CELEBRATION DU 500e ANNIVERSAIRE DE LA MORT D’ANNE DE BRETAGNE CHATEAU DU CLOS LUCE, Amboise Anne de Bretagne au Château du Clos Lucé ( 1492 - 1498 ) Charles VIII acquiert le 2 juillet 1490 pour 3 500 écus d’or le « Manoir du Cloux » situé à cinq cent mètres du Château Royal d’Amboise. Aujourd’hui appelé le Château du Clos Lucé, le manoir devient domaine royal. Fort amoureux de sa jeune épouse Anne de Bretagne, Charles VIII transforme pour la reine le Cloux en castel de plaisance. En cette aimable retraite, le roi de France se repose de ses charges de souverain. Charles VIII embellit la demeure dans le style flamboyant au retour de sa première campagne d’Italie. Le parc est alors entouré d’une haie verdoyante, de vergers, de vignes et d’une petite rivière appelée l’Amasse. De beaux et grands arbres surplombent le toit de la bâtisse, permettant ainsi une agréable température lors des fortes chaleurs. Anne de Bretagne accompagnée de ses Dames et du Dauphin CharlesOrland, empruntent la descente des Chatelliers de l’ancienne poterne, dite Porte des Lions, pour se rendre du Château Royal d’Amboise au Château du Clos Lucé. Le roi, nous dit Commines, a fait poser une rustique rampe de bois, « un maintien main, afin que Monseigneur le Dauphin et autres du chastel allassent plus aisément du dit chastel au Cloux ». Anne de Bretagne, gravure, XIXème siècle Collection privée Château du Clos Lucé En 1492, Charles VIII fait construire et offre à sa jeune et pieuse épouse un oratoire en gage d’amour conjugal. Anne de Bretagne venait prier et méditer dans ce lieu sacré. Un doux refuge loin de la clameur de la cour d’Amboise face aux malheurs qui l’affligent. Son livre d’heure entre les mains, « elle venait pleurer les plus douloureuses larmes que femme puisse verser » selon Commines. En effet, Anne de Bretagne porte le deuil de ses cinq enfants morts en bas âge, dont Charles-Orland, le dauphin ( 1492 - 1495 ) emporté à trois ans et demi par une épidémie de rougeole au Château royal d’Amboise. 1 En 1498, après la mort de Charles VIII, Anne de B r e t a gne épouse Louis XII son successeur, et quitte alors son lieu de villégiature jugé trop éloigné du château royal de Blois, siège du nouveau roi de France. 1. Philippe de Commines ( 1447 - 1511 ) Homme politique, chroniqueur officiel de la cour de France et mémorialiste flamand. Détails de la façade extérieure de l’Oratoire d’Anne de Bretagne. Anne de Bretagne et Charles VIII 1492, Château du Clos Lucé , Amboise L’Oratoire d’Anne de Bretagne, « une chambre pour Dieu » En 1492, Charles VIII fait construire pour sa jeune épouse Anne de Bretagne un oratoire en pierre de tuffeau immaculée dans la cour du Château, une « chambre pour Dieu », véritable joyau d’architecture gothique. Au dessus de la porte de cette élégante chapelle sont sculptées dans la pierre les armes du royaume de France, et du duché de Bretagne que le mariage d’ Anne de Bretagne avec Charles VIII a réuni au royaume. Anne de Bretagne vient souvent y méditer, son livre d’heures entre les mains. A l’intérieur de la chapelle, les fleurs de lys royales alternent avec les hermines de Bretagne autour de la clé de voûte portant les armes de France décorées du collier de Saint Michel, ordre de chevalerie fondé par Louis XI, rappelant l’affectation royale de la demeure. Sous une voûte romane à nervures peinte en bleu d’azur constellée d’un semis d’étoiles d’or, quatre fresques restaurées, sont attribuées aux élèves de Léonard de Vinci sous sa direction. Elles représentent l’Annonciation, l’Assomption, le Jugement dernier, et une Vierge de lumière, « Virgo lucis » qui donna probablement son nom au Château du « Clos Lucé ». Oratoire Anne de Bretagne, Chapelle gothique fin XVe siècle Parvis du Château du Clos Lucé, Amboise Oratoire d’Anne de Bretagne, (détail) Porte gothique en pierres de tuffeau finement sculptées surmontée des armes de France et de Bretagne Anne de Bretagne en prières « Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne » Manuscrit Jean-Bourdichon 1503 - 1508 L’Annonciation Attribuée aux élèves de Léonard de Vinci, XVIe siècle Oratoire Anne de Bretagne, Château du Clos Lucé, Amboise Médaille d’Anne de Bretagne réalisée en 1500 d’après un dessin de Jean Pérréal à l’occasion de son voyage royal à Lyon. Fonte ancienne au plomb. Buste de la reine sur un semi