télécharger - Centre Communautaire de Loisir de la Côte-Des

Juin 2014
Sommaire
Une 39e assemblée générale...............................3
Le vrai bonheur d’Adela ......................................4
Gabrielle Fortin / Le centre, un milieu de vie .....5
Côte-des-Neiges dans le temps ..........................6
Le dérangement ....................................................7
Une fin heureuse ...................................................8
Le Répit, paroles de mamans, d’enfants ............9
Aider les personnes qui ont des besoins ...........10
Moi j’embarque! ..................................................11
Le centre et la formation d’un citoyen .............12
Surmonter sa timidité ..........................................13
Nos préjugés .........................................................14
Adieu Camille ...................................................... 15
Noize : La comédie musicale ............................. 16
Noize : L’entrevue ................................................17
Noize : Les témoignages .....................................18
Noize : Les crédits ............................................... 19
Ça se passe au parc Jean-Brillant cet été...... 20
Notre ste web :
www.cclcdn.com
Équipe du journal
Coordonnateur
Serge Meyer
Rédacteurs
Denise Beaulieu
Pierre Drolet
Serge Meyer
Correctrice
Marie-Françoise Tricard
Infographiste
Équipe du centre
communautaire
de loisir de la
Côte-des-Neiges
Directrice générale
Denise Beaulieu
Coordonnatrice Famille
Lucie Bérubé
Coordonnatrice Adultes
Jennate Berrahma
Coordonnatrice Adolescents et 19-25 ans
Monique Göhler
Coordonnateur du programme Enfants
Schneider Augustin
Coordonnateur du Bénévolat
Patrick Beaudoin
Coordonnateur du projet Répit
Ousmane N ‘ Diaye
Rapprochement Interculturel
Marie-Claude Barey
Responsable de la logistique
Danielle Mireault
Comptable
Louise Pelletier
Accueil
Ibis Espino & Islande Sylvain
Adjointe-administrative
Christiane Dubreuil
Coordonnatrice du projet QEF
Gabrielle Fortin
Adjointe à la comptabilité
Ilka Paz
Coordonatrice du projet Moi J ‘ embarque
Maria Munera
Responsable de l ‘ informatique
Bernard Slama
Sarah Bordeleau
Note de la direction :
Le Centre Communautaire de Loisir CDN favorise l ‘ expression des idées, néanmoins, les auteurs des articles publiés dans
ce journal, conservent l ‘ entière responsabilité de leurs opinions.
2
Une 39e
assemblée
générale !
Christiane Dubreuil
Adjointe administrative
L ‘Assemblée générale du 4 juin, un beau moment de
démocratie ! ! Une assistance forte de 150 personnes,
dont 139 membres du Centre, était présente au Centre
ce mercredi pour l ‘Assemblée générale annuelle. Mmes
Denise Lacelle, coordonnatrice de la Corporation de
développement communautaire de CDN avait accepté d ‘en
assurer la présidence. Au programme, les rapports de la
Présidente du Conseil d ‘administration, Mme Catherine
Soleil, de la Directrice générale Mme Denise Beaulieu et de
la Trésorière Mme Martine Ouellet et l ‘élection du nouveau
Conseil d ‘administration. Mais aussi l ‘occasion
d ‘échanger, de prendre du temps pour découvrir, apprécier
l ‘action du Centre et se retrouver entre nous autour d ‘un
plantureux et délicieux buffet de l ‘amitié. Encore merci à
tous les membres et représentants des bailleurs de fonds et
organismes partenaires qui nous ont apporté leur soutien à
cette occasion ! !
Les membres du Conseil d'administration, dans l'ordre à partir de la gauche vers la droite
Nicolas Trinh, Catherine Soleil, Josée Bélanger et derrière elle, Ingie Joseph
Maire-Josée Demers et dernière elle, Joelle Namer, Michel Marcouiller et dernière lui, Martine Ouellet.
Véronique Mazerat, à droite
3
Le vrai
bonheur
d ‘Adela
Serge Meyer, bénévole
De toute évidence, je la
sentais très à l ‘aise au milieu
des enfants qui l ‘entouraient
à Croquignoles, mais lorsque
je lui ai demandé si elle
accepterait de me parler
d ‘elle pour un article dans
notre petit journal, j ‘ai perçu
que je l ‘indisposais un peu,
ce qui ne l ‘empêcha pas d ‘accepter malgré tout, et ce, je le
devinais, par pure gentillesse. Adela Rollo est le genre de
personnes qui ne tiennent pas à parler d ‘elles : son travail
avec les enfants la comble, elle aime l ‘accomplir dans la
discrétion et n ‘a nul besoin de publicité.
communautaires et aide à la cuisine pour les événements que
le Centre organise. En 1998-1999, Denise Beaulieu propose
à Adela de travailler de 13 à 16 h 30 à la halte-garderie de
« Un, deux, trois, go » située rue Bouchette, en quelque
sorte une mini-filiale des Ateliers Croquignoles, lesquels
relevaient alors de Georgetta Batog. En 2000, Adela travaille
avec Lucie Bérubé au Salon familial où elle s ‘occupe des
enfants. Enfin en 2004, commence sa carrière d ‘animatrice
aux Ateliers Croquignoles.
Pour conclure, laissons la parole à Adela : « Travailler ici est
un privilège, une vraie joie, et pour moi, ça l ‘est depuis le
premier jour ».
Sortie sous le
soleil
Jennate Berrahma
Des membres du club de marche et du programme “Parlons
français”, bénévoles et participants, ont effectué la visite
aux tulipes à Ottawa. Les 29 participants à cette sortie ont
Arrivée du Mexique où elle avait étudié en administration pu faire le plein de soleil qui était enfin au rendez vous. Au
puis travaillé pour une petite entreprise spécialisée en programme également l’incontournable Musée canadien
études de marché, elle décide de venir voir ce qu ‘est la vie au des civilisations!
Canada et choisit d ‘y rester malgré la dureté des hivers. À ce
propos, elle précise que si elle avait fait la même démarche
à l ‘âge qu ‘elle a actuellement, elle ne serait probablement
pas restée, surtout après un hiver aussi rigoureux et
interminable que celui que nous venons de connaître.
Pour son premier été en sa nouvelle terre, elle a, comme
beaucoup d ‘immigrants indique-t-elle, travaillé dans ce
qui était encore la campagne, à Sainte-Dorothée… dans les
tomates. Plus tard, elle occupera un poste de vendeuse dans
un magasin de souvenirs du Vieux-Port, ce qui lui vaudra
une belle (sic) expérience avec une clientèle cosmopolite.
Nous sommes en 1994, il y a vingt de cela, Adela demeure
rue Gatineau, juste en face du Centre. Sa fille a trois ans et
elle l ‘inscrit aux Ateliers Croquignoles où la petite vivra sa
première expérience de socialisation. Le temps passe, la
fillette atteint l ‘âge scolaire, elle a maintenant un petit frère
qui, par faveur spéciale, sera admis à Croquignoles un tout
petit peu avant sa deuxième année. C ‘est alors qu ‘Adela
participe à l ‘activité Maman et les bébés dirigée par
Monique Göhler. Comme elle dispose de temps maintenant,
Adela s ‘engage dans le bénévolat… au Centre, bien entendu.
Ainsi, passe-t-elle par l ‘Accueil. Là, si elle aimait bien les
filles qui y travaillaient à l ‘époque, elle trouvait cependant
la tâche difficile, parce que c ‘était la période du camp d ‘été
et elle ne se sentait pas en mesure de répondre de manière
satisfaisante aux nombreuses questions qui lui étaient
posées. Elle participe ensuite à la préparation des repas
4
Gabrielle Fortin,
pleine de vie et de
projets
Le Centre un
milieu de vie…
Patrick Beaudoin, coordonnateur au bénévolat
Denise Beaulieu, directrice générale
Les bénévoles nous disent comment ils aiment s ‘impliquer
au Centre. C ‘est agréable, réjouissant, enrichissant.
Elle est avec nous depuis 4 ans ! Elle a été adjointe à la L ‘ambiance est chaleureuse, ajoutent-ils.
coordination du programme enfants, sous la gouverne de
Schneider Augustin. Elle a été animatrice de psychomotricité
dans les écoles primaires du quartier. Et l’année dernière, Ils nous disent aussi apprécier l ‘autonomie qu ‘on leur
elle a été chargée de la formation en psychomotricité des accorde et qui leur permet de partager leur expérience
éducatrices en CPE et en services de garde en milieu familial
du quartier CDN. Ce projet était financé par Québec en
Forme. Gabrielle a convaincu 9 CPE et 11 services de garde en Pour reprendre les mots de Ghislaine Larocca, bénévole :
milieu familial de former leurs éducatrices dans le domaine « Le Centre est un lieu où l ‘on rencontre l ‘autre qui est
de la psychomotricité afin de favoriser un développement souvent notre miroir ».
optimal des enfants. C’est ainsi que Gabrielle et Alejandra
Médina Lopez ont habilité 116 éducatrices à introduire les
jeux de psychomotricité dans leur quotidien en garderie C ‘est bien de cela qu ‘on parle…
et elles ont suivi 37 éducatrices en CPE dans l’application
des éléments appris lors de la formation. En avril, Gabrielle
À l ‘aide aux devoirs, au « Parlons français », dans les
organisait aussi un grand événement de psychomotricité au
Ateliers de conversation française, au Café des parents, au
Centre, étalé sur 3 jours, auquel 400 enfants ont participé.
lundi Québécois, dans les activités de loisirs jeunesse, et j ‘en
Mais l’aventure se termine ici. Québec en forme a décidé de
passe, les bénévoles sont présents.
ne plus subventionner ce projet et Gabrielle, plein de fougue,
de jeunesse, de créativité et de curiosité, a décidé de relever
d’autres défis ailleurs.
