Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action Pour un Canada au cœur qui bat Février 2009 Membres du Comité directeur de la SCSC-PA Eldon R. Smith (président) Carmen R. Connolly (directrice) Heather Arthur Pierre Boyle Sally Brown Norm Campbell Karen Chad Jean Davignon Jacques de Champlain Naranjan Dhalla Catherine Donovan Anne Ferguson Peter Glynn Jeremy Grimshaw Antoine Hakim Lyall Higginson Trevor Hodge Carol Jillings Darwin Labarthe Peter Liu David MacLean Anne McFarlane Kelly McQuillen John Millar Nancy Poirier Wayne Putnam Jeff Reading Ruth Redden Brian Rodrigues Jack Tu Lettre du Président Février 2009 L’honorable Leona Aglukkaq Ministre de la Santé Chambre des communes Ottawa, Ontario K1A 0A6 Madame la Ministre, En tant que président du Comité directeur de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action, j’ai le privilège de vous présenter notre document stratégique final intitulé Pour un Canada au cœur qui bat, de même que le Plan d’action qui s’y rattache. Principale cause de décès et d’hospitalisation chez les Canadiens, la maladie cardiovasculaire est un énorme fardeau pour la santé et, avec un coût annuel de plus de 22 milliards de dollars, son traitement représente une contrainte majeure pour notre économie et nos gouvernements. Heureusement, comme l’explique la Stratégie, nous avons une très grande possibilité de prévenir l’apparition prématurée de la maladie cardiovasculaire et nous disposons de moyens qui permettent de limiter considérablement la souffrance personnelle de ceux qui en souffrent ou qui sont victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Il est important de savoir que la mise en application de nos connaissances sur la prévention de la maladie cardiovasculaire aura aussi des répercussions positives sur les autres maladies chroniques dont les facteurs de risque sont les mêmes. Le gouvernement du Canada a demandé cette Stratégie en octobre 2006, et les 29 membres de notre Comité directeur ont travaillé avec zèle pour proposer six recommandations clés qui permettront aux Canadiens de jouir d’une bonne santé cardiovasculaire. Nous avons fait participer bénévolement plus de 100 experts et avons consulté plus de 1 500 parties concernées pour veiller à ce que notre Stratégie soit complète, pratique et sensible aux différences régionales. Selon nous, Pour un Canada au cœur qui bat, et le Plan d’action qui s’y rattache, peuvent servir de guide pancanadien pour les partenaires qui s’attaqueront à la cardiopathie et aux AVC. Nous encourageons le gouvernement du Canada à ouvrir la voie en adoptant cette Stratégie comme fondement de l’investissement dans la santé cardiovasculaire des Canadiens – un investissement qui entraînera, année après année, d’importants bienfaits pour les finances et la santé. Le tout respectueusement soumis par le président de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action, Eldon R. Smith, o.c., m.d., frcpc Président du Comité directeur, Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action ii / Pour un Canada au cœur qui bat Remerciements L’élaboration de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action (SCSC-PA) est une démarche indépendante qui s’est déroulée au cours de la période de deux ans qui va de l’automne 2006 à l’automne 2008 sous l’impulsion des parties intéressées et sous la direction de son Comité directeur. Les travaux de ce comité n’auraient pu être menés à bien sans les efforts et l’appui d’un grand nombre de personnes et d’organismes de partout au pays. Le président et les membres du Comité directeur souhaitent exprimer leur plus vive appréciation aux plus de 1 500 personnes qui ont contribué à la mise sur pied de la SCSC-PA, notamment : • • les présidents des Groupes de travail thématiques : Anne McFarlane, Andy Wielgosz, John Millar, Roy Cameron, Norm Campbell, Jean-Pierre Després, Jeff Reading, Richard Jock, Peter Glynn, William Ghali, Heather Arthur et Richard Lewanczuk; les membres des Groupes de travail thématiques. Groupe de travail thématique 1 Groupe de travail thématique 2 Groupe de travail thématique 3 Kim Barker Charlyn Black Trevor Hodge Merril Knudtson Doug Manuel Frank Silver Anna Svendsen Larry Svenson Mark Tremblay Michael Wolfson Paula Stewart Jack Tu Lorne Clearsky Jane Farquharson John Frank Lars Hallstrom Dexter Harvey Andrew Hazlewood Richard Massé Karen Philp Kim Raine Bruce Reeder Kenneth Ross Sonia Anand Jean-Luc Bigras Jacques de Champlain Naranjan Dhalla Jacques Genest Gaston Godin Stewart Harris Peter Jones Chantal LeCouteur-Morais Lawrence A. Leiter G.B. John Mancini Brian McCrindle Mary McKenna Andrew Pipe Robert Ross Remerciements / iii • • • • • • • • • • Groupe de travail thématique 4 Groupe de travail thématique 5 Groupe de travail thématique 6 Laura Arbour Treena Delormier Lyall Higginson James Irvine Malcolm King Nathan Matthew Sharon Rudderham Stanley Vollant Kue Young David Alter Rob Beanlands Sally Brown Anne Ferguson Gordon Gubitz Andreas Laupacis John Maxted Blair O’Neill Louise Pilote David B. Ross Anne Sales Claudia Sanmartin Heather Sherrard Chris Simpson Mark Bayley Patricia Caldwell Martin Fortin George Heckman Jonathan Howlett Louise Morrin Ruth Redden Judith Shamian Neville Suskin le rédacteur du document sur la Stratégie, Jean Bacon; les rédacteurs qui ont aidé les Groupes de travail thématiques : Pattie Reed, Stephanie Lawrence, Peter Smith, Peggy Edwards, Anwar Merchant, Susan Swanson, Andrew Kmetic, Kim Scott et Diana Daghofer; de même que les vérificatrices du contenu Christine LeGrand et Lynne Moffatt; les trois organismes de direction : La Fondation des maladies du cœur du Canada, la Société canadienne de cardiologie et les Instituts de recherche en santé du Canada – notamment l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire – ainsi que les membres de leur personnel qui ont prêté main forte au Groupe de gestion de la SCSC-PA : Louise Marcus, Stephen Samis et Fiona Webster (jusqu’en septembre 2007). Les dirigeants des fondations provinciales des maladies du cœur ont également apporté une contribution remarquable au projet; l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), qui a financé l’élaboration de la Stratégie, et les membres du personnel de l’Agence, qui ont agi à titre de personnes-ressources tout au long des travaux; les membres du Comité d’intégration et de partenariat Catherine Donovan, Kelly McQuillen, Wayne Putnam, Bonnie Hostrawser et Peter Sargious; les autres ministères gouvernementaux fédéraux et les organismes nationaux qui ont contribué à la Stratégie, notamment Santé Canada, Statistique Canada, l’Institut canadien d’information sur la santé, l’Inforoute Santé du Canda et les Instituts de recherche en santé du Canada; les sous-ministres de la Santé des provinces et des territoires et leurs représentants; les membres du groupe d’experts sur la prévention et le contrôle des maladies chroniques et des blessures et du groupe d’experts sur la promotion de la santé de la population des administrations fédérale, provinciales et territoriales; les représentants d’un grand nombre d’entreprises, d’organisations non gouvernementales et d’ordres professionnels de portée nationale, provinciale ou territoriale, régionale ou locale ainsi que les professionnels de la santé et les citoyens qui ont participé aux consultations menées dans le cadre de la SCSC-PA; les représentants d’autres stratégies nationales de lutte contre la maladie chronique – telles que la Stratégie canadienne de l’AVC, la Stratégie canadienne du diabète, le Partenariat canadien contre le cancer, le Cadre de travail national sur la santé pulmonaire et la Commission de la santé mentale du Canada – qui ont rencontré les membres du Groupe de gestion de la SCSC-PA pour discuter des occasions de synergie et de collaboration; le sénateur Wilbert Keon à qui nous adressons un merci tout particulier pour son soutien tout au long du processus. iv / Building a Heart Healthy Canada Table des matières Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Le temps d’agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Élaboration de la Stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 A/ Les déterminants socioéconomiques de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 B/ Les facteurs environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 3/ Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV . . . . . . 8 4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement . . . . . . . . . . .10 6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues . . . . . . . 12 Partenariats requis pour passer du plan à l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Élaboration de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Établissement du cadre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Compréhension des enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Prise en compte de points de vue diversifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Au-delà de la santé du cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Mise en œuvre de la SCSC-PA – De l’intention à l’acte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 La maladie CV : l’ennemi public numéro un de la santé de la population canadienne . . . . . . . . . . . . . 18 L’impact économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Quelles sont les maladies CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Quelles sont les causes des maladies CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Qui est touché? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Table des matières /v Quels sont les facteurs de risque de la maladie CV? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Gènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Comportement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Un aperçu des risques CV au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les maladies CV – Le défi numéro un du Canada au chapitre de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 En agissant sur-le-champ, nous pouvons construire un Canada où tout le monde jouit d’une bonne santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Notre stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Les inégalités menacent notre santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Tous les Canadiens ne peuvent pas se permettre d’acheter des aliments sains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jusqu’à quel point les aliments que nous consommons sont-ils sains? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Au Canada, une grande quantité d’aliments transformés contiennent trop de gras trans et saturé et de sel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 L’abandon des régimes alimentaires traditionnels engendre l’obésité et des problèmes de santé . 35 Le marketing a une incidence sur le choix des aliments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 L’étiquetage des aliments prête à confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Jusqu’à quel point nos environnements physiques sont-ils sains? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 La façon dont nos collectivités sont construites a une incidence sur notre santé . . . . . . . . . . . . . . 36 Les milieux scolaire, professionnel et familial influencent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Nos milieux de vie sont-ils sans fumée? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 La santé ne se limite pas aux soins de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les Canadiens ont-ils l’information dont ils ont besoin pour mener une vie saine? . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les messages sur les facteurs de risque peuvent prêter à confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les renseignements sur l’autotraitement peuvent être difficiles à trouver et à utiliser . . . . . . . . . . 47 Un grand nombre de Canadiens n’ont pas les compétences requises pour utiliser l’information sur la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Les Canadiens ont besoin de stratégies diversifiées de promotion de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Le dépistage des facteurs de risque n’est pas monnaie courante pour les Canadiens . . . . . . . . . . . 50 Les programmes de dépistage communautaire sont prometteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Établir des priorités pour le dépistage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Quelles sont les possibilités du dépistage génétique? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 3/ Mettre un terme à la crise que vivent les popolations autochtones au niveau de la santé CV . . . . . . . 53 Divers facteurs de risque, dont les mauvaises habitudes alimentaires, le tabagisme et la vie sédentaire, menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Les environnements et les grands déterminants menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Le manque de dépistage menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Le manque d’équipement, de technologie et de dispensateurs de soins menace la santé . . . . . . . . . . . 58 Les différends au sujet des champs de compétence menacent la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Le manque d’information menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Le manque de volonté de participation menace la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 vi / Pour un Canada au cœur qui bat 4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient en temps opportun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Quel est le niveau d’intégration du système à l’heure actuelle? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 La fragmentation des services complique les soins aux patients et a une incidence sur les résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Les facteurs géographiques ont une incidence sur les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Les patients se démènent pour naviguer dans le système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Les délais d’attente, pour certains services, sont encore trop longs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Exploiter la technologie pour améliorer l’accès et atténuer les inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 La culture et d’autres facteurs sociaux ont une incidence sur les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Les patients sont souvent des bénéficiaires de soins passifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Seulement 20 % des patients reçoivent des services de réadaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Rares sont les patients souffrant d’une maladie cardiaque qui reçoivent des services de planification et de soins de fin de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Les directives ne suffisent pas, à elles seules, à changer la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement . . . . . . . . . . . . 79 Messages clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Que savons-nous des maladies CV au Canada? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Le Canada accuse un retard par rapport à d’autres pays au chapitre des systèmes d’information sur la maladie CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Le rôle des études de cohortes pour la compréhension de la maladie CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Le Canada n’a pas de systèmes de mesure du rendement pour les soins cardiovasculaires . . . . . 83 Les défis que posent les dossiers de santé électroniques et les dossiers médicaux électroniques . 84 Le Canada a besoin de systèmes d’information pour la prévention et la gestion de la maladie chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Le Canada a besoin de systèmes et d’outils d’information pour ses patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Lacunes de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Le Canada est en retard sur d’autres pays au chapitre des avantages qu’il peut tirer de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues . . . . . . . 89 Le Canada manque d’information sur le personnel affecté aux soins CV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Les pénuries menacent la prévention et les soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Le Canada fait un usage plus parcimonieux des équipes interprofessionnelles que d’autres pays . . . . 91 Les approches de formation traditionnelles ne permettront pas de répondre aux besoins en matière de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Il faut adopter des mesures incitatives pour encourager la pratique d’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Nos cibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Leadership et partenariats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table des matières / vii 99 viii / Pour un Canada au cœur qui bat Résumé Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la coronaropathie et l’accident vasculaire cérébral (AVC) se situent, respectivement, aux premier et deuxième rangs des causes de mortalité dans le monde. D ’ici 2030, 23,4 millions de personnes mourront d’une maladie du cœur ou d’un AVC, comparativement aux 11,8 millions dont le décès sera attribuable au cancer (Organisation mondiale de la Santé, 2008). En fait, quatre maladies chroniques – les maladies du cœur et l’AVC, le cancer, la maladie pulmonaire obstructive chronique et le diabète – causent 60 % de tous les décès de la planète et, d’ici 2020, on s’attend à ce que ce taux atteigne 73 % et représente 60 % du fardeau de la maladie à l’échelle mondiale (Organisation mondiale de la Santé, 2002). Le Canada a adopté une stratégie pancanadienne de prévention et de contrôle du cancer, une stratégie de prévention et de traitement du diabète et un cadre de préservation de la santé pulmonaire. Il lui faut maintenant une stratégie pancanadienne de lutte contre la maladie du cœur, l’accident vasculaire cérébral et les autres maladies vasculaires. Le temps d’agir Au Canada, la maladie du cœur, l’accident vasculaire cérébral et les autres maladies vasculaires représentent la plus grande menace pour la santé publique. Les maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires (maladies CV) tuent plus de Canadiens chaque année que toute autre maladie (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Même si un nombre croissant de Canadiens survivent aujourd’hui à une crise cardiaque, nombreux sont ceux qui souffrent ensuite d’une insuffisance cardiaque chronique qui les prive d’un grand nombre d’années de vie de qualité. Neuf Canadiens sur dix de plus de 20 ans ont au moins un facteur de risque de maladie CV et ces facteurs sont au nombre de trois ou plus pour le tiers des Canadiens – et le risque augmente avec l’âge. Au Canada, une personne sur 20 signale avoir fait l’objet d’un diagnostic de maladie CV, mais le nombre réel de personnes atteintes d’une cardiopathie non détectée est beaucoup plus élevé (Manuel et coll., 2003). Les maladies CV représentent un problème particulier pour les peuples autochtones du Canada; les Autochtones contractent des maladies du cœur et en meurent à un taux deux fois plus élevé que le reste de la population. Au cours des dernières années, le Canada a connu une augmentation spectaculaire de ses taux d’inactivité physique, d’obésité, de diabète et d’hypertension – des conditions favorables à l’apparition des maladies CV. La maladie du cœur et l’AVC représentent également une sérieuse menace pour le bien-être économique du Canada. Ces maladies coûtent plus de 22 milliards de dollars par an en soins de santé et en perte de productivité. Au chapitre des dépenses d’hospitalisation, trois des quatre maladies les plus coûteuses au Canada étaient, en 2004-2005, des maladies CV; compte tenu de l’augmentation prévue du fardeau de la maladie, ces coûts ne peuvent qu’augmenter. Résumé /1 Nous faisons face à une épidémie latente. Si nous n’agissons pas sur-le-champ, la situation ne fera qu’empirer. Le système de soins cardiaques n’est pas aussi efficace ni aussi efficient qu’il le devrait. La plupart des patients n’ont ni la compétence, ni l’information, ni le soutien de leurs prestataires de soins de santé qui leur permettraient d’être des partenaires actifs de leur propre traitement et, pour un grand nombre d’entre eux, il est difficile de passer d’un niveau de service ou d’un prestataire à un autre. Au Canada, certains patients doivent encore attendrent trop longtemps pour subir une intervention cardiaque. Un nombre encore trop élevé de personnes souffrant d’insuffisance cardiaque sont réadmises à l’hôpital, ce qui signifie qu’elles n’ont pas fait l’objet d’un suivi adéquat. L’accès aux soins cardiaques lui-même n’est pas toujours équitable. La qualité et l’uniformité des services de cardiologie varient considérablement d’une région à l’autre du pays. La pratique accuse souvent du retard par rapport aux découvertes les plus récentes. Au Canada, la maladie cardiaque et l’AVC offrent aussi aux responsables du système de santé, le champ d’intervention le plus prometteur, puisqu’une forte proportion des affections CV prématurées (jusqu’à 80 %) peuvent être évitées. Contrairement à certaines autres maladies pour lesquelles les solutions sont incertaines, nous disposons déjà, pour prévenir les maladies CV, d’une bonne part des connaissances requises, mais nous ne faisons pas appel à notre savoir. De plus, selon une récente étude américaine, la prévention se justifie d’un point de vue économique, puisque chaque dollar investi dans des programmes de prévention efficaces qui augmentent le niveau d’activité physique, améliorent la nutrition et réduisent le tabagisme – trois des grands facteurs de risque de maladies CV – permet d’économiser cinq dollars sur la facture des soins de santé (Trust for America’s Health, 2008). Les sommes investies dans la santé CV ne mèneront pas seulement à une amélioration de la santé et à une prolongation de la vie des Canadiens, elles amélioreront également notre productivité et diminueront nos frais médicaux. La décision de ne pas investir sera coûteuse : elle fera augmenter le nombre de Canadiens atteints d’une maladie débilitante, le nombre d’hospitalisations et le nombre de décès et provoquera une hausse en flèche du coût des soins de santé : une perspective d’avenir inutile et inacceptable. En prévenant la maladie CV et en prodiguant, à ceux qui en souffrent, dans des délais raisonnables, des soins plus intégrés et plus axés sur le patient, nous pouvons offrir aux Canadiens un supplément de vie de qualité tout en renforçant la pérennité de notre système de santé. 2 / Pour un Canada au cœur qui bat Il est possible de « résoudre » le problème des maladies CV au Canada, mais pour y parvenir, nous devons nous engager d’emblée sur la bonne voie. Il n’y a aucune raison pour que les maladies CV soient notre ennemi public numéro un! Nous savons déjà comment prévenir et traiter la plupart d’entre elles et nous en apprenons chaque jour davantage. Toutefois, la guérison se situe à la fois dans les limites et en marge du système de soins de santé. Elle dépend de changements à apporter à notre société – tant à notre façon de vivre qu’à notre perception de la santé – ainsi qu’à la prestation de nos soins de santé. Les solutions exigent l’intervention et l’engagement de tous les paliers de gouvernement, de la société, du système de santé et des Canadiens – et elles reposent sur un engagement de longue haleine comparable à la vingtaine d’années que notre pays a consacrée à la réduction du tabagisme. Élaboration de la Stratégie La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action (SCSC-PA) a été élaborée en deux ans par un comité directeur composé de 29 experts, dirigé par le Dr Eldon Smith et appuyé par un secrétariat modeste installé dans les bureaux de la Fondation des maladies du cœur du Canada et de la Société canadienne de cardiologie. Durant l’élaboration du plan, le président et le Comité directeur ont consulté plus de 1 500 personnes, dont les sousministres de la Santé et d’autres représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, des organismes et prestataires de soins de santé, du grand public, des organismes chargés d’autres stratégies de lutte contre les maladies chroniques ainsi que des industries des domaines de l’alimentation, des produits pharmaceutiques, du matériel médical et de l’assurance. L’élaboration de la SCSC-PA a été financée par le gouvernement fédéral, mais ses recommandations s’adressent à tous les paliers de gouvernement, à toutes les composantes de la société canadienne et à tous les citoyens. La stratégie embrasse un horizon plus large que celui de la « santé du cœur ». Même si le plan s’appelle « Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action », il dépasse de loin ce que les Canadiens englobent sous la bannière « santé du cœur ». La cardiopathie fait partie d’une famille de maladies connue sous l’appellation de « maladies cardiovasculaires » qui, de concert avec la maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral), s’inscrit dans un groupe encore plus large : le groupe des maladies vasculaires. Les maladies vasculaires ont une incidence sur le réseau des vaisseaux sanguins; elles réduisent le flux sanguin et endommagent des organes tels que le cœur (crise cardiaque ou insuffisance cardiaque) ou le cerveau (accident vasculaire cérébral). Les maladies vasculaires peuvent également affecter les reins et les jambes et causer la démence et la cécité. La Stratégie reconnaît qu’il est important de prévenir toutes les maladies vasculaires – quel que soit l’organe touché. Aux fins du présent document, le terme « maladies CV » est utilisé pour décrire l’éventail complet des maladies du cœur et vasculaires. La prévention des maladies CV ne réduira pas seulement l’occurrence des cardiopathies et des accidents vasculaires cérébraux; elle aura également un effet positif sur les autres maladies chroniques courantes. Vision Le Comité directeur de la SCSC-PA estime que nous disposons de la compétence et du savoir requis pour créer, au profit des Canadiens, un avenir plus prometteur de santé cardiaque dans lequel : les citoyens auront la connaissance, les ressources et le soutien dont ils ont besoin pour réduire leur risque de contracter des maladies CV et d’autres maladies chroniques et pour vivre plus longtemps, en meilleure santé; les gouvernements, le système de soins de santé, le secteur privé, les organismes bénévoles et communautaires et les particuliers contribueront à la création d’environnements et de services qui assureront la promotion et l’amélioration de la santé CV; les patients seront des partenaires actifs et informés de leur propre état de santé et des soins qui leur sont dispensés; les équipes interprofessionnelles de prestataires de soins de santé disposeront de l’information, des compétences et des outils dont elles auront besoin pour promouvoir la santé, prévenir les maladies CV et offrir aux Canadiens qui souffrent de ces maladies, des soins de santé holistiques, intégrés et axés sur le patient, dans un délai raisonnable; le Canada sera reconnu dans le monde entier comme une nation productive et économiquement concurrentielle où les citoyens jouissent d’une santé du cœur exemplaire. Objectifs La SCSC-PA s’est donné un certain nombre d’objectifs ambitieux, mais réalistes, pour la prévention et le traitement de la maladie CV. D’ici 2020 1/ Diminuer de 25 % le taux annuel de mortalité attribuable à la maladie CV (de 227 personnes sur 100 000 en 2004 à 171 sur 100 000). 2/ Diminuer le fardeau des maladies CV au sein des populations autochtones jusqu’à atteindre le même niveau que dans le reste de la population canadienne. 3/ a Diminuer de 32 % la prévalence de l’hypertension chez les Canadiens adultes de 18 à 74 ans (de 22 % en 1992 à 15 %). b Accroître de 64 % la proportion des Canadiens adultes souffrant d’hypertension qui sont conscients de leur condition (de 58 % en 1992 à 95 %). c Sextupler la proportion des Canadiens adultes souffrant d’hypertension qui sont traités jusqu’à l’atteinte de l’objectif recommandé (de 12,1 % en 1992 à 75 %). 4/ Diminuer de 32 % le taux de mortalité des patients, ajusté en fonction du risque et établi dans les 30 jours de leur hospitalisation par suite d’une crise cardiaque (de 10,3 % à 7 %). 5/ Diminuer de 25 % le taux de mortalité des patients, rajusté en fonction du risque et établi dans les 30 jours de leur hospitalisation par suite d’un accident vasculaire cérébral (de 18,2 % à 13,6 %). 6/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque, normalisé en fonction de l’âge (de 132 sur 100 000 personnes en 2005-2006 à 98 sur 100 000). 7/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients hospitalisés par suite d’un accident vasculaire cérébral aigu, normalisé en fonction de l’âge (de 95 sur 100 000 personnes en 2005-2006 à 71 sur 100 000). 8/ Avoir effectué, au cours des cinq dernières années, une évaluation des risques de maladie CV auprès de 90 % des personnes âgées de plus de 45 ans. Résumé /3 9/ Collaborer avec d’autres instances pour réduire le taux général de tabagisme de 25 %. 10/ Encourager la réduction du taux de cholestérol. Un niveau anormal de cholestérol sanguin et autres lipides reste un important facteur de risque de maladies CV. Malheureusement, aucune mesure des lipides en fonction des populations n’est actuellement disponible au Canada, de sorte qu’aucun objectif précis ne peut être établi en ce moment. Toutefois, ces mesures sont imminentes et un objectif sera fixé dès qu’elles seront disponibles. Entre-temps, l’adoption de mesures énergiques pour atténuer ce facteur de risque est encouragée dans le cadre de la Stratégie. 11/ Atteindre, d’ici 2015, les objectifs suivants en collaborant avec ceux qui les ont fixés : • augmenter de 20 % la proportion des enfants et des adultes canadiens qui mangent au moins cinq portions de légumes et de fruits par jour. • augmenter de 20 % la proportion des enfants et des adultes canadiens qui sont physiquement actifs. • diminuer de 20 % le taux des adultes canadiens qui souffrent d’embonpoint ou d’obésité et ramener le taux d’obésité infantile de 8 à 5 %. Analyse économique Compte tenu des relations complexes qui existent entre les divers facteurs de risque, de la possibilité de nouvelles percées au chapitre du diagnostic et du traitement et des effets de l’évolution des modèles de prestation de soins, le Comité directeur reconnaît la difficulté que pose l’estimation des économies de coût pouvant résulter de l’atteinte de ces objectifs. Nous continuons à évaluer différents modèles, mais nous estimons que des économies annuelles d’un milliard de dollars en coûts directs et de deux milliards en coûts indirects sont des estimations prudentes. Ceci est mis en lumière par des études récentes établissant à environ deux milliards de dollars par année l’économie en coûts directs qui résulterait de la seule diminution de la consommation moyenne de sodium (sel) jusqu’au niveau recommandé ( Joffres, 2007; Penz et coll., 2008). 4 / Pour un Canada au cœur qui bat Recommandations Pour que la population canadienne ait un cœur en bonne santé, nous devons faire appel à une approche englobante qui ne tient pas seulement compte des risques cliniques tels que l’hypertension, un taux élevé de cholestérol, l’obésité et le diabète, mais également des milieux où les gens vivent, étudient, travaillent et se divertissent. Des milieux favorables peuvent faciliter des choix santé pour tous les Canadiens. Pour créer des environnements sains, le Canada peut et doit faire appel à une combinaison de mesures éducatives, législatives, réglementaires et stratégiques aptes à promouvoir de saines habitudes d’alimentation et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont une incidence sur la santé. Pour concrétiser sa vision, la SCSC-PA a formulé six grandes recommandations : 1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire. 2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine. 3/ Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV. 4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient. 5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement. 6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues. Même si de telles stratégies peuvent être utilisées pour recueillir des données sur toutes les maladies vasculaires et pour les prévenir, différentes habiletés et différents services sont requis pour traiter chaque maladie vasculaire selon l’organe affecté. Puisque les causes d’un grand nombre de maladies CV sont identiques, quoique les traitements soient diversifiés, les recommandations de la SCSC-PA à l’égard de la prévention et de l’infrastructure du savoir sont conçues de manière à contribuer à la guérison de toutes les maladies CV. Les recommandations relatives aux soins, par contre, sont principalement axées sur le diagnostic et le traitement des maladies du cœur, y compris les maladies congénitales du muscle et des valvules cardiaques. Pour ce qui est des maladies cérébrovasculaires, la Fondation des maladies du cœur du Canada et le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires ont, afin d’orienter les soins et la réadaptation des personnes atteintes, élaboré une stratégie canadienne de lutte contre les AVC actuellement mise en œuvre dans de nombreuses régions du pays. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire 1/ Un environnement favorable peut faciliter les « choix santé » pour tous les Canadiens. Pour créer des environnements sains, le Canada peut et doit faire appel à une combinaison de mesures éducatives, législatives, réglementaires et stratégiques aptes à promouvoir de saines habitudes d’alimentation et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont une incidence sur la santé. Un grand nombre des déterminants de la santé présents en amont exigent des interventions qui dépassent les frontières du système de soins de santé et de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action. Plusieurs gouvernements provinciaux mettent en application des stratégies pangouvernementales d’élaboration de politiques, mais la résolution de problèmes comme la pauvreté et l’insécurité alimentaire exigera un renforcement des interventions et du leadership intersectoriels. • A/ Les déterminants socioéconomiques de la santé • Même si, au chapitre de la maladie CV, le système de santé a tendance à rester axé sur les facteurs de risque comportementaux – comme un régime alimentaire de piètre qualité, le manque d’exercice et le tabagisme – la SCSC-PA reconnaît que ces déterminants sont en fait fortement influencés, en amont, par les déterminants socioéconomiques de la santé. Nous reconnaissons également que l’on a de grandes chances de prévenir les maladies CV et autres maladies chroniques en résolvant ces questions sociétales de plus grande envergure. La réussite dans ce domaine requiert une vaste intervention intersectorielle, du leadership et une contribution de tous les paliers de gouvernement ainsi qu’un recours à des stratégies pangouvernementales à chaque palier et une participation du secteur bénévole, du secteur privé et de la société en général. Le Comité directeur de la SCSC-PA attend la parution du rapport final du sous-comité sur la santé de la population du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie et appuie les initiatives destinées à aplanir les inégalités sociales et les inégalités en matière de santé, notamment les interventions proposées dans le Rapport sur l’état de la santé publique au Canada (2008) de l’administrateur en chef de la santé publique, pour • • • • • • réduire la pauvreté; améliorer l’emploi et les conditions de travail; atténuer l’insécurité alimentaire; améliorer le milieu construit tant pour encourager l’activité physique que pour renforcer l’accès à un logement à prix abordable; améliorer l’accès aux services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants; améliorer l’accès à la formation et à l’alphabétisation; renforcer les appuis sociaux. B/ Les facteurs environnementaux 1.1 Améliorer la qualité nutritive des denrées alimentaires canadiennes et l’accès à des aliments sains : • • • en éliminant les graisses trans de l’approvisionnement alimentaire du Canada par voie de règlement comme recommandé par le Groupe d’étude sur les graisses trans, notamment en remplaçant ces graisses par des substances plus saines que le gras saturé; en accélérant les travaux du Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire pour amener la quantité quotidienne d’absorption de sel au niveau recommandé et en assurant la mise en œuvre, en temps opportun, des recommandations de ce groupe; en améliorant la réglementation de l’étiquetage des produits alimentaires et d’autres procédés en vue d’harmoniser, dans une même catégorie de produits, les données obligatoires du tableau de la valeur nutritive et de fournir une information claire et exacte sur la valeur nutritive, y compris sur les calories, les graisses saturées et trans, le sel, les sucres, les fibres et les minéraux; en élaborant des directives destinées aux établissements de restauration rapide et autres pour les forcer à afficher le nombre de calories par portion pour chaque article offert aux points de vente et en assurant une surveillance régulière; Résumé /5 • • • • en bannissant, dans tous les médias, la publicité et la mise en marché d’aliments et de boissons « dommageables » pour la santé des enfants grâce à des définitions claires d’expressions comme « aliments sains » et « aliments insalubres » et en prévoyant l’adoption de mesures incitatives pour encourager les dirigeants de l’industrie alimentaire à faire, de leur plein gré auprès des enfants, la promotion d’aliments sains; en fournissant un financement stable pour étendre le Programme d’approvisionnement alimentaire par la poste à un plus grand nombre de collectivités nordiques et isolées; en dressant la liste des meilleures pratiques de distribution d’aliments sains dans les écoles et en diffusant cette information aux conseils et commissions scolaires; en encourageant les employeurs à mettre en œuvre, en milieu de travail, une politique de saine alimentation et en mettant des aliments sains à la disposition des employés; les organismes gouvernementaux et les hôpitaux devraient donner l’exemple en ne servant que des aliments sains. • • • • en contribuant davantage à la création d’infrastructures qui favorisent un mode de vie sain et actif (notamment l’aménagement de trottoirs, de sentiers pédestres, de centres récréatifs, de parcs et de pistes cyclables) par exemple par l’entremise d’un des volets du plan 2007-2014 de 33 milliards de dollars intitulé Chantiers Canada – Une infrastructure moderne pour un Canada fort; en faisant la promotion des meilleures pratiques canadiennes et internationales et des modes de planification et de conception communautaires qui favorisent une vie saine et active; en dressant la liste des pratiques exemplaires afin d’offrir, dans les écoles, des occasions quotidiennes d’activité physique susceptibles d’aider les enfants à suivre les directives de Santé Canada en la matière et en faisant parvenir cette information aux conseils et commissions scolaires; 6 / Pour un Canada au cœur qui bat en prévoyant des mesures fiscales incitatives pour donner aux enfants l’occasion d’être physiquement plus actifs, par exemple des crédits d’impôt remboursables pour les familles à faible revenu et des exemptions de la taxe de vente pour l’achat de bicyclettes, de casques et d’autres pièces d’équipement sportif. 1.3 Réduire l’exposition au tabac et le tabagisme : • • • 1.2 Multiplier les occasions d’activité physique : • en incitant les employeurs à mettre en œuvre des politiques de vie saine et active et à offrir aux employés des occasions d’activité physique régulière; • • en renforçant les programmes communautaires qui dissuadent les jeunes de commencer à fumer; en élaborant des règlements pour contrôler la vente des cigarillos aromatisés et en prenant d’autres mesures à l’encontre des membres de l’industrie du tabac qui tentent de contourner la législation antitabac actuelle sur le contrôle du tabac; en dressant la liste des pratiques exemplaires des écoles qui réussissent à dissuader les enfants et les adolescents de commencer à fumer et en diffusant cette information aux conseils et commissions scolaires; en aidant les employeurs à élaborer des politiques de lutte contre le tabagisme, en offrant aux employés des programmes d’abandon du tabac et en améliorant l’accès aux programmes et aux outils qui aident les gens à renoncer au tabac; en étendant à d’autres milieux cliniques canadiens des programmes de renoncement au tabac qui ont fait leurs preuves, comme celui de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Aider les Canadiens à mener une vie plus saine 2/ La capacité des Canadiens de faire des choix santé – de consommer des aliments sains, d’être actifs, de ne pas fumer, de gérer leur hypertension, leur cholestérol et leur poids – est influencée par l’information sur les facteurs de risque de maladies CV qu’ils reçoivent, leur capacité de comprendre et d’utiliser cette information, par leur motivation à changer et par les outils susceptibles de les aider, tels que les programmes de dépistage et de suivi offerts dans leurs collectivités. Pour aider les Canadiens à mener une vie plus saine, nous devrions adopter les mesures qui suivent. • • 2.1 Mettre en contact les principaux organismes de lutte contre la maladie afin : • • • d’élaborer et de diffuser des messages clairs et concordants sur les principaux facteurs de risque de maladie chronique; de mettre sur pied et de lancer, à l’intention des populations à haut risque, des campagnes de sensibilisation et de marketing social soutenues et de grande envergure pour prévenir les maladies CV et les autres maladies chroniques et pour favoriser la détection des signes et des symptômes de l’accident vasculaire cérébral et de la maladie du cœur; et de déterminer les mesures à prendre; d’appuyer les travaux de l’Association canadienne de santé publique et du Conseil canadien sur l’apprentissage qui portent sur la littératie en santé. 2.2 Élaborer et tenir à jour des sources interactives de renseignements sur la santé et les maladies CV, qui font autorité : • • • fournir une information à jour sur les principaux facteurs de risque, notamment sur l’hypertension artérielle et le cholestérol, les aliments insalubres ou malsains, l’inactivité physique, le tabagisme, l’obésité et le diabète; être appuyées par des équipes interprofessionnelles de soins primaires qui, à leur tour, enverront des messages plus homogènes à leurs patients; inclure des modes d’interaction permettant aux gens de définir et d’évaluer les risques qu’ils courent et de se familiariser avec des modes concrets de réduction du risque; mettre l’accent sur l’autonomie des patients et mettre les Canadiens au courant des directives et des stratégies de réduction du risque fondées sur mettre les Canadiens en contact avec les services communautaires qui peuvent les aider à mener une vie plus saine, notamment avec les programmes d’abandon du tabagisme et d’activité physique, les services de diététistes et les groupes de soutien; disposer du mandat et des ressources permettant d’élaborer et de tenir à jour des outils d’information et de maintenir des liens avec les ressources connexes. 