Aspects philosophiques du langage mathématique utilisé pour décrire la nature Organiser la complexité du système du monde grâce à de « bons » langages Jacques Printz, Professeur au Cnam ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 1 Les langages de la « philosophie naturelle » aujourd’hui Le langage géométrique Le langage des nombres Aspects dénombrement et de la mesure des grandeurs Aspects métriques Le langage des formes continues et de leur dynamique Le langage des formes discrètes ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 2 A.Grothendieck, Récoltes & Semailles p48 Traditionnellement on distingue trois types de « qualité » ou d’ « aspects » des choses de l’Univers qui soient l’objet de la réflexion mathématique : ce sont le nombre, la grandeur, et la forme. On peut aussi les appeler l’aspect « arithmétique », l’aspect « métrique » (ou analytique), et l’aspect « géométrique » des choses. … La structure d’une chose n’est nullement une chose que nous puissions "inventer". Nous pouvons seulement la mettre à jour patiemment, humblement en faire connaissance, la "découvrir". S’il y a inventivité dans ce travail, et s’il nous arrive de faire oeuvre de forgeron ou d’infatigable bâtisseur, ce n’est nullement pour "façonner", ou pour "bâtir", des "structures". Celles-ci ne nous ont nullement attendues pour être, et pour être exactement ce qu’elles sont ! Mais c’est pour exprimer, le plus fidèlement que nous le pouvons, ces choses que nous sommes en train de découvrir et de sonder, et cette structure réticente à se livrer, que nous essayons à tâtons, et par un langage encore balbutiant peut-être, à cerner. Ainsi sommes-nous amenés à constamment "inventer" le langage apte à exprimer de plus en plus finement la structure intime de la chose mathématique, et à "construire" à l’aide de ce langage, au fur et à mesure et de toutes pièces, les "théories" qui sont censées rendre compte de ce qui a été appréhendé et vu. Il y a là un mouvement de va-et-vient continuel, ininterrompu, entre l’appréhension des choses, et l’expression de ce qui est appréhendé, par un langage qui s’affine et se re-crée au fil du travail, sous la constante pression du besoin immédiat. Récoltes & semailles, Alexander Grothendieck, 1983-86, jamais publié, disponible sur Internet. Voir également Notes sur l’histoire et la philosophie des mathématiques, IV ; communications de P.Cartier et A.Herreman, IHES, Novembre 2000. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 3 L’étrange comportement de la lumières LASER Quel langage pour décrire cet étrange phénomène ? ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 4 Mise en perspective Depuis l’aube de la culture occidentale, avec Pythagore, Thalès, Euclide, Archimède, … les mathématiques sont le seul domaine de connaissance qui n’a jamais cesser de se perfectionner Le théorème de Pythagore a traversé les siècle … Elles naissent quelque part entre l’Égypte et la Mésopotamie dont il reste qq. traces Il y a une mathématique chinoise [et Indienne, et …] mais qui n’est en rien comparable avec ce que l’occident à construit, alors que la technique chinoise a été largement supérieure, jusqu’au 18ème siècle, avec une inversion au 19ème siècle Voir Science and civilisation in China, Editeur Joseph Needham Avec la science moderne, elle est la seule invention occidentale véritablement universelle [avec le judéochristianisme] Les mathématiques sont partout les mêmes, indépendamment des cultures locales ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 5 Pour les fondateurs d’écoles que furent Pythagore, Platon, Aristote, … elles sont au cœur de tout savoir philosophique, c’est-à-dire de la recherche d’une certaine sagesse pour vivre ou survivre dans le monde violent où l’activité humaine se déploie La Grèce et l’Empire romain sont des sociétés esclavagistes !!! Cet idéal survivra à la chute de l’Empire Romain, pour se réincarner dans la chrétienté médiévale, sous la formes des Arts Libéraux, transmis par Augustin d’Hippone, Boèce, … [5ème-6ème siècles] Tous les hommes sont égaux, aux yeux du « Dieu créateur » !!! Jusqu’au 18ème siècle, il est inconcevable pour un « philosophe » de ne pas connaître le langage mathématique, même s’il n’est pas un mathématicien professionnel comme Pascal ou Descartes Kant était imprégné par les Principia Mathematica de Newton, comme beaucoup de ses contemporains Elles sont un standard d’objectivité car totalement neutres, atemporelles, et vraiment universelles ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 6 Héritage → Les arts libéraux Classiquement 7, parfois 8 avec la médecine, organisés en 2 volets le trivium, qui regroupait les disciplines littéraires : • • • la grammaire ; la rhétorique ; la dialectique ( incluait la logique d’Aristote). le quadrivium, qui regroupait les disciplines scientifiques d’alors : • l’arithmétique ; • la musique ; • l’astronomie ; • la géométrie. Leur maîtrise était jugée indispensable avant de s’attaquer à la philosophie, puis la théologie. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 7 Le programme complet, en bas reliefs, sur nos cathédrales … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 8 Building cathedrals … using geometric knowledge + Experiments Notre dame, Paris, 1163-1250, La rosace sud fait 13m de diamètre Firenze, the Dom, Brunelleschi (1463) During the middle-age, stone-cutters, carpenters, ... invent a geometrical technique to draw blueprints, that is the ancestor of « géométrie descriptive » created by Gaspard Monge [1746-1818] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 9 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 10 Une fascination pour la logique et la géométrie Lorsqu’ils découvrent Aristote, les Maîtres du Moyen-âge sont comme fascinés par sa logique et son mode d’exposition • Après la « physique », la métaphysique … [terme non utilisé par Aristote] • La raisonnement du 1er moteur « immobile » [qui anticipe de façon fascinante le "More is different” …] Et aussi par Euclide • Une fois les postulats fixés, le reste en découle mécaniquement, et pour eux, les cathédrales en sont une preuve existentielle ; seuls, les postulatum et le plan d’assemblage [intégration]sont à discuter « Nous sommes comme des nains montés sur les épaules de géants ; nous voyons plus loin qu’eux ; et les formes de leur pensée, que la vétusté avait dévitalisées, nous les revivons par une certaine nouveauté de leur contenu ». Maître Bernard de Chartres, rapporté par Jean de Salisbury dans son Metalogicon. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 11 Organiser la complexité de la nature /1 Pour appréhender la complexité et espérer l’organiser pour la comprendre et s’en servir, il faut commencer par la décrire C’est, de mon point de vue, la « ligne de partage des eaux » entre les deux cultures [NB : Européenne et Chinoise] Monde quantitatif qui nécessite des abandons et des conventions pour agir collectivement avec rigueur → Ockham, Newton : « Hypothese non fingo » ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Monde qualitatif qui reste flou et imprécis, un monde d’opinions et d’interprétations, qui ne permet pas le travail collectif rigoureux, mais suffisant pour le « vivre ensemble » Page 12 Organiser la complexité de la nature /2 Le quantitatif est une abstraction qui « mutile » toujours la réalité Novalis « Les théories sont des filets : seul celui qui lance, pêchera » que K.Popper a placé en exergue de son livre Logik der Forschung Particulièrement évident avec les grandes théories que sont la relativité et la mécanique quantique L’oublier conduit droit au scientisme dogmatique étroit et au réductionnisme stérile, voire criminel Cf. le sinistre épisode de l’eugénisme en Europe et aux États-unis, le