le journal de l’institut curie comprendre pour agir contre le cancer dossier Cancérologie : les atouts de la prise en charge en ambulatoire actualités 10 ans de jonquilles pour Curie Entre nous Une mobilisation pour l’innovation # 97 - février 2014 - 1,50 € - ISSN 1145-9131 sommaire h actualités Institut Curie Événément : 10 ans de jonquilles pour Curie Une radiologue publie un recueil de nouvelles p. 3 p. 4 Fondation privée reconnue d’utilité publique, habilitée à recevoir des dons et des legs, l’Institut Curie associe le 1er centre français de recherche en cancérologie à un ensemble hospitalier de pointe. Fondé dès 1909 sur un modèle conçu par Marie Curie, de la recherche fondamentale aux soins innovants, l’Institut Curie rassemble 3 300 chercheurs, médecins et soignants mobilisés pour lutter contre les cancers. Pour accélérer les découvertes et ainsi améliorer la qualité de vie des malades, le soutien de nos donateurs est essentiel. Actualités générales h fiche pratique p. 5 Éditorial p. 6 Devant la caméra de Patrice Leconte Du bon usage du médicament p. 7 h dossier p. 8 © Christophe Hargoues/Institut Curie cancérologie : Les atouts de la prise en charge en ambulatoire Pour les patients : des soins moins contraignants p. 10 Préparer l’après p. 12 Des soins de beauté pour les femmes atteintes de cancer p. 14 h entre nous Shiva : une mobilisation pour l’innovation Ils nous soutiennent 1914-2014 : il y a 100 ans, la générosité d’un grand mécène p. 16 p. 17 p. 19 Thibaut Voisin / Institut Curie Le Plan cancer 3 annoncé par le président de la République En 2020, les patients seront moins hospitalisés pour leur cancer Je n’ai pas tous les jours la chance d’échanger avec des chercheurs dans leur laboratoire. Mais c’est toujours un honneur pour moi. Ça l’a été d’autant plus lorsque l’opportunité s’est présentée de les rencontrer devant les caméras, afin de porter encore plus loin le Amélie Mauresmo, marraine de l’Institut Curie message d’espoir de l’Institut Curie. Nous avons eu, les chercheurs et moi, le bonheur que Patrice Leconte soit derrière celles-ci. Le brillant réalisateur des longs métrages Ridicule, Tandem, Monsieur Hire ou encore La Fille sur le pont a en effet tourné un spot de 30 secondes pour l’Institut Curie. Ce spot a été dévoilé ces dernières semaines par différentes chaînes de télévision françaises. Vous pouvez toujours le regarder sur Internet… et en parler autour de vous ! Depuis 2005, je suis marraine de l’Institut Curie, et je sais combien la générosité du public est indispensable pour financer les nouveaux programmes de recherche de l’Institut. Le cancer est une grande cause nationale. C’est un sujet qui, comme vous, me touche personnellement. C’est pourquoi j’espère que ce spot permettra de donner à l’Institut Curie encore plus de visibilité, et à la recherche les moyens d’aller plus vite. Vous êtes plus de 215 000 donateurs à soutenir fidèlement les chercheurs, médecins et soignants de l’Institut Curie. Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut finance la recherche aujourd’hui pour mettre au point les traitements de demain et mieux combattre la maladie. Un grand merci à vous tous. LE JOURNAL DE L’Institut Curie COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’Institut Curie, 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - [email protected] WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : P R thierry philip - RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : NATHALIE BOISSIERE, CLAIRE BRUNE, AURELIEN COUSTILLAC, EMILIE GILLET – ICONOGRAPHIE : Citizen Press et PHOTOTHEQUE.CURIE.FR – DONS ET ABONNEMENTS : YVES CONGAL (01 56 24 55 66) – ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : DR Séverine Alran, Florence Boulangé, olivier delattre, Laurence ESCALUP, DR Marc Estève, DR Adriana Langer, DR Christophe Le Tourneau, François Radvanyi, Clotilde Théry, Lydie Wintz, de l’institut curie – LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT QU’ELLE – PHOTOS DE COUVERTURE : ACJC/MUSEE CURIE ET C.HARGOUES/INSTITUT CURIE ET THINKSTOCK – ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € – CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 77 45 86 86) – FABRICATION : TC GRAPHITE (MONTREUIL) – IMPRESSION : LA GALIOTE PRENANT, 70 RUE AUBER, 94401 VITRY-SUR-SEINE – NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0917H82469 – DÉPÔT LÉGAL DU # 97 : février 2014 – CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ A 240 000 EXEMPLAIRES. 02, LE JOURNAL DE L’Institut Curie actualités Institut Curie ,Événement 10 ans de jonquilles pour Curie Du 18 au 23 mars 2014, Une Jonquille pour Curie célèbre ses 10 ans. À l’occasion de cette semaine de mobilisation contre le cancer, les initiatives fleuriront à Paris et en régions. Un formidable élan de solidarité pour faire fleurir l’espoir contre le cancer. C haque année, la jonquille annonce les beaux jours, et, depuis dix ans, elle incarne aussi la lutte contre le cancer. Elle est le symbole de la semaine de mobilisation de l’Institut Curie depuis 2005. En dix ans, Une Jonquille pour Curie a permis de collecter près d’un million d’euros, dont 200 000 euros en 2013. Cette année encore, les sommes collectées soutiendront les recherches sur les thérapies ciblées. Un des programmes phare est l’essai clinique Shiva de l’Institut Curie, qui permet de traiter la tumeur non pas selon l’organe qu’elle touche, mais selon l’anomalie moléculaire qui la caractérise (cf. p. 16). Un espoir pour tous les patients, quel que soit leur cancer, mais aussi un investissement humain et financier considérable. Aussi, l’opération porte plus haut son message d’espoir en 2014 et prend une dimension nationale. Elle sera relayée en régions par des associations qui œuvrent toute l’année aux côtés de l’Institut afin de sensibiliser partout le grand public à la lutte contre le cancer et aux besoins de la recherche, avec le soutien fidèle des parrains de l’Institut Curie, Amélie Mauresmo et Michel Desjoyeaux, aux côtés d’Antoine de Caunes, Cendrine Dominguez, Hervé Mathoux, Tom Novembre et Ariel Wizman. La Fédération française de rugby renouvelle elle aussi son soutien à l’Institut Curie (cf. encadré), tout comme Swiss Life, Truffaut et Bioderma. Aurélien Coustillac le programme • En avant-première, le 15 mars, coup d’envoi du match de rugby France/Irlande, au Stade de France, par un médecin et un chercheur de l’Institut Curie, devant les joueurs de l’Équipe de France arborant la jonquille. • Du 18 au 22 mars, place du PalaisRoyal et place du Panthéon à Paris, le public est invité à compléter à l’aide de jonquilles un tableau végétal, symbole d’espoir et de solidarité. Ambiance chaleureuse et animée avec également des ateliers pour enfants le mercredi et le samedi. Par l’achat de jonquilles et de produits dérivés chacun peut apporter