N° 35 - JUIN - 2014 LE MOT DU PRÉSIDENT SOMMAIRE Page 2 L’aqueduc qui sauva Marseille de la soif Page 3 Les Pèlerins à la Coquille Pages 4 & 5 D’un barrage à l’autre Page 6 Balade jacquaire aux Encanaux Page 7 Caf Jacq musical NANDO Page 8 Escapade à Maussane Page 9 Sortie inter-association Page 10 La légende du Père Jean Page 11 L’œil et la plume Page 12 Informations Chers Amis, Merci à nos Amis du Var d’avoir orchestré, cette année, la sortie inter associations. Les participants étaient très heureux de leur journée sur les crêtes de la Sainte-Baume. L’APPC s’est proposée d’organiser cette rencontre l’an prochain. Profitons de cette trêve estivale pour rappeler aux adhérents quelques règles de fonctionnement de notre association. Les balades jacquaires sont repérées et préparées par nos guides Jean-Louis Hauth et Guy Miquel. Après réception de l’invitation mensuelle, vous pouvez vous inscrire : lors de la réunion, par e-mail ou par téléphone. Ne faites pas faire l’inscription par un tiers. Nos deux amis profitent de ce contact pour vous donner des informations complémentaires et parfaire le covoiturage. Jean-Louis : 06 87 50 87 49 - [email protected] Guy : 06 52 26 53 40 - [email protected] Vous désirez participer au balisage de la Voie Phocéenne ? Prenez contact avec le responsable de la commission chemin : Guy Lagaude : 06 75 44 37 33 - [email protected] Même si le balisage est pratiquement terminé, il restera toujours à contrôler et à renforcer les points sensibles. Avec Béa, nous sommes à votre écoute ; Béa : 06 18 72 29 59 – Denis : 06 86 36 94 35 Une adresse e-mail : [email protected] Je vous souhaite, au nom de tous les responsables, un bel été et de bonnes vacances. Vous êtes une quarantaine, cette année, à partir sur le Chemin. Nous espérons vous avoir fourni tous les renseignements utiles pour mener à bien votre pèlerinage. Nous attendons avec impatience votre retour et des nouvelles du « Camino ». Amitiés jacquaires. Denis Michel que, très tôt, il fallut aller la chercher ailleurs, hors des limites communales. Et pour cela construire un aqueduc qui acheminait des eaux captées dans le terroir pour les conduire jusqu’au cœur du quartier du Panier, les stocker dans des citernes et les distribuer par des fontaines publiques. Ainsi fut construit l’aqueduc. On en trouve trace à partir du IXe siècle dans les archives de la ville. Cet aqueduc était souterrain. Il allait de la vallée du Jarret, enjambait le « col » de la porte d’Aix au moyen d’une série d’arcades, pour arriver jusqu’à la ville haute (la butte des Moulins, au Panier). Mais les eaux étaient si limoneuses que les conduites s’envasaient rapidement. Il fallut donc se résoudre - en 1599 - à prolonger l’aqueduc jusqu’à l’Huveaune. Il faut croire qu’en ce temps-là elle n’était pas l’égout à ciel ouvert que nous connûmes… Ou que les Marseillais étaient plus résistants qu’aujourd’hui ! La prise sur le fleuve se situait au-dessus du village de La Pomme dans la propriété de M. Pierrot et le 7 avril 1599 les eaux de l’Huveaune entrèrent dans Marseille (en galerie souterraine de 1,50 m sur 0,50 m). Le seul tronçon à l’air libre se situait durant le franchissement de la place d’Aix. Bien sûr, la conduite principale se subdivisant ensuite en une infinité de galeries secondaires, toujours souterraines, conduisant l’eau dans les divers quartiers de la ville. Il devait en être ainsi pendant… deux cent cinquante ans, jusqu’en 1849, année où la Durance prit le relais après que Marseille eut cent fois manqué de mourir de soif. On imagine sans peine qu’un tel ouvrage n’était pas facile d’entretien. Il s’engorgeait, ses déversoirs devenaient de vraies passoires et les prises clandestines nombreuses, pratiquées le long de son cours par les Marseillais, l’épuisaient dès que venait la sécheresse. Mais