Ces étrangers - HEG-FR

Date: 01.03.2014
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Ces étrangers
qui créent des PME
Alors que les retombées de la votation anti-immigration de masse commencent à se faire
sentir, sur le terrain, les résidents d'origine étrangère seront peut-être bientôt plus nombreux que les Suisses à lancer des entreprises romandes. Par Edouard Bolleter
résultats des votations sur
une limitation des travailleurs
étrangers en Suisse viennent à
peine de tomber et d'étonner la
Suisse romande que la question la plus
Les
Bradstreet en Suisse (appelé aussi Bisnode D&B Suisse). Les experts de Bisnode
ont procédé à un comptage précis des
étrangers qui ont créé des sociétés en
Suisse romande en 2013 (de janvier à
importante se pose dans tous les cantons. novembre) et le constat est très clair (lire
Que va-t-il advenir des PME qui emploient notre tableau). 8659 compagnies ont été
des frontaliers, des Européens, des étran- créées dans les cantons de Genève, Vaud,
gers du monde entier? Quel est l'avenir Jura, Fribourg, Valais et Neuchâtel par
de l'économie suisse ces prochaines 18075 personnes inscrites aux registres
années? Le microcosme romand sera-t-il du commerce. Si plus de la moitié sont
bouleversé par ces contingents? Comme logiquement d'origine suisse (10862 persouvent, aucune réponse concrète ou sonnes), le reste provient de diverses orichiffrée ne pourra être amenée avant des gines dans le monde. Si ces évolutions
années.
perdurent, les étrangers créeront bientôt
Derrière ces inquiétudes se cache un plus de sociétés que les Suisses. Autre
autre aspect tout aussi important de cette enseignement, on remarque une forte préthématique. On oublie que de très nom- pondérance d'entrepreneurs venant de
breux étrangers viennent en Suisse éga- France (2510) puis du Portugal (813) et
lement pour lancer des entreprises, pour d'Italie (754).
créer des emplois. En bref, pour réussir Fibre entrepreneuriale
sur le long terme et c'est depuis long- La dynamique de création de PME
temps un moteur incontestable pour romandes vient donc aussi et toujours
l'économie romande.
davantage des gens «d'ailleurs». Et une
Avec l'ouverture des frontières euro- autre tendance est à souligner, elle
péennes, le phénomène s'est beaucoup concerne les velléités d'entrepreneurs
amplifié. Une lecture régulière de la étrangers déjà établis dans le pays. Cette
Feuille officielle suisse du commerce tendance est expliquée par les auteurs
(Fosc) nous a rendu attentif à ce sujet d'une étude du Global Entrepreneurship
étonnant. Pour obtenir une confirmation Monitor (GEM).
statistique et régionale, nous avons alors
«En terres helvétiques, les résidents
contacté l'institut de recherche Dun & d'origine étrangère ont davantage la
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Près de la moitié des entreprises romandes créées par des étrangers
Canton
Fribourg
Genève
Jura
Neuchâtel
Vaud
Valais
Total
Nouvelles créations
janvier à novembre 2013
995
2608
252
561
2793
1450
8659
Créateurs d'entreprises
janvier à novembre 2013
1895
5286
516
1075
5427
2967
17166
1380
2632
372
688
3219
2106
10397
France
119
1158
83
134
646
218
2358
Portugal
85
250
1
45
244
159
784
Italie
41
197
15
70
260
136
719
Kosovo
47
88
7
4
142
27
315
Grande-Bretagne
7
117
11
80
65
280
Espagne
13
79
8
16
114
29
259
Belgique
26
52
2
9
70
36
195
Allemagne
19
36
2
6
45
53
Turquie
24
32
4
18
60
Suisse
L'entreprise vaudoise de génie civil
AGV Toni, sise à Cugy, est un exemple
frappant de la détermination et de l'intégration réussie d'un entrepreneur étranger en Suisse romande. Le parcours de
son patron macédonien, Tom Stojanov,
démontre la force entrepreneuriale que
l'on peut acquérir en mélangeant deux
cultures très différentes et en retirant
leurs qualités propres. Dans un français
parfait teinté d'un accent balkanique,
Toni Stojanov raconte pour la première
fois pourquoi il est arrivé en Suisse et
comment il a créé une entreprise désormais connue et respectée dans tout le
canton de Vaud.
Etudiant à Skopje et diplômé de l'école
d'ingénieur civil et ingénieur géomètre,
l'entrepreneur a toujours cru en ses
capacités. «Quand on vit dans un pays
communiste, il est difficile de réussir
surtout lorsque l'on vient comme moi
d'une famille d'agriculteurs. J'étais un
très bon élève et j'ai alors décidé de partir, tenter ma chance ailleurs avec mes
acquis théoriques.»
