LETTRE 3AF La revue de la société savante de l’aéronautique et de l’espace www.3af.fr NUMÉRO 7 - JANVIER 2014 SOMMAIRE EDITO P.2 Par Michel SC H E L L E R EN DIRECT DE 3AF P.3 • Assemblée Générale, déroulement et impressions • Visite de l’usine Renault de Cléon par la commission Aérodynamique • Pays de l’Adour • Sigma : un nouveau départ P.14 MICHEL DE ROSEN INTERVIEW P.14 • Michel de Rosen TECHNOLOGIES P.17 • Contribution de 3AF pour le CORAC CULTURE P.21 • Sur les pas de Garros AGENDA P.23 Michel de Rosen, Président Directeur Général d’Eutelsat, nous parle de ce qu’est le métier - trop méconnu - d’opérateur de satellites. ÉDITO PAR MICHEL SCHELLER Le 14 novembre dernier, un nouveau Conseil d’Administration a été élu. A côté de trois administrateurs de droit, le CNES, la DGA, la DGAC, les trois collèges introduits par les nouveaux statuts ont chacun vu sept de leurs représentants retenus. En d’autres termes, le Conseil est composé de sept personnes individuelles du collège 1, de sept représentants du collège 2, celui du monde industriel, et de sept représentants du collège 3, celui des mondes de la Recherche, et de l’Enseignement, et ce bien entendu en plus des trois membres de droit. Éditeur Association Aéronautique et Astronautique de France - 3AF 6, rue Galilée, 75116 Paris Tél. : 01 56 64 12 30 Fax : 01 56 64 12 31 Le Conseil est élu pour trois années. Il m’a fait l’honneur de me proposer d’en être le Président, ce que j’ai accepté tout en mesurant l’importance de la tâche que nous aurons à accomplir. Le Bureau est en outre composé de deux vice-présidents, l’un issu du collège 2 et le second issu du collège 3. Les autres membres connaissent bien le fondement de notre société savante, et j’ai toute ma confiance en eux. Directeur de la Publication Michel Scheller Rédacteur en chef Gilles Marcoin Comité de rédaction Pierre-Guy Amand, Pierre Bescond, Jean Délery, Pierre Froment, Paul Kuentzman, Jacques Sauvaget, Jean Tensi, Anne Venables et Sophie Videment. Rédaction Tél. : 01 56 64 12 30 [email protected] Conception IC I L A LU N E Impression Impression Design Dépôt légal : 1er trimestre Les principales tâches à accomplir durant les trois années devant nous sont d’abord, de réussir ce que l’on attend de 3AF, à savoir qu’elle se développe et demeure la Société Savante nationale des domaines de l’Aéronautique et de l’Espace, telle que définie lors des Etats Généraux de novembre 2009, et attendue par tous. Je dois d’ailleurs donner mes sentiments, à savoir que nous évoluons bien, derrière nos cinq engagements : Passion, Ambition, Innovation, Créativité et enfin Qualité. Il nous faut bien entendu conduire à son terme le plan stratégique adopté à l’unanimité par le précédent Conseil d’Administration, et qui a vu un début de mise en œuvre mi-2012. Il n’y a pas d’évidence à sa bonne exécution, car c’est un projet ambitieux. L’année 2013 est une année difficile; 2014 s’annonce mieux, mais sans cesse, il nous faut redoubler d’effort. 2014 ISSN 1767-0675 Droit de reproduction, textes et illustrations réservés pour tous pays. 2 Je sais pouvoir compter sur notre Secrétariat Exécutif, en soi exemplaire, mais aussi, dans le cadre de notre nouveau Conseil, pouvoir compter en particulier sur les membres des collèges 2013 pour atteindre nos objectifs. Les collèges 2 et 3 seront fortement sollicités, je compte sur eux. Nos grandes questions bien entendu concernent les ressources de 3AF : adhésions et manifestations (je préfère … productions). Au fond, j’ai raisonnablement confiance. La fin de l’année est proche, d’ailleurs, il est difficile de tout réaliser, la charge de travail est lourde, mais la nouvelle année se profile. Alors à tous, permettez moi de vous présenter tous mes meilleurs vœux pour 2014, pour vous, les vôtres et tous ceux qui vous sont chers, et n’hésitez pas à développer votre implication au sein de 3AF, et à encourager tel ou tel, hésitant, à venir nous rejoindre, et ce d’une façon active. Avoir une présence autre au sein de 3AF, c’est dans tous les cas un enrichissement personnel et donc un atout pour être heureux dans sa vie, c’est pour ceux qui sont des acteurs au sein d’une entreprise, la certitude d’une reconnaissance de leur hiérarchie, car c’est contribuer à ce que l’entreprise devienne plus « citoyenne », et donc plus efficace. Je peux tous vous assurer de mon engagement personnel au profit de notre Société Savante 3AF. MICHEL SCHELLER Président de 3AF et Emérite 3AF EN DIRECT DE 3AF La partie technique consistait en deux présentations l’une sur la contribution de la 3AF aux travaux du CORAC (Conseil pour la Recherche en Aéronautique Civile) faite par Christian Mari de SAFRAN MBD, Président du Haut Conseil Scientifique, l’autre sur les travaux concernant les PANs (Phénomènes Aériens Non identifiés) réalisée par la Commission Sigma de la 3AF, dont la feuille de route a été renouvelée récemment et qui est maintenant présidée par Luc Dini de THALES. Deux activités techniques très différentes qui montrent la variété des activités de l’Association et sa très grande ouverture. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 3AF DU 14/11/2013: DÉROULEMENT ET IMPRESSIONS 3AF a tenu son Assemblée Générale annuelle le 14 Novembre 2013 dans les salons de l’Aéroclub de France à Paris XVIème. L’Assemblée Générale proprement dite, qui s’est déroulée de 16h00 à 18h00, était précédée, de 14h00 à 16h00, par une séance de présentations techniques, et s’est prolongé par la cérémonie de la remise des grades 3AF (voir liste en fin de document) animée par Christian Mari et la remise par Michel Scheller de deux médailles de l’Aéronautique à Bernard Vivier et à Serge Morlan, à 18h00. L’ensemble de cet évènement a rassemblé plus de 200 personnes ce qui est un succès d’autant plus que les membres 3AF qui s’étaient déplacés se sont montrés très élogieux quant au contenu et à la qualité des présentations et des interventions jugées très fluides et très intéressantes. La présence de l’ancien Président de la 3AF, Jean-Charles Poggi, de Philippe Couillard Président de l’Académie de l’Air et de l’Espace, de l’ancien chef d’Etat Major de l’Air François Maurin, de la direction générale de Safran Herakles, du directeur Innovation d’AIRBUS, de la direction R&T de Safran, et d’un grand nombre de responsables du secteur aérospatial, montre l’intérêt porté à notre Association. L’après-midi s’est achevé par un cocktail dans une ambiance très chaleureuse. De plus le tout nouveau Conseil d’Administration de 3AF élu par les membres 3AF au sein de trois collèges selon les nouveaux statuts de l’Association, s’est réuni pour élire pour 3 ans à l’unanimité son Bureau, avec Michel Scheller comme Président. Pour ce qui concerne l’activité pour le compte du CORAC, elle consistait à rechercher les technologies clés à bas niveau de maturité technologique (TRL) susceptibles d’être utilisées moyennant « maturation supplémentaire » dans les prochaines générations d’avions de transport civils. Cela complète bien les travaux du CORAC qui portaient essentiellement sur la mise en place de démonstrateurs. Le Haut Conseil Scientifique de 3AF, en s’appuyant sur les Commissions Techniques et leur Comité de Pilotage présidé par Pierre-Guy Amand de SAFRAN Herakles, a réalisé un travail remarquable : les technologies mises en évidence par l’étude et en particulier les 10 premières considérées comme prioritaires, serviront de base aux orientations futures de la DGAC en matière d’études amont. Cette action concrète et dont l’utilité est unanimement reconnue, montre que 3AF est maintenant structurée pour répondre à des sollicitations d’ordre technique couvrant l’ensemble du domaine aérospatial. Il faut remercier l’effort fournit des membres 3AF qui ont contribué et tout particulièrement, Bertrand PETOT de SAFRAN MBD, membre du Comité de Pilotage. La présentation suivante, relative au Phénomènes Aériens Non Identifiés (PANs) a permis aux non-initiés d’avoir un aperçu des difficultés et des challenges des études liées à ce type de question, notamment l’existence de phénomènes observés et répertoriés mais dont l’aspect fugace, naturel ou pas, rend leur observation systématique, difficile par des moyens d’observation actuels. L’approche de la Commission Sigma2 de 3AF, s’inscrit dans la lignée des recherches, analyses et publications sur ces phénomènes, issues de COMETA et du CNES/GEIPAN créés depuis plus de 30 ans. Cette approche française fait d’ailleurs référence dans le monde. La démarche spécifique de SIGMA2 procède d’une part d’un rapprochement avec les organisatons officielles en charge d’enquêter et de collecter les données comme en France (GEIPAN) ou à l’étranger, par exemple au Chili, aux USA, en Belgique, voire, en Russie … d’autre part, de se concentrer sur l’approche technique et scientifique pour l’analyse des cas. La commission rassemble déjà de nombreux talents, mais elle ambitionne le développement d’un réseau extérieur avec d’autres chercheurs. 3 EN DIRECT DE 3AF L’Astronaute Jean-François Clervoy est venu compléter l’exposé par une intervention présentant un point de vue pragmatique et imagé concernant la difficulté d’apprécier dans l’espace les phénomènes lumineux et notamment leur distance par rapport à l’observateur. Ce problème est une des grandes difficultés inhérentes aux témoignages concernant l’observation des PANs dans ou hors de l’atmosphère, y compris lors d’enregistrements optiques. L’Assemblée Générale proprement dite, convoquée par le Président de 3AF Michel Scheller, a permis, par vote, les approbations du rapport moral présenté par le Secrétaire Général de la 3AF, Gilles Marcoin, des comptes 2012, du budget 2013, la fixation du barème des cotisations 2014, présentés par le Trésorier de l’Association, Jean-Claude Thévenin. De plus l’Assemblée a reçu une information précise sur le point d’avancement du plan stratégique 2012-2016 par Bernard Vivier, Président du Groupe Régional Pays de l’Adour et animateur du comité de pilotage du plan stratégique. Enfin Michel Scheller a proclamé les résultats du vote pour l’élection du nouveau Conseil d’Administration 3AF pour la période 2014-2016, élu selon les nouveaux statuts et le nouveau règlement intérieur. L’appropriation des nouvelles modalités d’élection du Conseil par les collèges 2 (industries et assimilés) et 3 (organismes d’enseignement, de recherche) explique la tenue tardive de l’Assemblée Générale annuelle, traditionnellement organisée en juin, et de la fixer en Novembre. Il faut saluer ici le travail remarquable de Jacques Sauvaget, chargé de la mission rayonnement au Secrétariat Exécutif, qui a permis que les élections dans ces 2 collèges puissent se faire convenablement. Rappelons que pour ses collèges il est nécessaire que l’organisme présentant un candidat ait signé un accord de partenariat avec la 3AF. Dans la présentation du rapport moral, le Secrétaire Général a voulu mettre en perspective le renouveau de la 3AF qui, depuis les Etats Généraux fin 2009, a su se doter en quatre ans des nouveaux statuts qui lui permet d’être plus proche de ses partenaires et de mieux ainsi répondre à leurs besoins, d’un nouveau plan stratégique, d’une nouvelle gouvernance. Il a décrit l’ensemble des activités en 2012 et 2013 en insistant sur l’importance des Groupes Régionaux impliqués souvent dans des évènements de premiers plans (notamment le Groupe Régional Midi-Pyrénées présidé par Francis Guimera (précédemment d’Airbus), le Groupe Régional Aquitaine, présidé par Hervé Austruy, directeur général délégué de SAFRAN Herakles, le Groupe Régional Pays de l’Adour, présidé par Bernard Vivier, qui organise le salon aéronautique Aéroadour, le Groupe Régional Poitou, présidé par Jean Tensi, qui organise le salon aéronautique Aérotop, le Groupe Régional Ile de France, présidé par Anne-Marie Mainguy … Au total, il y a 2 évènements 3AF par semaine en moyenne ! 