Revue de presse - hic est sanguis meus

Revue de presse
Exposition art plastique, photographie, vidéo, dessin, graphisme,
installation, écriture,musique et performance
Galerie 59Rivoli - 59, rue de Rivoli - 75001 PARIS
12 - 24 août 2014
AVANT-PROPOS
HIC EST SANGUIS MEUS
Le sang des femmes.
D’après une idée de Paola Daniele
Paola Daniele, chorégraphe, danseuse, plasticienne naît le 07 novembre 1976 à
Cosenza (Italie). Elle se forme en tant que danseuse contemporaine (technique Alwin Nikolais),
se perfectionne au travers de masters et séminaires en Italie et en France avec Raffaella Giordano, Carolyn Carlson, Giorgio Rossi, Alain Platel, Domique et
Françoise Dupuy, Michele Abbondanza, Eugenio Barba, Michele Di Stefano,
Ziya Azazi, Geraldine Pilgrim (site specific composition).
Elle étudie la voix et la technique de l’émission avec Chiara Guidi (Societas
Raffaello Sanzio) , à Paris avec Linda Wise et Enrique Pardo, Centre
international Roy Hart Theatre. Suite à des expériences de création collective,
elle est depuis 2005 auteur de ses projets de danse/théâtre, performances et
apporte son concours dans plusieurs domaines de création en Italie, France,
Belgique et Portugal. Elle collabore en tant que freelance dans la création et la
direction de projets artistiques. Elle s’intéresse à l’univers feminin et à la place
de la femme dans la société, depuis 2013 elle mène un travail de recherche sur
le sang des femmes avec une liberté de regard sans limite et sans provocation.
Cette enquête lui a donné l’opportunité de rencontres et d’echanges avec
d’autres artistes passionnés par ce sujet , donnant ainsi la vie au colletif Hic est
sanguis meus. “L’auteure de cet examen de la femme par son sang est une plasticienne et
danseuse calabraise, Paola Daniele. Artiste, italienne et femme. Trois éléments
essentiels. Artiste pour imaginer la forme à donner à sa recherche et s’entourer
d’un collectif de jeunes artistes. Italienne, originaire de ce pays qui pratiquait
encore récemment les philtres d’amour avec le sang des menstrues. Et femme,
enfin et avant tout, pour interroger son identité et celle de ses sœurs au travers de
cette "indisposition", habituellement dissimulée à la publicité. Résultat : une
plongée dans le pourpre au travers d’une cinquantaine d’œuvres présentées, films,
poèmes, peintures et autres, venus de pays divers”.
Isabelle Soler – Journaliste TV5 Monde Dessine-moi un vagin, le vagin selon les visiteurs de l’exposition de Paris.
Le collectif « Hic Est Sanguis Meus », rassemblé pour la première fois autour
du thème du sang des femmes, représente une grande variété de visions, d'arts
et de styles. 50 artistes, de 20 à 70 ans, hommes et femmes à proportion égale,
italien-nes, français-es, anglais-es, hispanophones notamment; du multimédia
numérique à la performance, en passant par le documentaire, l'animation, la
peinture, la photographie, la danse et l'installation, il se fait fort d'une
ouverture à la multiplicité des mouvements, des couleurs et des formes. Il n'est
pas question de concurrence ou de rivalité: cette richesse est une ouverture à
l'autre, qui décuple l'inspiration et les possibilités de créations collectives.
FACEBOOK
www.facebook.com/hicestsanguismeus
SITE WEB
www.dolceredenzione.com
chorégraphies, concerts et ateliers participatifs – est de
présenter aux hommes, aux filles et aux femmes le cycle
menstruel comme une ressource, plutôt que comme une
malédiction, et de démystifier le rapport à ce signe, demeuré
incompris si longtemps.
D’où vient l’idée que le sang des femmes serait impur ?
“Comme toutes les émissions corporelles passives, les
menstrues sont assimilées à une souillure, dont il faut se laver
pour retrouver un état de pureté ” indique Hélène Le Vern,
gynécologue et sexologue.
