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Nouveautés
Le double treuil
est apprécié des
entrepreneurs
forestiers recherchant
un certain débit
de chantier.
Uniforest
L’arbre remonté
à la force du treuil
Dans les régions montagneuses, utiliser un treuil reste
la meilleure solution pour débarder des bois. Cette technique,
toutefois, demande de la part des bûcherons une bonne dose de
savoir-faire pour travailler efficacement et en toute sécurité.
Le constructeur slovène Uniforest a contribué à faire progresser
la technologie de ces outils.
Par Bernard Serpantié
L
’histoire d’Uniforest a démarré
en 1992 lorsque son fondateur,
Drago Pintar, s’est lancé dans
la fabrication de matériels forestiers dans sa ferme de Petrovce, en
Slovénie. Dans ce petit pays alpin
couvert de forêts et coincé entre
l’Autriche, la Hongrie, l’Italie et la
Croatie, les agriculteurs locaux se
partagent entre la conduite de leurs
houblonnières, les élevages laitiers et
l’exploitation forestière. Ils utilisent
donc couramment des treuils pour
dégager des troncs dans les pentes de
leurs montagnes. En travaillant pour
les forestiers locaux, puis aussi, très
rapidement en plaçant ses produits
sur les marchés internationaux, face
notamment à la concurrence allemande ou autrichienne, Uniforest
a pu très vite faire progresser sa
Matériel Agricole - N° 198 - Avril 2014
Pour accompagner la croissance de la demande
en treuils, Uniforest a récemment déménagé sa
production dans de nouveaux bâtiments. Un libreservice propose divers outillages et accessoires
forestiers à la clientèle rurale locale.
gamme et développer son entreprise.
Pour désarmer les arguments de ses
rivaux, le constructeur a délibérément
misé sur une certaine qualité de
fabrication et a choisi de s’appro-
visionner en composants auprès de
spécialistes germaniques. Il utilise,
par exemple, des distributeurs hydrauliques Hawe, des roulements Fag ou
des transmissions Walterscheid. Il a
fait appel à un designer pour soigner
la présentation de ses treuils. Ils ont
ainsi gagné l’intégration de généreuses
Le réducteur à renvoi d’angle fait partie
des pièces maîtresses des treuils.
Uniforest utilise des boîtiers à pignons
d’attaque sur les plus petits… et des
boîtiers à vis sans fin sur couronne
pour entraîner les treuils de plus de
80 kN. La rotation du tambour du
treuil est déclenchée par un embrayage
sec multidisque.
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Nouveautés
Uniforest propose aussi des treuils fixes pour tracteurs
spécialement aménagés. Il travaille en partenariat avec
une entreprise locale spécialisée dans la préparation de
tracteurs forestiers.
Le dérouleur hydraulique facilite le travail
d’accrochage des câbles au tronc.
poches dans le tablier permettant d’y
loger des chaînes de débardage. En
production, après le passage par le
robot de soudure, ils sont traités par
sablage et phosphatation, puis peints
par électrophorèse. Cette stratégie de
production a permis à l’entreprise de se
développer rapidement. Aujourd’hui,
avec ses 45 salariés organisés en deux
équipes, elle fabrique 60 à 80 treuils
par jour, réalise un chiffre d’affaires de
12 millions d’euros par an et exporte
65 % de sa production. L’Allemagne
et l’Autriche voisine comptent parmi
ses principaux clients. Uniforest
s’est également développé en France
auprès d’un réseau de concessionnaires animé par Alfred Fuchs, le
représentant des tracteurs Lindner.
La gamme est très complète. Elle
démarre avec des treuils de 30 kN,
c’est-à-dire capable de hisser jusqu’à
3 tonnes à la verticale et pouvant être
attelés à des tracteurs compacts d’une
trentaine de chevaux. Elle continue
avec des modèles de 45 à 85 kN, plus
particulièrement dimensionnés pour
les tracteurs quatre cylindres utilisés
en polyculture-élevage. Elle se termine avec des matériels dédiés aux
professionnels de la forêt, des doubles
treuils de 85 kN ou des modèles
simples jusqu’à 120 kN de capacité.
