RIE HORS-SÉ magazine Septembre 2014 3, rue René Razel Christ-de-Saclay - 91892 ORSAY Cedex Tél. : +33 (0) 1 69 85 69 85 Fax : +33 (0) 1 60 19 06 45 DESTINATION... TABELLOUT razel-bec.com COUV MAG TABELLOUT.indd 1 26/08/14 08:43 02 RAZEL-BEC magazine N° 05 / Septembre 2014 Édité par RAZEL-BEC 3, rue René Razel – Christ-de-Saclay 91 892 Orsay Cedex Tél. : +33 (0)1 69 85 69 85 razel-bec.com Directeur de la publication : Jérôme Perrin Rédactrice-en-chef : Isabelle Sacquet 03 // Édito 04 // Razel en Algérie 06 // Grands projets et export 08 // L’interview 14 // Barrage 26 // Autonomie et matériel de pointe Rédaction : Isabelle Sacquet et l’ensemble des personnes citées Crédits photos : Thomas Léaud, Image & Process, RAZEL-BEC/DR Création et impression : Hawaii Communication Tél. : +33 (0)1 30 05 31 51 Tirage : 2 000 exemplaires Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. N° BVQI : PEFC/10-31-1086 38 // Galerie 46 // Des métiers et des hommes 03 édito Laurent Fayat Président 60 ans d’histoire commune RAZEL et l’Algérie déroulent une belle histoire depuis 1954, date à laquelle l’entreprise a commencé à réaliser bon nombre de chantiers prescrits sur la rive sud de la Méditérranée. Terrassement, génie civil, aménagements industriels et ferroviaires, aéroports, routes et VRD, l’expertise multi-métiers de l’entreprise s’est affirmée au gré des projets de notre partenaire algérien. En 1999, RAZEL crée sa filiale algérienne, RAZEL Algérie, transmettant ainsi sa volonté d’une présence durable dans le pays. RAZEL s’est ainsi naturellement présentée sur les grands projets algériens, notamment dans le domaine de l’eau et des infrastructures. Août 2002, l’entreprise remporte l’appel d’offres international du barrage de Koudiat Acerdoune. Il s’agit alors de réaliser un barrage poids, rectiligne, en béton compacté au rouleau (BCR). 121 mètres de haut, démarré en pied sur une largeur de 134 mètres, le barrage arrive en crête avec une largeur de 8 mètres et sur une longueur de 490 mètres. Au total, 1 850 000 m³ de béton dont 1 525 000 de BCR. Un des plus hauts barrages réalisés selon cette technique exigeante du BCR. Nos efforts sur ce chantier ont été couronnés de succès puisque nous avons obtenu le marché du barrage de Tabellout en mars 2010, un an après la fin des travaux de Koudiat Acerdoune. Une marque de confiance de la part de notre donneur d’ordre l’Agence Nationale des Barrages et Transferts (ANBT). Le barrage de Tabellout aura la particularité d’être l’un des rares barrages en BCR avec un profil arqué pour résister aux sollicitations sismiques. Complexe, technique, innovant, ce nouvel ouvrage confirme la maîtrise d’un savoir-faire spécifique et reconnu des équipes RAZEL sur les grands projets. Je vous souhaite une bonne lecture de ce hors-série consacré à un nouvel ouvrage monumental pour la réalisation duquel les équipes sur place font preuve d’un engagement total. L’entreprise et l’ensemble des collaborateurs peuvent en concevoir une grande fierté. 04 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout RAZEL EN ALGÉRIE UNE PRÉSENCE INTÉGRÉE ET DURABLE En marge de son accompagnement dans les grands projets hydrauliques du pays, la filiale RAZEL Algérie se positionne sur de nombreux autres projets, publics comme privés. Découverte de cette structure avec Walid Baghriche, Directeur de RAZEL Algérie. Walid Baghriche « RAZEL jouit d’une grande respectabilité en Algérie. Elle fait partie du paysage local depuis 1954.» En haut de gauche à droite : Aissa Keddache, Omar Sebhi, Ismaïl Ramdani, Yazid Bettahar, Aziz Belarbi, Mahfoud Hasnaoui, Walid Baghriche, Roger Dunand-Chatellet. En bas de gauche à droite : Souhila Si Larbi, Abdelhalim Mansour, Amel Chennafi, Mahmoud Hebache, Hassina Maala. Après 13 ans passés chez Thalès, Walid Baghriche a rejoint RAZEL-BEC et sa filiale RAZEL Algérie où il occupe les fonctions de directeur d’agence depuis 2010. « RAZEL jouit d’une grande respectabilité en Algérie. Elle fait partie du paysage local depuis 1954. Je suis fier de représenter ce groupe français dans mon pays d’origine et de porter des projets d’envergure qui font la renommée de l’entreprise à l’international », confie le directeur qui a suivi un cursus en Algérie et en France où il décroche un DESS en commerce international. Présente depuis 60 ans en Algérie, la filiale a évolué au fil du temps. De « base arrière » pour les projets majeurs menés dans le pays, elle est devenue, avec l’appui du siège, une entité autonome dont la stratégie est le reflet d’une implantation durable et d’une connaissance locale approfondie des projets et des hommes qui les lancent. Identité locale « Notre objectif et notre particularité ont été de positionner RAZEL Algérie dans le tissu local. C’est chose faite. Les certifications requises et obtenues pour répondre aux appels d’offres nationaux nous ouvrent les portes des projets pour lesquels seules les sociétés locales peuvent concourir », explique Walid Baghriche. Au-delà des grands projets de barrages BCR tels que ceux de Koudiat Acerdoune (lire notre encadré en page 7 – ndlr) et de Tabellout, RAZEL Algérie se déploie sur d’autres périmètres : « Notre expertise multi-métiers et nos références nous permettent de nous positionner en tant que génie civiliste sur d’importants projets énergétiques en Algérie, où il faut à la fois un savoir-faire technique reconnu à l’international et une aptitude avérée à travailler localement », analyse le directeur. 05 Carrière de Médéa. Projets privés Forte de son identité locale, RAZEL Algérie s’est aussi tournée vers les marchés privés et a développé une activité commerciale. La carrière de Médéa, située à 120 km à l’ouest d’Alger, a démarré son activité en avril 2014 après une mise en état de l’installation pendant six mois. Le gisement de calcaire s’élève à 3 millions de m3. L’objectif de production s’élève à 500 000 tonnes/an. Pour Walid Baghriche, identité locale et esprit entrepreneurial ne caractérisent pas seuls RAZEL Algérie. « La dimension humaine est au cœur des valeurs de l’entreprise. Il nous tient à cœur de donner envie aux collaborateurs, qu’ils soient expatriés ou locaux, de se mobiliser ensemble pour un projet commun. Pour cela, des dispositifs de formation sont créés et des ressources allouées pour donner un sens humain au projet global de l’entreprise ». RAZEL en Algérie : une longue histoire Directeur administratif et financier de RAZEL Algérie, Ismaïl Ramdani a intégré l’entreprise en 2001. Il a fait partie des équipes qui ont créé la filiale algérienne de RAZEL-BEC. Ismaïl Ramdani « RAZEL s’est forgée une réputation d’entreprise solide qui s’est construite et développée dans le cadre juridique algérien. Notre atout est d’avoir su par ailleurs former et faire confiance aux cadres locaux pour créer une équipe autonome et opérationnelle malgré une concurrence active et une conjoncture difficile. » 1954 RAZEL s’installe en Algérie pour réaliser la route Still-Touggourt-Hassi-Messaoud (370 km) et pendant 10 ans les chantiers se succèdent : • 1 500 km de routes pétrolières, aérodromes d’Alger et Constantine ; • pipe-line de Tifoune (212 km) ; • complexe sidérurgique d’El Akoun ; • stade olympique d’Alger. 1966 L’entreprise participe activement à la construction du complexe sidérurgique d’El Hadjar près d’Annaba. Le Maître d’ouvrage est la SNS (Société Nationale de Sidérurgie). 1974 Constitution d’une société d’économie mixte, Genisider, qui, pendant 15 ans, connaît un développement significatif et entreprend une large diversification. Parmi les grandes réalisations : • complexe sidérurgique d’El Hadjar ; • génie civil des usines de Ghardaïa, El Eulma, Réghaïa, Tiaret, Biskra ; • centrales thermiques de Ras Djinet et Jijel ; • aéroports internationaux d’Annaba et Tiaret ; • autoroute Annaba-Berrahal ; • barrage d’Ouled Mélouk près de Chlef… 1988 La coopération se poursuit sous forme d’un contrat d’assistance technique pour la réalisation de la 1ère ligne du métro d’Alger. 1992 RAZEL signe un contrat d’assistance technique pour la réfection du tunnel de Baaziz à Médéa sur la ligne ferroviaire Blida-Djelfa. 1999 RAZEL crée la société de droit algérien RAZEL Algérie, basée à Alger. 