Pme - LesEco.ma

LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014
23
PME
DÉCRYPTAGE
L’innovation en fer de lance
de l’export.
p.25
MANAGEMENT
RH, un marché de l’emploi très
contrasté.
p.28-29
INTERVIEW
Amal Cherif Haouat,
Directrice du cabinet
Attitudes Conseil.
L’ANPME
en élève modèle…
ou presque
● Les programmes de soutien gouvernementaux
aux PME n’ont pas toujours bénéficié de la confiance
des patrons d’entreprise. Pour y remédier, l’approche
de l’Agence nationale pour la promotion de la PME
fait primer la transparence et l’efficacité.
p.22
p.30
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Actualité
BILLET
Houda Sikaoui
[email protected]
Vases
communicants
L
es programmes d’appui
aux PME n’auront décidément pas encore atteint la côte qu’ils espéraient avoir à leur lancement.
Bien que leurs initiatives soient
louées, les résultats attendus
peinent à monter en gamme et
surtout en effectivité. Sur ce
point, les attentes du patronat
sont claires. Un allègement des
procédures, une communication plus transparente et plus
agressive seraient les bienvenus pour un tissu entrepreneurial stratégique pour l’économie
nationale. Un nombre de 79
PME accompagnées par
l’ANPME en l’espace d’une
année reste une maigre moisson au regard des objectifs que
se fixent aujourd’hui de nombreux secteurs, dont le développement repose en grande
partie sur ses PME. Plus encore,
en ces temps de conjoncture
difficile, les organismes d’appui
aux PME doivent redoubler
d’efforts et ajuster leur stratégie
de communication pour mieux
répondre à des attentes pressantes. Nous pouvons noter
auprès des opérateurs économiques un réel manque d’informations. Certains ignorent
même l’existence de certains
produits, leur fonctionnement
et les modalités d’octroi ou de
participation. Vous me direz
que ceci est aussi le rôle des
médias nationaux, principaux
canaux d’information, mais
sans vouloir jouer l’avocat du
diable, l’information n’est aujourd’hui pas encore toujours
accessible à 100% et un effort
serait aussi à faire de ce côté,
car au final la communication
repose toujours sur un système
de vases communicants. ●
Un incubateur pour booster
l’export vers les États-Unis
CEED Maroc vient d’annoncer la création d’un incubateur d'exportation sur le marché des États-Unis en partenariat avec l’AMCHAM et USAID, baptisé «AmCham Morocco USA Export Lab».
Ce projet a pour mission principale d’accompagner les entrepreneurs marocains pour pénétrer le marché américain, et par
conséquent booster les exportations marocaines vers ce marché et promouvoir la culture d'innovation et de créativité nécessaires pour lui accéder. «Depuis juin 2013, CEED a travaillé
étroitement avec plusieurs ONG marocaines qui œuvrent pour
le développement de l’économie marocaine à travers le développement de l’entrepreneuriat. Suite à l’appel à projet, CEED a
reçu 13 dossiers de candidatures. Les 2 meilleurs ont bénéficié
d’un don de 200.000 dollars américains, accordés par CEED
Global et financés par l’agence américaine USAID», explique Fatima Zahra Oukacha, directrice générale CEED Maroc. «La première ONG qui a bénéficié du don de CEED Global est l’AMCHAM Maroc pour son projet «AmCham Morocco-USA Export
Lab». Le deuxième projet sera annoncé dans les semaines qui
suivent», confie Fatima Zahra Oukacha.
Une première, un logiciel de
facturation disponible en arabe
Deux jeunes entrepreneurs ont réussi à concevoir un logiciel
qui permettra à la petite entreprise d’être plus productive en
bénéficiant des avantages des nouvelles technologies, notamment le cloud computing ou l’informatique en nuage.
