Prédiction de l Ambiance Acoustique des Bureaux Ouverts

CFA 2014 Poitiers
22-25 Avril 2014, Poitiers
Pr´ediction de l’Ambiance Acoustique des Bureaux Ouverts
J. Jaglaa , I. Schmicha , P. Jeana , P. Chevretb et J. Chatillonb
a
CSTB, 24 rue Joseph Fourier, 38400 Saint Martin D’H`eres, France
b
INRS, rue Morvan, 54519 Vandoeuvre Les Nancy, France
[email protected]
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CFA 2014 Poitiers
Les occupants des bureaux ouverts expriment souvent une double gˆene par rapport aux nuisances sonores : l’une
due a` une perte de concentration et l’autre due a` une r´eduction de la confidentialit´e des conversations. La pr´ediction
de l’ambiance acoustique de ces environnements de travail permet, d`es la conception, d’optimiser le confort
acoustique de leurs occupants. Dans un premier temps, la pr´ecision de l’outil de lancer de faisceaux d´evelopp´e au
CSTB (ICARE) est estim´ee par comparaison avec une m´ethode de simulation acoustique de r´ef´erence, la m´ethode
des e´ l´ements de fronti`eres. Les niveaux de pression acoustique dus a` une source ponctuelle sont compar´es dans
deux cas d’´etude simplifi´es : deux postes de travail s´epar´es par une cloisonnette absorbante et un espace contenant
seize postes de travail. Dans un second temps, ICARE est confront´e a` des r´esultats de mesures effectu´ees par l’INRS
dans un local r´eel. Diff´erents crit`eres acoustiques (indice de transmission de la parole, d´ecroissance d’´energie par
doublement de distance) r´ef´erenc´es par la norme relative au mesurage des param`etres acoustiques des bureaux
ouverts (NF EN ISO 3382-3 :2013) sont simul´es et compar´es a` leurs valeurs mesur´ees. Le travail pr´esent´e est
effectu´e dans le cadre du projet MEPAS financ´e par l’ANSES dont l’objectif est de d´evelopper une m´ethode
simplifi´ee de pr´evision acoustique afin d’´etudier l’impact de diff´erents param`etres caract´eristiques de bureaux
ouverts sur le confort acoustique de leurs occupants.
1
Introduction
appliqu´ee a` la probl´ematique des bureaux ouverts. Le
logiciel ICARE est ensuite utilis´e pour estimer des crit`eres
acoustiques tels que le STI et le DL2 dans trois espaces
de travail r´eels. Ces r´esultats sont compar´es aux r´esultats
de campagnes de mesures men´ees dans ces bureaux par
l’INRS. L’objectif de l’article est de d´emontrer la pertinence
de l’utilisation du logiciel ICARE pour la pr´evision de
l’ambiance acoustique des bureaux ouverts. L’ensemble de
cette d´emarche s’inscrit dans le cadre du projet MEPAS
dont l’objectif est de d´evelopper une m´ethode de pr´evision
acoustique afin d’´etudier l’impact de diff´erents param`etres
caract´eristiques de bureaux ouverts sur le confort acoustique
de leurs occupants.
