Dossier de presse - Centre Culturel André Malraux

28 OCTOBRE > 19 DÉCEMBRE 2014
arno
schmidt
L’irréductible
de la littérature
allemande
CCAM / SCÈNE NATIONALE DE VANDŒUVRE
RUE DE PARME, 54 500 VANDŒUVRE-LÈS-NANCY
TEL : 03 83 56 15 00 / SITE : WWW.CENTREMALRAUX.COM
LICENCES : 540-249/250/251 / DESIGN GRAPHIQUE : STUDIO PUNKAT / PHOTO : WILHELM MICHELS / ETTA JACOBS
Bargfeld n° 37
militaires. Ceux des Britanniques et de la nouvelle
armée ouest-allemande.
gère la tranquillité de son mari, lui épargnant
ainsi téléphone, courrier, éditeurs et chats.
production Ligne 9 Théâtre / coproduction CCAM-Scène
mer 05 novembre \ 20:30
jeu 06 novembre \ 19:00
ven 07 novembre \ 20:30
sam 08 novembre \ 19:00
C’est cette « dernière période Bargfeld », comme
disent les critiques littéraires allemands - entre
1959 et 1979 donc - , qui sont évoqués ici. Pour les
Schmidt, elle clôt quinze années de vie précaire
de refugiés de l’Est. Sur le plan artistique, elle
sonne la fin des textes courts, saccadés et fragmentés, écrits dans des chambre-cuisine-ateliers
de travail, durant les années cinquante.
Bargfeld n°37 deviendra le centre secret de la littérature de cette fin de siècle, le lieu où Schmidt
se vivra comme le « dernier poète ». C’est là, dans
sa Cité des livres, qu’un écrivain, cette « bête-àcerveau », est en train de créer sa propre légende.
Il enfante un monde de mots - archivé par des
dizaines de milliers de fiches serrées dans des casiers, à partir desquelles il bâtit des romans d’un
genre inédit. Un « Homme à fiches » dont le corps
se dissout dans ses livres.
Arno Schmidt, devenu un mythe de son vivant,
« Notre ermite de la lande », comme disait la
presse de l’époque, ruina sa santé déjà fragile à
force d’une somme de travail difficilement imaginable, et fut précipité dans la vieillesse avant
l’heure. Il mourut en 1979, à l’âge de 65 ans, des
suites d’une attaque cérébrale. Ermite, il l’était
peut-être, mais certainement pas le leur. Aujourd’hui encore, dans son « pays de poètes et
de penseurs », l’homme et sa littérature restent
comme une épine dans la chair, un corps étranger
dont l’Allemagne se garde bien de se glorifier.
Les documents
10 ° 20’53’’ longitude E
52 °42’20’’ latitude N
d’après les textes de Arno Schmidt · rassemblés
par Hubertus Biermann · mise en scène Natascha Rudolf · avec Hubertus Biermann, Nicolas Martel, Karin Oberndorfer, Natascha Rudolf
· et Luc Jenny, Mikaël Kandelman · scénographie
Michel Jacquelin · lumière, régie générale Luc
Jenny · son Mikael Kandelman · administration
Cécile Esperou-Kenig
Bargfeld n° 37. C’était l’adresse d’Arno Schmidt
(1914-1979) et de sa femme Alice (1916-1983),
quand en 1958 ils devinrent propriétaires d’une
maisonnette de 70 mètres carrés à Bargfeld, un
village de 150 habitants situé au sud de la Lande
de Lunebourg, en Basse Saxe, à une soixantaine
de kilomètres au nord d’Hanovre.
Informant par carte postale quelques personnes
de cet événement capital dans sa vie, Schmidt y
ajouta – en arpenteur passionné - la longitude et
la latitude du lieu. C’est dans ce bled, où il vécut
retiré les 20 dernières années de sa vie, qu’allait
désormais se poursuivre et prendre un tournant
décisif, l‘une des plus grandes aventures littéraires du siècle dernier.
Dans le paysage plat de cette lande peu habitée
(presque toutes ses histoires s’y jouent), il semble
comme revenu « chez lui ». Il y a déjà vécu - logé
d’office - avec sa femme, entre 45 et 49, à la sortie
de la guerre. Et pendant leurs errances de réfugiés, il n’a cessé de rêver d’y trouver, ne seraitce qu’une cabane, afin de pouvoir y travailler au
calme.
En réaliste impitoyable et sans aucune illusion,
Schmidt n’espère pas une idylle champêtre. En
pleine guerre froide, Bargfeld se trouve alors à 20
kilomètres de la frontière avec la RDA, l’ex-camp
de concentration de Bergen-Belsen n’est pas loin,
la lande est parsemée de casernes et de camps
nationale de Vandœuvre / soutien Drac Île-de-France,
Adami / participation Fondation Arno Schmidt / soutien
technique compagnie Arsène / partenariat Goethe-Institut (Nancy)
LES SOURCES
• Les enregistrements privés des Schmidt. Ils
concernent la fabrique de ‟Zettel’s Traum”.
