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RIE
HORS-SÉ
magazine
Septembre 2014
3, rue René Razel
Christ-de-Saclay - 91892 ORSAY Cedex
Tél. : +33 (0) 1 69 85 69 85
Fax : +33 (0) 1 60 19 06 45
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02
RAZEL-BEC magazine N° 05 / Septembre 2014
Édité par RAZEL-BEC
3, rue René Razel – Christ-de-Saclay
91 892 Orsay Cedex
Tél. : +33 (0)1 69 85 69 85
razel-bec.com
Directeur de la publication : Jérôme Perrin
Rédactrice-en-chef : Isabelle Sacquet
03 // Édito
04 // Razel en Algérie
06 // Grands projets et export
08 // L’interview
14 // Barrage
26 // Autonomie et
matériel de pointe
Rédaction :
Isabelle Sacquet et l’ensemble des personnes citées
Crédits photos :
Thomas Léaud, Image & Process, RAZEL-BEC/DR
Création et impression : Hawaii Communication
Tél. : +33 (0)1 30 05 31 51
Tirage : 2 000 exemplaires
Imprimé sur papier issu de forêts
gérées durablement.
N° BVQI : PEFC/10-31-1086
38 // Galerie
46 // Des métiers
et des hommes
03
édito
Laurent Fayat
Président
60 ans
d’histoire commune
RAZEL et l’Algérie déroulent une belle histoire depuis 1954, date à laquelle l’entreprise a
commencé à réaliser bon nombre de chantiers prescrits sur la rive sud de la Méditérranée.
Terrassement, génie civil, aménagements industriels et ferroviaires, aéroports, routes et
VRD, l’expertise multi-métiers de l’entreprise s’est affirmée au gré des projets de notre
partenaire algérien.
En 1999, RAZEL crée sa filiale algérienne, RAZEL Algérie, transmettant ainsi sa volonté
d’une présence durable dans le pays.
RAZEL s’est ainsi naturellement présentée sur les grands projets algériens, notamment
dans le domaine de l’eau et des infrastructures.
Août 2002, l’entreprise remporte l’appel d’offres international du barrage de Koudiat
Acerdoune. Il s’agit alors de réaliser un barrage poids, rectiligne, en béton compacté au
rouleau (BCR). 121 mètres de haut, démarré en pied sur une largeur de 134 mètres, le
barrage arrive en crête avec une largeur de 8 mètres et sur une longueur de 490 mètres.
Au total, 1 850 000 m³ de béton dont 1 525 000 de BCR. Un des plus hauts barrages réalisés
selon cette technique exigeante du BCR.
Nos efforts sur ce chantier ont été couronnés de succès puisque nous avons obtenu le
marché du barrage de Tabellout en mars 2010, un an après la fin des travaux de Koudiat
Acerdoune. Une marque de confiance de la part de notre donneur d’ordre l’Agence Nationale
des Barrages et Transferts (ANBT).
Le barrage de Tabellout aura la particularité d’être l’un des rares barrages en BCR avec
un profil arqué pour résister aux sollicitations sismiques. Complexe, technique, innovant,
ce nouvel ouvrage confirme la maîtrise d’un savoir-faire spécifique et reconnu des équipes
RAZEL sur les grands projets.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce hors-série consacré à un nouvel ouvrage
monumental pour la réalisation duquel les équipes sur place font preuve d’un
engagement total. L’entreprise et l’ensemble des collaborateurs peuvent en concevoir
une grande fierté.
04
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
RAZEL EN ALGÉRIE
UNE PRÉSENCE
INTÉGRÉE ET DURABLE
En marge de son accompagnement dans les grands projets hydrauliques du
pays, la filiale RAZEL Algérie se positionne sur de nombreux autres projets,
publics comme privés. Découverte de cette structure avec Walid Baghriche,
Directeur de RAZEL Algérie.
Walid Baghriche
« RAZEL jouit d’une
grande respectabilité
en Algérie. Elle fait
partie du paysage local
depuis 1954.»
En haut de gauche à droite :
Aissa Keddache, Omar Sebhi, Ismaïl Ramdani,
Yazid Bettahar, Aziz Belarbi, Mahfoud
Hasnaoui, Walid Baghriche,
Roger Dunand-Chatellet.
En bas de gauche à droite :
Souhila Si Larbi, Abdelhalim Mansour, Amel
Chennafi, Mahmoud Hebache, Hassina Maala.
Après 13 ans passés chez Thalès, Walid
Baghriche a rejoint RAZEL-BEC et sa
filiale RAZEL Algérie où il occupe les fonctions de directeur d’agence depuis 2010.
« RAZEL jouit d’une grande respectabilité
en Algérie. Elle fait partie du paysage local
depuis 1954. Je suis fier de représenter ce
groupe français dans mon pays d’origine et
de porter des projets d’envergure qui font
la renommée de l’entreprise à l’international », confie le directeur qui a suivi un cursus en Algérie et en France où il décroche
un DESS en commerce international.
Présente depuis 60 ans en Algérie, la
filiale a évolué au fil du temps. De « base
arrière » pour les projets majeurs menés
dans le pays, elle est devenue, avec l’appui du siège, une entité autonome dont
la stratégie est le reflet d’une implantation durable et d’une connaissance locale
approfondie des projets et des hommes qui
les lancent.
Identité locale
« Notre objectif et notre particularité ont
été de positionner RAZEL Algérie dans le
tissu local. C’est chose faite. Les certifications requises et obtenues pour répondre
aux appels d’offres nationaux nous ouvrent
les portes des projets pour lesquels seules
les sociétés locales peuvent concourir »,
explique Walid Baghriche.
Au-delà des grands projets de barrages
BCR tels que ceux de Koudiat Acerdoune
(lire notre encadré en page 7 – ndlr) et
de Tabellout, RAZEL Algérie se déploie
sur d’autres périmètres : « Notre expertise multi-métiers et nos références nous
permettent de nous positionner en tant
que génie civiliste sur d’importants projets
énergétiques en Algérie, où il faut à la fois
un savoir-faire technique reconnu à l’international et une aptitude avérée à travailler
localement », analyse le directeur.
05
Carrière de Médéa.
Projets privés
Forte de son identité locale, RAZEL Algérie
s’est aussi tournée vers les marchés privés
et a développé une activité commerciale.
La carrière de Médéa, située à 120 km à
l’ouest d’Alger, a démarré son activité en
avril 2014 après une mise en état de l’installation pendant six mois. Le gisement de
calcaire s’élève à 3 millions de m3. L’objectif
de production s’élève à 500 000 tonnes/an.
Pour Walid Baghriche, identité locale et esprit
entrepreneurial ne caractérisent pas seuls
RAZEL Algérie. « La dimension humaine est
au cœur des valeurs de l’entreprise. Il nous
tient à cœur de donner envie aux collaborateurs, qu’ils soient expatriés ou locaux, de
se mobiliser ensemble pour un projet commun. Pour cela, des dispositifs de formation
sont créés et des ressources allouées pour
donner un sens humain au projet global de
l’entreprise ».
RAZEL
en Algérie :
une longue
histoire
Directeur administratif et financier de RAZEL Algérie, Ismaïl
Ramdani a intégré l’entreprise en 2001. Il a fait partie des équipes
qui ont créé la filiale algérienne de RAZEL-BEC.
Ismaïl Ramdani
« RAZEL s’est forgée une réputation
d’entreprise solide qui s’est construite
et développée dans le cadre juridique
algérien. Notre atout est d’avoir su
par ailleurs former et faire confiance
aux cadres locaux pour créer une
équipe autonome et opérationnelle
malgré une concurrence active et
une conjoncture difficile. »
1954
RAZEL s’installe en Algérie pour réaliser
la route Still-Touggourt-Hassi-Messaoud
(370 km) et pendant 10 ans les chantiers
se succèdent :
• 1 500 km de routes pétrolières, aérodromes d’Alger et Constantine ;
• pipe-line de Tifoune (212 km) ;
• complexe sidérurgique d’El Akoun ;
• stade olympique d’Alger.
1966
L’entreprise participe activement à la
construction du complexe sidérurgique d’El
Hadjar près d’Annaba. Le Maître d’ouvrage
est la SNS (Société Nationale de Sidérurgie).
1974
Constitution d’une société d’économie
mixte, Genisider, qui, pendant 15 ans,
connaît un développement significatif et
entreprend une large diversification. Parmi
les grandes réalisations :
• complexe sidérurgique d’El Hadjar ;
• génie civil des usines de Ghardaïa, El Eulma,
Réghaïa, Tiaret, Biskra ;
• centrales thermiques de Ras Djinet et Jijel ;
• aéroports internationaux d’Annaba et Tiaret ;
• autoroute Annaba-Berrahal ;
• barrage d’Ouled Mélouk près de Chlef…
1988
La coopération se poursuit sous forme
d’un contrat d’assistance technique pour la
réalisation de la 1ère ligne du métro d’Alger.
