Pour un Canada au cœur qui bat

Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action
Pour un Canada
au cœur qui bat
Février 2009
Membres du Comité directeur de la SCSC-PA
Eldon R. Smith (président)
Carmen R. Connolly (directrice)
Heather Arthur
Pierre Boyle
Sally Brown
Norm Campbell
Karen Chad
Jean Davignon
Jacques de Champlain
Naranjan Dhalla
Catherine Donovan
Anne Ferguson
Peter Glynn
Jeremy Grimshaw
Antoine Hakim
Lyall Higginson
Trevor Hodge
Carol Jillings
Darwin Labarthe
Peter Liu
David MacLean
Anne McFarlane
Kelly McQuillen
John Millar
Nancy Poirier
Wayne Putnam
Jeff Reading
Ruth Redden
Brian Rodrigues
Jack Tu
Lettre du Président
Février 2009
L’honorable Leona Aglukkaq
Ministre de la Santé
Chambre des communes
Ottawa, Ontario K1A 0A6
Madame la Ministre,
En tant que président du Comité directeur de la Stratégie canadienne de santé
cardiovasculaire et plan d’action, j’ai le privilège de vous présenter notre document stratégique
final intitulé Pour un Canada au cœur qui bat, de même que le Plan d’action qui s’y rattache.
Principale cause de décès et d’hospitalisation chez les Canadiens, la maladie cardiovasculaire
est un énorme fardeau pour la santé et, avec un coût annuel de plus de 22 milliards de dollars,
son traitement représente une contrainte majeure pour notre économie et nos gouvernements.
Heureusement, comme l’explique la Stratégie, nous avons une très grande possibilité de
prévenir l’apparition prématurée de la maladie cardiovasculaire et nous disposons de moyens
qui permettent de limiter considérablement la souffrance personnelle de ceux qui en souffrent
ou qui sont victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Il est important de savoir que la
mise en application de nos connaissances sur la prévention de la maladie cardiovasculaire aura
aussi des répercussions positives sur les autres maladies chroniques dont les facteurs de risque
sont les mêmes.
Le gouvernement du Canada a demandé cette Stratégie en octobre 2006, et les 29 membres
de notre Comité directeur ont travaillé avec zèle pour proposer six recommandations clés
qui permettront aux Canadiens de jouir d’une bonne santé cardiovasculaire. Nous avons
fait participer bénévolement plus de 100 experts et avons consulté plus de 1 500 parties
concernées pour veiller à ce que notre Stratégie soit complète, pratique et sensible aux
différences régionales.
Selon nous, Pour un Canada au cœur qui bat, et le Plan d’action qui s’y rattache, peuvent servir
de guide pancanadien pour les partenaires qui s’attaqueront à la cardiopathie et aux AVC.
Nous encourageons le gouvernement du Canada à ouvrir la voie en adoptant cette Stratégie
comme fondement de l’investissement dans la santé cardiovasculaire des Canadiens – un
investissement qui entraînera, année après année, d’importants bienfaits pour les finances et
la santé.
Le tout respectueusement soumis par le président de la Stratégie canadienne de santé
cardiovasculaire et plan d’action,
Eldon R. Smith, o.c., m.d., frcpc
Président du Comité directeur,
Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action
ii / Pour un Canada au cœur qui bat
Remerciements
L’élaboration de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action (SCSC-PA)
est une démarche indépendante qui s’est déroulée au cours de la période de deux ans qui va de
l’automne 2006 à l’automne 2008 sous l’impulsion des parties intéressées et sous la direction de son
Comité directeur. Les travaux de ce comité n’auraient pu être menés à bien sans les efforts et l’appui
d’un grand nombre de personnes et d’organismes de partout au pays. Le président et les membres
du Comité directeur souhaitent exprimer leur plus vive appréciation aux plus de 1 500 personnes
qui ont contribué à la mise sur pied de la SCSC-PA, notamment :
•
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les présidents des Groupes de travail thématiques : Anne McFarlane, Andy Wielgosz,
John Millar, Roy Cameron, Norm Campbell, Jean-Pierre Després, Jeff Reading, Richard Jock,
Peter Glynn, William Ghali, Heather Arthur et Richard Lewanczuk;
les membres des Groupes de travail thématiques.
Groupe de travail
thématique 1
Groupe de travail
thématique 2
Groupe de travail
thématique 3
Kim Barker
Charlyn Black
Trevor Hodge
Merril Knudtson
Doug Manuel
Frank Silver
Anna Svendsen
Larry Svenson
Mark Tremblay
Michael Wolfson
Paula Stewart
Jack Tu
Lorne Clearsky
Jane Farquharson
John Frank
Lars Hallstrom
Dexter Harvey
Andrew Hazlewood
Richard Massé
Karen Philp
Kim Raine
Bruce Reeder
Kenneth Ross
Sonia Anand
Jean-Luc Bigras
Jacques de Champlain
Naranjan Dhalla
Jacques Genest
Gaston Godin
Stewart Harris
Peter Jones
Chantal LeCouteur-Morais
Lawrence A. Leiter
G.B. John Mancini
Brian McCrindle
Mary McKenna
Andrew Pipe
Robert Ross
Remerciements
/ iii
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Groupe de travail
thématique 4
Groupe de travail
thématique 5
Groupe de travail
thématique 6
Laura Arbour
Treena Delormier
Lyall Higginson
James Irvine
Malcolm King
Nathan Matthew
Sharon Rudderham
Stanley Vollant
Kue Young
David Alter
Rob Beanlands
Sally Brown
Anne Ferguson
Gordon Gubitz
Andreas Laupacis
John Maxted
Blair O’Neill
Louise Pilote
David B. Ross
Anne Sales
Claudia Sanmartin
Heather Sherrard
Chris Simpson
Mark Bayley
Patricia Caldwell
Martin Fortin
George Heckman
Jonathan Howlett
Louise Morrin
Ruth Redden
Judith Shamian
Neville Suskin
le rédacteur du document sur la Stratégie, Jean Bacon; les rédacteurs qui ont aidé les Groupes de
travail thématiques : Pattie Reed, Stephanie Lawrence, Peter Smith, Peggy Edwards, Anwar Merchant,
Susan Swanson, Andrew Kmetic, Kim Scott et Diana Daghofer; de même que les vérificatrices du
contenu Christine LeGrand et Lynne Moffatt;
les trois organismes de direction : La Fondation des maladies du cœur du Canada, la Société
canadienne de cardiologie et les Instituts de recherche en santé du Canada – notamment l’Institut de
la santé circulatoire et respiratoire – ainsi que les membres de leur personnel qui ont prêté main forte
au Groupe de gestion de la SCSC-PA : Louise Marcus, Stephen Samis et Fiona Webster (jusqu’en
septembre 2007). Les dirigeants des fondations provinciales des maladies du cœur ont également
apporté une contribution remarquable au projet;
l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), qui a financé l’élaboration de la Stratégie,
et les membres du personnel de l’Agence, qui ont agi à titre de personnes-ressources tout au long
des travaux;
les membres du Comité d’intégration et de partenariat Catherine Donovan, Kelly McQuillen,
Wayne Putnam, Bonnie Hostrawser et Peter Sargious;
les autres ministères gouvernementaux fédéraux et les organismes nationaux qui ont contribué à la
Stratégie, notamment Santé Canada, Statistique Canada, l’Institut canadien d’information sur la santé,
l’Inforoute Santé du Canda et les Instituts de recherche en santé du Canada;
les sous-ministres de la Santé des provinces et des territoires et leurs représentants;
les membres du groupe d’experts sur la prévention et le contrôle des maladies chroniques et des
blessures et du groupe d’experts sur la promotion de la santé de la population des administrations
fédérale, provinciales et territoriales;
les représentants d’un grand nombre d’entreprises, d’organisations non gouvernementales et d’ordres
professionnels de portée nationale, provinciale ou territoriale, régionale ou locale ainsi que les
professionnels de la santé et les citoyens qui ont participé aux consultations menées dans le cadre
de la SCSC-PA;
les représentants d’autres stratégies nationales de lutte contre la maladie chronique – telles que la
Stratégie canadienne de l’AVC, la Stratégie canadienne du diabète, le Partenariat canadien contre le
cancer, le Cadre de travail national sur la santé pulmonaire et la Commission de la santé mentale du
Canada – qui ont rencontré les membres du Groupe de gestion de la SCSC-PA pour discuter des
occasions de synergie et de collaboration;
le sénateur Wilbert Keon à qui nous adressons un merci tout particulier pour son soutien tout au long
du processus.
iv / Building a Heart Healthy Canada
Table des matières
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Le temps d’agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Élaboration de la Stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
A/ Les déterminants socioéconomiques de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
B/ Les facteurs environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3/ Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV . . . . . . 8
4/ Poursuivre la réforme des services de santé –
prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement . . . . . . . . . . .10
6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues . . . . . . . 12
Partenariats requis pour passer du plan à l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Élaboration de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Établissement du cadre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Compréhension des enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Prise en compte de points de vue diversifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Au-delà de la santé du cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Mise en œuvre de la SCSC-PA – De l’intention à l’acte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
La maladie CV : l’ennemi public numéro un de la santé de la population canadienne . . . . . . . . . . . . . 18
L’impact économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Quelles sont les maladies CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Quelles sont les causes des maladies CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Qui est touché? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Table des matières
/v
Quels sont les facteurs de risque de la maladie CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Gènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Comportement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Un aperçu des risques CV au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Les maladies CV – Le défi numéro un du Canada au chapitre de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
En agissant sur-le-champ, nous pouvons construire un Canada où tout le monde
jouit d’une bonne santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Notre stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Les inégalités menacent notre santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Tous les Canadiens ne peuvent pas se permettre d’acheter des aliments sains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Jusqu’à quel point les aliments que nous consommons sont-ils sains? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Au Canada, une grande quantité d’aliments transformés contiennent trop
de gras trans et saturé et de sel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
L’abandon des régimes alimentaires traditionnels engendre l’obésité et des problèmes de santé . 35
Le marketing a une incidence sur le choix des aliments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
L’étiquetage des aliments prête à confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Jusqu’à quel point nos environnements physiques sont-ils sains? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
La façon dont nos collectivités sont construites a une incidence sur notre santé . . . . . . . . . . . . . . 36
Les milieux scolaire, professionnel et familial influencent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Nos milieux de vie sont-ils sans fumée? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
La santé ne se limite pas aux soins de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Les Canadiens ont-ils l’information dont ils ont besoin pour mener une vie saine? . . . . . . . . . . . . . . . 46
Les messages sur les facteurs de risque peuvent prêter à confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Les renseignements sur l’autotraitement peuvent être difficiles à trouver et à utiliser . . . . . . . . . . 47
Un grand nombre de Canadiens n’ont pas les compétences requises pour utiliser
l’information sur la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Les Canadiens ont besoin de stratégies diversifiées de promotion de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Le dépistage des facteurs de risque n’est pas monnaie courante pour les Canadiens . . . . . . . . . . . 50
Les programmes de dépistage communautaire sont prometteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Établir des priorités pour le dépistage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Quelles sont les possibilités du dépistage génétique? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3/ Mettre un terme à la crise que vivent les popolations autochtones au niveau de la santé CV . . . . . . . 53
Divers facteurs de risque, dont les mauvaises habitudes alimentaires, le tabagisme
et la vie sédentaire, menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Les environnements et les grands déterminants menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Le manque de dépistage menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Le manque d’équipement, de technologie et de dispensateurs de soins menace la santé . . . . . . . . . . . 58
Les différends au sujet des champs de compétence menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Le manque d’information menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Le manque de volonté de participation menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
vi / Pour un Canada au cœur qui bat
4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires
intégrés et axés sur le patient en temps opportun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Quel est le niveau d’intégration du système à l’heure actuelle? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
La fragmentation des services complique les soins aux patients et a une incidence
sur les résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Les facteurs géographiques ont une incidence sur les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Les patients se démènent pour naviguer dans le système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Les délais d’attente, pour certains services, sont encore trop longs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Exploiter la technologie pour améliorer l’accès et atténuer les inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
La culture et d’autres facteurs sociaux ont une incidence sur les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Les patients sont souvent des bénéficiaires de soins passifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Seulement 20 % des patients reçoivent des services de réadaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Rares sont les patients souffrant d’une maladie cardiaque qui reçoivent des services
de planification et de soins de fin de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Les directives ne suffisent pas, à elles seules, à changer la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement . . . . . . . . . . . . 79
Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Que savons-nous des maladies CV au Canada? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Le Canada accuse un retard par rapport à d’autres pays au chapitre des
systèmes d’information sur la maladie CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Le rôle des études de cohortes pour la compréhension de la maladie CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Le Canada n’a pas de systèmes de mesure du rendement pour les soins cardiovasculaires . . . . . 83
Les défis que posent les dossiers de santé électroniques et les dossiers médicaux électroniques . 84
Le Canada a besoin de systèmes d’information pour la prévention et la gestion
de la maladie chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Le Canada a besoin de systèmes et d’outils d’information pour ses patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Lacunes de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Le Canada est en retard sur d’autres pays au chapitre des avantages qu’il peut
tirer de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues . . . . . . . 89
Le Canada manque d’information sur le personnel affecté aux soins CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Les pénuries menacent la prévention et les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Le Canada fait un usage plus parcimonieux des équipes interprofessionnelles que d’autres pays . . . . 91
Les approches de formation traditionnelles ne permettront pas de répondre aux besoins
en matière de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Il faut adopter des mesures incitatives pour encourager la pratique d’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Nos cibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Leadership et partenariats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Bibliographie
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Table des matières
/ vii
99
viii / Pour un Canada au cœur qui bat
Résumé
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la coronaropathie et
l’accident vasculaire cérébral (AVC) se situent, respectivement, aux
premier et deuxième rangs des causes de mortalité dans le monde.
D
’ici 2030, 23,4 millions de personnes
mourront d’une maladie du cœur ou d’un AVC,
comparativement aux 11,8 millions dont le décès sera
attribuable au cancer (Organisation mondiale de la
Santé, 2008). En fait, quatre maladies chroniques –
les maladies du cœur et l’AVC, le cancer, la maladie
pulmonaire obstructive chronique et le diabète –
causent 60 % de tous les décès de la planète et, d’ici
2020, on s’attend à ce que ce taux atteigne 73 % et
représente 60 % du fardeau de la maladie à l’échelle
mondiale (Organisation mondiale de la Santé, 2002).
Le Canada a adopté une stratégie pancanadienne
de prévention et de contrôle du cancer, une stratégie
de prévention et de traitement du diabète et un
cadre de préservation de la santé pulmonaire. Il lui
faut maintenant une stratégie pancanadienne de
lutte contre la maladie du cœur, l’accident vasculaire
cérébral et les autres maladies vasculaires.
Le temps d’agir
Au Canada, la maladie du cœur, l’accident
vasculaire cérébral et les autres maladies
vasculaires représentent la plus grande menace
pour la santé publique. Les maladies cardiovasculaires
et cérébrovasculaires (maladies CV) tuent plus de
Canadiens chaque année que toute autre maladie
(Agence de la santé publique du Canada, 2009).
Même si un nombre croissant de Canadiens survivent
aujourd’hui à une crise cardiaque, nombreux sont ceux
qui souffrent ensuite d’une insuffisance cardiaque
chronique qui les prive d’un grand nombre d’années
de vie de qualité.
Neuf Canadiens sur dix de plus de 20 ans ont
au moins un facteur de risque de maladie CV et ces
facteurs sont au nombre de trois ou plus pour le tiers
des Canadiens – et le risque augmente avec l’âge.
Au Canada, une personne sur 20 signale avoir fait
l’objet d’un diagnostic de maladie CV, mais le nombre
réel de personnes atteintes d’une cardiopathie non
détectée est beaucoup plus élevé (Manuel et coll.,
2003). Les maladies CV représentent un problème
particulier pour les peuples autochtones du Canada;
les Autochtones contractent des maladies du cœur et
en meurent à un taux deux fois plus élevé que le reste
de la population. Au cours des dernières années, le
Canada a connu une augmentation spectaculaire de
ses taux d’inactivité physique, d’obésité, de diabète
et d’hypertension – des conditions favorables à
l’apparition des maladies CV.
La maladie du cœur et l’AVC représentent
également une sérieuse menace pour le bien-être
économique du Canada. Ces maladies coûtent plus
de 22 milliards de dollars par an en soins de santé et
en perte de productivité. Au chapitre des dépenses
d’hospitalisation, trois des quatre maladies les plus
coûteuses au Canada étaient, en 2004-2005, des
maladies CV; compte tenu de l’augmentation prévue
du fardeau de la maladie, ces coûts ne peuvent
qu’augmenter.
Résumé
/1
Nous faisons face à une épidémie latente.
Si nous n’agissons pas sur-le-champ, la situation
ne fera qu’empirer.
Le système de soins cardiaques n’est pas aussi
efficace ni aussi efficient qu’il le devrait. La plupart
des patients n’ont ni la compétence, ni l’information,
ni le soutien de leurs prestataires de soins de santé qui
leur permettraient d’être des partenaires actifs de leur
propre traitement et, pour un grand nombre d’entre
eux, il est difficile de passer d’un niveau de service
ou d’un prestataire à un autre. Au Canada, certains
patients doivent encore attendrent trop longtemps
pour subir une intervention cardiaque. Un nombre
encore trop élevé de personnes souffrant d’insuffisance
cardiaque sont réadmises à l’hôpital, ce qui signifie
qu’elles n’ont pas fait l’objet d’un suivi adéquat. L’accès
aux soins cardiaques lui-même n’est pas toujours
équitable. La qualité et l’uniformité des services de
cardiologie varient considérablement d’une région à
l’autre du pays. La pratique accuse souvent du retard
par rapport aux découvertes les plus récentes.
Au Canada, la maladie cardiaque et l’AVC offrent
aussi aux responsables du système de santé, le
champ d’intervention le plus prometteur, puisqu’une
forte proportion des affections CV prématurées
(jusqu’à 80 %) peuvent être évitées. Contrairement à
certaines autres maladies pour lesquelles les solutions
sont incertaines, nous disposons déjà, pour prévenir
les maladies CV, d’une bonne part des connaissances
requises, mais nous ne faisons pas appel à notre
savoir. De plus, selon une récente étude américaine, la
prévention se justifie d’un point de vue économique,
puisque chaque dollar investi dans des programmes
de prévention efficaces qui augmentent le niveau
d’activité physique, améliorent la nutrition et réduisent
le tabagisme – trois des grands facteurs de risque de
maladies CV – permet d’économiser cinq dollars sur la
facture des soins de santé (Trust for America’s Health,
2008).
Les sommes investies dans la santé CV ne
mèneront pas seulement à une amélioration de la
santé et à une prolongation de la vie des Canadiens,
elles amélioreront également notre productivité et
diminueront nos frais médicaux. La décision de ne pas
investir sera coûteuse : elle fera augmenter le nombre
de Canadiens atteints d’une maladie débilitante, le
nombre d’hospitalisations et le nombre de décès et
provoquera une hausse en flèche du coût des soins de
santé : une perspective d’avenir inutile et inacceptable.
En prévenant la maladie CV et en prodiguant, à ceux
qui en souffrent, dans des délais raisonnables, des soins
plus intégrés et plus axés sur le patient, nous pouvons
offrir aux Canadiens un supplément de vie de qualité
tout en renforçant la pérennité de notre système
de santé.
2 / Pour un Canada au cœur qui bat
Il est possible de « résoudre » le problème des
maladies CV au Canada, mais pour y parvenir, nous
devons nous engager d’emblée sur la bonne voie. Il
n’y a aucune raison pour que les maladies CV soient
notre ennemi public numéro un! Nous savons déjà
comment prévenir et traiter la plupart d’entre elles et
nous en apprenons chaque jour davantage. Toutefois,
la guérison se situe à la fois dans les limites et en
marge du système de soins de santé. Elle dépend
de changements à apporter à notre société – tant
à notre façon de vivre qu’à notre perception de la
santé – ainsi qu’à la prestation de nos soins de santé.
Les solutions exigent l’intervention et l’engagement
de tous les paliers de gouvernement, de la société, du
système de santé et des Canadiens – et elles reposent
sur un engagement de longue haleine comparable à
la vingtaine d’années que notre pays a consacrée à la
réduction du tabagisme.
Élaboration de la Stratégie
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et
plan d’action (SCSC-PA) a été élaborée en deux ans
par un comité directeur composé de 29 experts, dirigé
par le Dr Eldon Smith et appuyé par un secrétariat
modeste installé dans les bureaux de la Fondation
des maladies du cœur du Canada et de la Société
canadienne de cardiologie. Durant l’élaboration
du plan, le président et le Comité directeur ont
consulté plus de 1 500 personnes, dont les sousministres de la Santé et d’autres représentants des
gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux,
des organismes et prestataires de soins de santé,
du grand public, des organismes chargés d’autres
stratégies de lutte contre les maladies chroniques ainsi
que des industries des domaines de l’alimentation,
des produits pharmaceutiques, du matériel médical
et de l’assurance. L’élaboration de la SCSC-PA a
été financée par le gouvernement fédéral, mais ses
recommandations s’adressent à tous les paliers de
gouvernement, à toutes les composantes de la société
canadienne et à tous les citoyens.
La stratégie embrasse un horizon plus large que celui
de la « santé du cœur ». Même si le plan s’appelle
« Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action », il dépasse de loin ce que les
Canadiens englobent sous la bannière « santé du
cœur ». La cardiopathie fait partie d’une famille de
maladies connue sous l’appellation de « maladies
cardiovasculaires » qui, de concert avec la maladie
cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral),
s’inscrit dans un groupe encore plus large : le groupe
des maladies vasculaires. Les maladies vasculaires ont
une incidence sur le réseau des vaisseaux sanguins;
elles réduisent le flux sanguin et endommagent
des organes tels que le cœur (crise cardiaque ou
insuffisance cardiaque) ou le cerveau (accident
vasculaire cérébral). Les maladies vasculaires peuvent
également affecter les reins et les jambes et causer
la démence et la cécité.
La Stratégie reconnaît qu’il est important de
prévenir toutes les maladies vasculaires – quel que
soit l’organe touché. Aux fins du présent document,
le terme « maladies CV » est utilisé pour décrire
l’éventail complet des maladies du cœur et vasculaires.
La prévention des maladies CV ne réduira pas
seulement l’occurrence des cardiopathies et
des accidents vasculaires cérébraux; elle aura
également un effet positif sur les autres maladies
chroniques courantes.
Vision
Le Comité directeur de la SCSC-PA estime que
nous disposons de la compétence et du savoir requis
pour créer, au profit des Canadiens, un avenir plus
prometteur de santé cardiaque dans lequel :
les citoyens auront la connaissance, les
ressources et le soutien dont ils ont besoin pour
réduire leur risque de contracter des maladies CV
et d’autres maladies chroniques et pour vivre plus
longtemps, en meilleure santé;
les gouvernements, le système de soins de
santé, le secteur privé, les organismes bénévoles
et communautaires et les particuliers contribueront
à la création d’environnements et de services qui
assureront la promotion et l’amélioration de la
santé CV;
les patients seront des partenaires actifs et
informés de leur propre état de santé et des soins qui
leur sont dispensés; les équipes interprofessionnelles
de prestataires de soins de santé disposeront de
l’information, des compétences et des outils dont
elles auront besoin pour promouvoir la santé,
prévenir les maladies CV et offrir aux Canadiens
qui souffrent de ces maladies, des soins de santé
holistiques, intégrés et axés sur le patient, dans
un délai raisonnable;
le Canada sera reconnu dans le monde entier
comme une nation productive et économiquement
concurrentielle où les citoyens jouissent d’une
santé du cœur exemplaire.
Objectifs
La SCSC-PA s’est donné un certain nombre
d’objectifs ambitieux, mais réalistes, pour la prévention
et le traitement de la maladie CV.
D’ici 2020
1/ Diminuer de 25 % le taux annuel de mortalité
attribuable à la maladie CV (de 227 personnes
sur 100 000 en 2004 à 171 sur 100 000).
2/ Diminuer le fardeau des maladies CV au sein
des populations autochtones jusqu’à atteindre
le même niveau que dans le reste de la
population canadienne.
3/ a Diminuer de 32 % la prévalence de
l’hypertension chez les Canadiens adultes
de 18 à 74 ans (de 22 % en 1992 à 15 %).
b Accroître de 64 % la proportion des Canadiens
adultes souffrant d’hypertension qui sont
conscients de leur condition
(de 58 % en 1992 à 95 %).
c Sextupler la proportion des Canadiens adultes
souffrant d’hypertension qui sont traités
jusqu’à l’atteinte de l’objectif recommandé
(de 12,1 % en 1992 à 75 %).
4/ Diminuer de 32 % le taux de mortalité des
patients, ajusté en fonction du risque et établi
dans les 30 jours de leur hospitalisation par
suite d’une crise cardiaque (de 10,3 % à 7 %).
5/ Diminuer de 25 % le taux de mortalité des
patients, rajusté en fonction du risque et
établi dans les 30 jours de leur hospitalisation
par suite d’un accident vasculaire cérébral
(de 18,2 % à 13,6 %).
6/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients
hospitalisés pour insuffisance cardiaque, normalisé
en fonction de l’âge (de 132 sur 100 000
personnes en 2005-2006 à 98 sur 100 000).
7/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients
hospitalisés par suite d’un accident vasculaire
cérébral aigu, normalisé en fonction de l’âge
(de 95 sur 100 000 personnes en 2005-2006
à 71 sur 100 000).
8/ Avoir effectué, au cours des cinq dernières années,
une évaluation des risques de maladie CV auprès
de 90 % des personnes âgées de plus de 45 ans.
Résumé
/3
9/ Collaborer avec d’autres instances pour réduire
le taux général de tabagisme de 25 %.
10/ Encourager la réduction du taux de cholestérol.
Un niveau anormal de cholestérol sanguin et
autres lipides reste un important facteur de risque
de maladies CV. Malheureusement, aucune
mesure des lipides en fonction des populations
n’est actuellement disponible au Canada, de sorte
qu’aucun objectif précis ne peut être établi en ce
moment. Toutefois, ces mesures sont imminentes
et un objectif sera fixé dès qu’elles seront
disponibles. Entre-temps, l’adoption de mesures
énergiques pour atténuer ce facteur de risque est
encouragée dans le cadre de la Stratégie.
11/ Atteindre, d’ici 2015, les objectifs suivants en
collaborant avec ceux qui les ont fixés :
• augmenter de 20 % la proportion des enfants
et des adultes canadiens qui mangent au moins
cinq portions de légumes et de fruits par jour.
• augmenter de 20 % la proportion des
enfants et des adultes canadiens qui sont
physiquement actifs.
• diminuer de 20 % le taux des adultes canadiens
qui souffrent d’embonpoint ou d’obésité et
ramener le taux d’obésité infantile de 8 à 5 %.
Analyse économique
Compte tenu des relations complexes qui existent
entre les divers facteurs de risque, de la possibilité
de nouvelles percées au chapitre du diagnostic et du
traitement et des effets de l’évolution des modèles de
prestation de soins, le Comité directeur reconnaît la
difficulté que pose l’estimation des économies de coût
pouvant résulter de l’atteinte de ces objectifs. Nous
continuons à évaluer différents modèles, mais nous
estimons que des économies annuelles d’un milliard
de dollars en coûts directs et de deux milliards en
coûts indirects sont des estimations prudentes. Ceci
est mis en lumière par des études récentes établissant à
environ deux milliards de dollars par année l’économie
en coûts directs qui résulterait de la seule diminution
de la consommation moyenne de sodium (sel)
jusqu’au niveau recommandé ( Joffres, 2007;
Penz et coll., 2008).
4 / Pour un Canada au cœur qui bat
Recommandations
Pour que la population canadienne ait un cœur en
bonne santé, nous devons faire appel à une approche
englobante qui ne tient pas seulement compte des
risques cliniques tels que l’hypertension, un taux élevé
de cholestérol, l’obésité et le diabète, mais également
des milieux où les gens vivent, étudient, travaillent
et se divertissent. Des milieux favorables peuvent
faciliter des choix santé pour tous les Canadiens.
Pour créer des environnements sains, le Canada peut
et doit faire appel à une combinaison de mesures
éducatives, législatives, réglementaires et stratégiques
aptes à promouvoir de saines habitudes d’alimentation
et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à
s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont
une incidence sur la santé.
Pour concrétiser sa vision, la SCSC-PA a formulé
six grandes recommandations :
1/ Créer des environnements favorables à
la santé cardiovasculaire.
2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine.
3/ Mettre un terme à la crise que vivent les
populations autochtones au niveau de la
santé CV.
4/ Poursuivre la réforme des services de santé –
prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés
et axés sur le patient.
5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour
renforcer la prévention et le traitement.
6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant
la formation et les compétences voulues.
Même si de telles stratégies peuvent être utilisées
pour recueillir des données sur toutes les maladies
vasculaires et pour les prévenir, différentes habiletés
et différents services sont requis pour traiter chaque
maladie vasculaire selon l’organe affecté. Puisque
les causes d’un grand nombre de maladies CV sont
identiques, quoique les traitements soient diversifiés,
les recommandations de la SCSC-PA à l’égard de
la prévention et de l’infrastructure du savoir sont
conçues de manière à contribuer à la guérison de
toutes les maladies CV. Les recommandations relatives
aux soins, par contre, sont principalement axées sur
le diagnostic et le traitement des maladies du cœur,
y compris les maladies congénitales du muscle et
des valvules cardiaques. Pour ce qui est des maladies
cérébrovasculaires, la Fondation des maladies du
cœur du Canada et le Réseau canadien contre les
accidents cérébrovasculaires ont, afin d’orienter les
soins et la réadaptation des personnes atteintes,
élaboré une stratégie canadienne de lutte contre les
AVC actuellement mise en œuvre dans de nombreuses
régions du pays.
Créer des environnements favorables à
la santé cardiovasculaire
1/
Un environnement favorable peut faciliter les
« choix santé » pour tous les Canadiens. Pour créer
des environnements sains, le Canada peut et doit
faire appel à une combinaison de mesures éducatives,
législatives, réglementaires et stratégiques aptes
à promouvoir de saines habitudes d’alimentation
et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à
s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont
une incidence sur la santé. Un grand nombre des
déterminants de la santé présents en amont exigent
des interventions qui dépassent les frontières du
système de soins de santé et de la Stratégie canadienne
de santé cardiovasculaire et plan d’action. Plusieurs
gouvernements provinciaux mettent en application
des stratégies pangouvernementales d’élaboration
de politiques, mais la résolution de problèmes
comme la pauvreté et l’insécurité alimentaire
exigera un renforcement des interventions et
du leadership intersectoriels.
•
A/ Les déterminants socioéconomiques
de la santé
•
Même si, au chapitre de la maladie CV, le système de
santé a tendance à rester axé sur les facteurs de risque
comportementaux – comme un régime alimentaire de
piètre qualité, le manque d’exercice et le tabagisme – la
SCSC-PA reconnaît que ces déterminants sont en fait
fortement influencés, en amont, par les déterminants
socioéconomiques de la santé. Nous reconnaissons
également que l’on a de grandes chances de prévenir
les maladies CV et autres maladies chroniques en
résolvant ces questions sociétales de plus grande
envergure. La réussite dans ce domaine requiert une
vaste intervention intersectorielle, du leadership et une
contribution de tous les paliers de gouvernement ainsi
qu’un recours à des stratégies pangouvernementales à
chaque palier et une participation du secteur bénévole,
du secteur privé et de la société en général.
Le Comité directeur de la SCSC-PA attend la
parution du rapport final du sous-comité sur la santé
de la population du Comité sénatorial permanent
des affaires sociales, des sciences et de la technologie
et appuie les initiatives destinées à aplanir les
inégalités sociales et les inégalités en matière de
santé, notamment les interventions proposées dans le
Rapport sur l’état de la santé publique au Canada (2008)
de l’administrateur en chef de la santé publique, pour
•
•
•
•
•
•
réduire la pauvreté;
améliorer l’emploi et les conditions de travail;
atténuer l’insécurité alimentaire;
améliorer le milieu construit tant pour encourager
l’activité physique que pour renforcer l’accès à un
logement à prix abordable;
améliorer l’accès aux services d’apprentissage
et de garde des jeunes enfants;
améliorer l’accès à la formation et
à l’alphabétisation;
renforcer les appuis sociaux.
B/ Les facteurs environnementaux
1.1 Améliorer la qualité nutritive des
denrées alimentaires canadiennes et l’accès
à des aliments sains :
•
•
•
en éliminant les graisses trans de l’approvisionnement alimentaire du Canada par voie de
règlement comme recommandé par le Groupe
d’étude sur les graisses trans, notamment en
remplaçant ces graisses par des substances
plus saines que le gras saturé;
en accélérant les travaux du Groupe de travail sur
la réduction du sodium alimentaire pour amener
la quantité quotidienne d’absorption de sel au
niveau recommandé et en assurant la mise en
œuvre, en temps opportun, des recommandations
de ce groupe;
en améliorant la réglementation de l’étiquetage
des produits alimentaires et d’autres procédés en
vue d’harmoniser, dans une même catégorie de
produits, les données obligatoires du tableau de
la valeur nutritive et de fournir une information
claire et exacte sur la valeur nutritive, y compris
sur les calories, les graisses saturées et trans,
le sel, les sucres, les fibres et les minéraux;
en élaborant des directives destinées aux
établissements de restauration rapide et autres
pour les forcer à afficher le nombre de calories par
portion pour chaque article offert aux points de
vente et en assurant une surveillance régulière;
Résumé
/5
•
•
•
•
en bannissant, dans tous les médias, la publicité
et la mise en marché d’aliments et de boissons
« dommageables » pour la santé des enfants grâce
à des définitions claires d’expressions comme
« aliments sains » et « aliments insalubres » et
en prévoyant l’adoption de mesures incitatives
pour encourager les dirigeants de l’industrie
alimentaire à faire, de leur plein gré auprès des
enfants, la promotion d’aliments sains;
en fournissant un financement stable pour
étendre le Programme d’approvisionnement
alimentaire par la poste à un plus grand nombre
de collectivités nordiques et isolées;
en dressant la liste des meilleures pratiques de
distribution d’aliments sains dans les écoles et
en diffusant cette information aux conseils et
commissions scolaires;
en encourageant les employeurs à mettre en
œuvre, en milieu de travail, une politique de saine
alimentation et en mettant des aliments sains
à la disposition des employés; les organismes
gouvernementaux et les hôpitaux devraient
donner l’exemple en ne servant que des
aliments sains.
•
•
•
•
en contribuant davantage à la création
d’infrastructures qui favorisent un mode de
vie sain et actif (notamment l’aménagement
de trottoirs, de sentiers pédestres, de centres
récréatifs, de parcs et de pistes cyclables) par
exemple par l’entremise d’un des volets du plan
2007-2014 de 33 milliards de dollars intitulé
Chantiers Canada – Une infrastructure moderne
pour un Canada fort;
en faisant la promotion des meilleures pratiques
canadiennes et internationales et des modes de
planification et de conception communautaires
qui favorisent une vie saine et active;
en dressant la liste des pratiques exemplaires afin
d’offrir, dans les écoles, des occasions quotidiennes
d’activité physique susceptibles d’aider les enfants
à suivre les directives de Santé Canada en la
matière et en faisant parvenir cette information
aux conseils et commissions scolaires;
6 / Pour un Canada au cœur qui bat
en prévoyant des mesures fiscales incitatives pour
donner aux enfants l’occasion d’être physiquement
plus actifs, par exemple des crédits d’impôt
remboursables pour les familles à faible revenu et
des exemptions de la taxe de vente pour l’achat
de bicyclettes, de casques et d’autres pièces
d’équipement sportif.
1.3 Réduire l’exposition au tabac et le tabagisme :
•
•
•
1.2 Multiplier les occasions d’activité physique :
•
en incitant les employeurs à mettre en
œuvre des politiques de vie saine et active et
à offrir aux employés des occasions d’activité
physique régulière;
•
•
en renforçant les programmes communautaires
qui dissuadent les jeunes de commencer à fumer;
en élaborant des règlements pour contrôler la
vente des cigarillos aromatisés et en prenant
d’autres mesures à l’encontre des membres de
l’industrie du tabac qui tentent de contourner
la législation antitabac actuelle sur le contrôle
du tabac;
en dressant la liste des pratiques exemplaires
des écoles qui réussissent à dissuader les enfants
et les adolescents de commencer à fumer et
en diffusant cette information aux conseils et
commissions scolaires;
en aidant les employeurs à élaborer des politiques
de lutte contre le tabagisme, en offrant aux
employés des programmes d’abandon du tabac
et en améliorant l’accès aux programmes et aux
outils qui aident les gens à renoncer au tabac;
en étendant à d’autres milieux cliniques canadiens
des programmes de renoncement au tabac qui ont
fait leurs preuves, comme celui de l’Institut de
cardiologie de l’Université d’Ottawa.
Aider les Canadiens à mener une vie plus saine
2/
La capacité des Canadiens de faire des choix santé –
de consommer des aliments sains, d’être actifs, de ne
pas fumer, de gérer leur hypertension, leur cholestérol
et leur poids – est influencée par l’information sur les
facteurs de risque de maladies CV qu’ils reçoivent, leur
capacité de comprendre et d’utiliser cette information,
par leur motivation à changer et par les outils
susceptibles de les aider, tels que les programmes de
dépistage et de suivi offerts dans leurs collectivités.
Pour aider les Canadiens à mener une vie plus
saine, nous devrions adopter les mesures qui suivent.
•
•
2.1 Mettre en contact les principaux organismes
de lutte contre la maladie afin :
•
•
•
d’élaborer et de diffuser des messages clairs et
concordants sur les principaux facteurs de risque
de maladie chronique;
de mettre sur pied et de lancer, à l’intention des
populations à haut risque, des campagnes de
sensibilisation et de marketing social soutenues
et de grande envergure pour prévenir les maladies
CV et les autres maladies chroniques et pour
favoriser la détection des signes et des symptômes
de l’accident vasculaire cérébral et de la maladie
du cœur; et de déterminer les mesures à prendre;
d’appuyer les travaux de l’Association canadienne
de santé publique et du Conseil canadien sur
l’apprentissage qui portent sur la littératie en santé.
2.2 Élaborer et tenir à jour des sources
interactives de renseignements sur la santé
et les maladies CV, qui font autorité :
•
•
•
fournir une information à jour sur les principaux
facteurs de risque, notamment sur l’hypertension
artérielle et le cholestérol, les aliments insalubres
ou malsains, l’inactivité physique, le tabagisme,
l’obésité et le diabète;
être appuyées par des équipes interprofessionnelles
de soins primaires qui, à leur tour, enverront des
messages plus homogènes à leurs patients;
inclure des modes d’interaction permettant aux
gens de définir et d’évaluer les risques qu’ils
courent et de se familiariser avec des modes
concrets de réduction du risque;
mettre l’accent sur l’autonomie des patients et
mettre les Canadiens au courant des directives et
des stratégies de réduction du risque fondées sur
mettre les Canadiens en contact avec les
services communautaires qui peuvent les aider
à mener une vie plus saine, notamment avec les
programmes d’abandon du tabagisme et d’activité
physique, les services de diététistes et les groupes
de soutien;
disposer du mandat et des ressources
permettant d’élaborer et de tenir à jour des
outils d’information et de maintenir des liens
avec les ressources connexes.
2.3
Offrir des programmes de dépistage des
risques de maladie CV, de sensibilisation
et de suivi dans une variété de milieux
communautaires. Ces programmes devraient :
•
être dotés d’un leadership solide et d’outils de
responsabilisation et faire partie des systèmes de
soins de santé communautaires et régionaux;
•
•
•
•
•
Ces sources d’information devraient tirer profit
des initiatives en cours et :
•
des données probantes, améliorer l’autotraitement,
promouvoir la santé et prévenir les complications
à tous les stades de la maladie CV;
•
•
•
être fondés sur des données probantes;
être offerts par des prestataires ou des
bénévoles chevronnés;
être offerts dans des environnements qui
conviennent à tous les Canadiens, notamment
en milieu de travail où des mesures incitatives
devraient être prises pour aider les employeurs
à créer ces programmes et à les tenir à jour;
viser les groupes à risque;
se concentrer sur les principaux facteurs de risque
de maladie CV, y compris l’hypertension et le
cholestérol, la mesure du poids et du tour de taille,
le tabagisme, la glycémie à jeun, les antécédents
familiaux, l’état nutritionnel et l’activité physique;
veiller à ce que les mesures du profil de risque
prises pendant le dépistage soient partagées avec
les patients et leurs prestataires de soins primaires
et à ce que toutes les personnes concernées
disposent de l’information requise pour
comprendre le profil de risque;
aiguiller les personnes à risque vers les traitements
fondés sur des données probantes qui conviennent,
vers les services de soutien et de suivi;
dans la mesure du possible, se servir de l’étude des
variations génétiques pour identifier les personnes
qui ont des risques héréditaires de contracter une
maladie CV.
Résumé
/7
Mettre un terme à la crise que vivent les
populations autochtones au niveau de la santé CV
3/
Pour mettre un terme à la crise qui sévit dans les
communautés autochtones, les Autochtones, à titre
individuel et collectif, doivent participer activement
à l’élaboration de leurs propres solutions et plans
d’intervention en matière de santé CV. Les peuples
et les communautés autochtones doivent aussi,
parallèlement, faire partie intégrante de la Stratégie
canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action.
Toutes les recommandations de la SCSC-PA
s’appliquent à tous les Canadiens, y compris aux
peuples autochtones. De plus, les chefs autochtones
devraient collaborer avec leurs gouvernements et leurs
organisations non gouvernementales à l’élaboration
d’un plan d’action pluriannuel visant à motiver
leurs collectivités et à dresser la liste des mesures
culturellement adaptées qu’il faut prendre pour
réduire le risque, améliorer les soins, répondre aux
besoins urgents et s’occuper des inégalités sociales
et des injustices en matière de santé. Voici les
mesures recommandées.
3.1 Élaborer un plan d’action pluriannuel pour
répondre aux besoins des peuples et des
communautés autochtones au chapitre de la
santé CV tout en faisant appel à une approche
de partenariat s’adressant aux organismes
autochtones, aux gouvernements fédéral,
provinciaux, territoriaux et aux administrations
municipales, aux communautés autochtones
et aux organisations non gouvernementales.
