ETAT BIOLOGIQUE Elément de qualité « Phytoplancton » FICHE VALIDEE Elément de qualité « PHYTOPLANCTON » ETAT BIOLOGIQUE Contexte Le phytoplancton constitue la partie végétale du plancton, ce dernier regroupant les individus animaux et végétaux de petite taille qui se déplacent principalement sous l’influence des courants. Le phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire en milieu marin qui supporte directement ou indirectement toutes les populations animales de l’océan, fait partie des éléments de qualité écologique des masses d’eau retenus dans le cadre du programme de surveillance de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE – Directive 2000/60/EC), excepté pour les estuaires déclarés turbides. En effet, le phytoplancton a une grande réactivité face aux changements environnementaux et une capacité à se développer très rapidement, provoquant des blooms (ou efflorescences algales) lorsque les conditions environnementales sont favorables. Quand le milieu reçoit trop de matières nutritives (nutriments), la production phytoplanctonique peut devenir excessive et engendrer un phénomène d’eutrophisation. La chlorophylle-a est probablement le paramètre biogéochimique le plus fréquemment mesuré en océanographie. En effet, en tant que principal pigment photosynthétique des plantes, sa proportion varie peu (en moyenne) par rapport à la masse de matière cellulaire dans les populations naturelles d’espèces phytoplanctoniques. La chlorophylle-a est donc un assez bon traceur de biomasse dans nos régions, et est un paramètre clé en hydrologie car il existe de nombreux liens entre son développement dans les cellules phytoplanctoniques et les variations de paramètres (oxygène dissous, nutriments, pH, carbone organique particulaire). Pertinence de l’élément de qualité Le phytoplancton, organisme photosynthétique, a besoin de l’énergie lumineuse pour se multiplier. En milieu turbide, où les particules en suspension sont nombreuses, la lumière pénètre moins facilement que dans une eau claire. C’est pourquoi le phytoplancton ne peut s’y développer normalement, et donc l’élément de qualité « Phytoplancton » n’est pas pertinent dans les masses d’eau de transition turbides. En Seine Normandie, les masses d’eau suivies à ce titre sont HT03 (Estuaire de Seine – Aval) par la présence du bouchon vaseux, et HT05 (Baie du Mont-Saint-Michel : fond de baie estuarien), cette masse d’eau étant presque totalement intertidale. Méthode d’évaluation de l’élément de qualité La définition de l’indicateur « Phytoplancton » et du réseau de contrôle associé a été confiée par l’ONEMA à l’Ifremer à l’échelle nationale. Les inventaires sont réalisés par les bassins sous maîtrise d’ouvrage des Agences de l’Eau. La surveillance de ces paramètres est réalisée mensuellement durant les 6 années du plan de gestion DCE. L’indicateur « Phytoplancton » est évalué à partir de trois indices : la Biomasse, l’Abondance, et la Composition taxonomique du phytoplancton. Les valeurs de référence utilisées pour l’élément de qualité « Phytoplancton » sont issues de la décision 2008/915/CE du 30 octobre 2008. Pour chaque indice, le rapport entre la valeur calculée de l’indicateur et la valeur de référence établie pour les grands secteurs géographiques (ici Manche – Atlantique), permet d’obtenir le Ratio de Qualité Ecologique (RQE). Des grilles de classement des RQE ont été élaborées pour chaque indice. Mise à jour : Juillet 2014 1/3 ETAT BIOLOGIQUE Elément de qualité « Phytoplancton » FICHE VALIDEE Indices Métriques Biomasse Percentile 90 de la concentration en chlorophylle-a Abondance Pourcentage d’échantillons observés en état de bloom Composition Blooms et identification des espèces nuisibles Méthode de calcul P90 = (1 – g)xj + gxj+1 avec P90 la valeur de la métrique ; x1, x2, … xn les valeurs ordonnées du paramètre ; n le nombre de valeurs pour le paramètre ; j la partie entière et g la partie fractionnaire de np telles que np = j + g où p = 0,9. Nombre d’échantillons dans lesquels au moins le dénombrement d’un taxon de taille ≥ 20 µm est supérieur au seuil de 100 000 celles par litre sur le nombre total d’échantillons. Types de masses d’eau Valeur de référence MEC 3,33 µg/L MEC et MET sauf MET turbides 16,7 % En cours de révision Grilles et règles de classement vis-à-vis de l’élément de qualité La règle de combinaison des indices préconisée dans l’arrêté du 25 janvier 2010 pour calculer l’indicateur « Phytoplancton » de l’élément de qualité « Phytoplancton », est la moyenne des RQE des indices « Biomasse » et « Abondance » à ce jour définis (puis « Composition » lorsqu’il sera défini). Les grilles d’évaluation des RQE varient entre 0 et 1, et les bornes de la grille d’évaluation de l’indicateur « Phytoplancton » sont définies comme