BIBLIOLOGIE 1 Abdou Karim DIALLO Durée : 1 semestre Classe L3B MODULE 1 : THEORIE GENERALE [1] DE LA BIBLIOLOGIE INTRODUCTION La bibliologie est la science de l’écrit. L’ensemble des faits spécifiques de l’écrit (création reproduction, distribution, consommation, etc. ) doit être replacé dans le contexte social dans lequel il se manifeste et peut être analysé d’une manière fragmentaire ou globale sous les angles des diverses sciences humaines (langage, philologie, sémiologie, psychologie générale et psychologie, sociologie géographique, démographique, économique, des classes et groupes sociaux ; sociologie politique, culturelle, de l’enseignement, etc.. L’écrit doit être expliqué par les pressions de communications au niveau du langage fixé, des divers protagonistes sociaux, mêmes poussés par leurs propres conditions géographiques, économiques, politiques, culturelles, etc.. Ainsi tout phénomène bibliographique serait la manifestation d’une idéologie à un moment de son développement. Définition : la Bibliologie, science de l’écrit. La Bibliologie, science du livre est plus précisément la science de l’écrit. La notion de livre ne saurait se fonder sur le seul critère du support comme on l’a fait parfois ; ni sur le critère de procédé de reproduction des textes : en réservant le terme de livre au seul ouvrage imprimé, on éliminerait à priori le livre manuscrit ; ni sur la notion de périodicité qui séparerait le livre du journal et du périodique. Le seul point essentiel à partir duquel tous les autres critères doivent intervenir pour constituer des divisions de la bibliographie, c’est la notion d’écriture. Celle-ci correspond à l’un des modes d’expressions. Après quoi, on concevra une bibliologie des textes fixes et mobiles ; du manuscrit et de l’imprimé ; du livre proprement dit, du périodique etc. La Bibliologie historique et encyclopédique La bibliologie encyclopédique, pratiquée par OTLET dans son « traité de documentation », est un répertoire systématique des connaissances sur le livre, aussi bien passées que présentes. La bibliologie encyclopédique emploi la méthode littérature. Elle vise à regrouper, à classer, à communiquer toutes les informations sur le livre. Son optique est documentaliste. Elle est fondamentale. Toute science présuppose la connaissance acquise des phénomènes qu’elle étudie. Les phénomènes bibliologiques doivent être non seulement décrits mais expliqués. La bibliologie scientifique La bibliologie science de l’écrit, l’une des sciences documentologiques, science de la communication et science annexe des sciences humaines, distincte des arts et des techniques du livre. Et de la bibliologie encyclopédique et historique, ne saurait se constituer qu’en précisant sa composition d’abord, sa méthode ensuite. a) Bibliologie fondamentale, bibliologie appliquée et bibliologie pédagogique : le circuit bibliologique scientifique et pédagogique. Il existe un circuit bibliologique scientifique et pédagogique au début et à la fin, se situe la bibliologie professionnelle qui fait intervenir l’art, la technique, l’économie, la politique, etc. Dans le circuit bibliologique scientifique, c’est le milieu scientifique et principalement le milieu universitaire qui est sollicité afin de répondre à l’interrogation inquiète de la profession. Inversement, ce sont les résultats acquis qui permettront à celle-ci des applications utiles, à commencer par la formation et l’enseignement professionnel qui auront pour but de former un personnel qualifié pour satisfaire et renouveler les besoins immédiats et prévisibles de professions. Il existe deux phases dans le circuit : celui de la recherche fondamentale qui tend à expliquer les phénomènes bibliologiques ; celle de la pédagogie et de la recherche appliquée qui tend à moduler ces découvertes en fonctions des besoins. A la bibliologie fondamentale, s’ajoute donc la bibliologie d’une science du livre isolée sur elle-même sans avec la vie professionnelle n’a aucun sens. b) La bibliologie fondamentale La bibliologie fondamentale a pour de découvrir les régularités et les lois qui régissent les phénomènes de l’écrit. La Bibliologie statique et la bibliologie dynamique Le livre, au sens large du terme, est un produit de l’activité de l’homme. Il est établi dans la durée. Le livre est produit évolutif. Les bibliologues se séparent en deux groupes : ceux qui s’établissent dans une perspective présentéiste, d’aujourd’hui ou d’hier, et ceux qui étudient l’évolution. Une étude sociologique analysant les structures d’une période, les interrelations fonctionnelles des éléments bibliologiques, est aussi nécessaire q’une analyse de l’évolution cyclique de ces mêmes phénomènes. La statique et la dynamique bibliologique se complètent. La bibliologie statique C’est la partie de la bibliologie fondamentale qui a pour but de découvrir les interrelations structurelles existant entre les phénomènes bibliologiques. Le schéma ou modèle bibliologique Récemment on a débordé le cadre de la bibliologie psychologique et de bibliologie économique pour aborder la bibliologie sociologique, le rapport du livre et de la société ou encore du littéraire et du social. Une théorie de la bibliologie politique à été proposé. Les schémas ou modèles bibliologiques inductifs et déductifs. Faut-il aller du livre vers la société comme cela fut fait dans les décennies précédentes ? Ou bien, inversement, de la société au livre ? Introduction ou déduction dans l’étude du livre ? Il semble qu’il faille utiliser successivement les deux méthodes. Puisque l’objet à étudier reste l ‘écrit, c’est de lui qu’il faut parler c’est de lui qu’il revient La recherche remontera de la réalité matérielle et intellectuelle du livre à la communication entre l’auteur et les lecteurs qui ne peut se produire sans une intervention économique sur laquelle pèse la vie politique de l’Etat et, par de-là, tout l’ensemble social considéré. Il conviendra d’ajouter une synthèse déductive qui, partant de la société, aboutira au livre par une suite d’explication s’enchaînant progressivement. Cette synthèse préciser ainsi la portée de l’écrit. La théorie du schéma ou modèle bibliologique C’est l’établissement de l’interrelation des phénomènes bibliologiques et des sciences humaines qui donnera naissance au schéma bibliologique. La bibliologie spécifique Les phénomènes bibliologiques, ce est-à- dire tous les faits qui de près ou de loin, concernant directement l’écrit, font l’objet de la bibliologie spécifique. L’écrivain, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur, le lecteur, etc. sont des phénomènes bibliologiques et relèvent comme tels de la bibliologie spécifique. Par contre, leur étude pourra être faite selon les perspectives de la psychologie, de la sociologie, etc. Pour constituer le schéma bibliologique, nous avons dissocié les phénomènes bibliologiques étudiées dans la bibliologie spécifique des influences des sciences humaines fondamentales, psychologie, sociologie, et. La sociologie, en relation avec la bibliologie, constituera la bibliologie sociologique dont l’objet sera non pas d’étudier les faits de production, de distribution du livre mais de mesurer l’influence des faits sociaux généraux sur les phénomènes spécifiques de l’écrit. Pour dégager le schéma de la bibliologie spécifique, il convient de procéder à une analyse des opérations qui interviennent dans la vie du livre. Elles sont au nombre de huit (ici indiqués de 0 à 7) 0 La fonction créative et productive Cette fonction suppose un créateur, auteur individuel ou collectif, et un texte « manuscrit. Si la communication écrite a pour finalité le loisir et la culture, l’auteur est homme de lettres et le texte est littérature ; pour le travail et la vie privée, l’auteur est écrivant et le texte fonctionnel. On peut donc discerner comme subdivisions 00 l’auteur, 000 l’écrivain ; 001 l’écrivant ; 01 le texte »manuscrit » 00 l’auteur ; 010 littéraire ; 011 fonctionnel. 1.La fonction reproductive Pour reproduire, il faut une initiative, de l’argent, des moyens de fabrication, un auteur, producteur de texte. On peut donc discerner : 1.0. La fonction d’initiative de reproduction (libraire, étudier, selon les époques) ; 1.1. La fonction financière ; 1.2. La fonction de fabrication Celle-ci se subdivise d’après la structure du document reproduit et l’acte de reproduction : 1.2.0 La fonction de fabrication du support de signes (paryrus, parchemin, papier, film ; etc.) 1.2.1. la fonction de fabrication du moyen d’inscription (du pinceau et du calame aux caractères et aux gravures, etc.) ; 1.2.2 La fonction de fabrication du produit inscrivant ( de la peinture aux encres, etc.) 1.2.3 La fonction de fabrication du support de l’inscription (des planchettes de bois aux machines à imprimer, etc.) ; 1.2.4 La fonction de réalisation du livre (du copiste à l’imprimeur, etc.) 1.2.5 La fonction de confection du livre (brochage, reliure, etc.) ; 1.2.6 LE livre reproduit ; 1.2.7 La fonction de conservation. 2. La fonction distributive Il n’est guère besoin d’insister sur sa mission qui conduit le produit et entreposé des mains du fabricant à celles du lecteur 2.0. La fonction d’initiative de la distribution ( du libraire à l’éditeur, etc.) ; 2.1. La fonction de grossiste ; 2.2. la fonction de détaillant qui subdivise selon la finalité commerciale et / culturelle en : 2.2.0. Fonction vente ( libraire, point de vente, etc.), 2.2.1 Fonction des bibliothèques. 3. La fonction de consommation et de lecture 4. La fonction des circuits de communication écrite Entre l’auteur et le lecteur, situés aux deux extrémités du processus de communication, il peut exister deux circuits différents : celui de la consommation et celui de l’avant-garde 4.0. Le circuit de la consommation Les fonctions reproductives et distributives visent à multiplier la création et à porter Entre les mains du lecteur. Faits économiques, elles doivent donc satisfaire le lecteur qui sanctionne par son achat. On obtient ainsi le schéma suivant : 400. La fonction consommatrice et de lecture ; 401. La fonction financière ; 403. La fonction de fabrication 404. La fonction créative et productive 405. La fonction distributive qui retrouve la fonction consommatrice ce circuit correspond, pour l’essentiel au circuit culturellement conformiste puisqu’il vise à satisfaire les goûts massifs du public, c’est à dire, en dernier recours, de la société dominante. 41. Le circuit de l’avant-garde et de l’opposition L’auteur, expression d’un milieu culturel restreint, affirme sa pensée mais ne trouve pas des échos suffisant dans la population. Se limitant à lui-même ou refoulé par le circuit économique et souvent par l’intervention politique de la censure, il publie à son compte. On obtient le schéma suivant qui peut avoir plusieurs variantes jusqu’à ce que, plus tardivement, il soit récupéré par le circuit de consommation : 410 : La fonction créative ; 411. La fonction reproductive , spécialement de fabrication ; 412. La fonction de distribution, spécialement de détail ; 413. La fonction de consommation et de lecture. 5.L a fonction sociale La communication ne se produit qu’autant que les fonctions bibliologiques accomplies. On peut discerner le schéma suivant 50. Les fonction professionnelles comprenant : les association d’auteurs (500) , d’éditeurs (501), de fabrication (502),de fabricants (502), de libraires (503) , etc. 51. Les fonctions socio-professionnnelles : syndicats de travailleurs (510) ,de cadres (511), patronaux(512), etc. 5.2. Les luttes socio-professionnnelles 5.3. Les accords et contrats. 6. La fonction scientifique et pédagogique La communication n’ est réalisée qu’ autant que les diverses fonctions bibliographiques sont accomplies par des personnels en situation, donc compétents. La formation professionnelle, le renouvellement scientifique sont obtenus par le circuit scientifique et pédagogique : 6.0. La fonction scientifique fondamentale ; 6.1. La fonction scientifique appliquée ; 6.2. La fonction pédagogique. 7. La fonction politique Les fonctions bibliologiques de la communication, la fonction sociale, la fonction scientifique et pédagogique n’ existent qu’ autant qu’elles sont organisées dans le cadre social par une législation et une réglementation, expressions elles-mêmes des orientations de la politique de la société dominante. On peut discerner le schéma suivant : 7.0. Le pouvoir dominant ; 7.1. L’action gouvernementale ministérielle et les lois concernant le livre . 