06 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout GRANDS PROJETS & EXPORT l’entreprise experte en barrages BCR Présente sur la technologie des Bétons Compactés au Rouleau (BCR) depuis la réalisation des premiers ouvrages hexagonaux faisant appel à cette solution constructive, RAZEL-BEC a acquis une expertise incontestable qui lui a ouvert le marché des grands barrages internationaux en BCR. Réalisé par RAZEL-BEC Direction Grands Projets & Export, le barrage de Tabellout représente un ouvrage de 121 mètres de hauteur en forme d’arc qui comprend le percement d’une galerie de transfert de 13,5 km de longueur creusée au tunnelier. Cet ouvrage innovant et complexe témoigne d’un savoir-faire et d’une expertise reconnus. La précédente expérience algérienne, le barrage de Koudiat Acerdoune (lire notre encadré-ndlr), a permis à l’entreprise d’acquérir la maîtrise du BCR, matériau de plus en plus sophistiqué qui nécessite la mise au point de méthodologies de production pointues ainsi que le respect de contraintes de mise en œuvre délicates. Autonomie et maîtrise des matériaux Plus d’un million de m3 de BCR sont nécessaires à la construction du barrage de Tabellout. Un processus industriel complet a donc été installé sur le site, en amont du barrage, pour produire et acheminer le BCR. La production des granulats entrant dans sa composition est également réalisée sur place. « Ce barrage traduit la capacité de l’entreprise à gérer des projets qui peuvent rassembler jusqu’à 1 500 personnes de nationalités différentes », précise Jean Guillaume, Directeur Général Adjoint en charge des grands projets et de l’export. « Sur le chantier, les équipes d’encadrement ont l’habitude de coordonner le personnel local, international et expatrié et de relever collectivement des défis technologiques. J’ajoute que les équipes supports du siège représentent un appui administratif et un conseil juridique, contractuel et comptable de premier plan ». Jean-Philippe Cattin, Directeur Projets Internationaux « Les 2 projets de barrages de Koudiat Acerdoune et de Tabellout en Algérie, ainsi que celui du Rizzanèse en France, constituent de solides références en matière de maîtrise de la technologie du BCR ; fort de cette expertise, RAZEL-BEC a initié une stratégie de partenariats avec plusieurs entreprises étrangères en vue de répondre aux grands projets à l’export de barrages, notamment en BCR, qui émergent actuellement en Asie du Sud-Est, au Proche et Moyen-Orient. » 07 Jean Guillaume, Directeur Général Adjoint « Deux métiers importants sont représentatifs de ce projet. Il s’agit du métier Barrages d’un côté et du métier Tunnels de l’autre. L’association de ces deux métiers permet à RAZEL-BEC de valoriser tous les acquis de notre expérience au sein de l’entreprise et de permettre à des jeunes ingénieurs de se former et d’acquérir une nouvelle expérience sur des projets prestigieux. » Le barrage de Koudiat Acerdoune Cet ouvrage, situé sur l’oued Isser dans la région de Lakhdaria et mis en service en octobre 2008, est un barrage poids en BCR appuyé sur une fondation rocheuse constituée de schistes marneux. D’une hauteur de 121 mètres, il alimente en eau potable 800 000 habitants (101 millions de m3 par an) tout en assurant l’irrigation des terres agricoles de la Mitidja-Est et du Bas-Isser (69 millions de m3 par an). Ce barrage, démarré en pied sur une largeur de 134 mètres, se déploie en crête sur 490 mètres de longueur (largeur 8 mètres). Sa construction, qui aura nécessité 1 850 000 m3 de béton (dont 1 525 000 m³ de BCR), a requis la mise en œuvre de nombreuses installations - stations de pompage et de traitement des eaux et des alluvions, centrale de production de filler (40 t/h), station de production de BCR (100 t/h) dont une unité de production électrique (11 000 kva) qui assurait l’autonomie du chantier. De gauche à droite : Cédric Tinel, Zahia Benséghir, Hicham Allouche, Jean-Philippe Cattin, Sophie Renard, Arnaud Watel, Marlène Gorlier, Sébastien Poli, Marie Auriol, Sophie Flachez, Catherine Martinez, Samantha Fabre, Stéphane Le Gall et au centre Jean Guillaume. 08 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout L’INTERVIEW RAZEL au cœur d’un important système de transfert des eaux Le barrage de Tabellout et sa galerie de transfert de 13,5 km, qui font partie du programme gouvernemental de gestion de l’eau sera le cinquième ouvrage de ce type du pays. L’Agence Nationale des Barrages et Transferts (ANBT) s’est assurée le conseil des bureaux d’Études Coyne et Bellier pour le barrage et Safège pour la galerie. L’expérience de RAZEL sur le barrage de Koudiat Acerdoune est un atout majeur pour ce chantier exigeant où l’organisation et le fonctionnement se doivent d’être rigoureux et fluides. Rencontre avec Mustapha Rabei, Directeur des Réalisations Centre (DRC) de l’ANBT. Quel est l’enjeu global de l’aménagement ? Mustapha Rabei, Directeur des Réalisations Centre de l’ANBT Mustapha Rabei. - L’aménagement des Hautes-Plaines Sétifiennes (HPS), revêt une importance particulière, vue la grande dimension des ouvrages projetés, tant par leurs paramètres technico-économiques que par les objectifs sociaux qui leur seront assignés. Cet aménagement permettra, à son achèvement, de transférer un volume de 313 millions de m3, destiné à l’alimentation en eau potable (AEP) d’une population d’environ 2 millions d’habitants de 28 communes de la wilaya de Sétif à l’horizon 2040, ainsi qu’à l’irrigation d’environ 36 000 hectares de terres agricoles des plaines d’El Eulma et de Sétif. Comment s’articule le projet Sétif Hodna ? M. R. - Le projet de transfert Sétif-Hodna, regroupe deux aménagements distincts. Le système Est consiste à transférer les eaux à partir du barrage de Tabellout, situé dans la wilaya de Jijel, vers le barrage réservoir de Draâ-Diss, implanté dans la wilaya de Sétif. Son objectif est d’alimenter en eau potable 16 communes de la partie Est de la wilaya de Sétif avec un volume de 42,5 hm3/an et d’irriguer la plaine d’El Eulma avec un volume de 151 hm3/an. Quel est l’autre aménagement ? M. R. - Le système Ouest, quant à lui, repose sur le transfert des eaux du barrage existant Ighil-Emda (wilaya de Béjaïa vers le barrage réservoir de Mahouane - wilaya de Sétif). Ce système est destiné à alimenter en eau potable 12 communes de la partie Ouest de la wilaya de Sétif avec un volume de 56 hm3/an et l’irrigation de la plaine sétifienne avec un volume de 66 hm3/an. Que représente le barrage de Tabellout ? M. R. - Le barrage de Tabellout, actuellement en cours de réalisation, sera classé parmi les grands barrages en Algérie, grâce à sa capacité de stockage de 294 millions de m3. Cet ouvrage, situé sur l’Oued Djendjen dans la commune de Djmila 09 Limitées, vulnérables et inégalement réparties, les ressources en eau de l’Algérie subissent depuis plus de vingt ans les effets combinés et néfastes de la sécheresse, de la pollution alors que, parallèlement, les besoins du pays ne cessent d’augmenter sous les effets conjugués de la croissance économique et démographique. Pour relever les défis posés par le déficit chronique en eau, le gouvernement algérien a mis en place un ambitieux programme de gestion de l’eau et de valorisation des ressources hydriques, celui-ci intégrant toutes les solutions existantes en la matière : forages avec exploitation de la nappe, dessalement de l’eau de mer, barrages avec transferts d’eau. Le projet de Tabellout, qui s’inscrit dans ce dernier volet, portera à 58 le nombre de barrages en exploitation, l’objectif algérien étant d’atteindre un patrimoine de 70 ouvrages qui permettront de disposer d’une capacité de 8 milliards de m³. (wilaya de Jijel), constitue le point du départ du système Est de l’aménagement HPS. Sa réalisation en Béton Compacté au Rouleau (BCR) fait de lui le cinquième barrage de ce type, en Algérie. Le barrage de Tabellout est-il similaire à celui de Koudiat, réalisé par RAZEL pour l’ANBT en 2009 ? M. R. - Le barrage de Tabellout est similaire à celui de Koudiat-Acerdoune du fait qu’il est réalisé en Béton Compacté au Rouleau (BCR). Mais sa capacité de stockage est différente. majeures au niveau de la conception de l’ouvrage. Parmi ces modifications : • une géométrie en arc pour permettre la concentration des sollicitations dans les rives en cas de séismes ; • la consolidation de l’assise pour améliorer les caractéristiques géotechniques et géo-mécaniques afin d’éviter les tassements différentiels ; • le confortement de la rive droite pour préserver la stabilité en configuration définitive de l’ouvrage, et ce, à la suite des instabilités constatées en cours d’exécution ; • la suppression de la plinthe d’injection au pied du talus, qui a été substituée par les injections à partir de la galerie. SYSTÈME EST : setif hodna TABELLOUT Wilaya de