Les employ´es travaillant en bureaux ouverts manifestent
souvent une gˆene due a` l’ambiance sonore de leur lieu
de travail. Cette gˆene se traduit par une baisse de la
concentration et donc de productivit´e [1], mais e´ galement
par l’apparition de troubles de la sant´e tels que la fatigue
chronique ou le stress au travail [2]. Des campagnes de
mesures acoustiques permettent de mettre en e´ vidence les
d´efauts de conception d’un espace de travail. Cependant,
elles ont un coˆut de mise en œuvre e´ lev´e et elles ne peuvent
eˆ tre utilis´ees que pour diagnostiquer des d´efauts d’un
espace de travail existant. En phase de conception, l’unique
approche possible est la pr´ediction. Celle-ci peut eˆ tre faite
de mani`ere empirique ou par simulation num´erique. Ker¨anen
et Hongisto ont d´efini statistiquement des lois empiriques
sur la base de campagnes de mesures effectu´ees sur un
panel repr´esentatif de bureaux ouverts existants [3]. En
se basant sur les principales caract´eristiques d’un espace
de travail (dimensions, absorption des parois, etc.), cette
approche permet d’estimer certains crit`eres acoustiques
caract´eristiques d’un bureau ouvert. Cependant, la m´ethode
trouve ses limites lorsque les caract´eristiques du bureau
e´ tudi´e diff`erent des caract´eristiques des bureaux utilis´es
pour la d´efinition des lois empiriques. La seconde approche
possible est la simulation num´erique a` partir d’un mod`ele en
trois dimensions de l’espace de travail consid´er´e. Un e´ tat de
l’art des m´ethodes de simulations existantes est propos´e par
Svensson [4]. Dans le pr´esent article, une m´ethode de lancer
de faisceaux impl´ement´ee dans le logiciel ICARE [5, 6] et
prenant en compte la diffraction par les arˆetes est e´ valu´ee.
Cette approche permet l’estimation de crit`eres acoustiques
pour les bureaux ouverts tels que le taux de d´ecroissance
d’´energie par doublement de distance (DL2 ) et l’indice de
transmission de la parole (STI) [7] mais elle n´ecessite des
informations d´etaill´ees sur l’espace de travail consid´er´e.
Dans un premier temps, le lancer de faisceaux d’ICARE
est confront´e, dans deux cas d’´etude simplifi´es, a` une
m´ethode de simulation bas´ee sur les e´ l´ements finis de
fronti`eres (MICADO3D) [8, 9] et a` des r´esultats de mesures.
Le premier cas vise a` e´ valuer l’effet d’une cloisonnette
absorbante plac´ee entre deux postes de travail en vis-`a-vis.
Le second consiste en un bureau ouvert de petites dimensions
contenant seize postes de travail. Ces deux e´ tudes pr´esentent
des comparaisons e´ nerg´etiques du champ de pression
dˆu a` une source ponctuelle et sont la premi`ere e´ tape de
validation de la m´ethode de lancer de faisceaux d’ICARE
2
2.1
Les outils de simulation num´erique
utilis´es
´ ements finis de fronti`ere
MICADO3D : El´
MICADO3D est un logiciel de simulation acoustique
d´evelopp´e par le CSTB, bas´e sur une approche par e´ l´ements
finis de fronti`ere (BEM) avec une option permettant
d’utiliser des fonctions de Green calcul´ees par une m´ethode
de sources images [8]. Il permet d’estimer avec pr´ecision le
champ de pression dˆu a` une source acoustique. Cependant,
le coˆut de calcul croit en puissance six de la fr´equence. Il
est donc difficile d’atteindre des fr´equences e´ lev´ees tout
en maintenant des temps de calculs raisonnables. Cette
approche de r´ef´erence est utilis´ee ici au mˆeme titre que
les r´esultats de mesures pour valider le fonctionnement du
logiciel de lancer de faisceaux du logiciel ICARE.
2.2
ICARE : Lancer de faisceaux
ICARE est un logiciel de simulation acoustique
e´ galement d´evelopp´e au CSTB. Il permet de calculer la
r´eponse impulsionnelle entre une source et un r´ecepteur
en trac¸ant un nombre fini de trajets acoustiques par une
m´ethode de lancer de faisceaux prenant en compte les effets
de diffraction sur les arˆetes. Cette approche semble adapt´ee a`
la probl´ematique des bureaux ouverts car les trajets diffract´es
v´ehiculent une partie non n´egligeable de l’´energie rec¸ue au
niveau d’un point r´ecepteur dans un bureau ouvert [5]. Le
calcul d’une r´eponse impulsionnelle dans ICARE se fait en
deux e´ tapes, une e´ tape g´eom´etrique calculant les diff´erents
trajets acoustiques et une e´ tape acoustique, utilisant les
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coefficients d’absorption des mat´eriaux constituant la sc`ene
afin d’estimer l’att´enuation acoustique propre a` chaque
trajet. L’ordre maximal de r´eflexion (not´e r) et de diffraction
(not´e d) sont des param`etres d’entr´ee du programme
permettant l’optimisation du temps de calcul n´ecessaire a`
l’obtention d’un r´esultat suffisamment pr´ecis. Dans le cas
des bureaux ouverts, des tests de convergence ont montr´e
que des valeurs 5 ≤ r ≤ 8 et d = 2 permettent d’obtenir
une pr´ecision suffisante d’un point de vue e´ nerg´etique.