Des réponses écrites à des questionnaires ; des
lettres de sa femme.
• Des photos, dessins/croquis de l’auteur.
• Certaines fiches (parmi les dizaines de milliers
existantes).
• Essais littéraires pour la radio ; articles de journaux
Les sources littéraires
Elles proviennent de l’œuvre narrative d’Arno
Schmidt des années Bargfeld :
• ‟On a marché sur la lande” ; ‟Vaches en demideuil”.
• Dactylogrammes ‟Zettel’s Traum” (non traduit),
‟L’Ecole des Athées” (non traduit), ‟Soir bordé
d’or”, le fragment ‟Julia ou les Peintures ”(non
traduit).
un quasi-monologue
En une suite de scènes et de flashs inspirés de
la dernière période de vie d’Arno Schmidt, «
Bargfeld n°37 » ne raconte pas l’homme dans sa
dimension biographique, mais bien plutôt la fulgurance d’une langue et la plongée vertigineuse
qu’est l’immersion sans concession, dans la littérature et dans l’écriture.
« Ecrire un roman est un meurtre » fait à son entourage, ses prédécesseurs, ses collègues, à soimême.
Ici, s’inspirant de l’expérience extrême des 6 années qu’ont été l’élaboration de Zettel’s Traum,
au risque d’y perdre sa santé, sa femme et sa raison, l’écrivain fomente son coup, parle, murmure,
doute, teste mots et formules, entend des voix
(celles de tout son personnel qui peuple ses romans et qui se répond de livre en livre). Les frontières entre réel et imaginé, veille et rêve, entre
passé, présent et futur deviennent mouvantes,
voire abolies par un état extrême de concentration et d’épuisement.
Ce huis-clos volontaire ne sera interrompu
qu’à quelques exceptions par des visites soigneusement triées sur le volet et par Alice, sa
femme, osant de rares incursions à l’étage...
Reléguée au rez-de-chaussée, elle réorganise sa
vie en solitaire, tape les traductions au propre,
Cependant, l‘œuvre pivot est ‟Soir bordé d’or”
(Sbo). Ce dactylogramme en format A3 éclaire
d’une lumière crépusculaire le monde, la littérature et l’homme qu’était Arno Schmidt. Gravement malade, il jette ses dernières forces pour
écrire ce roman testamentaire. Dernier des dactylogrammes publiés de son vivant, l’édition française, aujourd’hui épuisée, est la reproduction
exacte de l’original allemand.
La dernière période Bargfeld est placée sous le
signe d’un grand bouleversement déclenché par
la rencontre (tardive) de Schmidt avec Freud et
Joyce : ‟Kaff auch Mare Crisium” sort en 1960
(‟On a marché sur la lande”, trad. par Claude
Riehl, Tristram 2006). Dans ce roman « à deux
colonnes » il dynamite la norme de l’orthographe,
fondant par là l’art schmidtien du « mal-écrire »
par un phonétisme très spécial, virtuose et burlesque. ‟Vaches en demi-deuil” (Allemagne 1963,
France 2000), un recueil de 10 nouvelles champêtres.
Freud et le Joyce de ‟Finnigans Wake” font leur
entrée dans l’écriture de Schmidt. À partir de
62, découvrant les possibilités qu’offre la grande
page (A3), il se lance enfin dans ce qu’il n’a pas
encore voulu faire : décrire le monde dans sa
continuité, saisir le temps réel dans son étendue
et sa complexité en exploitant l’espace de la page
autrement. Le titre sera ‟Zettel’s Traum” (Rêve
de fiches, ou Rêve de Bottom). ‟Zettel’s Traum”
paraît en 1970 : 1350 pages en format A3 (correspondant à env. 5000 pages normales), « un livre
à trois colonnes » éditées en un bloc compact
(pesant 9 kg) sous forme de fac-similé du dactylogramme de l’auteur - de loin le plus long des
romans d’une journée jamais écrit, et sûrement
l’œuvre la plus difficile de Arno Schmidt. Le « format atlas » (DIN A3) est dorénavant l’espace sine
qua non de la page schmidtienne.
‟Zettel’s Traum” sera suivi par deux romans
dialogués, sortes de scénarios ou de pièces de
théâtres, publiés en facsimilé :
• ‟L’Ecole des athées” (1972, 271 pages A3).
• ‟Abend mit Goldrand” (Allemagne 1975, 215
pages A3, ‟Soir bordé d’or”, France 1991, trad.
Claude Riehl) sera son dernier achevé.
