Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine Dans le cadre de l’Hommage à Henri Dutilleux du 24 au 27 mai Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine | Mardi 27 mai 2014 Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Hommage à Henri Dutilleux Cycle Wagner /Stockhausen Stravinski Salué dansironisait le milieu surdes Stockhausen arts plastiques et Wagner pour laen beauté disantde qu’ils ses partitions rendaient –nécessaire la qualité l’instauration de son graphisme d’un équivalent musical lui a valudu à plusieurs reprises d’être exposé danspour des galeries –, Henri Dutilleux aurait ces pu tout aussi bien l’être musical parcmètre. C’est qu’il faut du temps que se déploient naturellement univers sonores pour d’autres productions. Le compositeur avait la passion de la photographie. Il suscite l’admiration de ses volontiers conçus sous la forme de vastes cycles. proches dans les années 1970 par ses vues de Belle-Île-en-Mer et des recoins sauvages qu’il arpente un appareil photo en précieux de(quelques prospection, un Voigtländer, lui a été offque ert par pèreen alors qu’il Wagner n’abandoulière. que très peuLe écrit pour leoutil piano sonates, une fantaisie…), alors sesson opéras, particulier n’avait pas 18 ans. Cadeau aussi emblématique de son parcours personnel que celui constitué par la partition ceux qui forment la tétralogie du Ring, n’ont cessé d’être transcrits pour le clavier, par lui-même ou par des pianistes de Pelléas et Mélisande de Debussy, qui ne quitte pas son piano pendant l’adolescence. virtuoses comme Liszt autrefois et Kocsis aujourd’hui. Ses succès connaissent un prolongement médiatique qui ne manque pas de l’étonner. D’un naturel discret, Les leitmotive de Wagner sont comme infiniment plastique qui se cristallise en formes il passe toutefois sans rechigner devantune les matière objectifsmélodique des professionnels. Mieux, il collectionne avec plaisir définies pour caractériser un personnage, un affect, un objet… On reconnaîtra nombre d’entre eux dans le les innombrables tirages qui lui sont envoyés. Il y a donc toujours une photo pour donner la mesure d’Henri e du Conservatoire de Paris, depuis le thème programme proposé par Emmanuel Krivine à la tête de l’Orchestre Dutilleux, acteur autant que témoin de l’histoire culturelle du XX siècle. solennel du Chœur des pèlerins sur lequel s’ouvrait Tannhäuser en 1845 jusqu’aux éclats du motif des Walkyries 1934. Photo de classeen au1876 Conservatoire national de musique de déclamation. Canne au bras main gantée, qui accompagnaient la bouleversante scène finale duetCrépuscule des dieux, au cours deet laquelle le professeur de composition – Henri – trône parmi ses élèves. Tous ont fière allure. Un seul, le plus jeune, Brünnhilde s’immole en se jetant dansBusser un brasier ardent. affiche un air pensif, à la fois doux et grave. Aucun n’aura droit aux fastes réservés à Henri Dutilleux (le benjamin du groupe) en 1938 dans sa bonne de Douai après un Stockhausen succès équivalent au Concours de l’Institut Bien plus qu’un simple instant, un « ville moment », c’était pour une partie d’une œuvre dotéede deFrance. Le roi d’Italie, rendant visite aux pensionnaires de l’Académie de France à Rome, semble par comparaison devoir caractéristiques constantes et remarquables : un peu comme le prélude de L’Or du Rhin de Wagner, dans lequel se contenter du minimum protocolaire. Nous sommes en mai 1939. Henri Dutilleux vient de commencer son un accord immuable porte tout le développement orchestral. Momente, dont la première version fut créée en séjour à la Villa Médicis. 1962 à Cologne, invente ainsi, entre la soprano solo, les quatre groupes choraux et les treize instrumentistes, des plages oùdonne prédomine la mélodie, tantôt le L’un, timbre, la durée des sons. Entre apparaît ces moments, La posemusicales en quatuor lieu àtantôt deux clichés mémorables. en tantôt mars 1953, où Henri Dutilleux ileny acompagnie des interludes qui, sans caractéristique particulière, utilisent aussi comme matériau les réactions des trois autres artisans (Jean Carzou, Jean Anouilh, Roland Petit) du Loup, ballet dont ilhabituelles a écrit du public (cris, applaudissements, murmures, toux…) comme effacercôtoie symboliquement la frontière entre la musique. L’autre, en septembre 1966, où le compositeur despour Métaboles Charles Munch, Seiji Ozawa interprètes et Olivier Messiaen, et auditeurs. lors de la présentation de son œuvre au Festival de Besançon. Lesmantra décennies suivantes sont réductibles à une série de duos. Effusions pimentées parAvec la pratique anglais Un est une formule sacrée à laquelle, dans l’hindouisme, on prête un pouvoir. Mantrad’un – une pièce approximatif, les rencontres entre HenrietDutilleux et Mstislav Rostropovitch brûlent la pellicule associée manière à de 1970 pour deux pianos, percussions modulateur en anneau –, Stockhausen emploie une nouvelle l’avènement Tout unà monde lointain… (1970) ou au triomphe de Timbres, Espace, dans Mouvement (1978). de composer,de appelée se généraliser dans ses œuvres plus tardives et notamment son opéra Licht. Tous les aspects de la partition (non seulement les notes, mais aussi les nuances, les articulations et les timbres issus des À l’opposé de ces instantanés d’amitié éruptive, les tableaux de la relation entre Henri Dutilleux et Paul Sacher transformations électroniques du son) sont dérivés d’une unique formule mélodique, contractée ou dilatée de laissent transparaître une paix bienfaisante. Avec le maître de Schönenberg, le compositeur de Mystère de l’instant toutes manières possibles. Et,son pour l’auditeur,Musicum c’est uneZürich expérience sonore d’unetoujours rare