Le programme - Médiathèque pédagogique de la cité de la musique.

Mardi 27 mai 2014
La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine
Dans le cadre de l’Hommage à Henri Dutilleux du 24 au 27 mai
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse
suivante : www.citedelamusique.fr
La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine | Mardi 27 mai 2014
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Hommage
à Henri
Dutilleux
Cycle
Wagner
/Stockhausen
Stravinski
Salué dansironisait
le milieu
surdes
Stockhausen
arts plastiques
et Wagner
pour laen
beauté
disantde
qu’ils
ses partitions
rendaient –nécessaire
la qualité l’instauration
de son graphisme
d’un équivalent
musical
lui a valudu
à plusieurs
reprises
d’être
exposé
danspour
des galeries
–, Henri Dutilleux
aurait ces
pu tout
aussi
bien l’être
musical
parcmètre.
C’est qu’il
faut
du temps
que se déploient
naturellement
univers
sonores
pour d’autres
productions.
Le compositeur
avait la passion de la photographie. Il suscite l’admiration de ses
volontiers
conçus
sous la forme
de vastes cycles.
proches dans les années 1970 par ses vues de Belle-Île-en-Mer et des recoins sauvages qu’il arpente un appareil
photo en
précieux
de(quelques
prospection,
un Voigtländer,
lui a été
offque
ert par
pèreen
alors
qu’il
Wagner
n’abandoulière.
que très peuLe
écrit
pour leoutil
piano
sonates,
une fantaisie…),
alors
sesson
opéras,
particulier
n’avait pas 18 ans. Cadeau aussi emblématique de son parcours personnel que celui constitué par la partition
ceux qui forment la tétralogie du Ring, n’ont cessé d’être transcrits pour le clavier, par lui-même ou par des pianistes
de Pelléas et Mélisande de Debussy, qui ne quitte pas son piano pendant l’adolescence.
virtuoses comme Liszt autrefois et Kocsis aujourd’hui.
Ses succès connaissent un prolongement médiatique qui ne manque pas de l’étonner. D’un naturel discret,
Les
leitmotive
de Wagner
sont comme
infiniment
plastique
qui se cristallise
en formes
il passe
toutefois
sans rechigner
devantune
les matière
objectifsmélodique
des professionnels.
Mieux,
il collectionne
avec plaisir
définies
pour
caractériser
un
personnage,
un
affect,
un
objet…
On
reconnaîtra
nombre
d’entre
eux
dans
le
les innombrables tirages qui lui sont envoyés. Il y a donc toujours une photo pour donner la mesure d’Henri
e du Conservatoire de Paris, depuis le thème
programme
proposé
par
Emmanuel
Krivine
à
la
tête
de
l’Orchestre
Dutilleux, acteur autant que témoin de l’histoire culturelle du XX siècle.
solennel du Chœur des pèlerins sur lequel s’ouvrait Tannhäuser en 1845 jusqu’aux éclats du motif des Walkyries
1934.
Photo de classeen
au1876
Conservatoire
national
de musique
de déclamation.
Canne
au bras
main gantée,
qui
accompagnaient
la bouleversante
scène
finale duetCrépuscule
des dieux,
au cours
deet
laquelle
le professeur
de composition
– Henri
– trône
parmi ses élèves. Tous ont fière allure. Un seul, le plus jeune,
Brünnhilde
s’immole
en se jetant
dansBusser
un brasier
ardent.
affiche un air pensif, à la fois doux et grave. Aucun n’aura droit aux fastes réservés à Henri Dutilleux (le benjamin
du groupe)
en 1938
dans
sa bonne
de Douai
après
un Stockhausen
succès équivalent
au Concours
de l’Institut
Bien
plus qu’un
simple
instant,
un « ville
moment
», c’était
pour
une partie
d’une œuvre
dotéede
deFrance.
Le roi d’Italie, rendant visite aux pensionnaires de l’Académie de France à Rome, semble par comparaison devoir
caractéristiques constantes et remarquables : un peu comme le prélude de L’Or du Rhin de Wagner, dans lequel
se contenter du minimum protocolaire. Nous sommes en mai 1939. Henri Dutilleux vient de commencer son
un accord immuable porte tout le développement orchestral. Momente, dont la première version fut créée en
séjour à la Villa Médicis.
1962 à Cologne, invente ainsi, entre la soprano solo, les quatre groupes choraux et les treize instrumentistes, des
plages
oùdonne
prédomine
la mélodie,
tantôt le L’un,
timbre,
la durée
des sons.
Entre apparaît
ces moments,
La posemusicales
en quatuor
lieu àtantôt
deux clichés
mémorables.
en tantôt
mars 1953,
où Henri
Dutilleux
ileny acompagnie
des interludes
qui,
sans
caractéristique
particulière,
utilisent
aussi
comme
matériau
les
réactions
des trois autres artisans (Jean Carzou, Jean Anouilh, Roland Petit) du Loup, ballet dont ilhabituelles
a écrit
du
public
(cris,
applaudissements,
murmures,
toux…) comme
effacercôtoie
symboliquement
la frontière
entre
la musique. L’autre, en septembre 1966,
où le compositeur
despour
Métaboles
Charles Munch,
Seiji Ozawa
interprètes
et Olivier Messiaen,
et auditeurs.
lors de la présentation de son œuvre au Festival de Besançon.
Lesmantra
décennies
suivantes
sont
réductibles
à une
série
de duos. Effusions
pimentées
parAvec
la pratique
anglais
Un
est une
formule
sacrée
à laquelle,
dans
l’hindouisme,
on prête
un pouvoir.
Mantrad’un
– une
pièce
approximatif,
les rencontres
entre HenrietDutilleux
et Mstislav
Rostropovitch
brûlent
la pellicule
associée manière
à
de
1970 pour deux
pianos, percussions
modulateur
en anneau
–, Stockhausen
emploie
une nouvelle
l’avènement
Tout unà monde
lointain…
(1970)
ou au triomphe
de Timbres,
Espace, dans
Mouvement
(1978).
de
composer,de
appelée
se généraliser
dans
ses œuvres
plus tardives
et notamment
son opéra
Licht. Tous les
aspects de la partition (non seulement les notes, mais aussi les nuances, les articulations et les timbres issus des
À l’opposé de ces instantanés d’amitié éruptive, les tableaux de la relation entre Henri Dutilleux et Paul Sacher
transformations électroniques du son) sont dérivés d’une unique formule mélodique, contractée ou dilatée de
laissent transparaître une paix bienfaisante. Avec le maître de Schönenberg, le compositeur de Mystère de l’instant
toutes
manières
possibles.
