1° ES 1 Corpus de textes autour de l’éducation : pédagogies comparées Corpus : Texte 1 : Plutarque, Oeuvres morales, “Comment il faut nourrir les enfans”. Texte 2 : Didier Érasme, extrait de Il faut donner très tôt aux enfants une éducation libérale. Documents : - Robert Doisneau, La Libellule, École de la rue de Verneuil, Paris, mai 1956 ; - Robert Doisneau, La Leçon. 21/01/2014 Texte 2 : Didier Érasme. Il faut donner très tôt aux enfants une éducation libérale Le Hollandais est le “prince” des humanistes de la Renaissance. L’ironie de son Éloge de la folie lui valut très tôt une célébrité internationale. Il s’est luimême livré à une réécriture de Plutarque avant de servir de modèle à Montaigne. 1. Quelle est l’attitude d’Érasme à l’égard des maîtres d’école ? Est-elle comparable à celle de Plutarque ? La Leçon, Robert Doisneau La Libellule, Robert Doisneau Même les parents ne peuvent pas donner une bonne éducation à leurs Texte 1 : Plutarque, Oeuvres morales enfants s’ils ne leur inspirent que de la crainte. La première tâche du maître, c’est Ici je crois entendre quelqu'un me dire : Vous nous aviez promis des préceptes sur l'éducation des de se faire aimer ; puis un sentiment apparaît progressivement, non de terreur mais enfants de condition libre ; mais vous négligez absolument les pauvres et les gens du peuple pour ne vous de respect spontané, qui a plus d’efficacité que la crainte. Aussi, quel bel effet de prévoyance que d’envoyer des enfants à peine âgés occuper que des riches. Il m'est facile de répondre à cette objection. Je souhaiterais sans doute que mes préceptes pussent être mis en pratique par tous les parents ; mais s'il en est que leur indigence mette dans de quatre ans dans l'impossibilité de les suivre, qu'ils en accusent la fortune et non pas mes conseils. Tous les parents doivent une école où préside s'efforcer de donner à leurs enfants un maître inconnu, rustaud, de l'éducation la plus parfaite ; ceux un moeurs assez qui ne sont pas assez riches pour cela se borneront à ce que leur relâchées, quelque fois même au fortune leur permettra de faire. cerveau dérangé, Après cette courte digression, qui m'a paru souvent lunatique, nécessaire, je reprends la suite de sujet à l’épilepsie ou même atteint de mes principes. On doit porter les enfants cette lèpre qu’on à l'amour du bien, par la douceur appelle couramment et la persuasion, jamais par des de nos jours “la gale punitions dures et humiliantes, qui française”. Car nous voyons pas conviendraient tout au plus à des ne a u j o u r d ’ h ui esclaves et non à des enfants de d’individu assez condition libre. Les mauvais traitements et les affronts les taré, assez incapable, assez insignifiant pour ne pas être jugé par le commun des découragent et les rebutent ; les mortels, apte à diriger une école. Et croyant avoir trouvé une sorte de royauté, c’est éloges et les reproches réussissent merveille comme ces individus exercent leur violence, sous prétexte qu’ils ont bien mieux que la rigueur et la plein pouvoir, non sur des fauves, comme dit l’auteur comique, mais sur un âge sévérité ; les uns portent au bien, qu’il faudrait choyer par toutes les marques de douceur. On ne dirait pas que c’est les autres les détournent du mal. Il faut donc en user tour à tour : s'ils se laissent aller à une confiance une école, mais une salle de torture : on n’y entend que crépitement de férules, présomptueuse, humiliez leur orgueil par des reproches salutaires, et relevez ensuite leur courage par des sifflement de verges, cris et sanglots, menaces épouvantables. Ces enfants y louanges bien ménagées, comme les nourrices, après avoir fait pleurer leur enfant, le consolent en lui présentant apprendront-ils autre chose que de haïr les études ? Et quand cette haine s’est fixée la mamelle. Mais qu'on évite aussi de les enorgueillir par des louanges excessives qui les rempliraient une fois dans leurs jeunes esprits, même devenus grands, ils ont les études en horreur. d'amour-propre et de vanité. Au reste, je connais des pères qui, pour trop aimer leurs enfants, en sont réellement les ennemis. Didier Érasme, De pueris statim ac liberaliter instituendis (1529), traduction de Jean-Claude Margolin, Robert Laffont, 1992. 2. Dans quelle mesure les scènes figurées sur les photographies de Doisneau montrent-elles que les méthodes de la pédagogie comportent des invariants, malgré toutes les évolutions et adaptations intervenues depuis l’Antiquité ? 3. D’après tous les éléments du corpus, quelles données vous apparaissent essentielles à une pédagogie efficace ?
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