1992
RAZEL signe un contrat d’assistance technique pour la réfection du tunnel de Baaziz
à Médéa sur la ligne ferroviaire Blida-Djelfa.
1999
RAZEL crée la société de droit algérien
RAZEL Algérie, basée à Alger.
06
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
GRANDS PROJETS & EXPORT
l’entreprise experte
en barrages BCR
Présente sur la technologie des Bétons Compactés au Rouleau (BCR) depuis
la réalisation des premiers ouvrages hexagonaux faisant appel à cette solution
constructive, RAZEL-BEC a acquis une expertise incontestable qui lui a ouvert
le marché des grands barrages internationaux en BCR.
Réalisé par RAZEL-BEC Direction Grands
Projets & Export, le barrage de Tabellout
représente un ouvrage de 121 mètres de
hauteur en forme d’arc qui comprend le
percement d’une galerie de transfert de
13,5 km de longueur creusée au tunnelier.
Cet ouvrage innovant et complexe témoigne
d’un savoir-faire et d’une expertise reconnus. La précédente expérience algérienne,
le barrage de Koudiat Acerdoune (lire notre
encadré-ndlr), a permis à l’entreprise d’acquérir la maîtrise du BCR, matériau de
plus en plus sophistiqué qui nécessite la
mise au point de méthodologies de production pointues ainsi que le respect de
contraintes de mise en œuvre délicates.
Autonomie et maîtrise
des matériaux
Plus d’un million de m3 de BCR sont nécessaires à la construction du barrage de
Tabellout. Un processus industriel complet
a donc été installé sur le site, en amont du
barrage, pour produire et acheminer le BCR.
La production des granulats entrant dans sa
composition est également réalisée sur place.
« Ce barrage traduit la capacité de l’entreprise
à gérer des projets qui peuvent rassembler
jusqu’à 1 500 personnes de nationalités différentes », précise Jean Guillaume, Directeur
Général Adjoint en charge des grands projets
et de l’export. « Sur le chantier, les équipes
d’encadrement ont l’habitude de coordonner
le personnel local, international et expatrié et
de relever collectivement des défis technologiques. J’ajoute que les équipes supports du
siège représentent un appui administratif et
un conseil juridique, contractuel et comptable
de premier plan ».
Jean-Philippe Cattin,
Directeur Projets Internationaux
« Les 2 projets de barrages de Koudiat Acerdoune et de
Tabellout en Algérie, ainsi que celui du Rizzanèse en
France, constituent de solides références en matière
de maîtrise de la technologie du BCR ; fort de cette
expertise, RAZEL-BEC a initié une stratégie de
partenariats avec plusieurs entreprises étrangères
en vue de répondre aux grands projets à l’export de
barrages, notamment en BCR, qui émergent actuellement en Asie du Sud-Est, au Proche et Moyen-Orient. »
07
Jean Guillaume,
Directeur Général Adjoint
« Deux métiers importants sont représentatifs de ce projet. Il s’agit du métier Barrages
d’un côté et du métier Tunnels de l’autre.
L’association de ces deux métiers permet à
RAZEL-BEC de valoriser tous les acquis
de notre expérience au sein de l’entreprise et de
permettre à des jeunes ingénieurs de se former
et d’acquérir une nouvelle expérience sur des
projets prestigieux. »
Le barrage de
Koudiat Acerdoune
Cet ouvrage, situé sur l’oued Isser dans
la région de Lakhdaria et mis en service
en octobre 2008, est un barrage poids en
BCR appuyé sur une fondation rocheuse
constituée de schistes marneux. D’une
hauteur de 121 mètres, il alimente en eau
potable 800 000 habitants (101 millions de
m3 par an) tout en assurant l’irrigation des
terres agricoles de la Mitidja-Est et du
Bas-Isser (69 millions de m3 par an). Ce
barrage, démarré en pied sur une largeur
de 134 mètres, se déploie en crête sur
490 mètres de longueur (largeur 8 mètres).
Sa construction, qui aura nécessité 1 850 000 m3
de béton (dont 1 525 000 m³ de BCR), a
requis la mise en œuvre de nombreuses
installations - stations de pompage et
de traitement des eaux et des alluvions,
centrale de production de filler (40 t/h),
station de production de BCR (100 t/h) dont
une unité de production électrique (11 000 kva)
qui assurait l’autonomie du chantier.
De gauche à droite : Cédric Tinel, Zahia Benséghir, Hicham Allouche, Jean-Philippe Cattin, Sophie Renard, Arnaud Watel, Marlène Gorlier,
Sébastien Poli, Marie Auriol, Sophie Flachez, Catherine Martinez, Samantha Fabre, Stéphane Le Gall et au centre Jean Guillaume.
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
L’INTERVIEW
RAZEL au cœur d’un
important système de
transfert des eaux
Le barrage de Tabellout et sa galerie de transfert de 13,5 km, qui font partie
du programme gouvernemental de gestion de l’eau sera le cinquième
ouvrage de ce type du pays. L’Agence Nationale des Barrages et Transferts
(ANBT) s’est assurée le conseil des bureaux d’Études Coyne et Bellier pour
le barrage et Safège pour la galerie. L’expérience de RAZEL sur le barrage
de Koudiat Acerdoune est un atout majeur pour ce chantier exigeant où
l’organisation et le fonctionnement se doivent d’être rigoureux et fluides.
Rencontre avec Mustapha Rabei, Directeur des Réalisations Centre (DRC)
de l’ANBT.
Quel est l’enjeu global de l’aménagement ?
Mustapha Rabei,
Directeur
des Réalisations Centre de l’ANBT
Mustapha Rabei. - L’aménagement des
Hautes-Plaines Sétifiennes (HPS), revêt une
importance particulière, vue la grande dimension des ouvrages projetés, tant par leurs
paramètres technico-économiques que par
les objectifs sociaux qui leur seront assignés.
Cet aménagement permettra, à son achèvement, de transférer un volume de 313
millions de m3, destiné à l’alimentation en
eau potable (AEP) d’une population d’environ 2 millions d’habitants de 28 communes
de la wilaya de Sétif à l’horizon 2040, ainsi
qu’à l’irrigation d’environ 36 000 hectares
de terres agricoles des plaines d’El Eulma
et de Sétif.
Comment s’articule le projet Sétif
Hodna ?
M. R. - Le projet de transfert Sétif-Hodna,
regroupe deux aménagements distincts.
Le système Est consiste à transférer les
eaux à partir du barrage de Tabellout, situé
dans la wilaya de Jijel, vers le barrage
réservoir de Draâ-Diss, implanté dans la
wilaya de Sétif. Son objectif est d’alimenter
en eau potable 16 communes de la partie
Est de la wilaya de Sétif avec un volume
de 42,5 hm3/an et d’irriguer la plaine d’El
Eulma avec un volume de 151 hm3/an.
Quel est l’autre aménagement ?
M. R. - Le système Ouest, quant à lui,
repose sur le transfert des eaux du barrage
existant Ighil-Emda (wilaya de Béjaïa vers le
barrage réservoir de Mahouane - wilaya de
Sétif). Ce système est destiné à alimenter
en eau potable 12 communes de la partie
Ouest de la wilaya de Sétif avec un volume
de 56 hm3/an et l’irrigation de la plaine sétifienne avec un volume de 66 hm3/an.
Que représente le barrage de
Tabellout ?
M. R. - Le barrage de Tabellout, actuellement en cours de réalisation, sera classé
parmi les grands barrages en Algérie,
grâce à sa capacité de stockage de 294 millions de m3. Cet ouvrage, situé sur l’Oued
Djendjen dans la commune de Djmila
09
Limitées, vulnérables et inégalement
réparties, les ressources en eau de
l’Algérie subissent depuis plus de vingt
ans les effets combinés et néfastes de
la sécheresse, de la pollution alors que,
parallèlement, les besoins du pays ne
cessent d’augmenter sous les effets
conjugués de la croissance économique
et démographique. Pour relever les défis
posés par le déficit chronique en eau,
le gouvernement algérien a mis en place
un ambitieux programme de gestion de
l’eau et de valorisation des ressources
hydriques, celui-ci intégrant toutes
les solutions existantes en la matière :
forages avec exploitation de la nappe,
dessalement de l’eau de mer, barrages
avec transferts d’eau. Le projet de
Tabellout, qui s’inscrit dans ce dernier
volet, portera à 58 le nombre de barrages
en exploitation, l’objectif algérien étant
d’atteindre un patrimoine de 70 ouvrages
qui permettront de disposer d’une
capacité de 8 milliards de m³.
(wilaya de Jijel), constitue le point du départ
du système Est de l’aménagement HPS. Sa
réalisation en Béton Compacté au Rouleau
(BCR) fait de lui le cinquième barrage de ce
type, en Algérie.
Le barrage de Tabellout est-il similaire à celui de Koudiat, réalisé par
RAZEL pour l’ANBT en 2009 ?