Ils animent, ils favorisent la création de liens, entre eux et
Merci Gabrielle pour ton engagement au Centre. Nul doute entre les participants. Ils accueillent « l ‘Autre » qu ‘il soit
que tu sauras relever les nouveaux défis qui se présenteront participant ou bénévole. Ils se soutiennent.
à toi !
Photo de Gabrielle Fortin Les bénévoles apportent l ‘ouverture sur notre société,
montréalaise et québécoise.
Les bénévoles sont l ‘esprit et le contenu. Ils sont l ‘âme
du Centre, ce lieu agréable, réjouissant, enrichissant, où
l ‘ambiance est chaleureuse.
Ils nous disent que c ‘est un privilège d ‘être bénévole au
Centre.
Merci d ‘être là. C ‘est un privilège de pouvoir travailler avec
vous.
5
CÔTE-DESNEIGES DANS LE
TEMPS :
Le 30 avril dernier, le Centre organisait en collaboration
avec la Société d ‘Histoire de Côte-des-Neiges une
soirée racontant l ‘évolution de Côte-des-Neiges depuis
une centaine d ‘années.
M. Pierre Ramet, coordonnateur de la Société d ‘Histoire
a entretenu les participants du passage du Côte-desNeiges rural au quartier urbain que nous connaissons
aujourd ‘hui.
Des lectures d ‘extraits de romans et de poèmes ayant
pour cadre Côte-des-Neiges faites par Denise Beaulieu,
Bernard Slama et Marie-Françoise Tricard, sont venues
étayer les causeries de M. Ramet et de M. Gilbert
Dupuis.
Originaire de Côte-des-Neiges, M. Dupuis y réside
depuis sa naissance. Il nous a raconté son enfance et
son adolescence rue Jean-Brillant qui ne s ‘appelait pas
encore ainsi à l ‘époque.
Une animation, des quiz et des prix de présence ont
complété la soirée.
Source photo : www.imtl.org
6
Le dérangement
Gilbert Dupuis, résident du quartier
Le temps passe et nous passons avec… C’est pour
passer un peu moins vite, qu’on fait l’exercice de la
mémoire. Celle d’un quartier, en outre. Celle de Côtedes-Neiges. Je suis né rue Tremblay en 1953. J’habite à
trois portes de ma maison natale. Mes enfants sont nés
aussi dans cette rue et y habitent toujours aujourd’hui.
Mes petits enfants jouent au ballon dans la même entrée
de garage que moi, à l’époque. C’est dire. Cependant,
entre le moment où je suis né et aujourd’hui, le
quartier s’est profondément transformé. Il y a eu
bien sûr, le dérangement. Pour moi, dont la Famille
est d’origine acadienne, le grand dérangement, cette
effroyable déportation de nos ancêtres par les troupes
de l’Empire britannique, d’évidence, signifie beaucoup.
Conséquemment, il ne saurait y avoir qu’un seul grand
dérangement. Par contre, un dérangement comme
celui propre à Côte-des-Neiges est une autre calamité.
On le doit à l’Université de Montréal, à l’époque où
la moitié de ma rue a été détruite : un quadrilatère
complet et quantité d’espaces verts ont fait place à
une horreur architecturale, inspirée des murailles de
la ville de Carcassonne – l’architecte venait d’y passer
ses vacances ! Ce souvenir de vacances architecturales
en gâche toujours la vue, en face de chez nous, faisant
insulte à l’œuvre d’Ernest Cormier, le grand architecte
de la modernité québécoise et créateur de l’Université,
version originale. Ce faisant, le dérangement a aussi
emporté le nom de ma rue. De Tremblay, elle est devenue
Jean-Brillant. Je n’ai rien contre ce capitaine, héros de
la Première Guerre, la Grande, comme ils disent, mais
enfin. Bref, aujourd’hui, je veux vous parler de la rue
Tremblay, donc du quartier avant le dérangement.
J’ai une photo de moi, en 1956 devant la maison que
j’habitais. La maison n’a pas changé. Moi, si. Qui était
ce jeune enfant ? Cet autre moi, qui n’est plus moi, mais
qui en même temps, me constitue ? Il jouait dans une
rue ou il n’y avait pas beaucoup de voitures. En face
de chez lui demeuraient des gens célèbres, la famille
Nadeau, dont le fils Pierre, grand copain de mon frère,
allait devenir un grand journaliste à l’époque ou RadioCanada était autre chose que son ombre. Derrière les
Nadeau, où se trouvent aujourd’hui le bunker – autre
horreur architecturale, due, cette fois aux HEC-, angle
des rues Jean-Brillant et Decelles, il y avait des vergers
et des jardins appartenant à une communauté religieuse
- qui allait être expulsée par ledit dérangement. Ces
lieux étaient gardés par de gros lions de pierre qui
impressionnaient les badauds qui passaient devant,
rue Decelles. Notre plaisir était de les chevaucher, bien
que ce genre d’acrobaties fût interdit… Cavalcades
célestes qui nous amenaient aux confins du monde ! La
rumeur – ma mère, en fait !- disait que si on pénétrait
dans le jardin des religieux, les lions devenaient vivants
et nous bouffaient, sur le coup, comme les saints
martyrs canadiens. Personne parmi mes copains n’avait
envie de connaître le sort d’un saint martyr canadien.
Conséquemment, on ne mettait jamais les pieds dans
le jardin. Sauf une fois. Tentation, tentation… C’était le
temps des patates. Il y en avait partout dans le champ.
On en a volé… Mal nous en prit ! Il a fallu nous sauver à
toutes jambes. Cette fuite éperdue m’a valu une première
visite dans une autre institution du quartier : l’hôpital
Sainte-Justine. Les lions ne m’avaient pas mangé, mais
je m’étais brisé un poignet à cause d’une mauvaise
chute, en sautant une clôture beaucoup trop haute
pour moi. Depuis, les patates ont un goût légèrement
amer… que je ne pouvais chasser qu’en fréquentant la
boutique de Mme Pépin, grande vendeuse de bonbons,
à quelques portes de chez moi. En fait, la boutique de
la dame se trouvait là où une maison à appartements
donne, aujourd’hui, sur le parc Jean-Brillant, à quelques
pas de la nouvelle garderie. Mme Pépin avait au moins
l’âge du quartier. C’est dire… elle devait avoir dans
les 300 ans, Mme Pépin, mais ça faisait notre affaire
qu’elle soit encore là ! Ses bonbons avaient à peu près
le même âge, d’ailleurs. Ce qui me valut ma première
visite chez ce monstre, bien réel, lui, qu’on nomme le
dentiste ! Enfin, la boutique de Mme Pépin était en bois
tout comme sa maison. Une des dernières bicoques de
l’autre siècle, comme disait mon père. Y pénétrer était,
à chaque fois, une aventure magique. Deux vitrines
nous attiraient avec toutes sortes de trésors : modèles
réduits, jouets surannés, d’autant plus intéressants
qu’ils étaient surannés, et bien sûr, les fameux bonbons.
La porte grinçait. L’odeur, en y mettant les pieds, ça
sentait la pipe ! Eh oui, Mme Pépin fumait la pipe. Elle
avait bien le droit, à 300 ans ! De plus, elle fumait un
tabac qui, et ce n’est pas une blague, portait le nom de
la rue : Tremblay. Le tabac venait, en grosses feuilles,
qu’elle hachait avec une terrible machine tranchante.
Le tout provenait, disait-elle fièrement, de la région de
Joliette. Une fois dans la boutique, on pouvait prendre
tout notre temps pour choisir. C’étaient des bonbons à
une cenne. Avec cinq sous, on était riches ! Mme Pépin
nous posait des questions, nous parlait de l’école. Une
fois qu’on avait fait le tour de la boutique, dépensé
nos cinq sous, on sortait, la bouche pleine, pour aller
parler avec le père de mon ami Felli, le tailleur, qui
tenait commerce à deux pas de Mme Pépin. On aimait
bien monsieur Felli. Il fumait, en fin de journée, une
cigarette – une seule !- et se moquait pas mal qu’on
avale des bonbons, contrairement à sa femme de qui on
devait se cacher, si jamais elle apparaissait. M. Felli se
prénommait Tobia. Il demeurait en haut de sa boutique,
avec toute sa famille. Sa boutique était pleine de tissus
anglais et italiens… des trésors doux, au toucher ! Mais
rien ne nous fascinait plus que ses grands ciseaux. On
les aurait dit sortis tout droit de La Boîte à surprises,
une émission produite par Radio Canada, à l’époque
où... Donc, des ciseaux magiques qui servaient,
nous racontait-il, non seulement à couper les tissus,
mais aussi à séparer le jour de la nuit… Eh oui. C’est
monsieur Felli qui coupait la lisière entre le jour et la
nuit. C’était là le travail secret du tailleur, mais c’était
aussi un secret, qu’il ne fallait pas répéter, sous peine de
mettre Côte-des-Neiges sens dessus dessous. Imaginez
s’il fallait que quelqu’un s’empare des ciseaux ! Par
exemple un architecte qui vient de passer ses vacances
à Carcassonne et à qui l’Université de Montréal confie
un autre projet ! J’ose à peine imaginer ce qu’il pourrait
faire avec de tels ciseaux ! Secret, donc… Secret…
Et je vous demanderais de ne pas le divulguer, tout
adulte que vous soyez. À personne. Même aujourd’hui.