Baptisé Aliphia, le programme a été lancé il y a à peine deux
mois. Cette nouvelle application rend la saisie des devis, des
paiements et des factures plus rapide et simple. Cependant,
au-delà de ces considérations, le caractère innovant réside
dans le fait que ce logiciel ne requiert pas de licence mais repose uniquement sur un système d’abonnement avec
consommation à la demande. Pour la petite histoire, avant
de se lancer dans cette aventure, les deux créateurs de la
startup Sahih Business ont réalisé une étude de marché qui
démontre qu’aucune application de facturation en ligne en
langue arabe n’existait au niveau de la région du MoyenOrient et Afrique du Nord, et ce, malgré un besoin bien réel.
Si le monde entrepreneurial est un monde 100% francophone sur le plan national, le Maroc est appelé, dans le cadre
de ses relations économiques avec les pays arabes, à gérer
sa facturation en langue arabe. Cet outil promet donc d’être
très demandé par le tissu entrepreneurial national. Plus encore, un projet de création d’un logiciel de comptabilité
dédié aux TPE/PME est également en gestation, apprend-ton auprès de la startup.
1,61 MMDH,
c'est le montant de l'investissement réalisé par l'ANPME pour
soutenir le développement
de 79 PME retenues en 2013.
La CCG se mobilise pour
l’entrepreneuriat féminin
La Caisse centrale de garantie (CCG) a organisé
cette semaine, en partenariat avec l’Association des
femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM), un
séminaire sous forme de rencontre autour du
thème «Financer son entreprise : comment lever
des fonds». Cet atelier de sensibilisation a connu la
participation de la Banque Centrale Populaire qui a
présenté son offre de financement en faveur des
femmes chefs d’entreprises. Selon les organisateurs, cette rencontre d’information s’inscrit dans le
cadre de la convention de partenariat conclue entre
la CCG et l’AFEM en date du 8 mars 2013. Elle vise à
faire connaître le rôle de la CCG dans l’appui au financement de l’entrepreneuriat féminin, à travers son
offre de garantie et de cofinancement adaptée à
chaque étape du cycle de vie de l’entreprise (création,
développement, exploitation, restructuration …). Un
zoom sera fait sur le produit «Ilayki», qui est une garantie préférentielle de 80% des crédits à la création
d’entreprises promues exclusivement par des
femmes, dont le montant ne dépasse pas 1MDH.
Rekrute fête ses 8 ans
ReKrute.com souffle sa 8e bougie cette année. À cette occasion, le site a réalisé une étude
complète sur la place qu'occupent les portails emploi. Il en ressort principalement que le
recrutement par le web, solution par excellence, demeure encore loin devant les réseaux
sociaux et autres solutions de recrutement. D'ailleurs, Rekrute se revendique aujourd'hui
leader incontesté du secteur du recrutement en ligne puisqu'il draine plus de 5.670 annonces sur les 10.500 annonces d’emploi ont été publiées sur l’année 2013, soit 70 % de
part de marché en valeur, et surtout 83 personnes recrutées chaque jour sur ses pages.
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Décryptage
L’innovation en fer de lance de l’export
● Maroc export et Proximum group organisent, le 13 février à Casablanca, une rencontre B to B qui permet à plus
de quarante PME marocaines d’échanger avec 1.200 donneurs d’ordre issus de 40 pays différents. Sur la forme,
cet événement se décline sous forme de visio-conférence depuis Casablanca afin de mettre en exergue l’offre exportable
innovante made in Morocco.