de fleurs de lys et d’hermines. Collection privée, Château du Clos Lucé Oratoire Anne de Bretagne. Anne de Bretagne ( 1477 - 1514 ) - Histoire et biographie Anne de Bretagne est née à Nantes le 25 janvier 1477. Fille de François II Duc de Bretagne et de Marguerite de Foix, elle grandit à Nantes au Château des Ducs de Bretagne. Orpheline de mère à neuf ans puis de père à onze ans, Anne se trouve confrontée aux troubles de la succession. Anne a hérité des emblèmes bretons: l’Hermine et la cordelière nouée avec une forme particulière. Elle fait également usage de la lettre «A» couronnée de la devise « Je ne changerai pas ». Son éducation, tournée vers les lettres et les arts, fut confiée à Françoise de Dinan. Son maître d’hôtel et poète Jean Meschinot lui 2 enseigne la danse, le chant et la musique. Elle apprend le français et le breton, le latin et le grec. Miniature, Jean Bourdichon XVIe siècle, Ecole-nationale-supérieure des Beaux-Arts Paris Anne de Bretagne possède sa propre bibliothèque. Plus d’une cinquantaine d’ouvrages ornent ses étagères, chose peu commune à l’époque où les ouvrages sont rares et très couteux. On y retrouve des livres sur la religion, l’histoire, la morale… La reine commandera à l’enlumineur officiel de la cour royale le tourangeau Jean Bourdichon, élève de Jean Fouquet, « Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne », l’un des plus beaux manuscrits conservés en France. 2. Françoise de Dinan ou Françoise de Châteaubriant ( 1436 - 1500 ) distinguée par sa grande richesse, son savoir et ses les a été choisie par François II comme gouvernante pour ses deux filles Anne et Isabelle. 3. Le Traité du Vergé stipule que François II ne pourra marier sa fille sans le consentement du Roi de France. qualités naturel- Pendant toute son enfance, le riche duché de Bretagne est convoité par le roi Louis XI (1423-1483) pour le royaume de France. Pour protéger le duché et son héritière, François II entreprend de signer un traité d’alliance avec Edouard IV d’Angleterre qui unirait son fils, le prince de Galles, à Anne de Bretagne. Mais cette alliance ne verra jamais le jour. Pour échapper à l’assujettissement du royaume de France et éviter la guerre, après la mort de François II, Anne doit se marier. Parmi ses sept prétendants, ses conseillers choisissent Maximilien 1er, duc d’Autriche et héritier de l’Empire. En février 1489, Anne de Bretagne est couronnée Duchesse à Rennes à l’âge de onze ans puis épouse par procuration Maximilien 1er le 19 décembre 1490 . La France considère ce mariage comme une violation du Traité du Vergé en introduisant un ennemi du roi de France en Bretagne. Héritier du trône, Charles VIII (1470 -1498) assiège Rennes pour qu’Anne de3 Bretagne consente à l’épouser et par conséquent, l’inciter à renoncer à son alliance avec Maximilien Ier. Anne accède à la requête de Charles VIII pour le bien de son peuple et éviter la guerre. Le 6 décembre 1491, le mariage est déclaré nul et Anne de Bretagne épouse Charles VIII au Château de Langeais. Ce mariage marque la fin de l’indépendance de la Bretagne. Anne, sacrée reine de France à l’âge de quatorze ans s’installe à la Cour royale d’Amboise le 8 février 1492. De cette union, naissent cinq enfants tous morts en bas âge. En 1498, devenue veuve à la suite de la mort accidentelle de Charles VIII, elle épouse Louis XII son successeur en 1499 à Nantes, devenant ainsi la seule femme à avoir été deux fois sacrée Reine de France. Ce mariage donne naissance à huit enfants dont deux seuls survécurent, Claude de France, qui épouse François 1er moins de cinq mois après la mort d’Anne de Bretagne, et Renée de France qui deviendra Duchesse d’Este. Anne de Bretagne meurt au Château royal de Blois le 9 janvier 1514 à Charles VIII ( 1470 - 1498 ) Ecole française XVIe, Chantilly, Musée Condé Le Dauphin Charles-Orland ( 1492 - 1495 ) Jean Hey, 1494, Paris Musée du Louvre l’âge de 37 ans inconsolable des morts successives de ses nombreux enfants et sans avoir revu son petit oratoire. Elle est inhumée à Saint-Denis. Son cœur est disposé dans le tombeau de son père à Nantes. Le Clos Lucé reste dans le domaine de la couronne, et François 1er invite Léonard de Vinci à y résider de l’automne 1516 au 2 mai 1519 date de sa mort. Louis XII ( 1462 - 1515 ) Jean Perréal 1514, Collections royales Windsor Les