Pages 2 à 3 n Mallette d’indicateurs de travaux et de suivis en zones humides Page 4 n Un exemple intégré de collaborations à l’échelle d’un territoire pour la réhabilitation de milieux naturels la lettre des marais atlantiques Pages 5 à 6 Septembre 2014 n "Visionature" : un outil pour la science citoyenne Pages 7 à 10 n La réserve naturelle nationale des prés salés d’Arès Lège-Cap Ferret Pages 11 à 12 n eCalluna : une application pour connaître la répartition de la flore vasculaire de l’ouest de la France Pages 13 à 14 Renaturation par dépoldérisation de l’île Nouvelle n Page 15 Mise en place d’outils de diagnostic et de suivi pour la conservation et la restauration des zones humides de Gironde n Bassin d’Arcachon © Philippe Deschamps N° 29 édito MALLETTE D’INDICATEURS DE TRAVAUX ET DE SUIVIS EN ZONES HUMIDES Les zones humides au cœur des enjeux pour l’avenir des générations futures L’Agence de l’eau Loire-Bretagne et la Région des Pays de la Loire souhaitaient répondre aux demandes des gestionnaires de disposer de protocoles de suivis permettant d’évaluer leur programme d’actions (efficacité technique, financière, etc.). Elles se sont tournées vers le Forum des Marais Atlantiques reconnu en tant que structure ressource en ingénierie d’aide à la gestion des milieux humides. Alors que des crises sans précédents frappent les ressources piscicoles en mer, induisent des mortalités catastrophiques pour de nombreux coquillages du littoral, à l’instar des abeilles sur les zones en terre ou des ressources en eau potable lourdement polluées, l’évidence du rôle joué par les zones humides, à l’interface entre la terre et la mer, sur la préservation des équilibres, des ressources et de l’eau en particulier, de la biodiversité, du climat et de la santé, semble à nouveau être reconnue. De ce partenariat a émergé le projet de création de la Mallette d’indicateurs de travaux et de suivis en zones humides présenté sous la forme d’un recueil de trente-quatre fiches pratiques d’indicateurs. Ce document a été élaboré avec l’aide des acteurs locaux et sur la base d’expériences territoriales. Le respect des vocations territoriales, avec des zones humides qui remplissent à nouveau leurs fonctions d’une gestion quantitative et qualitative responsable de la ressource en eau, tout en étant des réservoirs de biodiversité remarquables, et des zones de séquestration du carbone inégalées, sont visiblement, dans le cadre d’une approche globale, à nouveau considérées comme des zones éminemment stratégiques dans les documents d’orientations et de programmations des politiques publiques à venir. Cette Mallette s’adresse aux différents gestionnaires de territoires de la région des Pays de la Loire et de l’ensemble du bassin de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Elle leurs permet de connaître l’état des zones humides en évaluant les effets des actions de restauration et d’entretien mises en œuvre dans les contrats territoriaux et régionaux de bassin versant ou tout autres outils de gestion. Ce document est en accès libre sur le site Internet du Forum des Marais Atlantiques. Les retours d’expérience des acteurs de terrain permettront de faire évoluer les fiches indicateurs. Une mise à jour de la Mallette est prévue chaque année. Plan national d’action en faveur des milieux humides, 10ème programme des Agences de l’eau, actualisation des schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau (SDAGEs), plans d’action pour les milieux marins (PAMM), création d’une Commission mixte « lien Terre-Mer », que j’ai l’honneur de présider, émanant du Conseil maritime de façade Sud Atlantique et du Comité de bassin visant à mettre en cohérence la directive cadre sur l’eau (DCE) et la directive cadre stratégique pour les milieux marins (DCSMM) sont autant d’outils où le rôle très stratégique des zones humides est reconnu dans l’émergence de logiques vertueuses, où la prévention, l’anticipation sont préférés aux démarches curatives, par ailleurs bien trop lourdes financièrement dans un contexte économique incertain. Pôle-relais « Marais Atlantiques, Manche, et Mer