Natascha Rudolf
metteure en scène
Comédienne et metteure en scène franco-allemande, elle a fait des études d’allemand et de
théâtre et a travaillé en France comme en Allemagne. En 2001, elle crée la compagnie Ligne 9
Théâtre (L9T) à Montreuil. En 2002, elle devient
art-thérapeute diplômée de la faculté de Médecine (Paris V).
Elle fabrique des créations originales à partir de
matériaux divers : ‟De l’eau !” d’après Tchekhov,
‟Lambeaux-Lumpen” d’après Brecht, et des témoignages de clochards, ‟À l’Ouest d’après ses
observations” notées lors d’un stage en HP. En
2005, elle met en scène ‟Kroum l’ectoplasme”
de Hanokh Levin, en 2008, ‟La contrebasse” de
Patrick Süskind, avec Hubertus Biermann. Créé
à la scène nationale de St Quentin en Yvelines, le
spectacle sera représenté 70 fois jusqu’en 2012.
En 2010 et 2011, elle travaille avec Noël Casale,
qu’elle met en scène dans deux de ses textes :
‟Nous avons payé cher les oursins” et ‟Forza Bastia !”
Metteure en scène, elle pratique également le
théâtre comme outil de rencontre pour aller vers
des personnes qui ne pousseront pas naturellement la porte d’un théâtre.
‟La maison de Bernarda Alba” de Federico Garcia Lorca (2007), ‟Iphigénie à Versailles” en 2010
d’après ‟Iphigénie” de Racine et d’‟Euripide” avec
un chœur contemporain de 30 amateurs ; le projet
‟Aristophane” en 2013 qui réunit amateurs et pro
fessionnels autour de Lysistrata et de l’Assemblée
des femmes. Depuis 2002, elle intervient ponctuellement dans des hôpitaux psychiatriques, en
maison de retraite, dans le cadre des classes spécialisées de l’Education Nationale (FLE, SEGPA,
CIPPA,...).
HUBERTUS BIERMANN
adaptateur, comédien
Allemand de la Ruhr, issu d’une famille d’ouvriers
sans histoires, Hubertus Biermann vit depuis plus
de 30 ans à Paris.
Très jeune déjà, il joue dans l’harmonie municipale que dirige son père et des groupes de rock.
Il découvre la contrebasse à 18 ans et fait en autodidacte ses premières expériences avec les musiques improvisées, avant d’entamer des études
musicales (contrebasse et composition). Par la
suite, il est contrebassiste dans diverses formations de jazz, de musique contemporaine ou improvisée. La contrebasse, il en joue toujours : récemment, il a participé à ‟Cinq Ryoanji” de John
Cage avec des membres de l’ensemble Hiatus.
Au début des années 80, il découvre le théâtre en
France comme musicien et compositeur. Devenu
acteur « par hasard », il a d’abord travaillé à la
marge du théâtre, là où celui-ci rencontre d’autres
arts : la poésie, la littérature, la danse, la musique. Il a collaboré ainsi avec Xavier Marchand
sur les univers de Gertrude Stein, Sergueï Paradjanov, Robert Walser, Dylan Thomas ou Kurt Schwitters. Aujourd’hui encore, il interprète à l’occasion
la ‟Ursonate” de Schwitters, ou le ‟Discours sur
rien” de Cage. Plus tard, il aborde aussi des pièces
du répertoire (Thomas Bernhard, Maeterlinck,
Fassbinder, Strindberg, Shakespeare,...), et en
2008 ‟La Contrebasse” de Patrick Süskind mise
en scène par Natascha Rudolf .
Au théâtre, il a joué entre autres sous la direction
de Bernard Bloch, Jean-Paul Wenzel, Jean-Marie
Patte, André Engel, Noël Casale, Daniel Jeanneteau, Alain Ollivier, Stéphane Olry, Patrick Sommier, récemment avec Jean-Michel Rabeux dans
ses derniers spectacles La nuit des rois (2011) et R
& J tragedy (2013).
H. Biermann dans “La Contrebasse”
PATRICE BOTELLA
comédien
Après des études d’histoire qu’il poursuit en Allemagne, il se forme au cours Florent. Il joue ensuite
en Allemagne et revient finalement en France où il
rencontre Anne Torrès dont il suit l’enseignement.
Parallèlement, il participe à de nombreux ateliers
où il rencontre Claire Aveline, Dominique Boissel,
Philippe Adrien, Martial di Fonzo Bo, Natascha
Rudolf, Hubertus Bierman....
Au théâtre, il joue sous la direction de Jean-Michel Rabeux (La nuit des rois de Shakespeare),
Sophie Lagier (Judith de Howard Barker), Myriam
Marzuki (Les quai-Montenégrins de Natalie Quintane), Björn Potulski (In Europa gehen die Lichter
aus). Il participe à des fictions radiophoniques
sous la direction Jean-Mathieu Zahnd, Marguerite
Gateau, Jean-Philippe Albizatti.