Et,son
pour
l’auditeur,Musicum
c’est uneZürich
expérience
sonore
d’unetoujours
rare beauté.
(œuvreles
créée
par Paul
Sacher et
Collegium
en 1989)
éprouve
la sensation de n’être
qu’un simple maillon de la chaîne musicale. Comme d’autres « aînés » que l’interprète suisse a défendus avant lui
Dans
sesdes
Entretiens
avec
Jonathanqu’il
Cott,
Stockhausen
a puHonegger,
déclarer que
« Wagner aurait été le meilleur compositeur
à la tête
diverses
formations
a dirigées
: Bartók,
Stravinski…
de gagaku ou le meilleur auditeur du théâtre nô ». Car, ajoutait-il, Wagner « a allongé de façon incroyable la
respiration,
Un troisième
la duo
durée,
permet
désormais
enfinindépendantes
d’approcher Henri
de ce Dutilleux
que le corps
dans
humain
l’intimité
peutde
produire
l’acte créateur.
». Il y a peut-être
Celui, tout
quelque
en
admiration
et en complicité,
qui l’a associé
plus
de soixante
à son
épouseappel
Geneviève
Joy.
Nul mieux
chose
de semblable
dans la temporalité
de pendant
Carré, une
œuvre
créée enans
1960
et faisant
à quatre
orchestres
que Dom
Angelico
Surchamp,
dans
un numéro
la revue Zodiaque,
n’a su restituer
en unsi clic
complémentarité
ainsi
qu’à quatre
chœurs.
Comme
l’expliquait
le de
compositeur
: « Il faut s’abstraire
du temps
l’on la
veut
se pénétrer
ducette
couple.
Verve La
et plupart
autoritédes
de changements
la pianiste devant
« son » compositeur
enclin
à l’élévation
et au» mystère.
de
musique.
se produisent
très lentement,
à l’intérieur
des sons.
Stockhausen
précisait toutefois que, contrairement à ce qui se passe chez Wagner, « cette pièce ne raconte aucune histoire » :
Pierre Gervasoni
les voix des chœurs n’énoncent qu’un pur matériau phonétique dans lequel surnagent quelques noms ici ou là.
2
DU SAMEDI 24 AU MARDI 27 MAI
SAMEDI 24 MAI 2014 – 15H
FORUM
Henri Dutilleux et ses modèles
Table-ronde et concert de Vanessa Wagner
et Isabelle Druet
Œuvres de Henri Dutilleux, Hector Berlioz,
Gabriel Fauré, Claude Debussy et Maurice Ravel
DIMANCHE 25 MAI 2014 – 11H
CAFÉ MUSIQUE
LUNDI 26 MAI 2014 – 20H
Henri Dutilleux
Muss es sein? (création française)
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 5
Henri Dutilleux
Métaboles
Tout un monde lointain...
Paul Dukas
L’Apprenti sorcier
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction
Gautier Capuçon, violoncelle
Henri Dutilleux
Ainsi la nuit
Par Arnaud Merlin
DIMANCHE 25 MAI 2014 – 16H30
Henri Dutilleux
Mystère de l’instant
Ainsi la nuit
Johannes Brahms
Symphonie n° 1
Les Dissonances
Quatuor Les Dissonances
David Grimal, direction, violon
Hans Peter Hofmann, violon
David Gaillard, alto
Xavier Phillips, violoncelle
MARDI 27 MAI 2014– 20H
Henri Dutilleux
Slava’s Fanfare
Hector Berlioz
Béatrice et Bénédict (Ouverture)
Les Nuits d’été
Hector Berlioz
Symphonie fantastique
La Chambre Philharmonique
Élèves du Conservatoire de Paris
Emmanuel Krivine, direction
Michèle Losier, mezzo-soprano
MARDI 27 MAI 2014 – 20H
Salle des concerts
Henri Dutilleux
Slava’s Fanfare *
Hector Berlioz
Béatrice et Bénédict (Ouverture)
Les Nuits d’été
entracte
Hector Berlioz
Symphonie fantastique
La Chambre Philharmonique
Élèves du Conservatoire de Paris *
Emmanuel Krivine, direction
Michèle Losier, mezzo-soprano
Coproduction Cité de la musique, La Chambre Philharmonique et Conservatoire de Paris.
Fin du concert vers 22h20.
5
Henri Dutilleux (1916-2013)
Slava’s Fanfare
Composition : 1997.
Création : 27 mars 1997, Théâtre des Champs-Élysées, par les solistes de l’Orchestre National de France sous la direction
de Seiji Ozawa, pour les 70 ans de Mstislav Rostropovitch ; repris le 27 mars 2002 à Londres par le London Symphony
Orchestra sous la direction de Seiji Ozawa pour les 75 ans de Mstislav Rostropovitch.
Effectif : 3 piccolos, 4 trompettes, 4 trombones et percussion.
Durée : environ 2 minutes.
Cette brève Fanfare en hommage à Rostropovitch pour ses soixante-dix ans (Slava étant le
diminutif de Mstislav) s’inscrivait dans un programme particulièrement festif, réjouissant et
roboratif. Pas moins de trois parties structuraient le concert. Si les solistes de l’Orchestre National
de France ont fait résonner les notes de cette fanfare au Théâtre des Champs-Élysées, en ouverture
de la première partie, bien d’autres musiciens étaient présents, si nombreux qu’on ne peut tous les
nommer (les membres du London Symphony Orchestra, ceux de l’Orchestre de Paris, le chœur des
London Sinfonietta Voices, plusieurs chefs d’orchestre invités dont Seiji Ozawa et Semyon Bychkov
laissant la baguette également à Yehudi Menuhin et Krzysztof Penderecki, maints solistes,
instrumentistes ou chanteurs, et dans des œuvres et extraits d’œuvres en lien avec la carrière
polymorphe de Mstislav Rostropovitch, de Haydn à Penderecki en passant par Mozart, Beethoven,
Saint-Saëns, Prokofiev, Chostakovitch, Britten, Lutosławski, Bernstein, Chedrine…). L’année 1997
allait voir la création de The Shadows of Time le 10 octobre à Boston, et les retrouvailles de Henri
Dutilleux avec Seiji Ozawa.