darwinisme social, la guerre qui régénère, la sociobiologie, … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 13 Bifurcations … et hybridations → Les grandes étapes Euclide et la méthode hypothético-déductive + les constructions géométriques La séparation radicale du temporel et du spirituel du monde judéo-chrétien + l’idée de transcendance En Chine, pas de transcendance → Selon François Julien[un « philosophe » sinologue ???], c’est une « culture de l’immanence » Approche de la vérité par le débat contradictoire et la reconnaissance par les pairs Les Questionatae Disputatae des 12ème 13èmes siècles Les mathématique sont le langage du « grand livre de la nature » Galilée ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 14 Bifurcations … et hybridations La crise des fondements, la diagonale de Cantor et les théorèmes de Gödel Les 23 problèmes de Hilbert, dont le 6ème, Axiomatisation de la physique Le monde n’est pas newtonien, sauf à notre échelle La théorie de la calculabilité, la thèse de Church-Turing et l’invention des 1ers ordinateurs La logique de l’émergence, “ More is different”, la complexité et la science des systèmes, l’évolution ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 15 Le théorème de Pythagore … version géométrique et les irrationnels a b c Surface du carré intérieur : c2 b Surface du carré extérieur : (a+b)2 → a2+b2+2ab Surface du triangle rectangle : 1/2×a×b d Ne peut pas être représenté sous la forme d’une fraction x/y ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique 1ère manifestation des difficultés occasionnées par l’existence des 2 infinis : L’∞ dénombrable → les entiers L’∞ continu/géométrique → les « réels » Page 16 Les « Questions disputées » Les débats théologiques du haut Moyenâge, aux XIIème et XIIIème siècles poussent l’ « art » d’argumenter à un degré extrême qu’on ne retrouve dans aucune autre culture comparable Totalement non transposable en Chine ; cf. l’expérience pédagogique de « La main à la pâte » C’est la notion de « débat contradictoire » qui a fait la célébrité des Écoles de théologie de Paris, surnommé à cette époque, l’ « Athènes du Nord » C’est encore la structure que l’on retrouve dans nos modernes Ph.D. Cf. La description d’un séminaire de recherche, par David Deutsch, dans L’étoffe de la réalité, chap. 13, pages 384,… rend caduque la « théorie » des paradigmes de T.Kuhn ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 17 La « diagonale » de Cantor Vieux problème qui remonte à Pythagore et à la découverte des « irrationnels » : Comment s’organise la représentation de nos perceptions ? • Le nombre, ce que l’on peut séparer et donc compter Le dénombrable ; la quantité [inclut l’aspect « métrique » et la mesure, via des étalons de mesure] • La forme, ce que l’on « voit » ou la musique que l’on entend Le continu géométrique Peut-on faire rentrer l’un dans l’autre ? Réponse : NON 1 → a11, a12, … 2 → a21 , a21 3 → a31, a32, a33, a34, … …→ n→ … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 18 Le langage géométrique Des grecs … jusqu’à Newton ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 19 La théorie des épicycles Soleil Terre En géométrie cela donnera naissance à la théorie des courbes dites « roulettes » Les horloges astronomiques sont des modèles mécaniques du système géocentrique qui implémentent la théorie des épicycles ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 20 Modélisation mathématique : les trajectoires … On remplace la description en extension du phénomène, par un calcul effectué à l’aide d’un modèle Description en intension Les tables « Rodolphine » de Tycho Brahé, par les lois de Kepler Avec l’arrivée des ordinateurs, on va pouvoir remplacer les tables par un calcul fait en temps réel, hic et nunc ! ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 21 Comment parler de l’infini ? /1 Les grecs ne savent pas !!! Achille et la tortue La naissance du calcul infinitésimal • Newton, Leibniz Représentation analytique • Descartes [1596-1650] Différents infinis • Cantor → le dénombrable, le continu, … Représentation des lignes par leurs caractéristiques infinitésimales Droite « normale » à la tangente Droite sécante Point mobile PM Tangente au point A dy A dx D’un point de vue géométrique, il n’y a aucun doute que la tangente existe ! Mais du point de vue analytique, on a une expression qui n’a pas de sens : Pente dy 0 = ??? dx 0 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Cercle « osculateur » RC Trois caractéristiques Direction Courbure Torsion Page 22 Comment parler de l’infini ? /2 [C*] La méthode des tangentes de Newton Les suites et séries infinies : La suite x0, x1, X2, … converge peut-être vers le point qui nous intéresse ?! D’où l’intérêt pour les suites ∞, les développements dits « en série », etc. … etc. qui vont bouleverser les mathématiques européennes au 17ème siècle. La motivation de tout cela, c’est le besoin de précision et de vérité sur la position exacte des planètes dans le ciel Peut-on calculer le point d’intersection ? Et c’est ce qui va fasciner les astronomes chinois que Mattéo Ricci, le Jésuite mathématicien formé par Cristopher Clavius, à Rome, va rencontrer durant sa mission … Et le premier livre européen traduit en Chinois sera les Éléments d’Euclide x3 x2 x1 x0 Convergence très rapide ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 23 Les sommations infinies Recherche des zéros d’une fonction Développements limités [Taylor, Mac Laurin, …] [ 2 n h h f (a + h ) = f (a ) + h × f ' (a ) + × f '' (a ) + ... + × f n (a ) + ε n! 2! ] Tangente Développement des fonctions en séries A l’aide de polynômes A l’aide de fonctions périodiques Intégration ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 24 La bifurcation/singularité Euclide /1 Pourquoi Euclide a-t-il joué un rôle aussi important ? Quel est le centre/foyer de son apport fondamental ? Réponse : la méthode axiomatique proposée dans les Éléments • Comment passer du « simple » [les axiomes] au « complexe » [les théorèmes] ??? De façon sûre et organisée C’est le modèle des Sommes Théologiques du Moyen-âge, comme celle de Thomas d’Aquin C’est le modèle des Principia mathematica En 1899, D.Hilbert, met à jour les Éléments … Les fondements de la géométrie Rôle de la géométrie dans l’éducation mathématique en Europe … jusqu’aux réformes catastrophiques des « Maths modernes » ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 25 La bifurcation/singularité Euclide /2 Est fondamental, ce qui doit être compris préalablement, pour comprendre la réalité à un niveau suffisamment profond • Pour Euclide, ce niveau fondamental est celui des axiomes ; le reste est purement mécanique selon des règles logiques partagées Une discussion sérieuse ne peut donc porter que sur les axiomes et les règles de la logique [d’où l’importance d’Aristote] • C’est en germe, ce qui sera formalisé par Hilbert dans le 6ème problème [diapo #50] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 26 First scientific contact between China and Europe Matteo Ricci [1552-1610] During the three years Ricci spent in Nanchang, he wrote eleven letters. Nanchang was the capital of Jiang-si 江西, very famous for the number and learning of its educated men. It must be noted here that by now Li –matou (Ricci Matteo) was already well known among the circle of letterati and therefore in whatever town Li-matou sought a new field of apostolate he was preceded by his reputation and he found powerful friends to protect him. At Nanchang, Li-matou is received by the Governor of Jiangxi, Lu Wan gai 陸萬垓. Governor Lu quickly issues the necessary permit, wh ile Ricci is welcomed by two Imperial princes: the Prince of Jian‟an and the Prince of Le an 建安王和樂安王, who happen to live in Nanchang. We