7.2. L’action administrative et les réglementations ; 7.3. L’action promotionnelle ; 7.4. La censure. L’analyse scientifique Les phénomènes bibliologiques peuvent être étudiés par les sciences humaines puisque le livre est un produit de l’ activité des hommes. Le livre doit être d’abord considéré en lui – même puisqu’ il est ici le produit de la recherche. C’ est donc un fait de langage . Le livre sert ensuite de trait d’union, de moyen de communication. [2]L’ étude du livre comporte donc un aspect psychologique, et un aspect sociologique1 La Bibliologie politique La vie du livre obéit souvent à des rythmes périodiques. La bibliologie dynamique se fonde sur la notion de périodicité, de variations des phénomènes étudiés, tendant, selon des laps de temps approximativement identique, à reproduire des états généraux comparables. Le livre est à la fois texte et pensée de l’auteur. C’est l’objet de la bibliologie de la création et de la production. Par ailleurs, le livre est réalité recopiée ou imprimée, reproduite en un certain nombre d’exemplaires. C’est donc un bien de consommation .On rejoint alors l’histoire et la sociologie économique et sociale. C’est dire que la bibliologie dynamique, par la nature même du livre, devait être conduite à poser en termes d’observations quantitatives les relations entre l’infrastructure économique générale et du livre en particulier, et la superstructure intellectuelle en général et particulière de la création littéraire a) les interprétations fragmentaires La bibliologie a élaboré son schéma de recherche à travers les XIXe et XX siècles. Elle a découvert à partir du texte, chacun de ses éléments constitutifs. Dans le cadre de la bibliologie statique on a isolé d’abord le texte. L’un des plus anciens schémas , la sociologie de la littérature , se fonde sur l’idée qu’il pourrait exister une relation entre les cadres sociaux , économiques , politiques , d’une société donnée , et la littérature qu’elle engendre . La pensée créatrice des auteurs et les textes qu’ils composent seraient, quelles que soient les théories avancées, d’une certaine manière, le reflet de la vie sociale. Le texte a bientôt renvoyé à la communication et au rapport auteur-lecteur. L’analyse psychologique devait renvoyer à la sociologie en montrant que les comportements de [3]lecture dépendaient aussi des aires culturelles , démographiques économiques , politiques et sociales. L’homme, la femme, l’enfant n’ont pas les mêmes axes d’information. Il en est de même des différentes classes sociales et divers groupes socioprofessionnels. La causalité sociologique s’élargissait ainsi à l’univers du livre. La sociologie du livre a mis en évidence le circuit de la consommation intellectuelle : le public alphabétisé transmettrait ses besoins de lecture au milieu professionnel, et d’abord à l’éditeur. La fonction de celui-ci consisterait à trouver les moyens financiers, les œuvres, les procédés techniques nécessaires à la production des ouvrages demandés. La population serait satisfaite par la distribution, les librairies et les bibliothèques. Au circuit de la consommation répondrait par un chemin inverse, le circuit de l’avant garde. Le créateur refuserait de s’incorporer a priori du circuit de la consommation. Il concevrait son œuvre comme une fin en soi. Ne répondant pas à un besoin du public. L’éditeur refuserait d’en accepter la charge. Impression et distribution seraient réalisées par lui-même dans un circuit marginal et réduit. Plus tard, la renommée ferait naître un public. L’éditeur pourrait alors récupérer l’avant-garde dans le circuit de consommation. b) Introduction à une interprétation systématique et politique : la théorie de la communication dans la classe dominante Dans un cadre géographique et démographique donné, la survie des populations est conditionnée par la production et la consommation d’un certain nombre de bien économiques. Le système de production est générateur de groupes et de classes sociales diverses qui élaborent leurs idéologies et s’affrontent pour faire triompher leurs revendications cherchant à s’emparer du pouvoir et à le conserver. Deux secteurs tendent à se constituer avec le temps : la masse qui reste plus spontanéiste ; les intellectuels qui, dans la masse et hors d’elle, prennent plus vite conscience du problème soulevé. Cette évolution est génératrice de l’avant-garde contestataire qui assure un certain nombre de fonctions : prise de conscience des insatisfactions ; explication théorique, élaboration d’un projet de société ; constitution d’une théorie révolutionnaire de prise de pouvoir. La classe dominante, pour conserver le monopole politique et économique, doit maintenir sa propre idéologie. De là proviennent les deux formes de l’enseignement technique et général. Mais ces deux formes d’enseignement auront des conséquences sur le plan de la communication et plus spécialement de la communication écrite. L’enseignement technique cherchera à développer une communication écrite efficace visant l’action professionnelle et sociale. La création littéraire qui répondra à l ‘enseignement général cherchera à conserver l’image de marque de la société dominante. Ces deux enseignements déboucheront ainsi sur deux sortes de textes. Au-delà de la littérature relevant du circuit de l’enseignement général, existe tout le secteur de l’écrit fonctionnel et anonyme jusqu’alors ignoré. Celui-ci pour être inventorié, doit faire intervenir la théorie politique des pouvoirs : au législatif à l’exécutif, au judiciaire, à l »économique vont correspondre la littérature législative, gouvernementale, administrative, d’entreprise, bref tout ce qu’on pourrait appeler la littérature économique politique et sociale, anonyme d’une époque. Inversement, la classe dominée ayant été intellectuellement stérilisée, aura pour mission de recevoir l’information et d’exécuter les ordres reçus : sa situation psychologique sera réduite à celle, passive, d’un récepteur qui n’a pas le droit d’intervenir sur l’émission. La politique menée sur le plan créatif s’établira sur plusieurs axes successifs. Par la politique de l’enseignement général, elle cherchera à stériliser la pensée créatrice dans les autres classes et elle y parviendra pour l’essentiel. Reste qu’une partie de l’intelligence dans les classes dominées, échappe à cette stérilisation. La classe dominante doit alors faire intervenir une seconde procédure de stérilisation : les conditions économiques et sociales de la création. Pour créer, il faut réunir plusieurs conditions en plus de l’esprit créatif : il faut du temps libre pour produire le manuscrit ; il faut de l’argent pour le faire imprimer ; il faut un réseau relationnel pour faire de la publicité. En obligeant les autres classes au travail, à la pauvreté relative, à l’isolement de la publicité et en maintenant les avantages du temps libre, de l’argent et des relations à son profit ; elle permet l’épanouissement rapide de la création littéraire en son sein. En imposant enfin une sanction pat la sélection qualitative et l’enregistrement historique des hommes et des œuvres, elle crée une émulation qu’elle cherche à maintenir au profit de ses fils ou de ceux qui sont prêts à soutenir son idéologie. Cette sanction de la renommée s’accompagne encore d’une sélection financière, la gloire entraînant souvent des avantages matériels. Elle oblige ainsi la population des auteurs à se scinder en deux catégories. Ceux qui bénéficient de la notoriété et de l’argent mais qui devront s’incorporer à la classe dominante ; ceux qui, malgré leur désir, auront été écartés et qui resteront dans les classes dominées, dans l’anonymat avec pour obligation de pratiquer un second métier. Cette politique stérilise intellectuellement une partie considérable de la population sur le plan créatif. Elle oblige les auteurs à choisir. La plupart chercheront à jouer le jeu et à s’incorporer dans le circuit conformiste de la consommation. L’opposition de ceux qui refusent à suivre le chemin de l’assimilation se manifeste alors sous la forme de la pensée anticonformiste et révoltée, créatrice de l’avant-garde dans sa forme politique, littérale et artistique. En abordant l’ensemble de l’écrit comme la manifestation au niveau de la communication fixée de la lutte des classes, et en donnant à la psychologie, à la linguistique et aux techniques de reproduction leur rôle, on peut déboucher sur une explication globale. Il reste à vérifier si cette théorie peut s’appliquer aux sociétés libérales et socialistes existantes. La bibliologie sociologique Il faut élaborer une théorie complémentaire de celle de la bibliologie spécifique qui tentera de situer le livre comme fait de communication dans le cadre social. A la bibliologie spécifique, répondra la bibliologie sociologique. Une fois de plus, il faut revenir aux faits. La bibliologie sociologique Le livre n’est pas seulement un moyen de communication, c’est un fait social c’est donc de la société conçue comme une totalité qu’il partir. La première évidence qui s’impose est l’existence, dans un cadre géographique, d’une population dont ont cherche à étudier la production écrite. Cette population peut être considérée globalement ou fragmentairement. Interviennent dans ce dernier cas des critères différents. Les uns physiologiques ; concernent l’âge et le sexe. Les autres sociaux dépendent de la nationalité et de l’activité professionnelle. Chacun de ces groupes et chacune de ces classes sociales interviennent dans la distribution et la consommation de biens qui sont nécessaires à leur survie. La prise en charge de leurs idéologies se fait par les diverses organisations sociales et par les partis politiques. Le pouvoir acquis est employé pour modifier l’univers social dans le sens de l’idéologie dominante par les moyens politiques classiques des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Sur le plan culturel, il s’agit d’orienter la psychologie collective. Le pouvoir cherche à imposer son image aux générations futures, par sa politique de l’enseignement et notamment par l’alphabétisation. Il tente de conserver cette image dans le présent par sa politique culturelle de l’information. Ses buts ne peuvent être atteints sans faire intervenir le langage, c’est-à-dire sans avoir une politique de communication, qui passera par les canaux traditionnels de l’oral et l’écrit ou par les moyens audiovisuels. Les groupes et les classes sociales n’acceptent pas, le plus souvent , leur situation. Ils réagissent et créent ainsi une action oppositionnelle contradictoire de celle de la forme dominante, engageant ainsi le processus de l’évolution dialectique. Ils utilisent pour parvenir à leurs fins, des moyens voisins, dans le principe, de ceux employés par le pouvoir en place. La lutte socio-politique oblige ainsi celui-ci à faire intervenir une politique coercitive appliquée sous la forme de lois, de règlements. On offre à l’action favorable au régime en place, selon les besoins des hommes, les promotions, les titres, les honneurs, les pouvoirs et les satisfactions matérielles. Face à l’opposition, on fait intervenir les sanctions économiques, sociales et physiques. Ces actions diverses et contradictoires des forces économiques et politiques opposées se servant des moyens de communication ont des conséquences sur la psychologie collectives : elles créent, renforcent, éliminent des courants d’opinions, des goûts, des modes, des orientations de la communication esthétique et fonctionnelle et particulièrement de l’écrit qui nous occupe ici. Elles donnent ainsi naissance à un public de consommateurs culturels, donc de lecteurs et de créateurs, artistes, écrivains et écrivants. Cette situation ne peut trouver que dans la mesure où l’auteur et le lecteur. Si le contenu lui est favorable, le pouvoir aide à créer la célébrité en distribuant les honneurs et l’argent. Dans le cas contraire, il sanctionne l’opposition par censure en essayant de déconnecter l’auteur de la production et de la distribution pour éviter la lecture. Chemin faisant, il crée et entretient les deux circuits de consommation et de l’avant-garde. Cette analyse se permet de mieux situer l’écrit, qui apparaît comme l’un des groupes et des classes sociales, intervenant dans les différents domaines de la réflexion et de l’activité Elle permet de fonder la bibliologie sociologique qui suppose l’existence de deux éléments essentiels : la société et l’écrit. C’est la situation du second dans la première qui va constituer le domaine de la bibliologie sociologique. Puisque l’écart est un élément de la vie sociale, il faut le replacer dans son cadre. Toute étude du livre doit commencer par une analyse générale de l’activité de la société dont on étudie la production intellectuelle. L’étude devra donc porter sur la sociologie géographique, démographique, économique, sociale et ethnique, politique, culturelle, sur la spychosociologie. La sociologie de l’écrit ou sociologie bibliologique correspondra, dans cette perspective fondamentale, à la situation générale de la bibliologie-sociologique. Celle-ci devra connaître son seulement le cadre social mais l’écrit lui-même. Elle devra s’interroger sur l’interrelation des faits sociaux et des phénomènes bibliques. La bibliologie sociologique, si elle suppose acquise la connaissance de la vie social et la vie du livre, ne pourra se fonder que su l’étude des conséquences de l’état de la géographie, de la démographie, des structures sociales économiques, politiques, culturelles, éducatives , informatives et de la communication sur les phénomènes de la création littéraire, de la reproduction, de la distribution, de la consommation, des circuits de la communication écrite, de la recherche et de l’enseignement bibliologiques, de la vie sociale du livre et de sa réglementation. 