la moyenne des bornes des indices « Biomasse » et « Abondance » des différentes classes : Classes Très bon état Bon état Etat moyen Etat médiocre Etat mauvais Biomasse [0–5] ] 5 – 10 ] ] 10 – 20 ] ] 20 – 40 ] > 40 RQE [ 1 – 0,67 ] ] 0,67 – 0,33 ] ] 0,33 – 0,17 ] ] 0,17 – 0,08 ] ] 0,08 – 0 ] Abondance RQE [ 0 – 20 ] ] 20 – 39] ] 39 -70 ] ] 70 – 90] > 90 [ 1 – 0,84 ] ] 0,84 – 0,43 ] ] 0,43 – 0,24 ] ] 0,24 – 0,19 ] ] 0,19 – 0 ] Phytoplancton [ 1 – 0,75 ] ] 0,75 – 0,38 ] ] 0,38 – 0,20 ] ] 0,20 – 0,13 ] ] 0,13 – 0 ] Etat d’avancement de l’évaluation de l’élément de qualité Indice Biomasse : Cet indice n’a pas été inter-calibré au niveau européen pour les masses d’eau côtières en 2012, mais est considéré comme valide en interne français ; les grilles pour les masses d’eau de transition non turbides n’ont pas fait l’objet de consensus au niveau français. Indice Abondance : La grille n’a pas été inter-calibrée au niveau européen en 2012. Indice Composition : L’indice est encore au stade de mise au point au niveau français et européen. L’indicateur « Phytoplancton » pour l’évaluation de l’élément de qualité « Phytoplancton » n’est donc pas encore finalisé et intercalibré au niveau européen pour les eaux littorales en Manche – Atlantique. Mise à jour : Juillet 2014 2/3 ETAT BIOLOGIQUE Elément de qualité « Phytoplancton » FICHE VALIDEE Référence(s) bibliographique(s) Belin C., Lamoureux A. et Soudant D. (2014). Evaluation de la qualité des eaux littorales de la France métropolitaine pour l’élément de qualité Phytoplancton dans le cadre de la DCE. Etat des lieux des règles d’évaluation, et résultats pour la période 2007-2012. Tome 1 – Etat des lieux, méthodes et synthèse des résultats. Rapport Ifremer DYNECO/VIGIES/14-05-Tome 1. 158 pp + Annexes. Belin C. et Daniel A. (2013). Méthodes de bio-indication en eaux littorales. Indicateur phytoplancton et physicochimie – Livrable A2 : Synthèse des conclusions du GT phytoplancton – hydrologie. Validation intermédiaire des grilles biomasse dans les MET de Manche Atlantique. Révision de la définition des masses d’eau turbides pour la prise en compte de l’indicateur phytoplancton – Addendum au rapport final sur la définition des masses d’eau turbides. Rapport Ifremer pour l’ONEMA de décembre 2013, 51 pp. Belin C. et Daniel A. (2013). Méthodes de bio-indication en eaux littorales. Indicateur phytoplancton et physicochimie – Livrable A2 : Synthèse des conclusions du GT phytoplancton – hydrologie. Validation intermédiaire des grilles biomasse dans les MET de Manche Atlantique. Révision de la définition des masses d’eau turbides pour la prise en compte de l’indicateur phytoplancton. Rapport final. Rapport Ifremer pour l’ONEMA de février 2013, 30 pp. Soudant D. et Belin C. (2010). Evaluation DCE janvier 2010 – Elément de qualité : phytoplancton. Rapport Ifremer R.INT.DIR/DYNECO/VIGIES/10-03/DS, 199 pp. Eléments de langage Bloom ou efflorescence algale : Phénomène de forte prolifération phytoplanctonique dans le milieu aquatique résultat de la conjonction de facteurs du milieu comme la température, l’ensoleillement, la concentration en nutriments, etc. Chlorophylle-a : Molécule présente dans les chloroplastes des végétaux autotrophes et qui est la base des réactions photosynthétiques. Eutrophisation : Enrichissement des milieux aquatiques en éléments nutritifs, essentiellement le phosphore et l’azote qui constituent un véritable engrais pour les plantes aquatiques. L’eutrophisation se manifeste par la prolifération excessive des végétaux (phytoplancton et/ou macroalgues) dont la décomposition provoque une diminution notable de la teneur en oxygène (suboxie) dans la colonne d’eau. Les conséquences de l’eutrophisation sont, entre autres, la mort ou la fuite des organismes benthiques selon le degré de suboxie, une diversité animale et végétale amoindrie, des échouages de macroalgues sur les côtes, des phénomènes d’eaux colorées (espèces phytoplanctoniques pigmentées), développement de blooms d’algues produisant des toxines qui, d’une part, s’accumulent dans les coquillages filtreurs les rendant impropres à la consommation humaine et, d’autre part. par leur forte concentration dans l’eau, induisent un colmatage des branchies. Ces conséquences de l’eutrophisation sont indésirables si elles dégradent sensiblement la santé de l’écosystème et/ou l’apport durable des biens et services qu’il procure. Percentile 90 (ou Centile 90 en français) : Un centile est chacune des 99 valeurs qui divisent les données triées en 100 parts égales, de sorte que chaque partie représente 1/100 de l’échantillon de population. En classant les données par ordre croissant, le centile 90 correspond à la valeur de rang des 90 premières données de la série. Mise à jour : Juillet 2014 3/3
© Copyright 2024 ExpyDoc