can fairly say that Nanchang is the place where the full blossoming of “Li-matou, the Scholar from the West (西儒) ” takes place. At Nanchang, a great change takes place in Ricci's life. The “Bonze from the West” 「西方和尚 」turns into “The Scholar from the West” 「西儒」. Another common title given to Ricci is “xi-tai”「西泰」(the scholar from the far West) Ricci starts wearing the dress of the scholar, he grows hair and beard as the scholars did, and he begins to don that special hat (created by himself and which will become Ricci's icon). In his letters he says: “to wear a scholar's hat that resembles a bishop's mitre”. In his letters you can feel Ricci's joy in describing his new scholar's dress. In this “new fine silk robe”, the real Ricci comes out. He decides to be carried by four servants on a palanquin (as all scholars did) on visits to other scholars. All he had learned in Rome from his professors (especially Christopher Clavius), about geometry, mathematics, astronomy, the art of drawing maps, making globes, constructing all sorts of clocks…), becomes very precious ©2014 / Évolution du langage mathématique material/J.Printz for dialogue with Chinese scholars. Letter from Matteo Ricci, in Chinese. He was the first European to master Chinese language and writing system. The first European book translated in Chinese was Euclid’s elements, a major geometry text book. Page 27 La passion du dessin … et de la géométrie Au moment de la « Renaissance » et du Quattrocento en Italie, les peintres qui sont souvent des Mathematicus découvrent [ou redécouvrent] l’art de la perspective Comment représenter l’espace [3D] sur des plans [2D] plus faciles à transporter et à manipuler • 1ère correspondance d’espace à espace Cf. les plans échelle 1 de certaines cathédrales ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 28 Perspectives Mais derrière ces représentations intuitives, il y a en filigrane la puissante théorie des transformations géométriques [géométrie projective du 19ème siècle avec Poncelet, Darboux, … ] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 29 Anamorphoses … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 30 Un exemple : le langage des infiniment petits et la naissance du Calculus Source : Amir Alexander, Infinitesimal – How a dangerous mathematical theory shaped the modern world, Scientific American, 2014. Un extrait publié en français dans Pour la Science, Juin 2014, N°440. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 31 Histoire d’une controverse L’histoire démarre aux alentours des années 1500, à propos de la rectification des courbes et du calcul des surfaces et des volumes, par des méthodes de sommation infinies. À l’époque on ne sait pas ce qu’est une limite (cf. le paradoxe d’Achille et la tortue) ; ∞ on manipule des quantités qui reviennent à faire des quotients 0 ou , sans trop savoir ce que cela veut ∞ 0 dire ?! Le marquis de l'Hôpital publie L‘ Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des lignes courbes, un livre de mathématiques écrit en 1696. Il est le premier livre en français à traiter de calcul différentiel (la première moitié du calcul infinitésimal de Gottfried Wilhelm Leibniz) ; l'Hôpital s'est appuyé sur les cours que lui avait donnés Jean Bernoulli. Principe de Cavalieri, énoncé par Bonaventura Cavalieri [1598-1647] : Une surface est une juxtaposition de « lignes » parallèles. Pour Cavalieri, des lignes parallèles sont des segments de droites parallèles ou des arcs de cercles concentriques. Chaque ligne est appelée un indivisible de la surface à quarrer. Si deux surfaces sont constituées de lignes de mêmes longueurs, elles sont égales. Un principe analogue existe pour les volumes et établit que les volumes de deux objets sont égaux si les sections transversales correspondantes sont, dans tous les cas, égales. Deux sections transversales correspondent si elles sont des intersections de l'objet avec des plans équidistants d'un plan de base donné. → La méthode sera violement contestée par les mathématiciens jésuites, successeurs de Christopher Clavius, en particulier Habacuc [Paul] Guldin, car en contradiction avec l’approche constructive préconisée par Euclide [la méthode dite hypothético-déductive, pilier de la science moderne]. [JPZ] Derrière tout raisonnement, il y a une conception du monde ; en l’occurrence, ici, celui d’Aristote et de Thomas d’Aquin [1225-1274], le Docteur Angélique. Depuis Carnot, Poincaré, Einstein, Planck, Bohr … notre monde n’est définitivement plus aristotélicien ⇒ Tout changer, pour que rien ne change … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 32 Antériorité ? Christopher Clavius • • • • L’ « Euclide du XVIème siècle » Né le 25 mars 1538 à Bamberg et mort le 12 février 1612 à Rome Primauté des mathématiques pour comprendre le monde et sa perfection … Professeur de Matteo Ricci [né en Italie en 1552 –1610, mort à Pékin] au Collège Jésuite de Rome, le traducteur des Éléments en Chinois … Galileo Galilei • Né à Pise le 15 février 1564 et mort à Arcetri, près de Florence, le 8 janvier 1642 (à 77 ans). ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 33 La méthode des indivisibles de Bonaventura Cavalieri 2 parallèles Aire d’une ellipse S=a×b On fait glisser a a S = π×a2 2a S = π×a2×b/a = π×a×b 2b b On fait glisser avec un coefficient d’amplification constant Généralisation à toutes surfaces et aux volumes Surface dont on connaît l’aire Surface inconnue mais divisible que l’on peut déduire par glissement et amplification ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Comme leur nom l’indique, les « indivisibles » ne sont pas divisibles. Dans le langage aristotélicien/thomiste de l’époque, cela ne choquait pas, et correspondait à une image que l’on se faisait de la matière, constituée de petits morceaux agrégés les uns aux autres. D’où l’impossibilité d’appréhender correctement le paradoxe d’Achille et la tortue. Ne connaissant pas la notion de limite, une somme ∞ ne pouvait être que ∞. Jongler avec les ∞ts petits était donc dangereux et risquait d’introduire des élément subjectifs, là où on voulait précisément retrouver la pureté logique du Créateur. Clavius, Guldin, … ne faisait, au fond, qu’anticiper une rigueur qui ne sera clairement établie que vers la fin du 19ème siècle avec Cauchy, Bolzano, Weierstrass, … Page 34 La surface de la cycloïde [Chaînette de Pascal] La surface sous la cycloïde est égale à 3 fois celle du cercle qui la génère. Principe du raisonnement : On fait glisser, sans les déformer, les « tranches » du ½ cercle, à gauche, ce qui dessine une lunule dont la surface est celle du ½ cercle Critique : raisonnement « visuel », considéré comme non rigoureux, car la preuve donnée n’est pas constructive, au sens des constructions géométriques « à la règle et au compas », façon Euclide. Mais ça marche, dans certain cas … Il faudra attendre l’analyse non standard, de Abraham Robinson (Années 60s) pour clarifier définitivement ce qui « marchait » très bien !!! Lunule obtenue par glissement du ½ cercle ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 35 Apories mathématiques ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 36 Qu’est ce qu’une preuve ? Le théorème de Pythagore La somme des n premiers nombres 1+2+3+…+n ? [raisonnement du jeune Euler] 1+2 +3 +…+n n + n-1 + n-3 + … + 1 =? =? n × (n + 1) 2 Raisonnement par induction n×(n+1) La preuve du Grand théorème de Fermat Andrew Wile, 1994-95, 300-400 pages ∀n > 2, l' équation x n + y n = z n , n' a pas de solution entière Raisonnements par l’absurde, par analogies, par des modèles, par calculs, par simulations, … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 37 Reconnaissance de la preuve Qu’est-ce qui garantit qu’une « preuve » est autre chose qu’une simple