Jijel Erraguen Les contraintes d’exécution sontelles aujourd’hui différentes qu’à l’origine du projet ? M. R. - Lors de l’exécution des travaux de réalisation du barrage de Tabellout, il a été constaté la présence d’une faille, potentiellement active, localisée à 200 mètres à l’amont de l’axe de la digue, ce qui a généré des adaptations et modifications Wilaya de Sétif SETIF Draâ Diss 10 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout DEUX PROJETS EN UN RAZEL s’adapte et relève le défi Hervé Guerpillon, Directeur du Projet 2010 : l’ANBT attribue le marché du barrage de Tabellout et sa galerie à RAZEL. Un an plus tard, une nouvelle règlementation sismique modifie le projet initial du barrage et l’ANBT augmente l’épaisseur des voussoirs de la galerie. La gestion du chantier, dont l’organisation était déjà complexe en raison de l’éloignement des deux sites du barrage et de la galerie, s’en est trouvée profondément impactée. Les équipes d’Hervé Guerpillon, Directeur du projet du barrage de Tabellout et de la galerie d’Aïn Sebt, s’adaptent. En raison de la nouvelle réglementation sismique, le barrage de Tabellout est passé d’un profil droit à une géométrie en arc, assez rare sur ce type d’ouvrage. Hervé Guerpillon, Directeur du projet, explique le fondement de ce choix : « L’intégration des nouvelles valeurs de calcul aurait débouché sur la conception d’une structure plus massive nécessitant d’accroître de 70 % le volume de béton compacté au rouleau. Face à cette solution, qui conduisait à un surcoût important difficilement acceptable pour le client, le bureau d’études a proposé de revoir la forme du barrage. La nouvelle géométrie en arc a permis une augmentation minime du volume de BCR, celui-ci atteignant aujourd’hui les 1 000 000 m3 ». 11 Modifications par rapport à l’avant-projet détaillé Effets sur l’organisation du chantier Les principales modifications suivantes ont été apportées : • déplacement de la vidange de fond vers le centre du barrage ; • inclusion d’une poutre parasismique en partie haute du barrage ; • suppression des risbermes intermédiaires rendant le chantier plus difficile d’accès pour les engins ; • création de boîtes de cisaillement (lire nos explications en page 14) associées à des joints de clavage, conduisant à l’augmentation du nombre total de joints et donc de demi-plots ; • création de galeries inclinées reliant les galeries de drainage (galeries périmétrales) ; • injections de consolidation. L’impact de ces modifications de projet a par ailleurs été amplifié par un éboulement de terrain survenu en juin 2012, à l’emplacement précis de la vidange de fond. « Face à ces changements majeurs, le choix a été fait, conjointement avec le client, de ne pas stopper le chantier. Dès lors, son organisation a été impactée et réorientée autour de la vidange de fond », fait remarquer Hervé Guerpillon qui en détaille les conséquences : « phasage et cadence modifiés, et planning allongé ». Le chantier, dimensionné pour mettre en oeuvre 65 000 m³ de BCR par mois, ne produit finalement que 30 000 m³ par mois durant la phase dite en « mode dégradé » de cette réorganisation. La levée récente des contraintes liées à ce « mode dégradé » permet dorénavant de mettre en œuvre le BCR à la cadence prévue. La durée du chantier de mise en œuvre du BCR est dès lors passée de 15 à 23,5 mois. la galerie d’Aïn Sebt Une des spécificités du projet réside dans la configuration en deux sites distincts séparés d’une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau, ayant nécessité la mise en place de deux équipes indépendantes de Direction de Travaux, quoique gérées par la même Direction de Projet. La Direction de Projet, depuis la base principale de Tabellout située sur le site du barrage, assiste tant contractuellement que logistiquement les équipes de la « Tête Sud » (Tête Sud de la galerie d’Aïn Sebt), dirigées par Sylvain Mandégout. Jean-Philippe Maillard, Directeur Contrat « Sur tous les projets la partie « gestion contractuelle » est importante. Sur celui du barrage de Tabellout et de sa galerie, elle revêt une importance considérable. La gestion contractuelle, c’est défendre au jour le jour les intérêts de l’entreprise en veillant notamment à la bonne application du contrat. Tout ceci avec, bien évidemment, le soutien et l’éclairage juridique des bureaux d‘Alger et du siège à Saclay. » 12 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Giuseppe Abbagnato, Responsable Laboratoire « Le laboratoire rassemble 20 collaborateurs qui contrôlent tous les matériaux utilisés sur le chantier. Nous devons en effet être très vigilants sur les constituants des bétons et particulièrement ceux pour le BCR qui sont produits sur le chantier par la Station des Matériaux (STM) , dont la propreté notamment est suivie régulièrement. Le laboratoire est aussi en charge de l’établissement des formules pour les bétons et pour le BCR, ainsi que du contrôle (prélèvement et écrasement d’éprouvettes, contrôle du compactage par exemple). Le laboratoire c’est aussi la mise en place des appareils d’auscultation au sein des installations hydromécaniques… » Alexandre Espéret, Ingénieur, Chef de Mission « Polyvalence et anticipation définissent l’équipe des 18 membres du service Topographie et Métrés sur le barrage et la galerie, en lien constant avec les équipes travaux et les représentants du client. Nous rassemblons une multitude d’informations pour permettre l’élévation du barrage. D’autres volets importants de la mission sont par ailleurs le suivi des quantités, l’établissement des attachements de travaux, la préparation et la présentation des situations de travaux, la participation à la préparation des dossiers de négociation, ainsi que la gestion des nombreux plans du chantier, jusqu’aux dossiers de récolement. » 13 Dominique Certo, Responsable Méthodes Études Planning pour le barrage « Les différents aléas rencontrés et la capacité de l’entreprise à s’adapter aux nouvelles contraintes rendent ce chantier particulièrement exemplaire et dynamique ! Il est peu habituel de contribuer à un tel projet. » Omar Bouacha, Responsable HSE « Sécurité, qualité, environnement, les exigences sont identiques à tous les chantiers de l’entreprise. Sur le barrage, les « gilets rouges » veillent à la sécurité du personnel, 24h/24. Ils sont une vingtaine répartis sur 3 postes. » Roberto Rossetti, Responsable Sous-Traitance pour le barrage. « Les travaux sous-traités sont principalement les forages et injections (Sefi Intrafor, groupe Fayat), les travaux HEM (Calzoni Hydro et son partenaire local Alieco), les travaux électriques (Calzoni Hydro et son partenaire local PM2I), l’auscultation (Telemac), et le pont métallique sur l’évacuateur de crues. La programmation des activités sous-traitées et leur inscription dans le programme général des travaux s’accompagnent d’un suivi au quotidien des sous-traitants, que ce soit au stade de la fabrication en usine (en Italie et en Algérie), de la logistique du transport, ou du montage sur site, sans oublier les études spécifiques aux activités hydro-mécaniques et électricité, à la charge du Groupement et de ses sous-traitants, jusqu’à leur approbation par l’ANBT et son bureau d’études. » 14 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout un BARRAGE BCR À PROFIL ARQUÉ 15 16 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Barrage Un ouvrage technique innovant et exigeant Cet ouvrage hydraulique de 121 mètres de hauteur, auquel est associée une galerie de transfert de 13,5 km de longueur exécutée au tunnelier, présente la particularité d’être un des rares barrages de ce type conçu avec un profil arqué. Sa construction requiert la mise en œuvre de près d’un million de mètres cubes de béton compacté au rouleau (BCR). Visite avec Rachid Amari, Directeur de construction du barrage. Rachid Amari, Directeur du lot Barrage En Algérie, à un peu plus de 350 km à l’est d’Alger, dans la wilaya de Jijel, le chantier du barrage de Tabellout tourne à plein régime. Le site est isolé, difficile d’accès et très encaissé. À 13 kilomètres à vol d’oiseau, sur le site d’Aïn Sebt, les travaux d’excavation de la galerie s’effectuent en remontant vers le barrage au moyen d’un tunnelier à roche dure. Les deux sites sont distants de 30 kilomètres par la route la plus directe. Ces différentes contraintes ont naturellement conduit RAZEL à s’organiser pour fonctionner sur place en totale autonomie aussi bien pour le barrage que pour la galerie de transfert. Une construction complexe L’ouvrage est réalisé en 14 demi-plots ou blocs séparés par des joints. 