du Nord », l’expertise et la contribution du Forum des Marais Atlantiques dans ces différents dispositifs seront déterminantes pour redonner aux zones humides le rôle central qu’elles n’auraient jamais du perdre dans la complémentarité Terre-Mer. La Mallette comporte une notice d’utilisation permettant d’exploiter au mieux les fiches indicateurs. Cette notice propose quatre clés d’entrée pour faciliter le choix des indicateurs et une grille de détermination des indicateurs les plus pertinents croisant les « objectifs » attendus et les « travaux » à mettre en œuvre permettant de les atteindre. Une présélection d’indicateurs est établie dans cette grille, qui demande à être consolidée en groupe de travail en reprenant les enjeux du territoire concerné. Elle est téléchargeable en version pdf ou en version excel. Afin de faciliter la lecture de ce tableau, nous vous proposons l’accès à une base de données dans l’onglet « Choix des indicateurs de la Mallette ». Lien Internet : www.forum-zones-humides.org/recherche-indicateur.aspx Le Forum des Marais Atlantiques accompagne les gestionnaires dans la prise en main et le déploiement de l’outil. Lien Internet : www.forum-zones-humides.org/telechargement-mallette-indicateurs.aspx Benoît BITEAU, © FMA Président au Forum des Marais Atlantiques Vice-Président de la Région Poitou-Charentes, Président de la commission « Ruralité, Agriculture, Pêche et Cultures Marines » Atelier de reconnaissance des macrophytes et des hélophytes 2 3 LE FORUM EN ACTION LES ACTIONS AUTOUR DE LA "MALLETTE D’INDICATEURS" Communication : un séminaire indicateurs zones humides Le séminaire a eu lieu le mardi 1er juillet 2014 à Nantes. Organisé à la demande et avec le soutien de la région des Pays de la Loire et de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, il avait pour objectif de présenter et d’échanger sur la Mallette d’indicateurs de travaux et de suivis en zones humides, en associant les gestionnaires, les associations, les services de l’État et les collectivités, etc. Cette journée s’est articulée en deux temps : le premier dédié à la présentation de la Mallette et sa déclinaison sur les territoires, le second à un tour d’horizon des projets d’indicateurs développés au niveau national. Cette seconde partie a permis de développer l’articulation et la transposition de la Mallette à large échelle afin de tendre vers un socle commun d’indicateurs. Le programme ainsi que les présentations sont accessibles en ligne. Lien Internet : www.forum-zones-humides.org/seminaire-indicateurs.aspx Ateliers de la "Mallette d’indicateurs" Les ateliers ont pour objectif d’améliorer la connaissance des structures opérationnelles sur les zones humides sur des thèmes particuliers. Ils permettent aux acteurs de terrain de s’approprier les méthodes définies dans les fiches indicateurs de la Mallette. Ces journées sont animées par le Forum des Marais Atlantiques avec l’intervention d’un expert. Lien Internet : www.forum-zones-humides.org/atelier-indicateurs.aspx Atelier de reconnaissance des macrophytes et des hélophytes Le premier atelier a eu lieu le vendredi 27 juin 2014 sur le thème de la « Reconnaissance des macrophytes et des hélophytes ». Destinée aux acteurs de terrain avec un niveau « débutant » en botanique et notamment sur les macrophytes, cette journée s’est déroulée en deux temps : la matinée, en salle, avec une présentation de la Mallette et des généralités sur les macrophytes et l’après-midi, sur le terrain, à la reconnaissance de la flore. Atelier de prélèvement d’eau et d’utilisation d’une sonde multiparamètres pour les mesures physico-chimiques Le deuxième atelier, consacré aux mesures physico-chimiques, aura lieu en octobre 2014. Il est destiné aux acteurs de terrain souhaitant se former aux méthodologies de prélèvements d’eau et à la mesure de paramètres physico-chimiques de l’eau par l’emploi N° 29 - Septembre 2014 d’une sonde multiparamètres. L’expert informera sur les normes, les agréments et des guides traitant de ces sujets. Il apportera des recommandations pour les techniques de prélèvements, les fréquences