zeacumantus tirangiensis également du Miocène supérieur (Fleming, 1966 : pl. 78, fig. 923) se situe certainement dans la lignée de Zeacumantus lutulentus signalé depuis le Pliocène supérieur. Enfin, le Zeacumantus delicatus (Laws, 1950: 23, pl. 24, fig. 1) du Pliocène inférieur, que l'auteur compare au lutulentus, est de position douteuse et ne possède pas d'affinité claire avec Zeacumantus subcarinatus. Le matériel fossile néo-zélandais n'apprend donc pas grand chose sur l'évolution des Zeacumantus. On retiendra seulement que la lignée lutulentus est au moins individualisée depuis le Miocène supérieur. Ladd (1972 : 27, pl. 6, fig. 14) a décrit un Zeacumantus rickardi du Miocène inférieur des îles Fiji. L'ouverture de l'holotype est endommagée et le système ornemental ne correspond pas tout à fait à celui de Zeacumantus subcarinatus; c'est encore une forme de position douteuse. Notons que l'espèce subcarinatus, ainsi d'ailleurs que l'espèce lutulentus, n'ont été signalées que sur les côtes de Nouvelle-Zélande qui, comme on le sait, - 199- 38 PIERRE LOZOUET abritent une malacofaune à endémisme particulièrement important. Powell (1979 : 131) indique cependant que l'espèce subcarinatus a été introduite récemment dans la région de Sydney. CONCLUSIONS Cette étude a permis de constater que les genres Potamides (= Pirenella) et Granulolabium étaient encore représentés de nos jours. Le genre néo-zéland~lÎs Zeacumantus apparaît étroitement apparenté au genre Granulolabium (ex-Pirenella fossiles). Ce dernier se compose du sous-genre Granulolabium, encore représenté par une espèce actuelle G. (G.) diemenensis (Quoy et Gaymard) et du sous-genre Tiaracerithium, éteint depuis le Miocène. La reconstitution de la phylogénie des Potamides (s.s.) met en évidence le cas peu banal d'une expansion tardive (Pliocène voire Quaternaire) d'une espèce européenne, à la province indo-pacifique. Parallèlement, l'écologie des Potamides et des Granulolabium (s.s.) a été précisée. Avec ces derniers genres et les Tympanotonos, Terebralia, Cerithidea, les FIG. 15. - Répartition actuelle des: Tympanotonos, Potamides, Granulolabium, Zeacumantus. FIG. 15. - Recent distribution of: Tympanotonos, Potamides, Granulolabium, Zeacumantus. - 200- POTAMIDES ET PIRENELLA 39 paléontologistes disposent d'un groupe de formes particulièrement utiles pour les reconstitutions paléoécologiques des faciès littoraux. En ce qui concerne les Tiaracerithiinae (Bouniol, 1981) qui se rapprochent par leur canal des Batillariinae, les données paléontologiques montrent que ces deux groupes sont séparés dès la base du Tertiaire. Cependant, du fait de l'absence d'études anatomiques comparatives, cette nouvelle sous-famille reste à légitimer. Elle comprendrait les genres Granulolabium (Granulolabium), Granulolabium (Tiaracerithium) , Zeacumantus, Terebralia (s.s.) et Terebralia (Gravesicerithium). Mais les relations entre le groupe de Granulolabium-Zeacumantus et le groupe des Terebralia ne sont pas démontrées. Enfin, on peut souligner que Granulolabium est, avec Diastoma et Campanile (voir Houbrick, 1981a, 1981b), le troisième genre de Cerithiacea, florissant au Paléogène en Europe et aujourd'hui restreint aux côtes sud-australiennes. De même, à une latitude comparable et toujours