M. R. - Le barrage de Tabellout est similaire à celui de Koudiat-Acerdoune du fait
qu’il est réalisé en Béton Compacté au
Rouleau (BCR). Mais sa capacité de stockage est différente.
majeures au niveau de la conception de
l’ouvrage. Parmi ces modifications :
• une géométrie en arc pour permettre la
concentration des sollicitations dans les
rives en cas de séismes ;
• la consolidation de l’assise pour améliorer les caractéristiques géotechniques et
géo-mécaniques afin d’éviter les tassements différentiels ;
• le confortement de la rive droite pour préserver la stabilité en configuration définitive de l’ouvrage, et ce, à la suite des instabilités constatées en cours d’exécution ;
• la suppression de la plinthe d’injection au
pied du talus, qui a été substituée par les
injections à partir de la galerie.
SYSTÈME EST :
setif hodna
TABELLOUT
Wilaya
de Jijel
Erraguen
Les contraintes d’exécution sontelles aujourd’hui différentes qu’à
l’origine du projet ?
M. R. - Lors de l’exécution des travaux de
réalisation du barrage de Tabellout, il a été
constaté la présence d’une faille, potentiellement active, localisée à 200 mètres
à l’amont de l’axe de la digue, ce qui a
généré des adaptations et modifications
Wilaya
de Sétif
SETIF
Draâ Diss
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
DEUX PROJETS EN UN
RAZEL s’adapte
et relève le défi
Hervé Guerpillon,
Directeur du Projet
2010 : l’ANBT attribue le marché du barrage de Tabellout et sa galerie à
RAZEL. Un an plus tard, une nouvelle règlementation sismique modifie le
projet initial du barrage et l’ANBT augmente l’épaisseur des voussoirs de
la galerie. La gestion du chantier, dont l’organisation était déjà complexe en
raison de l’éloignement des deux sites du barrage et de la galerie, s’en est
trouvée profondément impactée. Les équipes d’Hervé Guerpillon, Directeur du
projet du barrage de Tabellout et de la galerie d’Aïn Sebt, s’adaptent.
En raison de la nouvelle réglementation
sismique, le barrage de Tabellout est passé
d’un profil droit à une géométrie en arc,
assez rare sur ce type d’ouvrage. Hervé
Guerpillon, Directeur du projet, explique le
fondement de ce choix : « L’intégration des
nouvelles valeurs de calcul aurait débouché sur la conception d’une structure plus
massive nécessitant d’accroître de 70 %
le volume de béton compacté au rouleau.
Face à cette solution, qui conduisait à un
surcoût important difficilement acceptable
pour le client, le bureau d’études a proposé
de revoir la forme du barrage. La nouvelle
géométrie en arc a permis une augmentation minime du volume de BCR, celui-ci
atteignant aujourd’hui les 1 000 000 m3 ».
11
Modifications par rapport à
l’avant-projet détaillé
Effets sur l’organisation du
chantier
Les principales modifications suivantes ont
été apportées :
• déplacement de la vidange de fond vers le
centre du barrage ;
• inclusion d’une poutre parasismique en
partie haute du barrage ;
• suppression des risbermes intermédiaires rendant le chantier plus difficile
d’accès pour les engins ;
• création de boîtes de cisaillement (lire
nos explications en page 14) associées à
des joints de clavage, conduisant à l’augmentation du nombre total de joints et
donc de demi-plots ;
• création de galeries inclinées reliant les
galeries de drainage (galeries périmétrales) ;
• injections de consolidation.
L’impact de ces modifications de projet a
par ailleurs été amplifié par un éboulement
de terrain survenu en juin 2012, à l’emplacement précis de la vidange de fond.
« Face à ces changements majeurs, le choix
a été fait, conjointement avec le client, de ne
pas stopper le chantier. Dès lors, son organisation a été impactée et réorientée autour
de la vidange de fond », fait remarquer
Hervé Guerpillon qui en détaille les conséquences : « phasage et cadence modifiés, et
planning allongé ».
Le chantier, dimensionné pour mettre en
oeuvre 65 000 m³ de BCR par mois, ne
produit finalement que 30 000 m³ par mois
durant la phase dite en « mode dégradé »
de cette réorganisation. La levée récente
des contraintes liées à ce « mode dégradé »
permet dorénavant de mettre en œuvre le
BCR à la cadence prévue.
La durée du chantier de mise en œuvre du
BCR est dès lors passée de 15 à 23,5 mois.
la galerie
d’Aïn Sebt
Une des spécificités du projet réside dans
la configuration en deux sites distincts
séparés d’une quinzaine de kilomètres à
vol d’oiseau, ayant nécessité la mise en
place de deux équipes indépendantes de
Direction de Travaux, quoique gérées par
la même Direction de Projet.
La Direction de Projet, depuis la base
principale de Tabellout située sur le site
du barrage, assiste tant contractuellement
que logistiquement les équipes de la « Tête
Sud » (Tête Sud de la galerie d’Aïn Sebt),
dirigées par Sylvain Mandégout.
Jean-Philippe Maillard,
Directeur Contrat
« Sur tous les projets la partie « gestion contractuelle » est importante.
Sur celui du barrage de Tabellout et de sa galerie, elle revêt une
importance considérable. La gestion contractuelle, c’est défendre au
jour le jour les intérêts de l’entreprise en veillant notamment à la
bonne application du contrat. Tout ceci avec, bien évidemment,
le soutien et l’éclairage juridique des bureaux d‘Alger
et du siège à Saclay. »
12
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Giuseppe Abbagnato,
Responsable Laboratoire
« Le laboratoire rassemble 20 collaborateurs
qui contrôlent tous les matériaux utilisés sur le
chantier. Nous devons en effet être très vigilants
sur les constituants des bétons et particulièrement
ceux pour le BCR qui sont produits sur le chantier
par la Station des Matériaux (STM) , dont la
propreté notamment est suivie régulièrement.
Le laboratoire est aussi en charge de l’établissement des formules pour les bétons et pour
le BCR, ainsi que du contrôle (prélèvement et
écrasement d’éprouvettes, contrôle du compactage
par exemple). Le laboratoire c’est aussi la mise
en place des appareils d’auscultation au sein
des installations hydromécaniques… »
Alexandre Espéret,
Ingénieur, Chef de Mission
« Polyvalence et anticipation définissent
l’équipe des 18 membres du service Topographie
et Métrés sur le barrage et la galerie, en lien
constant avec les équipes travaux et les représentants du client. Nous rassemblons une multitude d’informations pour permettre l’élévation
du barrage. D’autres volets importants de la
mission sont par ailleurs le suivi des quantités,
l’établissement des attachements de travaux,
la préparation et la présentation des situations
de travaux, la participation à la préparation des
dossiers de négociation, ainsi que la gestion des
nombreux plans du chantier, jusqu’aux dossiers
de récolement. »
13
Dominique Certo,
Responsable Méthodes Études
Planning pour le barrage
« Les différents aléas rencontrés et la capacité
de l’entreprise à s’adapter aux nouvelles
contraintes rendent ce chantier particulièrement
exemplaire et dynamique ! Il est peu habituel
de contribuer à un tel projet. »
Omar Bouacha,
Responsable HSE
« Sécurité, qualité, environnement, les exigences
sont identiques à tous les chantiers de l’entreprise.
Sur le barrage, les « gilets rouges » veillent à la
sécurité du personnel, 24h/24. Ils sont une vingtaine
répartis sur 3 postes. »
Roberto Rossetti,
Responsable Sous-Traitance
pour le barrage.
« Les travaux sous-traités sont principalement
les forages et injections (Sefi Intrafor, groupe
Fayat), les travaux HEM (Calzoni Hydro et son
partenaire local Alieco), les travaux électriques
(Calzoni Hydro et son partenaire local PM2I),
l’auscultation (Telemac), et le pont métallique
sur l’évacuateur de crues. La programmation des
activités sous-traitées et leur inscription dans le
programme général des travaux s’accompagnent
d’un suivi au quotidien des sous-traitants, que ce
soit au stade de la fabrication en usine (en Italie
et en Algérie), de la logistique du transport, ou
du montage sur site, sans oublier les études
spécifiques aux activités hydro-mécaniques et
électricité, à la charge du Groupement et de
ses sous-traitants, jusqu’à leur approbation
par l’ANBT et son bureau d’études. »
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
un BARRAGE BCR
À PROFIL ARQUÉ
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Barrage
Un ouvrage technique
innovant et exigeant
Cet ouvrage hydraulique de 121 mètres de hauteur, auquel est associée une galerie de
transfert de 13,5 km de longueur exécutée au tunnelier, présente la particularité d’être
un des rares barrages de ce type conçu avec un profil arqué. Sa construction requiert
la mise en œuvre de près d’un million de mètres cubes de béton compacté au rouleau
(BCR). Visite avec Rachid Amari, Directeur de construction du barrage.