3.2 Créer un centre national autochtone ou un réseau
de centres dédié à la prévention et à la gestion
de la maladie chronique en vue de coordonner
la mise en œuvre du plan d’action. De concert,
le centre et le plan :
permettront de bâtir des communautés autochtones
dont les membres ont un cœur en bonne santé :
•
en assurant la participation des institutions
communautaires et en habilitant la collectivité
à adopter des mesures préventives –
particulièrement celles qui sont axées sur
la réduction du tabagisme, la nutrition en
milieu scolaire, le conditionnement physique,
les sports et les activités récréatives;
8 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
•
en assurant la promotion de pratiques
prometteuses, telles que la limitation de la
vente de tabac aux mineurs et l’élimination
des aliments malsains dans les écoles et en
favorisant l’activité physique régulière;
en adoptant des stratégies de prévention et de
traitement de la maladie CV qui respectent le
savoir traditionnel, les valeurs autochtones et le
rythme de développement des personnes et
des collectivités.
aideront les peuples autochtones à mener une vie
plus saine :
•
•
en adoptant une approche d’atténuation
permanente du risque qui met l’accent sur les
premières années d’existence;
en travaillant de concert avec d’autres stratégies
ou organismes de lutte contre des maladies
chroniques telles que le cancer, le diabète, les
maladies pulmonaires et les accidents vasculaires
cérébraux, à l’élaboration de programmes complets
de prévention.
permettront de poursuivre la réforme des services de
santé et offriront des soins cardiovasculaires intégrés et
axés sur le patient
•
•
•
en garantissant un continuum de soins entre
les autorités communautaires et les autorités
régionales œuvrant dans le domaine de la santé;
en établissant, à l’intention des Autochtones,
les mêmes normes de soins CV que celles qui
s’appliquent aux autres Canadiens;
en améliorant l’accès aux soins grâce à un
usage efficace d’équipes interprofessionnelles –
idéalement composées de médecins, d’infirmiers,
de diététistes, de médecins préposés aux soins
primaires et de spécialistes travaillant en relation
étroite – faisant appel à des algorithmes de
gestion de la maladie cardiovasculaire, à
des services communautaires et à domicile
et à des technologies de télésanté et de
médecine électronique.
permettront d’édifier l’infrastructure du savoir qui
renforcera la prévention et les soins :
•
•
•
•
•
en procédant à un suréchantillonnage des
peuples autochtones dans les versions périodiques
de l’Enquête canadienne sur les mesures de la
santé et en incluant les Métis et les Inuits
dans l’Enquête régionale sur la santé des
Premières nations;
en accélérant le développement et la mise en
application des bases de données administrées par
les Premières nations, les Inuits et les Métis, en
relation avec les bases de données nationales;
•
permettront d’offrir, aux prestataires de services
qualifiés, la formation et les compétences voulues :
•
en établissant une base de données à jour et
précise d’interventions de lutte contre la maladie
chronique fondées sur des données probantes
afin de découvrir et de mettre en commun les
meilleures pratiques;
en améliorant les systèmes de dépistage et de
surveillance au sein des organismes de services de
santé autochtones grâce un accès local aux données
de recherche et de sondage et à toutes les données
administrées par le fédéral;
en finançant la recherche axée sur un mode
d’intervention qui s’adresse aux personnes et aux
collectivités en contexte et qui reflète les directives
des Instituts de recherche en santé du Canada
du Canada et les autres pratiques de recherche
recommandées pour tout projet réalisé avec les
communautés autochtones.
•
en appuyant les études axées sur l’intervention
et l’évaluation, particulièrement dans le
domaine de la sécurité alimentaire et des
interventions interdisciplinaires;
en consolidant l’effectif autochtone qui œuvre
dans le domaine de la santé grâce à l’adoption de
différentes mesures : formation des intervenants
qui traitent les maladies chroniques; système de
mentorat et d’échanges intercommunautaires,
augmentation du nombre de bourses et de places
dans les facultés de médecine et de sciences
infirmières; élargissement du rayonnement
régional de la Fondation des maladies du cœur et
renforcement de l’appui fourni à cet organisme;
en améliorant la compétence culturelle des
prestataires de services de santé non autochtones
grâce à diverses initiatives : mesures favorisant la
résidence dans le Nord; rotation des spécialistes
invités dans les régions rurales, éloignées et
isolées; incorporation, aux programmes de
formation professionnelle, d’approches et
de modèles pratiques d’enseignement de la
compétence culturelle requise pour travailler
avec les peuples autochtones.
Poursuivre la réforme des services de santé –
prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et
axés sur le patient
4/
Si on veut offrir des services plus intégrés et axés sur
le patient, il faut que les modes d’organisation et de
prestation des soins cardiovasculaires des systèmes
de soins de santé du Canada soient radicalement
modifiés. Ces systèmes doivent faire un usage efficace
des gens, de la technologie et des autres ressources
pour corriger les injustices et ils doivent adopter des
modèles de soins – tels que le modèle de gestion et
de prévention de la maladie chronique et les réseaux
régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés – qui
les rendront plus efficaces et plus efficients.
4.1 Hâter la mise en œuvre de la prévention et de la
gestion de la maladie chronique et en faire le
modèle de prédilection pour la prestation de la
plupart des soins cardiovasculaires au Canada :
•
•
•
en accélérant la mise sur pied et la formation
des équipes interprofessionnelles de soins
primaires grâce à des relations de travail et
des rôles renouvelés;
en améliorant le processus et en gérant
le changement;
en documentant et en diffusant des pratiques
exemplaires de partenariat, d’autotraitement et
de soins axés sur le patient et en organisant et
en offrant ce type de soins.
Résumé
/9
4.2 Améliorer l’accès à des soins cardiovasculaires
spécialisés, coordonnés et de grande qualité,
y compris l’accès au diagnostic, aux soins
actifs, à la réadaptation cardiaque ainsi qu’ à
la planification et aux soins de fin de vie :
•
•
•
•
•
•
•
en adoptant des mesures favorisant le
développement continu des réseaux régionaux
intégrés de soins cardiovasculaires spécialisés;
en établissant un système de triage qui garantira
que les gens les plus à risque seront examinés
en priorité;
en assurant l’adoption et la surveillance d’un
système de délai maximal recommandé fondé
sur les données probantes de la recherche –
particulièrement pour les services consultatifs
et les essais diagnostiques;
•
4.3 Établir, maintenir, promouvoir et évaluer l’usage
de directives cliniques interprofessionnelles,
fondées sur des données probantes et mises
à jour, dans le cadre de la prévention et
de la gestion du risque et de la maladie
cardiovasculaire, du traitement, de la
réadaptation et de la planification et des
soins de fin de vie :
•
en renforçant l’usage des technologies de
télémédecine au sein des provinces et des
territoires et entre eux pour offrir, aux patients
et aux dispensateurs de services, des soins et
des programmes éducatifs (p. ex. Telestroke);
en incorporant des « intervenants-pivots » aux
équipes régionales pour faciliter la circulation des
patients et de leur dossier médical d’un service et
d’un prestataire de soins à l’autre;
en continuant à créer et à ouvrir, au sein des
réseaux régionaux intégrés, des cliniques
spécialisées dotées d’équipes interprofessionnelles
en vue de gérer des problèmes cardiovasculaires
complexes comme les crises cardiaques, les
cardiopathies congénitales, certaines arythmies
cardiaques et les douleurs thoraciques;
en continuant à mettre sur pieds des programmes
de réadaptation dans les régions mal desservies
et en incorporant des services de réadaptation
cardiaque aux programmes de gestion et de
prévention de la maladie chronique du secteur
des soins primaires;
en soutenant la planification de fin de vie et les
services de soins et d’information sur les soins,
y compris les services de soutien épisodiques et
de relève destinés aux aidants naturels.
•
•
•
en appuyant l’élaboration continue, la mise en
œuvre et la mise à jour périodique de directives
sur les meilleures pratiques dans le cadre de la
Stratégie canadienne de l’AVC, du Programme
éducatif canadien sur l’hypertension ainsi que le
programme de transfert des connaissances sur
l’insuffisance cardiaque et des lignes de conduite
sur les lipides et le cholestérol de la Société
canadienne de cardiologie;
en créant un groupe d’étude pancanadien chargé
d’encadrer la pratique clinique dans le domaine
de la planification et des soins de fin de vie des
personnes qui souffrent d’une maladie CV à un
stade avancé;
en appuyant l’élaboration, à l’intention des
patients, de directives conviviales en matière
d’autotraitement et en leur offrant des modes
d’accès efficaces à cette information;
en créant un projet pancanadien d’élaboration
d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité
pour les programmes de prévention et de
traitement des maladies CV comprenant les
méthodes de surveillance recommandées.
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour
renforcer la prévention et le traitement
5/
Une information précise et accessible en temps
opportun, doublée d’une stratégie de diffusion,
est absolument essentielle à la santé publique. Le
Canada a besoin d’information pour les patients,
les prestataires de soins, les gestionnaires et le
gouvernement; il doit également disposer des
10 / Pour un Canada au cœur qui bat
renseignements qui permettent d’encadrer la
prévention, d’améliorer les soins et de soutenir la
recherche. Pour fermer la boucle de l’information CV
et construire l’infrastructure requise pour renforcer la
prévention et les soins, le Canada devrait faire appel
aux stratégies qui suivent.
5.1 Rassembler des données canadiennes sur la
prévalence et l’incidence des facteurs de risque
CV, de la maladie et des inégalités en matière de
santé au Canada :
•
•
•
•
•
•
•
•
en fournissant des ressources à l’Agence de la santé
publique du Canada afin d’étendre la surveillance
des maladies CV au Canada pour y inclure des
conditions telles que l’insuffisance cardiaque,
la crise cardiaque, l’accident vasculaire cérébral,
l’hypertension et la cardiopathie congénitale;
en offrant des ressources à Santé Canada et
à Statistique Canada pour que ces ministères
administrent conjointement la collecte de mesures
complètes et normalisées sur la consommation
d’aliments et de matières nutritives;
en facilitant l’établissement d’une relation entre les
certificats de décès et les données sur l’utilisation
des services de santé;
•
•
en collaborant avec le Partenariat canadien contre
le cancer pour élaborer et soutenir une étude
canadienne de cohortes de la maladie chronique
qui tient compte des risques de maladie CV;
en facilitant l’élaboration de normes
pancanadiennes régissant les données des registres
régionaux des patients atteints de maladie CV, afin
d’améliorer la qualité de ces données et de faciliter
les interrelations et les regroupements.
•
5.2 Soutenir les efforts déployés par l’Inforoute Santé
du Canada pour accélérer l’élaboration et la
mise en œuvre, à l’échelle nationale, du dossier
de santé électronique (DSE), du dossier médical
électronique (DME), des systèmes d’information
pour la gestion et la prévention de la maladie
chronique ainsi que des systèmes de résolution
des problèmes d’accès des consommateurs à
l’information sur la santé :
•
•
•
•
en examinant ce qui peut entraver ou faciliter
l’utilisation du DME dans le cadre de la prestation
des soins primaires au Canada et en élaborant un
plan d’action pour accélérer son adoption;
en dotant les systèmes d’information sur la santé
de moyens efficaces de soutien aux programmes de
prévention et de gestion de la maladie chronique
susceptibles d’améliorer le DSE et de faire le pont
jusqu’à ce que le DME soit plus largement accessible;
en élaborant, tout en respectant la vie privée des
citoyens et la confidentialité, des mécanismes
facilitant l’usage des renseignements cliniques que
contiennent le DSE et le DME pour contribuer
à la surveillance, à la gestion du système, à la
recherche stratégique et à l’évaluation continue de
l’efficacité du système canadien de soins de santé
et des stratégies de prévention de la maladie.
5.3 Améliorer les connaissances destinées à
documenter la prévention des maladies CV
et les soins cardiovasculaires :
en fournissant des ressources afin de créer un
registre canadien des arrêts cardiaques survenus
avant l’hospitalisation;
en élargissant la portée de l’Enquête canadienne
biennale sur les mesures de la santé de Statistique
Canada grâce au suréchantillonnage de certaines
populations cibles, notamment de certains groupes
ethniques (p. ex. les Asiatiques du Sud), des
Autochtones vivant dans les réserves et dans le
Grand Nord ainsi que des personnes âgées;
en élaborant, au profit des patients, des systèmes
d’accès efficaces à leurs données cliniques;
•
•
en instituant un sommet pancanadien de recherche
en santé CV, avec la participation des Instituts de
recherche en santé du Canada, de l’Agence de la
santé publique du Canada, de la Fondation des
maladies du cœur du Canada et des membres de
l’Alliance nationale des organismes provinciaux
de recherche en santé, en vue d’élaborer un
programme stratégique et coordonné de recherche
sur la maladie CV visant à tenir compte des besoins
futurs du Canada;
en mettant sur pied un réseau de centres
d’excellence dans le domaine de la santé vasculaire
afin d’améliorer notre compréhension élémentaire
des maladies qui affectent les petits et les gros
vaisseaux sanguins, en répertoriant des (bio)marqueurs prometteurs et de nouvelles cibles de
prévention et de thérapie et en poursuivant le
transfert des connaissances (essais cliniques) et
leur commercialisation;
en appuyant les efforts déployés par les Instituts
de recherche en santé du Canada pour financer des
recherches supplémentaires dans le domaine du
diagnostic fondé sur la génétique et la protéomique,
des marqueurs servant au pronostic et des outils
de prévention et de soins personnalisés;
en soutenant davantage la recherche sur la santé
de la population et sur l’intervention en milieu
communautaire en vue d’évaluer l’incidence des
politiques et des programmes sur la santé;
en évaluant les répercussions de politiques
économiques comme les mesures fiscales incitatives
sur l’augmentation de l’activité physique (p. ex.
le crédit d’impôt pour la condition physique des
enfants) et en militant pour le renforcement des
mesures incitatives dont on a constaté l’efficacité
et qui n’aggravent pas les inégalités et les injustices
en matière de santé;
en appuyant les initiatives et les projets de transfert
du savoir en vue de contribuer aux programmes
de prévention et d’inciter les responsables de
ces programmes et les milieux cliniques à
transposer rapidement les résultats de recherche
en applications pratiques et commercialisables.
Résumé
/ 11
Créer un bassin de prestataires de services
ayant la formation et les compétences voulues
6/
Si le Canada veut assurer le perfectionnement
des personnes qui sont susceptibles d’assurer la
prévention et de prodiguer des soins CV appropriés,
il devra adopter une stratégie plus systématique
de planification de l’effectif. Il devra, dans la ligne
des efforts déployés par les gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux pour mettre en œuvre la
Stratégie pancanadienne en matière de ressources
humaines en santé :
6.1 renforcer et garder l’effectif affecté à la
prévention et aux soins CV
•
•
•
•
•
•
en fixant le nombre et la composition des équipes
de prestataires de soins de santé et en déterminant
les compétences requises pour répondre aux
besoins de la population;
en recrutant et en perfectionnant les ressources
dotées des compétences clés, notamment les
épidémiologistes, les experts en santé publique
et en santé de la population, les prestataires de
soins primaires, les spécialistes, les informaticiens
professionnels, les spécialistes en sciences sociales,
les planificateurs communautaires, les évaluateurs
de programme et les spécialistes des politiques;
en encourageant les facultés des sciences de
la santé à s’assurer que les programmes de
formation en matière de santé adoptent une
approche intégrée de prévention, de gestion et de
traitement des maladies chroniques, renforcent
la formation dans le domaine de la promotion
de la santé et de la prévention des maladies et
préparent une main-d’œuvre qui peut s’adapter
rapidement aux nouvelles connaissances
et technologies;
en incitant les responsables des programmes
éducatifs à préparer les prestataires de soins à
travailler au sein d’équipes interprofessionnelles;
en encourageant les prestataires de soins de santé
à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles;
en remettant en question les programmes
éducatifs pour examiner de façon critique la
durée des programmes de formation et son
incidence sur les efforts déployés pour garantir
que les équipes d’intervenants sont suffisamment
nombreuses et diversifiées pour répondre aux
besoins du Canada en matière de santé.
12 / Pour un Canada au cœur qui bat
Partenariats requis pour passer
du plan à l’action
L’éradication des maladies CV exige l’engagement
de tous les paliers de gouvernement et le recours
à des approches pangouvernementales. Mais, les
gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Des
partenariats s’imposent, à l’intérieur et à l’extérieur du
secteur de la santé, afin d’encourager les professionnels
de la santé et leurs organismes, les organisations non
gouvernementales, le secteur privé, les médias et les
citoyens à mettre au point une stratégie de portée
nationale s’adressant à la société tout entière.
Pour réussir, nous devons investir des ressources
et déployer des efforts, en amont, dans des activités
susceptibles de prévenir les maladies CV; il faut
également instituer, en aval, au profit des personnes
qui sont atteintes de maladies du cœur et d’autres
maladies vasculaires, des traitements efficients et
de haute qualité. Nous devons travailler de concert,
au sein des gouvernements, à l’échelle nationale
ou intersectorielle, dans les collectivités et dans les
écoles, dans nos lieux de travail et nos maisons, pour
minimiser l’importance des menaces qui pèsent sur
notre cœur et nos vaisseaux sanguins. Nous devons
modifier nos environnements et nos normes sociales.
En même temps, les responsables de nos systèmes
de soins de santé et nos prestataires de soins doivent
travailler en étroite collaboration avec la population
canadienne pour lui offrir, en temps opportun, des
services de prévention et de soins intégrés, de haute
qualité et axés sur le patient.
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action nous offre une extraordinaire occasion
d’améliorer la santé des Canadiens. Nous devons
prendre en main notre santé et la santé future de
la Nation et agir sur-le-champ. Le temps de la
complaisance est révolu et plus rien ne justifie que
la maladie CV conserve son titre d’ennemi public
numéro un!
Contexte
Élaboration de la Stratégie canadienne
de santé cardiovasculaire et plan d’action
En mai 2005, une motion d’initiative parlementaire
déposée par le député Steven Fletcher, invitait le
Canada à élaborer des stratégies nationales de lutte
contre le cancer, la maladie mentale et la maladie
cardiovasculaire. La motion a reçu l’appui de tous les
partis à la Chambre des communes. Le 23 octobre
2006, le ministre fédéral de la Santé annonçait le
financement, par l’entremise de l’Agence de la santé
publique du Canada, d’une stratégie pancanadienne
de santé cardiovasculaire.
Le but de cette stratégie était de réduire le
fardeau croissant des maladies cardiovasculaires au
Canada et les pertes qui en résultent.
Le mandat d’élaborer la Stratégie canadienne
de santé cardiovasculaire et plan d’action (SCSCPA), une stratégie globale fondée sur des données
probantes et dirigée par les parties intéressées, a été
confié à un comité directeur d’experts présidé par
le Dr Eldon Smith. Ce comité de 29 membres était
composé de chefs de file dans divers domaines : santé
et maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires,
santé de la population, politiques sur la santé,
recherche, technologie de l’information et autres
secteurs d’activité pertinents et suivi des survivants
de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.
Au cours des deux ans d’élaboration de la
Stratégie, trois organismes nationaux – la Fondation
des maladies du cœur du Canada, la Société
canadienne de cardiologie et l’Institut de la santé
circulatoire et respiratoire – l’un des Instituts de
recherche en santé du Canada – ont joué un rôle
clé en fournissant des orientations au président du
Comité. Un secrétariat de trois personnes, administré
par un directeur et installé dans les locaux de la
Fondation des maladies du cœur du Canada et de la
Société canadienne de cardiologie, a fourni un appui
opérationnel au Comité.
Établissement du cadre
Le Comité directeur a élaboré un cadre qui devait
lui permettre de définir sa vision et d’orienter ses
travaux (figure 1).
Ce cadre reflète tout le spectre du système de
santé couvert par la Stratégie – des politiques aux
services de planification et soins de fin de vie et de
la naissance au décès. Il capte, tout au long du cycle
de vie des gens et d’un service de santé à l’autre, la
dynamique qui existe entre les activités de prévention
de la maladie et de promotion de la santé, en amont,
et les services de diagnostic et de soins, en aval. Il
montre que la promotion de la santé et la prévention
de la maladie jouent un rôle de premier plan à toutes
les étapes de la vie et des soins de santé et souligne le
rôle primordial que jouent l’information, l’accès aux
services, la recherche et les ressources humaines du
secteur de la santé dans une stratégie globale.
Contexte
/ 13
Figure 1
Cadre pour une stratégie canadienne globale de santé cardiovasculaire et un plan d’action
Vision
Environnements
favorables
Comportements
sains
Risque
moins élevé
pour la
population
Moins
d’épisodes
aigus
Moins de
maladies
chroniques
Augmentation
des années de
vie de qualité
Interventions requises
Changement
de politique et
d’environnement
Stratégies de
changement de
comportement
Prevention
Prévention,
détection,
gestion des
facteurs de risque
Traitittement
Tra
Accès, en
temps utile, à
des soins actifs
de qualité
Accès, en temps utile,
à un bon programme de
gestion des maladies
chroniques et de
réadaptation
Information et surveillance
Accès aux services
Recherche
Ressources humaines du secteur de la santé
Accès,
en temps utile,
à des soins de
fin de vie
Résultats
1
2
3
4
5
Population en
meilleure santé
Réduction des
disparités
Ajout d’un certain
nombre d’années
de vie de qualité
Diminution du fardeau de
la maladie cardiovasculaire
Système de
santé viable
Aux yeux des membres du Comité directeur, la santé ne dépend pas
seulement du système de soins de santé :
Des environnements favorables encouragent des comportements
plus sains; ceux-ci réduisent à leur tour les risques et les situations
de crise. Combinés à un accès, en temps utile, à des soins de santé
de qualité, ils permettent à un plus grand nombre de personnes de
vivre plus longtemps en bonne santé, réduisent le fardeau de la
maladie et assurent la pérennité du système de soins de santé.
14 / Pour un Canada au cœur qui bat
Compréhension des enjeux
Le Comité directeur a institué des groupes de travail
thématiques chargés de se pencher sur une des six
questions suivantes :
1/ Le renforcement des systèmes d’information pour
surveiller, gérer, évaluer et élaborer des politiques
2/ La création d’environnements propices à la
santé cardiovasculaire
3/ La prévention, la détection et la gestion des
facteurs de risque
4/ La prise en compte et le renforcement de la santé
cardiovasculaire des Autochtones
5/ L’accès, en temps utile, à des soins (actifs) et des
diagnostics de qualité
6/ L’accès, en temps utile, à des services de gestion
des maladies chroniques et de réadaptation, de
même qu’à des services de planification et de
soins de fin de vie.
Chaque groupe de travail, composé d’environ
12 experts, a également examiné cinq enjeux
généraux au cours de ses délibérations : la réduction
des disparités, la prise en compte de la santé
cardiovasculaire des Autochtones, l’évaluation
des interventions, l’élargissement de la base de
connaissances et le passage de la connaissance à
l’acte. En vue de comprendre parfaitement les enjeux,
les groupes de travail thématiques ont examiné la
documentation scientifique et commandé des articles
de fond et ils ont ensuite préparé des rapports détaillés
à l’intention du Comité directeur. Ces rapports, d’une
grande utilité, sont accessibles sur le site Web de la
SCSC-PA, à l’adresse suivante : www.chhs-scsc.ca.
Prise en compte de points de
vue diversifiés
Le Comité directeur a également mis sur pied un
groupe d’experts en consultation et partenariat.
Puisque les provinces, territoires et régions jouent un
rôle clé dans la prestation des soins de santé et des
services de santé publique, le président et le directeur
de la SCSC-PA ont eu des rencontres individuelles
et collectives avec les sous-ministres de la Santé des
provinces et des territoires et d’autres cadres supérieurs
et ils ont fait parvenir des rapports périodiques sur
l’état d’avancement de la Stratégie au Groupe d’experts
fédéral, provincial et territorial sur la prévention et
le contrôle des maladies chroniqueset des blessures
et au groupes d’experts sur la promotion de la santé
de la population. Le Comité directeur et les Groupes
de travail thématiques comptaient également des
membres qui pouvaient représenter le point de vue
des provinces et des territoires.
Au palier fédéral, l’Agence de la santé publique du
Canada, Santé Canada, Statistique Canada, l’Institut
canadien d’information sur la santé, les Instituts de
recherche en santé du Canada et l’Inforoute Santé du
Canada ont fourni des avis et des directives; les trois
derniers organismes cités avaient des représentants au
Comité directeur.
Durant l’élaboration de la SCSC-PA, le
président et le Comité directeur ont consulté
plus de 1 500 parties concernées, y compris des
organismes professionnels, des organisations non
gouvernementales, les industries alimentaires et
pharmaceutiques, les industries de l’assurance et des
services bancaires, les fabricants de matériel médical
et le grand public. Plusieurs groupes de discussion
ont été organisés partout au pays et des Canadiens
y ont donné leur point de vue sur la maladie et la
santé cardiovasculaires, sur les services offerts, ainsi
que sur les obstacles et les appuis à la prévention et
au traitement. Le président a également assisté à des
conférences annuelles, comme la Conférence annuelle
de l’Association canadienne de santé publique et le
Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire pour
discuter des principaux enjeux.
Pour voir s’il est possible d’intégrer la Stratégie
à d’autres stratégies nationales de lutte contre la
maladie et de capitaliser sur ces stratégies, le président
et le Groupe de gestion ont consulté les chefs de file
de la Stratégie canadienne de l’AVC, de la Stratégie
canadienne du diabète, du Partenariat canadien contre
le cancer, de la Commission de la santé mentale
du Canada et du Cadre de travail national sur la
santé pulmonaire.
Contexte
/ 15
Au-delà de la santé du cœur
Même si le plan s’appelle « Stratégie canadienne de
santé cardiovasculaire et plan d’action », il dépasse de
loin ce que les Canadiens englobent sous la bannière
« santé du cœur ». La cardiopathie fait partie d’une
famille de maladies connue sous l’appellation de
« maladies cardiovasculaires » qui, de concert avec
la maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire
cérébral), s’inscrit dans un groupe encore plus large :
le groupe des maladies vasculaires. Les maladies
vasculaires ont une incidence sur le réseau des
vaisseaux sanguins; elles réduisent le flux sanguin et
endommagent des organes tels que le cœur (crise
cardiaque ou insuffisance cardiaque) ou le cerveau
(accident vasculaire cérébral). Les maladies vasculaires
peuvent également affecter les reins et les jambes et
causer la démence et la cécité.
La Stratégie canadienne de santé
cardiovasculaire et plan d’action
utilise le terme « maladie CV » ou
« santé CV » pour désigner
• la santé ou la maladie
cardiovasculaire (vaisseaux
sanguins du cœur) de même que
d’autres problèmes cardiaques
(congénitaux et valvulaires) et
troubles du muscle cardiaque;
• la santé ou la maladie
cérébrovasculaire (vaisseaux
sanguins menant au cerveau);
• la santé ou la maladie vasculaire
périphérique (aorte et vaisseaux
sanguins menant aux jambes).
16 / Pour un Canada au cœur qui bat
Le document intitulé Pour un Canada au cœur
qui bat repose sur une vision globale et intégrée de
la santé. Il reconnaît qu’il est important de prévenir
toutes les maladies vasculaires – quel que soit l’organe
touché. Non seulement la prévention des maladies
vasculaires réduira-t-elle le nombre de cardiopathies
et d’accidents vasculaires cérébraux, mais elle aura
également une incidence positive sur d’autres maladies
chroniques courantes. Aux fins du présent document,
le terme « maladie(s) CV » est utilisé pour décrire
l’éventail complet des maladies cardiovasculaires et
vasculaires (voir l’encadré).
Même si les mêmes stratégies peuvent être
utilisées pour recueillir des données sur les maladies
vasculaires et pour prévenir celles-ci, il faut faire appel
à des habiletés et des services différents pour traiter
chaque maladie vasculaire selon l’organe du corps
affecté. Puisque les causes d’un grand nombre de
maladies CV sont identiques et que les traitements
sont différents, les recommandations formulées par la
SCSC-PA pour la prévention et pour l’infrastructure
du savoir sont conçues de telle sorte qu’elles
contribuent à la réduction de toutes les maladies CV.
Les recommandations portant sur les soins, d’autre
part, sont principalement axées sur le diagnostic et le
traitement des maladies cardiovasculaires, y compris
les maladies congénitales et les troubles du muscle et
de la valvulve cardiaques. Pour s’attaquer aux maladies
cérébrovasculaires, la Fondation des maladies du
cœur du Canada et le Réseau canadien contre les
accidents cérébrovasculaires ont élaboré une stratégie
canadienne de l’AVC visant à orienter les soins et
la réadaptation, qui est mise en application dans de
nombreuses régions du pays.
Mise en œuvre de la SCSC-PA – De
l’intention à l’acte
La SCSC-PA contient trois parties :
Partie 1 La Stratégie canadienne de santé
cardiovasculaire correspond au « quoi »; elle cerne les
lacunes actuelles de la santé CV, décrit les pratiques
prometteuses qui améliorent la santé et les soins et
recommande des solutions.
Partie 2 Le Plan d’action répond aux questions
« qui, quand, comment et où »; il décrit les mesures
concrètes qu’il faut prendre pour mettre en œuvre
la Stratégie.
Partie 3 Le plan d’activités répond à la question
« combien »; il établit le coût de mise en œuvre de
chacun des volets de la Stratégie.
La SCSC-PA est davantage qu’un plan écrit.
C’est aussi un processus et un partenariat. La Stratégie
milite en faveur du leadership et de la collaboration –
tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système de santé
– en vue de réduire le fardeau de la maladie CV. Son
succès dépend de l’engagement d’un grand nombre de
partenaires, notamment des gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux, des administrations
municipales, des organismes régionaux dédiés
à la santé, des prestataires et des organismes de
prestations des soins de santé, des organisations non
gouvernementales, du secteur privé et des particuliers
(figure 2).
Le SCSC-PA décrit comment ces partenaires
peuvent travailler ensemble pour créer un avenir de
santé cardiovasculaire pour tous les Canadiens.
Figure 2
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action
Gouvernements
Secteur privé,
milieux de travail,
écoles, collectivités,
organismes non
gouvernementaux
Particuliers
Système de soins
de santé, Planificateurs
et prestataires, Autres
stratégies portant
sur la santé
Contexte
/ 17
La maladie CV : l’ennemi public numéro un
de la santé de la population canadienne
Chaque année, les maladies CV tuent 17 millions de
personnes dans le monde (Organisation mondiale de
la Santé, 2004) et plus de Canadiens que toute autre
maladie. En 2004, ces maladies ont causé, au pays,
la mort d’une personne sur trois – soit 72 743 décès
(figure 3) (Agence de la santé publique du Canada,
2009).
En dépit de la réduction récente du nombre
annuel de décès attribuables aux maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires, ces maladies restent la
principale menace à la santé publique au Canada.
L’Agence de la santé publique du Canada estime
qu’au moins 1,6 million de Canadiens ont une maladie
cardiovasculaire ou gardent les séquelles d’un accident
vasculaire cérébral (Agence de la santé publique
du Canada, 2009). Les maladies cardiovasculaires
représentent 17 % de toutes les hospitalisations au
Canada (Agence de la santé publique du Canada,
2009), comparativement à 7,6 % pour le cancer
(Foote et coll., 2005).
Le nombre de Canadiens qui survivent à une
crise cardiaque augmente, mais beaucoup d’entre eux
souffrent ensuited’insuffisance cardiaque chronique,
un état qui représente aujourd’hui le principal motif
d’hospitalisation des gens de plus de 65 ans (Société
canadienne de cardiologie, 2006). L’incidence de
l’insuffisance cardiaque augmente également avec
l’âge et la population canadienne vieillit.
Les maladies cardiovasculaires amputent la vie des
Canadiens d’environ 4,5 ans (Manuel et coll., 2003).
À cause d’elles, l’espérance de vie des Canadiens
est moindre que celle des habitants d’autres pays
développés (Fang et Millar, 2008). En fait, on prévoit
actuellement que nos enfants seront la toute première
génération de Canadiens de tous les temps à avoir
une espérance de vie plus courte que celle de leurs
parents. Mais le Canada n’est pas le seul à se mesurer
à la maladie CV : en 2004, la maladie coronarienne et
l’accident vasculaire cérébral étaient, respectivement,
les première et deuxième causes de mortalité à l’échelle
planétaire (21,9 % du nombre total de décès) et ces
deux affections atteindront, en 2030, 26,3 % du total
(Organisation mondiale de la Santé, 2008).
Figure 3
Principales causes de décès
Nombre et pourcentage de décès au Canada, 2004
Diabète
7 823
(3,5 %)
Maladie respiratoire
19 607
(8,7 %)
Maladie cardiovasculaire
72 743
(32,1 %)
Cancer
66 947
(29,5 %)
Autre
46 485
(20,5 %)
Accidents/empoisonnement/violence
8 986
(4,0 %)
Maladies infectieuses
3 993
(1,8 %)
Source : Statistique Canada. Mortalité, liste sommaire des causes pour 2004, 2007.
18 / Pour un Canada au cœur qui bat
Au moins 1,6 million de Canadiens
sont atteints d’une maladie
cardiovasculaire ou gardent des
séquelles d’un AVC. Il se peut qu’ils
ne meurent pas aussi vite qu’ils
l’auraient fait il y a 10 ans, mais leur
vie est amoindrie et nombre d’entre
eux sont très malades.
Selon l’Organisation mondiale de
la santé, la prolongation de la vie est
vide de sens si les années de grâce
sont gâchées par une santé précaire
(Organisation mondiale de la Santé,
1998).
Quatre maladies chroniques – la cardiopathie
et l’accident vasculaire cérébral, le cancer, la maladie
pulmonaire obstructive chronique et le diabète –
représentent actuellement 60 % de tous les décès à
l’échelle mondiale et on s’attend à ce que, d’ici 2020,
elles représentent 73 % des décès et 60 % du fardeau
mondial de la maladie (Organisation mondiale de la
Santé, 2002).
Chose alarmante, on prévoit que les facteurs
de risque précurseurs de la maladie CV – tels
que l’hypertension (pression sanguine élevée), la
dyslipidémie (haut niveau de cholestérol), l’obésité
et le diabète – augmenteront au Canada. Les figures
4a et 4b illustrent les tendances et les augmentations
projetées du diabète et de l’obésité.
L’augmentation des risques et de la prévalence
de la maladie CV est une menace pour tous les
Canadiens, mais il s’agit, pour les peuples autochtones,
d’une véritable situation de crise (Enquête régionale
longitudinale sur la santé des Premières nations,
2007). Ces tendances, combinées à la croissance et
au vieillissement de la population – les maladies
CV augmentent avec l’âge –, pourraient fort bien
submerger le système de santé (Agence de la santé
publique du Canada, 2009).
Figure 4a
Prévisions du nombre de diabétiques au Canada par groupe d’âge
en 2000, 2010 et 2016
Nombre de diabétiques
350 000
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
0
0-4
5-9
10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 ≥80
Groupes d’âge (années)
2000
2010
2016
Source : Ohinmaa S., et coll. The projection of prevalence and cost of diabetes in Canada 2000 to 2016, Canadian Journal
of Diabetes, vol. 28 no 2, 2004, 00-00. (accessible en anglais à l’adresse www.diabetes.ca/Files/JohnsonCJDJune2004.pdf).
Contexte
/ 19
Figure 4b
Prévalence (en %) de l’obésité au Canada (IMC >29), réelle et prévue, par sexe,
1970-2010
30
Prévalence (%)
25
20
15
10
5
0
1970
1975
Réelle (hommes)
1980
1985
1990
Prévue (hommes)
1995
2000
Réelle (femmes)
2005
2010
Prévue (femmes)
Source : Six enquêtes de Statistique Canada : grandeurs et poids mesurés des 20 ans et plus
1970 – Enquête Nutrition Canada;
1978 – Enquête Santé Canada;
1981 – Enquête Condition physique Canada;
1988 – Enquête Campbell sur le bien-être au Canada;
1992 – Enquêtes canadiennes sur la santé cardiovasculaire;
2004 – Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
Source : Luo W. et coll., Le fardeau de l’obésité chez les adultes au Canada. Maladies chroniques au Canada, 2007,
vol. 27, no 4, p. 135 à 144.
L’impact économique
Les maladies CV ne représentent pas seulement une
menace pour notre santé – elles menacent également
notre bien-être économique. En 2000, les maladies
CV ont coûté au Canada au moins 22,2 milliards
de dollars en coûts directs et indirects, un chiffre qui
n’est dépassé que par les conséquences des maladies
musculosquelettiques (figure 5) (Agence de la santé
publique du Canada, 2009).
En 2004-2005, trois des quatre maladies les plus
coûteuses en termes de frais d’hospitalisation étaient
des maladies CV. En frais d’hospitalisation seulement,
elles ont coûté 1,4 milliard de dollars (Institut
canadien d’information sur la santé, 2008).
20 / Pour un Canada au cœur qui bat
Compte tenu de la prolifération prévue des
maladies CV, leur coût ira croissant. On prévoit que
les provinces et les territoires affecteront 50 % de
leur budget à la santé, ce qui limitera leur capacité
de financer d’autres services publics essentiels, tels
que l’éducation, les routes, l’environnement et les
services sociaux.
Si rien ne change et si les dépenses attribuables
aux soins de santé continuent à augmenter au rythme
actuel, d’ici 2017-2018 – dans à peine dix ans – les
soins de santé et l’éducation pourraient consommer
jusqu’à 100 % des budgets provinciaux et territoriaux,
comme l’illustrent les prévisions établies pour la
Colombie-Britannique (figure 6) (Taylor, 2006).
Catégorie de diagnostic
Figure 5
Coûts directs† et indirects‡ attribuables à la maladie*
pour les sept catégories principales de diagnostic, Canada 2000
Maladies
musculosquelettiques
Maladies
cardiovasculaires
Troubles
neuropsychiatriques
Tumeurs
malignes
Blessures
Maladies du
système digestif
Maladies du
système respiratoire
3
0
6
9
12
15
18
21
Coûts (en milliards de dollars)
Coûts directs
Coûts indirects
* Fondés sur le coût total de la maladie qui est de 147,9 milliards de dollars. Les dépenses pour les soins prodigués dans d’autres
établissements et les coûts directs des soins de santé supplémentaires ne sont pas inclus.
† Les coûts directs comprennent les frais d’hospitalisation et d’achat de médicaments ainsi que les honoraires des médecins.
‡ Les coûts indirects comprennent les dépenses attribuables au décès, à l’invalidité à court et long terme.
Note : L’invalidité à court terme n’est pas pertinente pour certaines catégories de diagnostic. Les cinq catégories de diagnostic qui
peuvent entraîner des coûts d’invalidité à court terme sont les maladies musculosquelettiques, les maladies cardiovasculaires, les
troubles neuropsychiatriques, les maladies du système digestif et les maladies du système respiratoire.
Source : Adapté du rapport inédit de l’Agence de la santé publique du Canada (2009). Tracking Heart Disease and Stroke in Canada, 2008.
Figure 6
Prévisions de revenu et de dépenses en Colombie-Britannique
100 %
90 %
80 %
Pourcentage
70 %
60 %
50 %
Total 100 %
Croissance du revenu
3%
Croissance de l’éducation 3 %
Croissance de la santé
8%
Budget équilibré
Les autres dépenses diminuent et sont
nulles à partir de l’année 2017-2018.
71,3 %
53,6 %
41,6 %
40 %
30 %
20 %
28,4 %
27,0 %
27,0 %
27,0 %
10 %
16,6 %
-0,6 %
0%
-10 %
04/05
05/06
06/07
07/08
08/09
09/10
10/11
11/12
12/13
13/14
14/15
15/16
16/17
17/18
Année
Santé
Éducation
Autre
Dépenses réelles et prévues en matière de santé et incidence sur d’autres secteurs des dépenses de
programmes en Colombie-Britannique.
Source : Taylor, C. BC Economic and Fiscal Update, 2006. (accessible en anglais à l’adresse
www.fin.gov.bc.ca/qrt-rpt/qu06/Q1powerpoint.pdf ).
Contexte
/ 21
Quelles sont les maladies CV?
De nombreux Canadiens pensent à tort que les
maladies cardiovasculaires se limitent aux crises
cardiaques. En réalité, les maladies CV englobent
un large éventail d’états débilitants et onéreux qui
affectent presque toutes les parties du corps (figure 7).
Quelles sont les causes
des maladies CV?
Les prédispositions génétiques sont la cause d’environ
5 % à 10 % de toutes les maladies CV (Agence de la
santé publique du Canada, 2009). La cause la plus
courante des autres maladies CV est l’athérosclérose
ou le durcissement des artères.
À la naissance, les artères sont en bonne santé,
mais au fil du temps, les vaisseaux sanguins peuvent
s’enflammer et se couvrir de matières grasses
(cholestérol) et de cicatrices, des anomalies qui
restreignent le flux sanguin; des caillots de sang
peuvent alors se former et provoquer des crises
cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et
d’autres complications. L’athérosclérose s’installe tôt
dans la vie – parfois même dans l’enfance – mais il se
peut qu’elle n’entraîne aucun symptôme ou signe de
maladie pendant de nombreuses années. En dépit des
récentes percées dans la compréhension des causes de
l’athérosclérose, il reste beaucoup à apprendre sur la
fonction et la maladie vasculaire.
Figure 7
Quelles sont les maladies CV?
Démence
Cécité
Accident vasculaire cérébral
Insuffisance
cardiaque congestive
Anomalies du
rythme cardiaque
Hypertension
Embolie pulmonaire
Coronaropathie
Maladie des valvules cardiaques
Cardiopathie congénitale
Maladie du rein
Anévrisme de l’aorte
Maladie thromboembolique
Maladie artérielle périphérique
22 / Pour un Canada au cœur qui bat
Qui est touché?
La représentation traditionnelle du Canadien
typique atteint de maladie CV est un homme blanc
âgé et souffrant d’embonpoint. Toutefois, cette
représentation ne s’applique plus. La maladie CV
touche les Canadiens de tous les âges et de tous les
milieux. Certains d’entre eux sont plus menacés que
d’autres. Le visage de la maladie cardiovasculaire au
Canada est caractérisé par la présence croissante de
gens plus jeunes, de femmes, de gens de différentes
ethnies, de pauvres et trop souvent d’Autochtones ou
de personnes d’origine sud-asiatique (figure 8).