1.2 Situation de la bibliologie par rapport : A la documentologie et les sciences de la communication La bibliologie est une des sciences de la communication fixée. L’expression orale relève de la linguistique, et c’est justement ce Paul OTLET avait remarqué en insistant sur la différence entre bibliologie et linguistique. Le livre, la photographie, le film muet, le vidéocassette, la télévision dans sa fonction d’émission de film ont en commun la double notion de support matériel et de fixation de la pensée de l’émetteur. Le livre et ces moyens audiovisuels de communication différée, donc inscrits dépendent tous d’une même science de la communication différée, donc inscrits dépendent tous d’une même science de la communication inventée elle aussi, par OTLET, la documentologie, la science des documents. C’est à l’intérieur de cette science que se situe la bibliologie dont le procédé de fixation de la pensée est l’écriture , c’est-à-dire l’intervention entre l’émetteur et le récepteur d’un système de signes codés fixant la pensée et la langue qui joue un rôle d’intermédiaire. Dans le cas des moyens audiovisuels, l’inscription de l’émetteur, comme sa restitution pour le récepteur est directeur. La Bibliologie et les sciences humaines La bibliologie, science de l’écrit, partie de la documentologie, l’une des sciences de la communication, se situe dans une perspective opposée aux sciences fondamentales et aux sciences humaines. OTLET avait utilisé les notions de sciences verticales correspondantes à ces dernières et de sciences horizontales pour regrouper les sciences de formes, les sciences de la communication. Dès les ors, la bibliologie est à la fois autonome et dépendant dans la perspective horizontale, elle constitue l’une des sciences de la communication. Dans la perspective verticale, elle devient un moyen de recherche parmi d’autres, une science annexe des sciences humaines, de l’histoire, de la sociologie, de l’économie, etc. Objet de la bibliologie Introduction Il fallait créer la bibliologie comme science de la communication. La méthode découvre la science. La bibliométrie renvoyait tout naturellement, dans cette progression inductive et systématisante à la bibliologie. Nous avons montré l’existence d’un circuit bibliologique scientifique prenant ses racines dans la vie professionnelle, s’élevant au plan de la recherche fondamentale et revenant ensuite par la bibliologie appliquée et la bibliologie pédagogique, à la vie économique et sociale du livre. Il fallait d’abord s’interroger sur l’objet de la bibliologie et nous avons précisé qu’il s’agissait de l’écrit. Pour analyser les diverses sortes d’études possibles, nous avons distingué entre une bibliologie encyclopédique et une science humaine du livre. Cette constatation nous renvoyait au problème de la méthodologie. Nous avons analysé la bibliographie et montré comment de cette technique d’information, on passait à la bibliométrie. L’histoire de cette dernière, nous permis de dégager une évolution. De la méthode mathématique et déductive, la statique du livre est passée à la méthode empirique, puis à la méthode comparative fondée sur des schémas internationaux normalisés, enfin à la méthode critique des sources. La méthode, la bibliométrie renvoyait à l’examen des sources biologiques. On a pu dégager une évolution progressive vers la constitution d’une science générale du livre à travers des progressions fragmentaires. Celles-ci, en conclusion, introduisaient un chapitre nouveau : la théorie générale de la bibliologie (schémas pour la bibliologie). Ainsi, l’histoire de la bibliologie, malgré de nombreux points communs, est-elle différente de bibliométrie bibliographique. Cette thèse avait été une systématisation de la bibliologie à partir de l’Etude de son passé. C’est le premier effort international qui sera donc un ouvrage imprimé non périodique, de plus de 49 pages. La même conception politique conduit à scinder la communication entre les hommes en deux parties : la communication privée, plus spécialement manuscrite et cachée plus ou moins ; la communication publique ouverte à tout le monde ou à des catégories socio-professionnnelles limitées, supposant l’impression, l’édition, la publication. Aux termes d’imprimé non périodique de plus de 49 pages viennent s’ajouter les autres critères de l’UNESCO, d’édition dan le pays et d’imprimés offerts au public. Ainsi, le les définitions successives qui ont été faites du terme livre comme celles qui peuvent et pourront être dans l’avenir apparaissent-elles comme l’expression des cadres socio-politique en cette matière. Définition collective du livre (Biblio) La première condition de toute science est de définir son objet. La bibliographie doit donc préciser ce qu’elle entend par livre, plus généralement et étymologiquement par biblio. Le contenu de la notion de livre (Biblio) Il convient de fonder la bibliologie sur sa définition linguistique : l’étude de tout document transcrivant la pensée par une technique d’écriture, sur un support quelconque et par un moyen d’inscription quelconque. C’est à partir de cette définition que la bibliologie pourra délimiter linguistiquement son domaine par rapport aux autres formes de la communication. L’expression orale et la langue d’une part, les moyens audio-visuel d’autres part. Le schéma de l’étude du livre Le schéma est le suivant : géographie, démographie, cadres socio-économiques, politique générale, politique culturelle et politique de l’enseignement, publics de lecture et population d’auteurs, cadres professionnels : édition, fiance, fabricant (papetier, imprimeur, relieur…), distributeur, circuit de la consommation intellectuelle La définition du livre renvoie à la bibliologie comme phénomène renvoie à la science. Les sources Les informations sur la bibliologie sont réduites. Les encyclopédies offrent des renseignements sommaires. Plus riches des faits précis sont les traités de documenation ou de bibliographie. Les travaux sur la statistique du livre sont de loin les plus utiles. a) L’histoire de la Bibliologie On peut discerner plusieurs périodes : Au début du XIXè siècle : bibliologie bibliographique et encyclopédique avant Gabriel PEIGNOT Premier tiers du XXè siècle : la bibliologie, tout en demeurant encyclopédique cherche à devenir scientifique. Depuis le second conflit mondial : la bibliologie tente de devenir scientifique. La première période : l’apparition de la bibliographie et encyclopédique. L’action de Gabriel Peignot Peignot confond la bibliologie comme science du livre avec les notions de bibliographie et d’histoire de l’écrit. Il s’agit pour lui d’inventorier l’ensemble des ouvrages manuscrits ou imprimés produits par l’humanité. Il faut créer un « répertoire bibliographique universel » des documents écrits. En même temps, il faut par la description des livres, créer une information complète sur ce domaine, une véritable encyclopédie bibliographique, un « dictionnaire raisonné de bibliologie. La bibliologie après s’être confondue avec la bibliologie s’identifie à l’histoire du livre. La renaissance de la bibliologie à la fin du XIXè siècle et au début du XXè. Après une longue période d’oubli, le problème de la bibliologie réapparaît à la fin du XIXè sicle. Deux orientations semblent s’être manifestées. Les bibliologies russes Pour le bibliothécaire polonais Muszkowski, ce sont deux savants russes Loviagin et lissovsky qui sont les pères de la renaissance de la bibliologie. Ceux-ci, intervenant au début du XXè siècles l’auraient conçue comme « science embrassant les connaissances techniques, pratiques et théoriques concernant le livre dans le passé et dans le présent, et ayant pour but d’éclaircir les conditions de l’origine, de la circulation et de l’exploitation des œuvres de la littérature et l’imprimerie, mais aussi de rechercher les causes et les effets du nombre donné de ces œuvres sous des conditions différentes. On connaît par ailleurs, l’importance des études de psychologie bibliologique menée par Roubakine en Russie d’abord, Suisse plus tard. Le Belge, Paul Otlet La seconde hypothèse fait de Paul Otlet le fondateur de la bibliologie moderne. Celui-ci intervint dans le domaine de la documentation et de la statistique livre dès 1888. Dans les deux cas, la conception de la bibliologie a évolué. Elle reste sans doute bibliographie et historique comme chez Peignot. Mais à la perspective descriptive vient s’ajouter l’idée d’expérimentation, de recherche causale. La bibliologie est devenue scientifique. La période actuelle Entre 1940 et 1965, l’œuvre d’Otlet fut oubliée l’avait été celle de Peignot sur l’ensemble du XIXè siècle. C ‘est à la suite des recherches bibliologiques fragmentaires, et en synthèse que la bibliologie est aujourd’hui remise à l’ordre du jour, en France. Elle cherche à se constituer en science humaine du livre. Ces observations nous renvoient à une étude de l’histoire des sciences du livre. b) L’histoire des sciences du livre Le point de vue de l’Otlet La bibliologie apparaît comme le produit du premier tiers du siècle. Que s’était-il donc passé avant ? Pour l’Otelet, l’histoire des sciences du livre comporterait quatre étapes. Dans la première, les hommes produisaient des documents fixés sans s’interroger sur eux. Une seconde phase correspondrait à la naissance des bibliothèques et des catalogues. L’humanité est conduite à conserver des exemplaires de sa production intellectuelle. Leur accumulation oblige à les classer. De là naît le catalogue. L’homme prend du recul. Il découvre la nécessité d’une théorie de la connaissance appliquée au livre, par l’intermédiaire des classifications. Cela correspond à la fin de l’Antiquité puis à la Renaissance et au XVIIè siècle. La troisième étape aux XVIIIè et XIX siècles, concernerait la bibliographie. Pour Otlet, celleci se dégage de la bibliothèque « Elle naît des besoins non d’une collection déterminée qui est satisfaite par le catalogue, mais de la science désireuse de se servir des livres où qu’ils soient entreposés ». Enfin une quatrième période commencerait à la fin du XIXè siècle : celle de la bibliologie ou documentologie. Il ne s’agit pas dans la pensée d’Otelet, d’une discipline nouvelle, s’ajoutant aux prétendantes. La bibliologie est conçue dans une perspective synthétique et totalitaire. Elle regroupe et situe les techniques précédentes. Il écrit : la bibliologie a rapproché et coordonné toutes ces sciences particulières en une science générale. Pour le livre nous possédons dès maintenant des traités de rhétorique, de bibliothéconomie, de bibliographie, d’imprimerie. Mais nous n’avons pas encore formé de bibliologie » Ainsi l’histoire des sciences comporterait trois parties : le document seul, la classification (catalogue, plus bibliographique) ; la bibliologie, science du livre. Ces changements s’expliquent par l’évolution de la production des livres. Quand la reproduction est manuscrite, la quantité d’ouvrage est réduite, les questions sont peu nombreuses et principalement d’ordre littéraire, artistique ou technique. Quand après la naissance de l’imprimerie et surtout à partir de la fin du XVIIIè sicle, la production hausse de plus en plus rapidement