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10/02/2014
La reconstruction de Brest.
par Daniel Le Couédic
Architecte, Professeur à l’Institut de Géoarchitecture (UBO)
Sommaire
La reconstruction de Brest.......................................................................................................................................................... 1
I.
La reconstruction de Brest ; Jean-Baptiste Mathon (1893-1971) :.................................................................................... 1
II.
Le Brest moderne et les différentes transformations de la ville : ................................................................................. 4
La reconstruction de Brest est toujours d’actualité : récemment encore s’est tenu un colloque
consacré aux problèmes spécifiques que pose aujourd’hui le patrimoine qu’elle nous a légué.
Il est fréquent que la reconstruction d’une ville fasse l’objet d’appréciations acerbes et qu’a
contrario la ville disparue soit parée de toutes les vertus. Brest ne fait pas exception : Daniel Pennac, à
son propos, n’a-t-il pas évoqué « Notre petit Berlin-Est à nous ». A vrai dire, bien avant la dernière
guerre, la ville aujourd’hui regrettée n’avait guère suscité de jugements plus amènes.
Flaubert qui y vint en 1847, écrivit : « Que voir à Brest et qu'y a-t-il? Des maisons fort bêtes,
un théâtre où l'on ne joue pas (et si l'on jouait !), des églises déplorables». Et pourtant, elle disposait
des formidables fortifications de Vauban, qui posèrent encore bien des problèmes aux Alliés venus
déloger les Allemands retranchés au terme de la dernière guerre. Et puis, à juste titre, certains lui
reconnaissent des qualités, puisqu’elle dispose désormais d’une zone de protection du patrimoine
architectural, urbain et paysager.
I. La reconstruction de Brest ; Jean-Baptiste
Mathon (1893-1971) :
L’architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Jean-Baptiste Mathon, ancien
combattant de la Grande Guerre, a 50 ans lorsqu’il est désigné pour reconstruire Brest. Il n’a pas
d’expérience d’urbaniste, mais il possède une solide réputation d’architecte.
À trente ans il avait remporté le premier Grand Prix de Rome ; il a ensuite réalisé la salle
Pleyel, l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie ; il est devenu professeur à
l’École spéciale des travaux publics et « patron » d’un atelier à l’École des Beaux-Arts.
Secondé par Maurice Piquemal (1902-1995), Inspecteur Général des Ponts et Chaussées, il
élabore le plan de reconstruction de Brest, où il édifiera ensuite la cité scolaire de Kérichen, le centre
culturel (bibliothèque, auditorium, école de Musique, école des Beaux-Arts) et les bâtiments
administratifs des Douanes.
Il est pétri de culture classique, mais avec un
esprit ouvert à une modernité tempérée. En revanche, il
est très réservé vis à vis des théories radicales des
CIAM.
A Brest, Mathon entend s’inscrire dans la
continuité et veut rester fidèle au passé, sans toutefois
envisager une reconstruction à l’identique. Vauban, en
imaginant Brest, aurait certainement voulu y installer
un parfait carroyage, comme il le fit à Neuf-Brisach,
près la frontière allemande, au niveau de Colmar. Mais
le relief à Brest ne lui a pas permis d’appliquer
fidèlement ce principe. Mathon va y remédier.
L’administration des Beaux-Arts, qui aurait
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souhaité protéger les fortifications, ayant été prise de vitesse par celle de l’Urbanisme, Mathon put
disposer du matériau de leur destruction et de celui des immeubles ruinés pour combler plusieurs
vallons et disposer la ville nouvelle sur une sorte de plateau surplombant la Penfeld, parfois de 30
mètres. Ce qui lui permit d’installer un strict carroyage en se plaçant dans la continuité idéelle de
Vauban. La conséquence de ce remodelage du site est l’isolement de la Penfeld transformée en canyon
et entièrement dédiée à la Marine Nationale.