beauté. (œuvreles créée par Paul Sacher et Collegium en 1989) éprouve la sensation de n’être qu’un simple maillon de la chaîne musicale. Comme d’autres « aînés » que l’interprète suisse a défendus avant lui Dans sesdes Entretiens avec Jonathanqu’il Cott, Stockhausen a puHonegger, déclarer que « Wagner aurait été le meilleur compositeur à la tête diverses formations a dirigées : Bartók, Stravinski… de gagaku ou le meilleur auditeur du théâtre nô ». Car, ajoutait-il, Wagner « a allongé de façon incroyable la respiration, Un troisième la duo durée, permet désormais enfinindépendantes d’approcher Henri de ce Dutilleux que le corps dans humain l’intimité peutde produire l’acte créateur. ». Il y a peut-être Celui, tout quelque en admiration et en complicité, qui l’a associé plus de soixante à son épouseappel Geneviève Joy. Nul mieux chose de semblable dans la temporalité de pendant Carré, une œuvre créée enans 1960 et faisant à quatre orchestres que Dom Angelico Surchamp, dans un numéro la revue Zodiaque, n’a su restituer en unsi clic complémentarité ainsi qu’à quatre chœurs. Comme l’expliquait le de compositeur : « Il faut s’abstraire du temps l’on la veut se pénétrer ducette couple. Verve La et plupart autoritédes de changements la pianiste devant « son » compositeur enclin à l’élévation et au» mystère. de musique. se produisent très lentement, à l’intérieur des sons. Stockhausen précisait toutefois que, contrairement à ce qui se passe chez Wagner, « cette pièce ne raconte aucune histoire » : Pierre Gervasoni les voix des chœurs n’énoncent qu’un pur matériau phonétique dans lequel surnagent quelques noms ici ou là. 2 DU SAMEDI 24 AU MARDI 27 MAI SAMEDI 24 MAI 2014 – 15H FORUM Henri Dutilleux et ses modèles Table-ronde et concert de Vanessa Wagner et Isabelle Druet Œuvres de Henri Dutilleux, Hector Berlioz, Gabriel Fauré, Claude Debussy et Maurice Ravel DIMANCHE 25 MAI 2014 – 11H CAFÉ MUSIQUE LUNDI 26 MAI 2014 – 20H Henri Dutilleux Muss es sein? (création française) Ludwig van Beethoven Symphonie n° 5 Henri Dutilleux Métaboles Tout un monde lointain... Paul Dukas L’Apprenti sorcier Les Siècles François-Xavier Roth, direction Gautier Capuçon, violoncelle Henri Dutilleux Ainsi la nuit Par Arnaud Merlin DIMANCHE 25 MAI 2014 – 16H30 Henri Dutilleux Mystère de l’instant Ainsi la nuit Johannes Brahms Symphonie n° 1 Les Dissonances Quatuor Les Dissonances David Grimal, direction, violon Hans Peter Hofmann, violon David Gaillard, alto Xavier Phillips, violoncelle MARDI 27 MAI 2014– 20H Henri Dutilleux Slava’s Fanfare Hector Berlioz Béatrice et Bénédict (Ouverture) Les Nuits d’été Hector Berlioz Symphonie fantastique La Chambre Philharmonique Élèves du Conservatoire de Paris Emmanuel Krivine, direction Michèle Losier, mezzo-soprano MARDI 27 MAI 2014 – 20H Salle des concerts Henri Dutilleux Slava’s Fanfare * Hector Berlioz Béatrice et Bénédict (Ouverture) Les Nuits d’été entracte Hector Berlioz Symphonie fantastique La Chambre Philharmonique Élèves du Conservatoire de Paris * Emmanuel Krivine, direction Michèle Losier, mezzo-soprano Coproduction Cité de la musique, La Chambre Philharmonique et Conservatoire de Paris. Fin du concert vers 22h20. 5 Henri Dutilleux (1916-2013) Slava’s Fanfare Composition : 1997. Création : 27 mars 1997, Théâtre des Champs-Élysées, par les solistes de l’Orchestre National de France sous la direction de Seiji Ozawa, pour les 70 ans de Mstislav Rostropovitch ; repris le 27 mars 2002 à Londres par le London Symphony Orchestra sous la direction de Seiji Ozawa pour les 75 ans de Mstislav Rostropovitch. Effectif : 3 piccolos, 4 trompettes, 4 trombones et percussion. Durée : environ 2 minutes. Cette brève Fanfare en hommage à Rostropovitch pour ses soixante-dix ans (Slava étant le diminutif de Mstislav) s’inscrivait dans un programme particulièrement festif, réjouissant et roboratif. Pas moins de trois parties structuraient le concert. Si les solistes de l’Orchestre National de France ont fait résonner les notes de cette fanfare au Théâtre des Champs-Élysées, en ouverture de la première partie, bien d’autres musiciens étaient présents, si nombreux qu’on ne peut tous les nommer (les membres du London Symphony Orchestra, ceux de l’Orchestre de Paris, le chœur des London Sinfonietta Voices, plusieurs chefs d’orchestre invités dont Seiji Ozawa et Semyon Bychkov laissant la baguette également à Yehudi Menuhin et Krzysztof Penderecki, maints solistes, instrumentistes ou chanteurs, et dans des œuvres et extraits d’œuvres en lien avec la carrière polymorphe de Mstislav Rostropovitch, de Haydn à Penderecki en passant par Mozart, Beethoven, Saint-Saëns, Prokofiev, Chostakovitch, Britten, Lutosławski, Bernstein, Chedrine…). L’année 1997 allait voir la création de The Shadows of Time le 10 octobre à Boston, et les retrouvailles de Henri Dutilleux avec Seiji Ozawa. La Fanfare pour petit ensemble instrumental joue des effets de spatialisation. Elle s’ouvre par les sonorités de cuivres, en imitations, les troisième et quatrième trompettes (« éloignées ») énonçant, comme en écho, un mélisme imbriquant deux dessins pentatoniques avec extensions mélodiques. Ces motifs liminaires, dont on peut souligner les parentés stylistiques avec l’écriture en cuivres divisés de The Shadows of Time, deviennent des cellules étagées en notes répétées, se perdant progressivement. Le discours de la fanfare s’oriente vers un passage aux harmonies modales ascendantes (la partition indique d’« improviser » sur des échelles diatoniques). La première trompette, avec sourdine, cite alors dans l’aigu, comme une réminiscence aérienne, le thème principal du premier mouvement du Concerto pour violoncelle de Dvořák, à la manière