LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 23 PME DÉCRYPTAGE L’innovation en fer de lance de l’export. p.25 MANAGEMENT RH, un marché de l’emploi très contrasté. p.28-29 INTERVIEW Amal Cherif Haouat, Directrice du cabinet Attitudes Conseil. L’ANPME en élève modèle… ou presque ● Les programmes de soutien gouvernementaux aux PME n’ont pas toujours bénéficié de la confiance des patrons d’entreprise. Pour y remédier, l’approche de l’Agence nationale pour la promotion de la PME fait primer la transparence et l’efficacité. p.22 p.30 LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 24 Actualité BILLET Houda Sikaoui [email protected] Vases communicants L es programmes d’appui aux PME n’auront décidément pas encore atteint la côte qu’ils espéraient avoir à leur lancement. Bien que leurs initiatives soient louées, les résultats attendus peinent à monter en gamme et surtout en effectivité. Sur ce point, les attentes du patronat sont claires. Un allègement des procédures, une communication plus transparente et plus agressive seraient les bienvenus pour un tissu entrepreneurial stratégique pour l’économie nationale. Un nombre de 79 PME accompagnées par l’ANPME en l’espace d’une année reste une maigre moisson au regard des objectifs que se fixent aujourd’hui de nombreux secteurs, dont le développement repose en grande partie sur ses PME. Plus encore, en ces temps de conjoncture difficile, les organismes d’appui aux PME doivent redoubler d’efforts et ajuster leur stratégie de communication pour mieux répondre à des attentes pressantes. Nous pouvons noter auprès des opérateurs économiques un réel manque d’informations. Certains ignorent même l’existence de certains produits, leur fonctionnement et les modalités d’octroi ou de participation. Vous me direz que ceci est aussi le rôle des médias nationaux, principaux canaux d’information, mais sans vouloir jouer l’avocat du diable, l’information n’est aujourd’hui pas encore toujours accessible à 100% et un effort serait aussi à faire de ce côté, car au final la communication repose toujours sur un système de vases communicants. ● Un incubateur pour booster l’export vers les États-Unis CEED Maroc vient d’annoncer la création d’un incubateur d'exportation sur le marché des États-Unis en partenariat avec l’AMCHAM et USAID, baptisé «AmCham Morocco USA Export Lab». Ce projet a pour mission principale d’accompagner les entrepreneurs marocains pour pénétrer le marché américain, et par conséquent booster les exportations marocaines vers ce marché et promouvoir la culture d'innovation et de créativité nécessaires pour lui accéder. «Depuis juin 2013, CEED a travaillé étroitement avec plusieurs ONG marocaines qui œuvrent pour le développement de l’économie marocaine à travers le développement de l’entrepreneuriat. Suite à l’appel à projet, CEED a reçu 13 dossiers de candidatures. Les 2 meilleurs ont bénéficié d’un don de 200.000 dollars américains, accordés par CEED Global et financés par l’agence américaine USAID», explique Fatima Zahra Oukacha, directrice générale CEED Maroc. «La première ONG qui a bénéficié du don de CEED Global est l’AMCHAM Maroc pour son projet «AmCham Morocco-USA Export Lab». Le deuxième projet sera annoncé dans les semaines qui suivent», confie Fatima Zahra Oukacha. Une première, un logiciel de facturation disponible en arabe Deux jeunes entrepreneurs ont réussi à concevoir un logiciel qui permettra à la petite entreprise d’être plus productive en bénéficiant des avantages des nouvelles technologies, notamment le cloud computing ou l’informatique en nuage. Baptisé Aliphia, le programme a été lancé il y a à peine deux mois. Cette nouvelle application rend la saisie des devis, des paiements et des factures plus rapide et simple. Cependant, au-delà de ces considérations, le caractère innovant réside dans le fait que ce logiciel ne requiert pas de licence mais repose uniquement sur un système d’abonnement avec consommation à la demande. Pour la petite histoire, avant de se lancer dans cette aventure, les deux créateurs de la startup Sahih Business ont réalisé une étude de marché qui démontre qu’aucune application de facturation en ligne en langue arabe n’existait au niveau de la région du MoyenOrient et Afrique du Nord, et ce, malgré un besoin bien réel. Si le monde entrepreneurial est un monde 100% francophone sur le plan national, le Maroc est appelé, dans le cadre de ses relations économiques avec les pays arabes, à gérer sa facturation en langue arabe. Cet outil promet donc d’être très demandé par le tissu entrepreneurial national. Plus encore, un projet de création d’un logiciel de comptabilité dédié aux TPE/PME est également en gestation, apprend-ton auprès de la startup. 