Surtout aujourd’hui. Car ils servent encore, les ciseaux.
Hé oui. Ils vont même servir à l’instant ! Figurez-vous
que c’est avec eux, que je vais couper le fil du texte
que vous lisez. Car j’ai déjà dépassé allègrement les 25
lignes qu’on m’avait octroyées. Mais un fil, ça se renoue.
Particulièrement lorsqu’on vit dans un quartier qui est
habité par des Grâces. À l’origine, elles étaient cinq, et
puis trois, et puis… Elles sont restées dans le quartier,
mais elles habitent maintenant le cimetière. Ce qui ne
les empêche pas d’être encore actives ! Si vous saviez ce
qu’elles font avec le fil des histoires ! Mais ça, c’est un
autre texte…
Source photo: Volume
des villes” / Marcel Paquette
“Montréal,
une
île,
7
UNE FIN
HEUREUSE...
Ousmane Ndiaye, coordonnateur du projet Répit.
Ah oui! Toutes les bonnes choses ont une fin... une
affirmation que la grande famille du répit a eu du mal à
digérer le 15 juin dernier,marquant la sortie de fin d’année
annuelle au magnifique paysage du CAP ST JACQUES.
Malgré la petite fatigue qui se lisait sur les visages de certains
jeunes, du fait entre autres du soleil tapant, l’effervescence
était toujours là quant au fait de pouvoir enfin arriver à
la plage. Les discussions vont bon train en ce sens et les
questions fusent de partout mais toujours la même à savoir
« c’est quand qu’on y va à la plage?»
Le temps de ré-embarquer dans le bus depuis la ferme,
nous arrivons vers 12h30 à la plage et là on découvre pour
la plupart d’entre nous quelque chose qui dépasse notre
entendement, un endroit que le terme magnifique ne saurait
à lui seul qualifié.
Le temps de réaliser que c’était vrai, les activités débutent :
baignade, jeux sur le sable, bronzage, détente...
Nous avons vite compris à travers les réactions spontanées
des parents et de leurs petits que nous venions de marquer
un bon coup en créant une ambiance favorable au dialogue,
au rapprochement entre les familles, au renouement et au
renforcement des liens, ce qui participent grandement à
dissiper les tensions liées à un quotidien stressant. Une telle
ambiance s’est poursuivie et s’est accentuée lors du copieux
repas partagé ensemble.
Pour tout vous dire, nous n’avons pas vu le temps passé et il
fallait respecter les horaires du bus. Ceci étant, l’annonce du
départ à été un peu dur; mais ce que tout le monde venait de
En effet, tout a débuté avec une magnifique journée vivre était tellement grandiose que le regret et l’amertume ne
ensoleillée, des parents et des enfants au rendez vous et très pouvaient en aucun cas assiéger les cœurs où étaientt déjà
enthousiasmés par le programme soigneusement concocté gravés les mots joie et bonheur.
par l’équipe engagée du Répit. Il était 9h30 lorsque nous Ainsi il est 17h lorsque les premiers passagers descendent
avons commencé à accueillir les premiers parents avec leurs du bus pour renter à la maison et la mine du soir était très
enfants sourires aux lèvres et un peu d’appréhension de la différente de celle du matin. Tout le monde était visiblement
part des parents. L’heure du rendez vous étant respectée et heureux et l’unique mot qui sortait de leurs bouches était
pas d’annulation de dernière minute, voilà un premier défi «MERCI!»
relevé car ce n’était pas gagné d’avance.
Il est 10h du matin, comme prévu, lorsque les premiers
passagers font leur entrée dans le bus. Le temps que tout
le monde s’installe confortablement et que les consignes et
le déroulement de la journée soient annoncés, nous voilà
direction le CAP SAINT JACQUES. Il est environ 11h
lorsque nous arrivons comme prévu au programme à la
ferme écologique. Sur place, le temps d’une collation nappée
d’un accueil chaleureux, nous avons vite oublié l’ambiance
morose de la ville au profit d’une ambiance vivante et
attrayante tant au niveau du décor environnemental que des
hommes qui y habitent et/ou qui y travaillent.
La visite libre de la ferme qui a duré environ une heure
a permis à beaucoup d’entre nous, des profanes pour la
plupart, d’apprendre des choses sur la faune et la flore et par
là d’enrichir notre vocabulaire en la matière.
8
Note de la direction :
« MERCI. »
Depuis 1996, le Centre offre une activité de Répit aux familles
en difficulté de notre quartier. Pendant 24 heures, du vendredi
18 h au samedi 18 h, nous accueillons des enfants de 5 à 11
ans, dans les locaux occupés en semaine par la halte-garderie
Croquignoles. Une équipe d ‘animateurs dévoués et engagés
s ‘évertuent à recréer, dans ces locaux, une atmosphère familiale,
mais encadrante, permettant aux enfants d ‘évoluer et de grandir,
tout en leur faisant vivre des moments de plaisir, de découvertes
et d ‘échanges. Depuis 2 ans, le Répit, menacé de fermeture, a pu
survivre grâce au support financier de Centraide. Le Répit, nous y
croyons. Nous sommes certains qu ‘il a un impact positif sur la vie
des enfants et des parents. Nous nous évertuons chaque année à
recueillir les commentaires reçus des parents qui nous indiquent
que nous atteignons nos buts. Cette année, s ‘y rajoutent aussi les
commentaires des intervenants qui nous les référent. C ‘est avec
plaisir que nous vous en transmettons quelques-uns. Merci pour
tous ces témoignages qui nous renforcent dans l ‘idée, que le Répit
fait une différence dans la vie des familles rejointes. Longue vie au
Répit ! Bonne lecture,
En définitive, le constat effectué par nos partenaires en
l ‘occurrence les intervenants jeunes en difficulté du CSSS
est unanime et se résume en ces propos : « les familles qui
bénéficient du service répit, se disent très satisfaites des
services qu ‘elles reçoivent et tous sans exception souhaitent
qu ‘ils continuent. »
Le Répit : paroles
de mamans,
d ‘enfants,
d ‘intervenants
Propos recueillis, par Ousmane Ndiaye,
coordonnateur du Répit
Une maman monoparentale qui a beaucoup de difficulté à
élever ses trois enfants et pour qui le répit est un véritable
soulagement nous a confié ce que le Répit lui a apporté :
« J ‘ai le temps de relaxer, j ‘économise de l ‘argent lorsqu ‘on
emmène les enfants à des sorties et on leur apprend à prendre
soin d ‘eux-mêmes et à être autonomes. J ‘ai du temps pour
moi et cela m ‘aide beaucoup. Je suis contente qu ‘ils aient
l ‘opportunité de participer à ce projet. »
Une autre maman qui a de sérieux problèmes de santé et qui
a beaucoup de mal à s ‘occuper de son enfant surtout la fin de
semaine, faisant que ce dernier souffrait d ‘un réel manque
de stimulation avant son arrivée au répit. Au point que lors
de notre première rencontre elle lançait ce cri de détresse en
ces termes : « aidez-moi, mon fils ne fait rien, ne parle pas,
je suis fatiguée. » Aujourd ‘hui, elle se réjouit non seulement
de l ‘évolution comportementale de son enfant qui rit, parle,
chante et danse, mais aussi du fait de la diminution du
stress, elle voit ses problèmes de santé vraiment atténués et
quand elle vient chercher son enfant cette mère isolée n ‘a
qu ‘un seul mot sur les lèvres qu ‘elle répète sans arrêt, c ‘est
Ainsi, la travailleuse sociale scolaire, Mme Vignola du
CSSS de la Montagne qui suit un enfant ayant des difficultés
particulières, a pu elle-même noter un changement
positif comportemental depuis sa fréquentation du répit.
D ‘ailleurs, elle a tenu à témoigner pour cet enfant et pour les
autres dont elle assure le suivi et voilà les propos tirés de son
témoignage : « J ‘ai eu le bonheur d ‘être témoin de progrès
considérables chez des enfants qui s ‘exprimaient très peu et
qui étaient incapables d ‘établir des liens constructifs avec
d ‘autres enfants, ceci en partie grâce au Répit. »
Suivant un tel ordre d ‘idées Mme M. C. Manga Travailleuse
sociale scolaire à l ‘école des Nations a recueilli les
témoignages des enfants dont elle assure la référence et
le suivi avec nous, et voilà ce qui ressort de son enquête :
« Je m ‘amuse très bien, j ‘ai appris à prendre soin de moi
et de mes deux petits frères ; et j ‘ai aussi pu passer du
temps avec d ‘autres enfants. J ‘ai appris à cuisiner, à faire
des pâtisseries, à servir les autres et à partager mon talent.
J ‘ai appris à prendre des responsabilités comme donner
des médicaments à mes frères lorsqu ‘ils sont malades. Je
suis très heureuse de participer à ce projet. J ‘ai beaucoup
appris. » N. E 11 ans.
« Nous nous amusons tellement bien là-bas, nous apprenons
à partager, à nous occuper des autres et à apprécier les autres.
Nous sommes très reconnaissants pour toutes les sorties que
nous avons les samedis, nous allons au cinéma, au théâtre,
à la piscine, à la bibliothèque, à des spectacles et nous avons
hâte de connaître les prochaines activités. Nous remercions
tous les animateurs et nous apprécions beaucoup ce qu ‘ils
font pour nous. » E et M 6 et 9 ans.
