Faites vos jeux dans les entreprises

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Date de création : 22 octobre 2014
Créé par : SCD-NANCY-II
Faites vos jeux dans les entreprises
Courrier international - 3 janvier 2013..................................................................................................................2
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Date de création : 22 octobre 2014
Courrier international, no. 1157
En couverture, jeudi 3 janvier 2013, p. 28
ÉCONOMIE
Faites vos jeux dans les entreprises
Victor Luckerson
Time
( NEW YORK ) - Le monde entier est un
théâtre, disait William Shakespeare.
Le monde virtuel, lui, devient
aujourd'hui un jeu. La "ludification"
[gamification], ou l'application de
concepts ludiques à des activités sans
rapport avec le jeu, connaît un succès
grandissant dans le monde de
l'entreprise. Cette stratégie marketing
en est encore au stade expérimental,
mais l'on s'attend à ce que, d'ici à
2014, la ludification soit utilisée sous
une forme ou sous une autre par 70 %
des 2 000 plus grandes entreprises
mondiales et qu'elle génère 2,8
milliards
de
dépenses
de
consommateurs d'ici à 2016.
Si vous avez déjà accumulé des miles,
vérifié les points cadeaux sur votre
carte de crédit ou si vous êtes devenu
"maire" [visiteur et/ou client assidu]
d'un restaurant sur Foursquare [réseau
social de géolocalisation], vous avez
participé à une forme élémentaire de
ludification. Mais les entreprises
trouvent de nouvelles manières
d'introduire des éléments ludiques qui
vont bouleverser nos habitudes de
consommation et notre manière de
travailler. "Les jeux sont vieux
comme la civilisation", explique
Kevin Werbach, auteur de For the
Win, un livre sur la ludification. "Si
vous pouvez construire quelque chose
en utilisant cette structure [celle des
jeux], en offrant interactivité et
possibilité de progresser vers la
maîtrise [du jeu], cela a de profondes
résonances chez les gens."
De nombreuses sociétés très connues
ont décidé de jouer le jeu. En 2011,
Coca-Cola a lancé une "Quête du
bonheur"
via
ses
distributeurs
automatiques au Japon. Les clients
peuvent utiliser leurs smartphones
pour scanner un code QR [quick
response] sur les machines et se créer
un avatar de distributeur. Les joueurs
peuvent ensuite gagner des points
pour personnaliser leur avatar en
scannant
d'autres
codes
de
distributeurs
de
Coca-Cola.
Ils
peuvent aussi gagner des badges en
trouvant des machines pendant les
vacances ou à l'heure du déjeuner. De
plus petites entreprises misent aussi
sur le jeu. Sneakpeeq, une boutique en
ligne d'accessoires de créateurs à prix
réduits, a bâti toute son interface
client
autour
du
concept
de
ludification, en partenariat avec la
société Badgeville, un fournisseur
d'outils de ludification.
Les utilisateurs gagnent des points sur
le site en retournant une étiquette
virtuelle afin de découvrir l'offre
proposée sur tel ou tel produit. En
amassant des points, ils gravissent des
échelons au classement des meilleurs
joueurs, lesquels obtiennent les
remises
les
plus
intéressantes.
L'utilisateur peut aussi collecter des
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badges
en
retournant
beaucoup
d'étiquettes ou en achetant un certain
nombre d'articles chaque mois.
Certains des badges donnent accès à
des offres, tandis que d'autres
apportent seulement la satisfaction de
la victoire. Une simple visite sur le
site
permet
aux
utilisateurs
d'accumuler rapidement des points et
des badges, ce qui devrait inciter les
utilisateurs à revenir sur Sneakpeeq.
"Nous sommes conscients que notre
site n'est pas Amazon", reconnaît Neil
Gandhi, l'ingénieur logiciel en chef de
Sneakpeeq. "Quand on va sur
Amazon, on sait ce qu'on va acheter.
Sur notre site, nous essayons de
susciter la découverte, de faire en
sorte que les gens regardent davantage
de types de produits."
Sneakpeeq répertorie non seulement
les ventes, mais aussi l'intérêt pour les
produits - à savoir, en l'occurrence, la
fréquence des partages [sur les
réseaux sociaux] et des coups d'oeil.
Depuis la mise en place de l'interface
de ludification, en novembre 2011, les
interactions sur le site sont passées de
5 à 45 par minute. Les ventes ont
aussi grimpé de façon considérable, et
Gandhi affirme que la société prévoit
30 millions de dollars de chiffre
d'affaires l'année prochaine.
Tandis que son site utilise la
ludification pour attirer le client,
d'autres sociétés se servent des jeux
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Date de création : 22 octobre 2014
pour motiver leurs salariés. Le
spécialiste
informatique
CA
Technologies s'est par exemple doté
du programme "Champions CA",
grâce auquel les salariés et les clients
peuvent gagner des points et des
badges en participant au réseau social
de la société. Ecrire des commentaires
sur des blogs, aider ses collaborateurs
à résoudre leurs problèmes, mettre en
ligne des contenus générés par les
utilisateurs : tout cela permet
d'accumuler
des
points.
Les
utilisateurs peuvent passer du rang de
simple Membre à celui de Mythe en
passant par l'étape VIP et le stade
Héros. Chaque mois, un Mur des
champions présente les utilisateurs
qui ont atteint un rang élevé. La
société assure que la fréquentation du
site a doublé depuis qu'elle a adopté
le système de points, en juin.
"C'est dans la nature humaine de
vouloir être reconnu pour ses talents,
et je crois que nous avons créé un
système qui permet cela", explique
Michelle Acardi, responsable du
marketing
Internet
chez
CA
Technologies. "Les choses n'ont pas
forcément besoin de coûter très cher
pour avoir de la valeur aux yeux des
gens. Le tout, c'est d'arriver à
connaître l'utilisateur."
Werbach renchérit en disant que les
stratégies de ludification n'ont pas à
comporter de vraies récompenses pour
être efficaces. "L'une des leçons
importantes à retenir de la recherche
en psychologie, c'est que les gens ne
sont pas seulement motivés par des
récompenses concrètes, commente-til. Il existe des situations où la
motivation vient du simple plaisir de
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news·20130103·IL·938649 - Date d'émission : 2014-10-21
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surmonter les difficultés, et non d'une
quelconque rétribution finale." Pour
l'instant, le domaine de la ludification
reste assez modeste. Pour certains, les
badges, les points et les quêtes auront
peu de répercussions sur le monde
réel. Mais Werbach souligne qu'il y a
quelques années les réseaux sociaux
suscitaient un certain scepticisme
parmi les entreprises. "Il est facile d'y
voir
une
activité
insignifante,
reconnaît-il. Mais plus profondément,
en tant que source de motivation
permettant
d'atteindre
certains
objectifs, elle a toutes sortes
d'applications
commerciales
parfaitement justifiées."