B 32 : Cétogenèse Cétogenèse Objectifs : 1. Décrire l’origine des acétyl-CoA. 2. Décrire le lieu et les voies de biosynthèse des corps cétoniques. 3. Indiquer le devenir des corps cétoniques dans les tissus extra hépatiques. 4. Décrire les mécanismes de la régulation de la cétogenèse. 5. Expliquer le phénomène de cétose au cours du jeûne et en cas de diabète sucré. - 1 - B 32 : Cétogenèse I- Introduction : La cétogenèse est un processus physiologique essentiellement hépatique aboutissant à la formation de corps cétoniques. Le terme de corps cétonique définit un groupe de 3 métabolites normaux de l’organisme : Acide cétonique : l’acide acétoacétique un acide Hydroxylé : L’acide D-hydroxybutyrique. une cétone : L’acétone. - 2 - B 32 : Cétogenèse Ils dérivent essentiellement du catabolisme des acides gras. Dans les conditions physiologiques, leur concentration plasmatique est faible (<0,25 mmol/l). Les corps cétoniques sont solubles dans l’eau et diffusent facilement à travers la paroi des capillaires. Une cétose ou accumulation des corps cétoniques dans les liquides extracellulaires apparait en cas de déséquilibre entre la production et l’utilisation tissulaire (cétolyse). En règle générale une augmentation de la cétonémie correspond davantage à une activation de la cétogenèse qu’à un ralentissement de la cétolyse. II- Intérêt physiologique des corps cétoniques : L’acide acétoacétique et l’acide D-–hydroxybutyrique sont des substrats énergétiques pour certains tissus (tels le cœur, le muscle squelettique, le rein) utilisés parfois préférentiellement au glucose et aux acides gras. -Pour le muscle : pendant le jeûne, l’entrée du glucose dans le tissu musculaire est difficile puisque l’insulinémie régissant ce phénomène est faible. La captation et l’oxydation des corps cétoniques, indépendantes de l’insulinémie, assurent l’homéostasie énergétique de ce tissu, la diminution de l’entrée du glucose dans la cellule musculaire associée à l’inhibition de la glycolyse observée entraîne une économie du glucose circulant. Dans ces conditions, les corps cétoniques sont utilisés de préférence aux acides gras, ces derniers étant liés à l’albumine ce qui limite, semble-t-il, leur diffusion dans le secteur extravasculaire. De plus, leur concentration sanguine est toujours très inférieure à celle des corps cétoniques. Ainsi le cœur utilise-t-il les corps cétoniques de préférence aux acides gras, et même au glucose, comme substrat énergétique. Pour des raisons encore mal connues, l’oxydation préférentielle des corps cétoniques n’est retrouvée que dans les jeûnes inférieurs à 15 jours. Quand ils se prolongent, le muscle exige alors des acides gras. -Le cerveau d’un sujet normalement alimenté ou même subissant des jeûnes courts utilise de préférence le glucose comme nutriment. Lors des jeûnes prolongés, les besoins énergétiques de cet organe sont couverts pour 50 à 70% par l’oxydation des corps cétoniques ; parallèlement, l’utilisation du glucose diminue. Les corps cétoniques participent donc à la régulation de la glycémie pendant le jeûne puisque leur utilisation diminue les besoins de l’organisme en glucose. De plus, ils jouent un rôle fondamental dans l’adaptation au jeûne car ils limitent la protéolyse musculaire et par voie de conséquence la gluconéogenèse hépatique. III- Biosynthèse des corps cétoniques : (Objectif 2) A- Lieu de biosynthèse des corps cétoniques : Les corps cétoniques sont pour la plus grande partie synthétisés dans les mitochondries hépatiques par une voie métabolique qui leur est propre. - 3 - B 32 : Cétogenèse Le rein produit une petite quantité d’acétoacétate qui est utilisée localement. Le foie est le site le plus important de synthèse : d’acides gras, de triglycérides, de corps cétoniques, et de cholestérol. Lorsqu’il est approvisionné