Tout compte fait, nous pouvons dire sans risque de nous
tromper que le Répit participe au bien-être des familles
concernées. Ceci est l ‘avis de Mme Lamarche, travailleuse
sociale scolaire pour le CSSS qui réfère des enfants au
répit depuis plusieurs années ; elle soutient que : « le
Répit participe sans nul doute à l ‘équilibre de la famille
en permettant aux parents d ‘être plus disponibles et plus
positifs pour ses enfants après ce moment de répit ». Ainsi
ajoute-t-elle : « Le répit participe dans une certaine mesure
à atténuer les tensions au sein de la famille ».
9
Aider les personnes
qui ont des besoins
devenant membre du conseil d ‘administration du Centre
et de son comité Finance. Dans ce rôle, il compte, non
seulement être utile, mais encore enrichir son expérience.
Si pour Nicolas, le bénévolat c ‘est, entre autres choses,
rompre avec la routine du quotidien, c ‘est surtout aider à
Serge Meyer, bénévole
créer un environnement convivial en comblant les besoins
Né dans la banlieue parisienne de parents d ‘origine qui s ‘y font sentir dans toute la mesure de ses possibilités.
vietnamienne, Nicolas Trinh est arrivé au Canada en 2002
pour y poursuivre ses études à l ‘École Polytechnique dont il
détient une maîtrise en génie mécanique.
On a sonné les cloches
pour un Québec sans
pauvreté
Si la ville de banlieue où il a été élevé a la réputation d ‘être
plutôt bourgeoise, elle n ‘en possède pas moins une cité, ces
endroits très peuplés, pour ne pas dire surpeuplés, où se
dressent des HLM tristes et sans caractère qui, à l ‘écart du
cœur des villes, regroupent des familles à revenu modeste,
immigrées ou frappées par le chômage. C ‘est sans doute
un tel contexte qui, outre sa nature, a amené Nicolas à
Marie-Claude Barey,
développer une évidente conscience sociale
Cette conscience sociale l ‘a conduit durant ses études
à devenir président d ‘ingénieurs sans frontières (ISF)
Canada, section de l ‘École Polytechnique de Montréal.
Fondée en 2002, cette section a permis à plusieurs dizaines
d ‘étudiants de mettre en pratique leurs valeurs humaines
au sein d ‘ISF, tant dans les programmes au Canada que
dans les programmes à l ‘international. Comme toutes les
autres sections universitaires, cette section tient au cours de
l ‘année différentes activités à l ‘intérieur des aires de travail
nationales. Au cours des dernières années, elle a décidé de
concentrer son travail autour de l ‘ingénierie globale, c ‘està-dire la bonne pratique de l ‘ingénierie dans le contexte
actuel de la mondialisation*. À sa façon, Nicolas définit
la raison d ‘être de l ‘Association comme visant à abolir
l ‘extrême pauvreté dans les pays africains qui en souffrent,
par exemple dans le domaine de l ‘eau et de l ‘alimentation.
Pour le milieu universitaire, il s ‘agit à long terme de former
des ingénieurs qui tiennent compte de la réalité du terrain
des pays concernés. Pour ce faire, deux étudiants vont passer
chaque année quatre mois en Afrique. Au Canada, ISF fait
de la sensibilisation dans les écoles afin d ‘éveiller les jeunes
aux réalités de pays moins favorisés.
Mais ISF Poly appartient au passé pour Nicolas. Il lui faut
concrétiser son engagement dans le milieu, dans son milieu,
en aidant les personnes qui ont des besoins par une action
positive. Alors, voilà qu ‘il reçoit le programme du Centre,
lit son annonce de demande de bénévoles, songe d ‘abord au
badminton, mais opte pour l ‘aide aux devoirs. Nous étions
en 2012. Actuellement, il apporte son soutien, spécialement
en math, à raison de trois heures par semaine le vendredi,
à des élèves dont le niveau varie de la fin du primaire au
CÉGEP. Ceux-ci fréquentent divers établissements, dont
le collège Notre Dame, le collège international Marie-deFrance, les écoles Lavoie, Mont-Royal et Côte-Saint-Luc.
Depuis octobre dernier, Nicolas a élargi son engagement en
10
Coordonnatrice, Programme de rapprochement
interculturel
Le 29 mai dernier, à l ‘heure du midi une douzaine de
membres du Centre s ‘est installée près du trottoir devant
le Centre et a sonné les cloches pour demander au
gouvernement du Québec, à la veille du dépôt du prochain
budget, d ‘agir contre la pauvreté. Solidairement, nous
avions répondu à l ‘appel du Collectif pour un Québec sans
pauvreté qui nous invitait à interpeller le gouvernement du
Québec et lui signifier que nous voulons un plan d ‘action :
•
Qui assure à toutes et à tous un revenu suffisant
pour couvrir l ‘ensemble de leurs besoins de base ;
•
Qui augmente le salaire minimum afin de permettre
aux gens travaillant à temps plein de sortir de la pauvreté ;
•
Qui réduit les inégalités socio-économiques entre
les plus pauvres et les plus riches ;
•
Qui vise à changer les mentalités et à contrer les
préjugés envers les personnes en situation de pauvreté ;
•
Qui améliore l ‘accès, sans discrimination, à des
services publics universels et de qualité.
C ‘est dans la bonne humeur et sous un soleil radieuxque nous avons sonné les cloches et alerté les passants
dont beaucoup nous approuvaient d ‘un signe de tête ou
s ‘arrêtaient devant nos pancartes présentant nos demandes.
La lutte contre la pauvreté est une des priorités de la
concertation dans le quartier, le Centre y contribue à sa
manière. Et sensibiliser la population aux solutions qui
existent aide à lutter contre cette fausse fatalité qu ‘est la
pauvreté !
Moi j’embarque !
comme celle-ci travailler ensemble, coopérer et partager
cette incroyable énergie réjouissante ! Merci pour cette
merveilleuse expérience =) » — Chris, 18 ans —
Maria Munera, coordonnatrice du projet MJ
En mars 2013 le Projet Moi J’embarque a été pris en main
par une nouvelle gérance. Le but du changement a été de
replacer le projet sur le cheminement espéré ainsi que de
le réaligner avec les objectifs établis lors de la création du
projet. Des efforts ont été enclenchés pour aller chercher
la clientèle cible : des jeunes de 16 à 25 ans ayant besoin
d’une expérience d’appui pour leur insertion sociale et
économique. Grâce à l’utilisation de différentes méthodes
de recrutement, le projet a suscité un grand intérêt auprès
des jeunes et le nombre de candidats voulant s’inscrire au
programme a été supérieur au nombre de places disponibles
par session. Il a donc été nécessaire de différer certaines
demandes pour la session suivante. D’autre part, une refonte
du curriculum a permis d’offrir une formation théorique
et pratique complète contribuant au développement de
différentes compétences en organisation et gestion de
projets chez les participants. L’acquisition de diverses
notions tant théoriques que pratiques a donné aux jeunes
les outils nécessaires pour organiser des projets de moyenne
et de grande envergure. Au cours de l’année, le Projet Moi
J’embarque a su se démarquer par la qualité du travail
accompli par ses membres. Les jeunes ont développé un
lien d’appartenance envers le programme et même après
avoir terminé leur stage ils/elles offrent aide et soutien aux
nouvelles équipes de MJ.
« J’ai appris à organiser mon travail, que ce soit dans un
contexte événementiel ou scolaire. En effet, à chaque
événement, il fallait réfléchir sur notre main d’œuvre, notre
budget et notre temps permis. J’ai réalisé à quel point il est
important de s’y prendre à l’avance et que la publicité est très
importante afin d’attirer les gens. Finalement, j’ai appris à
répartir les tâches avec mes coéquipiers et surtout, coopérer
avec eux dans le plaisir et l’harmonie ! L’entraide dans une
équipe est extrêmement importante. » — Casta, 19 ans —
« Mon expérience a été vraiment géniale, c’était super fun !
Et en même temps, on a appris de nouvelles choses qui vont
nous servir pour plus tard. Cette expérience m’a appris à ne
pas être timide et à être ouverte d’esprit. Aussi, à partager
de bons moments avec de nouveaux amis » — Daniela, 18
ans —
« C’était vraiment plaisant d’être membre de ce groupe. Je me
suis surprise moi-même en voyant que je pouvais organiser
des événements avec les autres. Les événements ont été
intenses et à la fin de chacun d’eux, je me suis sentie fière de
moi et de MJ ! » — Soheui, 16 ans »
D’ici le mois de décembre, nous espérons rejoindre 3 autres
groupes de jeunes pour un total de 24 jeunes au moins.
Si vous êtes intéressés, renseignez-vous auprès de Maria
Munera à l’adresse suivante : [email protected] Moi
j’embarque !...Et vous, qu’attendez-vous ?
Du mois d’avril 2013 au mois de mars 2014, le projet a rejoint
23 jeunes de 16 à 24 ans, soit 9 hommes et 14 femmes, répartis
en 3 groupes. 61 % étaient étudiants au niveau secondaire
et 39 % au niveau Cégep. Cette belle équipe de jeunes a Le 1er groupe de M.J. — avril à juillet 2013 —
contribué à l’organisation de 7 événements au Centre et a
collaboré à l’organisation de 7 autres.