opinion ? • Cf. le débat actuel sur la « sociologisation » de la science, lancé suite à la publication du livre de T.Kuhn, Structure des révolutions scientifiques [1962] Les « vérités » scientifiques sont des constructions bien particulières • Il y a un juge de paix objectif L’expérience • Chacun peut se les approprier, s’il en fait l’effort ; rien n’est secret, ni caché une seule exigence, la cohérence logique • Elles ont des conséquences « pragmatiques » que chacun peut constater Le GPS, les ordinateurs, … La « paradigmologie » est un bel exemple de confusion des esprits et d’insignifiance ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 38 Qu’est ce que le hasard ? Le « hasard » des biologistes Le « hasard » des physiciens Activité du soleil Flux continu de particules énergétiques qui arrivent sur terre de façon imprévisible Le « hasard » des mathématiciens Dans une suite de tirages le nombre de P et le nombre de F sont de plus en plus voisins, ce que l’on peut écrire : # P N grand →1 #F ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique # P −# F Ngrand → 0 Page 39 Le démon de Maxwell → Lutter contre le hasard ?! Monde des processus de la nature, y compris les activités humaines Le « Démon » est l’architecte de la partie organisée de la nature, celle des machines et des organisations créées par l’Homme Frontière du système, sous la surveillance de l’architecte Dedans / Dehors Espace des interactions organisées sous le contrôle de l’architecte Par son action, l’architecte fabrique de l’ordre. Pour cela, il consomme de l’énergie. Pour faire le tri entre les processus automatisables et ceux qui ne le sont pas, sélectionner les interactions permises, l’architecte à besoin d’information. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 40 Ingénierie du hasard → Les erreurs de parité mémoire et les CCE Quelle est la probabilité d’une double altération dans une mémoire de N mots ? Cristal detransistors Si ≈ 100 à 120 → 1 Md d’atomes de Si Mot mémoire : 32 bits Fonctionnel Ce qui est vu par le programme • 1 bit de parité (sans correction) • CCE : 7 ou 11 bits selon exigence de fiabilité Non fonctionnel du point de vue du programme et du programmeur ça ne sert à rien, ... mais si on → l’enlève Ce qui est vu par la machine Besoin de fiabilité : Faire en sorte que la probabilité de panne soit très au delà de la durée d’une session de travail Le calcul du code CCE est fondé sur le « paradoxe » de la date de naissance → ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique N× π 2 Page 41 Les doubles négations ??? La règle du tiers exclus Élément, ou classe d’éléments sur lesquels on travaille La première négation nous fait sortir du domaine dont on parle Ce dont on parle + + + + Ce dont on pourrait parler [l’univers du discours] Le reste du monde La deuxième négation nous ramène des éléments étrangers au domaine dont on parle → Incohérence logique garantie !!! Ex falso sequitur ad quodlibet ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 42 Généraliser … pour simplifier En mathématique, la simplification d’un problème passe souvent par une généralisation … mais pas toujours • Exemples : l’engendrement des « nombres », depuis les entiers « naturels » jusqu’aux quantité « imaginaires » ; la géométrie projective de Victor Poncelet ; etc. … etc. • Nombreux exemples en informatique Cas du jeux de billard Billard virtuel « infini » et trajectoire virtuelle qui devient une droite Billard réel et trajectoire réelle complexe ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique La rencontre de deux boules devient un problème trivial Page 43 1ère mise en correspondance de 2 groupes fondamentaux → Les logarithmes Groupe multiplicatif • • • • • • • Multiplication Division Puissance Exposant 1 [neutre] 2 … etc. Log Exp Groupe additif • • • • • • • Addition Soustraction Multiple Coefficient 0 [neutre] 0,30103… … etc. Émergence de la notion d’isomorphie qui permet d’étudier le groupe avec la représentation la plus commode, selon la nature du problème posé Les espaces abstraits ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 44 La représentation géométrique des « imaginaires » Jean-Robert Argand, mathématicien Suisse, publie dans l’anonymat le plus complet son « Essai sur une manière de représenter les quantité imaginaires dans les constructions géométriques », en 1806. Les 2 composantes du nombre complexe représentent un point du plan Le produit de 2 nombres complexes est l’équivalent d’une rotation dans le plan Cette interprétation va faire émerger un nouveau type de correspondance Plan → Plan et donner naissance à un nouvel ensemble de fonctions plus générales : Les fonctions analytiques et plus généralement les fonctions holomorphes [Transformations conformes] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 45 Correspondances de surfaces Fonctions holomorphes http://fr.wikipedia.org/wiki/Fonction_holomorphe http://fr.wikipedia.org/wiki/Transformation_conforme Conforme Anti-conforme Une transformation conforme dans le plan, f est une transformation d'un domaine du plan dans un plan, cette transformation conservant (localement) les angles entre deux courbes orientées, c'est-à-dire que si deux courbes C1 et C2 se coupent en A, et que leurs vecteurs tangents en A (dans le sens de l'orientation) forment un angle α, les vecteurs tangents en f(A) aux deux courbes images f(C1) et f(C2) forment également l'angle α. Autrement dit, f est localement une similitude directe. Les transformations qui inversent les angles sont dites anti-conformes ; ce sont les composées des précédentes par les réflexions. Une excellente référence ; Jacques Harthong, Cours d’analyse ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 46 Transformation conforme En géométrie, ce sont des inversions [Transformation de droites en cercles] Az + B za Cz + D Tiré du cours d’analyse de Jacques Harthong ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 47 Fractales et dimensions → Lignes et surfaces Mouvement brownien B.Mandelbrot : Qu’elle est la longueur de la côte de Bretagne ? Courbes 1D remplissant une portion du plan 2D Courbe de Peano http://www.mathcurve.com/fractals/peano/peano.shtml Image tirée de J.Perrin, Les atomes Deux points infiniment distants sur la ligne peuvent être infiniment proches sur la surface ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 48 Intuition et contre intuition → Encore la notion de limite Le cercle qui se transforme en droite ?! ½ cercle ¼ cercle A force de fragmentation le ½ cercle initial se rapproche du diamètre. Si c’est une ligne « sans épaisseur, dit Euclide », sa longueur reste π×R Mais si c’est un tube ?! Dans le monde réel, ni les points, ni les lignes n’existent !!! Il n’y a que des volumes. Une ligne est un tube, une surface, une plaque. Nombres réels, fonctions généralisées, … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 49 Artefacts mathématiques et réalité physique L’abbé Edmée Mariotte [1620-1684] Attention à ne pas confondre la « réalité » mathématique, et la réalité physique !!! ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 50 C’est quoi, une théorie physique ??? Ce que nous disent les physiciens : Les mathématiques de Ludwig Boltzmann sont jugées peu rigoureuses par Henri Poincaré, et de ce fait ne peuvent pas être enseignées – Idem, en moins violent, avec Maxwell … dont il réécrira, en partie, le Traité dans ses cours de physique théorique • Pierre Duhem : … C’est un système de propositions mathématiques, déduites d’un petit nombre de principes, qui ont pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement et aussi exactement que possible, un ensemble de lois expérimentales 6ème problème de Hilbert : Le traitement mathématique des axiomes de la physique • Traiter sur ce modèle [celui de la géométrie des Éléments, et des Fondements …] les branches de la physique où les mathématiques jouent un rôle prépondérant … entre autre, le Calcul des Probabilité et la Mécanique Cf. John von Neumann et son livre Fondements mathématiques de la mécanique quantique Une théorie physique [c’est-à-dire un modèle] est faite de 3 parties • Des axiomes issus du monde physique • Un formalisme, aussi parfait que possible Les mathématiques dans leur ensemble, et pas seulement la logique d’Aristote révisée Frege/Russel • Une interprétation C’est-à-dire, en application de la thèse de Church-Turing, une machine informationnelle, un logical design, façon von Neumann ⇒ C’est donc un langage, au sens Saussure, avec ses signifiants et ses signifiés. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 51 Que conclure ? Le monde est-il mathématique ??? ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 52 Pourquoi tant de mathématiques ? SCIENCE ET METHODE (H. Poincaré) Le but principal de l’enseignement mathématique est de développer certaines facultés de l’esprit et parmi elles l’intuition n’est pas la moins précieuse. C’est par elle que le monde mathématique reste en contact avec le monde réel et quand les mathématiques pures pourraient s’en passer, il faudrait toujours y avoir recours pour combler l’abîme qui sépare le symbole de la réalité. L’ingénieur doit recevoir une éducation mathématique complète, mais à quoi doit-elle lui servir ? à voir les divers aspects des choses et à les voir vite ; il n’a pas le temps de chercher la petite bête. Il faut que, dans les objets physiques complexes qui s’offrent à lui, il reconnaisse promptement le point où pourront avoir prise les outils mathématiques que nous lui avons mis en main. Henri Poincaré, 1854-1912 Behind each human decision, human errors may occur, and, as we say “To err is human”. Questions are: How to avoid errors ? How to eliminate errors ? And last one: How to cope with the unavoidable remaining errors ? Solutions: Product architecture + Teams organization Methods: Problem solving & System thinking at large The best teachers are our own errors [If we analyze them]! And mathematical reasoning … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 53 Prédire n’est pas expliquer Avec le développement de la mécanique quantique, certains scientifiques ont parlé de l’ « efficacité déraisonnable des mathématiques » [Eugène Wigner, …] • De fait, la capacité prédictive est époustouflante … • Sans la logique du “ More is different”, sans les CCE et la compression des données, les communications modernes n’existeraient pas !!! Ni l’ordinateur … Mais par rapport aux « questions éternelles » de la philosophie ??? D’où venons nous ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? … à quoi les mathématiques peuvent-elles bien nous servir, ou nous aider ?! • La thèse de Church-Turing nous dit que tout ce qui est compréhensible et communicable se réduit à un schéma de calcul, et que là est « L’étoffe de la réalité », David Deutsch ?! Une réalité qui émerge progressivement ... ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 54 Mutations … Il y a concomitamment à la crise des fondements, et à sa résolution [Thèse de Church-Turing], une évolution remarquable du langage mathématique • La relation prend le pas sur les arguments de la relation La relation est une clé [un « programme »] qui établit une correspondance entre deux ou plusieurs domaines de représentations Ces domaines sont ce que nos théories successives, via nos perceptions, tamisent Le tamis judéo-chrétien est différent du tamis chinois, différent … Grothendieck a poussé cette vision du monde à l’extrême en retravaillant, via la géométrie algébrique, la correspondance fondamentale entre le langage des nombres et celui des formes géométriques Paradoxalement, le modèle standard des particules nous dit la même chose l’énergie qui fait que la matière tient, est essentiellement dans l’interaction Le matérialisme est mort, mais son cadavre bouge encore ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 55 Héritage … Sans la précision et la rigueur implacable du scalpel/langage mathématique, notre perception de la réalité aurait été différente : • Impossibles, la taille précise des engrenages de nos machines, et plus généralement l’optimisation de nos procédés • Incompréhensibles, les paradoxes de l’infini • Inexplicables, le comportement de la lumière et les phénomènes optiques Le monde quantique en général • Impensables, le traitement du hasard et sa domestication qui nous permettent de perfectionner les œuvres de la nature • … etc. … etc. … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 56 Une nature qui calcule ... De toute évidence, la nature a produit au cours de l’évolution des êtres capables de « calculs » à très grandes échelles • Une toile d’araignée – L’anticipation du comportement de la proie calculée par le prédateur – Etc. • Comportements collectifs tout à fait surprenant comme la migration sur 4 générations des papillons monarques ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 57 Éviter la combinatoire des mots et « l’insignifiance » [René Thom] Cf. N° spécial de la Recherche, Juillet Août 2014 La Réalité n’existe pas Exemple typique d’un énoncé dénué de sens !!! ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 58 Bibliographie … Quelques ouvrages de réflexion sur la nature des mathématiques et de leur relation avec la réalité Henri Poincaré, La science et l’hypothèse [1908] ; Science et méthode [1909] ; La valeur de la science [1911] ; Dernières pensées [1913] Léon Brunschvicg, Les étapes de la philosophie mathématique [1912] Ferdinand Gonseth, Les fondements des mathématiques – De la géométrie d’Euclide à la relativité générale et à l’intuitionnisme [1926] ; Les mathématiques et la réalité – Essai sur la méthode axiomatique [1936] Top 10 Hermann Weyl, Philosophy and mathematics and natural science [1927-1949] François Le Lionnais, Les grands courants de la pensée mathématique [1962] Albert Lautman, Essai sur l’unité des mathématiques [1977] Hourya Sinaceur, Corps et modèles – Essai sur l’histoire de l’algèbre réelle [1991] Jean Largeault, Intuitionnisme et théorie de la démonstration [1992, recueil de textes de l’école de Hilbert] ; Intuition et intuitionnisme [1993] Roger Penrose, The road to reality – A complete guide to the laws of the universe [2004, traduction A la découverte des lois de l’univers] Francis Bailly, Giuseppe Longo, Mathématiques et sciences de la nature [2006] David Ruelle, L’étrange beauté des mathématiques [2008] David Deutsch, L’étoffe de la réalité [en anglais The fabric of reality], 1997 ; The beginning of infinity – Explanations that transform the world, 2012 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 59 Compléments Réunion Santa CaFe au Cnam, le 15/09/2014 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 60 Complément Santa CaFé du 15/09 Ingénierie du hasard et réflexion sur les très grands nombres utilisés dans les théories de l’information Le langage des formes discrètes et la théorie des automates ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 61 Réflexion sur les grands nombres associés à l’information A propos du « hasard » des biologistes ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 62 Bien comprendre la notion d’échelle → Pour utiliser correctement le calcul des probabilités [*1] Le niveau méso du monde humain et du monde de la vie • Toutes nos unités physiques on une origine humaine La coudée, le pouce, le pied, la livre, le cheval-vapeur, ... Échelle million/milliard → 106, 109 maximum Les connexions des 1011 neurones de notre cerveau ≈ 1015 (mais 100.000 connexions pour les neurones du cervelet) Un corps humain ≈ 75×1012 