M
ettre les bouchées
doubles pour promouvoir l’innovation
dans l’offre exportable
marocaine. C’est ce que proposent
Maroc export et Proximum group,
à travers un format novateur de
rencontre B to B. Ce dernier adopte
la forme d’une convention d’affaires
et de l’innovation et a été baptisé
«Innov Days». La manifestation se
tiendra le 13 février à Casablanca et
aura pour principal objectif d’aider
les PME marocaines à «innover
pour exporter plus». Pour Mohamed Ouzif, organisateur de l’évènement : «L’initiative est la résultante
d’une évaluation faite de l’évolution
de l’industrie nationale et par conséquent du Plan émergence». Plus
encore, le responsable insiste sur le
fait que «le Maroc ne dispose plus
d’une industrie de sous-traitance et
ses entreprises sont de plus en plus
amenées à répondre à un marché
étranger qui fait appel à des produits ou services innovants». Sur le
terrain, ces constats devront êtres
pris en compte par les quarante
PME participantes, qui seront mises
en relation avec des donneurs d’ordre européens, asiatiques et américains par visio-conférence». Il
s’agit, plus concrètement, d’une
plateforme de rencontres privilégiées, qui offre aux entreprises marocaines la possibilité d’entrer en
contact avec des centaines de participants étrangers opérant dans
différents secteurs d’activité. Ces
rendez-vous visent à donner aux
entreprises marocaines l’opportunité de se positionner sur des marchés porteurs et d'identifier de nouvelles niches à forte valeur ajoutée,
de se faire référencer par des donneurs d'ordre dans les domaines
des technologies avancées, de favoriser l’internationalisation de leurs
activités et de développer des partenariats technologiques commerciaux. Cette manifestation sera jumelée à Techinnov, un événement
organisé en même temps à ParisOrly par Proximum Group, en partenariat avec les principaux acteurs
de la Région de l’Essonne. Techinnov, le plus grand évènement
dédié à l’innovation, regroupe trois
conventions en parallèle : Business,
R&D et Financement. Il offre l’opportunité aux opérateurs locaux de
rencontrer leurs homologues européens en visio-conférences. Au
total, ce sont plus de 1.200 entreprises issues de plus de 40 pays qui
participent à une manifestation
marquée côté marocain par un défi
principal, celui d’innover pour
booster leur niveau d’exportation et
participer à l’éclosion d’une économie à forte valeur ajoutée.
Une stratégie à déterminer
Le défi de l’innovation interpelle
également les pouvoirs publics, les
pôles et clusters technologiques,
les organismes financiers d’appui
aux PME. À titre indicatif, les orga-
●●●
Le défi de
l’innovation
interpelle
les pouvoirs
publics, les
pôles et
clusters
économiques
ainsi que
les organismes
financiers
d’appui aux
PME.
nisateurs annoncent la participation de clusters, ainsi que d’universités marocaines telles que l’Université Hassan II ou encore
l’Université de Settat, qui sont, rappelons-le, appelées à conjuguer en
permanence leurs efforts pour
qu’à terme, le Maroc puisse «développer une base technologique solide, à même de doper ses exportations et par là, remédier au déficit
de sa balance commerciale». Cette
approche concerne différents secteurs, pour ne citer que l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, la
mécatronique, la technologie d’information, les biotechnologies ou
encore les énergies renouvelables.
Sur ces créneaux, la dynamique
marocaine n’est plus à démontrer.
Cette semaine, une étude concernant la santé du secteur à l’international, publiée par l’Office des
changes nous apprend que le
Maroc améliore sa position concurrentielle sur le marché mondial de
l'automobile, en s'accaparant une
part de marché de 0,23% en 2012,
dépassant celles de la Tunisie et de
l'Égypte. En adoptant une démarche plus innovante, le pays et
par conséquent des opérateurs
ont de fortes chances de maintenir
cette dynamique, pour améliorer le
niveau des exportations, d’autant
plus que le contexte et le marché
●
s’y prêtent.
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L’analyse de la semaine
L’ANPME en élève modèle…
ou presque
Saad Hamoumi,
président de la comission PME
à la CGEM
● Les programmes de soutien gouvernementaux aux PME n'ont pas toujours
bénéficié de la confiance des patrons d'entreprises. Pour y remédier, l'approche
de l'Agence nationale pour la promotion de la PME fait primer la transparence
et l'efficacité.
Les ÉCO : Quelle évaluation
faites-vous des différents programmes d'appui gouvernementaux destinés aux PME ?