Les premières règles d'urbanisme applicables sur l'ensemble du territoire national ont été
instaurées par la loi du 19 mars 1919, qui a soumis les lotissements à autorisation administrative afin
de vérifier leur compatibilité avec l’intérêt général et de garantir aux acquéreurs de lots que leurs
terrains seraient convenablement viabilisés. Mais cette loi a aussi créé les plans d'aménagement,
d'embellissement et d'extension, ancêtres de nos modernes documents d’urbanisme et les a rendus
obligatoires pour les villes de plus de 10 000 habitants, ce qui était évidemment le cas de Brest. Pour
l’établir, divers dispositifs avait donc fait l’objet de discussions durant l’entre-deux-guerres, d’autant
que l’on avait cru, un moment, pouvoir se défaire des fortifications qui avaient été déclassées. L’idée
d’un nouveau centre, sur les glacis, articulant l’ex intra-muros et les faubourgs de la rive gauche de la
Penfeld avait ainsi été évoquée. On ne croyait pas, en effet, que la Marine, qui s’était arrogé l’usage
exclusif de la Penfeld, centre premier de Brest, son down town, la rendrait jamais. Au moment de
reconstruire Brest, Mathon s’appuya sur ce document prémonitoire qu’avait élaboré l’architecte de la
ville, Georges Milineau.
Pour les urbanistes du Mouvement moderne, se débarrasser du parcellaire était un préalable à
la réalisation d’une ville rationnelle. D’autres, Mathon notamment, pensaient le contraire, y voyant un
concentré des occupations antérieures et, donc, le gage d’une continuité. En conséquence, on se livra à
un remembrement précautionneux, d’autant que les propriétaires sinistrés entendaient retrouver
approximativement la place qu’ils occupaient avant-guerre. On notera cependant quelques exceptions,
dont celle de M. Lombard père, qui quitta volontiers l’ancien intra-muros, ayant compris que le
boulevard appelé à relier la gare et la place de la Liberté serait un emplacement idéal pour un hôtel.
Jean-Baptiste Mathon va donner une nouvelle structure à la ville, qu’il organisa selon deux
axes perpendiculaires: un axe principal, constitué par la rue de Siam, et un axe secondaire alignant
nombre d’administrations et d’institutions, de la Trésorerie générale au palais de Justice situé sur le
cours Dajot, en passant par l’immeuble de la banque de France et la place Wilson (ancien champ de
bataille). A leur intersection se trouvait un forum que la librairie Dialogues occupe depuis quelques
années. Mathon souhaita ensuite monumentaliser Brest, d’abord en dotant la cité d’un hôtel de ville à
sa mesure, ce que la Marine avait toujours empêché jusque-là. Le nouvel édifice, dû à Maurice Génin,
fut le dernier inauguré de la Reconstruction, en 1962. Il domine la place de la Liberté, qui fut la plus
vaste de la reconstruction en France. Le qualificatif infondé, parfois stupidement attribué à Brest, de
« ville stalinienne » découle probablement de cela.
Avant-guerre, Brest n’avait pas davantage d’édifice religieux d’importance. Mathon entendit
également remédier à cet état de fait. La nouvelle église Saint-Louis fut ainsi la plus imposante de la
reconstruction française.
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Elle fut construite entre 1953 et 1958 sur les plans des architectes
Yves Michel, Jean Lacaille, Jacques Lechat, Yves Perrin et Hervé
Weisbein, lauréats d’un concours
national. Elle est placée à 10 mètres audessus de l’ancienne dont quelques
ruines sont toujours visibles dans les
sous-sols de l’édifice actuel.
Le
parcellaire,
certes
amendé, demeura toutefois disparate,
ce qui aurait pu entrer en contradiction avec la volonté d’installer une
grande composition, qui animait Mathon. L’architecte déjoua ce
risque en contenant la diversité courante par des pièces urbaines
fortement ordonnancées – la place de la Liberté, le haut de la rue de
Siam, le croisement des deux axes -, faisant en quelque sorte office
de « serre-livres ». La Brest reconstruite présente donc une grande
diversité, souvent mésestimée, d’autant que les propriétaires purent
choisir leurs architectes, qui devaient cependant soumettre leurs projets à des confrères chefs d’îlot,
placés eux-mêmes sous le contrôle de Mathon. La plupart des propriétaires n’entendirent pas investir
au-delà de ce que leur permettaient les dédommagements perçus ; de surcroît, ils privilégièrent la
surface des appartements au détriment des parties communes, économisant encore sur les éléments de
confort. En conséquence, ces immeubles posent aujourd’hui de délicats problèmes, difficiles à
résoudre : absence d’ascenseurs et manque de place pour les installer, salles de bain souvent
restreintes, etc. A cela s’ajoutent évidemment les exigences qui se sont imposées depuis, comme
l’isolation thermique. Enfin, la reconstruction fut l’occasion de développer la co-propriété, mais sans
que l’indispensable souci de gestion à long terme des édifices ne soit vraiment assimilé.
