Groupe régional « Chefs de service et cadres intermédiaires » Rencontre du Jeudi 13 Mars 2014 [La rencontre, organisée par le CREAI Centre, a eu lieu au FJT Les Acacias à Orléans] La place et le sens de l’action du Chef de Service et/ou du Cadre Intermédiaire dans les évolutions du travail social. Animation de la rencontre : Simon HEICHETTE, Conseiller Technique CREAI, Séverine DEMOUSTIER, Directrice CREAI Centre Rappel du déroulement de la journée 09h : Accueil des participants 09h30 – 12h30 : Travaux de la matinée 09h30 - 10h00 : Introduction de la journée. Présentation du CREAI et du groupe régional Présentation des animateurs du groupe, de l’intervenant et de la thématique de la journée. Tour de table. 10h00 – 11h00 : Intervention de M. David FAURE, psychosociologue. La construction du sens de l’action professionnelle. Echanges avec le groupe. 11h00 – 12h30 : Travail en petits groupes. Qu’est ce qui fait sens dans l’activité du chef de service ou du cadre intermédiaire et qu’est ce qui rend son émergence difficile ? 13h30 – 13h45 : Intervention de M. Noël Le Goff, Président du CREAI Centre. 14h00 – 16h30 : Lancement des ateliers. Le chef de service au sein d’une organisation par pôle et face au glissement des fonctions. Quelle autorité dans le lien entre équipe médicale et équipe sociale ? Le chef de service/cadre intermédiaire dans la mise en œuvre des procédures telles que les évaluations. Le chef de service dans le rapport de l’institution à la commande publique. Dans chaque atelier, les participants ont cherché à définir : - La posture du chef de service : quelle place, quel rôle et quelles responsabilités ? Qu’est-ce qui permet de donner du sens à son action ? Qu’est-ce qui permettrait d’avoir une action qui ferait sens ? 16h30 – 16h50 : Restitution des ateliers. 16h50 – 17h : Clôture de la journée Conclusion Evaluation de la journée Participants 29 professionnels ont participé à cette journée : Nom du participant Amouriq Clément Autefort Jérôme Baaziz Elisabeth Bagonneau Marie Bakarlaz Michel Boury Laurence Campoetto Bruno Caracotte Fabienne Carneiro Isabelle Fonction Chef de service Chef d’atelier Chef de service Chef de service Chef de service Chef de service Directeur Adjoint Chef de service Chef de service éduatif Combeau Orane Coquerel Karine Cadre socio-éducatif Garrier-Giraudeau Guenant Benoît Huvelin Vincent Chef de service Chef de service Chef de service Lameth Alicia Cadre socio-éducatif Legrand Bruno Chef de service Lemmelet Véronique Magrino Sandrine Chef de service Chef de service Noble Marie-Hélène Noury Laurent Chef de service éducatif Chef de service Papillon Laurence Pichot Eric Pinguilly Sabine Roubinet Laurence Tambour Hélène Thévenon Jacques Tytgat Loïc Zoppis Julia Zouzoulkowsky Loïc Chef de service Chef de service Chef de service éducatif Chef de service Stagiaire CAFERUIS Chef de service Chef de service Chef de service Nom du service MAS Les dauphins ESAT Arcade Foyer Isambert FAM Hameau de Julien IME Le nid des Bois SAEJ La vie au grand air CAMSP du Colombier IES André Beule Château de Vaux Lieu 36220 Lureuil 41170 Mondoubleau 45160 Isambert 45760 Boigny sur Bionne 28240 Manou 45000 Orléans 36000 Châteauroux 28400 Nogent le Rotrou 28240 Saint-Maurice en Germain Dispositif Arc en ciel 36000 Châteauroux IME Le Hameau du Bois 28500 Vernouillet de seigneur Foyer maison de Vitray 28260 Gilles IME les trois vallées 28100 Dreux Foyer/SAVS Résidence les 28000 Chartres Poteries IME Le hameau du bois 28500 Vernouillet seigneur ESAT Le château 45410 Artenay d’Auvilliers SESSAD APF 28000 Chartres Foyer de vie du Mesnil 28500 Mezières en Drouais Institution Serenne 45016 Orléans ESAT Le château 45410 Artenay d’Auvilliers IME La rive du bois 45170 Neuville aux bois Foyer de vie du Mesnil 28500 Mezières en Drouai Institution Serenne 45016 Orléans ITEP de Cercay 41 Nouan Le Fuzelier SESSAD APF 28000 Chartres IME Le nid des bois 28240 Manou Foyer des grands jardins 41170 Cormenon Foyer de vie du Mesnil 28500 Mezières en Drouai Maison notre dame des apprentis d’auteuil La construction du sens de l’action professionnelle des chefs