La connaissance et la maîtrise du corps, sans dogme, voilà
l’objectif.
Dès jeune fille, les femmes apprennent que les menstruations
sont “une crise hygiénique” (Chris Bobel), mais n’est-ce pas
plutôt le moment idéal d’étudier leur corps et de lever le voile
sur toutes ses curiosités ?
Nous voulons démontrer cela avec beaucoup d’amour, de
recherche, d’intelligence et d’humour – autant que possible.
Le sang est une ressource, pas une honte, comme les religions
et les industries des produits d’hygiène féminine veulent nous
le faire croire.
Le sang comme esprit.
Le corps de la femme libéré des tabous devient poétique et
émouvant.
Les menstruations, par leur relation avec le cycle lunaire (28
jours) étaient probablement la source la plus ancienne des
sciences géométriques et mathématiques.
Les quatre phases de la lune sont symétriques à celles du cycle
menstruel.
“Si vous pensez que vous êtes libérée, vous devriez
considérer l’idée de goûter votre propre sang menstruel.
Si cela vous rend malade, vous avez encore beaucoup de
chemin à faire.”
Germaine Greer, The Female Eunuch.
Les menstrues sont le seul sang non-violent qui coule de notre
corps. Savez-vous pourquoi les femmes saignent chaque mois ?
Premier postulat : ceci n’est pas seulement un manifeste
féministe, mais un voyage dans l’univers et le corps de la
femme, sans tabou, avec une grande liberté de regard.
“Le sexe des femmes n’est pas visible comme celui de l’homme.
Le sang qui s’en écoule à la vue de tous vient signifier qu’il vit,
qu’il sécrète, qu’il palpite, qu’il désire, entraînant une gêne
chez la femme comme chez l’homme”.
Explication du psychanalyste Olivier Grignon, auteur de
l’ouvrage Le corps des larmes.
Le sang menstruel est le marqueur irréfutable de la fécondité
de la femme. Il désigne son horloge biologique, entre ses
premières et ses dernières règles.
Tout homme est né d’un ventre sanglant, rappelle Maryse
Vaillant. Les règles le renvoient donc à son origine, à une
angoisse très archaïque, d’avant le langage.
D’innommables, les règles sont devenues invisibles et, dans le
monde moderne, le tabou menstruel prend généralement la
forme d’un certain silence autour du sujet.
Le mot vagin n’est jamais employé dans les publicités pour
tampons, où le sang n’est jamais rouge, mais bleu !
Depuis la nuit des temps, la capacité de la femme à engendrer
la vie reste le mystère le plus puissant pour l’homme: “Il n’est
pas très étonnant que ce sang, qui vient rappeler la différence
fondamentale des sexes, intrigue et fascine les hommes”
analyse la psychothérapeute Maryse Vaillant, “toutefois, il a
longtemps été méprisé par eux. Parce qu’il coule du corps des
femmes chaque mois sans qu’elles puissent le retenir,
contrairement au sang glorieux versé par les hommes au
combat. Et on le sait, ces derniers valorisent toujours l’actif sur
le passif, le volontaire sur l’involontaire”.