son soutien à l’opération. • Le 23 mars, en famille, en couple ou entre amis, au parc de SaintCloud, la Randonnée de la Jonquille (marche, course et vélo) clôturera l’opération. Inscriptions sur Internet : 10 euros. • Toute la semaine, plus d’une trentaine de villes en France (Angers, Annecy, Bordeaux, Deauville, Strasbourg, Trouville…) relaient l’opération. Toutes les manifestations sur Internet. • En mars, les internautes peuvent faire fleurir l’espoir en plantant des jonquilles dans un jardin virtuel et faire un don s’ils le souhaitent. h www.unejonquillepourcurie.fr LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,03 actualités Institut Curie ,à lire Une radiologue publie un recueil de nouvelles R h © Alain Marouani adiologue, spécialiste du cancer du sein à l’Institut Curie, le Dr Adriana Langer est passionnée d’écriture. Elle vient de publier Ne respirez pas, un recueil de 23 nouvelles qui évoquent notamment la cancérologie. Dans les premières pages, un radiologue s’adresse à sa patiente avant de lui faire passer un scanner : « Surtout, quand on vous dit de ne pas respirer, essayez de bien tenir, c’est important. » Ce quotidien des médecins et des patients, Adriana Langer le connaît bien. Écrire lui permet de se questionner sur la radiologie, la médecine, la chirurgie. « J’aime la Le Dr Adriana Langer vient de publier un recueil de 23 nouvelles qui évoquent notamment la cancérologie. Cancer de la vessie Il existe plusieurs formes de cancers de la vessie, dont une forme très agressive, qui concerne 20 % à 30 % des patients. Comment cela s’explique-t-il ? « L’explication se trouve dans l’environnement proche de la tumeur », précisent Clotilde Théry, immunologiste, et François Radvanyi, biologiste moléculaire, tous deux à l’Institut Curie. La création de vaisseaux sanguins autour de la tumeur contribue en effet à son développement. Et les chercheurs montrent du doigt la décorine, une protéine qui agit sur cette vascularisation et facilite la migration des cellules cancéreuses. Ainsi, plus la décorine est fabriquée en grande quantité, plus les tumeurs de la vessie ont une capacité à se développer, voire à envahir d’autres tissus. A. M. 04, LE JOURNAL DE L’Institut Curie h Ne respirez pas, Adriana Langer, Éd. La Providence, 184 p., 15,90 euros, octobre 2013. A. C. ,Éducation thérapeutique Un nouvel accompagnement des patients Christophe Hargoues / Institut Curie La décorine permet à la tumeur de se développer nouvelle car elle offre la possibilité de se focaliser en quelques pages sur les moments cruciaux d’une vie, sur un événement mineur qui dévoile un personnage, ou la force d’une émotion esthétique », souligne-t-elle. La maladie n’est pas la seule matière de cet ouvrage, qui interroge aussi les difficultés à communiquer et les amertumes des bien-portants, des médecins, des soignants. Comme une radiologie des sentiments humains. E n 2013, deux programmes d’éducation thérapeutique développés à l’Institut Curie ont obtenu l’aval de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. « L’éducation thérapeutique est une approche centrée sur le patient. Il s’agit de rendre le patient capable de gérer sa vie au mieux avec la maladie, pendant les traitements et après le cancer. Cette éducation repose donc sur l’acquisition de compétences par le patient », explique Lydie Wintz, infirmière cadre de santé et référente des programmes à l’Institut Curie : • « Programme Activ’ » favorise la réduction du risque de récidive, en aidant les femmes en rémission d’un cancer du sein à modifier durablement leurs comportements en termes d’activités physiques et de pratiques nutritionnelles. • « Mieux vivre au quotidien » avec la maladie s’adresse aux patients sous chimiothérapie orale pour faciliter leur adhésion au traitement, en misant sur l’écoute et sur des informations qui leur permettent de gérer et prévenir les effets secondaires. Béatrice Bochet actualités générales ,radiologie Procès PIP IRM : des délais toujours trop longs L Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie Après une longue bataille juridique, le tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône) a statué : les dirigeants de la société Poly Implant Prothèse (PIP), accusés de tromperie et escroquerie pour la vente de prothèses mammaires défectueuses, sont condamnés à des peines d’emprisonnement. Le préjudice moral et d’anxiété des patientes a également été reconnu. « Cette décision est une satisfaction », souligne le Dr Marc Estève, directeur de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie. L’Institut s’était porté partie civile aux côtés des quelque 7 500 patientes. Il estimait avoir été trompé par le fournisseur de prothèses ; une position entendue par le tribunal puisqu’il l’a reconnu comme victime. « Nous réclamions aussi un dédommagement pour notre Ensemble hospitalier, victime de la malfaçon puisque nous avons dû organiser le rappel des femmes concernées, leurs consultations en urgence ainsi que les interventions pour changement de prothèses… Nous comptons investir les éventuels dommages et intérêts au bénéfice d’un soutien médicopsychologique des patientes », explique le Dr Estève. La délibération quant au montant du dédommagement est attendue pour juin 2014. h e délai d’attente moyen pour passer une IRM en urgence a de nouveau augmenté en un an, passant de 29 à 30,5 jours. Dans son nouveau rapport, l’association Imagerie Santé Avenir pointe les disparités régionales en la matière et surtout le retard accumulé par la France en termes d’équipement. Un constat que déplore l’Institut Curie, qui vient d’obtenir l’autorisation pour un second équipement d’IRM, qui « reste » à financer. L’IRM constitue en effet une technique de choix en cancérologie pour visualiser des détails invisibles sur les radiographies standards, l’échographie ou le scanner. En 2013, La souffrance des femmes reconnue L’IRM constitue une technique de choix en cancérologie. la France comptait 646 appareils… Les pouvoirs publics ont certes délivré nombre d’autorisations d’installation mais il en faudrait deux fois plus, selon le rapport, pour répondre aux besoins de diagnostic et de suivi des patients pour de nombreuses pathologies. B. B. ,Priorité nationale Le Plan cancer 3 annoncé par le président h uels sont les enjeux et les stratégies de lutte contre les cancers pour les années 2014-2018 ? Telle est LA question des 5es Rencontres de l’Institut national du cancer, qui se sont tenues à Paris le 4 février. Point d’orgue de l’événement, le président de la République, François Hollande, a annoncé le nouveau Plan cancer. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne connaissons pas le contenu détaillé du plan, mais plusieurs pistes ont déjà été dévoilées. Inca Q B. B. Fin 2012, François Hollande avait annoncé la réflexion sur un 3e Plan cancer. Au programme : continuer à réduire les inégalités de santé, améliorer la prévention (en réduisant notamment le tabagisme) et adapter le système de santé aux évolutions de la prise en charge des malades (lire le dossier en p. 8). Autres axes prioritaires : le rôle central du médecin généraliste, une meilleure association du patient, le développement de nouveaux traitements personnalisés pour chaque patient, ou encore une meilleure prise en compte de l’impact de la maladie sur la vie sociale et professionnelle. A. M. LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,05 actualités générales ,Prospective À Lire En 2020, les patients seront La vie secrète des étudiantes de Marie Curie moins hospitalisés pour leur cancer h Les Femmes du laboratoire de Marie Curie, Natalie Pigeard-Micault, Éd. Glyphe, 300 p., 18 euros, 2013. B. B. a fédération Unicancer, qui regroupe les centres de lutte contre le cancer, a mené une étude prospective sur la prise en charge des cancers en 2020. Il en ressort que les patients atteints de cancer bénéficieront alors d’une succession d’interventions très spécialisées à l’hôpital, lors des épisodes aigus de la maladie, suivies de phases d’accompagnement et de surveillance, le plus souvent à domicile. Pourquoi ? Parce que les soins s’allègent ou provoquent moins d’effets secondaires. Ainsi, la chirurgie ambulatoire (dite aussi en hôpital de jour) va connaître un fort développement. Avec ce mode de prise en charge, le patient rentre chez lui le jour même de son intervention sans rester dormir à l’hôpital (voir dossier en p. 8). Les traitements, qui progressent à grands pas, ne sont pas étrangers à cette évolution : radiothérapie en moins de séances ; chimiothérapie orale administrée à domicile ; interventions chirurgicales moins invasives et plus Thinkstock L h En 1906, alors qu’elle prend la direction du laboratoire de son mari décédé, Marie Curie accueille de talentueuses jeunes étudiantes ou chercheuses. Jusqu’en 1934, elles seront 45, venues du monde entier. Natalie Pigeard-Micault, responsable des ressources historiques du Musée Curie, connaît bien la vie de celles qui ont eu la chance de suivre l’enseignement dispensé par Marie Curie à la faculté des sciences de la Sorbonne. Son essai nous présente ces pionnières, leurs travaux et les obstacles qu’elles ont surmontés pour s’imposer dans un monde alors très largement masculin. En 2020, les patients soignés pour un cancer dormiront moins à l’hôpital, au plus grand bénéfice de leurs liens familiaux et sociaux. précises grâce aux progrès de l’imagerie ; développement des thérapies ciblées qui concerneront demain davantage de patients… Enfin, les soins dits « de support » tels la diététique, la kinésithérapie, le soutien psychologique… vont également apporter leur bénéfice, d’autant qu’ils sont plébiscités et attendus par les malades. h Source : Unicancer A. M. ,Cancer du poumon h La pollution de l’air en cause Thinkstock La pollution atmosphérique (ici, à Pékin) serait responsable de cancers. 06, LE JOURNAL DE L’Institut Curie F in 2013, des médecins chinois ont diagnostiqué un cancer du poumon chez une fillette de 8 ans, mettant en cause la pollution atmosphérique, très importante à Pékin. Le Centre international de recherche sur le cancer, au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), confirme que la pollution de l’air est cancérigène. Elle favorise le développement de cancers du poumon et de la vessie. Cette évaluation de l’OMS est la première qui porte sur la pollution de l’air en général et pas uniquement sur certains éléments de cette pollution, comme les particules issues du diesel. h Source : Organisation mondiale de la santé (OMS) A. C. info pratique Thinkstock Du bon usage du médicament traitement Les Français sont connus pour être les champions de la consommation de médicaments en Europe. De plus, 92 % d’entre eux se soignent sans les conseils de leur médecin, en majorité à l’aide des médicaments disponibles dans leur pharmacie ou accessibles sans ordonnance 1. Voici quelques conseils de prudence et une liste de réflexes à bannir pour une attitude responsable et sûre. Isabelle Ampart Agir Thinkstock • Toujours informer son médecin ou son pharmacien des maladies dont vous êtes atteint (cancer, maladie chronique…), des traitements en cours ou récents (somnifères…), d’éventuelles allergies et des effets indésirables rencontrés. Certaines interactions peuvent aussi survenir avec des aliments (jus de pamplemousse, aliments riches en vitamine K, etc.). Parlez-en avec eux ! • Suivre le traitement à la lettre, ne pas l’interrompre sans avis médical. Il est primordial de respecter les doses prescrites, les horaires et les délais entre chaque prise, le mode d’administration et la durée du traitement. Par exemple, l’arrêt prématuré d’un antibiotique peut entraîner une récidive et une moindre efficacité la fois suivante (résistance aux antibiotiques). • Reconnaître les principes actifs pour éviter de prendre deux fois le même médicament. Le nom scientifique de la molécule responsable de l’effet thérapeutique (dénomination commune internationale ou DCI) est indiqué sur la boîte. Par exemple, le paracétamol est le principe actif commercialisé sous les marques Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan®… • Bien lire la notice. Elle vous informe sur les indications, les contreindications, les excipients (produits auxquels vous pourriez être allergique…) et les effets indésirables (somnolence…). Bannir sans ordonnance, peuvent interagir avec d’autres produits. Demandez conseil à votre pharmacien. • Ne pas rapprocher les prises en cas d’oubli. Cela peut provoquer des surdosages. • Ne pas consommer des compléments alimentaires de phytothérapie sans avis médical. Certains d’entre eux altèrent l’efficacité des médicaments. • Ne pas boire d’alcool, de jus de pamplemousse ni de jus d’orange de Séville pendant le traitement. Ils modifient l’effet de certains médicaments. 