2.3 Offrir des programmes de dépistage des risques de maladie CV, de sensibilisation et de suivi dans une variété de milieux communautaires. Ces programmes devraient : • être dotés d’un leadership solide et d’outils de responsabilisation et faire partie des systèmes de soins de santé communautaires et régionaux; • • • • • Ces sources d’information devraient tirer profit des initiatives en cours et : • des données probantes, améliorer l’autotraitement, promouvoir la santé et prévenir les complications à tous les stades de la maladie CV; • • • être fondés sur des données probantes; être offerts par des prestataires ou des bénévoles chevronnés; être offerts dans des environnements qui conviennent à tous les Canadiens, notamment en milieu de travail où des mesures incitatives devraient être prises pour aider les employeurs à créer ces programmes et à les tenir à jour; viser les groupes à risque; se concentrer sur les principaux facteurs de risque de maladie CV, y compris l’hypertension et le cholestérol, la mesure du poids et du tour de taille, le tabagisme, la glycémie à jeun, les antécédents familiaux, l’état nutritionnel et l’activité physique; veiller à ce que les mesures du profil de risque prises pendant le dépistage soient partagées avec les patients et leurs prestataires de soins primaires et à ce que toutes les personnes concernées disposent de l’information requise pour comprendre le profil de risque; aiguiller les personnes à risque vers les traitements fondés sur des données probantes qui conviennent, vers les services de soutien et de suivi; dans la mesure du possible, se servir de l’étude des variations génétiques pour identifier les personnes qui ont des risques héréditaires de contracter une maladie CV. Résumé /7 Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV 3/ Pour mettre un terme à la crise qui sévit dans les communautés autochtones, les Autochtones, à titre individuel et collectif, doivent participer activement à l’élaboration de leurs propres solutions et plans d’intervention en matière de santé CV. Les peuples et les communautés autochtones doivent aussi, parallèlement, faire partie intégrante de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action. Toutes les recommandations de la SCSC-PA s’appliquent à tous les Canadiens, y compris aux peuples autochtones. De plus, les chefs autochtones devraient collaborer avec leurs gouvernements et leurs organisations non gouvernementales à l’élaboration d’un plan d’action pluriannuel visant à motiver leurs collectivités et à dresser la liste des mesures culturellement adaptées qu’il faut prendre pour réduire le risque, améliorer les soins, répondre aux besoins urgents et s’occuper des inégalités sociales et des injustices en matière de santé. Voici les mesures recommandées. 3.1 Élaborer un plan d’action pluriannuel pour répondre aux besoins des peuples et des communautés autochtones au chapitre de la santé CV tout en faisant appel à une approche de partenariat s’adressant aux organismes autochtones, aux gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et aux administrations municipales, aux communautés autochtones et aux organisations non gouvernementales. 3.2 Créer un centre national autochtone ou un réseau de centres dédié à la prévention et à la gestion de la maladie chronique en vue de coordonner la mise en œuvre du plan d’action. De concert, le centre et le plan : permettront de bâtir des communautés autochtones dont les membres ont un cœur en bonne santé : • en assurant la participation des institutions communautaires et en habilitant la collectivité à adopter des mesures préventives – particulièrement celles qui sont axées sur la réduction du tabagisme, la nutrition en milieu scolaire, le conditionnement physique, les sports et les activités récréatives; 8 / Pour un Canada au cœur qui bat • • en assurant la promotion de pratiques prometteuses, telles que la limitation de la vente de tabac aux mineurs et l’élimination des aliments malsains dans les écoles et en favorisant l’activité physique régulière; en adoptant des stratégies de prévention et de traitement de la maladie CV qui respectent le savoir traditionnel, les valeurs autochtones et le rythme de développement des personnes et des collectivités. aideront les peuples autochtones à mener une vie plus saine : • • en adoptant une approche d’atténuation permanente du risque qui met l’accent sur les premières années d’existence; en travaillant de concert avec d’autres stratégies ou organismes de lutte contre des maladies chroniques telles que le cancer, le diabète, les maladies pulmonaires et les accidents vasculaires cérébraux, à l’élaboration de programmes complets de prévention. permettront de poursuivre la réforme des services de santé et offriront des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient • • • en garantissant un continuum de soins entre les autorités communautaires et les autorités régionales œuvrant dans le domaine de la santé; en établissant, à l’intention des Autochtones, les mêmes normes de soins CV que celles qui s’appliquent aux autres Canadiens; en améliorant l’accès aux soins grâce à un usage efficace d’équipes interprofessionnelles – idéalement composées de médecins, d’infirmiers, de diététistes, de médecins préposés aux soins primaires et de spécialistes travaillant en relation étroite – faisant appel à des algorithmes de gestion de la maladie cardiovasculaire, à des services communautaires et à domicile et à des technologies de télésanté et de médecine électronique. permettront d’édifier l’infrastructure du savoir qui renforcera la prévention et les soins : • • • • • en procédant à un suréchantillonnage des peuples autochtones dans les versions périodiques de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé et en incluant les Métis et les Inuits dans l’Enquête régionale sur la santé des Premières nations; en accélérant le développement et la mise en application des bases de données administrées par les Premières nations, les Inuits et les Métis, en relation avec les bases de données nationales; • permettront d’offrir, aux prestataires de services qualifiés, la formation et les compétences voulues : • en établissant une base de données à jour et précise d’interventions de lutte contre la maladie chronique fondées sur des données probantes afin de découvrir et de mettre en commun les meilleures pratiques; en améliorant les systèmes de dépistage et de surveillance au sein des organismes de services de santé autochtones grâce un accès local aux données de recherche et de sondage et à toutes les données administrées par le fédéral; en finançant la recherche axée sur un mode d’intervention qui s’adresse aux personnes et aux collectivités en contexte et qui reflète les directives des Instituts de recherche en santé du Canada du Canada et les autres pratiques de recherche recommandées pour tout projet réalisé avec les communautés autochtones. • en appuyant les études axées sur l’intervention et l’évaluation, particulièrement dans le domaine de la sécurité alimentaire et des interventions interdisciplinaires; en consolidant l’effectif autochtone qui œuvre dans le domaine de la santé grâce à l’adoption de différentes mesures : formation des intervenants qui traitent les maladies chroniques; système de mentorat et d’échanges intercommunautaires, augmentation du nombre de bourses et de places dans les facultés de médecine et de sciences infirmières; élargissement du rayonnement régional de la Fondation des maladies du cœur et renforcement de l’appui fourni à cet organisme; en améliorant la compétence culturelle des prestataires de services de santé non autochtones grâce à diverses initiatives : mesures favorisant la résidence dans le Nord; rotation des spécialistes invités dans les régions rurales, éloignées et isolées; incorporation, aux programmes de formation professionnelle, d’approches et de modèles pratiques d’enseignement de la compétence culturelle requise pour travailler avec les peuples autochtones. Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient 4/ Si on veut offrir des services plus intégrés et axés sur le patient, il faut que les modes d’organisation et de prestation des soins cardiovasculaires des systèmes de soins de santé du Canada soient radicalement modifiés. Ces systèmes doivent faire un usage efficace des gens, de la technologie et des autres ressources pour corriger les injustices et ils doivent adopter des modèles de soins – tels que le modèle de gestion et de prévention de la maladie chronique et les réseaux régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés – qui les rendront plus efficaces et plus efficients. 4.1 Hâter la mise en œuvre de la prévention et de la gestion de la maladie chronique et en faire le modèle de prédilection pour la prestation de la plupart des soins cardiovasculaires au Canada : • • • en accélérant la mise sur pied et la formation des équipes interprofessionnelles de soins primaires grâce à des relations de travail et des rôles renouvelés; en améliorant le processus et en gérant le changement; en documentant et en diffusant des pratiques exemplaires de partenariat, d’autotraitement et de soins axés sur le patient et en organisant et en offrant ce type de soins. Résumé /9 4.2 Améliorer l’accès à des soins cardiovasculaires spécialisés, coordonnés et de grande qualité, y compris l’accès au diagnostic, aux soins actifs, à la réadaptation cardiaque ainsi qu’ à la planification et aux soins de fin de vie : • • • • • • • en adoptant des mesures favorisant le développement continu des réseaux régionaux intégrés de soins cardiovasculaires spécialisés; en établissant un système de triage qui garantira que les gens les plus à risque seront examinés en priorité; en assurant l’adoption et la surveillance d’un système de délai maximal recommandé fondé sur les données probantes de la recherche – particulièrement pour les services consultatifs et les essais diagnostiques; • 4.3 Établir, maintenir, promouvoir et évaluer l’usage de directives cliniques interprofessionnelles, fondées sur des données probantes et mises à jour, dans le cadre de la prévention et de la gestion du risque et de la maladie cardiovasculaire, du traitement, de la réadaptation et de la planification et des soins de fin de vie : • en renforçant l’usage des technologies de télémédecine au sein des provinces et des territoires et entre eux pour offrir, aux patients et aux dispensateurs de services, des soins et des programmes éducatifs (p. ex. Telestroke); en incorporant des « intervenants-pivots » aux équipes régionales pour faciliter la circulation des patients et de leur dossier médical d’un service et d’un prestataire de soins à l’autre; en continuant à créer et à ouvrir, au sein des réseaux régionaux intégrés, des cliniques spécialisées dotées d’équipes interprofessionnelles en vue de gérer des problèmes cardiovasculaires complexes comme les crises cardiaques, les cardiopathies congénitales, certaines arythmies cardiaques et les douleurs thoraciques; en continuant à mettre sur pieds des programmes de réadaptation dans les régions mal desservies et en incorporant des services de réadaptation cardiaque aux programmes de gestion et de prévention de la maladie chronique du secteur des soins primaires; en soutenant la planification de fin de vie et les services de soins et d’information sur les soins, y compris les services de soutien épisodiques et de relève destinés aux aidants naturels. • • • en appuyant l’élaboration continue, la mise en œuvre et la mise à jour périodique de directives sur les meilleures pratiques dans le cadre de la Stratégie canadienne de l’AVC, du Programme éducatif canadien sur l’hypertension ainsi que le programme de transfert des connaissances sur l’insuffisance cardiaque et des lignes de conduite sur les lipides et le cholestérol de la Société canadienne de cardiologie; en créant un groupe d’étude pancanadien chargé d’encadrer la pratique clinique dans le domaine de la planification et des soins de fin de vie des personnes qui souffrent d’une maladie CV à un stade avancé; en appuyant l’élaboration, à l’intention des patients, de directives conviviales en matière d’autotraitement et en leur offrant des modes d’accès efficaces à cette information; en créant un projet pancanadien d’élaboration d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité pour les programmes de prévention et de traitement des maladies CV comprenant les méthodes de surveillance recommandées. Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement 5/ Une information précise et accessible en temps opportun, doublée d’une stratégie de diffusion, est absolument essentielle à la santé publique. Le Canada a besoin d’information pour les patients, les prestataires de soins, les gestionnaires et le gouvernement; il doit également disposer des 10 / Pour un Canada au cœur qui bat renseignements qui permettent d’encadrer la prévention, d’améliorer les soins et de soutenir la recherche. Pour fermer la boucle de l’information CV et construire l’infrastructure requise pour renforcer la prévention et les soins, le Canada devrait faire appel aux stratégies qui suivent. 5.1 Rassembler des données canadiennes sur la prévalence et l’incidence des facteurs de risque CV, de la maladie et des inégalités en matière de santé au Canada : • • • • • • • • en fournissant des ressources à l’Agence de la santé publique du Canada afin d’étendre la surveillance des maladies CV au Canada pour y inclure des conditions telles que l’insuffisance cardiaque, la crise cardiaque, l’accident vasculaire cérébral, l’hypertension et la cardiopathie congénitale; en offrant des ressources à Santé Canada et à Statistique Canada pour que ces ministères administrent conjointement la collecte de mesures complètes et normalisées sur la consommation d’aliments et de matières nutritives; en facilitant l’établissement d’une relation entre les certificats de décès et les données sur l’utilisation des services de santé; • • en collaborant avec le Partenariat canadien contre le cancer pour élaborer et soutenir une étude canadienne de cohortes de la maladie chronique qui tient compte des risques de maladie CV; en facilitant l’élaboration de normes pancanadiennes régissant les données des registres régionaux des patients atteints de maladie CV, afin d’améliorer la qualité de ces données et de faciliter les interrelations et les regroupements. • 5.2 Soutenir les efforts déployés par l’Inforoute Santé du Canada pour accélérer l’élaboration et la mise en œuvre, à l’échelle nationale, du dossier de santé électronique (DSE), du dossier médical électronique (DME), des systèmes d’information pour la gestion et la prévention de la maladie chronique ainsi que des systèmes de résolution des problèmes d’accès des consommateurs à l’information sur la santé : • • • • en examinant ce qui peut entraver ou faciliter l’utilisation du DME dans le cadre de la prestation des soins primaires au Canada et en élaborant un plan d’action pour accélérer son adoption; en dotant les systèmes d’information sur la santé de moyens efficaces de soutien aux programmes de prévention et de gestion de la maladie chronique susceptibles d’améliorer le DSE et de faire le pont jusqu’à ce que le DME soit plus largement accessible; en élaborant, tout en respectant la vie privée des citoyens et la confidentialité, des mécanismes facilitant l’usage des renseignements cliniques que contiennent le DSE et le DME pour contribuer à la surveillance, à la gestion du système, à la recherche stratégique et à l’évaluation continue de l’efficacité du système canadien de soins de santé et des stratégies de prévention de la maladie. 5.3 Améliorer les connaissances destinées à documenter la prévention des maladies CV et les soins cardiovasculaires : en fournissant des ressources afin de créer un registre canadien des arrêts cardiaques survenus avant l’hospitalisation; en élargissant la portée de l’Enquête canadienne biennale sur les mesures de la santé de Statistique Canada grâce au suréchantillonnage de certaines populations cibles, notamment de certains groupes ethniques (p. ex. les Asiatiques du Sud), des Autochtones vivant dans les réserves et dans le Grand Nord ainsi que des personnes âgées; en élaborant, au profit des patients, des systèmes d’accès efficaces à leurs données cliniques; • • en instituant un sommet pancanadien de recherche en santé CV, avec la participation des Instituts de recherche en santé du Canada, de l’Agence de la santé publique du Canada, de la Fondation des maladies du cœur du Canada et des membres de l’Alliance nationale des organismes provinciaux de recherche en santé, en vue d’élaborer un programme stratégique et coordonné de recherche sur la maladie CV visant à tenir compte des besoins futurs du Canada; en mettant sur pied un réseau de centres d’excellence dans le domaine de la santé vasculaire afin d’améliorer notre compréhension élémentaire des maladies qui affectent les petits et les gros vaisseaux sanguins, en répertoriant des (bio)marqueurs prometteurs et de nouvelles cibles de prévention et de thérapie et en poursuivant le transfert des connaissances (essais cliniques) et leur commercialisation; en appuyant les efforts déployés par les Instituts de recherche en santé du Canada pour financer des recherches supplémentaires dans le domaine du diagnostic fondé sur la génétique et la protéomique, des marqueurs servant au pronostic et des outils de prévention et de soins personnalisés; en soutenant davantage la recherche sur la santé de la population et sur l’intervention en milieu communautaire en vue d’évaluer l’incidence des politiques et des programmes sur la santé; en évaluant les répercussions de politiques économiques comme les mesures fiscales incitatives sur l’augmentation de l’activité physique (p. ex. le crédit d’impôt pour la condition physique des enfants) et en militant pour le renforcement des mesures incitatives dont on a constaté l’efficacité et qui n’aggravent pas les inégalités et les injustices en matière de santé; en appuyant les initiatives et les projets de transfert du savoir en vue de contribuer aux programmes de prévention et d’inciter les responsables de ces programmes et les milieux cliniques à transposer rapidement les résultats de recherche en applications pratiques et commercialisables. Résumé / 11 Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues 6/ Si le Canada veut assurer le perfectionnement des personnes qui sont susceptibles d’assurer la prévention et de prodiguer des soins CV appropriés, il devra adopter une stratégie plus systématique de planification de l’effectif. Il devra, dans la ligne des efforts déployés par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour mettre en œuvre la Stratégie pancanadienne en matière de ressources humaines en santé : 6.1 renforcer et garder l’effectif affecté à la prévention et aux soins CV • • • • • • en fixant le nombre et la composition des équipes de prestataires de soins de santé et en déterminant les compétences requises pour répondre aux besoins de la population; en recrutant et en perfectionnant les ressources dotées des compétences clés, notamment les épidémiologistes, les experts en santé publique et en santé de la population, les prestataires de soins primaires, les spécialistes, les informaticiens professionnels, les spécialistes en sciences sociales, les planificateurs communautaires, les évaluateurs de programme et les spécialistes des politiques; en encourageant les facultés des sciences de la santé à s’assurer que les programmes de formation en matière de santé adoptent une approche intégrée de prévention, de gestion et de traitement des maladies chroniques, renforcent la formation dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention des maladies et préparent une main-d’œuvre qui peut s’adapter rapidement aux nouvelles connaissances et technologies; en incitant les responsables des programmes éducatifs à préparer les prestataires de soins à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles; en encourageant les prestataires de soins de santé à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles; en remettant en question les programmes éducatifs pour examiner de façon critique la durée des programmes de formation et son incidence sur les efforts déployés pour garantir que les équipes d’intervenants sont suffisamment nombreuses et diversifiées pour répondre aux besoins du Canada en matière de santé. 12 / Pour un Canada au cœur qui bat Partenariats requis pour passer du plan à l’action L’éradication des maladies CV exige l’engagement de tous les paliers de gouvernement et le recours à des approches pangouvernementales. Mais, les gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Des partenariats s’imposent, à l’intérieur et à l’extérieur du secteur de la santé, afin d’encourager les professionnels de la santé et leurs organismes, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les médias et les citoyens à mettre au point une stratégie de portée nationale s’adressant à la société tout entière. Pour réussir, nous devons investir des ressources et déployer des efforts, en amont, dans des activités susceptibles de prévenir les maladies CV; il faut également instituer, en aval, au profit des personnes qui sont atteintes de maladies du cœur et d’autres maladies vasculaires, des traitements efficients et de haute qualité. Nous devons travailler de concert, au sein des gouvernements, à l’échelle nationale ou intersectorielle, dans les collectivités et dans les écoles, dans nos lieux de travail et nos maisons, pour minimiser l’importance des menaces qui pèsent sur notre cœur et nos vaisseaux sanguins. Nous devons modifier nos environnements et nos normes sociales. En même temps, les responsables de nos systèmes de soins de santé et nos prestataires de soins doivent travailler en étroite collaboration avec la population canadienne pour lui offrir, en temps opportun, des services de prévention et de soins intégrés, de haute qualité et axés sur le patient. La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action nous offre une extraordinaire occasion d’améliorer la santé des Canadiens. Nous devons prendre en main notre santé et la santé future de la Nation et agir sur-le-champ. Le temps de la complaisance est révolu et plus rien ne justifie que la maladie CV conserve son titre d’ennemi public numéro un! Contexte Élaboration de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action En mai 2005, une motion d’initiative parlementaire déposée par le député Steven Fletcher, invitait le Canada à élaborer des stratégies nationales de lutte contre le cancer, la maladie mentale et la maladie cardiovasculaire. La motion a reçu l’appui de tous les partis à la Chambre des communes. Le 23 octobre 2006, le ministre fédéral de la Santé annonçait le financement, par l’entremise de l’Agence de la santé publique du Canada, d’une stratégie pancanadienne de santé cardiovasculaire. Le but de cette stratégie était de réduire le fardeau croissant des maladies cardiovasculaires au Canada et les pertes qui en résultent. Le mandat d’élaborer la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action (SCSCPA), une stratégie globale fondée sur des données probantes et dirigée par les parties intéressées, a été confié à un comité directeur d’experts présidé par le Dr Eldon Smith. Ce comité de 29 membres était composé de chefs de file dans divers domaines : santé et maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires, santé de la population, politiques sur la santé, recherche, technologie de l’information et autres secteurs d’activité pertinents et suivi des survivants de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires. Au cours des deux ans d’élaboration de la Stratégie, trois organismes nationaux – la Fondation des maladies du cœur du Canada, la Société canadienne de cardiologie et l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire – l’un des Instituts de recherche en santé du Canada – ont joué un rôle clé en fournissant des orientations au président du Comité. Un secrétariat de trois personnes, administré par un directeur et installé dans les locaux de la Fondation des maladies du cœur du Canada et de la Société canadienne de cardiologie, a fourni un appui opérationnel au Comité. Établissement du cadre Le Comité directeur a élaboré un cadre qui devait lui permettre de définir sa vision et d’orienter ses travaux (figure 1). Ce cadre reflète tout le spectre du système de santé couvert par la Stratégie – des politiques aux services de planification et soins de fin de vie et de la naissance au décès. Il capte, tout au long du cycle de vie des gens et d’un service de santé à l’autre, la dynamique qui existe entre les activités de prévention de la maladie et de promotion de la santé, en amont, et les services de diagnostic et de soins, en aval. Il montre que la promotion de la santé et la prévention de la maladie jouent un rôle de premier plan à toutes les étapes de la vie et des soins de santé et souligne le rôle primordial que jouent l’information, l’accès aux services, la recherche et les ressources humaines du secteur de la santé dans une stratégie globale. Contexte / 13 Figure 1 Cadre pour une stratégie canadienne globale de santé cardiovasculaire et un plan d’action Vision Environnements favorables Comportements sains Risque moins élevé pour la population Moins d’épisodes aigus Moins de maladies chroniques Augmentation des années de vie de qualité Interventions requises Changement de politique et d’environnement Stratégies de changement de comportement Prevention Prévention, détection, gestion des facteurs de risque Traitittement Tra Accès, en temps utile, à des soins actifs de qualité Accès, en temps utile, à un bon programme de gestion des maladies chroniques et de réadaptation Information et surveillance Accès aux services Recherche Ressources humaines du secteur de la santé Accès, en temps utile, à des soins de fin de vie Résultats 1 2 3 4 5 Population en meilleure santé Réduction des disparités Ajout d’un certain nombre d’années de vie de qualité Diminution du fardeau de la maladie cardiovasculaire Système de santé viable Aux yeux des membres du Comité directeur, la santé ne dépend pas seulement du système de soins de santé : Des environnements favorables encouragent des comportements plus sains; ceux-ci réduisent à leur tour les risques et les situations de crise. Combinés à un accès, en temps utile, à des soins de santé de qualité, ils permettent à un plus grand nombre de personnes de vivre plus longtemps en bonne santé, réduisent le fardeau de la maladie et assurent la pérennité du système de soins de santé. 14 / Pour un Canada au cœur qui bat Compréhension des enjeux Le Comité directeur a institué des groupes de travail thématiques chargés de se pencher sur une des six questions suivantes : 1/ Le renforcement des systèmes d’information pour surveiller, gérer, évaluer et élaborer des politiques 2/ La création d’environnements propices à la santé cardiovasculaire 3/ La prévention, la détection et la gestion des facteurs de risque 4/ La prise en compte et le renforcement de la santé cardiovasculaire des Autochtones 5/ L’accès, en temps utile, à des soins (actifs) et des diagnostics de qualité 6/ L’accès, en temps utile, à des services de gestion des maladies chroniques et de réadaptation, de même qu’à des services de planification et de soins de fin de vie. Chaque groupe de travail, composé d’environ 12 experts, a également examiné cinq enjeux généraux au cours de ses délibérations : la réduction des disparités, la prise en compte de la santé cardiovasculaire des Autochtones, l’évaluation des interventions, l’élargissement de la base de connaissances et le passage de la connaissance à l’acte. En vue de comprendre parfaitement les enjeux, les groupes de travail thématiques ont examiné la documentation scientifique et commandé des articles de fond et ils ont ensuite préparé des rapports détaillés à l’intention du Comité directeur. Ces rapports, d’une grande utilité, sont accessibles sur le site Web de la SCSC-PA, à l’adresse suivante : www.chhs-scsc.ca. Prise en compte de points de vue diversifiés Le Comité directeur a également mis sur pied un groupe d’experts en consultation et partenariat. Puisque les provinces, territoires et régions jouent un rôle clé dans la prestation des soins de santé et des services de santé publique, le président et le directeur de la SCSC-PA ont eu des rencontres individuelles et collectives avec les sous-ministres de la Santé des provinces et des territoires et d’autres cadres supérieurs et ils ont fait parvenir des rapports périodiques sur l’état d’avancement de la Stratégie au Groupe d’experts fédéral, provincial et territorial sur la prévention et le contrôle des maladies chroniqueset des blessures et au groupes d’experts sur la promotion de la santé de la population. Le Comité directeur et les Groupes de travail thématiques comptaient également des membres qui pouvaient représenter le point de vue des provinces et des territoires. Au palier fédéral, l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, Statistique Canada, l’Institut canadien d’information sur la santé, les Instituts de recherche en santé du Canada et l’Inforoute Santé du Canada ont fourni des avis et des directives; les trois derniers organismes cités avaient des représentants au Comité directeur. Durant l’élaboration de la SCSC-PA, le président et le Comité directeur ont consulté plus de 1 500 parties concernées, y compris des organismes professionnels, des organisations non gouvernementales, les industries alimentaires et pharmaceutiques, les industries de l’assurance et des services bancaires, les fabricants de matériel médical et le grand public. Plusieurs groupes de discussion ont été organisés partout au pays et des Canadiens y ont donné leur point de vue sur la maladie et la santé cardiovasculaires, sur les services offerts, ainsi que sur les obstacles et les appuis à la prévention et au traitement. Le président a également assisté à des conférences annuelles, comme la Conférence annuelle de l’Association canadienne de santé publique et le Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire pour discuter des principaux enjeux. Pour voir s’il est possible d’intégrer la Stratégie à d’autres stratégies nationales de lutte contre la maladie et de capitaliser sur ces stratégies, le président et le Groupe de gestion ont consulté les chefs de file de la Stratégie canadienne de l’AVC, de la Stratégie canadienne du diabète, du Partenariat canadien contre le cancer, de la Commission de la santé mentale du Canada et du Cadre de travail national sur la santé pulmonaire. Contexte / 15 Au-delà de la santé du cœur Même si le plan s’appelle « Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action », il dépasse de loin ce que les Canadiens englobent sous la bannière « santé du cœur ». La cardiopathie fait partie d’une famille de maladies connue sous l’appellation de « maladies cardiovasculaires » qui, de concert avec la maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral), s’inscrit dans un groupe encore plus large : le groupe des maladies vasculaires. Les maladies vasculaires ont une incidence sur le réseau des vaisseaux sanguins; elles réduisent le flux sanguin et endommagent des organes tels que le cœur (crise cardiaque ou insuffisance cardiaque) ou le cerveau (accident vasculaire cérébral). Les maladies vasculaires peuvent également affecter les reins et les jambes et causer la démence et la cécité. La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action utilise le terme « maladie CV » ou « santé CV » pour désigner • la santé ou la maladie cardiovasculaire (vaisseaux sanguins du cœur) de même que d’autres problèmes cardiaques (congénitaux et valvulaires) et troubles du muscle cardiaque; • la santé ou la maladie cérébrovasculaire (vaisseaux sanguins menant au cerveau); • la santé ou la maladie vasculaire périphérique (aorte et vaisseaux sanguins menant aux jambes). 16 / Pour un Canada au cœur qui bat Le document intitulé Pour un Canada au cœur qui bat repose sur une vision globale et intégrée de la santé. Il reconnaît qu’il est important de prévenir toutes les maladies vasculaires – quel que soit l’organe touché. Non seulement la prévention des maladies vasculaires réduira-t-elle le nombre de cardiopathies et d’accidents vasculaires cérébraux, mais elle aura également une incidence positive sur d’autres maladies chroniques courantes. Aux fins du présent document, le terme « maladie(s) CV » est utilisé pour décrire l’éventail complet des maladies cardiovasculaires et vasculaires (voir l’encadré). Même si les mêmes stratégies peuvent être utilisées pour recueillir des données sur les maladies vasculaires et pour prévenir celles-ci, il faut faire appel à des habiletés et des services différents pour traiter chaque maladie vasculaire selon l’organe du corps affecté. Puisque les causes d’un grand nombre de maladies CV sont identiques et que les traitements sont différents, les recommandations formulées par la SCSC-PA pour la prévention et pour l’infrastructure du savoir sont conçues de telle sorte qu’elles contribuent à la réduction de toutes les maladies CV. Les recommandations portant sur les soins, d’autre part, sont principalement axées sur le diagnostic et le traitement des maladies cardiovasculaires, y compris les maladies congénitales et les troubles du muscle et de la valvulve cardiaques. Pour s’attaquer aux maladies cérébrovasculaires, la Fondation des maladies du cœur du Canada et le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires ont élaboré une stratégie canadienne de l’AVC visant à orienter les soins et la réadaptation, qui est mise en application dans de nombreuses régions du pays. Mise en œuvre de la SCSC-PA – De l’intention à l’acte La SCSC-PA contient trois parties : Partie 1 La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire correspond au « quoi »; elle cerne les lacunes actuelles de la santé CV, décrit les pratiques prometteuses qui améliorent la santé et les soins et recommande des solutions. Partie 2 Le Plan d’action répond aux questions « qui, quand, comment et où »; il décrit les mesures concrètes qu’il faut prendre pour mettre en œuvre la Stratégie. Partie 3 Le plan d’activités répond à la question « combien »; il établit le coût de mise en œuvre de chacun des volets de la Stratégie. La SCSC-PA est davantage qu’un plan écrit. C’est aussi un processus et un partenariat. La Stratégie milite en faveur du leadership et de la collaboration – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système de santé – en vue de réduire le fardeau de la maladie CV. Son succès dépend de l’engagement d’un grand nombre de partenaires, notamment des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, des administrations municipales, des organismes régionaux dédiés à la santé, des prestataires et des organismes de prestations des soins de santé, des organisations non gouvernementales, du secteur privé et des particuliers (figure 2). Le SCSC-PA décrit comment ces partenaires peuvent travailler ensemble pour créer un avenir de santé cardiovasculaire pour tous les Canadiens. Figure 2 La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action Gouvernements Secteur privé, milieux de travail, écoles, collectivités, organismes non gouvernementaux Particuliers Système de soins de santé, Planificateurs et prestataires, Autres stratégies portant sur la santé Contexte / 17 La maladie CV : l’ennemi public numéro un de la santé de la population canadienne Chaque année, les maladies CV tuent 17 millions de personnes dans le monde (Organisation mondiale de la Santé, 2004) et plus de Canadiens que toute autre maladie. En 2004, ces maladies ont causé, au pays, la mort d’une personne sur trois – soit 72 743 décès (figure 3) (Agence de la santé publique du Canada, 2009). En dépit de la réduction récente du nombre annuel de décès attribuables aux maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires, ces maladies restent la principale menace à la santé publique au Canada. L’Agence de la santé publique du Canada estime qu’au moins 1,6 million de Canadiens ont une maladie cardiovasculaire ou gardent les séquelles d’un accident vasculaire cérébral (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Les maladies cardiovasculaires représentent 17 % de toutes les hospitalisations au Canada (Agence de la santé publique du Canada, 2009), comparativement à 7,6 % pour le cancer (Foote et coll., 2005). Le nombre de Canadiens qui survivent à une crise cardiaque augmente, mais beaucoup d’entre eux souffrent ensuited’insuffisance cardiaque chronique, un état qui représente aujourd’hui le principal motif d’hospitalisation des gens de plus de 65 ans (Société canadienne de cardiologie, 2006). L’incidence de l’insuffisance cardiaque augmente également avec l’âge et la population canadienne vieillit. Les maladies cardiovasculaires amputent la vie des Canadiens d’environ 4,5 ans (Manuel et coll., 2003). À cause d’elles, l’espérance de vie des Canadiens est moindre que celle des habitants d’autres pays développés (Fang et Millar, 2008). En fait, on prévoit actuellement que nos enfants seront la toute première génération de Canadiens de tous les temps à avoir une espérance de vie plus courte que celle de leurs parents. Mais le Canada n’est pas le seul à se mesurer à la maladie CV : en 2004, la maladie coronarienne et l’accident vasculaire cérébral étaient, respectivement, les première et deuxième causes de mortalité à l’échelle planétaire (21,9 % du nombre total de décès) et ces deux affections atteindront, en 2030, 26,3 % du total (Organisation mondiale de la Santé, 2008). Figure 3 Principales causes de décès Nombre et pourcentage de décès au Canada, 2004 Diabète 7 823 (3,5 %) Maladie respiratoire 19 607 (8,7 %) Maladie cardiovasculaire 72 743 (32,1 %) Cancer 66 947 (29,5 %) Autre 46 485 (20,5 %) Accidents/empoisonnement/violence 8 986 (4,0 %) Maladies infectieuses 3 993 (1,8 %) Source : Statistique Canada. Mortalité, liste sommaire des causes pour 2004, 2007. 18 / Pour un Canada au cœur qui bat Au moins 1,6 million de Canadiens sont atteints d’une maladie cardiovasculaire ou gardent des séquelles d’un AVC. Il se peut qu’ils ne meurent pas aussi vite qu’ils l’auraient fait il y a 10 ans, mais leur vie est amoindrie et nombre d’entre eux sont très malades. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la prolongation de la vie est vide de sens si les années de grâce sont gâchées par une santé précaire (Organisation mondiale de la Santé, 1998). Quatre maladies chroniques – la cardiopathie et l’accident vasculaire cérébral, le cancer, la maladie pulmonaire obstructive chronique et le diabète – représentent actuellement 60 % de tous les décès à l’échelle mondiale et on s’attend à ce que, d’ici 2020, elles représentent 73 % des décès et 60 % du fardeau mondial de la maladie (Organisation mondiale de la Santé, 2002). Chose alarmante, on prévoit que les facteurs de risque précurseurs de la maladie CV – tels que l’hypertension (pression sanguine élevée), la dyslipidémie (haut niveau de cholestérol), l’obésité et le diabète – augmenteront au Canada. Les figures 4a et 4b illustrent les tendances et les augmentations projetées du diabète et de l’obésité. L’augmentation des risques et de la prévalence de la maladie CV est une menace pour tous les Canadiens, mais il s’agit, pour les peuples autochtones, d’une véritable situation de crise (Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations, 2007). Ces tendances, combinées à la croissance et au vieillissement de la population – les maladies CV augmentent avec l’âge –, pourraient fort bien submerger le système de santé (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Figure 4a Prévisions du nombre de diabétiques au Canada par groupe d’âge en 2000, 2010 et 2016 Nombre de diabétiques 350 000 300 000 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 0 0-4 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 ≥80 Groupes d’âge (années) 2000 2010 2016 Source : Ohinmaa S., et coll. The projection of prevalence and cost of diabetes in Canada 2000 to 2016, Canadian Journal of Diabetes, vol. 28 no 2, 2004, 00-00. (accessible en anglais à l’adresse www.diabetes.ca/Files/JohnsonCJDJune2004.pdf). Contexte / 19 Figure 4b Prévalence (en %) de l’obésité au Canada (IMC >29), réelle et prévue, par sexe, 1970-2010 30 Prévalence (%) 25 20 15 10 5 0 1970 1975 Réelle (hommes) 1980 1985 1990 Prévue (hommes) 1995 2000 Réelle (femmes) 2005 2010 Prévue (femmes) Source : Six enquêtes de Statistique Canada : grandeurs et poids mesurés des 20 ans et plus 1970 – Enquête Nutrition Canada; 1978 – Enquête Santé Canada; 1981 – Enquête Condition physique Canada; 1988 – Enquête Campbell sur le bien-être au Canada; 1992 – Enquêtes canadiennes sur la santé cardiovasculaire; 2004 – Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes Source : Luo W. et coll., Le fardeau de l’obésité chez les adultes au Canada. Maladies chroniques au Canada, 2007, vol. 27, no 4, p. 135 à 144. L’impact économique Les maladies CV ne représentent pas seulement une menace pour notre santé – elles menacent également notre bien-être économique. En 2000, les maladies CV ont coûté au Canada au moins 22,2 milliards de dollars en coûts directs et indirects, un chiffre qui n’est dépassé que par les conséquences des maladies musculosquelettiques (figure 5) (Agence de la santé publique du Canada, 2009). En 2004-2005, trois des quatre maladies les plus coûteuses en termes de frais d’hospitalisation étaient des maladies CV. En frais d’hospitalisation seulement, elles ont coûté 1,4 milliard de dollars (Institut canadien d’information sur la santé, 2008). 20 / Pour un Canada au cœur qui bat Compte tenu de la prolifération prévue des maladies CV, leur coût ira croissant. On prévoit que les provinces et les territoires affecteront 50 % de leur budget à la santé, ce qui limitera leur capacité de financer d’autres services publics essentiels, tels que l’éducation, les routes, l’environnement et les services sociaux. Si rien ne change et si les dépenses attribuables aux soins de santé continuent à augmenter au rythme actuel, d’ici 2017-2018 – dans à peine dix ans – les soins de santé et l’éducation pourraient consommer jusqu’à 100 % des budgets provinciaux et territoriaux, comme l’illustrent les prévisions établies pour la Colombie-Britannique (figure 6) (Taylor, 2006). Catégorie de diagnostic Figure 5 Coûts directs† et indirects‡ attribuables à la maladie* pour les sept catégories principales de diagnostic, Canada 2000 Maladies musculosquelettiques Maladies cardiovasculaires Troubles neuropsychiatriques Tumeurs malignes Blessures Maladies du système digestif Maladies du système respiratoire 3 0 6 9 12 15 18 21 Coûts (en milliards de dollars) Coûts directs Coûts indirects * Fondés sur le coût total de la maladie qui est de 147,9 milliards de dollars. Les dépenses pour les soins prodigués dans d’autres établissements et les coûts directs des soins de santé supplémentaires ne sont pas inclus. † Les coûts directs comprennent les frais d’hospitalisation et d’achat de médicaments ainsi que les honoraires des médecins. ‡ Les coûts indirects comprennent les dépenses attribuables au décès, à l’invalidité à court et long terme. Note : L’invalidité à court terme n’est pas pertinente pour certaines catégories de diagnostic. Les cinq catégories de diagnostic qui peuvent entraîner des coûts d’invalidité à court terme sont les maladies musculosquelettiques, les maladies cardiovasculaires, les troubles neuropsychiatriques, les maladies du système digestif et les maladies du système respiratoire. Source : Adapté du rapport inédit de l’Agence de la santé publique du Canada (2009). Tracking Heart Disease and Stroke in Canada, 2008. Figure 6 Prévisions de revenu et de dépenses en Colombie-Britannique 100 % 90 % 80 % Pourcentage 70 % 60 % 50 % Total 100 % Croissance du revenu 3% Croissance de l’éducation 3 % Croissance de la santé 8% Budget équilibré Les autres dépenses diminuent et sont nulles à partir de l’année 2017-2018. 