Freydière - Société mycologique du Dauphiné

SORTIE DU 21 Juin 2014
(Société mycologique du Dauphiné)
Freydière (alt. 1000 - 1200 m.)
vingt participants (encadrement assuré par Jean Debroux et Gilles Bonnet-Machot)
Beau temps mais très peu d’espèces malgré les pluies des jours précédents
Recensement d’une douzaine d’espèces, nouvelles pour cette année, donc non vues lors des sorties précédentes, mais très peu représentées
(quelques rares exemplaires)
Espèces recensées
Agrocybe praecox - Amanita excelsa – Amanita rubescens – Cantharellus subpruinosus – Entoloma conferendum – Gloeophyllum abietinum Hypholoma polytrichi - Lactarius rufus – Lycogala epidendron - Megacollybia platyphylla – Russula cremeoavellanea..
Commentaires concernant les espèces recensées
1) - Les Amanites de la section Validae
Les espèces de cette section sont caractérisées par des spores amyloïdes, donc par la marge piléïque non striée, par une volve friable
dissociée sur le chapeau sous forme de verrues ou de plaques, par un anneau (ou voile partiel) bien développé, juponnant, ample, strié.
2 espèces recensées :
. Amanita rubescens : Très polymorphe, elle peut être chétive et à pied grêle ou compter parmi les plus gros champignons à lames.
Appréciée des mycophages (attention, elle est toxique crue), elle est reconnaissable sur le terrain à sa chair se teintant lentement
de rose vineux à l’air, surtout dans le bulbe et les blessures.
. Amanita excelsa : Proche de Amanita spissa, avec laquelle elle est souvent confondue ou synonymisée.
Elle en diffère pourtant nettement par sa silhouette plus élancée, son chapeau plus clair, presque nu, gras ou humide, par l’odeur de
rave plus faible ou nulle, enfin par son pied profondément enfoncé dans le sol.
2) - Les espèces des zones humides
Sous cette appellation, on range les espèces des tourbières, des marécages et des hauts-marais à sphaignes :
3 espèces recensées, typiques de ces milieux :
. Entoloma conferendum : Espèce commune des tourbières, caractérisée par son chapeau brun de corne à marge finement striée, à son
odeur farineuse et microscopiquement à ses spores étoilées.
. Hypholoma polytrichi : Petite espèce proche de Hypholoma elongatum mais poussant dans les mousses de type Polytrichum, dans les
forêts de conifères, sur sols acides. Elle se différencie par ses spores inférieures à 10 µ de long et par la présence de
chrysocystides alternant avec des cheilocystides (microscope indispensable).
Polytrichum..
. Lactarius rufus : Espèce fréquente dans les hauts-marais à sphaignes, reconnaissable sur le terrain à son chapeau brun rougeâtre,
pruineux, surmonté d’un petit mamelon très caractéristique, et à son lait immuable, brûlant.
3) - Une Russule rare des bouleaux
. Russula cremeoavellanea : Recensée également dans la réserve du Luitel en 1995 dans un biotope identique
(même altitude, sur sol
acide), cette belle russule est caractérisée par son chapeau crème noisette (comme son nom l’indique) et par la structure de la
cuticule, par la gracilité des poils du chevelu et par l’insignifiance des dermatocystides.
4) - Deux espèces précoces
. Agaricus praecox : Espèce fréquente dès le début du printemps, parfois difficile à reconnaître sur le terrain car très polymorphe.
Le microscope permet de mettre en évidence des spores à parois épaisses ornées d’un pore germinatif bien visible, des
cheilocystides et pleurocystides lagéniformes ou en ballon et un épicutis celluleux et bouclé.
. Cantharellus subpruinosus : C’est la première des chanterelles, reconnaissable sur le terrain à son chapeau remarquablement pruineux et
à sa chair ferme et blanchâtre.
5) - Autres espèces déjà recensées lors des sorties précédentes
. Gloeophyllum abietinum : Cette espèce se sépare des 2 autres Gloeophyllum lamellés (Gloeophyllum sepiarium et Gloéophyllum trabeum)
par le nombre de lames par cm à la marge, soit 8 à 13, par ses cystides à parois épaisses et par la dimension des spores.
. Lycogala epidendron : Myxomycète de forme globuleuse, gris-rosâtre au début puis brun-olivâtre, avec l’intérieur crémeux et orangé à brun
noir et poussiéreux.
. Megacollybia platyphylla : La plus grande des Collybies, maintenant considérée comme unique espèce du genre Megacollybia.
Facilement reconnaissable sur le terrain à son chapeau franchement vergeté, à ses lames larges et à la présence de longs et
solides rhizoïdes à la base du pied (le déterrer avec précaution).
Fiches techniques
Agrocybe praecox (Pers. : Fr.) Fayod
Espèce bien caractérisée par sa sporée brun tabac, par sa saveur amère et farineuse, son odeur farineuse, par son apparition
printanière et microscopiquement par ses spores inférieures à 10 - 11 µ de long
Chapeau de 2 - 8 cm, lisse, mat, hygrophane, brun foncé puis jaunâtre à ocre brun, crème jaunâtre à l’état sec.