1,61 MMDH, c'est le montant de l'investissement réalisé par l'ANPME pour soutenir le développement de 79 PME retenues en 2013. La CCG se mobilise pour l’entrepreneuriat féminin La Caisse centrale de garantie (CCG) a organisé cette semaine, en partenariat avec l’Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM), un séminaire sous forme de rencontre autour du thème «Financer son entreprise : comment lever des fonds». Cet atelier de sensibilisation a connu la participation de la Banque Centrale Populaire qui a présenté son offre de financement en faveur des femmes chefs d’entreprises. Selon les organisateurs, cette rencontre d’information s’inscrit dans le cadre de la convention de partenariat conclue entre la CCG et l’AFEM en date du 8 mars 2013. Elle vise à faire connaître le rôle de la CCG dans l’appui au financement de l’entrepreneuriat féminin, à travers son offre de garantie et de cofinancement adaptée à chaque étape du cycle de vie de l’entreprise (création, développement, exploitation, restructuration …). Un zoom sera fait sur le produit «Ilayki», qui est une garantie préférentielle de 80% des crédits à la création d’entreprises promues exclusivement par des femmes, dont le montant ne dépasse pas 1MDH. Rekrute fête ses 8 ans ReKrute.com souffle sa 8e bougie cette année. À cette occasion, le site a réalisé une étude complète sur la place qu'occupent les portails emploi. Il en ressort principalement que le recrutement par le web, solution par excellence, demeure encore loin devant les réseaux sociaux et autres solutions de recrutement. D'ailleurs, Rekrute se revendique aujourd'hui leader incontesté du secteur du recrutement en ligne puisqu'il draine plus de 5.670 annonces sur les 10.500 annonces d’emploi ont été publiées sur l’année 2013, soit 70 % de part de marché en valeur, et surtout 83 personnes recrutées chaque jour sur ses pages. LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 25 Décryptage L’innovation en fer de lance de l’export ● Maroc export et Proximum group organisent, le 13 février à Casablanca, une rencontre B to B qui permet à plus de quarante PME marocaines d’échanger avec 1.200 donneurs d’ordre issus de 40 pays différents. Sur la forme, cet événement se décline sous forme de visio-conférence depuis Casablanca afin de mettre en exergue l’offre exportable innovante made in Morocco. M ettre les bouchées doubles pour promouvoir l’innovation dans l’offre exportable marocaine. C’est ce que proposent Maroc export et Proximum group, à travers un format novateur de rencontre B to B. Ce dernier adopte la forme d’une convention d’affaires et de l’innovation et a été baptisé «Innov Days». La manifestation se tiendra le 13 février à Casablanca et aura pour principal objectif d’aider les PME marocaines à «innover pour exporter plus». Pour Mohamed Ouzif, organisateur de l’évènement : «L’initiative est la résultante d’une évaluation faite de l’évolution de l’industrie nationale et par conséquent du Plan émergence». Plus encore, le responsable insiste sur le fait que «le Maroc ne dispose plus d’une industrie de sous-traitance et ses entreprises sont de plus en plus amenées à répondre à un marché étranger qui fait appel à des produits ou services innovants». Sur le terrain, ces constats devront êtres pris en compte par les quarante PME participantes, qui seront mises en relation avec des donneurs d’ordre européens, asiatiques et américains par visio-conférence». Il s’agit, plus concrètement, d’une plateforme de rencontres privilégiées, qui offre aux entreprises marocaines la possibilité d’entrer en contact avec des centaines de participants étrangers opérant dans différents secteurs d’activité. Ces rendez-vous visent à donner aux entreprises marocaines l’opportunité de se positionner sur des marchés porteurs et d'identifier de nouvelles niches à forte valeur ajoutée, de se faire référencer par des donneurs d'ordre dans les domaines des technologies avancées, de favoriser l’internationalisation de leurs activités et