Arrivé en Suisse en 1990, il a alors travaillé neuf ans dans le génie civil en
passant par toutes les étapes, toutes
161
138
les missions, en attendant que ses
Ensuite, le mélange des cultures fera le
diplômes soient reconnus par Berne. «Le reste. «C'est vrai, la culture suisse est
parfaite pour travailler, mais j'ai gardé le
rêve d'entrepreneur était déjà là, mais
il fallait d'abord apprendre le français.
côté relationnel de mes origines du sud,
J'avais envie de créer une entreprise,
cela m'a énormément aidé. Aujourd'hui,
j'avais acquis l'expérience du métier sur j'ai 50% des deux nationalités dans mon
le tas et du management des ouvriers.
caractère. J'ai la chaleur et /a volonté
C'est un avantage extraordinaire de
d'un Macédonien et l'expérience et la
savoir gérer les gens.»
culture professionnelle d'un Suisse. Par
En 2006, il se lance en créant sa propre exemple, le matin quand j'arrive, je vais
société de dépannage. «J'ai commencé saluer les ouvriers. C'est important, le
avec trois ou quatre ouvriers en penrelationnel.» Preuve en est, le patron a
sant positif ce qui m'a toujours aidé.
bénéficié de précieux conseils suisses.
L'entreprise a commencé à grandir et j'ai «J'avais l'envie mais pas l'expérience de
développé des relations avec les comla création d'une PME. Je me suis renmunes. Nous avons aujourd'hui plus de seigné auprès d'amis ici qui m'ont aidé à
150 clients dont 40 communes. Le chiffre faire le business plan et m'ont conseillé.
d'affaires est actuellement de 15 millions Ils sont aujourd'hui impressionnés par
de francs pour 76 collaborateurs.»
l'ampleur de la société.»
Si le sens des affaires s'est aiguisé avec Autre qualité certainement issue de ses
le temps, un facteur aura été essentiel
origines, la gestion financière prudente
depuis son arrivée en Suisse. «J'ai été
et la force de travail. «Je viens d'une
naturalisé et je me suis intégré à fond.
famille pauvre et j'ai toujours investi
Un étranger qui s'intègre doit respecter uniquement mes propres fonds. La
les moeurs et les lois du pays, et il doit
valeur de l'argent est plus respectée en
connaître les coutumes pour lancer une Macédoine qu'en Suisse, car nous traentreprise. Les amitiés avec les «locaux» vaillons comme des fous pour un salaire
se sont rapidement formées par le biais très bas. Ici, je travaille presque tout le
de matchs de football notamment.»
temps. Pour être plus souvent avec ma
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femme, j'ai aussi installé un bureau à la
maison. J'ai en moyenne dix rendez-vous
par jour et je gère toutes les relations
d'affaires. J'amène trois quarts du chiffre
d'affaires», précise-t-il.
Toni Stojanov a-t-il privilégié sa communauté dans son entreprise comme le font
beaucoup d'entrepreneurs étrangers?
«Pour compenser mon origine étrangère, je me suis entouré de gens suisses
d'origine. Ils sont une quinzaine. Il était
exclu de ne prendre que des employés de
Macédoine. J'ai stratégiquement décidé
de prendre des Suisses notamment
pour les relations extérieures. Sinon je
travaille aussi avec des Portugais et des
Français.»
Et son statut de Macédonien lui a-t-il
causé des problèmes avec les communautés vaudoises? «J'ai subi la pression.
Certains ne comprennent pas pourquoi
les communes donnent du travail aux
étrangers, j'ai été attaqué sur des bases
racistes sur l'ex-Yougoslavie. Ils oublient
que je suis naturalisé, que je suis Suisse,
d'obédience chrétienne et que je nourris
76 familles», conclut-il dans un grand
sourire méditerranéen.
fibre entrepreneuriale que les Suisses.
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de sociétés en comparaison internationale.
Alors que celle des 35-44 ans en compte le pour le travail. Si 60% de mes clients sont
nombre le plus élevé», précisent les auteurs.
chinois, il y a aussi beaucoup d'Euro-
Il faut croire que le sujet passionne les péens. Je suis à l'aise avec tout le monde»,
experts puisque le site startups.ch vient s'amuse encore Shengkun Liu.