Saad Hamoumi : Ces programmes sont pléthoriques et variés, mais il restent néanmoins insuffisants du point de vue de leur
impact sur les TPE et PME. Le
manque d'informations ressort
souvent comme une des carences
relevées par les patrons des TPE et
PME marocaines, et cela malgré les
efforts importants et louables déployés par les acteurs qui accompagnent les TPE et PME marocaines. Il s'agit donc d'encourager
davantage les dispositifs destinés à
promouvoir la TPME marocaine en
mobilisant plus de moyens matériels et humains et en renforçant les
structures d'appuis aux TPME, notamment l'ANPME et la CCG.
production, 17 projets concernent la construction et l’aménagement de sites de production,
13 projets visent la modernisation de l’outil de production et 14
projets contribuent au renforcement des exportations». À travers une cartographie sectorielle, les 79 entreprises retenues
relèvent des différents secteursclés de l’économie nationale
avec en tête trois secteurs bénéficiaires que sont l’agroalimentaire, les bâtiments et travaux publics et la plasturgie.
● Jusque-là l’action de l’ANPME semble gagner en efficacité, seulement, la répartition régionale
de son activité dégage des déséquilibres criants entre les différentes régions.
D
écriés, jugés insuffisants et non porteurs
de valeur ajoutée, les
programmes de soutien gouvernementaux en faveur des PME n’ont pas toujours
eu la côte ou plus justement la
confiance des chefs d’entreprise. Pourtant, ces dernières
années, l’Agence nationale pour
la promotion de la PME, principal bras armé du ministère de
tutelle s’érige en modèle… ou
presque. En effet, celle-ci semble de plus en plus miser sur la
transparence et l’efficacité. C’est
du moins ce qui peut être retenu des résultats de ses programmes communiqués régulièrement, lesquels donnent une
visibilité sur son action en faveur
des PME. Le programme Imtiaz,
qui propose une contribution financière de l’État, non remboursable, au profit des meilleurs
projets de développement, totalise pour l’année 2013 la participation de 106 entreprises ayant
présenté des projets de développement, à travers les différentes banques du pays, pour
un investissement global de 3,74
MMDH. De ces différents dossiers déposés, plus de 79 ont
été retenus et ceci pour un investissement global de 1,61
MMDH. Au-delà des résultats
immédiats, l’agence annonce
déjà le CA additionnel qui devrait être généré grâce aux différentes actions menées. Ces
derniers devraient effectivement générer, sur la période
2013-2018, un chiffre d’affaires
additionnel de 19.6 MMDH, une
valeur ajoutée supplémentaire
de 6.2 MMDH et la création de
5.634 nouveaux emplois. De
plus, le montant global de la
prime Imtiaz s’élève à près de
266.5 MDH. Dans une approche
plus précise du type d’actions
menées, l’ANPME précise que
«52 projets des 79 retenus au
titre de l’année 2013 portent sur
l’augmentation de la capacité de
«Approche régionale,
peut mieux faire»
Dans le détail des retombées de
ces actions au profit des PME,
les responsables de l’ANPME
précisent que les «174 projets retenus s’inscrivent dans une stratégie de substitution aux importations, dont 85 contribueront
au renforcement des exportations et à la diversification des
marchés, notamment vers les
pays africains, tandis que17 projets portent sur la construction
et l’aménagement de sites de
production». Cependant, si
jusque-là l’action de l’ANPME
semble gagner en efficacité, la
répartition régionale de son activité dégage des déséquilibres
criants entre les différentes régions. La prépondérance des
entreprises de la région du
Grand-Casablanca, au nombre
de 38, laisse entendre un réel
besoin d’améliorer le travail de
l’agence, notamment en termes
de communication. La grande
métropole devance de loin la région de Rabat-Salé-ZemmourZaër avec 11 entreprises, la région du Souss-Massa-Drâa avec
8 PME, des Doukkala-Abda avec
5 structures accompagnées,
contre une pour Laâyoune. ●
Q/R
●●●
À lui seul,
le programme
Imtiaz totalise,
pour l’année
2013,
la participation
de 106
entreprises
pour un
investissement
global de
3,74 MMDH.
Que faut-il améliorer ?