On ne saurait toutefois oublier la qualité d’ensemble des
immeubles reconstruits, très divers mais inscrits dans une même
famille : selon la juste formule de Patrick Dieudonné, ils procurent
« une joie de collectionneur ». Divers édifices, publics et privés sont
même remarquables, comme l’hôtel de ville, la trésorerie (hélas
modifiée il y a quelques années), la Banque de France, le Palais de
Justice ou encore le Comoedia dû à Michel Ouchacoff.
La modernité architecturale et urbanistique, quoique discrète,
ne fut pas absente de la reconstruction. A cet égard, on peut citer le
lycée de Kérichen, qui devait initialement être le seul de Brest : il fut
traité en campus et installé à la campagne (alors), selon les théories hygiéniques et pédagogiques en
pointe de l’époque.
En ville stricto sensu, on peut citer le subtil
édifice du boulevard Jean-Moulin, œuvre d’Henri
Grangé et de Maurice Vacher, qui parvient à
« résidentialiser » une barre en installant des plots
en retour d’équerre, eux-mêmes reliés par des
portiques à l’alignement de la voie. Et l’on n’aura
garde d’oublier l’étonnant lotissement urbain du
square L’Herminier conçu par Jean de Jaegher.
L’arrivée d’Eugène Claudius-Petit au ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, en
1948, marqua un tournant. Ami de Le Corbusier et partisan de l’urbanisme le plus moderne, il tentera
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d’en introduire quelques dispositifs in extremis. Pour cela, sans le destituer, il mit Mathon à l’écart au
profit d’Eugène Baudouin, qui remania le bas de la rue de Siam et le fond de place devant le château,
et de Raymond Lopez associé à Raymond Gravereaux. Ces deux derniers achevaient alors l’hôpital
Morvan commencé avant-guerre. On leur confia un « chantier d’expérience », formule imaginée pour
tester les modalités constructives sur lesquelles on misait pour réduire la crise du logement : six tours
d’habitation à Quéliverzan, qui devaient avoir ultérieurement leur pendant sur la rive gauche. Quatre
seulement furent édifiées, l’opposition de l’office HLM ayant été vive.
II. Le Brest moderne et les différentes
transformations de la ville :
On avait provisoirement installé les Brestois sinistrés dans des « baraques », terme
malencontreux si l’on considère que leurs occupants furent assez bien logés, mieux le plus souvent
qu’ils ne l’avaient été avant la guerre. D’ailleurs, beaucoup rechignèrent à les quitter au grand dam de
l’administration. Il est vrai que les loyers en étaient peu chers, voire même inexistants à la fin. Et puis
des solidarités et des amitiés de voisinage étaient nées, qu’on craignait de perdre en gagnant « la ville
en dur ». Pour inciter néanmoins leurs occupants à partir, on en vint à stigmatiser les baraques. Le
discrédit fut total in fine lorsqu’on regroupa les derniers récalcitrants, souvent en grande difficulté
matérielle et morale, dans la cité du Polygone.