de façon satisfaisante par des substances alimentaires, le foie transforme le glucose en acides gras via l’acétyl-CoA. Ces acides gras associés avec des apolipoprotéines, sont libérés dans le sang et servent à l’approvisionnement des tissus extra hépatiques, principalement le tissu adipeux et les muscles. Durant la phase post-prandiale et en particulier lors d’un jeûne, d’une faim, ou d’un diabète, le métabolisme des lipides est inversé. Comme aucun glucose ni lipide n’est plus apporté par l’alimentation, l’organisme puise dans ses propres réserves. Dans ces conditions, le tissu adipeux libère des acides gras qui seront dégradés en acétyl-CoA de façon oxydative et finalement transformés en corps cétoniques dans le foie. B- Voies de Biosynthèse des corps cétoniques : Les corps cétoniques sont donc formés dans le foie à partir de l’acétyl-CoA lorsque la dégradation des lipides prédomine. L’acétyl-CoA formé par oxydation des acides gras n’entre dans le cycle de l’acide citrique (cycle de Krebs) que si les dégradations des glucides et des lipides sont correctement équilibrées. Si la dégradation des graisses prédomine l’acétyl-CoA subit dans le foie un destin différent. La raison est que l’entrée de l’acétyl-CoA dans le cycle de Krebs : dépend de la disponibilité de l’oxaloacétate (OAA) pour la formation du citrate, et que la concentration de l’OAA est abaissée lorsque les glucides ne sont pas disponibles ou utilisés de façon incorrecte. En présence de concentrations élevées d’acétyl-CoA, les mitochondries hépatiques vont former de l’acétoacétate et ceci en trois étapes : La première étape, catalysée par la –cétothiolase, consiste en la condensation de deux molécules d’acétyl-CoA. Le produit résultant est l’acétoacétyl-CoA. La deuxième étape conduit à la formation du -hydroxy – -méthyl glutaryl – CoA (HMG-CoA) par condensation de l’acétoacétyl-CoA avec une molécule d’acétyl-CoA. Cette réaction est catalysée par la -hydroxy- -méthyl glutaryl -CoA synthétase (HMG-CoA synthétase). La troisième étape aboutit à la formation de l’acide acétoacétique ; en effet, l’HMG-CoA sous l’action de l’HMG-CoA lyase est clivé en acide acétoacétique et en acétyl-CoA. HMG-CoA Synthétase et HMG-CoA lyase catalysent des réactions irréversibles ; ainsi la synthèse d’acétoacétyl-CoA à partir d’acide acétoacétique est-elle irréalisable. - 4 - B 32 : Cétogenèse Les deux autres métabolites (Acide D--hydroxybutyrique et Acétone) sont formés à partir de l’acétoacétate qui peut subir : Une réduction en Acide D--hydroxybutyrique : Sous l’influence d’une déshydrogénase, la -hydroxybutyrate déshydrogénase, utilisant le NADH comme coenzyme, il peut être réduit en acide -hydroxybutyrique qui est libéré lui aussi dans le sang. Cette enzyme est strictement localisée dans la mitochondrie et catalyse une réaction à l’équilibre : Ainsi, la mesure dans le sang du rapport : hydroxybutyrate NADH ( H ) acétoacétate NAD permet d’avoir un reflet du rapport mitochondrial qui varie avec la situation métabolique du foie :en particulier il augmente pendant le jeûne quand le foie oxyde une quantité accrue d’acides gras. Le corps cétoniques ainsi formés par le foie ne sont pas utilisés in situ mais passent dans la circulation générale. Leur concentration sanguine post-prandiale, inférieure à 0,3 mmol/1 (30mg/1), peut augmenter jusqu’à 2 à 3 mmol/1 pendant le jeûne. Un dosage enzymatique utilisant la –hydroxybutyrate déshydrogénase permet la mesure précise de l’acide hydroxybutyrique est en général 2 à3 fois supérieure à celle de l’acide acétoacétique. Dans le sang, l’acide -hydroxybutyrique et l’acide acétoacétique circulent librement, non liés à l’albumine, et sous forme d’acétoacétate et d’hydroxybutyrate : en effet, leurs pK étant très inférieurs au pH sanguin physiologique, ils sont totalement dissociés. - 5 - B 32 : Cétogenèse Une décarboxylation en acétone : L’acide acéto-acétique est décarboxylé, soit spontanément soit sous l’influence de l’acétoacétate décarboxylase en acétone, qui passe dans la circulation générale. IV- Origines de l’Acétyl-CoA (Objectif 1) : Rappel : La stratégie fondamentale du métabolisme est de former : 1. de l’ATP. 2. Du pouvoir réducteur. 