La faiblesse généralement relevée
partout au Maroc réside dans le réel
besoin d'amélioration de la communication et de simplification des
dispositifs destinés aux TPME. L'autre élément souvent décrié est
celui de la «cacophonie» entre les
instances d'appui, notamment au
niveau régional. Un dispositif type
«guichet unique» reste encore à
développer.
Qu'en est-il de l'Observatoire
de la PME prévu pour 2014 ?
Le projet de l'Observatoire de la
TPME marocaine est en bonne
voie. L'année 2013 a permis d'en
faire l'amorce en mettant en place
un comité de pilotage composé
de tous les acteurs nationaux publics et privés, et de finaliser une
étude de terrain validant l'état des
lieux. Cette année 2014 sera l'année de la mise en place de l'instance de pilotage de l'observatoire
et celle du lancement opérationnel, avec des livrables avant la fin
●
de cette année.
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Management & RH
EN PARTENARIAT AVEC
Emploi
RH, un marché de l’emploi
très contrasté
● Une analyse croisée entre les dernières statistiques du HCP et celle de ReKrute dénote
un marché du travail en perte de vitesse. La conjoncture actuelle aura eu raison de certains
secteurs comme le BTP et met en relief la résilience d'autres comme les services. L'industrie
peine à augmenter significativement ses besoins en ressources humaines.
CLASSEMENT DES SECTEURS QUI RECRUTENT (2013)
1.200
1.000
800
SOURCE :REKRUTE
600
400
200
114.000 postes
ont été créés
entre 2012 et 2013
dont 88.000
en milieu rural.
Electro-mécanique/
Mécanique
Chimie/Parachimie/
Peintures
Agriculture/ Environement
Transport/ Messagerie/
Logistique
Tourisme/ Voyage/
Loisirs
Aéronautique/ Spatial
Pétrole/ Gaz
Import/ Export/
Négoce
Recrutement/ Intérim
Energie
inscrire au niveau national. Le
taux de chômage a connu une
légère hausse de 0,2 point, passant de 9% à 9,2%. Il concerne
principalement les jeunes âgés
de 15 à 24 ans, dont le taux de
chômage est passé de 18,6% à
19,3%. Plus spécifiquement, en
matière d’emploi, 90.000
postes d’emplois rémunérés ont
été créés au cours de cette période. Une nouvelle tendance se
manifeste également, le nombre d’emplois non rémunérés
Assurance/ Courtage
Offshoring/
Nearshoring
Distribution
Banque/ Finance
Agroalimentaire
Automobile/ Motos
Cycles
Informatique
BTP/ Génie civil
0
Call center/
web Center
L
a situation du marché du
travail n’est guère reluisante. Si le Haut-commissariat au plan annonce pour l’année 2013 des
résultats pas très encourageants au regard de la situation
socio-économique du pays, les
entreprises spécialisées dans le
recrutement ne sont pas en mesure de présenter des résultats
meilleurs. Les statistiques, fournies cette semaine par ReKrute,
un des leaders du recrutement
sur le marché national, confirment les dernières conclusions
du HCP. Dans le détail de sa
note d’information, le Hautcommissariat au plan relève
114.000 postes d’emploi créés
entre 2012 et 2013, soit 26.000
en milieu urbain et 88.000 en
milieu rural. Ces nouveaux emplois ont principalement profité
aux secteurs des services avec
101.000 postes, de l’agriculture,
forêt et pêche avec 58.000, largement devant l’industrie, y
compris l'artisanat avec 5.000.
Le secteur des BTP continue sa
descente fulgurante en totalisant une perte de plus de 500
emplois. Ceci a eu un impact direct sur le volume du chômage,
qui a vu 43.000 personnes s’y
Situation contrastée
Il est aujourd’hui clair qu’il ne fait
pas bon d’être spécialisé dans le
BTP et en recherche d’emploi.