1. Source : 1001 Pharmacies Novembre 2013. Ne pas stocker ni réutiliser les antibiotiques et médicaments délivrés sur ordonnance. • Ne pas associer plusieurs médicaments vendus sans ordonnance. Tous les médicaments, même ceux qui sont vendus h pour en savoir plus www.medicaments.gouv.fr, le site du ministère chargé de la Santé avec une information fiable sur les médicaments et la possibilité pour l’internaute de signaler d’éventuels effets indésirables. h www.medicaments.gouv.fr LE JOURNAL DE L’Institut Curie ,07 cancérologie les atouts de la prise en charge en ambulatoire Être traité à l’hôpital et rentrer dormir chez soi, voilà qui participe à l’amélioration de la qualité de vie des patients. C’est l’essence même de la prise en charge dite ambulatoire. Dans ce domaine, la radiothérapie a fait figure de pionnière en cancérologie. La chimiothérapie et, aujourd’hui, la chirurgie suivent cette voie. Cette évolution qui profite aux patients nécessite cependant une profonde mutation de l’hôpital. Dossier réalisé par Émilie Gillet 08, LE JOURNAL DE L’Institut Curie dossier Hospitalisation h Christophe Hargoues / Institut Curie De plus en plus de patients ne passent pas la nuit dans l’établissement où ils sont traités, comme ici à l’hôpital de jour de chimiothérapie de l’Institut Curie. Progrès et sécurité pour les patients Les chiffres sont éloquents : si de plus en plus de tumeurs sont diagnostiquées chaque année, on observe aussi clairement une baisse de la mortalité due aux cancers. Cela signifie que l’on traite plus et mieux qu’avant. Le développement de l’ambulatoire est incontournable. L’étude prospective d’Unicancer précise questions au… Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie L a cancérologie française connaît actuellement une profonde mutation. Parmi les évolutions importantes : la montée en puissance de l’ambulatoire en chirurgie et de l’hôpital de jour pour la chimiothérapie et la radiothérapie. Derrière ces deux terminologies, « ambulatoire » et « hôpital de jour », se trouve un mode de prise en charge qui permet aux patients de ne pas passer la nuit dans l’établissement où ils sont traités. « Le rôle de l’hôpital dans la prise en charge des cancers va évoluer pour être moins centré sur le séjour hospitalier et plus focalisé sur la coordination », a déclaré récemment le P r Josy Reiffers, président d’Unicancer, la fédération nationale des centres de lutte contre le cancer. À l’occasion de la présentation à l’automne dernier d’une étude de la fédération sur la prise en charge des cancers en 2020 (lire en p. 6), il a ajouté qu’à l’avenir « la prise en charge des patients atteints de cancer se caractérisera par une succession d’interventions très spécialisées lors des épisodes aigus, suivie de phases d’accompagnement et de surveillance ». La chirurgie ambulatoire se développe en France depuis une vingtaine d’années. C’est une tendance majeure de l’hôpital moderne, soulignée par la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel sur la Sécurité sociale (voir chiffres en p. 10). Ce rapport appelle à plus d’ambition dans le développement de l’ambulatoire. Alors que les pouvoirs publics ont fixé comme objectif pour 2016 une part de 50 % d’ambulatoire dans l’ensemble de l’activité chirurgicale, la Cour des comptes espère quant à elle qu’elle concernera jusqu’à 80 % des interventions, comme c’est le cas chez certains de nos voisins européens. Dr Séverine Alran, responsable de l’unité de Chirurgie ambulatoire de l’Institut Curie Depuis quand la chirurgie ambulatoire existe-t-elle à l’Institut Curie ? La chirurgie ambulatoire, c’est un acte réalisé dans un bloc opératoire pour lequel l’entrée et la sortie du patient s’effectuent le même jour. Cela se pratique à l’Institut Curie depuis les années 1970. Fin 2012, une unité dédiée a été créée, cela signifie qu’il y a des médecins, des infirmières, des brancardiers, des secrétaires… qui ne s’occupent que des patients en chirurgie ambulatoire. Quels types d’actes sont pratiqués ? Actuellement, 40 % de notre activité concerne le cancer du sein et 40 % l’endoscopie diagnostique et/ou thérapeutique (cancers ORL). Nous intervenons aussi en gynécologie (retrait chirurgical d’une partie du col de l’utérus, hystéroscopie – retrait de l’utérus – et cœlioscopie), dermatologie (exérèse de petites tumeurs de la peau) et ophtalmologie. Nous espérons encore développer notre activité dans ces domaines, afin de diversifier les types de patients pris en charge. Quelles sont les spécificités de la chirurgie ambulatoire ? Organisation et information sont les maîtres mots ! « Tout expliquer au patient » d’abord par le médecin qui va réaliser l’acte, puis à nouveau par une infirmière et ensuite par l’anesthésiste : les consignes d’hygiène et de jeûne avant l’opération, la liste des documents qu’il doit apporter le jour J, les conditions de sa sortie et du suivi par son médecin traitant. L’ensemble du personnel de l’unité se réunit régulièrement pour optimiser la coordination des soins périopératoires. Cela implique une participation toujours plus active de la part du patient, et une meilleure articulation entre l’hôpital et les médecins de ville. (Suite p. 11) LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 09 décryptage ambulatoire = hôpital de jour Pour les patients : des soins moins contraignants Une large majorité des Français plébiscite 1 le concept d’hôpital de jour, jugé moins contraignant pour un patient atteint de cancer car il n’est pas coupé de son environnement ni de son entourage, précieux dans le combat contre la maladie. 1. Baromètre cancer 2013 de l’Institut Curie - Viavoice. Où en est-on en France ? 85 % des patients remplissent les critères d’accès à une chirurgie ambulatoire. 2 2007 2011 Près d’un siècle de prise en charge ambulatoire 1920 Les ancêtres de la radiothérapie sont proposés dès les années 1920 au dispensaire de la Fondation Curie, permettant déjà une prise en charge en ambulatoire. 1970 millions d’actes ambulatoires en 2011 en France, contre 1,6 million en 2007. Source : Rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale, septembre 2013. Qu’en pensent les Français ? 1991 À l’occasion de l’extension des espaces hospitaliers de l’Institut Curie, des hôpitaux de jour y sont ouverts en pédiatrie et en chimiothérapie. 2000 2012 8 Français sur 10 favorables à l’hospitalisation de jour (surtout les femmes, 85 %). 34 2 Français sur 10 seulement plébiscitent l’hospitalisation classique. Les moins de 34 ans sont moins enclins à l’hospitalisation de jour (30 % des 18-24 ans, 22 % des 25-34 ans associent cette prise en charge à « sécurité » et « bien-être »). Source : Baromètre cancer 2013 de l’Institut Curie. Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. LE JOURNAL DE 10 , L’Institut Curie 8 patientes sur 10 atteintes d’un cancer du sein et nécessitant une chimiothérapie à l’Institut Curie la reçoivent en ambulatoire. Pour les autres cas, les proportions – plus faibles – sont en progression. 