71,3 % 53,6 % 41,6 % 40 % 30 % 20 % 28,4 % 27,0 % 27,0 % 27,0 % 10 % 16,6 % -0,6 % 0% -10 % 04/05 05/06 06/07 07/08 08/09 09/10 10/11 11/12 12/13 13/14 14/15 15/16 16/17 17/18 Année Santé Éducation Autre Dépenses réelles et prévues en matière de santé et incidence sur d’autres secteurs des dépenses de programmes en Colombie-Britannique. Source : Taylor, C. BC Economic and Fiscal Update, 2006. (accessible en anglais à l’adresse www.fin.gov.bc.ca/qrt-rpt/qu06/Q1powerpoint.pdf ). Contexte / 21 Quelles sont les maladies CV? De nombreux Canadiens pensent à tort que les maladies cardiovasculaires se limitent aux crises cardiaques. En réalité, les maladies CV englobent un large éventail d’états débilitants et onéreux qui affectent presque toutes les parties du corps (figure 7). Quelles sont les causes des maladies CV? Les prédispositions génétiques sont la cause d’environ 5 % à 10 % de toutes les maladies CV (Agence de la santé publique du Canada, 2009). La cause la plus courante des autres maladies CV est l’athérosclérose ou le durcissement des artères. À la naissance, les artères sont en bonne santé, mais au fil du temps, les vaisseaux sanguins peuvent s’enflammer et se couvrir de matières grasses (cholestérol) et de cicatrices, des anomalies qui restreignent le flux sanguin; des caillots de sang peuvent alors se former et provoquer des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et d’autres complications. L’athérosclérose s’installe tôt dans la vie – parfois même dans l’enfance – mais il se peut qu’elle n’entraîne aucun symptôme ou signe de maladie pendant de nombreuses années. En dépit des récentes percées dans la compréhension des causes de l’athérosclérose, il reste beaucoup à apprendre sur la fonction et la maladie vasculaire. Figure 7 Quelles sont les maladies CV? Démence Cécité Accident vasculaire cérébral Insuffisance cardiaque congestive Anomalies du rythme cardiaque Hypertension Embolie pulmonaire Coronaropathie Maladie des valvules cardiaques Cardiopathie congénitale Maladie du rein Anévrisme de l’aorte Maladie thromboembolique Maladie artérielle périphérique 22 / Pour un Canada au cœur qui bat Qui est touché? La représentation traditionnelle du Canadien typique atteint de maladie CV est un homme blanc âgé et souffrant d’embonpoint. Toutefois, cette représentation ne s’applique plus. La maladie CV touche les Canadiens de tous les âges et de tous les milieux. Certains d’entre eux sont plus menacés que d’autres. Le visage de la maladie cardiovasculaire au Canada est caractérisé par la présence croissante de gens plus jeunes, de femmes, de gens de différentes ethnies, de pauvres et trop souvent d’Autochtones ou de personnes d’origine sud-asiatique (figure 8). Nous sommes tous à risque : neuf Canadiens sur dix de plus de 20 ans ont au moins un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. Un sur trois a trois facteurs de risque ou davantage (Agence de la santé publique du Canada, 2009) Figure 8 Qui souffre de maladie CV? Canadiens d’origine chinoise Femmes Canadiens d’origine sud-asiatique Canadiens d’origine africaine Hommes de plus de 75 ans Bébés Canadiens plus pauvres et moins instruits Jeunes Peuples autochtones Contexte / 23 • • • • • • • Au Canada, environ un bébé sur cent est atteint, à la naissance, d’une cardiopathie congénitale (Fondation des maladies du cœur du Canada, 2003) Un nombre croissant de jeunes souffrent d’embonpoint ou d’obésité et ont le diabète, font de l’hypertension et ont un taux de cholestérol plus élevé que par le passé (Shields, 2005) Même si les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’être atteints d’une maladie du cœur à un âge moins avancé, on a constaté récemment que cette maladie emportait, chaque année, plus de femmes que d’hommes (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Les femmes qui ont une maladie CV séjournent aussi plus longtemps à l’hôpital et sont plus invalides que les hommes (Pilote, 2007). La prévalence des maladies de cœur augmente avec l’âge. Un homme de plus de 75 ans sur quatre est atteint d’une maladie du coeur (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Les Canadiens plus pauvres et moins instruits sont plus susceptibles d’être atteints de maladies CV que ceux qui sont plus instruits et qui ont un revenu plus élevé. (Craig et coll., 2005). Les peuples autochtones du Canada sont 1,5 à 2 fois plus exposés à la cardiopathie que la population canadienne en général. Ils sont également plus susceptibles d’être atteints de diabète, de faire de l’hypertension, d’avoir un taux de cholestérol élevé et d’avoir des antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire (Santé Canada, 2001). Les Canadiens d’origine sud-asiatique sont, durant leur jeunesse, plus susceptibles que d’autres Canadiens de faire une crise cardiaque mortelle. Les gens natifs de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal et du Sri Lanka meurent des suites d’une maladie de cœur cinq à dix ans plus tôt que les membres d’autres groupes ethniques – même s’ils ne souffrent ni d’embonpoint ni d’obésité ( Joshi et coll., 2007). 24 / Pour un Canada au cœur qui bat • • Les Canadiens d’origine chinoise sont plus susceptibles de faire de l’hypertension que les Canadiens d’origine européenne (Anand et coll., 2000). Les Canadiens d’origine africaine sont plus susceptibles de souffrir d’hypertension que la population en général (Fondation des maladies du cœur de l’Ontario, 2008). Quels sont les facteurs de risque de la maladie CV? L’athérosclérose est plus répandue chez les gens qui ont une pression artérielle élevée (hypertension) et un niveau élevé de cholestérol ou d’autres lipides dans le sang (dyslipidémie), qui souffrent d’embonpoint ou d’obésité ou qui ont le diabète. L’hypertension, la dyslipidémie, l’obésité, l’athérosclérose et le diabète sont causés par une interaction complexe de facteurs de risque génétiques (caractéristiques innées, héréditaires), de facteurs de risque environnementaux (faible niveau de revenu ou d’instruction ou les deux, accès limité à des aliments sains ou à l’activité physique) et facteurs de risque comportementaux (régime alimentaire malsain, inactivité physique et tabagisme, stress et dépression). Gènes Les gènes jouent un rôle dans les maladies CV, le diabète et l’obésité. Quiconque a des antécédents familiaux de pression sanguine élevée, de dyslipidémie, d’obésité ou de diabète est plus exposé que d’autres à la maladie CV. Les gens qui appartiennent à des groupes ethnoraciaux chez qui le taux de maladie cardiovasculaire est élevé, comme certains membres des peuples autochtones ou des peuples d’Asie du Sud sont également plus exposés. Selon l’administrateur en chef de la santé publique du Canada, en général, l’état de santé s’améliore au fur et à mesure que l’on s’élève dans l’échelle sociale; les Canadiens qui ont un revenu modeste et un faible niveau de scolarité sont en moins bonne santé que leurs concitoyens des échelons socioéconomiques supérieurs. Ces écarts de santé sont causés par une combinaison de facteurs environnementaux, notamment par le manque d’accès à des aliments et à un logement adéquats, par le stress psychosocial et des facteurs comportementaux tels que les habitudes alimentaires, l’exercice et le tabagisme (Agence de la santé publique du Canada, 2009). [Traduction libre] Les disparités sociales mènent aux inégalités en matière de santé. Par exemple, les enfants qui grandissent dans un milieu pauvre ont un indice de masse corporel (IMC) plus élevé et sont plus exposés que d’autres à l’embonpoint ou à l’obésité (Oliver et Hayes, 2008). Les personnes pauvres ou moins instruites sont plus susceptibles de consommer des aliments malsains, d’être inactives et de fumer que celles qui sont plus scolarisées et mieux nanties (Marmot et coll., 1991). Le taux élevé de maladie CV chez certains peuples autochtones est le résultat complexe d’un certain nombre de facteurs : manque d’accès à des aliments sains et à des services de santé (particulièrement dans les collectivités éloignées); faible niveau de scolarité et pénurie d’emplois de qualité, faible revenu et logement médiocre (Kmetic, 2007). Comportement Les risques génétiques et environnementaux de contracter une maladie CV sont multipliés par des comportements tels que la consommation d’aliments ayant un taux élevé de calories, de gras, de sel et de monosaccharides, mais faibles en fibres (peu de fruits et de légumes) et en minéraux (calcium, magnésium, potassium), l’inactivité physique et le tabagisme. Environnement Le risque qu’ont les Canadiens de contracter une maladie CV et leur capacité de réduire ce risque dépendent largement de facteurs environnementaux et socioéconomiques tels que le niveau de scolarité et de revenu, l’accessibilité et le coût des aliments sains, les occasions d’activité physique et le stress. L’environnement peut interagir avec les gènes pour rendre les gens plus vulnérables aux maladies CV. Par exemple, dans les sociétés où de saines habitudes alimentaires et l’activité physique sont la norme, comme au Japon, l’athérosclérose est peu répandue; toutefois, lorsque les gens de ces pays déménagent dans un environnement où la population est généralement moins active et consomme des aliments moins sains, leur risque de contracter une maladie CV augmente rapidement (Tremblay et coll., 2005). Quatre des maladies chroniques les plus répandues – la maladie cardiovasculaire, le cancer, la maladie pulmonaire obstructive chronique et le diabète de type 2 – sont liées à des facteurs de risque biologiques courants et évitables comme l’hypertension, un taux de cholestérol élevé et l’embonpoint et de facteurs de risque comportementaux majeurs tels qu’un régime alimentaire malsain, l’inactivité physique et le tabagisme. Les mesures à prendre pour prévenir ces maladies chroniques graves devraient être axées sur un système bien intégré de contrôle de ces facteurs de risque et d’autres facteurs de risque importants (Organisation mondiale de la Santé, 2002). [Traduction libre] Contexte / 25 Un aperçu des risques CV au Canada Même si le nombre de Canadiens qui ont une crise cardiaque, un AVC ou une insuffisance cardiaque diminue (Campbell et coll., 2006), les risques de maladie CV restent indûment élevés et augmentent dans certains cas : • Chez les hommes et les femmes qui sont dans la trentaine ou la quarantaine, une personne sur quatre tire plus de 35 % de ses calories de corps gras (Garriguet, 2004). • Au Canada, 22 % des adultes de 18 ans et plus ont une pression artérielle élevée (Joffres et coll., 1997) et neuf Canadiens sur 10 souffriront d’hypertension durant leur vie (Campbell et coll., 2006). • Environ six enfants de 13 ans et moins sur 10 et cinq adultes sur 10 consomment moins de cinq portions de fruits et de légumes quotidiennement (Garriguet, 2007). • Au Canada, quatre adultes sur 10 (36 %) souffrent d’embonpoint (IMC 25 – 29) et un sur quatre (23 %) est obèse (IMC ≥30) (Tjepkema, 2007). • Parmi les Canadiens de 19 à 70 ans, plus de 85 % des hommes et 60 % des femmes absorbent une quantité de sodium (sel) excédant le plafond recommandé (Garriguet, 2007). • Environ un Canadien de 12 ans et plus sur deux (48 %) est physiquement inactif (Gilmour, 2007). • Au Canada, 19 % des adultes (un sur cinq) et 15 % des jeunes de 15 à 19 ans fument (Santé Canada, 2007). 26 / Pour un Canada au cœur qui bat • Au Canada, au moins un enfant sur quatre (Shields, 2006) et un enfant autochtone sur deux, dans les réserves, souffrent d’embonpoint ou d’obésité (Organisation nationale de la santé autochtone, 2005). • En 2005, presque 1,8 million de Canadiens adultes – 5,5 % de la population – ont eu un diagnostic de diabète par rapport à 4,8 % en 1998. Les cas de diabète ont augmenté de 70 % depuis la publication des directives pour la pratique clinique de 1998 de l’Association canadienne du diabète (Association canadienne du diabète, 2008). Les maladies CV : le défi numéro un du Canada au chapitre de la santé La maladie CV constitue la plus grande menace pour la santé des Canadiens, mais elle représente aussi la plus grande possibilité d’amélioration de la santé : • • • parce que jusqu’à 80 % des maladies CV sont évitables (Agence de la santé publique du Canada, 2009; Yusuf, 2004); parce que, si les maladies CV sont détectées rapidement et traitées vigoureusement, elles peuvent être contrôlées et gérées; parce que contrairement à des maladies comme le cancer pour lesquelles les causes et les solutions sont floues – nous savons déjà comment prévenir et traiter les maladies CV. À chaque étape du cheminement vers la maladie CV, on peut réduire les risques et améliorer la santé du patient. Nous avons déjà des exemples de modes d’utilisation des connaissances qui peuvent améliorer la santé et réduire l’incidence de la maladie CV. En 1992, presque 50 % des Canadiens souffrant d’hypertension n’ont fait l’objet d’aucun diagnostic et seulement 13 % ont reçu un traitement conforme aux directives ayant permis de maintenir leur pression artérielle à un niveau acceptable ( Joffres et coll., 1997). Au cours des neuf dernières années, le Programme éducatif canadien sur l’hypertension (PECH) a fait activement la promotion de directives sur l’hypertension fondées sur des données probantes. Il a aussi encouragé la formation des professionnels de la santé et du grand public, et on peut dire que la situation s’améliore. Selon une récente enquête menée par la Fondation des maladies du cœur de l’Ontario (figure 9), 88 % des participants atteints d’hypertension sont conscients du diagnostic et 66 % surveillent leur hypertension et font l’objet d’un traitement (Leenen et coll., 2008). Il reste à démontrer que des progrès aussi spectaculaires se produisent également dans le reste du Canada. La prévention se justifie d’un point de vue économique. Selon une récente analyse effectuée aux ÉtatsUnis, chaque dollar dépensé pour des programmes de prévention qui encouragent l’activité physique, améliorent les régimes alimentaires et préviennent le tabagisme offre un rendement de 5 $ sur le capital investi en réduisant les coûts du traitement (Trust for America’s Health, 2008). Actuellement, une maladie que l’on pourrait prévenir dans la plupart des cas coûte au Canada 22,2 milliards de dollars par an (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Bien qu’il soit possible de neutraliser les principaux facteurs de risque de maladie de cœur et d’accident vasculaire cérébral, nous ne faisons que peu de choses pour y parvenir – et une fois qu’une personne en souffre, elle est exposée à des dommages qui peuvent devenir irréversibles. Contexte / 27 Figure 9 Tendances en matière d’hypertension au Canada Enquête ontarienne sur la prévalence et le contrôle de l’hypertension 2006 19,5 % 14,7 % 65,7 % Étude sur la santé du cœur 1992 : Canada Étude sur la santé du cœur 1992 : Ontario 12,1 % 13,2 % 65,4 % 21,4 % Traité et contrôlé 67,1 % Traité et non contrôlé 20,8 % Non traité Traitement et contrôle de l’hypertension tels que déterminés en 2006 par l’Ontario Survey on the Prevalence and Control of Hypertension et en 1992, pour l’Ontario et le Canada, par l’Enquête canadienne sur la santé cardiovasculaire (les données de 1992 sont fournies par le Dr Michel Joffres, Simon Fraser University, communication personnelle, 31 juillet 2007). Les données représentent le pourcentage des personnes qui ont fait l’objet d’un diagnostic d’hypertension. Les deux ensembles de données pour l’Ontario ont été pondérés en fonction de la population de l’Ontario et les données nationales l’ont été par rapport à la population du Canada. Pour garantir la stabilité des données comparées, le « traitement » dans l’Enquête canadienne sur la santé cardiovasculaire renvoie à la pharmacothérapie seulement. Source : Leenan, F., et coll. Results of the Ontario Survey on the Prevalence and Control of Hypertension, CMAJ, vol. 178, no 11, 2008, p. 1141 à 1449. En 2005, une entente de partenariat conclue entre la Fondation des maladies du cœur du Canada et le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires a permis de créer la Stratégie canadienne de l’AVC en vue de promouvoir des soins d’urgence fondés sur des données probantes et la réadaptation des patients qui ont eu un AVC. Quatre provinces – l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Nouvelle-Écosse – ont financé des stratégies intégrées de lutte contre l’AVC et toutes les autres ont apporté des changements en matière de traitement de l’AVC qui ont augmenté de façon spectaculaire le nombre de personnes qui survivent et qui se rétablissent après l’accident. 28 / Pour un Canada au cœur qui bat Toutefois… … le nombre de Canadiens qui savent comment réduire leurs risques de contracter une maladie CV est beaucoup trop bas; … le nombre de Canadiens à risque faisant l’objet d’un diagnostic précoce est beaucoup trop bas; ….le nombre de Canadiens souffrant d’une maladie CV qui ont accès en temps utile à des soins holistiques fondés sur des données probantes est beaucoup trop bas. En agissant sur-le-champ, nous pouvons construire un Canada où tout le monde jouit d’une bonne santé cardiovasculaire Nous disposons des compétences et du savoir requis pour créer, au profit des Canadiens, un avenir plus prometteur de santé cardiovasculaire dans lequel : les citoyens auront la connaissance, les ressources et le soutien dont ils ont besoin pour réduire leur risque de contracter des maladies CV et d’autres maladies chroniques et pour vivre plus longtemps, en meilleure santé; les gouvernements, le système de soins de santé, le secteur privé, les organismes bénévoles et communautaires et les particuliers contribueront à la création d’environnements et de services qui assureront la promotion et l’amélioration de la santé CV; les patients seront des partenaires actifs et informés de leur propre état de santé et des soins qui leur sont dispensés; les équipes interprofessionnelles de prestataires de soins de santé disposeront de l’information, des compétences et des outils dont elles auront besoin pour promouvoir la santé, prévenir les maladies CV et offrir aux Canadiens qui souffrent de ces maladies, des soins de santé holistiques, intégrés et axés sur le patient, dans un délai raisonnable; le Canada sera reconnu dans le monde entier comme une nation productive et économiquement concurrentielle où les citoyens jouissent d’une santé du cœur exemplaire. Notre stratégie Nous disposons déjà d’une bonne partie des outils et des éléments – habiletés, connaissances, ressources humaines – dont nous avons besoin pour construire un Canada où tout le monde jouit d’une bonne santé cardiovasculaire. Partout au pays, des projets passionnants ont vu le jour. Des pratiques exemplaires ont été élaborées, et certaines d’entre elles sont mises en commun et adoptées. Mais trop souvent – dans certaines provinces ou localités ou dans certains hôpitaux et cabinets de médecin – les choses progressent selon une approche fragmentée. Des champions déploient de grands efforts à titre individuel, mais ils ne disposent pas des ressources, de l’influence ou des appuis requis pour faire bouger tout le système. Même si le Canada dispose de stratégies lui permettant de lutter contre les autres maladies chroniques qui sont les causes principales de la mortalité et du fardeau de la maladie – le diabète, la maladie pulmonaire et le cancer – il ne dispose pas de stratégie concertée et pancanadienne qui lui permettrait de réduire la prévalence des maladies CV. La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action est conçue de façon à combler cet hiatus et à créer les conditions favorables à l’édification d’une nation composée de citoyens dotés d’un cœur en bonne santé. Elle fait appel au Canada pour investir en amont dans la prévention afin d’aider les gens à rester en bonne santé et à éviter le chemin qui mène à la maladie CV, et aussi pour investir en aval dans la mise sur pied de soins cardiaques efficaces et de haute qualité pour les Canadiens qui en ont besoin. Les stratégies recommandées sont pragmatiques et ont la capacité d’améliorer la santé CV et d’atténuer les inégalités au chapitre de la santé. Nous avons l’intention de prendre les mesures qui suivent. 1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire. 2/ Aider les Canadiens à mener une vie plus saine. 3/ Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV. 4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient. 5/ Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement. 6/ Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues. Le fait d’investir sans délai dans l’amélioration de la prévention et des soins • améliorera la santé de la population; • réduira les inégalités en matière de santé; • prolongera la vie en offrant un sursis de qualité; • réduira le fardeau des maladies CV; • assurera la pérennité du système de santé. Contexte / 29 Principes directeurs pour la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action. La Stratégie doit : • refléter les meilleures données probantes disponibles; • tirer profit des forces et des réussites du système actuel; • reconnaître les valeurs et les visions du monde des peuples autochtones et tenir compte des facteurs historiques et contextuels qui ont des répercussions sur leur santé; • s’harmoniser avec d’autres stratégies et initiatives; • être axée sur la personne; • être culturellement adaptée et répondre aux besoins des groupes ethniques à haut risque; • être un investissement justifié; • pouvoir être mise en œuvre et évaluée et être pratique et faisable; • réduire les disparités en matière de santé; • permettre d’améliorer la santé et la qualité de vie; • être compatible avec la Loi canadienne sur la santé. 30 / Pour un Canada au cœur qui bat 1/ Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire Les Canadiens peuvent prendre de nombreuses mesures pour réduire leurs risques de contracter une maladie CV, mais ils ne peuvent pas agir seuls. Ils ont besoin d’environnements qui facilitent les choix santé. N os environnements – nos collectivités, nos lieux de travail, nos écoles et nos maisons – ont un effet direct sur notre niveau d’activité, nos habitudes alimentaires, notre taux d’obésité et nos risques en matière de maladie du cœur ou d’accident cérébral vasculaire (Fondation des maladies du cœur du Canada, 2007a). Notre approvisionnement alimentaire, la façon dont nos collectivités sont conçues et construites et notre exposition au tabac sont des facteurs qui peuvent tous affecter notre santé. Par exemple, lorsque les aliments les moins nutritifs sont meilleur marché, plus accessibles et plus activement commercialisés que les aliments sains, il est plus difficile pour les Canadiens de faire un choix santé. Lorsque les gens ont accès à des renseignements sur la nutrition, ils sont plus susceptibles de choisir les options favorables à la santé (Santé Canada, 1996; Organisation mondiale de la Santé, 2003). Lorsque les gens vivent dans des localités éloignées des magasins et des services, ils sont plus exposés à l’embonpoint ou à l’obésité que les gens vivant dans des quartiers où ils peuvent s’approvisionner à pied. Lorsque les collectivités n’ont pas suffisamment de parcs ou d’installations récréatives, les gens éprouvent plus de difficulté à rester physiquement actifs (Sanitch, 2003; Butterworth, 2000). Les changements qui se sont produits dans le mode de vie des peuples autochtones – vie plus sédentaire et consommation d’aliments hypercaloriques – sont largement attribuables à des changements d’environnement, dont l’acculturation, l’urbanisation et l’occidentalisation (Kmetic, 2007). Le Canada sait déjà d’expérience, grâce à la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme, qu’un changement d’environnement peut modifier les comportements et réduire les risques. Au cours des 20 dernières années, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de même que les administrations municipales, ont pris des mesures combinées pour aider les gens à arrêter de fumer : sensibilisation du public aux risques du tabagisme, taxation, législation (pour limiter la publicité sur le tabac, interdire le tabagisme dans les endroits publics et interdire la vente de tabac aux mineurs), mise en application de la loi et counseling par des professionnels de la santé. L’adoption de ces mesures a fait baisser de façon spectaculaire les taux de tabagisme et d’exposition à la fumée secondaire. La plupart des milieux de travail et des endroits publics du Canada sont maintenant sans fumée. En cinq ans, entre 2000 et 2005, le nombre de fumeurs canadiens a diminué de 23 % (Santé Canada, 2000; Santé Canada, 2007b). Le même type d’approche holistique devrait être utilisé pour améliorer la qualité de notre approvisionnement alimentaire, édifier des collectivités qui font la promotion de l’activité physique et créer des occasions de vie active et saine à l’école, au travail et à la maison. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 31 Les inégalités menacent notre santé Messages clés Nos environnements – nos collectivités, nos milieux de travail, nos écoles et nos maisons – ont un effet direct sur notre niveau d’activité, nos habitudes alimentaires, nos taux d’obésité et les risques que nous courons en matière de maladie cardiovasculaire ou d’AVC. Les risques que courent les Canadiens de contracter une maladie CV et leur capacité de réduire ces risques sont profondément influencés par des facteurs socioéconomiques, tels que le niveau de scolarité et de revenu, et le Canada devrait prendre les mesures requises pour aplanir les injustices sociales et les inégalités au chapitre de la santé. Des mesures réglementaires, de même que des directives et des mesures incitatives destinées au secteur privé sont nécessaires pour améliorer la qualité de notre alimentation, réduire la quantité de graisses trans et saturées, de sucre et de sel dans les aliments transformés, améliorer l’étiquetage des aliments et encourager la mise en marché d’aliments sains. Les collectivités devraient être conçues et construites de façon à encourager les Canadiens à être physiquement plus actifs. L’information et les exemples de pratiques exemplaires pourraient aider les écoles, les milieux de travail et les familles à promouvoir l’activité physique. De nouveaux programmes et de nouveaux appuis sont nécessaires pour réduire le tabagisme, particulièrement chez les jeunes. La création d’environnements sains exige une approche pangouvernementale. Tous les ministères devraient y participer. 32 / Pour un Canada au cœur qui bat Dans les efforts qu’ils déploient pour créer des environnements sains, les responsables du système de santé ont, par le passé, mis l’accent sur des stratégies qui influencent certains comportements tels que les habitudes alimentaires, l’exercice et le tabagisme, mais la SCSC-PA reconnaît que le régime alimentaire des Canadiens et leur niveau d’activité et de tabagisme sont fortement influencés par les déterminants socioéconomiques de la santé qui agissent en amont, tels que le revenu, le niveau de scolarité et l’emploi. Les Canadiens les plus pauvres et les moins instruits sont plus susceptibles d’être obèses et moins actifs physiquement, de consommer moins de fruits et de légumes et de fumer davantage que les Canadiens ayant un revenu plus élevé (Craig et coll., 2005). Selon le rapport de 2008 de l’administrateur en chef de la santé publique, les disparités en matière de santé sont fondamentalement des injustices sociales que nous pouvons éradiquer grâce à des politiques publiques et à l’adoption de mesures individuelles et collectives (Agence de la santé publique du Canada, 2008). Un certain nombre de provinces ou territoires ont déjà pris des mesures pour réduire les injustices sociales et les disparités en matière de santé. Par exemple, le Québec, le Manitoba, Terre-Neuveet-Labrador, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario sont en train d’élaborer des stratégies de réduction de la pauvreté. Ces stratégies ont pour objet de rehausser le niveau de vie des personnes à faible revenu et d’offrir des services pour aider les gens à réussir dans leur vie professionnelle, notamment des programmes de formation et d’alphabétisation, des logements à prix modique, des services d’apprentissage et de garde axés sur la petite enfance et des services de soutien social. Un certain nombre de municipalités ontariennes font maintenant partie du Réseau 25 en 5 pour la réduction de la pauvreté dont le but est de réduire la pauvreté en Ontario de 25 % en 5 ans et de 50 % en 10 ans. En 2007, pour contribuer à la prise en compte des inégalités en fonction du sexe, la Fondation des maladies du cœur du Canada a lancé la campagne Le cœur tel qu’elles, une campagne fondée sur les données probantes de la recherche, qui aide les femmes à comprendre leurs risques de maladie cardiovasculaire, à réduire les facteurs de risque et à être plus actives dans la gestion de leur propre santé et de leurs propres soins (site Web du programme Le cœur tel qu’elles, 2008). En 2005, les ministres de la Santé des administrations fédérales, provinciales et territoriales ont approuvé la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains. Le but de la Stratégie est d’améliorer les résultats généraux et de réduire les disparités au chapitre de la santé en utilisant une stratégie axée sur la santé de la population. La Stratégie aborde en premier lieu les habitudes alimentaires saines et l’activité physique ainsi que leur relation avec le poids santé. Toutefois, il faut faire davantage pour créer des environnements qui contribueront à améliorer la santé et à réduire le fardeau des maladies CV. Le Sous-comité sur la santé de la population du Comité permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, présidé par le sénateur Wilbert Keon, est en train d’examiner les grands déterminants qui influencent la santé des Canadiens. En décembre 2008, son rapport déterminera les mesures que le gouvernement fédéral peut adopter pour mettre en application une stratégie axée sur la santé de la population qui tiendra compte de l’éventail des facteurs influençant la santé. Comme l’a noté le Sous-comité sur la santé de la population du Comité sénatorial permanent dans son quatrième rapport, une stratégie coordonnée, axée sur la santé de la population, exige des interventions intersectorielles – une coordination entre différents ministères gouvernementaux et la participation de différents intervenants issus d’organisations non gouvernementales du secteur privé et des collectivités (Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2008b). Le concept « santé de la population » a été élaboré au Canada en 1974 dans le rapport Lalonde. On insistait alors sur l’amélioration de l’état de santé des gens. Plus tard, on a mis l’accent sur l’élimination des disparités en matière de santé…Santé Canada a joué un rôle clé pour la promotion de la santé de la population au niveau fédéral en adoptant officiellement un cadre axé sur ce concept afin d’orienter l’ensemble de ses programmes et de ses initiatives (Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2008a). Tous les Canadiens ne peuvent pas se permettre d’acheter des aliments sains Pour réduire le risque de maladie CV, tous les Canadiens doivent se procurer des aliments sains à des prix raisonnables. En 2004, un peu plus de 9,9 % des ménages canadiens (1,1 million) n’ont pu acheter suffisamment d’aliments sûrs et nutritifs pour répondre à leurs besoins alimentaires quotidiens et pour mener une vie saine et active. Les ménages canadiens qui éprouvent le plus de difficultés à se procurer des aliments sains sont les ménages qui ont un faible revenu ou qui vivent principalement de l’assistance sociale, les ménages autochtones hors réserve, les ménages qui vivent dans un logement loué et les familles monoparentales dirigées par la mère (Santé Canada, 2007a). L’accès à des aliments sains est un problème particulier dans le Nord, mais le Canada a déjà utilisé avec succès des stratégies de fixation des prix et des mesures incitatives pour améliorer la sécurité des aliments dans les localités éloignées. Par exemple, le Programme d’approvisionnement alimentaire par la poste met des aliments sains à la disposition des familles et assure la promotion d’une alimentation de qualité en réduisant le taux d’oblitération pour l’envoi d’aliments nutritifs périssables vers des agglomérations nordiques éloignées. En 2007, le programme a pu réduire le coût des aliments dans toutes les entités participantes (par exemple, 196 $ à 347 $ par semaine pour le panier d’épicerie moyen comparativement à 246 $ à 766 $ sans le programme), égaliser le coût des aliments d’une collectivité à l’autre et augmenter la variété des aliments frais accessibles (Cundill, 2007). Sans le Programme, le coût des aliments sains serait plus élevé que le revenu des ménages dans la presque totalité des maisons. À l’heure actuelle, environ 140 collectivités dans trois territoires et six provinces sont admissibles au Programme d’approvisionnement alimentaire par la poste, mais seulement 80 % y font appel. (F. Hill, communication personnelle, 23 juillet 2008). Le coût et l’accessibilité des aliments sains ne sont pas juste un problème propre aux collectivités du Nord. Dans d’autres parties du Canada, il existe des différences surprenantes d’accès à un supermarché. Par exemple, les Canadiens qui vivent dans les quartiers pauvres d’Edmonton où les besoins sont grands ont besoin d’une voiture pour se rendre au supermarché (Smoyer-Tomic et coll., 2006). Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 33 Jusqu’à quel point les aliments que nous consommons sont-ils sains? Au Canada, une grande quantité d’aliments transformés contiennent trop de gras trans et saturé et de sel. La qualité des aliments que nous consommons est essentielle si nous voulons préserver la santé de nos vaisseaux sanguins et de notre cœur. À quel point nos aliments actuels sont-ils nutritifs? Chaque jour, un adulte et un enfant canadiens sur quatre mangent ou boivent quelque chose dans un établissement de restauration rapide (Garriguet, 2007). Les pays peuvent réduire la quantité de gras trans et de sodium (sel) dans les aliments et améliorer ainsi la qualité de leurs réserves alimentaires. En 2004, le Danemark a été le premier pays à imposer un plafond au pourcentage de gras trans dans les aliments transformés (Santé Canada, 2006). Récemment, plusieurs entités administratives, incluant la ville de New York, ont banni l’usage des graisses trans artificielles dans les aliments. La Finlande a utilisé avec succès une combinaison de campagnes de sensibilisation du public et de lois pour encourager son industrie alimentaire à étiqueter tous les aliments qui contiennent plus d’un certain niveau de sel et son industrie de la restauration à utiliser moins de sel. Résultat? Une diminution de 20 % du niveau de sel des réserves alimentaires et de 40 % de son absorption par suite de la décision des producteurs de modifier la recette de leurs produits pour éviter l’étiquette « haute teneur en sel » (Laatikainen et coll., 2005). Le Canada a déjà adopté des mesures pour réduire le gras trans et le sel dans les aliments. Par exemple : • Les Canadiens consomment une plus grande quantité d’aliments transformés et préparés qu’auparavant et ces aliments ont tendance à avoir un niveau élevé de calories, de graisses saturées et trans, de sodium (sel) et de sucres simples, ainsi qu’un faible niveau de fibres et de minéraux. Il en résulte qu’une personne sur quatre (hommes et femmes) dans la trentaine et la quarantaine tire plus de 35 % de ses calories des matières grasses et est ainsi exposée à l’obésité et à la maladie CV (Garriguet, 2004). Selon la Fondation des maladies du cœur du Canada, les graisses trans des aliments transformés sont à l’origine, au Canade, d’un nombre estimatif de 3 000 décès inutiles attribuables à des problèmes cardiaques chaque année (estimation fondée sur les données de Harvard Public Health) (Fondation des maladies du cœur du Canada, 2007b). Les Canadiens adultes consomment environ le double de la quantité recommandée de sel chaque jour (3 500 mg au lieu des 1 200 à 2 300 mg recommandés par l’Institute of Medicine des États-Unis), ce qui provoque de l’hypertension et augmente le risque de maladies CV (Campbell et coll., 2006). 34 / Pour un Canada au cœur qui bat • • En juin 2006, le Groupe d’étude sur les graisses trans, coprésidé par Santé Canada et la Fondation des maladies du cœur du Canada, a recommandé que la réglementation fédérale élimine à peu près toutes les graisses trans transformées des aliments. Le gouvernement fédéral a accepté les niveaux de gras trans recommandés par le Groupe d’étude, mais il fait actuellement appel à une approche volontariste combinée avec une surveillance publique, se réservant le droit d’imposer une réglementation dans deux ans si l’industrie alimentaire n’a pas effectué les changements recommandés. En l’absence de réglementation fédérale, certaines municipalités canadiennes ont adopté des règlements bannissant les graisses trans. En octobre 2007, Santé Canada a créé le Groupe de travail muliti-intervenants sur la réduction du sodium alimentaire pour informer le gouvernement fédéral sur les échéances et les procédés requis pour atteindre les cibles de consommation de sel recommandées à Santé Canada par l’Institute of Medicine des États-Unis. En 2007, la compagnie Campbell du Canada a reçu le Certificat d’excellence de Pression artérielle Canada pour son leadership dans la réduction du sodium alimentaire. Afin de respecter les critères de valeur nutritive du programme Visez santéMC de la Fondation des maladies du cœur, l’entreprise a éliminé l’équivalent de neuf millions de cuillerées à thé de sel de sa soupe aux tomates au cours des cinq dernières années. L’abandon des régimes alimentaires traditionnels engendre l’obésité et des problèmes de santé Une partie des problèmes d’obésité et de santé des communautés autochtones a été attribuée à l’abandon des habitudes alimentaires traditionnelles. Pour améliorer l’accès des Inuits à leurs aliments traditionnels, le Programme d’aide à la récolte au Nunavut, dont les coûts sont partagés par Nunavut Tungavik Incorporated et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, subventionne un petit nombre de chasseurs à plein temps pour les aider à couvrir leurs dépenses d’équipement, de carburant et de fournitures. Les aliments qu’ils récoltent sont accessibles aux collectivités locales, ce qui permet à un plus grand nombre d’Inuits de consommer des mets traditionnels (Affaires indiennes et du Nord Canada, 2006). Un programme similaire dans le Nord du Québec, le Programme d’aide aux Inuits pour leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage, administré par l’Administration régionale Katavik et financé par le gouvernement du Québec, subventionne l’achat d’équipement, achète les aliments récoltés et les distribue sans frais à ceux qui ne peuvent pas chasser ou pêcher (Administration régionale Katavik, 2007). Le Programme encourage le mode de vie traditionnel des Inuits et garantit aux collectivités un approvisionnement en aliments traditionnels qui contiennent plus de protéines et moins de gras que la plupart des viandes provenant du Sud du Canada (Commission royale sur les peuples autochtones, 1996). Le phoque et la baleine sont d’excellentes sources d’oméga 3, des acides gras qui contribuent à réduire le risque de maladies CV (Statistique Canada, 2001). Le Canada a fait certains progrès pour ce qui est de limiter la publicité d’aliments malsains auprès des enfants. En 2007, les entreprises membres des Annonceurs responsables en publicité pour enfants – en collaboration avec Produits alimentaires et de consommation du Canada et avec Les normes canadiennes de la publicité – ont convenu qu’au moins 50 % de leur publicité télévisée destinée aux enfants porterait sur des denrées alimentaires saines. En 2008, le rapport national de la conseillère en santé des enfants et des jeunes du Canada a recommandé l’interdiction de la publicité sur la malbouffe durant les émissions destinées aux enfants de moins de 12 ans (Leitch, 2007). L’Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada (APMCC), une alliance de dix organismes nationaux travaillant de concert à l’élaboration de politiques et de programmes intégrés de préservation de la santé et de prévention des maladies chroniques a organisé, en mars 2008, une conférence consensuelle de portée nationale et rédigé un énoncé de principe recommandant d’interdire la publicité des aliments malsains destinée aux enfants. En 2006, 44 entreprises alimentaires américaines ont dépensé plus de 1,6 milliard de dollars pour faire la promotion d’aliments et de boissons destinés aux enfants et aux adolescents (Federal Trade Commission, 2008). Une importante proportion de cette publicité paraît également à la télévision et aux étalages des magasins au Canada. Le marketing a une incidence sur le choix des aliments Certaines compagnies font activement la promotion d’aliments malsains – particulièrement auprès des enfants (Federal Trade Commission, 2008). Ces annonces influent sur les attitudes envers la nourriture et le choix des aliments. Un grand nombre de pays y compris la Suède, la Norvège, l’Autriche, la Belgique, le Luxembourg, la Grèce, l’Italie, la Finlande, l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et l’Australie ont adopté des règlements qui limitent la publicité et la commercialisation des produits destinés aux jeunes enfants. Le Québec est la seule province canadienne à avoir adopté une législation similaire. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 35 L’étiquetage des aliments prête à confusion Même quand les Canadiens veulent manger des aliments nutritifs, ils n’ont pas souvent assez d’information pour faire des choix santé. Bien que le Canada soit un chef de file mondial de l’étiquetage obligatoire des aliments emballés, seulement 61 % des femmes et 52 % des hommes lisent « toujours ou habituellement » le tableau des éléments nutritifs des étiquettes apposées sur les produits (Conseil canadien des aliments et de la nutrition, 2008) et ceux qui en prennent connaissance trouvent souvent que l’information prête à confusion. Une des principales lacunes des tableaux d’éléments nutritifs au Canada tient au fait qu’il n’existe pas de portion standard. Par exemple, « une » portion, sur l’étiquette de certains bagels emballés, peut correspondre à un bagel, un demi-bagel, un quart de bagel ou 100 grammes de bagel. Cette disparité rend difficile pour le consommateur la comparaison des qualités nutritives de denrées alimentaires similaires. À l’heure actuelle, l’étiquetage nutritionnel obligatoire ne s’applique, au Canada, qu’aux aliments emballés. Certains restaurants fournissent de leur plein gré ce genre de renseignements sur les aliments qui entrent dans la composition de leur menu. Par exemple, huit chaînes canadiennes de restaurants apposent le logo Visez SantéMC de la Fondation des maladies du cœur du Canada pour identifier les éléments du menu qui sont meilleurs pour la santé. Toutefois, l’affichage de l’information sur le contenu nutritif des aliments servis dans les restaurants et dans les établissements de restauration rapide est encore relativement rare. Au cours des derniers mois, les villes de New York et de San Francisco ainsi que l’État de la Californie ont promulgué des lois imposant aux chaînes de restaurants de fournir de l’information sur le contenu calorique de leur menu et, à San Francisco, sur les graisses saturées, les glucides et le sel des aliments servis aux points de vente. Jusqu’à quel point nos environnements physiques sont-ils sains? Santé Canada a publié des guides d’activité physique destinés aux adultes en 1998, aux aînés en 1999 et aux enfants et adolescents en 2002. Ces guides décrivent la durée optimale d’activité qui permet de rester en bonne santé. Toutefois, seulement 10 % des enfants et des jeunes canadiens ( Jeunes en forme Canada, 2008), et moins de 50 % des adultes canadiens sont physiquement actifs (Agence de la santé publique du Canada, 2009). 