Le secteur qui était jusque-là un
des principaux secteurs créateurs d’emplois au cours des
dernières années, avec plus de
55.000 emplois en moyenne
annuelle durant la période
2008-2011 a, depuis 2012, entamé une dégringolade qui se
traduit aujourd’hui par une perte
de 21.000 emplois en 2012 et de
50.000 en 2013. Il est également à noter que selon l’analyse
du HCP, les pertes d’emplois enregistrées en 2013 correspon-
enregistre une hausse de 3.000
postes en zones urbaines, soit
24.000 postes créés pour l’année 2013. En adoptant une approche analystique, ces emplois
sans rémunération seraient la
résultante d’une conjoncture
économique qui continue vraisemblablement de plomber le
niveau des recrutements opérés
par le secteur privé, dont le principal secteur touché reste,
comme noté plus haut le bâtiment et les travaux publics.
L’intérim en recul
Selon les statistiques communiquées par ReKrute, le top 10 des secteurs les plus actifs en 2013 n’a pas trop évolué
par rapport à 2012. On retrouve les mêmes secteurs, avec un classement légèrement modifié. Les calls centers représentent toujours le secteur le plus actif avec 19% des annonces diffusées en 2013, malgré une baisse significative
(21% en 2012). L’informatique (10%) se place en seconde position au détriment du secteur des BTP, qui a perdu une
place (de 8 à 6% en 2013). Le secteur automobile se maintient en 4e position (5% en 2013). Les secteurs de l’agroalimentaire (6 à 5% en 2013), la Banque/Finance et la distribution (de 6 à 4% en 2013) conservent leur place dans le
top 10 des secteurs les plus prisés, malgré une légère baisse. Enfin, le secteur du recrutement et de l’intérim est
celui qui a enregistré la plus forte baisse, il a été relégué de la 10e à la 16e place (passant de 4 à 2% en 2013).
dent à une baisse de 4,8% du
volume d'emplois dans ce secteur. En revanche, tous les autres secteurs ont vu leur volume
sensiblement augmenter. En
tête, les services ont la côte
avec 101.000 emplois supplémentaires, soit une augmentation de 2,4% du volume d’emplois du secteur contre une
création moyenne annuelle de
85.000 postes au cours de la
période 2009-2012. L’industrie,
un des principaux secteurs sur
lesquels l’économie nationale
mise aujourd’hui peine encore à
réellement opérer un décollage
avec 5.000 postes d’emploi
créés, soit une légère augmentation de 0,4%, contre une
baisse moyenne annuelle de
25.000 entre 2009-2012. Tous
ces résultats dénotent globalement une dynamique du marché de l’emploi en 2013 qui n’a
pas réellement évolué depuis
l’année précédente, ce qui traduit une conjoncture économique encore pesante sur le niveau de chômage et par
conséquent des recrutements
●
sectoriels.
LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014
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Management & RH
EN PARTENARIAT AVEC
Les métiers qui ne chôment pas
16.000
5.000
-9.000
1.000
3.000
AUTOMOBILE :
La fonction de prédilection est
encore ici le commercial (25,57%),
bien qu’en 2012, il n’ait représenté
que 16,42%, puis viennent celles
de la production/qualité/maintenance pur 23,28% (avec 30,45%
en 2012) et 8,40% dans les RH
(contre 9,25)
SOURCE : HCP
58.000
0
-1.000
-11.000
-53.000 -50.000
BTP
Services
chuté à 7,93% cette année.
INDUSTRIES :
Les industries recherchent des
commerciaux pour 20,31% (18,47%
en 2012), puis viennent les fonctions production/qualité/maintenance pour 19,69% (contre 18,18%),
la gestion/comptabilité pour 11,56%
(10,80% en 2012). A noter que des
postes de direction ont été recherchés pour 4,69% et des fonctions
RH pour 4,06%. La fonction supply
chain a baissé de 5,97% à 3,44%.