d’un fragment venu du « lointain ». Cette allusion fugitive à l’un des célèbres concertos qui ont fait la notoriété de Rostropovitch est suivie de la coda fondée sur les rythmes dynamiques des trois petites flûtes et des trombones. Maxime Joos 6 Hector Berlioz (1803-1869) Béatrice et Bénédict (Ouverture) Composition : 1860-1962 ; opéra achevé le 25 février 1862. Création : le 9 août 1862 au Théâtre de Baden-Baden. Durée : environ 8 minutes. Dans Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien), Shakespeare met en scène Béatrice et Bénédict qui croient se détester, qui ne cessent de s’envoyer des railleries jusqu’à ce que, cernés par une amicale conspiration, ils s’avouent leur amour et se marient. Féru du grand dramaturge anglais, Hector Berlioz ne réalise que sur le tard un rêve de jeunesse caressé depuis 1833 sur cette pièce, et achève enfin l’opéra-comique en deux actes qui est sa dernière œuvre importante ; la création allemande remporte un vif succès (Berlioz a généralement été plus apprécié à l’étranger qu’en France). L’ouverture, qui suit un plan de sonate plutôt libre, se présente surtout comme un alerte mélimélo ; elle annonce les thèmes de l’ouvrage, mais sans choisir forcément les plus importants d’entre eux. Ainsi l’allegretto scherzando initial, tout en motifs fragmentaires et en fugitives pirouettes, ne correspond-il qu’au bref duettino figurant à la fin de l’opéra : c’est pourtant ce thème qui envahit tout le morceau. Il encadre le développement, il est prolongé dans la réexposition, il se transfigure dans la coda où toutes les idées sont amalgamées. Quelques tutti, bien berlioziens, superposent fanfares de cuivres et tourbillons de cordes. Aux côtés de ce mouvement perpétuel, l’amour s’exprime dans un langoureux deuxième thème de clarinette, qui sera chanté par Béatrice au deuxième acte ; une descente chromatique le suit, pleine d’interrogation et d’abandon. Pourtant, cette idée secondaire n’est reprise ultérieurement que dans le tempo bien plus allant de la comédie et du marivaudage. Cette ouverture, injustement délaissée au concert, est une des plus originales de Berlioz. 7 Les Nuits d’été, six mélodies pour mezzo-soprano et orchestre op. 7 Villanelle Le Spectre de la rose Sur les lagunes Absence Au cimetière L’Île inconnue Composition : vers 1841 pour la version piano, orchestration en 1856 (1843 pour Absence). Dédicace : à la compositrice Louise Bertin. Création inconnue, peu d’exécutions avant 1960. Effectif : 2 flûtes, un hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 3 cors – harpe, cordes – mezzo-soprano solo. Durée : environ 30 minutes. Les six poèmes de ce cycle sont extraits d’un recueil de Théophile Gautier, La Comédie de la mort (1838) : le poète pleurait alors la disparition de sa bien-aimée Cydalise, âgée de 23 ans, d’où le ton poignant des chants centraux, Sur les lagunes, Absence et Au cimetière ; mêlés à d’autres textes, gais ou oniriques, ces poèmes ont ouvert au compositeur une grande variété d’expression. Le raffinement artistique de Gautier ne pouvait que s’harmoniser avec l’orfèvrerie instrumentale de Berlioz, qui se montre ici pionnier de la mélodie avec orchestre. La Villanelle, ou chanson pastorale, chante la promenade d’un jeune couple heureux au printemps ; l’arrière-plan de notes piquées scintille comme la rosée, les trois strophes identiques se suivent avec un entrain léger. Berlioz souligne les rejets humoristiques du poète, sur deux syllabes pimpantes : Nous irons écouter les merles Siffler. Ce chant, conçu dans l’esprit d’une chanson populaire, mais avec des tournures inattendues, est le seul des six où la couleur des bois prédomine ; les cinq autres sont davantage enrobés de cordes. Le Spectre de la rose déploie une lente magie : forme assez libre, écriture bercée à la tonalité fluctuante, orchestration d’une rare finesse. Le spectre qui visite si subtilement la jeune fille adopte une voix incantatoire, envoûtante ; puis, sur les paroles : Toutes les nuits mon spectre rose… il valse, sur des pizzicati et des pointes de flûtes et de clarinettes, tel un lointain souvenir de la Fantastique et de son second mouvement : Un bal. Ce léger parfum est mon âme fait l’objet d’une envolée lyrique à l’envergure aussi inattendue que majestueuse. En contraste, l’épitaphe Ci-gît une rose est d’une totale simplicité, dans un mince alliage de voix et de clarinette. L’argument a donné lieu à un ballet de Fokine, mais sur L’Invitation à la valse de Weber, orchestrée par Berlioz. Sur les lagunes, sous-titré Lamento, est une lugubre barcarolle, accompagnée par un remous sourdement douloureux ; il va se soi que « les lagunes », ainsi que le refrain : Ah, sans amour s’en aller sur la mer ! renvoient symboliquement à l’eau noire du deuil. Dans cette pénombre sonore, la voix se profile avec une tragique clarté, et s’enthousiasme parfois de façon désespérée en 8 évoquant le souvenir. Des harmonies saisissantes assombrissent certains mots, déjà macabres en eux-mêmes. La pièce se termine dans un éloignement de trémolos et reste confrontée au vide. Par sa structure très régulière, Absence est proche d’une romance. L’invocation de la première strophe, Reviens, reviens, ma bien-aimée, sert de refrain, à l’effet accentué par les arrêts sur des points d’orgue. Les couplets, qui considèrent la distance, l’obstacle entre les amoureux, ressemblent à des récitatifs accablés sur un accompagnement ténu, dont les tonalités se succèdent de façon curieuse. Le texte d’Au cimetière est d’un romantisme argenté et lunaire, atmosphère qui fascinait Gautier, lequel créa notamment l’argument du ballet Giselle. Son poème s’apparente aux ballades légendaires par son