36 / Pour un Canada au cœur qui bat Les occasions qu’ont les Canadiens d’être physiquement actifs sont influencées par : • • la façon dont nos collectivités sont conçues et édifiées et notre perception du niveau de sécurité qu’elles offrent; les endroits où nous passons la plupart de notre temps : nos maisons, nos écoles et notre milieu de travail. Au Canada, 48 % des gens de 12 ans et plus (presque la moitié) sont physiquement inactifs, comparativement à 57 % en 1996; toutefois, malgré cette baisse, ce niveau d’inactivité reste inacceptablement élevé (Agence de la santé publique du Canada, 2009). La façon dont nos collectivités sont construites a une incidence sur notre santé Les gens qui vivent dans des localités à haute ou moyenne densité et dans des quartiers où on peut se passer de voiture se déplacent davantage à pied et à bicyclette, passent moins de temps au volant, sont plus susceptibles d’atteindre les niveaux recommandés d’activité physique et sont moins exposés à l’embonpoint et à l’obésité que ceux qui vivent dans des zones rurales ou dans des agglomérations à faible densité offrant moins de magasins, de services ou d’autres commodités à proximité (Sanitch, 2003; Ontario College of Family Physicians, 2005; Butterworth, 2000; Fondation des maladies du cœur du Canada, 2005; Frank et coll., 2004). La sécurité est aussi un enjeu. Selon un rapport de l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie, les préoccupations en matière de sécurité empêchent un Canadien sur cinq de se déplacer à pied ou à bicyclette (Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie, 1999). Au Canada, plusieurs tentatives de promotion d’environnements bâtis sains et sécuritaires sont déjà en cours. Par exemple, le Centre pour un transport durable de Winnipeg, au Manitoba, est en train d’élaborer des directives pour la planification de moyens de transport et de modes d’utilisation des terrains qui conviennent aux enfants et aux adolescents, en collaboration avec six provinces : l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, la ColombieBritannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. Ces directives sont conçues de façon à encourager les enfants à passer moins de temps en voiture et davantage à pied et à bicyclette. Croissance intelligente, un mouvement de grande portée qui milite en faveur d’un changement dans le mode de conception et de construction des villes, encourage des pratiques d’affectation des terres qui réduisent l’expansion urbaine anarchique et créent des collectivités plus conviviales – où les gens peuvent se rendre à pied à l’école, au magasin et à leurs activités au lieu d’y aller en voiture. Voici les types de changements qui peuvent améliorer la santé cardiovasculaire : • • Les directives conviviales destinées aux enfants et aux jeunes élaborées par le Centre pour un transport durable recommandent aux municipalités : • • de faire participer les enfants et les jeunes à la planification; • • de dresser la liste des endroits où les enfants et les jeunes doivent se rendre et de leur offrir le moyen d’y aller à pied ou à bicyclette; • de veiller à ce que les allées piétonnes utilisées par les enfants soient aussi sûres que possible; • d’aménager des pistes cyclables distinctes; • de faire en sorte que le réseau de transport en commun soit sécuritaire, accueillant pour les enfants, et mis à leur disposition à un prix abordable; • d’afficher et de faire appliquer des limites de vitesse réduites (site Internet de Kids on the Move, 2005). • un aménagement urbain plus dense, avec un mélange de logements, de magasins et d’entreprises; des routes et des chemins qui encouragent la marche et le cyclisme; des services de transport public plus facilement accessibles, plus sûrs, et offerts à des prix abordables; un plus grand nombre de parcs et d’installations récréatives, y compris des pistes cyclables et des sentiers; des rues attrayantes et bien éclairées où les piétons et les cyclistes se sentent en sécurité. Au Canada, on trouve plusieurs exemples de nouvelles collectivités qui tentent de promouvoir l’activité physique ainsi que d’autres volets de la santé, notamment Garrison Woods à Calgary, Dockside Green à Victoria et UniverCity de l’Université Simon Fraser. On examine actuellement l’impact de l’aménagement de Dockside Green à Victoria à partir d’une gamme d’indicateurs environnementaux, sociaux et économiques, y compris le pourcentage de résidents qui font de l’embonpoint et qui sont obèses, la perception qu’ont les gens de leur santé en général et l’usage qu’ils font des installations et des espaces publics intérieurs et extérieurs. Cette information devrait être utilisée pour créer des environnements et des collectivités qui favorisent la santé cardiovasculaire. Les milieux scolaire, professionnel et familial influencent la santé Les Canadiens passent une partie importante de leur vie à l’école, au travail et à la maison et y exercent souvent des activités sédentaires. Toutefois, ces milieux peuvent jouer un rôle clé dans la création d’environnements favorables. Il est particulièrement important de créer des environnements scolaires et professionnels qui encouragent la vie active, puisque l’écart entre le niveau moyen d’activité physique des Canadiens et le niveau requis pour prévenir l’obésité est trop grand pour que l’activité physique récréative puisse suffire, à elle seule, à réduire le taux d’obésité. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 37 En 2005, dans le cadre de la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains, les ministres de la Santé du Canada se sont engagés à élaborer des normes de nutrition et des programmes de saine alimentation pour les écoles. Huit des dix provinces disposent aujourd’hui de critères nutritionnels dans les écoles, mais ces critères sont hétérogènes sont loin de respecter les normes établies par l’Institute of Medicine des États-Unis [Centre pour la science dans l’intérêt public (Canada), 2007]. Les écoles offrent également de plus nombreuses occasions d’activité physique. Au Canada, presque 100 % des élèves des écoles élémentaires et intermédiaires suivent au moins un cours d’éducation physique par semaine. Par contre, dans les écoles secondaires, ce pourcentage est beaucoup moins élevé. (Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie, 2006). Juste un peu plus de la moitié des écoles canadiennes permettent aux élèves d’utiliser leurs installations intérieures pour des activités physiques se déroulant en dehors des heures consacrées au programme scolaire (Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie, 2006). Dans la vallée de l’Annapolis, en NouvelleÉcosse, les parents, les professeurs, les chercheurs et les représentants des conseils scolaires, de la santé publique, du secteur privé et du gouvernement collaborent pour fournir des aliments plus nutritifs dans les écoles. Parmi les activités organisées, on peut citer les salons d’information sur la santé destinés aux élèves et aux parents, un manuel de jeux pour la cour de récréation élaboré par des élèves, une unité interdisciplinaire sur l’alimentation saine et l’activité physique pour les élèves de l’école intermédiaire, l’ouverture du gymnase de l’école après les heures de cours ainsi qu’un programme offert pendant le dîner ou les pauses destiné à tous les élèves. Les élèves des 38 / Pour un Canada au cœur qui bat écoles qui participent au projet scolaire de promotion de la santé de la vallée de l’Annapolis affichent des taux moins élevés d’embonpoint et d’obésité et mangent plus de fruits et de légumes que les élèves des autres écoles. Ce programme, financé par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, est maintenant accessible à l’échelle provinciale (Annapolis Valley Regional School Board, 2008). Les politiques qui limitent la quantité d’aliments malsains vendus dans les écoles et qui encouragent la vie active peuvent améliorer les régimes alimentaires des jeunes et les aider à acquérir des habitudes de saine alimentation et d’exercice très tôt dans la vie. Les initiatives en milieu scolaire doivent faire l’objet d’une évaluation rigoureuse si on veut retenir les meilleures pratiques. Les milieux de travail devraient également promouvoir activement la santé – soit en créant plus d’occasions d’activité physique et d’alimentation saine au travail, soit en récompensant les employés qui adoptent des comportements sains. Par exemple, la Banque Scotia a mis en œuvre une initiative dans le cadre de laquelle tous les employés non-fumeurs bénéficient d’une réduction de leur prime d’assurance et de leurs cotisations d’assurance-maladie. À la maison, les parents peuvent créer des environnements familiaux qui encouragent leurs enfants à être physiquement actifs et à réduire le temps qu’ils passent devant un écran d’ordinateur ou de télévision. Pour aider les membres d’une famille à être plus actifs, il est important d’aplanir les obstacles comme le coût d’achat de l’équipement ou les frais de participation à un sport organisé. Le gouvernement fédéral a déjà pris des mesures pour encourager l’activité physique en rendant les montants des frais de participation des enfants à un sport organisé déductibles du revenu imposable; toutefois, l’impact de cette politique n’a pas été évalué. Un grand nombre d’enfants du Canada passent de quatre à six heures devant un écran chaque jour de la semaine (Jeunes en forme Canada, 2008). Nos milieux de vie sont-ils sans fumée? En dépit des progrès réalisés par le Canada dans le dossier de la réduction du tabagisme et de l’exposition à la fumée secondaire, l’usage du tabac est toujours un facteur de risque important au chapitre des maladies CV. En fait, au cours des deux ou trois dernières années, les efforts déployés par le Canada pour réduire le tabagisme ont plafonné, particulièrement chez les adolescentes et les hommes de 20 à 44 ans (figures 10a et 10b). En 2007, 15 % des Canadiens de 15 à 19 ans étaient fumeurs (figure 10c) (Santé Canada, 2008). La plupart des jeunes femmes fument aujourd’hui de nouveaux produits du tabac, comme des cigarillos arômatisés (Médecins pour un Canada sans fumée, 2008). Au Canada, un adulte sur cinq (19 %) et un adolescent sur sept de 15 à 19 ans sont fumeurs (Santé Canada, 2008). Figure 10a Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 : Canadiens de 15 ans et plus 60 Pourcentage 50 40 30 20 10 0 1965 1975 1985 Hommes 1995 2005 2007 Femmes Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008. Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 39 Figure 10b Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 : Canadiens de 20 à 24 ans et de 25 à 44 ans 70 60 Pourcentage 50 40 30 20 10 0 1965 1975 Hommes de 20 à 24 ans 1985 Femmes de 20 à 24 ans 1995 Hommes de 25 à 44 ans 2005 2007 Femmes de 25 à 44 ans Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008. Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf. Figure 10c Tendances du tabagisme au Canada entre 1965 et 2007 : Canadiens de 15 à 19 ans 60 Pourcentage 50 40 30 20 10 0 1965 1975 1985 Garçons 1995 Filles Source des données : Médecins pour un Canada sans fumée, 2008. Disponible en anglais à l’adresse www.flavourgone.ca/images/Cigarillo-Q&A.pdf. 40 / Pour un Canada au cœur qui bat 2005 2007 De nouvelles stratégies s’imposent si on veut décourager le tabagisme et contrecarrer les efforts déployés par l’industrie pour élaborer et mettre en marché des produits qui plaisent aux jeunes et qui contournent la législation actuelle sur la lutte contre le tabagisme. Les milieux de travail peuvent jouer un rôle actif en interdisant le tabac sur leurs terrains et dans leurs établissements, en offrant des programmes de renoncement au tabac et en prenant des mesures incitatives qui encouragent les employés à arrêter de fumer. En 2003, lorsque la Capital District Health Authority de la Nouvelle-Écosse a mis en application, dans tous ses locaux, sa politique d’interdiction absolue du tabagisme, l’employeur a également adopté, à l’intention des employés, des médecins et des bénévoles, un programme d’intervention axé sur les pratiques exemplaires intitulé « To Be Tobacco Free ». Les animateurs, qui ont une formation en toxicomanie, utilisent une combinaison de soutien continu par les pairs, d’éducation des adultes, de techniques d’entrevue incitatives et de produits de désaccoutumance au tabac pour aider les gens à arrêter de fumer. En 2004-2005, 1 900 personnes ont participé au programme et 33 % étaient toujours nonfumeurs six mois après l’intervention; 44 % fumaient moins et s’efforçaient encore de renoncer au tabac ( Jolemore et Steeves, 2006). Les programmes d’abandon du tabagisme offerts dans les hôpitaux peuvent être particulièrement efficaces, puisque les personnes qui ont eu une crise cardiaque ou un diagnostic de maladie CV peuvent être motivées à modifier leur mode de vie. L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa a élaboré un programme de renoncement au tabagisme pour les patients qui comprend les interventions suivantes : consultation, intervention, information, suivi et rétroaction. Environ 44 % des quelque 1 500 patients hospitalisés qui participent au programme chaque année restent non-fumeurs pendant six mois ou plus. Douze autres hôpitaux de la région ont adopté le même programme et l’utilisent pour aider tous les patients fumeurs, pas seulement ceux qui souffrent d’une maladie du cœur. Le modèle d’Ottawa est également utilisé à River Valley Health, au NouveauBrunswick, et à la Vancouver Coastal Health Authority, en Colombie-Britannique. Comme le fait remarquer l’Institut de cardiologie, l’interdiction de fumer sur les terrains et dans les locaux de ses établissements (environnement favorable) a renforcé le désir de ces hôpitaux d’offrir des programmes nuancés, souples et productifs pour aider les fumeurs (Réseau de prévention des maladies cardiovasculaires de la région de Champlain, 2008; Reid et coll., 2006). Un des obstacles pour les Canadiens qui veulent arrêter de fumer est le coût des programmes d’abandon du tabagisme et des produits de remplacement de la nicotine (Zawrtailo, 2008). Pour créer un environnement plus favorable, les gouvernements et le système de soins de santé peuvent contribuer à éliminer ou à réduire cet obstacle en incluant les produits de remplacement de la nicotine dans les régimes d’assurance-maladie provinciaux – particulièrement pour les Canadiens à faible revenu. Aujourd’hui, le Québec est la seule province à offrir ce genre de mesure incitative. La santé ne se limite pas aux soins de santé Le système de soins de santé et les ministères de la Santé ne peuvent, à eux seuls, créer des environnements sains. Ils ont besoin du soutien actif des autres ministères, y compris du ministère des Transports, pour améliorer le réseau de transport public et créer davantage de routes dotées de pistes cyclables, du ministère de l’éducation pour façonner les politiques scolaires et du ministère des Finances pour mettre au point des politiques fiscales et des mesures incitatives. Un certain nombre d’entités administratives utilisent une approche pangouvernementale pour créer des environnements sains. Par exemple, ActNow BC, est une initiative pangouvernementale de promotion de la santé qui vise à améliorer la santé en réduisant les facteurs de risque et qui reconnaît que la santé de la population va bien au-delà du champ de responsabilité d’un seul ministère ou d’un seul milieu. ActNow BC fait appel à la participation de 20 ministères provinciaux et est dirigé par le ministre de Healthy Living and Sport et soutenu par un comité ActNow du sous-ministre adjoint. Des représentants de chaque ministère provincial siègent au comité et se rencontrent mensuellement pour échanger de l’information et élaborer des stratégies. Le but de ActNow BC est de voir la Colombie-Britannique jouer un rôle de chef de file en Amérique du Nord pour la promotion de la vie saine et de la bonne condition physique. L’initiative a établi des objectifs provinciaux passablement ambitieux en matière d’activité physique, d’alimentation saine, de contrôle du poids, d’usage du tabac et de consommation d’alcool pendant la grossesse. ActNow BC incite les écoles, les employeurs, les gouvernements locaux et les collectivités à élaborer et à promouvoir des programmes qui « facilitent les choix santé pour l’ensemble de la population de la ColombieBritannique ». Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 41 Le Québec a également adopté un plan d’action gouvernemental pour promouvoir des modes de vie sains et prévenir les problèmes liés au poids. Le gouvernement du Québec a alloué, chaque année pendant 10 ans, une somme de 20 millions de dollars prélevée à même les recettes des taxes sur le tabac pour appuyer des projets coopératifs qui assurent la promotion de modes de vie sains. Au Québec, tous les ministères et organismes sont également tenus de consulter le ministre de la Santé et de Services sociaux au sujet de toute nouvelle loi ou de tout nouveau règlement qui pourrait avoir une incidence sur la santé. En Europe, les programmes qui réussissent utilisent une approche pangouvernementale et « pancommunautaire ». Par exemple, Ensemble, prévenons l’obésité des enfants, un programme français qui a l’appui d’associations professionnelles, de l’association des maires de France et de six ministères fédéraux :celui de la santé, de la jeunesse, du sport, des villes, de l’agriculture et des denrées alimentaires et des affaires. Le programme mobilise les collectivités – les parents, les enseignants, les écoles, les médecins, les commerçants, le gouvernement national et les administrations locales – pour réduire l’obésité chez les enfants de 5 à 12 ans et pour améliorer la nutrition en milieu familial. Les villes organisent des activités qui assurent la promotion d’un régime alimentaire équilibré et d’exercices récréatifs comme des programmes de petit-déjeuner à l’école, des itinéraires sûrs pour se rendre à l’école à pied, des activités sportives, des activités physiques organisées à l’heure de la récréation, des présentations sur des aliments sains par des producteurs locaux et des occasions d’essayer et de goûter de nouveaux aliments (Westley, 2007; Watson, 2007). Les enfants sont pesés et mesurés chaque année à l’école. Ceux qui souffrent d’embonpoint ou qui sont à risque sont encouragés à consulter un médecin et ils reçoivent, avec les membres de leur famille, un encadrement personnalisé portant sur le régime alimentaire et l’activité physique. Les approches pangouvernementales offrent l’occasion de trouver d’autres politiques gouvernementales qui ont un impact négatif sur la santé ou créent des inégalités en matière de santé. Elles peuvent aussi garantir que toute nouvelle politique ou tout nouveau programme va réduire les inégalités sociales et les injustices au chapitre de la santé plutôt que de les augmenter. 42 / Pour un Canada au cœur qui bat Leçons apprises Les efforts déployés pour créer des environnements favorables sont plus efficaces quand : • ils s’inscrivent dans une stratégie globale qui inclut le marketing social, la legislation et la réglementation et les avis des professionnels de la santé; • ils font appel à tous les secteurs de la société – la collectivité, le secteur privé, le système de soins de santé et le gouvernement; • ils atteignent les gens là où ils vivent, apprennent, travaillent et se divertissent; • ils visent à réduire les différences au niveau du risque, de l’éducation, de la littératie et du revenu. Recommandations Des environnements favorables peuvent faciliter les « choix santé » pour tous les Canadiens. Pour créer des environnements sains, le Canada peut et doit faire appel à une combinaison de mesures éducatives, législatives, réglementaires et stratégiques aptes à promouvoir de saines habitudes d’alimentation et d’activité physique, à réduire le tabagisme et à s’attaquer, en amont, aux inégalités sociales qui ont une incidence sur la santé. Un grand nombre des déterminants de la santé présents en amont exigent des interventions qui dépassent les frontières du système de soins de santé et de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action. Plusieurs gouvernements provinciaux mettent en application des stratégies pangouvernementales d’élaboration de politiques, mais la résolution de problèmes comme la pauvreté et l’insécurité alimentaire exigera un renforcement des interventions et du leadership intersectoriels. A/ Les déterminants socioéconomiques de la santé B/ Les facteurs environnementaux Même si, au chapitre de la maladie CV, le système de santé a tendance à rester axé sur les facteurs de risque comportementaux – comme un régime alimentaire de piètre qualité, le manque d’exercice et le tabagisme – la SCSC-PA reconnaît que ces déterminants sont en fait fortement influencés, en amont, par les déterminants socioéconomiques de la santé. Nous reconnaissons également que l’on a de grandes chances de prévenir les maladies CV et autres maladies chroniques en résolvant ces questions sociétales de plus grande envergure. La réussite dans ce domaine requiert une vaste intervention intersectorielle, du leadership et une contribution de tous les paliers de gouvernement ainsi qu’un recours à des stratégies pangouvernementales à chaque palier et une participation du secteur bénévole, du secteur privé et de la société en général. Le Comité directeur de la SCSC-PA attend la parution du rapport final du sous-comité sur la santé de la population du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie et appuie les initiatives destinées à aplanir les inégalités sociales et les inégalités en matière de santé, notamment les interventions proposées dans le Rapport sur l’état de la santé publique au Canada (2008) de l’administrateur en chef de la santé publique, pour • • • • • • • 1.1 Il faut améliorer la qualité nutritive des denrées alimentaires canadiennes et l’accès à des aliments sains : • • • • réduire la pauvreté; améliorer l’emploi et les conditions de travail; atténuer l’insécurité alimentaire; améliorer le milieu construit tant pour encourager l’activité physique que pour renforcer l’accès à un logement à prix abordable; • améliorer l’accès aux services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants; améliorer l’accès à la formation et à l’alphabétisation; renforcer les appuis sociaux. • • • en éliminant les graisses trans de l’approvisionnement alimentaire du Canada par voie de règlement comme recommandé par le Groupe d’étude sur les graisses trans, notamment en remplaçant ces graisses par des substances plus saines que le gras saturé; en accélérant les travaux du Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire pour amener la quantité quotidienne d’absorption de sel au niveau recommandé et en assurant la mise en œuvre, en temps opportun, des recommandations de ce groupe; en améliorant la réglementation de l’étiquetage des produits alimentaires et d’autres procédés en vue d’harmoniser, dans une même catégorie de produits, les données obligatoires du tableau de la valeur nutritive et de fournir une information claire et exacte sur la valeur nutritive, y compris sur les calories, les graisses saturées et trans, le sel, les sucres, les fibres et les minéraux; en élaborant des directives destinées aux établissements de restauration rapide et autres pour les forcer à afficher le nombre de calories par portion pour chaque article offert aux points de vente et en assurant une surveillance regulière; en bannissant, dans tous les médias, la publicité et la mise en marché d’aliments et de boissons « dommageables » pour la santé des enfants grâce à des définitions claires d’expressions comme « aliments sains » et « aliments insalubres » et en prévoyant l’adoption de mesures incitatives pour encourager les dirigeants de l’industrie alimentaire à faire, de leur plein gré auprès des enfants, la promotion d’aliments sains; en fournissant un financement stable pour étendre le Programme d’approvisionnement alimentaire par la poste à un plus grand nombre de collectivités nordiques et isolées; en dressant la liste des meilleures pratiques de distribution d’aliments sains dans les écoles et en diffusant cette information aux conseils et commissions scolaires; en encourageant les employeurs à mettre en œuvre, en milieu de travail, une politique de saine alimentation et en mettant des aliments sains à la disposition des employés; les organismes gouvernementaux et les hôpitaux devraient donner l’exemple en ne servant que des aliments sains. Créer des environnements favorables à la santé cardiovasculaire / 43 1.2 Multiplier les occasions d’activité physique : • • • • • en contribuant davantage à la création d’infrastructures qui favorisent un mode de vie sain et actif (notamment l’aménagement de trottoirs, de sentiers pédestres, de centres récréatifs, de parcs et de pistes cyclables) par exemple par l’entremise d’un des volets du plan 2007-2014 de 33 milliards de dollars intitulé Chantiers Canada – Une infrastructure moderne pour un Canada fort; en faisant la promotion des meilleures pratiques canadiennes et internationales et des modes de planification et de conception communautaires qui favorisent une vie saine et active; en dressant la liste des pratiques exemplaires afin d’offrir, dans les écoles, des occasions quotidiennes d’activité physique susceptibles d’aider les enfants à suivre les directives de Santé Canada en la matière et en faisant parvenir cette information aux conseils et commissions scolaires; en incitant les employeurs à mettre en œuvre des politiques de vie saine et active et à offrir aux employés des occasions d’activité physique régulière; en prévoyant des mesures fiscales incitatives pour donner aux enfants l’occasion d’être physiquement plus actifs, par exemple des crédits d’impôt remboursables pour les familles à faible revenu et des exemptions de la taxe de vente pour l’achat de bicyclettes, de casques et d’autres pièces d’équipement sportif. 44 / Pour un Canada au cœur qui bat 1.3 Réduire l’exposition au tabac et le tabagisme : • • • • • en renforçant les programmes communautaires qui dissuadent les jeunes de commencer à fumer; en élaborant des règlements pour contrôler la vente des cigarillos aromatisés et en prenant d’autres mesures à l’encontre des membres de l’industrie du tabac qui tentent de contourner la législation antitabac actuelle sur le contrôle du tabac; en dressant la liste des pratiques exemplaires des écoles qui réussissent à dissuader les enfants et les adolescents de commencer à fumer et en diffusant cette information aux conseils et commissions scolaires; en aidant les employeurs à élaborer des politiques de lutte contre le tabagisme, en offrant aux employés des programmes d’abandon du tabac et en améliorant l’accès aux programmes et aux outils qui aident les gens à renoncer au tabac; en étendant à d’autres milieux cliniques canadiens des programmes de renoncement au tabac qui ont fait leurs preuves, comme celui de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Aider les Canadiens à mener une vie plus saine 2/ Des environnements sains peuvent établir les fondements d’une vie plus saine pour tous les Canadiens. T outefois, même dans des milieux sains, la capacité des Canadiens de faire des choix santé – de consommer des aliments sains, d’être actifs, de ne pas fumer et de gérer leur pression artérielle, leur cholestérol et leur poids – est influencée par l’information qu’ils reçoivent, par leur capacité de comprendre et d’utiliser cette information, par leur motivation à changer et par le soutien qu’ils peuvent obtenir. L’information sur la santé peut provenir d’un grand nombre de sources, y compris les publications et les sites Internet du gouvernement, les dépliants, les campagnes médiatiques parrainées par les compagnies pharmaceutiques ou par d’autres entreprises, les brochures dans les cabinets de médecin, les œuvres de bienfaisance du domaine de la santé, les articles de journal et de revue, l’Internet, les blogues individuels ainsi que les reportages radiophoniques et télévisés. Une partie de cette information peut prêter à confusion. De nombreux Canadiens – particulièrement les aînés – n’ont pas le niveau de littératie requis dans le domaine de la santé : ils n’ont pas les habiletés leur permettant de trier les messages portant sur la santé, de les comprendre et d’utiliser cette information pour améliorer leur état de santé (Statistique Canada, 2003). En dépit de la quantité des renseignements disponibles sur les maladies CV, de nombreux Canadiens ne comprennent pas le niveau ni la gravité des risques auxquels ils sont exposés. Par exemple : • • Environ 12 % des Canadiens en âge de travailler et 85 % des Canadiens de 65 ans et plus ne maîtrisent pas les habiletés dont ils ont besoin pour comprendre l’information sur la santé et prendre des décisions éclairées (Statistique Canada, 2003). • Même si entre 60 et 70 % des Canadiens affligés d’une maladie cardiovasculaire avaient un taux de cholestérol élevé avant le diagnostic, un grand nombre d’entre eux ne connaissaient pas leur niveau de cholestérol – en dépit du fait, clairement établi, que la gestion du cholestérol peut sauver des vies (Shepherd et coll., 1995). La maladie du cœur et l’accident vasculaire cérébral sont la principale cause de mortalité chez les femmes, mais seulement 13 % d’entre elles le savent (Site Web du programme Le cœur tel qu’elles, 2008). La plupart des femmes considèrent encore la maladie CV comme une maladie d’homme. Rares sont les parents qui admettent que leurs propres enfants souffrent d’embonpoint (Association médicale canadienne, 2006). Aider les Canadiens à mener une vie plus saine / 45 Lorsque les gens ne savent pas qu’ils sont à risque, ils sont moins enclins à prendre des mesures pour préserver leur santé. Pour être en mesure de mener une vie plus saine, les Canadiens doivent connaître les risques qu’ils courent, disposer d’une information exacte et avoir accès à la formation, aux habiletés et au soutien dont ils ont besoin. Pour édifier une nation composée de personnes en bonne santé cardiovasculaire, le Canada a besoin de moyens plus efficaces pour communiquer l’information sur la santé cardiovasculaire et les risques et pour promouvoir un système de vérification périodique de la tension artérielle, du cholestérol et autres lipides, du taux de glycémie, du poids et de l’obésité abdominale. Messages clés Les Canadiens ont besoin d’une information exacte et faisant autorité sur la santé CV ainsi que de l’instruction, des compétences et du soutien qui peuvent les aider à mener une vie plus saine. L’information relative aux risques CV est actuellement accessible dans un grand nombre de sources, mais elle peut être contradictoire. Les organismes qui traitent les maladies chroniques devraient travailler de concert pour rédiger des messages concordants sur les facteurs de risque communs ainsi que sur les campagnes de sensibilisation du public et de marketing social. Le Canada devrait faire de la littératie en santé une priorité pour que les Canadiens aient les compétences requises pour évaluer et utiliser l’information sur la santé. Des outils interactifs pourraient aider les Canadiens à être plus au courant des risques qu’ils courent et plus soucieux de leur propre santé et de leur propre traitement. Les Canadiens devraient faire l’objet d’un examen en vue d’un dépistage périodique précoce des facteurs de risque de la maladie CV. Des programmes de dépistage devraient être offerts à dans différents endroits de la collectivité. 46 / Pour un Canada au cœur qui bat Les Canadiens ont-ils l’information dont ils ont besoin pour mener une vie saine? Les messages sur les facteurs de risque peuvent prêter à confusion Comme un grand nombre de facteurs de risque de maladies CV contribuent également au diabète, aux maladies du rein, au cancer, à la démence et à d’autres maladies chroniques, beaucoup de stratégies et d’organismes s’occupant de maladies chroniques font valoir l’importance d’une saine alimentation et de l’activité physique. Dans certains cas, notamment dans le cas des avis sur la consommation d’alcool et les avantages de certains médicaments, l’information est contradictoire. Pour s’assurer que tous les Canadiens reçoivent une information exacte sur les enjeux de la santé, les principaux organismes s’occupant des maladies chroniques devraient collaborer – mettre leur expertise, leurs ressources humaines et leur influence en commun – pour élaborer et communiquer des messages clairs et concordants sur les facteurs de risque courants. Certains travaux coopératifs prometteurs sont déjà en cours. Par exemple, en 2003, la Fondation des maladies du cœur du Canada, la Société canadienne du cancer, l’Association canadienne du diabète, le Conseil canadien pour le contrôle du tabac, la Coalition pour la vie active et les Diététistes du Canada ont fondé l’Alliance pour la prévention des maladies chroniques du Canada (APMCC), un réseau d’organismes travaillant de concert pour élaborer des politiques et des programmes intégrés de lutte contre la maladie chronique. L’Alliance comprend dix organismes nationaux rattachés à un réseau d’organismes provinciaux et territoriaux. La SCSC-PA appuie ces tentatives de collaboration qui peuvent rehausser les efforts individuels de différents groupes voués à la lutte contre la maladie et encourage les responsables des différentes stratégies de lutte à aller plus loin. Les campagnes de marketing social et de sensibilisation devraient viser le grand public autant que les personnes à risque, telles que les peuples autochtones, les Asiatiques, les Noirs, les aînés, les femmes de plus de 50 ans, les gens qui ont plus d’un facteur de risque de maladies CV et les personnes à faible revenu. Pratiques prometteuses dans le domaine de l’éducation publique et du marketing social Compte tenu de l’expérience acquise dans le cadre de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme et d’autres initiatives, on peut dire que des campagnes efficaces de sensibilisation du public et de marketing social devraient : Des campagnes soutenues de sensibilisation du public et de marketing social devraient fournir : • • • • une information adaptée en fonction de la culture et de l’âge; une information traduite dans une variété de langues et de formats; des avis et des outils pratiques qui aideront les gens à faire des choix santé, notamment des affiches aux points de vente des épiceries et des restaurants; de l’information sur les modes d’accès aux programmes de dépistage et de surveillance. • mettre l’accent sur des messages positifs et sur des résultats réalistes; Les renseignements sur l’autotraitement • fournir au grand public une information vulgarisée et mettre sur pied des programmes ciblés conçus pour répondre aux besoins des personnes dont le risque de contracter une maladie cardiovasculaire est élevé; Des gens bien informés peuvent être les principaux artisans de leurs soins primaires, mais pour gérer leur santé, les Canadiens qui ont déjà fait l’objet d’un diagnostic de maladie CV ou qui présentent un facteur de risque (p. ex., une pression artérielle élevée ou un haut taux de cholestérol) ont besoin d’une information exacte et digne de confiance. En fait, l’information peut inciter les gens à jouer un rôle plus actif dans le maintien de leur propre état de santé et dans leur traitement. L’Internet est un outil de plus en plus important de mise en commun de l’information sur la santé – un outil qui peut réduire les écarts entre les zones urbaines et rurales au chapitre de l’information. À l’heure actuelle, environ 70 % des Canadiens utilisent l’Internet et ce pourcentage ira croissant (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2007). Le Canada devrait tirer profit du plein potentiel de la technologie de l’Internet tout en veillant à ce que les Canadiens qui n’y ont pas accès soient en mesure de recevoir une information à jour en matière de santé. Lorsqu’il élabore l’information qui sera diffusée sur Internet, le Canada devrait mettre à la disposition du public des moyens interactifs d’obtenir de l’information sur les maladies CV, tels que l’évaluation du risque en ligne et les conseils sur la façon de rester actif et d’atteindre des objectifs de conditionnement physique préétablis. Les sites informatifs devraient également offrir des zones où les patients peuvent communiquer avec les personnes aux prises avec des problèmes similaires par l’entremise, notamment, des collectivités électroniques, des forums sur la santé et des blogues. • communiquer des messages qui concordent avec ceux d’autres stratégies de promotion de la santé en vue de réduire la confusion et de renforcer leur effet; • poursuivre une stratégie interactive et faire participer les personnes visées à la fois pour les inciter à participer à leur propre traitement et pour veiller à ce que les messages éducatifs soient appropriés sur le plan culturel; • faire participer le secteur de la santé et les autres secteurs à la communication de ces messages; • fournir de l’information et de l’aide dans tous les milieux où les gens vivent, travaillent, apprennent et se divertissent; • offrir des mesures incitatives; • aligner les interventions sur la propension au changement des collectivités et des particuliers; peuvent être difficiles à trouver et à utiliser • adopter des stratégies à long terme pluriannuelles qui reconnaissent qu’il faut du temps et une volonté politique pour changer les comportements. Aider les Canadiens à mener une vie plus saine / 47 Parmi les programmes interactifs d’information sur les maladies CV, on peut citer : • • les programmes Heart & Stroke Blood Pressure Action PlanTM et Heart & Stroke Risk AssessmentTM de la Fondation des maladies du cœur de l’Ontario, qui permettent aux gens de vérifier périodiquement leur pression artérielle et de dépister d’autres risques pour la santé et qui leur fournissent des avis personnalisés sur les mesures à prendre pour améliorer leur santé; le site Web de Pression artérielle Canada, www.hypertension.ca/bpc/fr, qui fournit une information à jour aux patients et aux prestataires de soins de santé sur la gestion de l’hypertension. Il existe également des babillards électroniques et des blogues où les Canadiens peuvent « clavarder » avec d’autres personnes qui tentent de réduire leurs risques CV et d’être plus actives dans leur autotraitement; toutefois, ces rencontres en ligne ne sont pas aussi bien développées pour les maladies CV qu’elles le sont pour d’autres maladies telles que le cancer du sein. Un grand nombre de Canadiens continuent à se tourner vers leurs prestataires de soins primaires pour obtenir des renseignements ou pour confirmer ce qu’ils ont appris sur l’Internet. Les prestataires de soins primaires peuvent jouer un rôle précieux en aiguillant leurs patients vers des sources rigoureuses de renseignements sur les maladies CV qui font autorité et en les encourageant à utiliser cette information pour devenir des partenaires actifs de leur propre traitement. Un grand nombre de Canadiens n’ont pas les compétences requises pour utiliser l’information sur la santé Pour que les campagnes et l’information soient efficaces, les Canadiens doivent avoir des habiletés de littératie en santé, c.-à-d. être en mesure d’utiliser l’information sur la santé pour faire des choix éclairés. Lorsque les Canadiens cherchent des renseignements sur la santé en ligne en utilisant des moteurs de recherche comme Google, ils constatent souvent qu’il est difficile de juger de l’exactitude de l’information. La source est-elle biaisée? Le site est-il en train de promouvoir un produit? 