2013 2016 L’Institut Curie a pour objectif d’opérer en hôpital de jour 60 % de ses patientes atteintes d’un cancer du sein, contre 20 % en 2013. Début à l’Institut Curie de la pratique de chirurgie en ambulatoire. Nouvel essor de la prise en charge ambulatoire en chimiothérapie avec les protocoles aux effets secondaires amoindris. Une unité de chirurgie ambulatoire est créée à l’Institut Curie ; elle utilise les équipements communs que sont le bloc opératoire et la salle de réveil. dossier Pedro Lombardi / Institut Curie Hospitalisation Dr marc estève, directeur de l’ensemble hospitalier de l’institut curie En chirurgie ambulatoire, le geste chirurgical se réalise dans d’aussi bonnes conditions qu’en hospitalisation classique. » cales mais aussi entre professionnels : hospitaliers, administratifs, praticiens de ville… Pour exemple, les infirmiers, quelle que soit leur spécialité, ont ainsi une place de plus en plus importante dans le suivi des patients, eux qui ne passent plus que quelques heures à l’hôpital avant de rentrer chez eux. Grâce au 2e Plan cancer, la consultation infirmière d’annonce s’est généralisée ces dernières années. Et la place des infirmiers va encore croître avec l’ambulatoire. Ils ont en effet un rôle de pivot essentiel, avant et après l’intervention chirurgicale, en échangeant avec les patients à propos de leur plan de traitement et de leur parcours de soins, en les préparant à leur sortie et à la suite de leurs soins, et en répondant aux questions que les patients n’osent pas toujours poser directement à leur cancérologue, comme, par exemple, la façon dont ils supportent leurs médicaments. Les pouvoirs publics habilités doivent enfin revoir et développer avec les experts les recommandations et/ou les standards h qu’en 2020 cela représentera « 50 % de la chirurgie du cancer du sein (contre 12 % actuellement), 15 % de la chirurgie des cancers de l’ovaire (3 % de moyenne nationale en 2012) et 15 % de la chirurgie des cancers de la thyroïde (1 % de moyenne nationale en 2012) ». Elle souligne par ailleurs que « le développement de la chirurgie ambulatoire nécessite une profonde réorganisation des unités de chirurgie ». Cette mutation, l’Institut Curie l’a anticipée, à son échelle, avec notamment la création d’une unité de chirurgie ambulatoire en 2012. « On y réalise un geste chirurgical dans d’aussi bonnes conditions d’efficacité et de sécurité qu’en hospitalisation classique, insiste le Dr Marc Estève, directeur de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie. Et c’est bon pour le moral des patients et la récupération physique après une opération. » La part de cette activité a ainsi pu augmenter de façon structurée au plus grand bénéfice des patients (voir encadrés). Les progrès de la médecine sont par ailleurs des moteurs du développement de l’ambulatoire : anesthésies plus légères, chirurgies moins invasives, et, dans le domaine de la cancérologie, traitements moins lourds avec des effets secondaires moindres ou mieux maîtrisés. Toutefois, pour accompagner cette mutation, il reste encore beaucoup à faire. Pour commencer, les acteurs savent qu’ils doivent se coordonner entre disciplines médi- Alexandre Lescure / Institut Curie (Suite de la p. 9) L’Institut Curie a créé, fin 2012, une unité de chirurgie ambulatoire pour la prise en charge de patients atteints de cancer du sein ou de cancer digestif (voir infographie ci-contre). LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 11 dossier Hospitalisation générosité Un accompagnement au retour à l’emploi après un cancer Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie À la Maison des Patients de l’Institut Curie, des professionnels et des bénévoles accueillent, écoutent et accompagnent des patients après leur cancer. Le but du programme d’accompagnement au retour à l’emploi après un cancer est de faciliter la reprise du travail des patients salariés et leur maintien dans un emploi en conformité avec leurs compétences et leurs capacités. Le programme a pu être lancé grâce à la générosité et l’appui de la Fondation Dominique et Tom Alberici. Créée en janvier 2008, cette fondation soutient activement des projets caritatifs dédiés aux personnes handicapées et aux patients atteints d’un cancer. Tous les projets qu’elle accompagne ont en commun d’améliorer le bien-être et la qualité de vie des personnes souffrant notamment d’un cancer, et de leurs proches. (Suite de la p. 11) de prise en charge pour sécuriser le parcours des patients en ambulatoire. En parallèle, ils devront « mettre en place une politique tarifaire favorable », souligne la Cour des comptes. Car, aujourd’hui encore, un hôpital est bien moins dédommagé lorsqu’il traite ses patients en ambulatoire que lorsqu’il les hospitalise. Préserver le quotidien quel que soit le traitement « Le sentiment des patients vis-à-vis de l’ambulatoire est ambivalent », déclare le Dr Hélène Espérou, directrice du projet médico-scientifique et de la qualité du groupe Unicancer. Elle dirige l’Observatoire des attentes des patients. « La grande majorité d’entre eux sont rassurés, car ils se disent “si je peux rentrer chez moi ce soir, c’est que ce n’est pas si grave”. L’ambulatoire permet en quelque sorte de dédramatiser les soins. Ils sont contents de rentrer chez eux car ils s’y sentent plus à l’aise, perdent moins pied avec la vie “normale” », explique le Dr Espérou. L’ambulatoire permet donc de maintenir les malades dans leur vie quotidienne. « Mais ils se trouvent aussi un peu seuls, médicalement parlant. Ils ressentent une rupture entre l’hôpital et la médecine de ville. » D’où la nécessité absolue de développer des actions de coordination de soins, adaptées à chaque patient. LE JOURNAL DE 12 , L’INSTITUT L’Institut CURIE Curie Préparer l’après L’ambulatoire ne signifie pas que le patient est livré à luimême dès sa sortie de l’hôpital ! Les soins périopératoires demeurent un élément clé. Les soignants informent les patients pour qu’ils ne soient pas démunis une fois rentrés chez eux. À l’Institut Curie, c’est notamment le cas pour la radiothérapie, pionnière de l’ambulatoire. Lors des consultations mais aussi grâce à des documents d’information, quelques règles simples d’hygiène et de surveillance d’éventuelles réactions sont exposées au patient. L’objectif est qu’il puisse activement prendre soin notamment de sa peau et des muqueuses qui vont être irradiées. Autre exemple, pour les patientes opérées du sein, les médecins et les masseurskinésithérapeutes insistent sur l’importance de la prévention du risque d’œdème et de la rééducation de l’épaule et du bras. L’équipe de l’Institut Curie leur remet le jour même de l’opération des documents d’information. Pour chaque type d’intervention ambulatoire, les informations délivrées au patient sont cruciales, elles concernent l’avant, le jour J et l’après. L’anticipation par l’information est ainsi au cœur de l’ambulatoire tel qu’il se pratique à l’Institut Curie. Parmi ces traitements qui peuvent être réalisés en ambulatoire figure en premier lieu la radiothérapie. Elle n’oblige pas à être hospitalisé pendant la durée du traitement ; le patient rentre chez lui après chaque séance de rayons. Ce dernier est parfois suivi par son médecin dossier la chirurgie du cancer qui prend le virage de l’ambulatoire. D’abord pour les activités diagnostiques, comme la réalisation d’examens type biopsie, endoscopie ou coloscopie. Mais aussi pour le traitement, comme le retrait de petites tumeurs. Dans tous les cas, ces