de service/des cadres intermédiaires. Retour sur l’intervention de M. David Faure, psychosociologue consultant, et sur les échanges suscités. Nous avons proposé à M. David Faure, psychosociologue consultant et maitre de conférences associé à l’Université d’Angers, de nous accompagner tout au long de la journée pour travailler sur la question du sens de l’action des chefs de service et des cadres intermédiaires. Tout d’abord, David Faure rappelle que le sens des choses n’est jamais donné : il s’agit d’une élaboration à partir du réel et de ce qui arrive. Le sens est un travail psychique permanent de reconstruction et d’ordonnancement des évènements. C’est une nécessité vitale pour les individus. Organiser les choses est un besoin pour soi, qui permet de garantir la cohérence de soi. Le sens est une manière de donner de l’épaisseur à ce que l’on vit. Il peut changer la donne d’une situation. Par exemple, pour une situation identique, le sens peut faire varier la portée d’une même action : « C’est l’histoire de trois personnes croisées sur une route. Les trois sont en train de casser des cailloux. Nous demandons à chacun d’eux ce qu’ils font : - Le premier répond « je suis en train de casser des cailloux ». Le deuxième répond « je suis en train de gagner ma vie ». Le troisième répond « je suis en train de construire une cathédrale » ». Objectivement, l’action est la même mais le sens donné à la situation vient complètement modifier la donne. Attention, le sens n’est s’inscrit pas forcément dans un projet (c'est-à-dire impliquant l’action du sujet) ; on donne aussi du sens aux évènements, aux choses sur lesquelles nous n’avons pas de prise. S’inscrivant dans un horizon temporel, l’être humain n’a de cesse de faire du lien entre le passé et le futur. Dans les processus de changements radicaux, nous avons besoin de lier les évènements mes uns aux autres. Le principal outil est notre capacité à « se raconter des histoires » à partir de ce qui nous arrive. Paul Ricoeur travaille notamment cette dimension : la cohérence du sujet nécessite une construction permanente de récit qui permet de lier des éléments disparates et une identité dans le temps. C’est un bricolage qui s’opère individuellement et collectivement. Ainsi, à l’instar des individus, les institutions ont-elles aussi besoin de s’inscrire dans une histoire. La structure narrative fondamentale dont nous avons psychiquement besoin se retrouve dans les contes : le sujet a un moteur (un objectif), le récit est construit en traçant un chemin pour y arriver. Le chemin est fait d’obstacles et de ressources pour finalement arriver au but. Le sens est un travail continu dans la mesure où nous sommes en permanence confrontés à des situations nouvelles. Généralement, le sujet n’invente pas complètement le sens des situations : plein d’éléments lui sont déjà donnés par la société ; mais cela reste une construction. Par exemple, le sens de l’action collective d’une structure dans laquelle nous sommes embauchés est donné par avance (ce sens peut être explicité dans la loi qui règlemente à quoi sert la structure et peut être redéfini dans le projet d’établissement). Mais parfois, ce sens donné ne correspond plus à la situation vécue ; les mots qui sont transmis aux individus ne suffisent plus. Il peut en découler une situation de crise. C’est alors qu’une déconstruction de ce qui est donné peut s’avérer nécessaire ; c’est un passage important pour pouvoir réinvestir le sens de son action. Le temps de la déconstruction du sens donné par les institutions et les politiques sociales peut être considéré comme un coût à payer pour celui qui s’y essaie. Cependant, les professionnels et les équipes ont à se poser la question de savoir si ce temps de l’analyse est un luxe ou quelque chose d’indispensable. Toujours est-il que ce travail est quelque chose qui s’inscrit dans un temps long a contrario de l’urgence permanente du quotidien, des injonctions des autorités à « changer »,… A tel point que « le sens n’a plus de sens ». Dans cet environnement, le rôle du chef de service est peut-être justement celui qui doit