CIS Isola,une tra nsformation saisonnière !

DU TERRAIN ALPES-MARITIMES
CIS Isola, une tra nsformation
saisonnière !
Niché au cœur
du parc du Mercantour,
à la frontière italienne,
le petit centre de
secours d’Isola protège
un village d’à peine
750 habitants.
Enclavé dans la
vallée de la Tinée,
son emplacement
est stratégique.
Texte et photos Patrick Forget
L
La caserne d’Isola,
située dans un petit
village de montagne.
De décembre à mars,
avec la venue massive
des vacanciers, une
antenne de premiers
secours est activée
dans la station de ski
Isola 2000.
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Mars 2015 N° 1076 Sapeurs-Pompiers de France
es renforts sont à plus de
40 minutes. En temps normal,
les 24 volontaires du centre
­d ’incendie et de secours
d’Isola (06) ne sortent pas tous les jours
mais, ­pendant la saison de ski, c’est une
autre histoire ! De décembre à mars,
avec la venue massive des vacanciers,
une antenne de premiers secours est
­activée dans la station de ski Isola 2000.
À Isola, les risques sont les mêmes
qu’ailleurs et la population locale est
peu nombreuse. Les interventions
sont rares, moins d’une centaine par
an. Elles sont toujours justifiées et
souvent très longues quand il faut
transporter la victime à l’hôpital. Le
plus proche est celui de Nice situé, au
mieux, à 1 h 30 de route.
Le risque majeur est l’isolement. En
effet, la vallée de la Tinée, qui héberge
ce petit village de montagne, est très
encaissée et les risques d’avalanche
sont notables. Régulièrement, le t­ rafic
est interrompu en hiver pour ­dégager
des coulées de neige bloquant l’unique
route qui part du littoral pour
rejoindre l’Italie.
Dans les Alpes-Maritimes, l’organisation se fait par unité territoriale,
le plus souvent par vallée. Celle de
la Tinée compte trois centres de
secours : Saint-Sauveur-sur-Tinée,
Isola et Saint-Étienne-de-Tinée.
Chaque semaine, l’un des trois
centres est de garde unité avec quatre
SPV en garde postée de 8 à 18 heures
et d’astreinte le reste du temps. Ils
rayonnent sur l’ensemble du secteur.
En appui de ces derniers, le Sdis a
Sapeurs-Pompiers de France N° 1076 Mars 2015
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DU TERRAIN ALPES-MARITIMES
En chiffres
Isola 2000, uniquement pendant
la saison de ski (de décembre à mars)
• Effectif : 9 SPV en renfort du groupement
Nord en garde postée.
• Matériel : 1 VSAV, 1 fourgon-pompe
tonne léger hors route (FPTL HR),
1 véhicule premiers secours d’incendie
(VPSI), 1 véhicule de liaison tout-terrain
(VLTT) premier secours, 1 véhicule léger
hors route (VL HR), 1 VTU.
• Interventions : 188 en 2014.
• Population : près de 20 000 personnes
en saison.
• Locaux : une antenne de premiers
secours et un poste avancé
« Front de neige ».
Isola village
• Effectif : 24 SPV.
• Matériel : 1 VSAV, 1 VPSI, 1 VL HR,
1 VL, auxquels s’ajoutent 1 CCF
et 1 VTU hors saison.
• Interventions : 89 en 2014.
• Population : 750 habitants.
positionné un véhicule de secours
et d’assistance aux victimes (VSAV)
de jonction au village de Gilette. Une
solution idéale pour réduire les
temps d’intervention. Le VSAV du
centre descend la victime avant de
la transférer, sur le chemin, dans
l’ambulance de jonction qui termine
le trajet. Pour les cas les plus graves,
les moyens aériens, régulièrement
sollicités, assurent le transport.