Une radio pour
commander le treuil
Les niveaux d’équipement et de performance des treuils forestiers sont en
fait aussi divers que les utilisateurs.
Ceux-ci se recrutent aussi bien auprès
d’éleveurs amenés à utiliser le matériel de manière occasionnelle que
chez des bûcherons indépendants
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Des logements sur le tablier reçoivent les chaînes d’accrochage
et les outils du bûcheron : tronçonneuse, cognée, sapie.
En supprimant toute liaison filaire,
la commande radio du treuil à
la ceinture permet au bûcheron
d’évoluer en toute sécurité sur la
zone d’abattage.
ou des entrepreneurs forestiers. Si
les matériels les plus simples, par
exemple à commande mécanique de
l’embrayage, peuvent contenter les
premiers, ceux-ci se laissent de plus
en plus tenter par les outils un peu plus
sophistiqués exigés par les seconds.
« Au-dessus de 60 kN, les acheteurs 
choisissent systématiquement des 
engins à commande électrohydrau-
lique et 70 % de notre production 
comportent désormais un dérouleur 
hydraulique de câble », confirme
Borut Beltram, le responsable export
d’Uniforest. Ces deux caractéristiques
ont, en effet, grandement contribué
à améliorer le confort d’utilisation,
voire la sécurité de l’opérateur. Les
commandes électrohydrauliques
permettent de se passer de la tirette
d’embrayage. Celui-ci est commandé
par un vérin hydraulique déclenché
à distance grâce à une console de
commande. Ce terminal est, dans la
majorité des cas, connecté au treuil
par une liaison filaire. Mais, de plus
en plus, les utilisateurs préfèrent la
solution de la radiocommande. Ainsi,
ils ont toute liberté dans leurs mouvements. Ils ne risquent pas d’accrocher
le fil et peuvent se placer au mieux
en dehors de la zone de danger du
câble sous tension. Le dérouleur
hydraulique, pour sa part, est un
accessoire intéressant pour soulager
le bûcheron lorsqu’il part accrocher
le câble à un tronc. À l’enroulement,
l’effet de freinage du dispositif facilite
le bobinage régulier du câble sur son
tambour et donc en limite l’usure.
Débardage au treuil : une affaire de stratégie
Observation du terrain, anticipation des mouvements,
actions vives et précises : débarder des bois au treuil
est tout un art. La première étape, une fois les arbres
abattus, consiste à bien placer le tracteur au bout
d’une trajectoire dégagée, si possible dans la plus forte
pente. Il doit trouver une plateforme stable pour ancrer
solidement la bêche du treuil. Le bûcheron part alors
accrocher le câble au tronc. Le terrain est forcément
difficile, souvent friable, éventuellement glissant, de toute
façon risqué. Les robustes chaussures de sécurité, les
vêtements anticoupures et un casque de protection
ne sont pas du luxe. La remontée de l’arbre n’a rien de
simple. L’opérateur joue sans arrêt avec la commande
de l’embrayage du treuil pour le hisser mètre par
mètre. À tout moment, le bois peut se coincer dans
une souche, une pierre ou un autre arbre. Il faut alors
redonner du mou, éventuellement dégager le terrain
à la tronçonneuse… Le bûcheron ne dévie jamais son
attention du câble. Les ruptures sont fréquentes. Il veille
à surveiller en permanence sa tension, à se placer en
sécurité à une distance respectueuse et en dehors de
la trajectoire éventuelle de chute de l’arbre. La dureté
du travail et les risques qui lui sont associés rendent
les utilisateurs exigeants sur la qualité de leur matériel.
Matériel Agricole - N° 198 - Avril 2014