Lames blanchâtres puis ocre brunâtre sale, parfois à reflets lilas, adnées, émarginées.
Stipe blanchâtre à brun sale, bulbeux ou renflé à la base qui est prolongé par des rhizomorphes blancs.
Voile blanc, parfois visible à la marge du chapeau sous forme de quelques lambeaux isolés.
Anneau membraneux, blanchâtre et pendant, fragile, disparaissant avec l’âge.
Chair blanchâtre ou pâle - Odeur herbacée ou farineuse - Saveur amère et farineuse.
Spores elliptiques, lisses, à paroi épaisse, jaune sale pâle s.m., à pore germinatif net, de 8 - 11 x 5 - 7 µ.
Amanita excelsa (Fr.) Bertill.
(Planche de J. Vialard)
Cette Amanite contestée par de nombreux auteurs se sépare pourtant nettement de Amanita spissa
par une silhouette plus élancée,
son chapeau humide (non visqueux) et pratiquement nu,
son stipe très enfoncé dans le sol, à bulbe moins prononcé, enfin par l’absence d’odeur raphanoïde.
Chapeau gris clair, cendré, ne montrant que quelques restes du voile général.
Pied blanc +/- grisonnant, élancé (plus long que le diamètre du chapeau), profondément enfoncé dans le sol.
Odeur faible, non ou peu raphanoïde.
Spores elliptiques, de 10 - 12 x 7 - 9 µ.
Sous feuillus et conifères
Amanita rubescens Pers. : Fr.
Cette espèce se reconnaît au rougissement de la chair,
à son anneau ample et strié,
aux verrues piléïques non blanc pur
et à ses spores amyloïdes (marge piléïque non striée).
Comestible après cuisson prolongée - Toxique cru ou mal cuit
Risque de confusion avec l’Amanite panthère, reconnaissable à ses verrues blanc pur (blanc de lait),
à sa volve marginée et à son anneau hélicoïdal.
Cantharellus subpruinosus
Eyssart. & Buyck
Espèce plutôt printanière différente de Cantharellus cibarius par son chapeau remarquablement pruineux de blanc
et par sa chair blanchâtre fortement jaunissante ou roussissante.
Chapeau de 2 à 6 cm, recouvert d’une pruine blanchâtre puis orangé assez vif, se tachant d’ocracé au froissement.
Hyménium fortement décurrents, subconcolore, se tachant de jaune puis d’orangé-ocracé au froissement..
Stipe évasé au sommet, plein, subfusiforme, subconcolore, se tachant d’ocracé au froissement.
Chair blanchâtre dans le pied, orangé sous la cuticule.
Odeur très agréable, fruitée - Saveur douce.
Habitat sous feuillus et conifères, au printemps ou au début de l’été, surtout en montagne.
Spores ellipsoïdes, de 7-9 x 4-5 µ, lisses, hyalines.
Entoloma conferendum (Britz.) Noord.
(Planche de J. Vialard)
Espèce commune mais très variable, facile toutefois à déterminer au microscope grâce à ses spores cruciformes-étoilées.
Caractérisée macroscopiquement par son odeur farineuse, la marge du chapeau strié et le pied fibrillo-argenté.
Chapeau de 2 - 6 cm, campanulé à plan-convexe, papillé ou umbonné, hygrophane, gris-brun sombre, lisse, glabre.
Lames adnées-émarginées à presque libres, rose-ocracé sale puis brun-roux - Arête concolore, érodée ou entière.
Stipe brun-jaune ou brun-rougeâtre, plus pâle que le chapeau, pruineux au sommet, fibrilleux, torsadé, tomenteux à la base.
Chair brun-gris pâle ou gris-jaune près des surfaces, blanchâtre à grisâtre ailleurs.
Odeur nulle ou distinctement farineuse - Saveur plus ou moins rance.
Habitat dans les tourbières, jusque dans la zone alpine, tout au long de l’année..
Spores de 7 - 13 µ, cruciformes-étoilées, de Q = 1 - 1,6 - Pas de cystides.
Cuticule de type cutis à trichoderme au centre, à hyphes cylindriques, x 6 - 15 µ, non bouclées.
Gloeophyllum abietinum (Bul. : Fr.) Karst.
Espèce subéreuse appartenant aux Boletacés lamellés, saprophyte des conifères,
caractérisée par sa forme typiquement étirée en longueur,
à ses lames pruineuses au nombre de 8 à 12 près de la marge.
Fructifications en forme de console, reliées latéralement en longues bandes ou résupinées, parfois imbriquées.
Chapeau tomenteux ou strigueux-feutré, peu ou non zoné, brun jaune à brun rougeâtre, brun noirâtre à la fin.
Lames au nombre de 8 à 12/cm près de la marge, inégales, brun grisâtre clair, couvertes d’une pruine grisâtre.
Arête épaisse, obtuse, +/- crispée, pubescente, crème brunâtre puis concolore
Sur bois mort de conifères.