Rachid Amari,
Directeur du lot Barrage
En Algérie, à un peu plus de 350 km à l’est
d’Alger, dans la wilaya de Jijel, le chantier
du barrage de Tabellout tourne à plein
régime. Le site est isolé, difficile d’accès
et très encaissé. À 13 kilomètres à vol
d’oiseau, sur le site d’Aïn Sebt, les travaux
d’excavation de la galerie s’effectuent en
remontant vers le barrage au moyen d’un
tunnelier à roche dure. Les deux sites sont
distants de 30 kilomètres par la route la
plus directe. Ces différentes contraintes
ont naturellement conduit RAZEL à s’organiser pour fonctionner sur place en totale
autonomie aussi bien pour le barrage que
pour la galerie de transfert.
Une construction complexe
L’ouvrage est réalisé en 14 demi-plots ou
blocs séparés par des joints. 6 joints injectés, dits de clavage, et 7 joints simples
non injectés. Ces joints servent à guider le
retrait du béton et sont protégés de l’amont
par des bandes d’étanchéité « Waterstop »
empêchant le passage de l’eau entre les
blocs. Les joints de clavage, espacés de
50 mètres, sont destinés à être injectés pour
compenser l’effet de retrait et favoriser le
fonctionnement en voûte. Ils se composent
de 2 à 3 compartiments équipés de dispositifs d’injection, d’auscultation et de boîtes
de cisaillement en redans sous forme de
prisme quadrangulaire d’un bloc dans le
bloc contigu. Ce qui complique considérablement la construction de l’ouvrage proprement dit qui, finalement, se présentera
sous l’apparence d’une structure arquée
de 392 mètres de longueur développée en
crête, 100 mètres de longueur à la base,
121 mètres de hauteur et 8 mètres de
17
largeur en crête », explique Rachid Amari,
Directeur des Travaux du barrage. Il comprend un évacuateur de crues central en
escalier, une galerie périmétrale et une
galerie de vidange de fond et de demi-fond.
La construction d’une ceinture parasismique de rive à rive, en partie haute de
l’ouvrage, au niveau du seuil de l’évacuateur de crues, constituée d’une poutre en
béton armé de 64 barres HA40 mm de diamètre vient renforcer le barrage et limiter
« l’effet piano » en cas de séisme.
En phase préliminaire, le projet a nécessité
la réalisation :
• de deux galeries de dérivation provisoires
(creusées en traditionnel, à l’explosif) de
Fiche Technique
•
Maître d’ouvrage : ANBT (Agence
Nationale des Barrages et Transferts)
•
Concepteur APD barrage et galeries : EDF CIH
•
Bureaux d’études Conseil du Maître d’Ouvrage :
Coyne & Bellier/Safège
•
Entreprises : Groupement RAZEL/CMCRA/Tabellout
•
Financement : État algérien
•
Mise en service prévue : fin 2015
380 et 431 mètres, section « fer à cheval »
de 6 mètres, destinées à détourner l’oued
de son lit durant la phase de travaux. Ces
deux galeries seront obturées à l’issue de
la construction ;
• de deux batardeaux provisoires en remblais (amont et aval) protégeant la zone
de construction pendant la réalisation du
barrage.
Rappelons que le projet est en effet destiné
à transférer les eaux de cette partie très
pluvieuse de l’Algérie (pouvant atteindre
1,50 mètres de précipitations annuelles
soit deux fois plus que la moyenne française) vers la région de Sétif, distante
d’environ 80 km.
18
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Barrage
RYTHME SOUTENU
POUR LES ÉQUIPES
Depuis mars 2014, la production et la mise en œuvre du BCR sur le barrage de Tabellout
ont décollé pour franchir des seuils symboliques. Avec 500 000 m³, la moitié du volume du
BCR a été atteinte mi-juin et, le 4 août, le barrage s’est élevé à mi-hauteur, soit 60 mètres
au-dessus de la fondation, à la cote 271, ce qui correspond à 60% du volume de BCR.
Le lundi 16 juin 2014, la barre symbolique
des 500 000 m³ de BCR mis en œuvre a été
franchie : « Pour y parvenir, nous avons
dépassé les 3 000 m³/jour en moyenne sur
les six jours travaillés de la semaine pour
totaliser 18 332 m³ en une semaine record,
et 70 961 m³ pendant le mois de juin »,
précise Hervé Guerpillon.
« L’arrivée de l’été, accompagné des
fortes chaleurs, ainsi que les nécessaires
aménagements d’horaires pendant le mois
de Ramadhan - mise en œuvre du BCR
uniquement la nuit - n’ont pas permis de
battre ce record qui devrait cependant
tomber dès le mois de septembre ».
Hervé Guerpillon,
Directeur du projet
« De mars à août 2014, le barrage est monté
régulièrement de 1,20 mètres - soit un massif
composé de 4 couches de 0,30 mètres – par
semaine, ce qui a permis d’atteindre la cote 271 au
début du mois d’août 2014 : cette cote correspond à
la moitié de la hauteur du barrage, qui est composé
de 100 massifs, à mi-hauteur entre le fond de
fouille à la cote 211 et la cote finale de 332.
Chaque massif est lui-même composé d’un nombre
variable de plots - selon la position en hauteur
du massif : 4 à la base, 7 au sommet - de volume
variable (de l’ordre de 2 500 m3 par plot dans la
phase actuelle). Chaque plot est actuellement mis
en œuvre en une dizaine d’heures en moyenne »
19
Douadi Boultif, Conducteur de Travaux
Principal Terrassements et BCR, entouré
de Jean-Claude Mogno et Rachid Amari.
Pour le barrage, il est le principal artisan
de la mise en œuvre du BCR.
Dans la conduite du projet de Tabellout,
RAZEL s’entoure d’experts et notamment
Brian Forbes, spécialiste mondial des
barrages. Ici avec Jean-Philippe Cattin,
Giuseppe Abbagnato, Ouchene Hamza,
Jean-Claude Mogno et Rachid Amari.
Ci-dessous, Angelo Trevisan, Chef de
chantier principal, entouré de Rachid
Bettahar à sa droite et Abdesllam Atamna
à sa gauche.
20
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Barrage
bcr : un processus
complexe
La technique du béton compacté au rouleau est relativement récente
puisque les premiers barrages en BCR ont été réalisés en 1980. Depuis cette
époque, plus de 250 ouvrages ont été construits dans le monde. Ce procédé
constructif présente des avantages mais aussi des contraintes fortes.
Le développement du BCR s’explique en
particulier par deux principaux avantages :
l’adaptation à une géologie moins exigeante que pour des structures en béton
conventionnel et la possibilité d’incorporer
des ouvrages de prise et d’évacuation dans
le corps, contrairement aux barrages en
enrochements. Autre avantage : l’utilisation d’agrégats élaborés sur place. La différence avec un béton classique réside dans
sa consistance, qui lui permet de supporter
le serrage par rouleau vibrant lourd, le
matériau devant par ailleurs offrir des qualités intrinsèques et des propriétés spécifiques lors de la mise en œuvre (résistance,
densité, imperméabilité, durabilité, maniabilité, ségrégation) afin de garantir l’absence
de zones de faiblesse dans l’ouvrage, en
particulier au niveau de l’étanchéité.
Un béton contraignant
« La première contrainte est de mettre
en œuvre une couche, sur une couche
qui n’a pas encore fait sa prise (soit après
quelques heures seulement), ce qui suppose une continuité et une régularité sans
faille dans la mise en œuvre », explique
Rachid Amari. Pour cela, un certain
nombre d’équipements ou de dispositifs
doivent être redondants et la réactivité à
tout imprévu très forte.
Autre contrainte, qui ne vaut toutefois qu’en
été, est de mettre le BCR en œuvre sur le
barrage à une température n’excédant pas
25°c pour limiter les effets de la fissuration. Ceci suppose de refroidir le BCR.
Rachid Amari,
Directeur des Travaux Barrage
« Généralement lorsqu’il s’agit de refroidir du
béton conventionnel on a recours à de l’eau froide
voire à des paillettes de glace pour le gâchage.
Dans le cas du BCR, la quantité d’eau d’ajout par m3
étant très faible (moins de 100 litres), nous devons
avoir recours au refroidissement de l’eau mais
aussi des plus gros granulats. Pour cela, nous
faisons circuler de l’air froid au travers de silos
de stockage de grand volume pour abaisser la
température jusqu’à environ 12 à 14°C. L’air froid
est produit par une machine dont le fonctionnement est proche d’un climatiseur mais dont la
puissance est de 750 kw et nécessite un génie civil
important pour constituer un stockage de
matériaux à refroidir conférant une autonomie
en granulats froids d’au moins 15 heures. »
21
Quantités
• Volume de BCR : 1 000 000 m3
• Volume de BCV : 80 000 m3 répartis
en 40 000 m3 dans le barrage,
20 000 m3 pour le confortement et
20 000 m3 pour les installations de
chantier
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Barrage
Au cœur du barrage
Les équipes chantier les appellent les « parties nobles ». Enfouis dans les
entrailles bétonnées du barrage, des ouvrages de génie civil d’une grande
complexité ne seront jamais visibles. Et pourtant, c’est bien là que toute
la technique intervient et que les auscultations du barrage sont opérées !