hospitalisations « en un jour » s’adressent évidemment aux patients dont l’état de santé général est bon, et permet donc d’organiser la suite de leurs Accueil de l’hôpital de jour de chimiothérapie à l’Institut Curie. Dr hélène espérou, directrice du projet médico-scientifique et de la qualité du groupe unicancer. Unicancer traitant en collaboration avec le radiothérapeute. Il en est ainsi pour nombre de patients depuis les débuts de la radiothérapie, proposée dès les années 1920 au dispensaire de la Fondation Curie. La chimiothérapie s’est elle aussi progressivement adaptée à une prise en charge ambulatoire. L’Institut Curie a ouvert son premier hôpital de jour de chimiothérapie au début des années 1990. Des protocoles de soins avec moins d’effets secondaires étaient apparus, permettant d’organiser les cures de chimiothérapie en ambulatoire. Aujourd’hui, même la pose du cathéter à chambre implantable se fait en chirurgie ambulatoire. Ce dispositif donne un accès direct et permanent à une veine, ce qui se révèle très utile et moins lourd pour le patient. Puis la chimiothérapie orale a fait ses preuves, faisant du traitement « hors l’hôpital » une nouvelle évidence. Depuis quelque temps, c’est enfin h Christophe Hargoues/Institut Curie Hospitalisation L’ambulatoire permet de dédramatiser les soins mais les patients peuvent se sentir un peu seuls, médicalement parlant. » LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 13 dossier comprendre Marie-Jeanne*, 60 ans, a passé 7 heures seulement à l’hôpital pour l’ablation d’une tumeur au sein. 3 heures à peine après l’opération, elle rentrait chez elle. DR *Pour préserver l’anonymat de cette patiente, son prénom et sa photo ont été modifiés. Je me sentais bien, je marchais, je n’avais pas de vertiges, ni de nausées. On a bien pris soin de moi et vérifié que j’étais en état de sortir. Et, au moindre problème, je pouvais revenir immédiatement. » générosité et donc un traitement souvent plus efficace. « Le traitement et la maladie sont mieux acceptés, pour un plus grand confort du patient », confirme le Dr Hélène Espérou, d’après l’Observatoire des attentes des patients d’Unicancer. Celui-ci participe mieux aux soins h Bénéfique pour la santé des malades et pour la société De nombreuses études ont démontré les bénéfices de la prise en charge en ambulatoire. La Haute Autorité de santé, une des agences nationales de santé, souligne qu’une durée d’hospitalisation réduite à son strict minimum et « l’utilisation de techniques très peu invasives diminue[nt] le risque d’infections ». Parmi les avantages, citons aussi des délais de prise en charge plus courts avec une mise en œuvre plus rapide des soins Thinkstock soins en ville à proximité de leur domicile. « Les appels téléphoniques après une chirurgie ou des consultations d’infirmières de coordination, précise le Dr Hélène Espérou, sont quelques exemples de cette coordination de soins à distance. » Les soins de support et de bien-être occupent une place très importante à l’Institut Curie, pour accompagner et soutenir les patients (lire ci-dessous). CEW : des soins de beauté pour les femmes atteintes de cancer À l’Institut Curie, les soins de support et de bien-être occupent une place très importante, avec pour objectif d’améliorer la qualité de vie des patients. Cette préoccupation demeure pour tous les patients, qu’ils soient hospitalisés ou pris en charge à l’hôpital de jour en ambulatoire. Bien-être, détente et réconfort complètent alors la démarche thérapeutique afin de permettre aux patients de conserver ou retrouver leur estime de soi et l’intégrité de leur image. Ainsi, des soins esthétiques sont proposés aux personnes prises en charge à l’Institut Curie. Au premier rang des associations proposant de tels soins, CEW France assure des séances individuelles gratuites à l’Institut Curie depuis 1998, dispensées par des socio-esthéticiennes rémunérées et formées par l’association au moyen de produits donnés par de grandes marques et rendus anonymes. Plus de 300 sociétés aident le réseau CEW, que ce soit par des produits gratuits ou un appui financier. CEW propose depuis peu des ateliers collectifs olfactifs très appréciés des patients. L’association rassemble des femmes décisionnaires dans le secteur de la beauté. Un appui précieux pour les patientes. LE JOURNAL DE 14 , L’Institut Curie dossier comprendre générosité Mutuelle Bleue permet aux patients de prendre leur santé en main puisqu’il est davantage informé et impliqué. De plus, en conservant un lien fort avec leur entourage et leur vie quotidienne, les patients pris en charge en ambulatoire risquent moins de se sentir stigmatisés, ce qui contribue petit à petit à faire du cancer une maladie « comme les autres ». C’est également un immense atout pour la société puisque l’hôpital de jour permet une meilleure maîtrise de coûts de santé. La Cour des comptes, dans son dernier rapport sur la Sécurité sociale, évoque même « une économie potentielle de 5 milliards d’euros ». Rien que ça. « Le développement de la chirurgie ambulatoire ne se situe plus aujourd’hui dans une logique d’alternative à l’hospitalisation mais dans celle d’une pratique de référence », lance d’ailleurs la Cour. L’ambulatoire doit devenir une « norme » ; un changement radical des pratiques est donc annoncé, y compris en cancérologie. Le développement des réseaux de soins et une implication plus importante de la médecine de ville, et notamment des médecins traitants, sont les socles de cette mutation. La population attend beaucoup de ce changement. Les résultats du Baromètre cancer Institut Curie-Viavoice 2013 le confirment. Près de 80 % des personnes interrogées estiment qu’une hospitalisation de jour est préférable à une hospitalisation classique avec une ou plusieurs nuits passées dans l’établissement. Les raisons ? Le souhait de rester en contact avec ses proches et la volonté de ne pas rompre avec ses habitudes quotidiennes. Le nouveau Plan cancer, tout juste annoncé en février 2014 (lire en p. 5), devrait entériner cette évolution. Le P r Jean-Paul Vernant, dans son rapport d’orientation de ce nouveau plan, déclarait : « En cancérologie, les alternatives à l’hospitalisation classique (service de jour, ambulatoire, consultations) sont maintenant, y compris en chirurgie, les plus fréquentes. Cette évolution ne peut que se poursuivre. Le 3e Plan cancer doit permettre l’adaptation de la prise en charge à cette évolution tout en garantissant aux patients la qualité et la sécurité des soins maximales. » Une révolution est en marche, avec et pour les patients. ■ Alexandre Lescure/Institut Curie « Nous avons renouvelé notre partenariat avec l’Institut Curie pour la cinquième année consécutive, explique Olivier Raimbault, directeur général de Mutuelle Bleue. Mutuelle Bleue partage en effet la même