alternance de vers longs et courts : Passe dans un rayon tremblant En voile blanc (Passage qui est entouré de violons et altos en harmoniques, spectraux et délicieux). La soliste attaque dans un aigu difficile, pour donner la sensation d’apesanteur ; les accords tendent à flotter librement. La mélodie se présente en intervalles serrés ; sur On dirait que l’âme éveillée, elle descend en lentes psalmodies, rappelant l’apparition d’Hector dans Les Troyens, et s’accompagne d’émouvants sanglots sur des secondes descendantes. L’envol Sur les ailes de la musique n’en est que plus radieux. L’Île inconnue commence par un large prélude où les bois et les cors soufflent à pleins poumons l’air du large. De forme rondo, ce chant enjoué, à la fois invitation au voyage et séduction, presse une « belle », sur une ligne vocale déployée comme une voile, de choisir son dépaysement. Le boniment un peu haletant du jeune homme, son catalogue touristique de faramineuses destinations, joue sur les insistances rythmiques, les syncopes. La belle ne s’en laisse pas conter et demande le pays « où l’on aime toujours » : là, l’orchestre rit d’une telle naïveté, les bois gloussent, mais le morceau s’achève sur l’heureuse sensation d’espace qui l’a commencé : Où voulez-vous aller ? Isabelle Werck 9 Symphonie fantastique op. 14 Rêveries – Passions. Largo – Allegro agitato e appassionato assai Un bal. Valse, Allegro non troppo Scène aux champs. Adagio Marche au supplice. Allegretto non troppo Songe d’une nuit de Sabbat – Dies Irae – Ronde du Sabbat. Larghetto - Allegro Composition : 1830. Création : le 5 décembre 1830 au Conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck. Durée : environ 55 minutes. La Symphonie fantastique, exactement contemporaine de la bataille d’Hernani, ouvre le champ au romantisme musical ; pour une première symphonie, elle est aussi magistralement réussie que suprêmement originale, un but que Berlioz a atteint presque sans le vouloir par son désir d’expression ; en effet, il est amoureux à en faire éclater son orchestre. Son mélodrame, il l’a publié à la veille de la création dans Le Figaro sous un simple titre : Programme. Et le terme « musique à programme » (qui raconte un argument) vient de là ; Liszt sera le premier à en apprécier les ressources. Un peu avant 1830, Berlioz fait des découvertes culturelles qui le bouleversent : Beethoven, Weber et Shakespeare. C’est une troupe anglaise qui lui révèle ce dernier, et le musicien s’enflamme immédiatement pour la jeune actrice Harriet Smithson. Quelque temps après, il réussira à épouser cette Ophélie et il sera très déçu de ne pas retrouver l’esprit de Shakespeare à ses côtés. La symphonie transpose cet amour dans une version mi-autobiographique, mi-fantasmée, l’histoire « d’un jeune musicien » en délire. L’obsession de la bien-aimée apparaît sous la forme d’un thème cyclique, présent dans les cinq mouvements et surnommé « l’idée fixe » : c’est une mélodie insistante et flottante, difficile à jouer avec précision. Schumann, musicien très littéraire, sera vivement admiratif de ces « libres sinuosités » qui semblent épouser aussi bien les aléas d’une pensée qu’un flux de paroles. Sur un horizon très berliozien de notes piquées, une introduction lente esquisse quelques mélodies indécises et prémonitoires : rarement le vague à l’âme, le « vague des passions » comme on le nommait alors, aura été si bien traduit en musique. L’allegro commence avec l’énoncé de « l’idée fixe » elle-même, fiévreuse et passionnée, qui est l’unique thème du mouvement. Le développement impose un surcroît d’impatience et d’exaltation ; mieux que tout commentaire, les Mémoires de Berlioz racontent non sans humour cet échauffement pittoresque du cœur et du cerveau. En contraste total, la coda évoque les « consolations religieuses » : sur des harmonies larges, elle élève idéalement le thème de « l’idée fixe » dans les nues. Le deuxième mouvement tient lieu de scherzo et introduit la valse, danse alors récente, dans le répertoire symphonique. Rappelons par ailleurs que L’Invitation à la valse de Weber sera brillamment orchestrée par Berlioz en 1841. Dans l’introduction, les deux harpes – instruments 10 nouveaux dans une symphonie – esquissent une succession de chaleureux élans, d’une rare magie. Puis le tempo de valse se déclenche, et quatre idées mélodiques reviennent à tour de rôle dans une orchestration variée, luisante et mousseuse comme un vol de crinolines. En guise de trio, « l’idée fixe » confiée à des bois soli revient clouer sur place le narrateur halluciné à la vue de l’adorée ; le mouvement de valse continue à l’arrière-plan comme une danse d’ombres qu’il perçoit à peine. La coda est remarquable par ses accélérations, ses fantaisies rythmiques, son vertige du bal… que vient encore paralyser, à la clarinette, « l’idée fixe ». L’adagio de la Scène aux champs se souvient certainement des longues errances de Berlioz dans les campagnes autour de Paris, obnubilé par l’image de la belle Harriet. Le morceau commence par un célèbre paysage sonore, aussi dénudé que novateur : le cor anglais appelle, avec nostalgie, et le hautbois lui répond derrière la scène. Ce duo expressif, que vient rejoindre une montée d’angoisse aux cordes, est le seul passage véritablement champêtre du mouvement. Celui-ci comporte une série de variations sur un thème flou et lyrique, éventuellement orageux, et évidemment troué, comme un ciel pommelé, par deux retours de « l’idée fixe ». La noblesse et l’intériorité du ton reconnaissent l’influence de Beethoven, que Berlioz est un des rares esprits à savoir apprécier en France en ce temps-là. La pièce se termine sur un retour du cor anglais, seul, privé