de développer des partenariats technologiques commerciaux. Cette manifestation sera jumelée à Techinnov, un événement organisé en même temps à ParisOrly par Proximum Group, en partenariat avec les principaux acteurs de la Région de l’Essonne. Techinnov, le plus grand évènement dédié à l’innovation, regroupe trois conventions en parallèle : Business, R&D et Financement. Il offre l’opportunité aux opérateurs locaux de rencontrer leurs homologues européens en visio-conférences. Au total, ce sont plus de 1.200 entreprises issues de plus de 40 pays qui participent à une manifestation marquée côté marocain par un défi principal, celui d’innover pour booster leur niveau d’exportation et participer à l’éclosion d’une économie à forte valeur ajoutée. Une stratégie à déterminer Le défi de l’innovation interpelle également les pouvoirs publics, les pôles et clusters technologiques, les organismes financiers d’appui aux PME. À titre indicatif, les orga- ●●● Le défi de l’innovation interpelle les pouvoirs publics, les pôles et clusters économiques ainsi que les organismes financiers d’appui aux PME. nisateurs annoncent la participation de clusters, ainsi que d’universités marocaines telles que l’Université Hassan II ou encore l’Université de Settat, qui sont, rappelons-le, appelées à conjuguer en permanence leurs efforts pour qu’à terme, le Maroc puisse «développer une base technologique solide, à même de doper ses exportations et par là, remédier au déficit de sa balance commerciale». Cette approche concerne différents secteurs, pour ne citer que l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, la mécatronique, la technologie d’information, les biotechnologies ou encore les énergies renouvelables. Sur ces créneaux, la dynamique marocaine n’est plus à démontrer. Cette semaine, une étude concernant la santé du secteur à l’international, publiée par l’Office des changes nous apprend que le Maroc améliore sa position concurrentielle sur le marché mondial de l'automobile, en s'accaparant une part de marché de 0,23% en 2012, dépassant celles de la Tunisie et de l'Égypte. En adoptant une démarche plus innovante, le pays et par conséquent des opérateurs ont de fortes chances de maintenir cette dynamique, pour améliorer le niveau des exportations, d’autant plus que le contexte et le marché ● s’y prêtent. LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 26 L’analyse de la semaine L’ANPME en élève modèle… ou presque Saad Hamoumi, président de la comission PME à la CGEM ● Les programmes de soutien gouvernementaux aux PME n'ont pas toujours bénéficié de la confiance des patrons d'entreprises. Pour y remédier, l'approche de l'Agence nationale pour la promotion de la PME fait primer la transparence et l'efficacité. Les ÉCO : Quelle évaluation faites-vous des différents programmes d'appui gouvernementaux destinés aux PME ? Saad Hamoumi : Ces programmes sont pléthoriques et variés, mais il restent néanmoins insuffisants du point de vue de leur impact sur les TPE et PME. Le manque d'informations ressort souvent comme une des carences relevées par les patrons des TPE et PME marocaines, et cela malgré les efforts importants et louables déployés par les acteurs qui accompagnent les TPE et PME marocaines. Il s'agit donc d'encourager davantage les dispositifs destinés à promouvoir la TPME marocaine en mobilisant plus de moyens matériels et humains et en renforçant les structures d'appuis aux TPME, notamment l'ANPME et la CCG. production, 17 projets concernent la construction et l’aménagement de sites de production, 13 projets visent la modernisation de l’outil de production et 14 projets contribuent au renforcement des exportations». À travers une cartographie sectorielle, les 79 entreprises retenues relèvent des différents secteursclés de l’économie nationale avec en tête trois secteurs bénéficiaires que sont l’agroalimentaire, les bâtiments et travaux publics et la plasturgie. ● Jusque-là l’action de l’ANPME semble gagner en efficacité, seulement, la répartition régionale de son activité dégage des déséquilibres criants entre les différentes régions. D écriés, jugés insuffisants et non porteurs de valeur ajoutée, les programmes de soutien gouvernementaux en faveur des PME n’ont pas toujours eu la côte ou plus justement la confiance des chefs d’entreprise. Pourtant, ces dernières années, l’Agence nationale