N´eanmoins, ces valeurs ne permettent pas l’estimation d’une
dur´ee de r´everb´eration compte tenu de l’importance des
r´eflexions tardives dans ce calcul. Ce crit`ere ne sera donc pas
consid´er´e dans cet article. L’accent sera mis sur l’estimation
de crit`eres directement li´es aux calculs e´ nerg´etiques tels que
le STI et le DL2 .
Figure 2 – Illustration du ph´enom`ene de double diffraction
sur les arˆetes de la cloisonnette.
´
3 Etude
e´ nerg´etique au niveau d’un
poste de travail
moyennant l’´energie sur cinq fr´equences par bande de tiers
d’octave. Pour ICARE et les mesures, les tiers d’octave sont
obtenus a` partir des bandes fines.
3.1
Cas e´ tudi´e
Sans cloison, plafond absorbant
Energie recue(dB)
Dans un premier temps, un cas simple comprenant un
sol, un plafond et deux postes de travail s´epar´es par une
cloisonnette est consid´er´e pour comparer les performances
d’ICARE a` MICADO3D et a` des r´esultats de mesures
effectu´es par l’INRS en chambre semi-an´echo¨ıque [6]. Un
sch´ema du dispositif est pr´esent´e Figure 1.
Sans cloison, plafond peu absorbant
15
15
10
10
5
5
0
0
5
5
10
10
15
63 125 250 500 1k
2k
4k
8k
15
63 125 250 500 1k
Energie recue (dB)
Avec cloison, plafond absorbant
15
15
10
10
5
5
0
0
5
5
10
10
15
63 125 250 500 1k 2k
Fréquence (Hz)
4k
8k
8k
MESURE
ICARE
BEM
15
63 125 250 500 1k 2k
Fréquence (Hz)
4k
8k
Figure 3 – Comparaison ICARE/MICADO/Mesure de
l’´energie acoustique en tiers d’octave rec¸ue au point
r´ecepteur dans les quatre configurations e´ tudi´ees.
Figure 1 – Configuration mesur´ee. La source est not´ee S , le
r´ecepteur, R, ils sont s´epar´es par un bureau muni d’une
cloisonnette.
On remarque une tr`es bonne correspondance entre
les deux m´ethodes num´eriques et les r´esultats de mesure
lorsqu’il n’y a pas de cloisonnette entre la source et le
r´ecepteur. Lorsque la cloisonnette est ins´er´ee dans le cas
du plafond absorbant, seules les contributions diffract´ees
apportent de l’´energie. On remarque que la diffraction est
bien mod´elis´ee puisque la correspondance entre simulations
et mesures est bonne. Pour v´erifier plus pr´ecis´ement
le fonctionnement d’ICARE, on pr´esente Figure 4 les
r´esultats en bandes fines liss´es afin de visualiser clairement
les ph´enom`enes d’interf´erences. Sur les deux graphes
sup´erieurs, on observe que l’interf´erence entre l’onde
directe et l’onde r´efl´echie par le bureau sans cloisonnette
est bien reproduite. Avec cloisonnette et plafond absorbant
la correspondance simulations/mesure est tr`es bonne ce qui
confirme la bonne mod´elisation des effets de diffraction. On
remarque un e´ cart en hautes fr´equences lorsque le plafond
est peu absorbant. Cet e´ cart peut eˆ tre interpr´et´e par une
sous-estimation du coefficient d’absorption du plafond en
hautes fr´equences.