de son compagnon le hautbois, et que cerne un tonnerre approchant aux timbales. Le quatrième mouvement rentre dans le fantas(ma)tique proprement dit : le jeune amoureux s’imagine qu’il a tué sa bien-aimée et qu’il monte à l’échafaud. Ce volet, qui a été bissé lors de la création, est d’un fatalisme grandiose. Sur les timbales qui avancent comme une machine de guerre, une gamme descendante est présentée sous cinq variantes. Puis éclate une fanfare martelée, au tapage plutôt triomphal. Après un frénétique développement, « l’idée fixe » s’interpose à la clarinette comme une céleste vision ; mais le tutti, véritable couperet, l’abrège. Le dernier mouvement est un cauchemar goyesque : « Il [le héros] se voit au sabbat, au milieu d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce, réunis pour ses funérailles… » L’introduction nous plonge parmi des motifs incohérents et hostiles, miasmes de cordes divisées et en sourdine, cris de chouette aux flûtes… c’est du Moussorgski avant l’heure : les Russes auront pour Berlioz une admiration extrême. Puis la mélodie tant aimée ouvre l’orgie sous une apparence nouvelle et caricaturale, elle sautille à la triviale petite clarinette en mi bémol (autre nouveauté à l’orchestre symphonique). Deux cloches sonnent, dans le vide effrayé du ciel ; au temps de Berlioz, les cloches tubulaires d’orchestre n’existaient pas et il fallait quérir de vraies cloches d’église. Le Dies iræ, vieil épouvantail grégorien de la fin du monde, s’annonce à plusieurs vitesses et à plusieurs étages du grave à l’aigu, de la solennité terrible au saltarello pointu et moqueur. Une fugue se déclenche, version infernale de toutes les fugues qui dans la musique sacrée célèbrent l’ordre cosmique : à trois reprises elle vient satisfaire sa subversion des valeurs, la troisième fois dans un chromatisme perfide. Tous ces éléments se juxtaposent avec une riche imagination qui préfigure ce que l’on appellera bientôt « la musique de l’avenir », celle de Liszt et de Wagner. La fin amalgame le Dies iræ et le sujet de fugue dans un retentissant pandémonium : une nouvelle musique est née. Isabelle Werck 11 Hector Berlioz Les Nuits d’été Le Spectre de la rose Textes de Théophile Gautier Soulève ta paupière close Qu’effleure un songe virginal ! Je suis le spectre d’une rose, Que tu portais hier au bal. Tu me pris encore emperlée Des pleurs d’argent de l’arrosoir, Et, parmi la fête étoilée, Tu me promenas tout le soir. Villanelle Quand viendra la saison nouvelle, Quand auront disparu les froids, Tous les deux nous irons, ma belle, Pour cueillir le muguet aux bois ; Sous nos pieds égrenant les perles Que l’on voit au matin trembler, Nous irons écouter les merles Siffler. Le printemps est venu, ma belle, C’est le mois des amants béni ; Et l’oiseau satinant son aile, Dit ses vers au rebord du nid ; Oh ! Viens donc sur ce banc de mousse Pour parler de nos beaux amours, Et dis-moi de ta voix si douce : Toujours ! Loin, bien loin, égarant nos courses, Faisant fuir le lapin caché Et le daim au miroir des sources Admirant son grand bois penché ; Puis chez nous, tout heureux, tout aises, En paniers, enlaçant nos doigts, Revenons, rapportant des fraises, Des bois. Ô toi, qui de ma mort fus cause, Sans que tu puisses le chasser, Toutes les nuits mon spectre rose À ton chevet viendra danser ; Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe ni De Profundis. Ce léger parfum est mon âme, Et j’arrive, j’arrive du paradis. Mon destin fut digne d’envie, Et pour avoir un sort si beau Plus d’un aurait donné sa vie ; Car sur ton sein j’ai mon tombeau, Et sur l’albâtre où je repose Un poète avec un baiser Écrivit : « Ci-gît une rose, Que tous les rois vont jalouser. » 13 Sur les lagunes L ’Absence Ma belle amie est morte. Je pleurerai toujours ; Sous la tombe elle emporte Mon âme et mes amours. Dans le ciel, sans m’attendre Elle s’en retourna ; L’ange qui l’emmena Ne voulut pas me prendre. Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer ! Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. Entre nos cœurs quelle distance ! Tant d’espace entre nos baisers ! Ô sort amer ! Ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés ! Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. La blanche créature Est couchée au cercueil ; Comme dans la nature Tout me paraît en deuil ! La colombe oubliée Pleure et songe à l’absent ; Mon âme pleure et sent Qu’elle est dépareillée. Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer ! D’ici là-bas que de campagnes, Que de villes et de hameaux, Que de vallons et de montagnes, À lasser le pied des chevaux ! Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. Sur moi la nuit immense S’étend comme un linceul, Je chante ma romance Que le ciel entend seul. Ah ! Comme elle était belle, Et comme je l’aimais ! Je n’aimerai jamais Une femme autant qu’elle. Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer ! 14 Au cimetière (Clair de lune) L’Île inconnue Connaissez-vous la blanche tombe, Où flotte avec un son plaintif L’ombre d’un if ? Sur l’if une pale colombe Triste et seule au soleil couchant, Chante son chant : Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler. Un air maladivement tendre, À la fois charmant et fatal, Qui vous fait mal Et qu’on voudrait toujours entendre ; Un air comme en soupire aux cieux L’ange amoureux. On dirait que l’âme éveillée Pleure sous terre à l’unisson De la chanson, Et du malheur d’être oubliée Se plaint dans un roucoulement Bien doucement. Sur les ailes de la musique On sent lentement revenir Un souvenir. Une ombre, une forme angélique, Passe dans un rayon tremblant, En voile blanc. Les belles de nuit demi-closes Jettent leur parfum faible et doux Autour de vous, Et le fantôme aux molles poses Murmure en vous tendant les bras : Tu reviendras ! Oh ! Jamais plus, près de la tombe, Je n’irai, quand descend le soir Au manteau noir, Écouter la pale colombe Chanter sur la pointe de l’if Son chant plaintif. L’aviron est d’ivoire, Le pavillon de moire, Le gouvernail d’or fin ; J’ai pour lest une orange, Pour voile une aile d’ange, Pour mousse un séraphin. Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler. Est-ce dans la Baltique ? Dans la mer Pacifique ? Dans l’île de Java ? Ou bien est-ce en Norvège, Cueillir la fleur de neige, Ou la fleur d’Angsoka ? Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? Menez-moi, dit la belle, À la rive fidèle Où l’on aime toujours ! Cette rive, ma chère, On ne la connaît guère, Au pays des amours. Où voulez-vous aller ? La brise va souffler. 15 Henri Dutilleux sa femme en 1946, cette partition pour la soprano Dawn Upshaw. Henri Dutilleux naît le 22 janvier très classique dans ses formes, et Pédagogue recherché, à l’École 1916 à Angers dans une famille d’une veine mélodique généreuse Normale de Musique d’abord, puis pour le moins artistique : son aïeul et raffinée, s’inscrit dans la droite au Conservatoire de Paris et dans le Constant Dutilleux était peintre, ami ligne de la musique impressionniste cadre de diverses académies, Henri de Delacroix et Corot, tandis que son française. Continuateur d’un Debussy Dutilleux atteint à la fin de sa vie le grand-père paternel, Julien Koszul, ou d’un Ravel, Dutilleux poursuit la statut de classique. Cela ne l’empêche était compositeur et fréquentait Fauré métamorphose de la tonalité que pas de continuer à composer et Roussel. Dutilleux grandit à Douai, ses aînés ont esquissée, vers une avec une égale rigueur, jusqu’à sa et c’est au conservatoire municipal forme de polarité atonale. Lente, disparition le 22 mai 2013 à Paris. qu’il commence ses études musicales minutieuse et colorée, son écriture (piano, harmonie et contrepoint), évite toute table rase tout en se Michèle Losier auprès de Victor Gallois. En 1933, plaçant clairement à l’avant-garde. La saison 2013/2014 de Michèle Dutilleux intègre le Conservatoire de Le compositeur reconnaît par Losier s’est ouverte au Théâtre Royal Paris. Il se perfectionne au contrepoint exemple l’influence de l’œuvre de de la Monnaie à Bruxelles où elle et à la fugue auprès de Noël Gallon, interprétait Sesto dans La Clemenza Proust dans sa manière d’aborder et étudie la direction dans la classe de le développement du matériau di Tito de Mozart, rôle qu’elle a repris Philippe Gaubert, la composition dans thématique. Si son œuvre de au printemps à la Wiener Staatsoper. celle d’Henri Busser et l’histoire de chambre ne manque pas d’attraits Elle a également chanté en concert la musique avec Maurice Emmanuel. (à commencer par le superbe Ainsi avec Louis Langrée à Cincinnati puis S’il tente deux fois le Grand Prix de la nuit pour quatuor à cordes – incarné Le Prince Charmant dans Rome avant de l’obtenir en 1938 avec 1977), c’est surtout pour son génie Cendrillon de Massenet au Gran la cantate L’Anneau du Roi, Dutilleux symphonique que l’on connaît Teatro del Liceu à Barcelone, avant n’est que trop conscient des limites de Dutilleux. Outre ses deux symphonies d’entreprendre une tournée en France la formation académique qu’il a suivie. (1951 et 1959), citons les célèbres avec l’ensemble Pygmalion dans une Il s’intéresse à l’approche analytique Métaboles (1965), Timbres, Espace, production de Castor et Pollux de de la composition de Vincent Mouvement (1977-1978), Mystères Rameau. Elle s’est également produite d’Indy, et s’imprègne des œuvres de de l’instant (1986-1989) ou les cinq au Théâtre des Champs-Élysées et a Stravinski, de Bartók et, plus tard, de épisodes de Shadows of Time (1995- fait ses débuts au Nederlandse Opera la Seconde École de Vienne. Il gardera 1997). Dutilleux entretient des à Amsterdam. Ces dernières saisons, néanmoins fermement ses distances relations privilégiées avec certains on a pu l’entendre notamment dans vis-à-vis de tout dogmatisme interprètes : avec son épouse, bien les rôles de Médée (Charpentier) au esthétique. Les années de guerre sûr, mais aussi avec le violoncelliste Théâtre des Champs-Élysées et à voient les premières créations de Mstislav Rostropovitch, pour lequel il l’Opéra de Lille, du Prince Charmant ses œuvres – comme les Quatre compose le concerto pour violoncelle (Cendrillon) à l’Opéra-Comique de Mélodies pour chant et piano (1943), Tout un monde lointain… (1965-1970) Paris, de Nicklausse et de La Muse la Sonatine pour flûte (1943) ou Geôle et Trois Strophes sur le nom de Sacher (Les Contes d’Hoffmann) en concert à pour voix et orchestre (1944) sur un pour violoncelle seul – donnant la Salle Pleyel à Paris ainsi qu’au Teatro poème du résistant Jean Cassou – ainsi à l’instrument deux de ses plus del Liceu, de Dorabella (Così fan tutte) mais c’est sa Sonate pour piano (1946- grands chefs-d’œuvre du XXe siècle. au Théâtre des Champs-Élysées, au 1948) que Dutilleux considère comme Il écrit Sur un même accord (2002) Royal Opera House de Londres et au son véritable opus 1. Écrite pour la pour la violoniste Anne-Sophie Festival de Salzbourg… Lauréate des pianiste Geneviève Joy, devenue Mutter et Correspondances (2003) Auditions du Metropolitan Opera en 16 2005, Michèle Losier a fait ses débuts prix en mélodie française et le ces deux maisons, il est l’invité des dans la prestigieuse maison d’opéra troisième prix en opéra au Concours meilleurs orchestres internationaux. new-yorkaise en 2007 dans Iphigénie International de Chant de Marmande Emmanuel Krivine, très attaché à