la plus grande ponction se produisait durant l’été quand les paysans de la vallée de l’Huveaune arrosaient leurs terres. La municipalité pouvait interdire à ses concitoyens l’arrosage pendant la L’aqueduc qui sauva Marseille de la soif. Jean-Claude nous fait découvrir et résume une nouvelle fois un texte tiré du livre de Jean Contrucci aux éditions Autres temps : Ça s’est passé à Marseille. Vous êtes nombreux à vous l’être procuré et nous sommes très heureux de vous l’avoir fait découvrir ; il raconte admirablement l’histoire de Marseille. L’aqueduc qui sauva Marseille de la soif. Ce n’est pas seulement le site, qui a tenté les Grecs fondateurs de Marseille, c’est aussi la présence de l’eau. Ils ont fondé Massalia parce que, au creux de la calanque abritée des vents où ils jetèrent l’ancre, il y avait un ruisseau qu’ils baptisèrent Lacydon, dont le nom a toujours été donné parallèlement au Vieux-Port. Il y avait donc de l’eau partout dans la ville et nombre de rues portent ou ont porté des noms qui le rappellent : rue Puits-du-Denier, rue du GrandPuits, rue Fontaine-Rouvière et tant d’autres. La ville était alimentée par des nappes phréatiques abondantes, descendues du plateau SaintCharles et de Longchamp. Il y avait donc de l’eau partout à Marseille, mais il n’y en avait pas pour tout le monde. C’est un mal permanent dont la ville aura souffert au long de son histoire, jusqu’à ce que le remède soit trouvé au milieu du XIXe siècle avec l’arrivée des eaux de la Durance à Longchamp, puis, plus près de nous, qu'un traitement définitif lui soit administré par le canal de Provence qui amène le Verdon au vallon Dol. Mais, pendant vingt-cinq siècles, ce fut la galère. La ville ne cessant de grandir et sa population de croître, il n’y avait jamais assez d’eau. Si bien 2 canicule, mais son droit de coercition s’arrêtait aux limites communales. Durant tout le Grand Siècle, on peut assister à des empoignades sévères entre les consuls de Marseille et les municipalités de Roquevaire, d'Auriol ou d'Aubagne. Les archives ont gardé trace de ces débats annuels qui obligeaient souvent les Marseillais à faire appel à l’autorité du gouverneur de Provence. Durant la période révolutionnaire et l’Empire, la situation s’aggrava encore, le manque d’argent n’ayant pas permis d’assurer un minimum d’entretien de l’ouvrage. Ce fut bien pire quand la conquête de l’Algérie entraîna encore une augmentation d’activité, donc des besoins en eau. Un contemporain écrit en 1835, à propos de l’aqueduc de la porte d’Aix : « Il fallait ouvrir son parapluie en plein soleil toutes les fois qu’on passait sous ses arceaux vermoulus, tant il faisait Les Pèlerins à la coquille Les Pèlerins, nommés jacquets, jacquaires, roumieux ou pèlerins à la coquille, furent d’innombrables cohortes dès le Moyen Age ; Compostelle a été le pèlerinage le plus fréquenté après Rome ou Jérusalem. Cet important voyage se fait à pied, à cheval, voire en bateau. Le pèlerin utilise un bâton ferré plus la besace et surtout la coquille qui les identifie. Et n’oublions pas le grand chapeau et la pèlerine. Au retour du pèlerinage, la coquille enfin méritée, ainsi que la Compostella, atteste de l’accomplissement de cet important pèlerinage. Les jacquets arborent de nos jours encore la coquille avec fierté. La moyenne probable journalière d’un pèlerin semble étre de 35 km. eau de toutes parts ». L’aqueduc a disparu - on peut en voir deux arches près du Conseil Régional ; un siphon l’a remplacé et maintenant on peut entrer à Marseille sans se La coquille est reliée à un des prodiges attribués à Saint Jacques ; l’on dit, selon la tradition, qu’un chevalier précipité à la mer avec sa monture sur les côtes de Galice fut ainsi sauvé… Il surgit de la mer couvert de coquilles Saint-Jacques. Les Provençaux reconnaissent les attributs de Saint Jacques dans l’iconographie traditionnelle de Saint Roch . Béa mouiller. Il est vrai que l’alimentation en eau de la ville n’avait pratiquement pas été modifiée… depuis le Moyen Age ! Il faudra une suite de canicules et de pénuries dans les années 1834 (assortie d’épidémies de choléra !) pour qu’on se penche sérieusement sur la question. On attendra tout de même 1847 et les travaux de Montricher pour que Marseille soit dotée d’une adduction d’eau moderne et suffisante. Il était temps… ! 