Nous sommes tous à risque : neuf
Canadiens sur dix de plus de 20 ans
ont au moins un facteur de risque
de maladie cardiovasculaire. Un
sur trois a trois facteurs de risque
ou davantage (Agence de la santé
publique du Canada, 2009)
Figure 8
Qui souffre de maladie CV?
Canadiens
d’origine chinoise
Femmes
Canadiens d’origine
sud-asiatique
Canadiens
d’origine africaine
Hommes
de plus de 75 ans
Bébés
Canadiens
plus pauvres et
moins instruits
Jeunes
Peuples
autochtones
Contexte
/ 23
•
•
•
•
•
•
•
Au Canada, environ un bébé sur cent est
atteint, à la naissance, d’une cardiopathie
congénitale (Fondation des maladies du
cœur du Canada, 2003)
Un nombre croissant de jeunes souffrent
d’embonpoint ou d’obésité et ont le diabète, font
de l’hypertension et ont un taux de cholestérol
plus élevé que par le passé (Shields, 2005)
Même si les hommes sont plus susceptibles que
les femmes d’être atteints d’une maladie du cœur
à un âge moins avancé, on a constaté récemment
que cette maladie emportait, chaque année, plus
de femmes que d’hommes (Agence de la santé
publique du Canada, 2009). Les femmes qui ont
une maladie CV séjournent aussi plus longtemps
à l’hôpital et sont plus invalides que les hommes
(Pilote, 2007).
La prévalence des maladies de cœur augmente
avec l’âge. Un homme de plus de 75 ans sur
quatre est atteint d’une maladie du coeur (Agence
de la santé publique du Canada, 2009).
Les Canadiens plus pauvres et moins instruits
sont plus susceptibles d’être atteints de maladies
CV que ceux qui sont plus instruits et qui ont
un revenu plus élevé. (Craig et coll., 2005).
Les peuples autochtones du Canada sont
1,5 à 2 fois plus exposés à la cardiopathie que
la population canadienne en général. Ils sont
également plus susceptibles d’être atteints de
diabète, de faire de l’hypertension, d’avoir un taux
de cholestérol élevé et d’avoir des antécédents
familiaux de maladie cardiovasculaire
(Santé Canada, 2001).
Les Canadiens d’origine sud-asiatique sont,
durant leur jeunesse, plus susceptibles que
d’autres Canadiens de faire une crise cardiaque
mortelle. Les gens natifs de l’Inde, du Pakistan,
du Bangladesh, du Népal et du Sri Lanka
meurent des suites d’une maladie de cœur cinq
à dix ans plus tôt que les membres d’autres
groupes ethniques – même s’ils ne souffrent ni
d’embonpoint ni d’obésité ( Joshi et coll., 2007).
24 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
•
Les Canadiens d’origine chinoise sont plus
susceptibles de faire de l’hypertension que
les Canadiens d’origine européenne (Anand et
coll., 2000).
Les Canadiens d’origine africaine sont plus
susceptibles de souffrir d’hypertension que la
population en général (Fondation des maladies
du cœur de l’Ontario, 2008).
Quels sont les facteurs de risque de la
maladie CV?
L’athérosclérose est plus répandue chez les gens qui
ont une pression artérielle élevée (hypertension) et un
niveau élevé de cholestérol ou d’autres lipides dans le
sang (dyslipidémie), qui souffrent d’embonpoint ou
d’obésité ou qui ont le diabète.
L’hypertension, la dyslipidémie, l’obésité,
l’athérosclérose et le diabète sont causés par une
interaction complexe de facteurs de risque génétiques
(caractéristiques innées, héréditaires), de facteurs de
risque environnementaux (faible niveau de revenu ou
d’instruction ou les deux, accès limité à des aliments
sains ou à l’activité physique) et facteurs de risque
comportementaux (régime alimentaire malsain,
inactivité physique et tabagisme, stress et dépression).
Gènes
Les gènes jouent un rôle dans les maladies CV, le
diabète et l’obésité. Quiconque a des antécédents
familiaux de pression sanguine élevée, de dyslipidémie,
d’obésité ou de diabète est plus exposé que d’autres
à la maladie CV. Les gens qui appartiennent à des
groupes ethnoraciaux chez qui le taux de maladie
cardiovasculaire est élevé, comme certains membres
des peuples autochtones ou des peuples d’Asie du Sud
sont également plus exposés.
Selon l’administrateur en chef de la
santé publique du Canada, en général,
l’état de santé s’améliore au fur et à
mesure que l’on s’élève dans l’échelle
sociale; les Canadiens qui ont un
revenu modeste et un faible niveau de
scolarité sont en moins bonne santé
que leurs concitoyens des échelons
socioéconomiques supérieurs.
Ces écarts de santé sont causés
par une combinaison de facteurs
environnementaux, notamment par
le manque d’accès à des aliments
et à un logement adéquats, par le
stress psychosocial et des facteurs
comportementaux tels que les
habitudes alimentaires, l’exercice
et le tabagisme (Agence de la
santé publique du Canada, 2009).
[Traduction libre]
Les disparités sociales mènent aux inégalités
en matière de santé. Par exemple, les enfants qui
grandissent dans un milieu pauvre ont un indice de
masse corporel (IMC) plus élevé et sont plus exposés
que d’autres à l’embonpoint ou à l’obésité (Oliver
et Hayes, 2008). Les personnes pauvres ou moins
instruites sont plus susceptibles de consommer des
aliments malsains, d’être inactives et de fumer que
celles qui sont plus scolarisées et mieux nanties
(Marmot et coll., 1991). Le taux élevé de maladie
CV chez certains peuples autochtones est le résultat
complexe d’un certain nombre de facteurs : manque
d’accès à des aliments sains et à des services de santé
(particulièrement dans les collectivités éloignées);
faible niveau de scolarité et pénurie d’emplois de
qualité, faible revenu et logement médiocre
(Kmetic, 2007).
Comportement
Les risques génétiques et environnementaux de
contracter une maladie CV sont multipliés par des
comportements tels que la consommation d’aliments
ayant un taux élevé de calories, de gras, de sel et de
monosaccharides, mais faibles en fibres (peu de fruits
et de légumes) et en minéraux (calcium, magnésium,
potassium), l’inactivité physique et le tabagisme.
Environnement
Le risque qu’ont les Canadiens de contracter une
maladie CV et leur capacité de réduire ce risque
dépendent largement de facteurs environnementaux et
socioéconomiques tels que le niveau de scolarité et de
revenu, l’accessibilité et le coût des aliments sains, les
occasions d’activité physique et le stress.
L’environnement peut interagir avec les gènes
pour rendre les gens plus vulnérables aux maladies CV.
Par exemple, dans les sociétés où de saines habitudes
alimentaires et l’activité physique sont la norme,
comme au Japon, l’athérosclérose est peu répandue;
toutefois, lorsque les gens de ces pays déménagent
dans un environnement où la population est
généralement moins active et consomme des aliments
moins sains, leur risque de contracter une maladie CV
augmente rapidement (Tremblay et coll., 2005).
Quatre des maladies chroniques
les plus répandues – la maladie
cardiovasculaire, le cancer, la maladie
pulmonaire obstructive chronique
et le diabète de type 2 – sont liées à
des facteurs de risque biologiques
courants et évitables comme
l’hypertension, un taux de cholestérol
élevé et l’embonpoint et de facteurs
de risque comportementaux majeurs
tels qu’un régime alimentaire malsain,
l’inactivité physique et le tabagisme.
Les mesures à prendre pour prévenir
ces maladies chroniques graves
devraient être axées sur un système
bien intégré de contrôle de ces
facteurs de risque et d’autres facteurs
de risque importants (Organisation
mondiale de la Santé, 2002).
[Traduction libre]
Contexte
/ 25
Un aperçu des risques CV au Canada
Même si le nombre de Canadiens qui ont une crise cardiaque, un AVC ou une
insuffisance cardiaque diminue (Campbell et coll., 2006), les risques de maladie CV
restent indûment élevés et augmentent dans certains cas :
• Chez les hommes et les femmes
qui sont dans la trentaine ou la
quarantaine, une personne sur
quatre tire plus de 35 % de
ses calories de corps gras
(Garriguet, 2004).
• Au Canada, 22 % des adultes de 18 ans
et plus ont une pression artérielle
élevée (Joffres et coll., 1997) et
neuf Canadiens sur 10 souffriront
d’hypertension durant leur vie
(Campbell et coll., 2006).
• Environ six enfants de 13 ans et
moins sur 10 et cinq adultes sur
10 consomment moins de cinq
portions de fruits et de légumes
quotidiennement (Garriguet, 2007).
• Au Canada, quatre adultes sur
10 (36 %) souffrent d’embonpoint
(IMC 25 – 29) et un sur quatre (23 %)
est obèse (IMC ≥30) (Tjepkema, 2007).
• Parmi les Canadiens de 19 à
70 ans, plus de 85 % des hommes
et 60 % des femmes absorbent
une quantité de sodium (sel)
excédant le plafond recommandé
(Garriguet, 2007).
• Environ un Canadien de 12 ans
et plus sur deux (48 %)
est physiquement inactif
(Gilmour, 2007).
• Au Canada, 19 % des adultes (un
sur cinq) et 15 % des jeunes de 15 à
19 ans fument (Santé Canada, 2007).
26 / Pour un Canada au cœur qui bat
• Au Canada, au moins un enfant sur
quatre (Shields, 2006) et un enfant
autochtone sur deux, dans les
réserves, souffrent d’embonpoint ou
d’obésité (Organisation nationale
de la santé autochtone, 2005).
• En 2005, presque 1,8 million de
Canadiens adultes – 5,5 % de la
population – ont eu un diagnostic de
diabète par rapport à 4,8 % en 1998. Les
cas de diabète ont augmenté de 70 %
depuis la publication des directives
pour la pratique clinique de 1998
de l’Association canadienne du
diabète (Association canadienne
du diabète, 2008).
Les maladies CV : le défi numéro un du
Canada au chapitre de la santé
La maladie CV constitue la plus grande menace pour
la santé des Canadiens, mais elle représente aussi la
plus grande possibilité d’amélioration de la santé :
•
•
•
parce que jusqu’à 80 % des maladies CV sont
évitables (Agence de la santé publique du Canada,
2009; Yusuf, 2004);
parce que, si les maladies CV sont détectées
rapidement et traitées vigoureusement, elles
peuvent être contrôlées et gérées;
parce que contrairement à des maladies comme le
cancer pour lesquelles les causes et les solutions
sont floues – nous savons déjà comment prévenir
et traiter les maladies CV.
À chaque étape du cheminement vers la maladie
CV, on peut réduire les risques et améliorer la santé
du patient. Nous avons déjà des exemples de modes
d’utilisation des connaissances qui peuvent améliorer
la santé et réduire l’incidence de la maladie CV.
En 1992, presque 50 % des Canadiens souffrant
d’hypertension n’ont fait l’objet d’aucun diagnostic
et seulement 13 % ont reçu un traitement conforme
aux directives ayant permis de maintenir leur pression
artérielle à un niveau acceptable ( Joffres et coll., 1997).
Au cours des neuf dernières années, le
Programme éducatif canadien sur l’hypertension
(PECH) a fait activement la promotion de directives
sur l’hypertension fondées sur des données probantes.
Il a aussi encouragé la formation des professionnels
de la santé et du grand public, et on peut dire que
la situation s’améliore. Selon une récente enquête
menée par la Fondation des maladies du cœur de
l’Ontario (figure 9), 88 % des participants atteints
d’hypertension sont conscients du diagnostic et
66 % surveillent leur hypertension et font l’objet d’un
traitement (Leenen et coll., 2008). Il reste à démontrer
que des progrès aussi spectaculaires se produisent
également dans le reste du Canada.
La prévention se justifie d’un point
de vue économique. Selon une
récente analyse effectuée aux ÉtatsUnis, chaque dollar dépensé pour
des programmes de prévention qui
encouragent l’activité physique,
améliorent les régimes alimentaires
et préviennent le tabagisme offre un
rendement de 5 $ sur le capital investi
en réduisant les coûts du traitement
(Trust for America’s Health, 2008).
Actuellement, une maladie que l’on
pourrait prévenir dans la plupart des
cas coûte au Canada 22,2 milliards
de dollars par an (Agence de la santé
publique du Canada, 2009). Bien
qu’il soit possible de neutraliser
les principaux facteurs de risque
de maladie de cœur et d’accident
vasculaire cérébral, nous ne faisons
que peu de choses pour y parvenir – et
une fois qu’une personne en souffre,
elle est exposée à des dommages qui
peuvent devenir irréversibles.
Contexte
/ 27
Figure 9
Tendances en matière d’hypertension au Canada
Enquête ontarienne sur la prévalence et le contrôle de l’hypertension 2006
19,5 %
14,7 %
65,7 %
Étude sur la santé du cœur 1992 : Canada
Étude sur la santé du cœur 1992 : Ontario
12,1 %
13,2 %
65,4 %
21,4 %
Traité et contrôlé
67,1 %
Traité et non contrôlé
20,8 %
Non traité
Traitement et contrôle de l’hypertension tels que déterminés en 2006 par l’Ontario Survey on the Prevalence and Control of Hypertension
et en 1992, pour l’Ontario et le Canada, par l’Enquête canadienne sur la santé cardiovasculaire (les données de 1992 sont fournies par le
Dr Michel Joffres, Simon Fraser University, communication personnelle, 31 juillet 2007). Les données représentent le pourcentage des
personnes qui ont fait l’objet d’un diagnostic d’hypertension. Les deux ensembles de données pour l’Ontario ont été pondérés en fonction
de la population de l’Ontario et les données nationales l’ont été par rapport à la population du Canada. Pour garantir la stabilité des
données comparées, le « traitement » dans l’Enquête canadienne sur la santé cardiovasculaire renvoie à la pharmacothérapie seulement.
Source : Leenan, F., et coll. Results of the Ontario Survey on the Prevalence and Control of Hypertension, CMAJ,
vol. 178, no 11, 2008, p. 1141 à 1449.
En 2005, une entente de partenariat conclue
entre la Fondation des maladies du cœur du
Canada et le Réseau canadien contre les accidents
cérébrovasculaires a permis de créer la Stratégie
canadienne de l’AVC en vue de promouvoir des soins
d’urgence fondés sur des données probantes et la
réadaptation des patients qui ont eu un AVC. Quatre
provinces – l’Ontario, la Colombie-Britannique,
l’Alberta et la Nouvelle-Écosse – ont financé des
stratégies intégrées de lutte contre l’AVC et toutes
les autres ont apporté des changements en matière
de traitement de l’AVC qui ont augmenté de façon
spectaculaire le nombre de personnes qui survivent
et qui se rétablissent après l’accident.
28 / Pour un Canada au cœur qui bat
Toutefois…
… le nombre de Canadiens qui savent comment
réduire leurs risques de contracter une maladie CV
est beaucoup trop bas;
… le nombre de Canadiens à risque faisant l’objet
d’un diagnostic précoce est beaucoup trop bas;
….le nombre de Canadiens souffrant d’une maladie
CV qui ont accès en temps utile à des soins holistiques
fondés sur des données probantes est beaucoup
trop bas.
En agissant sur-le-champ, nous pouvons
construire un Canada où tout le monde
jouit d’une bonne santé cardiovasculaire
Nous disposons des compétences et du savoir requis
pour créer, au profit des Canadiens, un avenir plus
prometteur de santé cardiovasculaire dans lequel :
les citoyens auront la connaissance, les
ressources et le soutien dont ils ont besoin pour
réduire leur risque de contracter des maladies CV
et d’autres maladies chroniques et pour vivre plus
longtemps, en meilleure santé;
les gouvernements, le système de soins de
santé, le secteur privé, les organismes bénévoles
et communautaires et les particuliers contribueront
à la création d’environnements et de services qui
assureront la promotion et l’amélioration de la
santé CV;
les patients seront des partenaires actifs et
informés de leur propre état de santé et des soins qui
leur sont dispensés; les équipes interprofessionnelles
de prestataires de soins de santé disposeront de
l’information, des compétences et des outils dont
elles auront besoin pour promouvoir la santé,
prévenir les maladies CV et offrir aux Canadiens
qui souffrent de ces maladies, des soins de santé
holistiques, intégrés et axés sur le patient, dans un
délai raisonnable;
le Canada sera reconnu dans le monde entier
comme une nation productive et économiquement
concurrentielle où les citoyens jouissent d’une santé
du cœur exemplaire.
Notre stratégie
Nous disposons déjà d’une bonne partie des
outils et des éléments – habiletés, connaissances,
ressources humaines – dont nous avons besoin pour
construire un Canada où tout le monde jouit d’une
bonne santé cardiovasculaire. Partout au pays, des
projets passionnants ont vu le jour. Des pratiques
exemplaires ont été élaborées, et certaines d’entre
elles sont mises en commun et adoptées. Mais trop
souvent – dans certaines provinces ou localités ou
dans certains hôpitaux et cabinets de médecin – les
choses progressent selon une approche fragmentée.
Des champions déploient de grands efforts à titre
individuel, mais ils ne disposent pas des ressources,
de l’influence ou des appuis requis pour faire bouger
tout le système. Même si le Canada dispose de
stratégies lui permettant de lutter contre les autres
maladies chroniques qui sont les causes principales de
la mortalité et du fardeau de la maladie – le diabète,
la maladie pulmonaire et le cancer – il ne dispose
pas de stratégie concertée et pancanadienne qui lui
permettrait de réduire la prévalence des maladies CV.
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action est conçue de façon à combler cet
hiatus et à créer les conditions favorables à l’édification
d’une nation composée de citoyens dotés d’un cœur en
bonne santé. Elle fait appel au Canada pour investir
en amont dans la prévention afin d’aider les gens à
rester en bonne santé et à éviter le chemin qui mène
à la maladie CV, et aussi pour investir en aval dans la
mise sur pied de soins cardiaques efficaces et de haute
qualité pour les Canadiens qui en ont besoin. Les
stratégies recommandées sont pragmatiques et ont
la capacité d’améliorer la santé CV et d’atténuer les
inégalités au chapitre de la santé.
Nous avons l’intention de prendre les mesures
qui suivent.
1/ Créer des environnements favorables à la
santé cardiovasculaire.
2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine.
3/ Mettre un terme à la crise que vivent les
populations autochtones au niveau de la santé CV.
4/ Poursuivre la réforme des services de santé –
prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et
axés sur le patient.
5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour
renforcer la prévention et le traitement.
6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant
la formation et les compétences voulues.
Le fait d’investir sans délai dans
l’amélioration de la prévention et
des soins
• améliorera la santé de la
population;
• réduira les inégalités en matière
de santé;
• prolongera la vie en offrant
un sursis de qualité;
• réduira le fardeau des
maladies CV;
• assurera la pérennité du système
de santé.
Contexte
/ 29
Principes directeurs pour la Stratégie canadienne
de santé cardiovasculaire et plan d’action.
La Stratégie doit :
• refléter les meilleures données probantes disponibles;
• tirer profit des forces et des réussites du système actuel;
• reconnaître les valeurs et les visions du monde des
peuples autochtones et tenir compte des facteurs
historiques et contextuels qui ont des répercussions
sur leur santé;
• s’harmoniser avec d’autres stratégies et initiatives;
• être axée sur la personne;
• être culturellement adaptée et répondre aux besoins des
groupes ethniques à haut risque;
• être un investissement justifié;
• pouvoir être mise en œuvre et évaluée et être pratique
et faisable;
• réduire les disparités en matière de santé;
• permettre d’améliorer la santé et la qualité de vie;
• être compatible avec la Loi canadienne sur la santé.
30 / Pour un Canada au cœur qui bat
1/
Créer des environnements
favorables à la
santé cardiovasculaire
Les Canadiens peuvent prendre de nombreuses mesures pour
réduire leurs risques de contracter une maladie CV, mais ils ne peuvent pas
agir seuls. Ils ont besoin d’environnements qui facilitent les choix santé.
N
os environnements – nos collectivités, nos
lieux de travail, nos écoles et nos maisons – ont un
effet direct sur notre niveau d’activité, nos habitudes
alimentaires, notre taux d’obésité et nos risques
en matière de maladie du cœur ou d’accident
cérébral vasculaire (Fondation des maladies du
cœur du Canada, 2007a). Notre approvisionnement
alimentaire, la façon dont nos collectivités sont
conçues et construites et notre exposition au tabac
sont des facteurs qui peuvent tous affecter notre santé.
Par exemple, lorsque les aliments les moins
nutritifs sont meilleur marché, plus accessibles et plus
activement commercialisés que les aliments sains, il
est plus difficile pour les Canadiens de faire un choix
santé. Lorsque les gens ont accès à des renseignements
sur la nutrition, ils sont plus susceptibles de choisir
les options favorables à la santé (Santé Canada, 1996;
Organisation mondiale de la Santé, 2003). Lorsque les
gens vivent dans des localités éloignées des magasins
et des services, ils sont plus exposés à l’embonpoint
ou à l’obésité que les gens vivant dans des quartiers
où ils peuvent s’approvisionner à pied. Lorsque les
collectivités n’ont pas suffisamment de parcs ou
d’installations récréatives, les gens éprouvent plus de
difficulté à rester physiquement actifs (Sanitch, 2003;
Butterworth, 2000).
Les changements qui se sont produits dans
le mode de vie des peuples autochtones – vie
plus sédentaire et consommation d’aliments
hypercaloriques – sont largement attribuables à des
changements d’environnement, dont l’acculturation,
l’urbanisation et l’occidentalisation (Kmetic, 2007).
Le Canada sait déjà d’expérience, grâce à la
Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme,
qu’un changement d’environnement peut modifier
les comportements et réduire les risques. Au
cours des 20 dernières années, les gouvernements
fédéral, provinciaux et territoriaux, de même que les
administrations municipales, ont pris des mesures
combinées pour aider les gens à arrêter de fumer :
sensibilisation du public aux risques du tabagisme,
taxation, législation (pour limiter la publicité sur
le tabac, interdire le tabagisme dans les endroits
publics et interdire la vente de tabac aux mineurs),
mise en application de la loi et counseling par des
professionnels de la santé. L’adoption de ces mesures
a fait baisser de façon spectaculaire les taux de
tabagisme et d’exposition à la fumée secondaire. La
plupart des milieux de travail et des endroits publics
du Canada sont maintenant sans fumée. En cinq ans,
entre 2000 et 2005, le nombre de fumeurs canadiens
a diminué de 23 % (Santé Canada, 2000; Santé
Canada, 2007b).
Le même type d’approche holistique devrait
être utilisé pour améliorer la qualité de notre
approvisionnement alimentaire, édifier des collectivités
qui font la promotion de l’activité physique et créer
des occasions de vie active et saine à l’école, au travail
et à la maison.
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 31
Les inégalités menacent notre santé
Messages clés
Nos environnements – nos collectivités,
nos milieux de travail, nos écoles et
nos maisons – ont un effet direct sur
notre niveau d’activité, nos habitudes
alimentaires, nos taux d’obésité et les
risques que nous courons en matière de
maladie cardiovasculaire ou d’AVC.
Les risques que courent les Canadiens
de contracter une maladie CV et leur
capacité de réduire ces risques sont
profondément influencés par des facteurs
socioéconomiques, tels que le niveau de
scolarité et de revenu, et le Canada devrait
prendre les mesures requises pour aplanir
les injustices sociales et les inégalités au
chapitre de la santé.
Des mesures réglementaires, de même
que des directives et des mesures
incitatives destinées au secteur privé sont
nécessaires pour améliorer la qualité de
notre alimentation, réduire la quantité
de graisses trans et saturées, de sucre
et de sel dans les aliments transformés,
améliorer l’étiquetage des aliments
et encourager la mise en marché
d’aliments sains.
Les collectivités devraient être conçues
et construites de façon à encourager les
Canadiens à être physiquement plus actifs.
L’information et les exemples de pratiques
exemplaires pourraient aider les écoles,
les milieux de travail et les familles à
promouvoir l’activité physique.
De nouveaux programmes et de nouveaux
appuis sont nécessaires pour réduire le
tabagisme, particulièrement chez
les jeunes.
La création d’environnements sains exige
une approche pangouvernementale. Tous
les ministères devraient y participer.
32 / Pour un Canada au cœur qui bat
Dans les efforts qu’ils déploient pour créer des
environnements sains, les responsables du système de
santé ont, par le passé, mis l’accent sur des stratégies
qui influencent certains comportements tels que les
habitudes alimentaires, l’exercice et le tabagisme, mais
la SCSC-PA reconnaît que le régime alimentaire des
Canadiens et leur niveau d’activité et de tabagisme
sont fortement influencés par les déterminants
socioéconomiques de la santé qui agissent en amont,
tels que le revenu, le niveau de scolarité et l’emploi.
Les Canadiens les plus pauvres et les moins instruits
sont plus susceptibles d’être obèses et moins actifs
physiquement, de consommer moins de fruits et de
légumes et de fumer davantage que les Canadiens
ayant un revenu plus élevé (Craig et coll., 2005). Selon
le rapport de 2008 de l’administrateur en chef de la
santé publique, les disparités en matière de santé sont
fondamentalement des injustices sociales que nous
pouvons éradiquer grâce à des politiques publiques
et à l’adoption de mesures individuelles et collectives
(Agence de la santé publique du Canada, 2008).
Un certain nombre de provinces ou territoires
ont déjà pris des mesures pour réduire les injustices
sociales et les disparités en matière de santé. Par
exemple, le Québec, le Manitoba, Terre-Neuveet-Labrador, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario sont
en train d’élaborer des stratégies de réduction de la
pauvreté. Ces stratégies ont pour objet de rehausser le
niveau de vie des personnes à faible revenu et d’offrir
des services pour aider les gens à réussir dans leur
vie professionnelle, notamment des programmes de
formation et d’alphabétisation, des logements à prix
modique, des services d’apprentissage et de garde axés
sur la petite enfance et des services de soutien social.
Un certain nombre de municipalités ontariennes font
maintenant partie du Réseau 25 en 5 pour la réduction
de la pauvreté dont le but est de réduire la pauvreté en
Ontario de 25 % en 5 ans et de 50 % en 10 ans.
En 2007, pour contribuer à la prise en compte
des inégalités en fonction du sexe, la Fondation des
maladies du cœur du Canada a lancé la campagne Le
cœur tel qu’elles, une campagne fondée sur les données
probantes de la recherche, qui aide les femmes à
comprendre leurs risques de maladie cardiovasculaire,
à réduire les facteurs de risque et à être plus actives
dans la gestion de leur propre santé et de leurs
propres soins (site Web du programme Le cœur
tel qu’elles, 2008).
En 2005, les ministres de la Santé des
administrations fédérales, provinciales et territoriales
ont approuvé la Stratégie pancanadienne intégrée en
matière de modes de vie sains. Le but de la Stratégie
est d’améliorer les résultats généraux et de réduire
les disparités au chapitre de la santé en utilisant
une stratégie axée sur la santé de la population.
La Stratégie aborde en premier lieu les habitudes
alimentaires saines et l’activité physique ainsi que
leur relation avec le poids santé.
Toutefois, il faut faire davantage pour créer des
environnements qui contribueront à améliorer la santé
et à réduire le fardeau des maladies CV.
Le Sous-comité sur la santé de la population
du Comité permanent des affaires sociales, des
sciences et de la technologie, présidé par le sénateur
Wilbert Keon, est en train d’examiner les grands
déterminants qui influencent la santé des Canadiens.
En décembre 2008, son rapport déterminera les
mesures que le gouvernement fédéral peut adopter
pour mettre en application une stratégie axée sur
la santé de la population qui tiendra compte de
l’éventail des facteurs influençant la santé. Comme
l’a noté le Sous-comité sur la santé de la population
du Comité sénatorial permanent dans son quatrième
rapport, une stratégie coordonnée, axée sur la
santé de la population, exige des interventions
intersectorielles – une coordination entre différents
ministères gouvernementaux et la participation de
différents intervenants issus d’organisations non
gouvernementales du secteur privé et des collectivités
(Comité sénatorial permanent des affaires sociales,
des sciences et de la technologie, 2008b).
Le concept « santé de la population »
a été élaboré au Canada en 1974 dans
le rapport Lalonde. On insistait alors
sur l’amélioration de l’état de santé
des gens. Plus tard, on a mis l’accent
sur l’élimination des disparités en
matière de santé…Santé Canada a
joué un rôle clé pour la promotion de
la santé de la population au niveau
fédéral en adoptant officiellement
un cadre axé sur ce concept
afin d’orienter l’ensemble de ses
programmes et de ses initiatives
(Comité sénatorial permanent des
affaires sociales, des sciences et de
la technologie, 2008a).
Tous les Canadiens ne peuvent pas se
permettre d’acheter des aliments sains
Pour réduire le risque de maladie CV, tous les
Canadiens doivent se procurer des aliments sains
à des prix raisonnables. En 2004, un peu plus de
9,9 % des ménages canadiens (1,1 million) n’ont pu
acheter suffisamment d’aliments sûrs et nutritifs
pour répondre à leurs besoins alimentaires quotidiens
et pour mener une vie saine et active. Les ménages
canadiens qui éprouvent le plus de difficultés à se
procurer des aliments sains sont les ménages qui
ont un faible revenu ou qui vivent principalement
de l’assistance sociale, les ménages autochtones hors
réserve, les ménages qui vivent dans un logement loué
et les familles monoparentales dirigées par la mère
(Santé Canada, 2007a).
L’accès à des aliments sains est un problème
particulier dans le Nord, mais le Canada a déjà utilisé
avec succès des stratégies de fixation des prix et des
mesures incitatives pour améliorer la sécurité des
aliments dans les localités éloignées. Par exemple,
le Programme d’approvisionnement alimentaire par
la poste met des aliments sains à la disposition des
familles et assure la promotion d’une alimentation de
qualité en réduisant le taux d’oblitération pour l’envoi
d’aliments nutritifs périssables vers des agglomérations
nordiques éloignées. En 2007, le programme a pu
réduire le coût des aliments dans toutes les entités
participantes (par exemple, 196 $ à 347 $ par semaine
pour le panier d’épicerie moyen comparativement à
246 $ à 766 $ sans le programme), égaliser le coût des
aliments d’une collectivité à l’autre et augmenter la
variété des aliments frais accessibles (Cundill, 2007).
Sans le Programme, le coût des aliments sains serait
plus élevé que le revenu des ménages dans la presque
totalité des maisons. À l’heure actuelle, environ
140 collectivités dans trois territoires et six provinces
sont admissibles au Programme d’approvisionnement
alimentaire par la poste, mais seulement 80 % y
font appel. (F. Hill, communication personnelle,
23 juillet 2008).
Le coût et l’accessibilité des aliments sains ne
sont pas juste un problème propre aux collectivités du
Nord. Dans d’autres parties du Canada, il existe des
différences surprenantes d’accès à un supermarché. Par
exemple, les Canadiens qui vivent dans les quartiers
pauvres d’Edmonton où les besoins sont grands ont
besoin d’une voiture pour se rendre au supermarché
(Smoyer-Tomic et coll., 2006).
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 33
Jusqu’à quel point les aliments que nous
consommons sont-ils sains?
Au Canada, une grande quantité d’aliments
transformés contiennent trop de gras trans
et saturé et de sel.
La qualité des aliments que nous consommons est
essentielle si nous voulons préserver la santé de nos
vaisseaux sanguins et de notre cœur. À quel point nos
aliments actuels sont-ils nutritifs?
Chaque jour, un adulte et un enfant
canadiens sur quatre mangent ou
boivent quelque chose dans un
établissement de restauration rapide
(Garriguet, 2007).
Les pays peuvent réduire la quantité de gras trans
et de sodium (sel) dans les aliments et améliorer ainsi
la qualité de leurs réserves alimentaires. En 2004,
le Danemark a été le premier pays à imposer un
plafond au pourcentage de gras trans dans les aliments
transformés (Santé Canada, 2006). Récemment,
plusieurs entités administratives, incluant la ville
de New York, ont banni l’usage des graisses trans
artificielles dans les aliments. La Finlande a utilisé
avec succès une combinaison de campagnes de
sensibilisation du public et de lois pour encourager
son industrie alimentaire à étiqueter tous les aliments
qui contiennent plus d’un certain niveau de sel et son
industrie de la restauration à utiliser moins de sel.
Résultat? Une diminution de 20 % du niveau de sel
des réserves alimentaires et de 40 % de son absorption
par suite de la décision des producteurs de modifier la
recette de leurs produits pour éviter l’étiquette « haute
teneur en sel » (Laatikainen et coll., 2005).
Le Canada a déjà adopté des mesures pour
réduire le gras trans et le sel dans les aliments.
Par exemple :
•
Les Canadiens consomment une plus grande
quantité d’aliments transformés et préparés
qu’auparavant et ces aliments ont tendance à avoir un
niveau élevé de calories, de graisses saturées et trans,
de sodium (sel) et de sucres simples, ainsi qu’un faible
niveau de fibres et de minéraux. Il en résulte qu’une
personne sur quatre (hommes et femmes) dans la
trentaine et la quarantaine tire plus de 35 % de ses
calories des matières grasses et est ainsi exposée à
l’obésité et à la maladie CV (Garriguet, 2004). Selon
la Fondation des maladies du cœur du Canada, les
graisses trans des aliments transformés sont à l’origine,
au Canade, d’un nombre estimatif de 3 000 décès
inutiles attribuables à des problèmes cardiaques
chaque année (estimation fondée sur les données de
Harvard Public Health) (Fondation des maladies
du cœur du Canada, 2007b).
Les Canadiens adultes consomment environ le
double de la quantité recommandée de sel chaque jour
(3 500 mg au lieu des 1 200 à 2 300 mg recommandés
par l’Institute of Medicine des États-Unis), ce qui
provoque de l’hypertension et augmente le risque de
maladies CV (Campbell et coll., 2006).
34 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
•
En juin 2006, le Groupe d’étude sur les graisses
trans, coprésidé par Santé Canada et la Fondation
des maladies du cœur du Canada, a recommandé
que la réglementation fédérale élimine à peu près
toutes les graisses trans transformées des aliments.
Le gouvernement fédéral a accepté les niveaux de
gras trans recommandés par le Groupe d’étude,
mais il fait actuellement appel à une approche
volontariste combinée avec une surveillance
publique, se réservant le droit d’imposer une
réglementation dans deux ans si l’industrie
alimentaire n’a pas effectué les changements
recommandés. En l’absence de réglementation
fédérale, certaines municipalités canadiennes
ont adopté des règlements bannissant les
graisses trans.
En octobre 2007, Santé Canada a créé le
Groupe de travail muliti-intervenants sur la
réduction du sodium alimentaire pour informer
le gouvernement fédéral sur les échéances et
les procédés requis pour atteindre les cibles
de consommation de sel recommandées à
Santé Canada par l’Institute of Medicine des
États-Unis.
En 2007, la compagnie Campbell du Canada
a reçu le Certificat d’excellence de Pression
artérielle Canada pour son leadership dans
la réduction du sodium alimentaire. Afin de
respecter les critères de valeur nutritive du
programme Visez santéMC de la Fondation
des maladies du cœur, l’entreprise a éliminé
l’équivalent de neuf millions de cuillerées à thé de
sel de sa soupe aux tomates au cours des
cinq dernières années.
L’abandon des régimes alimentaires
traditionnels engendre l’obésité et des
problèmes de santé
Une partie des problèmes d’obésité et de santé
des communautés autochtones a été attribuée à
l’abandon des habitudes alimentaires traditionnelles.
Pour améliorer l’accès des Inuits à leurs aliments
traditionnels, le Programme d’aide à la récolte au
Nunavut, dont les coûts sont partagés par Nunavut
Tungavik Incorporated et le gouvernement des
Territoires du Nord-Ouest, subventionne un petit
nombre de chasseurs à plein temps pour les aider à
couvrir leurs dépenses d’équipement, de carburant
et de fournitures. Les aliments qu’ils récoltent sont
accessibles aux collectivités locales, ce qui permet à
un plus grand nombre d’Inuits de consommer des
mets traditionnels (Affaires indiennes et du Nord
Canada, 2006). Un programme similaire dans le
Nord du Québec, le Programme d’aide aux Inuits
pour leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage,
administré par l’Administration régionale Katavik et
financé par le gouvernement du Québec, subventionne
l’achat d’équipement, achète les aliments récoltés
et les distribue sans frais à ceux qui ne peuvent pas
chasser ou pêcher (Administration régionale Katavik,
2007). Le Programme encourage le mode de vie
traditionnel des Inuits et garantit aux collectivités
un approvisionnement en aliments traditionnels qui
contiennent plus de protéines et moins de gras que
la plupart des viandes provenant du Sud du Canada
(Commission royale sur les peuples autochtones,
1996). Le phoque et la baleine sont d’excellentes
sources d’oméga 3, des acides gras qui contribuent
à réduire le risque de maladies CV (Statistique
Canada, 2001).
Le Canada a fait certains progrès pour ce qui
est de limiter la publicité d’aliments malsains auprès
des enfants. En 2007, les entreprises membres des
Annonceurs responsables en publicité pour enfants
– en collaboration avec Produits alimentaires et
de consommation du Canada et avec Les normes
canadiennes de la publicité – ont convenu qu’au
moins 50 % de leur publicité télévisée destinée aux
enfants porterait sur des denrées alimentaires saines.
En 2008, le rapport national de la conseillère en santé
des enfants et des jeunes du Canada a recommandé
l’interdiction de la publicité sur la malbouffe durant
les émissions destinées aux enfants de moins de
12 ans (Leitch, 2007). L’Alliance pour la prévention
des maladies chroniques au Canada (APMCC), une
alliance de dix organismes nationaux travaillant de
concert à l’élaboration de politiques et de programmes
intégrés de préservation de la santé et de prévention
des maladies chroniques a organisé, en mars 2008, une
conférence consensuelle de portée nationale et rédigé
un énoncé de principe recommandant d’interdire la
publicité des aliments malsains destinée aux enfants.
En 2006, 44 entreprises alimentaires
américaines ont dépensé plus de
1,6 milliard de dollars pour faire
la promotion d’aliments et de
boissons destinés aux enfants et
aux adolescents (Federal Trade
Commission, 2008). Une importante
proportion de cette publicité paraît
également à la télévision et aux
étalages des magasins au Canada.
Le marketing a une incidence sur
le choix des aliments
Certaines compagnies font activement la promotion
d’aliments malsains – particulièrement auprès des
enfants (Federal Trade Commission, 2008). Ces
annonces influent sur les attitudes envers la nourriture
et le choix des aliments. Un grand nombre de pays y
compris la Suède, la Norvège, l’Autriche, la Belgique,
le Luxembourg, la Grèce, l’Italie, la Finlande,
l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et
l’Australie ont adopté des règlements qui limitent la
publicité et la commercialisation des produits destinés
aux jeunes enfants. Le Québec est la seule province
canadienne à avoir adopté une législation similaire.
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 35
L’étiquetage des aliments prête à confusion
Même quand les Canadiens veulent manger
des aliments nutritifs, ils n’ont pas souvent assez
d’information pour faire des choix santé. Bien que le
Canada soit un chef de file mondial de l’étiquetage
obligatoire des aliments emballés, seulement
61 % des femmes et 52 % des hommes lisent
« toujours ou habituellement » le tableau des éléments
nutritifs des étiquettes apposées sur les produits
(Conseil canadien des aliments et de la nutrition,
2008) et ceux qui en prennent connaissance trouvent
souvent que l’information prête à confusion. Une des
principales lacunes des tableaux d’éléments nutritifs
au Canada tient au fait qu’il n’existe pas de portion
standard. Par exemple, « une » portion, sur l’étiquette
de certains bagels emballés, peut correspondre à un
bagel, un demi-bagel, un quart de bagel ou
100 grammes de bagel. Cette disparité rend difficile
pour le consommateur la comparaison des qualités
nutritives de denrées alimentaires similaires.
À l’heure actuelle, l’étiquetage nutritionnel
obligatoire ne s’applique, au Canada, qu’aux aliments
emballés. Certains restaurants fournissent de leur
plein gré ce genre de renseignements sur les aliments
qui entrent dans la composition de leur menu. Par
exemple, huit chaînes canadiennes de restaurants
apposent le logo Visez SantéMC de la Fondation
des maladies du cœur du Canada pour identifier les
éléments du menu qui sont meilleurs pour la santé.
Toutefois, l’affichage de l’information sur le contenu
nutritif des aliments servis dans les restaurants et dans
les établissements de restauration rapide est encore
relativement rare.
Au cours des derniers mois, les villes de New York
et de San Francisco ainsi que l’État de la Californie
ont promulgué des lois imposant aux chaînes de
restaurants de fournir de l’information sur le contenu
calorique de leur menu et, à San Francisco, sur les
graisses saturées, les glucides et le sel des aliments
servis aux points de vente.
Jusqu’à quel point nos environnements
physiques sont-ils sains?
Santé Canada a publié des guides d’activité physique
destinés aux adultes en 1998, aux aînés en 1999 et aux
enfants et adolescents en 2002. Ces guides décrivent
la durée optimale d’activité qui permet de rester en
bonne santé. Toutefois, seulement 10 % des enfants
et des jeunes canadiens ( Jeunes en forme Canada,
2008), et moins de 50 % des adultes canadiens sont
physiquement actifs (Agence de la santé publique du
Canada, 2009).
36 / Pour un Canada au cœur qui bat
Les occasions qu’ont les Canadiens d’être
physiquement actifs sont influencées par :
•
•
la façon dont nos collectivités sont conçues et
édifiées et notre perception du niveau de sécurité
qu’elles offrent;
les endroits où nous passons la plupart de notre
temps : nos maisons, nos écoles et notre milieu
de travail.
Au Canada, 48 % des gens de
12 ans et plus (presque la moitié)
sont physiquement inactifs,
comparativement à 57 % en 1996;
toutefois, malgré cette baisse,
ce niveau d’inactivité reste
inacceptablement élevé (Agence de
la santé publique du Canada, 2009).
La façon dont nos collectivités sont
construites a une incidence sur notre santé
Les gens qui vivent dans des localités à haute ou
moyenne densité et dans des quartiers où on peut se
passer de voiture se déplacent davantage à pied et à
bicyclette, passent moins de temps au volant, sont
plus susceptibles d’atteindre les niveaux recommandés
d’activité physique et sont moins exposés à
l’embonpoint et à l’obésité que ceux qui vivent dans
des zones rurales ou dans des agglomérations à
faible densité offrant moins de magasins, de services
ou d’autres commodités à proximité (Sanitch,
2003; Ontario College of Family Physicians, 2005;
Butterworth, 2000; Fondation des maladies du cœur
du Canada, 2005; Frank et coll., 2004). La sécurité est
aussi un enjeu. Selon un rapport de l’Institut canadien
de la recherche sur la condition physique et le mode
de vie, les préoccupations en matière de sécurité
empêchent un Canadien sur cinq de se déplacer à pied
ou à bicyclette (Institut canadien de la recherche sur la
condition physique et le mode de vie, 1999).