4 L’activité internationale s’est développée notamment à travers le CEAS dont la 3AF est un pilier actif, grâce au dynamisme et à la compétence de Pierre Bescond qui a été président du CEAS en 2012 et a réformé cette institution qui est maintenant en ordre de marche avec une approche plus réaliste de ses possibilités. L’ensemble des activités n’est possible que grâce à un Secrétariat Exécutif (Paris, Toulouse) constituant une équipe de très grande qualité et bien soudée dirigée par Anne Venables, secrétariat qui a fait un travail remarquable et qui a su répondre aux challenges, dans un contexte difficile. L’activité, nouvelle, de Communication a consisté tout d’abord à l’organisation d’un évènement exceptionnel, les Etoiles de la 3AF, le 6 décembre 2012 à Paris, qui a rassemblé près de 300 participants et dont les invités d’honneur étaient Laurent. Collet Billon (DGA), Denis Mercier (EMAA), Marwan Lahoud (EADS), Charles Edelstenne (Dassault), Yannick d’Escatha (CNES), Patrick Gandil (DGAC), Antoine Bouvier (MBDA) et au cours duquel la 3AF a procédé à la remise de ses Prix 2012. Le site internet a été rénové et doté de nombreuses fonctionnalités. Les Groupes Régionaux peuvent facilement charger du contenu sur le site. La lettre 3AF, bimestrielle, a reçu un toilettage et paraît à la fois en ligne et sur papier. La gestion des membres en ligne est maintenant opérationnelle et des outils ont été créés pour mieux connaître les populations des membres et leurs évolutions. Un Groupe d’Ingénierie et de Planification des colloques a été créé en 2012. Présidé par Olivier Martin de MBDA, il a pour mission de d’identifier les thèmes de colloques susceptibles d’intéresser un ou plusieurs industriels et de rechercher le soutien d’industriels pour l’organisation du colloque (confirmation du besoin). EN DIRECT DE 3AF Le Trésorier, Jean-Claude Thévenin a présenté les comptes 2012 et le budget 2013. Le plan à terminaison 2013 laisse prévoir un déficit en fin d’année qui devrait être amplement comblé en 2014 année dense en matière de colloques. La Trésorerie est bonne mais il est clair que les budgets sont serrés et que la vigilance est de rigueur. Dans ce secteur financier aussi des outils ont été mis en place pour mieux prévoir et gérer au plus prés les budgets. Il ne s’agit pas à proprement parler de comptabilité analytique mais cela s’en approche. Bernard Vivier a présenté un état d’avancement du plan stratégique 3AF. Ce plan est pour lui un véritable outil de management permettant de mieux structurer l’action de l’Association. Des réunions périodiques sont organisées pour surveiller son développement et faire l’adéquation avec les budgets disponibles. Jean-Claude Thévenin Ma conclusion est que cette Assemblée Générale fut réussie en nombre et qualité des personnes présentes, des interventions et des présentations. Elle témoigne du dynamisme de notre association qui, dotée de ses nouveaux statuts, de sa nouvelle gouvernance et d’un plan stratégique, prend son essor pour devenir un maillon reconnu et important du secteur Aéronautique et Spatial en France. Bernard Vivier GILLES MARCOIN Secrétaire Général 3AF Cérémonie des Grades 3AF : liste des lauréats. Grade Senior : Michel AGUILAR (XPOLAIR), Bruno ATHIEL ( MBDA), Nicolas BEREND (ONERA), Gilbert BEZIAC (3AF), Alain BOUDIER (3AF), Pierre-William BOUSQUET (CNES), Véronique CHAM-MEILHAC (MBDA), Didier GANGLOFF (CNES), Jean-Charles GAUTHEROT (3AF), Siegfried HAUG (AIRBUS), Benoît LECLERQ (MBDA), Olivier MARTIN (MBDA), Alain MIMEAU (MBDA), Hervé MOULIN (3AF), Didier PAGAN (MBDA), Jean-Baptiste RIGAUDIAS (3AF), Gilles SURDON (DASSAULT AVIATION), Régis TOUYA (SAFRAN Herakles), Pascal TRAVERSE (AIRBUS) Serge Morlan Grade Emérite : Yann BARBAUX (AIRBUS), Jean-Louis CHABOCHE (ONERA), Blanche DEMARET (ONERA), Michel DESAULTY (SNECMA), Patrick GILLIERON (RENAULT), Jean-Yves GUÉDOU (SNECMA), Francis GUIMERA (3AF), Christian LARDIER (3AF), Jean-Claude THEVENIN (3AF) Grades Sénior 2013 5 EN DIRECT DE 3AF LA VISITE DE L’USINE RENAULT DE CLÉON COMMISSION «AÉRO-DYNAMIQUE» 3AF rapidement l’année suivante avec l’apparition d’une première conduite intérieure et d’un premier véhicule utilitaire. L’importance de l’aérodynamique dans la consommation des véhicules automobiles devient significative au-delà de 60 km/h. Des efforts sont alors engagés pour réduire la traînée aérodynamique des automobiles et un Centre National de Recherche Technologique (CNRT) a été créé en 2002 à l’initiative des constructeurs automobiles (Renault, PSA) et du CNAM. Les constructeurs sont de plus fortement impliqués dans le Groupement de Recherche (GdR) sur le Contrôle des Décollements[1] auquel participent les acteurs industriels (Airbus, EADS, Dassault Aviation…) et universitaires de la communauté aéronautique. Dans ce contexte, la commission aérodynamique et le groupe régional Normandie de l’association 3AF ont organisé l’après-midi du 17 octobre dernier une visite à l’usine Renault de fabrication des moteurs située à Cléon, en Seine Maritime. Le groupe constitué d’une dizaine de personnes a été accueilli par Alain Audureau, responsable des visites pour l’usine. Après quelques mots de bienvenue, le groupe Renault puis l’usine ont été présentés. Les présentations accompagnées de nombreuses questions ont été suivies par les visites d’un atelier d’usinage de pièces de boîtes de vitesses et d’un atelier d’assemblage de moteurs. L’aventure industrielle du groupe Renault commence en 1898 lorsque Louis Renault gagne le pari de l’ascension de la rue Lepic à Paris au volant d’une voiturette équipée d’un arbre de transmission rigide et d’une troisième en prise directe [1]. Le succès de cette ascension associé aux commandes qui lui font suite conduit à la création de l’entreprise Renault le 28 février 1899. Durant cette année, 71 voiturettes de type A [2] sont fabriquées par 60 personnes. La production se diversifie La gamme s’élargit dès 1901 et l’internationalisation commence avec la signature d’un premier contrat de licence pour le montage d’automobiles en Belgique. L’entreprise développe rapidement son réseau commercial et compte en 1904 près de 120 agents répartis sur le territoire national. La production en série commence en 1905 avec la fabrication de 250 taxis (8 ch [3] 2 cylindres type AG, les taxis de la Marne) commandés par la société des fiacres automobiles. L’entreprise développe des moteurs d’avions et poursuit le développement de véhicules utilitaires. La production atteint alors 3800 véhicules en 1907 puis dépasse les 10000 véhicules en 1913. Renault participe à l’effort de guerre en fabriquant des obus, des moteurs d’avions, des avions, des ambulances puis des chars (FT17) qui sont produits à 3000 exemplaires en 1918. L’entreprise poursuit ensuite son développement dans les domaines routier (véhicules particuliers, camions, autocars), aérien (avions Breguet-Renault), ferroviaire (locomotives à air comprimé, automotrices), maritime (canots et hydroglisseurs équipés de moteurs Renault) et agricole (tracteurs à chenilles). En 1922, l’entreprise devient la Société Anonyme des Usines Renault et la première chaîne de montage apparaît. De nouveaux ateliers sont construits sur l’île Seguin entre 1928 et 1929 et dès 1930 le nombre de véhicules en circulation en France dépasse le million. La seconde guerre mondiale conduit à de nombreuses destructions et à la nationalisation de l’entreprise en 1945 sous le nom de Régie Nationale des Usines Renault (RNUR). La 4CV [4] développée à partir de 1940 est mise en fabrication en 1947. C’est ensuite le développement continu avec l’apparition de la R8 en 1962, de la R16 en 1965, de la R5 en 1972, de la R14 en 1976, des R4 et R18 en 1978, de la R25 en 1984, de la R21 en 1986, de la Safrane en 1992 puis de la Laguna en 1994. L’entreprise ouvre cette année là son capital au secteur privé, installe son ingénierie au Technocentre de Guyancourt en 1998 puis s’allie à l’entreprise automobile japonaise NISSAN en 1999. L’entreprise Renault est aujourd’hui multimarques et est présente dans toutes les régions du monde. [1] Site internet : http://www.univ-orleans.fr/GDR2502. [2] Véhicule non carrossé. [3] ch pour «cheval vapeur», unité de puissance hors du Système International (SI) d’unités mais couramment utilisé, 1 ch (européen) = 735 Watt. [4] 4CV, couramment appelée 4 chevaux avec CV pour chevaux fiscaux. 6 EN DIRECT DE 3AF Ses filiales sont Dacia [5], Samsung Motors [6], AvtoVAZ [7] et Renault Sport [8]. Le groupe Renault compte 29 usines dans le monde dont 13 en France (Douai, Flins, Sandouville, Maubeuge, Cléon, STA, Douvrin, Dieppe, Le Mans, Batilly, ACI Villeurbanne, ACI Le Mans et Choisy Le Roi), 6 en Europe (3 en Espagne, 1 au Portugal, 1 en Slovénie, 1 en Roumanie) et 10 dans les autres pays du monde que sont le Maroc, l’Argentine, l’Iran, l’Inde, le Brésil, la Russie, la Turquie, le Chili, la Colombie et la Corée du sud. Le groupe Renault est présent dans 118 pays, occupe la troisième place du marché des véhicules particuliers et utilitaires en Europe et a vendu 2 250 286 véhicules sur l’année 2012. Le groupe Renault-NISSAN, né de l’alliance, était en 2011 le troisième producteur mondial avec 8,03 millions de véhicules vendus. L’usine Renault de Cléon est construite en 1958 sur un site de 155 hectares situé au sud de la Seine-Maritime sur la commune de Cléon au centre d’un méandre de la Seine [4]. Les bâtiments occupent 40 hectares où sont fabriqués des boîtes de vitesses et des moteurs pour les entreprises Renault, NISSAN et leurs clients. L’usine fonctionne en flux tendus avec 355 fournisseurs et employait en 2012 près de 4039 salariés dont 2013 agents de production, 1680 employés, techniciens et agents de maîtrise, 244 cadres et 102 apprentis. La moyenne d’âge du personnel est en 2013 proche de 40 ans. Différents métiers collaborent au quotidien pour assurer le bon fonctionnement de l’établissement. Les salariés sont ainsi regroupés en quatre grandes familles de métiers dont l’ingénierie (conception, méthode), la fabrication (chaines d’assemblage), les fonctions supports (la qualité, la logistique, la maintenance, l’environnement, l’informatique, les ressources humaines, la gestion, la communication…) et le tertiaire. La fabrication s’effectue à partir de 137 lignes de production qui couvrent 46% des besoins de Renault et alimentent 54% de la production des véhicules particuliers [4]. 