6 joints injectés, dits de clavage, et 7 joints simples non injectés. Ces joints servent à guider le retrait du béton et sont protégés de l’amont par des bandes d’étanchéité « Waterstop » empêchant le passage de l’eau entre les blocs. Les joints de clavage, espacés de 50 mètres, sont destinés à être injectés pour compenser l’effet de retrait et favoriser le fonctionnement en voûte. Ils se composent de 2 à 3 compartiments équipés de dispositifs d’injection, d’auscultation et de boîtes de cisaillement en redans sous forme de prisme quadrangulaire d’un bloc dans le bloc contigu. Ce qui complique considérablement la construction de l’ouvrage proprement dit qui, finalement, se présentera sous l’apparence d’une structure arquée de 392 mètres de longueur développée en crête, 100 mètres de longueur à la base, 121 mètres de hauteur et 8 mètres de 17 largeur en crête », explique Rachid Amari, Directeur des Travaux du barrage. Il comprend un évacuateur de crues central en escalier, une galerie périmétrale et une galerie de vidange de fond et de demi-fond. La construction d’une ceinture parasismique de rive à rive, en partie haute de l’ouvrage, au niveau du seuil de l’évacuateur de crues, constituée d’une poutre en béton armé de 64 barres HA40 mm de diamètre vient renforcer le barrage et limiter « l’effet piano » en cas de séisme. En phase préliminaire, le projet a nécessité la réalisation : • de deux galeries de dérivation provisoires (creusées en traditionnel, à l’explosif) de Fiche Technique • Maître d’ouvrage : ANBT (Agence Nationale des Barrages et Transferts) • Concepteur APD barrage et galeries : EDF CIH • Bureaux d’études Conseil du Maître d’Ouvrage : Coyne & Bellier/Safège • Entreprises : Groupement RAZEL/CMCRA/Tabellout • Financement : État algérien • Mise en service prévue : fin 2015 380 et 431 mètres, section « fer à cheval » de 6 mètres, destinées à détourner l’oued de son lit durant la phase de travaux. Ces deux galeries seront obturées à l’issue de la construction ; • de deux batardeaux provisoires en remblais (amont et aval) protégeant la zone de construction pendant la réalisation du barrage. Rappelons que le projet est en effet destiné à transférer les eaux de cette partie très pluvieuse de l’Algérie (pouvant atteindre 1,50 mètres de précipitations annuelles soit deux fois plus que la moyenne française) vers la région de Sétif, distante d’environ 80 km. 18 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Barrage RYTHME SOUTENU POUR LES ÉQUIPES Depuis mars 2014, la production et la mise en œuvre du BCR sur le barrage de Tabellout ont décollé pour franchir des seuils symboliques. Avec 500 000 m³, la moitié du volume du BCR a été atteinte mi-juin et, le 4 août, le barrage s’est élevé à mi-hauteur, soit 60 mètres au-dessus de la fondation, à la cote 271, ce qui correspond à 60% du volume de BCR. Le lundi 16 juin 2014, la barre symbolique des 500 000 m³ de BCR mis en œuvre a été franchie : « Pour y parvenir, nous avons dépassé les 3 000 m³/jour en moyenne sur les six jours travaillés de la semaine pour totaliser 18 332 m³ en une semaine record, et 70 961 m³ pendant le mois de juin », précise Hervé Guerpillon. « L’arrivée de l’été, accompagné des fortes chaleurs, ainsi que les nécessaires aménagements d’horaires pendant le mois de Ramadhan - mise en œuvre du BCR uniquement la nuit - n’ont pas permis de battre ce record qui devrait cependant tomber dès le mois de septembre ». Hervé Guerpillon, Directeur du projet « De mars à août 2014, le barrage est monté régulièrement de 1,20 mètres - soit un massif composé de 4 couches de 0,30 mètres – par semaine, ce qui a permis d’atteindre la cote 271 au début du mois d’août 2014 : cette cote correspond à la moitié de la hauteur du barrage, qui est composé de 100 massifs, à mi-hauteur entre le fond de fouille à la cote 211 et la cote finale de 332. Chaque massif est lui-même composé d’un nombre variable de plots - selon la position en hauteur du massif : 4 à la base, 7 au sommet - de volume variable (de l’ordre de 2 500 m3 par plot dans la phase actuelle). Chaque plot est actuellement mis en œuvre en une dizaine d’heures en moyenne » 19 Douadi Boultif, Conducteur de Travaux Principal Terrassements et BCR, entouré de Jean-Claude Mogno et Rachid Amari. Pour le barrage, il est le principal artisan de la mise en œuvre du BCR. Dans la conduite du projet de Tabellout, RAZEL s’entoure d’experts et notamment Brian Forbes, spécialiste mondial des barrages. Ici avec Jean-Philippe Cattin, Giuseppe Abbagnato, Ouchene Hamza, Jean-Claude Mogno et Rachid Amari. Ci-dessous, Angelo Trevisan, Chef de chantier principal, entouré de Rachid Bettahar à sa droite et Abdesllam Atamna à sa gauche. 20 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Barrage bcr : un processus complexe La technique du béton compacté au rouleau est relativement récente puisque les premiers barrages en BCR ont été réalisés en 1980. Depuis cette époque, plus de 250 ouvrages ont été construits dans le monde. Ce procédé constructif présente des avantages mais aussi des contraintes fortes. Le développement du BCR s’explique en particulier par deux principaux avantages : l’adaptation à une géologie moins exigeante que pour des structures en béton conventionnel et la possibilité d’incorporer des ouvrages de prise et d’évacuation dans le corps, contrairement aux barrages en enrochements. Autre avantage : l’utilisation d’agrégats élaborés sur place. La différence avec un béton classique réside dans sa consistance, qui lui permet de supporter le serrage par rouleau vibrant lourd, le matériau devant par ailleurs offrir des qualités intrinsèques et des propriétés spécifiques lors de la mise en œuvre (résistance, densité, imperméabilité, durabilité, maniabilité, ségrégation) afin de garantir l’absence de zones de faiblesse dans l’ouvrage, en particulier au niveau de l’étanchéité. Un béton contraignant « La première contrainte est de mettre en œuvre une couche, sur une couche qui n’a pas encore fait sa prise (soit après quelques heures seulement), ce qui suppose une continuité et une régularité sans faille dans la mise en œuvre », explique Rachid Amari. Pour cela, un certain nombre d’équipements ou de dispositifs doivent être redondants et la réactivité à tout imprévu très forte. Autre contrainte, qui ne vaut toutefois qu’en été, est de mettre le BCR en œuvre sur le barrage à une température n’excédant pas 25°c pour limiter les effets de la fissuration. Ceci suppose de refroidir le BCR. Rachid Amari, Directeur des Travaux Barrage « Généralement lorsqu’il s’agit de refroidir du béton conventionnel on a recours à de l’eau froide voire à des paillettes de glace pour le gâchage. Dans le cas du BCR, la quantité d’eau d’ajout par m3 étant très faible (moins de 100 litres), nous devons avoir recours au refroidissement de l’eau mais aussi des plus gros granulats. Pour cela, nous faisons circuler de l’air froid au travers de silos de stockage de grand volume pour abaisser la température jusqu’à environ 12 à 14°C. L’air froid est produit par une machine dont le fonctionnement est proche d’un climatiseur mais dont la puissance est de 750 kw et nécessite un génie civil important pour constituer un stockage de matériaux à refroidir conférant une autonomie en granulats froids d’au moins 15 heures. » 21 Quantités • Volume de BCR : 1 000 000 m3 • Volume de BCV : 80 000 m3 répartis en 40 000 m3 dans le barrage, 20 000 m3 pour le confortement et 20 000 m3 pour les installations de chantier 22 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Barrage Au cœur du barrage Les équipes chantier les appellent les « parties nobles ». Enfouis dans les entrailles bétonnées du barrage, des ouvrages de génie civil d’une grande complexité ne seront jamais visibles. Et pourtant, c’est bien là que toute la technique intervient et que les auscultations du barrage sont opérées ! Revue. Afin de permettre la poursuite des activités traditionnelles (culture, maraîchage, élevage…), les installations HEM sont conçues pour maintenir un débit d’eau réservé permanent dans le lit de l’oued à l’aval du barrage. Pour le montage et les opérations de maintenance, les 2 chambres sont équipées de pont-roulant (les poids de certains éléments de vannes atteignent 20 tonnes). Le fonctionnement des vannes est assuré par des vérins hydrauliques. Chambre deS vanneS amont Le cœur du barrage, local interne du barrage dans lequel sont installées les vannes permettant de procéder soit à la vidange partielle (demi-fond), soit à la vidange totale (fond) au travers d’une tuyauterie métallique de 3,60 mètres de diamètre, noyée dans le BCR. La Chambre amont comporte 1 vanne type batardeau + 2 vannes type wagons. La vanne batardeau de demi-fond sera installée à mi-hauteur du barrage. Ces 4 vannes sont à mouvement vertical. Les vannes batardeau permettent la maintenance des vannes wagons. Jean-Claude Mogno, Ingénieur Travaux « Les HEM, Hydro-Mécaniques, sont des équipements de chaudronnerie et de mécanique servant à assurer la gestion des eaux retenues par le barrage. Dans le cas du barrage de Tabellout, il s’agit principalement des tuyauteries et des vannes des systèmes de vidange de fond et de demi-fond ; les ouvrages de prise et de pompage des eaux ne faisant pas partie des prestations du marché attribué à RAZEL. » Chambre de vanne aval Local externe du barrage, situé à l’aval bas rive gauche, et dans lequel est installé la vanne segment libérant et réglant le débit de vidange. Cette vanne a la forme d’un segment cylindrique, et son mouvement est semi-circulaire. Dans ce bâtiment d’exploitation aval la vanne segment est prolongée par la cuillère de dispersion de la vidange. 