AGROALIMENTAIRE :
Les fonctions commerciales arrivent en tête avec 24,35%,
connaissant une véritable envolée par rapport à l’an dernier où
elles étaient 15,23%, puis les fonctions production/qualité/ mainte-
Activités mal désignées
RÉPARTITION SECTORIELLE DES PME
BÉNÉFICIAIRES EN 2013
Technologie
de l’information
1%
Automobiles
1%
Pharmacie
et cosmétiques
2%
Chimie
et parachimie
3%
Autres
1%
Agroalimentaires
15%
Bâtiments et
Travaux Publics
9%
Autres se
cteu
industriels rs
5%
Textile et
habillement
6%
Plasturgie
8%
et
ues s
riq nique
t
c
Éle ectro %
6
Él
Commerces
et Services
7%
nance pour 16,97%, subissant,
elles, une baisse (20,53%), ensuite viennent celles de la logis-
SOURCE : ANPME
Industrie
Métallurgies
et Mécaniques
7%
Agriculture, forêt
et pêche
2%
BTP/GÉNIE CIVIL :
En tête de liste, caracolent les fonctions travaux/chantiers (22,66%),
puis 20,11% pour les commerciaux,
11,90% pour les métiers financiers
(gestion/comptabilité/finance), et
6,52% pour la production/maintenance. Les évolutions dans ce
secteur sont assez mineures sauf
pour la gestion de projet qui représentait 10,18% en 2012 et a
67.000
100.000 101.000
■ Urbain
■ Rural
■ National
e
sm
uri
To
INFORMATIQUE :
En premier lieu, viennent les métiers directement liés à ce secteur
tels que les développeurs, les programmeurs pour 58,33%, connaissant une hausse très importante
depuis l’an dernier où ils atteignaient 36,87%, puis des fonctions
commerciales pour 10,33% et la
gestion de projet pour 6,34%, en
chute libre, par rapport à 2012 où la
proportion était d’un tiers des
postes proposés.
tique/transports (10,33%), quasiment inexistantes en 2012 et le
marketing pour 9,59% (baisse de
2 points).
CRÉATIONS NETTES D’EMPLOIS PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
ET MILIEU DE RÉSIDENCE
Au
tre
chi s ind
mi ust
6% ques ries
CALL CENTER/WEB CENTER :
Les fonctions les plus recherchées
par les calls centers sont les métiers
liés à l’opérationnel (téléopérateurs,
superviseurs) à hauteur de 79%
contre 73% en 2012. A noter qu’en
2013, les fonctions commerciales
représentaient
20% des recherches, alors qu’elles sont tombées à 7,34% cette année. Puis loin
derrière, viennent les métiers financiers pour 3,92%.
BANQUE/FINANCE :
Les métiers de la banque viennent en tête avec 23,39%, 16,51%
gestion/comptabilité, 11,47% les
fonctions de l’informatique et
9,17% dans les ressources humaines. Il est à noter que 7,80%
des fonctions recherchées dans
ce secteur sont celles du call center. Les fonctions commerciales,
quant à elles, chutent quasiment
de moitié passant de 13,44% à
7,34%.
DISTRIBUTION :
C’est un des secteurs qui
«consomme» le plus de commerciaux avec 39,53%, puis vient la
gestion/comptabilité pour 14,42%
et le marketing pour 8,84%. Ce
secteur connaît peu de changements, à part le marketing qui
●
prend 2 points cette année.
LES ÉCO PME - JEUDI 6 FÉVRIER 2014
30
Interview
AMAL
CHERIF HAOUAT
Directrice du cabinet Attitudes Conseil
La culture d’entreprise,
ça s’apprend
● Parmi les contraintes liées à l’entreprenariat au Maroc,
les formateurs citent le déficit de la culture entreprenariale.
Des cabinets spécialisés proposent des solutions à ces défaillances.
Les ÉCO : Vous venez de signer un partenariat avec l'IFC
du groupe Banque mondiale.
Comment se décline l’accompagnement des jeunes à la
création et à la gestion de leur
propre entreprise dans ce
cadre ?