548396 moteurs et 642001 boîtes de vitesses ont ainsi été produits en 2012 par l’usine de Cléon. En 2012, l’usine produisait 284631 moteurs M9, 120412 moteurs F, 113074 moteurs R9M et 13988 moteurs V. Les moteurs M9 sont des moteurs Diesel produits en version R et T. Les versions R sont des 2 litres qui développent 150 ou 180 ch à respectivement 4000 et 3750 tr/mn. Les couples maximaux respectifs de 340 et 400 Nm sont relevés à 2000 tr/mn. Leur développement a coûté près de 500 millions d’Euros. La version T est un moteur de 2.3 litres de cylindrée qui peut fournir 100, 125 et 145 ch à 3500 tr/mn. Les couples maximaux de 285, 310 et 350 Nm s’obtiennent à 2000, 2500 et 2750 tr/mn. Tous ces moteurs sont reliés à des boîtes à 6 vitesses. Ces moteurs équipent certains des véhicules Espace, Laguna et Mégane. Les moteurs F sont à essence pour les versions F4 et Diesel pour la version F9 [3,5]. Les versions F4 fabriquées à Cléon désignées F4RT et F4RS sont des moteurs de deux litres de cylindrée qui fournissent respectivement 180 et 200 ch à 5500 et 7250 tr/mn. Leurs couples maximaux respectifs de 300 et 215 Nm s’obtiennent à 2250 et 5550 tr/mn. Les versions F4 équipent certains des véhicules Clio, Mégane et Dacia Duster. Le moteur F9 est le premier des moteurs Diesel à avoir adopté l’injection directe. La version fabriquée à Cléon est un moteur de 1.9 litre de cylindrée qui développe 130 ch à 3750 tr/mn pour un couple maximal de 300 Nm à 1750 tr/ mn, (première photo du moteur ci-dessous). Ces moteurs équipent certains des véhicules Mégane et Scénic. Le moteur R9M Energy dCi 130 est le troisième moteur de l’alliance Renault-NISSAN [3,5]. Il remplace le premier moteur Diesel français à injection directe apparu en 1997 sur la Mégane pour des consommations et des émissions de CO2 réduites de 20%. La puissance maximale reste de 130 ch mais le couple maximum augmente pour atteindre 320 Nm à 1700 tr/mn. Ce moteur équipe certains des véhicules Latitude (remplaçante de la VelSatis). Le moteur V9X est un moteur Diesel 6 cylindres de 3 litres de cylindrée destiné aux véhicules hauts de gamme des marques Renault et NISSAN. [5] Dacia, marque roumaine de construction automobile. [6] Samsung Motors, constructeur coréen d’automobiles. [7] AvtoVAZ, marque d’automobiles russe plus connue sous le nom de sa marque Lada. [8] Renault Sport, branche sportive de la branche automobile Renault, société fondée en 1976 par la fusion des sociétés Alpine et Gordoni (sociétés détenues par Renault). 7 EN DIRECT DE 3AF Ce moteur développe 235 ch à 3500 tr/mn pour un couple maximal de 550 Nm relevé à 1750 tr/mn. Pour des questions de confidentialité et d’intérêt, les visites ont été limitées aux seuls ateliers d’usinage de pièces de boîtes de vitesses et d’assemblage de moteurs. L’atelier d’usinage de pièces couvre une superficie de 9.7 ha et date des années 1982. Il emploie 999 personnes qui travaillent en trois-huit. Nous avons pu voir en particulier la fabrication automatique d’un arbre de boîte de vitesses à 5 rapports réalisé à partir d’un arbre brut issu de fonderie. Le bâtiment d’assemblage des moteurs rénové en 2005 occupe une superficie proche de 4 hectares et bénéficie d’une meilleure isolation phonique et thermique. Les éléments qui constituent les moteurs arrivent de diverses parties du monde pour être assemblés puis les moteurs sont testés sur banc RENAULT ET L’AÉRONAUTIQUE L’aventure aéronautique de Renault commence en 1907 avec des moteurs d’avion 8 cylindres à refroidissement par air ou par eau présentés au 9ième salon de l’automobile. En 1909, un moteur Renault permet à Maurice Farman de relier Buc à Chartres et de battre ainsi le record de distance en ligne droite au dessus de la campagne. avant d’être expédiés aux usines Renault, aux partenaires ou aux clients des moteurs Renault. Ce dernier atelier contient une partie spécifiquement dédiée à la future fabrication des moteurs électriques qui équipent les moteurs des véhicules Zoé [9] et Twizy [10]. Cette activité occupe actuellement 4 personnes qui travaillent en équipe de 7h45 à 16h30. Les personnels employés sur ces ateliers sont recrutés à partir de baccalauréats professionnels et de Brevets de Technicien Supérieur à prédominance mécanique ou robotique. La commission technique «Aérodynamique» remercie vivement la direction et le service communication de l’usine Renault de Cléon et tout particulièrement Alain Audureau pour avoir permis et organisé cette visite qui a suscité un vif intérêt et a été un franc succès. La connaissance de l’usine et l’expérience du travail de fabrication et de montage d’Alain Audureau ont été particulièrement appréciées. Un grand merci également à tous ceux que nous avons croisés dans les ateliers. [9] Zoé, véhicule 100% électrique élaboré sur la base de la Clio III équipé d’un moteur synchrone à rotor bobiné qui délivre 88 ch pour un couple maximum de 220 Nm. La vitesse de la Zoé passe de 0 à 50km/h en 4 secondes. [10] Twizy, véhicule de faibles dimensions à deux places en tandem et 4 roues fabriqué en Espagne et qui offre des capacités d’accélération proches d’un scooter. Renault désignés AR (pour Avant-Renault, le moteur étant placé à l’avant). L’entreprise Renault devient alors en 1917 le premier producteur de moteurs d’avion et livre des moteurs à la Belgique, à la Grande-Bretagne et à la Russie. Au lendemain de la guerre, l’entreprise poursuit sa production de moteurs d’avions. En 1910, c’est un biplan Farman équipé d’un moteur Renault qui franchit les Pyrénées de Biarritz à San Sebastian. Un record du monde d’altitude (2460 m) avec passager est battu par un avion militaire Voisin équipé d’un moteur Renault en 1911. L’année suivante, un nouveau record de distance est établi à partir d’un biplan militaire Farman-Renault (1017 km en 13h22mn) puis en 1913 c’est un hydravion FarmanRenault qui remporte la première place d’un prix d’endurance organisé à Deauville. Durant la guerre 14/18, des moteurs Renault équipent les avions Farman et l’entreprise produit des avions entièrement 8 Latécoère 25-3R EN DIRECT DE 3AF En 1919, un Breguet-Renault permet d’établir un nouveau record de distance avec passager en rejoignant Paris à Rabat (2200 km) tandis qu’un autre appareil du même type bat le record d’altitude en atteignant 9000m. La même année, un bimoteur Renault assure des liaisons commerciales entre Paris et Londres et entre Paris et Bruxelles. En 1923, un Breguet-Renault bat le record du monde d’altitude et en 1924 un Breguet à moteur Renault remporte la coupe Michelin. C’est encore un Breguet-Renault qui en 1924 bat un nouveau record du monde de distance avec 3166,3 km en 24h et 30mn et en 1928 Jean Mermoz franchit les Andes à bord d’un Latécoère 25 à moteur Renault. L’entreprise poursuit le développement des moteurs pour l’aéronautique et présente en 1932 des moteurs d’avions de 100 ch en ligne à 2000 ch en V à compresseur. PAYS DE L’ADOUR L’année suivante, la société Renault rachète les avions Caudron et en 1934 Hélène Boucher bat les records des 100 et 1000 km sur un avion Caudron à moteur Renault de 300 ch. En 1935, Renault crée la société Renault Aviation et en 1937 Maryse Hilsz effectue la traversée de Paris à Saigon en 96h et 32mn. Ces succès conduisent Renault à créer la société SMRA, Société des Moteurs Renault pour l’Aviation. La nationalisation de l’entreprise en 1945 et les priorités de l’après-guerre orientent ensuite le futur de l’entreprise devenue RNUR (Régie Nationale des Usines Renault) vers le seul secteur automobile. PATRICK GILLIÉRON Commission Aérodynamique Que représente actuellement ce secteur dans l’économie du département ? FOC US SU R L ES « PAYS DE L’A DOU R » Pyrénées Atlantiques, Sud Landes, Hautes Pyrénées... tout un territoire à forte vocation aéronautique, qui constitue le troisième pilier d’Aerospace Valley, entre Bordeaux et Toulouse et dont il convient de souligner l’importance. Si de grands noms de l’aéronautique y sont installés — Dassault-Aviation, Messier-Bugatti-Dowty, Turbomeca — de nombreuses PME (plus de 800 !) sont implantées dans le bassin de l’Adour. Près de 20000 emplois en tout sur un vaste territoire. 3AF peut donc y développer des projets, en affinant son offre pour les PME, avec, comme exemple récent, l’adhésion d’Akira Technologies, implantée à Bayonne. Par ailleurs 3AF coopère avec les collectivités territoriales : Région, Conseil Général, Communautés d’agglomération. Notamment, 3AF accompagne la politique développée par le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques en faveur de l’industrie aéronautique et des formations professionnelles qui lui sont nécessaires, en organisant des colloques, le salon Aéroadour (dont la troisième édition se tiendra à Pau du 19 au 21 septembre 2014), ou réalisant des actions en faveur des jeunes, comme la reprise de diffusion du DVD « Métiers ». Les Pyrénées Atlantiques se situent au cœur d’Aerospace Valley, mondialement reconnu en matière aéronautique. La filière aéronautique est la première filière industrielle du département. Cela représente 120 entreprises, pour environ 15000 emplois salariés. Ce sont majoritairement des petites et moyennes entreprises, qui gravitent autour de donneurs d’ordre de poids mondial (Turboméca sur les sites de Bordes et Tarnos), Dassault Aviation à Anglet, Messier Dowty à Oloron Sainte Marie. Sans oublier à proximité la présence de Daher Socata, dans les Hautes Pyrénées. Ces entreprises s’inscrivent dans un environnement privilégié grâce à la présence de 3 écoles d’ingénieurs et d’une cinquantaine de laboratoires de recherches (matériaux, composites, conception, simulation…). 