23 Tuyauterie de vidange de fond et de demi-fond. Les galeries Afin de pouvoir suivre la vie du barrage (verticalité, mouvements et autres paramètres d’auscultation...) et de pouvoir intervenir pendant la construction puis ultérieurement (injection, drainage…), un réseau de galeries internes est aménagé. Ces galeries positionnées en partie amont servent en particulier à drainer les éventuelles eaux d’infiltration dans la face amont du barrage, et dans les massifs rive gauche, rive droite et fond de barrage. Ces drainages sont réalisés par un maillage foré après construction du barrage et exécution de ses injections d’étanchéité. Galerie d’accès à la chambre des vannes amont. Chambre des vannes amont. 24 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout L’évacuation de ces eaux de drainage est réalisée gravitairement au travers du réseau suivant de galeries internes disposées à 3 niveaux (bas, moyen et haut). • Galeries dans les massifs rive gauche et rive droite : ces six (3x2) galeries souterraines de 60 mètres de longueur environ, section « fer à cheval de 3 mètres » suivent la forme arquée du barrage. Elles ont été réalisées en traditionnel, et sont revêtues de béton non armé en voûte. Barrage • Galeries internes du barrage : ces trois galeries sont réalisées par coffrage lors de la mise en œuvre du BCR, et dalles de couverture préfabriquées. À la demande du Client, l’état de surface des parois verticales de ces galeries est « brut BCR » pour un suivi visuel de l’évolution du BCR. À ces galeries internes du barrage sont associées des descenderies permettant l’accès de niveau à niveau par escaliers et rampes dont la pente atteint 45°. • Galeries d’exhaure : ces six (3x2) galeries débouchant en aval rive gauche et rive droite du barrage assurent l’évacuation gravitaire des eaux de drainage, ainsi que l’aération. Ces galeries appuyées sur les talus de rive ont été réalisées en béton armé, et ce préalablement au BCR. À ce jour, le projet ne prévoit qu’un seul accès à ces galeries (en aval de la galerie basse rive gauche). Cet accès routier sera commun avec la galerie de la chambre des vannes amont. • Galerie d’accès à la chambre des vannes amont : il s’agit de la galerie réalisée dans le corps du barrage côté rive gauche. Cette galerie de section 4,50 x 4,50 mètres permet d’accéder au bâtiment d’exploitation amont appelé communément chambre des vannes amont. Barrage en cours de réalisation : profil en arc Visite en Barrage à l’origine : profil droit Poutre parasismique Réseaux de galeries internes Parcours Rotec 25 26 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout 27 AUTONOMIE & MATÉRIEL DE POINTE 28 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Matériel ÉVALUATION, PERFORMANCE, AUTONOMIE, ANTICIPATION Les enjeux du matériel Les équipes Matériel apportent le soutien logistique et l’autonomie nécessaire aux deux chantiers concomitants du barrage et de la galerie. Le point sur les enjeux d’un dispositif impressionnant par Jacky Legras, Directeur Matériel. Jacky Legras, Directeur du Matériel 1. ÉVALUATION Le premier enjeu est d’évaluer le juste besoin en équipements et de ne pas commettre d’erreur dans la définition du matériel à mettre en œuvre. S’il est révélé en cours de chantier un mauvais choix, surtout s’agissant des installations principales appelées aussi installations de production, celui-ci aura des conséquences fâcheuses en termes de délai notamment. 29 2. PERFORMANCE Le deuxième enjeu est d’être performant très rapidement. La période de rodage doit être la plus courte possible. Les installations auxquelles nous avons recours sont des installations industrielles très lourdes (station d’élaboration de matériaux d’un débit de 650 tonnes/heure, centrale à béton en continu de 1000 tonnes/heure, convoyeur Rotec également de 1 000 tonnes/heure) que des industriels du granulat ou du béton installeraient pour 30 ans alors que nous les installons pour 24 mois. Rien ne doit donc être laissé au hasard, ni la définition, ni la rigueur et la qualité de l’installation, ni les moyens d’accompagnement nécessaires pour en assurer le meilleur fonctionnement permettant d’en garantir la performance optimale. 4. ANTICIPATION Jacky Legras, Directeur du matériel « Comme sur le barrage de Koudiat Acerdoune, nous avons mis en œuvre les structures nous permettant de garantir une autonomie totale. » 3. AUTONOMIE Un autre enjeu compte tenu de l’éloignement géographique et des difficultés de circulation et d’importation en Algérie est d’avoir sur place la maîtrise totale de tous les équipements en place, de posséder la maîtrise complète d’absolument toutes les technologies utilisées pour nous garantir une autonomie totale. Il ne serait pas concevable en cas de panne de la centrale BCR par exemple (que celle-ci soit mécanique, informatique, électrique ou électronique) de devoir faire intervenir un spécialiste venant de l’étranger qui mettrait au mieux quelques jours à arriver. Enfin le dernier enjeu est de faire preuve d’énormément d’anticipation. De fait, en Algérie probablement beaucoup plus qu’ailleurs en raison de l’éloignement et de la difficulté à se rendre sur le site, il apparaît impossible d’importer des pièces dans des délais courts. Même si par définition la panne est imprévisible, il faut néanmoins essayer de l’anticiper pour ne pas être pris au dépourvu lorsqu’elle survient. Pour cela, il faut stocker des pièces de rechange et des fournitures, ni trop en raison des coûts que cela engendre, ni trop peu pour ne pas faire chuter l’efficacité, ce qui représenterait également un coût. 30 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Matériel lE CIRCUIT DE PRODUCTION 8 1 2 10 31 1- Zones de prélèvement des alluvions (emprunt aval) 2- Station de traitement des matériaux (STM) 3- Usine fabrication de filler 4/5- Silos de stockage filler et ciment 6- Centrale BCR 7- Centrale BCV 8- Convoyeur Rotec 9- Barrage 10- Base technique 11- Catering/Intendance 12- Bases vie 13- Ateliers et magasin 9 11 12 6 13 5 7 4 3 32 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Matériel PRODUCTION, MÉCANIQUE, ÉLECTRICITÉ, LOGISTIQUE Une organisation autonome sans faille Ce n’est pas le bout du monde mais presque. Considérant l’éloignement du site, la direction Matériel est organisée en 4 divisions qui doivent toutes fonctionner de façon transverse à la minute près mais aussi en toute autonomie. Revue des troupes avec des hommes constamment sur le qui-vive afin de pallier toute difficulté et d’assurer la production ininterrompue du BCR et, de fait, l’élévation du barrage. Gaël Renaux, Responsable des Installations de production « Participer à la construction d’un barrage représente une expérience ultime dans le monde des TP. Après Koudiat Acerdoune, travailler sur le barrage de Tabellout s’est imposé à moi comme une évidence. Avoir la responsabilité des installations de production est un véritable challenge. Nous sommes responsables de l’ensemble de la chaîne d’élaboration du BCR, depuis la fabrication des granulats qui viennent de l’oued jusqu’au transport du BCR à pied d’œuvre. Dans notre équipe, les expatriés en sont tous à leur deuxième expérience de Barrage avec RAZEL ! Lorsqu’il s’agit de répondre à des objectifs