dans l'hémisphère austral, les Volutidae (Athletinae) ne subsistent que sur les côtes sud-africaines. Remerciements: Je tiens à remercier les différentes personnes qui m'ont communiqué du matériel ou facilité l'accès aux collections: Ph. BOUCHET, C. et L. DOLIN, R. FAVIA, S. GLANZIG, Ph. MAESTRATI, D. PAJAUD, J.C. PLAZIAT et A. RAGE. Ph. BOUCHET, J. CHALINE, J.C. FISCHER et J.e. PLAZIAT ont bien voulu corriger les différentes phases de ce travail. Les critiques, conseils et informations de J.C. PLAZIAT m'ont, en particulier, beaucoup aidé. BIBLIOGRAPHIE ADAMS C.G. (1983). - Speciation, phylogenesis, tectonism, climate and eustasy : factors in the evolution of Cenozoic larger foraminiferal bioprovinces. Systematics Association Special Volume, 23, Evolution, Time and Space. Academie Press, London, 255-289. ALIMEN H. (1936). - Etude sur le Stampien du bassin de Paris. Mém. Soc. géol. Fr., Paris, 14 (31) : 309 p. ARCHAMBAULT-GUEZOU 1. (1976). - Etude de Dressenidae du Néogène européen et revue stratigraphique des niveaux correspondants de la Paratéthys. Thèse de 3 e Cycle, Univ. Paris-Sud, Orsay: 359 p. . AUBRY M.P. (1983). - Biostratigraphie du Paléogène épicontinental de l'Europe du Nord-Ouest. Etude fondée sur les nannofossiles. Docum. Lab. Géol. Lyon, 89 : 304 p. BALUK W. 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Grallulolabium plicatum (Bruguière), Oligocène inférieur belge (Vieux-Joncs); I.P.M. - R. 06866 (X 3). 6. Grallulolabium diemenellsis (Quoy et Gaimard), Sud-Est de l'Australie; MNHN, Lab. de Malacologie (X 2). 7-8. Grallulolabium plicatum bicillctum (Brocchi), Burdigalien de Saucats (Pont-Pourquey); I.P.M. R. 06863 (X 3). Photos ; D. Serrette. PLATE 1. - Morphologie evolution of Grallulolabium plicatum from the early Oligocene to the early Miocene. The Recent species Grallulolabium diemellensis (fig. 6) is most similar to the fonns from the Oligocene and the beginning of the Miocene. 1. Grallulolabium plicatum (Bruguière), Stampian of Auvers-Saint-Georges (early Oligocene); I.P.M. R. 06866 (X 3) 2. Grallulolabium plicatum (Bruguière), Aquitanian of Lariey (lower Miocene); I.P.M. - R. 06868 (X 3). 3. Grallulolabium plicatum (Bruguière), AquitanianiBurdigalian of Moulin de Carreau; I.P.M. R. 06870 (X 3). 4. Grallulolabium plicatum (Bruguière), Stampian of Ormoy-La-Rivière (middle Oligocene), I.P.M. R. 06868 (X 3). 5. Grallulolabium plicatum (Bruguière), belgian early Oligocene (Vieux-Joncs); I.P.M. - R. 06866 (X 3). 6. Grallulolabium diemellellsis (Quoy et Gaimard), Southeastem Australia; MNHN, Lab. de Malacologie (X 2). 7-8. Grallulolabium plicatum bicillctum (Brocchi), Burdigalian of Saucats (Pont-Pourquey); I.P.M. R. 06863 (X 3). Photos : D. Serrette. PLANCHE Il 1. Zeacumantus subcarillatus (Sowerby), NUe Zélande; MNHN, Lab. de Malacologie (X 3). 2. Grallulolabium diemellellsis (Quoy et Gaimard), individu juvénile, Sud-Est de l'Australie; MNHN, Lab. de Malacologie (X 3). 3. Grallulolabium dimellellsis (Quoy et Gaimard), Sud-Est de l'Australie; MNHN, Lab. de Malacologie (x 2). 4. Zeacumantus lutulentus (Kiener), Nlle Zélande; MNHN, Lab. de Malacologie (X 2). 5. Grallulolabium (Tiaracerithium) pseudotiarella (d'Orbigny), Aquitanien de Léognan (Le Thil); I.P.M. - R. 06864 (X 3). 