pour la promotion de la PME, principal bras armé du ministère de tutelle s’érige en modèle… ou presque. En effet, celle-ci semble de plus en plus miser sur la transparence et l’efficacité. C’est du moins ce qui peut être retenu des résultats de ses programmes communiqués régulièrement, lesquels donnent une visibilité sur son action en faveur des PME. Le programme Imtiaz, qui propose une contribution financière de l’État, non remboursable, au profit des meilleurs projets de développement, totalise pour l’année 2013 la participation de 106 entreprises ayant présenté des projets de développement, à travers les différentes banques du pays, pour un investissement global de 3,74 MMDH. De ces différents dossiers déposés, plus de 79 ont été retenus et ceci pour un investissement global de 1,61 MMDH. Au-delà des résultats immédiats, l’agence annonce déjà le CA additionnel qui devrait être généré grâce aux différentes actions menées. Ces derniers devraient effectivement générer, sur la période 2013-2018, un chiffre d’affaires additionnel de 19.6 MMDH, une valeur ajoutée supplémentaire de 6.2 MMDH et la création de 5.634 nouveaux emplois. De plus, le montant global de la prime Imtiaz s’élève à près de 266.5 MDH. Dans une approche plus précise du type d’actions menées, l’ANPME précise que «52 projets des 79 retenus au titre de l’année 2013 portent sur l’augmentation de la capacité de «Approche régionale, peut mieux faire» Dans le détail des retombées de ces actions au profit des PME, les responsables de l’ANPME précisent que les «174 projets retenus s’inscrivent dans une stratégie de substitution aux importations, dont 85 contribueront au renforcement des exportations et à la diversification des marchés, notamment vers les pays africains, tandis que17 projets portent sur la construction et l’aménagement de sites de production». Cependant, si jusque-là l’action de l’ANPME semble gagner en efficacité, la répartition régionale de son activité dégage des déséquilibres criants entre les différentes régions. La prépondérance des entreprises de la région du Grand-Casablanca, au nombre de 38, laisse entendre un réel besoin d’améliorer le travail de l’agence, notamment en termes de communication. La grande métropole devance de loin la région de Rabat-Salé-ZemmourZaër avec 11 entreprises, la région du Souss-Massa-Drâa avec 8 PME, des Doukkala-Abda avec 5 structures accompagnées, contre une pour Laâyoune. ● Q/R ●●● À lui seul, le programme Imtiaz totalise, pour l’année 2013, la participation de 106 entreprises pour un investissement global de 3,74 MMDH. Que faut-il améliorer ? La faiblesse généralement relevée partout au Maroc réside dans le réel besoin d'amélioration de la communication et de simplification des dispositifs destinés aux TPME. L'autre élément souvent décrié est celui de la «cacophonie» entre les instances d'appui, notamment au niveau régional. Un dispositif type «guichet unique» reste encore à développer. Qu'en est-il de l'Observatoire de la PME prévu pour 2014 ? Le projet de l'Observatoire de la TPME marocaine est en bonne voie. L'année 2013 a permis d'en faire l'amorce en mettant en place un comité de pilotage composé de tous les acteurs nationaux publics et privés, et de finaliser une étude de terrain validant l'état des lieux. Cette année 2014 sera l'année de la mise en place de l'instance de pilotage de l'observatoire et celle du lancement opérationnel, avec des livrables avant la fin ● de cette année. LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 28 Management & RH EN PARTENARIAT AVEC Emploi RH, un marché de l’emploi très contrasté ● Une analyse croisée entre les dernières statistiques du HCP et celle de ReKrute dénote un marché du travail en perte de vitesse. La conjoncture actuelle aura eu raison de certains secteurs comme le BTP et met en relief la résilience d'autres comme les services. L'industrie peine à augmenter significativement ses besoins en ressources humaines. CLASSEMENT DES SECTEURS QUI RECRUTENT (2013) 1.200 1.000 800 SOURCE :REKRUTE 600 400 200 114.000 postes ont été créés entre 2012 et 2013 dont 88.000 en milieu rural. Electro-mécanique/ Mécanique Chimie/Parachimie/ Peintures Agriculture/ Environement Transport/ Messagerie/ Logistique Tourisme/ Voyage/ Loisirs Aéronautique/ Spatial Pétrole/ Gaz Import/ Export/ Négoce Recrutement/ Intérim Energie inscrire au