également de publier des chiffres élo- Car sa philosophie personnelle des
quents. Ils ont constaté que le registre du affaires ne l'a pas empêché de s'adapter
commerce suisse a enregistré plus de aux habitudes et coutumes suisses. Bien
40829 nouvelles inscriptions d'entreprises au contraire. «Je mets la priorité sur la
sur l'année écoulée, ce qui représente un qualité du service pour mes clients, j'ai
record et une augmentation de 3,7% par appris cela. En Chine, c'est d'abord le
rapport à 2012. Et là aussi, le constat est prix qui importe, puis la satisfaction du
incontournable: «La Suisse romande
service. C'est très différent et je préfère
Shengkun Liu est le président et fondateur
de l'agence de voyages genevoise spécialisée sur la Chine, Eurasie Lexim. Arrivé en
Suisse en 1983 pour apprendre le français,
il a commencé son parcours professionnel
en travaillant dans un restaurant de Lausanne. «La Chine est devenue au fil des
années un pays plus ouvert et les Chinois
ont commencé à venir étudier en Suisse.
J'ai alors servi de guide puis j'ai ouvert
avec un associé chinois une petite agence
de voyages à Berne», se souvient avec
émotion l'homme d'affaires.
Au début de son activité, il donnait aussi
des cours de langue improvisés pour
aider les étudiants qui ne parlaient ni
En 2012, 8% d'étrangers de la deuxième
génération ont créé leur propre entreprise, ne comprenaient un mot de français ou
l'aspect helvétique que j'applique tous
les jours.» Les Chinois sont réputés très
travailleurs, notre chef d'entreprise ne
fait pas exception. «Honnis les heures
normales de bureau, nous travaillons également aux autres heures car nous devons
être joignables à tout moment par nos
clients en cas de problèmes ou de questions. En prenant en compte le décalage
horaire avec la Chine!»
L'entrepreneur a lancé son agence à
Genève en 2003 avec sa femme et un
associé, il emploie aujourd'hui cinq personnes avec des agences à Shanghai,
à Pékin et à Dubaï et il ne regrette rien.
«Nous ne nous plaignons pas, les affaires
tournent même si la vente de billets
d'avion devient difficile à cause des offres
sur Internet. J'ai de la chance de vivre ici,
je suis très heureux de travailler en Suisse,
d'avoir monté ma propre entreprise.» Un
témoignage de patron étranger heureux.
d'anglais. «J'ai toujours eu pour philosocontre 5% des Helvètes. Chez les immigrés
phie de travail de ne pas chercher à tout
de première génération, ce pourcentage se
hisse à 9,1%. La moyenne nationale prix l'argent, mais la qualité de vie et la
Suisses et étrangers confondus se situe relation humaine. Même en faisant du
business, il ne faut pas oublier de bien
quant à elle à 5,9% de fondateurs d'entrecontribue significativement à cet élan,
prises.» Ces données du GEM ont été vivre sa vie», explique Shengkun Liu dont
les deux enfants étudient à Genève et
en accueillant de nombreux entrepreneurs
récoltées par la Haute Ecole de gestion de
partent chaque année en Chine quelques français. La politique fiscale du gouverneFribourg, en partenariat avec l'EPFZ et la
semaines cultiver leurs origines.
ment de François Hollande a incité nombre
SUPSI Manno tessinoise. Les auteurs de
Des origines que l'entrepreneur revend'entrepreneurs français à opter pour une
l'étude ont réalisé près de 2000 entretiens
dique, tout autant que son appartenance création d'entreprise en Suisse, et notamtéléphoniques.
ment à Genève», a observé Michele BlaEn revanche, la Suisse a conservé ses à la Suisse. «Après trente ans passés en
Suisse, je suis devenu un local! Je me
succi, CECI de startups.ch.
traditions concernant l'âge des créateurs
Grâce à ces apports d'étrangers void'entreprise. «La tranche des 18-24 ans considère vraiment à moitié Chinois et à
moitié Suisse, ce qui est un réel avantage
sins, Genève affiche même une augmencompte le nombre le plus bas de fondateurs
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tation de 6,2% du nombre d'inscriptions
au registre du commerce par rapport à
l'année précédente. Autre région frontalière, au Tessin 3207 entreprises ont été
créées en 2013 avec une croissance de
+14,7%. Les entrepreneurs italiens ont
clairement fait le choix de s'installer au
Tessin afin de profiter d'une stabilité économique et politique.
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nistratives suisses. Ils compensent alors
en faisant marcher leurs réseaux identitaires
et en appliquant des recettes de travail
«de chez eux». Les deux témoignages
d'entrepreneurs étrangers que nous
publions sont éloquents et résument par-
faitement l'état d'esprit de la plupart de
ces patrons.