funérailles d’Anne de Bretagne ( 1477 - 1514 ) Privilège réservé aux personnes de sang royal, Anne de Bretagne souhaite que son cœur soit séparé de son corps lors de ses funérailles. Son cœur est placé dans un reliquaire en or et conservé au couvent des Carmes de Nantes où se trouve le mausolée des ducs et duchesse de Bretagne. Dans la période révolutionnaire, le reliquaire en or disparait pour être fondu. Finalement, il est restitué à Nantes en 1819. Le reliquaire a été exécuté par un orfèvre anonyme de la cour du Château royal de Blois. Il est articulé par une charnière et surmonté d’une couronne de lys et de trèfles. Les inscriptions relatent la gloire d’Anne de Bretagne. Depuis 1896, il est conservé au musée Dobrée de Nantes. Miniature, Funérailles d’Anne de Bretagne Chapelle ardente en l’église des Chartreux de Nantes, vers 1515 Paris, BNFfr.5094 folio51V Reliquaire en Or du Cœur d’Anne de Bretagne, 1514 Nantes, Musée Dobrée La dépouille d’Anne de Bretagne fit l’objet de plusieurs sépultures et finalement inhumée dans la basilique et nécropole royale de Saint-Denis le 16 février 1514. Lors de ses funérailles, les derniers honneurs rendus à Anne de Bretagne durèrent trente sept jours correspondant à son âge. D’un faste inédit, ils servirent de modèle aux cérémonies funéraires des rois et reines de France pendant un siècle. Sa sépulture est confiée aux frères Giusti, artistes Italiens de renom. De tradition gothique, on retrouve le dais à arcades du petit temple à l’antique, le tempietto. La reine Anne de Bretagne et le roi Louis XII sont disposés en orants sur la terrasse supérieure. Les quatre vertus cardinales, la prudence, la tempérance, la force, la justice, ornent les angles du mausolée. Tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne Basilique Saint-Denis Anne de Bretagne et les arts Femme accomplie par la danse, le chant, la musique, la broderie et la peinture, fervente mécène, Anne de Bretagne encourage les lettres et les arts. Architecture, arts décoratifs, art des jardins, peinture… Le XVe siècle et le XVIe siècle, sont très marqués par les évolutions artistiques. Orfèvres, brodeurs, fourreurs, peintres et tailleurs travaillent sur les commandes les plus prestigieuses. Allégorie de la musique, début XVe Ms.fr.143,fol.65 Bnf, Paris La musique se développe grâce à la création de l’imprimerie musicale. Elle représente le prolongement et la rupture avec le Moyen Age, instrumentale ou vocale, cet art est très présent à la Cour. Anne de Bretagne recrute à prix d’or les plus belles voix. En 1510 à Chartres, elle demande qu’on lui cède un enfant de chœur en échange d’une cloche de 3 000 livres. Lors des déplacements royaux, des entrées solennelles, des cérémonies religieuses, des repas ou bien pour un simple moment récréatif, Anne de Bretagne est entourée de musiciens et chanteurs. Anne de Bretagne rencontre Jean Bourdichon (1457,1521) peintre, enlumineur et miniaturiste officiel de la cour de France. Il réalise pour elle nombres d’ouvrages luxueux dont le livre d’heure « les grandes heures de la reine Anne de Bretagne » en 1503 - 1508. Tableau du mois d’avril Enluminure des « Grandes Heures d’Anne de Bretagne » Jean Bourdichon 1503 - 1508 La Cène, vers 1495 - 1497, Léonard de Vinci, Santa Maria Delle Grazie, mur nord du réfectoire du couvent, Milan Les techniques de la fresque XVe et XVIe siècle A la Renaissance, deux techniques sont utilisées pour peindre une fresque. La première, consiste à appliquer des pigments naturels dilués à l’eau sur une paroi enduite d’un mortier frais. Au moment du séchage, le mortier absorbe les couleurs et fixe ainsi la peinture sur le mur. La seconde technique, la tempera consiste à broyer les couleurs, puis à les délayer au moment de peindre avec de la colle de peau tiède ou de la gomme. Elle demande une surface régulière. Le mur est recouvert d’un enduit de plâtre4 encollé d’une à plusieurs couches de colle bouillante. La surface une fois poncée, est prête à recevoir les couleurs. Ces créations picturales nécessite une rapidité d’exécution, entre le temps de pose de la couleur et le temps de séchage du support. Léonard de Vinci utilise la tempera pour réaliser la fresque de la Cène sur un des murs du réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie à Milan de 1494 à 1498. 