3 BALADE JACQUAIRE : D’UN BARRAGE À L’AUTRE C’est le 19 avril, sur le parking public face au Château du Tholonet, siège social de la société des eaux du Canal de Provence, que les pèlerins provençaux se sont donné rendez-vous pour une balade jacquaire au pied de la Sainte-Victoire. Cette randonnée se trouve en partie sur les chemins de Saint-Jacques, traversant la Provence, et permet la découverte de deux barrages , ouvrages technologiques de deux époques, faisant partie des 85 gérés et entretenus actuellement par la société des eaux du Canal de Provence. Après le petit déjeuner pris au Tholonet, aixoise et la centrale de Gardanne. Le parking à proximité sert de halte-déjeuner. De nombreux mets, comme à l’habitude, ont été préparés pour être partagés. Après cette pause conviviale, le groupe repart vers le vallon des Infernets et rejoint le deuxième barrage. Construit par l’ingénieur Francesco Zola, père du célèbre écrivain, le projet a pour origine les épidémies de choléra des années 1830. Finalement financé, le début des travaux est aussi marqué par la mort du père Zola. L’ouvrage est inauguré en 1854 et va fonctionner jusqu’en 1877 pour permettre l’approvisionnement en eau d’Aix. Il permet de réguler aujourd’hui les crues des cours d’eau de la Causse et de l’Arc. Largement moins imposant que celui de Bimont, c’est tout de même le premier ouvrage sous forme de voûte. notre groupe trouve rapidement sur le chemin, par un temps ensoleillé et venteux, « le Moulin de Cézanne », puis l’aqueduc de Saint-Antonin en réfection. En longeant des champs d’oliviers, dans la pinède environnante, nous atteignons une ancienne carrière de marbre. Avec la vue de la grande croix de Provence au sommet de la SainteVictoire, la retenue du Bimont est atteinte après plus de trois heures de marche. Il a fait l’objet d’un dithyrambe du journaliste Emile Zola publié dans La Provence le 17/02/1859 (http://www.ezola.fr/Documents/ BarrageZola/barrage07.html). Cézanne en a fait un tableau qui est exposé au Musée National du Pays de Galles à Cardiff. Quelques données résumées C’est le plus récent des deux barrages et aussi le plus important. Il est construit par Joseph Rigaud entre 1946 et 1951, grâce aux fonds du Plan Marshall. Il alimente en eau toute la région Hauteur Barrage Zola (1854) 24,50 m Barrage Bimont (1952) 87 m Réservoir : -volume - surface - production électrique 2,5 Mm3 4 ha 0 GWh/an 14 250 Mm3 73 ha 9 GWh/an Jean-Christophe Lefevre 4 Le Canal Zola, par Emile Zola (La Provence, 17 février 1859) Extraits du dithyrambe Les rocs s'étaient dressés ! Planant sur la vallée, Altiers, ils semblaient dire à la voûte étoilée : "Nous montons jusqu'à vous !" Ils disaient aux mortels qui contemplaient leurs cimes : "Vous n'irez pas plus loin sur nos hauteurs sublimes : A nos pieds restez tous." Un homme veut passer !.. La terre est sans verdure ; La plaine manque d'eau ; le laboureur murmure, Et, sur le sol brûlé, le soleil radieux, Moqueur, décrit toujours sa courbe dans les cieux ; Se penchant tristement sur sa tige flétrie, La plante se dessèche et meurt dans la prairie. Plus de bosquets : voici la brûlante saison, Si l'orage parfois entasse à l'horizon Ses lourds nuages noirs qui promettent la pluie, Soudain le vent se lève et la nuée enfuie Va répandre plus loin