la en Tauride, où elle a chanté Diane en France, ainsi que le deuxième prix transmission, dirige régulièrement sous la direction de Louis Langrée. au Concours de l’OSM Standard Life des orchestres de jeunes musiciens. Suite à son succès au Concours au Canada. Parmi ses enregistrements récents International Reine Élisabeth de avec l’Orchestre Philharmonique du Belgique en 2008, elle a effectué une Emmanuel Krivine Luxembourg figurent chez Timpani tournée de récitals à travers l’Europe D’origine russe par son père et un disque consacré à Vincent et a enregistré les mélodies de Duparc polonaise par sa mère, Emmanuel d’Indy (Poème des rivages, Diptyque avec le pianiste Daniel Blumenthal. Krivine commence très jeune une méditerranéen) et deux disques Au concert, elle se distingue dans les carrière de violoniste. Après s’être consacrés à la musique pour orchestre œuvres sacrées de Rossini, Vivaldi, formé au Conservatoire de Paris et à de Claude Debussy, ainsi que, chez Haendel, Dvořák et Bach, et donne la Chapelle Musicale Reine Élisabeth, Zig-Zag Territoires/Outhere, un disque des récitals dans un répertoire allant il étudie avec Henryk Szeryng et Ravel (Shéhérazade, Boléro, La Valse) de la musique ancienne aux créations Yehudi Menuhin, puis s’impose et un enregistrement Moussorgski contemporaines. Depuis ses débuts dans les concours internationaux. (Tableaux d’une exposition) et Rimski- en 2002 à l’Opéra d’Avignon dans le Passionné depuis toujours par Korsakov (Shéhérazade). Avec La rôle de Dorabella, elle a travaillé avec l’orgue et la musique symphonique, Chambre Philharmonique, il a publié de nombreux chefs prestigieux tels Emmanuel Krivine, après une chez Naïve des disques consacrés que Louis Langrée, Patrick Fourmilier, rencontre décisive avec Karl Bohm à Felix Mendelssohn (Symphonies Emmanuel Plasson… Diplômée de en 1965, se consacre peu à peu à « Italienne » et « Réformation »), l’Université McGill, Michèle Losier la direction d’orchestre : il est chef Antonín Dvořák (Symphonie « Du a été membre du Merola Opera invité permanent à Radio France de Nouveau Monde »), Robert Schumann Program à San Francisco, de l’Atelier 1976 à 1983 et directeur musical de (Konzertstück op. 86) et Ludwig Lyrique de l’Opéra de Montréal et du l’Orchestre National de Lyon de 1987 van Beethoven (intégrale des Studio d’Opéra de la Juilliard School à à 2000. Depuis 2004, Emmanuel New York. Elle a reçu de nombreuses Krivine est le chef principal de La bourses et subventions, notamment Chambre Philharmonique, ensemble symphonies). La Chambre Philharmonique de la Fondation Jacqueline Desmarais, sur instruments d’époque avec lequel Orchestre sur instruments d’époque du Conseil des Arts et des Lettres il réalise de nombreux programmes, Née sous l’égide d’Emmanuel Krivine, du Québec, du Conseil des Arts du en concert comme au disque, La Chambre Philharmonique se Canada, de la Guilde des musiciens dont une intégrale très remarquée veut l’avènement d’une utopie. de Montréal ainsi que de la Fondation des symphonies de Beethoven (« Cet orchestre d’un genre nouveau, Sylva-Gelber. Elle a remporté le Editor’s Choice » de Gramophone). constitué de musiciens issus des premier prix au Concours des Depuis 2006, Emmanuel Krivine meilleures formations européennes Journées de la Musique française est directeur musical de l’Orchestre animés d’un même désir musical, en 2000, le premier prix en chant au Philharmonique du Luxembourg. fait du plaisir et de la découverte le Concours de Musique du Canada en En tournée ou à la Philharmonie de cœur d’une nouvelle aventure en 2001 et a été finaliste au Concours Luxembourg, résidence de l’orchestre, musique. Doté d’une architecture des Jeunes Ambassadeurs Lyriques il met en place des projets très inédite (instrumentistes et chef se du Canada pendant plusieurs années. variés, en collaboration avec les côtoient avec les mêmes statuts, En 2004, on lui a décerné le premier plus grands solistes. Parallèlement à le recrutement par cooptation 17 privilégie les affinités) et d’un pour 4 cors et orchestre de Violons I fonctionnement autour de projets Schumann avec David Guerrier, a été Armelle Cuny spécifiques et ponctuels, il est aussi récompensé par un Classique d’or Lazslo Paulik un lieu de recherches et d’échanges, RTL à sa sortie en 2008. La deuxième Christophe Robert retrouvant instruments et techniques parution discographique, consacrée Rachel Rowntree historiques appropriés à chaque à Mendelssohn en 2007, ainsi que la Albrecht Kuehner répertoire. Depuis ses débuts en dernière consacrée à la Symphonie Martin Reimann 2004, La Chambre Philharmonique n° 9 de Beethoven avec le chœur Catherine Plattner a connu un engouement partout de chambre Les Éléments ont été Françoise Duffaud renouvelé (Cité de la musique, distinguées par la critique. Par ailleurs, MC2 de Grenoble, Alte Oper de la captation de la Symphonie en ré de Violons II Francfort, Philharmonie d’Essen, Franck et du Requiem de Fauré à la Meike Augustin-Pichollet Philharmonie du Luxembourg, Palau Bibliothèque Nationale de France a Karine Gillette de la Música Catalana de Barcelone, donné lieu à la télédiffusion de deux Sabine Cormier Arsenal de Metz, théâtres d’Orléans émissions Maestro sur Arte. L’intégrale Zefira Valova et Caen, festivals de Montreux, du des symphonies de Beethoven, John Wilson Meyer Schleswig-Holstein, de La Chaise- donnée dans trois lieux partenaires Joseph Tan Dieu, de la Côte-Saint-André, (Cité de la musique de Paris, MC2 Evan Few Bonn Beethovenfest, Festival de la de Grenoble et Théâtre de Caen) et Béatrice Scaldini Rheingau, etc.), notamment aux enregistrée pour Naïve, définit un côtés de Viktoria Mullova, Andreas