48 / Pour un Canada au cœur qui bat Un faible niveau de littératie en santé est associé à une mauvaise santé… et la situation au Canada est critique (Rootman et Gordon-El-Bihbety, 2008). Pour pouvoir trouver et évaluer l’information du domaine de la santé, la littératie en santé est essentielle. En janvier 2008, un symposium sur la littératie dans le domaine de la santé, parrainé par le groupe d’experts en la matière de l’Association canadienne de santé publique a recommandé que l’on établisse des priorités pour la mise sur pied d’une stratégie de littératie en santé de portée nationale (Rootman et Gordon-El-Bihbety, 2008) : • • • • • faire de la littératie – et plus particulièrement de la littératie en santé – une priorité nationale; faire en sorte que les secteurs de la santé et de l’éducation soient sensibles au langage, à la culture et à la littératie en santé et y réagissent positivement; élaborer des programmes qui aident la population à risque à faire un meilleur usage des services de santé; encourager les praticiens de la santé à devenir des agents de changement; concevoir une stratégie intégrée et globale pour répondre aux besoins et aux préoccupations des membres des Premières nations, des Inuits et des Métis. Il est important que les efforts déployés pour améliorer la littératie dans le domaine de la santé s’adressent à tous et ne renforcent pas les inégalités qui existent entre ceux qui ont un accès aisé à l’information et aux services et les autres. Les écoles peuvent jouer un rôle important dans la littératie en santé en élaborant de meilleurs programmes sur la santé. Pour améliorer efficacement la littératie en santé, particulièrement chez les personnes qui souffrent d’une maladie CV diagnostiquée, il faut élaborer des directives cliniques conviviales et fondées sur des données probantes. Ce type d’information aide les patients à devenir plus conscients des soins qu’ils devraient recevoir et à en parler avec leurs dispensateurs de soins. Par exemple, les responsables du Programme éducatif canadien sur l’hypertension ont publié une version publique des directives sur le contrôle de l’hypertension et les membres de la Stratégie canadienne de l’AVC sont en train d’élaborer une version publique des Recommandations canadiennes pour les pratiques optimales de soins de l’AVC. Une autre façon d’améliorer la littératie en santé est de donner aux gens un accès facile à leur propre dossier médical et à leurs résultats de test. Les Canadiens ont besoin de stratégies diversifiées de promotion de la santé Le système de soins de santé a par le passé utilisé une approche fondée sur les facteurs de risque pour promouvoir la santé, généralement en se concentrant sur un risque particulier, tel que le tabagisme ou l’obésité, pour ensuite élaborer des programmes de sensibilisation et de formation axés sur ce risque. Cette approche peut très bien fonctionner pour les maladies CV – particulièrement lorsque la sensibilisation aux facteurs de risque est combinée avec des programmes de dépistage qui donnent aux gens des renseignements concrets sur leurs risques personnels et sur les mesures à prendre pour les réduire. Lorsqu’on a affaire à certaines populations à haut risque, une approche mixte, axée à la fois sur l’ensemble du cycle de vie et sur les facteurs de risque, peut représenter un moyen plus efficace de réduction du risque (figure 11). L’épidémiologie fondée sur la totalité du parcours de vie est une pratique particulièrement prometteuse dans les communautés autochtones. Le fait de viser la santé de la mère et de l’enfant ne mène pas seulement à de meilleurs résultats à la naissance; cela aide également la mère à faire des ajustements dans sa vie à un moment où elle est la plus apte au changement. Compte tenu du fait que le tabagisme et les habitudes alimentaires malsaines sont le lot d’un grand nombre de communautés autochtones (Cooke et coll., 2004), l’acquisition d’habitudes saines au premier stade de la vie est essentielle et l’intervention précoce est la meilleure utilisation que l’on puisse faire des ressources limitées (Hecmann, 2006). Une approche axée sur la totalité du cycle de vie reconnaît que les expériences de vie – particulièrement celles des premières années – ont une incidence sur les habitudes et les choix que feront les gens plus tard. Une telle approche tend à promouvoir la santé à des étapes critiques de la vie, notamment en améliorant la nutrition fœtale et le poids à la naissance, en encourageant un régime alimentaire sain et l’activité physique dans les premières années de vie pour éviter l’obésité infantile, en diffusant l’information et en enseignant les habiletés requises à un âge où la plupart des enfants commencent à fumer en vue de les soustraire au tabagisme, en élaborant des programmes qui gardent les adolescents physiquement actifs et en vérifiant la pression artérielle des adolescents. À chaque âge et à chaque stade de la vie, les gens reçoivent l’information, les compétences et l’appui dont ils ont besoin pour faire des choix santé (Organisation mondiale de la Santé, 2005). Développement des maladies chroniques Figure 11 Une stratégie de lutte contre la maladie chronique axée sur l’ensemble du cycle de vie VIE FŒTALE PETITE ENFANCE ET ENFANCE ADOLESCENCE VIE ADULTE Accumulation des risques de maladie chronique Âge Source : Organisation mondiale de la Santé. Prévention des maladies chroniques : un investissement essentiel, 2005. Aider les Canadiens à mener une vie plus saine / 49 Lorsqu’il élabore des programmes de prévention, le Canada devrait utiliser une stratégie axée sur les facteurs de risque et sur la totalité du cycle de vie en aidant les enfants à adopter un mode de vie sain en bas âge et en ciblant les Canadiens aux étapes de leur vie où les risques de contracter une maladie cardiovasculaire sont élevés. prestation des soins primaires (par exemple, dans des lieux familiers aux participants) peut même augmenter l’exactitude des résultats (Kaczorowski et coll., 2008). Il faudra toutefois déployer les plus grands efforts pour s’assurer que : • • Le dépistage des facteurs de risque n’est pas monnaie courante pour les Canadiens Les gens sont plus enclins à modifier leurs habitudes alimentaires et à être plus actifs lorsqu’ils savent qu’ils ont un problème. Le dépistage régulier des facteurs de risque contribue à la détection précoce des problèmes au moment où la personne concernée peut, au lieu d’attendre passivement les complications, gérer ces problèmes en modifiant son régime alimentaire, en faisant de l’exercice ou en prenant des médicaments. Divers guides de pratiques cliniques contiennent des recommandations pour une évaluation précoce du régime alimentaire, du niveau d’activité et du niveau d’obésité (notamment, grâce à l’indice de masse corporelle et à la mesure du tour de taille), et de la pression sanguine et de la glycémie, ainsi que du taux de cholestérol et de triglycéride. Néanmoins, le nombre de Canadiens qui sont sous surveillance est relativement peu élevé, compte tenu du fait que 90 % d’entre eux ont au moins un facteur de risque de maladies CV. Lorsqu’il y a dépistage, il n’est pas toujours fait de façon satisfaisante ou uniforme. L’absence de programme de dépistage et de surveillance des facteurs de risque peut être due en partie au nombre élevé de Canadiens – plus de quatre millions, y compris les 240 000 qui souffrent d’une maladie chronique – qui n’ont pas de médecin de famille (Statistique Canada, 2008). Environ 80 % des membres de ce groupe signalent qu’ils font appel aux cliniques sans rendez-vous ou aux services d’urgence lorsqu’ils ont besoin de soins; cela signifie toutefois qu’il est peu probable qu’ils fassent l’objet de l’examen périodique qui contribuerait à la détection de l’hypertension ou du cholestérol à un stade précoce. Les programmes de dépistage communautaire sont prometteurs Le dépistage des facteurs de risque s’est le plus souvent pratiqué, par le passé, dans les cabinets médicaux, mais il pourrait également se pratiquer ailleurs dans la collectivité, y compris dans les pharmacies, les écoles, les casernes de pompier et les lieux de travail – en fait partout où de tels programmes peuvent avoir un plus grand rayonnement. Le recours à des bénévoles formés pour prendre certaines mesures comme la pression artérielle en dehors des locaux réservés à la 50 / Pour un Canada au cœur qui bat • le dépistage en milieu communautaire respecte les normes; les participants sont informés des résultats et savent ce que ceux-ci veulent dire; les gens reçoivent un suivi et un traitement appropriés et de haute qualité. Plusieurs programmes de dépistage efficaces sont déjà offerts dans certains milieux communautaires dans tout le Canada. Par exemple, le Calgary Fire Department organise des cliniques de mesure de la tension artérielle ouvertes au public et le dépistage est effectué par les pompiers. Les habitudes alimentaires des enfants d’âge préscolaire en Ontario sont maintenant évaluées au moyen du Nutrition Screening Tool for Every Preschooler (NutriSTEPMC), un questionnaire élaboré par des chercheurs en diététique de l’unité de santé publique du bureau de santé de Sudbury et du district, en collaboration avec les Instituts de recherche en santé du Canada. Le questionnaire évalue les habitudes alimentaires des enfants d’âge préscolaire et se présente avec une trousse d’outils que les parents peuvent utiliser pour améliorer le régime alimentaire de leurs enfants. NutriSTEPMC – un exemple de stratégie de promotion de la santé axée sur la totalité du cycle de vie – est une des exigences des nouvelles normes de santé publique de l’Ontario et on en fait la promotion dans toute la province. Le ministère de la Promotion de la santé planifie assurer le suivi des résultats. Le secteur privé peut également offrir à ses employés des programmes efficaces de dépistage des facteurs de risque courants, de même que des programmes destinés à améliorer le régime alimentaire, la gestion du poids et les connaissances dans le domaine de la santé. Par exemple, dans le cadre du projet Impact, un examen visant la détection de facteurs de risque CV tels que le tabagisme, l’obésité, l’hypertension, le cholestérol et l’inactivité physique a été pratiqué en milieu de travail sur un groupe de 2 700 employés de huit entreprises de Halifax. Chez plus de 60 % d’entre eux, au moins deux facteurs de risque modifiables ont été détectés et 566 personnes ont accepté de participer à un programme de santé et de bien-être de trois mois. Les membres du groupe témoin ont reçu de l’information sur les facteurs de risque, alors que ceux du groupe expérimental ont participé à des sessions d’éducation sur la santé du cœur et à des programmes d’exercice individualisés, ont fait l’objet d’une analyse et de conseils en matière de nutrition, ont suivi un programme de renoncement au tabagisme et un programme de gestion du stress. Tous les participants – même ceux qui n’ont eu que de l’information – ont vu leurs risques diminuer, ce qui tend à prouver que la simple connaissance des risques encourus a de la valeur. Toutefois, les risques de ceux qui ont reçu de l’information, des conseils et d’autres programmes ont diminué davantage. Selon les commanditaires du projet (Atlantic Blue Cross Care, Aventis Pharma et l’Atlantic Health and Wellness Institute), les résultats signifient que sur une période de dix ans, une crise cardiaque a été évitée pour chaque groupe de 100 participants et un AVC pour chaque groupe de 500 participants (C. LeCouteur-Morais, communication personnelle, le 28 novembre 2007). Les programmes de dépistage en milieu de travail sont également avantageux pour les employeurs, puisqu’ils les aident à préserver la santé de l’effectif et réduisent le taux d’absentéisme (Renaud et coll., 2008). Toutefois, il faut de toute évidence adopter d’autres mesures incitatives pour motiver les employeurs. Établir des priorités pour le dépistage Les risques de maladies CV augmentent avec l’âge et le Canada a une population vieillissante. En fait, le nombre de Canadiens de plus de 65 ans devrait doubler dans les 15 prochaines années. Cela signifie que les aînés pourraient devenir un groupe cible des programmes de sensibilisation et de dépistage. Par exemple, certaines collectivités ont conçu des programmes pour les aînés tels que le Programme de sensibilisation à la santé cardiovasculaire en Ontario (Kaczorowski et coll., 2008) et le Airdrie Community Hypertension Awareness and Management Program, un programme de gestion de l’hypertension et de sensibilisation mis sur pied en Alberta ( Jones et coll., 2008). Dans le cadre de ces initiatives, les pharmacies locales organisent des séances de dépistage et de formation au cours desquelles le risque cardiovasculaire des aînés est évalué. Des bénévoles formés prennent la pression sanguine de chaque personne et remplissent un profil de risque cardiovasculaire. Les participants reçoivent une copie de leur profil de risque, de même que des renseignements sur les mesures à prendre pour réduire ces risques. Les résultats sont enregistrés dans une base de données et envoyés aux prestataires de soins primaires et aux pharmaciens des participants. Les aînés, les médecins et les pharmaciens peuvent également avoir accès aux résultats des tests en ligne. En plus des rapports individuels sur les patients, les médecins reçoivent un rapport confidentiel comparant la proportion de leurs patients souffrant d’hypertension avec celle d’autres praticiens. Ce rapport permet aux médecins de voir s’ils réussissent aussi bien que leurs pairs à aider les patients à gérer leur pression artérielle. Il faudrait également accorder la priorité à d’autres populations ayant un taux élevé de maladies CV, telles que les peuples autochtones, les Asiatiques du Sud et les Afro-Canadiens. Dans une approche qui tient compte de l’ensemble du cycle de vie, la priorité devrait également, conformément aux directives en vigueur, être accordée au dépistage chez les adolescents afin de cerner les facteurs de risque en début de vie. Quelles sont les possibilités du dépistage génétique? La génétique moléculaire est particulièrement prometteuse et elle pourrait bien transformer les soins cardiovasculaires au cours du XXIe siècle; elle pourrait améliorer à la fois le diagnostic et le traitement (Robin et coll., 2007). Les évaluations génétiques sont déjà utilisées pour diagnostiquer de nombreuses maladies à gène unique et, dans un proche avenir, on pourra déterminer si un individu est génétiquement prédisposé aux facteurs de risque CV courants. Le dépistage génétique peut également être utilisé pour détecter les variations génétiques qui peuvent avoir une incidence sur la réaction au traitement (Bennett et coll., 2007; Kajnami et coll., 2004). Trente-sept pays participent actuellement au programme « Make Early Diagnosis to Prevent Early Death » (MEDPED), un programme systématique de dépistage génétique, à l’échelle mondiale, de l’hypercholestérolémie familiale dominante, une maladie mortelle traitable, mais difficile à diagnostiquer, dont souffre une personne sur 250 au Québec et une sur 500 dans les autres provinces canadiennes. Les Pays-Bas disposent d’un programme national permanent de dépistage moléculaire de l’hypercholestémie familiale qui a permis d’améliorer le traitement des patients à haut risque, favorisé l’adhésion au traitement, réduit le risque d’incident cardiovasculaire et facilité l’accès à l’assurance-vie et à l’assurance-invalidité (Leren et coll., 2008; Homsma et coll., 2008). Le programme s’est aussi avéré rentable (Wonderling et coll., 2004). Le Canada a joué un rôle de chef de file dans le dossier du dépistage génétique du cancer, en mettant au point des programmes fructueux de prévention du cancer du sein qui englobent le dépistage génétique des mutations du gène BRCA1/2 (Oros et coll., 2006; Simard et coll., 2007). Ces programmes devraient être des modèles pour la prévention d’autres maladies, notamment des maladies CV. Au cours de la prochaine demi-génération, nous aurons une technologie permettant d’appuyer le dépistage génétique de routine de certains troubles cardiovasculaires. Il reste beaucoup à apprendre, mais cette approche personnalisée de diagnostic, de stratification du risque et d’optimisation du traitement est extraordinairement passionnante pour l’avenir de l’humanité. Aider les Canadiens à mener une vie plus saine / 51 Recommandations La capacité des Canadiens de faire des choix santé – de consommer des aliments sains, d’être actifs, de ne pas fumer, de gérer leur hypertension, leur cholestérol et leur poids – est influencée par l’information sur les facteurs de risque de maladies CV qu’ils reçoivent, par leur capacité de comprendre et d’utiliser cette information, par leur motivation à changer et par les outils susceptibles de les aider, tels que les programmes de dépistage et de suivi offerts dans leurs collectivités. Pour aider les Canadiens à mener une vie plus saine, nous devrions adopter les mesures qui suivent. • • • 2.1 Mettre en contact les principaux organismes de lutte contre la maladie afin : • • • d’élaborer et de diffuser des messages clairs et concordants sur les principaux facteurs de risque de maladie chronique; de mettre sur pied et de lancer, à l’intention des populations à haut risque, des campagnes de sensibilisation et de marketing social soutenues et de grande envergure pour prévenir les maladies CV et les autres maladies chroniques et pour favoriser la détection des signes et des symptômes de l’accident vasculaire cérébral et de la maladie du cœur; et de déterminer les mesures à prendre; d’appuyer les travaux de l’Association canadienne de santé publique et du Conseil canadien sur l’apprentissage qui portent sur la littératie en santé. 2.2 Élaborer et tenir à jour des sources interactives de renseignements sur la santé et les maladies CV, qui font autorité. Ces sources d’information devraient tirer profit des initiatives en cours et : • fournir une information à jour sur les principaux facteurs de risque, notamment sur l’hypertension artérielle et le cholestérol, les aliments insalubres ou malsains, l’inactivité physique, le tabagisme, l’obésité et le diabète; • • être appuyées par des équipes interprofessionnelles de soins primaires qui, à leur tour, enverront des messages plus homogènes à leurs patients; inclure des modes d’interaction permettant aux gens de définir et d’évaluer les risques qu’ils courent et de se familiariser avec des modes concrets de réduction du risque; 52 / Building a Heart Healthy Canada mettre l’accent sur l’autonomie des patients et mettre les Canadiens au courant des directives et des stratégies de réduction du risque fondées sur des données probantes, améliorer l’autotraitement, promouvoir la santé et prévenir les complications à tous les stades de la maladie CV; mettre les Canadiens en contact avec les services communautaires qui peuvent les aider à mener une vie plus saine, notamment avec les programmes d’abandon du tabagisme et d’activité physique, les services de diététistes et les groupes de soutien; disposer du mandat et des ressources permettant d’élaborer et de tenir à jour des outils d’information et de maintenir des liens avec les ressources connexes. 2.3 Offrir des programmes de dépistage des risques de maladie CV, de sensibilisation et de suivi dans une variété de milieux communautaires. Ces programmes devraient : • être dotés d’un leadership solide et d’outils de responsabilisation et faire partie des systèmes de soins de santé communautaires et régionaux; • • • • • • • • être fondés sur des données probantes; être offerts par des prestataires ou des bénévoles chevronnés; être offerts dans des environnements qui conviennent à tous les Canadiens, notamment en milieu de travail où des mesures incitatives devraient être prises pour aider les employeurs à créer ces programmes et à les tenir à jour; viser les groupes à risque; se concentrer sur les principaux facteurs de risque de maladie CV, y compris l’hypertension et le cholestérol, la mesure du poids et du tour de taille, le tabagisme, la glycémie à jeun, les antécédents familiaux, l’état nutritionnel et l’activité physique; veiller à ce que les mesures du profil de risque prises pendant le dépistage soient partagées avec les patients et leurs prestataires de soins primaires et à ce que toutes les personnes concernées disposent de l’information requise pour comprendre le profil de risque; aiguiller les personnes à risque vers les traitements fondés sur des données probantes qui conviennent, vers les services de soutien et de suivi; dans la mesure du possible, se servir de l’étude des variations génétiques pour identifier les personnes qui ont des risques héréditaires de contracter une maladie CV. Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV 3/ La maladie CV est un grave problème pour l’ensemble de la population canadienne, mais pour les peuples autochtones, c’est la cause d’un véritable état de crise. Alors que les Canadiens en général jouissent d’un état de santé exemplaire – un des meilleurs du monde – le profil de santé de nombreux peuples autochtones du Canada est beaucoup moins reluisant. M ême si ce ne sont pas tous les peuples et toutes les communautés autochtones qui courent un risque élevé d’avoir une maladie du cœur et un AVC, on constate que la prévalence des maladies CV et des autres maladies chroniques, telles que le diabète, le cancer, l’arthrite et le rhumatisme, est plus élevée chez les Autochtones que dans la population canadienne en général (figure 12) (Organisation nationale de la santé autochtone, 1997). De 1984 à 1995, le taux d’hospitalisation des membres des collectivités des Premières nations de l’Ontario atteints d’une cardiopathie ischémique a plus que doublé (de 76 à 186 par 10 000 habitants), alors que ce taux déclinait dans le reste de la province (Shah et coll., 2000; Harris et coll., 2002). En 1991, 31 % des adultes des Premières nations ont signalé être atteints d’un problème de santé chronique; en 2002-2003, 63,7 % ont déclaré au moins un problème de santé de longue durée (Organisation nationale de la santé autochtone, 2005). L’information dont on dispose sur la santé des Inuits et des Métis est clairsemée, mais si on se fie à des mesure traditionnelles comme l’indice de masse corporelle, les Inuits, particulièrement les femmes, ont un risque plus élevé de souffrir de surcharge pondérale ou d’obésité que les autres groupes (Young, 2007). Deux Métis sur cinq sont physiquement inactifs, un sur trois ont une surcharge pondérale, un sur cinq est obèse et un sur trois fume quotidiennement (Agence de la santé publique du Canada, 2009). La Constitution du Canada subdivise les peuples autochtones en trois groupes distincts : les Indiens (ou membres des Premières nations), les Inuits et les Métis. Ces trois peuples ont un patrimoine, une langue et des pratiques culturelles uniques. Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV / 53 Figure 12 Prévalence de la maladie cardiovasculaire et des facteurs de risque au sein des Premières nations, comparativement à la population canadienne adulte en général (en %) Inactivité physique 78,7 46,9 Tabagisme 58,8 19,0 Embonpoint 33,0 Obésité 31,2 15,0 Hypertension 16,4 Diabète 20,4 19,7 5,2 Maladie cardiovasculaire 37,0 7,6 5,6 0 10 20 30 40 Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières Nations (2002-2003) Divers facteurs de risque, dont les mauvaises habitudes alimentaires, le tabagisme et la vie sédentaire, menacent la santé La santé CV des peuples autochtones est menacée par le tabagisme, la toxicomanie, les modes de vie sédentaire et la mauvaise alimentation. Parmi ces facteurs de risque, la mauvaise alimentation est le plus complexe parce qu’elle dépend de l’évolution des goûts de la nouvelle génération (c.-à-d. régimes occidentalisés), de l’accès limité aux aliments sains et de leur coût élevé (c.-à-d. insécurité alimentaire) et d’un accès plus difficile aux aliments traditionnels en raison du changement climatique et des coûts de la récolte. Les facteurs sociaux et économiques ont, eux aussi, une incidence sur la santé. Par exemple, les problèmes de santé de nombreux Inuits sont renforcés par les logements surpeuplés, le faible niveau de scolarité et de revenu, les problèmes de santé mentale (p. ex. culpabilité, désespoir, faible estime de soi, toxicomanie, idées de suicide et facultés d’adaptation déficientes) (S. Carrière, communication personnelle, 18 décembre 2007). 54 / Pour un Canada au cœur qui bat 50 60 70 80 Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) 2003 Au Canada, environ 60% des membres des peuples autochtones fument comparativement à 22% des membres de la population en général. (Organisation nationale de la santé autochtone, 2005) Si rien n’est fait pour résoudre la crise des maladies du cœur dans les communautés autochtones, la situation ne peut que se détériorer – en raison, tout simplement, de la croissance démographique. La population autochtone au Canada croît beaucoup plus rapidement que le reste de la population (figures 13a et 13b). Si nous n’agissons pas sur-le-champ, le bien-être des peuples autochtones et la pérennité des systèmes de soins de santé dans tout le pays peuvent s’en trouver menacés. Figure 13a Projections démographiques pour les populations autochtones et canadiennes Population en milliers 35 000 35537,6 33909,7 32547,2 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 1431,8 1282,8 1169,5 0 2011 2006 Autochtones* 2017 Canada** Source des données : *Statistique Canada. Projections des populations autochtones, Canada, provinces et territoires : 2001 à 2017, 2005. **Statistique Canada. Projections de la population, Canada, provinces et territoires : 2005 à 2031, 2005. Figure 13b Croissance projetée des populations autochtones et canadiennes 25 Pourcentage 20 15 10 5 0 2006 2011 Autochtones* 2017 Canada** Source des données : *Statistique Canada. Projections des populations autochtones, Canada, provinces et territoires : 2001 à 2017, 2005. **Statistique Canada. Projections de la population, Canada, provinces et territoires : 2005 à 2031, 2005. Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV / 55 Même si la maladie cardiovasculaire engendre un véritable état de crise pour de nombreux peuples autochtones, tout espoir n’est pas perdu. De nombreuses communautés autochtones du Canada, des États-Unis et du monde entier élaborent et mettent en œuvre activement des programmes et des services destinés à réduire l’incidence des maladies CV et à améliorer les traitements. Si nous utilisons ce que nous connaissons déjà et tirons profit des forces des communautés autochtones, nous pourrons prévenir la maladie et éviter les problèmes de santé et leurs coûts. Pour mettre un terme à cette crise, le Canada doit encourager les communautés autochtones à élaborer leurs propres solutions en matière de santé cardiovasculaire, appuyer des programmes de promotion de la santé de grande portée qui tiennent compte des facteurs sanitaires et sociaux exposant les gens au risque, améliorer les programmes de dépistage, fournir des services de traitement intégrés et alimenter les bases d’information requises pour encadrer les programmes de prévention et de soins. Les environnements et les grands déterminants menacent la santé [Dans les communautés autochtones]… la santé est perçue moins comme une question personnelle… que comme un ordre harmonieux où la personne est intégrée dans un environnement social, temporel, spirituel et non empirique qui l’englobe… Sousproduit de l’équilibre et de l’harmonie qui règnent dans l’univers, la « santé » ou la « bonne vie » émane d’un ordre environnemental et social plus large (Ootoova et coll., 2001). Quelle que soit, à court terme, la perfection de la conception et l’efficacité de nos interventions cliniques et de nos programmes, les facteurs environnementaux ont l’immense pouvoir d’oblitérer les gains en incitant les gens à percevoir l’individu en contexte comme la seule cible acceptable d’intervention et d’analyse (Kirmayer et coll., 2003; Willms, 2005). Les efforts déployés pour résoudre la crise des maladies CV qui sévit au sein des peuples autochtones doivent porter non seulement sur les comportements individuels qui favorisent la santé, mais également sur l’environnement et les politiques qui influencent ces comportements, y compris sur l’accès équitable aux soins primaires et à d’autres services de santé. Les campagnes d’incitation à un changement de mode de vie telles que les programmes de renoncement au tabagisme n’ont pas été aussi fructueuses chez les Autochtones que chez les Canadiens en général. Ce succès mitigé est largement attribuable au fait que ces campagnes ne sont axées que sur les facteurs de risque individuels et ne tiennent pas compte des déterminants socioéconomiques plus larges de la santé, ni du besoin de vivre dans des environnements sains. 56 / Pour un Canada au cœur qui bat Les peuples autochtones divergent radicalement quant à leurs antécédents et leurs atouts culturels, leur infrastructure communautaire, leurs débouchés économiques, leur langue et leur identité collective. En raison de cette diversité, les efforts déployés pour préserver la santé et favoriser la guérison doivent répondre aux besoins de différentes communautés. Les stratégies de réduction de la maladie CV et d’amélioration des traitements destinés aux Autochtones doivent tenir compte de ceux et celles qui vivent dans des communautés autochtones autant que des quelque 50 % et plus de personnes qui vivent loin de leur collectivité d’origine. Les solutions doivent répondre aux besoins des collectivités urbaines et rurales ou éloignées. La plupart des maladies CV se développent dans l’enfance et les habitudes prises en bas âge peuvent avoir une incidence sur la santé tout au long de la vie. Les risques s’accumulent dans le temps et augmentent avec l’âge. Toutefois, il est possible de retarder la maladie et le décès causé par les maladies chroniques en intervenant de façon précoce (Organisation mondiale de la Santé, 2005). Une stratégie axée sur tout le cycle de vie qui vise les gens à des étapes critiques de leur cheminement peut améliorer efficacement la santé. Par exemple, en réponse à un plaidoyer pour que les aînés interviennent afin d’endiguer l’épidémie de diabètes, les médecins du Kateri Memorial Hospital ont collaboré avec des diététistes, des chercheurs et le personnel enseignant pour mettre sur pied un programme de prévention du diabète dans les écoles de Kahnawake. Ce programme vise à diminuer l’incidence du diabète en réduisant l’obésité, en modifiant les régimes alimentaires à haute teneur en gras et en calories et en augmentant l’activité physique. Le programme comprend trois volets : les enfants de la première à la sixième année reçoivent un enseignement sur la nutrition, la bonne condition physique, le diabète, le corps humain et les modes de vie sains à l’école; les parents et les prestataires de soins ont accès à un programme de soutien à domicile sur la nutrition, l’activité physique et les modes de vie sains; et, la collectivité participe par l’entremise d’un conseil consultatif local. Le programme a commencé par un projet pilote de trois ans mené au milieu des années 1990 qui a prouvé que l’intervention avait eu un effet sur les habitudes alimentaires : les participants buvaient moins de boissons gazeuses et consommaient moins d’aliments à haute teneur en gras. Les universités locales participent maintenant au programme et le personnel du programme forme les prestataires de services des autres collectivités pour qu’ils puissent offrir des programmes polyvalents de prévention similaires à tous les enfants d’âge scolaire (Paradis, 2005). Le programme autochtone HeartSmart Kids™, élaboré par la Fondation des maladies du cœur, a été conçu pour s’adresser aux enfants très tôt en intégrant une information culturellement adaptée sur la santé cardiovasculaire au programme d’étude. Les éducateurs, dans 177 des 241 collectivités qui ont une bande des Premières nations, ont été formés et la plupart des volets du programme sont bien utilisés. Parmi les enseignants qui en ont fait usage, 83 % le trouvent « excellent » ou « bon » au chapitre de la sensibilité à la culture. Le manque de dépistage menace la santé En dépit des taux élevés des maladies cardiovasculaires et autres maladies, de nombreuses communautés autochtones n’ont pas accès aux services – particulièrement au dépistage et à la surveillance des maladies chroniques et aux services médicaux de base. Puisqu’ils n’ont pas non plus accès aux tests et aux examens diagnostics, un grand nombre d’entre eux ne reçoivent ni soins ni services de réadaptation avant d’être sur le point de mourir. alimentation et l’exercice. Les membres de ce groupe ont été expressément encouragés à consommer davantage d’aliments contenant des acides gras omega-3 et d’éviter ceux qui contiennent de l’acide palmitique, un gras saturé commun. Lorsqu’ils ont été réexaminés après l’intervention, les participants avaient un niveau de cholestérol et un taux de glycémie à jeun moins élevé et une pression artérielle plus basse que les membres du groupe témoin qui n’avaient reçu que la documentation annuelle (Ebbesson et coll., 2005). En Australie, les responsables du New South Wales Aboriginal Vascular Health Program ont organisé une série de projets-pilotes pour lutter contre le diabète, les maladies circulatoires et les maladies du rein en offrant un programme d’évaluation des risques, d’intervention précoce et de promotion de la santé ou encore en améliorant la coordination des services existants et la collaboration entre les prestataires de services. Le programme a fait appel à des interventions qui ne font habituellement pas partie des efforts plus ciblés d’amélioration de la santé Pratiques prometteuses Bien que les membres des Premières nations vivant dans des réserves aient un risque plus élevé que la population en général de mourir des suites d’un infarctus du myocarde (72,7 pour 100 000 comparativement à 52,1 pour 100 000 pour tous les Canadiens), ils sont moins susceptibles que l’ensemble de la population canadienne de subir des tests permettant un dépistage précoce de routine des risques de maladie cardiovasculaire, tels que la mesure du niveau de cholestérol (Organisation nationale de la santé autochtone, 2005). Le dépistage, le traitement et la surveillance des facteurs de risque de maladies CV peuvent réduire les risques de manière efficace. Par exemple, les responsables de l’Alaska Inuit Diabetes Prevention Project ont mis sur pied un programme de dépistage des facteurs de risque, notamment de l’hypertension, du cholestérol et de l’intolérance au glucose. Le groupe expérimental a fait l’objet d’une intervention de quatre ans, comprenant une session de counseling et l’envoi annuel d’une documentation sur la saine Les interventions efficaces au sein de la population autochtone sont caractérisées par les traits suivants. Elles • sont élaborées grâce à des partenariats et une collaboration avec les communautés autochtones; • utilisent une stratégie d’intervention en équipe; • créent la capacité chez les membres des communautés autochtones de promouvoir la santé; • utilisent une approche axée sur tout le cycle de vie; • se concentrent sur certains facteurs de risque; • offrent un accès plus équitable aux soins; • sont adaptées sur le plan culturel; • tiennent compte des besoins et de la réceptivité des collectivités et des peuples concernés. Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV / 57 cardiovasculaire, notamment au renforcement de la capacité des équipes locales de fournir de l’aide, à une formation et à des ressources; au développement de partenariats; à l’utilisation de méthodes d’enseignement adaptées sur le plan culturel sous l’égide de certains membres de la collectivité; et, à la création d’un sentiment d’appartenance au milieu local. Plus de 1 000 Autochtones ont fait l’objet d’un dépistage. Le succès a été attribué au fait que les projets étaient suffisamment souples pour répondre aux besoins locaux, qu’ils suscitaient l’engagement de la collectivité en faisant appel au sens de la coopération et qu’ils fournissaient une aide judicieuse et pragmatique (New South Wales Department of Health, 2004). Des différends entre ces diverses instances peuvent retarder la prestation des services et causer de graves préjudices – comme dans le cas de Jordan Anderson, un enfant membre des Premières nations mort dans un hôpital de Winnipeg au lieu de s’éteindre dans sa collectivité locale auprès des membres de sa famille parce que les gouvernements n’ont pas pu s’entendre sur le partage de ses frais médicaux. (En 2007, le gouvernement du Canada a adopté le Principe de Jordan, une résolution établissant un principe de « priorité à l’enfant » pour la résolution des conflits de compétence.) Le manque d’équipement, de technologie et de dispensateurs de soins menace la santé L’information est la clé de l’amélioration de la santé des Autochtones, mais il n’y a eu que peu d’efforts systématiques pour rassembler des données sur la santé cardiovasculaire des membres des peuples autochtones et sur les risques encourus, et la plus grande partie de l’information accessible s’adresse aux populations des Premières nations plutôt qu’aux Inuits ou aux Métis. Il n’existe que très peu de données portant spécifiquement sur le traitement ou la gestion des maladies CV dans les communautés autochtones du Canada et très peu de données précisant comment les soins d’urgence et de réadaptation et les services de planification et de soins de fin de vie sont fournis. La communauté autochtone a besoin de données locales, régionales et nationales plus précises sur les membres des Premières nations, les Métis et les Inuits pour pouvoir élaborer des stratégies propres à chaque groupe. Des recherches mieux ciblées sont requises pour comprendre les besoins particuliers des Premières nations, des Inuits et des Métis en matière de santé, pour motiver et appuyer la collectivité et pour élaborer des interventions efficaces et caractérisées par leur intégrité culturelle. Certains efforts individuels ont été déployés pour recueillir de l’information, mais ils ne sont pas systématiques. Par exemple, l’étude BRAID, cofinancée par l’Initiative sur le diabète chez les Autochtones et par l’Université de l’Alberta, a été conçue pour recueillir des renseignements sur le diabète et sur le syndrome de résistance métabolique (c.-à-d. obésité abdominale, niveaux de gras anormaux dans le sang, hypertension artérielle et intolérance au glucose) parmi les membres d’une collectivité des Premières nations du Nord de l’Alberta (Kaler et coll., 2006). Une équipe de recherche a recueilli des données sur la pression sanguine, le taux de glycémie à jeun et l’indice de masse corporelle, de même que sur les antécédents familiaux de presque 300 personnes de six ans et plus qui n’avaient pas fait l’objet jusque-là d’un diagnostic de diabète. Environ 50 % des adultes et 40 % des enfants et adolescents souffraient du Même lorsque les Autochtones ont fait l’objet d’un diagnostic et reçoivent un traitement, ils n’ont pas souvent le même accès aux soins que la majorité des Canadiens – particulièrement s’ils vivent dans des localités lointaines et isolées. Bien que la télésanté et la médecine électronique puissent aider, les peuples autochtones ont besoin, dans leurs collectivités, d’un meilleur accès aux services de maintien des fonctions cardiaques vitales, aux spécialistes et aux autres ressources, et souvent simplement à l’équipement de diagnostic (p. ex. les appareils de radiographie, d’électrocardiogramme) (Cooke et coll., 2004). Il existe également une pénurie de prestataires de soins autochtones. Divers efforts sont déployés pour recruter des Autochtones prêts à embrasser une carrière dans le domaine de la santé et, malgré certains progrès, les dispensateurs de soins autochtones sont peu nombreux. Il faut faire davantage pour s’assurer que les peuples autochtones reçoivent des soins culturellement adaptés prodigués par des équipes de soins primaires interprofessionnelles. Les différends au sujet des champs de compétence menacent la santé La capacité de mettre un terme à la situation désastreuse qui affecte la santé cardiovasculaire des membres des communautés autochtones est influencée par les questions de champ de compétence. Le gouvernement fédéral est responsable des services de soins de santé fournis aux communautés autochtones, alors que les provinces et les territoires sont responsables des soins de santé que les Autochtones reçoivent dans les hôpitaux et en dehors de leur communauté. Les provinces et territoires financent également certains services fournis à ces collectivités. 58 / Pour un Canada au cœur qui bat Le manque d’information menace la santé syndrome métabolique, une condition associée avec une incidence élevée de maladies CV. L’obésité, l’état prédiabétique et le syndrome métabolique étaient particulièrement répandus chez les participants de 18 ans ou plus. Tous les participants ont bénéficié d’un service de suivi offert par un infirmier, un diététiste ou un médecin. Aux États-Unis, des efforts ont été déployés pour recueillir une information beaucoup plus complète sur un groupe plus nombreux et plus diversifié d’Autochtones. La Strong Heart Study est une analyse longitudinale de la maladie cardiovasculaire dans les collectivités indiennes américaines : il s’agit de la plus vaste étude épidémiologique des Indiens d’Amérique jamais entreprise (Center for American Indian Health Research, 2008). Plus de 4 500 personnes issues de 13 tribus et collectivités dans trois zones géographiques des États-Unis y participent. L’étude en cinq étapes examine les taux de mortalité chez les gens de 35 à 74 ans, les résultats d’examens cliniques (c.-à-d. les facteurs de risque) et le rôle des facteurs génétiques. Elle englobe une étude des familles qui a pour objet d’isoler les gènes qui peuvent contribuer au risque. L’étude a permis de construire une carte génétique et elle a entrepris un criblage génétique pour analyser les fluctuations du risque. En plus de renforcer les connaissances sur les risques de contracter une maladie cardiovasculaire, l’étude peut mener à de nouvelles stratégies thérapeutiques et préventives pour les peuples autochtones. Le manque de volonté de participation menace la santé Pour mettre un terme à la crise qui sévit dans les communautés autochtones, les Autochtones, à titre individuel et collectif, doivent participer activement à l’élaboration de leurs propres solutions et plans d’intervention en matière de santé CV. Les peuples et les communautés autochtones doivent aussi, parallèlement, faire partie intégrante de la Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action. Toutes les recommandations de la SCSC-PA s’appliquent à tous les Canadiens, y compris aux peuples autochtones. De plus, les chefs autochtones devraient collaborer avec leurs gouvernements et leurs organisations non gouvernementales à l’élaboration d’un plan d’action pluriannuel visant à motiver leurs collectivités et à dresser la liste des mesures culturellement adaptées qu’il faut prendre pour réduire le risque, améliorer les soins, répondre aux besoins urgents et s’occuper des inégalités sociales et des injustices en matière de santé. Voici les mesures recommandées. Recommandations 3.1 Élaborer un plan d’action pluriannuel pour répondre aux besoins des peuples et des communautés autochtones au chapitre de la santé CV tout en faisant appel à une approche de partenariat s’adressant aux organismes autochtones, aux gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et aux administrations municipales, aux communautés autochtones et aux organismes non gouvernementaux. 3.2 Créer un centre national autochtone ou un réseau de centres dédié à la prévention et à la gestion de la maladie chronique en vue de coordonner la mise en œuvre du plan d’action. De concert, le centre et le plan : permettront de bâtir des communautés autochtones dont les membres ont un cœur en bonne santé : • • • en assurant la participation des institutions communautaires et en habilitant la collectivité à adopter des mesures préventives – particulièrement celles qui sont axées sur la réduction du tabagisme, la nutrition en milieu scolaire, le conditionnement physique, les sports et les activités récréatives; en assurant la promotion de pratiques prometteuses, telles que la limitation de la vente de tabac aux mineurs et l’élimination des aliments malsains dans les écoles et en favorisant l’activité physique régulière; en adoptant des stratégies de prévention et de traitement de la maladie CV qui respectent le savoir traditionnel, les valeurs autochtones et le rythme de développement des personnes et des collectivités. aideront les peuples autochtones à mener une vie plus saine : • • en adoptant une approche d’atténuation permanente du risque qui met l’accent sur les premières années d’existence; en travaillant de concert avec d’autres stratégies ou organismes de lutte contre des maladies chroniques telles que le cancer, le diabète, les maladies pulmonaires et les accidents vasculaires cérébraux, à l’élaboration de programmes complets de prévention. Mettre un terme à la crise que vivent les populations autochtones au niveau de la santé CV / 59 permettront de poursuivre la réforme des services de santé et offriront des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient • • • en garantissant un continuum de soins entre les autorités communautaires et les autorités régionales œuvrant dans le domaine de la santé; • • • • • • en établissant, à l’intention des Autochtones, les mêmes normes de soins CV que celles qui s’appliquent aux autres Canadiens; en améliorant l’accès aux soins grâce à un usage efficace d’équipes interprofessionnelles – idéalement composées de médecins, d’infirmiers, de diététistes, de médecins préposés aux soins primaires et de spécialistes travaillant en relation étroite – faisant appel à des algorithmes de gestion de la maladie cardiovasculaire, à des services communautaires et à domicile et à des technologies de télésanté et de médecine électronique. permettront d’édifier l’infrastructure du savoir qui renforcera la prévention et les soins : • permettront d’offrir, aux prestataires de services qualifiés, la formation et les compétences voulues : en procédant à un suréchantillonnage des peuples autochtones dans les versions périodiques de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé et en incluant les Métis et les Inuits dans l’Enquête régionale sur la santé des Premières nations; en accélérant le développement et la mise en application des bases de données administrées par les Premières nations, les Inuits et les Métis, en relation avec les bases de données nationales; en établissant une base de données à jour et précise d’interventions de lutte contre la maladie chronique fondées sur des données probantes afin de découvrir et de mettre en commun les meilleures pratiques; en améliorant les systèmes de dépistage et de surveillance au sein des organismes de services de santé autochtones grâce un accès local aux données de recherche et de sondage et à toutes les données administrées par le fédéral; en appuyant les études axées sur l’intervention et l’évaluation, particulièrement dans le domaine de la sécurité alimentaire et des interventions interdisciplinaires; en finançant la recherche axée sur un mode d’intervention qui s’adresse aux personnes et aux collectivités en contexte et qui reflète les directives des Instituts de recherche en santé du Canada du Canada et les autres pratiques de recherche recommandées pour tout projet réalisé avec les communautés autochtones. 60 / Pour un Canada au cœur qui bat • en consolidant l’effectif autochtone qui œuvre dans le domaine de la santé grâce à l’adoption de différentes mesures : formation des intervenants qui traitent les maladies chroniques; système de mentorat et d’échanges intercommunautaires, augmentation du nombre de bourses et de places dans les facultés de médecine et de sciences infirmières; élargissement du rayonnement régional de la Fondation des maladies du cœur et renforcement de l’appui fourni à cet organisme; en améliorant la compétence culturelle des prestataires de services de santé non autochtones grâce à diverses initiatives : mesures favorisant la résidence dans le Nord; rotation des spécialistes invités dans les régions rurales, éloignées et isolées; incorporation, aux programmes de formation professionnelle, d’approches et de modèles pratiques d’enseignement de la compétence culturelle requise pour travailler avec les peuples autochtones. 4/ Poursuivre la réforme des services de santé – prodiguer des soins cardiovasculaires intégrés et axés sur le patient en temps opportun On peut prévenir l’incidence d’un grand nombre de maladies CV, mais une fois que la maladie et ses complications se sont manifestées, on ne peut généralement plus les guérir. Les maladies CV sont des conditions chroniques qui se détériorent et que les gens doivent gérer et endurer pour le reste de leurs jours. Pour jouir de la meilleure qualité de vie possible, ceux-ci ont besoin, au moment opportun, de soins intégrés axés sur le patient. C ompte tenu du grand nombre de Canadiens qui sont susceptibles de contracter des maladies CV au cours des 10 à 20 prochaines années, il faudra dispenser des soins efficaces. Si le système ne devient pas plus efficient et efficace, il sera totalement submergé par la demande et par le coût des soins prodigués. Comme nous l’avons indiqué précédemment, le présent chapitre se penche principalement sur la maladie cardiovasculaire et sur le traitement des personnes atteintes d’une maladie du cœur; toutefois, les recommandations (telles que l’amélioration de l’accès aux soins, l’établissement de réseaux régionaux efficaces et l’utilisation de directives fondées sur des données probantes) sont compatibles avec les stratégies recommandées pour le traitement d’autres maladies chroniques, en particulier avec la Stratégie canadienne de l’AVC. Un système intégré, axé sur le patient : • communique et distribue l’information au patient et aux membres de l’équipe de soins primaires et du réseau régional; • aide les patients à ménager la transition entre différents dispensateurs et différents niveaux de soins; • garantit des soins de haute qualité fondés sur des données probantes dans tous les milieux; • aide les patients et les considère comme des partenaires actifs de la préservation de leur propre santé et de la prestation leurs propres soins. Poursuivre la réforme des services de santé / 61 Les composantes de base d’un système intégré de soins axés sur le patient Les soins cardiaques axés sur le patient comprennent les éléments clés suivants : Autotraitement. Les personnes et leurs familles sont des partenaires dans la gestion de leur propre santé et de leurs propres soins. Ils ont un accès facile à l’information et aux services susceptibles de les aider à surveiller leur santé (p. ex. poids, pression sanguine, cholestérol, obésité abdominale, habitudes alimentaires, activité physique), à améliorer leur régime alimentaire et leurs habitudes d’activités physiques et à prendre régulièrement les médicaments prescrits par les prestataires de soins. Ils connaissent leurs propres facteurs de risque, ont accès à leur dossier médical et participent aux décisions qui concernent leur traitement. Ils se font entendre, peuvent faire des choix et font valoir leurs droits ». Soins primaires en équipe. Les praticiens des soins primaires (c.