budgétaires, environnementaux et sécuritaires toujours plus exigeants, cette expérience est un véritable atout. » 1. Les installations de production Elles représentent 160 personnes. Elles regroupent la station des matériaux (STM) qui fabrique les granulats, l’usine de fabrication de filler, les centrales BCV et BCR ainsi que le convoyeur Rotec (lire notre article en pages 36 et 37 – ndlr). Ces installations sont en mesure d’assurer des ratios instantanés de 650 tonnes/heures au niveau du concassage et de 1 000 tonnes/ heures pour le BCR proprement dit. Roger Debot, Responsable de la station de concassage « Les matériaux traités à Tabellout sont très dégradés. Le concassage doit donc être réglé au millimètre », explique le spécialiste mondial du concassage qui participe à faire tourner la station des matériaux de Tabellout. Afrique, Orient, Extrême-Orient, Indonésie, Russie, Amérique latine… partout où Roger Debot est passé, ses équipes se souviennent de ce Bourguignon baroudeur haut en couleur. « J’ai vu beaucoup de barrages mais celui-là est très particulier avec sa structure arquée. Sa situation aussi nécessite un matériel et une logistique infaillibles. » 33 LEXIQUE 2. L’électricité Brahim Oukheddi, Centraliste « L’usure dans les installations est très importante en raison de la nature particulière des matériaux alluvionaires. Nous devons dès lors prévoir un stock conséquent de pièces de rechange et d’usure mais les équipes font toujours preuve d’innovation pour restaurer ou réparer ! » Le service électrique comprenant 35 personnes animé par Chabane Choudani dit « Kamel TRICIEN » assisté de Tian Rangwu et de Jonathan Brisavoine « ratisse large ». Il est doté des compétences garantissant la totale indépendance du chantier par rapport à l’extérieur dans tous les domaines que sont : la production d’énergie (11 000 kwa de puissance disponible sur le seul site du barrage), la distribution en 20 kv sur tout le chantier, le diagnostic et le dépannage des équipements électriques et les automatismes devenus indispensables dans tout équipement moderne. STM : station de traitements des matériaux. BCV : béton conventionnel vibré. BCR : béton compacté au rouleau. Chabane Choudani, « Kamel TRICIEN ». Ses très grandes compétences dans tous ces domaines offrent l’indispensable capacité à adapter sans délai les matériels et particulièrement les installations de production aux dures exigences de l’ouvrage à réaliser et en font un pilier du « dispositif Tabellout ». Jonathan Brisavoine. Eric Guidon, Directeur Adjoint Matériel Eric Guidon, Directeur Adjoint Matériel et Tian Rangwu, Chef Électricien. « Des années plus tard, les défis relevés pour le projet du barrage de Koudiat Acerdoune restent dans la mémoire collective de l’ensemble du personnel qui a participé à l’aventure, qu’il s’agisse des expatriés ou du personnel local. Pour preuve, nombreux sommes-nous à être repartis spontanément pour ce nouvel ouvrage. À la différence de Koudiat, davantage d’énergie doit être distribuée ; les installations étant plus conséquentes et dispersées ; les bases vie accueillent davantage de salariés locaux. Voilà à nouveau un beau projet pour l’entreprise, qui transforme l’essai en matière de technique BCR et dans la gestion totalement autonome d’un chantier complexe. » 34 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Matériel 3. La logistique S’il est un autre pilier du « dispositif Tabellout », c’est bien le département logistique. À la tête d’une équipe de 20 personnes, Fabien Pantel a en charge tous les approvisionnements des chantiers barrage et galerie qu’ils soient à destination du service matériel (pièces de rechange) ou des services travaux (ciment, armatures, bois de coffrage…) et ce, quelle que soit leur provenance (Algérie ou étranger). Les approvisionnements étant particulièrement longs (3 mois en moyenne entre le moment où une commande est passée et le moment où la marchandise est livrée), le chantier est doté d’un magasin où sont stockés les produits d’utilisation courante et particulièrement les pièces de rechange. Près de 40 000 articles sont référencés et près de 20 000 tenus en stock en raison principalement de la très grande diversité des équipements utilisés, dont bon nombre en exemplaire unique. « L’efficience de nos équipements passe par là », nous explique Alexis Le Guil lui aussi très impliqué dans la logistique, même si ce n’est pas sa seule fonction au sein du service matériel. C’est aussi le service logistique qui a la charge de traiter tous les aspects transport, transit et douane. L’équipe du magasin. « Et quand le chantier sera terminé », nous explique Fabien, « pour nous il n’en sera guère qu’à la moitié puisqu’il nous restera à réexporter une très grande partie du matériel que nous avons importé ». Fabien Pantel. Ahcene Gaci, Chef magasinier. 35 4. La mécanique et l’entretien du matériel Le département mécanique n’échappe pas non plus à la nécessité d’être totalement autonome afin d’être le plus réactif possible face à la panne ou au quelconque besoin exprimé. C’est un atelier de 1 000 m² partagé entre mécanique, électricité, engins, usinage, chaudronnerie, carrosserie et peinture qui héberge les 60 personnes des équipes de Jean Beaufort, Sébastien Amisse, Alexis Le Guil et Mohamed Boudra. « Ici on traite toutes sortes de problèmes », nous explique Jean Beaufort, « on refait des moteurs, des boites de vitesses, on fabrique des pièces dans notre atelier d’usinage ou notre ami Bouzid Drissi et son équipe font des miracles quotidiens en sauvant ou en fabriquant bon nombre de pièces usées ou cassées souvent très coûteuses permettant de s’affranchir du long délai d’approvisionnement ». Dans le box d’à côté, ce sont pas moins de 5 carrossiers qui refont voitures, camions, ou engins victimes de mauvais traitements. « L’électronique présente maintenant sur tous nos engins nécessite d’être équipés d’instruments de diagnostic modernes » nous dira, Sébastien Amisse et Ouahid Zergat, le tout jeune électricien embauché au début du chantier du barrage de Koudiat et devenu LE spécialiste de l’électronique des engins, de rajouter « L’ordinateur portable est en première place dans ma caisse à outils ». La chaudronnerie est aussi très sollicitée, les godets même les plus gros sont refaits sur place ainsi que coffrages spécifiques et toute sorte de charpentes et équipements pour les besoins de tous. « La réalisation dont nous sommes les plus fiers est sans conteste les impressionnants poteaux support du Rotec », nous confie la casquette vissée sur la tête Mustapha Adi, l’un des responsables de l’atelier chaudronnerie. Le département entretien n’est pas en reste avec ses 30 personnes en charge de l’entretien quotidien des engins, du ravitaillement en carburant et comme si ça ne suffisait pas, de la distribution des fluides (air comprimé et eau industrielle) sur le chantier. « Nous sommes même équipés avec nos propres semi-remorques pour acheminer le million de litres de carburant mensuel nécessaire au fonctionnement des deux lots du chantier », commente Daniel Rivollier. « Ici aussi les mots d’ordre sont donc autonomie et indépendance ». Sébastien Amisse. Alexis Le Guil. Jean Beaufort. De gauche à droite : Mohamed Bouchenak, Mohamed Boudra, Mohamed Hasnaoui, Sébastien Amisse, Abdelatif Boukhelf. Daniel Rivollier, Responsable entretien matériel et une partie de son équipe (Ali et Lounès) « Après 19 ans au sein de l’entreprise en France notamment sur les chantiers de LGV, je dois reconnaître que cette nouvelle expérience s’avère extrêmement enrichissante. Tous les corps de métiers se côtoient dans le cadre d’une organisation exemplaire malgré la complexité liée aux problématiques d’isolement et d’approvisionnement. » 36 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Matériel FOCUS Un CONVOYEUR DE BCR IMPRESSIONNANT Un convoyeur, de type immense tapis roulant, d’un débit de 1 000 tonnes à 1 300 tonnes par heure transporte le BCR sur le lieu de construction du barrage. Gros plan sur ce matériel très spécifique. Outre le fait qu’il transporte le béton, la particularité du convoyeur Rotec du barrage de Tabellout est sa capacité à s’adapter en permanence à l’altitude du barrage en construction. Sur le chantier, le point de livraison du BCR le plus bas est à la cote 211 et le plus haut à la cote 332, soit un débattement vertical de 121 mètres. Ceci a nécessité des poutres ayant des portées entre appuis particulièrement longues et des sections conséquentes les rendant très lourdes (113 mètres pour + de 80 tonnes pour la plus grosse). À Tabellout, la géologie de la montagne en amont du barrage n’a pas permis de faire cheminer le convoyeur à flanc de montagne sur des supports au ras du sol comme L’expert Carlos Il s’appelle Carlos Calle. Il est colombien et s’exprime en plus de cinq langues. Il considère avec une désinvolture de spécialiste que le convoyeur Rotec représente un « système très pratique ». Le fameux tapis roulant qui transporte le BCR de l’usine de production sur le site du barrage proprement dit apparaît surtout au néophyte comme une installation hors norme. En termes de rendement bien sûr mais aussi sur le plan de sa construction improbable mais rendue possible à flan de montagnes, grâce aux expériences conjointes de Jacky Legras et de Carlos. Colombie, Brésil, Chili, Venezuela, Inde, Pakistan... les zones d’intervention de Carlos sont mondiales. « Si RAZEL décroche un nouveau barrage, je reste », confie-t-il, sombrero et casque vissés ensemble sur le crâne. Son meilleur rendement ? 