ENERGIE : La Commission européenne, agent

Dans le contexte du marché actuel - faibles prix de l’énergie et du CO2 - la rentabilité des
projets de grande hydraulique planifiés, mais non encore réalisés, n’est pas optimale : le
rendement d’une centrale hydroélectrique sur sa durée de vie n’est que d‘environ 3%¹.
ENERGIE : La Commission européenne, agent régulateur, évince du marché les
grandes centrales hydroélectriques, forteresses helvétiques de l’énergie renouvelable.
Octobre 2014 - L’approvisionnement énergétique peut être qualifié de durable s’il est respectueux de
l’environnement et du climat, pour autant qu’il soit rentable et suffisant à tout moment. De ce point de vue la
Stratégie énergétique 2050 décidée par le Conseil fédéral, qui a principalement pour objectif la sortie du
nucléaire, impose par nécessité des économies drastiques ainsi qu’une politique d’efficience énergétique très
contraignante, consistant à utiliser les ressources disponibles de manière plus rationnelle sans pertes notables
de confort. Dans un tel contexte le recours inopportun aux énergies fossiles produirait des millions de tonnes de
CO2 par an et serait contraire aux engagements de la Suisse à remplir son contrat climatique international.
Augmenter les importations d’origine hydraulique ou nucléaire renforcerait sa dépendance vis-à-vis de l’étranger.
Reste que la production intermittente de courant vert à partir d’énergies renouvelables - au bénéfice de
subventions fédérales - s’éloigne radicalement des attentes de l’économie de marché.
Face aux défis posés par le futur énergétique, tous les gouvernements, malgré leurs déclarations d’intention, ne
choisissent pas la solution la plus écologique comme l’atteste la hausse des émissions de CO2 dans le monde.
Favorable à une stratégie énergétique quelque peu ambitieuse il serait souhaitable que la Suisse ne privilégie
pas le renchérissement de l’électricité - en devenant promotrice de nouvelles technologies non rentables - pour
tenter de réduire sa consommation, mais veille bien à ce que son approvisionnement reste suffisant et
économiquement avantageux. On constate d’ailleurs que les subventions massives aux énergies renouvelables
menacent déjà la rentabilité de la production d’électricité en Suisse.
Selon une dépêche de l’ATS du 29 septembre 2014, la directrice du groupe énergétique bernois BKW, Suzanne
Thoma, indique « qu’aucune production, si elle n’est pas subventionnée, n’est profitable, que ce soit de l’énergie
nucléaire, hydraulique, à partir de charbon ou de gaz ».
Ainsi, l’obligation d’achat du courant éolien et photovoltaïque produit sur l’ensemble du continent - électricité
prioritaire sur le réseau, dont l’offre est dictée par les conditions météorologiques indépendamment de la
demande des consommateurs - provoque des surcapacités de production aléatoires qui évincent du marché les
centrales conventionnelles, incapables de couvrir leurs coûts de capital en raison des prix trop bas négociés à la
bourse européenne de l‘énergie : de ce fait les investissements indispensables dans la grande hydraulique principale source d’électricité renouvelable de Suisse - ont été mis en attente du redressement conjoncturel, vers
2019 peut-être². A dire vrai, les ouvrages hydroélectriques peinent à rentabiliser leur production sur un marché
européen dominé par les centrales à charbon pratiquant des prix défiant toute concurrence, là où même la
rentabilité de l‘électricité produite par les centrales nucléaires est menacée.
De toute évidence les producteurs et les groupes d’approvisionnement en électricité suisses ont perçu bien trop
tard les développements et les tendances du marché européen, pourtant prévisibles depuis au moins dix ans
compte tenu des bases légales. A fortiori le succès des politiques d’encouragement aux énergies renouvelables
et leurs conséquences probables - des apports énergétiques irréguliers accentuant la volatilité des prix - auraient
été décelables à un stade plus précoce. Ces erreurs de décision stratégiques ont forcé les géants de l’énergie à
pratiquer des corrections de valeurs à coups de milliards, notamment dans l’hydraulique, le gaz et le nucléaire ce
qui, en toute hypothèse, implique que les collectivités publiques contribueront largement, par le jeux des
redevances, à l’optimisation des structures de coûts garantissant aux grandes compagnies privées le retour des
bénéfices grâce à l’électricité grise issue de l’importation.
Dans la perspective d’un référendum facultatif sur l’ouverture complète du marché suisse de l’électricité, à l’heure
où le DETEC n’exclut pas l’augmentation des tarifs en cas de hausse de la demande ou de la redevance de
réseau, il serait rassurant d’apprendre qu’une majorité de citoyens connaissent déjà la bonne réponse.
Documentation & Rédaction
Antony Degoumois
¹ Grandes centrales hydrauliques et construction de nouvelles installations dans le contexte du marché actuel, Ofen, news.admin.ch, 12 décembre 2013
² Rapport concernant l’encouragement à la force hydraulique, 13.074n Stratégie énergétique 2050, Office fédéral de l’énergie (Ofen), 13 mars 2014.
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