-à-d. les médecins de famille, les infirmiers praticiens, les infirmiers, les pharmaciens, les diététistes, les spécialistes du conditionnement physique et les travailleurs sociaux) travaillent en équipe pour fournir de l’information pour aider leurs patients à demeurer en santé, pour surveiller leurs patients en vue d’assurer la détection précoce de tout signe de risque et pour encourager les patients à risque à prendre soin d’eux-mêmes en leur donnant plus d’information et en les aidant à gérer leur risque et à prendre leurs médicaments pour réduire ces risques (p. ex. arrêter de fumer, faire baisser la pression sanguine et le cholestérol ou perdre du poids). Soins d’urgence. Les gens qui subissent une crise cardiaque ont accès à des services d’urgence immédiats comprenant des soins sur place, durant le transport vers un hôpital qui dispose des ressources humaines et de l’équipement permettant d’offrir les soins appropriés en temps opportun. Soins spécialisés. Les équipes de spécialistes – formées de cardiologues, chirurgiens cardiaques, infirmiers, pharmaciens, techniciens du diagnostic, professionnels de la réadaptation, généticiens et chercheurs – qui travaillent dans un centre régional et font partie d’un réseau régional mettent à la disposition du patient toute une gamme d’interventions diagnostiques, médicales et chirurgicales. Services de réadaptation. Les patients qui se rétablissent à la suite d’une crise cardiaque, d’un accident vasculaire cérébral, d’une chirurgie cardiaque ou d’une insuffisance cardiaque congestive ont accès à divers services – programmes d’exercice et d’aide à la vie active, consultations sur le régime alimentaire – qui peuvent les aider à récupérer rapidement au maximum de leur capacité, à adopter un mode de vie plus sain et à prévenir d’autres incidents. Soins à domicile et soins communautaires. Les patients en convalescence qui ont besoin d’aide après avoir quitté l’hôpital après une chirurgie, une défaillance cardiaque ou un AVC ont accès, dans leur collectivité, à des soins à domicile qui contribuent à leur réinsertion dans leur milieu. Services de planification et de soins de fin de vie. Les patients atteints d’une cardiopathie qui menace leur vie reçoivent des renseignements et ont accès à des services de planification et de soins de fin de vie dès le début de leur maladie. Les prestataires de soins communiquent efficacement avec les patients et leurs familles au sujet de leur pronostic et des avantages et inconvénients de divers traitements. 62 / Pour un Canada au cœur qui bat Quel est le niveau d’intégration du système à l’heure actuelle? Dans un système intégré et axé sur le patient, tous les services de soins cardiovasculaires doivent travailler en harmonie. Les Canadiens doivent être en mesure de passer aisément d’un service à l’autre et leur traitement devrait être continu. Même si les Canadiens reçoivent en général d’excellents soins cardiaques et si les champs de compétence collaborent pour élaborer des systèmes plus intégrés (p. ex. pour réformer les services de soins primaires, mettre sur pied des équipes de soins primaires interprofessionnelles et établir des réseaux régionaux de services spécialisés), des lacunes et des faiblesses demeurent dans l’organisation et la prestation des services. La fragmentation des services complique les soins aux patients et a une incidence sur les résultats Les services de soins cardiovasculaires sont encore fragmentés. Le problème des services fragmentés n’est pas propre à la maladie cardiovasculaire. Il s’agit d’un problème qui touche toutes les maladies chroniques. Les gens qui souffrent de ce genre de maladie ont besoin d’une gestion et de soins holistiques et continus. Le problème est pire pour les Canadiens qui, en plus de souffrir d’une maladie du cœur, souffrent d’autres maladies chroniques, puisque les services sont souvent cloisonnés par maladie. Chan, un homme de 38 ans, qui vient de subir une intervention cardiaque, a été renvoyé vers son prestataire de soins primaires pour recevoir des soins et faire l’objet d’une surveillance. Toutefois, ce médecin n’avait aucun renseignement sur les tests et les interventions que Chan avait subis, sur les médicaments prescrits et sur le plan de traitement de l’hôpital. Une partie des conseils prodigués à Chan par son médecin généraliste contredisait les instructions du spécialiste, de sorte que ses soins à long terme étaient pour lui source de confusion. Earl, un homme dans la soixantaine souffrant de diabète qui vit dans une petite localité du Nord de l’Alberta, a récemment fait l’objet d’un diagnostic de maladie du cœur et a été aiguillé vers un spécialiste d’Edmonton. Avant que son problème n’ait été pleinement diagnostiqué et traité, il a dû se déplacer six fois vers le centre de cardiologie de la ville, à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile, pour ne passer, à chaque visite, que très peu de temps avec un spécialiste ou un technicien. Il a également dû se déplacer deux autres fois pour consulter des spécialistes à propos de son diabète. À chacun de ces déplacements, son fils a dû prendre des congés pour le conduire. Earl doute de la pertinence de son traitement; lui et sa famille ont perdu plusieurs semaines de travail et de revenu. Poursuivre la réforme des services de santé / 63 Un certain nombre de provinces, territoires ou autres entités commencent à utiliser un modèle de prévention et de gestion de la maladie chronique permettant d’offrir des soins plus intégrés et plus axés sur le patient. Bon nombre de ces entités administratives adaptent le modèle de soins chroniques élaboré par Wagner (figure 14) (Wagner, 1998), qui illustre le besoin des divers éléments du système de santé de collaborer à la prestation des soins entre eux et avec diverses ressources communautaires. Dans ce modèle, des interactions productives entre des patients informés et une équipe de soins proactive permettent d’obtenir de meilleurs résultats au chapitre de la santé. Figure 14 Modèle de soins chroniques COMMUNAUTÉ Ressources et politiques SYSTÈME DE SANTÉ Organismes de Système Appui à soins de santé d’information l’autogestion clinique Conception du Appui à système de prestation la décision Patient informé et habilité Interactions productives Équipe de pratique proactive bien préparée Résultats améliorés Source: Wagner, E.H. Chronic Disease Management : What Will It Take to Improve Care for Chronic Illness? Effective Clinical Practice, 1998, vol.1, p. 2 à 4. 64 / Pour un Canada au cœur qui bat Le Comité directeur de la SCSC-PA a adapté le modèle de Wagner en insistant davantage sur la prévention des maladies chroniques et sur leur gestion (figure 15). La prévention et la gestion de la maladie chronique concernent les relations entre les patients et les équipes interprofessionnelles de soins primaires et de soins aux malades chroniques, entre l’équipe de soins primaires et les réseaux régionaux spécialisés qui prodiguent des soins actifs épisodiques et entre le système de soins de santé et la collectivité. Dans un programme de gestion et de prévention de la maladie chronique, toutes les parties du système de soins de santé devraient travailler ensemble – et utiliser des systèmes d’information clinique pour pouvoir prodiguer, en temps utile, des soins souples et axés sur le patient. Le programme de gestion et de prévention de la maladie chronique convient particulièrement aux patients souffrant d’une maladie complexe et de longue durée comme une maladie du cœur, et aux malades, de plus en plus nombreux, qui sont atteints de plusieurs maladies chroniques (p. ex. une maladie CV et le diabète). Figure 15 Prévention et gestion de la maladie chronique appliquées à la maladie CV COMMUNAUTÉ SYSTÈME DE SANTÉ Politique publique saine Environnements sains– Soins de santé primaires par des équipes interprofessionnelles Dépistage écoles, milieux de travail, etc. Accès à l’information sur la santé Programmes de dépistage Prévention Aides à l’autogestion Soins Soins à domicile Réadaptation Systèmes d’information clinique Soins à domicile Poursuivre la réforme des services de santé / 65 Aperçu du programme de gestion et de prévention de la maladie chronique Un programme de gestion et de prévention de la maladie chronique a les caractéristiques qui suivent. • Les Canadiens qui ont une maladie du cœur ou un risque de maladie cardiovasculaire sont dépistés dès que possible et bénéficient d’interventions adaptées à leurs besoins (p. ex. formation, surveillance, médicaments et gestion de cas). • Les patients et leurs prestataires de soins jouent un rôle actif et les patients acquièrent les compétences et reçoivent l’information et le soutien dont ils ont besoin pour assumer une plus grande part de responsabilité dans leur propre traitement. • Les équipes de soins primaires interprofessionnelles composées d’une gamme de professionnels de la santé – médecins, infirmiers praticiens, infirmiers, diététistes, pharmaciens, physiothérapeutes et des spécialistes du conditionnement physique – appuient l’autotraitement, assurent la continuité des soins et travaillent en collaboration avec les patients à la préservation de leur santé ou à la gestion de leur maladie. • Les équipes interprofessionnelles fournissent des soins coordonnés et font un usage efficace de toutes les compétences des prestataires de soins. Les soins sont prodigués par les prestataires les plus qualifiés dans les environnements les plus favorables. Les patients sont aiguillés vers les membres les plus « compétents » de l’équipe de soins primaires et, au besoin, vers le service spécialisé qui convient. • Les spécialistes fournissent des avis, participent, avec les patients, à la gestion de leur cas, fournissent des soins périodiques et soutiennent les équipes de soins primaires. • Les transitions entre les soins sont parfaitement organisées. Lorsque les patients doivent passer d’un niveau de soins à l’autre, ils ont une bonne compréhension de leur propre rôle et du rôle de chaque prestataire de soins; les dispensateurs reçoivent une information adéquate et les services qui permettent aux patients de naviguer aisément dans le système sont en place (p. ex. soins actifs, soins à domicile, services de réadaptation cardiaque). • Les systèmes d’information sont utilisés pour aider les patients et les soignants à partager l’information, à encadrer les soins et à favoriser la surveillance et l’évaluation. • La santé du patient et les soins sont continuellement surveillés et les données sont utilisées pour évaluer et améliorer la qualité des services et des résultats. Une rétroaction est fournie aux patients, aux praticiens et aux responsables du système. Le programme de gestion et de prévention de la maladie chronique comprend également les types de mesure que les gouvernements et les collectivités peuvent prendre pour créer des environnements aidants et des politiques publiques saines. Alors que les prestataires de soins primaires et spécialisés s’efforcent de fournir une surveillance, une formation, des soins et un traitement axé sur le patient, les praticiens de la santé publique et autres ressources de la collectivité tentent de réduire les risques sociaux et environnementaux qui pèsent sur la santé cardiovasculaire. Le modèle rassemble des éléments comme la promotion de la santé, la prévention et les soins et il présuppose un partenariat entre les individus et les familles, les collectivités et les professionnels de la santé. 66 / Pour un Canada au cœur qui bat Selon certains organismes américains, européens et canadiens qui utilisent un modèle de gestion et de prévention de la maladie chronique, l’approche a un impact mesurable sur la santé et sur le coût des soins. • • Dans le projet Euro Action, huit pays, 888 patients et 225 partenaires ont participé, durant un an, à un programme complet de gestion et de prévention de la maladie cardiovasculaire offert en milieu familial par des équipes interprofessionnelles composées d’infirmiers spécialisés en prévention cardiovasculaire, de diététistes, de physiothérapeutes, de cardiologues et d’omnipraticiens. Le programme a eu un impact mesurable sur le régime alimentaire, le conditionnement physique et l’utilisation de médicaments fondée sur des données probantes : 78 % des patients ont atteint les cibles européennes de consommation de fruits et de légumes comparativement à 39 % pour ceux qui ont reçu les soins habituels, 50 % ont atteint les cibles d’activité physique comparativement à 22 % et 58 % ont réussi à contrôler leur pression sanguine comparativement à 41 %. Les gens qui ont participé au programme étaient également plus susceptibles de prendre les médicaments prescrits, tels que la statine (Wood, 2006). Dans une application expérimentale du modèle de gestion et de prévention de la maladie chronique à un groupe de deux millions de personnes, la Florida Agency for Health Care Administration (Medicaid) a déclaré que 48 % des participants avaient eu une baisse de pression artérielle, que le taux de défaillance cardiaque de classes III et IV avait baissé de 45 %, que le nombre d’hospitalisations avait diminué de 22 % et que la durée moyenne de séjour à l’hôpital avait baissé de 51 %. Les frais d’hospitalisation ont également baissé de 70 % (Pfizer Health Solutions Inc., 2004). Plusieurs provinces, y compris la ColombieBritannique, l’Alberta, l’Ontario, le Québec et la Nouvelle-Écosse, ont entrepris de mettre en œuvre les stratégies de gestion et de prévention de certaines maladies chroniques. Pour répondre aux besoins des patients à risque et de ceux qui souffrent de maladies cardiovasculaires, il faudrait accélérer le processus et y inclure toutes les provinces et tous les territoires. Les facteurs géographiques ont une incidence sur les soins Le milieu de vie des gens a de l’importance. La qualité et l’homogénéité des services de santé cardiovasculaire varient d’une région à l’autre et les traitements et les résultats diffèrent selon l’endroit où les gens se font soigner. Un accès aux services en temps opportun – particulièrement aux soins cardiaques spécialisés – continue à être une source de préoccupation pour les Canadiens, particulièrement ceux qui vivent dans des régions rurales et éloignées. Pour contribuer à réduire les inégalités d’origine géographique ou autre qui ont une incidence sur l’accès aux soins, la plupart des régions du Canada et beaucoup d’autres instances ont créé ou sont en train de mettre sur pied des réseaux régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés. Ces réseaux planifient la prestation d’une partie ou de la totalité des services de cardiologie dans leur secteur géographique plutôt que dans un seul hôpital, s’efforçant ainsi de faire le meilleur usage possible des compétences et des ressources. Pour les patients qui souffrent de problèmes cardiaques aigus, la rapidité et l’expérience ont de l’importance : les patients qui souffrent d’un infarctus du myocarde accompagné d’une surélévation du segment ST et sur qui on a pratiqué une intervention coronarienne percutanée primaire (ICPP) dans les 90 minutes de l’incident dans un centre qui effectue un grand nombre de ces interventions se rétablissent mieux que les autres (Jacobs et coll., 2007). Toutefois, le nombre de centres des petites localités qui peuvent garantir l’intervention dans les 90 minutes recommandées par l’American College of Cardiology et la Société canadienne de cardiologie est très minime. Poursuivre la réforme des services de santé / 67 Les traitements pour la crise cardiaque et les défaillances cardiaques peuvent être offerts dans plusieurs établissements de la région, alors que des interventions et des traitements plus spécialisés, tels que l’angiographie et la chirurgie cardiaque, sont offerts dans un nombre limité de centres très achalandés. D’autres problèmes, y compris ceux qui exigent la gestion de facteurs de risque complexes (tels que l’hypercholestérolémie familiale, les cardiomyopathies, l’arythmie cardiaque et les maladies cardiaques congénitales), sont gérés dans des cliniques multidisciplinaires spécialisées dans toute la région. Ces programmes sont très efficaces pour réduire le taux d’hospitalisation et les visites à l’urgence, pour améliorer la qualité de vie et contrôler les coûts. L’approche peut bien fonctionner dans un modèle de soins partagés dotés d’équipes de soins primaires. Malheureusement, certaines cliniques ne reçoivent pas un financement adéquat pouvant garantir une efficacité optimale. Dans un réseau régional intégré, un système de triage centralisé garantit que tous les patients reçoivent des soins appropriés en temps utile (figure 16). Figure 16 Réseau régional intégré de soins cardiaques spécialisés Gestion et prévention des maladies chroniques Soins de santé primaires Consultations Services d’urgence Triage Épreuve diagnostique Thérapies spécialisées Cliniques spécialisées d’équipes interprofessionnelles Défaillance cardiaque/ transplantations Arythmies et appareils Cardiopathie congénitale Programme de réadaptation Renvoi à l’équipe de soins primaires 68 / Pour un Canada au cœur qui bat Autre Toutes les composantes du réseau concourent à l’évaluation des patients, à leur aiguillage vers d’autres services et à leur transfert rapide à l’établissement de soins qui peut leur prodiguer des soins optimaux. Elles élaborent des processus et des procédures qui garantissent que les soins sont dispensés en temps opportun. Chez les patients qui ont une crise cardiaque due au blocage d’une artère menant au muscle cardiaque, il faut rétablir la circulation sanguine aussitôt que possible. Plus le temps passe, plus le muscle cardiaque se détériore. Par exemple, le Libin Cardiovascular Institute et la Calgary Health Region ont un programme assurant l’accès rapide à la thérapie de reperfusion pour les patients qui font une crise cardiaque. Les prestataires de services d’urgence administrent un électrocardiogramme à tous les patients qui éprouvent, à la poitrine, une douleur aiguë qui pourrait être causée par une défaillance cardiaque et ils transmettent les résultats électroniquement au cardiologue interventionnel de garde. Les patients qui ont une artère bloquée sont alors envoyés dans un hôpital spécialisé où on contourne la procédure d’admission et la salle d’urgence et où on les transfère directement au laboratoire de cathétérisme pour y subir sur-le-champ, s’il y a lieu, une angioplastie avec pose de stents. Selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé, Calgary affiche, depuis quatre ans, le plus faible taux de mortalité des victimes de crise cardiaque au Canada. Le New Brunswick Heart Centre a élaboré un processus de triage complet pour les patients qui doivent subir une intervention cardiaque : rassemblement préalable de toute l’information clinique sur un patient et triage de tous les aiguillages à l’aide d’instruments d’évaluation objectifs (Doucet, 2007). Les réseaux régionaux intégrés peuvent avoir un impact positif sur la rapidité d’exécution et la qualité des soins. Par exemple, pour améliorer la qualité des interventions clés offertes à différents endroits, le Réseau de soins cardiaques de l’Ontario a négocié des ententes de responsabilisation avec 18 hôpitaux membres et établi des comités interprofessionnels de cliniciens, d’infirmiers, d’administrateurs et de représentants du ministère pour déterminer les mesures à prendre pour améliorer la qualité. Entre 1994 et 2000, les décès survenus pendant ou après un pontage coronarien ont baissé de 32 % en raison de ces changements (Rachlis, 2004). Les patients se démènent pour naviguer dans le système En dépit des progrès réalisés dans le développement des réseaux régionaux intégrés pour certains soins cardiaques spécialisés, certains patients continuent à trouver difficile et parfois coûteux de naviguer dans le système. Les responsables du système de soins cardiaques devraient tirer profit de l’expérience du système de soins aux personnes atteintes du cancer et aider les patients à communiquer, au moment propice, avec les services dont ils ont besoin. Le Québec, la Nouvelle-Écosse et l’Alberta utilisent maintenant des intervenants-pivots pour tenter d’améliorer la qualité et l’homogénéité des soins aux patients cancéreux. Ceux-ci s’assurent que les patients ont accès à des services d’aiguillage efficace, que leurs soins sont coordonnés et que tous les professionnels participant à ces soins ont l’information dont ils ont besoin. Les intervenantspivots aident également les patients vivant en milieu rural et éloigné à coordonner leurs rendez-vous pour réduire le nombre de consultations dans les centres régionaux et pour accéder à des services tels que les services téléphoniques et le télémonitorage – au lieu de devoir parcourir de longues distances pour aller chercher les résultats d’un test. Dans les programmes de traitement du cancer qui utilisent les intervenantspivots, les professionnels de la santé collaborent davantage et évitent le dédoublement des services et les patients sont mieux préparés aux différents niveaux de soins qui leur sont prodigués (Corporate Research Associates, 2004). L’Alberta a récemment ajouté des intervenantspivots à ses équipes régionales de dispensateurs de soins cardiaques dans le but de faciliter la transition entre les différents niveaux de soins et d’augmenter l’efficacité du système. Cette approche novatrice devrait être adoptée dans d’autres régions du pays (figure 17). Poursuivre la réforme des services de santé / 69 Figure 17 Soins cardiovasculaires : modèle de travail Triage Gestion et prévention de la maladie chronique Services cardiaques spécialisés Patients et information Soins de santé primaires Navigation dans le système Les délais d’attente, pour certains services, sont encore trop longs Au cours des quatre à cinq dernières années, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont investi des ressources importantes pour réduire les délais d’attente des interventions en cardiologie et certains progrès ont été réalisés dans le domaine des pontages coronariens (Conseil canadien de la santé, 2007). Toutefois, la chirurgie n’est qu’un des éléments du continuum des soins. Les procédures de consultation et de diagnostic sont des étapes tout aussi importantes de l’itinéraire que suit le patient dans le système de soins cardiovasculaires et le temps d’attente, pour ces services, devrait également être raccourci. Le Réseau québécois de cardiologie tertiaire a établi un temps d’attente « médicalement acceptable » pour toutes les interventions cardiaques, de même qu’un système provincial de surveillance des patients en attente d’intervention. Le Réseau surveille soigneusement l’accès et la productivité et utilise cette information pour faire des recommandations au gouvernement du Québec afin que tous les patients reçoivent des soins à temps. Entre 2004 et 2006, le Réseau de soins cardiaques de l’Ontario a augmenté la proportion des patients qui n’atteignent pas le délai d’attente maximal autorisé pour les interventions, y compris pour le 70 / Pour un Canada au cœur qui bat pontage coronarien optionnel (de 86 % à 98 %), la chirurgie cardiaque d’urgence (de 79 % à 86 %) et le cathétérisme d’urgence (de 75 % à 85 %). Le Réseau de soins cardiaques a également signalé une réduction de 50 % de la variation régionale des périodes d’attente. Si le Réseau a eu ce genre de réussite, c’est • • • • en mettant sur pied un système de triage des patients fondé sur une échelle d’évaluation de l’urgence élaborée par un comité d’experts; en adoptant un système de surveillance des patients qui permet de détecter tout changement dans leur état de santé; en élaborant, pour certaines interventions, un processus efficace de transfert des patients vers des centres spécialisés qui permet de les rapatrier au plus tôt dans leur établissement communautaire; en utilisant des coordonnateurs régionaux de soins cardiovasculaires pour aider les patients à s’orienter dans le système. Grâce à un groupe d’experts de portée nationale, la Société canadienne de cardiologie a normalisé les délais d’attente pour tout le continuum des services cardiovasculaires depuis l’accès à un spécialiste jusqu’à l’accès à des cliniques spécialisées dans le traitement des défaillances cardiaques. Ces normes, qui précisent les délais d’attente médicalement acceptables, sont utilisées par un certain nombre d’établissements dans toutes les régions du pays en vue d’améliorer l’accès des patients aux soins de santé. Les hôpitaux de Veterans Affairs aux É.-U. ont réussi à améliorer considérablement la qualité des soins grâce à l’intégration des services, à l’amélioration du travail en équipe, à l’adoption d’un système de mesure du rendement et de rapports, à l’exploitation efficace de la technologie de l’information et à l’harmonisation des politiques de paiement (Jha, 2007). Le concept du « délai d’attente » actuellement appliqué aux interventions cardiaques devrait être étendu à tous les autres volets des soins où la rapidité d’intervention a une incidence sur les résultats, notamment pour l’administration des statines après un syndrome coronarien aigu et pour l’évaluation et le traitement des patients qui ont une défaillance cardiaque. Cette approche exigera un usage plus systématique du profil de risque pour sélectionner les patients qui devraient être admis, transférés ou traités en clinique externe. Exploiter la technologie pour améliorer l’accès et atténuer les inégalités La technologie, en offrant des soins davantage axés sur le patient et en faisant participer les patients à leur propre traitement, peut contribuer à aplanir les inégalités. Par exemple, les images numériques des tests diagnostiques peuvent maintenant être transmises par voie électronique et consultées hors site, ce qui réduit le déplacement des patients et des dispensateurs de soins. D’autres technologies prometteuses, telles que les outils d’autogestion, le télémonitorage et le soutien téléphoniques structuré (Clark et coll., 2007) peuvent aider les patients et l’équipe de soins à détecter les problèmes de façon précoce. Ces technologies peuvent améliorer de façon marquée le traitement des patients des localités rurales et éloignées qui peuvent ainsi être diagnostiqués ou surveillés sans même avoir à quitter leur domicile. La virtual Heart Function Clinic, un site Web interactif élaboré par la British Columbia Alliance on Telehealth Policy and Research (BCATPR), une équipe de recherche axée sur la création de services de télésanté cardiovasculaire, permet d’améliorer les soins routiniers prodigués aux patients des localités rurales et éloignées. Ceux-ci accèdent au site chaque matin pour y enregistrer leur poids et répondre aux questions sur leur état de santé. Ils peuvent alors consulter des diagrammes qui leur montrent comment ils se portent. En cas de problème, l’infirmier de la Heart Function Clinic leur téléphone. La BCATPR est en train d’incorporer l’équipe de soins primaires du patient au système. En cas de problème, les infirmiers sortent le dossier du patient et alertent son prestataire de soins primaires qui peut alors se servir du système pour procéder, par courriel s’il y a lieu, à une consultation cardiologique d’urgence. Ce modèle de soins partagés permet aux patients des secteurs géographiques qui n’ont pas accès à des spécialistes de rester en liaison avec une équipe qui peut fournir des avis et de l’aide au prestataire de soins primaires. La BCATPR estime que cette technologie aidera les patients à éviter une nouvelle hospitalisation et de longs déplacements vers les centres urbains pour consulter des spécialistes. Elle contribuera également à améliorer la diffusion de l’autotraitement assisté auprès des prestataires de soins primaires. La BCATPR a également élaboré un programme virtuel de réadaptation cardiaque. Les patients remplissent un formulaire d’évaluation en ligne qui porte sur leurs antécédents médicaux et leur mode de vie avant de recevoir des séances de formation basée sur la technologie Flash et d’effectuer une série de tâches hebdomadaires telles que la mesure et l’inscription de la pression sanguine et du poids corporel, des séances de « clavardage » imitant le soutien par les pairs en salle de classe, le téléchargement du rythme cardiaque à l’effort ainsi que des séances de discussion avec l’infirmier, le diététiste et le spécialiste du conditionnement physique. Lorsqu’ils ouvrent une session, les patients sont automatiquement dirigés vers la liste des tâches qu’ils doivent accomplir chaque semaine pendant toute la durée du programme. Le dispensateur de soins primaires peut vérifier le rythme cardiaque du patient et surveiller ses progrès et l’infirmier peut communiquer avec le prestataire de soins primaires s’il y a le moindre changement dans les symptômes ou les interventions auprès du patient. Les patients ont apprécié le programme et augmenté de 75 % leur capacité d’exercice, comparativement à un groupe témoin recevant des soins traditionnels. L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa a un système de surveillance à domicile qui utilise les lignes téléphoniques des patients pour la transmission des signes vitaux, du poids, du tracé de l’électrocardiogramme et d’autre information à un infirmier en pratique avancée. Le système peut être adapté pour répondre aux besoins de certains patients et pour soutenir l’autotraitement. Il recueille les données et détecte les problèmes pour que les patients puissent recevoir des soins à domicile au lieu de se faire réadmettre à l’hôpital. Poursuivre la réforme des services de santé / 71 La culture et d’autres facteurs sociaux ont une incidence sur les soins Les populations vulnérables, y compris les gens qui sont socialement ou économiquement défavorisés et les membres de certains groupes ethniques, éprouvent souvent de la difficulté à accéder à l’éventail complet des soins et des services de dépistage et de diagnostic. Comme nous l’avons indiqué précédemment, un grand nombre de communautés autochtones n’ont pas accès à des soins culturellement adaptés et à des soins spécialisés ni à des appareils essentiels comme les défibrillateurs et les systèmes d’oxygénothérapie qui sont habituellement disponibles dans d’autres collectivités. Il faut veiller à ce que les membres des peuples autochtones bénéficient des mêmes normes de soins et d’accès aux services cardiovasculaires que les autres Canadiens. Les stratégies de réduction des cardiopathies et d’amélioration du traitement destinées aux peuples autochtones devraient s’adresser aux membres des communautés autochtones ainsi qu’à ceux qui vivent loin de leur communauté d’origine (plus de 50 %). Pour que les modèles de soins reconnaissent pleinement le caractère unique des besoins des peuples autochtones, ceux-ci, autant que leurs chefs, doivent participer à la planification et à la prestation des soins. Les patients sont souvent des bénéficiaires passifs de soins L’autotraitement et la volonté de participation de patients bien informés sont des ingrédients essentiels de la prévention et de la gestion des cardiopathies; cependant, dans la plupart des régions, les patients continuent à être des bénéficiaires de soins passifs. Dans un programme de gestion et de prévention de la maladie chronique, les patients participent à part entière à l’administration de leurs soins. On leur fournit de l’information et les forme à l’utilisation de diverses techniques telles que la détermination de cibles, la planification d’interventions et la résolution de problèmes, des habiletés qui les aident à jouer un rôle clé dans la préservation de leur santé. Les patients participent également à la planification de leurs soins et de leur traitement. Dans un modèle idéal de soins axés sur le patient, ce dernier peut également intervenir dans la conception des programmes et des services d’un organisme. Par exemple, les responsables des 13 cabinets faisant partie du California Diabetes and Cardiovascular Care Collaborative ont conçu un nouveau mode d’administration des soins pour répondre aux besoins du patient en rendant l’information qui le concerne accessible à l’endroit où les soins sont prodigués, en organisant des visites de groupe, en établissant des horaires de visites, en 72 / Pour un Canada au cœur qui bat dépistant les personnes qui souffrent de dépression et en assurant, auprès des patients, un suivi portant sur la réalisation de leur plan d’action et la prise de leurs médicaments. Ensemble, ces cabinets ont dépassé, par 20 points de pourcentage, les moyennes fixées par l’État pour le contrôle de la pression artérielle et du cholestérol ( Johnson et coll., 2008). Dans le Chronic Disease Self-Management Programme, un projet réalisé en collaboration par l’Université Stanford University et le Northern California Kaiser Permanente Medical Care Program utilisé aujourd’hui au Yukon et en ColombieBritannique, les patients sont formés pour animer des groupes de personnes souffrant de maladies chroniques ( Johnson et coll., 2008). Le programme, similaire au modèle « buddy », un système de jumelage en usage dans un grand nombre de communautés autochtones, est fondé sur l’hypothèse que tous les gens atteints de maladie chronique partagent les mêmes problèmes et préoccupations et peuvent enseigner des habiletés de gestion de la maladie – p. ex. bâtir un programme d’exercice, manger sainement, résoudre des problèmes, prendre ses médicaments, communiquer avec la famille, les amis et les prestataires de soins de santé – aussi efficacement, sinon davantage, que les professionnels de la santé. Lors d’essais cliniques comparatifs sur des échantillons aléatoires effectués aux États-Unis et au Canada, les membres du groupe expérimental ont été moins Les familles jouent un rôle clé dans la prévention et la gestion des maladies chroniques. Pour qu’une personne renonce au tabagisme, modifie son régime alimentaire et suive un programme de conditionnement physique, il faut que sa famille l’aide. Lorsque le projet EuroAction a permis aux conjoints des patients du groupe expérimental de participer activement à leur programme de prévention des cardiopathies, 77 % des conjoints ont atteint les cibles européennes de consommation de fruits et de légumes, comparativement à 54 % pour les partenaires de ceux ou celles qui recevaient des soins traditionnels (Johnson, 2008). souvent hospitalisés que ceux du groupe témoin, se sont présentés moins fréquemment en salle d’urgence et en clinique et ont mieux réussi à modifier leur comportement et à maintenir ces changements dans le temps. Seulement 20 % des patients reçoivent des services de réadaptation Les programmes spécialisés de réadaptation cardiaque fournissent jusqu’à six mois d’exercice, de counseling sur le régime alimentaire et d’autres thérapies aux gens qui récupèrent d’une crise cardiaque, d’un pontage coronarien ou d’autres crises aiguës. Ces services très rentables peuvent réduire de 20 à 25 % les décès attribuables aux déficiences cardiaques (Taylor, 2006) et devraient être mis à la disposition de tous les patients qui peuvent en tirer profit. Toutefois, les programmes hautement spécialisés de réadaptation cardiaque sont habituellement offerts dans les centres régionaux et ne sont pas accessibles dans toutes les localités. Par conséquent, seulement 20 % des patients peuvent bénéficier de services de réadaptation (Suskin et coll., 2002; Arthur et coll., 2004). La réadaptation cardiaque est un programme systématique qui comprend le traitement des facteurs de risque cardiovasculaires ciblés, des stratégies de modification du comportement destinées à améliorer les modes de vie à long terme, la pharmacothérapie, ainsi que des activités physiques thérapeutiques – principalement pour les gens qui se remettent d’une crise cardiaque ou d’un pontage coronarien. Ces programmes, offerts par des équipes interprofessionnelles comprenant des médecins, des infirmiers, des spécialistes du conditionnement physique, des diététistes, des travailleurs sociaux et d’autres intervenants, aident les patients à faire les changements qui leur permettront d’adopter un mode de vie plus sain à long terme et de prévenir une autre crise cardiaque ou une autre crise aiguë. Le récent projet-pilote de réadaptation cardiaque financé par le gouvernement de l’Ontario a montré que les services de réadaptation peuvent être organisés et offerts de façon à rendre accessibles à un plus grand nombre de personnes les soins fondés sur les données probantes de la recherche. Les 24 centres qui ont participé au projet ont pu, la même année, offrir des services à un plus grand nombre de personnes (60 % de plus). Le programme coûte environ 1 500 $ par personne – considérablement moins que les 8 000 à 10 000 $ requis pour traiter un infarctus du myocarde ou les 10 000 à 20 000 $ par personne que coûte un pontage coronarien – et le profil de risque des participants s’est amélioré substantiellement au cours des six mois qu’a duré le programme (Suskin et coll., 2002). Les établissements participant au projet-pilote ont obtenu ces résultats en offrant partout un programme standard et en refoulant les services et l’expertise vers différents secteurs de la collectivité. Même si les programmes d’exercices intensifs supervisés ne peuvent être offerts partout, de nombreux autres volets de la réadaptation cardiaque peuvent être intégrés aux services de gestion et de prévention de la maladie chronique administrés par des équipes de soins primaires interprofessionnelles. En fait, les programmes surveillés d’exercices à domicile sont aussi efficaces que les exercices supervisés conçus pour les patients à faible risque (Arthur et coll., 2002; Jolly et coll., 2006; Jolly et coll., 2008). D’autres pays, comme le Royaume-Uni, la Finlande et l’Australie ont adopté diverses stratégies pour rendre la réadaptation cardiaque accessible à un plus grand nombre de patients dans une multiplicité d’endroits – y compris dans les centres de prestation de soins primaires, les établissements communautaires et le milieu de travail. Les directives pour la réadaptation cardiaque peuvent et doivent être adaptées pour qu’on puisse les utiliser ailleurs. Au Canada, les établissements régionaux de réadaptation cardiaque devraient servir de centres de ressources, fournir des services de réadaptation aux patients qui ont des besoins complexes (p. ex., les patients souffrant de maladie cardiaque congénitale ou d’insuffisance cardiaque) et appuyer les équipes de soins primaires et les équipes de gestion et de prévention de la maladie chronique en vue d’élargir le bassin des bénéficiaires de services de réadaptation cardiaque fondés sur des données probantes. Poursuivre la réforme des services de santé / 73 Pratiques prometteuses dans le domaine de la réadaptation cardiaque Pour que les interventions de réadaptation cardiovasculaire puissent avoir les plus grands effets positifs, il faut : • que la réadaptation soit reconnue comme une partie intégrante des soins cardiaques; • que les patients aient accès aux services aussitôt que possible dans le cours de leur maladie pour pouvoir en tirer le plus grand profit possible; • que les prestataires de soins adoptent une approche axée sur le patient, conçoivent sur mesure chaque programme de réadaptation de façon à répondre aux besoins du patient tout en se conformant aux directives sur les pratiques exemplaires; • que des programmes soient élaborés pour répondre aux besoins des adultes souffrant de maladie cardiaque congénitale et pour les patients âgés qui souffrent d’insuffisance cardiaque; • que des efforts particuliers soient déployés pour s’assurer que les patients qui n’ont pas été aiguillés vers la réadaptation dans le passé aient accès à ces services; • que les membres des familles des patients soient incités à participer pour aider le patient à adopter un mode de vie sain et pour qu’eux-mêmes adoptent un tel mode de vie; • que le milieu de travail participe à la réadaptation en vue de faciliter le retour au travail du patient si cela s’avère possible; • que les programmes disposent d’outils tels que les algorithmes de soins, le soutien électronique à la prise de décisions sur les soins ainsi que d’un programme de formation; • qu’un système de surveillance soit établi pour contrôler les résultats obtenus par le patient. 