1 400 tonnes/heures au Chili. Chapeau bas Monsieur Calle. c’est généralement le cas. Ce qui a rendu l’opération de montage spectaculaire pour les intervenants. La très grande instabilité de la zone a conduit à la contourner, supposant d’en « percher » une partie sur des pylônes de hauteur comprise entre 20 et 40 mètres. La prise en compte de la sismicité et du vent, qui peut être fort dans la région, a conduit à réaliser des piles de dimensions assez impressionnantes. Le montage d’éléments lourds (jusqu’à 80 tonnes à plus de 30 mètres de hauteur) a été une opération qu’il faudra renouveler au démontage lorsque le convoyeur se sera élevé de plusieurs dizaines de mètres. L’opération s’avèrera encore plus complexe. 37 38 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout 39 13,5 kilomètres DE GALERIE 40 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Galerie un projet complexe À partir du barrage, une galerie de transfert de 13,5 km de long et de 3,50 mètres de diamètre fini devait assurer le transfert des eaux vers les hautes plaines sétifiennes depuis la retenue du barrage vers la station de pompage. Mais le sous-sol extrêmement complexe implique une révision du projet. Sylvain Mandégout, Directeur du lot Galerie La galerie est réalisée avec un tunnelier roche dure de diamètre d’excavation 4,30 mètres qui permet de poser des voussoirs de 3,50 mètres de diamètre intérieur et de 4 mètres de diamètre extérieur. La longueur totale du tunnelier est de 236 mètres, train suiveur compris. « Cette longueur très importante est la conséquence de notre contrainte principale qui est la faible section intérieure du tunnel qui nous oblige à rallonger la longueur du train suiveur », précise Sylvain Mandégout, Directeur du lot Galerie. Après les premières phases de réglage début 2012, le tunnelier a rapidement atteint sa vitesse de croisière contractuelle (25 mètres Sylvain Mandégout, Directeur du lot 2 Galerie « Pour surmonter ces difficultés, les équipes Galerie ont mis au point des méthodes adaptées au contexte géologique local avec l’appui des fonctions support du siège. » 41 Un carnet de bord agité par jour) en réalisant même des pointes quotidiennes à plus de 44 mètres. Le tunnelier a même réalisé un avancement record de 195,51 mètres dans la semaine du 8 au 13 mars 2014 et de 739 mètres sur un mois ! Pourtant la course n’était pas gagnée d’avance. Le tunnelier a en effet été brutalement interrompu à la suite d’un phénomène de convergence* très intense des terrains encaissants venant enserrer la jupe du tunnelier (lire notre encadré ci-contre – ndlr). Un sous-sol surprenant Cet incident illustre la complexité du soussol algérien qui ne cesse de surprendre et d’engendrer des difficultés. Le tunnelier doit en effet traverser des terrains de géologie variable et peu reconnus (calcaires, grès, marnes et schistes plus ou moins altérés). Illustration du même ordre au niveau du chantier de terrassement du barrage : un éboulement, en rive gauche aval avec, à la clef, un volume de matériaux correspondant à un pan d’une cinquantaine de mètres de falaises dévalant en fond de vallée. Depuis le 29 février 2012, le tunnelier n’a pu avancer que pendant 203 jours, ce qui représente moins de 8 mois de production. La cadence de production moyenne a atteint 21,95 mètres/jour, malgré 4 phases de démarrage et de mise en cadence. • Le 9 mars 2010 : ordre de service de commencement de travaux. • Le 27 décembre 2010 : mise à disposition des emprises du chantier « tête Sud ». • Le 8 janvier 2012 : démarrage du montage du tunnelier phase 1 (bouclier et remorques 1 à 16). • Le 29 février 2012 : démarrage du creusement au tunnelier. • Le 16 mars 2012 : arrêt du tunnelier au PM 163,82 pour montage du tunnelier phase 2. • Le 31 mars 2012 : reprise du creusement au tunnelier. Creusement de 1 282 mètres en 2,5 mois avec des pointes à 38,40 mètres/jour, • Le 26 juin 2012 : blocage du tunnelier au PM 1462. Des fissurations importantes apparaissent sur les voussoirs à partir du PM 1350, • Le 1er décembre 2012 : reprise du creusement au tunnelier après déblocage du bouclier. Dès la semaine suivant le redémarrage du tunnelier, des dégradations importantes apparaissent sur les voussoirs 24h à 48h après le passage du tunnelier, alors que les voussoirs sont intacts au moment de leur pose. Ces dégradations nécessitent d’immobiliser le tunnelier plusieurs jours par semaine pour mettre en place des confortements par boulons d’ancrages ou par cintres. • Le 12 février 2013 : arrêt de l’excavation du tunnelier au PM 2835 en raison de mouvements suspects repérés dans la zone autour du PM 1575. Le tunnelier a atteint le PM 2835. Donc 1 372 mètres avaient été creusés en 2,5 mois depuis le déblocage du bouclier, avec des pointes à 44,40 mètres/jour. • Le 14 février 2013 : effondrement du tunnel au PM 1575. • Du 14 février 2013 au 13 mars 2013 : sécurisation du tunnel en aval de la zone effondrée (A1198 à A1305), pour accéder en sécurité à la zone de l’effondrement. • Du 14 mars 2013 au 7 mai 2013 : traitement de l’effondrement au PM 1575. • A partir du 8 mai 2013 : confortement du tunnel à partir du PM 1575 et jusqu’au tunnelier, pour sécuriser l’accès au tunnelier. • Le confortement du tunnel, qui n’a jamais été interrompu, se poursuit jusqu’à l’arrière du tunnelier (A 2162). L’arrière du tunnelier est atteint le 14 octobre 2013. • La remise en état du tunnelier démarre le 12 octobre 2013. • Redémarrage du tunnelier le 12 novembre 2013. • Entre le 7 décembre 2013 et le 2 janvier 2014, la production du tunnelier est arrêtée pour permettre la mise en place de 260 cintres HEB 200 supplémentaires (soit 254 tonnes d’acier), • Le 18 janvier 2014, après 208,85 mètres de creusement avec des pointes à 33,60 mètres par jour, le creusement au tunnelier s’arrête au PM 3347,02 en raison d’un nouvel événement géologique qui provoque le soulèvement du tunnelier et des derniers anneaux posés. Le tunnelier se soulève de 15 cm pendant l’arrêt de fin de semaine (hors production), et les anneaux en arrière du tunnelier se soulèvent de 21 cm. Un déplacement de 7 cm vers la gauche est aussi observé. • Après la mise en place de confortements importants et le rabotage de l’anneau soulevé (pour libérer la section de passage du train suiveur), le tunnelier redémarre le 2 février 2014, • Le tunnelier atteint l’Oued Imnar au PM 4483 le 1er avril 2014. Le creusement est stoppé sur instruction du maître d’ouvrage, dans l’attente d’une décision sur la solution pour poursuivre le projet. 