et en même temps que se développent l’enseignement et le circuit de la communication, ce qui s’impose d’urgence à l’attention des hommes du livre, c’est la classification et la description des ouvrages. La bibliographie se développe et la bibliologie encyclopédique apparaît. Quand, pour des raisons diverses, la production voit sa croissance se ralentir, comme c’est le cas en France et en Europe occidentale à partir de la fin du XIXè siècle, quand la crise économique du livre survient, l’orientation de la réflexion change. A la classification succède l’interrogation sur les causes de la stagnation. Cette démarche scientifique : la bibliologie scientifique apparaît. Encore convient-il de constater ici aussi que la pratique précède la théorie. Les premiers travaux systématiques sur la statistique internationale des imprimés datent de 1888. C’est seulement dans l’entre-deux-guerres, semble-il, que ma théorie de la bibliologie est formulée par Otlet. Ajoutons que l’intervention d’Otlet est la première manifestation théorique de cette science du livre. Oublié depuis, il fallut attendre les années 1970 pour que les travaux de R.ESTIVALS les renouvellent. c) La définition de bibliologie Le point de vue de l’Otlet Pour l’Otlet, ce doit être une « science générale embrassant l’ensemble systématique classé des donnés relatives à la production, la conservation, la circulation et l’utilisation des écrits et des documents de toute espèce. Cette conscience conduirait les esprits à réfléchir plus profondément aux diverses disciplines. Particulières du livre ; elle permettrait d’envisager de nouveaux progrès.. » Pour Otlet « le livre ( biblio ou document ou gramme) est le terme conventionnel employé ici pour exprimer toute espèce de documents » cette conception le conduira à confondre les deux termes de bibliologie et documentologie. La bibliologie est aujourd’hui une partie de la documentologie. d) Situation de la bibliologie Bibliologie et théorie de la connaissance Au point de vue vertical des sciences fondamentales, va s’ajouter le point de vue horizontal des formes de la communication. Bibliographie et sciences bibliologiques Il faut différencier le contenu du livre du rapport du livre avec d’autres sciences qui s’en occupent. Otlet écrit à ce sujet : « les principales connaissances avec qui de tels rapports existent sont la linguistique, la technologie, la logique, la psychologie, la sociologie . Chaque matière peut être abordée d’une manière inverse : On a donc : « logique : livre » et « livre : logique », « psychologie : livre » et « livre psychologie. Aussi bien « on dirait logique, psychologie, technologie et sociologie bibliologiques ». On dirait corrélativement bibliologie, logique, psychologique, technologie et de la linguistique constituent ce qu’on pourrait dénommer la philologie bibliologique. Celle-ci a pour objet de montrer comment, à l’origine, s’est opéré le prolongement du langage dans le signe. ». De même « les rapports de la bibliologie et de la sociologie constituent ce qu’on pourrait dénommer la sociologie bibliologique » Cette science aura pour but de replacer le livre dans le contexte social et d’étudier à la lumière de la structure et de l’évolution collective. A la sociologie bibliologique va s’ajouter la science ou « logique bibliologique », puis la psychologie bibliologique. Otlet s’arrête à cette dernière discipline. A la psychologie bibliologique s’ajoutera la « bibliologie technologique » qui envisage les rapports du livre avec les moyens matériels de les reproduire et de les multiplier » et la « bibliologie pédagogique. Otelet, le premier, détermine les sciences qui s’occupent de chaque partie du schéma de la recherche bibliologique. Au texte correspond la linguistique bibliologique ou testologie ; à la relation de communication, auteur-lecteur, la psychologie bibliologique ; aux rapports de ces éléments avec le cadre social, la sociologie bibliologie. e) Composition de la bibliologie Les schémas d’Otlet Ayant délimité la science, il convenait d’en préciser les parties. Otelet reconnaît deux divisions essentielles : la connaissance et l’art du livre. Il divise la connaissance du livre en trois éléments : la science, la technique, l’organisation. La bibliologie est d’abord une science. Elle comportera deux chapitres : la description des faits, leur explication. Il écrit que la bibliologie a pour objet : - « la description des faits dans le temps, ou histoire des faits dans l’espace, ou étude comparée (graphie, soit bibliographie) ; - La compréhension et l’explication théorique des faits jusqu’aux relations nécessaires les plus générales (nombre, soit biblionomie) ». De son côté, la technique s’occupera « des règles d’application des faits aux besoins de la vie pratique et de la production La troisième partie concerne l’organisation : « la biblio- économie ». La bibliologie scientifique et le circuit bibliologique La bibliologie vise l’analyse scientifique des problèmes du livre. La définition structurelle du livre Le livre est composé d’une certaine matière servant de support. Celui-ci peut se présenter en feuilles d’une certaine dimension, enroulées ou pliées. Dans ce dernier cas elles constituent des cahiers composant des feuillets comportant plusieurs pages. Ceux-ci sont assemblés, cousus, brochés. Avec une couverture, ils sont reliés pour former un ensemble ou volume. Sur ce support sont inscrits des signes, un titre, des illustrations. Ces signes, selon les périodes, sont copiés, multipliés, reproduits sous la forme manuscrite ou imprimée. Ils consignent une œuvre de l’esprit, un contenu intellectuel, des données intellectuelles, des connaissances, ce qu’on pourrait appeler la pensée écrite. Cet ensemble de signes reproduits sur un support compose des publications soit périodiques, soit non périodiques, sous la forme de livre (plus de 49 pages) ou brochures (5 à 48 pages. L’ouvrage a un ou plusieurs auteurs. On peut distinguer des publications officielles, des publications de sociétés savantes, des documents publiés par des organisations politiques ou professionnelles Le livre est imprimé en un certain lieu, sur l’initiative d’un éditeur, ayant un siège social : l’ouvrage a donc un lieu d’édition. Il est distribué, diffusé, offert au public, par un acte de vente et donc payé, ou bien, distribué gratuitement. Acheté ou emprunté par le lecteur, il est un instrument qui passe de main en main, franchit le temps et les siècles, l’espace et les continents, des idées, les éléments d’information. Il est créé avec des intentions différentes ; pour apporter des connaissances, développer la réflexion, permettre l’enseignement, diffuser la pensée et la culture. Il suppose l’existence d’une civilisation, d’une société policée cultivant les sciences, les arts et les lettres, de génération en génération. Il permet l’élaboration de la statistique. Le schéma collectif de la bibliologie Le livre peut être abordé sous différents angles. Ainsi s’élabore un premier schéma de recherche. Une série de divisions se sont imposées : le support, les signes ; la reproduction des caractères ; la nature de document, l’origine et la création ; la reproduction et la distribution ; le lecteur ; le cadre social. Analyse diachronique L’analyse diachronique montre que le schéma bibliologique dégagé sur le plan structurel s’est lentement élaboré au XXè siècle. Deux grandes étapes semblent pouvoir être dégagées. A travers la fin du XIXè siècle et le début du XXè siècle, la définition s’en tient surtout à considérer le message. Les deux possibilités de reproduction (manuscrit imprimé) coexistent dans le littré, le laroussse illustré et chez Otlet. La suppression de la notion de manuscrit intervient depuis. Depuis l’entre-deux-guerres, la sociologie s’ajoute au message. Cela se fait progressivement et fragmentairement. : sociologie culturelle avec l’encyclopédie française ; sociologie économique de l’édition avec l’UNESCO, sociologie de psychologique de la communication avec R. Escarpit ; sociologie financière et administrative avec la définition fiscale du live. Ces deux phases correspondent assez bien aux deux générations de bibliologues dégagées par ailleurs : celle d’Otelet qui est en cours de développement. Conclusion Il ne saurait exister une définition universelle et éternelle du livre puisqu’il existe une pluralité d’interprétations. Comme les autres faits de l’esprit, la définition du livre est fonction de l’époque et des conditions sociales. Il convient de tenter d’élargir et compléter les cadres de la réflexion par l’analyse de la notion de société et par l’intervention des critères socio-économiques et politiques d’une part, démographiques et géographique de l’autre. Introduction à une définition linguistique et socio-politique du livre. Définition minimale structurelle et linguistique A travers toutes les définitions du livre, on trouve la notion de transcription de la pensée par une technique d’écriture sur un support quelconque avec des procédés quelconques d’inscription. C’est cette notion d’écriture qui permet de différencier le livre des autres formes fondamentales de communication : expression orale ; moyens audio-visuels. Définition maximale dynamique et socio-politique Le message écrit introduit une cascade de renvois successifs. Du message on passe à l’émetteur, un récepteur, à leur psychologie, à leurs besoins de communication écrite. Mais ceux-ci dépendent à leur tour de la culture et de la politique de l’enseignement décidée par l’Etat, c’est-à-dire en dernier recours de forces politiques en présence et notamment de celle qui possède le pouvoir dans le cadre social, économique, démographique et géographique donné. Dès lors, le livre et les diverses formes qu’il peut prendre apparaissent comme le moyen utilisé par une population d’auteurs et de lecteurs, pour satisfaire leurs besoins de communication écrite à distance et dans le temps ; ces besoins eux-même étant la manifestation des forces politiques et sociales en présence et notamment de la politique culturelle et d’enseignement de la classe sociale détenant le pouvoir ; ces besoins étant enfin satisfaisant dans le cadre professionnel de production et de distribution des documents écrits reproduits. Introduction à une sociologie historique de la définition du livre Considéré dans sa définition minimale, le livre existe à peine dans la société primitive. Vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette l’homme n’éprouve pas des besoins précis de communication dans l’espace et dans le temps qui le conduiraient à inventer l’écriture. Il en en reste aux inscriptions magiques pétroglyphiques ou pictographiques. Dans les sociétés préclassiques, la structure agricole de l’économie et surtout la féodalité politique des grands empires exigent une inscription des lois et règlements, une transmission spatiale des décisions, une éternisation n de la grandeur des empereurs. L’enseignement s’impose et le livre, dans sa forme manuscrite, fait son apparition tandis que l’écriture évolue de l’idéographie synthétique à l’idéographie analytique, à l’écriture phonétique polysyllabique, monosyllabique, voire au consonantisme La naissance de la bourgeoisie commerciale dans la cité antique introduite de nombreuses conséquences : développement d’une pensée laïque philosophique et scientifique ; apparition d’une école désacralisée, constitution de l’entreprise commerciale du libraire-copiste, évolution rapide de la technique d’écriture débouchant sur l’alphabétisme ; utilisation du parchemin et naissance du codex.. Avec la découverte de l’imprimerie au XVè siècle, à la notion de manuscrit s’ajoutera celle d’imprimé jusqu ‘au moment où ce dernier critère cherchera à éliminer le premier. Encore faut-il distinguer entre ouvrages de ville ou bilboquets et les livres plus étendus soumis à la censure et à l’octroi de permission d’imprimer. Dans le cadre de la société monarchique, le capitalisme commercial fixera à l’intérieur de la notion d’imprimé, une première délimitation quantitative : le nombre de feuilles en caractères cicero, bientôt le nombres de pages. Quand, beaucoup plus tard, à l’exemple des autres sciences humaines, la bibliologie devra s’appuyer sur les statistiques, il faudra parvenir à un accord international pour préciser la limite entre l’ouvrage de ville, la brochure et le livre. IL faudra 80 années de discussions internationales de Röthlisberger à l’Unesco pour que l’idée de 49 pages soit acceptée. Entre temps, la