Pour les grosses interventions, les
sapeurs-pompiers du village sont
déclenchés au « bip » mais n’interviennent que rarement ou seulement
en prompt secours, par manque
­d’effectifs. Le petit centre d’Isola
n’échappe pas à la règle : les 24 SPV
ont bien du mal à assurer ces gardes
postées qui reviennent toutes les trois
semaines. « En effet, nos sapeurs-­
pompiers sont souvent sollicités, mais
peu nombreux sont ceux qui peuvent
se libérer en ­journée. Ici, la population
est vieillissante et les jeunes travaillent
sur la côte. Nous sommes souvent
­obligés de mixer ­l’effectif avec des
SPV des centres voisins », reconnaît
­l’adjudant Samuel Forte, chef de centre.
Isola 2000, un dispositif
renforcé en saison
Pour les interventions
qui le nécessitent
et en fonction de l’état
de la route, Dragon 06
est appelé pour
effectuer le transport
médicalisé. Un gain
de temps appréciable
pour les victimes.
Le village est surtout connu pour sa
station de ski, Isola 2000, l’une des plus
proches de Nice. Pendant la ­saison, le
groupement Nord du Sdis active une
antenne de premiers secours (APS) au
cœur de la station, ouverte 24 heures
sur 24. Avec près de 20 000 skieurs et
tous les saisonniers, les secours aux
personnes sont fréquents. L’autre risque
concerne le « Front de neige », un
Établissement recevant du public (ERP)
de première catégorie, une ville dans
la ville, avec ses 960 mètres de galerie
marchande en sous-sol et ses
nombreux appartements. De décembre
à mars, les secours sont assurés par
neuf SPV en garde postée. Les
hommes viennent de l’un des
22 centres du groupement nord et
prennent des gardes de 48 heures.
« Nous avons décidé de positionner neuf
SPV pour armer au minimum un VSAV
et un fourgon-pompe tonne léger hors
route. La barre du “Front de neige”, ses
parkings, ses commerces, boîtes de nuit
et bars présentent de réels risques. La
propagation d’un incendie serait une
catastrophe », insiste le lieutenantcolonel Jean-Luc Giacobi, chef du
groupement Nord. n
Au déclenchement
d’un transport
pour l’hôpital,
une ambulance
basée à Gilette
remonte la vallée
à la rencontre
du VSAV du CIS
en intervention.
La victime est
transférée dans
le VSAV de jonction
qui termine le trajet.
Un gain de temps
de plusieurs heures
pour le CIS.
L’adjudant Samuel
Forte, 44 ans, est chef
de centre volontaire
et SPP au CIS Valbonne
Sophia Antipolis.
De gauche à droite :
Caporal-chef Samuel Anselme, 40 ans, employé à la voirie, 22 ans de service SPV
« À l’époque, pour entrer dans les services municipaux à Isola, il fallait intégrer
les sapeurs-pompiers, cela m’a tout de suite plu. J’y suis resté ! »
Sapeur Valérie Antonini, 48 ans, infirmière et SPV à Valdeblore depuis un an
« Ici, je retrouve le rôle propre à l’infirmière en accompagnant le patient. Au départ,
j’ai poussé mes enfants à devenir SPV. Ils m’en ont donné le goût et, l’an dernier,
j’ai franchi la porte de la caserne. »
Adjudant Virginie Joubert, 32 ans, responsable comptable, SPV depuis 15 ans
et présidente de l’amicale
« Les interventions sont peu nombreuses, alors nous organisons des sorties de cohésion,
cela nous sort du cadre réglementaire. On apprend à se connaître. »
Sapeur Magalie Calabrési, 35 ans, collaboratrice de juriste à Monaco, nouvelle recrue
« J’ai rencontré des gens formidables depuis que j’ai commencé. C’est devenu une
passion et je me sens utile ! Je regrette juste de ne pas avoir commencé plus tôt. »
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Mars 2015 N° 1076 Sapeurs-Pompiers de France
Sapeurs-Pompiers de France N° 1076 Mars 2015
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