Revue.
Afin de permettre la poursuite des activités
traditionnelles (culture, maraîchage, élevage…), les installations HEM sont conçues
pour maintenir un débit d’eau réservé permanent dans le lit de l’oued à l’aval du
barrage.
Pour le montage et les opérations de maintenance, les 2 chambres sont équipées de
pont-roulant (les poids de certains éléments de vannes atteignent 20 tonnes). Le
fonctionnement des vannes est assuré par
des vérins hydrauliques.
Chambre deS vanneS amont
Le cœur du barrage, local interne du barrage dans lequel sont installées les vannes
permettant de procéder soit à la vidange
partielle (demi-fond), soit à la vidange totale
(fond) au travers d’une tuyauterie métallique de 3,60 mètres de diamètre, noyée
dans le BCR. La Chambre amont comporte
1 vanne type batardeau + 2 vannes type
wagons. La vanne batardeau de demi-fond
sera installée à mi-hauteur du barrage.
Ces 4 vannes sont à mouvement vertical.
Les vannes batardeau permettent la maintenance des vannes wagons.
Jean-Claude Mogno,
Ingénieur Travaux
« Les HEM, Hydro-Mécaniques, sont des équipements
de chaudronnerie et de mécanique servant à assurer la
gestion des eaux retenues par le barrage. Dans le cas
du barrage de Tabellout, il s’agit principalement des
tuyauteries et des vannes des systèmes de vidange
de fond et de demi-fond ; les ouvrages de prise et
de pompage des eaux ne faisant pas partie
des prestations du marché attribué à RAZEL. »
Chambre de vanne aval
Local externe du barrage, situé à l’aval bas
rive gauche, et dans lequel est installé la
vanne segment libérant et réglant le débit
de vidange. Cette vanne a la forme d’un
segment cylindrique, et son mouvement est
semi-circulaire. Dans ce bâtiment d’exploitation aval la vanne segment est prolongée
par la cuillère de dispersion de la vidange.
23
Tuyauterie de vidange de fond
et de demi-fond.
Les galeries
Afin de pouvoir suivre la vie du barrage
(verticalité, mouvements et autres paramètres d’auscultation...) et de pouvoir
intervenir pendant la construction puis
ultérieurement (injection, drainage…), un
réseau de galeries internes est aménagé.
Ces galeries positionnées en partie amont
servent en particulier à drainer les éventuelles eaux d’infiltration dans la face
amont du barrage, et dans les massifs rive
gauche, rive droite et fond de barrage. Ces
drainages sont réalisés par un maillage
foré après construction du barrage et exécution de ses injections d’étanchéité.
Galerie d’accès à la chambre
des vannes amont.
Chambre des vannes amont.
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
L’évacuation de ces eaux de drainage
est réalisée gravitairement au travers du
réseau suivant de galeries internes disposées à 3 niveaux (bas, moyen et haut).
• Galeries dans les massifs rive gauche et
rive droite : ces six (3x2) galeries souterraines de 60 mètres de longueur environ,
section « fer à cheval de 3 mètres »
suivent la forme arquée du barrage. Elles
ont été réalisées en traditionnel, et sont
revêtues de béton non armé en voûte.
Barrage
• Galeries internes du barrage : ces trois
galeries sont réalisées par coffrage lors
de la mise en œuvre du BCR, et dalles de
couverture préfabriquées. À la demande
du Client, l’état de surface des parois
verticales de ces galeries est « brut
BCR » pour un suivi visuel de l’évolution
du BCR. À ces galeries internes du barrage sont associées des descenderies
permettant l’accès de niveau à niveau
par escaliers et rampes dont la pente
atteint 45°.
• Galeries d’exhaure : ces six (3x2) galeries
débouchant en aval rive gauche et rive
droite du barrage assurent l’évacuation
gravitaire des eaux de drainage, ainsi
que l’aération. Ces galeries appuyées
sur les talus de rive ont été réalisées
en béton armé, et ce préalablement
au BCR. À ce jour, le projet ne prévoit qu’un seul accès à ces galeries (en
aval de la galerie basse rive gauche).
Cet accès routier sera commun avec la
galerie de la chambre des vannes amont.
• Galerie d’accès à la chambre des vannes
amont : il s’agit de la galerie réalisée dans le corps du barrage côté rive
gauche. Cette galerie de section 4,50 x
4,50 mètres permet d’accéder au bâtiment d’exploitation amont appelé communément chambre des vannes amont.
Barrage en cours
de réalisation :
profil en arc
Visite en
Barrage à l’origine :
profil droit
Poutre parasismique
Réseaux de galeries internes
Parcours Rotec
25
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
27
AUTONOMIE
& MATÉRIEL
DE POINTE
28
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Matériel
ÉVALUATION, PERFORMANCE,
AUTONOMIE, ANTICIPATION
Les enjeux
du matériel
Les équipes Matériel apportent le soutien logistique et l’autonomie nécessaire aux deux chantiers concomitants du barrage et de la galerie. Le point
sur les enjeux d’un dispositif impressionnant par Jacky Legras, Directeur
Matériel.
Jacky Legras,
Directeur du Matériel
1. ÉVALUATION
Le premier enjeu est d’évaluer le juste besoin
en équipements et de ne pas commettre
d’erreur dans la définition du matériel à
mettre en œuvre. S’il est révélé en cours de
chantier un mauvais choix, surtout s’agissant des installations principales appelées
aussi installations de production, celui-ci
aura des conséquences fâcheuses en termes
de délai notamment.
29
2. PERFORMANCE
Le deuxième enjeu est d’être performant
très rapidement. La période de rodage doit
être la plus courte possible. Les installations auxquelles nous avons recours sont
des installations industrielles très lourdes
(station d’élaboration de matériaux d’un
débit de 650 tonnes/heure, centrale à béton
en continu de 1000 tonnes/heure, convoyeur
Rotec également de 1 000 tonnes/heure)
que des industriels du granulat ou du béton
installeraient pour 30 ans alors que nous
les installons pour 24 mois. Rien ne doit
donc être laissé au hasard, ni la définition, ni la rigueur et la qualité de l’installation, ni les moyens d’accompagnement
nécessaires pour en assurer le meilleur
fonctionnement permettant d’en garantir la
performance optimale.
4. ANTICIPATION
Jacky Legras,
Directeur du matériel
« Comme sur le barrage de
Koudiat Acerdoune, nous
avons mis en œuvre les
structures nous permettant
de garantir une autonomie
totale. »
3. AUTONOMIE
Un autre enjeu compte tenu de l’éloignement géographique et des difficultés de
circulation et d’importation en Algérie est
d’avoir sur place la maîtrise totale de tous
les équipements en place, de posséder la
maîtrise complète d’absolument toutes les
technologies utilisées pour nous garantir une autonomie totale. Il ne serait pas
concevable en cas de panne de la centrale
BCR par exemple (que celle-ci soit mécanique, informatique, électrique ou électronique) de devoir faire intervenir un spécialiste venant de l’étranger qui mettrait au
mieux quelques jours à arriver.
Enfin le dernier enjeu est de faire preuve
d’énormément d’anticipation. De fait,
en Algérie probablement beaucoup plus
qu’ailleurs en raison de l’éloignement et
de la difficulté à se rendre sur le site, il
apparaît impossible d’importer des pièces
dans des délais courts. Même si par définition la panne est imprévisible, il faut
néanmoins essayer de l’anticiper pour ne
pas être pris au dépourvu lorsqu’elle survient. Pour cela, il faut stocker des pièces
de rechange et des fournitures, ni trop en
raison des coûts que cela engendre, ni trop
peu pour ne pas faire chuter l’efficacité, ce
qui représenterait également un coût.
30
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Matériel
lE CIRCUIT DE
PRODUCTION
8
1
2
10
31
1- Zones de prélèvement des
alluvions (emprunt aval)
2- Station de traitement des
matériaux (STM)
3- Usine fabrication de filler
4/5- Silos de stockage filler et
ciment
6- Centrale BCR
7- Centrale BCV
8- Convoyeur Rotec
9- Barrage
10- Base technique
11- Catering/Intendance
12- Bases vie
13- Ateliers et magasin
9
11
12
6
13
5
7
4
3
32
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Matériel
PRODUCTION, MÉCANIQUE,
ÉLECTRICITÉ, LOGISTIQUE
Une organisation
autonome sans faille
Ce n’est pas le bout du monde mais presque. Considérant l’éloignement du
site, la direction Matériel est organisée en 4 divisions qui doivent toutes fonctionner de façon transverse à la minute près mais aussi en toute autonomie.
Revue des troupes avec des hommes constamment sur le qui-vive afin de
pallier toute difficulté et d’assurer la production ininterrompue du BCR et, de
fait, l’élévation du barrage.