ses fécondants trésors. Arbres, plantes et fruits dans la plaine étaient morts. Un homme veut passer !... Autour d'Aix la Romaine, Il veut d'un long cours d'eau fertiliser la plaine ; Il veut aller sonder tour à tour le rocher, Et, Moïse nouveau, de son doigt le toucher Pour en faire jaillir une fontaine immense, Il veut d'un frais gazon tapisser la Provence ; Il le veut !.. A sa voix son projet se créera, Nature... et pour créer cet homme passera !.. Et tout à coup l'on vit, de son œil qui fascine, S'échapper des éclairs, et soudain les éclats De sa voix font redire au roc : A moi, la mine ! Hommes, à moi des bras ! Gloire à lui, gloire ! - Oh ! Comment m'arrêter ? C'est un saint ministère Qui m'a dicté les chants que je viens de chanter ; Cet homme... était mon père. Emile Zola (élève au lycée Saint-Louis) 5 pour ne pas s’écraser le nez sur une pierre, cette pierre grise qui glisse quand il pleut, cette pierre de la Sainte-Baume. Nous sommes enfin arrivés sur un chemin plus plat qui s’élargit. Nous découvrons un espace où les chênes verts, brûlés par un incendie, retrouvent de nouvelles feuilles. La nature reprend le dessus et pour beaucoup d’arbres c’est la résurrection. Les branches vert vif des cèdres tranchaient avec les fleurs bleues et jaunes, les orchidées sauvages, le ciel très bleu et les rochers blancs. C’était un cadeau du ciel qui amplifiait notre joie de tout voir. Nous nous sommes arrêtés un instant au milieu de ce silence pour profiter de cette beauté, puis nous avons abusé du savoir de Pierre pour connaître le nom des fleurs. Vers 13 h, nous nous sommes installés dans un endroit choisi pour notre pique-nique, avec, bien sûr, les habitudes généreuses du partage et les « blagues » d’Yvonne - il n’y avait pas d’enfants ! Guy devant, Pierre serre-file, après une petite montée, une descente facile, permettant d’élargir notre vue sur la montagne de la Sainte-Victoire et même sur le Mont Ventoux, les villages de Saint-Zacharie, d’Auriol dans la plaine, comme devait faire la chèvre de monsieur Seguin avant de se faire manger par le loup. Mais pour l’instant, ils ne sont pas là. Au retour, nous avons de nouveau entendu la rivière chanter. Nous avons ralenti le pas pour profiter encore un peu des lieux. Une petite pause et le regret Balade jacquaire le « Balcon des Encanaux 24 mai 2014 Comme d’habitude, un groupe s’est constitué près de la gare Saint-Charles, un autre groupe nous a retrouvés au parking du site des Encanaux, tout près d’Auriol. Certains de nos amis avaient mis le short, mais vers 7 h15, il ne faisait pas si chaud… Guy, comme toujours, en bon berger, a rassemblé son « troupeau ». Le « chef » Denis et la charmante Béa n’étant pas là, occupés à servir en hospitaliers les pèlerins sur le chemin de Vézelais. Guy et Pierre nous ont servi thé et café et ce fut un moment très convivial comme d’habitude. Pierre nous a fait la surprise de nous montrer un bourdon, acheté dans un vide grenier (certainement après que Saint Jacques l’eut conduit le nez dessus). Un bourdon de toute beauté que je ne vais pas décrire, c’est un secret… que Pierre montrera à tous. Chacun de nous a souhaité le tenir en main. Que faire ? Le vernir, le peindre ? Le garder tel qu’il est ? Les avis étaient multiples. Marchons. Nous avons descendu une rue très courte, pour aborder rapidement les choses sérieuses, c'est-à-dire monter, accompagnés par les agréables clapotis de l’eau du ruisseau, le Vède, que beaucoup d’entre nous prenaient pour l’Huveaune ; notre guide avisé nous l’a nommé. Quittant le bord de l’eau et de ses chantantes petites cascades, nous avons pris un sentier, sans grande difficulté, mais très long. Le paysage était magnifique et ce n’était que le début… Le ciel bleu, les rochers blancs, les arbres verts, une harmonie ressentie qui ajoutait