3. Les modules élémentaires pour les biosynthèses. - 6 - B 32 : Cétogenèse L’ACETYL CoA : -Constitue un carrefour clef au niveau métabolique. - 7 - B 32 : Cétogenèse -Transporte un groupe acétyle activé (transporteur : Coenzyme A). Origines de l’Acétyl-CoA : Les principales sources de cette unité décarbonée activée sont : La décarboxylation oxydative du pyruvate. La -oxydation des acides gras. Le catabolisme des acides aminés cétogènes. A- À partir du pyruvate par décarboxylation oxydative : La décarboxylation oxydative du pyruvate par le complexe pyruvate déshydrogénase (= pyruvate décarboxylase) aboutit à la formation d’acétyl-CoA. pyruvate déshydrogénase Pyruvate + CoA + NAD + acétyl CoA+CO2+NADH Le pyruvate provient, soit du glucose par la voie glycolytique, soit du lactate, soit du métabolisme de divers acides aminés (alanine notamment). Remarque : Le complexe pyruvate déshydrogénase est formé de trois enzymes : - La pyruvate déshydrogénase [E1] ; - Dihydroliponamide acétyltransférase [E2]; - Dihydroliponamide déshydrogénase [E3]; - 8 - B 32 : Cétogenèse Commentaire : 1 Décarboxylation du pyruvate ; 2 Oxydation du groupement hydroxyalkyl en un acétyl ; 3 Transfert du résidu acétyl du lipoamide au Coenyme A ; 4(a+b) Reoxydation de la dihydrolipoamide avec formation de NADH + H+. Dans le foie, la formation d’acétyl-CoA à partir du pyruvate est limitée car la pyruvate déshydrogénase est inhibé par les quantités importantes d’acétyl-CoA et d’ATP provenant de la dégradation des acides gras. B- À partir des acides aminés cétogènes : Le catabolisme de ces acides aminés conduit à la formation d’acétyl-CoA, mais leur rôle reste négligeable dans la mesure où ces acides aminés ne sont pas utilisés à des fins énergétiques dans le foie. - acides aminés purement cétogène : Leucine, Lysine. - 9 - B 32 : Cétogenèse - acides aminés à la fois glucoformateurs et cétogènes : Tyrosine Phénylalanine Tryptophane Isoleucine Le squelette carboné des acides aminés dégradés se retrouve dans des intermédiaires métaboliques majeurs : l’acétyl-CoA et l’acétoacétyl-CoA. Ils sont appelés cétogènes parce qu’ils provoquent une augmentation des corps cétoniques. * Les acides aminés en excès par rapport à ceux nécessaires à la synthèse des protéines et d’autres biomolécules : Ne peuvent pas être mis en réserve, contrairement aux acides gras et au glucose ; Ils ne peuvent pas non plus être excrétés ; Sont utilisés comme molécules énergétiques et métaboliques. C- À partir des acides gras par oxydation : La oxydation mitochondriale des AG à longue chaîne est la source principale des molécules d’acétyl-CoA au niveau hépatique. Les A.G. qui parviennent au foie sont essentiellement les produits de l’hydrolyse des triglycérides du tissu adipeux. Ce processus couvre la presque totalité des besoins énergétiques hépatiques. Chaque molécule d’acide palmitique engendre 8 acétyl-CoA dont la principale destinée est de fournir l’énergie sous forme de liaisons riches emmagasinées dans l’ATP (cycle de Krebs). Les molécules d’acétyl-CoA formés peuvent s’engager dans d’autres voies métaboliques dont l’importance varie en fonction des conditions métaboliques de l’hépatocyte : la cétogenèse constitue une de ces voies. - 10 - B 32 : Cétogenèse a) Lipolyse du TG et libération des AG : TG + H20 3AG + Glycérol L.H.S. L.H.S. : Lipase hormono-sensible. b) Activation des AG : (pour qu’ils puissent pénétrer dans la