Compte tenu de la faible complexit´e du mod`ele, un ordre
de r´eflexion maximal de r = 8 a e´ t´e choisi pour param´etrer le
lancer de faisceaux. Le nombre de diffractions maximal par
trajet est fix´e a` d = 2 pour permettre les doubles diffractions
sur la tranche de la cloisonnette (voir Figure 2).
Diff´erents plafonds et diff´erentes hauteurs de cloisonnettes
ont e´ t´e consid´er´es lors de cette e´ tude. Les quatre cas
principaux sont pr´esent´es ici :
1. Sans cloisonnette et plafond absorbant (αw = 1)
2. Sans cloisonnette et plafond peu absorbant (αw = 0.6)
3. Cloisonnette de 130 cm de hauteur et plafond absorbant
(αw = 1)
4. Cloisonnette de 130 cm de hauteur et plafond peu
absorbant (αw = 0.6)
3.2
4k
2k
Avec cloison, plafond peu absorbant
R´esultats
La Figure 3 compare les niveaux d’´energie simul´es en
tiers d’octave aux r´esultats de mesure en chambre semian´echo¨ıque. Les tiers d’octave MICADO3D sont calcul´es en
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Energie recue(dB)
Sans cloison, plafond absorbant
Sans cloison, plafond peu absorbant
0
0
10
10
20
20
30
1k 2k 3k 4k 5k 6k 7k 8k
Avec cloison, plafond absorbant
Energie recue (dB)
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30
0
10
10
20
20
1k 2k 3k 4k 5k 6k 7k 8k
Fréquence (Hz)
1k 2k 3k 4k 5k 6k 7k 8k
Avec cloison, plafond peu absorbant
0
30
consid´er´es alors qu’elle est lin´eairement d´ependante dans le
cas du lancer de faisceaux. Ainsi, pour limiter le temps de
calcul n´ecessaire dans ICARE, l’ordre maximal de r´eflexions
est fix´e a` r = 6 et le nombre maximal de diffractions a` d = 2.
Cette pr´ecision s’av`ere toutefois suffisante pour mod´eliser les
ph´enom`enes physiques mis en jeu. Les calculs MICADO3D
sont effectu´es sur la plage de fr´equences [100 1300] Hz par
pas de 100 Hz, au-del`a de ces fr´equences les temps de calculs
MICADO3D s’av`erent trop importants.
30
MESURE
ICARE
4.2
R´esultats
L’espace mod´elis´e est un espace virtuel, les r´esultats
ICARE sont donc confront´es aux r´esultats MICADO3D
uniquement. La Figure 6 repr´esente les cartes de champ
de pression en d´ecibels obtenues sur la grille de r´ecepteurs
avec ICARE et MICADO3D aux fr´equences pures 400 et
1000 Hz. Les positions des cloisonnettes absorbantes ont e´ t´e
ajout´ees en noir pour plus de clart´e.
1k 2k 3k 4k 5k 6k 7k 8k
Fréquence (Hz)
Figure 4 – Comparaison ICARE - Mesure de l’´energie
acoustique en bande fine rec¸ue au point r´ecepteur dans les
quatre configurations e´ tudi´ees.
´
4 Etude
e´ nerg´etique au niveau d’un
bureau ouvert de petites dimensions
4.1
Cas e´ tudi´e
La seconde configuration e´ tudi´ee ici est un espace de
travail d’environ 170 m2 . Cet espace est occup´e par quatre
marguerites de quatre postes et quatre armoires positionn´ees
contre les murs. Sur chaque marguerite, les postes sont
s´epar´es par des cloisonnettes de 130 cm de hauteur. Le
maillage utilis´e dans MICADO3D pour simuler le probl`eme
est illustr´e Figure 5.