bourgeoisie a pris la direction des affaires. Sa conception démocratique du gouvernement ne pouvait manquer de s’appuyer sur l’opinion publique. Ce fait devait introduire deux autres restrictions de la délimitation du livre : la non-périodicité , la publication. L’information politique devenait nécessaire. Il convenait donc d’imprimer les nouvelles au jour le jour ; bien que né plus tôt, évoluant sous des formes diverses, c’est cependant dans le cadre de la société libérale, et au fur et à mesure que l’enseignement primaire est généralisé que le journal, le périodique prend son extension, venant ainsi limiter le sens du terme livre. A la quantité de pages, viendra s’ajouter la notion de périodicité de l’impression. …./ [1] Cette théorie est essentiellement basée sur la thèse de : ESTIVALS ® . Schéma pour la bibliologie,… 1 De ce point de vue , on peut lire avec intérêt : MULLER (Renaud) Anthropologie de la bibliographie : Le désir de livre, Paris, L’Harmattan, 1998, 159P Module II LA BIBLIOMETRIE INTRODUCTION Fondateur de la bibliologie, Otlet précisera sa méthode scientifique. Il lui trouva un nom : la bibliométrie qui sera « la partie définie de la bibliologie qui s’occupe de la mesure ou quantité appliquée aux livres (arithmétique ou mathématique bibliologique)». Il semble qu’Otlet ait vu dans la statistique du livre un synonyme de bibliométrie. Ainsi écrit-il : la statistique du livre se confond avec la bibliométrie bien que, jusqu’ici, elle se soit appliquée principalement à dénombrer la quantité produite de livres ( édition). Il considère, par ailleurs, que l’intervention des mathématiques est nécessaire. Elle fera l’objet d’une partie de la bibliométrie : « La mathé-bibliologie. » Abordant le coté pragmatique de la statistique, Otlet fonde « la Bibliosociométrie » qui aura pour but de « mesurer l’action du livre et du document sur l’homme et la société. » L’Etude spécifique du livre fait l’objet de la bibliographie. L’élaboration de la statistique du livre suppose la quantification de la bibliographie. La bibliométrie sera donc bibliographique. L’Etude de la bibliométrie doit être précédée d’une analyse de la bibliographie. La bibliographie se présente comme une technique d’information du lecteur, partie de la bibliologie, supposant une collecte et une classification des documents imprimés regroupés dans des répertoires ayant pour finalités de faciliter la lecture. La bibliogie se situe au carrefour de la production et de la consommation intellectuelle. Elle apparaît comme un trait d’union entre les deux éléments de la psychologie bibliologie : la pensée de l’auteur et la pensée du lecteur. Si la bibliographie se présente comme une réponse au besoin d’information rapide du lecteur en présence de la masse des documents écrits par l ‘application d’un schéma permettant la classification des documents, il reste à savoir où elle se situe dans le circuit bibliologique. Elle préoccupe peu l’auteur et elle préexiste à l’intervention du lecteur. C’est donc au plan de la distribution qu’elle intervient. Elle intéresse l’éditeur soucieux de classer sa production, la librairie désireux de vendre les ouvrages, le bibliothécaire, chargé d’en effectuer la conservation et le prêt. La bibliographie se présente comme le fruit de l’action des milieux professionnels chargés de la distribution. Le circuit bibliographique, partie intégrante du circuit bibliologique, se superpose à la phase de distribution du livre et sert de transition entre la phase de production et celle de la lecture, la bibliographie est donc l’outil, la technique intellectuelle de distribution. La causalité sociologique dégagée dans la définition du livre : Rôle de la géographie, de la démographie, des structures économiques, politiques, culturelles. Au-delà intervienne les grandes théories philosophiques et politiques modernes. L’élaboration d’une bibliologie scientifique nous avait conduit à la bibliomètrie et, en premier lieu, à la bibliographie sur laquelle repose d’abord et essentiellement la bibliométrie, en ce qui concerne la statistique du livre. Toute science repose sur la mesure, donc sur la quantification. Le premier problème de la bibliométrie consiste à quantifié la bibliographie, à passer de l’information verbale à la description chiffrée. Pour cela elle possède, déjà préparée dans les bibliographies, le recensement et le schéma. Il ne lui restera plus qu’à quantifier le verbal.. 2-1 La Problématique Quel est le problème posé ? La bibliométrie doit mesurer le livre. Les statistiques qui sont spécifiques au livre reposent sur la bibliographie. Pour demeurer informative, la bibligraphie reste descriptive et verbale. La statistique du livre transforme les mots en chiffres. Le personnel de la statistique bibliographique est à la fois identique et différent du personnel bibliographique. Le bibliographe, au terme de son action d’information, s’interroge tout naturellement sur le nombre de documents réunis. Toute action de distribution est comptable. Les deux personnels seront différents aussi. L’histoire de la statistique du livre montre que ce sont surtout des hommes politiques, des économistes, des chercheurs, historiens, sociologues, psychologues, qui se sont penchés sur la réalité quantitative du livre. Pour des raisons différentes, ils ont cherché à expliquer les relations qui pouvaient exister entre les variations des faits littéraires et les fluctuations des phénomènes sociaux qui les intéressaient. On constate l’existence d’un mouvement de division du travail à travers les XIXè et XXè siècles. Au début et pendant longtemps, les personnels bibliographiques et sociologiques assurent toutes les opérations : élaboration de la statistique nécessaire à la recherche , à quoi s’ajoute l’analyse, la comparaison, l’interprétation. Puis bientôt on assiste à la dissociation des deux activés. La statistique sera élaborée par les bibliographies et les bibliothécaires. Son exploitation sera assurée par les chercheurs. a) Les Sources Quand la discipline est ancienne, les bibliographies sont nombreuses. Quand la discipline est nouvelle, la bibliographie est à faire. Quand la discipline est connue, la bibliographie des livres et des périodiques est généralement équilibrée. Mais quand la discipline est nouvelle, un déséquilibre tend à s’établir au profit des périodiques. C’est le cas de la statistique bibliographique. b) Les Historiques Les premiers essais d’histoire de la statistique bibliographique datent de l’entre-deux-guerres. C’est entre 1926 et 1936, entre le démarrage des essais officiels en vue d’élaborer la statistique universelle des imprimés et années qui précèdent la deuxième guerre mondiale, que parurent les trois premiers historiques, celui de Muszkowski, celui d’Otlet et celui de L.N. Malclès. Muszkowski Le premier essai fut au Congrès international des bibliothécaires, à Prague, en 1926, Muszkowski. Celui-ci fait remonter les premiers essais de statistique internationale au début du XIXe siècle. Il cite deux noms : De la Sarna Santander et Gabriel Peignot. A l’autre extrémité du siècle, sans doute sous l’influence partisane d’Iwinski, discipline d’Iotelet, il oublie l’action de Röthlisberger. Il est, d’autre part, le premier à avoir tenté de composer une théorie de la statistique bibliographique. Si Otelet faisait remonter la bibliologie à Prou’hon .Muzkowki trouve chez Otelet le premier écrivain à s’être occupé du problème qui nous intéresse. Otlet Le second essai d’histoire de la statistique du livre fut tenté par Otlet en 1934. Il est incorporé à son « Traité de documentation.» L.N. Malclès Le troisième essai fut entrepris par L.N. Malclès et figure dans le tome 18 de « l’Encyclopédie Française » de A. de Monzie. L.N. Malclès distingue deux périodes : des origines , plus particulièrement de l’invention de l’Imprimerie, jusqu’à la fin du XIXè siècle de la fin du XIXè à l’entre-deux-guerres. Dans la première, rien n’a été envisagé ni tenté. La deuxième période qui va de 1888 à l’entredeux-guerres voit la naissance de deux tentatives : celle de l’Otlet et de l’Institut international de bibliographie ; celle de Röthlisberger et Droit d’auteur. L’une est plutôt rétrospective, l’autre courante. 2-2 La méthode déductive : La statistique internationale Rétrospective des imprimés La statistique bibliographique internationale rétrospective vise à établir la production la production des livres publiés par l’ensemble des nations dans le passé. Son histoire permet d’assister à la constitution d’une méthode déductive fondée sur l’utilisation de certaines données empiriques et sur le calcul des chiffres annuels intermédiaires. La première tentative date du début du XIXe siècle . La seconde , systématique, intervient à la fin du siècle. Elle n’a plus été repris depuis. Selon Iwinski, Voltaire aurait fait , dans le journal Encyclopédique, une évaluation des périodiques de 1770. avant lui, Bayle, selon Hatin, aurait eu la même idée. Ainsi cette question paraîtrait remonter au XVIIIè sicle. Cela ne saurait surprendre. Au moment où le philosophes cherchent à recueillir les documents anciens et à les analyser, il est normal que quelques-uns d’entre eux aient pu songer à l’intérêt que pourrait représenter une évaluation statistique de la production imprimée mondiale. Et pourtant nos investigations ne nous ont pas permis pas permis de remonter au-delà de la fin de l’Empire. La première tentative paraît en effet dater de 1817. Il s’agit des premières années de cette période que les historiens économistes à la suite de Simiana ont appelé phase B (1817 – 1850) correspondant à un essor quantitatif du livre depuis l’introduction du Libéralisme économique. Comment ne pas avoir l’esprit attiré par le problème statistique et ne pas être conduit à une interrogation sur son évolution rétrospective et sur son état actuel ? Cette première période se poursuivra jusqu’à la tentative d’élaboration systématique de la statistique internationale rétrospective commencée par Otlet et poursuivie par Inwiski à la fin du XIX siècle. a) L’anonyme de Peignot (1817 – 1822) Peignot ne semble avoir tenté d’établir une statique internationale du livre. Il est toujours plus intéressé par l’aspect qualitatif et sélectif que par le dénombrement quantitatif des produits d’impression. Dans son manuel de Bibliographie il manifeste un certain scepticisme pour cette entreprise exhaustive qu’il considère comme un « jeu d’esprit que comme un calcul sérieux ». Toutefois pour appuyer son argumentation sélective et bibliographique il ne dédaignera pas de faire une citation montrant l’énormité de la production universelle de livre. Il ne sous fait pas connaître le nom de son auteur ni la source exacte . Il est précis seulement sur son travail. « Le curieux dont nous avons parlé dans notre première édition page Vj qui s’était occupé à chercher ce que nous appelions la pierre philosophale, c’est à dire le nombre approximatif de livre qui ont été mis sous presse depuis l’origine de l’imprimerie jusqu’en 1822 en les appuyant de notices historiques assez intéressantes. Il semble que cet auteur inconnu ait créé une tradition qui sera illustré près d’un siècle plus tard par Iwinski. Son calcul est fondé sur pas sur l’observation directe et continu mais sur un déduction mathématique. Il commence par estimer la production du premier siècle de l’imprimerie : Il a d’abord puisé dans Maittaire , panzer et les autres qui ont travaillé sur les éditions su XVè siècle et il a trouvé un aperçu de 42.000 ouvrages imprimés de 1436 ou plutôt de 1450 à 1536. Voilà pour le premier siècle ». Après quoi, il estime la production du siècle le plus proche, pour lui, le XVIIIè : « passant ensuite au dernier siècle (de 1736 à 1822)… Il a calculé par approximation que depuis quatrevingt-six ans, c’est à dire depuis 1736, on a pu imprimer en totalité environ 1839 960 ouvrages. Voilà pour le dernier siècle… ». C’est à partir de ces deux approximations que cet auteur devait chercher à déduire la progression intermédiaire, en se fondant sur le principe progressif de l’évolution linéaire. Toutefois, il ne la déduit pas d’une manière courante, année par année, mais par période de vingt-cinq ans. Il a trouvé pour le second siècle 575.000 ouvrages ; et pour le troisième 1225.000. Ainsi, les quatre siècles typographiques donnent le résultat suivant : 1er siècle de 1436 à 1436 42.000 ouvrages 2ème siècle de 1536 à 1636 575.000 ouvrages 3ème siècle de 1636 à 1736 1.225.000 ouvrages 4ème siècle 1736 à 