mitochondrie) : - Nécessite de l’énergie. - Elle se fait en 2 étapes sous l’action de l’Acyl-CoA synthétase(Ligase). Ainsi l’Acyl-CoA libéré formé peut s’engager dans la -oxydation. c) Mécanisme d’entrée d’un Acyl-CoA dans la mitochondrie : -L’Acyl-CoA pénètre dans la membrane externe et reste dans l’espace inter membranaire. - 11 - B 32 : Cétogenèse - Sous l’action de la Carnitine Acyl Transférase I (CAT I), l’Acyl-CoA passe dans la membrane interne après substitution du CoA par la carnitine (cette enzyme transforme les acyl CoA, en acyl carnitines qui traversent la membrane mitochondriale interne sous l’action d’une translocase). - En présence de Carnitine Acyl Transférase II (CAT II ) et de CoA les acyl carnitines libèrent sur la face interne de la membrane les acyl-CoA (substitution de la carnitine par un CoA). La Carnitine Acyl Transférase est également dénommée Carnitine-O-palmitoyltransférase. Les 2 régulateurs hormonaux de cette pénétration sont : - INSULINE : Inhibiteur de la CAT. - GLUCAGON : Activateur de la CAT. d) -oxydation et formation d’acétyl-CoA : Cette voie métabolique se déroule dans la mitochondrie hépatique et produit de l’acétyl CoA. Après avoir été transportés à travers la membrane mitochondriale interne par la carnitine les AG sont dégradés dans la matrice mitochondriale par une séquence de quatre réactions récurrentes. Oxydation liée au FAD ; Hydratation ; Oxydation liée au NAD+ ; Thiolyse par le CoA. (Le FADH et le NADH formés transfèrent leurs électrons à O2 par l’intermédiaire de la chaine respiratoire.) - 12 - B 32 : Cétogenèse Les molécules d’acétyl-CoA ainsi formées peuvent s’engager dans de multiples voies métaboliques, dont la CETOGENESE en fonction des conditions métaboliques de l’hépatocyte : * L’acétyl-CoA formé lors de l’étape de thiolyse entre normalement dans le cycle de l’acide citrique en se condensant à l’oxaloacétate. Lorsque la concentration d’oxaloacétate est insuffisante, l’acétyl-CoA produit de l’acétoacétate et du 3-hydroxybutyrate qui sont des molécules énergétiques normales. V- Devenir des corps cétoniques dans les tissus extra hépatiques : (Objectif 3) Ces composés diffusent à l’extérieur des mitochondries hépatiques vers le sang et sont transportés vers les tissus périphériques où ils vont être des molécules importantes du métabolisme énergétique. A l’état normal, la cétogenèse est peu importante et le muscle réussit à oxyder les corps cétoniques. La quantité de corps cétoniques perdus dans les urines est négligeable. - 13 - B 32 : Cétogenèse A) Utilisation comme source d’énergie : Considérés pendant longtemps comme des produits de déchets d’un métabolisme anormal, il est actuellement bien établi que les corps cétoniques sont des substrats énergétiques susceptibles de remplacer dans certaines circonstances, les autres nutriments : glucose et acides gras. C’est un phénomène physiologique important qui fonctionne dans le cœur et dans le rein, même en présence du glucose. L’acétoacétate est rapidement réintroduit dans le cycle de Krebs et redonne l’acétoacétyl-CoA aux dépend du système succinyl-CoA succinate suivant la réaction d’échange : Commentaire : L’acétoacétate (et le-hydroxybutyrate, après oxydation par la -hydroxybutyrate déshydrogénase en acétoacétate) est activé par le transfert du CoA à partir du succinyl CoA lors d’une réaction catalysée par une succinyl CoA transférase spécifique ce qui produit l’acétoacétyl-CoA. L’acétoacétyl CoA est ensuite activé par une céto-thiolase pour donner deux molécules d’acétyl CoA, qui peuvent ainsi entrer dans le cycle de l’acide citrique. Dans ces conditions, le métabolisme de ces tissus est profondément modifié, car la glycolyse, l’oxydation du pyruvate ainsi que la protéolyse (dans le muscle squelettique surtout) sont inhibées. Le foie peut fournir de