Au Canada, plusieurs tentatives de promotion
d’environnements bâtis sains et sécuritaires sont
déjà en cours. Par exemple, le Centre pour un
transport durable de Winnipeg, au Manitoba, est en
train d’élaborer des directives pour la planification
de moyens de transport et de modes d’utilisation
des terrains qui conviennent aux enfants et aux
adolescents, en collaboration avec six provinces :
l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, la ColombieBritannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le
Manitoba. Ces directives sont conçues de façon à
encourager les enfants à passer moins de temps en
voiture et davantage à pied et à bicyclette.
Croissance intelligente, un mouvement de
grande portée qui milite en faveur d’un changement
dans le mode de conception et de construction des
villes, encourage des pratiques d’affectation des
terres qui réduisent l’expansion urbaine anarchique et
créent des collectivités plus conviviales – où les gens
peuvent se rendre à pied à l’école, au magasin et à
leurs activités au lieu d’y aller en voiture. Voici les
types de changements qui peuvent améliorer la
santé cardiovasculaire :
•
•
Les directives conviviales destinées
aux enfants et aux jeunes élaborées
par le Centre pour un transport
durable recommandent
aux municipalités :
•
• de faire participer les enfants et
les jeunes à la planification;
•
• de dresser la liste des endroits
où les enfants et les jeunes
doivent se rendre et de leur offrir
le moyen d’y aller à pied ou
à bicyclette;
• de veiller à ce que les allées
piétonnes utilisées par les enfants
soient aussi sûres que possible;
• d’aménager des pistes
cyclables distinctes;
• de faire en sorte que le réseau
de transport en commun soit
sécuritaire, accueillant pour les
enfants, et mis à leur disposition
à un prix abordable;
• d’afficher et de faire appliquer
des limites de vitesse réduites
(site Internet de Kids on the
Move, 2005).
•
un aménagement urbain plus dense, avec
un mélange de logements, de magasins et
d’entreprises;
des routes et des chemins qui encouragent la
marche et le cyclisme;
des services de transport public plus
facilement accessibles, plus sûrs, et offerts
à des prix abordables;
un plus grand nombre de parcs et d’installations
récréatives, y compris des pistes cyclables et
des sentiers;
des rues attrayantes et bien éclairées où les
piétons et les cyclistes se sentent en sécurité.
Au Canada, on trouve plusieurs exemples de
nouvelles collectivités qui tentent de promouvoir
l’activité physique ainsi que d’autres volets de la santé,
notamment Garrison Woods à Calgary, Dockside
Green à Victoria et UniverCity de l’Université
Simon Fraser. On examine actuellement l’impact
de l’aménagement de Dockside Green à Victoria à
partir d’une gamme d’indicateurs environnementaux,
sociaux et économiques, y compris le pourcentage
de résidents qui font de l’embonpoint et qui sont
obèses, la perception qu’ont les gens de leur santé
en général et l’usage qu’ils font des installations et
des espaces publics intérieurs et extérieurs. Cette
information devrait être utilisée pour créer des
environnements et des collectivités qui favorisent la
santé cardiovasculaire.
Les milieux scolaire, professionnel et familial
influencent la santé
Les Canadiens passent une partie importante de leur
vie à l’école, au travail et à la maison et y exercent
souvent des activités sédentaires. Toutefois, ces
milieux peuvent jouer un rôle clé dans la création
d’environnements favorables. Il est particulièrement
important de créer des environnements scolaires et
professionnels qui encouragent la vie active, puisque
l’écart entre le niveau moyen d’activité physique des
Canadiens et le niveau requis pour prévenir l’obésité
est trop grand pour que l’activité physique récréative
puisse suffire, à elle seule, à réduire le taux d’obésité.
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 37
En 2005, dans le cadre de la Stratégie
pancanadienne intégrée en matière de modes de vie
sains, les ministres de la Santé du Canada se sont
engagés à élaborer des normes de nutrition et des
programmes de saine alimentation pour les écoles.
Huit des dix provinces disposent aujourd’hui de
critères nutritionnels dans les écoles, mais ces critères
sont hétérogènes sont loin de respecter les normes
établies par l’Institute of Medicine des États-Unis
[Centre pour la science dans l’intérêt public
(Canada), 2007].
Les écoles offrent également de plus nombreuses
occasions d’activité physique. Au Canada, presque
100 % des élèves des écoles élémentaires et
intermédiaires suivent au moins un cours d’éducation
physique par semaine. Par contre, dans les écoles
secondaires, ce pourcentage est beaucoup moins élevé.
(Institut canadien de la recherche sur la condition
physique et le mode de vie, 2006).
Juste un peu plus de la moitié des
écoles canadiennes permettent aux
élèves d’utiliser leurs installations
intérieures pour des activités
physiques se déroulant en dehors des
heures consacrées au programme
scolaire (Institut canadien de la
recherche sur la condition physique
et le mode de vie, 2006).
Dans la vallée de l’Annapolis, en NouvelleÉcosse, les parents, les professeurs, les chercheurs et
les représentants des conseils scolaires, de la santé
publique, du secteur privé et du gouvernement
collaborent pour fournir des aliments plus nutritifs
dans les écoles. Parmi les activités organisées, on peut
citer les salons d’information sur la santé destinés
aux élèves et aux parents, un manuel de jeux pour la
cour de récréation élaboré par des élèves, une unité
interdisciplinaire sur l’alimentation saine et l’activité
physique pour les élèves de l’école intermédiaire,
l’ouverture du gymnase de l’école après les heures de
cours ainsi qu’un programme offert pendant le dîner
ou les pauses destiné à tous les élèves. Les élèves des
38 / Pour un Canada au cœur qui bat
écoles qui participent au projet scolaire de promotion
de la santé de la vallée de l’Annapolis affichent
des taux moins élevés d’embonpoint et d’obésité et
mangent plus de fruits et de légumes que les élèves
des autres écoles. Ce programme, financé par le
gouvernement de la Nouvelle-Écosse, est maintenant
accessible à l’échelle provinciale (Annapolis Valley
Regional School Board, 2008).
Les politiques qui limitent la quantité d’aliments
malsains vendus dans les écoles et qui encouragent la
vie active peuvent améliorer les régimes alimentaires
des jeunes et les aider à acquérir des habitudes de
saine alimentation et d’exercice très tôt dans la vie.
Les initiatives en milieu scolaire doivent faire l’objet
d’une évaluation rigoureuse si on veut retenir les
meilleures pratiques.
Les milieux de travail devraient également
promouvoir activement la santé – soit en créant plus
d’occasions d’activité physique et d’alimentation
saine au travail, soit en récompensant les employés
qui adoptent des comportements sains. Par exemple,
la Banque Scotia a mis en œuvre une initiative dans
le cadre de laquelle tous les employés non-fumeurs
bénéficient d’une réduction de leur prime d’assurance
et de leurs cotisations d’assurance-maladie.
À la maison, les parents peuvent créer des
environnements familiaux qui encouragent leurs
enfants à être physiquement actifs et à réduire le
temps qu’ils passent devant un écran d’ordinateur ou
de télévision. Pour aider les membres d’une famille à
être plus actifs, il est important d’aplanir les obstacles
comme le coût d’achat de l’équipement ou les frais de
participation à un sport organisé. Le gouvernement
fédéral a déjà pris des mesures pour encourager
l’activité physique en rendant les montants des frais
de participation des enfants à un sport organisé
déductibles du revenu imposable; toutefois,
l’impact de cette politique n’a pas été évalué.
Un grand nombre d’enfants du Canada
passent de quatre à six heures devant
un écran chaque jour de la semaine
(Jeunes en forme Canada, 2008).
Nos milieux de vie sont-ils
sans fumée?
En dépit des progrès réalisés par le Canada dans le
dossier de la réduction du tabagisme et de l’exposition
à la fumée secondaire, l’usage du tabac est toujours un
facteur de risque important au chapitre des maladies
CV. En fait, au cours des deux ou trois dernières
années, les efforts déployés par le Canada pour réduire
le tabagisme ont plafonné, particulièrement chez les
adolescentes et les hommes de 20 à 44 ans (figures 10a
et 10b). En 2007, 15 % des Canadiens de 15 à 19 ans
étaient fumeurs (figure 10c) (Santé Canada, 2008).
La plupart des jeunes femmes fument aujourd’hui
de nouveaux produits du tabac, comme des cigarillos
arômatisés (Médecins pour un Canada sans
fumée, 2008).
Au Canada, un adulte sur cinq (19 %) et
un adolescent sur sept de 15 à 19 ans
sont fumeurs (Santé Canada, 2008).
Figure 10a
Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 : Canadiens de 15 ans et plus
60
Pourcentage
50
40
30
20
10
0
1965
1975
1985
Hommes
1995
2005
2007
Femmes
Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008.
Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf.
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 39
Figure 10b
Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 :
Canadiens de 20 à 24 ans et de 25 à 44 ans
70
60
Pourcentage
50
40
30
20
10
0
1965
1975
Hommes de 20 à 24 ans
1985
Femmes de 20 à 24 ans
1995
Hommes de 25 à 44 ans
2005
2007
Femmes de 25 à 44 ans
Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008.
Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf.
Figure 10c
Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 : Canadiens de 15 à 19 ans
60
Pourcentage
50
40
30
20
10
0
1965
1975
1985
Garçons
1995
Filles
Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008.
Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf.
40 / Pour un Canada au cœur qui bat
2005
2007
De nouvelles stratégies s’imposent si on veut
décourager le tabagisme et contrecarrer les efforts
déployés par l’industrie pour élaborer et mettre en
marché des produits qui plaisent aux jeunes et qui
contournent la législation actuelle sur la lutte contre
le tabagisme. Les milieux de travail peuvent jouer un
rôle actif en interdisant le tabac sur leurs terrains et
dans leurs établissements, en offrant des programmes
de renoncement au tabac et en prenant des mesures
incitatives qui encouragent les employés à arrêter
de fumer.
En 2003, lorsque la Capital District Health
Authority de la Nouvelle-Écosse a mis en application,
dans tous ses locaux, sa politique d’interdiction
absolue du tabagisme, l’employeur a également
adopté, à l’intention des employés, des médecins et
des bénévoles, un programme d’intervention axé sur
les pratiques exemplaires intitulé « To Be Tobacco
Free ». Les animateurs, qui ont une formation en
toxicomanie, utilisent une combinaison de soutien
continu par les pairs, d’éducation des adultes, de
techniques d’entrevue incitatives et de produits de
désaccoutumance au tabac pour aider les gens à
arrêter de fumer. En 2004-2005, 1 900 personnes ont
participé au programme et 33 % étaient toujours nonfumeurs six mois après l’intervention; 44 % fumaient
moins et s’efforçaient encore de renoncer au tabac
( Jolemore et Steeves, 2006).
Les programmes d’abandon du tabagisme offerts
dans les hôpitaux peuvent être particulièrement
efficaces, puisque les personnes qui ont eu une crise
cardiaque ou un diagnostic de maladie CV peuvent
être motivées à modifier leur mode de vie. L’Institut
de cardiologie de l’Université d’Ottawa a élaboré un
programme de renoncement au tabagisme pour les
patients qui comprend les interventions suivantes
: consultation, intervention, information, suivi et
rétroaction. Environ 44 % des quelque 1 500 patients
hospitalisés qui participent au programme chaque
année restent non-fumeurs pendant six mois ou plus.
Douze autres hôpitaux de la région ont adopté le
même programme et l’utilisent pour aider tous les
patients fumeurs, pas seulement ceux qui souffrent
d’une maladie du cœur. Le modèle d’Ottawa est
également utilisé à River Valley Health, au NouveauBrunswick, et à la Vancouver Coastal Health
Authority, en Colombie-Britannique. Comme le
fait remarquer l’Institut de cardiologie, l’interdiction
de fumer sur les terrains et dans les locaux de ses
établissements (environnement favorable) a renforcé le
désir de ces hôpitaux d’offrir des programmes nuancés,
souples et productifs pour aider les fumeurs (Réseau
de prévention des maladies cardiovasculaires de la
région de Champlain, 2008; Reid et coll., 2006).
Un des obstacles pour les Canadiens qui
veulent arrêter de fumer est le coût des programmes
d’abandon du tabagisme et des produits de
remplacement de la nicotine (Zawrtailo, 2008).
Pour créer un environnement plus favorable, les
gouvernements et le système de soins de santé peuvent
contribuer à éliminer ou à réduire cet obstacle en
incluant les produits de remplacement de la nicotine
dans les régimes d’assurance-maladie provinciaux –
particulièrement pour les Canadiens à faible revenu.
Aujourd’hui, le Québec est la seule province à offrir
ce genre de mesure incitative.
La santé ne se limite pas aux soins
de santé
Le système de soins de santé et les ministères
de la Santé ne peuvent, à eux seuls, créer des
environnements sains. Ils ont besoin du soutien actif
des autres ministères, y compris du ministère des
Transports, pour améliorer le réseau de transport
public et créer davantage de routes dotées de pistes
cyclables, du ministère de l’éducation pour façonner
les politiques scolaires et du ministère des Finances
pour mettre au point des politiques fiscales et des
mesures incitatives.
Un certain nombre d’entités administratives
utilisent une approche pangouvernementale pour
créer des environnements sains. Par exemple,
ActNow BC, est une initiative pangouvernementale
de promotion de la santé qui vise à améliorer la santé
en réduisant les facteurs de risque et qui reconnaît que
la santé de la population va bien au-delà du champ de
responsabilité d’un seul ministère ou d’un seul milieu.
ActNow BC fait appel à la participation de
20 ministères provinciaux et est dirigé par le ministre
de Healthy Living and Sport et soutenu par un comité
ActNow du sous-ministre adjoint. Des représentants
de chaque ministère provincial siègent au comité
et se rencontrent mensuellement pour échanger de
l’information et élaborer des stratégies. Le but de
ActNow BC est de voir la Colombie-Britannique
jouer un rôle de chef de file en Amérique du Nord
pour la promotion de la vie saine et de la bonne
condition physique. L’initiative a établi des objectifs
provinciaux passablement ambitieux en matière
d’activité physique, d’alimentation saine, de contrôle
du poids, d’usage du tabac et de consommation
d’alcool pendant la grossesse. ActNow BC incite
les écoles, les employeurs, les gouvernements locaux
et les collectivités à élaborer et à promouvoir des
programmes qui « facilitent les choix santé pour
l’ensemble de la population de la ColombieBritannique ».
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 41
Le Québec a également adopté un plan d’action
gouvernemental pour promouvoir des modes de
vie sains et prévenir les problèmes liés au poids. Le
gouvernement du Québec a alloué, chaque année
pendant 10 ans, une somme de 20 millions de dollars
prélevée à même les recettes des taxes sur le tabac
pour appuyer des projets coopératifs qui assurent la
promotion de modes de vie sains. Au Québec, tous
les ministères et organismes sont également tenus de
consulter le ministre de la Santé et de Services sociaux
au sujet de toute nouvelle loi ou de tout nouveau
règlement qui pourrait avoir une incidence sur
la santé.
En Europe, les programmes qui réussissent
utilisent une approche pangouvernementale et
« pancommunautaire ». Par exemple, Ensemble,
prévenons l’obésité des enfants, un programme français
qui a l’appui d’associations professionnelles, de
l’association des maires de France et de six ministères
fédéraux :celui de la santé, de la jeunesse, du sport, des
villes, de l’agriculture et des denrées alimentaires et
des affaires. Le programme mobilise les collectivités
– les parents, les enseignants, les écoles, les médecins,
les commerçants, le gouvernement national et les
administrations locales – pour réduire l’obésité
chez les enfants de 5 à 12 ans et pour améliorer la
nutrition en milieu familial. Les villes organisent
des activités qui assurent la promotion d’un régime
alimentaire équilibré et d’exercices récréatifs comme
des programmes de petit-déjeuner à l’école, des
itinéraires sûrs pour se rendre à l’école à pied, des
activités sportives, des activités physiques organisées
à l’heure de la récréation, des présentations sur des
aliments sains par des producteurs locaux et des
occasions d’essayer et de goûter de nouveaux aliments
(Westley, 2007; Watson, 2007). Les enfants sont pesés
et mesurés chaque année à l’école. Ceux qui souffrent
d’embonpoint ou qui sont à risque sont encouragés
à consulter un médecin et ils reçoivent, avec les
membres de leur famille, un encadrement personnalisé
portant sur le régime alimentaire et l’activité physique.
Les approches pangouvernementales
offrent l’occasion de trouver d’autres politiques
gouvernementales qui ont un impact négatif sur la
santé ou créent des inégalités en matière de santé.
Elles peuvent aussi garantir que toute nouvelle
politique ou tout nouveau programme va réduire les
inégalités sociales et les injustices au chapitre de la
santé plutôt que de les augmenter.
42 / Pour un Canada au cœur qui bat
Leçons apprises
Les efforts déployés pour créer des
environnements favorables sont plus
efficaces quand :
• ils s’inscrivent dans une stratégie
globale qui inclut le marketing
social, la legislation et la
réglementation et les avis des
professionnels de la santé;
• ils font appel à tous les secteurs
de la société – la collectivité, le
secteur privé, le système de soins
de santé et le gouvernement;
• ils atteignent les gens là où ils
vivent, apprennent, travaillent et
se divertissent;
• ils visent à réduire les différences
au niveau du risque, de l’éducation,
de la littératie et du revenu.
Recommandations
Des environnements favorables peuvent faciliter les
« choix santé » pour tous les Canadiens. Pour créer
des environnements sains, le Canada peut et doit
faire appel à une combinaison de mesures éducatives,
législatives, réglementaires et stratégiques aptes
à promouvoir de saines habitudes d’alimentation
et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à
s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont
une incidence sur la santé. Un grand nombre des
déterminants de la santé présents en amont exigent
des interventions qui dépassent les frontières du
système de soins de santé et de la Stratégie canadienne
de santé cardiovasculaire et plan d’action. Plusieurs
gouvernements provinciaux mettent en application
des stratégies pangouvernementales d’élaboration de
politiques, mais la résolution de problèmes comme
la pauvreté et l’insécurité alimentaire exigera un
renforcement des interventions et du leadership
intersectoriels.
A/ Les déterminants socioéconomiques
de la santé
B/ Les facteurs environnementaux
Même si, au chapitre de la maladie CV, le système de
santé a tendance à rester axé sur les facteurs de risque
comportementaux – comme un régime alimentaire de
piètre qualité, le manque d’exercice et le tabagisme – la
SCSC-PA reconnaît que ces déterminants sont en fait
fortement influencés, en amont, par les déterminants
socioéconomiques de la santé. Nous reconnaissons
également que l’on a de grandes chances de prévenir
les maladies CV et autres maladies chroniques en
résolvant ces questions sociétales de plus grande
envergure. La réussite dans ce domaine requiert une
vaste intervention intersectorielle, du leadership et une
contribution de tous les paliers de gouvernement ainsi
qu’un recours à des stratégies pangouvernementales à
chaque palier et une participation du secteur bénévole,
du secteur privé et de la société en général.
Le Comité directeur de la SCSC-PA attend la
parution du rapport final du sous-comité sur la santé
de la population du Comité sénatorial permanent
des affaires sociales, des sciences et de la technologie
et appuie les initiatives destinées à aplanir les
inégalités sociales et les inégalités en matière de
santé, notamment les interventions proposées dans le
Rapport sur l’état de la santé publique au Canada (2008)
de l’administrateur en chef de la santé publique, pour
•
•
•
•
•
•
•
1.1 Il faut améliorer la qualité nutritive des
denrées alimentaires canadiennes et l’accès
à des aliments sains :
•
•
•
•
réduire la pauvreté;
améliorer l’emploi et les conditions de travail;
atténuer l’insécurité alimentaire;
améliorer le milieu construit tant pour encourager
l’activité physique que pour renforcer l’accès à un
logement à prix abordable;
•
améliorer l’accès aux services d’apprentissage et de
garde des jeunes enfants;
améliorer l’accès à la formation et à
l’alphabétisation;
renforcer les appuis sociaux.
•
•
•
en éliminant les graisses trans de
l’approvisionnement alimentaire du Canada
par voie de règlement comme recommandé
par le Groupe d’étude sur les graisses trans,
notamment en remplaçant ces graisses par des
substances plus saines que le gras saturé;
en accélérant les travaux du Groupe de travail sur
la réduction du sodium alimentaire pour amener
la quantité quotidienne d’absorption de sel au
niveau recommandé et en assurant la mise en
œuvre, en temps opportun, des recommandations
de ce groupe;
en améliorant la réglementation de l’étiquetage
des produits alimentaires et d’autres procédés en
vue d’harmoniser, dans une même catégorie de
produits, les données obligatoires du tableau de
la valeur nutritive et de fournir une information
claire et exacte sur la valeur nutritive, y compris
sur les calories, les graisses saturées et trans, le sel,
les sucres, les fibres et les minéraux;
en élaborant des directives destinées aux
établissements de restauration rapide et autres
pour les forcer à afficher le nombre de calories par
portion pour chaque article offert aux points de
vente et en assurant une surveillance regulière;
en bannissant, dans tous les médias, la publicité
et la mise en marché d’aliments et de boissons
« dommageables » pour la santé des enfants grâce
à des définitions claires d’expressions comme
« aliments sains » et « aliments insalubres » et
en prévoyant l’adoption de mesures incitatives
pour encourager les dirigeants de l’industrie
alimentaire à faire, de leur plein gré auprès des
enfants, la promotion d’aliments sains;
en fournissant un financement stable pour
étendre le Programme d’approvisionnement
alimentaire par la poste à un plus grand nombre
de collectivités nordiques et isolées;
en dressant la liste des meilleures pratiques de
distribution d’aliments sains dans les écoles et
en diffusant cette information aux conseils et
commissions scolaires;
en encourageant les employeurs à mettre en
œuvre, en milieu de travail, une politique de saine
alimentation et en mettant des aliments sains
à la disposition des employés; les organismes
gouvernementaux et les hôpitaux devraient
donner l’exemple en ne servant que des
aliments sains.
Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire
/ 43
1.2 Multiplier les occasions d’activité physique :
•
•
•
•
•
en contribuant davantage à la création
d’infrastructures qui favorisent un mode de
vie sain et actif (notamment l’aménagement
de trottoirs, de sentiers pédestres, de centres
récréatifs, de parcs et de pistes cyclables) par
exemple par l’entremise d’un des volets du plan
2007-2014 de 33 milliards de dollars intitulé
Chantiers Canada – Une infrastructure moderne
pour un Canada fort;
en faisant la promotion des meilleures pratiques
canadiennes et internationales et des modes de
planification et de conception communautaires
qui favorisent une vie saine et active;
en dressant la liste des pratiques exemplaires afin
d’offrir, dans les écoles, des occasions quotidiennes
d’activité physique susceptibles d’aider les enfants
à suivre les directives de Santé Canada en la
matière et en faisant parvenir cette information
aux conseils et commissions scolaires;
en incitant les employeurs à mettre en
œuvre des politiques de vie saine et active et
à offrir aux employés des occasions d’activité
physique régulière;
en prévoyant des mesures fiscales incitatives pour
donner aux enfants l’occasion d’être physiquement
plus actifs, par exemple des crédits d’impôt
remboursables pour les familles à faible revenu et
des exemptions de la taxe de vente pour l’achat
de bicyclettes, de casques et d’autres pièces
d’équipement sportif.
44 / Pour un Canada au cœur qui bat
1.3 Réduire l’exposition au tabac et le tabagisme :
•
•
•
•
•
en renforçant les programmes communautaires
qui dissuadent les jeunes de commencer à fumer;
en élaborant des règlements pour contrôler la
vente des cigarillos aromatisés et en prenant
d’autres mesures à l’encontre des membres de
l’industrie du tabac qui tentent de contourner
la législation antitabac actuelle sur le contrôle
du tabac;
en dressant la liste des pratiques exemplaires
des écoles qui réussissent à dissuader les enfants
et les adolescents de commencer à fumer et
en diffusant cette information aux conseils et
commissions scolaires;
en aidant les employeurs à élaborer des politiques
de lutte contre le tabagisme, en offrant aux
employés des programmes d’abandon du tabac
et en améliorant l’accès aux programmes et aux
outils qui aident les gens à renoncer au tabac;
en étendant à d’autres milieux cliniques canadiens
des programmes de renoncement au tabac qui ont
fait leurs preuves, comme celui de l’Institut de
cardiologie de l’Université d’Ottawa.
Aider les Canadiens
à mener une vie plus saine
2/
Des environnements sains peuvent établir les fondements
d’une vie plus saine pour tous les Canadiens.
T
outefois, même dans des milieux sains, la
capacité des Canadiens de faire des choix santé –
de consommer des aliments sains, d’être actifs, de
ne pas fumer et de gérer leur pression artérielle,
leur cholestérol et leur poids – est influencée par
l’information qu’ils reçoivent, par leur capacité de
comprendre et d’utiliser cette information, par
leur motivation à changer et par le soutien qu’ils
peuvent obtenir.
L’information sur la santé peut provenir d’un
grand nombre de sources, y compris les publications
et les sites Internet du gouvernement, les dépliants, les
campagnes médiatiques parrainées par les compagnies
pharmaceutiques ou par d’autres entreprises, les
brochures dans les cabinets de médecin, les œuvres
de bienfaisance du domaine de la santé, les articles
de journal et de revue, l’Internet, les blogues
individuels ainsi que les reportages radiophoniques
et télévisés. Une partie de cette information peut
prêter à confusion. De nombreux Canadiens –
particulièrement les aînés – n’ont pas le niveau de
littératie requis dans le domaine de la santé : ils n’ont
pas les habiletés leur permettant de trier les messages
portant sur la santé, de les comprendre et d’utiliser
cette information pour améliorer leur état de santé
(Statistique Canada, 2003). En dépit de la quantité
des renseignements disponibles sur les maladies CV,
de nombreux Canadiens ne comprennent pas le niveau
ni la gravité des risques auxquels ils sont exposés.
Par exemple :
•
•
Environ 12 % des Canadiens en âge
de travailler et 85 % des Canadiens
de 65 ans et plus ne maîtrisent pas
les habiletés dont ils ont besoin pour
comprendre l’information sur la santé
et prendre des décisions éclairées
(Statistique Canada, 2003).
•
Même si entre 60 et 70 % des Canadiens affligés
d’une maladie cardiovasculaire avaient un taux
de cholestérol élevé avant le diagnostic, un
grand nombre d’entre eux ne connaissaient pas
leur niveau de cholestérol – en dépit du fait,
clairement établi, que la gestion du cholestérol
peut sauver des vies (Shepherd et coll., 1995).
La maladie du cœur et l’accident vasculaire
cérébral sont la principale cause de mortalité chez
les femmes, mais seulement 13 % d’entre elles
le savent (Site Web du programme Le cœur tel
qu’elles, 2008). La plupart des femmes considèrent
encore la maladie CV comme une maladie
d’homme.
Rares sont les parents qui admettent que
leurs propres enfants souffrent d’embonpoint
(Association médicale canadienne, 2006).
Aider les Canadiens à mener une vie plus saine
/ 45
Lorsque les gens ne savent pas qu’ils sont à risque,
ils sont moins enclins à prendre des mesures pour
préserver leur santé.
Pour être en mesure de mener une vie plus saine,
les Canadiens doivent connaître les risques qu’ils
courent, disposer d’une information exacte et avoir
accès à la formation, aux habiletés et au soutien dont
ils ont besoin. Pour édifier une nation composée de
personnes en bonne santé cardiovasculaire, le Canada
a besoin de moyens plus efficaces pour communiquer
l’information sur la santé cardiovasculaire et les
risques et pour promouvoir un système de vérification
périodique de la tension artérielle, du cholestérol et
autres lipides, du taux de glycémie, du poids et de
l’obésité abdominale.
Messages clés
Les Canadiens ont besoin d’une information exacte
et faisant autorité sur la santé CV ainsi que de
l’instruction, des compétences et du soutien qui
peuvent les aider à mener une vie plus saine.
L’information relative aux risques CV est
actuellement accessible dans un grand nombre
de sources, mais elle peut être contradictoire.
Les organismes qui traitent les maladies chroniques
devraient travailler de concert pour rédiger
des messages concordants sur les facteurs de
risque communs ainsi que sur les campagnes de
sensibilisation du public et de marketing social.
Le Canada devrait faire de la littératie en santé
une priorité pour que les Canadiens aient les
compétences requises pour évaluer et utiliser
l’information sur la santé.
Des outils interactifs pourraient aider les
Canadiens à être plus au courant des risques
qu’ils courent et plus soucieux de leur propre
santé et de leur propre traitement.
Les Canadiens devraient faire l’objet d’un examen
en vue d’un dépistage périodique précoce des
facteurs de risque de la maladie CV.
Des programmes de dépistage devraient être
offerts à dans différents endroits de la collectivité.
46 / Pour un Canada au cœur qui bat
Les Canadiens ont-ils l’information dont
ils ont besoin pour mener une vie saine?
Les messages sur les facteurs de risque
peuvent prêter à confusion
Comme un grand nombre de facteurs de risque de
maladies CV contribuent également au diabète, aux
maladies du rein, au cancer, à la démence et à d’autres
maladies chroniques, beaucoup de stratégies et
d’organismes s’occupant de maladies chroniques
font valoir l’importance d’une saine alimentation et
de l’activité physique. Dans certains cas, notamment
dans le cas des avis sur la consommation d’alcool et
les avantages de certains médicaments, l’information
est contradictoire.
Pour s’assurer que tous les Canadiens reçoivent
une information exacte sur les enjeux de la santé,
les principaux organismes s’occupant des maladies
chroniques devraient collaborer – mettre leur
expertise, leurs ressources humaines et leur influence
en commun – pour élaborer et communiquer des
messages clairs et concordants sur les facteurs
de risque courants. Certains travaux coopératifs
prometteurs sont déjà en cours. Par exemple, en
2003, la Fondation des maladies du cœur du Canada,
la Société canadienne du cancer, l’Association
canadienne du diabète, le Conseil canadien pour le
contrôle du tabac, la Coalition pour la vie active et
les Diététistes du Canada ont fondé l’Alliance pour
la prévention des maladies chroniques du Canada
(APMCC), un réseau d’organismes travaillant
de concert pour élaborer des politiques et des
programmes intégrés de lutte contre la maladie
chronique. L’Alliance comprend dix organismes
nationaux rattachés à un réseau d’organismes
provinciaux et territoriaux.
La SCSC-PA appuie ces tentatives de
collaboration qui peuvent rehausser les efforts
individuels de différents groupes voués à la lutte
contre la maladie et encourage les responsables des
différentes stratégies de lutte à aller plus loin. Les
campagnes de marketing social et de sensibilisation
devraient viser le grand public autant que les
personnes à risque, telles que les peuples autochtones,
les Asiatiques, les Noirs, les aînés, les femmes de plus
de 50 ans, les gens qui ont plus d’un facteur de risque
de maladies CV et les personnes à faible revenu.
Pratiques prometteuses dans le
domaine de l’éducation publique et du
marketing social
Compte tenu de l’expérience acquise dans
le cadre de la Stratégie fédérale de lutte
contre le tabagisme et d’autres initiatives,
on peut dire que des campagnes efficaces
de sensibilisation du public et de marketing
social devraient :
Des campagnes soutenues de sensibilisation du
public et de marketing social devraient fournir :
•
•
•
•
une information adaptée en fonction de la culture
et de l’âge;
une information traduite dans une variété de
langues et de formats;
des avis et des outils pratiques qui aideront les
gens à faire des choix santé, notamment des
affiches aux points de vente des épiceries et
des restaurants;
de l’information sur les modes d’accès aux
programmes de dépistage et de surveillance.
• mettre l’accent sur des messages
positifs et sur des résultats réalistes;
Les renseignements sur l’autotraitement
• fournir au grand public une information
vulgarisée et mettre sur pied des
programmes ciblés conçus pour
répondre aux besoins des personnes
dont le risque de contracter une maladie
cardiovasculaire est élevé;
Des gens bien informés peuvent être les principaux
artisans de leurs soins primaires, mais pour gérer
leur santé, les Canadiens qui ont déjà fait l’objet
d’un diagnostic de maladie CV ou qui présentent un
facteur de risque (p. ex., une pression artérielle élevée
ou un haut taux de cholestérol) ont besoin d’une
information exacte et digne de confiance. En fait,
l’information peut inciter les gens à jouer un rôle plus
actif dans le maintien de leur propre état de santé et
dans leur traitement.
L’Internet est un outil de plus en plus important
de mise en commun de l’information sur la santé –
un outil qui peut réduire les écarts entre les zones
urbaines et rurales au chapitre de l’information. À
l’heure actuelle, environ 70 % des Canadiens utilisent
l’Internet et ce pourcentage ira croissant (Conseil
de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes, 2007). Le Canada devrait tirer profit du
plein potentiel de la technologie de l’Internet tout en
veillant à ce que les Canadiens qui n’y ont pas accès
soient en mesure de recevoir une information à jour
en matière de santé.
Lorsqu’il élabore l’information qui sera diffusée
sur Internet, le Canada devrait mettre à la disposition
du public des moyens interactifs d’obtenir de
l’information sur les maladies CV, tels que l’évaluation
du risque en ligne et les conseils sur la façon de rester
actif et d’atteindre des objectifs de conditionnement
physique préétablis. Les sites informatifs devraient
également offrir des zones où les patients peuvent
communiquer avec les personnes aux prises avec des
problèmes similaires par l’entremise, notamment, des
collectivités électroniques, des forums sur la santé et
des blogues.
• communiquer des messages qui
concordent avec ceux d’autres
stratégies de promotion de la santé
en vue de réduire la confusion et de
renforcer leur effet;
• poursuivre une stratégie interactive et
faire participer les personnes visées
à la fois pour les inciter à participer à
leur propre traitement et pour veiller à
ce que les messages éducatifs soient
appropriés sur le plan culturel;
• faire participer le secteur de la santé et
les autres secteurs à la communication
de ces messages;
• fournir de l’information et de l’aide dans
tous les milieux où les gens vivent,
travaillent, apprennent et se divertissent;
• offrir des mesures incitatives;
• aligner les interventions sur la
propension au changement des
collectivités et des particuliers;
peuvent être difficiles à trouver et à utiliser
• adopter des stratégies à long terme
pluriannuelles qui reconnaissent qu’il
faut du temps et une volonté politique
pour changer les comportements.
Aider les Canadiens à mener une vie plus saine
/ 47
Parmi les programmes interactifs d’information
sur les maladies CV, on peut citer :
•
•
les programmes Heart & Stroke Blood
Pressure Action PlanTM et Heart & Stroke Risk
AssessmentTM de la Fondation des maladies du
cœur de l’Ontario, qui permettent aux gens de
vérifier périodiquement leur pression artérielle
et de dépister d’autres risques pour la santé et
qui leur fournissent des avis personnalisés sur les
mesures à prendre pour améliorer leur santé;
le site Web de Pression artérielle Canada,
www.hypertension.ca/bpc/fr, qui fournit une
information à jour aux patients et aux prestataires
de soins de santé sur la gestion de l’hypertension.
Il existe également des babillards électroniques et
des blogues où les Canadiens peuvent « clavarder »
avec d’autres personnes qui tentent de réduire
leurs risques CV et d’être plus actives dans leur
autotraitement; toutefois, ces rencontres en ligne ne
sont pas aussi bien développées pour les maladies CV
qu’elles le sont pour d’autres maladies telles que le
cancer du sein.
Un grand nombre de Canadiens continuent à
se tourner vers leurs prestataires de soins primaires
pour obtenir des renseignements ou pour confirmer
ce qu’ils ont appris sur l’Internet. Les prestataires
de soins primaires peuvent jouer un rôle précieux en
aiguillant leurs patients vers des sources rigoureuses de
renseignements sur les maladies CV qui font autorité
et en les encourageant à utiliser cette information
pour devenir des partenaires actifs de leur
propre traitement.
Un grand nombre de Canadiens n’ont pas
les compétences requises pour utiliser
l’information sur la santé
Pour que les campagnes et l’information soient
efficaces, les Canadiens doivent avoir des habiletés
de littératie en santé, c.-à-d. être en mesure d’utiliser
l’information sur la santé pour faire des choix éclairés.
Lorsque les Canadiens cherchent des renseignements
sur la santé en ligne en utilisant des moteurs de
recherche comme Google, ils constatent souvent qu’il
est difficile de juger de l’exactitude de l’information.
La source est-elle biaisée? Le site est-il en train de
promouvoir un produit?
48 / Pour un Canada au cœur qui bat
Un faible niveau de littératie en santé
est associé à une mauvaise santé…
et la situation au Canada est critique
(Rootman et Gordon-El-Bihbety, 2008).
Pour pouvoir trouver et évaluer l’information
du domaine de la santé, la littératie en santé est
essentielle. En janvier 2008, un symposium sur la
littératie dans le domaine de la santé, parrainé par
le groupe d’experts en la matière de l’Association
canadienne de santé publique a recommandé que
l’on établisse des priorités pour la mise sur pied d’une
stratégie de littératie en santé de portée nationale
(Rootman et Gordon-El-Bihbety, 2008) :
•
•
•
•
•
faire de la littératie – et plus particulièrement de
la littératie en santé – une priorité nationale;
faire en sorte que les secteurs de la santé
et de l’éducation soient sensibles au langage,
à la culture et à la littératie en santé et y
réagissent positivement;
élaborer des programmes qui aident la population à
risque à faire un meilleur usage des services de santé;
encourager les praticiens de la santé à devenir des
agents de changement;
concevoir une stratégie intégrée et globale pour
répondre aux besoins et aux préoccupations des
membres des Premières nations, des Inuits et
des Métis.
Il est important que les efforts déployés pour
améliorer la littératie dans le domaine de la santé
s’adressent à tous et ne renforcent pas les inégalités qui
existent entre ceux qui ont un accès aisé à l’information
et aux services et les autres. Les écoles peuvent jouer un
rôle important dans la littératie en santé en élaborant
de meilleurs programmes sur la santé.
Pour améliorer efficacement la littératie en santé,
particulièrement chez les personnes qui souffrent
d’une maladie CV diagnostiquée, il faut élaborer
des directives cliniques conviviales et fondées sur
des données probantes. Ce type d’information
aide les patients à devenir plus conscients des soins
qu’ils devraient recevoir et à en parler avec leurs
dispensateurs de soins. Par exemple, les responsables
du Programme éducatif canadien sur l’hypertension
ont publié une version publique des directives sur
le contrôle de l’hypertension et les membres de
la Stratégie canadienne de l’AVC sont en train
d’élaborer une version publique des Recommandations
canadiennes pour les pratiques optimales de soins
de l’AVC. Une autre façon d’améliorer la littératie
en santé est de donner aux gens un accès facile à leur
propre dossier médical et à leurs résultats de test.
Les Canadiens ont besoin de stratégies
diversifiées de promotion de la santé
Le système de soins de santé a par le passé utilisé
une approche fondée sur les facteurs de risque pour
promouvoir la santé, généralement en se concentrant
sur un risque particulier, tel que le tabagisme ou
l’obésité, pour ensuite élaborer des programmes de
sensibilisation et de formation axés sur ce risque. Cette
approche peut très bien fonctionner pour les maladies
CV – particulièrement lorsque la sensibilisation aux
facteurs de risque est combinée avec des programmes
de dépistage qui donnent aux gens des renseignements
concrets sur leurs risques personnels et sur les mesures
à prendre pour les réduire.
Lorsqu’on a affaire à certaines populations à
haut risque, une approche mixte, axée à la fois sur
l’ensemble du cycle de vie et sur les facteurs de risque,
peut représenter un moyen plus efficace de réduction
du risque (figure 11). L’épidémiologie fondée sur
la totalité du parcours de vie est une pratique
particulièrement prometteuse dans les communautés
autochtones. Le fait de viser la santé de la mère et de
l’enfant ne mène pas seulement à de meilleurs résultats
à la naissance; cela aide également la mère à faire des
ajustements dans sa vie à un moment où elle est la
plus apte au changement. Compte tenu du fait que
le tabagisme et les habitudes alimentaires malsaines
sont le lot d’un grand nombre de communautés
autochtones (Cooke et coll., 2004), l’acquisition
d’habitudes saines au premier stade de la vie est
essentielle et l’intervention précoce est la meilleure
utilisation que l’on puisse faire des ressources limitées
(Hecmann, 2006).
Une approche axée sur la totalité du cycle
de vie reconnaît que les expériences
de vie – particulièrement celles des
premières années – ont une incidence
sur les habitudes et les choix que feront
les gens plus tard. Une telle approche
tend à promouvoir la santé à des
étapes critiques de la vie, notamment
en améliorant la nutrition fœtale et le
poids à la naissance, en encourageant
un régime alimentaire sain et l’activité
physique dans les premières années
de vie pour éviter l’obésité infantile, en
diffusant l’information et en enseignant
les habiletés requises à un âge où la
plupart des enfants commencent à fumer
en vue de les soustraire au tabagisme, en
élaborant des programmes qui gardent
les adolescents physiquement actifs et
en vérifiant la pression artérielle des
adolescents. À chaque âge et à chaque
stade de la vie, les gens reçoivent
l’information, les compétences et l’appui
dont ils ont besoin pour faire des choix
santé (Organisation mondiale de la
Santé, 2005).
Développement des maladies chroniques
Figure 11
Une stratégie de lutte contre la maladie chronique axée sur l’ensemble du cycle de vie
VIE
FŒTALE
PETITE ENFANCE
ET ENFANCE
ADOLESCENCE
VIE ADULTE
Accumulation des risques
de maladie chronique
Âge
Source : Organisation mondiale de la Santé. Prévention des maladies chroniques : un investissement essentiel, 2005.
Aider les Canadiens à mener une vie plus saine
/ 49
Lorsqu’il élabore des programmes de prévention,
le Canada devrait utiliser une stratégie axée sur les
facteurs de risque et sur la totalité du cycle de vie
en aidant les enfants à adopter un mode de vie sain
en bas âge et en ciblant les Canadiens aux étapes
de leur vie où les risques de contracter une maladie
cardiovasculaire sont élevés.
prestation des soins primaires (par exemple, dans des
lieux familiers aux participants) peut même augmenter
l’exactitude des résultats (Kaczorowski et coll., 2008).