Le but de ce voyage, documenté avec plusieurs supports –
vidéos de fiction, animations et documentaires, multimédias,
images numériques, photographies, bandes-dessinées, dessins
et peintures, lectures et performances, installations et
During my period - Ut Barley Sugar
LES ARTISTES
Christine Armanger
Performeuse, metteur en scène
[email protected]
compagnielouve.tumblr.com
Alfonsina Bellio
Ecrivain, anthoprologue
[email protected]
Raphael Correia Ribeiro
Acteur, performeur
[email protected]
Florian Bezaud
Ecrivain
[email protected]
Paola Daniele
Chorégraphe,danseuse,
plasticienne
[email protected]
dolceredenzione.com
Laure-Elizabeth Bourdaud
Journaliste
[email protected]
Andrea De Carlo
Ecrivain, journaliste
[email protected]
Mariolina Catani
Photographe
[email protected]
behance.net/mariolina-catani
Séverine Delrieu
Ecrivain, poète
[email protected]
Enrico Cocuccioni
Photographe, graphiste
[email protected]
Collectif Les abattoirs
Artistes
collectifl[email protected]
collectiflesabattoirs.tumblr.com
vimeo.com/collectiflesabattoirs
Noémie Fargier
Vidéaste
[email protected]
compagnieascorbic.com
Michele Ferraro
Chorégraphe, photographe
[email protected]
Giuseppe Filosa
Peintre, sculpteur
fi[email protected]
filosascultoreepittore.it
Lorenzo Fontanesi
Photographe
lorenzofontanesi.com
Maxime Girard
Dessinateur, écrivain,
photographe, vidéaste
[email protected]
maxcolyve.blogspot.fr
Jillian Lainé
Plasticienne
[email protected]
jillianceramiques.tumblr.com
Vash Yeah-Antoine Laval
Graphiste
[email protected]
Simon Marlet
Ecrivain, peintre
[email protected]
Pauline Maucort
Journaliste
[email protected]
Esther Megard
Dessinatrice, sérigraphe
[email protected]
Catalina Mejia
Plasticienne
[email protected]
Carla Monteforte
Journaliste, ecrivain
[email protected]
Tommy Muto
Compositeur, musicien,
architect
[email protected]
Aline Namessi
Vidéaste
[email protected]
Alba Onofrio
Vidéaste, photographe
[email protected]
Mirko Onofrio
Compositeur, musicien
[email protected]
Federico Orlando
Photographe, peintre,
graphiste
[email protected]
Camille Robert
Vidéaste
[email protected]
youtube : docduréel
Ivana Ruffolo
Plasticienne, graphiste
ivana.ruff[email protected]
Federica Servidio
Ecrivain, poéte
[email protected]
Aomi Sessions
Plasticienne
[email protected]
Samy Souiou
Auteur, dessinateur
[email protected]
https://www.flickr.com/photos/124843142@N02/
Erwan Soumhi
Artiste
erwansoumhi.com
manifart.org
pez-corp.net
Ut Barley Sugar
Plasticienne, vidéaste
[email protected]
utbarleysugar.com
ut-barley-sugar.tumblr.com
Romain Torres
Vidéaste
Romain.torres75@
club-internet.fr
Caroline Vasseur
Peintre
[email protected]
Hic est sanguis meus. Il nuovo progetto artistico di paola daniele
6 giugno 2014 - by Ariel von Kirsche
http://malesoulmakeup.wordpress.com/2014/06/06/paoladaniele/
Questo è il mio corpo che è sacrificato per
voi; […] Questo calice è la nuova alleanza nel
mio sangue, che viene versato per voi.
dal Vangelo secondo san Luca
se io apro il mio corpo
affinché voi possiate guardarci dentro il vostro sangue,
è per amore vostro: l’altro […].
Ecco perché tengo alla VOSTRA presenza
durante le mie azioni
Gina Pane
Hic est sanguis meus è il nuovo ambizioso progetto artistico della performer e
coreografa Paola Daniele.
Il Cristo della contemporaneità non è più un uomo, ma una donna. Il suo
sacrificio non ha più intenti salvifici, ma catartici e conoscitivi. In altre parole,
il rivelare al mondo i misteri più intimi dell’universo femminile è un modo per
diffondere conoscenza; e là dove c’è conoscenza e sapere non c’è spazio per
tabù, pregiudizi e discriminazioni.
Lungi dall’essere un manifesto femminista, Hic est sanguis meus sarà
piuttosto un viaggio esplorativo, di carattere interdisciplinare, nel profondo
dell’intimità – e quindi dell’identità – della donna.
L’artista italiana, d’adozione parigina, vuole raccontare, servendosi di media differenti (fotografie, musiche, video, installazioni e performance), il ciclo
mestruale con naturalezza, senza filtri, senza limiti, dal momento che “siamo
tutti nati da un ventre sanguinante”. Il sangue, perciò, si carica di simbologie
positive, diventando fonte di vita, fertilità e rinascita.