niveau national. Le taux de chômage a connu une légère hausse de 0,2 point, passant de 9% à 9,2%. Il concerne principalement les jeunes âgés de 15 à 24 ans, dont le taux de chômage est passé de 18,6% à 19,3%. Plus spécifiquement, en matière d’emploi, 90.000 postes d’emplois rémunérés ont été créés au cours de cette période. Une nouvelle tendance se manifeste également, le nombre d’emplois non rémunérés Assurance/ Courtage Offshoring/ Nearshoring Distribution Banque/ Finance Agroalimentaire Automobile/ Motos Cycles Informatique BTP/ Génie civil 0 Call center/ web Center L a situation du marché du travail n’est guère reluisante. Si le Haut-commissariat au plan annonce pour l’année 2013 des résultats pas très encourageants au regard de la situation socio-économique du pays, les entreprises spécialisées dans le recrutement ne sont pas en mesure de présenter des résultats meilleurs. Les statistiques, fournies cette semaine par ReKrute, un des leaders du recrutement sur le marché national, confirment les dernières conclusions du HCP. Dans le détail de sa note d’information, le Hautcommissariat au plan relève 114.000 postes d’emploi créés entre 2012 et 2013, soit 26.000 en milieu urbain et 88.000 en milieu rural. Ces nouveaux emplois ont principalement profité aux secteurs des services avec 101.000 postes, de l’agriculture, forêt et pêche avec 58.000, largement devant l’industrie, y compris l'artisanat avec 5.000. Le secteur des BTP continue sa descente fulgurante en totalisant une perte de plus de 500 emplois. Ceci a eu un impact direct sur le volume du chômage, qui a vu 43.000 personnes s’y Situation contrastée Il est aujourd’hui clair qu’il ne fait pas bon d’être spécialisé dans le BTP et en recherche d’emploi. Le secteur qui était jusque-là un des principaux secteurs créateurs d’emplois au cours des dernières années, avec plus de 55.000 emplois en moyenne annuelle durant la période 2008-2011 a, depuis 2012, entamé une dégringolade qui se traduit aujourd’hui par une perte de 21.000 emplois en 2012 et de 50.000 en 2013. Il est également à noter que selon l’analyse du HCP, les pertes d’emplois enregistrées en 2013 correspon- enregistre une hausse de 3.000 postes en zones urbaines, soit 24.000 postes créés pour l’année 2013. En adoptant une approche analystique, ces emplois sans rémunération seraient la résultante d’une conjoncture économique qui continue vraisemblablement de plomber le niveau des recrutements opérés par le secteur privé, dont le principal secteur touché reste, comme noté plus haut le bâtiment et les travaux publics. L’intérim en recul Selon les statistiques communiquées par ReKrute, le top 10 des secteurs les plus actifs en 2013 n’a pas trop évolué par rapport à 2012. On retrouve les mêmes secteurs, avec un classement légèrement modifié. Les calls centers représentent toujours le secteur le plus actif avec 19% des annonces diffusées en 2013, malgré une baisse significative (21% en 2012). L’informatique (10%) se place en seconde position au détriment du secteur des BTP, qui a perdu une place (de 8 à 6% en 2013). Le secteur automobile se maintient en 4e position (5% en 2013). Les secteurs de l’agroalimentaire (6 à 5% en 2013), la Banque/Finance et la distribution (de 6 à 4% en 2013) conservent leur place dans le top 10 des secteurs les plus prisés, malgré une légère baisse. Enfin, le secteur du recrutement et de l’intérim est celui qui a enregistré la plus forte baisse, il a été relégué de la 10e à la 16e place (passant de 4 à 2% en 2013). dent à une baisse de 4,8% du volume d'emplois dans ce secteur. En revanche, tous les autres secteurs ont vu leur volume sensiblement augmenter. En tête, les services ont la côte avec 101.000 emplois supplémentaires, soit une augmentation de 2,4% du volume d’emplois du secteur contre une création moyenne annuelle de 85.000 postes au cours de la période 2009-2012. L’industrie, un des principaux secteurs sur lesquels l’économie nationale mise aujourd’hui peine encore à réellement opérer un décollage avec 5.000 postes d’emploi créés, soit une légère augmentation de 0,4%, contre une baisse moyenne annuelle de 25.000 entre 2009-2012. Tous ces résultats dénotent globalement une dynamique du marché de l’emploi en 2013 qui n’a pas réellement évolué depuis l’année précédente, ce qui traduit une conjoncture économique encore pesante sur le niveau de