à la bonne humeur de tous. Nous avons fait un arrêt technique au centre de deux falaises magnifiques. Petit à petit, il était important de regarder le chemin que cette journée printanière très agréable se termine déjà. Sur le parking, nous avons bu un verre de fraîcheur, offert par Guy et Monique, qui nous a ragaillardis. Le soleil tapait très fort et quelques coups de soleil donnaient bonne mine. Après de nombreux bisous, retour à la maison, chacun gardant une joie intérieure. Que du bonheur ! Ultreia. Liliane Duchemin 6 7 Bientôt attelée à treize splendides chevaux de trait harnachés et revêtus de couvertures brodées, conduits par leurs guides fouet au poing, la charrette se présentait devant le ruban de l’inauguration du « Chemin de Compostelle ». Cette tradition honore Saint Eloi, le Saint patron des charretiers, mais aussi, en même temps, Saint Roch et Saint Jean, et coïncide avec la fête des moissons célébrée autour de la Saint JeanBaptiste, le 24 juin. Après un discours fort applaudi, les initiateurs de la manifestation laissèrent à M. l’adjoint au maire de Maussane la difficile tâche de couper le ruban de l’inauguration du chemin. Ainsi ouvert officiellement, et la plaque indicatrice « Chemin de Compostelle » dévoilée, la Les Pèlerins de Compostelle à Maussane-les-Alpilles La fête du village de Maussane, charmant village des Alpilles, battait son plein le week-end de Pentecôte 2014. Le clou de cette belle manifestation aux racines rurales, et on ne peut plus provençales, est le concours du meilleur aïoli préparé à l’huile d’olive de la Vallée des Baux ! Mais il y a aussi bien d’autres choses, dont le défilé de la « Carreto ramado » dans les rues du village. Profitant de la manifestation, M. et Mme Oberson, charmant couple de Suisses installé au sein du parc naturel des Alpilles, Maussanais d’adoption et de cœur, avait souhaité inaugurer officiellement le chemin qui traverse leur propriété et qui est si bien dénommé « Chemin de Compostelle ». Il y a peu d’années, un groupe de notre association jacquaire avait même commencé une de ses Carreto, avec son attelage, put s’engager sur le chemin, environnée, comme aurait écrit Alphonse Daudet, « d’une gloire de poussière », vers le village, pour la suite de la fête … Dans un village réservé aux nombreux piétons et touristes, la « carreto » et ses conducteurs tous vêtus de blanc et de bleu, descendants modernes des anciens balades pèlerines à partir de ce chemin. Celui-ci est effectivement emprunté par quelques pèlerins venant de Marseille ou bien d’Aix qui se rendent à Arles. Il se trouve à proximité de la Via Aurelia antique, qui est aujourd’hui devenue une moderne route départementale peu propice aux cheminements pèlerins… Le samedi 7 juin 2014, une délégation de quatre membres de notre association, Béatrice, Pierre, Bernadette et Georges, répondait à l’invitation faite au président Denis par M. et Mme Oberson et se retrouvait au « Chemin de Compostelle » de Maussane, où ceux-ci les attendaient. A l’initiative de cette sympathique manifestation, nos hôtes avaient aussi convié la fameuse « Carreto ramado », charrette couverte d’épais branchages qui évoquait plutôt un bosquet touffu d’imposantes dimensions. Etait aussi installée devant le mas de M. et Mme Oberson une non moins imposante table de pierre, pour les pèlerins de passage. En attendant l’arrivée des chevaux, des rafraîchissements y furent servis aux participants qui, peu à peu, se présentaient à l’entrée de la propriété. charretiers, put donner le spectacle impressionnant de son passage au grand trot, dans un fracas de sabots et de roues en fer, soulevant la poussière et répandant le parfum des chevaux. Le Chemin de Compostelle maintenant bien nommé, inauguré et balisé, attend les prochains pèlerins. La table des pèlerins est en