Gaël Renaux,
Responsable des Installations
de production
« Participer à la construction d’un
barrage représente une expérience ultime dans le monde des
TP. Après Koudiat Acerdoune,
travailler sur le barrage de
Tabellout s’est imposé à moi
comme une évidence. Avoir la
responsabilité des installations
de production est un véritable
challenge. Nous sommes
responsables de l’ensemble
de la chaîne d’élaboration du
BCR, depuis la fabrication des
granulats qui viennent de
l’oued jusqu’au transport du
BCR à pied d’œuvre. Dans notre
équipe, les expatriés en sont
tous à leur deuxième expérience de Barrage avec RAZEL !
Lorsqu’il s’agit de répondre
à des objectifs budgétaires,
environnementaux et sécuritaires toujours plus exigeants,
cette expérience est un
véritable atout. »
1. Les installations
de production
Elles représentent 160 personnes. Elles
regroupent la station des matériaux (STM)
qui fabrique les granulats, l’usine de fabrication de filler, les centrales BCV et BCR
ainsi que le convoyeur Rotec (lire notre
article en pages 36 et 37 – ndlr). Ces installations sont en mesure d’assurer des
ratios instantanés de 650 tonnes/heures au
niveau du concassage et de 1 000 tonnes/
heures pour le BCR proprement dit.
Roger Debot,
Responsable de la station de concassage
« Les matériaux traités à Tabellout
sont très dégradés. Le concassage doit donc être réglé
au millimètre », explique le spécialiste mondial
du concassage qui participe à faire tourner la station
des matériaux de Tabellout. Afrique, Orient,
Extrême-Orient, Indonésie, Russie, Amérique latine…
partout où Roger Debot est passé, ses équipes
se souviennent de ce Bourguignon baroudeur haut
en couleur. « J’ai vu beaucoup de barrages mais
celui-là est très particulier avec sa structure arquée.
Sa situation aussi nécessite un matériel
et une logistique infaillibles. »
33
LEXIQUE
2. L’électricité
Brahim Oukheddi,
Centraliste
« L’usure dans les installations
est très importante en raison
de la nature particulière des
matériaux alluvionaires. Nous
devons dès lors prévoir un
stock conséquent de pièces de
rechange et d’usure mais les
équipes font toujours preuve
d’innovation pour restaurer
ou réparer ! »
Le service électrique comprenant 35 personnes animé par Chabane Choudani dit
« Kamel TRICIEN » assisté de Tian Rangwu
et de Jonathan Brisavoine « ratisse large ».
Il est doté des compétences garantissant la totale indépendance du chantier
par rapport à l’extérieur dans tous les
domaines que sont : la production d’énergie (11 000 kwa de puissance disponible
sur le seul site du barrage), la distribution en 20 kv sur tout le chantier, le diagnostic et le dépannage des équipements
électriques et les automatismes devenus indispensables dans tout équipement
moderne.
STM : station de traitements des matériaux.
BCV : béton conventionnel vibré.
BCR : béton compacté au rouleau.
Chabane Choudani, « Kamel TRICIEN ».
Ses très grandes compétences dans tous
ces domaines offrent l’indispensable
capacité à adapter sans délai les matériels et particulièrement les installations
de production aux dures exigences de
l’ouvrage à réaliser et en font un pilier du
« dispositif Tabellout ».
Jonathan Brisavoine.
Eric Guidon,
Directeur Adjoint Matériel
Eric Guidon, Directeur Adjoint Matériel
et Tian Rangwu, Chef Électricien.
« Des années plus tard, les défis relevés pour le projet du barrage
de Koudiat Acerdoune restent dans la mémoire collective de
l’ensemble du personnel qui a participé à l’aventure, qu’il s’agisse
des expatriés ou du personnel local. Pour preuve, nombreux
sommes-nous à être repartis spontanément pour ce nouvel
ouvrage. À la différence de Koudiat, davantage d’énergie doit être
distribuée ; les installations étant plus conséquentes et dispersées ;
les bases vie accueillent davantage de salariés locaux. Voilà à
nouveau un beau projet pour l’entreprise, qui transforme l’essai en
matière de technique BCR et dans la gestion totalement autonome
d’un chantier complexe. »
34
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Matériel
3. La logistique
S’il est un autre pilier du « dispositif
Tabellout », c’est bien le département
logistique.
À la tête d’une équipe de 20 personnes,
Fabien Pantel a en charge tous les approvisionnements des chantiers barrage et
galerie qu’ils soient à destination du service matériel (pièces de rechange) ou des
services travaux (ciment, armatures, bois
de coffrage…) et ce, quelle que soit leur
provenance (Algérie ou étranger).
Les approvisionnements étant particulièrement longs (3 mois en moyenne entre
le moment où une commande est passée et le moment où la marchandise est
livrée), le chantier est doté d’un magasin
où sont stockés les produits d’utilisation
courante et particulièrement les pièces
de rechange. Près de 40 000 articles sont
référencés et près de 20 000 tenus en
stock en raison principalement de la très
grande diversité des équipements utilisés,
dont bon nombre en exemplaire unique.
« L’efficience de nos équipements passe
par là », nous explique Alexis Le Guil lui
aussi très impliqué dans la logistique,
même si ce n’est pas sa seule fonction au
sein du service matériel.
C’est aussi le service logistique qui a la
charge de traiter tous les aspects transport, transit et douane.
L’équipe du magasin.
« Et quand le chantier sera terminé », nous
explique Fabien, « pour nous il n’en sera
guère qu’à la moitié puisqu’il nous restera
à réexporter une très grande partie du
matériel que nous avons importé ».
Fabien Pantel.
Ahcene Gaci, Chef magasinier.
35
4. La mécanique et l’entretien du matériel
Le département mécanique n’échappe pas
non plus à la nécessité d’être totalement
autonome afin d’être le plus réactif possible face à la panne ou au quelconque
besoin exprimé. C’est un atelier de 1 000
m² partagé entre mécanique, électricité,
engins, usinage, chaudronnerie, carrosserie
et peinture qui héberge les 60 personnes
des équipes de Jean Beaufort, Sébastien
Amisse, Alexis Le Guil et Mohamed Boudra.
« Ici on traite toutes sortes de problèmes »,
nous explique Jean Beaufort, « on refait des
moteurs, des boites de vitesses, on fabrique
des pièces dans notre atelier d’usinage ou
notre ami Bouzid Drissi et son équipe font
des miracles quotidiens en sauvant ou en
fabriquant bon nombre de pièces usées ou
cassées souvent très coûteuses permettant
de s’affranchir du long délai d’approvisionnement ». Dans le box d’à côté, ce sont pas
moins de 5 carrossiers qui refont voitures,
camions, ou engins victimes de mauvais
traitements.
« L’électronique présente maintenant sur
tous nos engins nécessite d’être équipés
d’instruments de diagnostic modernes »
nous dira, Sébastien Amisse et Ouahid
Zergat, le tout jeune électricien embauché
au début du chantier du barrage de Koudiat
et devenu LE spécialiste de l’électronique
des engins, de rajouter « L’ordinateur portable est en première place dans ma caisse
à outils ».
La chaudronnerie est aussi très sollicitée,
les godets même les plus gros sont refaits
sur place ainsi que coffrages spécifiques et
toute sorte de charpentes et équipements
pour les besoins de tous. « La réalisation
dont nous sommes les plus fiers est sans
conteste les impressionnants poteaux support du Rotec », nous confie la casquette
vissée sur la tête Mustapha Adi, l’un des
responsables de l’atelier chaudronnerie.
Le département entretien n’est pas en reste
avec ses 30 personnes en charge de l’entretien quotidien des engins, du ravitaillement
en carburant et comme si ça ne suffisait
pas, de la distribution des fluides (air comprimé et eau industrielle) sur le chantier.
« Nous sommes même équipés avec nos
propres semi-remorques pour acheminer
le million de litres de carburant mensuel
nécessaire au fonctionnement des deux lots
du chantier », commente Daniel Rivollier.
« Ici aussi les mots d’ordre sont donc autonomie et indépendance ».
Sébastien Amisse.
Alexis Le Guil.
Jean Beaufort.
De gauche à droite : Mohamed Bouchenak, Mohamed Boudra, Mohamed
Hasnaoui, Sébastien Amisse, Abdelatif Boukhelf.
Daniel Rivollier,
Responsable entretien matériel et une partie de son
équipe (Ali et Lounès)
« Après 19 ans au sein de l’entreprise en France
notamment sur les chantiers de LGV, je dois reconnaître
que cette nouvelle expérience s’avère extrêmement
enrichissante. Tous les corps de métiers se côtoient
dans le cadre d’une organisation exemplaire malgré
la complexité liée aux problématiques d’isolement et
d’approvisionnement. »
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Matériel
FOCUS
Un CONVOYEUR DE
BCR IMPRESSIONNANT
Un convoyeur, de type immense tapis roulant, d’un débit de 1 000 tonnes à
1 300 tonnes par heure transporte le BCR sur le lieu de construction du barrage. Gros plan sur ce matériel très spécifique.