cellules ; ≈ 25×1026 molécules Il y a une individualité propre au vivant (antinomique avec le hasard) Le niveau des particules élémentaires de la micro physique Le nombre d’Avogadro → 6,02×1023 (la « molécule-gramme ») Les particules n’ont pas vraiment d’individualité propre (Cf. le laser) ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 63 Échelle de l’information produite et/ou manipulée par les humains Le niveau macro de l’information que nous produisons et utilisons L’information contenu dans un livre de 250 pages (environ 1 million de signes typographiques ; soit 15-20.000 instructions source) (10 ) , avec la ponctuation (cf. la Nombre de livres possibles : 30 6 nouvelle de J-L.Borgès, La bibliothèque de Babel) L’information contenu dans une mémoire d’ordinateur de 8 Gigaoctets, (2 ) configurations possibles ; soit 2 36 soit 8×230 octets = 236 bits Exprimé en nombres flottants • 1,8×101.477.121 livres différents • 8×1020.686.623.783 configurations mémoires possibles Pour mémoire, un génome humain c’est 3,6 Md de bases (4 lettres ATGC) ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 64 Les unités de Planck et l’univers Temps de Planck : 5,4×10-44 sec Longueur de Planck : 1,6×10-35 mètre Constante de Planck : 6,6×10-34 Joule/sec Énergie de Planck : ≈2×109 Joules Age de l’univers : 13,7 Md d’années → 1017 sec Taille de l’univers visible : 15 milliards d’années lumière → ≈ 1,4×1026 m, soit en UP ≈9×1060 up Nombre d’atomes (d’hydrogène) estimé de l’univers → ≈ 5×1080 (Ch.Magnan, Collège de France) En UP : Age : 2×1050 Tplck Taille : 9×1060 Lplck ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 65 Ramener le patrimoine applicatif des connaissances d’une entreprise à l’échelle humaine (1/2) Un grand fichier de 20 millions d’articles, avec une fiche par page (environ 4.000 caractères) • 20 millions de pages → 50.000 livres Un programme de 20.000 lignes de code source, documenté et validé, représente le travail de 2 ou 3 bons programmeurs en un an • 1 livre de 400 pages Un patrimoine de 100 millions de lignes de code source, c’est : • 5.000 livres de 400 pages • Un coût de reconstruction : de l’ordre de 25.000 HA brut (Coût réel net ×3-4) 2.500 projets d’environ 10 HA (2 livres par projet) ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 66 Ramener le patrimoine applicatif des connaissances d’une entreprise à l’échelle humaine (2/2) Éléments comparatifs : Une grande bibliothèque → 10 à 50 millions de livres ⇒ Un immeuble Inutilisable sans une organisation rigoureuse de l’information Rôle fondamental des tables de matières, des indexes, des thesaurus, … pour naviguer dans l’information Mais : Le génome humain (nano échelle) → 1.000 livres Le cerveau humain → 100 milliards (1011) de neurones et 1 million de milliards de connexions (1015) ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 67 Synoptique Information Univers 1/2 Les quantités d’information qui nous sont accessibles dans notre univers humain sont sans commune mesure avec ce que l’on connaît des constantes de l’univers physique et des interactions élémentaires A supposer qu’on ait une machine capable de générer des livres au rythme du temps de Planck, on voit bien qu’il y a un problème avec le hasard des biologistes [J.Monod, H.Atlan, J-C.Ameisen, ...] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 68 Synoptique quantité d’Information et taille de l’Univers 2/2 Age de l’univers, en unité UP : 2×1050 Tplck Durée nécessaire pour fabriquer la bibliothèque de Babel : → 1,8×101.477.121 livres différents Soit en unités UP : → 1,8×101.477.121×5,4×10-44 ≈ 9,7×101.477.077 Tplck Et l’apparition du 1er doublon → ≈ 12,3×10738.536 On peut dormir tranquille avant l’arrivée du 1er clone !!! ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 69 Le langage des formes discrètes et de leurs combinaisons Comment est née la théorie des automates ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 70 Émergence du discontinu en physique La quantification de l’énergie [Planck, 1858-1947] sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel « continu » de l’univers newtonien C’est l’effet photoélectrique – Interaction lumière/électricité Les représentations « habituelles » utilisées en physique vont s’avérer inadéquates pour capter la complexité du monde atomique, ainsi que la logique étendue façon Russel avec le langage des Principia … et les modes de raisonnement communément admis Mais les représentation « discrètes » sont déjà bien connues, ne serait-ce que par les langues et les grammaires comparées ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 71 Une personnalité « Fil rouge » John von Neumann [1903-1957] Von Neumann a accompagné toute cette séquence, et il y a joué un rôle majeur [Voir les recensions de S.Ulam, P.Halmos et C.Shannon] avec des contributions de 1er plan [Théorie des ensembles et logique, Mécanique quantique, Théorie des jeux, Théorie des automates, …] Dès les années 43-46, il participe activement à la genèse de la cybernétique, et il jette toutes les bases de la théorie des automates [ Œuvres complètes, Vol. 5] “ I am thinking about something much more important than bombs. I am thinking about computers” [1946], rapporté par G.Dyson, Turing’s cathedral – The origins of digital universe. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 72 Calculabilité – Théorie des automates Ce qu’on a appelé « crise des fondements » a été l’occasion • D’une clarification radicale de la notion de fonction Fonctions calculable au sens de Church-Turing ; avec 2 mécanismes [ 2 langages qui seront démontrés équivalents] : 1) Machine de Turing et 2) Lambda-calcul • D’une refondation complète de notre façon de raisonner de façon à prendre en compte l’irréversibilité du monde macroscopique où toute transformation/perception requiert de l’énergie d’interaction et du temps pour construire un état énergétique stable susceptible d’être observé l’information est donc doublement quantifiée, tout à un coût, rien n’est instantané “ It from bit symbolizes the idea that every item of the physical world has at bottom an immaterial source and explanation …” [J.A.Wheeler ; Voir la page de commentaires] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 73 Du monde clos au monde ouvert … Dans l’univers en création / transformation que nous percevons, la base de nos raisonnements ne peut pas reposer sur la notion d’ensembles fermés et immuables • Poincaré/Russel Ensembles prédicatifs • Russel/Whitehead 1ère théorie des types logiques • Le défi logique de la mécanique quantique … ne trouve pas sa solution dans une extension/reformulation de la logique dont Gödel vient de montrer la limitation Les mathématiques sont le « langage de programmation » de notre compréhension du monde Métamorphose du calcul [G.Dowek] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 74 Contexte d’apparition de la notion d’automate Les 1ers réseaux téléphoniques, début du 20ème siècle ... Points d’entrée Central Téléphonique Usagers Apparition des 1ers protocoles au niveau des usagers qui sont des suites ordonnées d’actions à effectuer Points de sortie ... Le problème : quel est le volume optimal des équipements nécessaires pour réaliser l’interconnexion des usagers ??? Exemple : avec 10 millions d’usagers, il faudrait, en liaisons directes → 1014 équipements L’ « intelligence » du central ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Solution : hiérarchiser les équipements du central, de façon à maximiser leur partage entre tous les usagers Les ressources ne sont pas attribuées en propres aux usagers mais à la demande Page 75 Dans les 1ers ordinateurs, il faut également se partager les ressources Dans le Logical Model de von Neumann, 2 ressources jouent un rôle fondamental : 1. La