Figure 6 – Cartes de pression acoustique due a` une source
unitaire. Les r´esultats sont pr´esent´es en d´ecibels aux
fr´equences pures 400 et 1000 Hz.
On observe que les champs de pression obtenus
avec les deux m´ethodes sont tr`es similaires. Les figures
d’interf´erences observ´ees sont quasi identiques. Afin
de v´erifier ces r´esultats sur l’ensemble de la gamme de
fr´equence simul´ee, on s’int´eresse a` l’´energie rec¸ue au
niveau des zones de travail pour chaque poste. Les zones
consid´er´ees sont carr´ees (50 cm de cot´e) et sont centr´ees sur
la position de la tˆete d’un employ´e assis a` son poste. Elles
sont repr´esent´ees en vert sur la Figure 7 et identifi´ees par les
lettres de ”a” a` ”o”.
La Figure 8 repr´esente l’´energie rec¸ue dans chacune de
ces zones en fonction de la fr´equence. On observe encore
une bonne correspondance entre les r´esultats MICADO3D
et ICARE, l’allure des courbes est respect´ee mˆeme pour
les zones qui ne sont pas en visibilit´e directe de la source.
Ces r´esultats montrent que la pr´ecision est suffisante pour
permettre l’estimation de crit`eres acoustiques tels que le STI
ou le DL2 . Dans la suite, le lancer de faisceaux est utilis´e
Figure 5 – Maillage utilis´e dans MICADO3D pour simuler
l’espace de travail consid´er´e.
Une source unitaire est positionn´ee au niveau d’un poste
de travail et le champ de pression dans un plan horizontal
a` 120 cm de hauteur est calcul´e sur une grille de 104
r´ecepteurs. L’avantage de la m´ethode MICADO3D bas´ee
sur les e´ l´ements finis de fronti`eres est que la complexit´e
de l’algorithme est ind´ependante du nombre de r´ecepteurs
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Les valeurs de bruit de fond mesur´ees sont utilis´ees dans le
calcul du STI simul´e afin d’´evaluer le rapport signal sur bruit
n´ecessaire au calcul. Le calcul du STI est fait conform´ement
a` la norme CEI 60268 :16 :2011 [10].
5.2
Espaces e´ tudi´es
Le premier espace consid´er´e est un petit bureau ouvert
de 90 m2 contenant une dizaine de postes de travail. Il
contient deux marguerites de quatre postes s´epar´es par les
cloisonnettes de faible qualit´e acoustique et un plan de travail
sans cloisonnettes formant deux postes suppl´ementaires.
Une baie vitr´ee longe un cot´e de la pi`ece. Trois mesures
de STI ont e´ t´e effectu´ees dans cet espace. Un aperc¸u de
l’espace consid´er´e est donn´e Figure 9.1. La source 1 est
utilis´ee pour la mesure du STI au point r´ecepteur 1, la source
2 est utilis´ee pour les mesures aux points r´ecepteurs 2 et 3.
Aucune mesure de d´ecroissance n’a e´ t´e faite dans cet espace
compte tenu de ses faibles dimensions.
Figure 7 – Repr´esentation des zones de 0.25 m2 repr´esentant
la position des employ´es a` leurs postes de travail. La
position de la source est illustr´ee en rouge.
pour estimer ces valeurs de crit`eres sur des espaces de travail
r´eels.
200 600
1k
´
Figure 8 – Energie
rec¸ue dans chaque zone r´eceptrice en
fonction de la fr´equence. La correspondance entre les
graphes et les zones r´eceptrices est indiqu´ee par les lettres
vertes (”a” a` ”o”).