Nonostante questa simbologia positiva del sangue, lo psicoanalista Olivier
Grignon, autore di Corps des larmes, osserva: “Il sesso delle donne non è
visibile come quello degli uomini. Il sangue che ne cola alla vista di tutti
significa che esso vive, secerne, palpita, desidera, causando spesso un disagio
nelle donne come negli uomini”.
Sin dai tempi antichi, le perdite di sangue, associate all’indebolimento e alla
morte, erano considerate segno infausto, impuro. A tal proposito, si ricordino,
per esempio, le terribili parole del Levitico (Antico Testamento, VI-V sec. a.
C.): “Quando una donna abbia flusso di sangue, cioè il flusso nel suo corpo, la
sua immondezza durerà sette giorni; chiunque la toccherà sarà immondo fino
alla sera”.
Il ciclo mestruale, considerato sempre simbolo dell’impurità femminile e, di
conseguenza, elemento di discriminazione di genere, è divenuto nei tempi
odierni un segno distintivo e assertivo dell’identità femminile, nonché vessillo
di lotta dei movimenti femministi. Tanto che un filone della letteratura
femminile contemporanea è definita dalla critica con l’epiteto “mestruale”.
Sin dalla notte dei tempi la capacità delle donne di creare la vita rimane per
l’uomo il mistero più grande. La psicoterapeuta Maryse Vaillant afferma che il
sangue, soprattutto quello che riguarda il corpo femminile, nonostante il
fascino che esercita, è stato per lungo tempo disprezzato dai “maschi”: “Non è
sorprendente che il sangue, che ricorda la differenza fondamentale tra i sessi,
intrighi e affascini gli uomini”.
Se il sangue dell’uomo versato sul campo di battaglia è accettato di buon
grado, in quanto sottintende valori positivi come eroismo, coraggio, sacrificio
per la madre Patria, quello che scorre dal ciclo mestruale viene al contrario
stigmatizzato. Nelle società patriarcali e misogine il sangue femminile suscita
paura ed è considerato – come abbiamo affermato sopra – simbolo d’impurità
della donna. Ciò avviene non solo nelle culture occidentali, ma anche
orientali: in Giappone, secondo la tradizione scintoista, il sangue è un tabù.
Con il termine kegare si indica l’impurità, in particolare proprio quella che si
genera attraverso il corpo delle donne con il ciclo mestruale o le perdite di
sangue durante il parto. In quei giorni le donne mestruate e le partorienti
erano allontanate da casa e costrette a vivere in isolamento per non
contaminare il focolare domestico né generare – secondo il folclore nipponico
– una sorta di spiritello maligno e dispettoso, dettokekkai. Potevano fare
ritorno solo dopo un rito purificatore chiamato misogi. Tuttavia, lo storico francese Jean-Paul Roux (1925-2009), nel suo saggio dal
titolo Le sang. Mythes, symboles et réalités (Fayard, 1988), sfata il mito che
questo atteggiamento maschile sia dettato solo da “paura” nei confronti del
sangue, poiché questo sarebbe un discorso molto riduttivo. Secondo lo
studioso, di fronte al sangue mestruale l’uomo cade in una sorta di terrore
universale, descritto sin dai tempi immemorabili, e che non è circoscritto ai
popoli primitivi. La donna che si trova nel periodo di mestruazione diventa
una minaccia ben più grande dell’impurità stessa, per cui l’uomo tende a
prenderne le distanze.
L’inizio del ciclo mestruale segna una tappa importantissima per le donna:
perché avviene un cambiamento non solo fisico (cioè, il passaggio
dall’infanzia alla maturità; la fanciulla che diviene donna e, di conseguenza,
moglie, madre), ma anche nei rapporti sociali: nelle società arcaiche
rappresentava altresì il passaggio dalla tutela del padre a quella dello sposo.