La Fanfare pour petit ensemble instrumental joue des effets de spatialisation. Elle s’ouvre par les
sonorités de cuivres, en imitations, les troisième et quatrième trompettes (« éloignées ») énonçant,
comme en écho, un mélisme imbriquant deux dessins pentatoniques avec extensions mélodiques.
Ces motifs liminaires, dont on peut souligner les parentés stylistiques avec l’écriture en cuivres
divisés de The Shadows of Time, deviennent des cellules étagées en notes répétées, se perdant
progressivement. Le discours de la fanfare s’oriente vers un passage aux harmonies modales
ascendantes (la partition indique d’« improviser » sur des échelles diatoniques). La première
trompette, avec sourdine, cite alors dans l’aigu, comme une réminiscence aérienne, le thème
principal du premier mouvement du Concerto pour violoncelle de Dvořák, à la manière d’un fragment
venu du « lointain ». Cette allusion fugitive à l’un des célèbres concertos qui ont fait la notoriété de
Rostropovitch est suivie de la coda fondée sur les rythmes dynamiques des trois petites flûtes et des
trombones.
Maxime Joos
6
Hector Berlioz (1803-1869)
Béatrice et Bénédict (Ouverture)
Composition : 1860-1962 ; opéra achevé le 25 février 1862.
Création : le 9 août 1862 au Théâtre de Baden-Baden.
Durée : environ 8 minutes.
Dans Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien), Shakespeare met en scène Béatrice et
Bénédict qui croient se détester, qui ne cessent de s’envoyer des railleries jusqu’à ce que, cernés par
une amicale conspiration, ils s’avouent leur amour et se marient. Féru du grand dramaturge anglais,
Hector Berlioz ne réalise que sur le tard un rêve de jeunesse caressé depuis 1833 sur cette pièce,
et achève enfin l’opéra-comique en deux actes qui est sa dernière œuvre importante ; la création
allemande remporte un vif succès (Berlioz a généralement été plus apprécié à l’étranger qu’en France).
L’ouverture, qui suit un plan de sonate plutôt libre, se présente surtout comme un alerte
mélimélo ; elle annonce les thèmes de l’ouvrage, mais sans choisir forcément les plus importants
d’entre eux. Ainsi l’allegretto scherzando initial, tout en motifs fragmentaires et en fugitives
pirouettes, ne correspond-il qu’au bref duettino figurant à la fin de l’opéra : c’est pourtant
ce thème qui envahit tout le morceau. Il encadre le développement, il est prolongé dans la
réexposition, il se transfigure dans la coda où toutes les idées sont amalgamées. Quelques
tutti, bien berlioziens, superposent fanfares de cuivres et tourbillons de cordes. Aux côtés de ce
mouvement perpétuel, l’amour s’exprime dans un langoureux deuxième thème de clarinette,
qui sera chanté par Béatrice au deuxième acte ; une descente chromatique le suit, pleine
d’interrogation et d’abandon. Pourtant, cette idée secondaire n’est reprise ultérieurement que
dans le tempo bien plus allant de la comédie et du marivaudage. Cette ouverture, injustement
délaissée au concert, est une des plus originales de Berlioz.
7
Les Nuits d’été, six mélodies pour mezzo-soprano et orchestre op. 7
Villanelle
Le Spectre de la rose
Sur les lagunes
Absence
Au cimetière
L’Île inconnue
Composition : vers 1841 pour la version piano, orchestration en 1856 (1843 pour Absence). Dédicace : à la compositrice
Louise Bertin.
Création inconnue, peu d’exécutions avant 1960.
Effectif : 2 flûtes, un hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 3 cors – harpe, cordes – mezzo-soprano solo.
Durée : environ 30 minutes.
Les six poèmes de ce cycle sont extraits d’un recueil de Théophile Gautier, La Comédie de la mort
(1838) : le poète pleurait alors la disparition de sa bien-aimée Cydalise, âgée de 23 ans, d’où le ton
poignant des chants centraux, Sur les lagunes, Absence et Au cimetière ; mêlés à d’autres textes,
gais ou oniriques, ces poèmes ont ouvert au compositeur une grande variété d’expression. Le
raffinement artistique de Gautier ne pouvait que s’harmoniser avec l’orfèvrerie instrumentale de
Berlioz, qui se montre ici pionnier de la mélodie avec orchestre.
La Villanelle, ou chanson pastorale, chante la promenade d’un jeune couple heureux au printemps ;
l’arrière-plan de notes piquées scintille comme la rosée, les trois strophes identiques se suivent avec
un entrain léger. Berlioz souligne les rejets humoristiques du poète, sur deux syllabes pimpantes :
Nous irons écouter les merles
Siffler.
Ce chant, conçu dans l’esprit d’une chanson populaire, mais avec des tournures inattendues, est le
seul des six où la couleur des bois prédomine ; les cinq autres sont davantage enrobés de cordes.
Le Spectre de la rose déploie une lente magie : forme assez libre, écriture bercée à la tonalité
fluctuante, orchestration d’une rare finesse. Le spectre qui visite si subtilement la jeune fille
adopte une voix incantatoire, envoûtante ; puis, sur les paroles : Toutes les nuits mon spectre rose…
il valse, sur des pizzicati et des pointes de flûtes et de clarinettes, tel un lointain souvenir de la
Fantastique et de son second mouvement : Un bal. Ce léger parfum est mon âme fait l’objet d’une
envolée lyrique à l’envergure aussi inattendue que majestueuse. En contraste, l’épitaphe Ci-gît une
rose est d’une totale simplicité, dans un mince alliage de voix et de clarinette. L’argument a donné
lieu à un ballet de Fokine, mais sur L’Invitation à la valse de Weber, orchestrée par Berlioz.
Sur les lagunes, sous-titré Lamento, est une lugubre barcarolle, accompagnée par un remous
sourdement douloureux ; il va se soi que « les lagunes », ainsi que le refrain : Ah, sans amour s’en
aller sur la mer ! renvoient symboliquement à l’eau noire du deuil. Dans cette pénombre sonore,
la voix se profile avec une tragique clarté, et s’enthousiasme parfois de façon désespérée en
8
évoquant le souvenir. Des harmonies saisissantes assombrissent certains mots, déjà macabres en
eux-mêmes. La pièce se termine dans un éloignement de trémolos et reste confrontée au vide.
