Ubu roi de Jarry Développement de clefs d’analyse par Clotilde Meyer Petits Classiques Larousse - 1 – Ubu roi de Jarry Clefs d’analyse Acte V, scène 1. De « enfin me voilà à l’abri » à « qui voudra ». Compréhension La composition ● Repérer quels passages de ce monologue relèvent du discours et lesquels relèvent du récit. Ce monologue de la mère Ubu fait alterner deux types d’énoncés : l’un, discursif, au présent d’énonciation ; l’autre narratif, relate a posteriori des événements passés. - Discursif : de « enfin me voilà à l’abri » à « quatre jours ». - Narratif de « tous les malheurs m’ont assaillie à la fois » à « me serrait de près », ponctué par des adverbes de temps : « aussitôt, bientôt après, ensuite, enfin ». - Discursif de « enfin me voilà sauvée » à « qui voudra ». ● Relever les adverbes de temps qui structurent le récit de la mère Ubu. Voir ci-dessus. La langue ● Identifier le temps verbal majoritairement employé dans cette tirade et déterminer sa valeur. Le présent, temps majoritairement employé dans ce passage est tantôt un présent d’énonciation (ex : « je suis seule ici »), tantôt un présent de narration (« je vais à la crypte, je manque d’être lapidée », etc.). ● Nommer la figure stylistique à l’œuvre dans l’expression : « je manque mille fois de périr ». Préciser dans quel but elle est employée ici. « Je manque mille fois périr » est une hyperbole, qui concourt ici à rendre épiques les aventures de la mère Ubu, qui vient de traverser toute la Pologne en 4 jours ! Réflexion Petits Classiques Larousse - 2 – Ubu roi de Jarry Le monologue ● Montrer qu’il existe un décalage entre ce que sait le spectateur et ce que sait la mère Ubu. Analyser l’effet ainsi produit. La didascalie liminaire de la scène indique que le père Ubu dort et que la mère Ubu entre sans le voir. Le spectateur en sait donc plus que la mère Ubu au moment où elle prononce son monologue. Ce décalage crée un effet d’ironie dramatique, renforcé par les interrogations de la mère Ubu – « je voudrais bien savoir ce qu’est devenu mon gros polichinelle, je veux dire mon très respectable époux » – et ses aveux coupables sur le vol de l’argent et le mauvais traitement du cheval à finances. ● Analyser la fonction de ce passage. Ce monologue apporte très peu d’informations nouvelles au spectateur. Sa fonction est surtout expressive ; il permet une pause dans le déroulement de l’action. Jarry met ici en évidence le caractère artificiel du monologue de théâtre : les propos de la mère Ubu sont destinés au seul spectateur, mais ils sont en grande partie redondants avec l’action. Les personnages ● Analyser l’image d’elle-même que donne la mère Ubu à travers ce monologue. Dans ce passage, la mère Ubu se présente comme la parfaite héroïne : intrépide, courageuse, endurante… et irrésistible (cf. la façon dont elle décrit l’amour que lui voue le Palotin Giron). Les hyperboles et la vivacité de la narration renforcent la dimension glorieuse de ses aventures (« la foule en fureur, je manque mille fois périr, de tous côtés, un cercle de Polonais acharnés à me perdre… »). Toutefois, ce portrait flatteur ne parvient pas à masquer sa véritable personnalité : elle est lâche (« ensuite donc, je prends la fuite »), elle est une voleuse âpre au gain (« lui en ai-je volé, des rixdales […] »). ● Commenter les expressions par lesquelles la mère Ubu désigne le père Ubu. Dans l’expression « mon gros polichinelle, je veux dire mon très respectable époux », la figure de l’autocorrection ne fait que souligner le caractère irrévérencieux de la formule initiale, la plus spontanée. D’ailleurs, plus haut dans la scène, la mère Ubu parle du père Ubu comme de « cette grosse bourrique », sans même songer à se reprendre. Petits Classiques Larousse - 3 – Ubu roi de Jarry
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