l’acétoacétate à d’autres organes parce qu’il n’a pas cette CoA transférase particulière. - 14 - B 32 : Cétogenèse L’acétoacétate est ainsi considérée comme une forme transportable, hydrosoluble d’unités acétyles. B) Profils métaboliques des principaux organes : Le muscle (le myocarde en particulier), le rein et, lors des jeûnes prolongés, le cerveau, peuvent oxyder l’acétoacétate et le -hydroxybutyrate; l’acétone n’est jamais réutilisé. Le muscle cardiaque et le cortex rénal utilisent l’acétoacétate préférentiellement au glucose. Par contre, pour le cerveau et les globules rouges, le glucose est la principale molécule énergétique chez les sujets correctement nourris, sauf pendant le jeune prolongé où le cerveau va manquer de réserves énergétiques. Donc pour le cerveau : Les acides gras ne peuvent pas servir de source d’énergie, car dans le sang, ils sont liés à l’albumine et ne peuvent pas traverser la barrière hémato encéphalique. Ils ne peuvent non plus être transformés en glucose. Les acides aminés ne peuvent pas être dégradés pour fournir de l’ATP, car le tissu nerveux n’est pas capable de réaliser la néoglucogenèse. Les corps cétoniques (acétoacétate et -hydorxybutyrate) remplacent ainsi le glucose comme source d’énergie du cerveau. C) Elimination : L’élimination urinaire des corps cétoniques est nulle chez un individu dont la cétonémie est faible. Les corps cétoniques peuvent être mis en évidence dans l’urine par les réactions au nitroprussiate, ou au perchlorure de fer. L’Acétest® permet un dosage approximatif et partiel car il ne réagit qu’avec les acides -cétoniques (donc avec l’acide acétoacétique) et non avec l’acide -hydroxybutyrique. L’acétone, qui est volatile, peut aussi être éliminé par voie respiratoire. D’ailleurs, l’odeur d’acétone peut être détecté dans l’haleine d’une personne possédant une concentration élevée d’acétoacétate dans le sang. Physiologiquement, il n’a aucune signification métabolique et sa concentration sanguine est extrêmement faible.Il sera éliminé au niveau pulmonaire. VI- Régulation de la cétogenèse : (objectif 4) La régulation de la cétogenèse est parfaitement coordonnée avec les autres métabolismes. Elle s’effectue principalement au niveau du tissu adipeux et du foie. Deux conditions doivent être remplies pour qu’il y ait cétogenèse : - Le foie doit disposer d’une quantité suffisante de substrats précurseurs représentés essentiellement par les A.G. - Le métabolisme intra hépatique et sa régulation doivent permettre la formation des corps cétoniques. - 15 - B 32 : Cétogenèse A. Régulation extrahépatique : L’équilibre entre la biosynthèse des triglycérides et leur hydrolyse au niveau du tissu adipeux, conditionne la quantité d’A.G. circulants. Cet équilibre dépend des conditions nutritionnelles et hormonales. Divers hormones stimulent la lipolyse (glucagon, catécholamines, hormones thyroïdiennes, glucocorticoïdes, hormones somatotropes…). Elle est également activée par le jeune prolongé. L’insuline joue un rôle déterminant : elle est le principal facteur anticétogénique en exerçant à la fois un effet antilipolytique direct (inhibe l’activité de la lipase adipocytaire) et un effet lipogénique. Les corps cétoniques eux-mêmes peuvent freiner leur propre synthèse en stimulant la sécrétion d’insuline et en s’opposant à la libération des AG par le tissu adipeux. B. Régulation hépatique : Le métabolisme hépatique est contrôlé par divers métabolites intervenant au niveau d’enzymes clés. a) Un premier carrefour de régulation : Concerne la répartition des A.G. entre leurs 2 voies d’utilisation hépatique : estérification et incorporation dans les lipoprotéines d’une part, oxydation mitochondriale d’autre part. Le malonyl-CoA, produit de la 1ère réaction de la synthèse des A.G. catalysé par l’acétyle CoA carboxylase, joue