3AF, avec l’appui du GIFAS, a pu réaliser le DVD « Les métiers de l’aéronautique et de l’espace », qui a été diffusé par l’ONISEP en 2011 et 2012. Comment est née cette idée de reprise de diffusion au niveau du département ? I N T E RV I E W DE GEORGES L A BA Z É E, PR ÉSI DE N T DU CONSEI L GÉ N É R A L Le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques a mis en place une politique volontariste en faveur du secteur aéronautique. Cela se traduit par des soutiens privilégiés vis-à-vis de plusieurs grands projets d’envergure, en cohérence avec la démarche Nature et Technology. Notre ambition est d’aider les PME, d’accompagner leurs croissances, de les aider à s’adapter aux évolutions technologiques. Monsieur le Président, le département des Pyrénées Atlantiques se distingue par de nombreuses initiatives en faveur du développement de la filière aéronautique. Nous accompagnons également les territoires à créer les conditions optimales à l’accueil et au développement des entreprises. A titre d’exemple, je pense particulièrement aux 9 EN DIRECT DE 3AF 14 millions d’€ investis dans la création de la zone Aéropolis, près de Pau, dédiée à la sous-traitance aéronautique, à proximité immédiate des installations de Turboméca. Mais pour être efficiente, une politique ne peut se résumer aux seuls soutiens financiers, aussi importants soient-ils. D’autant que les relations étroites établies avec les industriels nous ont permis d’identifier d’autres défis essentiels au développement de la filière. Parmi ces enjeux, les difficultés de recrutement auxquels sont confrontées de nombreuses entreprises nous ont incitées à mettre en place des actions de sensibilisation aux métiers de l’aéronautique. Il est en effet paradoxal, en ces temps de crise, alors que l’emploi est la préoccupation majeure de nos concitoyens, que nous soyons confrontés à ces difficultés de recrutement. Filière d’excellence de notre Département, l’aéronautique représente une chance mais c’est aussi une exigence. S’il faut préparer l’avenir en construisant ensemble l’avion vert de demain, il faut également préparer dès aujourd’hui les nouvelles générations. Quelle est la cible de diffusion et son ampleur ? Nous avons diffusé ce DVD à l’ensemble des collégiens de 4ème et 3ème du Département des Pyrénées Atlantiques, soit 15 000 exemplaires. C’est un investissement non négligeable que nous avons pu concrétiser avec l’aide précieuse du GIFAS et de 3AF. Nous avons eu un retour très positif, de la part des collégiens, mais également du personnel enseignant, qui fait aussi partie de la cible à sensibiliser. Vous avez aussi pris l’initiative de faire visiter le récent salon du Bourget par des collégiens ? Une centaine de collégiens des collèges d’Anglet, de Bedous et d’Oloron a participé au salon du Bourget, afin de découvrir les métiers et formations auxquels ils pourront bientôt prétendre. En visitant l’Avion des Métiers, mis en place par le GIFAS, les collégiens ont pu découvrir de manière concrète l’ensemble des possibilités offertes par la filière. Ils ont pu également vivre des moments de grande intensité, tant le salon du Bourget est un évènement exceptionnel. Par ses impacts évidents, Il est envisageable que cette expérience puisse être renouvelée lors des prochaines éditions du Salon. Le monde associatif (PWA, 3AF...) participe aux actions locales, notamment avec des colloques et l’organisation d’Aéroadour. Comment jugez-vous ces initiatives ? Il est essentiel pour le Conseil Général de coordonner et rapprocher les acteurs. Rendre plus efficace l’utilisation 10 de chaque denier public, c’est aussi mener notre politique en concertation avec nos partenaires naturels, que sont l’ensemble des collectivités mais aussi les organisations professionnelles et associatives. C’est ainsi que nous avons mis en place des Comités d’Orientations Stratégiques, afin de développer une réflexion commune entre industriels, chercheurs, organismes représentatifs…Il s’agit d’élaborer les futures politiques du Département en fonction des enjeux qui auront été débattus et identifiés. BERNARD VIVIER Président du Groupe Régional Pays de l’Adour A K I R A T ECH NOLOGI ES A DH È R E À 3A F Créée en 2003, cette PME bayonnaise s’est développée très régulièrement, passant de trois personnes à un effectif actuel de 20 collaborateurs, dont 8 ingénieurs et 6 techniciens supérieurs, dans des installations de 600 m². En dix ans, son chiffres d’affaires annuel est passé de 197 à 2700 k€. AKIRA Technologies applique ses compétences à deux types de services technologiques : • Ingénierie et développement de moteurs à pistons (études, calculs, essais sur banc et véhicule...). Cette activité génére des besoins de bancs d’essais, ce qui a entrainé l’acquisition de compétences constituant aujourd’hui une autre ligne de produits. • Ce savoir-faire de conception de moyens d’essais est donc appliqué à la réalisation de machines d’Essais Spéciaux : bancs d’organes, bancs d’amortisseurs, machines de fatigue, tribomètres, souffleries, bancs moteurs… L’entreprise possède un savoir-faire pluridisciplinaire permettant de traiter des sujets très variés en toute autonomie : conception mécanique, électrique et électronique, mesure et traitement du signal, informatique industrielle, métrologie, intégration, essais, assistance et maintenance. EN DIRECT DE 3AF Akira Technologies dispose d’une panoplie de logiciels pour son Bureau d’etudes: CAO Solidworks, Catia ; calcul éléments finis : Cosmos ; simulation Moteur : GT Suite ; programmation sous LabVIEW et DAO électrique : X-Relay. Travaillant pour Renault F1, Total, Citroên Sport, AKIRA est partenaire de Kawasaki pour les adaptations et la préparation des moteurs des championnats du Monde Superbike et Supersport. Dans le domaine aéronautique les références sont nombreuses, tant pour des bancs d’essais de développement que de production : CNRS, Turbomeca, Messier-BugattiDowty, Ratier-Figeac, Liebherr Aerospace, SNR, Ateliers Industriels de l’Air... et l’entreprise a participé pour la première fois, en 2013, au salon du Bourget. Nous souhaitons la bienvenue à AKIRA Technologies au sein de 3AF et le développement de ses activités, notamment aéronautiques. S’y ajoutent divers logiciels métier : vibrations de torsion, engrenages, paliers, équilibrage, roulements, courroies, etc... Les installations intègrent un atelier de montage et d’ajustage, un atelier électrique (réalisation de faisceaux et d’armoires), une salle de métrologie, des cellules de banc moteur, un banc d’organes multifonctions et une soufflerie d’aérodynamique interne. SIGMA : UN NOUVEAU DÉPART Contact : M. Sylvain Loumé. Tel : +33 (0)5 59 50 11 39 email : [email protected] Web : www.akira-technologies.fr sur les lois de la gravitation et de l’électromagnétisme qui s’appliquent bien au-delà de notre planète. La Commission 3AF-PAN (devenue 3AF-SIGMA2 dans sa phase actuelle) a été créée le 1er octobre 2008 et dédiée à l’étude des PANs (Phénomènes Aériens Non-identifiés). Son travail s’inscrivait à la suite du Rapport du groupe Cometa remis en 1999 aux plus hautes autorités de l’Etat. Ce groupe formé dans les années 75 à partir de membres de l’IHEDN avait suscité la création du GEPAN au CNES, en 1977, pour l’étude de tels phénomènes. L’image ci-dessus est issue de l’espace profond, dont l’exploration dévoile peu à peu des galaxies et des exoplanètes dont les astronomes découvrent les mystères et justifient d’interrogations sur les possibilités de vie ailleurs. Les recherches de 3AF-SIGMA 2 se focalisent sur les PANs, Phénomènes Aériens Non-Identifiés, survenant dans l’atmosphère ou dans l’ionosphère au voisinage de notre planète, là où ils sont observables. En revanche, les travaux portant sur la physique, comme cela est expliqué dans le texte, n’excluent pas un axe de recherche Depuis, le GEPAN devenu SEPRA puis GEIPAN a continué sa mission de recueil de témoignages sur les PANS, d’archivage et d’information du public, lequel peut accéder aux dossiers mis à sa disposition à partir du site Internet du CNES/ GEIPAN. Cependant, il a semblé souhaitable de créer une Commission Technique au sein de 3AF, afin de procéder à un examen technique et scientifique, si possible, du sujet et des données disponibles. Une étape préliminaire de son travail a permis de réaliser, après un premier rapport d’étape présenté le 31 mai 2010, un rapport final de ce cycle, daté du 2 décembre 2012, remis au Président Scheller par le Président de la 11 EN DIRECT DE 3AF Commission, Alain Boudier, accompagné de quelques-uns des membres de 3AF-SIGMA. Ce rapport a mis en évidence de très nombreuses difficultés pour appréhender les PANs sous l’angle technique et scientifique. En effet, certes les témoignages et les écrits ne manquent pas, mais l’accès à des documents authentifiés et à des données mesurées est plus compliqué. Par exemple, les témoignages authentifiés sur des phénomènes par définition fugaces, ne sont pas forcément assortis de mesures avec des appareils adaptés, étalonnés et référencés. De même, les moyens de surveillance et de détection qui existent et pourraient fournir des données techniques, ne sont pas conçus pour opérer une observation systématique de phénomènes naturels ou d’autre nature. En effet, leur comportement cinématique et aléatoire les rend imprévisibles, ou les fait évoluer en marge des domaines d’observation habituels. pour tenter de mieux cerner les phénomènes et leurs caractéristiques, mais aussi pour comprendre les causes et les limites d’observation. Les principales conclusions de ces travaux préliminaires n’excluent ni la possibilité de causes naturelles incomprises dans certains cas, ni celle d’une hypothèse non-terrestre pour certains des phénomènes PANs, sur la base de nombreux témoignages (affidavits), de documents historiques et administratifs, recensés et analysés pas JG Greslé (membre de la Commission), certains non officiels et non authentifiés, et de l’existence des organisations traitant du sujet. En effet, si les statistiques établies sur des témoignages conduisent souvent à des PANs d’origine naturelle, un pourcentage non négligeable subsiste pour des phénomènes sans explication naturelle ou scientifique en rapport avec les sciences et les technologies connues aujourd’hui. C’est un fait. Avec la contribution de membres de l’équipe dont les talents scientifiques sont reconnus (dont MM Pierre Marx, Khoa Dang Tran, Paul Kuentzmann...), une partie de l’étude a permis aussi de survoler les phénomènes physiques recensés, d’inventorier des hypothèses sur la cinématique des PANs, leur propulsion hypothétique ou leur observabilité partielle ou fugace. En effet, certains cas d’observation par des moyens électromagnétiques (radars) sont incontestables, tout comme des rapports d’observation faits par des pilotes dignes de foi. Mais l’accès à des données mesurées et objectives nécessite un approfondissement supplémentaire, une recherche systématique de plus longue haleine. De même, parmi les théories physiques évoquées, la maîtrise des champs gravitationnels par des champs EM pourrait être un exemple de voie de recherche intéressante sur des modes de « propulsion » pouvant être reliés éventuellement à une conjonction de phénomènes sans explication : absence d’aérodynamique classique et de bruit, des trajectoires à forte accélération défiant les lois de l’inertie, un comportement électromagnétique étrange, autant de caractéristiques recensées par la Commission car observées dans certains cas par des professionnels de l’aéronautique. Photos d’un phénomène transitoire lumineux Sprite (sorte d’orage de courte durée se produisant dans l’ionosphère entre 40 et 100 km d’altitude) observé depuis la station ISS mais également source d’interrogation sur la physique de la haute atmosphère très proche de notre planète. Image d’un objet circulaire C’est pourquoi, dans un premier temps, la Commission s’est intéressée à des sources documentaires diverses et nouvelles, Force est de constater que, malgré la quantité et la qualité de ces témoignages et des éléments répertoriés, il ressort 12 EN DIRECT DE 3AF une difficulté double. En outre, les données