mémoire : Les instructions du calcul + Les données du calcul, ainsi que les résultats intermédiaires [y compris les calculs communs → Notion de Sous-programme] à mémoriser se partagent la mémoire. La mémoire commune permet d’intervertir les rôles Instructions/Données [Permutation Dedans/Dehors] 2. L’organe de calcul [Unité centrale] qui contient, sous la forme de circuits prédéfinis, l’ « intelligence » de la machine → Les instructions [Statements] de base [les axiomes] de la machine. Leurs combinaisons vont permettre d’effectuer n’importe quel calcul, au sens de Church-Turing Le langage interne de la machine, par opposition avec ce que le programmeur écrit [Le langage externe] Les problèmes : Organisation et partage des équipements requis [complexité Ultra high complexity, Hixon Lectures] Pour la machine Whirlwind : 60.000 lampes, 1.750.000 diodes, 13.000 transistors, … → 250 tonnes. Fiabilité de l’ensemble Réparation Self-reproducing automata [Who will watch the watchman ?!] Codage/décodage de l’information + CCE, selon les organes physiques de la machine [Transducteurs de tout type] Interactions homme/machine Etc. … Dés le début de l’aventure, tout ce milieu [Teological society, Macy’s conferences] s’interroge sur l’organisation et le fonctionnement des organismes vivants [Exemple : la thèse de C.Shannon, 1936-40, s’intitule An algebra for theoretical genetics] von Neumann et Wiener sont à la manœuvre, très activement. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 76 Le découvreur des neurones La découverte des neurones par Santiago Ramón y Cajal [01/05/1852 – 17/10/1934 ], Prix Nobel 1906 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 77 Tissu cérébral réel Un enchevêtrement apparemment inextricable mais qui « marche » … 100 milliards de neurones dans un cerveau humain [1011], et ≈ 1015 connexions ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 78 Schémas anatomiques Neurone standard [Cortex] 8 à 10.000 connexions Cellule de Purkinje [Cervelet de chat] Jusqu’à 100.000 connexions ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 79 Comment représenter graphiquement les neurones ? Images originales des neurones formels de l’article de W.Mc Culloch & W.Pitts Warren Mc Culloch November 16, 1898 – September 24, 1969 Neurologue Walter Pitts 23 April 1923 – 14 May 1969 Logicien Tous deux participent aux Macy’s conferences ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 80 Les neurones formels de l’IA ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 81 VLSI – Intégration des composants Aujourd’hui, un chip de 3-4 cm2 peut contenir 3-5 milliards de composants Le problème : comment organiser le chip pour qu’il soit « newtonien » ? [c’est-à-dire déterministe] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 82 Quelques résultats intéressants Équivalence des machines de Turing et du λ-Calcul [Voir les entrées Wikipédia + livres de J-Y.Girard] • Thèse de Church-Turing [+ compléments David Deutsch] • Non terminaison du calcul Classement des langages [Noam Chomsky] Équivalence Automates / Grammaires • L’automate donne une vision opérationnelle [Comment ça marche ?!] C’est le langage des ingénieurs, constructif par nature • La grammaire donne une vision déclarative C’est une forme logique « hors temps/ressources » qui contient toutes les potentialités de l’automate correspondant. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 83 Hiérarchie et puissance expressive Automates à états finis • Langages réguliers Automates à piles • Langages “ context-free” déterministes Machines abstraites déterministe [ou NON] • Tout système est un agencement de machines abstraites coopérantes Tout système a un langage explicite ou implicite / « caché » Reste à découvrir sa grammaire ?! Machines de Turing • Tout ce qui est humainement exprimable et qui a un sens Théorie de la complexité algorithmique et théorie de l’information algorithmique • Fondamentales pour l’étude de la complexité • Taille d’un langage / taille de sa-ses grammaire[s] ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 84 Théorie de la complexité La théorie des automates met en évidence 2 aspects fondamentaux de la complexité : • Complexité algorithmique Quantité de calcul nécessaire pour résoudre tel problème dont on a une formulation algorithmique [Thèse de Church-Turing] • Complexité textuelle [Information algorithmique] Taille du texte, en nombre d’instructions d’une machine de Turing [à une constante près, à cause de l’universalité de la MT] Applications très importantes en matière de calculabilité • « Énergie » calculatoire nécessaire pour résoudre le problème – « Énergie humaine » pour produire [c’est un « calcul », au sens large] le texte de l’algorithme ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 85 Exemples Grammaire des expressions arithmétiques : Automate à 2 états reconnaissant les mots contenant un nombre impair de lettres a exp ::= exp + exp | exp × exp | (exp) Règles récursives | num num ::= chiffre num | chiffre chiffre ::= 0 | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 Arbres syntaxiques e s En observant la correspondance {e} → {s} on peut [re]construire l’automate et/ou la grammaire des langages associés au transducteur Pour observer, il faut interagir, donc échanger de l’énergie codée ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 86 Combinatoire Opérandes sur 32 bits Opérande N°1 232 1 Opération sur 32 bits états possibles Résultat 1 32 32 Opérande N°2 En théorie, 264 combinaisons à tester pour valider l’automate Problème de l’architecte : Organiser l’automate pour réduire drastiquement le nombre de cas à tester Autre problème de l’architecte : Nombre d’opérations théoriquement possibles et identification des fonction génératrices Il s’agit cette fois de calculer le nombre de fonctions f avec 2 opérandes de 32 bits qui calculent un résultat sur 32 bits ( ) ( ) Card [ f ] → 2 64 32 2 Ordre de grandeur → 1020, un très [très …] grand nombre [*C] Combinaisons des opérandes : 232×232 cas possibles Combinaisons du résultat : 232 cas possibles ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 87 Exemple : Une boite de vitesse automatique ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 88 Description d’une boite de vitesse Représentation à l’aide d’un graphe états/transitions 5 états : • Point morts PM Marche Arrêt SI vitesse = 0 • Marche avant 1 AV1 • Marche avant 3 AV3 T3 T1 • Marche avant 2 AV2 AR E2 E1 PM AV1 T4 E3 • Marche arrière AR + 2états Marche/Arrêt T6 T2 T5 T7 AV2 10 Transitions autorisées : Représentées par des → (flèches) + 2 transitions Marche/Arrêt ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique E4 T10 T8 T9 AV3 E5 Page 89 Représentation matricielle Ligne → Colonne M PM AR AV1 AV2 AV3 A M PM AR AV1 AV2 AV3 A ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 90 Exemple : Une saisie d’information à l’écran ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 91 Saisie écran d’un N° de sécurité sociale Boutons de saisie Cas N°1 Sexe Année Marche Mois Département N° État civil Début de l’activation de l’écran de saisie Début La saisie des information se fait dans l’ordre S/A/M/D/EC. Toute erreur provoque une réinitialisation du processus de saisie. S Fin A • 8 états • 12 transitions (6 nominales + 6 erreurs) Erreur M D Inconvénient : • toute erreur entraîne une nouvelle saisie complète ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique EC Arrêt Fin de l’activation de l’écran de saisie Page 92 Saisie du N° avec contrôle pas à pas Cas N°2 La saisie des information se fait dans l’ordre S/A/M/D/EC. Début Les erreurs associées à un champ de saisie sont contrôlées immédiatement. S Err#1 A Err#2 M Err#3 D Err#4 EC Err#5 Fin Tous les messages sont spécifiques. • 12 états (dont 5 erreurs) • 16 transitions (dont 10 erreurs) Avantage : • on peut corriger une saisie erronée Inconvénient : • l’ordre de la saisie reste impératif ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 93 Saisie du N° à la volée Cas N°3 La saisie des information se fait dans un ordre S/A/M/D/EC quelconque (tout en pouvant privilégier la séquence). 