Diversi sono infatti i miti classici che raccontano di questo rito di passaggio
dalla condizione di fanciulla a quella di donna (si pensi al mito di Ifigenia, per
esempio), spesso rappresentati con il sacrificio della vergine, in linea con
l’eterno ciclo di morte e rinascita.
Nell’antica Grecia con il termine proteleia si indicavano i sacrifici e le
cerimonie che erano praticati prima delle nozze dei giovani sposi. In uno di
questi riti i genitori accompagnavano le loro figlie sull’Acropoli, per celebrare
un sacrificio alle divinità femminili, in genere ad Afrodite. Durante il sacrificio
veniva bruciato un oggetto personale, un giocattolo o una ciocca di capelli, a
rappresentare la fine della pubertà.
Paola Daniele, dopo un anno di ricerche sul tabù del sangue nelle società
patriarcali, con particolare approfondimento alla nostra epoca, lancia una
campagna di crowfunding in Francia e in Italia, con l’intento di raccogliere
fondi necessari alla realizzazione del suo progetto. Questo ha già suscitato
grande interesse e curiosità nell’ambiente artistico parigino. Infatti, si è
costituito un collettivo di lavoro di oltre venti rappresentanti di diverse
discipline artistiche per la realizzazione di una mostra dedicata al tema
summenzionato, che avrà luogo a Parigi dall’11 al 26 agosto, presso la galleria 59 Rivoli aftersquat.
La raccolta fondi on line durerà 28 giorni, cioè il tempo di un ciclo mestruale,
corrispondente alle quattro fasi lunari.
Per sostenere il progetto e avere altre informazioni, si veda: Hic est sanguis
meus.
Performance - Manipule moi avec soin
La Femminilità senza tabù Sangue e purezza nell’idea di Paola Daniele
Mercoledi 18 giugno 2014 _ by Alessia Principe
Estasi primordiale - Ivana Ruffolo / Blessures parfaites - Paola Daniele
Hic est sanguis meus – une exposition qui a lieu du 12 au 2 août 2014 à Paris
15 août 2014 – par Le Cabinet de curiosité féminine
http://cabinetsdecuriosites.fr/sexorama/sexualite-sexorama/hic-sanguis-meus/
Les menstrues sont le seul sang non-violent qui coule de notre corps.
Savez-vous pourquoi les femmes saignent chaque mois ? Brisons le tabou.
Premier postulat : ceci n’est pas seulement un manifeste féministe, mais un
voyage dans l’univers et le corps de la femme, sans tabou, avec une grande
liberté de regard.
« Le sexe des femmes n’est pas visible comme celui de l’homme. Le sang qui
s’en écoule à la vue de tous vient signifier qu’il vit, qu’il sécrète, qu’il palpite,
qu’il désire, entraînant une gêne chez la femme comme chez l’homme ».
Explication du psychanalyste Olivier Grignon, auteur de l’ouvrage Le corps
des larmes.
Le sang menstruel est le marqueur irréfutable de la fécondité de la femme. Il
désigne son horloge biologique, entre ses premières et ses dernières règles.
Tout homme est né d’un ventre sanglant, rappelle Maryse Vaillant. Les
règles le renvoient donc à son origine, à une angoisse très archaïque, d’avant
le langage.
D’innommables, les règles sont devenues invisibles et, dans le monde
moderne, le tabou menstruel prend généralement la forme d’un certain
silence autour du sujet.
Le mot vagin n’est jamais employé dans les publicités pour tampons, où le
sang n’est jamais rouge, mais bleu !
Depuis la nuit des temps, la capacité de la femme à engendrer la vie reste le
mystère le plus puissant pour l’homme: « Il n’est pas très étonnant que ce
sang, qui vient rappeler la différence fondamentale des sexes, intrigue et
fascine les hommes » analyse la psychothérapeute Maryse Vaillant, « toutefois, il a longtemps été méprisé par eux. Parce qu’il coule du corps des
femmes chaque mois sans qu’elles puissent le retenir, contrairement au sang
glorieux versé par les hommes au combat. Et on le sait, ces derniers
valorisent toujours l’actif sur le passif, le volontaire sur l’involontaire ».