facilement accessibles sont apparues inadaptées aux analyses scientifiques ; il faudra donc rechercher de nouvelles bases fiables de données statistiques ou de cas précis , en vue de recenser les paramètres mesurables qu’elles contiennent et de juger de la possibilité de leur exploitation à des fins scientifiques. On peut formuler des hypothèses mais il faut alors les confronter à des données physiques quantifiées, sous peine d’échafauder des théories invérifiables. D’autre part, non seulement les théories connues ne permettent pas d’expliquer le comportement de certains PANs, mais les tentatives d’explication se heurtent à la disponibilité des connaissances scientifiques adaptées et à un foisonnement d’hypothèses liées à des sciences dites alternatives, ce qui exige un tri rigoureux, sérieux. Pour aller plus avant dans l’analyse, il faut donc envisager la constitution d’un réseau scientifique pluridisciplinaire et objectif, mais aussi ouvert aux recherches dans le domaine de la phénoménologie PAN. Objet triangulaire qui était réputé observé durant les années 90 (« vague belge ») évoquées, nous avons proposé de poursuivre les travaux sous un angle scientifique et technique. C’est donc l’objectif que s’est donné la Commission Sigma2 dans cette deuxième phase de travail. En accord avec le Président de 3AF, le mandat fixé à la Commission Sigma2 est de poursuivre les travaux avec en ligne de mire la recherche de faits scientifiques indiscutables issus de bases de données détenues par des organisations françaises et étrangères, par exemple le GEIPAN pour la France ou le CEFAA pour le Chili. En effet, le CEFAA, est l’organisme dépendant de la DGAC chilienne en charge du recensement et des recherches à partir des rapports d’observation des pilotes et contrôleurs aériens. Des relations ont été construites entre 3AF et le CEFAA lors de la première phase des travaux de Sigma. L’objectif poursuivi est maintenant de rechercher des éléments objectifs (observables, observations ou mesures validés par des enquêtes) et de procéder à leur exploitation. La constitution d’un réseau scientifique est donc recommandée pour exploiter les données et orienter des recherches pour tenter d’expliquer ce qui reste inexplicable aujourd’hui, mais aussi pour recommander l’utilisation de moyens d’observation visant à compléter la connaissance des PANs. Cette Commission SIGMA2 est désormais placée sous l’animation d’un nouveau président, Luc Dini, avec le concours de l’équipe existante, dont l’ancien président Alain Boudier, Vice-président. La Commission comprend quelques membres illustres (liste non exhaustive), dont Pierre Bescond ancien directeur du CNES et du CSG, membre de Cometa, nouvellement nommé Président du comité de pilotage du GEIPAN et Jean-François Clervoy, dont la renommée de pilote et de d’astronaute est mondialement connue. Cette équipe sera complétée progressivement par de nouveaux spécialistes, qui apporteront leur expérience du domaine aéronautique et de la physique des phénomènes. C’est une tâche qui nécessite de la patience, du réalisme et de la modestie pour juger avec impartialité des données disponibles et susciter de vraies démarches techniques, persévérantes et innovantes. Une image de foe fighter (phénomène lumineux observé par de nombreux pilotes durant la deuxième guerre mondiale) Tel est le défi auquel concluent les travaux précédents et le rapport final qui a été examiné par des membres éminents de la 3AF. Du fait du travail accompli et malgré les difficultés Une phase de travail préliminaire débute donc pour examiner la faisabilité des démarches envisagées et décider ensuite des directions pour la poursuite des travaux, ainsi que des ressources et organismes qui leur seront associés. LUC DINI Président de la Commission Sigma 13 INTERVIEW plus de quinze ans. Nous devons atteindre dans notre métier des niveaux de fiabilité uniques. MICHEL DE ROSEN Instrument incontournable du village planétaire, le satellite fait appel à la fois aux technologies spatiales les plus avancées et touche, voire transforme le quotidien des sociétés humaines en permettant l’accès à la Société d’Information en tout lieu. Michel de Rosen, Président Directeur Général d’Eutelsat, nous parle de ce qu’est le métier - trop méconnu - d’opérateur de satellites. Troisième facette, nous vivons dans un monde de l’image et du direct qui rendent le satellite indispensable pour les télédiffuseurs et les agences de presse de toutes tailles. La vidéo représente en effet 70% de notre chiffre d’affaires. Nos satellites sont mobilisés à chaque étape de la chaîne de diffusion des programmes télévisés : pour le rapatriement de reportages lors d’événements sportifs ou médiatiques de grande ampleur comme les Jeux Olympiques, l’élection du nouveau Pape, ou encore pour les élections fédérales en Allemagne en septembre dernier. Nous sommes présents également dans l’échange de programmes entre télédiffuseurs. Mais aussi et surtout, nos satellites assurent la diffusion de plus de 4 600 chaînes de télévision à destination des antennes paraboliques des foyers ou vers les têtes des réseaux terrestres. Vous dirigez Eutelsat depuis novembre 2009 après avoir assuré des fonctions dans d’autres secteurs industriels. Pouvez-vous nous faire partager vos vues sur ce secteur particulier des services liés à l’utilisation de la plateforme spatiale ? Quelles sont les différentes facettes du métier d’opérateur de satellites qui est celui d’Eutelsat ? Notre métier consiste à faire construire et mettre en orbite une flotte de satellites - nous en possédons actuellement 31 - et à louer leurs capacités à nos clients, qui sont principalement les télédiffuseurs (la BBC, France Télévisions, CNN…), les opérateurs de télécommunications et fournisseurs d’accès Internet (BT, Orange, Deutsche Telekom …) et les agences gouvernementales. Il comporte des facettes multiples, avec des volets propres au milieu spatial et d’autres spécifiques aux domaines d’activité de nos clients. La première caractéristique de notre secteur est de travailler sur le temps long. Il faut près de trois ans pour construire un satellite, plusieurs semaines pour la campagne de lancement et le positionnement en orbite, puis il est fonctionnel pendant une quinzaine d’années dans l’espace, à 36 000 km au-dessus de l’Equateur. Donc, lorsque nous décidons un programme satellitaire, nous nous projetons sur deux décennies. La deuxième caractéristique de notre métier d’opérateur de satellites, c’est l’importance de la technologie et de la fiabilité. Le lancement et la mise en fonctionnement des satellites doivent être parfaitement réussis, ce qui implique un degré d’excellence technique exceptionnel. En outre, les satellites doivent être totalement fonctionnels dans l’espace pendant 14 Qu’il s’agisse de la télévision ou de l’accès Internet, le satellite est aussi un formidable instrument de lutte contre l’exclusion. En France par exemple, nous retransmettons par satellite les chaînes de la TNT (Télévision Numérique Terrestre) via la plateforme FRANSAT vers deux millions de foyers qui sont à l’écart de la réception terrestre de la TNT et qui sans nous, ne recevraient pas la télévision numérique. Partout où les réseaux terrestres sont absents ou insuffisamment déployés, le satellite est là pour ouvrir à tous l’accès au numérique. Dans le secteur des données et des télécoms, les satellites sont un maillon essentiel pour connecter les réseaux isolés aux dorsales Internet. En effet, il est possible de se connecter au haut débit via une simple parabole et notre service Tooway d’accès à Internet haut débit exploité sur le satellite KA-SAT a déjà été adopté par plus de 100 000 utilisateurs en Europe et dans le bassin méditerranéen. Cet accès peut changer véritablement la vie de ses bénéficiaires sur les plans social, économique et culturel. Notre métier est de nature internationale, à la fois par son histoire et par sa vocation. Le caractère international d’Eutelsat est historique : notre société est issue d’une INTERVIEW coopération européenne initiée dans les années 1970. Créée en tant qu’organisation intergouvernementale en 1977, Eutelsat s’est progressivement ouverte à tous les pays d’Europe orientale après la chute du mur de Berlin. Elle comprenait dans les années 1990 tout aussi bien le Vatican et le Royaume-Uni que la Pologne, la Russie et la Moldavie. Enfin, le modèle économique de notre métier est très solide ; pour des bouquets de télévision comme Sky Italia et Digiturk, nous offrons un service de haute technologie à un nombre important de clients finaux à un coût presque marginal pour l’utilisateur. démultipliée, un coût par mégabit compétitif et adapté à l’accès haut débit. Nous suivons également le développement industriel de nouveaux satellites qui intègrent la propulsion électrique et davantage d’intelligence embarquée. La propulsion électrique est une évolution importante car en réduisant significativement la part de combustible (les ergols) nécessaire à la mise en orbite et à la vie du satellite, elle permet ainsi d’avoir un satellite de 40 à 50 % plus léger, qui par conséquent peut être lancé avec un lanceur plus petit, donc moins coûteux. Quels sont selon vous les besoins de demain en matière de satellites et quelle est la stratégie d’Eutelsat vis-à-vis de ces besoins? Je crois utile de distinguer les différents âges de l’industrialisation des satellites géostationnaires pour en arriver aux technologies que nous sommes en train de développer aujourd’hui. L’auteur de la théorie des satellites géostationnaires était un britannique visionnaire, Arthur C. Clarke, qui d’ailleurs sera l’auteur du roman qui a inspiré 2001, l’Odyssée de l’Espace. Ce savant a calculé, en 1945, que, pour qu’un satellite soit géostationnaire, il fallait qu’il soit situé à 35 786 km au-dessus de l’Equateur. A cette distance donc, le satellite, vu de la Terre, est immobile et peut couvrir en continu une zone immense. Sa théorie allait transformer les communications. C’est à cette époque - que je qualifierais de « préhistoire des satellites » - qu’a eu lieu en 1964 le lancement du premier satellite géostationnaire qui a fourni aux Américains des images des Jeux Olympiques de Tokyo. Ensuite, il y eut une première période qui a duré des années 1980 aux années 1990 pendant laquelle on a construit des satellites de première génération sans connectivité et dont l’ingénierie représentait un travail lourd, qu’il fallait répéter intégralement à chaque nouvelle construction. Il s’agissait, je dirais, d’une période « artisanale ». La deuxième période - que je qualifierais d’ « industrielle » apparaît avec la génération des satellites Hot Bird à partir du milieu des années 1990. Les satellites prennent de l’envergure, sont plus puissants, plus flexibles, plus « intelligents » et les processus industriels pour les concevoir sont de plus en plus maîtrisés. Aujourd’hui, depuis le début des années 2010, nous sommes entrés dans la troisième période de l’industrialisation des