moment identitaire fondamental Altos Staier, Emanuel Ax, Ronald Brautigam, du projet artistique de l’orchestre. François Baldassare Alexander Janiczek, Stéphanie-Marie À ce titre, ce projet reçoit le soutien Lucia Peralta Degand, David Guerrier, Renaud exceptionnel de Mécénat Musical Ingrid Lormand Capuçon, Jean-Guihen Queyras ou Société Générale qui a permis la Sophie Cerf Robert Levin. Elle s’ouvre à la musique parution discographique du cycle Martine Schnorhk d’aujourd’hui en créant des œuvres complet en mars 2011. Le coffret a été Serge Raban des compositeurs Bruno Mantovani salué par la critique internationale. Violoncelles en 2005 (commande de La Chambre Philharmonique) et Yan Maresz en La Chambre Philharmonique est 2006 (commande de Mécénat Musical subventionnée par le ministère de la Société Générale). L’orchestre a fait Culture et de la Communication. Elle ses débuts à l’opéra à l’occasion d’une est accueillie en résidence dans la Frédéric Audibert Emmanuel Girard Alix Verzier Valérie Dulac production de l’Opéra-Comique de Communauté d’agglomération Porte Séverine Ballon Béatrice et Bénédict, avec le chœur de de l’Isère, avec le soutien du Conseil Thomas Luks chambre Les Éléments, dans une mise général de l’Isère. Mécénat Musical en scène de Dan Jemmet. Il a débuté Société Générale est le mécène principal Contrebasses sa collaboration avec Naïve avec la de La Chambre Philharmonique. David Sinclair Messe en ut mineur de Mozart, parue Michael Neuhaus en 2005. Le premier enregistrement Axel Bouchaux sur instruments d’époque de la Christopher Scotney Symphonie « Du Nouveau Monde » de Dvořák, couplée avec le Konzertstück 18 Flûtes Percussions Alexis Kossenko François-Marie Juskowiak Georges Barthel Andrei Karassenko Matthieu Chardon Hautbois Jean-Philippe Thiébaut Harpes Taka Kitazato Fabrice Pierre Sophia Steckeler Clarinettes Camille Roux Frank Van Den Brink Aurélie Bouchard Vincenzo Casale Bassons David Douçot Laurent Lechenadec Frédéric Bouteille Thomas Quinquenel Cors Guillaume Tétu Emmanuel Padieu Bernard Schirrer Pierre Turpin Trompettes Jean Bollinger Philippe Genestier Cédric Dreger Jean-Charles Denis Trombones Julien Dugers Yvelise Girard Cédric Vinatier Ophicléides Patrick Wibart Corentin Morvan Timbales Aline Potin-Guirao Emmanuel Curt 19 Et aussi… > CONCERTS SAMEDI 18 OCTOBRE 2014, 20H > MÉDIATHÈQUE MARDI 23 SEPTEMBRE 2014, 20H En écho à ce concert, nous vous proposons… Maja Solveig Kjelstrup Ratkje Concerto for Voice (moods IIIb) Nina Senk Œuvre nouvelle pour alto et ensemble – création Gustav Mahler / Glen Cortese Das Lied von der Erde Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour piano n° 27 Henri Dutilleux L’Arbre des songes Darius Milhaud Cinéma-Fantaisie d’après Le Bœuf sur le toit Maurice Ravel La Valse Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher, direction Maja Ratkje, voix amplifiée Lilli Paasikivi, mezzo-soprano Steve Davislim, ténor Odile Auboin, alto Orchestre des Lauréats du Conservatoire de Paris Philippe Aïche, direction Adam Laloum, piano Eun-Joo Lee, violon Irène Duval, violon MERCREDI 8 OCTOBRE 2014, 20H MARDI 21 OCTOBRE 2014, 20H Ludwig van Beethoven Leonore III (Ouverture) Michel Tabachnik Le livre de Job – création Robert Schumann Concerto pour piano Arnold Schönberg Un survivant de Varsovie Arnold Schönberg Symphonie de chambre n° 2 Franz Schubert Quatuor à cordes n° 15 Johannes Brahms Symphonie n° 3 > Sur le site Internet http:// mediatheque.cite-musique.fr … d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » : Hommage à Henri Dutilleux par l’Orchestre du Conservatoire de Paris, Dominique My, (direction), le Quatuor Sine Nomine, Raphaël Oleg (violon) concert enregistré à la Salle Pleyel en 2006 • Les Nuits d’été d’Hector Berlioz par La Chambre Philharmonique, Emmanuel Krivine (direction), Karine Deshayes (soprano) enregistré à la Cité de la musique en 2008 (Les concerts sont accessibles dans leur > SALLE PLEYEL VENDREDI 30 MAI 2014, 20H Claude Debussy Nocturnes Jeux Einojuhani Rautavaara Symphonie n° 8 « The Journey » Orchestre Philharmonique de Radio France Maîtrise de Radio France Mikko Franck, direction Sofi Jeannin, chef de chœur musique.) … de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » : Dutilleux dans « Portraits de compositeurs du XXe siècle » • Berlioz dans « Concerts éducatifs » > À la médiathèque MERCREDI 12 NOVEMBRE 2014, 20H Igor Stravinski L’Histoire du soldat Georges Aperghis Le Soldat inconnu Ictus Georges-Elie Octors, direction Lionel Peintre, récitant, baryton MERCREDI 11 JUIN 2014, 20H JEUDI 12 JUIN 2014, 20H Emmanuel Chabrier España Camille Saint-Saëns Concerto pour piano n° 5 « Égyptien » Reinhold Glière Concerto pour harpe Piotr Ilitch Tchaïkovski Le Lac des cygnes (Suite) … d’écouter avec la partition : Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz par le London Symphony Orchestra, John Alldis Choir, Sir Colin Davis (direction) … de lire : Henri Dutilleux. Entre le cristal et la nuée, sous la direction de Nicolas Darbon … de regarder : Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, Herbert von Karajan (direction) Orchestre de Paris Yutaka Sado, direction Jean-Yves Thibaudet, piano Xavier de Maistre, harpe Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Elza Gibus | Stagiaire : Isabelle Couillens Imprimeur BAF | Licences no 1041550-1041546-1041547 Brussels Philharmonic Les Cris de Paris Chœur de l’Armée française Michel Tabachnik, direction Ivo Pogorelich, piano Geoffroy Jourdain, chef de chœur Aurore Tillac, chef de chœur Les Dissonances David Grimal, direction, violon intégralité à la Médiathèque de la Cité de la
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