5 choix possibles Début Les erreurs associées à un champ de saisie sont contrôlées immédiatement. S Err#1 A Err#2 Tous les messages sont spécifiques. Le processus se termine quand tous les champs sont saisis M Err#3 D Err#4 EC Err#5 C Fin Si chaque champ a été saisi • 13 états (dont un relais C) • 22 transitions La souplesse d’emploi se traduit par : • Plus d’états • Plus de transitions entre états ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 94 Quelques aspects profonds de la TA en relation avec la thèse de Church-Turing Voir les ouvrages de David Deutsch The fabric of reality [Traduction, L’étoffe de la réalité], 1997 The beginning of infinity, 2011 ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 95 Tout est langage … « Derrière » [ou en association avec] tout langage permettant à 2 entités [cf. la notion d’Unité Active, de F.Perroux] d’échanger de l’information [ce qui suppose qu’ils ont des « choses » en commun ⇒ ce qui leur permet , il y a UN [ou plusieurs] automates, explicites ou implicites, et réciproquement d’interagir] L’interaction s’organise Langage de l’interaction e UA#1 Automate UA#1 e s Grammaire de l’interaction La « Boite Noire » devient « grise » ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique s UA#2 Automate UA#1 Page 96 Les hiérarchies de langages Initialement, classification des langages par Noam Chomski [On certain formal properties of grammars, Information & Control, 1959] • Langages : a) « réguliers », b) « context-free » et c) « universel » [Reconnaissable par une machine de Turing] Dans les langages de programmation • • • • • Langages machines/assembleurs Langages « plats » [ou étals] ⇒ FORTRAN, COBOL Langages hiérarchisés [à structure de blocs] ⇒ ALGOL, PL1 Langages typés [tout est nommé] ⇒ PASCAL, Ada Langages « objets » [Une très mauvaise terminologie pour expliciter une structure de transformation, des opérations, entre entités, des « données »] ⇒ JAVA, C#, PYTHON, … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 97 “ More is different” … ou les mystères de la pile hardware/software Une question d’ingénierie fondamentale : les différentes traductions sont-elles réversibles ? Doivent-elles être réversibles ?? La traduction est-elle sans perte, ou avec perte, d’information ? • Cas FORTRAN/COBOL ⇔ Assembleur • Cas Typés ⇔ Non Typés • Cas « objet » Statique ⇔ Dynamique La pile Hardware/software est une des meilleures illustrations de propriétés émergentes entièrement nouvelles • A chaque étage, son langage ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 98 Importance of layered architecture Microsoft Office Internet – Web Information System Scientific computing Signal & Image processing ... Applications Application Programming Interface – Library / Middleware Recovery mechanism Operating System API (programming languages) Non deterministic Network stack Operating System Interface Hardware/Software Deterministic World Recovery mechanism hardware Functions OS « Boot » Machine Architecture and language(s) Microprocessor architecture and hardware« programming » - Buses Nanoworld Physical Laws Quantum world Physical Architecture (cache memory, pipe-line, …) Recovery mechanism Cristal de Si Circuits Architecture and wiring (ECC) Transistors and Silicon – Atoms & Electrons ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 99 Du métier ... → au Silicium Processus métiers/techniques à modéliser Innovation (chaînes de valeurs de l’entreprise) Applications métiers/techniques spécialisées et processus informatisés Applications métiers/techniques génériques – Progiciels API métiers Mais où est la sécurité Confidentialité, Intégrité ??? Middleware d’intégration type Internet/W3C, ESB, ... API système du type J2EE, .Net, etc. Très peu développement en Europe Perte de compétitivité • 7-8 couches pour le système d’exploitation • Couches réseaux (OSI 7, TCP/IP 4) Middleware et services système type OLTP, SGBD, CORBA, ... Administration OS Couches Télécoms Valeur relative du SI – Économie du SI /CQFD-TCO Scripts Paramétrage Langages propriétaires Patrimoine métiers Domaines des Outils et méthodes de développement et d’ingénierie durable Interopérabilité informatique « sémantiquement riche » Actuellement 4 à 5 milliards de transistors ... Microprocesseur 4-coeurs Cristal de Si Cœur N°1 Cœur N°2 Cache C1 Cache C2 Cœur N°3 Cœur N°4 Cache C3 Cache C4 Bus interne + Directory Hardware ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Taille des transistors → 20nm [≈2003 atomes] Page 100 Entrouvrir la Boite Noire Boite Noire Langage Ensembles de phrases émises … Automate Grammaire Environnement Monde réel que l’on essaye de comprendre Monde réel formalisé que l’on essaye de représenter par une machine abstraite → Fabriquer le réel à partir d’un « plan » de construction et de composants élémentaires Exemples : Silicon compiler, Chaîne de montage robotisée, … ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 101 Universalité computationnelle ... Une nature qui calcule ?! Universalité « classique » [Newtonienne], au sens de Turing • Machine « universelle » de Turing Permet la simulation de n’importe quelle machine Fonctionne avec des ressources infinies Universalité « quantique », au sens de D.Deutsch, R.Bennet, R.Landauer, ... [Celle de la « physique » de l’information] • La nature utilise des moyens de calculs qu’on ne peut pas exprimer de façon « classique » Aux niveaux atomiques et sub-atomiques Mécanismes physique mettant en œuvre ces propriétés [ordinateurs « quantiques »] → Fonctionne avec des ressources qui sont celles de la nature au niveau quantique ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 102 « Jouer » avec la superposition … Le phénomène quantique intéressant est simultanément là ET là ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 103 Bibliographie [Les automates] Pour une introduction : http://en.wikipedia.org/wiki/Finite-state_machine [Très bien fait, pas d’équivalent en français] 2 français ont joué un rôle significatif dans le développement de la théorie, les professeurs Marcel Paul Schutzenberger et Maurice Nivat ; un chercheur français, Joseph Sifakis, a obtenu un Turing Award, en 2007, pour ses travaux sur le Model checking, entièrement basés sur la théorie des automates. Ouvrages de références, entre autres … : B.Trakhtenbrot, Algorithmes et résolution de problèmes par des machines, Ed. Mir Minsky, Marvin (1967), Computation: Finite and Infinite Machines (1st ed.). New Jersey: Prentice-Hall. P.J.Denning & …, Machines, languages and computation, Prentice Hall, 1978. Hopcroft, John; Jeffrey Ullman (1979). Introduction to Automata Theory, Languages, and Computation (1st ed.). Reading Mass: Addison-Wesley. ISBN 0-201-02988-X. Hopcroft, John E.; Rajeev Motwani, Jeffrey D. Ullman (2001). Introduction to Automata Theory, Languages, and Computation (2nd ed.). Reading Mass: Addison-Wesley. ISBN 0-201-44124-1. Jean-Raymond Abrial, The B-book, Cambridge University Press Historique : Von Neumann, Œuvres complète, Vol.5 [lecture obligatoire pour qui veut comprendre en profondeur le Pourquoi et le Comment] Claude Shannon a beaucoup écrit sur les automates ; voir sa recension Von Neumann’s contributions to automata theory. George Dyson, Turing’s cathedral – The origins of the digital universe, Penguin, 2012. ©2014 /J.Printz / Évolution du langage mathématique Page 104
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