initier pour refaire du lien entre le passé et le présent. Travailler sur le sens serait un moyen de contrer « la tyrannie de l’immédiateté ». Travail en groupes et ateliers de l’après-midi. Qu’est ce qui fait sens dans l’activité du chef de service ou du cadre intermédiaire et qu’est ce qui rend son émergence difficile ? La fonction de chef de service glisse progressivement et s’éloigne du terrain ; certains se retrouvent quasiment en position de direction. Les professionnels de terrain ne comprennent pas toujours cet éloignement et cela peut être difficile à vivre pour les chefs de service. Certaines équipes considèrent le chef de service comme étant multifonction et très présent. En plus, son positionnement peut être très différent selon les structures. Un groupe pose la question : « mais qui es-tu chef de service ? » L’image d’un rubik’s cube est proposée pour définir celui-ci. Certains constatent que le rôle du chef de service est peut-être moins dilué et plus clair au sein des petites associations. La commande publique est parfois difficile à comprendre ; les changements permanents créent une forme d’incompréhension. Le manque de moyens peut entraîner des contraintes, des indisponibilités auprès des équipes qui ne se sentent pas écoutées ; tout cela est source de tensions. D’autant plus que le chef de service doit parfois convaincre de l’utilité de certains outils, de démarches ; il doit se poser la question de jusqu’où il doit maintenir le sens et à quel prix. Les positionnements du directeur peuvent aussi mettre à mal le chef de service vis-à-vis des équipes. La représentation du poste est vraisemblablement différente entre la direction et celui qui occupe les fonctions. Auprès des équipes, le chef de service doit aussi dégager un sens commun entre les professionnels qui interviennent sur le volet social et le volet médical ; ce rôle d’articulation est difficile entre deux cultures communes. Les professionnels font également remarquer que la formation des chefs de service est décalée par rapport au vécu sur le terrain. Une fois sorti de formation, le chef de service est très isolé dans sa fonction. Enfin, certains jeunes salariés n’ont plus le profil classique du professionnel s’inscrivant dans un engagement personnel ; les choix de recrutement des organismes gestionnaires peuvent compliquer la tâche au quotidien. Les ateliers de l’après-midi ont permis de creuser les thématiques évoquées le matin. Les professionnels se sont répartis à leur convenance dans les différents groupes. Le chef de service au sein d’une organisation par pôle et face au glissement des fonctions. La variété des fonctionnements associatifs, des tailles des établissements ne favorisent pas une uniformisation des pratiques des chefs de service. La réalité des associations étant en pleine évolution, la posture du chef de service n’est pas forcément claire d’autant plus quand ses fonctions ne sont pas toujours bien délimitées. D’un établissement à un autre, la vision, les missions, les responsabilités et les limites d’intervention peuvent varier ; la question du sens de l’action des chefs de service en est indubitablement impactée. La place du chef de service dans le portage des démarches associatives a un impact sur sa capacité à donner du sens aux outils et aux procédures. Ainsi, plus le chef de service est associé par la direction, plus il est en mesure de soutenir la mise en place de procédures institutionnelles auprès des équipes. Au contraire, il y a un risque lorsque le chef de service est dissocié des démarches. Cette association renvoie à la place du chef de service dans l’équipe de direction. Le glissement des fonctions du chef de service questionne la possibilité d’un parcours de métier qui s’est traditionnellement opéré dans le passage de la fonction d’éducateur vers celle de chef de service. Le chef de service est de plus en plus attendu sur des missions de gestion. Ce glissement a aussi un impact sur les éducateurs qui se retrouvent à réaliser des missions de coordination. Cependant, le glissement de tâches des chefs de service permet aussi de sortir du