6. Potamides conicus (Blainville), golfe Persique (Qatar); BRGM, coll. Cavalier (X 2). 7. Potamides lamarcki (Brongniart), Stampien d'Ormoy-La-Rivière (Oligocène moyen); I.P.M. R. 06876 (X 2). 8. Potamides disjUil ctus (Sowerby), Miocène supérieur du Bassin de Vienne; Université Paris VI, coll. Cossmann ((x 2). Photos ; D. Serrette. - 206- POTAMIDES ET PIRENELLA 45 II PLATE 1. Zeacumantus subcarinatus (Sowerby), New Zealand; NMHN, Lab. de Malacologie (x 3). 2. Granulolabium diemenensis (Quoy et Gaimard), juvenil specimen, Southeastern Australia; MNHN, lab. de Malacologie (X 3). 3. Granulolabium diemenensis (Quoy et Gaimard), Southeastern Australia; MNHN, lab. de Malacologie (X 2). 4. Zeacumantus lutulentus (Kiener), New Zealand; MNHN, lab. de Malacologie (X 2). 5. Granulolabium (Tiaracerithium) pseudotiarella (d'Orbigny), Aquitanian of Léognan (Le Thil); I.P.M. - R, 06864 (X 3). 6. Potamides conicus (Blainville), Persian-Arabian Gulf (Qatar); BRGM, coll. Cavelier (X 2). 7. Potamides lamarcki (Brongniart), Stampian of Ormoy-La-Rivière (middle Oligocene); I.P.M. R. 06876 (X 2). 8. Potamides disjunctus (Sowerby), late Miocene of the Wien basin; Paris VI University, coll. Cossmann (x 2). Photos: D. Serrette. PLANCHE III 1. Potamides conicus (Blainville), lac salé d'Afrique du Nord (Egypte); MNHN, Lab. de Malacologie (X 2). 2-3. Potamides conicus (Blainville), littoral de Tunisie (Monastir); MNHN, Lab. de Malacologie (X 3). 4. Potamides conicus (Blainville), golfe Persique (Qatar); BRGM, coll. Cavelier (X 2). 5. Potamides conicus (Blainville), Lacs-Amers (Isthme de Suez); MNHN, Lab. de Malacologie (X 4). 6 et 10. Potamides graecus (Deshayes), Pliocène de l'Algérie (puits Karoubi); Université Paris VI, coll. Cossmann (X 3). 7. Potamides? etruscus Mayer, Pliocène de Sienne (Italie); MNHN, Lab. de Malacologie (X 3). 8-9. Potamides conicus (Blainville), Quaternaire (Tyrrhénien) de Tunisie (Monastir); I.P.M. R. 06872 et 06873 (X 3). 11-12. p(Jtamides graecus (Deshayes), Pliocène de Tunisie (Oued el Galaa); I.P.M. - R. 06874 et 06875 (X 3). 13. Potamides lamarcki (Brongniart), Stampien supérieur d'Ormoy-La-Rivière (Oligocène moyen); I.P.M. - R. 06877 (X 3). Photos: D. Serrette. PLATE III 1. Potamides conicus (Blainville), salt lake of Nord Africa (Egypt); MNHN, lab. de Malacologie (X 2). 2-3. Potamides conicus (Blainville), littoral of Tunisia (Monastir); MNHN, lab. de Malacologie (X 3). 4. Potamides conicus (Blainville), Persian-Arabian Gulf (Qatar); BRGM, coll. Cavelier (X 2). 5. Potamides conicus (Blainville), Bitters Lakes (Suez 1sthmus); MNHN, lab. de Malacologie (X 4). 6 et 10. Potamides graecus (Deshayes), Piocene of Algeria (Karoubi ho1e); Paris VI University, coll. Cossmann (X 3). 7. Potamides? etruscus Mayer, Pliocene of Sienna (Italia); MNHN, lab. de Malacologie (X 3). 8-9. Potamides conicus (Blainville), Quaternary (Tyrrhenian) of Tunisia (Monastir); I.P.M. - R. 06872 et 06873 (X 3). 11-12. Potamides graecus (Deshayes), Pliocene of Tunisia (Oued el Galaa); I.P.M. - R. 06874 et 06875 (x 3). 13. Potamides lamarcki (Brongniart), upper Stampian of Ormoy-La-Rivière (middle Oligocene); I.P.M. - R. 06877 (x 3). Photos : D. Serrette. - 207- - 2'll8 - 'I-M"CHI!. 1/ - ""- 10 11 12 l'IANCHC. lit - 210-
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