Outre le fait qu’il transporte le béton,
la particularité du convoyeur Rotec du
barrage de Tabellout est sa capacité à
s’adapter en permanence à l’altitude du
barrage en construction. Sur le chantier,
le point de livraison du BCR le plus bas
est à la cote 211 et le plus haut à la cote
332, soit un débattement vertical de 121
mètres. Ceci a nécessité des poutres ayant
des portées entre appuis particulièrement
longues et des sections conséquentes les
rendant très lourdes (113 mètres pour + de
80 tonnes pour la plus grosse).
À Tabellout, la géologie de la montagne en
amont du barrage n’a pas permis de faire
cheminer le convoyeur à flanc de montagne
sur des supports au ras du sol comme
L’expert Carlos
Il s’appelle Carlos Calle. Il est colombien
et s’exprime en plus de cinq langues. Il
considère avec une désinvolture de spécialiste que le convoyeur Rotec représente
un « système très pratique ».
Le fameux tapis roulant qui transporte le
BCR de l’usine de production sur le site du
barrage proprement dit apparaît surtout
au néophyte comme une installation hors
norme. En termes de rendement bien sûr
mais aussi sur le plan de sa construction
improbable mais rendue possible à flan
de montagnes, grâce aux expériences
conjointes de Jacky Legras et de Carlos.
Colombie, Brésil, Chili, Venezuela, Inde,
Pakistan... les zones d’intervention
de Carlos sont mondiales. « Si RAZEL
décroche un nouveau barrage, je reste »,
confie-t-il, sombrero et casque vissés
ensemble sur le crâne. Son meilleur
rendement ? 1 400 tonnes/heures au Chili.
Chapeau bas Monsieur Calle.
c’est généralement le cas. Ce qui a rendu
l’opération de montage spectaculaire pour
les intervenants. La très grande instabilité
de la zone a conduit à la contourner, supposant d’en « percher » une partie sur des
pylônes de hauteur comprise entre 20 et 40
mètres. La prise en compte de la sismicité
et du vent, qui peut être fort dans la région,
a conduit à réaliser des piles de dimensions assez impressionnantes.
Le montage d’éléments lourds (jusqu’à 80
tonnes à plus de 30 mètres de hauteur)
a été une opération qu’il faudra renouveler au démontage lorsque le convoyeur
se sera élevé de plusieurs dizaines de
mètres. L’opération s’avèrera encore plus
complexe.
37
38
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
39
13,5 kilomètres
DE GALERIE
40
RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Galerie
un projet complexe
À partir du barrage, une galerie de transfert de 13,5 km de long et de
3,50 mètres de diamètre fini devait assurer le transfert des eaux vers les hautes
plaines sétifiennes depuis la retenue du barrage vers la station de pompage.
Mais le sous-sol extrêmement complexe implique une révision du projet.
Sylvain Mandégout,
Directeur du lot Galerie
La galerie est réalisée avec un tunnelier
roche dure de diamètre d’excavation 4,30
mètres qui permet de poser des voussoirs
de 3,50 mètres de diamètre intérieur et de
4 mètres de diamètre extérieur. La longueur totale du tunnelier est de 236 mètres,
train suiveur compris. « Cette longueur très
importante est la conséquence de notre
contrainte principale qui est la faible section intérieure du tunnel qui nous oblige
à rallonger la longueur du train suiveur »,
précise Sylvain Mandégout, Directeur du lot
Galerie.
Après les premières phases de réglage début
2012, le tunnelier a rapidement atteint sa
vitesse de croisière contractuelle (25 mètres
Sylvain Mandégout,
Directeur du lot 2 Galerie
« Pour surmonter ces difficultés, les équipes Galerie ont mis
au point des méthodes adaptées au contexte géologique
local avec l’appui des fonctions
support du siège. »
41
Un carnet
de bord
agité
par jour) en réalisant même des pointes
quotidiennes à plus de 44 mètres. Le tunnelier a même réalisé un avancement record
de 195,51 mètres dans la semaine du
8 au 13 mars 2014 et de 739 mètres sur un
mois !
Pourtant la course n’était pas gagnée
d’avance. Le tunnelier a en effet été brutalement interrompu à la suite d’un phénomène
de convergence* très intense des terrains
encaissants venant enserrer la jupe du tunnelier (lire notre encadré ci-contre – ndlr).
Un sous-sol surprenant
Cet incident illustre la complexité du soussol algérien qui ne cesse de surprendre et
d’engendrer des difficultés. Le tunnelier
doit en effet traverser des terrains de géologie variable et peu reconnus (calcaires,
grès, marnes et schistes plus ou moins
altérés).
Illustration du même ordre au niveau du
chantier de terrassement du barrage : un
éboulement, en rive gauche aval avec, à la
clef, un volume de matériaux correspondant
à un pan d’une cinquantaine de mètres de
falaises dévalant en fond de vallée.
Depuis le 29 février 2012, le tunnelier n’a
pu avancer que pendant 203 jours, ce qui
représente moins de 8 mois de production. La cadence de production moyenne a
atteint 21,95 mètres/jour, malgré 4 phases
de démarrage et de mise en cadence.
• Le 9 mars 2010 : ordre de service de commencement de travaux.
• Le 27 décembre 2010 : mise à disposition
des emprises du chantier « tête Sud ».
• Le 8 janvier 2012 : démarrage du montage du tunnelier phase 1 (bouclier et
remorques 1 à 16).
• Le 29 février 2012 : démarrage du creusement au tunnelier.
• Le 16 mars 2012 : arrêt du tunnelier au
PM 163,82 pour montage du tunnelier
phase 2.
• Le 31 mars 2012 : reprise du creusement
au tunnelier. Creusement de 1 282 mètres
en 2,5 mois avec des pointes à 38,40
mètres/jour,
• Le 26 juin 2012 : blocage du tunnelier au
PM 1462. Des fissurations importantes
apparaissent sur les voussoirs à partir du
PM 1350,
• Le 1er décembre 2012 : reprise du creusement au tunnelier après déblocage du
bouclier.
Dès la semaine suivant le redémarrage
du tunnelier, des dégradations importantes
apparaissent sur les voussoirs 24h à 48h
après le passage du tunnelier, alors que les
voussoirs sont intacts au moment de leur
pose.
Ces dégradations nécessitent d’immobiliser
le tunnelier plusieurs jours par semaine
pour mettre en place des confortements par
boulons d’ancrages ou par cintres.
• Le 12 février 2013 : arrêt de l’excavation
du tunnelier au PM 2835 en raison de
mouvements suspects repérés dans la
zone autour du PM 1575.
Le tunnelier a atteint le PM 2835. Donc
1 372 mètres avaient été creusés en 2,5 mois
depuis le déblocage du bouclier, avec des
pointes à 44,40 mètres/jour.
• Le 14 février 2013 : effondrement du tunnel au PM 1575.
• Du 14 février 2013 au 13 mars 2013 :
sécurisation du tunnel en aval de la zone
effondrée (A1198 à A1305), pour accéder
en sécurité à la zone de l’effondrement.
• Du 14 mars 2013 au 7 mai 2013 : traitement de l’effondrement au PM 1575.
• A partir du 8 mai 2013 : confortement du
tunnel à partir du PM 1575 et jusqu’au tunnelier, pour sécuriser l’accès au tunnelier.
• Le confortement du tunnel, qui n’a jamais
été interrompu, se poursuit jusqu’à l’arrière du tunnelier (A 2162). L’arrière du
tunnelier est atteint le 14 octobre 2013.
• La remise en état du tunnelier démarre le
12 octobre 2013.
• Redémarrage du tunnelier le 12 novembre
2013.
• Entre le 7 décembre 2013 et le 2 janvier
2014, la production du tunnelier est arrêtée pour permettre la mise en place de
260 cintres HEB 200 supplémentaires (soit
254 tonnes d’acier),
• Le 18 janvier 2014, après 208,85 mètres
de creusement avec des pointes à 33,60
mètres par jour, le creusement au tunnelier s’arrête au PM 3347,02 en raison
d’un nouvel événement géologique qui
provoque le soulèvement du tunnelier et
des derniers anneaux posés.
Le tunnelier se soulève de 15 cm pendant
l’arrêt de fin de semaine (hors production),
et les anneaux en arrière du tunnelier se
soulèvent de 21 cm. Un déplacement de
7 cm vers la gauche est aussi observé.
• Après la mise en place de confortements
importants et le rabotage de l’anneau
soulevé (pour libérer la section de passage
du train suiveur), le tunnelier redémarre le
2 février 2014,
• Le tunnelier atteint l’Oued Imnar au PM
4483 le 1er avril 2014. Le creusement est
stoppé sur instruction du maître d’ouvrage, dans l’attente d’une décision sur la
solution pour poursuivre le projet.
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Galerie
En juin dernier, sur l’ensemble du tunnel
creusé, près de la moitié des anneaux présentent une dégradation. La sécurisation
du tunnel jusqu’au tunnelier a nécessité
le confortement de 1 214 anneaux de
voussoirs, l’installation de 2 310 cintres
(soit 1 800 tonnes d’acier) dans des conditions très difficiles, la mise en place de
1 120 boulons d’ancrage de différents
types, la réalisation de 114 auréoles de
drainage, des injections de confortement
sur 296 points.