un rôle déterminant dans la régulation de la cétogenèse : à dose micromolaire, il inhibe la carnitine acyltransférase I (CAT I) responsable du passage des acyl-CoA dans la mitochondrie et s’oppose ainsi au transfert intra mitochondrial et à l’oxydation des AG. L’activité de l’acétyl-CoA carboxylase (enzyme qui catalyse la transformation de l’acétyl-CoA en malonyl-CoA) est : - Stimulée par l’insuline, le glucose et les citrates - Inhibée par le glucagon, le déficit en glucose et par les Acyls CoA. 2 situations opposées peuvent se rencontrer : - Si les apports de glucose sont élevés : l’acétyl-CoA carboxylase est activée, la CAT I est inhibée dans ces conditions, le rôle physiologique du malonyl- CoA est d’assurer la formation des triglycérides et de lipoprotéines. - Si les apports de glucose sont faibles, la concentration de malonyl- CoA est faible, l’inhibition de la CAT I est levée, ce qui permet l’oxydation des A.G. et la cétogenèse. b) Le 2ème carrefour métabolique de la régulation se situe au niveau de l’utilisation de l’acétyl-CoA : Soit vers la synthèse d’acéto-acétyl CoA (cétogenèse), soit vers la synthèse de citrate (cycle de Krebs). La -cétothiolase et l’HMG-CoA synthétase sont inhibées par l’acétoacétyl CoA. La concentration de ce métabolite dépend en grande partie du rapport NADH/NAD, une augmentation du taux de NADH (consécutive à la oxydation) diminue sa concentration et permet à la cétogenèse de s’effectuer. - 16 - B 32 : Cétogenèse L’utilisation de l’acétyl-CoA par le cycle de Krebs est liée à la disponibilité en oxaloacétate, elle-même fonction de l’équilibre existant entre le taux de formation (carboxylation du pyruvate) et le taux d’utilisation pour les besoins de la néoglucogenèse. La cétogenèse et la néoglucogenèse sont des processus interdépendants. Cependant leur intensité respective dépend de l’apport au foie des substrats nécessaires à la néoglucogenèse .L’excès d’oxaloacétate permet à l’acétyl-CoA de s’engager dans la voie de synthèse de citrate (cycle de Krebs) et la cétogenèse diminue : le niveau d’activité de cycle de Krebs reste faible tant que persistent les conditions métaboliques favorables à la néoglucogenèse et à la cétogenèse (Fourniture d’ATP et de pouvoir réducteur par le catabolisme des acides gras). c) HMG CoA Synthase :+++ La transcription de HMG CoA synthase est stimulée par un régime riche en lipides, en cas de diabète et après injection de glucagon. Elle diminue rapidement après injection d’insuline. VII- le phénomène de la cétose au cours du jeûne et en cas de diabète sucré : (Objectif 5) Certains organes comme le cerveau, le muscle ou le foie diffèrent dans leur utilisation des molécules énergétiques pour satisfaire leur besoins en énergie. A) Adaptation métabolique lors d’un jeûne prolongé : Le jeûne cause la forme la plus simple de cétose et entraine une diminution des glucides disponibles. Pour le cerveau le glucose est l’unique source énergétique sauf pendant le jeûne. La concentration du glucose dans le cerveau dépend de la concentration du glucose dans le plasma. En cas de besoin (en glucose) les acides gras ne peuvent pas servir de source d’énergie pour le cerveau, car dans le plasma, ils sont liés à l’albumine et ne peuvent pas traverser la barrière hémato encéphalique. Ils ne peuvent non plus être transformés en glucose. Lors du jeûne, les corps cétoniques (acétoacétate et -hydroxybutyrate) fournis par le foie et véhiculés aisément dans le sang remplacent le glucose comme source d’énergie du cerveau. 