d’échantillonnage, l’étalonnage d’une sonde, la lecture des données, des pistes d’interprétation de celle-ci, ainsi que le coût du matériel et l’entretien. Une session de terrain est également prévue l’après-midi afin de mettre en application ce qui a été présenté par l’expert. Comité d’experts « Indicateurs poissons en marais » A l’issue des recherches bibliographiques et des contacts pris auprès des gestionnaires, il a été difficile d’établir un protocole sur le suivi piscicole pour l’ensemble des marais (littoraux, continentaux). Aucun indicateur normalisé n’a été élaboré à ce jour. L’Indice Poisson Rivière permet de suivre la qualité biologique des cours d’eau mais n’est pas transposable en marais. A partir des informations recueillies, la Mallette propose trois fiches sur la caractérisation du peuplement piscicole en marais doux, en marais salé et en marais saumâtre ouvert à la mer. Ce comité, animé par le Forum des Marais Atlantiques, a pour objectif de faire évoluer et consolider ces trois fiches auprès d’un groupe d’experts. Le premier comité se tiendra en novembre 2014. Lien Internet : www.forum-zones-humides.org/comite-poissons.aspx Nous tenons à remercier vivement l’ensemble des acteurs ayant participé à la contribution de cette Mallette d’indicateurs pour leurs retours d’expérience et la valorisation de ce document au séminaire indicateurs zones humides. Audrey DURIEZ Chargée de mission indicateurs de suivis zones humides Forum des Marais Atlantiques Tel. 05 46 87 85 36 Courriel : [email protected] Site Internet : www.forum-zones-humides.org le forum en action Un exemple intégré de collaborations à l’échelle d’un territoire pour la réhabilitation de milieux naturels Le réseau expérimental sur la réhabilitation de zones humides du Finistère (RERZH29) est porté par la Cellule d’animation sur les milieux aquatiques (CAMA) du Conseil général du Finistère en partenariat avec le Forum des Marais Atlantiques. Ce réseau est basé sur une collaboration entre différents partenaires scientifiques et techniques permettant une évaluation pluridisciplinaire de projets de réhabilitation portés par des opérateurs locaux (voir les articles des numéros précédents de la Lettre Forum). L’originalité du montage de ce projet a suscité de nombreuses questions et il nous est paru essentiel d’en expliciter l’organisation. Un montage de projet original et mobilisateur La multiplicité des disciplines impliquées, et donc des acteurs intervenants, a nécessité la mise en place de différentes conventions pour préciser concrètement l’implication de chacun vis-à-vis du réseau : n une convention cadre signée par l’ensemble des partenaires scientifiques et techniques, qui définit le cadre global administratif et technique du suivi des expériences de réhabilitation ; elle précise l’implication de chacun, les modalités de gouvernance et de suivi, les sources de financement et les questions relatives à la communication et à la propriété intellectuelle des résultats ; n des conventions bilatérales entre la CAMA et les partenaires scientifiques et techniques, établies pour fixer le cadre des interventions et les implications financières spécifiques à chaque partenaire ; n des conventions entre la CAMA et les maîtres d’ouvrage des travaux, établies pour définir le cadre d’intervention opérationnelle du maître d’ouvrage et le soutien scientifique et technique qui leur est apporté par la CAMA ; les maîtres d’ouvrage mettent en place un partenariat avec les propriétaires et/ou exploitants des sites si besoin (maîtrise foncière privée) ; n des conventions bilatérales entre la CAMA et les partenaires financiers, fixant les modalités de leur accompagnement et contributions. Les associations naturalistes interviennent, quant à elles, pour des inventaires ou la formation de l’ingénieur recruté par la CAMA qui s’insèrent dans les conventions déjà en place entre elles et le Conseil général du Finistère. Un partenariat a également été mis en place avec le laboratoire interdépartemental d’analyses Labocea, dans le cadre du protocole départemental, pour la réalisation des