Le but de ce voyage, documenté avec plusieurs supports – vidéos de fiction,
animations et documentaires, multimédias, images numériques,
photographies, bandes-dessinées, dessins et peintures, lectures et
performances, installations et chorégraphies, concerts et ateliers
participatifs – est de présenter aux hommes, aux filles et aux femmes le cycle
menstruel comme une ressource, plutôt que comme une malédiction, et de
démystifier le rapport à ce signe, demeuré incompris si longtemps.
D’où vient l’idée que le sang des femmes serait impur ?
« Comme toutes les émissions corporelles passives, les menstrues sont
assimilées à une souillure, dont il faut se laver pour retrouver un état de
pureté » indique Hélène Le Vern, gynécologue et sexologue.
La connaissance et la maîtrise du corps, sans dogme, voilà l’objectif.
Dès jeune fille, les femmes apprennent que les menstruations sont “une crise
hygiénique” (Chris Bobel), mais n’est-ce pas plutôt le moment idéal
d’étudier leur corps et de lever le voile sur toutes ses curiosités ?
Nous voulons démontrer cela avec beaucoup d’amour, de recherche,
d’intelligence et d’humour – autant que possible.
Le sang est une ressource, pas une honte, comme les religions et les
industries des produits d’hygiène féminine veulent nous le faire croire.
Le sang comme esprit.
Le corps de la femme libéré des tabous devient poétique et émouvant.
Les menstruations, par leur relation avec le cycle lunaire (28 jours) étaient
probablement la source la plus ancienne des sciences géométriques et
mathématiques.
Les quatre phases de la lune sont symétriques à celles du cycle menstruel.
Le cercle commence le « jour 1″, date du début du saignement.
“Si vous pensez que vous êtes libérée, vous devriez considérer l’idée de
goûter votre propre sang menstruel.
Si cela vous rend malade, vous avez encore beaucoup de chemin à faire.”
Germaine Greer, The Female Eunuch.
De l'Art sang tabou
20 août 2014 – par Marie Gentric et Anna Cuxac
http://www.causette.fr/actu-causette/lire-article/article-898/de-l-art-sang-tabou.html
Parler des règles n’est pas dégoûtant, ça peut même être beau. L’exposition
gratuite « Hic est sanguis meus » s’y essaie jusqu’au 24 août à Paris.
« Je voulais montrer la couleur et la matière du sang », raconte Paola Daniele,
au milieu de tableaux et d’installations rouge vif, tous inspirés par les règles.
Les règles des femmes, celles qui tombent chaque mois et « restent cantonnées
à l’hygiénisme des publicités pour tampons ». Danseuse contemporaine et plasticienne venue d’Italie, elle a concrétisé dans
l’exposition collective Hic est sanguis meus, (ceci est mon sang), un projet qui
la taraudait depuis sa puberté : parler du sang « impur » à travers l’Art. Le
résultat, c’est une compilation d’œuvres de 50 artistes, peintres, dessinateurs,
vidéastes, plasticiens venus de différents pays. Elles sont exposées jusqu’au
dimanche 24 août, en plein cœur de Paris, au 59 rue de Rivoli, le squat
artistique aux fresques tape-à-l’œil, labellisé Mairie de Paris depuis 2001. L’entrée y est gratuite et les artistes accueillants : Paola vous dit tout de ces
hommes « attendrissants quand il s’agit de les faire parler du mystère du cycle
menstruel ». Anaïs confie comment les maux des flux lui a insufflé son
montage vidéo dans lequel une femme se tord de douleur. Surtout, l’expo vaut le détour pour une sacrée histoire : celle de ces Calabraises
d’un autre âge qui fabriquent un filtre d’amour avec le sang de leurs règles
avant de le distiller dans le café ou le vin de l’aimé. Enfant, Paola Daniele
entend parler de cette pratique comme on écoute un conte fabuleux et, avec
une amie, elle cherche la véritable composition de l’élixir. Lavande, laurier,
ingrédients secrets : une vidéo montre les comparses mélanger le tout et
reproduire la potion. Dommage, elle n’a pas été testée, mais l’entreprise
demeure fascinante. « Sans provoquer », selon le souhait de Paola Daniele, Hic
est sanguis meus se visite en une demi-heure et surprend son public : « Les
hommes surtout sont souvent mal à l'aise, ils se sentent mis à nu, parce qu'ils
n'ont pas l'habitude de parler du sujet. »
Manipule moi avec soin- installation Paola Daniele
spécialisé dans la santé des femmes et auteur de La maladie de Sachs.