Elu conseiller municipal en 1953, Georges Lombard, devint vite 1er adjoint et principal
inspirateur de la politique qui fut alors mise en œuvre. Devenu maire en 1957, il en accélèrerait
considérablement le rythme. Il voulait développer une ville civile importante qui serait le contrepoids
de Rennes. Il espérait 300 à 400 000 habitants pour cette « capitale de la Bretagne occidentale ». Pour
cela, il entendit mettre en place un urbanisme de séduction pour retenir ceux qui quittaient les
campagnes, mais aussi les jeunes Brestois. Pour cela, il s’en remit aux conseils d’Henri Auffret, jeune
architecte malouin très en cour au ministère et bien au fait des nouvelles pratiques, celle notamment du
grand ensemble : les 700 logements du « secteur industrialisé de Kerbernier » lancèrent le mouvement,
qui trouva son apogée dans la Zone à Urbaniser par Priorité de Bellevue, baptisée « Brest 2 ».
Lombard arracha en effet à l’Etat, qui ne faisait pas de Brest sa priorité en la matière, la création de
cette ZUP qui permit, non seulement de construire de nombreux logements de façon organisée, mais
aussi de doter ce quartier de tous les équipements nécessaires.
Sa conception fut menée conjointement avec celle du campus où viendraient s’installer les
collèges scientifique et littéraire universitaires initialement installés dans des bâtiments précaires, face
à l’hôpital Morvan. Brest pouvait alors se développer spectaculairement à quelques hectomètres de son
centre, car l’absence de pont jusque-là sur le vallon du Moulin-à-Poudre avait préservé le plateau du
Bouguen de l’urbanisation, comme diverses servitudes et propriétés militaires.
Henri Auffret, fut l’architecte en chef de ces grandes manœuvres,
qui bénéficièrent d’un site exceptionnel et de toutes les facilités
pour concevoir la ZUP selon le modèle théorique qui, ailleurs, fut
bien souvent sacrifié aux contingences. On y trouve ainsi autant
de logements privés en copropriété que de logements sociaux ; un
pourcentage significatif d’habitat individuel ; une abondante
présence commerciale ; des édifices tertiaires et tous les équipements requis : écoles, piscine,
patinoire, maison de quartier, églises, etc. Même l’école supérieure de commerce y fut
installée. Ce chantier urbain de 180 hectares durera 20 ans (1958-1977). Sa qualité l’a
préservé de bien des difficultés constatées ailleurs, même si la mixité sociale s’y est affaiblie.
En effet, au fil des années, le niveau de vie s’élevant, une partie de ses habitants se laissa
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séduire par la maison individuelle. Le risque fut bien compris. On renonça ainsi à un projet de
deuxième ZUP au profit de la ZAC de la Cavale Blanche, qui fait la part belle à l’habitat
unifamilial. En 1974, Lombard parvint en outre à créer une communauté urbaine volontaire
(CUB) avec les sept communes avoisinantes, ce qui permit de maîtriser l’urbanisme sur un
territoire étendu. En 1977, l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale conduite par Francis Le
Blé conduira même à renoncer à la troisième tranche de la ZUP au motif très contestable
d’une densité excessive. En effet, la ZUP au complet devait comprendre 75 logements à
l’hectare quand le quartier Siam en concentre 220 ! Aujourd’hui d’ailleurs, certains des
terrains réservés alors vont être ouverts à la construction. En revanche, le cadre général sera
encore amélioré durant cette période, notamment avec l’aménagement des rives de la Penfeld.
D’autres projets furent étudiés au cours des années 1970, souvent à
l’initiative de l’Etat. Certains, aujourd’hui, laissent pantois. Un bureau d’étude
américain sollicité par la DATAR proposa ainsi la création d’un complexe « super
industrialo-portuaire » off shore, installé d’Ouessant au Conquet. Une étude
prospective parallèle envisageait la possibilité d’une ville linéaire de 800 000
habitants du Conquet à Landivisiau. Le développement d’une véritable ville
nouvelle sur le territoire de Plouzané relava en partie de ces conjectures. Elles furent
définitivement remisées avant que l’irrémédiable ne fût commis, comme le bouclage
des pénétrantes nord et sud au cœur de Brest, qui aurait nécessité un passage
autoroutier en tranchée le long de la place Guérin !