Ce projet a pu être réalisé grâce à une
subvention de l’arrondissement au titre du
programme Lutte à la pauvreté et à l’exclusion
sociale. Il se poursuivra jusqu’en décembre
2014 et peut être encore plus longtemps,
si d’ici là nous trouvons le financement
nécessaire. Nous croyons que ce projet mérite
qu’on le, car l’impact sur la vie des jeunes qui
y participent est vraiment important, comme
le démontrent les témoignages qui suivent :
« En gros, cette remarquable expérience
m’a vraiment aidé dans ma communication
auprès des gens qui m’entourent. J’ai appris
à mieux communiquer et à lancer mes idées
quand il le fallait et partager mes expériences
tout au long du projet. J’apprends de jour
en jour, mais je vois rarement une équipe
11
Le Centre et la formation
d’un citoyen intégral
dans une communauté
multiculturelle
Luis Francisco Solano Vargas – Stagiaire au
rapprochement interculturel
Le présent article s’inscrit dans la continuité de la formation théorique
que j’ai reçue dans les différents cours de la maîtrise en Études
internationales de l’Université de Montréal et de la formation pratique
que j’ai acquise comme stagiaire durant 16 semaines au CCLCDN,
organisme multiculturel qui exerce des activités essentiellement
éducatives auprès des gens de la ville de Montréal.
Je traite ici de l’importance de la transparence, du respect, de la solidarité
et de la prévenance, comme valeurs de la formation d’un citoyen intégral
dans une société multiculturelle1.
En ce sens, je considère la nécessité de lier l’éducation au développement
de ces valeurs, comprises comme des axes qui donnent un espace à la
diversité culturelle2.
À cet égard, il est nécessaire d’aborder des pratiques éducatives qui
façonnent de vrais citoyens qui mettent en avant dans toute situation
économique, sociale, politique ou religieuse, le respect des droits et de
la dignité de l’homme, dans son originalité et sa diversité. Cela signifie
des valeurs où l’autre est considéré comme un interlocuteur valable.
Il importe donc que cette éducation forme des citoyens capables de
réfléchir sur leurs pratiques morales et éthiques, les mettant en mesure
de comprendre celles des autres. L’éducation, au sens large, joue un rôle
important dans l’évolution des modes de vie et des comportements qui
caractérisent la société contemporaine, en devenant un outil essentiel
dans la lutte contre la complexité croissante de notre monde.
L’exercice de la citoyenneté consiste à contribuer à la construction
démocratique d’une société plus juste. La citoyenneté, selon ce point
de vue, prend de nouvelles dimensions, exige de nouveaux rôles des
citoyens pour que ces derniers puissent relever les défis de la société
globalisée. Tous ces éléments sont impossibles à réaliser si l’on ne prend
pas l’éducation comme point de départ, c’est-à-dire en commençant par
éduquer d’authentiques citoyens, véritables sujets moraux, disposés à
bien travailler, à bien penser et à partager avec les autres des actions et
pensées.
Il est nécessaire d’apprendre aux citoyens à fournir et construire de
nouvelles alternatives au processus actuel de mondialisation comme
l’idéologie néolibérale. Pour faire face à ces défis, il faut nécessairement
des professionnels et des experts qui orientent la mondialisation de
manière différente en proposant des solutions de rechange moralement
souhaitables, en tenant compte du fait que les nouvelles dimensions de la
citoyenneté universelle reposent sur des citoyens qualifiés, prévenants,
et qui savent chercher une vie de qualité.
Selon Cortina Orts (2001)3, l’éducation devrait reposer sur les
connaissances, la prévenance et la sagesse morale. Ce n’est pas dans
l’ignorance que l’on peut rendre le monde plus humain. Il ne suffit pas
12
d’avoir des connaissances, l’éducation universelle exige la formation
d’un Homme issu de la prévenance, vertu qui permet de discerner ce
qui est bon pour lui et pour la société. La personne prévenante essaie de
garder les rênes de son existence sans se laisser impressionner par le côté
matériel, mais en choisissant plutôt des activités productrices de liberté.
En plus des connaissances et de la prévenance, il est nécessaire de
répondre aux exigences de la justice.
Toutes ces approches font ressortir l’urgente nécessité de repenser,
non seulement les perspectives auxquelles nous aspirons en matière
de citoyenneté et de modèle de société, mais aussi les nouveaux rôles
que l’éducation permet de définir pour que personne ne soit exclu du
système et qui peuvent conduire à l’intégration culturelle fondée sur
la reconnaissance des différences. Enfin, l’éducation à la citoyenneté
universelle est toujours une construction collective, une construction
qui ne peut se concrétiser que si toutes les personnes concernées sont
en mesure d’y contribuer. Une construction collective signifie que le
résultat est un produit de la relation entre les acteurs impliqués dans le
processus d’enseignement, c’est quelque chose qui réside dans le tissu
des relations humaines. C’est le produit d’un véritable dialogue d’une
éthique dialogique, et lorsque le dialogue existe, la vérité n’est pas dans
un ou l’autre de ceux qui participent au dialogue, mais est parmi eux.
Éduquer à la citoyenneté universelle, consiste à faciliter ce processus de
construction dialogique, à créer les conditions propices, à encourager
l’action, la participation, la création et à promouvoir l’expérience de
valeurs telles que la solidarité et le développement humain équitable.
1
“Au CCLCDN les valeurs inspirantes sont le respect, la
solidarité et la transparence. Ces trois mots supposent une vision,
des attitudes, des comportements. Le respect, c’est-à-dire respect de
soi-même, des autres et du CCLCDN lui-même comme organisme
communautaire autonome à la longue tradition démocratique, et
comme lieu de rassemblement et de travail. La solidarité qui sousentend l’empathie, l’entraide entre membres du CCLCDN –incluant
les employés- et le soutien envers des actions collectives à l’échelle du
quartier. La transparence elle suppose la confiance. Au CCLCDN on fait
confiance au potentiel des personnes, en leur capacité de comprendre,
de s’ajuster, de se développer et de collaborer”. (BAREY, Marie-Claude.
Les P’tites nouvelles. Février 2014, pp 6).
2
La diversité culturelle, signifie que les différentes cultures
coexistent dans le même espace public, implique des interrelations à
la fois contradictoires et non contradictoires de service et d’échange
entre les cultures. Basé sur ce contexte, l’interculturalisme déclenche la
reconnaissance de cette diversité, en admettant les similitudes malgré
les différences. De plus, en mettant l’accent sur la réciprocité entre
les cultures, l’interculturalisme accepte le relativisme dans la culture.
Il s’agit d’un multiculturalisme intégré, pas d’exclusion.(BILBENY,
Norbert. Pour une cause commune. Éthique de la diversité. Editorial
Gedisa. Barcelone. Espagne. 2002).
3
CORTINA ORTS, Adela. La force des valeurs morales de la
coexistence. Éditeur : Secrétaire Général Technique. I.S.B.N. 94-3693441-5. 20 p. 2001. Présentation lors du séminaire «La coexistence dans
les écoles comme un facteur de qualité», Le Conseil Scolaire d’État,
Ministère de l’Éducation, Culture et Sport, Madrid, Espagne.
Surmonter sa
timidité
Rachael Cowan,
stagiaire au programme de rapprochement
interculturel
Depuis le mois d ‘avril, je me retrouve chaque mardi soir au
même endroit : la salle d ‘attente des Ateliers de conversation
française, au sous-sol du Centre. Pour ceux qui ne le savent
pas, les Ateliers font partie du programme de francisation du
Centre et sont assurés presque entièrement par des bénévoles.
Avec une inscription gratuite, tout adulte non francophone
est le bienvenu, peu importe son niveau de français. Leur but
est de permettre aux participants de devenir plus à l ‘aise à
s ‘exprimer en français en offrant une ambiance conviviale où
on peut discuter ensemble, échanger avec d ‘autres sur plein de
sujets différents et simplement parler. Essentiellement, par la
pratique !
En tant qu ‘une non-francophone arrivée au Québec il y a
quelques années pour mes études, je peux comprendre la
difficulté à trouver des endroits où pratiquer son français. C ‘est
un commentaire que j ‘ai entendu plusieurs fois en parlant avec
les participants qui attendaient le début de leurs ateliers. Pour
moi, c ‘était aussi une question de confiance. Je sentais que mes
capacités en français étaient pires que les gens autour de moi
et donc j ‘étais timide de me laisser entendre, peut-être par
peur de me faire juger. Mais je me suis rendu compte que je ne
pourrais jamais acquérir plus de confiance en moi pour faire
une chose, si je ne pratiquais pas souvent cette chose. Et c ‘était
un peu effrayant, sortir de ma propre zone de confort pour
pratiquer une langue qui était difficile pour moi. Mais c ‘est
normal et tout à fait compréhensible !
Donc les Ateliers offrent un endroit pour pratiquer son
français, mais, et c ‘est un autre
commentaire que j ‘ai entendu de
plusieurs participants, ils offrent
quelque chose de plus : la réalisation
que nous ne sommes pas seul. On
rencontre d ‘autres gens qui sont en
train d ‘apprendre le français et donc
on se crée un réseau de personnes
qui vivent des sentiments similaires.
Ensemble, on s ‘encourage, on
sympathise lorsqu ‘on a des
difficultés et l ‘on peut célébrer nos
succès ensemble.
Pour moi, ces Ateliers ont été aussi
un aperçu de la diversité de notre
arrondissement à Côte-des-Neiges.
Les participants que j ‘ai rencontrés
viennent vraiment des quatre
coins du monde : Italie, Russie,
Argentine, Vietnam, Chine, Iran…
pour n ‘en nommer que quelquesuns ! De plus, chaque semaine il
y avait un mélange de personnes
nouvellement inscrites et des visages
familiers des semaines précédentes.