préoccupation pour le bien-être de ses adhérents que l’Institut Curie pour le bien-être de ses patients. » La mutuelle mène des actions dédiées à la recherche et à la prévention des cancers et soutient, dans ce sens, l’Institut Curie. Son programme d’actions de prévention cancer, Passeport pour la santé, a permis à tous ses adhérents de bénéficier d’informations scientifiquement prouvées, fournies par l’Institut Curie. Une initiative qui répond à la volonté de modifier les comportements mais aussi de permettre aux adhérents de prendre leur santé en main. Les administrateurs, les collaborateurs et les adhérents se mobilisent également sur les manifestations organisées par l’Institut, comme La Marche des Lumières (voir p. 18), ou Les Jonquilles (voir p. 3). Pr jean-paul Vernant, auteur du rapport d’orientation du plan cancer 3, au micro de RadioCurie. En cancérologie, les alternatives à l’hospitalisation classique sont maintenant les plus fréquentes. » LE JOURNAL DE L’Institut Curie , 15 entre nous générosité Votre Fondation À l’Institut Curie, nous disposons de l’expertise et des structures nécessaires pour « prendre le cancer de vitesse ». La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail en commun des chercheurs, médecins et soignants pour accélérer la mise à disposition des nouveaux traitements. Fondation privée reconnue d’utilité publique, l’Institut Curie est habilité à recevoir des dons et des legs. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires, que je remercie chaleureusement. Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie ,recherche clinique Une mobilisation pour l’innovation Shiva, une avancée concrète des thérapies ciblées 17 000 euros pour l’essai Shiva grâce à l’Association 109 h A. Maaref / Institut Curie « L’essai clinique Shiva est une « L’ambition de l’Association première mondiale. Nous analysons 109 est de faire progresser la tumeur de patients 1 atteints de la recherche sur le cancer. Chaque année, depuis 2006, tout type de cancer, quelle que soit nous organisons l’opération la localisation, afin d’établir la carte Les Chocolats de l’Espoir. génétique de leur tumeur. Si une La vente de chocolats à anomalie génétique connue est détectée, des entreprises ou à des les patients ont accès à la thérapie particuliers permet de ciblée correspondante, alors qu’ils n’y collecter des fonds au auraient pas eu droit s’ils n’avaient pas profit des programmes de participé à l’étude. Il fallait auparavant recherche de l’Institut Curie, plusieurs mois pour établir la carte Le Dr Le Tourneau et la présidente de l’Association 109. en particulier l’essai clinique génétique d’une tumeur et cela coûtait Shiva. Ce programme innovant représente un des dizaines de milliers d’euros à l’Institut Curie. Nous réalisons espoir immense pour des milliers de malades. désormais cet examen en moins d’un mois pour environ 1 000 euros. Nous sommes heureux d’avoir remis, fin 2013, Pour y parvenir, une coordination parfaite est nécessaire entre de un chèque de 17 000 euros à l’Institut Curie nombreuses équipes de l’Ensemble hospitalier et du Centre de pour continuer à financer cet essai clinique, Recherche (plateformes de séquençage, bio-informaticiens…) de même si notre contribution n’est qu’une pierre l’Institut Curie. Ce programme bénéficie de nombreux financements apportée à l’édifice. Tous, membres et bénévoles issus de la générosité du public, comme celui de l’Association 109. de l’Association 109, nous espérons vendre Sans l’engagement de tous, nous n’en serions pas là. Nous espérons encore plus de chocolats pendant les fêtes de fin produire les premiers résultats en 2015. » d’année et de Pâques, pour soutenir l’équipe du 1. près de 460 patients inclus depuis octobre 2012. Dr Le Tourneau. » r D Christophe Le Tourneau, coordinateur de l’essai, responsable des essais précoces et responsable du pôle de Médecine de précision à l’Institut Curie. le journal de 16 , l’Institut Curie Christine Delmaire, présidente de l’Association 109. entre nous Initiatives ,Fondation Areva ,Association Fée Kdo 10 ans de soutien à l’Institut Curie Plus de 19 000 euros Sylvie Poitrenaud, déléguée générale de la Fondation d’entreprise Areva, nous explique les raisons du soutien fidèle à l’Institut Curie. d’emballages cadeaux La Fondation d’entreprise Areva soutient depuis 2004 le centre de Protonthérapie de l’Institut Curie. Pourquoi ce choix ? Sylvie Poitrenaud : Quand l’Institut Curie a proposé à Areva de soutenir le développement de la protonthérapie en France, notre enthousiasme a été immédiat. En effet, cette technologie de pointe est née autour d’un accélérateur de particules historique, le synchrocyclotron. Un appareil qui, dès la fin des années 1950, a constitué les prémices du développement de l’énergie nucléaire en France. L’utilisation de cet accélérateur de particules pour le traitement de Quelles actions avez-vous menées dans ce cadre ? S. P. : Nos dons ont permis d’équiper tout d’abord les salles d’anesthésie et de réveil destinées aux enfants. Plus récemment, notre fondation a contribué à l’achat de matériels de pointe pour moderniser l’imagerie ophtalmologique et élargir le spectre des tumeurs pouvant être prises en charge au centre de Protonthérapie. Les collaborateurs d’Areva ont-ils été associés à cette action ? S. P. : Oui, en effet, en 2009, l’action de la fondation a été complétée par un « mécénat de compétences » : des collaborateurs d’Areva ont gracieusement apporté leur expertise en termes d’organisation ou encore de systèmes d’information pour la restructuration du centre. A. Maaref / Institut Curie Jean MarieTaillat / AREVA tumeurs cancéreuses chez les enfants ne pouvait être un plus bel exemple de haute technologie au service de la santé. Du 1er au 31 décembre 2013, les bénévoles de l’association Fée Kdo ont emballé les cadeaux de Noël des clients de deux grandes enseignes à Paris et à la Défense. Ce travail d’équipe a permis de collecter la généreuse somme de 19 320 euros, intégralement versée à l’Institut Curie. Fée Kdo soutient l’Institut depuis 2009, et lui a ainsi versé plus de 52 000 euros en quatre ans. Un immense bravo et un grand merci à toute l’équipe de l’association Fée Kdo ! h Pour en savoir plus : http://feekdo.free.fr ,Achats en ligne Une nouvelle façon de soutenir l’Institut Curie En effectuant vos achats via le site www.fabuleos.fr, vous pouvez soutenir l’Institut Curie et la recherche sur le cancer. Fabuleos est un site d’achats partenaire de plus de 1 000 enseignes telles que la Fnac, Nocibé, La Redoute, Auchan… Dès que vous effectuez un achat via ce site, les enseignes versent une commission à Fabuleos, que ce dernier vous reverse. Vous pouvez alors donner tout ou partie de cette somme à l’Institut Curie. Et, à partir de 5 euros donnés à l’Institut, vous recevez un reçu fiscal. Acheter