satellites. Avec l’arrivée des satellites que l’on appelle HTS « High Throughput Satellite » - en français, on parle de satellites de forte capacité - qui offrent, de par cette puissance En matière d’architecture innovante, Eutelsat salue les initiatives du secteur spatial français : le CNES, Thales Alenia Space et Astrium proposent, autour du projet Néosat, de concevoir et de développer une nouvelle génération de plateformes pour les satellites géostationnaires, à partir d’une approche conjointe des fabricants. Pour conclure sur cette notion d’anticipation des besoins, je pense au slogan de Cisco qui, je crois, définit bien notre métier : « We do things that make other things possible». Le satellite par définition n’est souvent pas au contact direct des individus mais il permet à tous ses clients de mieux servir les usagers : il permet de diffuser des chaînes de télévision ; il permet aux événements d’être retransmis immédiatement ; il permet de connecter des individus à Internet ; il permet de diffuser de plus en plus d’informations et d’images. Cet outil est une plate forme à la fois de culture et de connectivité. Marshall McLuhan, le grand sociologue américain, parlait à la fin des années 1960, du village planétaire. C’était alors une vision. Nous déployons, en tant qu’opérateurs de satellites, des instruments puissants permettant la concrétisation de ce village planétaire. Eutelsat est le premier opérateur de satellites européen et le troisième mondial. Nous avons l’impression que de nombreux concurrents de votre activité s’établissent actuellement, avec des services proposés par vos fournis- 15 INTERVIEW seurs constructeurs de satellites (Astrium, Thales…). Pouvez-vous nous parler de la concurrence que rencontre Eutelsat ? Jusqu’où peut-elle se développer sans mettre en péril le secteur des opérateurs ? Premièrement, je dirais que la concurrence est fondamentalement positive. Nous sommes tous stimulés par la concurrence. Elle nous pousse à innover et à servir toujours mieux nos clients. Certains fabricants sont, depuis peu, entrés dans le métier de fournisseur de services satellitaire. Ils sont à la fois nos fournisseurs (nous leur achetons les satellites) et nos concurrents, et même nos clients. Il y a de la place pour de nouveaux entrants. Le marché d’opérateur de satellites n’est cependant pas accessible à tous. Eutelsat a la chance d’avoir maintenant 31 satellites, une portefeuille de positions orbitales, des équipes au talent exceptionnel, une très grande masse critique et donc nous pouvons offrir à nos clients ce que nos concurrents moins importants ne peuvent pas offrir : une sécurité, une diversité dans les moyens et une expérience incomparable. Par exemple, la taille de notre flotte est telle, qu’en cas de défaillance technique d’un satellite, nous pouvons offrir une continuité de service à nos clients. De plus, la gestion des fréquences est très réglementée, ce qui constitue une barrière importante à l’entrée dans notre secteur d’activité. Les positions orbitales sont gérées par une agence de l’ONU basée à Genève, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Un opérateur doit garantir qu’il ne va pas mettre en orbite un satellite pouvant générer des interférences. Les fréquences sont une ressource rare. Il arrive aujourd’hui que des opérateurs se partagent les ressources disponibles à une position orbitale en embarquant parfois deux à trois charges utiles sur un même satellite, c’est une manière intelligente de gérer cette rareté. C’est, par exemple, ce que nous avons mis en œuvre avec Es’hailSat, notre partenaire qatari. Quelles sont les relations d’Eutelsat avec les autorités politiques françaises et européennes ? A l’origine créée en tant qu’organisation internationale, nous sommes depuis 2001 une entreprise privée, que je qualifierais de « franco-européenne ». Nous sommes basés à Paris et occupons une place importante dans l’industrie spatiale française mais notre culture d’entreprise est très internationale. Nous sommes fiers et assumons notre histoire, notre géographie et notre sociologie européenne. Dans ce bâtiment où je vous reçois, nous comptons 27 nationalités ! Deuxièmement, nous sommes un très bon citoyen européen puisque que nous sommes le premier client commercial en Europe de l’industrie spatiale française et européenne. Pour 16 vous donner quelques chiffres : de 1991 à 2013, nous avons commandé 27 satellites à des constructeurs européens. Plusieurs de nos futurs satellites sont actuellement en cours de construction chez Astrium et TAS (Thales Alenia Space). Deuxième chiffre, nous avons réalisé, depuis 1983, 27 lancements avec Arianespace, et nous avons, avec cette belle société, trois lancements à venir. Pour répondre à votre question, compte tenu de la particularité de nos activités, nous avons des contacts permanents avec les autorités politiques des pays dans lesquels nous opérons, en France et dans tous les pays dans lesquels nous sommes présents. Par ailleurs, je préside l’Association des Opérateurs Européens de Satellites qui fédère les opérateurs, les fabricants et les agences de lancement de satellites. Nous nous réunissons pour nous accorder sur les sujets qui nous concernent, tels que la protection du spectre, les politiques communautaires et la promotion du haut débit. Nous dialoguons ensemble avec Bruxelles. Les apports des satellites sont bien connus dans les domaines des télécommunications, de l’agriculture, de la navigation, de l’audiovisuel… Voyez-vous d’autres services à venir, d’ordre plus « sociétal », qui permettraient une appréciation positive de la mondialisation, par exemple dans le domaine de la médecine, de l’éducation linguistique et culturelle, du patrimoine culturel, du soutien aux ONG (maladies génétiques, maladies rares, pauvreté…). Comment en imaginez-vous la mise en œuvre ? Avec le satellite, l’espace se met au service des gens. De par leur large couverture, les satellites offrent naturellement un accès à la Société de l’Information aux populations les plus reculées et donc les plus exclues du numérique. Lorsqu’une nouvelle technologie telle que la fibre est apparue, tout le monde a cru pouvoir y avoir accès. C’est loin d’être le cas. La très grande majorité des Français ne bénéficie pas de la fibre et un nombre significatif n’en bénéficiera jamais, en particulier dans les campagnes et les régions montagneuses. Laissez-moi vous donner un exemple de la valeur sociétale de la télévision par satellite. Tous les ans, nous organisons un événement, les Eutelsat TV Awards, dans lequel des récompenses sont accordées, par un jury indépendant, aux chaînes thématiques les plus remarquables de par leur création de contenus et l’innovation dont elles font preuve. En 2012, un prix a été décerné par le jury à la chaîne afghane Pashto TV qui offre des cours de lecture destinés aux enfants et aux femmes afghans. Seul le satellite est à même d’apporter du contenu informatif et éducatif dans une zone du monde où l’Internet est inexistant et où l’accès aux écoles est limité. Voici un exemple formidable de ce que permet notre métier. Par ailleurs nous avons de longue date un partenariat avec INTERVIEW Télécoms Sans Frontières qui témoigne de notre engagement à apporter des moyens de communication là où les conflits ou l’absence chronique d’investissement les ont rendus impossibles. En effet, le satellite demeure l’ultime moyen de communication lorsque les réseaux terrestres ont été détruits ou sont absents en raison d’une catastrophe naturelle. La mondialisation évoque une sorte de raz-de-marée irrésistible, cela évoque quelque chose d’énorme, de massif et d’impitoyable. Le satellite est un instrument technologique d’une très grande puissance. C’est aussi un instrument magnifique car tout en étant très haut dans l’espace, il sert l’individu, au plus près de ses besoins quotidiens. Il y a peu, nous avons évoqué le cas d’un médecin basé dans les Pyrénées et qui, pour son métier, avait besoin d’envoyer et recevoir des fichiers médicaux. Parce qu’il vivait au fond d’une vallée qui n’est pas couverte par les autres technologies, il était isolé. Maintenant, grâce au satellite et à notre service haut débit Tooway, il y a accès et sa vie a changé. Ce service est également disponible dans chaque village de notre pays et sur l’ensemble du territoire européen. Par SOPHIE VIDEMENT Directrice de la Communication Institutionnelle et des Relations Presse 3AF TECHNOLOGIES CONTRIBUTION DE 3AF POUR LE CORAC : TECHNOLOGIES CLEFS À FAIBLE NIVEAU DE MATURITÉ. la liste à onze technologies clefs qui font l’objet d’une description succincte en fin de document. Ce travail a donc été réalisé en trois étapes : Dans le cadre des travaux « Feuille de Route » du CORAC ciblés sur l’horizon 2025, il est apparu utile de mener un travail complémentaire sur un horizon plus éloigné afin d’identifier les technologies à faible niveau de maturité méritant d’être développées afin de favoriser l’émergence de concepts fortement innovants. La 3AF a proposé de prendre en charge ce travail. L’ensemble de la démarche résumée ici a été coordonné par le Haut Conseil Scientifique (HCS) de la 3AF qui s’est appuyé sur sept des Commissions Techniques (CT) directement concernées par le sujet: Aviation Commerciale, Aérodynamique, Matériaux, Structures, Hélicoptères, Énergétique, Propulsion. Afin d’éviter l’écueil d’une approche par disciplines ayant pour résultat la juxtaposition de sélections de thématiques, une approche plus originale a été préférée : elle a consisté, en se basant sur une première collecte d’informations, à générer un scénario prospectif à l’horizon 2050 élaboré par le HCS, puis de le décliner au niveau de chaque commission technique afin de faire émerger les technologies considérées comme les plus fortement contributrices à son atteinte. À partir de la trentaine de technologies ainsi présélectionnées, un travail final mené par le HCS a permis de réduire 1. Collecte des informations et réflexions thématiques : Ce travail a été mené avec les commissions techniques ; il a permis non seulement de mettre en commun les documents existants issus des réflexions nationales et européennes, mais aussi de disposer de premières réflexions thématiques de chaque Commission Technique. Notons les contributions complémentaires apportées par l’ONERA ainsi que l’utilisation d’un recueil de fiches portant sur les technologies de rupture élaboré par le GIFAS. 