Spores cylindriques et +/- allantoïdes, lisses, hyalines, de 10 - 13 x 3 - 4 µ.
Hypholoma polytrichi (Fr. : Fr.) Ricken
Proche de Hypholoma elongatum mais poussant dans les mousses de type Polytrichum et caractérisée par ses petites spores inférieures à 9 µ de long.
Chapeau de 1 à 2,5 cm, conico-convexe à aplani-étalé, obtusément umboné, lisse, brillant, à peine visqueux par l’humidité, jaune orangé à brun ocre, plus fauve vers le disque.
Lames blanchâtres puis jaune olivâtre à brun pourpre avec l’âge, larges, étroitement adnées.
Chair mince, jaune ocre, mince - Odeur subnulle - Saveur douce.
Pied de 40 - 80 x 1 - 3 mm, subcylindrique, rigide, creux, brun orange, jaune pâle en haut et +/- lavé de roussâtre vers le bas, recouvert de fibrilles blanches dans la jeunesse,
Habitat dans les forêts de conifères, sur sols acides, parmi les mousses de type Polytrichum.
Spores ellipsoïdes, lisses, jaune pâle, à paroi +/- épaisse, ornées d’un pore germinatif +/- évident, de 7 - 9 x 4 - 6 µ - Sporée brun pourpre.
Cheilocystides et Pleurocystides le plus souvent à contenu jaune dans la potasse (chrysocystides), clavées à lagéniformes ou fusiformes, de 25 - 60 x 8 - 15 µ.
Cuticule formée d’hyphes couchées et parallèles, à pigment brun, bouclées.
Lactarius rufus (Scop. : Fr.) Fr.
Espèce très commune des stations humides, reconnaissable sur le terrain
à son chapeau non zoné, +/- brun rouge, feutré-chagriné et surmonté d’un petit mamelon caractéristique,
ainsi qu’à son lait blanc, immuable et immédiatement brûlant.
Chapeau de 4 à 10 cm, orné d’un petit mamelon aigu, pruineux à micacé, non zoné, brun roux à brun rouge.
Stipe brun jaune +/- roussâtre, feutré de blanc à la base.
Chair ferme, d’aspect un peu cotonneux, blanchâtre, roussâtre près des surfaces - Saveur très âcre.
Latex assez abondant, blanc, immédiatement très âcre, immuable.
Dans les hauts-marais sphagneux, sous épicéas et sous bouleaux.
Spores de 8 - 10 x 5,5 - 6,5 µ, interruptoréticulées, à plage subnulle ou douteuse.
Lycogala epidendron (L.) Fr.
Espèce appartenant à la classe des Myxomycètes.
Fructifications sous forme de aethalia subglobuleux de 3 à 15 mm de diamètre,
de couleur variant du gris rosâtre au brun-olivâtre.
Intérieur d’abord crémeux et orangé puis brun noirâtre et poussiéreux.
Dès le printemps, sur bois mort et souches
Megacollybia platyphylla
(Pers. : Fr.) Kotl. & Pouzar
Grosse espèce à spores non amyloïdes,
facilement reconnaissable sur le terrain à son chapeau rayé-vergeté de fibrilles noirâtres,
à ses lames larges et espacées,
enfin aux longs rhizoïdes blancs à la base du pied.
Chapeau convexe à étalé mamelonné, gris brun à brun, fibrillo-vergeté.
Lames blanchâtres, larges et espacées.
Pied fibreux, creux, un peu élargi à la base, gris beige, prolongé dans le sol par des rhizomorphes blanchâtres.
Spores largement elliptiques ou arrondies, lisses, hyalines, guttulées, de 6 - 10 x 5 - 8 µ.
Russula cremeoavellanea Singer
Rare espèce des bouleaux, à chapeau crème noisette, à chair douce et à sporée jaune clair
Chapeau de 6 à 10 cm, charnu, cassant, crème à beige olivacé ou noisette, à marge unie puis brièvement cannelée à la fin.
Lames atténuées-libres, crème pâle à ocre foncé, fourchues-anastomosées et fortement interveinées.
Stipe égal, cylindracé ou +/- difforme, plein mais vite spongieux-vermoulu, blanc puis sali de brunâtre ou de grisâtre, ridulé, pruineux en haut.
Chair épaisse, fragile-cassante, blanche à légèrement jaunâtre - Réaction rosâtre au sulfate de fer - Saveur douce - Odeur nulle ou faible..
Habitat généralement sous bouleaux.
Spores à verrues +/- épineuses, isolées à jumelées, peu reliées (A3 + B2 d’après code Bon), de 7 - 9 x 6 - 7 µ - Sporée jaune pâle.
Dermatocystides cylindracées, à 1 - 3 cloisons, plutôt grêles, x 4 à 6 µ, parfois renflées ou clavées-capitées.
Poils de l’épicutis très variables, grêles ou en tétine, parfois étirés ou capités, x 2 - 3 µ.
Incrustations acidorésistantes assez rares, réparties çà et là sur les dermatocystides ou sur quelques poils
Spores dans le melzer
Cuticule dans le congo