74 / Pour un Canada au cœur qui bat Rares sont les patients souffrant d’une maladie cardiaque qui reçoivent des services de planification et de soins de fin de vie Un grand nombre de patients atteints d’insuffisance cardiaque grave ne reçoivent pas les services qui pourraient les aider et aider leurs familles à prendre des décisions éclairées sur leurs soins en fin de vie. Le manque de services de planification et de soins de fin de vie pour les patients souffrant de maladie CV est principalement attribuable à l’incertitude quant au moment où la mort devient imminente et au fait que le système de soins CV est axé sur la prolongation de la vie. Lorsque le seul but visé est la « guérison », d’importants échanges de vues sur la qualité de vie et sur les services de planification et de soins de fin de vie n’ont tout simplement pas lieu. Même si le chemin qui va de la maladie cardiaque au décès n’est pas aussi prévisible que pour des maladies comme le cancer, la maladie cardiaque n’en reste pas moins une maladie parfois mortelle : 50 % des gens qui reçoivent un diagnostic d’insuffisance cardiaque meurent dans les cinq ans. Néanmoins, la plupart de ces patients n’ont pas accès à des services de planification et de soins de fin de vie. C’est un véritable problème parce qu’un grand nombre des personnes qui meurent des suites d’une insuffisance cardiaque (jusqu’à 60 %) meurent subitement et auraient pu tirer profit de discussions sur les services de planification et de soins de fin de vie. Les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui ne meurent pas subitement déclinent au fil du temps, même si la trajectoire de leur maladie peut s’avérer hautement variable. Ils souffrent souvent de malaises qui ne sont généralement pas attribués à l’insuffisance cardiaque – douleurs, chutes, problèmes cognitifs, manifestations d’anxiété et problèmes de l’humeur, perte de fonction, troubles du sommeil et anorexie – et ils pourraient tirer avantage de l’approche de gestion des symptômes utilisée dans les programmes de soins de fin de vie (Caldwell et coll., 2007; U.K. Department of Health, 2000; McPherson et coll., 2006). Selon la recherche, les patients préféraient pouvoir parler davantage de la planification du temps qu’il leur reste à vivre et se voir offrir une possibilité de prendre des décisions plus tôt dans le cours de leur maladie (Caldwell et coll., 2007; Selman et coll., 2007). Peu de directives sur les soins cardiaques abordent la question des services de planification et de soins de fin de vie. Même quand c’est le cas – par exemple, les directives du Royaume-Uni qui militent en faveur d’une amélioration des communications concernant « les pronostics et la vie dans un climat d’incertitude » (UK National Institute for Clinical Excellence, 2003) – les patients et leurs prestataires de soins ne se rappellent pas avoir reçu d’information sur leur condition ou avoir eu un rôle dans le processus de prise de décisions (Murray et coll., 2002). Les recommandations faites en 2006 par la Société canadienne de cardiologie sur le diagnostic et la gestion de l’insuffisance cardiaque abordaient un certain nombre de sujets : directives préalables, soins de réanimation, décideurs au nom d’autrui, questions d’éthique et occasions offertes aux patients de réévaluer leurs préférences compte tenu des fluctuations de leur état de santé (Arnold et coll., 2006). Toutefois, pour que le système puisse changer, il faudrait que ces recommandations soient plus largement appliquées. Pour offrir des soins axés sur le patient, le système de soins cardiovasculaires doit permettre de mieux comprendre quand, comment et où les patients doivent recevoir des services de planification et de soins de fin de vie. Le système a également besoin de renseignements supplémentaires sur les services de soins de fin de vie existants et sur leur capacité de répondre aux besoins uniques des personnes qui souffrent de maladie du cœur, lesquels sont radicalement différents de ceux des patients souffrant de cancer qui sont généralement dirigés vers des programmes de soins palliatifs (en 2007, environ 90 % des bénéficiaires d’un programme de soins de fin de vie étaient des patients atteints du cancer). Même si on peut tirer des leçons des programmes de soins palliatifs utilisés dans le traitement du cancer, ces modèles ne conviennent pas aux personnes atteintes de cardiopathies, particulièrement à celles qui souffrent d’insuffisance cardiaque. D’autres recherches sont requises si on veut pouvoir dresser la liste des pratiques exemplaires de planification et de soins de fin de vie pour les gens qui souffrent de maladie CV, évaluer l’efficacité de la gestion et de la détection des symptômes chez les patients qui ont une insuffisance cardiaque avancée et concevoir des stratégies et des techniques de dialogue avec les patients sur la progression de la maladie et la gestion des symptômes. Une meilleure compréhension de l’impact des facteurs démographiques, géographiques, ethnoculturels et autres sur les soins de fin de vie permettra également d’améliorer le counseling et le choix des interventions qui conviennent aux patients. Un groupe de travail multidisciplinaire pancanadien sur la recherche sur la fin de vie financé par les Instituts de recherche en santé du Canada a été institué pour examiner les questions critiques qui se posent pour les patients souffrant de maladie cardiaque ou respiratoire à la fin de leur vie, mais il faudra déployer d’autres efforts pour passer de la théorie à la pratique. Pour répondre aux besoins de fin de vie des gens qui souffrent de maladie cardiaque : • • • le système doit élaborer des stratégies interprofessionnelles et des manuels d’éthique afin d’offrir des services de planification et de soins de fin de vie culturellement adaptés; les prestataires de soins de santé ont besoin d’une formation spécialisée sur la façon de parler des services de planification et de soins de fin de vie aux patients et aux familles et sur la façon de s’assurer que le contenu de ces communications est approprié sur le plan culturel; les responsables du système de soins cardiovasculaires devraient trouver des moyens plus efficaces d’aider les patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque avancée à déterminer les symptômes qui peuvent être gérés grâce à des services appropriés de contrôle de la douleur et d’autres services de soins palliatifs. Les directives ne suffisent pas, à elles seules, à changer la pratique Idéalement, chaque Canadien ayant fait l’objet d’un diagnostic de maladie ou de risque de maladie CV devrait recevoir le traitement le plus efficace et le plus à jour. Les prestataires de soins de santé devraient également suivre les directives cliniques qui ont été élaborées à partir des résultats de la recherche. Toutefois, l’expérience des 20 dernières années montre que la seule élaboration de directives cliniques ne suffit pas à influencer la pratique. D’autres efforts doivent être déployés pour traduire les connaissances médicales résultant de la recherche en soins cliniques. Les améliorations du traitement et du contrôle de l’hypertension sont associées à un déclin important des décès attribuables aux AVC et à l’insuffisance cardiaque, à une diminution de 50 % du taux de mortalité attribuable aux crises cardiaques et à une baisse du taux d’hospitalisation (Campbell et coll., 2006). Poursuivre la réforme des services de santé / 75 Le Programme éducatif canadien sur l’hypertension (PECH), un programme d’application des connaissances élaboré au Canada, a démontré les avantages d’une approche plus organisée et plus active de promotion de l’usage des directives cliniques. Dans ce programme, les experts en santé CV se réunissent annuellement pour faire le point sur la recherche et mettre à jour les recommandations sur les meilleures méthodes de diagnostic et de gestion de l’hypertension. Des équipes de professionnels des soins de santé traduisent ensuite les recommandations des experts en instruments pratiques et rédigent des messages simples et homogènes sur le mode de traitement des patients atteints d’hypertension. Les outils et messages sont diffusés largement aux médecins, infirmiers, pharmaciens et autres professionnels de la santé. De nombreux bénévoles contribuent à l’évaluation des répercussions du programme. Ce processus d’évaluation des effets des recommandations sur l’hypertension est coordonné avec les programmes des gouvernements fédéral et provinciaux et il a abouti à un système complet d’évaluation de la gestion de l’hypertension au Canada. Ce processus a contribué à préciser où les directives sont ou ne sont pas fructueuses et facilite l’amélioration permanente des recommandations élaborées. Au cours des neuf ans d’existence du Programme éducatif canadien sur l’hypertension, la qualité et l’homogénéité du traitement de l’hypertension se sont améliorées de façon spectaculaire. Le Programme exige une collaboration entre le gouvernement, les professionnels de la santé et les organismes à vocation scientifique et il pourrait encadrer les efforts déployés pour gérer les autres facteurs de risque de la maladie du cœur. La Stratégie canadienne de l’AVC, un partenariat entre le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires et la Fondation des maladies du cœur, utilise une approche globale pour combler l’écart entre les données probantes de la recherche et la pratique et pour s’assurer que tous les Canadiens ont accès à des services de prévention, de soins et de réadaptation intégrés et de haute qualité en matière d’AVC. Le document intitulé Recommandations canadiennes pour les pratiques optimales de soins de l’AVC a été publié en 2006 et largement diffusé (et il fait actuellement l’objet d’une mise à jour). Des séances de formation portant sur les directives sont maintenant offertes aux prestataires de soins; des campagnes de sensibilisation du public fournissent de plus en plus de renseignements aux Canadiens sur les signes et les symptômes d’AVC et sur la façon de réagir; les services accessibles en cas d’AVC font l’objet d’une surveillance qui permet de déterminer s’ils satisfont aux normes de qualité établies et des 76 / Pour un Canada au cœur qui bat recherches sont financées pour améliorer à la fois les soins de santé et leur prestation. Les responsables de la Stratégie canadienne de l’AVC ont également mis au point des indicateurs de rendement qui seront utilisés pour mesurer l’à-propos, la qualité et l’uniformité du traitement de l’AVC dans tout le Canada ainsi que le niveau d’application des directives en milieu clinique. Au cours des trois dernières années, l’Ontario signale une augmentation du nombre de patients qui reçoivent des traitements fondés sur des données probantes en cas d’accident ischémique cérébral (Stroke Evaluation Advisory Committee, 2007). En 2006, la Société canadienne de cardiologie a adopté un modèle novateur en boucle fermée pour assurer l’élaboration et l’application d’une série de directives de pratiques cliniques, dans le domaine du diagnostic et de la gestion de l’insuffisance cardiaque. Ce modèle, qui s’inscrit dans une perspective d’élaboration coopérative de directives pratiques, efficaces et à jour, incorpore la contribution et l’évaluation continues des utilisateurs et des intervenants qui permettront d’alimenter la prochaine génération de directives et leur diffusion à chacune des audiences concernées. Le processus annuel de mise à jour assure une amélioration continue de la qualité dans cet important secteur de gestion de la maladie. Il faudrait continuer à financer et à mettre sur pied des initiatives telles que le Programme éducatif canadien sur l’hypertension, les directives sur les pratiques optimales de la Stratégie canadienne de l’AVC et le Heart Failure Knowledge Translation Program de la Société canadienne de cardiologie. Il faudrait aussi se servir de la même approche globale pour promouvoir la pratique fondée sur des données probantes dans d’autres secteurs clés de la prévention et des soins de la maladie cardiovasculaire, y compris la gestion de la dyslipidémie, de la maladie cardiaque congénitale, de la coronaropathie et des arythmies cardiaques. De plus, on a besoin d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité pour les problèmes cardiaques les plus répandus – qui peuvent être surveillés et peuvent faire l’objet de rapports périodiques. La campagne intitulée Soins de santé plus sécuritaires maintenant a adopté un ensemble d’indicateurs de qualité pour les crises cardiaques aiguës et mis en œuvre divers systèmes permettant de recueillir les données requises pour suivre les changements au fil du temps (Soins de santé plus sécuritaires maintenant, 2008). Une approche similaire devrait être élaborée et adoptée pour d’autres problèmes tels que l’insuffisance cardiaque, certaines arythmies et la chirurgie cardiaque. Recommandations Si on veut offrir des services mieux intégrés et plus axés sur le patient, il faut que les modes d’organisation et de prestation des soins cardiaques des systèmes de soins de santé du Canada soient radicalement modifiés. Ces systèmes doivent faire un usage efficace des gens, de la technologie et des autres ressources pour corriger les inégalités. Il n’existe pas de modèle « universel » de prestation de soins de santé cardiovasculaire. La meilleure façon d’organiser les services de cardiologie dépend de facteurs géographiques et des besoins de la population desservie (âge, ethnie et facteurs de risque). Toutefois, les programmes de prévention et de gestion de la maladie chronique combinés à des réseaux régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés sont les plus prometteurs pour l’amélioration de l’accès aux services et pour l’utilisation optimale des ressources et des compétences. Pour remplir leur promesse, les réseaux régionaux intégrés doivent continuer à chercher les meilleurs moyens d’opérer le triage des patients, d’offrir des soins en temps opportun, de gérer les délais d’attente et d’améliorer la capacité qu’ont les patients de gérer leur propre cas pendant la période d’attente. Il faut investir des sommes importantes pour encourager l’innovation au sein du système de prestation de soins de santé. 4.2 Améliorer l’accès à des soins cardiovasculaires spécialisés, coordonnés et de grande qualité, y compris l’accès au diagnostic, aux soins actifs, à la réadaptation cardiaque ainsi qu’ à la planification et aux soins de fin de vie : • • • • • • 4.1 Hâter la mise en œuvre de la prévention et de la gestion de la maladie chronique et en faire le modèle de prédilection pour la prestation de la plupart des soins cardiovasculaires au Canada : • • • en accélérant la mise sur pied et la formation des équipes interprofessionnelles de soins primaires grâce à des relations de travail et des rôles renouvelés; • en améliorant le processus et en gérant le changement; en documentant et en diffusant des pratiques exemplaires de partenariat, d’autotraitement et de soins axés sur le patient et en organisant et en offrant ce type de soins. • en adoptant des mesures favorisant le développement continu des réseaux régionaux intégrés de soins cardiovasculaires spécialisés; en établissant un système de triage qui garantira que les gens les plus à risque seront examinés en priorité; en assurant l’adoption et la surveillance d’un système de délai maximal recommandé fondé sur les données probantes de la recherche – particulièrement pour les services consultatifs et les essais diagnostiques; en renforçant l’usage des technologies de télémédecine au sein des provinces et des territoires et entre eux pour offrir, aux patients et aux dispensateurs de services, des soins et des programmes éducatifs (p. ex. Telestroke); en incorporant des « intervenants-pivots » aux équipes régionales pour faciliter la circulation des patients et de leur dossier médical d’un service et d’un prestataire de soins à l’autre; en continuant à créer et à ouvrir, au sein des réseaux régionaux intégrés, des cliniques spécialisées dotées d’équipes interprofessionnelles en vue de gérer des problèmes cardiovasculaires complexes comme les crises cardiaques, les cardiopathies congénitales, certaines arythmies cardiaques et les douleurs thoraciques; en continuant à mettre sur pied des programmes de réadaptation dans les régions mal desservies et en incorporant des services de réadaptation cardiaque aux programmes de gestion et de prévention de la maladie chronique du secteur des soins primaires; en soutenant la planification de fin de vie et les services de soins et d’information sur les soins, y compris les services de soutien épisodiques et de relève destinés aux aidants naturels. Poursuivre la réforme des services de santé / 77 4.3 Établir, maintenir, promouvoir et évaluer l’usage de directives cliniques interprofessionnelles, fondées sur des données probantes et mises à jour, dans le cadre de la prévention et de la gestion du risque et de la maladie cardiovasculaire, du traitement, de la réadaptation et de la planification et des soins de fin de vie : • en appuyant l’élaboration continue, la mise en œuvre et la mise à jour périodique de directives sur les meilleures pratiques dans le cadre de la Stratégie canadienne de l’AVC, du Programme éducatif canadien sur l’hypertension ainsi que du programme de transfert des connaissances sur l’insuffisance cardiaque et des lignes de conduite sur les lipides et le cholestérol de la Société canadienne de cardiologie; • • • en créant un groupe d’étude pancanadien chargé d’encadrer la pratique clinique dans le domaine de la planification et des soins de fin de vie des personnes qui souffrent d’une maladie CV à un stade avancé; en appuyant l’élaboration, à l’intention des patients, de directives conviviales en matière d’autotraitement et en leur offrant des modes d’accès efficaces à cette information; en créant un projet pancanadien d’élaboration d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité pour les programmes de prévention et de traitement des maladies CV comprenant les méthodes de surveillance recommandées. 78 / Pour un Canada au cœur qui bat Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement 5/ La connaissance est aussi importante pour la santé CV que le cœur pour la circulation sanguine. L’information est essentielle pour prévenir et diminuer l’occurrence des maladies CV. L es patients ont besoin d’information pour gérer leur santé et prendre des décisions éclairées. Les prestataires de soins ont besoin d’information pour élaborer des programmes et des services, collaborer avec d’autres dispensateurs de soins et améliorer la pratique et la qualité des services. Les gestionnaires et les administrateurs du secteur de la santé ont besoin d’information pour planifier les activités, établir les budgets, administrer les programmes et évaluer les résultats. Les gouvernements ont besoin d’information pour savoir où investir les ressources. L’ensemble du secteur a besoin de connaissances et de résultats de recherche pour encadrer les stratégies de prévention et trouver de meilleurs traitements pour l’avenir. L’information peut aider à susciter le changement. Par exemple, l’infrastructure du savoir construite à l’appui de la stratégie de lutte contre le tabagisme a réussi à fournir des données sur les habitudes de consommation du tabac, sur les attitudes des fumeurs et leur comportement, sur les pratiques de l’industrie, sur les répercussions du tabagisme sur la santé et de la prévention sur le tabagisme. Les responsables de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme ont utilisé cette information pour persuader les décideurs, les prestataires de soins et le public d’adopter des politiques et des règlements visant à détourner les gens du tabagisme et à investir dans des programmes de prévention. Selon Santé Canada, « l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation de stratégies, de politiques et de programmes efficaces de lutte contre le tabagisme nécessitent une bonne compréhension des tendances canadiennes de l’usage du tabac. » (Santé Canada, 2007b). Pour édifier une nation dont la population jouit d’une bonne santé cardiovasculaire, le Canada a besoin, en temps opportun, d’une information exacte sur les risques de contracter une maladie CV, sur la maladie elle-même et sur les traitements; il doit disposer de moyens faciles et expéditifs de partager cette information avec les chercheurs, les décideurs, les prestataires de soins et le public. Où en sommes-nous aujourd’hui? De quelle information disposons-nous? Qu’est-ce qui manque? Quelle est l’efficacité de nos systèmes d’information? Sans de meilleures données, les responsables du renouvellement des soins de santé travaillent à l’aveuglette (Conseil canadien de la santé, 2007). Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement / 79 Messages clés L’information est essentielle pour prévenir et réduire la maladie et la mortalité attribuables aux maladies cardiovasculaires. Pour élaborer, à l’échelle nationale, un système de surveillance robuste pour lutter contre les maladies CV, le Canada a besoin d’outils plus efficaces de collecte de renseignements sur les facteurs de risque, sur la prévalence et l’incidence de la maladie ainsi que sur les résultats des traitements. Même si les provinces et les territoires disposent de bases de données administratives et si un certain nombre de groupes et d’organismes ont élaboré des registres de patients atteints de maladies CV, l’information recueillie est fondée sur des définitions disparates du terme « données » qui rendent celles-ci difficiles à mettre en commun, à regrouper ou à comparer. Le Canada est un chef de file mondial dans le domaine des dossiers de santé électroniques, mais il accuse toujours un retard par rapport à d’autres pays pour ce qui est de l’usage des dossiers médicaux électroniques dans les cabinets de médecin. Dans le cadre de la mise en œuvre de systèmes d’information sur la santé CV, tous les efforts doivent être déployés pour préserver la vie privée des patients et la confidentialité des renseignements sur la santé. Les systèmes d’information sur la prévention et la gestion des maladies chroniques ne sont pas encore largement répandus, mais ils ont tous les atouts requis pour améliorer considérablement les soins et la santé CV. Les systèmes d’information destinés aux patients aideront ceux-ci à jouer un rôle plus actif dans l’administration de leurs propres soins et ils peuvent contribuer, à moindre coût, à de meilleurs résultats en matière de santé. Pour capitaliser sur les sommes investies chaque année dans la recherche et pour attirer de nouveaux capitaux dans le secteur de la recherche, le Canada a besoin d’un plan de recherche sur la santé CV qui permettra de recueillir les données requises pour améliorer la prévention et les soins. Le Canada a ce qu’il faut pour contribuer, à l’échelle mondiale, aux efforts consentis pour prévenir et gérer la maladie CV, mais il doit déployer de plus grands efforts pour passer de la connaissance à la pratique et à la mise en marché. 80 / Pour un Canada au cœur qui bat Que savons-nous des maladies CV au Canada? As a nation, we currently do not know how many En tant que Canadiens, nous ne savons pas combien de nos citoyens ont une crise cardiaque chaque année. Nous avons certains renseignements sur le nombre de personnes qui ont eu un diagnostic de maladie cardiovasculaire, ainsi que sur les services de soins de santé qui sont à leur disposition. Par exemple, les hôpitaux et les régies de la santé ont de l’information sur les séjours à l’hôpital, les consultations dans les salles d’urgence, les soins à domicile et les autres services. Les ministères de la Santé sont au courant des services assurés que chaque personne a reçus dans chaque province ou chaque territoire. L’Institut canadien d’information sur la santé reçoit certains renseignements de toutes les provinces et territoires sur les séjours à l’hôpital, mais ce ne sont pas toutes les provinces et tous les territoires qui fournissent de l’information sur d’autres services tels que les soins à domicile et les services de soins en santé mentale. Les représentants de Statistique Canada recueillent des données sur les taux de mortalité par cause de décès, mais ne peuvent relier cette information aux services de santé que les gens reçoivent, ou encore, l’utiliser pour améliorer les traitements et réduire les décès causés par les maladies CV. Plusieurs provinces ont mis au point des registres de maladies cardiaques – notamment le Réseau de soins cardiaques de l’Ontario, Improving Cardiovascular Outcomes, en Nouvelle-Écosse, l’Alberta Provincial Project for Outcome Assessment in Coronary Heart Diseases (APPROACH), le BC Cardiac Registry et le Registre des maladies cardiaques, au Québec. Le Réseau canadien de l’AVC a également mis au point un répertoire des AVC. Ces projets ont fait du Canada un chef de file de l’appariement de ces registres avec les bases de données provinciales des services administratifs et des services de santé ainsi que de l’utilisation de l’information pour suivre l’évolution des principaux problèmes de santé et améliorer les soins. En dépit de ces initiatives novatrices dans le domaine de l’information, nos connaissances de la maladie CV et des facteurs de risque qui y sont associés souffrent de lacunes flagrantes. La plupart des registres ont été élaborés par des chercheurs pour répondre aux questions qui se posent sur un certain nombre de maladies ou de résultats ou pour répondre aux questions que se posent les cliniciens pour étayer les décisions relatives aux soins cliniques. Les Canadiens ne sont inscrits dans un registre que lorsqu’ils atteignent le stade où ils subissent une intervention comme une angiographie, une chirurgie ou une hospitalisation, de telle sorte que les données ne permettent pas de composer un portrait complet. Pour réduire le fardeau de la maladie CV, le Canada a besoin d’un système pancanadien plus robuste de surveillance de la maladie qui peut fournir en temps utile des données fiables et comparables sur : • • • • • • • • la prévalence et l’incidence des facteurs de risque de maladie CV; la prévalence et l’incidence des maladies CV; la prévalence et l’incidence des maladies CV chez les peuples autochtones et au sein d’autres groupes ethnoculturels où l’information est lacunaire; l’accès aux services (c.-à-d. l’identité des bénéficiaires, le caractère plus ou moins approprié des soins, la rapidité du service et les obstacles géographiques, financiers ou autres); les taux de traitement et de contrôle; les modes de soins et les tendances qui se manifestent sur le plan de l’utilisation des médicaments, de l’équipement, des technologies de l’information et des interventions chirurgicales et médicales; les résultats après traitement; les causes et la distribution géographique des décès. Le Canada accuse un retard par rapport à d’autres pays au chapitre des systèmes d’information sur la maladie CV Le système de surveillance en vigueur au Canada s’appuie sur diverses sources de données telles que les sondages volontaires, plutôt que sur la mesure routinière des facteurs de risque courants des maladies CV, dont la pression artérielle, le cholestérol et les autres lipides, le poids, les habitudes alimentaires et l’activité physique. Puisqu’un grand nombre de Canadiens ne savent pas qu’ils souffrent d’hypertension ou d’un niveau de cholestérol anormal, les sondages volontaires sous-estiment systématiquement le nombre de personnes exposées à la maladie CV. Il n’existe pas non plus de mécanisme systématique de cueillette de renseignements sur le régime alimentaire des Canadiens et leurs habitudes de consommation. L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes rassemble certaines données sur les aliments et la nutrition, mais le dernier recensement complet des habitudes de consommation des Canadiens remonte à 2004 (Statistique Canada, 2004). Même si le système de surveillance actuel permet de recueillir bon nombre de renseignements sur les maladies CV, il manque de données clés sur l’insuffisance cardiaque, la crise cardiaque, l’AVC et la cardiopathie congénitale. Par exemple, nous savons combien de Canadiens subissent une crise cardiaque et sont admis à l’hôpital, mais ignorons combien en meurent avant d’arriver à l’hôpital. On s’efforce actuellement de combler cette pénurie d’information. Le gouvernement canadien s’est engagé à financer l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, une enquête biennale qui permet de mesurer le poids, le tour de taille, la condition physique, la pression artérielle, le cholestérol et d’autres mesures physiques de la santé CV de 5 000 citoyens. Cette enquête permettra aussi de surveiller la prévalence des risques de maladie CV dans la population et d’élaborer des programmes ciblés de prévention et de sensibilisation. Toutefois, telle que planifiée, elle ne fournira pas suffisamment de renseignements sur certaines populations particulièrement exposées à la maladie CV telles que les peuples autochtones, les Asiatiques du Sud ou les aînés. Avec des ressources additionnelles, l’Enquête sur les mesures de la santé pourrait suréchantillonner périodiquement ces populations, ce qui permettrait de fournir une information précieuse sur les risques qu’elles courent et de créer des programmes et services plus efficaces pour ces collectivités. Même si le Canada dispose d’un certain nombre de répertoires utiles sur les patients atteints de maladie CV, chacun d’eux a été élaboré en vase clos à l’aide de définitions et de normes particulières, de telle sorte qu’il n’est pas facile d’en regrouper les données ou d’établir des liens entre les renseignements fournis par diverses entités administratives. Lorsque les territoires administratifs peuvent regrouper leurs données, ils peuvent brosser un portrait plus fidèle des maladies CV à l’échelle du pays. Par exemple, quels sont les facteurs de risque? Quelles sont les maladies les plus répandues? Quel traitement les gens reçoivent-ils? Quels sont les résultats en matière de santé? Les risques, les maladies, les traitements et les résultats varient-ils dans différentes régions du pays? Lorsque les cliniciens, les chercheurs et les planificateurs du domaine de la santé peuvent accéder à des données de portée nationale, ils peuvent faire un meilleur usage de l’information, notamment s’en servir pour comparer les répercussions de différents traitements, pour évaluer la rentabilité d’investir dans de nouveaux produits pharmaceutiques, de nouveaux tests et de nouvelles interventions et pour élaborer des programmes de prévention et des thérapies plus efficaces. Certains travaux en cours pourraient fournir un modèle pour l’établissement de relations entre les données qui concernent les maladies CV. Les responsables de l’Initiative sur les données longitudinales administratives et sur la santé (Initiative sur les DLAS) – un partenariat entre les ministres provinciaux et territoriaux de la Santé et Statistique Canada, l’Institut canadien d’information sur la santé, le Conseil canadien des registres du cancer et Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement / 81 le Conseil de la statistique de l’état civil du Canada – s’efforcent d’apparier les données administratives des provinces et des territoires et celles de l’Enquête nationale sur la santé de la population de Statistique Canada, les bases de données sur les naissances et les décès et le Registre canadien du cancer. Dans le domaine de la santé CV, il se peut que les chercheurs soient en mesure d’utiliser les ensembles de données de l’Initiative DLAS pour examiner le rôle que peuvent jouer, dans les provinces et territoires, les facteurs de risque modifiables pour la première hospitalisation d’un patient atteint d’une maladie CV donnée, en tenant compte à la fois des caractéristiques sociodémographiques (revenu des ménages, par exemple) et de la comorbidité (p. ex. l’hypertension artérielle). Lorsqu’ils élaborent des stratégies permettant d’établir des liens entre les bases de données, les gouvernements, les organismes et les chercheurs doivent examiner un ensemble d’enjeux comme la qualité des données, la protection de la vie privée et le droit de propriété, l’actualité des données et la capacité d’analyse qu’elles offrent, de même que les mécanismes qui permettraient aux planificateurs, aux chercheurs et aux spécialistes de l’évaluation d’accéder gratuitement ou à peu de frais à des données anonymes avant d’établir des liens entre elles et de les regrouper. Ils doivent également déployer tous les efforts possibles pour s’assurer que les bases de données CV répondent aux besoins d’information des populations défavorisées, y compris ceux des peuples autochtones, de différents groupes ethnoculturels, des Canadiens pauvres et des Canadiens qui n’ont pas de médecin de famille. Dans le cadre des efforts déployés pour construire un système national plus robuste de surveillance de la maladie, les responsables de l’Agence de la santé publique du Canada ont mis au point un système de surveillance du diabète qui apparie les données sur l’hospitalisation, les données administratives provinciales sur la santé et les résultats des enquêtes. Ils ont l’intention d’appliquer ce système aux AVC et à l’hypertension. La même approche pourrait également être utilisée, notamment, pour les maladies coronariennes, l’insuffisance cardiaque et la cardiopathie congénitale. En dépit de ses lacunes, un tel système de surveillance est un moyen économique de renforcer le volume et la qualité de l’information accessible pour surveiller les maladies CV au Canada jusqu’à ce qu’on ait accès à des bases de données plus complètes, grâce aux dossiers de santé électronique, aux dossiers médicaux électroniques et aux systèmes d’information sur la prévention et la gestion de la maladie chronique. 82 / Pour un Canada au cœur qui bat Le rôle des études de cohortes pour la compréhension de la maladie CV Une des meilleures façons d’approfondir notre compréhension de la maladie CV consiste à suivre une cohorte ou un groupe représentatif de Canadiens pendant une longue période – au moins 20 ans – pour voir qui contracte des maladies du cœur, qui a des AVC, et pourquoi. Les études de cohortes permettent de dresser la liste des facteurs qui ont une incidence à la fois sur les risques et sur la résilience. Elles peuvent aider les chercheurs à comprendre les effets possibles des récents changements socioculturels tels que l’augmentation du taux d’obésité et de diabète, la diminution du tabagisme et l’évolution des habitudes alimentaires sur la santé CV des Canadiens. Elles peuvent également fournir le moyen d’évaluer l’effet d’interventions cliniques et sociales telles que le contrôle de l’hypertension ou la réduction de la quantité de sodium dans les aliments transformés. Par exemple, la Framingham Heart Study, une étude américaine de cohortes, a démontré l’importance de contrôler l’hypertension pour réduire le nombre d’AVC, les crises cardiaques et la défaillance cardiaque; elle a également contribué à détecter les personnes qui sont les plus exposées à la maladie cardiovasculaire. Au cours des 50 dernières années, le Canada s’est fié aux résultats de la Framingham Heart Study pour avancer des hypothèses bien fondées sur les risques de maladies CV au Canada. Toutefois, compte tenu des différences croissantes entre les populations canadiennes et américaines, cette approche ne convient plus. En fait, la Framingham Heart Study n’est plus représentative de la population américaine et encore moins de la population canadienne. Le Partenariat canadien contre le cancer, financé par le gouvernement fédéral, est sur le point de mettre sur pied une importante étude de cohortes de portée nationale pour suivre un groupe de 300 000 Canadiens sur une période de 20 à 30 ans afin d’obtenir un portrait plus complet de leur santé et de leurs habitudes, y compris de ce qu’ils mangent et de leur condition physique, de même que des variables environnementales. Il pourrait se révéler très avantageux pour le Canada d’élargir l’étude nationale de cohortes sur le cancer pour y inclure des données sur les risques de maladies CV et d’autres maladies chroniques. Le Canada n’a pas de systèmes de mesure du rendement pour les soins cardiovasculaires L’information est essentielle à l’amélioration de la qualité des soins CV. Il faut des indicateurs de qualité mesurables pour fournir les données légitimes dont les hôpitaux et les autres établissements de soins de santé ont besoin pour orienter les soins. Même si certaines mesures du rendement ont été établies pour les AVC au Canada, les responsables du système de soins cardiovasculaires doivent encore se mettre d’accord sur un certain nombre d’indicateurs de qualité clinique communs ainsi que sur la façon de les mesurer ou de signaler les résultats aux prestataires de soins, aux bailleurs de fonds et au public. La mesure de la qualité est essentielle à l’amélioration des soins et à la pérennité du système de soins de santé (Rachlis, 2004). L’Équipe canadienne d’analyse de résultats en matière de maladies cardiovasculaires (CCORT), une équipe de recherche pancanadienne de plus de 30 chercheurs spécialisés dans la santé cardiovasculaire issus de cinq provinces (Nouvelle-Écosse, Québec, Ontario, Alberta et Colombie-Britannique), s’efforce de mesurer et d’améliorer la qualité des soins cardiaques offerts au Canada. En partenariat avec la Société canadienne de cardiologie, la CCORT a mis au point les premiers indicateurs de qualité canadiens pour l’infarctus aigu du myocarde et l’insuffisance cardiaque congestive et recommandé que des normes nationales correspondant à des soins de santé de qualité exemplaire soient élaborées pour tous les hôpitaux canadiens et tous les prestataires de soins cardiovasculaires (Tran et coll., 2003; Lee et coll., 2003). Les chercheurs de la CCORT ont également dirigé l’élaboration d’indicateurs de qualité canadiens pour les pontages et l’angioplastie à l’aide des grandes bases de données nationales sur la population de Statistique Canada et de l’Institut canadien d’information sur la santé et du regroupement des grands registres cliniques provinciaux axés sur la population avec d’autres bases de données administratives (Lee et coll., 2003; King et coll., 2004; Bhatia et coll., 2006). Ces importants travaux pourraient servir de base à l’élaboration d’un ensemble complet d’indicateurs de qualité et de systèmes de surveillance. La campagne Soins de santé plus sécuritaires maintenant utilise les indicateurs de la CCORT dans le cadre de son projet d’amélioration des soins consécutifs à l’infarctus aigu du myocarde. Le programme comprend une trousse de démarrage et des fiches de mesure pour différents aspects des soins. Dans l’étude intitulée Enhanced Feedback for Effective Cardiac Treatment (EFFECT) – le premier essai aléatoire visant à déterminer si les fiches de rendement cardiovasculaire destinées au public ontarien améliorent la qualité des soins de santé prodigués aux patients des hôpitaux de la province – l’Institut de recherche en services de santé a fait de nouvelles percées en publiant le rendement des hôpitaux de l’Ontario selon des indicateurs comme le délai qui sépare « l’arrivée de l’injection » lors d’un traitement thrombolytique. La recherche montre que plus de 400 vies pourraient être sauvées chaque année en Ontario (1 200 à l’échelle nationale) si les hôpitaux appliquaient des traitements médicaux fondés sur les données probantes de la recherche à tous les patients admissibles (Tu et coll., 2004; Tu et coll., 2005). Les responsables de la Stratégie canadienne de l’AVC ont élaboré des mesures de rendement et publié un manuel de mesures du rendement pour accompagner les recommandations canadiennes de pratique optimale pour le traitement de l’AVC et ils s’efforcent d’établir des points de repère précis. Le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires s’est également associé avec Agrément Canada pour élaborer un processus d’agrément du programme de traitement de l’AVC, le premier processus d’agrément propre à une maladie au Canada. Les efforts déployés par les chercheurs pour établir des jalons, mesurer la qualité et faire connaître les résultats devraient être soutenus et étendus pour renforcer l’autotraitement et pour ajouter des points de repère en amont pour la prévention des maladies CV, et des points de repère en aval, pour l’amélioration des soins cliniques. Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement / 83 Les défis que posent les dossiers de santé électroniques et les dossiers médicaux électroniques Les dossiers de santé électronique (DSE) sont essentiels à la prestation de soins intégrés axés sur le patient. Ils permettent de stocker toute l’information électronique sur les soins prodigués aux clients – y compris les dossiers cliniques, les résultats de laboratoire, les tests diagnostiques, les médicaments prescrits, les services hospitaliers, les vaccins et les maladies contagieuses – dans un endroit sûr et facile d’accès où ils peuvent être utilisés par les professionnels des soins sans atteinte à la vie privée des patients. Les dossiers de santé électroniques aident les dispensateurs de soins à se communiquer les soins prodigués aux patients, à accéder rapidement à l’information, à réduire les erreurs médicales et à améliorer la qualité et la productivité. En consultant les DSE, les prestataires de soins peuvent avoir accès à tous les résultats de test et à la liste des médicaments prescrits par d’autres prestataires de soins et ils peuvent éviter ainsi des dédoublements fâcheux pour la santé du patient – notamment l’administration de médicaments ou de tests incompatibles. Les prestataires de soins seront également en mesure, en pressant un simple bouton, d’accéder aux directives fondées sur les données probantes de la recherche qui les aideront à prendre des décisions éclairées. Les provinces et territoires, en partenariat avec Inforoute Santé du Canada, sont sur le point de mettre sur pied un système de DSE. Environ 50 % des Canadiens auront un DSE d’ici 2010; 100 % d’ici 2016. Depuis 2008, 85 % des pharmaciens de l’Alberta se serviront des DSE de la province. Si on en croit Inforoute Santé du Canada, d’ici 2012, toutes les provinces, à l’exception de l’Ontario, disposeront de DES; l’Ontario en aura à partir de 2015 pour tous ses citoyens. Lorsque les DSE seront pleinement mis en œuvre, ils seront la pierre angulaire d’un système d’information complet sur les maladies CV et autres maladies chroniques en fournissant une information en temps réel qui pourra être utilisée pour planifier et évaluer les traitements. La SCSC-PA appuie pleinement les efforts déployés pour adopter cette technologie. Même si le Canada se maintient en tête de presque tous les pays (à l’exception du Royaume-Uni) dans le domaine de la mise en application des DSE, il reste des défis à relever pour que la technologie fonctionne pour les prestataires de soins et les patients. Par exemple, une proportion relativement modeste de médecins prodiguant des soins primaires – moins d’un sur quatre dans la plupart des provinces – se servent des dossiers médicaux électroniques (DME) pour enregistrer l’information relative au traitement des patients. De plus, le Canada est en retard sur 84 / Pour un Canada au cœur qui bat l’Australie, la Nouvelle-Zélande et de nombreux pays d’Europe, dans l’élaboration du système de DME. La plupart de nos praticiens de soins primaires continuent à utiliser des dossiers papier, une information qui ne peut s’intégrer facilement à un DME. Pour tirer le maximum de profit des DSE, tous les prestataires s’occupant d’une même personne doivent être en mesure d’accéder aux dossiers en ligne et d’y ajouter de nouvelles données; toutefois, il faudra vraisemblablement jusqu’à dix ans avant que 80 % des cabinets de médecins disposent d’un tel système. Pour accélérer le processus, certaines provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan, ont l’intention de faciliter l’élaboration de DME pour tous leurs médecins au cours des cinq prochaines années. La SCSC-PA appuie vigoureusement ces initiatives. Entre-temps, les provinces et territoires sont en train de mettre au point des visionneuses électroniques de DSE pour que les praticiens qui ne disposent pas du système puissent quand même avoir accès à l’information – telle que des résultats de tests de laboratoire – qui se trouve dans le DSE du patient. Le troisième défi tient aux préoccupations que soulève la question de la sûreté et de la confidentialité de l’information sur la santé stockée dans un DME et dans un DSE et aux mécanismes permettant de préserver la confidentialité lors de la mise en commun des données. L’Inforoute Santé du Canada collabore actuellement avec toutes les entités administratives pour garantir que les systèmes pourront « se parler », partager des ensembles de données rendues anonymes et disposer d’un mécanisme permettant de protéger la vie privée et la confidentialité des dossiers de santé individuels. Le Canada a besoin de systèmes d’information pour la prévention et la gestion de la maladie chronique Le modèle de gestion et de prévention de la maladie chronique dépend de systèmes et d’outils d’information qui aident les prestataires de services à gérer les soins aux patients en enregistrant et en surveillant les principales mesures de la santé cardiaque (p. ex., la pression sanguine, le niveau de cholestérol, le poids et l’obésité abdominale), ainsi que les outils de rappel, d’alerte et de prise de décision en temps réel. Les membres de l’équipe de soins primaires utilisent le système pour fixer la date des tests de dépistage et pour la surveillance et le suivi périodiques. Le système d’information contribue à garantir que les patients qui ont plus d’un problème chronique, tel qu’une maladie du cœur et le diabète, reçoivent des soins coordonnés et fondés sur les données de la recherche qui répondent à leurs besoins. Ces systèmes, qui doivent rester connectés aux DSE, ne sont pas encore disponibles à grande échelle. À l’automne 2008, la Calgary Health Region et Capital Health en Alberta étaient les seules régions du Canada à avoir mis en application un système de gestion de la maladie chronique axé sur le patient pleinement intégré, qui englobe ses DME et le DSE du patient. • Le Canada a besoin de systèmes et d’outils d’information pour ses patients Les Canadiens qui souffrent d’une maladie cardiovasculaire peuvent prendre un grand nombre de mesures pour gérer leur propre santé, mais pour rester sur la bonne voie, ils ont besoin d’information sur le traitement optimal et de contacts réguliers avec leurs prestataires de soins. Tous les Canadiens devraient être en mesure d’accéder à leur DES et devraient savoir comment utiliser et interpréter l’information. Ils devraient également être en mesure, pour améliorer leur état de santé, d’accéder à d’autres renseignements ainsi qu’à des outils et des systèmes d’autogestion comme des modes de liaison avec les groupes de soutien. Il est concevable que les patients aient bientôt accès à leurs DSE en ligne – de la même façon qu’ils peuvent maintenant accéder à leur compte en banque. Même si le développement des systèmes d’information destinés aux patients en est à ses premiers balbutiements, il existe cependant quelques programmes d’avant-garde prometteurs au Canada qui permettent aux patients d’examiner ou de contrôler leur dossier de santé, d’y enregistrer de l’information, d’envoyer celle-ci à leurs prestataires de soins et d’utiliser les systèmes et les outils de gestion de la maladie chronique pour leur propre traitement. En voici quelques exemples : • Le Grand River Hospital de Waterloo (Ontario) a élaboré un portail du patient appelé My CARE Source. Les patients atteints de cancer peuvent l’utiliser pour accéder à leur plan de traitement, gérer leurs rendez-vous, surveiller les effets secondaires et les symptômes, poser des questions à leurs prestataires de soins et • • • renouveler leurs ordonnances. À moyen terme, les patients pourront utiliser le portail pour consulter les résultats de leurs tests de laboratoire et leur diagnostic. L’hôpital s’attend à ce que le portail améliore la santé des patients et réduise le nombre de réadmissions à l’hôpital dues aux effets secondaires néfastes des médicaments ou autres complications. Au Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto, les patients peuvent utiliser le MyChart Personal Health Record, une fiche de santé individuelle, pour voir et conserver les données relatives à leur traitement, modifier les antécédents de santé familiaux (p. ex. historique des allergies et de la médication), consulter les notes des visites en clinique, demander le renouvellement d’une ordonnance, envoyer des messages aux prestataires de soins et accéder à des vidéos et autres sources d’information. Grâce à ce système, les patients ont eu accès à une meilleure information, le nombre d’appels téléphoniques et de consultations a diminué et les opérations se sont déroulées de façon plus efficace. Dans le cadre du programme New Brunswick Care@Home, les patients qui se rétablissent après une chirurgie cardiaque utilisent une technologie de surveillance domiciliaire pour transmettre les renseignements sur leur santé aux cliniciens. Le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires, qui fait partie de la Stratégie canadienne de l’AVC, a élaboré StrokEngine, une ressource en ligne pour les survivants d’AVC recevant des soins en phase postactive. Plusieurs provinces font un usage efficace de la télémédecine pour offrir une formation et aider les patients, les prestataires de soins et les soignants naturels à gérer les AVC et les maladies du cœur ainsi que les soins et les programmes de réadaptation offerts aux patients qui ont eu un AVC ou une crise cardiaque. L’évolution vers des systèmes d’information destinés aux patients aura des répercussions considérables. Les Canadiens seront en mesure d’avoir accès, par Internet, aux renseignements qui leur permettront de se servir de la technologie pour trouver, comprendre et appliquer l’information qui porte sur leur état de santé – on renvoie ici à la littératie en santé. Au chapitre de la santé, les systèmes d’information destinés aux patients peuvent augmenter les injustices pour les Canadiens les plus exposés aux risques qui ne peuvent tirer avantage de la technologie. Toutefois, ces systèmes peuvent également réduire ces inégalités pour les Canadiens qui vivent dans des régions rurales et éloignées en leur donnant un accès plus facile à l’information et en réduisant le temps et les coûts de déplacement. Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement / 85 Lacunes de la recherche Les Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation des maladies du cœur investissent annuellement environ 150 millions de dollars dans la recherche sur la maladie CV au Canada. Les organisations provinciales de recherche sur la santé, les organisations philanthropiques et l’industrie du matériel pharmaceutique et médical financent également une partie de la recherche sur la maladie CV. Pour obtenir le maximum de retombées de cet investissement, le Canada doit disposer d’un plan de recherche sur la maladie CV qui : • • • • renforcera notre compréhension des causes de maladie des petits et des gros vaisseaux sanguins et déterminera de nouvelles cibles de prévention et de traitement; améliorera la connaissance du rôle dynamique que jouent la génétique et la protéomique en évaluant les risques individuels et en concevant des stratégies de prévention et de traitement personnalisées; favorisera les domaines de recherche émergents, tels que l’analyse des causes du décès et de l’utilisation des services de soins de santé avant le décès, le rôle des services de planification et de soins de fin de vie, l’incidence négative de la maladie mentale perçue comme un état de comorbidité et un facteur de risque indépendant, la santé des Autochtones et l’intersection du revenu et de la santé; contribuera à la mise au point de modèles de prise de décision et de modèles économiques que les bailleurs de fonds et les décideurs pourront utiliser pour évaluer les avantages de certaines interventions. Les recherches visant à trouver des modes efficaces de prévention de la maladie CV, de détection de la maladie et d’intervention précoce et à améliorer l’organisation et la prestation des soins sont relativement clairsemées. Le Canada doit soutenir davantage la recherche portant sur la santé de la population et les interventions afin de pouvoir évaluer l’incidence sur la santé, des politiques et des programmes, y compris des mesures incitatives, et étudier les facteurs sociaux, culturels et environnementaux qui ont une incidence sur la santé CV. 86 / Pour un Canada au cœur qui bat Pour ce qui est de la recherche dans le domaine de la prévention, il faut mettre l’accent : • • • • • • sur des approches axées sur l’ensemble du cycle de vie, notamment sur l’exploration des périodes critiques de la vie qui augmentent les risques de maladie cardiovasculaire et sur l’accumulation de ces risques tout au long de la vie; sur la détermination des populations à risque et la détection de la présence de la maladie en bas âge en vue d’être en mesure d’intervenir efficacement; sur l’influence qu’a l’évolution du statut socioéconomique au cours de la vie sur les résultats en matière de santé CV; sur l’efficacité des interventions de prévention (politiques et programmes) dans différentes populations et différentes localités; sur les répercussions, sur la santé, de la législation adoptée par d’autres ministères; sur l’économique de la prévention et de l’intervention précoce. Le Canada est en retard sur d’autres pays au chapitre des avantages qu’il peut tirer de la recherche Le Canada se situe actuellement derrière d’autres pays pour sa capacité de tirer profit de la recherche. Selon le Conference Board du Canada, le Canada dépend des autres pays pour une grande majorité de ses pratiques de médecine novatrices, de son matériel médical et des autres technologies de la santé dont il a besoin. Selon le Tableau de bord européen de l’innovation 2007, le Canada a à peine réussi à faire partie du deuxième peloton des champions de l’innovation, les ‘Innovation Followers’, et il risque de rejoindre bientôt des pays comme Chypre, la Slovénie et l’Espagne au sein du groupe des « Innovateurs modérés »… Des efforts substantiels s’imposent sur-le-champ pour En matière d’innovation, le Canada a beaucoup de potentiel. Les sciences de la santé ainsi que les sciences de la vie et les technologies connexes devraient être des zones de force et d’avantage concurrentiel pour le Canada (Conference Board du Canada, 2008). revitaliser le système canadien d’innovation en santé et pour raviver la capacité du Canada de commercialiser ces innovations. (Conference Board du Canada, 2008). Des initiatives telles que le programme des Réseaux de centres d’excellence d’Industrie Canada ont partiellement réussi à traduire les découvertes canadiennes en produits commerciaux, mais le Canada doit faire davantage pour appliquer le savoir émergent à l’élaboration de nouveaux traitements et technologies qui renforceront la santé et contribueront à l’économie. Pour s’aménager, à l’échelle nationale, un avantage concurrentiel durable et fondé sur la science et la technologie, le gouvernement du Canada s’est engagé : • • • à traduire ses connaissances en applications commerciales pour améliorer sa prospérité, son bien-être et son mieux-être (avantage entreprenarial); à construire sur ses forces en matière de recherche et de génie, à générer de nouvelles idées et innovations et à atteindre l’excellence, selon des normes de calibre mondial (avantage du savoir); à élargir son bassin de spécialistes du savoir en développant, en attirant et en conservant l’effectif hautement qualifié dont il a besoin pour entrer en concurrence sur les marchés mondiaux contemporains (avantage humain) (Industrie Canada, 2007). Cette position stratégique milite en faveur d’un plus grand investissement dans le domaine de la recherche en santé CV et de l’élargissement du bassin de chercheurs, de même que dans la capacité d’appliquer les nouvelles connaissances et de commercialiser les nouveaux traitements et les nouvelles technologies. Le Canada possède déjà des atouts formidables – y compris l’élan et l’ingéniosité de notre population, la force relative de notre situation fiscale et nos solides assises en matière de recherche. Mais, il peut et doit en faire davantage pour transformer nos idées en innovations qui apportent des solutions aux enjeux de l’environnement, de la santé et d’autres problèmes importants, et pour améliorer notre compétitivié économique (Industrie Canada, 2007). Recommandations Une information précise et accessible en temps opportun, doublée d’une stratégie de diffusion, est absolument essentielle à la santé publique. Le Canada a besoin d’information pour les patients, les prestataires de soins, les gestionnaires et le gouvernement; il doit également disposer des renseignements qui permettent d’encadrer la prévention, d’améliorer les soins et de soutenir la recherche. Pour fermer la boucle de l’information CV et construire l’infrastructure requise pour renforcer la prévention et les soins, le Canada devrait faire appel aux stratégies qui suivent. 5.1 Rassembler des données canadiennes sur la prévalence et l’incidence des facteurs de risque CV, de la maladie et des inégalités en matière de santé au Canada : • • • • • • • en fournissant des ressources à l’Agence de la santé publique du Canada afin d’étendre la surveillance des maladies CV au Canada pour y inclure des conditions telles que l’insuffisance cardiaque, la crise cardiaque, l’accident vasculaire cérébral, l’hypertension et la cardiopathie congénitale; en offrant des ressources à Santé Canada et à Statistique Canada pour que ces ministères administrent conjointement la collecte de mesures complètes et normalisées sur la consommation d’aliments et de matières nutritives; en facilitant l’établissement d’une relation entre les certificats de décès et les données sur l’utilisation des services de santé; en fournissant des ressources afin de créer un registre canadien des arrêts cardiaques survenus avant l’hospitalisation; en élargissant la portée de l’Enquête canadienne biennale sur les mesures de la santé de Statistique Canada grâce au suréchantillonnage de certaines populations cibles, notamment de certains groupes ethniques (p. ex. les Asiatiques du Sud), des Autochtones vivant dans les réserves et dans le Grand Nord ainsi que des personnes âgées; en collaborant avec le Partenariat canadien contre le cancer pour élaborer et soutenir une étude canadienne de cohortes de la maladie chronique qui tient compte des risques de maladie CV; en facilitant l’élaboration de normes pancanadiennes régissant les données des registres régionaux des patients atteints de maladie CV, afin d’améliorer la qualité de ces données et de faciliter les interrelations et les regroupements. Édifier l’infrastructure du savoir requise pour renforcer la prévention et le traitement / 87 5.2 Soutenir les efforts déployés par l’Inforoute Santé du Canada pour accélérer l’élaboration et la mise en œuvre, à l’échelle nationale, du dossier de santé électronique (DSE), du dossier médical électronique (DME), des systèmes d’information pour la gestion et la prévention de la maladie chronique ainsi que des systèmes de résolution des problèmes d’accès des consommateurs à l’information sur la santé; • • • • en examinant ce qui peut entraver ou faciliter l’utilisation du DME dans le cadre de la prestation des soins primaires au Canada et en élaborant un plan d’action pour accélérer son adoption; en dotant les systèmes d’information sur la santé de moyens efficaces de soutien aux programmes de prévention et de gestion de la maladie chronique susceptibles d’améliorer le DSE et de faire le pont jusqu’à ce que le DME soit plus largement accessible; en élaborant, au profit des patients, des systèmes d’accès efficaces à leurs données cliniques; en élaborant, tout en respectant la vie privée des citoyens et la confidentialité, des mécanismes facilitant l’usage des renseignements cliniques que contiennent le DSE et le DME pour contribuer à la surveillance, à la gestion du système, à la recherche stratégique et à l’évaluation continue de l’efficacité du système canadien de soins de santé et des stratégies de prévention de la maladie. 5.3 Améliorer les connaissances destinées à documenter la prévention des maladies CV et les soins cardiovasculaires : • • • • • • 88 / Pour un Canada au cœur qui bat en instituant un sommet pancanadien de recherche en santé CV, avec la participation des Instituts de recherche en santé du Canada, de l’Agence de la santé publique du Canada, de la Fondation des maladies du cœur du Canada et des membres de l’Alliance nationale des organismes provinciaux de recherche en santé, en vue d’élaborer un programme stratégique et coordonné de recherche sur la maladie CV visant à tenir compte des besoins futurs du Canada; en mettant sur pied un réseau de centres d’excellence dans le domaine de la santé vasculaire afin d’améliorer notre compréhension élémentaire des maladies qui affectent les petits et les gros vaisseaux sanguins, en répertoriant des (bio)marqueurs prometteurs et de nouvelles cibles de prévention et de thérapie et en poursuivant le transfert des connaissances (essais cliniques) et leur commercialisation; en appuyant les efforts déployés par les Instituts de recherche en santé du Canada pour financer des recherches supplémentaires dans le domaine du diagnostic fondé sur la génétique et la protéomique, des marqueurs servant au pronostic et des outils de prévention et de soins personnalisés; en soutenant davantage la recherche sur la santé de la population et sur l’intervention en milieu communautaire en vue d’évaluer l’incidence des politiques et des programmes sur la santé; en évaluant les répercussions de politiques économiques comme les mesures fiscales incitatives sur l’augmentation de l’activité physique (p. ex. le crédit d’impôt pour la condition physique des enfants) et en militant pour le renforcement des mesures incitatives dont on a constaté l’efficacité et qui n’aggravent pas les inégalités et les injustices en matière de santé; en appuyant les initiatives et les projets de transfert du savoir en vue de contribuer aux programmes de prévention et d’inciter les responsables de ces programmes et les milieux cliniques à transposer rapidement les résultats de recherche en applications pratiques et commercialisables. Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues 6/ Afin de réduire le fardeau des maladies CV et de prodiguer des soins aux malades chroniques et actifs intégrés et axés sur le patient, le Canada devra créer un bassin de prestataires de services formés et compétents. Le Canada manque d’information sur le personnel affecté aux soins CV Les pénuries menacent la prévention et les soins Actuellement, nous n’avons pas une idée claire des besoins futurs en matière de soins cardiovasculaires ni des capacités actuelles de la main-d’œuvre affectée à ces soins, de sorte qu’il est difficile de déterminer de façon précise le nombre de praticiens de soins primaires, de diététistes, de médecins spécialistes, de technologues de l’imagerie diagnostique et d’autres prestataires de soins dont nous aurons besoin. Le Canada a besoin d’une information plus précise sur l’effectif affecté aux soins CV, y compris sur le nombre de personnes qui travaillent dans le système, sur les fluctuations de la main-d’œuvre et sur l’évaluation de toute la gamme des pratiques des membres des équipes interprofessionnelles. Il faudra déployer de plus grands efforts pour prédire de façon exacte le nombre et la proportion des habiletés requises aujourd’hui et dans l’avenir pour satisfaire aux besoins de la population en services de prévention et de soins CV. Les services de soins cardiaques et de prévention CV affrontent la même pénurie en ressources humaines que le reste du système de santé : pénurie de médecins de famille, de praticiens de la santé publique et d’autres prestataires de soins; vieillissement des infirmiers et des spécialistes des soins actifs; effectif réduit de professionnels de la santé autochtones; sousutilisation de certaines catégories de dispensateurs de soins comme les infirmiers praticiens affectés aux soins primaires qui pourraient jouer un rôle clé dans la prestation des soins cardiaques. Même si nous ne connaissons pas exactement le nombre de professionnels de la santé et de travailleurs d’autres disciplines dont on aura besoin au cours des deux prochaines décennies dans le domaine de la prévention des maladies CV et des soins cardiaques, nous savons que plus de quatre millions de Canadiens n’ont pas accès à un médecin de premier recours (Statistique Canada, 2008). Pour offrir des services de prévention des maladies CV et de soins cardiaques de haute qualité, le système a un besoin urgent : • • d’épidémiologistes et d’informaticiens qui peuvent gérer les programmes de surveillance; de spécialistes en sciences sociales axés sur la sensibilisation du public aux déterminants sociaux de la santé; Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues / 89 • • • • • • de professionnels de la santé publique, de planificateurs communautaires et de spécialistes des politiques qui peuvent, à l’échelle mondiale, prendre l’initiative des tentatives de prévention de la maladie et de réduction des facteurs sociaux et environnementaux qui affectent la santé du cœur; de praticiens de soins primaires, notamment de médecins, d’infirmiers, de pharmaciens, de physiothérapeutes, de diététistes et d’experts du conditionnement physique; de cardiologues et de neurologues spécialisés dans les AVC; de prestataires de soins de santé autochtones; de spécialistes suffisamment souples pour s’adapter aux nouveaux besoins et aux nouvelles technologies; d’évaluateurs de programme et de spécialistes des politiques qui peuvent évaluer l’efficacité des services. La population autochtone du Canada représente 3,6 % de la population canadienne (recensement de 2006); toutefois, moins de 1 % des médecins canadiens sont d’origine autochtone. Il faut faire davantage pour recruter des Autochtones désireux de faire carrière dans le domaine de la santé et pour garantir que tous les prestataires de soins de santé qui offrent des services aux peuples autochtones ont la connaissance et les habiletés requises pour leur prodiguer des soins culturellement adaptés. Au cours des huit dernières années, les divers territoires administratifs du Canada ont pris des mesures pour augmenter le nombre de postes de stagiaires dans les professions qui affichent une pénurie de ressources. Le nombre de médecins – particulièrement de médecins de famille – qui exercent leur profession au Canada a augmenté, tout comme le nombre d’infirmiers praticiens (de 80 % entre 2003 et 2006) et d’infirmiers 90 / Pour un Canada au cœur qui bat (de 10 %, soit plus de 27 000 nouveaux infirmiers) (Institut canadien d’information sur la santé, 2007). Le nombre total de postes de stagiaires en cardiologie d’un océan à l’autre a également augmenté au cours des cinq dernières années, même si certaines entités administratives ont réduit ou plafonné le nombre de ces postes. La pénurie de main-d’œuvre actuelle est exacerbée par les normes de plus en plus sévères régissant l’accès à la profession et par l’allongement de la durée des programmes de formation. En raison même de la prolongation de la période de formation, les pleines répercussions des campagnes de recrutement ne seront pas perçues dans le système de soins de santé avant un certain nombre d’années. Toutefois, malgré l’augmentation du nombre des personnes embauchées, le Canada aura besoin de programmes complets de recrutement et de maintien en poste pour inciter les gens à faire carrière dans des secteurs qui contribuent à la prévention des maladies CV et aux soins cardiaques. Certaines provinces tentent d’atténuer l’incidence de la pénurie de main-d’œuvre et de la demande croissante en élaborant de nouveaux rôles au sein du système de soins de santé et en faisant un usage plus efficace d’autres catégories de prestataires, notamment d’infirmiers et d’auxiliaires médicaux. En Alberta, les pharmaciens ont maintenant le pouvoir de prescrire des médicaments dans certaines circonstances et le système utilise des infirmiers praticiens, des diplômés en médecine et des auxiliaires médicaux étrangers pour être en mesure d’offrir plus de soins. Un projet-pilote fondé sur un échantillonnage aléatoire mené à Edmonton a montré que le recours aux pharmaciens et aux infirmiers locaux pour surveiller la pression artérielle des gens qui souffrent de diabète a amélioré considérablement la gestion de l’hypertension (Tsuyuki et coll., 2002). Le Canada fait un usage plus parcimonieux des équipes interprofessionnelles que d’autres pays Les équipes interprofessionnelles représentent un moyen efficace d’intégrer les services, de compenser les pénuries de personnel, notamment le manque de médecins de famille, et d’améliorer les soins (Institute of Medicine, 2001) – particulièrement les soins primaires et les services de prévention ou de réadaptation. Toutefois, une récente enquête menée auprès de sept pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre que le Canada recourt beaucoup moins que d’autres pays développés – notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, les Pays-Bas et l’Allemagne – à des équipes et à des auxiliaires médicaux pour la prestation de ses soins primaires (Schoen et coll., 2006). Même si certaines facultés des sciences de la santé sont en train de négocier le virage de la formation interprofessionnelle, la plupart des prestataires de soins de santé sont toujours formés dans des silos professionnels spécialisés fortement axés sur le traitement au détriment de la promotion de la santé et de la prévention de la maladie. Selon l’expérience acquise aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’intégration des infirmiers, des pharmaciens et d’autres dispensateurs de soins de santé aux équipes de soins primaires (en leur permettant d’exploiter tout l’éventail de leurs capacités et en leur offrant une formation et une rémunération appropriées) peut transformer les soins primaires et élargir la gamme des services accessibles aux patients (Campbell et coll., 1998). Les équipes représentent également un bon moyen de redistribuer la charge de travail et de garantir que toutes les compétences sont accessibles là où elles sont le plus utiles (Conseil de la santé du Canada, 2005). En permettant aux praticiens d’exploiter l’éventail complet de leurs capacités, on peut améliorer la satisfaction au travail, le recrutement et le maintien en poste (Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, 2006, Santé Canada, 2006). Par exemple, les responsables de l’initiative Tui’kn, un système de coopération multicommunautaire et pangouvernemental, ont élaboré un nouveau modèle de soins primaires pour cinq collectivités des Premières nations de l’île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse qui sont aux prises avec des taux élevés de diabète. On a attribué le succès de l’Initiative Tui’kn aux facteurs suivants : • les mesures prises pour inciter les parties intéressées à ne pas participer avant de se sentir prêtes et de reconnaître la nécessité du changement; • la prise en compte des causes fondamentales de l’accès limité aux services; • la prise en compte du contexte culturel et de la pertinence des interventions en matière de santé. (Hampton, 2006). En travaillant en étroite collaboration avec l’école de médecine de l’Université Dalhousie, les autorités locales et provinciales dans le domaine de la santé et les directeurs de la santé des cinq communautés des Premières nations en cause, les responsables du projet ont réussi à remplacer les dispensateurs de soins médicaux sporadiques par des équipes de soins primaires mobiles comprenant des infirmiers praticiens encadrés par des médecins. Six médecins de famille à plein temps faisant partie d’équipes multidisciplinaires et rémunérés selon un barème de services post-formation fournissent un nombre préétabli d’heures de soins cliniques, de visites à domicile, de soins aux patients hospitalisés, d’appui au développement du programme et, occasionnellement, de temps supplémentaires. L’initiative e projet offre aussi, aux petites localités éloignées, des services mobiles de prélèvement de sang qui contribuent à la surveillance requise pour le traitement du diabète et, par suite de cette initiative, le respect des horaires de surveillance a grimpé en flèche. La Population Health Research Unit de l’Université Dalhousie a contribué à la formation des équipes de santé locales chargées de gérer l’information sur la santé. Un système de dossiers électroniques a été adopté pour chaque patient. Ce système relie les collectivités aux systèmes d’information des hôpitaux de district et permet une planification plus intégrée de la santé à l’échelle régionale et locale, de même qu’un meilleur accès aux outils de soutien à la prise de décision. Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues / 91 Les approches de formation traditionnelles ne permettront pas de répondre aux besoins en matière de santé Les prestataires de soins de santé doivent avoir les compétences requises pour travailler en équipe et pour collaborer, avec les patients et les collectivités, à l’amélioration de la santé et à l’acquisition de nouvelles compétences. Le temps est venu, pour les facultés des sciences de la santé, de mieux répondre aux besoins actuels du système de santé. Ces facultés doivent s’engager à former des diplômés qui peuvent travailler en équipe et résoudre les problèmes découlant de la prolongation des périodes de formation de base. Si nous voulons que les diplômés travaillent efficacement au sein d’équipes interprofessionnelles, ils doivent être formés ensemble ou du moins avoir des occasions de formation au sein d’un réseau d’équipes interprofessionnelles. Les structures traditionnelles des services devraient être remplacées par des modèles qui reflètent des modèles de prestation de soins en évolution. Les organismes d’agrément devraient retenir les spécialités qui correspondent le plus au modèle de gestion et de prévention de la maladie chronique et au modèle de soins partagés. Les membres de l’effectif qui œuvre dans le domaine de la santé CV sont vivement encouragés à acquérir de nouvelles habiletés pour rester à la hauteur et pour prendre soin du nombre croissant de Canadiens qui souffrent de deux ou plusieurs maladies chroniques, dans un contexte où les programmes d’éducation permanente ou les possibilités d’avancement professionnel sont rares. Le système éducatif doit répondre à des besoins de formation continus pour aider les dispensateurs de soins de santé à s’adapter aux nouvelles connaissances et technologies. L’offre conjointe de programmes de formation initiale plus courts et de programmes de perfectionnement périodiques tout au long du cycle de vie et du cheminement professionnel peut rehausser l’efficacité de la formation de l’effectif œuvrant dans le domaine de la santé et mieux répondre aux besoins des Canadiens en matière de santé. 92 / Pour un Canada au cœur qui bat En se fondant sur les examens du Conseil médical du Canada, le Canada a déjà démontré que la durée moyenne de la formation des médecins pourrait être raccourcie sans répercussions négatives mesurables sur le rendement des médecins. Il faut adopter des mesures incitatives pour encourager la pratique d’équipe Les mesures incitatives façonnent la pratique. Les modes de financement de certains services de soins de santé (tels que la rémunération à l’acte) n’assurent ni la promotion des équipes interprofessionnelles ni la gestion et la prévention des maladies chroniques. Au contraire, ils continuent à récompenser les pratiques individuelles plutôt que le travail d’équipe et les interventions d’urgence plutôt que la promotion de la santé, la surveillance, la formation et les services de réadaptation. Les responsables du Fonds pour l’adaptation des soins de santé primaires du gouvernement fédéral et de certaines initiatives provinciales de soins primaires en équipe ont offert des primes d’encouragement aux médecins pour les inciter à participer au travail d’équipe, mais il se peut que la période d’application du fonds triennal d’adaptation fédéral n’ait pas suffi à l’atteinte de ces buts. Le financement à l’acte traditionnel des services médicaux tient compte du volume des soins fournis, mais non de leur qualité, de leur caractère holistique ou cloisonné ni de la rapidité de leur prestation. Il ne dédommage pas les prestataires de services pour le temps qu’ils consacrent à contribuer aux entreprises de l’équipe interprofessionnelle, à sensibiliser les patients et leur famille et à inciter les patients à participer à leur propre traitement à titre de partenaire. Par conséquent, les professionnels de la santé ne sont guère encouragés à travailler en équipe ou à accorder de l’attention à la prévention, à la détection précoce des facteurs de risque et aux traitements qui préviennent ou retardent les crises et rehaussent la qualité de vie. Il faut adopter des modèles novateurs si on veut motiver tous les membres des équipes de soins de santé primaires. La rémunération fondée sur l’intervention peut être un problème lorsque les interventions recommandées et les gens qui les exécutent changent. Par exemple, le passage à des thérapies moins effractives a réduit la demande pour certaines formes de chirurgie cardiaque. Dans un modèle fondé sur la rémunération à l’acte, ce changement pourrait avoir une répercussion directe sur les revenus des chirurgiens et sur la capacité du système de les garder. Le système a besoin de mesures incitatives qui appuient adéquatement tous les membres de l’équipe de soins et récompense les soins fondés sur les données probantes de la recherche. Dans les réseaux régionaux de soins cardiaques spécialisés où le financement des spécialités médicales n’est pas fondé sur une méthode de rémunération à l’acte, les équipes interdisciplinaires ont entrepris de soigner plus efficacement les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui sont dotés d’appareils implantés ou souffrent de douleur thoracique et d’arythmie. Le Canada peut favoriser l’adoption d’une série de mesures incitatives appropriées et encourager les professionnels de la santé à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles. Certains pays, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, ont adopté un modèle de rémunération au rendement qui récompense les médecins ou les hôpitaux en fonction de leur rendement, mesuré selon des indicateurs appliqués aux soins cliniques, aux soins préventifs, à la qualité de l’organisation et à la satisfaction des patients. Une telle approche peut favoriser l’administration de soins qui répondent aux besoins des patients. Par exemple, les hôpitaux qui ont participé à un programme de rémunération au rendement, en plus de déclarer publiquement les résultats de leur rendement, ont enregistré une plus grande amélioration de la qualité des soins que les hôpitaux qui se contentaient de présenter des rapports au public – notamment une amélioration de 5,2 % du traitement de l’insuffisance cardiaque (Lindenauer et coll., 2007). La Colombie-Britannique a utilisé un système de rémunération au rendement pour encourager les médecins à offrir certains services préventifs (p. ex. 100 $ pour une évaluation des risques cardiovasculaires à l’aide d’une série de mesures validées). Même si la rémunération au rendement peut être un outil efficace, elle n’a été ni définie ni étudiée de façon assez approfondie et elle peut avoir des conséquences imprévisibles. Lorsque les soins sont fournis par une équipe interprofessionnelle, il est également difficile de déterminer quel prestataire de soins devrait être récompensé pour un résultat particulier. Une stratégie plus efficace peut être de récompenser le réseau régional pour les soins cardiaques spécialisés prodigués en offrant des gratifications qui reconnaissent les efforts déployés ou en octroyant des ressources supplémentaires. Cette approche encouragerait le travail d’équipe dans tout le réseau et assurerait une plus grande responsabilisation des prestataires à l’endroit du public et des bailleurs de fonds pour la qualité des soins fournis par le réseau. La rémunération et d’autres mesures d’encouragement devraient être utilisées pour promouvoir et récompenser les soins de haute qualité axés sur le patient, le travail d’équipe et l’innovation au sein des réseaux de santé primaire et des réseaux régionaux intégrés de soins cardiaques spécialisés chaque fois qu’il est possible de le faire. Idéalement, les mesures d’encouragement devraient récompenser l’amélioration des résultats autant que l’atteinte de normes plus traditionnelles, notamment : • • • • la proportion des patients souffrant d’hypertension ou d’hypercholestérolémie qui font l’objet de thérapies fondées sur des données probantes; le pourcentage de patients qui respectent leur médication après avoir quitté l’hôpital; le pourcentage de patients qui suivent un programme de réadaptation cardiaque et le terminent; les taux de renoncement au tabagisme. La récompense du rendement exige l’élaboration et l’évaluation périodique d’un système d’indicateurs de qualité pour chacune des formes de maladie CV. Créer un bassin de prestataires de services ayant la formation et les compétences voulues / 93 Recommandations • Si le Canada veut assurer le perfectionnement des personnes qui sont susceptibles d’assurer la prévention et de prodiguer des soins CV appropriés, il devra adopter une stratégie plus systématique de planification de l’effectif. Il devra, dans la ligne des efforts déployés par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour mettre en œuvre la Stratégie pancanadienne en matière de ressources humaines en santé : • 6.1 renforcer et garder l’effectif affecté à la prévention et aux soins CV • • en fixant le nombre et la composition des équipes de prestataires de soins de santé et en déterminant les compétences requises pour répondre aux besoins de la population; en recrutant et en perfectionnant les ressources dotées des compétences clés, notamment les épidémiologistes, les experts en santé publique et en santé de la population, les prestataires de soins primaires, les spécialistes, les informaticiens professionnels, les spécialistes en sciences sociales, les planificateurs communautaires, les évaluateurs de programme et les spécialistes des politiques; 94 / Pour un Canada au cœur qui bat • • en encourageant les facultés des sciences de la santé à s’assurer que les programmes de formation en matière de santé adoptent une approche intégrée de prévention, de gestion et de traitement des maladies chroniques, renforcent la formation dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention des maladies et préparent une main-d’œuvre qui peut s’adapter rapidement aux nouvelles connaissances et technologies; en incitant les responsables des programmes éducatifs à préparer les prestataires de soins à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles; en encourageant les prestataires de soins de santé à travailler au sein d’équipes interprofessionnelles; en remettant en question les programmes éducatifs pour examiner de façon critique la durée des programmes de formation et son incidence sur les efforts déployés pour garantir que les équipes d’intervenants sont suffisamment nombreuses et diversifiées pour répondre aux besoins du Canada en matière de santé. Conclusion La maladie CV représente la plus grande menace pour la santé au Canada. Mais, plus rien ne justifie qu’elle reste l’ennemi public numéro un! En effet, la maladie CV est également la plus grande possibilité d’agir qui nous est offerte au niveau de la santé. A u cours des deux dernières décennies, le Canada a accompli de grands progrès dans le traitement des maladies CV. Nous devons nous féliciter d’avoir réussi à faire baisser le nombre des décès prématurés attribuables à la maladie du cœur et à l’accident vasculaire cérébral. En dépit de ces prouesses, le fardeau des maladies CV continue à croître et la complaisance n’est pas de mise. Nous faisons face à une épidémie potentielle de maladies CV dans tout le pays et à une véritable crise dans les communautés autochtones. Heureusement, nous avons, à notre portée, les connaissances et les habiletés qui devraient nous permettre de créer un avenir plus lumineux et plus sain pour tous les Canadiens. Nous savons ce qu’il faut faire et comment il faut le faire. La cardiopathie diffère des autres maladies chroniques où les causes et les solutions sont floues. Pour modifier la trajectoire actuelle de la maladie CV, nous devons affiner notre compréhension des facteurs qui augmentent les risques de maladie cardiovasculaire, examiner le système de santé de l’intérieur et de l’extérieur pour trouver les occasions d’améliorer la santé CV et nous concentrer sur des interventions à la fois pratiques, réalistes, financièrement abordables, durables et mesurables. Pour construire un Canada où les gens ont un coeur en bonne santé, nous avons besoin d’une approche globale qui ne tient pas seulement compte des risques cliniques tels que l’hypertension, le haut niveau de cholestérol, l’obésité et le diabète, mais également de l’environnement où les gens vivent, apprennent, travaillent et se divertissent. Nous avons également besoin de tenir compte des facteurs socioéconomiques qui contribuent aux inégalités en matière de santé et augmentent le fardeau de la maladie dans certains groupes de la population. Nos objectifs La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action soutient et accepte les buts que le Canada s’est fixés pour promouvoir une saine alimentation, l’activité physique et le poids santé et pour éliminer les graisses trans et le sodium dans les aliments et réduire le tabagisme grâce à diverses initiatives. Parmi celles-ci, on peut citer la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains, le Groupe d’étude sur les graisses trans, le Groupe de travail multi-intervenants sur la réduction du sodium alimentaire, la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme et la Stratégie canadienne du diabète. Les provinces et les territoires, les régies de la santé régionales et les ministères de la Santé publique Conclusion / 95 ont établi des cibles visant à améliorer la santé de leurs populations. Certaines entités administratives ont également établi des objectifs de réduction de la pauvreté. La SCSC-PA s’est donné un certain nombre d’objectifs ambitieux, mais réalistes, pour la prévention et le traitement de la maladie CV. D’ici 2020 1/ Diminuer de 25 % le taux annuel de mortalité attribuable à la maladie CV (de 227 personnes sur 100 000 en 2004 à 171 sur 100 000). 2/ Diminuer le fardeau des maladies CV au sein des populations autochtones jusqu’à atteindre le même niveau que dans le reste de la population canadienne. 3/ a Diminuer de 32 % la prévalence de l’hypertension chez les Canadiens adultes de 18 à 74 ans (de 22 % en 1992 à 15 %). b Accroître de 64 % la proportion des Canadiens adultes souffrant d’hypertension qui sont conscients de leur condition (de 58 % en 1992 à 95 %). c Sextupler la proportion des Canadiens adultes souffrant d’hypertension qui sont traités jusqu’à l’atteinte de l’objectif recommandé (de 12,1 % en 1992 à 75 %). 4/ Diminuer de 32 % le taux de mortalité des patients, ajusté en fonction du risque et établi dans les 30 jours de leur hospitalisation par suite d’une crise cardiaque (de 10,3 % à 7 %). 5/ Diminuer de 25 % le taux de mortalité des patients, rajusté en fonction du risque et établi dans les 30 jours de leur hospitalisation par suite d’un accident vasculaire cérébral (de 18,2 % à 13,6 %). 96 / Pour un Canada au cœur qui bat 6/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque, normalisé en fonction de l’âge (de 132 sur 100 000 personnes en 2005-2006 à 98 sur 100 000). 7/ Diminuer de 25 % le nombre annuel de patients hospitalisés par suite d’un accident vasculaire cérébral aigu, normalisé en fonction de l’âge (de 95 sur 100 000 personnes en 2005-2006 à 71 sur 100 000). 8/ Avoir effectué, au cours des cinq dernières années, une évaluation des risques de maladie CV auprès de 90 % des personnes âgées de plus de 45 ans. 9/ Collaborer avec d’autres instances pour réduire le taux général de tabagisme de 25 %. 10/ Encourager la réduction du taux de cholestérol. Un niveau anormal de cholestérol sanguin et autres lipides reste un important facteur de risque de maladies CV. Malheureusement, aucune mesure des lipides en fonction des populations n’est actuellement disponible au Canada, de sorte qu’aucune objectif précis ne peut être établi en ce moment. Toutefois, ces mesures sont imminentes et un objectif sera fixé dès qu’elles seront disponibles. Entre-temps, l’adoption de mesures énergiques pour atténuer ce facteur de risque est encouragée dans le cadre de la Stratégie. 11/ Atteindre, d’ici 2015, les objectifs suivants en collaborant avec ceux qui les ont fixés : • augmenter de 20 % la proportion des enfants et des adultes canadiens qui mangent au moins cinq portions de légumes et de fruits par jour. • augmenter de 20 % la proportion des enfants et des adultes canadiens qui sont physiquement actifs. • diminuer de 20 % le taux des adultes canadiens qui souffrent d’embonpoint ou d’obésité et ramener le taux d’obésité infantile de 8 à 5 %. Analyse économique Leadership et partenariats Compte tenu des relations complexes qui existent entre les divers facteurs de risque, de la possibilité de nouvelles percées au chapitre du diagnostic et du traitement et des effets de l’évolution des modèles de prestation de soins, le Comité directeur reconnaît la difficulté que pose l’estimation des économies de coût pouvant résulter de l’atteinte de ces objectifs. Nous estimons que des économies annuelles d’un milliard de dollars en coûts directs et de deux milliards en coûts indirects sont des estimations prudentes. Ceci est mis en lumière par des études récentes établissant à environ deux milliards de dollars par année l’économie en coûts directs qui résulterait de la seule diminution de la consommation moyenne de sodium (sel) jusqu’au niveau recommandé ( Joffres et coll., 2007; Penz et coll., 2008). L’éradication des maladies CV exige l’engagement de tous les paliers de gouvernement et le recours à des approches pangouvernementales. Mais les gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Des partenariats s’imposent, à l’intérieur et à l’extérieur du secteur de la santé, afin d’encourager les professionnels de la santé et leurs organismes, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les médias et les citoyens à mettre au point une stratégie de portée nationale s’adressant à la société tout entière. Pour réussir, nous devons, en amont, investir des ressources et des efforts dans des activités susceptibles de prévenir les maladies CV; il faut également instituer, en aval, au profit des personnes qui sont atteintes de maladies cardiaques et autres maladies vasculaires, des traitements efficients et de haute qualité. Nous devons œuvrer de concert, au sein des gouvernements, à l’échelle nationale ou intersectorielle, dans les collectivités et dans les écoles, dans nos lieux de travail et nos maisons, pour minimiser l’importance des menaces qui pèsent sur notre cœur et nos vaisseaux sanguins. Nous devons modifier nos environnements et nos normes sociales. En même temps, les responsables de nos systèmes de soins de santé et nos prestataires de soins doivent travailler en étroite collaboration avec la population canadienne pour lui offrir, en temps opportun, des services de prévention et de soins intégrés, de haute qualité et axés sur le patient. La Stratégie canadienne de santé cardiovasculaire et plan d’action nous offre une extraordinaire occasion d’améliorer la santé des Canadiens. Nous devons prendre en main notre santé et la santé future de la Nation et agir sans tarder. Le temps de la complaisance est révolu! Conclusion / 97 98 / Pour un Canada au cœur qui bat Bibliographie ADMINISTRATION RÉGIONALE KATAVIK. Programmes offerts par le Service des ressources renouvelables, 2007. 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