2. Une vision prospective du transport aérien à l’horizon 2050 : Travail mené par le Haut Conseil Scientifique. Il s’agissait de donner du sens à la sélection des technologies à faible niveau de maturité en définissant de manière collégiale un scénario prospectif, volontairement positionné dans une perspective de poursuite de la croissance de l’activité aérienne et des technologies afférentes. Ce scénario, cohérent avec les visions ACARE, se devait d’être très prospectif, précis et concis afin de permettre un travail de réflexion ciblé et productif. Nous avons choisi de décrire ce scénario par un nombre limité d’assertions. • Scénario prospectif pour l’aéronautique à l’horizon 2050 : 17 TECHNOLOGIES Le système aéroportuaire est totalement automatisé composé d’automates supervisés (y compris avions opérés par un seul pilote ou sans pilote). Les aéronefs sont des éléments d’un système d’ATM totalement communicant et résilient intégrant tous les types d’aéronefs: hélicoptères, drones, avions personnels à pilotage simplifié. L’atterrissage et le décollage sont courts précis contrôlés. La consommation d’énergie propulsive est réduite de moitié et les nuisances émission réduites de 80%. L’empreinte sonore des aéroports est réduite de 50%. La consommation de kérosène au sol est supprimée. Les coûts de développement et de fabrication ont fortement baissé grâce à la certification par calculs et à une révolution des procédés industriels. Le transport aérien est l’un des éléments du transport multimodal garantissant un très haut niveau de ponctualité « Door to door ». L’efficacité, la sécurité et la sûreté du transport sont conçues pour le passager et un voyage à coût réduit confortable. La sécurité est accrue dans un facteur 4 à 10 3. Sélection des technologies contributives à l’atteinte du scénario prospectif : Chaque assertion du scénario a été reprise, et déclinée afin d’identifier les technologies fortement contributrices. Ce travail, mené avec les Commissions Techniques, a permis d’identifier plus d’une trentaine de technologies qui ont été soumises à l’appréciation du HCS. Le HCS a mené un travail de sélection d’un nombre limité de technologies (onze technologies) ; chaque technologie a fait l’objet d’une discussion approfondie et d’un travail complémentaire de description qui est repris en fin de document. Le tableau (page suivante) donne la liste des 33 technologies pré-sélectionnées ; les onze premières de la liste sont celles sélectionnées par le HCS. TA1 : R É DUCT ION DES CH A RGES DE VOL ; T ECH NOLOGI ES POU R U N AV ION I NSTA BL E CE RT I F I A BL E L’idée proposée consiste à développer l’ensemble des technologies de contrôle actif de charges permettant la certification des systèmes dynamiques à très haute performance et très haute fiabilité. Déjà utilisées sur les avions militaires récents, ces technologies permettent de réduire la traînée d’équilibrage assurée par les gouvernes en rendant possible la maîtrise dynamique de la stabilité en tangage. La diminution attendue des charges en vol, l’augmentation de la portance et la diminution de la traînée à haute ou basse vitesse permettent des gains en masse et en consommation de carburant. T M1 : SI M U L AT ION M U LT I PH YSIQU E H AU T E PE R FOR M A NCE La simulation multiphysique permet d’aborder simultanément et à l’échelle de l’aéronef ou de ses modules principaux, les aspects mécaniques, cinématiques, thermiques, aérodynamiques, aérodynamiques... Le couplage fort interdisci- 18 plines permet de prédire et optimiser l’interaction entre les phénomènes physiques et les différentes échelles; temps, géométrie, précisions... Les calculs intensifs sont passés au cours des vingt dernières années de niveaux de discrétisation de quelques millions de points à plusieurs centaines de millions de points. Les premières tentatives de couplage multiphysiques ont été tentées au cours des années 1990; cependant, certains phénomènes physiques complexes pour lesquels les interactions matière, fluide, énergie prédominent sont encore peu ou mal modélisés. La poursuite ininterrompue des capacités de calculs ainsi que le développement de la simulation dans toutes les industries offrent des opportunités croissantes d’analyse, de compréhension et d’optimisation multiphysique des composants. Pour permettre un couplage pluridisciplinaire efficace, le développement des modèles physique devra accompagner celui des techniques de simulation. TA8 : M AT É R I AU X H Y BR I DES ET L I A ISONS COM POSI T ES M ÉTA L L’utilisation croissante de matériaux composites conduit à la conception de structures multimatériaux constituées d’assemblages hybrides métal-composite; ces assemblages complexes alourdissent les structures aux interfaces et allongent les temps d’assemblage. Ces assemblages multiples génèrent également des contraintes mécaniques d’origine thermique très importantes et pénalisantes. Les progrès en cours sur la compréhension des comportements mésoscopiques des matériaux composites, les nouvelles techniques de tissage, l’apparition de nouvelles techniques de création de matériaux métalliques permettent d’envisager des approches novatrices mêlant de façon intime matériaux composites et métalliques et d’accroître les performances aux interfaces. Cette étape pourrait également être considérée comme une première étape vers des matériaux fonctionnels. T E4 : BAT T E R I ES À U LT R A- H AU T E C A PACI T É Les progrès dans le domaine de la production et du stockage de l’énergie électrique ont conduit aux premières applications dans le domaine du transport. Les progrès rapides accélérés par la convergence du besoin de masse (transport, communication, espace, biomédical, robotique autonome), du développement des nanotechnologies et de la pression environnementale permettent d’envisager des progrès sur l’ensemble des caractéristiques: masse, capacité, puissance et énergie massique, rapidité de charge, sécurité. L’accroissement des performances permettra l’émergence non seulement d’évolutions de systèmes actuels, mais aussi des changements en rupture des organes d’actuation, de la propulsion et de l’énergie à bord, en particulier la capacité d’effacement des pics de consommation grâce à une capacité à fournir de manière instantanée une grande quantité d’énergie. L’avènement de ces nouvelles technologies nécessite le traitement des aspects liés à l’utilisation dans le domaine TECHNOLOGIES RÉF TECHNOLOGIE AXE CORAC ENJEUX CIBLE TA1 Avion instable Certifiable Architectures et Cellules Gain de masse et performance 2030 TA8 Matériaux hybrides et liaisons compositess métal Architectures et Cellules Gains de masse 2050 TM1 TE4 TE1 TS7 TM3 TA2 TA4 TP1 TP2 TS4 TA3 TP5 TP6 TS6 TE3 TE5 TS2 TM2 TA5 TA6 TA7 TP4 TP7 TS1 TS5 TA9 TA10 TP3 TE2 TS3 TM4 Simulation multi-physique à haute performance Batteries à ultra-haute capacité Pile à combustible ATM D'optimisation multiparamètres Certification par calculs Architectures d'aéronefs innovantes Technologies pour aérodynamique à traînée réduite Propulsion Distribuée Hélices à très hautes performances et silencieuses Modélisation intégrée du système de transport aérien Aéronefs à atterrissage et décollage courts, faible vitesse Boosters électriques pour assistance décollage Matériaux réfractaires à tenue structurale Systèmes cyber-sécurisés et résilients Technologies de récupération énergie (harvesting) Chaîne d'énergie électrique à haute puissance Technologies de l'avion communicant Simulation aéroacoustique prédicitve Fabrication haute technicité automatisée à très bas coût Matériaux poly-fonctionnels Matériaux composites à ultra-hautes performances Propulsion hybride pour l'aéronautique Traitement des effluents Aéronefs automatiques Wireless avionics Nanomatériaux L'avion individuel automatique Nouvelles architectures des modules propulsifs Propulsion par hydrogène Aéroport actif à bilan énergétique positif Technologies centrées sur le confort passager Multi-axes Energie Energie Systèmes et navigation Multi-axes Architectures et Cellules Architectures et Cellules Propulsion Propulsion Systèmes et navigation Architectures et Cellules Propulsion Propulsion Systèmes et navigation Energie Energie Systèmes et navigation Multi-axes Architectures et Cellules Architectures et Cellules Architectures et Cellules Propulsion Propulsion Systèmes et navigation Systèmes et navigation Architectures et Cellules Architectures et Cellules Propulsion Energie Multi-axes Réduction des coûts et cycles de développement Performance énergétique Performance énergétique Sécurité et fluidification du trafic en zone dense Coûts de développement Gain de masse et performance Réduction de la consommation Favorise l'émergence de nouvelles architectures aéronefs Performance et acceptabilité en zone urbaine Détermination des voies d'optimisation à potentiel élevé Saturation des aéroports, sécurité, Réduction de la consommation et nuisances aéroports Accroissement des performances thermo-propulsives Sécurité Accroissement de la performance Hybridation Accroissement sécurisé du traffic, développement du transport aérien Accélération de la réduction des nuisances acoustiques Avions à bas coût, accélération du renouvellement des générations Intégration multi-fonctionnelles permettant des gains de masse très importants Gains de masse Réduction de la consommation et des émissions Réduction des nuisances Accroissement sécurisé du traffic, développement du transport aérien Gain de masse Gains de masse Développement du transport aérien Accroissement des performances thermo-propulsives Protection de l'environnement Réduction des nuisances environnementales et développement du transport aérien Développement du transport aérien par son intégration dans un système multi-modal 2030 2050 2030 2050 2050 2050 2030 2050 2030 2030 2050 2030 2050 2050 2050 2030 2050 2030 2050 2050 2030 2050 2050 2050 2050 2050 2050 2030 2050 2030 2030 19 TECHNOLOGIES aéronautique: performances, sécurité, fiabilité... Grâce à ces technologies, nous pourrons : favoriser le développement de la propulsion hybride, phases transitoires ; favoriser le développement des technologies de « harvesting » (Energie potentielle et cinétique) ; permettre la suppression des APUs ; réduire les émissions sonores au sol (taxiage électrique) ; réduire de la masse par réduction du câblage ; progresser vers l’avion conçu « très électrique » T E1 : PI L E À COM BUST I BL E L’utilisation de piles à combustible qui ont démontré leur efficacité dans le domaine spatial constitue une solution crédible comme source d’énergie embarquée pouvant se substituer au moteur pour la production d’électricité. Elles présentent l’avantage d’être efficaces, silencieuses et non polluantes. Les piles à combustible utilisent l’hydrogène comme combustible et l’oxygène comme comburant. L’hydrogène peut être stocké sous forme liquide ou gazeuse ou produit par reformage d’un hydrocarbure. Quelques progrès majeurs doivent être réalisés pour une utilisation à bord; augmentation de la durée de vie, réduction du coût, fiabilité des composants du cœur et des composants auxiliaires, logistique du carburant embarqué... TS7 : A I R T R A F F IC M A NAGE M E N T D’OP T I M ISAT ION M U LT ICR I T È R ES Au-delà des réflexions engagées en Europe et aux États-Unis pour développer une nouvelle génération d’ATM (SESAR), il convient de mener les travaux permettant l’émergence d’un « Air Traffic Management » à l’horizon 2050 permettant une optimisation plus poussée du trafic aérien, visant à la fois la sécurité, la fluidité et la réduction de consommation d’ensemble. Dans