Il faudra toutefois déployer les plus grands efforts
pour s’assurer que :
•
•
Le dépistage des facteurs de risque n’est pas
monnaie courante pour les Canadiens
Les gens sont plus enclins à modifier leurs habitudes
alimentaires et à être plus actifs lorsqu’ils savent qu’ils
ont un problème. Le dépistage régulier des facteurs de
risque contribue à la détection précoce des problèmes
au moment où la personne concernée peut, au lieu
d’attendre passivement les complications, gérer ces
problèmes en modifiant son régime alimentaire, en
faisant de l’exercice ou en prenant des médicaments.
Divers guides de pratiques cliniques contiennent
des recommandations pour une évaluation précoce
du régime alimentaire, du niveau d’activité et du
niveau d’obésité (notamment, grâce à l’indice de
masse corporelle et à la mesure du tour de taille), et
de la pression sanguine et de la glycémie, ainsi que
du taux de cholestérol et de triglycéride. Néanmoins,
le nombre de Canadiens qui sont sous surveillance
est relativement peu élevé, compte tenu du fait que
90 % d’entre eux ont au moins un facteur de risque
de maladies CV. Lorsqu’il y a dépistage, il n’est pas
toujours fait de façon satisfaisante ou uniforme.
L’absence de programme de dépistage et de
surveillance des facteurs de risque peut être due en
partie au nombre élevé de Canadiens – plus de quatre
millions, y compris les 240 000 qui souffrent d’une
maladie chronique – qui n’ont pas de médecin de
famille (Statistique Canada, 2008). Environ 80 %
des membres de ce groupe signalent qu’ils font
appel aux cliniques sans rendez-vous ou aux services
d’urgence lorsqu’ils ont besoin de soins; cela signifie
toutefois qu’il est peu probable qu’ils fassent l’objet de
l’examen périodique qui contribuerait à la détection de
l’hypertension ou du cholestérol à un stade précoce.
Les programmes de dépistage communautaire
sont prometteurs
Le dépistage des facteurs de risque s’est le plus souvent
pratiqué, par le passé, dans les cabinets médicaux,
mais il pourrait également se pratiquer ailleurs dans la
collectivité, y compris dans les pharmacies, les écoles,
les casernes de pompier et les lieux de travail – en
fait partout où de tels programmes peuvent avoir un
plus grand rayonnement. Le recours à des bénévoles
formés pour prendre certaines mesures comme la
pression artérielle en dehors des locaux réservés à la
50 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
le dépistage en milieu communautaire respecte les
normes;
les participants sont informés des résultats et
savent ce que ceux-ci veulent dire;
les gens reçoivent un suivi et un traitement
appropriés et de haute qualité.
Plusieurs programmes de dépistage efficaces sont
déjà offerts dans certains milieux communautaires
dans tout le Canada. Par exemple, le Calgary Fire
Department organise des cliniques de mesure de la
tension artérielle ouvertes au public et le dépistage est
effectué par les pompiers.
Les habitudes alimentaires des enfants d’âge
préscolaire en Ontario sont maintenant évaluées
au moyen du Nutrition Screening Tool for Every
Preschooler (NutriSTEPMC), un questionnaire élaboré
par des chercheurs en diététique de l’unité de santé
publique du bureau de santé de Sudbury et du district,
en collaboration avec les Instituts de recherche
en santé du Canada. Le questionnaire évalue les
habitudes alimentaires des enfants d’âge préscolaire
et se présente avec une trousse d’outils que les parents
peuvent utiliser pour améliorer le régime alimentaire
de leurs enfants. NutriSTEPMC – un exemple de
stratégie de promotion de la santé axée sur la totalité
du cycle de vie – est une des exigences des nouvelles
normes de santé publique de l’Ontario et on en fait
la promotion dans toute la province. Le ministère
de la Promotion de la santé planifie assurer le suivi
des résultats.
Le secteur privé peut également offrir à ses
employés des programmes efficaces de dépistage
des facteurs de risque courants, de même que
des programmes destinés à améliorer le régime
alimentaire, la gestion du poids et les connaissances
dans le domaine de la santé. Par exemple, dans le cadre
du projet Impact, un examen visant la détection de
facteurs de risque CV tels que le tabagisme, l’obésité,
l’hypertension, le cholestérol et l’inactivité physique
a été pratiqué en milieu de travail sur un groupe de
2 700 employés de huit entreprises de Halifax. Chez
plus de 60 % d’entre eux, au moins deux facteurs de
risque modifiables ont été détectés et 566 personnes
ont accepté de participer à un programme de santé et
de bien-être de trois mois. Les membres du groupe
témoin ont reçu de l’information sur les facteurs de
risque, alors que ceux du groupe expérimental ont
participé à des sessions d’éducation sur la santé du
cœur et à des programmes d’exercice individualisés,
ont fait l’objet d’une analyse et de conseils en matière
de nutrition, ont suivi un programme de renoncement
au tabagisme et un programme de gestion du stress.
Tous les participants – même ceux qui n’ont eu
que de l’information – ont vu leurs risques diminuer,
ce qui tend à prouver que la simple connaissance
des risques encourus a de la valeur. Toutefois, les
risques de ceux qui ont reçu de l’information,
des conseils et d’autres programmes ont diminué
davantage. Selon les commanditaires du projet
(Atlantic Blue Cross Care, Aventis Pharma et
l’Atlantic Health and Wellness Institute), les résultats
signifient que sur une période de dix ans, une crise
cardiaque a été évitée pour chaque groupe de
100 participants et un AVC pour chaque groupe
de 500 participants (C. LeCouteur-Morais,
communication personnelle, le 28 novembre 2007).
Les programmes de dépistage en milieu de
travail sont également avantageux pour les employeurs,
puisqu’ils les aident à préserver la santé de l’effectif
et réduisent le taux d’absentéisme (Renaud et coll.,
2008). Toutefois, il faut de toute évidence adopter
d’autres mesures incitatives pour motiver
les employeurs.
Établir des priorités pour le dépistage
Les risques de maladies CV augmentent avec l’âge
et le Canada a une population vieillissante. En fait,
le nombre de Canadiens de plus de 65 ans devrait
doubler dans les 15 prochaines années. Cela signifie
que les aînés pourraient devenir un groupe cible
des programmes de sensibilisation et de dépistage.
Par exemple, certaines collectivités ont conçu des
programmes pour les aînés tels que le Programme
de sensibilisation à la santé cardiovasculaire en
Ontario (Kaczorowski et coll., 2008) et le Airdrie
Community Hypertension Awareness and
Management Program, un programme de gestion
de l’hypertension et de sensibilisation mis sur pied
en Alberta ( Jones et coll., 2008). Dans le cadre de
ces initiatives, les pharmacies locales organisent
des séances de dépistage et de formation au cours
desquelles le risque cardiovasculaire des aînés est
évalué. Des bénévoles formés prennent la pression
sanguine de chaque personne et remplissent un profil
de risque cardiovasculaire. Les participants reçoivent
une copie de leur profil de risque, de même que
des renseignements sur les mesures à prendre pour
réduire ces risques. Les résultats sont enregistrés dans
une base de données et envoyés aux prestataires de
soins primaires et aux pharmaciens des participants.
Les aînés, les médecins et les pharmaciens peuvent
également avoir accès aux résultats des tests en ligne.
En plus des rapports individuels sur les patients,
les médecins reçoivent un rapport confidentiel
comparant la proportion de leurs patients souffrant
d’hypertension avec celle d’autres praticiens. Ce
rapport permet aux médecins de voir s’ils réussissent
aussi bien que leurs pairs à aider les patients à gérer
leur pression artérielle.
Il faudrait également accorder la priorité à
d’autres populations ayant un taux élevé de maladies
CV, telles que les peuples autochtones, les Asiatiques
du Sud et les Afro-Canadiens. Dans une approche qui
tient compte de l’ensemble du cycle de vie, la priorité
devrait également, conformément aux directives en
vigueur, être accordée au dépistage chez les adolescents
afin de cerner les facteurs de risque en début de vie.
Quelles sont les possibilités du
dépistage génétique?
La génétique moléculaire est particulièrement
prometteuse et elle pourrait bien transformer les soins
cardiovasculaires au cours du XXIe siècle; elle pourrait
améliorer à la fois le diagnostic et le traitement
(Robin et coll., 2007). Les évaluations génétiques
sont déjà utilisées pour diagnostiquer de nombreuses
maladies à gène unique et, dans un proche avenir, on
pourra déterminer si un individu est génétiquement
prédisposé aux facteurs de risque CV courants. Le
dépistage génétique peut également être utilisé pour
détecter les variations génétiques qui peuvent avoir
une incidence sur la réaction au traitement (Bennett et
coll., 2007; Kajnami et coll., 2004).
Trente-sept pays participent actuellement au
programme « Make Early Diagnosis to Prevent Early
Death » (MEDPED), un programme systématique
de dépistage génétique, à l’échelle mondiale,
de l’hypercholestérolémie familiale dominante,
une maladie mortelle traitable, mais difficile à
diagnostiquer, dont souffre une personne sur 250
au Québec et une sur 500 dans les autres provinces
canadiennes. Les Pays-Bas disposent d’un programme
national permanent de dépistage moléculaire de
l’hypercholestémie familiale qui a permis d’améliorer
le traitement des patients à haut risque, favorisé
l’adhésion au traitement, réduit le risque d’incident
cardiovasculaire et facilité l’accès à l’assurance-vie et à
l’assurance-invalidité (Leren et coll., 2008; Homsma
et coll., 2008). Le programme s’est aussi avéré rentable
(Wonderling et coll., 2004).
Le Canada a joué un rôle de chef de file dans le
dossier du dépistage génétique du cancer, en mettant
au point des programmes fructueux de prévention du
cancer du sein qui englobent le dépistage génétique
des mutations du gène BRCA1/2 (Oros et coll.,
2006; Simard et coll., 2007). Ces programmes
devraient être des modèles pour la prévention
d’autres maladies, notamment des maladies CV.
Au cours de la prochaine demi-génération, nous
aurons une technologie permettant d’appuyer le
dépistage génétique de routine de certains troubles
cardiovasculaires. Il reste beaucoup à apprendre,
mais cette approche personnalisée de diagnostic, de
stratification du risque et d’optimisation du traitement
est extraordinairement passionnante pour l’avenir
de l’humanité.
Aider les Canadiens à mener une vie plus saine
/ 51
Recommandations
La capacité des Canadiens de faire des choix santé –
de consommer des aliments sains, d’être actifs, de ne
pas fumer, de gérer leur hypertension, leur cholestérol
et leur poids – est influencée par l’information sur les
facteurs de risque de maladies CV qu’ils reçoivent,
par leur capacité de comprendre et d’utiliser cette
information, par leur motivation à changer et par les
outils susceptibles de les aider, tels que les programmes
de dépistage et de suivi offerts dans leurs collectivités.
Pour aider les Canadiens à mener une vie plus
saine, nous devrions adopter les mesures qui suivent.
•
•
•
2.1 Mettre en contact les principaux organismes
de lutte contre la maladie afin :
•
•
•
d’élaborer et de diffuser des messages clairs et
concordants sur les principaux facteurs de risque
de maladie chronique;
de mettre sur pied et de lancer, à l’intention des
populations à haut risque, des campagnes de
sensibilisation et de marketing social soutenues
et de grande envergure pour prévenir les maladies
CV et les autres maladies chroniques et pour
favoriser la détection des signes et des symptômes
de l’accident vasculaire cérébral et de la maladie
du cœur; et de déterminer les mesures à prendre;
d’appuyer les travaux de l’Association canadienne
de santé publique et du Conseil canadien sur
l’apprentissage qui portent sur la littératie
en santé.
2.2 Élaborer et tenir à jour des sources interactives
de renseignements sur la santé et les maladies
CV, qui font autorité.
Ces sources d’information devraient tirer profit
des initiatives en cours et :
•
fournir une information à jour sur les principaux
facteurs de risque, notamment sur l’hypertension
artérielle et le cholestérol, les aliments insalubres
ou malsains, l’inactivité physique, le tabagisme,
l’obésité et le diabète;
•
•
être appuyées par des équipes
interprofessionnelles de soins primaires qui, à leur
tour, enverront des messages plus homogènes à
leurs patients;
inclure des modes d’interaction permettant aux
gens de définir et d’évaluer les risques qu’ils
courent et de se familiariser avec des modes
concrets de réduction du risque;
52 / Building a Heart Healthy Canada
mettre l’accent sur l’autonomie des patients et
mettre les Canadiens au courant des directives et
des stratégies de réduction du risque fondées sur
des données probantes, améliorer l’autotraitement,
promouvoir la santé et prévenir les complications
à tous les stades de la maladie CV;
mettre les Canadiens en contact avec les
services communautaires qui peuvent les aider
à mener une vie plus saine, notamment avec les
programmes d’abandon du tabagisme et d’activité
physique, les services de diététistes et les groupes
de soutien;
disposer du mandat et des ressources permettant
d’élaborer et de tenir à jour des outils
d’information et de maintenir des liens avec les
ressources connexes.
2.3 Offrir des programmes de dépistage des risques
de maladie CV, de sensibilisation et de suivi
dans une variété de milieux communautaires.
Ces programmes devraient :
•
être dotés d’un leadership solide et d’outils de
responsabilisation et faire partie des systèmes de
soins de santé communautaires et régionaux;
•
•
•
•
•
•
•
•
être fondés sur des données probantes;
être offerts par des prestataires ou des
bénévoles chevronnés;
être offerts dans des environnements qui
conviennent à tous les Canadiens, notamment
en milieu de travail où des mesures incitatives
devraient être prises pour aider les employeurs
à créer ces programmes et à les tenir à jour;
viser les groupes à risque;
se concentrer sur les principaux facteurs de risque
de maladie CV, y compris l’hypertension et le
cholestérol, la mesure du poids et du tour de taille,
le tabagisme, la glycémie à jeun, les antécédents
familiaux, l’état nutritionnel et l’activité physique;
veiller à ce que les mesures du profil de risque
prises pendant le dépistage soient partagées avec
les patients et leurs prestataires de soins primaires
et à ce que toutes les personnes concernées
disposent de l’information requise pour
comprendre le profil de risque;
aiguiller les personnes à risque vers les
traitements fondés sur des données probantes
qui conviennent, vers les services de soutien et
de suivi;
dans la mesure du possible, se servir de l’étude des
variations génétiques pour identifier les personnes
qui ont des risques héréditaires de contracter une
maladie CV.
Mettre un terme à la crise
que vivent les populations autochtones
au niveau de la santé CV
3/
La maladie CV est un grave problème pour l’ensemble de la population canadienne,
mais pour les peuples autochtones, c’est la cause d’un véritable état de crise.
Alors que les Canadiens en général jouissent d’un état de santé exemplaire
– un des meilleurs du monde – le profil de santé de nombreux peuples autochtones
du Canada est beaucoup moins reluisant.
M
ême si ce ne sont pas tous les peuples et toutes
les communautés autochtones qui courent un risque
élevé d’avoir une maladie du cœur et un AVC, on
constate que la prévalence des maladies CV et des
autres maladies chroniques, telles que le diabète, le
cancer, l’arthrite et le rhumatisme, est plus élevée chez
les Autochtones que dans la population canadienne
en général (figure 12) (Organisation nationale de
la santé autochtone, 1997). De 1984 à 1995, le taux
d’hospitalisation des membres des collectivités
des Premières nations de l’Ontario atteints d’une
cardiopathie ischémique a plus que doublé (de 76 à
186 par 10 000 habitants), alors que ce taux déclinait
dans le reste de la province (Shah et coll., 2000;
Harris et coll., 2002). En 1991, 31 % des adultes
des Premières nations ont signalé être atteints d’un
problème de santé chronique; en 2002-2003, 63,7 %
ont déclaré au moins un problème de santé de longue
durée (Organisation nationale de la santé autochtone,
2005).
L’information dont on dispose sur la santé des
Inuits et des Métis est clairsemée, mais si on se fie à
des mesure traditionnelles comme l’indice de masse
corporelle, les Inuits, particulièrement les femmes, ont
un risque plus élevé de souffrir de surcharge pondérale
ou d’obésité que les autres groupes (Young, 2007).
Deux Métis sur cinq sont physiquement inactifs, un
sur trois ont une surcharge pondérale, un sur cinq
est obèse et un sur trois fume quotidiennement
(Agence de la santé publique du Canada, 2009).
La Constitution du Canada subdivise
les peuples autochtones en trois
groupes distincts : les Indiens (ou
membres des Premières nations), les
Inuits et les Métis. Ces trois peuples
ont un patrimoine, une langue et des
pratiques culturelles uniques.
Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV
/ 53
Figure 12
Prévalence de la maladie cardiovasculaire et des facteurs de risque au sein des
Premières nations, comparativement à la population canadienne adulte en général (en %)
Inactivité
physique
78,7
46,9
Tabagisme
58,8
19,0
Embonpoint
33,0
Obésité
31,2
15,0
Hypertension
16,4
Diabète
20,4
19,7
5,2
Maladie
cardiovasculaire
37,0
7,6
5,6
0
10
20
30
40
Enquête régionale longitudinale sur la santé
des Premières Nations (2002-2003)
Divers facteurs de risque, dont les
mauvaises habitudes alimentaires,
le tabagisme et la vie sédentaire,
menacent la santé
La santé CV des peuples autochtones est menacée
par le tabagisme, la toxicomanie, les modes de vie
sédentaire et la mauvaise alimentation. Parmi ces
facteurs de risque, la mauvaise alimentation est le
plus complexe parce qu’elle dépend de l’évolution
des goûts de la nouvelle génération (c.-à-d. régimes
occidentalisés), de l’accès limité aux aliments sains
et de leur coût élevé (c.-à-d. insécurité alimentaire)
et d’un accès plus difficile aux aliments traditionnels
en raison du changement climatique et des coûts de
la récolte. Les facteurs sociaux et économiques ont,
eux aussi, une incidence sur la santé. Par exemple, les
problèmes de santé de nombreux Inuits sont renforcés
par les logements surpeuplés, le faible niveau de
scolarité et de revenu, les problèmes de santé mentale
(p. ex. culpabilité, désespoir, faible estime de soi,
toxicomanie, idées de suicide et facultés d’adaptation
déficientes) (S. Carrière, communication personnelle,
18 décembre 2007).
54 / Pour un Canada au cœur qui bat
50
60
70
80
Enquête sur la santé dans les
collectivités canadiennes (ESCC) 2003
Au Canada, environ 60% des
membres des peuples autochtones
fument comparativement à 22%
des membres de la population en
général. (Organisation nationale de
la santé autochtone, 2005)
Si rien n’est fait pour résoudre la crise des
maladies du cœur dans les communautés autochtones,
la situation ne peut que se détériorer – en raison,
tout simplement, de la croissance démographique.
La population autochtone au Canada croît beaucoup
plus rapidement que le reste de la population (figures
13a et 13b). Si nous n’agissons pas sur-le-champ, le
bien-être des peuples autochtones et la pérennité des
systèmes de soins de santé dans tout le pays peuvent
s’en trouver menacés.
Figure 13a
Projections démographiques pour les populations autochtones et canadiennes
Population en milliers
35 000
35537,6
33909,7
32547,2
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
1431,8
1282,8
1169,5
0
2011
2006
Autochtones*
2017
Canada**
Source des données : *Statistique Canada. Projections des populations autochtones, Canada, provinces et territoires : 2001 à 2017, 2005.
**Statistique Canada. Projections de la population, Canada, provinces et territoires : 2005 à 2031, 2005.
Figure 13b
Croissance projetée des populations autochtones et canadiennes
25
Pourcentage
20
15
10
5
0
2006
2011
Autochtones*
2017
Canada**
Source des données : *Statistique Canada. Projections des populations autochtones, Canada, provinces et territoires : 2001 à 2017, 2005.
**Statistique Canada. Projections de la population, Canada, provinces et territoires : 2005 à 2031, 2005.
Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV
/ 55
Même si la maladie cardiovasculaire engendre
un véritable état de crise pour de nombreux
peuples autochtones, tout espoir n’est pas perdu. De
nombreuses communautés autochtones du Canada,
des États-Unis et du monde entier élaborent et
mettent en œuvre activement des programmes et des
services destinés à réduire l’incidence des maladies CV
et à améliorer les traitements. Si nous utilisons ce que
nous connaissons déjà et tirons profit des forces des
communautés autochtones, nous pourrons prévenir la
maladie et éviter les problèmes de santé et leurs coûts.
Pour mettre un terme à cette crise, le Canada
doit encourager les communautés autochtones
à élaborer leurs propres solutions en matière de
santé cardiovasculaire, appuyer des programmes de
promotion de la santé de grande portée qui tiennent
compte des facteurs sanitaires et sociaux exposant les
gens au risque, améliorer les programmes de dépistage,
fournir des services de traitement intégrés et alimenter
les bases d’information requises pour encadrer les
programmes de prévention et de soins.
Les environnements et les grands
déterminants menacent la santé
[Dans les communautés autochtones]… la santé est
perçue moins comme une question personnelle…
que comme un ordre harmonieux où la personne est
intégrée dans un environnement social, temporel,
spirituel et non empirique qui l’englobe… Sousproduit de l’équilibre et de l’harmonie qui règnent
dans l’univers, la « santé » ou la « bonne vie » émane
d’un ordre environnemental et social plus large
(Ootoova et coll., 2001).
Quelle que soit, à court terme, la perfection de la
conception et l’efficacité de nos interventions cliniques
et de nos programmes, les facteurs environnementaux
ont l’immense pouvoir d’oblitérer les gains en incitant
les gens à percevoir l’individu en contexte comme
la seule cible acceptable d’intervention et d’analyse
(Kirmayer et coll., 2003; Willms, 2005).
Les efforts déployés pour résoudre la crise des
maladies CV qui sévit au sein des peuples autochtones
doivent porter non seulement sur les comportements
individuels qui favorisent la santé, mais également
sur l’environnement et les politiques qui influencent
ces comportements, y compris sur l’accès équitable
aux soins primaires et à d’autres services de santé. Les
campagnes d’incitation à un changement de mode
de vie telles que les programmes de renoncement
au tabagisme n’ont pas été aussi fructueuses chez les
Autochtones que chez les Canadiens en général. Ce
succès mitigé est largement attribuable au fait que
ces campagnes ne sont axées que sur les facteurs de
risque individuels et ne tiennent pas compte des
déterminants socioéconomiques plus larges de la santé,
ni du besoin de vivre dans des environnements sains.
56 / Pour un Canada au cœur qui bat
Les peuples autochtones divergent radicalement
quant à leurs antécédents et leurs atouts culturels,
leur infrastructure communautaire, leurs débouchés
économiques, leur langue et leur identité collective.
En raison de cette diversité, les efforts déployés pour
préserver la santé et favoriser la guérison doivent
répondre aux besoins de différentes communautés.
Les stratégies de réduction de la maladie CV
et d’amélioration des traitements destinés aux
Autochtones doivent tenir compte de ceux et celles
qui vivent dans des communautés autochtones autant
que des quelque 50 % et plus de personnes qui vivent
loin de leur collectivité d’origine. Les solutions doivent
répondre aux besoins des collectivités urbaines et
rurales ou éloignées.
La plupart des maladies CV se développent dans
l’enfance et les habitudes prises en bas âge peuvent
avoir une incidence sur la santé tout au long de la vie.
Les risques s’accumulent dans le temps et augmentent
avec l’âge. Toutefois, il est possible de retarder la
maladie et le décès causé par les maladies chroniques
en intervenant de façon précoce (Organisation
mondiale de la Santé, 2005). Une stratégie axée sur
tout le cycle de vie qui vise les gens à des étapes
critiques de leur cheminement peut améliorer
efficacement la santé.
Par exemple, en réponse à un plaidoyer pour que
les aînés interviennent afin d’endiguer l’épidémie de
diabètes, les médecins du Kateri Memorial Hospital
ont collaboré avec des diététistes, des chercheurs
et le personnel enseignant pour mettre sur pied un
programme de prévention du diabète dans les écoles
de Kahnawake. Ce programme vise à diminuer
l’incidence du diabète en réduisant l’obésité, en
modifiant les régimes alimentaires à haute teneur
en gras et en calories et en augmentant l’activité
physique. Le programme comprend trois volets : les
enfants de la première à la sixième année reçoivent
un enseignement sur la nutrition, la bonne condition
physique, le diabète, le corps humain et les modes
de vie sains à l’école; les parents et les prestataires de
soins ont accès à un programme de soutien à domicile
sur la nutrition, l’activité physique et les modes de vie
sains; et, la collectivité participe par l’entremise d’un
conseil consultatif local. Le programme a commencé
par un projet pilote de trois ans mené au milieu
des années 1990 qui a prouvé que l’intervention
avait eu un effet sur les habitudes alimentaires : les
participants buvaient moins de boissons gazeuses et
consommaient moins d’aliments à haute teneur en
gras. Les universités locales participent maintenant
au programme et le personnel du programme forme
les prestataires de services des autres collectivités pour
qu’ils puissent offrir des programmes polyvalents de
prévention similaires à tous les enfants d’âge scolaire
(Paradis, 2005).
Le programme autochtone HeartSmart Kids™,
élaboré par la Fondation des maladies du cœur, a
été conçu pour s’adresser aux enfants très tôt en
intégrant une information culturellement adaptée
sur la santé cardiovasculaire au programme d’étude.
Les éducateurs, dans 177 des 241 collectivités qui ont
une bande des Premières nations, ont été formés et la
plupart des volets du programme sont bien utilisés.
Parmi les enseignants qui en ont fait usage, 83 % le
trouvent « excellent » ou « bon » au chapitre de la
sensibilité à la culture.
Le manque de dépistage menace la santé
En dépit des taux élevés des maladies cardiovasculaires
et autres maladies, de nombreuses communautés
autochtones n’ont pas accès aux services –
particulièrement au dépistage et à la surveillance des
maladies chroniques et aux services médicaux de base.
Puisqu’ils n’ont pas non plus accès aux tests et aux
examens diagnostics, un grand nombre d’entre eux ne
reçoivent ni soins ni services de réadaptation avant
d’être sur le point de mourir.
alimentation et l’exercice. Les membres de ce groupe
ont été expressément encouragés à consommer
davantage d’aliments contenant des acides gras
omega-3 et d’éviter ceux qui contiennent de l’acide
palmitique, un gras saturé commun. Lorsqu’ils ont
été réexaminés après l’intervention, les participants
avaient un niveau de cholestérol et un taux de
glycémie à jeun moins élevé et une pression artérielle
plus basse que les membres du groupe témoin
qui n’avaient reçu que la documentation annuelle
(Ebbesson et coll., 2005).
En Australie, les responsables du New South
Wales Aboriginal Vascular Health Program ont
organisé une série de projets-pilotes pour lutter contre
le diabète, les maladies circulatoires et les maladies
du rein en offrant un programme d’évaluation des
risques, d’intervention précoce et de promotion de
la santé ou encore en améliorant la coordination
des services existants et la collaboration entre les
prestataires de services. Le programme a fait appel
à des interventions qui ne font habituellement pas
partie des efforts plus ciblés d’amélioration de la santé
Pratiques prometteuses
Bien que les membres des Premières
nations vivant dans des réserves aient
un risque plus élevé que la population
en général de mourir des suites d’un
infarctus du myocarde (72,7 pour
100 000 comparativement à 52,1 pour
100 000 pour tous les Canadiens), ils sont
moins susceptibles que l’ensemble de
la population canadienne de subir des
tests permettant un dépistage précoce
de routine des risques de maladie
cardiovasculaire, tels que la mesure
du niveau de cholestérol (Organisation
nationale de la santé autochtone, 2005).
Le dépistage, le traitement et la surveillance des
facteurs de risque de maladies CV peuvent réduire
les risques de manière efficace. Par exemple, les
responsables de l’Alaska Inuit Diabetes Prevention
Project ont mis sur pied un programme de dépistage
des facteurs de risque, notamment de l’hypertension,
du cholestérol et de l’intolérance au glucose. Le
groupe expérimental a fait l’objet d’une intervention
de quatre ans, comprenant une session de counseling
et l’envoi annuel d’une documentation sur la saine
Les interventions efficaces au sein de la
population autochtone sont caractérisées
par les traits suivants. Elles
• sont élaborées grâce à des
partenariats et une collaboration avec
les communautés autochtones;
• utilisent une stratégie d’intervention
en équipe;
• créent la capacité chez les membres
des communautés autochtones de
promouvoir la santé;
• utilisent une approche axée sur tout le
cycle de vie;
• se concentrent sur certains facteurs
de risque;
• offrent un accès plus équitable
aux soins;
• sont adaptées sur le plan culturel;
• tiennent compte des besoins et de
la réceptivité des collectivités et des
peuples concernés.
Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV
/ 57
cardiovasculaire, notamment au renforcement de la
capacité des équipes locales de fournir de l’aide, à
une formation et à des ressources; au développement
de partenariats; à l’utilisation de méthodes
d’enseignement adaptées sur le plan culturel sous
l’égide de certains membres de la collectivité; et, à la
création d’un sentiment d’appartenance au milieu
local. Plus de 1 000 Autochtones ont fait l’objet d’un
dépistage. Le succès a été attribué au fait que les
projets étaient suffisamment souples pour répondre
aux besoins locaux, qu’ils suscitaient l’engagement
de la collectivité en faisant appel au sens de la
coopération et qu’ils fournissaient une aide judicieuse
et pragmatique (New South Wales Department of
Health, 2004).
Des différends entre ces diverses instances peuvent
retarder la prestation des services et causer de graves
préjudices – comme dans le cas de Jordan Anderson,
un enfant membre des Premières nations mort dans
un hôpital de Winnipeg au lieu de s’éteindre dans sa
collectivité locale auprès des membres de sa famille
parce que les gouvernements n’ont pas pu s’entendre
sur le partage de ses frais médicaux. (En 2007, le
gouvernement du Canada a adopté le Principe de
Jordan, une résolution établissant un principe de
« priorité à l’enfant » pour la résolution des conflits
de compétence.)
Le manque d’équipement, de
technologie et de dispensateurs
de soins menace la santé
L’information est la clé de l’amélioration de la santé
des Autochtones, mais il n’y a eu que peu d’efforts
systématiques pour rassembler des données sur la
santé cardiovasculaire des membres des peuples
autochtones et sur les risques encourus, et la plus
grande partie de l’information accessible s’adresse
aux populations des Premières nations plutôt qu’aux
Inuits ou aux Métis. Il n’existe que très peu de données
portant spécifiquement sur le traitement ou la gestion
des maladies CV dans les communautés autochtones
du Canada et très peu de données précisant comment
les soins d’urgence et de réadaptation et les services
de planification et de soins de fin de vie sont fournis.
La communauté autochtone a besoin de données
locales, régionales et nationales plus précises sur les
membres des Premières nations, les Métis et les Inuits
pour pouvoir élaborer des stratégies propres à chaque
groupe. Des recherches mieux ciblées sont requises
pour comprendre les besoins particuliers des Premières
nations, des Inuits et des Métis en matière de santé,
pour motiver et appuyer la collectivité et pour élaborer
des interventions efficaces et caractérisées par leur
intégrité culturelle.
Certains efforts individuels ont été déployés
pour recueillir de l’information, mais ils ne sont
pas systématiques. Par exemple, l’étude BRAID,
cofinancée par l’Initiative sur le diabète chez les
Autochtones et par l’Université de l’Alberta, a été
conçue pour recueillir des renseignements sur le
diabète et sur le syndrome de résistance métabolique
(c.-à-d. obésité abdominale, niveaux de gras anormaux
dans le sang, hypertension artérielle et intolérance
au glucose) parmi les membres d’une collectivité des
Premières nations du Nord de l’Alberta (Kaler et
coll., 2006). Une équipe de recherche a recueilli des
données sur la pression sanguine, le taux de glycémie à
jeun et l’indice de masse corporelle, de même que sur
les antécédents familiaux de presque 300 personnes
de six ans et plus qui n’avaient pas fait l’objet jusque-là
d’un diagnostic de diabète. Environ 50 % des adultes
et 40 % des enfants et adolescents souffraient du
Même lorsque les Autochtones ont fait l’objet d’un
diagnostic et reçoivent un traitement, ils n’ont pas
souvent le même accès aux soins que la majorité des
Canadiens – particulièrement s’ils vivent dans des
localités lointaines et isolées. Bien que la télésanté et
la médecine électronique puissent aider, les peuples
autochtones ont besoin, dans leurs collectivités, d’un
meilleur accès aux services de maintien des fonctions
cardiaques vitales, aux spécialistes et aux autres
ressources, et souvent simplement à l’équipement
de diagnostic (p. ex. les appareils de radiographie,
d’électrocardiogramme) (Cooke et coll., 2004).
Il existe également une pénurie de prestataires
de soins autochtones. Divers efforts sont déployés
pour recruter des Autochtones prêts à embrasser une
carrière dans le domaine de la santé et, malgré certains
progrès, les dispensateurs de soins autochtones sont
peu nombreux. Il faut faire davantage pour s’assurer
que les peuples autochtones reçoivent des soins
culturellement adaptés prodigués par des équipes
de soins primaires interprofessionnelles.
Les différends au sujet des champs
de compétence menacent la santé
La capacité de mettre un terme à la situation
désastreuse qui affecte la santé cardiovasculaire des
membres des communautés autochtones est influencée
par les questions de champ de compétence. Le
gouvernement fédéral est responsable des services de
soins de santé fournis aux communautés autochtones,
alors que les provinces et les territoires sont
responsables des soins de santé que les Autochtones
reçoivent dans les hôpitaux et en dehors de leur
communauté. Les provinces et territoires financent
également certains services fournis à ces collectivités.
58 / Pour un Canada au cœur qui bat
Le manque d’information menace
la santé
syndrome métabolique, une condition associée avec
une incidence élevée de maladies CV. L’obésité, l’état
prédiabétique et le syndrome métabolique étaient
particulièrement répandus chez les participants de
18 ans ou plus. Tous les participants ont bénéficié
d’un service de suivi offert par un infirmier, un
diététiste ou un médecin.
Aux États-Unis, des efforts ont été déployés pour
recueillir une information beaucoup plus complète
sur un groupe plus nombreux et plus diversifié
d’Autochtones. La Strong Heart Study est une analyse
longitudinale de la maladie cardiovasculaire dans les
collectivités indiennes américaines : il s’agit de la plus
vaste étude épidémiologique des Indiens d’Amérique
jamais entreprise (Center for American Indian Health
Research, 2008). Plus de 4 500 personnes issues de
13 tribus et collectivités dans trois zones géographiques
des États-Unis y participent. L’étude en cinq étapes
examine les taux de mortalité chez les gens de 35 à
74 ans, les résultats d’examens cliniques (c.-à-d. les
facteurs de risque) et le rôle des facteurs génétiques.
Elle englobe une étude des familles qui a pour objet
d’isoler les gènes qui peuvent contribuer au risque.
L’étude a permis de construire une carte génétique et
elle a entrepris un criblage génétique pour analyser
les fluctuations du risque. En plus de renforcer les
connaissances sur les risques de contracter une maladie
cardiovasculaire, l’étude peut mener à de nouvelles
stratégies thérapeutiques et préventives
pour les peuples autochtones.
Le manque de volonté de participation
menace la santé
Pour mettre un terme à la crise qui sévit dans les
communautés autochtones, les Autochtones, à titre
individuel et collectif, doivent participer activement
à l’élaboration de leurs propres solutions et plans
d’intervention en matière de santé CV. Les peuples
et les communautés autochtones doivent aussi,
parallèlement, faire partie intégrante de la Stratégie
canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action.
Toutes les recommandations de la SCSC-PA
s’appliquent à tous les Canadiens, y compris aux
peuples autochtones. De plus, les chefs autochtones
devraient collaborer avec leurs gouvernements et leurs
organisations non gouvernementales à l’élaboration
d’un plan d’action pluriannuel visant à motiver
leurs collectivités et à dresser la liste des mesures
culturellement adaptées qu’il faut prendre pour
réduire le risque, améliorer les soins, répondre aux
besoins urgents et s’occuper des inégalités sociales
et des injustices en matière de santé. Voici les
mesures recommandées.
Recommandations
3.1 Élaborer un plan d’action pluriannuel pour
répondre aux besoins des peuples et des
communautés autochtones au chapitre de la
santé CV tout en faisant appel à une approche
de partenariat s’adressant aux organismes
autochtones, aux gouvernements fédéral,
provinciaux, territoriaux et aux administrations
municipales, aux communautés autochtones
et aux organismes non gouvernementaux.
3.2 Créer un centre national autochtone ou un réseau
de centres dédié à la prévention et à la gestion
de la maladie chronique en vue de coordonner
la mise en œuvre du plan d’action. De concert,
le centre et le plan :
permettront de bâtir des communautés autochtones
dont les membres ont un cœur en bonne santé :
•
•
•
en assurant la participation des institutions
communautaires et en habilitant la collectivité
à adopter des mesures préventives –
particulièrement celles qui sont axées sur la
réduction du tabagisme, la nutrition en milieu
scolaire, le conditionnement physique, les sports
et les activités récréatives;
en assurant la promotion de pratiques
prometteuses, telles que la limitation de la vente
de tabac aux mineurs et l’élimination des aliments
malsains dans les écoles et en favorisant l’activité
physique régulière;
en adoptant des stratégies de prévention et de
traitement de la maladie CV qui respectent le
savoir traditionnel, les valeurs autochtones et
le rythme de développement des personnes et
des collectivités.
aideront les peuples autochtones à mener une vie
plus saine :
•
•
en adoptant une approche d’atténuation
permanente du risque qui met l’accent sur les
premières années d’existence;
en travaillant de concert avec d’autres stratégies
ou organismes de lutte contre des maladies
chroniques telles que le cancer, le diabète, les
maladies pulmonaires et les accidents vasculaires
cérébraux, à l’élaboration de programmes complets
de prévention.
Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV
/ 59
permettront de poursuivre la réforme des services de
santé et offriront des soins cardiovasculaires intégrés
et axés sur le patient
•
•
•
en garantissant un continuum de soins entre
les autorités communautaires et les autorités
régionales œuvrant dans le domaine de la santé;
•
•
•
•
•
•
en établissant, à l’intention des Autochtones,
les mêmes normes de soins CV que celles qui
s’appliquent aux autres Canadiens;
en améliorant l’accès aux soins grâce à un
usage efficace d’équipes interprofessionnelles –
idéalement composées de médecins, d’infirmiers,
de diététistes, de médecins préposés aux soins
primaires et de spécialistes travaillant en relation
étroite – faisant appel à des algorithmes de
gestion de la maladie cardiovasculaire, à des
services communautaires et à domicile et à
des technologies de télésanté et de médecine
électronique.
permettront d’édifier l’infrastructure du savoir qui
renforcera la prévention et les soins :
•
permettront d’offrir, aux prestataires de services
qualifiés, la formation et les compétences voulues :
en procédant à un suréchantillonnage des
peuples autochtones dans les versions périodiques
de l’Enquête canadienne sur les mesures de la
santé et en incluant les Métis et les Inuits
dans l’Enquête régionale sur la santé des
Premières nations;
en accélérant le développement et la mise en
application des bases de données administrées par
les Premières nations, les Inuits et les Métis, en
relation avec les bases de données nationales;
en établissant une base de données à jour et
précise d’interventions de lutte contre la maladie
chronique fondées sur des données probantes
afin de découvrir et de mettre en commun les
meilleures pratiques;
en améliorant les systèmes de dépistage et de
surveillance au sein des organismes de services de
santé autochtones grâce un accès local aux données
de recherche et de sondage et à toutes les données
administrées par le fédéral;
en appuyant les études axées sur l’intervention
et l’évaluation, particulièrement dans le domaine
de la sécurité alimentaire et des interventions
interdisciplinaires;
en finançant la recherche axée sur un mode
d’intervention qui s’adresse aux personnes et aux
collectivités en contexte et qui reflète les directives
des Instituts de recherche en santé du Canada
du Canada et les autres pratiques de recherche
recommandées pour tout projet réalisé avec les
communautés autochtones.
60 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
en consolidant l’effectif autochtone qui œuvre
dans le domaine de la santé grâce à l’adoption de
différentes mesures : formation des intervenants
qui traitent les maladies chroniques; système de
mentorat et d’échanges intercommunautaires,
augmentation du nombre de bourses et de places
dans les facultés de médecine et de sciences
infirmières; élargissement du rayonnement
régional de la Fondation des maladies du cœur et
renforcement de l’appui fourni à cet organisme;
en améliorant la compétence culturelle des
prestataires de services de santé non autochtones
grâce à diverses initiatives : mesures favorisant la
résidence dans le Nord; rotation des spécialistes
invités dans les régions rurales, éloignées et
isolées; incorporation, aux programmes de
formation professionnelle, d’approches et
de modèles pratiques d’enseignement de la
compétence culturelle requise pour travailler
avec les peuples autochtones.
4/
Poursuivre la réforme
des services de santé
– prodiguer des soins cardiovasculaires
intégrés et axés sur le patient en temps opportun
On peut prévenir l’incidence d’un grand nombre de maladies CV,
mais une fois que la maladie et ses complications se sont manifestées, on ne peut
généralement plus les guérir. Les maladies CV sont des conditions chroniques qui se
détériorent et que les gens doivent gérer et endurer pour le reste de leurs jours.
Pour jouir de la meilleure qualité de vie possible, ceux-ci ont besoin,
au moment opportun, de soins intégrés axés sur le patient.
C
ompte tenu du grand nombre de Canadiens
qui sont susceptibles de contracter des maladies CV
au cours des 10 à 20 prochaines années, il faudra
dispenser des soins efficaces. Si le système ne devient
pas plus efficient et efficace, il sera totalement
submergé par la demande et par le coût des
soins prodigués.
Comme nous l’avons indiqué précédemment,
le présent chapitre se penche principalement sur
la maladie cardiovasculaire et sur le traitement des
personnes atteintes d’une maladie du cœur; toutefois,
les recommandations (telles que l’amélioration de
l’accès aux soins, l’établissement de réseaux régionaux
efficaces et l’utilisation de directives fondées sur
des données probantes) sont compatibles avec les
stratégies recommandées pour le traitement d’autres
maladies chroniques, en particulier avec la Stratégie
canadienne de l’AVC.