C ‘est un groupe impressionnant
qui se réunissait chaque semaine
autour du désir de mieux connaître
la langue de la belle province. Au
moment où j ‘écris cet article, le
dernier Atelier aura lieu en moins
d ‘une semaine. Je vous félicite tous
pour vos efforts et j ‘espère que vous
avez aussi apprécié l ‘expérience !
13
Nos Préjugés :
Reconnaître,
comprendre, avancer
Eva-Queen Ngayap
Atelier dans le cadre de la Semaine d ‘action contre le racisme le 22
mars 2014
Durant mon stage mon dossier principal était de mener
l ‘organisation d ‘un évènement durant la Semaine d ‘action contre
le racisme au Centre. En tant que personne passionnée par le
progrès social et qui s ‘investit énormément dans le domaine des
relations raciales, ce dossier me tenait à cœur. L ‘atelier intitulé
« Nos Préjugés : reconnaître, comprendre, avancer » a été un
succès pour une première fois. II y a sans doute des façons d ‘en
tirer encore plus d ‘ateliers comme celui-ci, mais dans l ‘ensemble
je pense que j ‘ai réussi à sensibiliser les participants aux préjugés
acquis de chacun d ‘entre nous.
J ‘avais hâte de me lancer dans ce projet, mais en même temps j ‘étais
inquiète, car je n ‘avais jamais été responsable de l ‘organisation
d ‘un tel évènement. Lorsque vint le temps de réfléchir à ce
que j ‘allais faire, cette peur s ‘est traduite par plusieurs heures
consacrées à rechercher sur Internet d ‘autres évènements qui
abordaient le racisme. Il a fallu que je me ressaisisse et que je me
rappelle que c ‘est un domaine que j ‘aborde quotidiennement
dans mon entourage et dans mes études, et que cet évènement me
permettait de transmettre, à partir de mes propres connaissances
du monde, un message qui me tenait à cœur. C ‘est comme cela
que les premières idées pour l ‘atelier « Nos Préjugés : Reconnaître,
comprendre, avancer » me sont venues a l ‘esprit.
J ‘ai très souvent remarqué que lorsqu ‘on aborde des sujets
concernant le racisme les discussions semblent être freinées
par notre difficulté à reconnaître tout d ‘abord que nous avons
forcément des préjugés. Nous ne sommes jamais capables de
réellement aborder cet important sujet à cause de notre ego. Et
avec raison d ‘ailleurs, car être accusé d ‘être raciste peut détruire
l ‘image et la crédibilité d ‘un individu. Bien que ce soit une bonne
chose de reconnaître que le racisme est un mal de société, voire
le pire des maux, il devient quasiment impossible d ‘aborder le
sujet, qui est bel et bien présent, souvent d ‘ailleurs de manière
subtile, dans la vie de tous les jours. J ‘ai posé la question durant
ma campagne de publicité : vrai ou faux ? C ‘est possible de ne plus
avoir de préjugés un jour. La grande majorité des personnes ont
répondu VRAI en utilisant un discours conforme à une réflexion
idéaliste sur les progrès de la lutte contre le racisme où la bonne
foi et le mélange de différentes cultures produisaient des individus
sans préjugés. Mais en réalité, il est impossible de ne plus avoir de
préjugés quelconques*. Je répondais dans la publicité que c ‘était en
fait FAUX en expliquant que :
Toute connaissance du monde doit forcément prendre appui sur
un a priori. Même avec les meilleures intentions aucun d ‘entre
14
nous ne sait tout sur tout. L ‘important est d ‘être ouvert d ‘esprit et
de pouvoir se remettre en question.
J ‘ai donc voulu mener un atelier qui permettrait aux participants
de repartir en étant capable d ‘avoir à l ‘avenir des réflexions et des
conversations plus fructueuses sur la question.
Il a été important de rappeler les valeurs du Centre en abordant
un sujet aussi délicat, mais où je voulais quand même encourager
un dialogue ouvert et sans crainte. Il faut croire qu ‘il est tout à fait
possible d ‘agir avec respect, transparence et solidarité lorsque nous
faisons face à nos préjugés si nous tenons à mener ces conversations.
L ‘atelier comportait 3 parties qui, elles, consistaient en des
présentations, des activités de groupes et des discussions. Le but
de la première partie était bien sûr de nous mettre d ‘accord sur
le fait que nous avons tous des préjugés et de créer un espace de
confiance entre les participants. Quant à la deuxième partie,
elle avait pour but de montrer que même lorsque nous faisons
l ‘effort de ne pas avoir de préjugés, cet effort même indique que
nous sommes conscients des préjugés qui existent. J ‘ai présenté
la théorie de l ‘orientalisme de l ‘intellectuel Edward Said et la
théorie de l ‘africanisme de l ‘intellectuel Valentin-Yves Mudimbe
pour donner des exemples de la façon dont nous arrivons dans ce
monde pleins d ‘idées déjà établies sur certaines choses et que nous
venons forcément à connaître. Ceci, malgré nous, influence notre
manière de penser.
Pour finir, j ‘ai voulu qu ‘on trouve des moyens pour mieux nous y
prendre dorénavant lorsque nous retrouvons dans des situations
où nous sommes victimes de préjugés et lorsque, à l ‘inverse, nous
sommes accusés d ‘avoir eu des préjugés. J ‘espérais qu ‘au fur et à
mesure de l ‘atelier les participants seraient plus aptes à identifier
ce dernier cas, car il semble toujours plus facile de se dire victime
d ‘un préjugé que de reconnaître que l ‘on puisse en être l ‘auteur.
Même si je ne peux pas donner des réponses à tous nos problèmes
je pense que l ‘aptitude à nous remettre en question et avant tout
à être ouverts d ‘esprit nous permettra d ‘aborder ces sujets de
manière plus constructive dans la vie de tous les jours.
Je remercie tous ceux qui ont assisté à cet atelier. J ‘ai vu qu ‘il y
avait une forte envie de discuter, non seulement de ce sujet en
particulier, mais aussi du racisme en général sous différentes
formes... ce qui me rassure. À cet atelier ainsi qu ‘à d ‘autres que j ‘ai
suivis durant la Semaine d ‘action contre le racisme les participants
avaient énormément de choses à partager et il est clair que nous
n ‘avons pas souvent assez d ‘occasions de nous exprimer alors
qu ‘il est évident qu ‘un certain épanouissement est ressenti dans
ce partage.
Je remercie le Centre, particulièrement la coordonnatrice du
programme de rapprochement interculturel, Marie-Claude Barey,
de m ‘avoir offert cette opportunité et le soutien indispensable à la
réalisation d ‘un tel projet.
*Les préjugés ne sont pas exclusivement à caractère racial. Ils
portent aussi sur la culture, le sexe, la religion, l ‘orientation sexuelle
et même sur sujets comme le choix alimentaire d ‘une personne,
son poids, ses passe-temps, etc.
Adieu Camille !
Jennate Berrahma
située à 600 km (à l’est de Moscou) appelée
MARI ou MARI El qui a sa propre langue et
sa religion. Quand je l’ai invitée à m’en dire
davantage, elle m’expliqua en fait que les Maris
étaient animistes. Imaginez ma stupéfaction,
et ma curiosité. J’avais entendu parler des
déplacements de population de Staline, et je
me demandais si tout ce que j’entendais était
réel. Comment les « Maris » y avaient échappé
?
C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès
soudain de Camille Simony, bénévole à « Parlons français
», que j’ai eu le plaisir de côtoyer pendant près de 7 ans. Elle
a été emportée par une crise cardiaque, alors qu’elle était en
voyage en France. Camille était une bénévole dévouée et une
amie admirable. Ses courriels intelligents et souvent drôles,
Je me suis renseignée aussitôt et je vous fais
son franc-parler connu de tous et sa sollicitude pour ses partager le fruit de mes recherches.
amis me manqueront ! Puisses-tu reposer en paix Camille.
Les « Maris », également connus sous le nom de
Voici un article qu’elle a rédigé pour les Ptites nouvelles Tchérémisses, sont un peuple de langue et de tradition
il y a 2 mois sur une de ses participantes et qui illustre, si essentiellement finno-ougrienne qui se partage en deux
besoin est, tout l’intérêt qu’elle portait aux personnes qu’elle groupes distincts : une minorité, les Maris des montagnes,
côtoyait au Centre.
convertis depuis longtemps au christianisme et une majorité,
les Maris des plaines, qui sont animistes. Ils ont su résister
à la christianisation, à l’islamisme, aux répressions tsaristes
et communistes, ainsi qu’aux autorités actuelles de l’Église
orthodoxe. (**).
Rencontre avec
une « Marie »
Camille Simony, bénévole
Le programme « Parlons français », je suis tombée dedans par
hasard. Et si je compte cette année, cela fera 5 ans, et ce avec
un plaisir toujours renouvelé et une attente jamais déçue.
Je voudrais vous parler des nombreux Chinois (femmes
et hommes)- dont la discipline, la ponctualité, la soif
d’apprendre et le sourire en sus, nous poussaient toujours
plus (nous les bénévoles) . Quel plaisir de les suivre !