ce nouvel ATM permettant l’optimisation multicritères, les avions sont des membres actifs d’un réseau sol - satellites - aéronefs; il favorise une collaboration d’ensemble bien au-delà des systèmes actuels et permet ainsi d’accroître à la fois la densité du trafic aérien et la fluidité à proximité des aéroports. T M3 : CE RT I F IC AT ION PA R C A LC U L S La certification des aéronefs est basée sur des dossiers de certification constitués d’éléments de justification de la conception par calculs et par essais. Bien qu’ayant été progressivement réduite, la part des essais constitue toujours une part élevée des coûts de développement et demeure l’une 20 des causes majeures de la durée des développements. Le développement de la simulation numérique multiphysique, elle- même validée sur essais, le développement des connaissances dans l’évaluation de la fiabilité et du management des risques, permettent d’envisager une nouvelle étape à l’horizon 2050 dans laquelle les aéronefs seraient principalement certifiés par calcul. Cette approche nécessiterait d’accroître le niveau de fiabilité des outils numériques qui eux-mêmes pourraient devenir des éléments certifiables du processus de développement. TA2 : A RCH I T ECT U R ES D’A É RON E FS I N NOVA N T ES Les architectures des avions ont très peu évolué depuis l’apparition des avions motorisés par réacteurs; l’accrochage des moteurs sous l’aile a permis l’émergence des moteurs à haut taux de dilution et de réduire la consommation et les nuisances sonores. Les progrès les plus récents montrent que ces architectures s’approchent de butées en performance. De nombreux concepts peuvent être imaginés (moteurs enterrés, hélices rapides contrarotatives...) mais les écarts par rapport aux architectures classiques nécessitent de relever de nombreux défis et un travail très important de maturation du système intégré. Ces sujets, par nature pluridisciplinaires, nécessitent une capacité d’intégration Produit et Multimétiers et peuvent servir de rampes de développement technologiques pour les universités françaises et leur permettre de se hisser dans ces domaines au niveau des meilleures universités américaines et européennes. TA4 : T ECH NOLOGI ES POU R A É RODY NA M IQU E À T R A Î N É E R É DU I T E... V E R S U N E NOU V E L L E A É RODY NA M IQU E DES A É RON E FS Une baisse importante de la consommation de carburant pourra être atteinte en poursuivant les travaux visant à la réduction de la traînée aérodynamique (laminarité et réduction du frottement turbulent). Si certaines de ces technologies sont utilisées actuellement, un grand nombre d’entre elles nécessitent d’être encore développées du point de vue conceptuel et industriel: allongement de l’aile, winglets, optimisation des profils, nouvelles configurations, contrôle des décollements (mâts, fuselage, ...), laminarité, riblets, ailes à cambrure variable, pales à vrillage actifs, gouvernes fluidiques, ... T P1 : PROPU L SION DIST R I BU É E Les progrès réalisés dans les domaines du calcul et expérimentaux, ainsi que dans les nouveaux matériaux, structures et contrôles permettent d’envisager un niveau d’intégration plus poussé qu’actuellement des systèmes de propulsion dans la conception des aéronefs. L’objectif est de tirer bénéfice de la distribution de propulseurs multiples sur l’avion , favorisant aussi l’apparition d’architectures d’avions en rupture, réduisant la consommation de manière directe ou en utilisant TECHNOLOGIES les technologies de récupération d’énergie, favorisant l’optimisation multipoints au cours de la mission des aéronefs. T P2 : H É L ICES À T R ÈS H AU T ES PE R FOR M A NCES ET SI L E NCI E USES Les générations actuelles d’hélices pour hélicoptères et avions régionaux sont des sources sonores intenses qui limitent leur utilisation (gêne environnementale, confort passager,...) Ces modes de transport pourraient fortement progresser si des progrès significatifs pouvaient être réalisés. Or, les nouvelles capacités de modélisation multiphysique (couplage fuide-structure-acoustique), ainsi que les nouvelles générations de matériaux et d’actuateurs, permettent d’envisager des technologies en rupture réduisant très fortement les limitations actuelles d’utilisation. Différents aspects pourront être développés : contrôle actif des pales, pales adaptatives, hélices propulsives adaptées aux grandes vitesses, rotor actif sans plateau cyclique ... CHRISTIAN MARI Président du Haut Conseil Scientifique CULTURE SUR LES PAS DE GARROS CE N T E NA I R E DE L A T R AV E R SÉ E DE L A M É DI T E RR A N É E - 101è A N N I V E R SA I R E DU PR E M I E R VOL I N T E RCON T I N E N TA L Dans le cadre de l’Année Mondiale Roland Garros 2013, sous le haut patronage de Monsieur François Hollande, une flotte de 7 avions légers s’est élancée au départ de Cannes et de Fayence pour reconstituer la seconde grande traversée maritime de l’histoire, celle de la Méditerranée par Roland Garros, le 23 septembre 1913 de Fréjus (aujourd’hui fermé) à Bizerte, 7 h 58 de vol sur le Morane-Saulnier H n° 50. Pendant les sept jours du raid, la météo fut d’autant plus exceptionnelle qu’elle fut encadrée tant avant qu’après par le mauvais temps. Ainsi le programme prévu plusieurs mois à l’avance fut-il intégralement respecté, et Dieu sait si l’année 2013 passera à la postérité pour son temps pourri. Oui, l’esprit de Roland a soufflé sur la commémoration - ou ne serait-ce pas tout simplement la bénédiction du Marabout de BizerteSidi Ahmed ? Le plus dur fut en fait l’obtention des données relatives à l’aérodrome de Bizerte, plus grande base militaire de Tunisie. La carte, à diffusion restreinte, arriva tout juste la veille… Trois avions quittèrent Cannes dès le vendredi 20 septembre 2013, à destination de Cagliari, là-même où, le 23 septembre 1913 à 11 h 35, les habitants enthousiastes télégraphièrent à Paris le passage de l’intrépide aviateur : • le Robin DR400/180 F-GIKS « Roland » de l’Aéro-Club d’Antibes (basé à Cannes), le navire amiral de l’Année Mondiale, qui devait à l’origine emmener Jean-Pierre Lefèvre-Garros sur les traces de son oncle, avec Philippe • • Lung et Jaclyn Heuillet le Maule MX7-180 G-JREE (basé à Sauveterre) de Christian Briand, ancien chef-pilote de la SOCATA, héritière de Morane-Saulnier, aujourd’hui le plus ancien constructeur d’avions au monde, qui avait déjà célébré en 2003 le 90è anniversaire de la traversée avec le TBM 700 Spirit of Roland Garros ; Olivier Grabe de Daher SOCATA complétait l’équipage le Mooney 20S/P N2165N de Cronstadt Adams (basé à Toussus), avec un équipage HEC, dont Garros fut diplômé en 1908, avec Gilles Bréchet et Pierre Wertheimer. Après une visite de la grande base de Decimomannu et de son exposition sur Garros, nous fûmes reçus sur la frégate Dupleix, présente à l’occasion de la remise de la Légion d’Honneur au Consul de France. Les quatre autres avions, à l’image du grand pionnier, purent faire une directe le samedi 21 septembre, dont trois au départ de Cannes : • le Robin/Océanair TC160 F-PTRO de Jean-Paul Vaunois, Charles Bieswal et Marie Puntous (basé à ToulouseLasbordes), grâce à une optimisation de son aérodynamique, de sa consommation et de son hélice Duc en carbone • le Cirrus SR 20 F-HCGA de l’Aéro-Club Toulouse Midi Pyrénes (basé à Lasbordes), avec Sébastien Poncin (ancien directeur d’Astrium Toulouse), Eugène Bellet (le deus ex-machina du Breguet XIV F-POST) et JeanJacques Rigoni • le bimoteur Diamond G-SUEI de Sue Air (basé à North Weald en Angleterre), avec David Manterfield • l’ultra-léger Pipistrel Sinus 912 F-JJWP/13 OU d’Alain Tresse et Jean-Luc Guidon (basé à Salon-Eyguières), au départ du grand terrain de vol à voile de Fayence, près 21 CULTURE de Cannes. Nous fûmes magnifiquement reçus par le Colonel commandant la base. Quatre équipages reconstituèrent ensuite les deux derniers sauts de puce de Roland (Protville avant la tombée de la nuit, puis le lendemain Tunis-Ksar Saïd), en rejoignant l’après-midi même Tunis-Carthage : les deux Robin, le Maule et le Mooney. Le dimanche vit l’émouvante arrivée du MS G 2013 F-PMSG de Réplic’Air, avec Baptiste Salis aux commandes (à gauchissement) pendant 7 h 44, un formidable exploit technique et sportif - la plus vieille reconstitution d’un raid, le MS G datant de 1912 (le MS H en était la version monoplace)! Une grande réception eut lieu le soir avec le Gouverneur et le Maire de Bizerte, ainsi que Jean-Pierre Lefèvre-Garros arrivé avec le DC-3 des pilotes militaires réunionnais, et les pilotes handicapés. Une stèle fut dévoilée le lendemain au centre de Bizerte. Puis nous fûmes reçus à Tunis par l’Ambassadeur de France. Mais la visite prévue des sites où Garros passa, la place où il se posa à Bizerte, Protville et Ksar Saïd, n’eut pas lieu… Pour les Robin et le Maule, l’aventure ne s’arrêta pas là. Le retour se fit en effet par l’Italie, commémorant ainsi l’historique premier vol intercontinental de Garros, de Tunis à Marsala en Sicile, le 18 décembre 1912 (avant de continuer sur Naples et Rome le 22 décembre). Avec deux différences toutefois. Trapani-Marsala n’étant pas un terrain douanier, l’atterrissage ne fut pas possible pour les trois avions de 2013… Des formalités interminables à Tunis, et l’absence d’essence à Palerme, ne permirent pas non plus le suivi côtier prévu jusqu’à Naples-Capodichino, remplacé par une directe le 24 septembre. Chaleureusement reçus par le directeur de l’aéroport, le commandant de la base militaire, la Région Campanie et l’aéro-club, nous fîmes une conférence sur Garros, avant d’être reçus par le Consul de France. Enfin le lendemain un court vol sur Rome-Urbe se conclut par une visite du Lac Bracciano, site du beau musée de Vigna di Valle, puis une brillante réception chez la Comtesse Caproni, la fille du grand pionnier de l’aviation, en compagnie de nombreux pionniers et autorités. Une magnifique aventure pour nos 15 protagonistes, encore plus unique pour les 6 qui réalisèrent le grand circuit commémoratif - et pour l’anecdote, le vaisseau amiral fut fortuitement le seul de toutes les machines à commémorer complètement la traversée de la Méditerranée, ayant réalisé un atterrissage forcé à Fréjus le 8 juillet suite à problème de gestion carburant ! PHILIPPE JUNG Président de la Commission Histoire 22 Le F-GIKS à Bizerte, avec derrière le N2165N AGENDA 28 JANVIER OPTRO2014, 6TH INTERNATIONAL SYMPOSIUM 05 FÉVRIER EMBEDDED REAL TIME SOFTWARE AND SYSTEMS Centre de conférences de l’OCDE, Paris Du Mardi 28 Janvier au Jeudi 30 Janvier 2014 Plus d’informations sur www.optro2014.com Toulouse Du Mercredi 5 Février au Vendredi 7 Février 2014 Plus d’informations sur www.erts2014.org/ 12 MARS GREENER AVIATION 24 MARS 49TH INTERNATIONAL SYMPOSIUM OF APPLIED ON OPTRONICS IN DEFENCE AND SECURITY Bruxelles Du Mercredi 12 Mars au Vendredi 14 Mars 2014 (ERTS2) AERODYNAMICS Ecole Centrale de Lille Du Lundi 24 Mars au Mercredi 26 Mars 2014 23 Retrouvez nos articles sur le site www.3af.fr
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