place, sous l’ombrage d’un arbre, et bientôt lui sera adjointe un banc, devant le mas de M. et Mme Oberson. Ceux-ci se feront un plaisir de les accueillir et de les rafraîchir ! Qu’ils en soient remerciés d’avance ! Georges 8 Sortie Inter-asso Crêtes de la Sainte-Baume 14 juin 2014 C’est à l’hôtellerie de la Sainte-Baume que les membres de trois associations jacquaires se sont retrouvés pour cette balade inter associations, la dernière avant la trêve estivale. L’objectif de la matinée est de gagner les crêtes du massif de la Sainte-Baume par le sentier merveilleux. C’est alors une partie de la belle forêt, qui nous apporte fraîcheur et ombrage, que nous découvrons. Dans l’Antiquité, on y pratique le culte de dieux barbares, dressant des autels sous le manteau sombre et humide des arbres. Le sang humain ruisselle jusqu’à rougir la mousse des pierres et des arbres… On raconte aussi la légende selon laquelle Maître Jacques, tailleur de pierre et fondateur des Compagnons du devoir s’y serait caché pour se protéger de son rival et y aurait été assassiné, trahi par un de ses fidèles. Ses vêtements auraient alors été partagés entre les différents corps de métiers. Forêt bénéficiant d’un micro-climat, elle a été protégée de tous temps : Boniface VIII frappe d’excommunication quiconque touche à ses arbres. Charles IX, en 1564, et le Parlement d’Aix, en 1693, renouvellent cette protection en interdisant notamment la coupe du bois. Certains de ces arbres seraient millénaires. On y trouve des espèces habituellement plus au Nord, tels que hêtres, ifs ou érables. Après une ascension régulière, un passage étroit entre roches calcaires nous conduit au Paradis, lieu de halte pour le déjeuner. Nous repartons ensuite par le pas de Villecroze pour atteindre les crêtes du Massif. Par le GR9, nous atteignons bientôt le point culminant au Signal des Béguines (1148 m) où nous trouvons les restes d’un signal géodésique et un cairn. Le chemin est parfois étroit et à flanc de ravin. De nombreux accidents se sont produits, la prudence et la vigilance sont de rigueur… Nous atteignons bientôt le Jouc de l’Aigle et un peu avant le col du Saint-Pilon et sa chapelle, nous quittons les crêtes pour rejoindre l’hôtellerie. L’altitude nous avait apporté dans toutes les directions une vision exceptionnelle : le Garlaban, la Sainte-Victoire, les sommets enneigés des Alpes ou encore le Coudon et la baie de Saint-Cyr. Nous trouvons bientôt la chapelle des Parisiens. Construite en 1629, elle a été saccagée durant la Révolution et sert aujourd’hui d’abri à du matériel de terrassement. Nous sommes sur la partie finale du chemin des Roys. La grotte de Marie-Madeleine n’est qu’à quelques pas. Les 150 marches édifiées en 1913 en permettent un accès plus facile. Un peu plus en contrebas, nous retrouvons quelques oratoires. La source de Nans permet de faire une pause bien agréable par un temps chaud et presque estival. Jean-Christophe Lefevre 9 Café jacquaire du 9 juin La légende du Prêtre Jean Le lundi 9 juin 2014, notre ami Georges nous a présenté, dans le cadre de notre café jacquaire mensuel, une conférence sur la légende du Prêtre Jean. Il replace cette légende, qui naît au Moyen Age, dans le contexte des croyances de cette époque et de la foi religieuse intense de tout l’Occident médiéval. Il rappelle au passage que les pèlerins tentent de retrouver l’atmosphère de cette époque sans télévision, ni radio, ni internet, où l’on cheminait à pied, et où les nouvelles n’allaient guère plus vite. Transmises le plus souvent de bouche à oreille, elles parvenaient à leurs destinataires déformées, enjolivées ou parfois rendues terrifiantes… mais toujours crédibles, et crues, et finissaient par créer des légendes, que l’on prenait pour la réalité… Une mystérieuse lettre fut adressée en l’an 1165 à