4. La Colle de peau: colle contenant de la peau d’animaux : porc ou lapin, utilisée comme liant dans la peinture à la colle. « La musique à la cour d’Anne de Bretagne » Denis Raisin Dadre, Directeur artistique de Doulce Mémoire Anne de Bretagne avait reçu comme tous les aristocrates de son temps une éducation soignée. On connaît son rôle de protectrice auprès des poètes Lemaire de Belges et Jean Marot, des peintres Jean Bourdichon et Jean Perréal mais elle entretenait aussi la compagnie des enfants sans souci une association qui jouait devant elle farces et moralités, et montrait un vif intérêt pour la musique. Dans le cadre privé et intime, Anne de Bretagne entretient des musiciens pour la musique dite de chambre. Des luthistes, joueurs de rebec, et joueurs d’épinette. Son organiste Jacques Loriguière avait été nommé Valet de Chambre, ce qui était une marque honorifique. Cette équipe, à laquelle se joignaient des chanteurs sera à l’origine de l’institution la Chambre du Roi sous François 1er.Si l’on veut connaître le répertoire joué à la cour d’Anne de Bretagne, il faut interroger les manuscrits contemporains. L’édition musicale n’apparaissant en France que sous le règne de François 1er avec le premier imprimeur en musique du roi, Pierre Attaingnant. Dans un manuscrit royal destiné à Anne de Bretagne (BNF, Ms.fr.2245) on retrouve les noms des compositeurs Johannes Prioris, Loyset Compère, Alexander Agricola, Johannes Ockeghem qui représentent la génération du XVème siècle qui écrivent des chansons à trois voix sur des poésies à forme fixe: rondeaux et ballades. Dans le Chansonnier Pixerécourt (Ms.fr.15123), une autre source essentielle, pointe un nouveau genre appelé aujourd’hui la chanson rustique car composée sur des mélodies qui seraient d’origine populaire comme le fameux L’amour de moi, Je suis Robert le beau Robert et Je suis d’Allemagne. Dans le cadre religieux, Anne de Bretagne, entre- Kyrie of the Misser Virco Parens Christi Partition pour cinq voix, Jacques Barbireau, XVe, Vatican tient une Chapelle de musique dirigée par Johannes Prioris et dans laquelle se trouvent des musiciens fameux comme Antoine de Févin, Antonius Divitis, Jean Mouton, Claudin de Sermisy. Les récentes recherches tendent à prouver le rôle essentiel d’Anne de Bretagne dans le développement de la musique à la cour de France ayant pu entretenir grâce aux revenus de son duché de Bretagne, des formations musicales distinctes des institutions royales,. A sa mort en janvier 1514, ses musiciens rejoindront la Chapelle royale de son époux Louis XII puis de François 1er, contribuant ainsi à son accroissement et participant à la politique de prestige voulue par le nouveau roi de France. Anges musiciens, Attribué aux élèves de Léonard de Vinci, XVIe siècle Oratoire d’Anne de Bretagne, Château du Clos Lucé, Amboise LE CHÂTEAU DU CLOS LUCE CELEBRE ANNE DE BRETAGNE DIMANCHE 28 SEPTEMBRE 2014 14H30, CONFÉRENCE « LES MUSIQUES À LA COUR D’ANNE DE BRETAGNE » Avec Denis Raisin Dadre, Directeur Artistique de Doulce Mémoire 15H30, Festival Européen de Musique Renaissance CONCERT « MUSIQUES POUR LA CHAMBRE D’ANNE DE BRETAGNE» Ensemble Doulce Mémoire A travers ses concerts et spectacles, Doulce Mémoire invite à découvrir les musiques que pouvaient écouter les grandes figures célèbres de la Renaissance, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Rabelais, François Ier... dont certains ont particulièrement marqué la Vallée de la Loire et ses célèbres Châteaux Renaissance. © Ensemble Doulce Mémoire Le programme proposé se concentre sur une forme qui s’impose à la Cour, la chanson rustique, cette mise en polyphonie de mélodies d’origine populaire. Doulce Mémoire interprétera ainsi des chansons de Févin, Agricola, Josquin Desprez et Compere Gascogne. Informations / Réservations CHÂTEAU DU CLOS LUCE 2 rue du Clos Lucé 37400 Amboise www.vinci-closluce.com Tél. +33 (0)2 47 57 55 78 [email protected] Doulce Mémoire est porté par la Région Centre. Doulce Mémoire est aidé par le Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC du Centre, au titre de l’aide aux ensembles conventionnés. Doulce Mémoire est soutenu par le Conseil Général d’Indre-et-Loire, l’Institut Français - Ministère des Affaires étrangères et la Ville de Tours. Doulce Mémoire est membre de la FEVIS et du Profedim.
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