Par sa structure très régulière, Absence est proche d’une romance. L’invocation de la première
strophe, Reviens, reviens, ma bien-aimée, sert de refrain, à l’effet accentué par les arrêts sur
des points d’orgue. Les couplets, qui considèrent la distance, l’obstacle entre les amoureux,
ressemblent à des récitatifs accablés sur un accompagnement ténu, dont les tonalités se
succèdent de façon curieuse.
Le texte d’Au cimetière est d’un romantisme argenté et lunaire, atmosphère qui fascinait Gautier,
lequel créa notamment l’argument du ballet Giselle. Son poème s’apparente aux ballades
légendaires par son alternance de vers longs et courts :
Passe dans un rayon tremblant
En voile blanc
(Passage qui est entouré de violons et altos en harmoniques, spectraux et délicieux).
La soliste attaque dans un aigu difficile, pour donner la sensation d’apesanteur ; les accords
tendent à flotter librement. La mélodie se présente en intervalles serrés ; sur On dirait que l’âme
éveillée, elle descend en lentes psalmodies, rappelant l’apparition d’Hector dans Les Troyens, et
s’accompagne d’émouvants sanglots sur des secondes descendantes. L’envol Sur les ailes de la
musique n’en est que plus radieux.
L’Île inconnue commence par un large prélude où les bois et les cors soufflent à pleins poumons l’air
du large. De forme rondo, ce chant enjoué, à la fois invitation au voyage et séduction, presse une
« belle », sur une ligne vocale déployée comme une voile, de choisir son dépaysement. Le boniment
un peu haletant du jeune homme, son catalogue touristique de faramineuses destinations, joue
sur les insistances rythmiques, les syncopes. La belle ne s’en laisse pas conter et demande le pays
« où l’on aime toujours » : là, l’orchestre rit d’une telle naïveté, les bois gloussent, mais le morceau
s’achève sur l’heureuse sensation d’espace qui l’a commencé : Où voulez-vous aller ?
Isabelle Werck
9
Symphonie fantastique op. 14
Rêveries – Passions. Largo – Allegro agitato e appassionato assai
Un bal. Valse, Allegro non troppo
Scène aux champs. Adagio
Marche au supplice. Allegretto non troppo
Songe d’une nuit de Sabbat – Dies Irae – Ronde du Sabbat. Larghetto - Allegro
Composition : 1830.
Création : le 5 décembre 1830 au Conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck.
Durée : environ 55 minutes.
La Symphonie fantastique, exactement contemporaine de la bataille d’Hernani, ouvre le champ
au romantisme musical ; pour une première symphonie, elle est aussi magistralement réussie
que suprêmement originale, un but que Berlioz a atteint presque sans le vouloir par son désir
d’expression ; en effet, il est amoureux à en faire éclater son orchestre. Son mélodrame, il l’a publié
à la veille de la création dans Le Figaro sous un simple titre : Programme. Et le terme « musique
à programme » (qui raconte un argument) vient de là ; Liszt sera le premier à en apprécier les
ressources. Un peu avant 1830, Berlioz fait des découvertes culturelles qui le bouleversent :
Beethoven, Weber et Shakespeare. C’est une troupe anglaise qui lui révèle ce dernier, et le
musicien s’enflamme immédiatement pour la jeune actrice Harriet Smithson. Quelque temps
après, il réussira à épouser cette Ophélie et il sera très déçu de ne pas retrouver l’esprit de
Shakespeare à ses côtés.
La symphonie transpose cet amour dans une version mi-autobiographique, mi-fantasmée,
l’histoire « d’un jeune musicien » en délire. L’obsession de la bien-aimée apparaît sous la forme
d’un thème cyclique, présent dans les cinq mouvements et surnommé « l’idée fixe » : c’est une
mélodie insistante et flottante, difficile à jouer avec précision. Schumann, musicien très littéraire,
sera vivement admiratif de ces « libres sinuosités » qui semblent épouser aussi bien les aléas d’une
pensée qu’un flux de paroles.
Sur un horizon très berliozien de notes piquées, une introduction lente esquisse quelques
mélodies indécises et prémonitoires : rarement le vague à l’âme, le « vague des passions » comme
on le nommait alors, aura été si bien traduit en musique. L’allegro commence avec l’énoncé
de « l’idée fixe » elle-même, fiévreuse et passionnée, qui est l’unique thème du mouvement. Le
développement impose un surcroît d’impatience et d’exaltation ; mieux que tout commentaire,
les Mémoires de Berlioz racontent non sans humour cet échauffement pittoresque du cœur et
du cerveau. En contraste total, la coda évoque les « consolations religieuses » : sur des harmonies
larges, elle élève idéalement le thème de « l’idée fixe » dans les nues.
Le deuxième mouvement tient lieu de scherzo et introduit la valse, danse alors récente, dans
le répertoire symphonique. Rappelons par ailleurs que L’Invitation à la valse de Weber sera
brillamment orchestrée par Berlioz en 1841. Dans l’introduction, les deux harpes – instruments
10
nouveaux dans une symphonie – esquissent une succession de chaleureux élans, d’une rare
magie. Puis le tempo de valse se déclenche, et quatre idées mélodiques reviennent à tour de
rôle dans une orchestration variée, luisante et mousseuse comme un vol de crinolines. En guise
de trio, « l’idée fixe » confiée à des bois soli revient clouer sur place le narrateur halluciné à la vue
de l’adorée ; le mouvement de valse continue à l’arrière-plan comme une danse d’ombres qu’il
perçoit à peine. La coda est remarquable par ses accélérations, ses fantaisies rythmiques, son
vertige du bal… que vient encore paralyser, à la clarinette, « l’idée fixe ».
L’adagio de la Scène aux champs se souvient certainement des longues errances de Berlioz dans
les campagnes autour de Paris, obnubilé par l’image de la belle Harriet. Le morceau commence
par un célèbre paysage sonore, aussi dénudé que novateur : le cor anglais appelle, avec nostalgie,
et le hautbois lui répond derrière la scène. Ce duo expressif, que vient rejoindre une montée
d’angoisse aux cordes, est le seul passage véritablement champêtre du mouvement. Celui-ci
comporte une série de variations sur un thème flou et lyrique, éventuellement orageux, et
évidemment troué, comme un ciel pommelé, par deux retours de « l’idée fixe ». La noblesse et
l’intériorité du ton reconnaissent l’influence de Beethoven, que Berlioz est un des rares esprits à
savoir apprécier en France en ce temps-là. La pièce se termine sur un retour du cor anglais, seul,
privé de son compagnon le hautbois, et que cerne un tonnerre approchant aux timbales.