l’empereur de Constantinople Manuel Comnène, à l’empereur d’Allemagne Frédéric 1er Barberousse et au roi de France Louis VII par un non moins mystérieux « Prêtre Jean », souverain d’un royaume chrétien situé au-delà de la Perse et de l’Arménie, aux Indes. Ce royaume était tellement riche et merveilleux, dans la description qui en était faite, que durant plusieurs siècles, les plus hautes autorités de l’Occident, le pape, les empereurs, les rois, tentèrent d’entrer en contact avec lui et lui envoyèrent messagers et ambassades dans le but principal de parachever les croisades qui avaient établi en Orient les royaumes francs qui luttaient contre les musulmans, pour la possession de la cité Jérusalem et les lieux saints. Le royaume du Prêtre Jean était décrit si riche et ce souverain si généreux que l’on comprend que durant plusieurs siècles tout l’Occident y ait cru. De plus, c’était un royaume où régnaient la paix et la justice, dont les peuples étaient, et sont toujours, épris. C’était un modèle qui était présenté aux souverains du monde entier. Malheureusement, le royaume merveilleux du Prêtre Jean n’était qu’une utopie, qui eut cependant le mérite de soutenir dans l’imaginaire des populations les croyances en un progrès et une société meilleure. Les puissants y voyaient, eux, une alliance possible contre leurs ennemis d’alors, qu’ils combattaient en Orient, et une occasion d’accroître encore leurs richesses et leurs possessions. L’Inde mystérieuse était alors présentée comme une terre où l’on trouvait en abondance toutes les pierres précieuses et d’autres pierres aux pouvoirs magiques et toutes sortes d’animaux merveilleux… Même le tombeau de l’apôtre Thomas était situé dans le royaume du Prêtre Jean. On a cru, jusqu’à la fin du 15e siècle, en ce merveilleux royaume. Les Portugais qui, les premiers, entendirent parler du royaume d’Abyssinie, crurent que c’était en Ethiopie que se trouvait ce mystérieux royaume, puisque les Abyssins étaient Chrétiens (et le sont toujours). Puis l’Amérique fut découverte par Christophe Colomb et une autre page de l’Histoire s’ouvrit, une autre légende naquit, celle de « l’El Dorado » et le royaume du Prêtre Jean fut oublié. Nous le rappelons aujourd’hui dans les mémoires, ainsi que la belle utopie de justice et de bonté pour les peuples qu'il représenta au Moyen Age. Sur les traces du Prêtre Jean, Nicholas Jubber, édition Noir sur Blanc 10 éa L’Œil et la Plume La lanterne des morts Les yeux grands ouverts, le regard curieux, allons à la découverte de « la lanterne des morts ». Une lanterne des morts est une colonne en pierre ronde carrée ou polygonale. Elle est creuse à l’intérieur pour pouvoir y grimper si elle est suffisamment grande ou pour hisser une lampe et une poulie. Cette lanterne est terminée à son sommet par un petit pavillon ajouré et une croix ; à la base une petite porte pour introduire la lampe et une table orientée vers l’est pour recevoir un autel portatif à l’occasion de l’office des morts. On trouve des lanternes des morts à partir du e XI siècle, certaines avec un socle à deux marches, un toit à quatre petites croix métalliques ; hautes de 5 mètres, ce travail fait honneur aux marins. Autrefois, la lanterne des morts trouvait sa place dans les cimetières et maintenant sur la place publique, depuis 1811. On trouve des lanternes des morts surtout dans le centre ouest de la France. Placée dans les cimetières, leur lueur éloigne les démons et honorent les morts. L’essentiel de ces édifices est concentré sur environ treize départements correspondant au duché d’Aquitaine. Citons quelques lieux : Allier, Charente-Maritime, Dordogne, Lot et Haute-Vienne, etc. On note également la présence de lanternes des morts en Irlande et en Angleterre. Les lieux de nos régions où l’on trouve la lanterne des