analyses physicochimiques et fourragères nécessaires au projet. La création d’une synergie positive au niveau d’un territoire Ce projet a permis de créer une réelle synergie d’acteurs mobilisés autour de la problématique de la réhabilitation des zones humides, permettant des bénéfices mutuels : conseils techniques pour la mise en œuvre des travaux et évaluation de leurs actions pour les maîtres d’ouvrages ; mise en œuvre de protocoles expérimentaux de grande ampleur pour les chercheurs, l’occasion d’améliorer les connaissances sur la faune et la flore des milieux humides pour les associations naturalistes. Pour la CAMA, il permet de valoriser les actions d’acteurs locaux, d’impulser une dynamique positive par l’exemple sur le territoire. Armel Dausse Forum des Marais Atlantiques, bureau de Brest Tél : 02 98 46 61 25 Courriel : [email protected] Point de vue d’un chercheur sur le RERZH29 D’un point de vue scientifique, la mise en place d’un réseau de sites expérimentaux de réhabilitation de zones humides à l’échelle du Finistère est une opportunité très intéressante pour l’acquisition de nouvelles données sur ces écosystèmes complexes. Elle permet notamment de tester des méthodes de restauration adaptées à chacun des contextes rencontrés. En effet, en venant s’intégrer à des projets de restauration existants, cette démarche pallie la difficulté de mettre en place des expérimentations « grandeur nature ». Les liens mis en place avec les acteurs locaux porteurs de projet donnent également la possibilité, rare, de mettre en place des suivis à long terme, indispensables à une réelle évaluation des opérations menées. D’autre part, cette démarche de collaboration entre scientifiques et praticiens de la restauration écologique illustre le message promu par le réseau Réseau d’échanges et de valorisation en écologie de la restauration (REVER) ; www.reseau-rever.org auquel notre équipe participe. Sébastien GALLET Maitre de conférences EA 2219 - Université de Bretagne occidentale Tél : 02 98 01 66 88 Courriel : [email protected] Interactions entre les différents partenaires du réseau expérimental sur la réhabilitation de zones humides du Finistère 4 5 VIVRE EN MARAIS "visionature" : un outil pour la science citoyenne Historique Dès le milieu des années 1990, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Aquitaine a jugé indispensable de stocker ses données naturalistes sur un support dématérialisé, abandonnant dès lors les bonnes vieilles fiches cartonnées support de sa base d’information ! En 2001, l’association fit l’acquisition d’un logiciel spécialement conçu. Ainsi, durant presque une décennie, nous avons renseigné une base à l’aide de l’outil « fenêtre sur nature ? », qui nous a permis d’ordonner quelques 250 000 données réparties sur l’ensemble du territoire aquitain. Au fils des ans, une importante base naturaliste régionale s’est construite et structurée. À l’orée de la fin des années 2000, avec le développement du Net, de nouvelles technologies émergent permettant une nouvelle approche dans la collecte des informations naturalistes. Nous avons alors souhaité faire évoluer notre base vers un outil convivial et collaboratif. La technologie étant accessible, le nombre de personnes connectées croissant, nous nous sommes mis à la recherche d’une solution Internet. Nous souhaitions que ce futur outil ne soit pas seulement réservé à un usage « métier », mais soit aussi accessible à tous, tant pour la saisie, que pour l’accès à des éléments de restitution. La solution vint du réseau LPO, grâce à nos collègues de HauteSavoie qui s’étaient déjà équipés d’un système développé en Suisse. Après avoir posé les bases d’un cahier des charges, c’est à la fin de l’année 2007 que le projet fut lancé. Il prit le nom de « FauneAquitaine.org », nom simple et évocateur qui pouvait être utilisé comme nom de domaine. La communauté des utilisateurs surnomma très vite l’outil « FA », acronyme que nous reprendrons parfois dans la suite de cet article. Les poupées russes Aujourd’hui, près de 70 % des départements métropolitains sont couverts par le système