Amal Cherif Haouat : Pour l’accompagnement des jeunes à la
création et à la gestion de leur
propre entreprise, Attitudes
Conseil possède son propre programme. Le système de formation Business Edge (TM) vient
enrichir son approche et sa démarche. Notre modèle met l’accent sur la nécessité de prendre
en compte les différents types
de créateurs d’entreprise, classés en fonction de leur propension à assumer le risque et l’incertitude, s’agissant de leur
comportement, du motif qui les
anime, à savoir la nécessité ou
l'opportunité. Quant à la démarche, elle embrasse toutes les
facettes du projet d’entreprise :
le dirigeant, la structure souhaitée ou requise, l’environnement
externe de l’entreprise. Notre accompagnement est conçu
selon un cycle rôdé et expérimenté avec plus de 400 TPE et
PME. Deux modes d’accompagnement sont opérés : l’accompagnement individuel et l’accompagnement groupé. Ces
accompagnements seront traduits par des actions d’assis-
tance technique et de réseautage. Un accompagnement individuel est également prévu. Il
s’agit d’actions d’appui et d’accompagnement qui réalisées
par des experts formés sur le
système et les outils de formation inspirés de Business Edge
(TM), couvrent les domaines du
marketing, de la gestion des
opérations, de la gouvernance.
Avez-vous prévu un accompagnement groupé ?
Oui, en effet, il se fait sous forme
d’ateliers. Ces ateliers se
concentrent sur la consolidation
des bonnes pratiques dans des
situations spécifiques à travers
l'action ou la pratique. Cette méthode utilise le travail en groupe
pour encourager le processus
d'apprentissage et de développement des compétences. Durant chaque séance d’assistance
technique en groupe, après une
vision générale des problématiques abordées, chaque participant travaille sur son cas concret
et élabore une solution précise
sur la base de solutions discutées par le groupe. Ces solutions
se concentrent sur l'amélioration
des performances de chaque
entreprise individuelle. Le processus d'assistance est ainsi accéléré, en faisant ce qui doit être
fait au niveau de chaque entreprise, en partageant des
connaissances et en construi-
sant sur les expériences et expertises des uns et des autres.
Aujourd’hui de nombreux
jeunes porteurs de projets
émettent de réels besoins
en matière de coaching.
Votre cabinet intègre-t-il cette
dimension ?
Parmi les contraintes identifiées et
reconnues par les concepteurs
de programmes de formation à
l’entrepreneuriat au Maroc, on cite
assez souvent le déficit de la culture entrepreneuriale qui est lié en
partie à son absence dans le système scolaire et universitaire,
l’inefficacité et le manque de qualité dans l’enseignement. Ce déficit bloque bien entendu le développement
personnel
et
entrepreneurial des jeunes en
quête d’auto-emploi. Il s’agit ici de
travailler avec les jeunes en s’inspirant du module du Business
Edge (TM) et notamment celui
portant sur «la productivité personnelle», qui couvre entre autres
problématiques la gestion du
changement, la délégation efficace, la maîtrise de la gestion du
temps ou encore la communication. Il est à rappeler par ailleurs
que les besoins des PME existantes et établies seront pourvus
et comblés par le programme Business Edge (TM).
Quel est le déroulé de
la formation des jeunes ?
La formation aussi bien dans le
cadre du Business Edge (TM) ou
des programmes d’Attitudes
Conseil dépend du diagnostic
des besoins identifiés, qui doivent
répondre de manière précise aux
attentes et au profil des bénéficiaires. La formation pour l’employabilité des jeunes est axée sur
les aspects comportementaux et
professionnels directement liés
aux opportunités d'emploi et aux
possibilités d’insertions professionnelles réussies. Cela passe par la
maîtrise également des compétences de base dans l’entreprise.●
Carte de visite
Fondé en 2003, Attitudes Conseil est spécialisé dans le conseil, la formation et
l’ingénierie. La société emploie 75 consultants free lance et coopère étroitement
avec 11 experts permanents et 7 bureaux d'études. Attitudes Conseil intervient
auprès d’entreprises privées et publiques, d'institutions internationales, d'associations professionnelles et d'ONG. Il y a quelques semaines, Attitudes Conseil a
signé avec l'IFC un partenariat pour le développement de l’entrepreneuriat et de
l’employabilité des jeunes au Maroc.