Artiste, Italienne et femme Le Sang des femmes, source d’art
22 août 2014 - Isabelle Soler
http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-28956-Le-sang-des-femmes-source-d-art.htm
Sûrement l’exposition la plus intriguante de ce mois d’août. Sur la vitrine, deux
cercles écarlates, un grand, un petit. Une vulve stylisée. "Hic est sanguis meus"
ou l’exploration terriblement organique des menstrues. Les règles, les ragnagna, les anglais, les ours, bref les menstruations féminines. "Si vous pensez que
vous êtes libérée, vous devriez considérer l’idée de goûter votre propre sang
menstruel. Si cela vous rend malade, vous avez encore beaucoup de chemin à
faire", dit l’universitaire féministe Germaine Greer (in The Female Eunuch). Le
ton est donné.
Femmes à lunes
Si vous voyez dans le sang qui, chaque mois, s’écoule, une simple manifestation
biologique, vous passez à côté de l’affaire. De la stigmatisation, des stigmatisations, de l’opprobre jetées sur les femmes pour ce sang qui coule entre leurs
jambes.
Du latin mensis, "mois", ou du grec mene, "lune qui établit un lien avec les cycles lunaires", le sang menstruel marque la fécondité de la femme. Renouvelant les cellules de l’endomètre, muqueuse de l’utérus qui permet la nidification
du fœtus. En l’absence d'œuf fécondé, l’endomètre s’évacue, la femme saigne.
Trop clair, trop simple. L’explication clinique fait l’impasse sur l’angoisse
primale, sur les ténèbres des origines. Le sang renvoie au mystère de la vie.
"Tout homme est né d’un ventre sanglant", rappelle la psychologue Maryse
Vaillant. De tout temps, les hommes ont regardé avec dégoût, suspicion, le sang
des femmes.
"Lorsque les femmes souffraient de symptômes liés aux règles, les hommes
associaient cela à quelque chose de négatif, de toxique. Le phénomène des
règles n'a été expliqué que récemment, au milieu du XXe siècle. Cette part de
mystère a nourri cette idée," estime Martin Winckler, médecin généraliste
L’instigatrice de cet examen de la femme par son sang est une plasticienne et
danseuse calabraise, Paola Daniele. Artiste, italienne et femme. Trois éléments
essentiels. Artiste pour imaginer la forme à donner à sa recherche et s’entourer
d’un collectif de jeunes artistes. Italienne, originaire de ce pays qui pratiquait
encore récemment les philtres d’amour avec le sang des menstrues. Et femme,
enfin et avant tout, pour interroger son identité et celle de ses sœurs au travers
de cette "indisposition", habituellement dissimulée à la publicité. Résultat : une
plongée dans le pourpre au travers d’une cinquantaine d’œuvres présentées,
films, poèmes, peintures et autres, venus de pays divers.
Vade retro, Satanas !
Selon les croyances populaires, les femmes qui ont leurs règles sont contaminantes. Dans le Limousin, on les écarte des ruches car "un essaim entier meurt
d'un seul de leurs regards". Ailleurs, on utilise leurs "pouvoirs" : les femmes qui
ont leurs règles traversent les champs pour les protéger des sauterelles et des
chenilles !