morts : Alpes-de-Haute-Provence, à Simianela-Rotonde ; Bouches-du-Rhône, Eglise Saint-Trophime à Arles, Chapelle Saint-Sulpice à Istres. L’oiseau de vent Quelle que soit la saison, il y a toujours quelque oiseau pour te dire qu’il est jour, que le soleil se lève. Grives, merles, coucous, il y a toujours quelque oiseau pour annoncer la nuit, pour devancer l’aube. Il y a toujours quelque oiseau pour te dire le temps, l’orage, le soleil que la nuée te dérobe. Que ce soit le printemps ou le cœur de l’hiver, il y a toujours pour te dire, la caille, que le blé est mûr. Et pour que tu croies au bonheur, la perdrix qui appelle sous la bruyère. Et cet oiseau de vent, soudain, qui te traverse le cœur tel un couteau de gel – afin que tu saches que l’heure est venue de revivre un jour de promesse. L'auteur : Marcela Delpastre Elle écrit en langue occitane et en français ; elle a vécu de 1925 à 1998, écolière près de SaintLéonard-de-Noblat, puis à Brive-la-Gaillarde où elle obtient un bac philosophie littérature. En 1945, elle reprend sa vie à la ferme et cela jusqu’à la fin de sa vie. Pendant ce temps, elle ne cesse de réfléchir à des sujets de poésie, des vers et des rimes. Parmi ses œuvres : La langue qui tant me plaît. Puis elle réécrit dans les années soixante des contes traditionnels : Les contes du mont Gargan ; s’ajoute une pièce de théâtre : La vigne dans le jardin. En 1990, elle est l’invitée de Bernard Pivot à l’émission Bouillon de culture. Son éditeur : Chemins de Saint-Jaume (Edicions dau Chamin de Sent-Jaume). Nous avons admiré, lors d’un passage en Haute-Vienne, la lanterne des morts de Les Cars qui est située sur la place du village. Pour visiter nos belles régions, créons le chemin des Lanternes des morts. Béa 11 Lorsque, à Santiago de Galice, on voulut bâtir l’admirable, l’incomparable Portique de la Gloire, c’est le Frère Mathieu - ce Matteo - que l’on appela et qui vint. Las ! Il fut accusé et s’accusa lui-même du péché d’orgueil pour posséder en soi et révéler au monde des vues surhumaines en art. Il est en effigie au pied de la colonne centrale, agenouillé, tête basse et battant sa coulpe intérieurement. Ce Frère Matteo, de Cluny, qui conçut et fit exécuter ce chef-d’oeuvre d’architecture, cet escalier tournant qui conduisait au clocher nord depuis le déambulatoire de la basilique de Saint-Gilles. (Le diable, dit-on, traça la première épure !) Vers Saint-Jacques-de-Compostelle – Marie Mauron 1957 – Edition Le Livre Contemporain. CAFÉS JACQUAIRES BALADES PÈLERINES Ces renseignements sont donnés à titre indicatif. Demander confirmation à : Béa - 06 18 72 29 59 Ces renseignements sont donnés à titre indicatif. Demander confirmation à : Jean-Louis - 06 87 50 87 49 Guy - 06 52 26 53 40 Pas de rencontre en juillet 11 août - Discussion libre autour du Chemin Pas de balade en juillet et août 8 septembre - Au retour, Pèlerins et Hospitaliers racontent 13 octobre - Christiane nous conduit sur le Compostelle japonais. Le pèlerinage des 88 temples de Shikoku 13 septembre - Balade à Jouques ND de Consolation RENCONTRE À THÈME A AIX-EN-PROVENCE 3e jeudi de chaque mois. Tous les autres jeudis, permanence de 16 h 00 à 18 h 00 LA MAISON DE L’ESPAGNE 7ter, rue Mignet 13100 AIX-en-PROVENCE Tél : 06 86 36 94 35 Réunions mensuelles à 18 h à la Maison de Saint-Jacques 34 rue du Refuge 13002 MARSEILLE Tél : 06 86 36 94 35 e 2 lundi de chaque mois Association Provençale des Pèlerins de Compostelle MAISON de SAINT-JACQUES, 34 rue du Refuge 13002 MARSEILLE Tél : 06 86 36 94 35 e-mail : [email protected] http://www.marseille-arles-compostelle.com/index.htm Exprimez-vous, ce bulletin vous est ouvert. Transmettez-nous vos articles, photos, impressions. Membre de la Société Française des Amis de Saint-Jacques 12
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