Michel Jacquelin
scénographe, vidéaste
Après avoir été reçu en 1982 à l’Agrégation d’Arts
Plastiques et avoir soutenu en 1990 sa thèse sur la
photographie, il mène en parallèle deux activités
celle de plasticien et celle de photographe pour le
théâtre et la danse. Il aborde la scénographie en
1992 (dont spectacles de Richard Dubelski, Claude
Bokhobza, Xavier Marchand et Olivia Grandville)
et crée à partir de 1993 ses propres spectacles/
performances en collaboration avec Odile Darbelley, avec laquelle il va également publier aux éditions Actes Sud “Du lard à l’art” en 2001.
En 2010, dans le cadre du Cabaret Discrépant
d’Olivia Grandville, il crée : “La vidéo est déjà
commencée ?”, installation vidéo pour dix moniteurs, autour du lettrisme.
Toujours avec Odile Darbelley, il travaille actuellement sur le projet “Nous ne pouvons connaître
le goût de l’ananas par le récit des voyageurs”
en proposant à des artistes d’inventer une forme
pour raconter leur vie en les confrontant à l’Art
Tangent (artiste participant : Boris Lehman, Hubertus Biermann, Georges Appaix, etc...)
AUTOUR D’ARNO SCHMIDT
Le cœur dans la tête (2013)
mar 28 octobre \ 19:00
durée 61mn réalisation Oliver Schwem image
Benno Souup montage Birgit Hemmerling musique
Pascal Holtzer rédaction Mechtild Lehning son
Ruth Reeh-Georgi
En Allemagne, Arno Schmidt est surtout connu
pour son roman-fleuve ‟Zettel’s Traum” (le songe
de Zettel, ce personnage étant le nom allemand
du Bottom du ‟Songe d’une nuit d’été” de Shakespeare), réputé intraduisible. S’inspirant de
James Joyce, il décrit les événements d’une seule
journée d’été dans un petit village. Sur plus de
mille trois cents pages grand format, il multiplie
les jeux de mots, les métaphores, les néologismes
et les associations d’idées. Paru en 1970, le livre
lui vaut le prestigieux Prix Goethe et l’enthousiasme de nombreux lecteurs. Mais cet autodidacte revendiqué, qui exècre le monde littéraire
et médiatique, mène une vie de misanthrope en
compagnie de sa femme dans les landes de BasseSaxe. Expulsés de Silésie après la guerre, c’est là
qu’ils ont fini par s’établir.
En 1949, il publie ‟Leviathan” et diverses nouvelles dans lesquelles il se confronte au vécu de la
guerre et à la société allemande de l’après-guerre,
dénonçant entre autres l’accueil glacial qui fut
réservé en Allemagne aux personnes déplacées
des anciens territoires de l’Est, comme lui et sa
femme. Dans ‟Le cœur de pierre” (1954), il fustige
l’hypocrisie et le conservatisme de l’ère Adenauer
en faisant la part belle à l’humour et au sarcasme.
Plus tard, la trilogie ‟Les enfants de Nobodaddy”
se distingue par son nouveau travail de découpage dans l’écriture avec des « fragments » entrecoupés de blancs typographiques dont le tome 1,
‟Scènes de la vie d’un faune”, est reparu en 2011
en France dans une nouvelle traduction. Schmidt
fut aussi un photographe original, révélé dans une
passionnante exposition en 2012 à Arles.
Ce film, produit par Arte, retrace son itinéraire
et donne la parole à ceux qui l’ont connu, dont le
critique Jan Philipp Reemtsma, qui a créé la Fondation Arno Schmidt deux ans après la mort de
l’auteur, ainsi qu’à l’écrivain Marie Darrieussecq.
ARNO SCHMIDT
le photographe
mer 05 novembre > ven 19 décembre
exposition photographique
du lundi au samedi \ 14:00 > 19:00 et les soirs de
spectacle (entrée libre)
Cette exposition d’Arno Schmidt s’attache aux
vingt dernières années de sa vie à Bargfeld, un village de 150 habitant situé en Basse Saxe. Ne sortant pratiquement plus de sa maisonnette, il bâtit
alors des romans d’un genre inédit dont Zettel’s
Traum, un livre format atlas de 1334 pages qui sera
publié en 1969 en fac-similé du manuscrit.
Rencontre avec Hubertus Biermann le mercredi
05 novembre à l’issue de la représentation de
Bargfeld n°37...
Partenaires
Cette manifestation est organisée en partenariat
avec Le Goethe-Institut, Nancy
Remerciements à La Fondation Arno Schmidt,
Unter den Eichen 13, 29351 Eldingen (D).
www.arno-schmidt-stiftung.de