Ce retour à la raison, au terme des Trente Glorieuses, s’accompagna d’un désenchantement vis
à vis de la ville reconstruite. Consultés, les Brestois se dirent alors insatisfaits de leur ville qu’ils
qualifiaient de triste, grise, sans âme. De 1978 à 1983, diverses tentatives seront faites pour
comprendre la nature du malaise et y remédier. Un grand colloque international, organisé en 1983,
montra que toutes les villes reconstruites connaissaient peu ou prou le même syndrome, qui fut alors
qualifié de « déficit symbolique ». Revenu aux affaires à la communauté urbaine en 1983, Georges
Lombard entendit le combler afin « d’achever la reconstruction » (sic).
On s’appuiera sur l’exemple de Barcelone où, après le
franquisme qui avait laissé la ville en piteux état, on avait fait travailler
ensemble des urbanistes et des architectes, bien sûr, mais aussi des
artistes afin de rendre à la ville son âme évanouie et de reconstituer un
véritable « espace public ».
Plusieurs projets vont ainsi prendre substance à Brest : le parc
d’Eole, réalisé par Louis Maunoury et Niels Udo ; la place de la Porte
où Marcel Van Thienen intervint. Mais le plus ambitieux résidait dans
un remodelage complet de la place de la Liberté et de la rue de Siam
par Marta Pan. On lui demanda d’interpréter le thème d’un parcours
d’eau, en référence à une maigre rivière qui avait été jadis canalisée et enfouie là. Très contesté, le
projet prit du retard et ne connut qu’un début de réalisation avant les élections municipales de 1989,
qui lui seraient fatales, comme elles le seraient pour le premier projet de tramway balayé par un
référendum sans doute trop hâtivement organisé.
Revenue au pouvoir à la ville comme à la CUB, la gauche allait se montrer active, mais en
délaissant les références théoriques et dans une grande discrétion quant à ses intentions globales. Le
plan « Université 2000 », qui permit la construction d’une nouvelle faculté des lettres en centre-ville,
fut aussi l’occasion de transformer la place de la Liberté en profondeur, en avançant seulement le
prétexte d’un nécessaire parking souterrain à y installer. Un grand concours désigna Bernard Huet
comme lauréat. Le projet était prévu en deux parties : la place haute fut ainsi réalisée en premier,
tandis que la partie basse suscitait la polémique.
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En creusant, on y découvrit inévitablement des
lambeaux des fortifications que l’on avait détruites sans
barguigner 50 ans plus tôt. Désormais, ils suscitaient l’intérêt et
allaient revêtir une grande importance. Les travaux furent
interrompus illico afin que l’I.N.R.A.P. (Institut national de
recherches archéologiques préventives) étudie la découverte.
Le projet dut être remanié, ce qui prit du temps. Après une
bouderie, Bernard Huet produisit l’actuel square Mathon, qui
fut une catharsis. En effet, pour la première fois l’ancienne
ville réapparaissait et avait droit à une évocation alors que
jusque-là la destruction avait été refoulée, du fait sans doute de son accomplissement par des alliés.
Parallèlement on entreprit de reconstituer l’histoire de la ville et de rappeler aux Brestois
qu’ils disposaient d’un patrimoine beaucoup plus riche qu’ils ne le pensaient, nullement réductible au
seul château, issu pour partie d’avant-guerre, mais aussi de la reconstruction. Aux côtés de l’hôpital
Morvan, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, une ZPPAUP, approuvée en
2001, vint signaler et protéger le cœur de la ville considéré comme un ensemble digne d’intérêt. Et
puis, le regard ainsi stimulé se porta sur divers édifices méritant l’attention : Ker Stears, maison de
l’industriel qui avait jadis obtenu la concession de l’éclairage au gaz de la ville ; la gare, œuvre
d’Urbain Cassan ; l’étonnant immeuble de « style Paquebot » qu’Aimé Freyssinet éleva sur le
boulevard Gambetta, etc. Simultanément, une plasticienne, Gwénaëlle Magadur entreprit de révéler ce
qu’avait été l’emplacement des fortifications en traçant une ligne bleue sur leur parcours.
On ne saurait toutefois se cantonner dans un ressassement du
passé : la ville se défait progressivement de son statut de ville
reconstruite et se dote d’édifices qui en transmutent peu à peu l’image.
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