´
5 Etude
de bureaux r´eels
5.1
Crit`eres acoustiques e´ tudi´es
De nombreux crit`eres acoustiques sont r´epertori´es dans
la norme NF EN ISO 3382-3 :2013 relative au mesurage
des param`etres acoustiques des bureaux ouverts [7]. Cet
article se concentre sur les deux principaux crit`eres qui
sont l’indice de transmission de la parole (STI) et le taux
de d´ecroissance du niveau de pression acoustique pond´er´e
A par doublement de distance (DL2 ). Les autres crit`eres
mentionn´es dans la norme tels que la distance de distraction
(rD ) ou de confidentialit´e (rP ) ainsi que le niveau de pression
acoustique pond´er´e A de la parole a` une distance de 4 m`etres
(L p,A,S ,4m ) peuvent se d´eriver facilement a` partir de ces deux
crit`eres principaux. Le DL2 , le STI et le bruit de fond ont
e´ t´e mesur´es par l’INRS dans trois espaces de travail r´eels.
Figure 9 – Mod`eles 3D des espaces consid´er´es. Pour la
mesure du STI, les positions des sources sont indiqu´ees par
des points rouges et une annotation S, les positions des
r´ecepteurs sont indiqu´ees par des points verts et des
annotations R. Pour la mesure du DL2 , la trajectoire de
mesurage est indiqu´ee par une ligne jaune, la position de la
source en rouge et les positions des r´ecepteurs en jaune.
Le second espace mesure 127 m2 et contient cinq
marguerites de quatre postes s´epar´es par des cloisonnettes
absorbantes de 1.25 m de hauteur (voir Figure 9.2). Une baie
2321
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STI
vitr´ee longe e´ galement un cˆot´e de la pi`ece. Une source et
cinq points r´ecepteurs sont utilis´es pour la mesure de STI.
La trajectoire de mesurage du DL2 se situe dans l’all´ee qui
longe les postes de travail.
Le troisi`eme espace consid´er´e est un plateau de 850 m2 .
Les postes concern´es par les mesures de STI sont s´epar´es
entre eux par des cloisons en plˆatre de deux m`etres de
hauteur. Des cloisons en verre s´eparent les postes de travail
de l’all´ee o`u est effectu´ee la mesure du DL2 . Compte tenu
des grandes dimensions de cet espace, la moiti´e seulement
est repr´esent´ee Figure 9.3 pour de visualiser pr´ecis´ement les
positions de mesure du STI et du DL2 .
Afin d’obtenir des r´esultats coh´erents, les mˆemes
positions de sources et de r´ecepteurs ont e´ t´e utilis´ees en
mesure et en simulation. Les coefficients d’absorption
des mat´eriaux ont souvent e´ t´e approxim´es par des valeurs
typiques compte tenu de la difficult´e d’obtenir des valeurs
exactes d’absorption concernant un bureau ouvert en activit´e.
5.3
Analyse des r´esultats
5.3.1
Taux de d´ecroissance d’´energie par doublement
de distance (DL2 )
Espace 1
Espace 2
Espace 3
Mesure
5.10 dBA
5.53 dBA
ICARE
3.96 dBA
4.23 dBA
6
ICARE
0.79
0.66
0.54
0.83
0.79
0.79
0.72
0.52
0.77
0.64
0.50
0.49
Diff´erence
-0.05
0.06
0.05
-0.01
-0.03
0.03
-0.07
0.01
-0.09
-0.07
-0.01
-0.06
Discussion
Une validation en trois e´ tapes du logiciel de lancer
de faisceaux ICARE appliqu´e a` la probl´ematique des
bureaux ouverts a e´ t´e pr´esent´ee. De l’´etude de l’effet
d’une cloisonnette, jusqu’`a un espace de travail complet,
la pr´ecision de l’outil de pr´ediction a e´ t´e e´ valu´ee. Il a e´ t´e
d´emontr´e que les ph´enom`enes de propagation acoustique
e´ taient bien restitu´es mˆeme si des e´ carts entre simulations
et mesures persistent. Il est difficile de statuer sur l’origine
des e´ carts observ´es mais l’incertitude sur les valeurs de
coefficients d’absorption utilis´es peut eˆ tre la principale
source d’erreurs. De plus, l’encombrement des espaces
e´ tudi´es ne peut eˆ tre mod´elis´e en simulation et a lui aussi
un impact non n´egligeable sur la propagation acoustique
au sein d’un bureau. Pour l’estimation du DL2 , l’´etude d’un
nombre de sup´erieur de bureaux pourrait permettre de d´efinir
statistiquement un facteur correctif a` appliquer au DL2 pour
simuler la prise en compte de l’encombrement.