Le premier dirigeant à avoir accepté de
Le réseau et la volonté
témoigner est venu de Macédoine il y a
Le constat est unanime chez les observa- plus de vingt ans, bardé de diplômes. Il a
teurs: ces étrangers qui viennent travail- dû commencer sa carrière en Suisse en
ler et développer des sociétés en Suisse gravissant tous les échelons, en apprenant
sont aussi motivés qu'indispensables pour toutes les étapes de son métier dans le
l'économie. Ils sont très souvent des entre- génie civil. Sa volonté liée à ses origines
preneurs à succès grâce à leurs convictions, et son sens du contact ont ensuite fait le
leurs valeurs et leurs expériences person- reste. Il s'est intégré, a créé sa société et
nelles. Dans tous les secteurs et tous les emploie plus de 70 personnes dans une
cantons, l'énergie entrepreneuriale a trans- entreprise florissante et pérenne.
Le deuxième entrepreneur dont nous
formé les immigrés d'hier en entrepreneurs
dressons le portrait est Chinois et son parAlors qu'ils se lançaient dans les cours est tout aussi emblématique. Arrivé
années 60 dans les activités délaissées en Suisse il y a trente ans pour apprendre
accomplis aujourd'hui.
par les Suisses, on constate dorénavant
que ce sont aussi très souvent des cols
blancs qui viennent investir et créer en
Suisse pour des raisons multiples et parfois surprenantes. Que ce soit pour sa
fiscalité, sa non-appartenance à l'Union
européenne, sa sécurité ou sa profusion
la langue, il a d'abord travaillé dans un
restaurant avant de mettre à profit son
identité chinoise en cultivant un réseau
précieux. L'ouverture des frontières
chinoises lui a permis de monter une affaire
liée au tourisme et celle-ci fonctionne très
bien aujourd'hui grâce à la multiplication
de grandes écoles, la Suisse est gagnante des échanges entre la Suisse et la Chine.
Shengkun Liu a insisté pour que nous
avec l'installation de ces travailleurs
acharnés.
relayions un message de sa part résumant
peut-être en deux phrases la situation et
«La Suisse est
gagnante avec
l'installation de
ces travailleurs
acharnés.»
la volonté de milliers d'entrepreneurs
étrangers venus en Suisse: «Je suis d'origine chinoise et maintenant je possède la
nationalité suisse. J'espère tout faire en
vue de développer la relation entre ces
deux pays. Mon but est de présenter la
Suisse aux Chinois ainsi qu'aux Suisses
Parfois forcés à réussir en raison de leurs qui vont en Chine.»
origines modestes, les patrons venus de
loin cumulent les désavantages dans leur
conquête en ne maîtrisant souvent pas la
langue, la culture ou les traditions admi-
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«J'ai toujours eu envie
de camer mon entreprise»
Toni Stojanov, patron d'une PME de génie civil, a dû se battre
à toutes les étapes. Déjà pour faire reconnaître ses diplômes.
Mais, aujourd'hui, il est à la tête d'une entreprise de 76 personnes.
Toni Stojanov.
«Certains ne
comprennent pas
pourquoi les
communes
donnent du travail
aux étrangers.»
Comment créer une entreprise en Suisse?
«Tous les ressortissants des Etats
membres de l'UE/AELE, à l'exception
de la Roumanie et de la Bulgarie, ont le
droit de vivre et de travailler en Suisse.
Cela signifie qu'ils peuvent également
entamer une activité lucrative indépendante», précise la Confédération. Ainsi,
selon l'accord sur la libre circulation des
personnes, un entrepreneur indépendant peut aussi travailler en Suisse sans
autorisation d'établissement (livret C).
L'autorisation de séjour (livret B) d'une
durée de validité de cinq ans suffit.
Lors de l'enregistrement en arrivant en
Suisse, l'entrepreneur doit toutefois pou-
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voir prouver l'existence de son activité
lucrative prévue. Il peut faire cela en présentant un numéro de TVA, une inscription au registre professionnel et auprès
d'une assurance sociale en tant qu'entrepreneur indépendant, un business plan,
les chiffres comptables ou une inscription au registre du commerce.
A noter que si le passage à l'activité
lucrative indépendante se révèle un
échec et si l'entrepreneur devient dépendant de l'assistance, l'autorisation de
séjour perd sa validité. En sachant que
cet entrepreneur peut chercher un nouvel emploi en Suisse en tant que salarié.
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Shengkun Liu.
«J'ai de la chance
de vivre ici, je suis
très heureux de
travailler en
Suisse, d'avoir
monté ma propre
entreprise.»
«Je suis devenu un local»
Shengkun Liu, créateur d'une agence de voyages, a commencé comme
serveur avant de devenir entrepreneur. Un parcours exemplaire.
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