1822 (incomplet) Total 1.839.960 ouvrages 3.839.960 ouvrages Cet auteur voulut estimer le nombre des volumes et des exemplaires imprimés. Il établit une moyenne théorique de trois volumes te un tirage de 300 exemplaires par livres : Il en résulterait qu’il serait sorti de toutes les presses du monde jusqu’à ce jour, environ 3.313.764.000 volumes. De tous ces ouvrages combien en reste-il ? D’après Peignot, qui le résume : « il ne nous reste donc plus, pour nos menus plaisirs dans toutes les bibliothèques et particulièrement du monde, que 1.104.588.000 volumes ». Enfin il tente d’évaluer la longueur que représenteraient les livres placés les uns au bout des autres en prenant un e moyenne de un pouce par volume et : « il calcule une distance de 7.670 lieues de poste ». Origine de l’action d’Otlet : Le Répertoire bibliographique universel Les travaux d’Otlet paraissent la synthèse de deux faits : l’influence des recherches de Röthlisberger qui commencent plus tôt, les besoins du répertoire bibliographique universel. Les travaux Les recherches d’Otlet furent publiées dans le Bulletin de l’Institut International de bibliographie en 1896, 1900 et 1905. Otlet indique les sources de son travail. Il mentionne en trois sortes : les bibliographies nationales, les rapports officiels du Dépôt Légal là où il existe ; les essais de synthèse des deux sources précédentes parmi lesquels le Droit d’Auteur. Les sources étant déterminées, il convenait de passer aux cadres de la statistique. Ici Otlet pose une question classique pour le bibliographe et après avoir formulé l’interrogation, il indique le choix qu’il a fait. Celui-ci rejoint la classification du livre auquel il ajoute les articles de périodes dont il a besoin pour son répertoire. Dans notre travail, nous avons distingué d’abord avec soin les livres, les articles parus dans les périodiques. Nous avons omis toutes les œuvres qui ne sont pas à proprement parler littéraires et scientifique, et notamment, les cartes, la musique, les gravures, les photographies. Nous laissons aussi de coté les manuscrits, les feuilles volantes, les imprimés du commerce tels que prix courants, catalogues et prospectus » Otlet tente d’évaluer ensuite le volume et les fluctuations de la production intellectuelle depuis Gutenberg suivant une méthode empruntée à l’anonyme de Peignot. : détermination des productions des origines et de la période récente ; déduction de l’évolution intermédiaire. S’appuyant sur les données de quinze pays il recherche à fixer la production des années 18871898. Puis à l’aide d’une pondération, il vient à une appréciation approximative de la production de sa période. Il indique : « La statistique n°2 ne nous renseigne que sur seize pays dont la production totale a été en 1998 ou à une date rapprochée de 112.000 ouvrages. Or on compte pour le monde entier 68 Etats souverains et 14 états protégés ou autonomes, soit en tout 82 pays. La production des 16/82è des pays donne à elle seule 112.000 ouvrages il ne semble pas exagéré d’estimer à 88.000 la production des 66/88è autres pays… En nous basant sur les considérations , nous avons porté dans nos diagrammes le nombre d’ouvrages publiés en 1898 dans le monde entier à 200.000 ». De cette même période, il s’efforce de calculer le taux d’accélération de la production mondiale. « Mais la statistique n°3 nous indique que sur cinq grands pays, la production s’est élevée de 43.800 en 1887 à 59.853 en 1898, soit une progression d’environ 36%. En supposant , ce qui est probable, que le progrès de la production littéraire a été sensiblement les même dans le monde entier entre les années 1887 et 1898, on obtient l’approximation suivante : Production de 5 pays Production de autres pays Production du monde 1887 1898 Accroissement pendant la période 43.800 59.853 36% 89.700 133.500 14.147 200.000 36% 36% Otlet tente dès lors une appréciation de la période intermédiaire : « par déduction des chiffres de la statistique n°1 , on a vu qu’on obtient une production de 65.000 ouvrages pour l’année 1822. D’autre part, on en obtient une de 133.500 pour l’année 1887. En généralisant davantage l’hypothèse, on peut supposer, avec assez de raison, qu’entre ces deux dates, période de soixante-cinq ans, l’accroissement de la production dans le monde a été constant et proportionnellement égal » Il obtient ainsi pour les soixante cinq années intermédiaires, un chiffre total de six millions et demi d’ouvrages. Enfin se retournant vers le présent, il évalue la production de 1887 à 1898 et 1900 . Ainsi aux premiers chiffres de l’anonyme de Peignot, peut-il ajouter six millions et demi de 1822 à 1887, 1.782.000 de 1887 à 1898 et 200.000 pour 1899. Il estime alors le total à cette date de 12.163 livres. Otlet tenta aussi une évaluation de la production des périodiques. Par des méthodes d’approximation semblables, il parvient à fixer le nombre des articles de revue de 15 ou 18 millions. Il ne lui reste plus qu’à conclure : « Le répertoire bibliographique universel » comprenant les notices de tous les livres et de tous les articles et revues, imprimées depuis l’invention de l’imprimerie de 1436 ( ?) jusqu’en 1900, devra comprendre approximativement de 25 à 30 millions de notices, dont 2/5 pour les livres et 3/5 pour les articles de périodiques. A cette évaluation générale, il ajoute une répartition approximative par pays , pour les livres, pour les périodiques et par matières. Le travail qu’Otlet avait effectué en 1900 s’achevait par « le vœu de voir publier une statistique générale des imprimés, résumant, coordonnant et complétant les statistiques fragmentaires publiées jusqu’à ce jour. Le travail d’Otlet ne fait que compléter les appréciations successives rapportées par Peignot ou déduites par Balbi et Hatin. L’œuvre est ici, d’assez faible portée. b) Iwinski Introduction La longue étude que devait consacrer M.B. Iwinski à la statistique internationale des imprimés est célèbre. Iwinski est le premier, semble-t-il, à poser de manière systématique la question de l’élaboration de la statistique internationale. D’autres, avant lui, s’étaient occupés de la statistique du livre. Il en donne d’ailleurs la liste, de la Sarna Santander à Otlet, en passant par Röthlisberger. Mais il s’agissait alors, le plus souvent, de l’élaboration de la statistique elle-même, non de l’examen méthodique des questions soulevées par celle-ci et des solutions à leur apporter. L’intérêt des sources L’œuvre d’Iwinski est solide surtout à la documentation (ouvrages de la Sarna Santander, la Grande Encyclopédie : article sur le livre, Ernest Babelon, article de revues) La composition du mémoire Le travail d’Iwinski est divisé en trois parties : les deux premières concernent l’enquête rétrospective. L’une est consacré à la statistique internationale des livres, l’autre à la statistique internationale des périodiques (journaux et revues). Chacune d’elle comprend une étude des sources, une analyse des résultats et la présentation de tableaux statistiques. Ceux-ci constituent sans doute le recueil de statistique bibliographiques le plus fourni qui ait été publié jusqu’alors. La troisième partie aborde la question de l’élaboration de la statistique. La statistique du livre C’est dans la première partie de son travail que se trouve l’étonnante et téméraire hypothèse mathématique de l’évolution de la production des livres. Tout d’abord, Iwinski, comme ses prédécesseurs, s’est efforcé de trouver des sources aux deux extrémités de la période qu’il étudiait le début de l’imprimerie et la fin du XIX siècle. Entre les deux il découvre « les chiffres de la production du XVIII siècle qui donnent des bases à nos évaluations approximatives. C’est le point où se croisent et se vérifient les déductions » Après quoi, Iwinski entame l’étude de chacune de ses séries de chiffres. La première, la plus ancienne est divisée en deux parties : celle des incunables, de 1436 à 1500, et celle des livres, de 1500 à 1536. Il consacre quelques lignes à une étude critique des sources de la production des incunables. Il présente ensuite sa propre estimation : 30.742 documents. Quant aux livres, comme Otelet il se fonde sur l’anonyme de Peignot. Mais il le critique et établit sa propre évaluation à partir de la progression des incunables : « On constate que Peignot a attribué 29.000 ouvrages à la période de 1500 à 1536. » « le nombre 29.000 doit être considéré comme inutilisable et il faut le remplacer par un autre basé sur l’hypothèse de la progression constante de la production des livres » Ses calculs le conduisent au nombre de 43.776 pour 1500-1536 et à une évaluation approximatives de la mondiale suivante : 1887- : 100.000 livres 1898- : 150.000 livres 1908- : 190.000 livres d’où la production de 1900 peut être évaluée à 158.888 La production de la période de 1887 à 1908 est la suivante : de 1887 à 1900 : 1.683.000 de 1900 à 1908 : 1.360.000 Iwinski établit par déduction la production de 1822 à 1887. Critiquant l’évaluation de l’anonyme de Peignot, pour la période de 1736 – 1822 qui est de 1.839.960 ouvrages, il donne sa propre appréciation : 1748600 livres pour la période de 1436 à 1736. La statistique des périodiques L’étude de la statistique des publications périodiques a moins d’originalité. Inwiski n’utilise pas sa méthode. Il regroupe les données présentées dans diverses sources de plusieurs époques : 1457 à 1500 ; 1605 à 1800 ; 1826 ; 1865 ; 1872 ; 1880 ; de 1892 à 1908. Critique du travail d’Iwinski Les recherches d’Iwinski ne pouvaient pas manquer, à juste titre, de soulever les protestations de bibliographes et des historiens du livre: l’évaluation mathématique est presque toujours récusée par eux. C’est que l’histoire est naturellement liée aux faits. Cette appréciation générale paraît trop simplifiée pour être retenue. Ces études se justifient pourtant sur le plan pratique. Toute tentative d’action dans l’avenir doit s’établir sur une connaissance du passé. Quand les données manquent, la déduction statistique doit être employée. Faute de quoi, une bonne part des recherches prévisionnelles ne pourrait pas être réalisée. Si cette recherche se justifie par son caractère pratique il reste à savoir ce qu’elle vaut. D’abord, il faut remarquer qu’elle se fonde sur l’idée d’une progression constante. Elle applique dans le cadre de l’évolution de la production mondiale des imprimés, la très ancienne idée de progression linéaire, chère à la pensée des philosophes dont la science moderne a montré l’insuffisance. Conclusion L’anonyme cité par Peignot, Otlet, Iwinski, marque trois étapes de l’élaboration déductive de la statistique internationale rétrospective globale. Ils se situent à l’intérieur du circuit bibliologique, au plan de la distribution et de l’information. Leur méthode est déductive. Elle consiste en premier lieu à essayer de préciser approximativement les données statistiques de certaines périodes considérées comme point de repère. Elle déduit, en second lieu les données théoriques intermédiaires par application du principe d’une croissance continue linéaire. Elle débouche, enfin, sur la prise de conscience de la nécessité d’organiser l’élaboration de la statistique internationale sur le schéma collectif accepté et appliqué par les nations. 