Malgr´e les e´ carts, les r´esultats obtenus sont d’ores-et-d´ej`a
suffisamment pr´ecis pour permettre une estimation pertinente
du DL2 et du STI. Cette e´ tude sera compl´et´ee dans le cadre
du projet MEPAS, par la comparaison mesures/simulations
d’autres espaces de travail afin de confirmer les tendances
expos´ees dans cet article.
Diff´erence
1.14 dB
1.3 dB
Tableau 1 – Comparaison des r´esultats de mesure et de
simulation pour le calcul du DL2 .
5.3.2
Mesure
0.74
0.72
0.59
0.82
0.76
0.82
0.65
0.53
0.68
0.57
0.49
0.43
Tableau 2 – Comparaison des r´esultats de mesure et de
simulation pour le calcul du STI.
Le DL2 a e´ t´e e´ valu´e pour les espaces 2 et 3 uniquement
compte tenu des faibles dimensions de l’espace 1. Le
tableau 1 pr´esente les r´esultats obtenus. Les e´ carts observ´es
sont de 1.14 dB pour l’espace 2 et de 1.3 dB pour l’espace
3. Ce sont des e´ carts faibles mais dans les deux cas ils
nous montrent que le DL2 est plus grand en mesure qu’en
simulation. Ce r´esultat n’est pas e´ tonnant si l’on consid`ere
l’impact de l’encombrement d’un espace de travail en
activit´e. Le mobilier de bureau, les plantes, les tableaux aux
murs sont des e´ l´ements qui contribuent a` l’absorption d’un
local mais qui ne peuvent pas eˆ tre mod´elis´es en simulation.
Les r´esultats obtenus sont encourageants, mˆeme s’il est
e´ videmment n´ecessaire de confirmer cette analyse par la
mod´elisation d’un plus grand nombre de bureaux ouverts.
DL2
Espace 2
Espace 3
R1
R2
R3
R1
R2
R3
R4
R5
R1
R2
R3
R4
Remerciements
Ces travaux avaient pour cadre le projet de recherche
MEPAS effectu´e avec le concours apport´e par le Programme
Environnement-Sant´e-Travail de l’ANSES avec le soutien
des minist`eres charg´es de l’´ecologie et du travail.
Indice de transmission de la parole (STI)
Le tableau 2 pr´esente les r´esultats de mesures et de
simulation du STI obtenus pour les trois espaces consid´er´es.
Les calculs du STI a` partir des mesures comme a` partir
des simulations sont bas´es sur les niveaux de bruit ambiant
mesur´es afin d’estimer le rapport signal sur bruit n´ecessaire
au calcul. On remarque que la diff´erence entre simulation et
mesure est inf´erieure a` 0.1 pour les douze valeurs mesur´ees.
L’´ecart moyen est de 0.05, on peut donc consid´erer que la
pr´ecision dans l’estimation du STI est bonne. Les e´ carts
observ´es peuvent eˆ tre dus aux incertitudes d’estimation des
coefficients d’absorption des mat´eriaux et des positions des
sources et des r´ecepteurs ainsi qu’`a l’encombrement du
bureau en activit´e. Dans l’ensemble, l’estimation de STI
a` partir de r´eponses calcul´ees dans ICARE, produit des
r´esultats tr`es proches de la r´ealit´e.
R´ef´erences
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