quotidien, d’échanger. La conclusion de cet atelier est de dire qu’il y a différents types de chefs de service : au même nom répond des missions qui varient : le spectre des positionnements des chefs de service est particulièrement large. Quelle autorité dans le lien entre équipe médicale et équipe sociale ? L’autorité du chef de service ne peut que se construire dans le temps ; il lui faut, au fur et à mesure, aboutir à une vision unique de l’action (et non à la superposition de plusieurs types de service). Cette démarche ne peut se faire que sur un temps long. Cela nécessite que le chef de service ait pour mission d’assurer la coordination d’ensemble des équipes. La légitimité que donne la direction permet de rendre crédible le chef de service auprès de l’ensemble du personnel. Afin d’assurer cette coordination, il faut nécessairement centrer l’action de l’ensemble des professionnels autour de quelque chose de commun : le projet de la personne. Il n’y a pas besoin d’avoir toutes les compétences pour coordonner, au contraire, l’équipe médicale peut aussi guider le chef de service. Le chef de service/cadre intermédiaire dans la mise en œuvre des procédures telles que les évaluations. Les chefs de service doivent préparer les équipes, les mettre dans la dynamique et créer de l’adhésion pour faire émerger des choses intéressantes. Dans les procédures que les établissements et services doivent mettre en œuvre, il s’agit de réussir à investir le sens qui nous est donné par avance. Il s’agit là de reprendre prise, de redevenir acteur dans les procédures dont les professionnels ne maitrisent que très partiellement les tenants et les aboutissants. Certains apprentissages sont nécessaires pour retrouver cette posture. Il s’agit de reprendre en main les choses petit à petit. Il faut comprendre les enjeux politiques et sociaux ; cela peut se faire en bénéficiant de formations, d’être en permanence dans une démarche de formation continue. Malgré les contraintes, il faut pouvoir « donner du temps au temps » pour permettre cet apprentissage et cette compréhension des enjeux sociaux et politiques dans lesquels les structures se retrouvent actuellement. Le chef de service dans le rapport de l’institution à la commande publique. Une posture essentielle à avoir est de s’imposer les mêmes exigences que celles que le chef de service pose aux équipes. De même, il s’agit de soutenir les professionnels pour ne pas être uniquement des messagers de la commande publique et de la direction de l’organisme gestionnaire. Il faut aussi garder un contact avec les réalités de terrain tout en s’appuyant sur les valeurs humanistes, de valorisation et de reconnaissance des individus qui sont au principe de ce secteur. Malgré toute l’urgence dans laquelle la commande publique plonge les professionnels, il faut prendre du temps pour faire vivre les espaces, les échanges informels. Malgré les injonctions contradictoires, les postures des professionnels du secteur doivent toujours découler du projet de la personne ; vis-à-vis de la direction, il faut être soutenant auprès des équipes. Auprès des équipes, il faut pouvoir développer une véritable culture de l’évaluation, savoir s’appuyer sur des outils : fiches de poste, réunions thématiques,… Il s’agit aussi de rendre acteurs les équipes et les faire participer aux évolutions de la structure. Il faut pouvoir repérer le temps de travail des professionnels pour que les procédures ne rendent pas leur travail auprès des usagers impossible. Enfin, il faut pouvoir être soutenu pour pouvoir être soutenant. Afin de poursuivre les échanges et d’envisager la suite du groupe Chefs de service et Cadres Intermédiaires, nous proposons à ceux et celles qui le souhaitent de se réunir pour un comité de pilotage le vendredi 27 juin 2014 de 9h30 à 12h au sein du CREAI à Orléans. Le comité de pilotage visera à : - Faire un point sur l’actualité concernant les chefs de service et les cadres intermédiaires ; Faire le bilan de la journée régionale qui s’est déroulée le 13 mars 2014 ; Trouver un thème pour une prochaine journée d’étude.
© Copyright 2024 ExpyDoc