2-3 La méthode empirique sommaire : la statistique bibliographique courante La statistique déductive suppose la référence à des données empiriques et les chiffres théoriques sont déterminés par extrapolation pour les années intermédiaires. C’est dire que la méthode déductive utilisait déjà les informations bibliographiques. Cette procédure va se généralise dans une deuxième phase. Les bibliographes fourniront directement les données numériques. Employée dès le début du XIX siècle, la méthode, qui concerne aussi bien la statistique courante internationale que la statique rétrospective ou courante français e, sera systématisée à la fin du XIXè siècle et au début du XXè siècle, au moment ou s’achève l’utilisation par Otlet de la méthode déductive. La statistique bibliographique internationale courante La période des pionniers Le XIXè siècle est maquée par l’intervention de chercheurs isolés qui amorcent la prise de conscience et la systématisation introduites à la fin du siècle par Röthlisberger. Balbi : 1828 La première tentative d’inventaire universel semble dater de 1828. Il s’agit surtout de périodiques. L’étude de Balbi qui se trouve d&ns la revue Encyclopédique de mars 1928 n’est qu’un extrait de la Monarchie française comparée avec les principaux Etats du Monde en 1828. L’Etude de Balbi est une comparaison, sous la forme d’un tableau statistique comprenant la démographie et la production périodique de la France et des pays du monde dont les possessions anglaise, néerlandaises, françaises, danoises, Haïti, Océanie et Afrique (voir Essai statistique sur la presse périodique du Globe, ou Comparaison de la population des cinq partie du monde et de leurs principaux Etats avec le nombre correspondant des journaux publiés in : Revue encyclopédique mars 1828) Hatin : 1866 C’est dans la Bibliographie historique et critique de la presse périodique française que Hatin aborde la statistique internationale sous le titre : Essai historique et statistique internationale sous le titre : Essai historique et statistique sur la naissance et le progrès de la presse périodique dans les deux mondes. Il examine la production dans chaque pays. Babelon : 1878 Au congrès bibliographiques international tenu à Paris du 1er au 4 juillet 1878, Ernest Babelon présenta une étude sur le Mouvement de la population dans les différents pays » Cette fois, comme pour l’anonyme de Peignot, il s’agit d’un ensemble de la production intellectuelle et non pas des seuls journaux. De plus l’étude est menée dans une perspective morale, bien pensante et catholique. La seconde période : l’initiative privée depuis la fin du XIX siècle. Röthlisberger et le Droit d’Auteur La seconde période de l’histoire de la statistique bibliographique commence en 1888 lorsque Röthlisberger ouvre une rubrique dans le droit d’Auteur, consacrée à la Statistique internationale des livres. L’œuvre sera poursuivie jusqu’en 1953 par lui et par ses successeurs, notamment par B. Mentha. Röthlisberger Nommé directeur en 1922 du Bureau de l’Union internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques où il succède à Henri Morel, Röthlisberger était considéré en ce qui concerne la statistique bibliographique et rédigeait presque entièrement la Droit d’Auteur. Il avait publié un volume intitulé : la statistique internationale des œuvres littéraires. Si de 1888 à la première Guerre mondiale, Röthlisberger semble avoir la rubrique de la statistique internationale des imprimés dans le droit d’auteur d’une manière anonyme, par compte c’est personnellement qu’il devait intervenir au congrès de 1892, 14è session de l’Association littéraire et artistique internationale, pour le point de ses travaux tandis qu’Otelet entreprenait les siens. Il était conscient des différences entre la statistique intellectuelle et la création littéraire. Le rapport de Röthlisberger est utile en ce qu’il nous renseigne sur les sources et sur la méthode suivie par lui dans l’élaboration de la statistique internationale. Il nous montre qu’il s’agit d’une compilation des données internationales existant à cette période(France, Allemagne, Etats-Unis, Grande Bretagne, Italie, Russie, Suisse). Une seconde phase de l’action de Röthlisberger commence vers 1894, deux ans après le rapport et se poursuit jusqu’au début du XXè siècle. Elle concerne les relations de Röthlisberger et d’Otlet. Il semble que leurs relations aient été courtoises. Le premier écrit du second qu’il est un « un juge compétent » et Otlet rend hommage à l’action de Röthlisberger , une dizaine d’années après sa mort, en 1935, dans son grand ouvrage sur la documentation. Toutefois, leurs caractères étaient différents. Röthlisberger avait une pensée réaliste et faisait partie de cette catégorie de documentaliste qui devaient s’opposer aux vues « idéalistes » d’Otelet, entre les deux guerres. Il écrira des calculs d’Otlet qu’ils sont « … hardis , trop hardis peut-être », inversement , Otlet , plus idéaliste devait accuser Röthlisberger d’empirisme . Il définit l’œuvre de ce dernier comme étant faite « d’essais de systématisation fragmentaire » Leur point précis de rencontre fut le répertoire universel. Ce fut le fait d’Otlet, les travaux que Röthlisberger avait entrepris sur la statistique bibliographique internationale courante lui étaient d’une grande utilité. Leurs rapports durèrent autant que l’évaluation historique d’Otlet soit approximativement de 1894 à 1902. Röthlisberger va jusqu’à établir lui-même une première appréciation quantitative. Il pense qu’une bibliographie universelle aurait à enregistrer chaque année de 130.000 à 150.000 titres d’œuvres de toute nature. Toutefois il ne dissimule pas les difficultés de l’entreprise du répertoire. La continuation de l’œuvre de Röthlisberger Röthlisberger est bien un précurseur ; il a œuvré de 1888 à la première Guerre mondiale. Après 1918, devait commencer une nouvelle période : celle de la normalisation née de l’organisation internationale. On peut distinguer deux phases séparées par la seconde guerre mondiale : celle de l’Institut International de Statistique et de la Fédération Internationale des Associations de Bibliothécaires pendant l’entre-deux guerres ; celle de l’Unesco depuis 1948. En même temps, tandis que l’initiative essentielle devenait officielle, l’action privé du « Droit d’Auteur » se poursuivait. On peut reconnaître, là aussi, plusieurs phases : de 1918 à 1924-26 de 1926-28 à 1936-38 ; ce sont les années pendant les quelles le Droit de l’auteur donne son appui aux tentatives officielles de 1939 à 1946 ; de 1946 à 1953 : c’est la fin de l’action du droit d’auteur ; dans le temps que l’UNESCO élabore la statistique bibliographique internationale. La statistique nationale peut être atteint de deux manières : soit directement par l’enregistrement bibliographique ; soit directement par des études particulières MODULE III : LE LIVRE ET LA CULTURE ECRITE DANS LE MONDE CONTEMPORAIN : BILAN DES TRAVAUX DEPUIS LES ANNEES 1970 3.1. ETAT DE LA RECHERCHE EN FRANCE Introduction La Section d’histoire du livre et de bibliologie de l’ENSB(1), dirigée par Jacques BRETON(2) établissait en 1972 un bilan des travaux de bibliologie. Ceux-ci étaient axés sur les thèmes suivants : 3.1.1. - Fonction de la critique - La sous-littérature et les bibliothèques - Le livre et les lecteurs - Les périodiques scientifiques - Les livres épuisés - Les manifestations et commémorations - La transformation du livre - Tendances et méthodes en histoire littéraire du 19ème siècle - Le rôle du bibliothécaire - Les reliures et les couvertures (= extériorité du livre) TRAVAUX GENERAUX DE CARACTERE METHODOLOGIQUE Aux cours des deux dernières décennies, la recherche sur l’écrit et la culture écrite, quelle que soit son expression, n’a pas échappé aux influences des modes qui se sont succédées dans les divers domaines des sciences humaines. La domination de la sociologie a été remplacée par la suprématie de la tendance linguistique, assez rapidement évincée par l’importante percée des sciences de l’information et de la communication. La communicologie se trouve être à l’heure actuelle la tendance la plus forte et la mieux représentée dans les recherches. [1] Cette situation s’est concrétisée dans les exposés prononcés lors du premier congrès de la Société française des sciences de l’information et de la communication à Compiègne en 1978. Cependant les deux premiers courants continuent à alimenter la recherche du dernier lustre. Pendant la même période, le groupe des historiens du livre animé par Henri-Jean MARTIN commençait à défricher le 19ème siècle et à s’intéresser au 20ème siècle. Quelques chercheurs se retrouvent depuis 1977 dans un nouveau séminaire de la 4ème section de l’Ecole pratique des Hautes Etudes, séminaires exclusivement consacré à l’étude de la morphologie du livre contemporain. En 1978, Henri-Jean MARTIN a fondé un Institut d’Etude du livre qui réunit les historiens du livre et les bibliologues qui étudient le livre contemporain. L’apport de tous ces courants avec leurs méthodes et leurs techniques de recherches propres, apport encore grossi par leurs sciences les plus voisines, augmente la difficulté à tracer les frontières du domaine de l’écrit et de la culture écrite dans les recherches contemporaines. L’écrit appartient aussi bien au monde de la littérature qu’à celui des médias audiovisuels. Montrer sa spécificité représente une gageure(3). Les quatre tendances se répartissent différemment en fonction des thèmes et des buts de la recherche. C’est au Laboratoire Associé des Sciences de l’Information et de la Communication (L.A. 303, ex- E.R.A. 55, Institut de Littérature et de Techniques Artistiques de Masse) de Bordeaux, qu’ont été menés par R. ESCARPIT les travaux généraux à caractère méthodologique sur l’utilisation de la théorie de l’information et de la communication et son application au domaine de l’écrit. R. ESTIVALS a tracé une synthèse historique des études bibliométriques tandis que R. DUCASSE donnait à la bibliométrie une application pratique dans la gestion bibliothéconomique française, à l’exemple des Anglo-saxons. H. FONDIN avait déjà éprouvé ces systèmes en 1975. A la suite du congrès de Compiègne, un groupe de recherche sur l’écrit et le document, crée au niveau national sur la proposition de R. ESTIVALS, commence à fonctionner. 3.1.2. AUTEURS ET ECRIVAINS Les travaux sur les écrivains et les auteurs se développent selon plusieurs axes avec un bonheur assez inégal. On aurait pu imaginer au début des années 70 qu’on allait bientôt en finir avec des études trop exclusivement vouées aux écrivains littéraires et aborder plus globalement le problème des « écrivains » et des producteurs de textes destinés à publication ; il faut bien admettre que jusqu’à maintenant ces espérances n’ont pas été comblées. Les juristes continuent à essayer de débrouiller l’imbroglio qui résulte de la superposition des législations nationales et internationales sur le droit d’auteur. L’application en Europe occidentale de la Convention de Rome pose des problèmes qui vont très vraisemblablement susciter à partir de 1976 une littérature abondante dans la revue du droit d’auteur. Mais d’une manière générale les questions – très épineuses sur le plan juridique – que soulève la pratique professionnelle la plus courante (l’édition à compte d’auteur, le droit du traducteur, le contrat d’édition avec forfait, la répartition des droits dérivés entre auteurs et éditeurs, la reprographie de textes publiés) restent assez curieusement éludées. [2] Depuis l’échec relatif de la grande enquête d’Edouard GAEDE en 1972 intitulé « L’écrivain et la société », à côté d’un travail très impressionniste réalisé par l’Association des attachés de presse de l’édition en 1977, le statut social de l’auteur a quand même fait l’objet d’un travail positif très intéressant de Michèle VESSILIER. Ses conclusions soulignent la difficulté méthodologique du problème : comment cerner une population d’auteurs vivants ? Les travaux de Christophe CHARLE suggèrent de nouveaux modes d’approche ; toutefois, ils se situent encore dans le champ littéraire au sens étroit du terme. Il reste toujours prématuré d’espérer des travaux synthétiques sur l’ensemble des producteurs de textes contemporains. A cet égard, Le Pouvoir intellectuel en France de Régis DEBRAY, pour stimulante qu’en soit sa lecture, avoir diverses faiblesses sur le plan scientifique. Le colloque organisé en 1975 par le Centre d’Etudes et de Recherches Marxistes représentait une approche déjà globale qui était des plus utiles. Mais de toute manière, pris dans l’absolu, le statut d’auteur ne correspond pas à une réalité concrète. Plusieurs recherches sur la littérature enfantine soulignent en effet le rôle fondamental joué par l’éditeur dans la production même des textes. En ce qui vaut pour le livre pour enfant vaut également pour bien d’autres secteurs : livres pratiques, livres scolaires, encyclopédies et dictionnaires en particulier. Jacques BRETON dans « Le Livre contemporain en France, Paris, 1980 » a montré dans une analyse sur la relation auteurs / éditeurs dans le domaine de la littérature générale (romans en édition courante : livres d’histoire et d’actualité ; livre d’art) que le pôle éditorial avait également une fonction prépondérante dans ce système de prodution-diffusion traditionnel. Ces remarques nous conduisent à recenser les travaux portant directement sur l’édition et la distribution. 