Un système intégré, axé sur le patient :
• communique et distribue
l’information au patient et aux
membres de l’équipe de soins
primaires et du réseau régional;
• aide les patients à ménager
la transition entre différents
dispensateurs et différents
niveaux de soins;
• garantit des soins de haute qualité
fondés sur des données probantes
dans tous les milieux;
• aide les patients et les considère
comme des partenaires actifs de
la préservation de leur propre
santé et de la prestation leurs
propres soins.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 61
Les composantes de base d’un système intégré de soins axés sur le patient
Les soins cardiaques axés sur le patient comprennent les éléments clés suivants :
Autotraitement. Les personnes et leurs familles sont des partenaires dans la gestion de
leur propre santé et de leurs propres soins. Ils ont un accès facile à l’information et aux
services susceptibles de les aider à surveiller leur santé (p. ex. poids, pression sanguine,
cholestérol, obésité abdominale, habitudes alimentaires, activité physique), à améliorer leur
régime alimentaire et leurs habitudes d’activités physiques et à prendre régulièrement les
médicaments prescrits par les prestataires de soins. Ils connaissent leurs propres facteurs
de risque, ont accès à leur dossier médical et participent aux décisions qui concernent leur
traitement. Ils se font entendre, peuvent faire des choix et font valoir leurs droits ».
Soins primaires en équipe. Les praticiens des soins primaires (c.-à-d. les médecins
de famille, les infirmiers praticiens, les infirmiers, les pharmaciens, les diététistes, les
spécialistes du conditionnement physique et les travailleurs sociaux) travaillent en
équipe pour fournir de l’information pour aider leurs patients à demeurer en santé, pour
surveiller leurs patients en vue d’assurer la détection précoce de tout signe de risque et
pour encourager les patients à risque à prendre soin d’eux-mêmes en leur donnant plus
d’information et en les aidant à gérer leur risque et à prendre leurs médicaments pour réduire
ces risques (p. ex. arrêter de fumer, faire baisser la pression sanguine et le cholestérol ou
perdre du poids).
Soins d’urgence. Les gens qui subissent une crise cardiaque ont accès à des services
d’urgence immédiats comprenant des soins sur place, durant le transport vers un hôpital qui
dispose des ressources humaines et de l’équipement permettant d’offrir les soins appropriés
en temps opportun.
Soins spécialisés. Les équipes de spécialistes – formées de cardiologues, chirurgiens
cardiaques, infirmiers, pharmaciens, techniciens du diagnostic, professionnels de la
réadaptation, généticiens et chercheurs – qui travaillent dans un centre régional et font partie
d’un réseau régional mettent à la disposition du patient toute une gamme d’interventions
diagnostiques, médicales et chirurgicales.
Services de réadaptation. Les patients qui se rétablissent à la suite d’une crise cardiaque,
d’un accident vasculaire cérébral, d’une chirurgie cardiaque ou d’une insuffisance cardiaque
congestive ont accès à divers services – programmes d’exercice et d’aide à la vie active,
consultations sur le régime alimentaire – qui peuvent les aider à récupérer rapidement au
maximum de leur capacité, à adopter un mode de vie plus sain et à prévenir d’autres incidents.
Soins à domicile et soins communautaires. Les patients en convalescence qui ont besoin
d’aide après avoir quitté l’hôpital après une chirurgie, une défaillance cardiaque ou un AVC
ont accès, dans leur collectivité, à des soins à domicile qui contribuent à leur réinsertion
dans leur milieu.
Services de planification et de soins de fin de vie. Les patients atteints d’une cardiopathie qui
menace leur vie reçoivent des renseignements et ont accès à des services de planification et
de soins de fin de vie dès le début de leur maladie. Les prestataires de soins communiquent
efficacement avec les patients et leurs familles au sujet de leur pronostic et des avantages et
inconvénients de divers traitements.
62 / Pour un Canada au cœur qui bat
Quel est le niveau d’intégration du
système à l’heure actuelle?
Dans un système intégré et axé sur le patient, tous les
services de soins cardiovasculaires doivent travailler en
harmonie. Les Canadiens doivent être en mesure de
passer aisément d’un service à l’autre et leur traitement
devrait être continu.
Même si les Canadiens reçoivent en général
d’excellents soins cardiaques et si les champs de
compétence collaborent pour élaborer des systèmes
plus intégrés (p. ex. pour réformer les services de
soins primaires, mettre sur pied des équipes de soins
primaires interprofessionnelles et établir des réseaux
régionaux de services spécialisés), des lacunes et
des faiblesses demeurent dans l’organisation et la
prestation des services.
La fragmentation des services
complique les soins aux patients et
a une incidence sur les résultats
Les services de soins cardiovasculaires sont
encore fragmentés.
Le problème des services fragmentés n’est pas
propre à la maladie cardiovasculaire. Il s’agit d’un
problème qui touche toutes les maladies chroniques.
Les gens qui souffrent de ce genre de maladie ont
besoin d’une gestion et de soins holistiques
et continus.
Le problème est pire pour les Canadiens qui,
en plus de souffrir d’une maladie du cœur, souffrent
d’autres maladies chroniques, puisque les services sont
souvent cloisonnés par maladie.
Chan, un homme de 38 ans, qui vient
de subir une intervention cardiaque,
a été renvoyé vers son prestataire
de soins primaires pour recevoir
des soins et faire l’objet d’une
surveillance. Toutefois, ce médecin
n’avait aucun renseignement sur les
tests et les interventions que Chan
avait subis, sur les médicaments
prescrits et sur le plan de traitement
de l’hôpital. Une partie des conseils
prodigués à Chan par son médecin
généraliste contredisait les
instructions du spécialiste, de sorte
que ses soins à long terme étaient
pour lui source de confusion.
Earl, un homme dans la soixantaine
souffrant de diabète qui vit dans une
petite localité du Nord de l’Alberta, a
récemment fait l’objet d’un diagnostic
de maladie du cœur et a été aiguillé
vers un spécialiste d’Edmonton.
Avant que son problème n’ait été
pleinement diagnostiqué et traité, il a
dû se déplacer six fois vers le centre
de cardiologie de la ville, à plusieurs
centaines de kilomètres de son
domicile, pour ne passer, à chaque
visite, que très peu de temps avec
un spécialiste ou un technicien. Il a
également dû se déplacer deux autres
fois pour consulter des spécialistes
à propos de son diabète. À chacun
de ces déplacements, son fils a dû
prendre des congés pour le conduire.
Earl doute de la pertinence de son
traitement; lui et sa famille ont perdu
plusieurs semaines de travail et
de revenu.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 63
Un certain nombre de provinces, territoires ou
autres entités commencent à utiliser un modèle de
prévention et de gestion de la maladie chronique
permettant d’offrir des soins plus intégrés et plus
axés sur le patient. Bon nombre de ces entités
administratives adaptent le modèle de soins
chroniques élaboré par Wagner (figure 14)
(Wagner, 1998), qui illustre le besoin des divers
éléments du système de santé de collaborer à la
prestation des soins entre eux et avec diverses
ressources communautaires. Dans ce modèle, des
interactions productives entre des patients informés
et une équipe de soins proactive permettent d’obtenir
de meilleurs résultats au chapitre de la santé.
Figure 14
Modèle de soins chroniques
COMMUNAUTÉ
Ressources
et politiques
SYSTÈME DE SANTÉ
Organismes de
Système
Appui à
soins de santé
d’information
l’autogestion
clinique
Conception du
Appui à
système de prestation la décision
Patient
informé et
habilité
Interactions
productives
Équipe de
pratique proactive
bien préparée
Résultats améliorés
Source: Wagner, E.H. Chronic Disease Management : What Will It Take to Improve Care for Chronic Illness?
Effective Clinical Practice, 1998, vol.1, p. 2 à 4.
64 / Pour un Canada au cœur qui bat
Le Comité directeur de la SCSC-PA a adapté
le modèle de Wagner en insistant davantage sur la
prévention des maladies chroniques et sur leur gestion
(figure 15). La prévention et la gestion de la maladie
chronique concernent les relations entre les patients
et les équipes interprofessionnelles de soins primaires
et de soins aux malades chroniques, entre l’équipe de
soins primaires et les réseaux régionaux spécialisés
qui prodiguent des soins actifs épisodiques et entre le
système de soins de santé et la collectivité. Dans un
programme de gestion et de prévention de la maladie
chronique, toutes les parties du système de soins
de santé devraient travailler ensemble – et utiliser
des systèmes d’information clinique pour pouvoir
prodiguer, en temps utile, des soins souples et axés
sur le patient.
Le programme de gestion et de
prévention de la maladie chronique
convient particulièrement aux
patients souffrant d’une maladie
complexe et de longue durée comme
une maladie du cœur, et aux malades,
de plus en plus nombreux, qui sont
atteints de plusieurs maladies
chroniques (p. ex. une maladie CV
et le diabète).
Figure 15
Prévention et gestion de la maladie chronique appliquées à la maladie CV
COMMUNAUTÉ
SYSTÈME DE SANTÉ
Politique
publique saine
Environnements
sains–
Soins de santé primaires par des équipes interprofessionnelles
Dépistage
écoles, milieux de travail, etc.
Accès à
l’information
sur la santé
Programmes
de dépistage
Prévention
Aides à
l’autogestion
Soins
Soins à
domicile
Réadaptation
Systèmes d’information
clinique
Soins à
domicile
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 65
Aperçu du programme de gestion et de prévention de la maladie chronique
Un programme de gestion et de prévention de la maladie chronique a les caractéristiques
qui suivent.
• Les Canadiens qui ont une maladie du cœur ou un risque de maladie cardiovasculaire
sont dépistés dès que possible et bénéficient d’interventions adaptées à leurs besoins
(p. ex. formation, surveillance, médicaments et gestion de cas).
• Les patients et leurs prestataires de soins jouent un rôle actif et les patients acquièrent
les compétences et reçoivent l’information et le soutien dont ils ont besoin pour assumer
une plus grande part de responsabilité dans leur propre traitement.
• Les équipes de soins primaires interprofessionnelles composées d’une gamme de
professionnels de la santé – médecins, infirmiers praticiens, infirmiers, diététistes,
pharmaciens, physiothérapeutes et des spécialistes du conditionnement physique –
appuient l’autotraitement, assurent la continuité des soins et travaillent en collaboration
avec les patients à la préservation de leur santé ou à la gestion de leur maladie.
• Les équipes interprofessionnelles fournissent des soins coordonnés et font un usage
efficace de toutes les compétences des prestataires de soins. Les soins sont prodigués
par les prestataires les plus qualifiés dans les environnements les plus favorables. Les
patients sont aiguillés vers les membres les plus « compétents » de l’équipe de soins
primaires et, au besoin, vers le service spécialisé qui convient.
• Les spécialistes fournissent des avis, participent, avec les patients, à la gestion de leur
cas, fournissent des soins périodiques et soutiennent les équipes de soins primaires.
• Les transitions entre les soins sont parfaitement organisées. Lorsque les patients doivent
passer d’un niveau de soins à l’autre, ils ont une bonne compréhension de leur propre rôle
et du rôle de chaque prestataire de soins; les dispensateurs reçoivent une information
adéquate et les services qui permettent aux patients de naviguer aisément dans le système
sont en place (p. ex. soins actifs, soins à domicile, services de réadaptation cardiaque).
• Les systèmes d’information sont utilisés pour aider les patients et les soignants à partager
l’information, à encadrer les soins et à favoriser la surveillance et l’évaluation.
• La santé du patient et les soins sont continuellement surveillés et les données sont
utilisées pour évaluer et améliorer la qualité des services et des résultats. Une rétroaction
est fournie aux patients, aux praticiens et aux responsables du système.
Le programme de gestion et de prévention de la maladie chronique comprend également
les types de mesure que les gouvernements et les collectivités peuvent prendre pour créer
des environnements aidants et des politiques publiques saines. Alors que les prestataires de
soins primaires et spécialisés s’efforcent de fournir une surveillance, une formation, des soins
et un traitement axé sur le patient, les praticiens de la santé publique et autres ressources de
la collectivité tentent de réduire les risques sociaux et environnementaux qui pèsent sur la
santé cardiovasculaire. Le modèle rassemble des éléments comme la promotion de la santé,
la prévention et les soins et il présuppose un partenariat entre les individus et les familles,
les collectivités et les professionnels de la santé.
66 / Pour un Canada au cœur qui bat
Selon certains organismes américains, européens
et canadiens qui utilisent un modèle de gestion et de
prévention de la maladie chronique, l’approche a un
impact mesurable sur la santé et sur le coût des soins.
•
•
Dans le projet Euro Action, huit pays,
888 patients et 225 partenaires ont participé,
durant un an, à un programme complet de gestion
et de prévention de la maladie cardiovasculaire
offert en milieu familial par des équipes
interprofessionnelles composées d’infirmiers
spécialisés en prévention cardiovasculaire, de
diététistes, de physiothérapeutes, de cardiologues
et d’omnipraticiens. Le programme a eu un
impact mesurable sur le régime alimentaire, le
conditionnement physique et l’utilisation de
médicaments fondée sur des données probantes :
78 % des patients ont atteint les cibles
européennes de consommation de fruits et de
légumes comparativement à 39 % pour ceux qui
ont reçu les soins habituels, 50 % ont atteint les
cibles d’activité physique comparativement à
22 % et 58 % ont réussi à contrôler leur pression
sanguine comparativement à 41 %. Les gens qui
ont participé au programme étaient également
plus susceptibles de prendre les médicaments
prescrits, tels que la statine (Wood, 2006).
Dans une application expérimentale du modèle de
gestion et de prévention de la maladie chronique
à un groupe de deux millions de personnes, la
Florida Agency for Health Care Administration
(Medicaid) a déclaré que 48 % des participants
avaient eu une baisse de pression artérielle,
que le taux de défaillance cardiaque de classes
III et IV avait baissé de 45 %, que le nombre
d’hospitalisations avait diminué de 22 % et que
la durée moyenne de séjour à l’hôpital avait
baissé de 51 %. Les frais d’hospitalisation
ont également baissé de 70 % (Pfizer Health
Solutions Inc., 2004).
Plusieurs provinces, y compris la ColombieBritannique, l’Alberta, l’Ontario, le Québec et la
Nouvelle-Écosse, ont entrepris de mettre en œuvre
les stratégies de gestion et de prévention de certaines
maladies chroniques. Pour répondre aux besoins des
patients à risque et de ceux qui souffrent de maladies
cardiovasculaires, il faudrait accélérer le processus et y
inclure toutes les provinces et tous les territoires.
Les facteurs géographiques ont une
incidence sur les soins
Le milieu de vie des gens a de l’importance. La qualité
et l’homogénéité des services de santé cardiovasculaire
varient d’une région à l’autre et les traitements et les
résultats diffèrent selon l’endroit où les gens se font
soigner. Un accès aux services en temps opportun
– particulièrement aux soins cardiaques spécialisés –
continue à être une source de préoccupation pour les
Canadiens, particulièrement ceux qui vivent dans des
régions rurales et éloignées.
Pour contribuer à réduire les inégalités d’origine
géographique ou autre qui ont une incidence sur
l’accès aux soins, la plupart des régions du Canada et
beaucoup d’autres instances ont créé ou sont en train
de mettre sur pied des réseaux régionaux intégrés de
soins cardiaques spécialisés. Ces réseaux planifient la
prestation d’une partie ou de la totalité des services
de cardiologie dans leur secteur géographique plutôt
que dans un seul hôpital, s’efforçant ainsi de faire
le meilleur usage possible des compétences et
des ressources.
Pour les patients qui souffrent
de problèmes cardiaques aigus,
la rapidité et l’expérience ont
de l’importance : les patients qui
souffrent d’un infarctus du myocarde
accompagné d’une surélévation du
segment ST et sur qui on a pratiqué
une intervention coronarienne
percutanée primaire (ICPP) dans
les 90 minutes de l’incident dans un
centre qui effectue un grand nombre
de ces interventions se rétablissent
mieux que les autres (Jacobs et
coll., 2007). Toutefois, le nombre de
centres des petites localités qui
peuvent garantir l’intervention dans
les 90 minutes recommandées par
l’American College of Cardiology et
la Société canadienne de cardiologie
est très minime.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 67
Les traitements pour la crise cardiaque et les
défaillances cardiaques peuvent être offerts dans
plusieurs établissements de la région, alors que des
interventions et des traitements plus spécialisés,
tels que l’angiographie et la chirurgie cardiaque,
sont offerts dans un nombre limité de centres très
achalandés. D’autres problèmes, y compris ceux qui
exigent la gestion de facteurs de risque complexes
(tels que l’hypercholestérolémie familiale, les
cardiomyopathies, l’arythmie cardiaque et les maladies
cardiaques congénitales), sont gérés dans des cliniques
multidisciplinaires spécialisées dans toute la région.
Ces programmes sont très efficaces pour réduire le
taux d’hospitalisation et les visites à l’urgence, pour
améliorer la qualité de vie et contrôler les coûts.
L’approche peut bien fonctionner dans un modèle
de soins partagés dotés d’équipes de soins primaires.
Malheureusement, certaines cliniques ne reçoivent
pas un financement adéquat pouvant garantir une
efficacité optimale.
Dans un réseau régional intégré, un système de
triage centralisé garantit que tous les patients reçoivent
des soins appropriés en temps utile (figure 16).
Figure 16
Réseau régional intégré de soins cardiaques spécialisés
Gestion et prévention
des maladies chroniques
Soins de
santé primaires
Consultations
Services
d’urgence
Triage
Épreuve
diagnostique
Thérapies
spécialisées
Cliniques spécialisées
d’équipes interprofessionnelles
Défaillance cardiaque/
transplantations
Arythmies
et appareils
Cardiopathie
congénitale
Programme
de réadaptation
Renvoi à l’équipe de soins primaires
68 / Pour un Canada au cœur qui bat
Autre
Toutes les composantes du réseau concourent à
l’évaluation des patients, à leur aiguillage vers d’autres
services et à leur transfert rapide à l’établissement de
soins qui peut leur prodiguer des soins optimaux.
Elles élaborent des processus et des procédures
qui garantissent que les soins sont dispensés en
temps opportun.
Chez les patients qui ont une crise
cardiaque due au blocage d’une
artère menant au muscle cardiaque,
il faut rétablir la circulation sanguine
aussitôt que possible. Plus le temps
passe, plus le muscle cardiaque
se détériore.
Par exemple, le Libin Cardiovascular Institute
et la Calgary Health Region ont un programme
assurant l’accès rapide à la thérapie de reperfusion
pour les patients qui font une crise cardiaque. Les
prestataires de services d’urgence administrent
un électrocardiogramme à tous les patients qui
éprouvent, à la poitrine, une douleur aiguë qui
pourrait être causée par une défaillance cardiaque
et ils transmettent les résultats électroniquement au
cardiologue interventionnel de garde. Les patients
qui ont une artère bloquée sont alors envoyés dans
un hôpital spécialisé où on contourne la procédure
d’admission et la salle d’urgence et où on les transfère
directement au laboratoire de cathétérisme pour y
subir sur-le-champ, s’il y a lieu, une angioplastie avec
pose de stents. Selon les données de l’Institut canadien
d’information sur la santé, Calgary affiche, depuis
quatre ans, le plus faible taux de mortalité des victimes
de crise cardiaque au Canada.
Le New Brunswick Heart Centre a élaboré
un processus de triage complet pour les patients
qui doivent subir une intervention cardiaque :
rassemblement préalable de toute l’information
clinique sur un patient et triage de tous les aiguillages
à l’aide d’instruments d’évaluation objectifs
(Doucet, 2007).
Les réseaux régionaux intégrés peuvent avoir un
impact positif sur la rapidité d’exécution et la qualité
des soins. Par exemple, pour améliorer la qualité des
interventions clés offertes à différents endroits, le
Réseau de soins cardiaques de l’Ontario a négocié
des ententes de responsabilisation avec 18 hôpitaux
membres et établi des comités interprofessionnels
de cliniciens, d’infirmiers, d’administrateurs et de
représentants du ministère pour déterminer les
mesures à prendre pour améliorer la qualité. Entre
1994 et 2000, les décès survenus pendant ou après un
pontage coronarien ont baissé de 32 % en raison de
ces changements (Rachlis, 2004).
Les patients se démènent pour naviguer
dans le système
En dépit des progrès réalisés dans le développement
des réseaux régionaux intégrés pour certains soins
cardiaques spécialisés, certains patients continuent à
trouver difficile et parfois coûteux de naviguer dans
le système. Les responsables du système de soins
cardiaques devraient tirer profit de l’expérience du
système de soins aux personnes atteintes du cancer et
aider les patients à communiquer, au moment propice,
avec les services dont ils ont besoin.
Le Québec, la Nouvelle-Écosse et l’Alberta
utilisent maintenant des intervenants-pivots pour
tenter d’améliorer la qualité et l’homogénéité des
soins aux patients cancéreux. Ceux-ci s’assurent
que les patients ont accès à des services d’aiguillage
efficace, que leurs soins sont coordonnés et que
tous les professionnels participant à ces soins ont
l’information dont ils ont besoin. Les intervenantspivots aident également les patients vivant en milieu
rural et éloigné à coordonner leurs rendez-vous pour
réduire le nombre de consultations dans les centres
régionaux et pour accéder à des services tels que les
services téléphoniques et le télémonitorage – au lieu
de devoir parcourir de longues distances pour aller
chercher les résultats d’un test. Dans les programmes
de traitement du cancer qui utilisent les intervenantspivots, les professionnels de la santé collaborent
davantage et évitent le dédoublement des services et
les patients sont mieux préparés aux différents niveaux
de soins qui leur sont prodigués (Corporate Research
Associates, 2004).
L’Alberta a récemment ajouté des intervenantspivots à ses équipes régionales de dispensateurs de
soins cardiaques dans le but de faciliter la transition
entre les différents niveaux de soins et d’augmenter
l’efficacité du système. Cette approche novatrice
devrait être adoptée dans d’autres régions du pays
(figure 17).
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 69
Figure 17
Soins cardiovasculaires : modèle de travail
Triage
Gestion et
prévention de la
maladie chronique
Services
cardiaques
spécialisés
Patients
et
information
Soins de santé primaires
Navigation dans le système
Les délais d’attente, pour certains
services, sont encore trop longs
Au cours des quatre à cinq dernières années, les
gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux
ont investi des ressources importantes pour réduire
les délais d’attente des interventions en cardiologie
et certains progrès ont été réalisés dans le domaine
des pontages coronariens (Conseil canadien de la
santé, 2007). Toutefois, la chirurgie n’est qu’un des
éléments du continuum des soins. Les procédures de
consultation et de diagnostic sont des étapes tout
aussi importantes de l’itinéraire que suit le patient
dans le système de soins cardiovasculaires et le
temps d’attente, pour ces services, devrait également
être raccourci.
Le Réseau québécois de cardiologie tertiaire a
établi un temps d’attente « médicalement acceptable
» pour toutes les interventions cardiaques, de même
qu’un système provincial de surveillance des patients
en attente d’intervention. Le Réseau surveille
soigneusement l’accès et la productivité et utilise
cette information pour faire des recommandations au
gouvernement du Québec afin que tous les patients
reçoivent des soins à temps.
Entre 2004 et 2006, le Réseau de soins cardiaques
de l’Ontario a augmenté la proportion des patients
qui n’atteignent pas le délai d’attente maximal
autorisé pour les interventions, y compris pour le
70 / Pour un Canada au cœur qui bat
pontage coronarien optionnel (de 86 % à 98 %), la
chirurgie cardiaque d’urgence (de 79 % à 86 %) et le
cathétérisme d’urgence (de 75 % à 85 %). Le Réseau
de soins cardiaques a également signalé une réduction
de 50 % de la variation régionale des périodes
d’attente. Si le Réseau a eu ce genre de réussite, c’est
•
•
•
•
en mettant sur pied un système de triage des
patients fondé sur une échelle d’évaluation de
l’urgence élaborée par un comité d’experts;
en adoptant un système de surveillance des
patients qui permet de détecter tout changement
dans leur état de santé;
en élaborant, pour certaines interventions, un
processus efficace de transfert des patients
vers des centres spécialisés qui permet de les
rapatrier au plus tôt dans leur établissement
communautaire;
en utilisant des coordonnateurs régionaux de
soins cardiovasculaires pour aider les patients à
s’orienter dans le système.
Grâce à un groupe d’experts de portée nationale,
la Société canadienne de cardiologie a normalisé les
délais d’attente pour tout le continuum des services
cardiovasculaires depuis l’accès à un spécialiste jusqu’à
l’accès à des cliniques spécialisées dans le traitement
des défaillances cardiaques. Ces normes, qui précisent
les délais d’attente médicalement acceptables, sont
utilisées par un certain nombre d’établissements dans
toutes les régions du pays en vue d’améliorer l’accès
des patients aux soins de santé.
Les hôpitaux de Veterans Affairs
aux É.-U. ont réussi à améliorer
considérablement la qualité des
soins grâce à l’intégration des
services, à l’amélioration du travail
en équipe, à l’adoption d’un système
de mesure du rendement et de
rapports, à l’exploitation efficace de
la technologie de l’information et à
l’harmonisation des politiques de
paiement (Jha, 2007).
Le concept du « délai d’attente » actuellement
appliqué aux interventions cardiaques devrait être
étendu à tous les autres volets des soins où la rapidité
d’intervention a une incidence sur les résultats,
notamment pour l’administration des statines après
un syndrome coronarien aigu et pour l’évaluation
et le traitement des patients qui ont une défaillance
cardiaque. Cette approche exigera un usage plus
systématique du profil de risque pour sélectionner
les patients qui devraient être admis, transférés ou
traités en clinique externe.
Exploiter la technologie pour améliorer
l’accès et atténuer les inégalités
La technologie, en offrant des soins davantage axés
sur le patient et en faisant participer les patients à
leur propre traitement, peut contribuer à aplanir
les inégalités. Par exemple, les images numériques
des tests diagnostiques peuvent maintenant être
transmises par voie électronique et consultées hors
site, ce qui réduit le déplacement des patients et
des dispensateurs de soins. D’autres technologies
prometteuses, telles que les outils d’autogestion, le
télémonitorage et le soutien téléphoniques structuré
(Clark et coll., 2007) peuvent aider les patients et
l’équipe de soins à détecter les problèmes de façon
précoce. Ces technologies peuvent améliorer de façon
marquée le traitement des patients des localités rurales
et éloignées qui peuvent ainsi être diagnostiqués ou
surveillés sans même avoir à quitter leur domicile.
La virtual Heart Function Clinic, un site Web
interactif élaboré par la British Columbia Alliance
on Telehealth Policy and Research (BCATPR), une
équipe de recherche axée sur la création de services de
télésanté cardiovasculaire, permet d’améliorer les soins
routiniers prodigués aux patients des localités rurales
et éloignées. Ceux-ci accèdent au site chaque matin
pour y enregistrer leur poids et répondre aux questions
sur leur état de santé. Ils peuvent alors consulter des
diagrammes qui leur montrent comment ils se portent.
En cas de problème, l’infirmier de la Heart Function
Clinic leur téléphone. La BCATPR est en train
d’incorporer l’équipe de soins primaires du patient au
système. En cas de problème, les infirmiers sortent le
dossier du patient et alertent son prestataire de soins
primaires qui peut alors se servir du système pour
procéder, par courriel s’il y a lieu, à une consultation
cardiologique d’urgence. Ce modèle de soins partagés
permet aux patients des secteurs géographiques qui
n’ont pas accès à des spécialistes de rester en liaison
avec une équipe qui peut fournir des avis et de l’aide
au prestataire de soins primaires. La BCATPR estime
que cette technologie aidera les patients à éviter une
nouvelle hospitalisation et de longs déplacements
vers les centres urbains pour consulter des spécialistes.
Elle contribuera également à améliorer la diffusion
de l’autotraitement assisté auprès des prestataires de
soins primaires.
La BCATPR a également élaboré un programme
virtuel de réadaptation cardiaque. Les patients
remplissent un formulaire d’évaluation en ligne qui
porte sur leurs antécédents médicaux et leur mode
de vie avant de recevoir des séances de formation
basée sur la technologie Flash et d’effectuer
une série de tâches hebdomadaires telles que la
mesure et l’inscription de la pression sanguine et
du poids corporel, des séances de « clavardage »
imitant le soutien par les pairs en salle de classe,
le téléchargement du rythme cardiaque à l’effort
ainsi que des séances de discussion avec l’infirmier,
le diététiste et le spécialiste du conditionnement
physique. Lorsqu’ils ouvrent une session, les patients
sont automatiquement dirigés vers la liste des tâches
qu’ils doivent accomplir chaque semaine pendant
toute la durée du programme. Le dispensateur de
soins primaires peut vérifier le rythme cardiaque du
patient et surveiller ses progrès et l’infirmier peut
communiquer avec le prestataire de soins primaires
s’il y a le moindre changement dans les symptômes
ou les interventions auprès du patient. Les patients
ont apprécié le programme et augmenté de 75 % leur
capacité d’exercice, comparativement à un groupe
témoin recevant des soins traditionnels.
L’Institut de cardiologie de l’Université
d’Ottawa a un système de surveillance à domicile qui
utilise les lignes téléphoniques des patients pour la
transmission des signes vitaux, du poids, du tracé de
l’électrocardiogramme et d’autre information à un
infirmier en pratique avancée. Le système peut être
adapté pour répondre aux besoins de certains patients
et pour soutenir l’autotraitement. Il recueille les
données et détecte les problèmes pour que les patients
puissent recevoir des soins à domicile au lieu de se
faire réadmettre à l’hôpital.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 71
La culture et d’autres facteurs sociaux
ont une incidence sur les soins
Les populations vulnérables, y compris les gens qui
sont socialement ou économiquement défavorisés et
les membres de certains groupes ethniques, éprouvent
souvent de la difficulté à accéder à l’éventail complet
des soins et des services de dépistage et de diagnostic.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, un
grand nombre de communautés autochtones n’ont
pas accès à des soins culturellement adaptés et à des
soins spécialisés ni à des appareils essentiels comme
les défibrillateurs et les systèmes d’oxygénothérapie
qui sont habituellement disponibles dans d’autres
collectivités. Il faut veiller à ce que les membres des
peuples autochtones bénéficient des mêmes normes
de soins et d’accès aux services cardiovasculaires que
les autres Canadiens. Les stratégies de réduction
des cardiopathies et d’amélioration du traitement
destinées aux peuples autochtones devraient s’adresser
aux membres des communautés autochtones ainsi
qu’à ceux qui vivent loin de leur communauté
d’origine (plus de 50 %). Pour que les modèles de
soins reconnaissent pleinement le caractère unique
des besoins des peuples autochtones, ceux-ci, autant
que leurs chefs, doivent participer à la planification
et à la prestation des soins.
Les patients sont souvent des
bénéficiaires passifs de soins
L’autotraitement et la volonté de participation de
patients bien informés sont des ingrédients essentiels
de la prévention et de la gestion des cardiopathies;
cependant, dans la plupart des régions, les patients
continuent à être des bénéficiaires de soins passifs.
Dans un programme de gestion et de prévention
de la maladie chronique, les patients participent à
part entière à l’administration de leurs soins. On leur
fournit de l’information et les forme à l’utilisation
de diverses techniques telles que la détermination de
cibles, la planification d’interventions et la résolution
de problèmes, des habiletés qui les aident à jouer un
rôle clé dans la préservation de leur santé. Les patients
participent également à la planification de leurs soins
et de leur traitement.
Dans un modèle idéal de soins axés sur le
patient, ce dernier peut également intervenir dans
la conception des programmes et des services
d’un organisme. Par exemple, les responsables des
13 cabinets faisant partie du California Diabetes
and Cardiovascular Care Collaborative ont conçu
un nouveau mode d’administration des soins
pour répondre aux besoins du patient en rendant
l’information qui le concerne accessible à l’endroit
où les soins sont prodigués, en organisant des visites
de groupe, en établissant des horaires de visites, en
72 / Pour un Canada au cœur qui bat
dépistant les personnes qui souffrent de dépression et
en assurant, auprès des patients, un suivi portant sur
la réalisation de leur plan d’action et la prise de leurs
médicaments. Ensemble, ces cabinets ont dépassé,
par 20 points de pourcentage, les moyennes fixées par
l’État pour le contrôle de la pression artérielle et du
cholestérol ( Johnson et coll., 2008).
Dans le Chronic Disease Self-Management
Programme, un projet réalisé en collaboration par
l’Université Stanford University et le Northern
California Kaiser Permanente Medical Care Program
utilisé aujourd’hui au Yukon et en ColombieBritannique, les patients sont formés pour animer
des groupes de personnes souffrant de maladies
chroniques ( Johnson et coll., 2008). Le programme,
similaire au modèle « buddy », un système de jumelage
en usage dans un grand nombre de communautés
autochtones, est fondé sur l’hypothèse que tous les
gens atteints de maladie chronique partagent les
mêmes problèmes et préoccupations et peuvent
enseigner des habiletés de gestion de la maladie – p.
ex. bâtir un programme d’exercice, manger sainement,
résoudre des problèmes, prendre ses médicaments,
communiquer avec la famille, les amis et les
prestataires de soins de santé – aussi efficacement,
sinon davantage, que les professionnels de la santé.
Lors d’essais cliniques comparatifs sur des échantillons
aléatoires effectués aux États-Unis et au Canada,
les membres du groupe expérimental ont été moins
Les familles jouent un rôle clé dans la
prévention et la gestion des maladies
chroniques. Pour qu’une personne
renonce au tabagisme, modifie
son régime alimentaire et suive un
programme de conditionnement
physique, il faut que sa famille l’aide.
Lorsque le projet EuroAction a permis
aux conjoints des patients du groupe
expérimental de participer activement
à leur programme de prévention des
cardiopathies, 77 % des conjoints
ont atteint les cibles européennes de
consommation de fruits et de légumes,
comparativement à 54 % pour les
partenaires de ceux ou celles qui
recevaient des soins traditionnels
(Johnson, 2008).
souvent hospitalisés que ceux du groupe témoin, se
sont présentés moins fréquemment en salle d’urgence
et en clinique et ont mieux réussi à modifier leur
comportement et à maintenir ces changements dans
le temps.
Seulement 20 % des patients reçoivent
des services de réadaptation
Les programmes spécialisés de réadaptation cardiaque
fournissent jusqu’à six mois d’exercice, de counseling
sur le régime alimentaire et d’autres thérapies aux gens
qui récupèrent d’une crise cardiaque, d’un pontage
coronarien ou d’autres crises aiguës. Ces services
très rentables peuvent réduire de 20 à 25 % les décès
attribuables aux déficiences cardiaques (Taylor,
2006) et devraient être mis à la disposition de tous
les patients qui peuvent en tirer profit. Toutefois, les
programmes hautement spécialisés de réadaptation
cardiaque sont habituellement offerts dans les centres
régionaux et ne sont pas accessibles dans toutes les
localités. Par conséquent, seulement 20 % des patients
peuvent bénéficier de services de réadaptation (Suskin
et coll., 2002; Arthur et coll., 2004).
La réadaptation cardiaque est
un programme systématique qui
comprend le traitement des facteurs
de risque cardiovasculaires ciblés,
des stratégies de modification du
comportement destinées à améliorer
les modes de vie à long terme, la
pharmacothérapie, ainsi que des
activités physiques thérapeutiques
– principalement pour les gens qui
se remettent d’une crise cardiaque
ou d’un pontage coronarien. Ces
programmes, offerts par des équipes
interprofessionnelles comprenant
des médecins, des infirmiers, des
spécialistes du conditionnement
physique, des diététistes, des
travailleurs sociaux et d’autres
intervenants, aident les patients
à faire les changements qui leur
permettront d’adopter un mode de vie
plus sain à long terme et de prévenir
une autre crise cardiaque ou une
autre crise aiguë.
Le récent projet-pilote de réadaptation cardiaque
financé par le gouvernement de l’Ontario a montré
que les services de réadaptation peuvent être organisés
et offerts de façon à rendre accessibles à un plus grand
nombre de personnes les soins fondés sur les données
probantes de la recherche. Les 24 centres qui ont
participé au projet ont pu, la même année, offrir des
services à un plus grand nombre de personnes
(60 % de plus). Le programme coûte environ
1 500 $ par personne – considérablement moins que
les 8 000 à 10 000 $ requis pour traiter un infarctus du
myocarde ou les 10 000 à 20 000 $ par personne que
coûte un pontage coronarien – et le profil de risque
des participants s’est amélioré substantiellement au
cours des six mois qu’a duré le programme (Suskin
et coll., 2002).
Les établissements participant au projet-pilote
ont obtenu ces résultats en offrant partout un
programme standard et en refoulant les services et
l’expertise vers différents secteurs de la collectivité.
Même si les programmes d’exercices intensifs
supervisés ne peuvent être offerts partout, de
nombreux autres volets de la réadaptation cardiaque
peuvent être intégrés aux services de gestion et de
prévention de la maladie chronique administrés par
des équipes de soins primaires interprofessionnelles.
En fait, les programmes surveillés d’exercices à
domicile sont aussi efficaces que les exercices
supervisés conçus pour les patients à faible risque
(Arthur et coll., 2002; Jolly et coll., 2006;
Jolly et coll., 2008).
D’autres pays, comme le Royaume-Uni, la
Finlande et l’Australie ont adopté diverses stratégies
pour rendre la réadaptation cardiaque accessible à un
plus grand nombre de patients dans une multiplicité
d’endroits – y compris dans les centres de prestation de
soins primaires, les établissements communautaires et
le milieu de travail. Les directives pour la réadaptation
cardiaque peuvent et doivent être adaptées pour qu’on
puisse les utiliser ailleurs.
Au Canada, les établissements régionaux de
réadaptation cardiaque devraient servir de centres de
ressources, fournir des services de réadaptation aux
patients qui ont des besoins complexes (p. ex., les
patients souffrant de maladie cardiaque congénitale
ou d’insuffisance cardiaque) et appuyer les équipes
de soins primaires et les équipes de gestion et de
prévention de la maladie chronique en vue d’élargir
le bassin des bénéficiaires de services de réadaptation
cardiaque fondés sur des données probantes.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 73
Pratiques prometteuses dans le domaine
de la réadaptation cardiaque
Pour que les interventions de réadaptation
cardiovasculaire puissent avoir les plus grands
effets positifs, il faut :
• que la réadaptation soit reconnue comme
une partie intégrante des soins cardiaques;
• que les patients aient accès aux services
aussitôt que possible dans le cours de leur
maladie pour pouvoir en tirer le plus grand
profit possible;
• que les prestataires de soins adoptent une
approche axée sur le patient, conçoivent sur
mesure chaque programme de réadaptation
de façon à répondre aux besoins du patient
tout en se conformant aux directives sur les
pratiques exemplaires;
• que des programmes soient élaborés
pour répondre aux besoins des adultes
souffrant de maladie cardiaque congénitale
et pour les patients âgés qui souffrent
d’insuffisance cardiaque;
• que des efforts particuliers soient déployés
pour s’assurer que les patients qui n’ont pas
été aiguillés vers la réadaptation dans le
passé aient accès à ces services;
• que les membres des familles des patients
soient incités à participer pour aider le
patient à adopter un mode de vie sain et pour
qu’eux-mêmes adoptent un tel mode de vie;
• que le milieu de travail participe à la
réadaptation en vue de faciliter le retour au
travail du patient si cela s’avère possible;
• que les programmes disposent d’outils tels
que les algorithmes de soins, le soutien
électronique à la prise de décisions sur les
soins ainsi que d’un programme de formation;
• qu’un système de surveillance soit établi
pour contrôler les résultats obtenus par
le patient.
74 / Pour un Canada au cœur qui bat
Rares sont les patients souffrant d’une
maladie cardiaque qui reçoivent des
services de planification et de soins de
fin de vie
Un grand nombre de patients atteints d’insuffisance
cardiaque grave ne reçoivent pas les services qui
pourraient les aider et aider leurs familles à prendre
des décisions éclairées sur leurs soins en fin de vie.
Le manque de services de planification et de soins
de fin de vie pour les patients souffrant de maladie CV
est principalement attribuable à l’incertitude quant
au moment où la mort devient imminente et au fait
que le système de soins CV est axé sur la prolongation
de la vie. Lorsque le seul but visé est la « guérison »,
d’importants échanges de vues sur la qualité de vie et
sur les services de planification et de soins de fin de
vie n’ont tout simplement pas lieu.
Même si le chemin qui va de la maladie
cardiaque au décès n’est pas aussi prévisible que pour
des maladies comme le cancer, la maladie cardiaque
n’en reste pas moins une maladie parfois mortelle :
50 % des gens qui reçoivent un diagnostic
d’insuffisance cardiaque meurent dans les cinq ans.
Néanmoins, la plupart de ces patients n’ont pas
accès à des services de planification et de soins de
fin de vie. C’est un véritable problème parce qu’un
grand nombre des personnes qui meurent des suites
d’une insuffisance cardiaque (jusqu’à 60 %) meurent
subitement et auraient pu tirer profit de discussions
sur les services de planification et de soins de fin
de vie.
Les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui
ne meurent pas subitement déclinent au fil du temps,
même si la trajectoire de leur maladie peut s’avérer
hautement variable. Ils souffrent souvent de malaises
qui ne sont généralement pas attribués à l’insuffisance
cardiaque – douleurs, chutes, problèmes cognitifs,
manifestations d’anxiété et problèmes de l’humeur,
perte de fonction, troubles du sommeil et anorexie
– et ils pourraient tirer avantage de l’approche de
gestion des symptômes utilisée dans les programmes
de soins de fin de vie (Caldwell et coll., 2007; U.K.
Department of Health, 2000; McPherson et coll.,
2006). Selon la recherche, les patients préféraient
pouvoir parler davantage de la planification du temps
qu’il leur reste à vivre et se voir offrir une possibilité
de prendre des décisions plus tôt dans le cours
de leur maladie (Caldwell et coll., 2007; Selman et
coll., 2007).