Je vous parlerai aussi de ce jeune Marocain: il parlait assez bien
le français, et s’était trouvé un travail au service d’entretien
du Groupe hôtelier St-Germain. Un matin, il arrive avec le
journal Métro en mains, et me demande de lui expliquer un
paragraphe en particulier. Il avait souligné les mots qu’il ne
connaissait pas (c’était un exercice que nous avions l’habitude
de faire, et par lequel, à la fois, on revoyait la prononciation,
le vocabulaire, et la grammaire au passage). Ce matin-là, il
déclare tout de go qu’il « veut me dire avec ses mots ce qu’il
comprenait ». Un peu surprises, mais intéressées par sa
démarche, nous avons repris le paragraphe en question pour
le décortiquer et l’expliquer. Puis, il fait la synthèse du texte
avec ses propres mots: il avait bien compris, et s’en est bien
sorti. Hélas, nous étions déjà presque à la fin de la session, et
je ne l’ai plus revu depuis.
Mais ma dernière histoire - et c’est celle qui me pousse à écrire
cet article - et de loin la plus étrange et la plus intéressante,
à mon avis. Il s’agit de l’histoire de Tatiana Mueller. Elle m’a
rapidement dit qu’elle n’était pas exactement Russe. À partir
de ce moment-là, j’ai senti et j’ai su que j’allais apprendre
bien des choses. Tatiana me raconte au fil de la conversation
qu’elle est Russe, mais qu’elle vient d’une petite république,
La République des Maris est une république souveraine.
Elle a son drapeau, ses armoiries, son hymne. On estime
aujourd’hui, sa population à 699 000 habitants. Les langues
d’état sont la langue « marie », la langue russe, et le bachkir.
Yoshkar-Ola (qui signifie la ville rouge) est la capitale de
cette république. Elle compte 3 musées : le Musée National,
le Musée d’histoire, et le Musée des Beaux-arts., ainsi que 5
théâtres et deux universités.
Le peuple « mari », perpétue ses traditions locales : il pratique
le culte dans les « rocha », des petits bois isolés, parfois
minuscules, parfois grands comme des petites forêts.
Le Dieu créateur suprême des Maris, chef des autres dieux,
se nomme « Blank ». On compte des dizaines d’autres dieux :
le dieu de la vie organique, la Terre mère, La Mère soleil, et les
esprits de la nature qui habitent les bois et les arbres sacrés.
Linguistiquement proches des Estoniens et des Finlandais, les
« Maris » forment un peu moins de 50 % de la population de
la république. Selon les organisations culturelles « maries »,
environ la moitié des « Maris » pratiquent aujourd’hui le culte
traditionnel, parfois en parallèle avec la religion orthodoxe.
J’espère que cette histoire vous intéressera.
Camille Simony, bénévole au programme « Parlons français
** Référence: « Chez les derniers animistes d’Europe »,
journal Le Monde du 30 novembre 2009, par Alexandre
Billette - envoyé spécial.
Anatoli Mikhaîlovitch Ivanov
(correspondant de « Synergies Européennes ») en Russie.
Photo : La regrettée Camille Simony
15
NOIZE : LA
COMÉDIE
MUSICALE
ahanant, tout ce beau monde entre en scène portant sur
son dos tout son attirail scolaire : pupitres, bureau, livres
et cahiers, etc. S ‘agglutinant littéralement les uns sur les
autres, les élèves forment deux groupes distincts de chaque
côté de la scène, laissant le centre complètement libre pour
les performances dansantes. Audrey Dubé-Loubert nous
rappelle ainsi de manière symbolique que toute acquisition
de connaissances ainsi que la production de toute forme de
Pierre Drolet, bénévole
spectacle, soit dit en passant, nécessite inévitablement une
D ‘entrée de jeu, un panorama représentant le centre- part d ‘efforts, de sueur et de discipline.
ville de Montréal est projeté en arrière-scène en guise de
décor. Rapidement, les danseurs-comédiens, incarnant La pièce, écrite sous la supervision de Robine Kaseka, est
divers personnages, imposent le beat de la ville. Un rythme structurée en tableaux qui servent d ‘ossature sur laquelle se
à la fois oppressant, inquiétant et hypnotisant pour les greffent de nombreux numéros de danse urbaine. Étant un
deux protagonistes de la pièce qui « débarquent » dans total néophyte dans l ‘art de la danse urbaine, ses divisions et
la métropole, l ‘une en provenance du Congo, l ‘autre de subdivisions, je me contenterai de lever mon chapeau devant
les performances d ‘excellent niveau offertes par tous les
l ‘Abitibi.
artistes présents sur scène et habilement chorégraphiées par
Le ton est donné. Au tempo endiablé et frénétique des David « DKC » Dundas, « 7Starr », Alexandra « Spicey »
danses urbaines, succèdent des scènes plus intimistes Landé, Maria Mùnera et Nedge« Black Kat » Valmé.
nous montrant Aminata (Wahida Sylvie Abou) et Béatrice
(Catherine Cléroux) aux prises avec les problèmes qu ‘elles
éprouvent toutes les deux à s ‘intégrer à leur nouvelle ville, à
leur nouvelle vie.
L ‘aspect
théâtral,
parfois négligé dans ce
genre de spectacle, est
ici au contraire soigné
dans une mise en scène
alerte, rigoureuse et
dynamique. Le niveau
de jeu des jeunes s ‘en
trouve de la sorte
rehaussé et tout à fait
crédible. Le texte de
Kaseka et consorts
est souvent drôle,
toujours efficace et
rend avec humour
et de façon colorée
les
particularités
langagières
des
personnages.
La
musique d ‘Antoine
Létourneau-Berger
est à la fois envoûtante
et percutante. Les éclairages de Sophie Boucher, en
l ‘absence de décors élaborés, dessinent bien les contours des
différents lieux dans lesquels se déroule la pièce et recréent
avec fluidité les diverses atmosphères recherchées : jaune
et chaud dans les chambres des filles, blanc et froid dans la
classe et carrément sombre, avec des luminosités wilds dans
le club Noize où se retrouvent les jeunes le soir.
La comédie musicale Noize, parrainée par le Centre, sous
la direction de Monique Göhler, comporte son lot de belles
trouvailles scéniques : l ‘entrée en classe du professeur de
sociologie totalement déjanté (Clauter Alexandre, Dr Step) Tout le long de la représentation à laquelle j ‘ai assisté, un
grand bonheur de performer et d ‘être ensemble était évident
et de ses élèves est particulièrement réussie.
et palpable chez tous les artistes.
Audrey Dubé-Loubert, la metteure en scène, règle de façon
brillante ce qui aurait pu être un problème de changement de En somme, comme le diraient les deux protagonistes
décor et un autre d ‘occupation scénique. Tirant, poussant, Aminata et Béatrice : « Y est vraiment trop bon ton show » !
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NOIZE :
L’entrevue
m ‘imprégner de la mise en scène et des chorégraphies.
Ensuite, eh bien, je me suis occupée des échéanciers, des
contrats, etc.
Je trouve que la différence avec
« Passages », c ‘est que nos rôles
étaient cette fois mieux définis.
On a commencé « Noize » dans
l ‘euphorie de la fin de « Passages ».
Évidemment,
de
nouvelles
personnes se sont ajoutées,
d ‘autres ont quitté, ce qui a créé
une toute nouvelle dynamique.
Au début du projet, je me souviens
avoir demandé à Monique, ce
dont elle avait besoin. Moi j ‘aime
l ‘administration, la planification,
l ‘organisation, mettre en branle
des choses avec des systèmes. En
ce sens, je complète bien Monique.
Jeudi 22 mai. Elles sont là devant moi, à peine quelques
jours après la fin de cet immense projet collectif que fut
la comédie musicale « Noize ». Comment se sententelles aujourd ‘hui ? Sont-elles portées par l ‘extraordinaire
décharge d ‘adrénaline dont elles ont bénéficié ces derniers
temps ? Ou bien ont-elles commencé à ressentir cette
déprime postproduction que beaucoup subissent à la fin
d ‘un projet de si longue haleine ?
Ce que je retiens de mon
expérience, c ‘est que les liens que nous avions commencés
à établir entre Robine, Audrey et moi se sont renforcés. Ce
projet m ‘a permis de les connaître sur d ‘autres aspects.
Enfin, je veux insister sur la totale liberté artistique que
nous avons eue lors de cette création : grâce à Monique et
au Centre. »
C ‘est maintenant au tour d ‘Audrey. D ‘emblée, elle se voit
J ‘avoue que je ne leur ai pas demandé. Ce qu ‘elles ont à vivre comme une femme intense, une sorte de maman sur la
comédie musicale. Elle avait en charge d ‘orchestrer la mise
maintenant ne concerne qu ‘elles.
en scène, mais aussi d ‘orienter les chorégraphies en fonction
Quant à moi, c ‘est leur parcours depuis un an et un peu plus des caractères des personnages. Elle dit ne pas avoir de
qui m ‘intéresse.
problèmes à travailler avec les danseurs parce qu ‘elle est très
J ‘ai donc Sophie et Audrey devant moi. Monique physique et très démonstrative dans ses mises en scène. Ça
viendra s ‘adjoindre à elles un peu plus tard. Robine est passe beaucoup dans le corps et dans la respiration et pas
seulement dans les mots.
malheureusement absente, retenue par son travail.
Je commence par Sophie, elle, dont le rôle peut sembler Enfin, elle insiste pour dire que Monique sait créer un
moins spectaculaire, mais tout aussi essentiel que celui de esprit de famille : « Elle crée un climat d ‘amour vraiment
magnifique. »
ses comparses.