Le quatrième mouvement rentre dans le fantas(ma)tique proprement dit : le jeune amoureux
s’imagine qu’il a tué sa bien-aimée et qu’il monte à l’échafaud. Ce volet, qui a été bissé lors de
la création, est d’un fatalisme grandiose. Sur les timbales qui avancent comme une machine
de guerre, une gamme descendante est présentée sous cinq variantes. Puis éclate une fanfare
martelée, au tapage plutôt triomphal. Après un frénétique développement, « l’idée fixe »
s’interpose à la clarinette comme une céleste vision ; mais le tutti, véritable couperet, l’abrège.
Le dernier mouvement est un cauchemar goyesque : « Il [le héros] se voit au sabbat, au milieu
d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce, réunis pour ses funérailles… »
L’introduction nous plonge parmi des motifs incohérents et hostiles, miasmes de cordes divisées
et en sourdine, cris de chouette aux flûtes… c’est du Moussorgski avant l’heure : les Russes auront
pour Berlioz une admiration extrême. Puis la mélodie tant aimée ouvre l’orgie sous une apparence
nouvelle et caricaturale, elle sautille à la triviale petite clarinette en mi bémol (autre nouveauté à
l’orchestre symphonique). Deux cloches sonnent, dans le vide effrayé du ciel ; au temps de Berlioz,
les cloches tubulaires d’orchestre n’existaient pas et il fallait quérir de vraies cloches d’église. Le Dies
iræ, vieil épouvantail grégorien de la fin du monde, s’annonce à plusieurs vitesses et à plusieurs
étages du grave à l’aigu, de la solennité terrible au saltarello pointu et moqueur. Une fugue se
déclenche, version infernale de toutes les fugues qui dans la musique sacrée célèbrent l’ordre
cosmique : à trois reprises elle vient satisfaire sa subversion des valeurs, la troisième fois dans un
chromatisme perfide. Tous ces éléments se juxtaposent avec une riche imagination qui préfigure ce
que l’on appellera bientôt « la musique de l’avenir », celle de Liszt et de Wagner. La fin amalgame le
Dies iræ et le sujet de fugue dans un retentissant pandémonium : une nouvelle musique est née.
Isabelle Werck
11
Hector Berlioz
Les Nuits d’été
Le Spectre de la rose
Textes de Théophile Gautier
Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal !
Je suis le spectre d’une rose,
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et, parmi la fête étoilée,
Tu me promenas tout le soir.
Villanelle
Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
Siffler.
Le printemps est venu, ma belle,
C’est le mois des amants béni ;
Et l’oiseau satinant son aile,
Dit ses vers au rebord du nid ;
Oh ! Viens donc sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
Toujours !
Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisant fuir le lapin caché
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers, enlaçant nos doigts,
Revenons, rapportant des fraises,
Des bois.
Ô toi, qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
À ton chevet viendra danser ;
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis.
Ce léger parfum est mon âme,
Et j’arrive, j’arrive du paradis.
Mon destin fut digne d’envie,
Et pour avoir un sort si beau
Plus d’un aurait donné sa vie ;
Car sur ton sein j’ai mon tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Écrivit : « Ci-gît une rose,
Que tous les rois vont jalouser. »
13
Sur les lagunes
L ’Absence
Ma belle amie est morte.
Je pleurerai toujours ;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours.
Dans le ciel, sans m’attendre
Elle s’en retourna ;
L’ange qui l’emmena
Ne voulut pas me prendre.
Que mon sort est amer !
Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.
Entre nos cœurs quelle distance !
Tant d’espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! Ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.
La blanche créature
Est couchée au cercueil ;
Comme dans la nature
Tout me paraît en deuil !
La colombe oubliée
Pleure et songe à l’absent ;
Mon âme pleure et sent
Qu’elle est dépareillée.
Que mon sort est amer !
Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !
D’ici là-bas que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.
Sur moi la nuit immense
S’étend comme un linceul,
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.
Ah ! Comme elle était belle,
Et comme je l’aimais !
Je n’aimerai jamais
Une femme autant qu’elle.
Que mon sort est amer !
Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !
14
Au cimetière (Clair de lune)
L’Île inconnue
Connaissez-vous la blanche tombe,
Où flotte avec un son plaintif
L’ombre d’un if ?
Sur l’if une pale colombe
Triste et seule au soleil couchant,
Chante son chant :
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile enfle son aile,
La brise va souffler.
Un air maladivement tendre,
À la fois charmant et fatal,
Qui vous fait mal
Et qu’on voudrait toujours entendre ;
Un air comme en soupire aux cieux
L’ange amoureux.
On dirait que l’âme éveillée
Pleure sous terre à l’unisson
De la chanson,
Et du malheur d’être oubliée
Se plaint dans un roucoulement
Bien doucement.
Sur les ailes de la musique
On sent lentement revenir
Un souvenir.
Une ombre, une forme angélique,
Passe dans un rayon tremblant,
En voile blanc.
Les belles de nuit demi-closes
Jettent leur parfum faible et doux
Autour de vous,
Et le fantôme aux molles poses
Murmure en vous tendant les bras :
Tu reviendras !
Oh ! Jamais plus, près de la tombe,
Je n’irai, quand descend le soir
Au manteau noir,
Écouter la pale colombe
Chanter sur la pointe de l’if
Son chant plaintif.
L’aviron est d’ivoire,
Le pavillon de moire,
Le gouvernail d’or fin ;
J’ai pour lest une orange,
Pour voile une aile d’ange,
Pour mousse un séraphin.
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile enfle son aile,
La brise va souffler.
Est-ce dans la Baltique ?
Dans la mer Pacifique ?
Dans l’île de Java ?
Ou bien est-ce en Norvège,
Cueillir la fleur de neige,
Ou la fleur d’Angsoka ?
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
Menez-moi, dit la belle,
À la rive fidèle
Où l’on aime toujours !
Cette rive, ma chère,
On ne la connaît guère,
Au pays des amours.
Où voulez-vous aller ?
La brise va souffler.
15
Henri Dutilleux
sa femme en 1946, cette partition
pour la soprano Dawn Upshaw.