chômage et par conséquent des recrutements ● sectoriels. LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 29 Management & RH EN PARTENARIAT AVEC Les métiers qui ne chôment pas 16.000 5.000 -9.000 1.000 3.000 AUTOMOBILE : La fonction de prédilection est encore ici le commercial (25,57%), bien qu’en 2012, il n’ait représenté que 16,42%, puis viennent celles de la production/qualité/maintenance pur 23,28% (avec 30,45% en 2012) et 8,40% dans les RH (contre 9,25) SOURCE : HCP 58.000 0 -1.000 -11.000 -53.000 -50.000 BTP Services chuté à 7,93% cette année. INDUSTRIES : Les industries recherchent des commerciaux pour 20,31% (18,47% en 2012), puis viennent les fonctions production/qualité/maintenance pour 19,69% (contre 18,18%), la gestion/comptabilité pour 11,56% (10,80% en 2012). A noter que des postes de direction ont été recherchés pour 4,69% et des fonctions RH pour 4,06%. La fonction supply chain a baissé de 5,97% à 3,44%. AGROALIMENTAIRE : Les fonctions commerciales arrivent en tête avec 24,35%, connaissant une véritable envolée par rapport à l’an dernier où elles étaient 15,23%, puis les fonctions production/qualité/ mainte- Activités mal désignées RÉPARTITION SECTORIELLE DES PME BÉNÉFICIAIRES EN 2013 Technologie de l’information 1% Automobiles 1% Pharmacie et cosmétiques 2% Chimie et parachimie 3% Autres 1% Agroalimentaires 15% Bâtiments et Travaux Publics 9% Autres se cteu industriels rs 5% Textile et habillement 6% Plasturgie 8% et ues s riq nique t c Éle ectro % 6 Él Commerces et Services 7% nance pour 16,97%, subissant, elles, une baisse (20,53%), ensuite viennent celles de la logis- SOURCE : ANPME Industrie Métallurgies et Mécaniques 7% Agriculture, forêt et pêche 2% BTP/GÉNIE CIVIL : En tête de liste, caracolent les fonctions travaux/chantiers (22,66%), puis 20,11% pour les commerciaux, 11,90% pour les métiers financiers (gestion/comptabilité/finance), et 6,52% pour la production/maintenance. Les évolutions dans ce secteur sont assez mineures sauf pour la gestion de projet qui représentait 10,18% en 2012 et a 67.000 100.000 101.000 ■ Urbain ■ Rural ■ National e sm uri To INFORMATIQUE : En premier lieu, viennent les métiers directement liés à ce secteur tels que les développeurs, les programmeurs pour 58,33%, connaissant une hausse très importante depuis l’an dernier où ils atteignaient 36,87%, puis des fonctions commerciales pour 10,33% et la gestion de projet pour 6,34%, en chute libre, par rapport à 2012 où la proportion était d’un tiers des postes proposés. tique/transports (10,33%), quasiment inexistantes en 2012 et le marketing pour 9,59% (baisse de 2 points). CRÉATIONS NETTES D’EMPLOIS PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ET MILIEU DE RÉSIDENCE Au tre chi s ind mi ust 6% ques ries CALL CENTER/WEB CENTER : Les fonctions les plus recherchées par les calls centers sont les métiers liés à l’opérationnel (téléopérateurs, superviseurs) à hauteur de 79% contre 73% en 2012. A noter qu’en 2013, les fonctions commerciales représentaient 20% des recherches, alors qu’elles sont tombées à 7,34% cette année. Puis loin derrière, viennent les métiers financiers pour 3,92%. BANQUE/FINANCE : Les métiers de la banque viennent en tête avec 23,39%, 16,51% gestion/comptabilité, 11,47% les fonctions de l’informatique et 9,17% dans les ressources humaines. Il est à noter que 7,80% des fonctions recherchées dans ce secteur sont celles du call center. Les fonctions commerciales, quant à elles, chutent quasiment de moitié passant de 13,44% à 7,34%. DISTRIBUTION : C’est un des secteurs qui «consomme» le plus de commerciaux avec 39,53%, puis vient la gestion/comptabilité pour 14,42% et le marketing pour 8,84%. Ce secteur connaît peu de changements, à part le marketing qui ● prend 2 points cette année. LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014 30 Interview AMAL CHERIF HAOUAT Directrice du cabinet Attitudes Conseil La culture d’entreprise, ça s’apprend ● Parmi les contraintes liées à l’entreprenariat au Maroc, les formateurs citent le déficit de la culture entreprenariale. Des cabinets spécialisés proposent des solutions à ces défaillances. Les ÉCO : Vous venez de signer un partenariat avec l'IFC du groupe Banque mondiale. Comment se décline l’accompagnement des jeunes à la création et à la gestion de leur propre entreprise dans ce cadre ? Amal Cherif Haouat : Pour