« Avec « Noize », j ‘en suis à ma deuxième expérience après Un mot sur Robine, qui avait pour difficile travail de
« Passage ». Mon rôle dans la production était en somme celui synthétiser les textes, de mettre en mots les idées, de donner
d ‘assistante. Je constituais le filet de sécurité du spectacle. aux personnages une vie réelle par leur langage différent les
J ‘étais une sorte de sonnette d ‘alarme. Alors qu ‘Audrey et uns des autres.
Robine étaient absorbées par l ‘urgence dès « maintenant », Sophie remarque qu ‘elle a relu ses notes des toutes premières
je devais prévoir ce qui s ‘en venait, les problèmes que nous réunions et qu ‘après de nombreuses versions, le texte de la
allions avoir à affronter.
pièce reflète toujours l ‘histoire et le message initiaux.
J ‘avoue qu ‘il m ‘est arrivé de paniquer, car je devais parfois Monique qui jusque là avait écouté sans rien dire, aura le
répéter souvent les choses avant que les gens en prennent dernier mot : « Mon travail, ça a été de trouver les bonnes
conscience.
personnes. Après, ça a été des vacances. »
Durant les représentations, je faisais la régie du spectacle. Les deux autres protestent mollement en rigolant.
J ‘ai été aussi responsable de la création des éclairages. Pour
y parvenir, j ‘ai tout au long du processus, tenté de bien Après tout, si elle n ‘avait pas tout à fait tort ?
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NOIZE : LES
TÉMOIGNAGES
C ‘est vendredi, la première de la comédie musicale Noize a
eu lieu le soir précédent.
Quant à moi, j ‘arrive vers 18 h. Toute l ‘équipe est déjà là.
Audrey donne les notes de la première représentation. Elle
resserre certaines choses qui ont moins bien été, mais elle
souligne aussi les bons coups qui ont été faits, en somme elle
réajuste le tir et le rythme. L ‘équipe écoute, elle s ‘emballe
puis retombe dans un silence plutôt relatif avant de
s ‘emballer à nouveau. Bref, Audrey exécute pour la Xième
fois son minutieux travail de directrice de jeu. D ‘ailleurs,
tous les gens présents sont manifestement parfaitement
heureux d ‘être là.
Une fois les notes données, on répète quelques éléments de
chorégraphie en compagnie de « Spicey », Alexandra Landé
dans la vie courante.
Jordan (Homme d ‘affaires et David Murphy) : « Il y a deux
ans j ‘ai joué “Passage” avec le Centre. Un ami m ‘a dit que
l ‘on cherchait un danseur cette année. Ce que j ‘aime dans
“Noize”, c ‘est le mélange de danse et de théâtre parce que
j ‘aime les deux. Je travaille au YMCA du Parc comme
professeur de danse et au service à la clientèle. Hier à
la première, c ‘était parfait, je me suis vraiment amusé.
J ‘aimerais bien faire d ‘autres projets de ce genre : c ‘est le fun,
amusant, instructif. On rencontre plein de gens différents et
intéressants qui viennent de milieux variés. »
Jonathan (Squeegee et Guillaume Parent) : « Je suis des
cours de danse et Snaxx m ‘a parlé de l ‘audition. J ‘étais
vraiment content d ‘être accepté. La première s ‘est bien
déroulée. J ‘aime le mélange de danse et d ‘acting. C ‘est rare
qu ‘on voit ça. »
Snaxx : « Je donne des cours de popping entre autres au
Centre depuis cinq ans et j ‘ai participé à l ‘organisation de
plusieurs événements. J ‘ai été chorégraphe pour la comédie
musicale de l ‘année dernière. Cette année, j ‘ai été aussi
chorégraphe et je remplace un danseur qui nous a quittés.
Dans cette comédie, les danseurs sont de bon niveau. Et
surtout, ils ont vraiment le goût d ‘être là. Il y a une énergie
et une passion très présente dans le projet. »
Puis j ‘obtiens la permission de faire quelques entrevues. Je
commence d ‘abord avec les deux protagonistes du spectacle
qui jouent respectivement les rôles d ‘Animata et de Béatrice. Kalpana (Fashionista et Dorantina Selane) : « Je joue deux
Voilà, je vous livre leurs témoignages à chaud. Il est près de rôles, un dans le prologue et un dans le reste de la pièce.
19 h. Je suis dans la salle d ‘attente. Peu de gens sont encore Pendant ce projet, j ‘ai pu approfondir mes liens avec les
arrivés, mais la représentation sera comble ce soir, m ‘a-t-on gens que je connaissais déjà. Je me sens mieux connectée
avec eux. Ça fait des années que je suis impliquée au Centre.
dit.
Cette expérience m ‘a fait évoluer en tant que danseuse, car
Sylvie : « Dans la pièce, je fais Animata. Ce soir, je suis maintenant je peux exécuter des styles plus variés. En tant
excitée, car hier, ça a très bien été. Bien sûr, j ‘étais nerveuse, que personne, j ‘ai évolué aussi. Je me sens davantage moimais c ‘était du bon stress. Je me suis vraiment amusée, même. J ‘ai du plaisir. »
mais aujourd ‘hui je vais donner encore plus. J ‘ai connu le
projet parce que je suivais des cours au Centre. Je ne voulais Kenny (Squeegeee et Hoan Hao) : « Avec mes amis, je fais
pas nécessairement faire les auditions, car ça me mettait des chorégraphies. Ici, j ‘adore ça, car c ‘est plein de gens qui
vraiment en dehors de ma zone de confort. Quand j ‘ai été veulent être là. C ‘est une belle énergie. Hier, j ‘ai été nerveux
choisie, j ‘étais à la fois contente et stressée. Je suis timide de quelques minutes avant la représentation et ce soir j ‘aimerais
nature et je me demandais comment j ‘allais faire. C ‘était un que ce soit bien mieux. »
gros défi pour moi. Au fil des répétitions, j ‘étais de plus en Alexandra « Spicey » : « je suis chorégraphe et j ‘en suis à
plus à l ‘aise et j ‘ai appris à avoir confiance en moi. »
ma deuxième année. Donc je connaissais déjà le processus.
Catherine quant à elle interprète le rôle de Béatrice : « Je La connexion était déjà là. Je suis au Centre depuis cinq
connais bien Robine, l ‘auteure de la pièce, c ‘est une bonne ans. Au début du projet, on a perdu plusieurs membres.
amie, nous avons fait de l ‘improvisation ensemble. Je fais Mais tout le monde s ‘est serré les coudes avec beaucoup de
beaucoup de choses dans la vie. Entre autres, je suis au persévérance. Il y a une belle symbiose dans l ‘équipe et ça
Bac en enseignement dramatique à l ‘UQAM, je suis coach paraît sur scène.
d ‘improvisation, je fais moi-même de l ‘impro et j ‘organise
la coupe universitaire d ‘improvisation. Lorsque Robine m ‘a
demandé de faire partie de ce projet, elle a dû insister. On
m ‘a proposé un des rôles principaux. Je me reconnais dans
le rôle de Béatrice, je ne suis pas de Montréal, je viens de
l ‘Outaouais. Hier, j ‘ai trouvé la soirée amusante, vivante et
pleine d ‘énergie. J ‘éprouve une grande fierté à faire partie de
ce beau projet. »
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Distribution par ordre alphabétique :
Wahida Sylvie Abou, Clauter Alexandre (Dr. Step), Élischa
Alla, Nadia Ben Mérièm, Ahmed Benkhalifa, Jordan BenoîtAncion, Catherine Cléroux, Destiny Dorval-Dundas,
« 7Starr », Kalpana Loganathan, Jonathan Mukoma-K
Nshinga, Maria Mùrena, Felipe Soto, Arielle Veyitondolo et
Kenny Vu.
Équipe de production dans le désordre (Ce qui n ‘est en aucun
cas un commentaire sur cette production très disciplinée) :
NOIZE :
LES CRÉDITS
David « DKC » Dundas, « 7Starr, Alexandra « Spicey »Landé,
Maria Murèna, Nedge « Black Kat » Valmé, Robine Kaseka,
Sophie Boucher, Audrey Dubé-Loubert, Monique Göhler,
Maurice Casaubon. Antoine Létourneau-Berger, Maxime
Godin-Monat, Jessica Côté-Guimond et Nikolaz Turmel.
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Ça se passe au
parc
Jean-Brillant, cet
été
Denise Beaulieu
Directrice générale
Cette année encore, l’arrondissement CDN/NDG nous a
invités à animer la scène du parc Jean-Brillant. Donc, avis
aux intéressés, du 8 juillet au 29 août, si vous avez le goût
de dépenser le surplus d’énergie qui vous reste après votre
journée de travail, la Zumba vous attend encore les mardis
à 18 h ; si au contraire, vous avez besoin de relaxer, de
développer votre côté zen, l’atelier de Gi Gong est fait pour
vous. Et les jeudis découvertes, s’ouvrent sur différents styles
de danses (baladi, colombiennes, africaines, urbaines), pour
vous permettre d’apprécier d’autres cultures et de vous y
essayer.
Si vous avez des enfants de 4 à 7 ans, ne manquez pas les
2 soirées de rondes et comptines, à goûter en famille, les
jeudis 10 juillet et 14 août de 16 h 30 à 17 h 30. Apportez
votre lunch et venez passer ces quelques heures avec nous.
Parlez-en à vos amis, amenez-les... et n’oubliez pas votre
bonne humeur ! Souriez c’est l’été, enfin ! Bon été !
Photos : Animation au parc Jean-Brillant, été 2012 et été 2013
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