Henri Dutilleux naît le 22 janvier
très classique dans ses formes, et
Pédagogue recherché, à l’École
1916 à Angers dans une famille
d’une veine mélodique généreuse
Normale de Musique d’abord, puis
pour le moins artistique : son aïeul
et raffinée, s’inscrit dans la droite
au Conservatoire de Paris et dans le
Constant Dutilleux était peintre, ami
ligne de la musique impressionniste
cadre de diverses académies, Henri
de Delacroix et Corot, tandis que son
française. Continuateur d’un Debussy
Dutilleux atteint à la fin de sa vie le
grand-père paternel, Julien Koszul,
ou d’un Ravel, Dutilleux poursuit la
statut de classique. Cela ne l’empêche
était compositeur et fréquentait Fauré métamorphose de la tonalité que
pas de continuer à composer
et Roussel. Dutilleux grandit à Douai,
ses aînés ont esquissée, vers une
avec une égale rigueur, jusqu’à sa
et c’est au conservatoire municipal
forme de polarité atonale. Lente,
disparition le 22 mai 2013 à Paris.
qu’il commence ses études musicales
minutieuse et colorée, son écriture
(piano, harmonie et contrepoint),
évite toute table rase tout en se
Michèle Losier
auprès de Victor Gallois. En 1933,
plaçant clairement à l’avant-garde.
La saison 2013/2014 de Michèle
Dutilleux intègre le Conservatoire de
Le compositeur reconnaît par
Losier s’est ouverte au Théâtre Royal
Paris. Il se perfectionne au contrepoint exemple l’influence de l’œuvre de
de la Monnaie à Bruxelles où elle
et à la fugue auprès de Noël Gallon,
interprétait Sesto dans La Clemenza
Proust dans sa manière d’aborder
et étudie la direction dans la classe de le développement du matériau
di Tito de Mozart, rôle qu’elle a repris
Philippe Gaubert, la composition dans thématique. Si son œuvre de
au printemps à la Wiener Staatsoper.
celle d’Henri Busser et l’histoire de
chambre ne manque pas d’attraits
Elle a également chanté en concert
la musique avec Maurice Emmanuel.
(à commencer par le superbe Ainsi
avec Louis Langrée à Cincinnati puis
S’il tente deux fois le Grand Prix de
la nuit pour quatuor à cordes –
incarné Le Prince Charmant dans
Rome avant de l’obtenir en 1938 avec
1977), c’est surtout pour son génie
Cendrillon de Massenet au Gran
la cantate L’Anneau du Roi, Dutilleux
symphonique que l’on connaît
Teatro del Liceu à Barcelone, avant
n’est que trop conscient des limites de Dutilleux. Outre ses deux symphonies d’entreprendre une tournée en France
la formation académique qu’il a suivie. (1951 et 1959), citons les célèbres
avec l’ensemble Pygmalion dans une
Il s’intéresse à l’approche analytique
Métaboles (1965), Timbres, Espace,
production de Castor et Pollux de
de la composition de Vincent
Mouvement (1977-1978), Mystères
Rameau. Elle s’est également produite
d’Indy, et s’imprègne des œuvres de
de l’instant (1986-1989) ou les cinq
au Théâtre des Champs-Élysées et a
Stravinski, de Bartók et, plus tard, de
épisodes de Shadows of Time (1995-
fait ses débuts au Nederlandse Opera
la Seconde École de Vienne. Il gardera 1997). Dutilleux entretient des
à Amsterdam. Ces dernières saisons,
néanmoins fermement ses distances
relations privilégiées avec certains
on a pu l’entendre notamment dans
vis-à-vis de tout dogmatisme
interprètes : avec son épouse, bien
les rôles de Médée (Charpentier) au
esthétique. Les années de guerre
sûr, mais aussi avec le violoncelliste
Théâtre des Champs-Élysées et à
voient les premières créations de
Mstislav Rostropovitch, pour lequel il
l’Opéra de Lille, du Prince Charmant
ses œuvres – comme les Quatre
compose le concerto pour violoncelle (Cendrillon) à l’Opéra-Comique de
Mélodies pour chant et piano (1943),
Tout un monde lointain… (1965-1970)
Paris, de Nicklausse et de La Muse
la Sonatine pour flûte (1943) ou Geôle
et Trois Strophes sur le nom de Sacher
(Les Contes d’Hoffmann) en concert à
pour voix et orchestre (1944) sur un
pour violoncelle seul – donnant
la Salle Pleyel à Paris ainsi qu’au Teatro
poème du résistant Jean Cassou –
ainsi à l’instrument deux de ses plus
del Liceu, de Dorabella (Così fan tutte)
mais c’est sa Sonate pour piano (1946-
grands chefs-d’œuvre du XXe siècle.
au Théâtre des Champs-Élysées, au
1948) que Dutilleux considère comme Il écrit Sur un même accord (2002)
Royal Opera House de Londres et au
son véritable opus 1. Écrite pour la
pour la violoniste Anne-Sophie
Festival de Salzbourg… Lauréate des
pianiste Geneviève Joy, devenue
Mutter et Correspondances (2003)
Auditions du Metropolitan Opera en
16
2005, Michèle Losier a fait ses débuts
prix en mélodie française et le
ces deux maisons, il est l’invité des
dans la prestigieuse maison d’opéra
troisième prix en opéra au Concours
meilleurs orchestres internationaux.
new-yorkaise en 2007 dans Iphigénie
International de Chant de Marmande
Emmanuel Krivine, très attaché à la
en Tauride, où elle a chanté Diane
en France, ainsi que le deuxième prix
transmission, dirige régulièrement
sous la direction de Louis Langrée.
au Concours de l’OSM Standard Life
des orchestres de jeunes musiciens.
Suite à son succès au Concours
au Canada.
Parmi ses enregistrements récents
International Reine Élisabeth de
avec l’Orchestre Philharmonique du
Belgique en 2008, elle a effectué une
Emmanuel Krivine
Luxembourg figurent chez Timpani
tournée de récitals à travers l’Europe
D’origine russe par son père et
un disque consacré à Vincent
et a enregistré les mélodies de Duparc polonaise par sa mère, Emmanuel
d’Indy (Poème des rivages, Diptyque
avec le pianiste Daniel Blumenthal.