1) Lors du premier jour de jeûne : les changements métaboliques sont semblables à ceux qui apparaissent après un jeûne d’une nuit. La faible concentration de glucose sanguin conduit à : Une diminution de la sécrétion d’insuline et ; Une augmentation de la sécrétion de glucagon. Les processus métaboliques dominants sont : La mobilisation des TG du tissu adipeux et ; La gluconéogenèse par le foie. Conséquences en cascades : Les concentrations de l’Acétyl-CoA et du citrate augmentent et ; La glycolyse s’arrête. La capture du glucose par le muscle est considérablement diminuée (faible taux d’insuline). - 17 - B 32 : Cétogenèse Les AG pénètrent librement. Par conséquent le muscle passe presque entièrement du glucose aux acides gras pour satisfaire ses besoins énergétiques. 2) Après environ 3 jours de jeûne : de grandes quantités de corps cétoniques sont formés par le foie et libérés dans le sang (le cycle d’acide citrique est incapable d’oxyder toutes les unités acétyle engendrées par la dégradation des AG et la gluconéogenèse épuise le stock d’OAA). A ce moment, le cerveau commence à consommer des quantités appréciables d’acétoacétate à la place du glucose (un tiers environ des besoins énergétiques du cerveau est assuré par les corps cétoniques). 3) Après plusieurs semaines de jeûne : les CC deviennent la source énergétique essentielle du cerveau. Mais si la production de ces substances dans le foie dépasse l’utilisation de ces corps en dehors du foie, on aboutit à une augmentation de leur concentration dans le plasma (cétonémie) avec déplacement du pH du plasma (cétoacidose pKa=4), et éventuellement de leur excrétion dans les urines (cétonurie). Cétonurie et cétoacidose peuvent conduire rapidement à des anomalies électrolytiques et à une perte de conscience et constituent donc un danger de mort. B) Adaptation métabolique lors d’un diabète : Le diabète est une maladie métabolique qui dérive d’une carence complète ou relative en insuline. 1-Conséquences d’une carence en insuline : L’absence de cette hormone peptidique a, avant tout, une influence sur le métabolisme des sucres et des lipides. Normalement ces deux métabolismes sont influencés par cette hormone. L’insuline : Stimule par induction la synthèse de novo du glycogène synthétase. Bloque par répression la synthèse d’enzymes clefs de la néoglucogenèse. Stimule la synthèse d’acide gras à partir du glucose en activant l’acétyle-CoAcarboxylase et par une mobilisation accrue de NADPH + H+. et inhibe la dégradation des acides gras. - 18 - B 32 : Cétogenèse En cas de carence en insuline, ces effets sont altérés, et on aboutit lors d’un diabète à des perturbations majeures : Augmentation de la glycémie. Dans le muscle et le tissu adipeux, le transport et l’utilisation du glucose sont perturbés (la pénétration du glucose dans les cellules est diminuée). Dans le foie, l’utilisation du glucose est altérée. La glycolyse est inhibée. La néoglucogenèse est augmentée, par une protéolyse accrue de la masse musculaire. - 19 - B 32 : Cétogenèse Si la capacité de réabsorption rénale de glucose est dépassée (9 mM) on observe une élimination de glucose dans l’urine (glycosurie) qui s’accompagne par une soif. Dégradation accrue des graisses, en acides gras et hyperlipidémie. Pénétration faciles des acides gras dans la matrice mitochondriale (CAT I très active). Dégradation accrue des acides gras en acétyl-CoA (xydation). Conversion des acétyles CoA en corps cétoniques. Si la concentration des corps cétoniques dans le sang est élevée, on observe une acidose métabolique sévère. Une caractéristique frappante du diabète est le déplacement, dans le métabolisme énergétique, des glucides vers les lipides ; le glucose, plus abondant que jamais n’entre pas dans la cellule. Ouvrages consultés : 1- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Sousse. 2- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Sfax. 3- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Tunis. 4- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Monastir. - 20 -
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