L’ignorance a, certes, joué un rôle dans cette défiance, mais que dire de ces
scientifiques et médecins qui ont propagé, à leur tour, des interprétations délirantes ? En 1893, l’un des pères de la criminologie, l’Italien Cesare Lombroso,
associe menstruations et criminalité féminine. Elle débuterait potentiellement
aux premières menstrues pour s’achever à la ménopause. Nonobstant leur
faible représentation dans les activités criminelles, Lombroso soutient que les
femmes sont dotées d’une nature essentiellement mauvaise et forcément,
inférieure à celle de l'homme…
Hic est sanguis meus. Ceci est mon sang. Prenez et buvez-en tous.
Audacieuse, à première vue, cette appropriation de la parole du Christ lors de
la Cène avant sa mort, pour évoquer les menstrues. Hic est sanguis meus. Se
souvenir que les religions, à commencer par le judaïsme, ont regardé avec
effroi le sang de la femme. Dans la Torah, le Lévitique interdit à un homme
d'approcher une femme qui a ses règles. "Lorsqu'une femme éprouvera le flux,
c'est-à-dire le sang qui s'écoule de son corps, elle restera sept jours dans son
isolement, et quiconque la touchera sera impur jusqu'au soir." Pour certains
rabbins, l'existence des règles vient de la malédiction d'Ève, coupable de la
chute d'Adam et de sa mort. Dans l’Évangile selon Matthieu (Mt 9, 20-22), on trouve l’épisode de l’hémorroïsse, une femme souffrant d’hémorragies menstruelles invalidantes. "Approchant le Christ, elle se disait en elle-même : 'Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée.' Jésus, se retournant, la vit et lui dit : 'Aie confiance, ma fille,
ta foi t'a sauvée.' Et de ce moment la femme fut sauvée."
De quoi est-elle sauvée : de sa douleur physique, de son impureté ? Médecins
et religions monothéistes se rejoignent : la femme menstruée est impure. Son
sang parle de sexualité. Coulant, il évoque la fécondité. Tari, il indique qu’elle
a été fécondée, que l’acte sexuel a eu lieu.
Plus amusante, cette lecture : "Pourquoi la Torah nous enseigne-t-elle qu’une
nida, la femme qui saigne, est impure sept jours ? Parce qu’à force d’habitude,
son mari en arrive à la détester. C’est pourquoi la Torah dit : qu’elle soit impure
sept jours, pour qu’elle plaise à son mari comme sous le dais nuptial."
Voilà une œuvre qui ne contredit pas la Torah ! Présentée dans l’exposition, Blood and wine, d'Alba Onofrio, ou comment réaliser votre philtre d’amour… Au XIIIe siècle, le sang menstruel était considéré comme un ingrédient magique. Beaucoup de femmes l'utilisaient pour provoquer la mort de leur mari ou
pour faire tomber amoureux l'élu de leur cœur. Dans la tradition populaire de
la sorcellerie, la "rosée de la femme", le premier sang menstruel d'une jeune fille
répandu pendant la première éclipse de lune, est le poison le plus effrayant.
Le film présente la réalisation de ce philtre. A San Fili, un petit village du Sud
de l'Italie, les "Magare", des sorcières expertes dans la préparation d'anciens
rites magiques, le préparaient avec trois gouttes de sang menstruel et des
herbes utilisées ancestralement : lavande, verveine, laurier, cannelle et clou de
girofle. Le philtre devait demeurer entre les jambes de la femme puis versé dans le vin
de l'amant, accompagné de cette formule : "Sang de mes veines, veines dans tes
veines, tu ne pourras jamais oublier les miennes."
Et voilà comment une femme que son sang, depuis longtemps, interpelle vous
propose, homme ou femme qu’importe, ensemble ou pas, de scruter, d’explorer
autrement le corps de la Femme. Vous pariez ? Vous ne le regarderez plus de la
même façon.
Dessin au feutre - Maxime Girard
United colors of uterus - Jillian Lainé