via www.fabuleos.fr, voilà une façon simple prendre le cancer de vitesse ! h Pour en savoir plus : Yves Congal au service Relations donateurs de l’Institut Curie. Tél. : 01 56 24 55 66 ; [email protected] pratique AVEC VOUS, PRENONS LE CANCER DE VITESSE ! Si vous souhaitez organiser une action caritative (sportive, festive, artistique…) au profit de l’Institut Curie et nous aider ainsi à lutter contre le cancer, contactez Alia Ifrah, qui vous guidera et mettra à votre disposition expérience et différents outils. Tél. : 01 56 24 55 08 ; [email protected] le journal de l’Institut Curie , 17 entre nous Initiatives ,vente aux enchères 50 000 euros : « Des femmes L e 22 octobre 2013, 50 000 euros ont été collectés lors d’un événement au profit de l’Institut Curie, dans le cadre du mois de mobilisation contre le cancer du sein, Octobre Rose. La vente aux enchères Des femmes donnent aux femmes, animée par Daphné Bürki, a été organisée pour la deuxième année consécutive, en partenariat avec la Maison de vente aux enchères Audap & Mirabaud et l’Hôtel des ventes Drouot. Yasmina Reza, Michèle Laroque, Inès de la Fressange, Sonia Rykiel, Roselyne Bachelot… et de nombreuses autres personnalités reconnues des domaines de la mode, Thibaut Voisin / Institut Curie donnent aux femmes » de l’économie, des arts, du spectacle, ont fait don de 84 lots pour cette vente caritative. L’Institut Curie remercie ces femmes de cœur ainsi que les partenaires de l’opération qui ont contribué à la réussite de l’événement. ,La Marche des Lumières Des lumières pour éclairer la nuit contre le cancer U Alexandre Lescure / Institut Curie ne marche nocturne, organisée le samedi 23 novembre dernier, a permis de collecter 80 000 euros pour la recherche sur le cancer. Pour cette première édition, plus de 300 participants, ambassadeurs de l’événement, bénévoles ou anonymes ont marché pour illuminer la nuit contre le cancer, symbole de leur engagement aux côtés de l’Institut Curie. Ces dons permettront de financer des programmes de recherche innovants en médecine personnalisée. le journal de 18 , l’Institut Curie www.facebook.com/ InstitutCurie h Du 18 au 23 mars Faites fleurir une Jonquille pour Curie (voir p. 3). www.unejonquille pourcurie.fr Deux associations se mobilisent contre les cancers de l’enfant D Le 2 mars Participez au SemiMarathon de Paris et courez en équipe, aux couleurs de l’Institut Curie, avec tous ceux qui soutiennent l’Institut. h ,Tumeurs pédiatriques epuis neuf ans, les associations Les Bagouz à Manon et Les Amis de Claire collectent des fonds chaque année au profit des recherches sur les tumeurs pédiatriques menées à l’Institut Curie par le Dr Olivier Delattre, pédiatre et chercheur qui a permis d’améliorer la prise en charge des enfants atteints de cancer. Leur engagement en 2013 mérite des félicitations et de vifs remerciements. À vos agendas • Les Amis de Claire ont réussi à collecter 20 000 euros. En 2013, ils ont aussi été ambassadeurs de l’opération Une jonquille pour Curie (voir p. 3) dans leur commune. • Les Bagouz à Manon ont quant à eux reversé près de 40 000 euros à l’Institut Curie et ont participé en tant qu’ambassadeurs à La Marche des Lumières (lire ci-dessus). h Pour en savoir plus : • www.100porschepourlesamisdeclaire.fr • www.lesbagouzamanon.org Le 6 avril Participez au Marathon de Paris et, comme pour le 2 mars, rejoignez l’équipe qui court aux couleurs de l’Institut Curie. www.facebook.com/ InstitutCurie h Le 23 mai Participez ou assistez au tournoi de golf de l’Inner Wheel 2000-Boucle de la Seine, au profit de l’Institut Curie, à Villennessur-Seine (78). h [email protected] entre nous rétrospective ,1914-2014 il y a 100 ans, la générosité d’un grand mécène Né en 1825, Daniel Iffla, dit Osiris, est un financier et un grand mécène. Il perd ses deux enfants et sa femme lors de l’accouchement, et voue sa fortune au mécénat. En 1889, il crée le prix Osiris, doté de 100 000 francs (350 000 euros actuels), qui récompense des savants remarquables. Musée Curie (coll. ACJC) L’Institut du Radium – devenu depuis l’Institut Curie – fut inauguré il y a 100 ans grâce au legs d’un grand mécène. En 2014, c’est toujours grâce à votre générosité que nous pourrons adapter l’Ensemble hospitalier à l’évolution de la prise en charge des patients.A. C. Daniel Iffla, dit Osiris. Photogravure originale d’après une peinture d’Édouard Bisson. Émile Roux et Marie Curie, destins croisés En 1903, le mécène Osiris remet son prix au Dr Émile Roux, découvreur du sérum contre la diphtérie. Cette année-là, Pierre et Marie Curie partagent le prix Nobel de physique avec Henri Becquerel. En 1904, c’est au tour de Marie Curie de recevoir le prix Osiris. À cette époque, Osiris fait de l’Institut Pasteur son légataire universel ainsi que son exécuteur testamentaire. Il décédera trois ans plus tard, en 1907. Un grand laboratoire de la radioactivité Marie Curie œuvre en faveur de la création d’un grand laboratoire pour l’étude de la radioactivité et de ses applications en physique, chimie, biologie et médecine. Ce vœu se concrétise en 1909 avec la décision de l’Université de Paris et de l’Institut Pasteur de créer l’Institut du Radium. L’Institut Pasteur reverse alors plus de 400 000 francs (environ 1,4 million d’euros actuels) du legs Osiris pour la construction de l’Institut du Radium. aujourd’hui le musée curie Les pavillons de l’Institut du Radium, séparés par un jardin, sont achevés en 1914. L’un d’eux abritait le laboratoire de Marie Curie, où elle travailla jusqu’à sa mort en 1934. Il accueille aujourd’hui le Musée Curie, qui conserve son bureau et son laboratoire avec le mobilier, des instruments, des livres, des photographies et des archives. Aujourd’hui, l’Institut dispose de plus de 100 000 mètres carrés d’espaces hospitaliers et de laboratoires. Un projet architectural est à l’étude afin d’adapter ses hôpitaux à la cancérologie de demain (lire notre dossier). Le Musée Curie labellisé Maison des Illustres Yann Tran/Institut Curie Institut Pasteur / Musée Pasteur La construction de l’Institut du Radium s’achève en 1914 alors que la guerre éclate. Le Musée Curie, labellisé Maison des Illustres, conserve des collections en rapport avec les personnalités illustres de l’histoire de la France que sont Marie Curie, sa fille Irène et son gendre Frédéric Joliot. La plaque délivrée par le ministère de la Culture a été apposée au 1 rue Pierreet-Marie-Curie par Hélène Langevin et Pierre Joliot, petitsenfants de Marie. h découvrez le Musée Curie : www.musee.curie.fr le journal de l’Institut Curie , 19 du 18 au 23 mars © Agence \EXCEL - Illustration: Julien CANAVEZES - www.mariebastille.com - Gettyimages Faites fleurir l’espoir contre le cancer ! Rejoignez-nous sur www.unejonquillepourcurie.fr
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