Krivine commence très jeune une
méditerranéen) et deux disques
Au concert, elle se distingue dans les
carrière de violoniste. Après s’être
consacrés à la musique pour orchestre
œuvres sacrées de Rossini, Vivaldi,
formé au Conservatoire de Paris et à
de Claude Debussy, ainsi que, chez
Haendel, Dvořák et Bach, et donne
la Chapelle Musicale Reine Élisabeth,
Zig-Zag Territoires/Outhere, un disque
des récitals dans un répertoire allant
il étudie avec Henryk Szeryng et
Ravel (Shéhérazade, Boléro, La Valse)
de la musique ancienne aux créations
Yehudi Menuhin, puis s’impose
et un enregistrement Moussorgski
contemporaines. Depuis ses débuts
dans les concours internationaux.
(Tableaux d’une exposition) et Rimski-
en 2002 à l’Opéra d’Avignon dans le
Passionné depuis toujours par
Korsakov (Shéhérazade). Avec La
rôle de Dorabella, elle a travaillé avec
l’orgue et la musique symphonique,
Chambre Philharmonique, il a publié
de nombreux chefs prestigieux tels
Emmanuel Krivine, après une
chez Naïve des disques consacrés
que Louis Langrée, Patrick Fourmilier,
rencontre décisive avec Karl Bohm
à Felix Mendelssohn (Symphonies
Emmanuel Plasson… Diplômée de
en 1965, se consacre peu à peu à
« Italienne » et « Réformation »),
l’Université McGill, Michèle Losier
la direction d’orchestre : il est chef
Antonín Dvořák (Symphonie « Du
a été membre du Merola Opera
invité permanent à Radio France de
Nouveau Monde »), Robert Schumann
Program à San Francisco, de l’Atelier
1976 à 1983 et directeur musical de
(Konzertstück op. 86) et Ludwig
Lyrique de l’Opéra de Montréal et du
l’Orchestre National de Lyon de 1987
van Beethoven (intégrale des
Studio d’Opéra de la Juilliard School à à 2000. Depuis 2004, Emmanuel
New York. Elle a reçu de nombreuses
Krivine est le chef principal de La
bourses et subventions, notamment
Chambre Philharmonique, ensemble
symphonies).
La Chambre Philharmonique
de la Fondation Jacqueline Desmarais, sur instruments d’époque avec lequel
Orchestre sur instruments d’époque
du Conseil des Arts et des Lettres
il réalise de nombreux programmes,
Née sous l’égide d’Emmanuel Krivine,
du Québec, du Conseil des Arts du
en concert comme au disque,
La Chambre Philharmonique se
Canada, de la Guilde des musiciens
dont une intégrale très remarquée
veut l’avènement d’une utopie.
de Montréal ainsi que de la Fondation des symphonies de Beethoven («
Cet orchestre d’un genre nouveau,
Sylva-Gelber. Elle a remporté le
Editor’s Choice » de Gramophone).
constitué de musiciens issus des
premier prix au Concours des
Depuis 2006, Emmanuel Krivine
meilleures formations européennes
Journées de la Musique française
est directeur musical de l’Orchestre
animés d’un même désir musical,
en 2000, le premier prix en chant au
Philharmonique du Luxembourg.
fait du plaisir et de la découverte le
Concours de Musique du Canada en
En tournée ou à la Philharmonie de
cœur d’une nouvelle aventure en
2001 et a été finaliste au Concours
Luxembourg, résidence de l’orchestre, musique. Doté d’une architecture
des Jeunes Ambassadeurs Lyriques
il met en place des projets très
inédite (instrumentistes et chef se
du Canada pendant plusieurs années.
variés, en collaboration avec les
côtoient avec les mêmes statuts,
En 2004, on lui a décerné le premier
plus grands solistes. Parallèlement à
le recrutement par cooptation
17
privilégie les affinités) et d’un
pour 4 cors et orchestre de
Violons I
fonctionnement autour de projets
Schumann avec David Guerrier, a été
Armelle Cuny
spécifiques et ponctuels, il est aussi
récompensé par un Classique d’or
Lazslo Paulik
un lieu de recherches et d’échanges,
RTL à sa sortie en 2008. La deuxième
Christophe Robert
retrouvant instruments et techniques
parution discographique, consacrée
Rachel Rowntree
historiques appropriés à chaque
à Mendelssohn en 2007, ainsi que la
Albrecht Kuehner
répertoire. Depuis ses débuts en
dernière consacrée à la Symphonie
Martin Reimann
2004, La Chambre Philharmonique
n° 9 de Beethoven avec le chœur
Catherine Plattner
a connu un engouement partout
de chambre Les Éléments ont été
Françoise Duffaud
renouvelé (Cité de la musique,
distinguées par la critique. Par ailleurs,
MC2 de Grenoble, Alte Oper de
la captation de la Symphonie en ré de
Violons II
Francfort, Philharmonie d’Essen,
Franck et du Requiem de Fauré à la
Meike Augustin-Pichollet
Philharmonie du Luxembourg, Palau
Bibliothèque Nationale de France a
Karine Gillette
de la Música Catalana de Barcelone,
donné lieu à la télédiffusion de deux
Sabine Cormier
Arsenal de Metz, théâtres d’Orléans
émissions Maestro sur Arte. L’intégrale Zefira Valova
et Caen, festivals de Montreux, du
des symphonies de Beethoven,
John Wilson Meyer
Schleswig-Holstein, de La Chaise-
donnée dans trois lieux partenaires
Joseph Tan
Dieu, de la Côte-Saint-André,
(Cité de la musique de Paris, MC2
Evan Few
Bonn Beethovenfest, Festival de la
de Grenoble et Théâtre de Caen) et
Béatrice Scaldini
Rheingau, etc.), notamment aux
enregistrée pour Naïve, définit un
côtés de Viktoria Mullova, Andreas
moment identitaire fondamental
Altos
Staier, Emanuel Ax, Ronald Brautigam, du projet artistique de l’orchestre.
François Baldassare
Alexander Janiczek, Stéphanie-Marie
À ce titre, ce projet reçoit le soutien
Lucia Peralta
Degand, David Guerrier, Renaud
exceptionnel de Mécénat Musical
Ingrid Lormand
Capuçon, Jean-Guihen Queyras ou
Société Générale qui a permis la
Sophie Cerf
Robert Levin. Elle s’ouvre à la musique parution discographique du cycle
Martine Schnorhk
d’aujourd’hui en créant des œuvres
complet en mars 2011. Le coffret a été Serge Raban
des compositeurs Bruno Mantovani
salué par la critique internationale.