Peu de directives sur les soins cardiaques
abordent la question des services de planification et
de soins de fin de vie. Même quand c’est le cas – par
exemple, les directives du Royaume-Uni qui militent
en faveur d’une amélioration des communications
concernant « les pronostics et la vie dans un climat
d’incertitude » (UK National Institute for Clinical
Excellence, 2003) – les patients et leurs prestataires
de soins ne se rappellent pas avoir reçu d’information
sur leur condition ou avoir eu un rôle dans le
processus de prise de décisions (Murray et coll.,
2002). Les recommandations faites en 2006 par la
Société canadienne de cardiologie sur le diagnostic
et la gestion de l’insuffisance cardiaque abordaient
un certain nombre de sujets : directives préalables,
soins de réanimation, décideurs au nom d’autrui,
questions d’éthique et occasions offertes aux patients
de réévaluer leurs préférences compte tenu des
fluctuations de leur état de santé (Arnold et coll.,
2006). Toutefois, pour que le système puisse changer,
il faudrait que ces recommandations soient plus
largement appliquées.
Pour offrir des soins axés sur le patient, le système
de soins cardiovasculaires doit permettre de mieux
comprendre quand, comment et où les patients
doivent recevoir des services de planification et de
soins de fin de vie. Le système a également besoin
de renseignements supplémentaires sur les services
de soins de fin de vie existants et sur leur capacité
de répondre aux besoins uniques des personnes
qui souffrent de maladie du cœur, lesquels sont
radicalement différents de ceux des patients souffrant
de cancer qui sont généralement dirigés vers des
programmes de soins palliatifs (en 2007, environ
90 % des bénéficiaires d’un programme de soins de
fin de vie étaient des patients atteints du cancer).
Même si on peut tirer des leçons des programmes
de soins palliatifs utilisés dans le traitement du
cancer, ces modèles ne conviennent pas aux personnes
atteintes de cardiopathies, particulièrement à celles qui
souffrent d’insuffisance cardiaque. D’autres recherches
sont requises si on veut pouvoir dresser la liste des
pratiques exemplaires de planification et de soins de
fin de vie pour les gens qui souffrent de maladie CV,
évaluer l’efficacité de la gestion et de la détection des
symptômes chez les patients qui ont une insuffisance
cardiaque avancée et concevoir des stratégies et
des techniques de dialogue avec les patients sur la
progression de la maladie et la gestion des symptômes.
Une meilleure compréhension de l’impact des facteurs
démographiques, géographiques, ethnoculturels et
autres sur les soins de fin de vie permettra également
d’améliorer le counseling et le choix des interventions
qui conviennent aux patients. Un groupe de travail
multidisciplinaire pancanadien sur la recherche sur
la fin de vie financé par les Instituts de recherche
en santé du Canada a été institué pour examiner les
questions critiques qui se posent pour les patients
souffrant de maladie cardiaque ou respiratoire à la
fin de leur vie, mais il faudra déployer d’autres efforts
pour passer de la théorie à la pratique.
Pour répondre aux besoins de fin de vie des gens
qui souffrent de maladie cardiaque :
•
•
•
le système doit élaborer des stratégies
interprofessionnelles et des manuels d’éthique afin
d’offrir des services de planification et de soins de
fin de vie culturellement adaptés;
les prestataires de soins de santé ont besoin d’une
formation spécialisée sur la façon de parler des
services de planification et de soins de fin de vie
aux patients et aux familles et sur la façon de
s’assurer que le contenu de ces communications
est approprié sur le plan culturel;
les responsables du système de soins
cardiovasculaires devraient trouver des moyens
plus efficaces d’aider les patients qui souffrent
d’insuffisance cardiaque avancée à déterminer
les symptômes qui peuvent être gérés grâce à des
services appropriés de contrôle de la douleur et
d’autres services de soins palliatifs.
Les directives ne suffisent pas, à elles
seules, à changer la pratique
Idéalement, chaque Canadien ayant fait l’objet d’un
diagnostic de maladie ou de risque de maladie CV
devrait recevoir le traitement le plus efficace et le plus
à jour. Les prestataires de soins de santé devraient
également suivre les directives cliniques qui ont
été élaborées à partir des résultats de la recherche.
Toutefois, l’expérience des 20 dernières années montre
que la seule élaboration de directives cliniques ne
suffit pas à influencer la pratique. D’autres efforts
doivent être déployés pour traduire les connaissances
médicales résultant de la recherche en soins cliniques.
Les améliorations du traitement et
du contrôle de l’hypertension sont
associées à un déclin important
des décès attribuables aux AVC
et à l’insuffisance cardiaque, à
une diminution de 50 % du taux de
mortalité attribuable aux crises
cardiaques et à une baisse du
taux d’hospitalisation (Campbell
et coll., 2006).
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 75
Le Programme éducatif canadien sur
l’hypertension (PECH), un programme d’application
des connaissances élaboré au Canada, a démontré
les avantages d’une approche plus organisée et plus
active de promotion de l’usage des directives cliniques.
Dans ce programme, les experts en santé CV se
réunissent annuellement pour faire le point sur la
recherche et mettre à jour les recommandations sur
les meilleures méthodes de diagnostic et de gestion
de l’hypertension. Des équipes de professionnels des
soins de santé traduisent ensuite les recommandations
des experts en instruments pratiques et rédigent
des messages simples et homogènes sur le mode
de traitement des patients atteints d’hypertension.
Les outils et messages sont diffusés largement
aux médecins, infirmiers, pharmaciens et autres
professionnels de la santé. De nombreux bénévoles
contribuent à l’évaluation des répercussions du
programme. Ce processus d’évaluation des effets des
recommandations sur l’hypertension est coordonné
avec les programmes des gouvernements fédéral
et provinciaux et il a abouti à un système complet
d’évaluation de la gestion de l’hypertension au
Canada. Ce processus a contribué à préciser où les
directives sont ou ne sont pas fructueuses et facilite
l’amélioration permanente des recommandations
élaborées. Au cours des neuf ans d’existence du
Programme éducatif canadien sur l’hypertension,
la qualité et l’homogénéité du traitement de
l’hypertension se sont améliorées de façon
spectaculaire. Le Programme exige une collaboration
entre le gouvernement, les professionnels de la santé
et les organismes à vocation scientifique et il pourrait
encadrer les efforts déployés pour gérer les autres
facteurs de risque de la maladie du cœur.
La Stratégie canadienne de l’AVC, un partenariat
entre le Réseau canadien contre les accidents
cérébrovasculaires et la Fondation des maladies du
cœur, utilise une approche globale pour combler
l’écart entre les données probantes de la recherche et
la pratique et pour s’assurer que tous les Canadiens
ont accès à des services de prévention, de soins et de
réadaptation intégrés et de haute qualité en matière
d’AVC. Le document intitulé Recommandations
canadiennes pour les pratiques optimales de soins
de l’AVC a été publié en 2006 et largement diffusé
(et il fait actuellement l’objet d’une mise à jour). Des
séances de formation portant sur les directives sont
maintenant offertes aux prestataires de soins; des
campagnes de sensibilisation du public fournissent
de plus en plus de renseignements aux Canadiens
sur les signes et les symptômes d’AVC et sur la façon
de réagir; les services accessibles en cas d’AVC font
l’objet d’une surveillance qui permet de déterminer
s’ils satisfont aux normes de qualité établies et des
76 / Pour un Canada au cœur qui bat
recherches sont financées pour améliorer à la fois les
soins de santé et leur prestation. Les responsables de la
Stratégie canadienne de l’AVC ont également mis au
point des indicateurs de rendement qui seront utilisés
pour mesurer l’à-propos, la qualité et l’uniformité
du traitement de l’AVC dans tout le Canada ainsi
que le niveau d’application des directives en milieu
clinique. Au cours des trois dernières années, l’Ontario
signale une augmentation du nombre de patients
qui reçoivent des traitements fondés sur des données
probantes en cas d’accident ischémique cérébral
(Stroke Evaluation Advisory Committee, 2007).
En 2006, la Société canadienne de cardiologie
a adopté un modèle novateur en boucle fermée pour
assurer l’élaboration et l’application d’une série de
directives de pratiques cliniques, dans le domaine
du diagnostic et de la gestion de l’insuffisance
cardiaque. Ce modèle, qui s’inscrit dans une
perspective d’élaboration coopérative de directives
pratiques, efficaces et à jour, incorpore la contribution
et l’évaluation continues des utilisateurs et des
intervenants qui permettront d’alimenter la prochaine
génération de directives et leur diffusion à chacune des
audiences concernées. Le processus annuel de mise
à jour assure une amélioration continue de la qualité
dans cet important secteur de gestion de la maladie.
Il faudrait continuer à financer et à mettre sur
pied des initiatives telles que le Programme éducatif
canadien sur l’hypertension, les directives sur les
pratiques optimales de la Stratégie canadienne de
l’AVC et le Heart Failure Knowledge Translation
Program de la Société canadienne de cardiologie. Il
faudrait aussi se servir de la même approche globale
pour promouvoir la pratique fondée sur des données
probantes dans d’autres secteurs clés de la prévention
et des soins de la maladie cardiovasculaire, y
compris la gestion de la dyslipidémie, de la maladie
cardiaque congénitale, de la coronaropathie et des
arythmies cardiaques.
De plus, on a besoin d’un ensemble complet
d’indicateurs de qualité pour les problèmes cardiaques
les plus répandus – qui peuvent être surveillés et
peuvent faire l’objet de rapports périodiques. La
campagne intitulée Soins de santé plus sécuritaires
maintenant a adopté un ensemble d’indicateurs de
qualité pour les crises cardiaques aiguës et mis en
œuvre divers systèmes permettant de recueillir les
données requises pour suivre les changements au fil
du temps (Soins de santé plus sécuritaires maintenant,
2008). Une approche similaire devrait être élaborée et
adoptée pour d’autres problèmes tels que l’insuffisance
cardiaque, certaines arythmies et la chirurgie cardiaque.
Recommandations
Si on veut offrir des services mieux intégrés et plus
axés sur le patient, il faut que les modes d’organisation
et de prestation des soins cardiaques des systèmes
de soins de santé du Canada soient radicalement
modifiés. Ces systèmes doivent faire un usage efficace
des gens, de la technologie et des autres ressources
pour corriger les inégalités.
Il n’existe pas de modèle « universel » de
prestation de soins de santé cardiovasculaire. La
meilleure façon d’organiser les services de cardiologie
dépend de facteurs géographiques et des besoins de la
population desservie (âge, ethnie et facteurs de risque).
Toutefois, les programmes de prévention et de gestion
de la maladie chronique combinés à des réseaux
régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés sont
les plus prometteurs pour l’amélioration de l’accès aux
services et pour l’utilisation optimale des ressources et
des compétences.
Pour remplir leur promesse, les réseaux régionaux
intégrés doivent continuer à chercher les meilleurs
moyens d’opérer le triage des patients, d’offrir des soins
en temps opportun, de gérer les délais d’attente et
d’améliorer la capacité qu’ont les patients de gérer leur
propre cas pendant la période d’attente. Il faut investir
des sommes importantes pour encourager l’innovation
au sein du système de prestation de soins de santé.
4.2 Améliorer l’accès à des soins cardiovasculaires
spécialisés, coordonnés et de grande qualité,
y compris l’accès au diagnostic, aux soins actifs,
à la réadaptation cardiaque ainsi qu’ à la
planification et aux soins de fin de vie :
•
•
•
•
•
•
4.1 Hâter la mise en œuvre de la prévention et de
la gestion de la maladie chronique et en faire le
modèle de prédilection pour la prestation de la
plupart des soins cardiovasculaires au Canada :
•
•
•
en accélérant la mise sur pied et la formation
des équipes interprofessionnelles de soins
primaires grâce à des relations de travail et
des rôles renouvelés;
•
en améliorant le processus et en gérant
le changement;
en documentant et en diffusant des pratiques
exemplaires de partenariat, d’autotraitement et
de soins axés sur le patient et en organisant et
en offrant ce type de soins.
•
en adoptant des mesures favorisant le
développement continu des réseaux régionaux
intégrés de soins cardiovasculaires spécialisés;
en établissant un système de triage qui garantira
que les gens les plus à risque seront examinés
en priorité;
en assurant l’adoption et la surveillance d’un
système de délai maximal recommandé fondé
sur les données probantes de la recherche –
particulièrement pour les services consultatifs
et les essais diagnostiques;
en renforçant l’usage des technologies de
télémédecine au sein des provinces et des
territoires et entre eux pour offrir, aux patients
et aux dispensateurs de services, des soins et
des programmes éducatifs (p. ex. Telestroke);
en incorporant des « intervenants-pivots » aux
équipes régionales pour faciliter la circulation des
patients et de leur dossier médical d’un service
et d’un prestataire de soins à l’autre;
en continuant à créer et à ouvrir, au sein
des réseaux régionaux intégrés, des cliniques
spécialisées dotées d’équipes interprofessionnelles
en vue de gérer des problèmes cardiovasculaires
complexes comme les crises cardiaques, les
cardiopathies congénitales, certaines arythmies
cardiaques et les douleurs thoraciques;
en continuant à mettre sur pied des programmes
de réadaptation dans les régions mal desservies
et en incorporant des services de réadaptation
cardiaque aux programmes de gestion et de
prévention de la maladie chronique du secteur
des soins primaires;
en soutenant la planification de fin de vie et les
services de soins et d’information sur les soins, y
compris les services de soutien épisodiques et de
relève destinés aux aidants naturels.
Poursuivre la réforme des services de santé
/ 77
4.3
Établir, maintenir, promouvoir et évaluer l’usage
de directives cliniques interprofessionnelles,
fondées sur des données probantes et mises à
jour, dans le cadre de la prévention et de la
gestion du risque et de la maladie cardiovasculaire,
du traitement, de la réadaptation et de la
planification et des soins de fin de vie :
•
en appuyant l’élaboration continue, la mise en
œuvre et la mise à jour périodique de directives
sur les meilleures pratiques dans le cadre de la
Stratégie canadienne de l’AVC, du Programme
éducatif canadien sur l’hypertension ainsi que du
programme de transfert des connaissances sur
l’insuffisance cardiaque et des lignes de conduite
sur les lipides et le cholestérol de la Société
canadienne de cardiologie;
•
•
•
en créant un groupe d’étude pancanadien chargé
d’encadrer la pratique clinique dans le domaine
de la planification et des soins de fin de vie des
personnes qui souffrent d’une maladie CV à un
stade avancé;
en appuyant l’élaboration, à l’intention des
patients, de directives conviviales en matière
d’autotraitement et en leur offrant des modes
d’accès efficaces à cette information;
en créant un projet pancanadien d’élaboration
d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité
pour les programmes de prévention et de
traitement des maladies CV comprenant les
méthodes de surveillance recommandées.
78 / Pour un Canada au cœur qui bat
Édifier l’infrastructure
du savoir requise pour renforcer
la prévention et le traitement
5/
La connaissance est aussi importante pour la santé CV
que le cœur pour la circulation sanguine. L’information est essentielle
pour prévenir et diminuer l’occurrence des maladies CV.
L
es patients ont besoin d’information pour gérer
leur santé et prendre des décisions éclairées. Les
prestataires de soins ont besoin d’information pour
élaborer des programmes et des services, collaborer
avec d’autres dispensateurs de soins et améliorer la
pratique et la qualité des services. Les gestionnaires et
les administrateurs du secteur de la santé ont besoin
d’information pour planifier les activités, établir les
budgets, administrer les programmes et évaluer les
résultats. Les gouvernements ont besoin d’information
pour savoir où investir les ressources. L’ensemble du
secteur a besoin de connaissances et de résultats de
recherche pour encadrer les stratégies de prévention
et trouver de meilleurs traitements pour l’avenir.
L’information peut aider à susciter le changement.
Par exemple, l’infrastructure du savoir construite à
l’appui de la stratégie de lutte contre le tabagisme
a réussi à fournir des données sur les habitudes de
consommation du tabac, sur les attitudes des fumeurs
et leur comportement, sur les pratiques de l’industrie,
sur les répercussions du tabagisme sur la santé et de
la prévention sur le tabagisme. Les responsables de
la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme ont
utilisé cette information pour persuader les décideurs,
les prestataires de soins et le public d’adopter des
politiques et des règlements visant à détourner les
gens du tabagisme et à investir dans des programmes
de prévention. Selon Santé Canada, « l’élaboration,
la mise en oeuvre et l’évaluation de stratégies, de
politiques et de programmes efficaces de lutte contre
le tabagisme nécessitent une bonne compréhension
des tendances canadiennes de l’usage du tabac. »
(Santé Canada, 2007b).
Pour édifier une nation dont la population jouit
d’une bonne santé cardiovasculaire, le Canada a
besoin, en temps opportun, d’une information exacte
sur les risques de contracter une maladie CV, sur
la maladie elle-même et sur les traitements; il doit
disposer de moyens faciles et expéditifs de partager
cette information avec les chercheurs, les décideurs, les
prestataires de soins et le public. Où en sommes-nous
aujourd’hui? De quelle information disposons-nous?
Qu’est-ce qui manque? Quelle est l’efficacité de nos
systèmes d’information?
Sans de meilleures données, les
responsables du renouvellement
des soins de santé travaillent à
l’aveuglette (Conseil canadien de
la santé, 2007).
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement
/ 79
Messages clés
L’information est essentielle pour prévenir et réduire
la maladie et la mortalité attribuables aux maladies
cardiovasculaires.
Pour élaborer, à l’échelle nationale, un système de
surveillance robuste pour lutter contre les maladies CV,
le Canada a besoin d’outils plus efficaces de collecte de
renseignements sur les facteurs de risque, sur la prévalence
et l’incidence de la maladie ainsi que sur les résultats
des traitements.
Même si les provinces et les territoires disposent de
bases de données administratives et si un certain nombre
de groupes et d’organismes ont élaboré des registres de
patients atteints de maladies CV, l’information recueillie est
fondée sur des définitions disparates du terme « données »
qui rendent celles-ci difficiles à mettre en commun, à
regrouper ou à comparer.
Le Canada est un chef de file mondial dans le domaine des
dossiers de santé électroniques, mais il accuse toujours un
retard par rapport à d’autres pays pour ce qui est de l’usage
des dossiers médicaux électroniques dans les cabinets
de médecin.
Dans le cadre de la mise en œuvre de systèmes
d’information sur la santé CV, tous les efforts doivent être
déployés pour préserver la vie privée des patients et la
confidentialité des renseignements sur la santé.
Les systèmes d’information sur la prévention et la gestion
des maladies chroniques ne sont pas encore largement
répandus, mais ils ont tous les atouts requis pour améliorer
considérablement les soins et la santé CV.
Les systèmes d’information destinés aux patients aideront
ceux-ci à jouer un rôle plus actif dans l’administration de
leurs propres soins et ils peuvent contribuer, à moindre coût,
à de meilleurs résultats en matière de santé.
Pour capitaliser sur les sommes investies chaque année
dans la recherche et pour attirer de nouveaux capitaux dans
le secteur de la recherche, le Canada a besoin d’un plan
de recherche sur la santé CV qui permettra de recueillir les
données requises pour améliorer la prévention et les soins.
Le Canada a ce qu’il faut pour contribuer, à l’échelle mondiale,
aux efforts consentis pour prévenir et gérer la maladie CV,
mais il doit déployer de plus grands efforts pour passer de la
connaissance à la pratique et à la mise en marché.
80 / Pour un Canada au cœur qui bat
Que savons-nous des maladies CV
au Canada?
As a nation, we currently do not know how many En
tant que Canadiens, nous ne savons pas combien de
nos citoyens ont une crise cardiaque chaque année.
Nous avons certains renseignements sur le nombre
de personnes qui ont eu un diagnostic de maladie
cardiovasculaire, ainsi que sur les services de soins
de santé qui sont à leur disposition. Par exemple, les
hôpitaux et les régies de la santé ont de l’information
sur les séjours à l’hôpital, les consultations dans les
salles d’urgence, les soins à domicile et les autres
services. Les ministères de la Santé sont au courant
des services assurés que chaque personne a reçus
dans chaque province ou chaque territoire. L’Institut
canadien d’information sur la santé reçoit certains
renseignements de toutes les provinces et territoires
sur les séjours à l’hôpital, mais ce ne sont pas toutes
les provinces et tous les territoires qui fournissent de
l’information sur d’autres services tels que les soins à
domicile et les services de soins en santé mentale. Les
représentants de Statistique Canada recueillent des
données sur les taux de mortalité par cause de décès,
mais ne peuvent relier cette information aux services
de santé que les gens reçoivent, ou encore, l’utiliser
pour améliorer les traitements et réduire les décès
causés par les maladies CV.
Plusieurs provinces ont mis au point des
registres de maladies cardiaques – notamment le
Réseau de soins cardiaques de l’Ontario, Improving
Cardiovascular Outcomes, en Nouvelle-Écosse,
l’Alberta Provincial Project for Outcome Assessment
in Coronary Heart Diseases (APPROACH), le
BC Cardiac Registry et le Registre des maladies
cardiaques, au Québec. Le Réseau canadien de
l’AVC a également mis au point un répertoire des
AVC. Ces projets ont fait du Canada un chef de
file de l’appariement de ces registres avec les bases
de données provinciales des services administratifs
et des services de santé ainsi que de l’utilisation de
l’information pour suivre l’évolution des principaux
problèmes de santé et améliorer les soins.
En dépit de ces initiatives novatrices dans le
domaine de l’information, nos connaissances de
la maladie CV et des facteurs de risque qui y sont
associés souffrent de lacunes flagrantes. La plupart
des registres ont été élaborés par des chercheurs
pour répondre aux questions qui se posent sur un
certain nombre de maladies ou de résultats ou pour
répondre aux questions que se posent les cliniciens
pour étayer les décisions relatives aux soins cliniques.
Les Canadiens ne sont inscrits dans un registre que
lorsqu’ils atteignent le stade où ils subissent une
intervention comme une angiographie, une chirurgie
ou une hospitalisation, de telle sorte que les données
ne permettent pas de composer un portrait complet.
Pour réduire le fardeau de la maladie CV, le
Canada a besoin d’un système pancanadien plus
robuste de surveillance de la maladie qui peut fournir
en temps utile des données fiables et comparables sur :
•
•
•
•
•
•
•
•
la prévalence et l’incidence des facteurs de risque
de maladie CV;
la prévalence et l’incidence des maladies CV;
la prévalence et l’incidence des maladies CV
chez les peuples autochtones et au sein d’autres
groupes ethnoculturels où l’information
est lacunaire;
l’accès aux services (c.-à-d. l’identité des
bénéficiaires, le caractère plus ou moins approprié
des soins, la rapidité du service et les obstacles
géographiques, financiers ou autres);
les taux de traitement et de contrôle;
les modes de soins et les tendances qui se
manifestent sur le plan de l’utilisation des
médicaments, de l’équipement, des technologies
de l’information et des interventions chirurgicales
et médicales;
les résultats après traitement;
les causes et la distribution géographique
des décès.
Le Canada accuse un retard par rapport
à d’autres pays au chapitre des systèmes
d’information sur la maladie CV
Le système de surveillance en vigueur au Canada
s’appuie sur diverses sources de données telles
que les sondages volontaires, plutôt que sur la
mesure routinière des facteurs de risque courants
des maladies CV, dont la pression artérielle, le
cholestérol et les autres lipides, le poids, les habitudes
alimentaires et l’activité physique. Puisqu’un grand
nombre de Canadiens ne savent pas qu’ils souffrent
d’hypertension ou d’un niveau de cholestérol
anormal, les sondages volontaires sous-estiment
systématiquement le nombre de personnes exposées à
la maladie CV. Il n’existe pas non plus de mécanisme
systématique de cueillette de renseignements sur le
régime alimentaire des Canadiens et leurs habitudes
de consommation. L’Enquête sur la santé dans les
collectivités canadiennes rassemble certaines données
sur les aliments et la nutrition, mais le dernier
recensement complet des habitudes de consommation
des Canadiens remonte à 2004 (Statistique
Canada, 2004).
Même si le système de surveillance actuel
permet de recueillir bon nombre de renseignements
sur les maladies CV, il manque de données clés sur
l’insuffisance cardiaque, la crise cardiaque, l’AVC et
la cardiopathie congénitale. Par exemple, nous savons
combien de Canadiens subissent une crise cardiaque
et sont admis à l’hôpital, mais ignorons combien en
meurent avant d’arriver à l’hôpital.
On s’efforce actuellement de combler cette
pénurie d’information. Le gouvernement canadien
s’est engagé à financer l’Enquête canadienne sur les
mesures de la santé, une enquête biennale qui permet
de mesurer le poids, le tour de taille, la condition
physique, la pression artérielle, le cholestérol et
d’autres mesures physiques de la santé CV de
5 000 citoyens. Cette enquête permettra aussi de
surveiller la prévalence des risques de maladie CV
dans la population et d’élaborer des programmes
ciblés de prévention et de sensibilisation. Toutefois,
telle que planifiée, elle ne fournira pas suffisamment
de renseignements sur certaines populations
particulièrement exposées à la maladie CV telles que
les peuples autochtones, les Asiatiques du Sud ou les
aînés. Avec des ressources additionnelles, l’Enquête
sur les mesures de la santé pourrait suréchantillonner
périodiquement ces populations, ce qui permettrait
de fournir une information précieuse sur les risques
qu’elles courent et de créer des programmes et services
plus efficaces pour ces collectivités.
Même si le Canada dispose d’un certain nombre
de répertoires utiles sur les patients atteints de maladie
CV, chacun d’eux a été élaboré en vase clos à l’aide de
définitions et de normes particulières, de telle sorte
qu’il n’est pas facile d’en regrouper les données ou
d’établir des liens entre les renseignements fournis par
diverses entités administratives. Lorsque les territoires
administratifs peuvent regrouper leurs données, ils
peuvent brosser un portrait plus fidèle des maladies
CV à l’échelle du pays. Par exemple, quels sont les
facteurs de risque? Quelles sont les maladies les plus
répandues? Quel traitement les gens reçoivent-ils?
Quels sont les résultats en matière de santé? Les
risques, les maladies, les traitements et les résultats
varient-ils dans différentes régions du pays? Lorsque
les cliniciens, les chercheurs et les planificateurs du
domaine de la santé peuvent accéder à des données
de portée nationale, ils peuvent faire un meilleur
usage de l’information, notamment s’en servir pour
comparer les répercussions de différents traitements,
pour évaluer la rentabilité d’investir dans de nouveaux
produits pharmaceutiques, de nouveaux tests et
de nouvelles interventions et pour élaborer
des programmes de prévention et des thérapies
plus efficaces.
Certains travaux en cours pourraient fournir
un modèle pour l’établissement de relations entre
les données qui concernent les maladies CV.
Les responsables de l’Initiative sur les données
longitudinales administratives et sur la santé (Initiative
sur les DLAS) – un partenariat entre les ministres
provinciaux et territoriaux de la Santé et Statistique
Canada, l’Institut canadien d’information sur la
santé, le Conseil canadien des registres du cancer et
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement
/ 81
le Conseil de la statistique de l’état civil du Canada
– s’efforcent d’apparier les données administratives
des provinces et des territoires et celles de l’Enquête
nationale sur la santé de la population de Statistique
Canada, les bases de données sur les naissances et
les décès et le Registre canadien du cancer. Dans le
domaine de la santé CV, il se peut que les chercheurs
soient en mesure d’utiliser les ensembles de données
de l’Initiative DLAS pour examiner le rôle que
peuvent jouer, dans les provinces et territoires, les
facteurs de risque modifiables pour la première
hospitalisation d’un patient atteint d’une maladie
CV donnée, en tenant compte à la fois des
caractéristiques sociodémographiques (revenu
des ménages, par exemple) et de la comorbidité
(p. ex. l’hypertension artérielle).
Lorsqu’ils élaborent des stratégies permettant
d’établir des liens entre les bases de données, les
gouvernements, les organismes et les chercheurs
doivent examiner un ensemble d’enjeux comme la
qualité des données, la protection de la vie privée et le
droit de propriété, l’actualité des données et la capacité
d’analyse qu’elles offrent, de même que les mécanismes
qui permettraient aux planificateurs, aux chercheurs et
aux spécialistes de l’évaluation d’accéder gratuitement
ou à peu de frais à des données anonymes avant
d’établir des liens entre elles et de les regrouper.
Ils doivent également déployer tous les efforts
possibles pour s’assurer que les bases de données CV
répondent aux besoins d’information des populations
défavorisées, y compris ceux des peuples autochtones,
de différents groupes ethnoculturels, des Canadiens
pauvres et des Canadiens qui n’ont pas de médecin
de famille.
Dans le cadre des efforts déployés pour construire
un système national plus robuste de surveillance de
la maladie, les responsables de l’Agence de la santé
publique du Canada ont mis au point un système
de surveillance du diabète qui apparie les données
sur l’hospitalisation, les données administratives
provinciales sur la santé et les résultats des enquêtes.
Ils ont l’intention d’appliquer ce système aux AVC
et à l’hypertension. La même approche pourrait
également être utilisée, notamment, pour les
maladies coronariennes, l’insuffisance cardiaque et la
cardiopathie congénitale. En dépit de ses lacunes, un
tel système de surveillance est un moyen économique
de renforcer le volume et la qualité de l’information
accessible pour surveiller les maladies CV au Canada
jusqu’à ce qu’on ait accès à des bases de données plus
complètes, grâce aux dossiers de santé électronique,
aux dossiers médicaux électroniques et aux systèmes
d’information sur la prévention et la gestion de la
maladie chronique.
82 / Pour un Canada au cœur qui bat
Le rôle des études de cohortes pour la
compréhension de la maladie CV
Une des meilleures façons d’approfondir notre
compréhension de la maladie CV consiste à suivre
une cohorte ou un groupe représentatif de Canadiens
pendant une longue période – au moins 20 ans – pour
voir qui contracte des maladies du cœur, qui a des
AVC, et pourquoi. Les études de cohortes permettent
de dresser la liste des facteurs qui ont une incidence
à la fois sur les risques et sur la résilience. Elles
peuvent aider les chercheurs à comprendre les effets
possibles des récents changements socioculturels tels
que l’augmentation du taux d’obésité et de diabète, la
diminution du tabagisme et l’évolution des habitudes
alimentaires sur la santé CV des Canadiens. Elles
peuvent également fournir le moyen d’évaluer l’effet
d’interventions cliniques et sociales telles que le
contrôle de l’hypertension ou la réduction de la
quantité de sodium dans les aliments transformés.
Par exemple, la Framingham Heart Study, une étude
américaine de cohortes, a démontré l’importance
de contrôler l’hypertension pour réduire le nombre
d’AVC, les crises cardiaques et la défaillance
cardiaque; elle a également contribué à détecter les
personnes qui sont les plus exposées à la maladie
cardiovasculaire. Au cours des 50 dernières années,
le Canada s’est fié aux résultats de la Framingham
Heart Study pour avancer des hypothèses bien fondées
sur les risques de maladies CV au Canada. Toutefois,
compte tenu des différences croissantes entre
les populations canadiennes et américaines,
cette approche ne convient plus. En fait, la
Framingham Heart Study n’est plus représentative
de la population américaine et encore moins de
la population canadienne.
Le Partenariat canadien contre le cancer,
financé par le gouvernement fédéral, est sur le point
de mettre sur pied une importante étude de cohortes
de portée nationale pour suivre un groupe de
300 000 Canadiens sur une période de 20 à 30 ans
afin d’obtenir un portrait plus complet de leur santé
et de leurs habitudes, y compris de ce qu’ils mangent
et de leur condition physique, de même que des
variables environnementales. Il pourrait se révéler
très avantageux pour le Canada d’élargir l’étude
nationale de cohortes sur le cancer pour y inclure des
données sur les risques de maladies CV et d’autres
maladies chroniques.
Le Canada n’a pas de systèmes de
mesure du rendement pour les soins
cardiovasculaires
L’information est essentielle à l’amélioration de la
qualité des soins CV. Il faut des indicateurs de qualité
mesurables pour fournir les données légitimes dont les
hôpitaux et les autres établissements de soins de santé
ont besoin pour orienter les soins. Même si certaines
mesures du rendement ont été établies pour les AVC
au Canada, les responsables du système de soins
cardiovasculaires doivent encore se mettre d’accord sur
un certain nombre d’indicateurs de qualité clinique
communs ainsi que sur la façon de les mesurer ou
de signaler les résultats aux prestataires de soins, aux
bailleurs de fonds et au public.
La mesure de la qualité est essentielle
à l’amélioration des soins et à la
pérennité du système de soins de
santé (Rachlis, 2004).
L’Équipe canadienne d’analyse de résultats en
matière de maladies cardiovasculaires (CCORT),
une équipe de recherche pancanadienne de plus de
30 chercheurs spécialisés dans la santé cardiovasculaire
issus de cinq provinces (Nouvelle-Écosse, Québec,
Ontario, Alberta et Colombie-Britannique), s’efforce
de mesurer et d’améliorer la qualité des soins
cardiaques offerts au Canada. En partenariat avec la
Société canadienne de cardiologie, la CCORT a mis
au point les premiers indicateurs de qualité canadiens
pour l’infarctus aigu du myocarde et l’insuffisance
cardiaque congestive et recommandé que des normes
nationales correspondant à des soins de santé de
qualité exemplaire soient élaborées pour tous les
hôpitaux canadiens et tous les prestataires de soins
cardiovasculaires (Tran et coll., 2003; Lee et coll.,
2003). Les chercheurs de la CCORT ont également
dirigé l’élaboration d’indicateurs de qualité canadiens
pour les pontages et l’angioplastie à l’aide des grandes
bases de données nationales sur la population
de Statistique Canada et de l’Institut canadien
d’information sur la santé et du regroupement
des grands registres cliniques provinciaux axés
sur la population avec d’autres bases de données
administratives (Lee et coll., 2003; King et coll.,
2004; Bhatia et coll., 2006). Ces importants travaux
pourraient servir de base à l’élaboration d’un ensemble
complet d’indicateurs de qualité et de systèmes
de surveillance.
La campagne Soins de santé plus sécuritaires
maintenant utilise les indicateurs de la CCORT
dans le cadre de son projet d’amélioration des
soins consécutifs à l’infarctus aigu du myocarde. Le
programme comprend une trousse de démarrage et
des fiches de mesure pour différents aspects des soins.
Dans l’étude intitulée Enhanced Feedback for
Effective Cardiac Treatment (EFFECT) – le premier
essai aléatoire visant à déterminer si les fiches de
rendement cardiovasculaire destinées au public
ontarien améliorent la qualité des soins de santé
prodigués aux patients des hôpitaux de la province
– l’Institut de recherche en services de santé a fait
de nouvelles percées en publiant le rendement des
hôpitaux de l’Ontario selon des indicateurs comme
le délai qui sépare « l’arrivée de l’injection » lors d’un
traitement thrombolytique. La recherche montre que
plus de 400 vies pourraient être sauvées chaque année
en Ontario (1 200 à l’échelle nationale) si les hôpitaux
appliquaient des traitements médicaux fondés sur les
données probantes de la recherche à tous les patients
admissibles (Tu et coll., 2004; Tu et coll., 2005).
Les responsables de la Stratégie
canadienne de l’AVC ont élaboré
des mesures de rendement et
publié un manuel de mesures du
rendement pour accompagner les
recommandations canadiennes de
pratique optimale pour le traitement
de l’AVC et ils s’efforcent d’établir
des points de repère précis. Le
Réseau canadien contre les accidents
cérébrovasculaires s’est également
associé avec Agrément Canada pour
élaborer un processus d’agrément du
programme de traitement de l’AVC, le
premier processus d’agrément propre
à une maladie au Canada.
Les efforts déployés par les chercheurs pour
établir des jalons, mesurer la qualité et faire
connaître les résultats devraient être soutenus et
étendus pour renforcer l’autotraitement et pour
ajouter des points de repère en amont pour la
prévention des maladies CV, et des points de repère
en aval, pour l’amélioration des soins cliniques.
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement
/ 83
Les défis que posent les dossiers de
santé électroniques et les dossiers
médicaux électroniques
Les dossiers de santé électronique (DSE) sont
essentiels à la prestation de soins intégrés axés sur le
patient. Ils permettent de stocker toute l’information
électronique sur les soins prodigués aux clients
– y compris les dossiers cliniques, les résultats de
laboratoire, les tests diagnostiques, les médicaments
prescrits, les services hospitaliers, les vaccins et
les maladies contagieuses – dans un endroit sûr
et facile d’accès où ils peuvent être utilisés par les
professionnels des soins sans atteinte à la vie privée
des patients. Les dossiers de santé électroniques
aident les dispensateurs de soins à se communiquer
les soins prodigués aux patients, à accéder rapidement
à l’information, à réduire les erreurs médicales et à
améliorer la qualité et la productivité. En consultant
les DSE, les prestataires de soins peuvent avoir accès à
tous les résultats de test et à la liste des médicaments
prescrits par d’autres prestataires de soins et ils
peuvent éviter ainsi des dédoublements fâcheux pour
la santé du patient – notamment l’administration
de médicaments ou de tests incompatibles. Les
prestataires de soins seront également en mesure, en
pressant un simple bouton, d’accéder aux directives
fondées sur les données probantes de la recherche qui
les aideront à prendre des décisions éclairées.
Les provinces et territoires, en partenariat avec
Inforoute Santé du Canada, sont sur le point de
mettre sur pied un système de DSE. Environ 50 %
des Canadiens auront un DSE d’ici 2010; 100 %
d’ici 2016. Depuis 2008, 85 % des pharmaciens de
l’Alberta se serviront des DSE de la province. Si on
en croit Inforoute Santé du Canada, d’ici 2012, toutes
les provinces, à l’exception de l’Ontario, disposeront
de DES; l’Ontario en aura à partir de 2015 pour tous
ses citoyens. Lorsque les DSE seront pleinement mis
en œuvre, ils seront la pierre angulaire d’un système
d’information complet sur les maladies CV et autres
maladies chroniques en fournissant une information
en temps réel qui pourra être utilisée pour planifier
et évaluer les traitements. La SCSC-PA appuie
pleinement les efforts déployés pour adopter cette
technologie.
Même si le Canada se maintient en tête de
presque tous les pays (à l’exception du Royaume-Uni)
dans le domaine de la mise en application des DSE,
il reste des défis à relever pour que la technologie
fonctionne pour les prestataires de soins et les patients.
Par exemple, une proportion relativement modeste
de médecins prodiguant des soins primaires – moins
d’un sur quatre dans la plupart des provinces – se
servent des dossiers médicaux électroniques (DME)
pour enregistrer l’information relative au traitement
des patients. De plus, le Canada est en retard sur
84 / Pour un Canada au cœur qui bat
l’Australie, la Nouvelle-Zélande et de nombreux
pays d’Europe, dans l’élaboration du système
de DME. La plupart de nos praticiens de soins
primaires continuent à utiliser des dossiers papier,
une information qui ne peut s’intégrer facilement à
un DME. Pour tirer le maximum de profit des DSE,
tous les prestataires s’occupant d’une même personne
doivent être en mesure d’accéder aux dossiers en
ligne et d’y ajouter de nouvelles données; toutefois,
il faudra vraisemblablement jusqu’à dix ans avant
que 80 % des cabinets de médecins disposent d’un
tel système. Pour accélérer le processus, certaines
provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Alberta
et la Saskatchewan, ont l’intention de faciliter
l’élaboration de DME pour tous leurs médecins au
cours des cinq prochaines années. La SCSC-PA
appuie vigoureusement ces initiatives. Entre-temps,
les provinces et territoires sont en train de mettre au
point des visionneuses électroniques de DSE pour que
les praticiens qui ne disposent pas du système puissent
quand même avoir accès à l’information – telle que
des résultats de tests de laboratoire – qui se trouve
dans le DSE du patient.
Le troisième défi tient aux préoccupations que
soulève la question de la sûreté et de la confidentialité
de l’information sur la santé stockée dans un DME
et dans un DSE et aux mécanismes permettant de
préserver la confidentialité lors de la mise en commun
des données. L’Inforoute Santé du Canada collabore
actuellement avec toutes les entités administratives
pour garantir que les systèmes pourront « se parler »,
partager des ensembles de données rendues anonymes
et disposer d’un mécanisme permettant de protéger la
vie privée et la confidentialité des dossiers de
santé individuels.
Le Canada a besoin de systèmes
d’information pour la prévention et la
gestion de la maladie chronique
Le modèle de gestion et de prévention de la
maladie chronique dépend de systèmes et d’outils
d’information qui aident les prestataires de services
à gérer les soins aux patients en enregistrant et
en surveillant les principales mesures de la santé
cardiaque (p. ex., la pression sanguine, le niveau de
cholestérol, le poids et l’obésité abdominale), ainsi que
les outils de rappel, d’alerte et de prise de décision en
temps réel. Les membres de l’équipe de soins primaires
utilisent le système pour fixer la date des tests de
dépistage et pour la surveillance et le suivi périodiques.
Le système d’information contribue à garantir que
les patients qui ont plus d’un problème chronique,
tel qu’une maladie du cœur et le diabète, reçoivent
des soins coordonnés et fondés sur les données de la
recherche qui répondent à leurs besoins.
Ces systèmes, qui doivent rester connectés aux
DSE, ne sont pas encore disponibles à grande échelle.
À l’automne 2008, la Calgary Health Region et
Capital Health en Alberta étaient les seules régions
du Canada à avoir mis en application un système de
gestion de la maladie chronique axé sur le patient
pleinement intégré, qui englobe ses DME et le DSE
du patient.
•
Le Canada a besoin de systèmes et
d’outils d’information pour ses patients
Les Canadiens qui souffrent d’une maladie
cardiovasculaire peuvent prendre un grand nombre de
mesures pour gérer leur propre santé, mais pour rester
sur la bonne voie, ils ont besoin d’information sur le
traitement optimal et de contacts réguliers avec leurs
prestataires de soins. Tous les Canadiens devraient
être en mesure d’accéder à leur DES et devraient
savoir comment utiliser et interpréter l’information.
Ils devraient également être en mesure, pour améliorer
leur état de santé, d’accéder à d’autres renseignements
ainsi qu’à des outils et des systèmes d’autogestion
comme des modes de liaison avec les groupes
de soutien.
Il est concevable que les patients
aient bientôt accès à leurs DSE
en ligne – de la même façon qu’ils
peuvent maintenant accéder à leur
compte en banque.
Même si le développement des systèmes
d’information destinés aux patients en est à ses
premiers balbutiements, il existe cependant quelques
programmes d’avant-garde prometteurs au Canada qui
permettent aux patients d’examiner ou de contrôler
leur dossier de santé, d’y enregistrer de l’information,
d’envoyer celle-ci à leurs prestataires de soins et
d’utiliser les systèmes et les outils de gestion de la
maladie chronique pour leur propre traitement.