Reconnaissance, relevés et
galerie expérimentale
Afin de mieux comprendre le comportement des terrains encaissants et préparer
une solution de reprise du creusement, une
campagne de reconnaissances complémentaires a été commandée par le client
composée de relevés topographiques de
Les spécialistes
Mathias Trémolières, Responsable du Matériel, et David
Ledet, Responsable Électrique, présentent
un solide background dans les TP et à l’expatriation. Les
spécialistes du matériel sur la galerie ont été formés
auprès de Jacky Legras. « De la formation Jacky, nous
sommes passés aujourd’hui à la “déformation“ Jacky »,
plaisantent-ils. « À savoir, la transmission généreuse
des connaissances, le passage de relais et l’intégration
de tous dans une équipe », précise Mathias. « Et ce
n’est pas peu dire sur un chantier multi-culturel tel que
Tabellout où il a fallu jongler pour que tous travaillent
bien ensemble. Disponibles, disciplinés, les Chinois
notamment ont rapidement adopté le rythme ».
Séquence de montage du tunnelier.
surface, d’essais géotechniques dans une
galerie expérimentale, d’essais de laboratoire et de sondages carottés depuis la
surface. Un relevé LIDAR (relevé topographique aéroporté) a également été réalisé
sur 770 hectares entre le 12 février 2014
et le 17 février 2014. Ce mode de relevé
est très rapide et permet de s’affranchir des difficultés d’accès aux terrains à
relever (dans notre cas le dénivelé et les
problèmes de sûreté empêchaient une
mesure directe classique).
Une galerie expérimentale est en cours de
creusement depuis le 3 mai 2014 dans le
tunnel existant au PM 1544. Cette galerie
a pour objet de permettre le prélèvement
d’échantillons de terrain non remaniés,
et la réalisation d’essais géotechniques
spécifiques. La fin des essais est prévue le 10 août 2014. Les essais suivants
seront conduits afin de mieux caractériser
le comportement mécanique du terrain
encaissant, essais de plaque, essais au
vérin plat et auréoles d’extensomètres.
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Zhou Jun,
Responsable Maintenance
« Originaire du Sichuan, au centre-ouest de la
Chine, j’ai été très bien intégré par les équipes
françaises et algériennes. L’encadrement
est jeune, dynamique, passionné. Notre
Responsable Matériel connaît l’ensemble de
la chaîne. He’s young and a very good boss.
L’entreprise Razel a bien compris les enjeux
des chantiers multiculturels. »
Sofiane Bounefa,
Pilote de tunnelier
« Ici comme partout c’est le terrain qui décide.
Si le tunnelier ne peut plus avancer, je peux
remplir d’autres missions que celui de Pilote
de tunnelier. J’ai été formé par les Français et à
mon tour j’en ai formés ! C’est bien une entreprise qui transmet et développe la confiance. »
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
Galerie
Une usine
à voussoirs
sur place
Les 43 000 voussoirs de 25 cm
d’épaisseur (quatre par anneau)
et 1,20 mètre de longueur sont
préfabriqués sur le chantier dans
une usine à voussoirs, à côté de
l’attaque du tunnelier. La production a démarré fin 2011 dès la
livraison des moules, en fabrication en Italie.
Poursuite du projet :
les solutions
Frédéric Coindon,
Adjoint au Directeur
des Travaux de la galerie
De nombreuses solutions de poursuite du
projet ont été étudiées avec l’ANBT.
Première d’entre elles, la poursuite en
souterrain.
Le revêtement actuel (épaisseur 25 cm)
n’est pas adapté aux conditions exceptionnelles du terrain rencontré. Suivant les
résultats de la campagne complémentaire,
une nouvelle épaisseur de voussoirs devra
être définie. Sous réserve de modifications
lourdes, le tunnelier actuel peut être utilisé
avec des voussoirs jusqu’à 35 cm d’épaisseur. « Au-delà, nous avons prévu d’utiliser
un tunnelier différent, de forte puissance et
avec un design adapté à des convergences
importantes », précise Sylvain Mandégout.
Selon le Groupement, le changement du
tunnelier est indispensable pour envisager la poursuite en souterrain. Mais la
complexité de la géologie est telle que les
investigations actuellement en cours ne
permettront pas de s’affranchir complètement des risques géologiques.
Autres solutions envisagées, la solution
mixte aérien/souterrain, la solution tout
aérien ou encore la poursuite du creusement au tunnelier, en déviant le tracé vers
l’Est, où les terrains sont supposés plus
favorables et la couverture plus faible.
L’ANBT décidera de la solution retenue
pour la poursuite du projet en novembre
2014.
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LEXIQUE
Une convergence caractérise la tendance naturelle du terrain à se refermer après le forage. Elle témoigne de
forces tectoniques présentes dans le
massif et/ou de la pression appliquée
par le poids des terres à la verticale de
la galerie.
Fiche technique
Caractéristiques de la galerie
• Diamètre intérieur de la Galerie : 3 500 mm
• Diamètre foré : 4 300 mm
• Longueur totale de la galerie : 13 500 mètres
• Creusement au tunnelier roche dure
• Les voussoirs sont produits sur le chantier
Profil en long
• Tunnel réalisé en attaque montante
• Pente continue 0,12 %
Le tunnelier
• TBM roche dure single shield
• Pose de voussoirs préfabriqués
• Jupe fermée
• Longueur de bouclier 9,5 mètres
• Conception conique du bouclier
• Longueur totale 240 mètres
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RAZEL-BEC / magazine N° 05 / Septembre 2014
Hors-Série Destination Tabellout
DES MÉTIERS
ET DES HOMMES
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Hors-Série Destination Tabellout
Des métiers et des hommes
UNE VILLE,
DANS LE chantier
Claude Bourgis,
Responsable Administratif et Comptable
« Services administratifs, comptabilité, trésorerie,
les missions du responsable administratif et
comptable sont étendues. Nous sommes la face
cachée des chantiers mais aussi le point vers
lequel tout converge ! Sur un chantier en
autarcie comme celui de Tabellout, et avant lui
celui de Koudiat, nous devons, comme les équipes
de production, faire preuve d’autonomie et
d’anticipation, même si nous pouvons compter
sur les bases arrière de l’agence d’Alger et des
fonctions support du siège. Une autre mission
plus méconnue de la fonction est la gestion de
l’intendance, le “catering”. L’organisation de la vie
sur le chantier doit être exemplaire pour satisfaire
l’ensemble du personnel. La qualité est au cœur de
notre démarche. »
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L’organisation du catering
Au total sur le chantier (barrage et galerie)
• 8 bases vies
• 2 zones de stockage des denrées alimentaires
équipées de chambres froides
• 2 buanderies
• 1 pâtisserie
• 84 personnes dédiées au « catering »
des services
médicaux
Chaque site est équipé d’une infirmerie et
d’une ambulance pour les transferts sur
des hôpitaux si nécessaire. Les équipes
médicales se composent de 3 personnes
(médecin, infirmier et chauffeur d’ambulance) qui sont de permanence sur site
24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, soit
2 équipes qui se relaient sur chaque site.
Thomas Montagne,
RAC adjoint .
De gauche à droite :
Samia Mesbout, Samira Ancel, Nacira Ancel.
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Hors-Série Destination Tabellout
Des métiers et des hommes
Joël Rémy,
Directeur des Ressources Humaines du chantier
« Personnel local et expatriés internationaux, les forces vives du chantier
sont multi-culturelles. L’atout de ce chantier complexe, à la fois
industriel et technique, réside dans le haut niveau de savoir-faire des
équipes. Une partie du personnel le plus qualifié recruté pour le chantier de
Koudiat Acerdoune a suivi l’entreprise dans ce nouveau défi. Ce personnel
expérimenté a participé à la transmission du savoir-faire aux nouveaux
personnels recrutés localement sur les deux chantiers.
L’effectif moyen du personnel local pour l’année 2014 est de 1 084 salariés
pour les deux chantiers, auquel il faut rajouter 57 expatriés.
Le personnel de production représente 94 % de l’effectif global, dont 54 %
pour les travaux, 36 % pour le matériel et les installations de production,
et 4 % pour les services supports opérationnels (laboratoire, topographie,
méthodes). Le personnel des services supports fonctionnels représente
6 % de l’effectif affecté aux missions administratives, financières,
ressources humaines, sécurité, et moyens généraux.
Le personnel travaille six jours par semaine du samedi au jeudi,
et les équipes de production sont organisées en postes de travail continus.
Un service de transport du personnel est assuré entre les différentes villes
d’habitation du personnel et les deux chantiers.
La réalisation des objectifs de production nécessite des organisations
optimisées, un management de proximité assuré par les superviseurs,
et des équipes supports de ressources humaines réactives et à l’écoute
des opérationnels. »
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Des métiers et des hommes
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Des métiers et des hommes
55
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