3.1.3. EDITEURS, DIFFUSEURS ET DISTRIBUTEURS En dépit de ce qui vient d’être suggéré sur l’importance de la fonction éditoriale, les travaux qui lui sont consacrés restent encore timides et parcellaires. La monographie de C. DESOBRY : Les Maisons d’édition, Paris, Dafsa, 1976, 102 p. se présente comme une synthèse d’ensemble sur la production éditoriale française depuis 1971 et sur le marché du livre ; dans une troisième partie, elle situe l’édition française dans le contexte des pays occidentaux. DESOBRY reste en fait très directement tributaire de ses sources (Syndicat National de l’édition, Direction Générale des Douanes) ce qui ne lui permet que de brosser un tableau économique de l’édition française jusqu’en 1974. Le rapport de François ROUET intitulé Les Industries culturelles, tome 1 : le livre, Paris, Ministère de la Culture et de l’environnement, 1977, 280 p. repose sur des sources beaucoup plus larges ; il s’appuie en particulier sur le rapport GRANET, Pour une politique du livre, Doc. Française 1975, établi à l’intention de Monsieur le Premier Ministre français A. ROUET, dépasse la simple description pour proposer des interprétations, des évolutions en cours en 1975. Trois études présentent les éléments essentiels du dossier du contentieux qui oppose depuis plusieurs années le monde de l’édition et celui de la distribution. Il s’agit des ouvrages de : - SPIRE (Antoine) et VIALA (Jean-Pierre). – La Bataille du Livre, Paris, Ed. Sociales, 1976, 302 p. - GOUILLOU (André). –Le Book-business ou l’édition française contre la lecture populaire, Paris, Téma-Michodère, 1975, 250 p. - SYNDICAT NATIONAL DE L’EDITION, L’Editeur pourquoi ? Cercle de la librairie, 1977, 78 p. Des analyses sectorielles ont été faites pour fournir les bases d’une interprétation plus satisfaisantes. Il faut déjà citer dans ce domaine l’ouvrage d’Yvonne JOHANNOT sur les livres du format de poche, Quand le livre devient poche, Grenoble, PUG, 1978, 200 p. J. BRETON. La littérature et le reste...... tome 2 : les livres à hauts tirages. Paris, ENSB, 1978, 169 p, celui de Raymond LANDUI, Les Editeurs en Sciences Economiques. Paris, Univers. de Paris IX Dauphine, 1977, (Thèse de 3ème cycle en Technique de Communication et de la Recherche Economique). A côté de ces travaux, il faut noter la multiplication des travaux d’étudiants avancés (mémoires de maîtrise, DESS, DEA, Diplômes de fin d’études supérieures ou d’Instituts) et qui sont consacrés à l’étude d’une maison d’édition ou d’un secteur de production. La diffusion et la distribution proprement dite constituent en revanche des secteurs sur lesquels la carence des travaux universitaires se fait encore sentir. Nous pouvons cependant signaler deux documents qui ont évalué des sources existantes dans ce domaine. Il s’agit du rapport de J. BRETON, La vente du livre en détail à l’époque contemporain en France et du Métier de Libraire publié par Promodis, à Paris, en 1978. 3.1.4. LECTEURS ET LECTURE Les dernières années ont vu fleurir quantités d’études sur la lecture dans tous les sens du terme : article publié dans Communication et Langage ou dans des revues plus spécialisées telles que la Bibliographie de la France, La Nouvelle critique, le Bulletin des bibliothèques de France, Le Documentaliste, Inter-CDI, monographies sous forme de notes de recherche, thèses du 3ème cycle relevant de disciplines diverses issues des sciences humaines. Cette variété d’appartenance disciplinaire montre la diversité des intérêts pour la transmission intellectuelle de la pensée écrite. Malgré l’apport des travaux tels que ceux de J. BERTIN ou de F. RICHAUDEAU et leurs équipes intitulés La chose imprimée, Paris CEPL, 1977, les recherches sur la lecture restent centrées sur le lecteur envisagé à travers ses différents rôles. Pratiques, goûts et motivations de lecture sont décelés en fonction de ces rôles sociaux, manifestés par des comportements observables. Ces comportements de lectures ne sont plus considérés isolément, comme lors des premières enquêtes sur la lecture, mais, de plus en plus, replacés parmi d’autres types de comportements culturels ou non. De plus, techniques d’enquêtes ou mode d’exploitation des résultats se sont parfois raffinés, grâce à la vulgarisation de l’informatique. C’est l’acheteur réel ou potentiel de livres qu’étudient les organismes de sondages pour le compte du Cercle de la librairie, en essayant de cerner l’image du livre et de la lecture en fonction des points de vente fréquentés. CONCLUSION Ce panorama démontre la diversité de la recherche sur l’écrit et le livre contemporain. Mais la dispersion des thèmes de recherche donne une impression d’éparpillement des forces. Les chercheurs issus d’horizons divers se connaissent mal et auraient intérêt à coordonner leurs efforts. L’analyse de la pratique éditoriale a dégagé des problèmes sur lesquels la réflexion juridique ne devrait plus rester muette ; les abus de la photocopie ont des implications nombreuses qui n’ont pas été convenablement explorées. L’intérêt de travaux d’ensemble sur la production éditoriale nationale et étrangère n’est pas encore très manifeste chez les professionnels ; les statistiques qu’ils publient restent floues, discontinues et hétérogènes. Des mutations considérables d’origine économique et technique vont modifier tout le système de la production et de la diffusion des écrits imprimés d’ici la fin du siècle ; mais les chercheurs tâtonnent encore à la recherche d’indicateurs de tendance pertinents d’après J. BRETON. C’est peut-être encore dans le cadre des enquêtes sur la lecture que l’éparpillement de la recherche se fait plus cruellement sentir. La disparité des méthodologies et des techniques employées, conséquence des origines disciplinaires multiples des chercheurs, empêche toute recherche sur l’évolution des pratiques. L’on connaît bien, à l’heure actuelle, les comportements, goûts et motivations du lecteur. Mais, malgré les études sur la facette biologique de la lecture, on ne sait toujours pas ce qu’est exactement la lecture. Son contenu reste inconnu, nous ne sommes éclairés que sur ces effets. Approcher la lecture à travers d’autres biais que la culture ou la sociologie des lecteurs, se tourner davantage vers la genèse de l’apprentissage et vérifier ses liens avec les pratiques, examiner les déviances de lecture permettrait de renouveler la recherche sur la lecture. On peut aussi remarquer l’absence d’études sur la réception de la lecture. Que retient, que fait le lecteur de sa lecture ? 3.2. ETAT DE LA RECHERCHE EN AFRIQUE La littérature, née dans les 1920, s’est développée surtout à partir de 1960, date de la vague des indépendances africaines. La diffusion du livre de langue française dans les colonies aura ainsi non seulement souffert du manque de structures éditoriales et bibliothéconomiques locales, mais aussi et surtout de l’absence d’une véritable politique culturelle de la part des autorités coloniales, susceptibles de promouvoir la diffusion du livre parmi les populations autochtones. [3] Les chercheurs et universitaires ont surtout établi le bilan de la production romanesque, théâtrale ou poétique des écrivains de l’Afrique francophone. Ce n’était donc qu’une approche relevant de la critique littéraire basée sur le fond et la forme des œuvres. Certains chercheurs se sont intéressés plus précisément aux faits littéraires, aux mouvements littéraires (la Négritude) et aux écrivains1. D’autres se sont orientés vers des inventaires bibliographiques². Tous ces travaux n’ont pas apporté grand chose à la connaissance de l’infrastructure économique et technique qui avait favorisé la production et la diffusion de cette littérature. Aucune information sur le support matériel qu’est le livre n’a été abordée. Or, « toute réflexion sur la littérature devait tendre à étudier dans leurs interactions réciproques, le signifiant matériel et le signifié intellectuel, tous deux intégrés dans un circuit déterminé de production et de diffusion, tant il est vrai que la littérature est une forme de l’idéologie, de l’infrastructure économique. »3 3.2.1. ETAT DE LA RECHERCHE SUR LE LIVRE COMME FAIT SOCIAL C’est dans la perspective de la recherche du livre comme fait social que certains travaux scientifiques et universitaires se sont développés. En effet, en 1965, dans le n° 47 de Etudes et documents d’informations, l’UNESCO avait consacré une analyse sur la production et la circulation des livres en Afrique. Cette étude avait pour but d’inciter les gouvernements africains à opter tôt pour une politique de développement du livre. Robert ESTIVALS dans sa Bibliométrie bibliographique mentionnée in-supra a évoqué en quelques pages la production du livre en Afrique. Il soulignait la situation post-coloniale et néocapitaliste de l’Afrique : analphabétisme des populations, absence d’industrie locale et nationale du livre, multiplicité des langues, dans un même pays, dépendance aux anciennes métropoles, et enfin problèmes posés par la formation d’imprimeurs et la création d’imprimeries locales. Dix ans plus tard, dans une thèse de 3ème cycle intitulée Le livre et l’écrit de langue arabe au Sénégal, des origines au début du 20ème siècle. (Bordeaux, 1982), Henri SENE brosse la conquête arabe en Afrique subsaharienne, l’existence d’une intelligentsia sénégalaise arabophone, la production d’une littérature de langue arabe par les Sénégalais. Il arrête ses recherches à 1920, année de la parution du premier roman sénégalais, voire africain, d’expression française. Il conclut ses travaux en nous faisant remarquer que « en dehors d’une minorité de lettres constituée essentiellement par des marabouts, le livre de langue arabe ne sera jamais un moyen de communication sociale de masse au Sénégal, malgré l’existence d’une littérature produite par des lettrés autochtones ». Les travaux effectués jusqu’à présent dans le domaine de la communication portent surtout sur la diffusion du livre à travers les unités documentaires. On s’est beaucoup intéressé à la consommation, autrement dit à la lecture, l’amont qui est l’imprimerie, l’édition, la librairie a été négligée. Ainsi, c’est dans ce domaine de la lecture que se sont orientés : - LALANDE-ISNARD (L.).- Les Bibliothèques publiques dans quelques pays africains.- Université de Bordeaux 3, 1977.- (Thèse 3ème cycle) ; - LAVY (P.) ; HEISSLER (Nina) ; CANDELA (.).- Diffusion et développement de la lecture en Afrique...- Paris : Culture et Développement, 1965 ; - MAACK(Mary Niles).- A history of libraries, archives and documentation centers in Senegal.- Columbia University, 1978. (Ph. D.). Les autres pôles du schéma bibliologiques, c’est-à-dire, les circuits de production, de distribution et de promotion (par la radio, la télévision, la presse) qui favorisent la consommation du livre ont été examinés par : - DOGBE (Yves-Emmanuel).- Réflexion sur la promotion du livre africain.Paris : Ed. Akpagnou, 1984 ; - DIALLO (Abdou Karim).- Le livre de langue française au Sénégal (1960 – 1980).- Lyon : Univ. Jean Moulin, 1989. (Thèse de doctorat) ; - OSSETTE (Jacques).- Le livre scolaire au Congo des origines à 1985 : étude bibliométrique des livres destinés à l’enseignement primaire.- Bordeaux : Univ. Michel de Montaigne, 1992. (Thèse de doctorat) ; - KONATE (Sié).- Le livre en Afrique de l’Ouest francophone : Production et structure de distribution.- Université de Laval, 1991. (Ph. D. de sociologie). L’UNESCO et l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) ont organisé beaucoup de séminaires et colloques à ce sujet et, les comptes-rendus des écrits peuvent être utiles à affiner de nouvelles orientations bibliologiques. 1 Ecole Nationale Supérieure des Bibliothèques devenue aujourd’hui Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (ENSSIB, 17-21-Bd du 11 novembre 69100 Villeurbanne, France). 2 Professeur en Sciences de la Communication à l’Université de Nantes : Il est auteur de plusieurs ouvrages en bibliologie. · 3 SPIRE (Antoine). – Spécificité de l’écrit. Bordeaux III, 1979. [3] 1 C’est le cas de : JANHEINZ (Jahn).- Manuel de littérature néo-africaine du 16ème siècle à nos jours, de l’Afrique à l’Amérique.- Paris : Ed.Resma, 1969.- 293 p. KESTELOOT (Liljan).- Les Ecrivains noirs de langue française : Naissance d’une littérature.- Bruxelles : Ed. De l’Université de Bruxelles, 1977 (1ère éd. 1965).- 344 p. CHEVRIER (Jacques).- Littérature nègre.- Paris : A Colin, 1984 (1ère éd. 1979).- 272 p. 2 BARATTE-ENO BELINGA (Thérèse).- Bibliographie des auteurs africains de langue française.- 4ème éd.- Paris : F. Nathan. Cet ouvrage a bénéficié de plusieurs éditions. 3 ESTIVALS (Robert).- Bibliométrie bibliographique.- Lille : Service de reprographie, 1971.- Thèse d’Etat).
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