En voici quelques exemples :
•
Le Grand River Hospital de Waterloo (Ontario)
a élaboré un portail du patient appelé My
CARE Source. Les patients atteints de cancer
peuvent l’utiliser pour accéder à leur plan de
traitement, gérer leurs rendez-vous, surveiller
les effets secondaires et les symptômes, poser
des questions à leurs prestataires de soins et
•
•
•
renouveler leurs ordonnances. À moyen terme, les
patients pourront utiliser le portail pour consulter
les résultats de leurs tests de laboratoire et leur
diagnostic. L’hôpital s’attend à ce que le portail
améliore la santé des patients et réduise
le nombre de réadmissions à l’hôpital dues aux
effets secondaires néfastes des médicaments ou
autres complications.
Au Sunnybrook Health Sciences Centre
de Toronto, les patients peuvent utiliser le
MyChart Personal Health Record, une fiche
de santé individuelle, pour voir et conserver les
données relatives à leur traitement, modifier les
antécédents de santé familiaux (p. ex. historique
des allergies et de la médication), consulter
les notes des visites en clinique, demander le
renouvellement d’une ordonnance, envoyer des
messages aux prestataires de soins et accéder à des
vidéos et autres sources d’information. Grâce à ce
système, les patients ont eu accès à une meilleure
information, le nombre d’appels téléphoniques et
de consultations a diminué et les opérations
se sont déroulées de façon plus efficace.
Dans le cadre du programme New Brunswick
Care@Home, les patients qui se rétablissent après
une chirurgie cardiaque utilisent une technologie
de surveillance domiciliaire pour transmettre les
renseignements sur leur santé aux cliniciens.
Le Réseau canadien contre les accidents
cérébrovasculaires, qui fait partie de la Stratégie
canadienne de l’AVC, a élaboré StrokEngine,
une ressource en ligne pour les survivants d’AVC
recevant des soins en phase postactive.
Plusieurs provinces font un usage efficace de
la télémédecine pour offrir une formation et
aider les patients, les prestataires de soins et les
soignants naturels à gérer les AVC et les maladies
du cœur ainsi que les soins et les programmes de
réadaptation offerts aux patients qui ont eu un
AVC ou une crise cardiaque.
L’évolution vers des systèmes d’information
destinés aux patients aura des répercussions
considérables. Les Canadiens seront en mesure
d’avoir accès, par Internet, aux renseignements qui
leur permettront de se servir de la technologie pour
trouver, comprendre et appliquer l’information
qui porte sur leur état de santé – on renvoie ici à
la littératie en santé. Au chapitre de la santé, les
systèmes d’information destinés aux patients peuvent
augmenter les injustices pour les Canadiens les plus
exposés aux risques qui ne peuvent tirer avantage
de la technologie. Toutefois, ces systèmes peuvent
également réduire ces inégalités pour les Canadiens
qui vivent dans des régions rurales et éloignées en
leur donnant un accès plus facile à l’information et
en réduisant le temps et les coûts de déplacement.
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement
/ 85
Lacunes de la recherche
Les Instituts de recherche en santé du Canada et
la Fondation des maladies du cœur investissent
annuellement environ 150 millions de dollars dans
la recherche sur la maladie CV au Canada. Les
organisations provinciales de recherche sur la santé,
les organisations philanthropiques et l’industrie
du matériel pharmaceutique et médical financent
également une partie de la recherche sur la maladie
CV. Pour obtenir le maximum de retombées de cet
investissement, le Canada doit disposer d’un plan de
recherche sur la maladie CV qui :
•
•
•
•
renforcera notre compréhension des causes de
maladie des petits et des gros vaisseaux sanguins
et déterminera de nouvelles cibles de prévention
et de traitement;
améliorera la connaissance du rôle dynamique
que jouent la génétique et la protéomique
en évaluant les risques individuels et en
concevant des stratégies de prévention et de
traitement personnalisées;
favorisera les domaines de recherche émergents,
tels que l’analyse des causes du décès et de
l’utilisation des services de soins de santé avant
le décès, le rôle des services de planification et
de soins de fin de vie, l’incidence négative de
la maladie mentale perçue comme un état de
comorbidité et un facteur de risque indépendant,
la santé des Autochtones et l’intersection du
revenu et de la santé;
contribuera à la mise au point de modèles
de prise de décision et de modèles économiques
que les bailleurs de fonds et les décideurs
pourront utiliser pour évaluer les avantages
de certaines interventions.
Les recherches visant à trouver des modes efficaces
de prévention de la maladie CV, de détection de
la maladie et d’intervention précoce et à améliorer
l’organisation et la prestation des soins sont relativement
clairsemées. Le Canada doit soutenir davantage la
recherche portant sur la santé de la population et les
interventions afin de pouvoir évaluer l’incidence sur
la santé, des politiques et des programmes, y compris
des mesures incitatives, et étudier les facteurs sociaux,
culturels et environnementaux qui ont une incidence
sur la santé CV.
86 / Pour un Canada au cœur qui bat
Pour ce qui est de la recherche dans le domaine
de la prévention, il faut mettre l’accent :
•
•
•
•
•
•
sur des approches axées sur l’ensemble du cycle
de vie, notamment sur l’exploration des périodes
critiques de la vie qui augmentent les risques de
maladie cardiovasculaire et sur l’accumulation de
ces risques tout au long de la vie;
sur la détermination des populations à risque et la
détection de la présence de la maladie en bas âge
en vue d’être en mesure d’intervenir efficacement;
sur l’influence qu’a l’évolution du statut
socioéconomique au cours de la vie sur les
résultats en matière de santé CV;
sur l’efficacité des interventions de prévention
(politiques et programmes) dans différentes
populations et différentes localités;
sur les répercussions, sur la santé, de la législation
adoptée par d’autres ministères;
sur l’économique de la prévention et de
l’intervention précoce.
Le Canada est en retard sur d’autres pays
au chapitre des avantages qu’il peut tirer
de la recherche
Le Canada se situe actuellement derrière d’autres pays
pour sa capacité de tirer profit de la recherche. Selon le
Conference Board du Canada, le Canada dépend des
autres pays pour une grande majorité de ses pratiques
de médecine novatrices, de son matériel médical et
des autres technologies de la santé dont il a besoin.
Selon le Tableau de bord européen de l’innovation
2007, le Canada a à peine réussi à faire partie du
deuxième peloton des champions de l’innovation, les
‘Innovation Followers’, et il risque de rejoindre bientôt
des pays comme Chypre, la Slovénie et l’Espagne au
sein du groupe des « Innovateurs modérés »… Des
efforts substantiels s’imposent sur-le-champ pour
En matière d’innovation, le Canada a
beaucoup de potentiel. Les sciences
de la santé ainsi que les sciences de
la vie et les technologies connexes
devraient être des zones de force
et d’avantage concurrentiel pour
le Canada (Conference Board du
Canada, 2008).
revitaliser le système canadien d’innovation en santé et
pour raviver la capacité du Canada de commercialiser
ces innovations. (Conference Board du Canada,
2008). Des initiatives telles que le programme des
Réseaux de centres d’excellence d’Industrie Canada
ont partiellement réussi à traduire les découvertes
canadiennes en produits commerciaux, mais le Canada
doit faire davantage pour appliquer le savoir émergent
à l’élaboration de nouveaux traitements et technologies
qui renforceront la santé et contribueront à l’économie.
Pour s’aménager, à l’échelle nationale, un avantage
concurrentiel durable et fondé sur la science et la
technologie, le gouvernement du Canada s’est engagé :
•
•
•
à traduire ses connaissances en
applications commerciales pour améliorer sa
prospérité, son bien-être et son mieux-être
(avantage entreprenarial);
à construire sur ses forces en matière de recherche
et de génie, à générer de nouvelles idées et
innovations et à atteindre l’excellence, selon des
normes de calibre mondial (avantage du savoir);
à élargir son bassin de spécialistes du savoir
en développant, en attirant et en conservant
l’effectif hautement qualifié dont il a besoin pour
entrer en concurrence sur les marchés mondiaux
contemporains (avantage humain) (Industrie
Canada, 2007).
Cette position stratégique milite en faveur
d’un plus grand investissement dans le domaine
de la recherche en santé CV et de l’élargissement
du bassin de chercheurs, de même que dans la
capacité d’appliquer les nouvelles connaissances
et de commercialiser les nouveaux traitements et
les nouvelles technologies.
Le Canada possède déjà des atouts
formidables – y compris l’élan et
l’ingéniosité de notre population,
la force relative de notre situation
fiscale et nos solides assises en
matière de recherche. Mais, il peut
et doit en faire davantage pour
transformer nos idées en innovations
qui apportent des solutions aux
enjeux de l’environnement, de la santé
et d’autres problèmes importants, et
pour améliorer notre compétitivié
économique (Industrie Canada, 2007).
Recommandations
Une information précise et accessible en temps
opportun, doublée d’une stratégie de diffusion,
est absolument essentielle à la santé publique. Le
Canada a besoin d’information pour les patients,
les prestataires de soins, les gestionnaires et le
gouvernement; il doit également disposer des
renseignements qui permettent d’encadrer la
prévention, d’améliorer les soins et de soutenir la
recherche. Pour fermer la boucle de l’information CV
et construire l’infrastructure requise pour renforcer la
prévention et les soins, le Canada devrait faire appel
aux stratégies qui suivent.
5.1 Rassembler des données canadiennes sur la
prévalence et l’incidence des facteurs de risque
CV, de la maladie et des inégalités en matière
de santé au Canada :
•
•
•
•
•
•
•
en fournissant des ressources à l’Agence
de la santé publique du Canada afin d’étendre
la surveillance des maladies CV au Canada
pour y inclure des conditions telles que
l’insuffisance cardiaque, la crise cardiaque,
l’accident vasculaire cérébral, l’hypertension
et la cardiopathie congénitale;
en offrant des ressources à Santé Canada et
à Statistique Canada pour que ces ministères
administrent conjointement la collecte de mesures
complètes et normalisées sur la consommation
d’aliments et de matières nutritives;
en facilitant l’établissement d’une relation
entre les certificats de décès et les données sur
l’utilisation des services de santé;
en fournissant des ressources afin de créer un
registre canadien des arrêts cardiaques survenus
avant l’hospitalisation;
en élargissant la portée de l’Enquête canadienne
biennale sur les mesures de la santé de Statistique
Canada grâce au suréchantillonnage de certaines
populations cibles, notamment de certains
groupes ethniques (p. ex. les Asiatiques du Sud),
des Autochtones vivant dans les réserves et dans
le Grand Nord ainsi que des personnes âgées;
en collaborant avec le Partenariat canadien contre
le cancer pour élaborer et soutenir une étude
canadienne de cohortes de la maladie chronique
qui tient compte des risques de maladie CV;
en facilitant l’élaboration de normes
pancanadiennes régissant les données des registres
régionaux des patients atteints de maladie CV,
afin d’améliorer la qualité de ces données et de
faciliter les interrelations et les regroupements.
Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement
/ 87
5.2 Soutenir les efforts déployés par l’Inforoute
Santé du Canada pour accélérer l’élaboration
et la mise en œuvre, à l’échelle nationale, du
dossier de santé électronique (DSE), du dossier
médical électronique (DME), des systèmes
d’information pour la gestion et la prévention
de la maladie chronique ainsi que des systèmes
de résolution des problèmes d’accès des
consommateurs à l’information sur la santé;
•
•
•
•
en examinant ce qui peut entraver ou faciliter
l’utilisation du DME dans le cadre de la
prestation des soins primaires au Canada et
en élaborant un plan d’action pour accélérer
son adoption;
en dotant les systèmes d’information sur la santé
de moyens efficaces de soutien aux programmes
de prévention et de gestion de la maladie
chronique susceptibles d’améliorer le DSE et
de faire le pont jusqu’à ce que le DME soit plus
largement accessible;
en élaborant, au profit des patients, des systèmes
d’accès efficaces à leurs données cliniques;
en élaborant, tout en respectant la vie privée des
citoyens et la confidentialité, des mécanismes
facilitant l’usage des renseignements cliniques que
contiennent le DSE et le DME pour contribuer
à la surveillance, à la gestion du système, à la
recherche stratégique et à l’évaluation continue de
l’efficacité du système canadien de soins de santé
et des stratégies de prévention de la maladie.
5.3 Améliorer les connaissances destinées à
documenter la prévention des maladies CV
et les soins cardiovasculaires :
•
•
•
•
•
•
88 / Pour un Canada au cœur qui bat
en instituant un sommet pancanadien de
recherche en santé CV, avec la participation des
Instituts de recherche en santé du Canada, de
l’Agence de la santé publique du Canada, de
la Fondation des maladies du cœur du Canada
et des membres de l’Alliance nationale des
organismes provinciaux de recherche en santé,
en vue d’élaborer un programme stratégique et
coordonné de recherche sur la maladie CV visant
à tenir compte des besoins futurs du Canada;
en mettant sur pied un réseau de centres
d’excellence dans le domaine de la santé vasculaire
afin d’améliorer notre compréhension élémentaire
des maladies qui affectent les petits et les gros
vaisseaux sanguins, en répertoriant des (bio)marqueurs prometteurs et de nouvelles cibles de
prévention et de thérapie et en poursuivant le
transfert des connaissances (essais cliniques) et
leur commercialisation;
en appuyant les efforts déployés par les
Instituts de recherche en santé du Canada pour
financer des recherches supplémentaires dans le
domaine du diagnostic fondé sur la génétique
et la protéomique, des marqueurs servant au
pronostic et des outils de prévention et de
soins personnalisés;
en soutenant davantage la recherche sur la santé
de la population et sur l’intervention en milieu
communautaire en vue d’évaluer l’incidence des
politiques et des programmes sur la santé;
en évaluant les répercussions de politiques
économiques comme les mesures fiscales
incitatives sur l’augmentation de l’activité
physique (p. ex. le crédit d’impôt pour la
condition physique des enfants) et en militant
pour le renforcement des mesures incitatives dont
on a constaté l’efficacité et qui n’aggravent pas les
inégalités et les injustices en matière de santé;
en appuyant les initiatives et les projets de
transfert du savoir en vue de contribuer aux
programmes de prévention et d’inciter les
responsables de ces programmes et les milieux
cliniques à transposer rapidement les résultats
de recherche en applications pratiques
et commercialisables.
Créer un bassin de
prestataires de services ayant la formation
et les compétences voulues
6/
Afin de réduire le fardeau des maladies CV et de prodiguer des soins aux
malades chroniques et actifs intégrés et axés sur le patient, le Canada
devra créer un bassin de prestataires de services formés et compétents.
Le Canada manque d’information sur le
personnel affecté aux soins CV
Les pénuries menacent la prévention
et les soins
Actuellement, nous n’avons pas une idée claire des
besoins futurs en matière de soins cardiovasculaires
ni des capacités actuelles de la main-d’œuvre affectée
à ces soins, de sorte qu’il est difficile de déterminer
de façon précise le nombre de praticiens de soins
primaires, de diététistes, de médecins spécialistes, de
technologues de l’imagerie diagnostique et d’autres
prestataires de soins dont nous aurons besoin.
Le Canada a besoin d’une information plus
précise sur l’effectif affecté aux soins CV, y compris
sur le nombre de personnes qui travaillent dans le
système, sur les fluctuations de la main-d’œuvre et
sur l’évaluation de toute la gamme des pratiques
des membres des équipes interprofessionnelles. Il
faudra déployer de plus grands efforts pour prédire de
façon exacte le nombre et la proportion des habiletés
requises aujourd’hui et dans l’avenir pour satisfaire aux
besoins de la population en services de prévention et
de soins CV.
Les services de soins cardiaques et de prévention CV
affrontent la même pénurie en ressources humaines
que le reste du système de santé : pénurie de médecins
de famille, de praticiens de la santé publique et
d’autres prestataires de soins; vieillissement des
infirmiers et des spécialistes des soins actifs; effectif
réduit de professionnels de la santé autochtones; sousutilisation de certaines catégories de dispensateurs
de soins comme les infirmiers praticiens affectés aux
soins primaires qui pourraient jouer un rôle clé dans la
prestation des soins cardiaques.
Même si nous ne connaissons pas exactement le
nombre de professionnels de la santé et de travailleurs
d’autres disciplines dont on aura besoin au cours des
deux prochaines décennies dans le domaine de la
prévention des maladies CV et des soins cardiaques,
nous savons que plus de quatre millions de Canadiens
n’ont pas accès à un médecin de premier recours
(Statistique Canada, 2008). Pour offrir des services de
prévention des maladies CV et de soins cardiaques de
haute qualité, le système a un besoin urgent :
•
•
d’épidémiologistes et d’informaticiens qui peuvent
gérer les programmes de surveillance;
de spécialistes en sciences sociales axés sur la
sensibilisation du public aux déterminants sociaux
de la santé;
Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues
/ 89
•
•
•
•
•
•
de professionnels de la santé publique, de
planificateurs communautaires et de spécialistes
des politiques qui peuvent, à l’échelle mondiale,
prendre l’initiative des tentatives de prévention de
la maladie et de réduction des facteurs sociaux et
environnementaux qui affectent la santé du cœur;
de praticiens de soins primaires, notamment
de médecins, d’infirmiers, de pharmaciens, de
physiothérapeutes, de diététistes et d’experts du
conditionnement physique;
de cardiologues et de neurologues spécialisés dans
les AVC;
de prestataires de soins de santé autochtones;
de spécialistes suffisamment souples pour
s’adapter aux nouveaux besoins et aux
nouvelles technologies;
d’évaluateurs de programme et de spécialistes
des politiques qui peuvent évaluer l’efficacité
des services.
La population autochtone du Canada
représente 3,6 % de la population
canadienne (recensement de 2006);
toutefois, moins de 1 % des médecins
canadiens sont d’origine autochtone.
Il faut faire davantage pour recruter
des Autochtones désireux de faire
carrière dans le domaine de la
santé et pour garantir que tous les
prestataires de soins de santé qui
offrent des services aux peuples
autochtones ont la connaissance
et les habiletés requises pour
leur prodiguer des soins
culturellement adaptés.
Au cours des huit dernières années, les divers
territoires administratifs du Canada ont pris des
mesures pour augmenter le nombre de postes de
stagiaires dans les professions qui affichent une
pénurie de ressources. Le nombre de médecins –
particulièrement de médecins de famille – qui
exercent leur profession au Canada a augmenté,
tout comme le nombre d’infirmiers praticiens
(de 80 % entre 2003 et 2006) et d’infirmiers
90 / Pour un Canada au cœur qui bat
(de 10 %, soit plus de 27 000 nouveaux infirmiers)
(Institut canadien d’information sur la santé, 2007).
Le nombre total de postes de stagiaires en cardiologie
d’un océan à l’autre a également augmenté au cours
des cinq dernières années, même si certaines entités
administratives ont réduit ou plafonné le nombre de
ces postes.
La pénurie de main-d’œuvre actuelle est
exacerbée par les normes de plus en plus sévères
régissant l’accès à la profession et par l’allongement
de la durée des programmes de formation. En
raison même de la prolongation de la période de
formation, les pleines répercussions des campagnes
de recrutement ne seront pas perçues dans le système
de soins de santé avant un certain nombre d’années.
Toutefois, malgré l’augmentation du nombre des
personnes embauchées, le Canada aura besoin de
programmes complets de recrutement et de maintien
en poste pour inciter les gens à faire carrière dans des
secteurs qui contribuent à la prévention des maladies
CV et aux soins cardiaques.
Certaines provinces tentent d’atténuer l’incidence
de la pénurie de main-d’œuvre et de la demande
croissante en élaborant de nouveaux rôles au sein du
système de soins de santé et en faisant un usage plus
efficace d’autres catégories de prestataires, notamment
d’infirmiers et d’auxiliaires médicaux.
En Alberta, les pharmaciens ont
maintenant le pouvoir de prescrire
des médicaments dans certaines
circonstances et le système
utilise des infirmiers praticiens,
des diplômés en médecine et des
auxiliaires médicaux étrangers
pour être en mesure d’offrir plus de
soins. Un projet-pilote fondé sur un
échantillonnage aléatoire mené à
Edmonton a montré que le recours aux
pharmaciens et aux infirmiers locaux
pour surveiller la pression artérielle
des gens qui souffrent de diabète
a amélioré considérablement la
gestion de l’hypertension (Tsuyuki
et coll., 2002).
Le Canada fait un usage plus
parcimonieux des équipes
interprofessionnelles que d’autres pays
Les équipes interprofessionnelles représentent un
moyen efficace d’intégrer les services, de compenser
les pénuries de personnel, notamment le manque
de médecins de famille, et d’améliorer les soins
(Institute of Medicine, 2001) – particulièrement les
soins primaires et les services de prévention ou de
réadaptation. Toutefois, une récente enquête menée
auprès de sept pays membres de l’Organisation de
coopération et de développement économiques
(OCDE) montre que le Canada recourt beaucoup
moins que d’autres pays développés – notamment le
Royaume-Uni, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande,
l’Australie, les Pays-Bas et l’Allemagne – à des équipes
et à des auxiliaires médicaux pour la prestation de ses
soins primaires (Schoen et coll., 2006).
Même si certaines facultés des sciences de la santé
sont en train de négocier le virage de la formation
interprofessionnelle, la plupart des prestataires de
soins de santé sont toujours formés dans des silos
professionnels spécialisés fortement axés sur le
traitement au détriment de la promotion de la santé
et de la prévention de la maladie.
Selon l’expérience acquise aux États-Unis et
au Royaume-Uni, l’intégration des infirmiers, des
pharmaciens et d’autres dispensateurs de soins
de santé aux équipes de soins primaires (en leur
permettant d’exploiter tout l’éventail de leurs capacités
et en leur offrant une formation et une rémunération
appropriées) peut transformer les soins primaires et
élargir la gamme des services accessibles aux patients
(Campbell et coll., 1998). Les équipes représentent
également un bon moyen de redistribuer la charge de
travail et de garantir que toutes les compétences sont
accessibles là où elles sont le plus utiles (Conseil de la
santé du Canada, 2005). En permettant aux praticiens
d’exploiter l’éventail complet de leurs capacités, on
peut améliorer la satisfaction au travail, le recrutement
et le maintien en poste (Fondation canadienne de
la recherche sur les services de santé, 2006, Santé
Canada, 2006).
Par exemple, les responsables de l’initiative Tui’kn,
un système de coopération multicommunautaire
et pangouvernemental, ont élaboré un nouveau
modèle de soins primaires pour cinq collectivités
des Premières nations de l’île du Cap-Breton en
Nouvelle-Écosse qui sont aux prises avec des taux
élevés de diabète.
On a attribué le succès de l’Initiative
Tui’kn aux facteurs suivants :
• les mesures prises pour inciter
les parties intéressées à ne pas
participer avant de se sentir
prêtes et de reconnaître la
nécessité du changement;
• la prise en compte des causes
fondamentales de l’accès limité
aux services;
• la prise en compte du contexte
culturel et de la pertinence des
interventions en matière de santé.
(Hampton, 2006).
En travaillant en étroite collaboration avec l’école
de médecine de l’Université Dalhousie, les autorités
locales et provinciales dans le domaine de la santé
et les directeurs de la santé des cinq communautés
des Premières nations en cause, les responsables
du projet ont réussi à remplacer les dispensateurs
de soins médicaux sporadiques par des équipes de
soins primaires mobiles comprenant des infirmiers
praticiens encadrés par des médecins. Six médecins
de famille à plein temps faisant partie d’équipes
multidisciplinaires et rémunérés selon un barème
de services post-formation fournissent un nombre
préétabli d’heures de soins cliniques, de visites à
domicile, de soins aux patients hospitalisés, d’appui au
développement du programme et, occasionnellement,
de temps supplémentaires. L’initiative e projet offre
aussi, aux petites localités éloignées, des services
mobiles de prélèvement de sang qui contribuent à la
surveillance requise pour le traitement du diabète et,
par suite de cette initiative, le respect des horaires de
surveillance a grimpé en flèche. La Population Health
Research Unit de l’Université Dalhousie a contribué
à la formation des équipes de santé locales chargées
de gérer l’information sur la santé. Un système de
dossiers électroniques a été adopté pour chaque
patient. Ce système relie les collectivités aux systèmes
d’information des hôpitaux de district et permet
une planification plus intégrée de la santé à l’échelle
régionale et locale, de même qu’un meilleur accès aux
outils de soutien à la prise de décision.
Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues
/ 91
Les approches de formation
traditionnelles ne permettront pas
de répondre aux besoins en matière
de santé
Les prestataires de soins de santé doivent avoir les
compétences requises pour travailler en équipe et
pour collaborer, avec les patients et les collectivités, à
l’amélioration de la santé et à l’acquisition de nouvelles
compétences. Le temps est venu, pour les facultés des
sciences de la santé, de mieux répondre aux besoins
actuels du système de santé. Ces facultés doivent
s’engager à former des diplômés qui peuvent travailler
en équipe et résoudre les problèmes découlant de la
prolongation des périodes de formation de base.
Si nous voulons que les diplômés travaillent
efficacement au sein d’équipes interprofessionnelles,
ils doivent être formés ensemble ou du moins avoir des
occasions de formation au sein d’un réseau d’équipes
interprofessionnelles. Les structures traditionnelles
des services devraient être remplacées par des modèles
qui reflètent des modèles de prestation de soins en
évolution. Les organismes d’agrément devraient
retenir les spécialités qui correspondent le plus au
modèle de gestion et de prévention de la maladie
chronique et au modèle de soins partagés.
Les membres de l’effectif qui œuvre dans le
domaine de la santé CV sont vivement encouragés
à acquérir de nouvelles habiletés pour rester
à la hauteur et pour prendre soin du nombre
croissant de Canadiens qui souffrent de deux ou
plusieurs maladies chroniques, dans un contexte
où les programmes d’éducation permanente ou les
possibilités d’avancement professionnel sont rares.
Le système éducatif doit répondre à des besoins de
formation continus pour aider les dispensateurs de
soins de santé à s’adapter aux nouvelles connaissances
et technologies. L’offre conjointe de programmes de
formation initiale plus courts et de programmes de
perfectionnement périodiques tout au long du cycle
de vie et du cheminement professionnel peut rehausser
l’efficacité de la formation de l’effectif œuvrant dans le
domaine de la santé et mieux répondre aux besoins des
Canadiens en matière de santé.
92 / Pour un Canada au cœur qui bat
En se fondant sur les examens du
Conseil médical du Canada, le Canada
a déjà démontré que la durée moyenne
de la formation des médecins pourrait
être raccourcie sans répercussions
négatives mesurables sur le
rendement des médecins.
Il faut adopter des mesures incitatives
pour encourager la pratique d’équipe
Les mesures incitatives façonnent la pratique. Les
modes de financement de certains services de soins de
santé (tels que la rémunération à l’acte) n’assurent ni
la promotion des équipes interprofessionnelles ni la
gestion et la prévention des maladies chroniques. Au
contraire, ils continuent à récompenser les pratiques
individuelles plutôt que le travail d’équipe et les
interventions d’urgence plutôt que la promotion de
la santé, la surveillance, la formation et les services
de réadaptation.
Les responsables du Fonds pour
l’adaptation des soins de santé
primaires du gouvernement fédéral et
de certaines initiatives provinciales
de soins primaires en équipe ont
offert des primes d’encouragement
aux médecins pour les inciter à
participer au travail d’équipe, mais il
se peut que la période d’application
du fonds triennal d’adaptation fédéral
n’ait pas suffi à l’atteinte de ces buts.
Le financement à l’acte traditionnel des services
médicaux tient compte du volume des soins fournis,
mais non de leur qualité, de leur caractère holistique
ou cloisonné ni de la rapidité de leur prestation. Il ne
dédommage pas les prestataires de services pour le
temps qu’ils consacrent à contribuer aux entreprises de
l’équipe interprofessionnelle, à sensibiliser les patients
et leur famille et à inciter les patients à participer
à leur propre traitement à titre de partenaire.
Par conséquent, les professionnels de la santé ne
sont guère encouragés à travailler en équipe ou à
accorder de l’attention à la prévention, à la détection
précoce des facteurs de risque et aux traitements qui
préviennent ou retardent les crises et rehaussent la
qualité de vie. Il faut adopter des modèles novateurs si
on veut motiver tous les membres des équipes de soins
de santé primaires.
La rémunération fondée sur l’intervention
peut être un problème lorsque les interventions
recommandées et les gens qui les exécutent changent.
Par exemple, le passage à des thérapies moins
effractives a réduit la demande pour certaines formes
de chirurgie cardiaque. Dans un modèle fondé sur
la rémunération à l’acte, ce changement pourrait
avoir une répercussion directe sur les revenus des
chirurgiens et sur la capacité du système de les
garder. Le système a besoin de mesures incitatives
qui appuient adéquatement tous les membres de
l’équipe de soins et récompense les soins fondés
sur les données probantes de la recherche. Dans les
réseaux régionaux de soins cardiaques spécialisés où
le financement des spécialités médicales n’est pas
fondé sur une méthode de rémunération à l’acte, les
équipes interdisciplinaires ont entrepris de soigner
plus efficacement les patients atteints d’insuffisance
cardiaque qui sont dotés d’appareils implantés ou
souffrent de douleur thoracique et d’arythmie. Le
Canada peut favoriser l’adoption d’une série de
mesures incitatives appropriées et encourager les
professionnels de la santé à travailler au sein
d’équipes interprofessionnelles.
Certains pays, comme le Royaume-Uni, la
Nouvelle-Zélande et l’Australie, ont adopté un modèle
de rémunération au rendement qui récompense
les médecins ou les hôpitaux en fonction de leur
rendement, mesuré selon des indicateurs appliqués
aux soins cliniques, aux soins préventifs, à la qualité
de l’organisation et à la satisfaction des patients. Une
telle approche peut favoriser l’administration de soins
qui répondent aux besoins des patients. Par exemple,
les hôpitaux qui ont participé à un programme de
rémunération au rendement, en plus de déclarer
publiquement les résultats de leur rendement, ont
enregistré une plus grande amélioration de la qualité
des soins que les hôpitaux qui se contentaient de
présenter des rapports au public – notamment une
amélioration de 5,2 % du traitement de l’insuffisance
cardiaque (Lindenauer et coll., 2007).
La Colombie-Britannique a utilisé un système
de rémunération au rendement pour encourager
les médecins à offrir certains services préventifs
(p. ex. 100 $ pour une évaluation des risques
cardiovasculaires à l’aide d’une série de mesures
validées). Même si la rémunération au rendement
peut être un outil efficace, elle n’a été ni définie ni
étudiée de façon assez approfondie et elle peut avoir
des conséquences imprévisibles. Lorsque les soins
sont fournis par une équipe interprofessionnelle, il
est également difficile de déterminer quel prestataire
de soins devrait être récompensé pour un résultat
particulier. Une stratégie plus efficace peut être
de récompenser le réseau régional pour les soins
cardiaques spécialisés prodigués en offrant des
gratifications qui reconnaissent les efforts déployés
ou en octroyant des ressources supplémentaires. Cette
approche encouragerait le travail d’équipe dans tout le
réseau et assurerait une plus grande responsabilisation
des prestataires à l’endroit du public et des bailleurs de
fonds pour la qualité des soins fournis par le réseau.
La rémunération et d’autres mesures
d’encouragement devraient être utilisées pour
promouvoir et récompenser les soins de haute qualité
axés sur le patient, le travail d’équipe et l’innovation
au sein des réseaux de santé primaire et des réseaux
régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés
chaque fois qu’il est possible de le faire. Idéalement,
les mesures d’encouragement devraient récompenser
l’amélioration des résultats autant que l’atteinte de
normes plus traditionnelles, notamment :
•
•
•
•
la proportion des patients souffrant
d’hypertension ou d’hypercholestérolémie
qui font l’objet de thérapies fondées sur des
données probantes;
le pourcentage de patients qui respectent leur
médication après avoir quitté l’hôpital;
le pourcentage de patients qui suivent un
programme de réadaptation cardiaque et
le terminent;
les taux de renoncement au tabagisme.
La récompense du rendement exige l’élaboration
et l’évaluation périodique d’un système d’indicateurs
de qualité pour chacune des formes de maladie CV.
Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues
/ 93
Recommandations
•
Si le Canada veut assurer le perfectionnement
des personnes qui sont susceptibles d’assurer la
prévention et de prodiguer des soins CV appropriés,
il devra adopter une stratégie plus systématique
de planification de l’effectif. Il devra, dans la ligne
des efforts déployés par les gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux pour mettre en œuvre la
Stratégie pancanadienne en matière de ressources
humaines en santé :
•
6.1 renforcer et garder l’effectif affecté
à la prévention et aux soins CV
•
•
en fixant le nombre et la composition des équipes
de prestataires de soins de santé et en déterminant
les compétences requises pour répondre aux
besoins de la population;
en recrutant et en perfectionnant les ressources
dotées des compétences clés, notamment les
épidémiologistes, les experts en santé publique
et en santé de la population, les prestataires de
soins primaires, les spécialistes, les informaticiens
professionnels, les spécialistes en sciences sociales,
les planificateurs communautaires, les évaluateurs
de programme et les spécialistes des politiques;
94 / Pour un Canada au cœur qui bat
•
•
en encourageant les facultés des sciences
de la santé à s’assurer que les programmes de
formation en matière de santé adoptent une
approche intégrée de prévention, de gestion et de
traitement des maladies chroniques, renforcent
la formation dans le domaine de la promotion
de la santé et de la prévention des maladies et
préparent une main-d’œuvre qui peut s’adapter
rapidement aux nouvelles connaissances
et technologies;
en incitant les responsables des programmes
éducatifs à préparer les prestataires de soins à
travailler au sein d’équipes interprofessionnelles;
en encourageant les prestataires de soins de santé
à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles;
en remettant en question les programmes
éducatifs pour examiner de façon critique la
durée des programmes de formation et son
incidence sur les efforts déployés pour garantir
que les équipes d’intervenants sont suffisamment
nombreuses et diversifiées pour répondre aux
besoins du Canada en matière de santé.
Conclusion
La maladie CV représente la plus grande menace pour la santé au Canada.
Mais, plus rien ne justifie qu’elle reste l’ennemi public numéro un!
En effet, la maladie CV est également la plus grande possibilité
d’agir qui nous est offerte au niveau de la santé.
A
u cours des deux dernières décennies, le Canada
a accompli de grands progrès dans le traitement des
maladies CV. Nous devons nous féliciter d’avoir
réussi à faire baisser le nombre des décès prématurés
attribuables à la maladie du cœur et à l’accident
vasculaire cérébral. En dépit de ces prouesses, le
fardeau des maladies CV continue à croître et la
complaisance n’est pas de mise. Nous faisons face
à une épidémie potentielle de maladies CV dans
tout le pays et à une véritable crise dans les
communautés autochtones.
Heureusement, nous avons, à notre portée, les
connaissances et les habiletés qui devraient nous
permettre de créer un avenir plus lumineux et plus
sain pour tous les Canadiens. Nous savons ce qu’il
faut faire et comment il faut le faire. La cardiopathie
diffère des autres maladies chroniques où les causes et
les solutions sont floues. Pour modifier la trajectoire
actuelle de la maladie CV, nous devons affiner notre
compréhension des facteurs qui augmentent les
risques de maladie cardiovasculaire, examiner le
système de santé de l’intérieur et de l’extérieur pour
trouver les occasions d’améliorer la santé CV et nous
concentrer sur des interventions à la fois pratiques,
réalistes, financièrement abordables, durables
et mesurables.
Pour construire un Canada où les gens ont
un coeur en bonne santé, nous avons besoin d’une
approche globale qui ne tient pas seulement compte
des risques cliniques tels que l’hypertension, le haut
niveau de cholestérol, l’obésité et le diabète, mais
également de l’environnement où les gens vivent,
apprennent, travaillent et se divertissent. Nous
avons également besoin de tenir compte des facteurs
socioéconomiques qui contribuent aux inégalités
en matière de santé et augmentent le fardeau de la
maladie dans certains groupes de la population.
Nos objectifs
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action soutient et accepte les buts que
le Canada s’est fixés pour promouvoir une saine
alimentation, l’activité physique et le poids santé et
pour éliminer les graisses trans et le sodium dans
les aliments et réduire le tabagisme grâce à diverses
initiatives. Parmi celles-ci, on peut citer la Stratégie
pancanadienne intégrée en matière de modes de
vie sains, le Groupe d’étude sur les graisses trans, le
Groupe de travail multi-intervenants sur la réduction
du sodium alimentaire, la Stratégie fédérale de lutte
contre le tabagisme et la Stratégie canadienne du
diabète. Les provinces et les territoires, les régies de la
santé régionales et les ministères de la Santé publique
Conclusion
/ 95
ont établi des cibles visant à améliorer la santé de
leurs populations. Certaines entités administratives
ont également établi des objectifs de réduction de
la pauvreté.
La SCSC-PA s’est donné un certain nombre
d’objectifs ambitieux, mais réalistes, pour la prévention
et le traitement de la maladie CV.
D’ici 2020
1/ Diminuer de 25 % le taux annuel de mortalité
attribuable à la maladie CV (de 227 personnes
sur 100 000 en 2004 à 171 sur 100 000).
2/ Diminuer le fardeau des maladies CV au
sein des populations autochtones jusqu’à
atteindre le même niveau que dans le reste
de la population canadienne.
3/ a Diminuer de 32 % la prévalence de
l’hypertension chez les Canadiens adultes de
18 à 74 ans (de 22 % en 1992 à 15 %).
b Accroître de 64 % la proportion des Canadiens
adultes souffrant d’hypertension qui sont
conscients de leur condition (de 58 % en 1992
à 95 %).
c Sextupler la proportion des Canadiens adultes
souffrant d’hypertension qui sont traités
jusqu’à l’atteinte de l’objectif recommandé
(de 12,1 % en 1992 à 75 %).
4/ Diminuer de 32 % le taux de mortalité des
patients, ajusté en fonction du risque et établi
dans les 30 jours de leur hospitalisation par suite
d’une crise cardiaque (de 10,3 % à 7 %).
5/ Diminuer de 25 % le taux de mortalité des
patients, rajusté en fonction du risque et
établi dans les 30 jours de leur hospitalisation
par suite d’un accident vasculaire cérébral
(de 18,2 % à 13,6 %).
96 / Pour un Canada au cœur qui bat
6/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients
hospitalisés pour insuffisance cardiaque, normalisé
en fonction de l’âge (de 132 sur 100 000
personnes en 2005-2006 à 98 sur 100 000).
7/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients
hospitalisés par suite d’un accident vasculaire
cérébral aigu, normalisé en fonction de l’âge
(de 95 sur 100 000 personnes en 2005-2006 à
71 sur 100 000).
8/ Avoir effectué, au cours des cinq dernières années,
une évaluation des risques de maladie CV auprès
de 90 % des personnes âgées de plus de 45 ans.
9/ Collaborer avec d’autres instances pour réduire le
taux général de tabagisme de 25 %.
10/ Encourager la réduction du taux de cholestérol.
Un niveau anormal de cholestérol sanguin et
autres lipides reste un important facteur de risque
de maladies CV. Malheureusement, aucune
mesure des lipides en fonction des populations
n’est actuellement disponible au Canada, de sorte
qu’aucune objectif précis ne peut être établi en ce
moment. Toutefois, ces mesures sont imminentes
et un objectif sera fixé dès qu’elles seront
disponibles. Entre-temps, l’adoption de mesures
énergiques pour atténuer ce facteur de risque est
encouragée dans le cadre de la Stratégie.
11/ Atteindre, d’ici 2015, les objectifs suivants en
collaborant avec ceux qui les ont fixés :
• augmenter de 20 % la proportion des enfants
et des adultes canadiens qui mangent au moins
cinq portions de légumes et de fruits par jour.
• augmenter de 20 % la proportion des
enfants et des adultes canadiens qui sont
physiquement actifs.
• diminuer de 20 % le taux des adultes canadiens
qui souffrent d’embonpoint ou d’obésité et
ramener le taux d’obésité infantile de 8 à 5 %.
Analyse économique
Leadership et partenariats
Compte tenu des relations complexes qui existent
entre les divers facteurs de risque, de la possibilité
de nouvelles percées au chapitre du diagnostic et du
traitement et des effets de l’évolution des modèles de
prestation de soins, le Comité directeur reconnaît la
difficulté que pose l’estimation des économies de coût
pouvant résulter de l’atteinte de ces objectifs. Nous
estimons que des économies annuelles d’un milliard
de dollars en coûts directs et de deux milliards en
coûts indirects sont des estimations prudentes. Ceci
est mis en lumière par des études récentes établissant à
environ deux milliards de dollars par année l’économie
en coûts directs qui résulterait de la seule diminution
de la consommation moyenne de sodium (sel) jusqu’au
niveau recommandé ( Joffres et coll., 2007; Penz et
coll., 2008).
L’éradication des maladies CV exige l’engagement
de tous les paliers de gouvernement et le recours
à des approches pangouvernementales. Mais les
gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Des
partenariats s’imposent, à l’intérieur et à l’extérieur du
secteur de la santé, afin d’encourager les professionnels
de la santé et leurs organismes, les organisations non
gouvernementales, le secteur privé, les médias et les
citoyens à mettre au point une stratégie de portée
nationale s’adressant à la société tout entière.
Pour réussir, nous devons, en amont, investir des
ressources et des efforts dans des activités susceptibles
de prévenir les maladies CV; il faut également
instituer, en aval, au profit des personnes qui sont
atteintes de maladies cardiaques et autres maladies
vasculaires, des traitements efficients et de haute
qualité. Nous devons œuvrer de concert, au sein des
gouvernements, à l’échelle nationale ou intersectorielle,
dans les collectivités et dans les écoles, dans nos
lieux de travail et nos maisons, pour minimiser
l’importance des menaces qui pèsent sur notre cœur
et nos vaisseaux sanguins. Nous devons modifier nos
environnements et nos normes sociales. En même
temps, les responsables de nos systèmes de soins de
santé et nos prestataires de soins doivent travailler en
étroite collaboration avec la population canadienne
pour lui offrir, en temps opportun, des services de
prévention et de soins intégrés, de haute qualité et
axés sur le patient.
La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire
et plan d’action nous offre une extraordinaire
occasion d’améliorer la santé des Canadiens. Nous
devons prendre en main notre santé et la santé future
de la Nation et agir sans tarder. Le temps de la
complaisance est révolu!
Conclusion
/ 97
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