42 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Galerie En juin dernier, sur l’ensemble du tunnel creusé, près de la moitié des anneaux présentent une dégradation. La sécurisation du tunnel jusqu’au tunnelier a nécessité le confortement de 1 214 anneaux de voussoirs, l’installation de 2 310 cintres (soit 1 800 tonnes d’acier) dans des conditions très difficiles, la mise en place de 1 120 boulons d’ancrage de différents types, la réalisation de 114 auréoles de drainage, des injections de confortement sur 296 points. Reconnaissance, relevés et galerie expérimentale Afin de mieux comprendre le comportement des terrains encaissants et préparer une solution de reprise du creusement, une campagne de reconnaissances complémentaires a été commandée par le client composée de relevés topographiques de Les spécialistes Mathias Trémolières, Responsable du Matériel, et David Ledet, Responsable Électrique, présentent un solide background dans les TP et à l’expatriation. Les spécialistes du matériel sur la galerie ont été formés auprès de Jacky Legras. « De la formation Jacky, nous sommes passés aujourd’hui à la “déformation“ Jacky », plaisantent-ils. « À savoir, la transmission généreuse des connaissances, le passage de relais et l’intégration de tous dans une équipe », précise Mathias. « Et ce n’est pas peu dire sur un chantier multi-culturel tel que Tabellout où il a fallu jongler pour que tous travaillent bien ensemble. Disponibles, disciplinés, les Chinois notamment ont rapidement adopté le rythme ». Séquence de montage du tunnelier. surface, d’essais géotechniques dans une galerie expérimentale, d’essais de laboratoire et de sondages carottés depuis la surface. Un relevé LIDAR (relevé topographique aéroporté) a également été réalisé sur 770 hectares entre le 12 février 2014 et le 17 février 2014. Ce mode de relevé est très rapide et permet de s’affranchir des difficultés d’accès aux terrains à relever (dans notre cas le dénivelé et les problèmes de sûreté empêchaient une mesure directe classique). Une galerie expérimentale est en cours de creusement depuis le 3 mai 2014 dans le tunnel existant au PM 1544. Cette galerie a pour objet de permettre le prélèvement d’échantillons de terrain non remaniés, et la réalisation d’essais géotechniques spécifiques. La fin des essais est prévue le 10 août 2014. Les essais suivants seront conduits afin de mieux caractériser le comportement mécanique du terrain encaissant, essais de plaque, essais au vérin plat et auréoles d’extensomètres. 43 Zhou Jun, Responsable Maintenance « Originaire du Sichuan, au centre-ouest de la Chine, j’ai été très bien intégré par les équipes françaises et algériennes. L’encadrement est jeune, dynamique, passionné. Notre Responsable Matériel connaît l’ensemble de la chaîne. He’s young and a very good boss. L’entreprise Razel a bien compris les enjeux des chantiers multiculturels. » Sofiane Bounefa, Pilote de tunnelier « Ici comme partout c’est le terrain qui décide. Si le tunnelier ne peut plus avancer, je peux remplir d’autres missions que celui de Pilote de tunnelier. J’ai été formé par les Français et à mon tour j’en ai formés ! C’est bien une entreprise qui transmet et développe la confiance. » 44 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Galerie Une usine à voussoirs sur place Les 43 000 voussoirs de 25 cm d’épaisseur (quatre par anneau) et 1,20 mètre de longueur sont préfabriqués sur le chantier dans une usine à voussoirs, à côté de l’attaque du tunnelier. La production a démarré fin 2011 dès la livraison des moules, en fabrication en Italie. Poursuite du projet : les solutions Frédéric Coindon, Adjoint au Directeur des Travaux de la galerie De nombreuses solutions de poursuite du projet ont été étudiées avec l’ANBT. Première d’entre elles, la poursuite en souterrain. Le revêtement actuel (épaisseur 25 cm) n’est pas adapté aux conditions exceptionnelles du terrain rencontré. Suivant les résultats de la campagne complémentaire, une nouvelle épaisseur de voussoirs devra être définie. Sous réserve de modifications lourdes, le tunnelier actuel peut être utilisé avec des voussoirs jusqu’à 35 cm d’épaisseur. « Au-delà, nous avons prévu d’utiliser un tunnelier différent, de forte puissance et avec un design adapté à des convergences importantes », précise Sylvain Mandégout. Selon le Groupement, le changement du tunnelier est indispensable pour envisager la poursuite en souterrain. Mais la complexité de la géologie est telle que les investigations actuellement en cours ne permettront pas de s’affranchir complètement des risques géologiques. Autres solutions envisagées, la solution mixte aérien/souterrain, la solution tout aérien ou encore la poursuite du creusement au tunnelier, en déviant le tracé vers l’Est, où les terrains sont supposés plus favorables et la couverture plus faible. L’ANBT décidera de la solution retenue pour la poursuite du projet en novembre 2014. 45 LEXIQUE Une convergence caractérise la tendance naturelle du terrain à se refermer après le forage. Elle témoigne de forces tectoniques présentes dans le massif et/ou de la pression appliquée par le poids des terres à la verticale de la galerie. Fiche technique Caractéristiques de la galerie • Diamètre intérieur de la Galerie : 3 500 mm • Diamètre foré : 4 300 mm • Longueur totale de la galerie : 13 500 mètres • Creusement au tunnelier roche dure • Les voussoirs sont produits sur le chantier Profil en long • Tunnel réalisé en attaque montante • Pente continue 0,12 % Le tunnelier • TBM roche dure single shield • Pose de voussoirs préfabriqués • Jupe fermée • Longueur de bouclier 9,5 mètres • Conception conique du bouclier • Longueur totale 240 mètres 46 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout DES MÉTIERS ET DES HOMMES 47 48 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Des métiers et des hommes UNE VILLE, DANS LE chantier Claude Bourgis, Responsable Administratif et Comptable « Services administratifs, comptabilité, trésorerie, les missions du responsable administratif et comptable sont étendues. Nous sommes la face cachée des chantiers mais aussi le point vers lequel tout converge ! Sur un chantier en autarcie comme celui de Tabellout, et avant lui celui de Koudiat, nous devons, comme les équipes de production, faire preuve d’autonomie et d’anticipation, même si nous pouvons compter sur les bases arrière de l’agence d’Alger et des fonctions support du siège. Une autre mission plus méconnue de la fonction est la gestion de l’intendance, le “catering”. L’organisation de la vie sur le chantier doit être exemplaire pour satisfaire l’ensemble du personnel. La qualité est au cœur de notre démarche. » 49 L’organisation du catering Au total sur le chantier (barrage et galerie) • 8 bases vies • 2 zones de stockage des denrées alimentaires équipées de chambres froides • 2 buanderies • 1 pâtisserie • 84 personnes dédiées au « catering » des services médicaux Chaque site est équipé d’une infirmerie et d’une ambulance pour les transferts sur des hôpitaux si nécessaire. Les équipes médicales se composent de 3 personnes (médecin, infirmier et chauffeur d’ambulance) qui sont de permanence sur site 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, soit 2 équipes qui se relaient sur chaque site. Thomas Montagne, RAC adjoint . De gauche à droite : Samia Mesbout, Samira Ancel, Nacira Ancel. 50 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Des métiers et des hommes Joël Rémy, Directeur des Ressources Humaines du chantier « Personnel local et expatriés internationaux, les forces vives du chantier sont multi-culturelles. L’atout de ce chantier complexe, à la fois industriel et technique, réside dans le haut niveau de savoir-faire des équipes. Une partie du personnel le plus qualifié recruté pour le chantier de Koudiat Acerdoune a suivi l’entreprise dans ce nouveau défi. Ce personnel expérimenté a participé à la transmission du savoir-faire aux nouveaux personnels recrutés localement sur les deux chantiers. L’effectif moyen du personnel local pour l’année 2014 est de 1 084 salariés pour les deux chantiers, auquel il faut rajouter 57 expatriés. Le personnel de production représente 94 % de l’effectif global, dont 54 % pour les travaux, 36 % pour le matériel et les installations de production, et 4 % pour les services supports opérationnels (laboratoire, topographie, méthodes). Le personnel des services supports fonctionnels représente 6 % de l’effectif affecté aux missions administratives, financières, ressources humaines, sécurité, et moyens généraux. Le personnel travaille six jours par semaine du samedi au jeudi, et les équipes de production sont organisées en postes de travail continus. Un service de transport du personnel est assuré entre les différentes villes d’habitation du personnel et les deux chantiers. La réalisation des objectifs de production nécessite des organisations optimisées, un management de proximité assuré par les superviseurs, et des équipes supports de ressources humaines réactives et à l’écoute des opérationnels. » 51 52 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Des métiers et des hommes 53 54 RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014 Hors-Série Destination Tabellout Des métiers et des hommes 55 3, rue René Razel Christ-de-Saclay - 91892 ORSAY Cedex Tél. : +33 (0) 1 69 85 69 85 Fax : +33 (0) 1 60 19 06 45 razel-bec.com
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