Violoncelles
en 2005 (commande de La Chambre
Philharmonique) et Yan Maresz en
La Chambre Philharmonique est
2006 (commande de Mécénat Musical subventionnée par le ministère de la
Société Générale). L’orchestre a fait
Culture et de la Communication. Elle
ses débuts à l’opéra à l’occasion d’une est accueillie en résidence dans la
Frédéric Audibert
Emmanuel Girard
Alix Verzier
Valérie Dulac
production de l’Opéra-Comique de
Communauté d’agglomération Porte
Séverine Ballon
Béatrice et Bénédict, avec le chœur de
de l’Isère, avec le soutien du Conseil
Thomas Luks
chambre Les Éléments, dans une mise général de l’Isère. Mécénat Musical
en scène de Dan Jemmet. Il a débuté
Société Générale est le mécène principal Contrebasses
sa collaboration avec Naïve avec la
de La Chambre Philharmonique.
David Sinclair
Messe en ut mineur de Mozart, parue
Michael Neuhaus
en 2005. Le premier enregistrement
Axel Bouchaux
sur instruments d’époque de la
Christopher Scotney
Symphonie « Du Nouveau Monde » de
Dvořák, couplée avec le Konzertstück
18
Flûtes
Percussions
Alexis Kossenko
François-Marie Juskowiak
Georges Barthel
Andrei Karassenko
Matthieu Chardon
Hautbois
Jean-Philippe Thiébaut
Harpes
Taka Kitazato
Fabrice Pierre
Sophia Steckeler
Clarinettes
Camille Roux
Frank Van Den Brink
Aurélie Bouchard
Vincenzo Casale
Bassons
David Douçot
Laurent Lechenadec
Frédéric Bouteille
Thomas Quinquenel
Cors
Guillaume Tétu
Emmanuel Padieu
Bernard Schirrer
Pierre Turpin
Trompettes
Jean Bollinger
Philippe Genestier
Cédric Dreger
Jean-Charles Denis
Trombones
Julien Dugers
Yvelise Girard
Cédric Vinatier
Ophicléides
Patrick Wibart
Corentin Morvan
Timbales
Aline Potin-Guirao
Emmanuel Curt
19
Et aussi…
> CONCERTS
SAMEDI 18 OCTOBRE 2014, 20H
> MÉDIATHÈQUE
MARDI 23 SEPTEMBRE 2014, 20H
En écho à ce concert, nous vous
proposons…
Maja Solveig Kjelstrup Ratkje
Concerto for Voice (moods IIIb)
Nina Senk
Œuvre nouvelle pour alto et ensemble –
création
Gustav Mahler / Glen Cortese
Das Lied von der Erde
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano n° 27
Henri Dutilleux
L’Arbre des songes
Darius Milhaud
Cinéma-Fantaisie d’après Le Bœuf sur
le toit
Maurice Ravel
La Valse
Ensemble intercontemporain
Matthias Pintscher, direction
Maja Ratkje, voix amplifiée
Lilli Paasikivi, mezzo-soprano
Steve Davislim, ténor
Odile Auboin, alto
Orchestre des Lauréats du
Conservatoire de Paris
Philippe Aïche, direction
Adam Laloum, piano
Eun-Joo Lee, violon
Irène Duval, violon
MERCREDI 8 OCTOBRE 2014, 20H
MARDI 21 OCTOBRE 2014, 20H
Ludwig van Beethoven
Leonore III (Ouverture)
Michel Tabachnik
Le livre de Job – création
Robert Schumann
Concerto pour piano
Arnold Schönberg
Un survivant de Varsovie
Arnold Schönberg
Symphonie de chambre n° 2
Franz Schubert
Quatuor à cordes n° 15
Johannes Brahms
Symphonie n° 3
> Sur le site Internet http://
mediatheque.cite-musique.fr
… d’écouter un extrait audio dans les
« Concerts » :
Hommage à Henri Dutilleux par
l’Orchestre du Conservatoire de Paris,
Dominique My, (direction), le Quatuor
Sine Nomine, Raphaël Oleg (violon)
concert enregistré à la Salle Pleyel en
2006 • Les Nuits d’été d’Hector Berlioz
par La Chambre Philharmonique,
Emmanuel Krivine (direction), Karine
Deshayes (soprano) enregistré à la Cité
de la musique en 2008
(Les concerts sont accessibles dans leur
> SALLE PLEYEL
VENDREDI 30 MAI 2014, 20H
Claude Debussy
Nocturnes
Jeux
Einojuhani Rautavaara
Symphonie n° 8 « The Journey »
Orchestre Philharmonique de Radio
France
Maîtrise de Radio France
Mikko Franck, direction
Sofi Jeannin, chef de chœur
musique.)
… de regarder dans les « Dossiers
pédagogiques » :
Dutilleux dans « Portraits de
compositeurs du XXe siècle » • Berlioz
dans « Concerts éducatifs »
> À la médiathèque
MERCREDI 12 NOVEMBRE 2014, 20H
Igor Stravinski
L’Histoire du soldat
Georges Aperghis
Le Soldat inconnu
Ictus
Georges-Elie Octors, direction
Lionel Peintre, récitant, baryton
MERCREDI 11 JUIN 2014, 20H
JEUDI 12 JUIN 2014, 20H
Emmanuel Chabrier
España
Camille Saint-Saëns
Concerto pour piano n° 5 « Égyptien »
Reinhold Glière
Concerto pour harpe
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Le Lac des cygnes (Suite)
… d’écouter avec la partition :
Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz
par le London Symphony Orchestra,
John Alldis Choir, Sir Colin Davis
(direction)
… de lire :
Henri Dutilleux. Entre le cristal et la nuée,
sous la direction de Nicolas Darbon
… de regarder :
Symphonie fantastique d’Hector
Berlioz, Herbert von Karajan
(direction)
Orchestre de Paris
Yutaka Sado, direction
Jean-Yves Thibaudet, piano
Xavier de Maistre, harpe
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Elza Gibus | Stagiaire : Isabelle Couillens
Imprimeur BAF | Licences no 1041550-1041546-1041547
Brussels Philharmonic
Les Cris de Paris
Chœur de l’Armée française
Michel Tabachnik, direction
Ivo Pogorelich, piano
Geoffroy Jourdain, chef de chœur
Aurore Tillac, chef de chœur
Les Dissonances
David Grimal, direction, violon
intégralité à la Médiathèque de la Cité de la