l’accompagnement des jeunes à la création et à la gestion de leur propre entreprise, Attitudes Conseil possède son propre programme. Le système de formation Business Edge (TM) vient enrichir son approche et sa démarche. Notre modèle met l’accent sur la nécessité de prendre en compte les différents types de créateurs d’entreprise, classés en fonction de leur propension à assumer le risque et l’incertitude, s’agissant de leur comportement, du motif qui les anime, à savoir la nécessité ou l'opportunité. Quant à la démarche, elle embrasse toutes les facettes du projet d’entreprise : le dirigeant, la structure souhaitée ou requise, l’environnement externe de l’entreprise. Notre accompagnement est conçu selon un cycle rôdé et expérimenté avec plus de 400 TPE et PME. Deux modes d’accompagnement sont opérés : l’accompagnement individuel et l’accompagnement groupé. Ces accompagnements seront traduits par des actions d’assis- tance technique et de réseautage. Un accompagnement individuel est également prévu. Il s’agit d’actions d’appui et d’accompagnement qui réalisées par des experts formés sur le système et les outils de formation inspirés de Business Edge (TM), couvrent les domaines du marketing, de la gestion des opérations, de la gouvernance. Avez-vous prévu un accompagnement groupé ? Oui, en effet, il se fait sous forme d’ateliers. Ces ateliers se concentrent sur la consolidation des bonnes pratiques dans des situations spécifiques à travers l'action ou la pratique. Cette méthode utilise le travail en groupe pour encourager le processus d'apprentissage et de développement des compétences. Durant chaque séance d’assistance technique en groupe, après une vision générale des problématiques abordées, chaque participant travaille sur son cas concret et élabore une solution précise sur la base de solutions discutées par le groupe. Ces solutions se concentrent sur l'amélioration des performances de chaque entreprise individuelle. Le processus d'assistance est ainsi accéléré, en faisant ce qui doit être fait au niveau de chaque entreprise, en partageant des connaissances et en construi- sant sur les expériences et expertises des uns et des autres. Aujourd’hui de nombreux jeunes porteurs de projets émettent de réels besoins en matière de coaching. Votre cabinet intègre-t-il cette dimension ? Parmi les contraintes identifiées et reconnues par les concepteurs de programmes de formation à l’entrepreneuriat au Maroc, on cite assez souvent le déficit de la culture entrepreneuriale qui est lié en partie à son absence dans le système scolaire et universitaire, l’inefficacité et le manque de qualité dans l’enseignement. Ce déficit bloque bien entendu le développement personnel et entrepreneurial des jeunes en quête d’auto-emploi. Il s’agit ici de travailler avec les jeunes en s’inspirant du module du Business Edge (TM) et notamment celui portant sur «la productivité personnelle», qui couvre entre autres problématiques la gestion du changement, la délégation efficace, la maîtrise de la gestion du temps ou encore la communication. Il est à rappeler par ailleurs que les besoins des PME existantes et établies seront pourvus et comblés par le programme Business Edge (TM). Quel est le déroulé de la formation des jeunes ? La formation aussi bien dans le cadre du Business Edge (TM) ou des programmes d’Attitudes Conseil dépend du diagnostic des besoins identifiés, qui doivent répondre de manière précise aux attentes et au profil des bénéficiaires. La formation pour l’employabilité des jeunes est axée sur les aspects comportementaux et professionnels directement liés aux opportunités d'emploi et aux possibilités d’insertions professionnelles réussies. Cela passe par la maîtrise également des compétences de base dans l’entreprise.● Carte de visite Fondé en 2003, Attitudes Conseil est spécialisé dans le conseil, la formation et l’ingénierie. La société emploie 75 consultants free lance et coopère étroitement avec 11 experts permanents et 7 bureaux d'études. Attitudes Conseil intervient auprès d’entreprises privées et publiques, d'institutions internationales, d'associations professionnelles et d'ONG. Il y a quelques semaines, Attitudes Conseil a signé avec l'IFC un partenariat pour le développement de l’entrepreneuriat et de l’employabilité des jeunes au Maroc.
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