Visionature(1). Ce réseau contribue annuellement à collecter près de 20 millions de données qui concernent les oiseaux mais aussi les autres groupes de vertébrés, à l’exception des poissons, et quelques groupes d’insectes. Très tôt, devant l’ampleur du déploiement de l’outil dans le réseau LPO, les différentes délégations LPO ont décidé d’organiser une gouvernance pour : n assurer une cohérence de projet ; n organiser nos sollicitations auprès du développeur « fenêtre sur nature ? » ; n mutualiser nos moyens financiers en termes de développement de nouvelles fonctionnalités. Ainsi, la gouvernance Visionature s’organise autour d’un comité de pilotage qui rassemble toutes les personnes morales utilisatrices de l’outil et un comité technique plus restreint, en charge du suivi au plus près du projet. Mais Visionature n’est pas seulement présent dans l’hexagone. Plusieurs pays européens se sont déjà dotés de cet outil. L’ensemble de l’arc alpin est couvert : Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Catalogne. D’autres sont à venir. Dans la même logique, une gouvernance européenne s’est mise en place selon les mêmes objectifs de priorisation, mutualisation, et un volet « recherche », facilité par la mise en commun très facile de l’ensemble des données nationales. © Daniel Godinou Le 1er février 2008, la base de données en ligne est ouverte par codes d’accès à un groupe restreint de naturalistes en version test (« béta »). Durant près de cinq mois, ce groupe d’une cinquantaine de « béta-testeurs » a éprouvé le système, remonté les bugs et par là même contribué à l’élaboration de la version publique finale. Le 7 juillet 2008, Faune-Aquitaine est officiellement ouvert au public. Dès la mise en ligne, l’accueil est très positif de la part du réseau des naturalistes régionaux bien au-delà du réseau des adhérents de la LPO. Rapidement d’autres sollicitations pour continuer à faire évoluer le système nous sont parvenues pour lesquels nous avons apporté des solutions. Dans le même temps, le système FA a fait des émules en France. © Mathieu Sannier (LPO Aquitaine) Ber geronnette printanière N° 29 - Septembre 2014 Flambé - Iphiclides podalirius Les principes L’outil Visionature se veut avant tout participatif : il est ouvert à tous et s’inscrit comme une plateforme de « science citoyenne ». Chaque contributeur dispose de son propre carnet de note virtuel qu’il peut extraire sous différents formats. Sa contribution lui permet de s’informer des observations des autres naturalistes régionaux. Des restitutions collectives issues de ses propres données lui sont proposées, elles se construisent avec lui au fur et à mesure de l’engraissement de la base. La LPO Aquitaine est dépositaire des données. Elle assure le stockage, le service de maintenance et, ce qui est la raison même d’une plateforme de sciences participatives, la valorisation collective des données (cf. infra). Chaque utilisateur dispose donc de ses propres données et est libre de les utiliser dans d’autres contextes que celui du projet FA. Cette même logique préside toutes les bases Visionature. Ce projet conserve une forte indépendance : la mise en place de la base a été financée par des fonds publics (2008-2009). Depuis, la maintenance, la gouvernance et les évolutions fonctionnelles, sont pleinement assumées par la structure et ne bénéficient pas d’aide publiques ou privées. Le jeu de données est également fiable. Au départ, cette question était au centre des interrogations : « des données participatives d’accord, mais sont-elles fiables ? » nous disait-on. Nous pouvons affirmer qu’elles le sont. Il existe pour chaque système local dont FA, un comité de validation qui vérifie l’ensemble des données et qui peut invalider sans détruire une donnée qui ne lui semble pas conforme. Cette donnée invalidée est automatiquement retirée du jeu de données et n’est pas prise en compte dans les productions collectives. Elle reste cependant disponible dans le système pour son auteur qui peut, ou non, la modifier. Faune-Aquitaine et le réseau des bases Visionature, sont également des plateformes dédiées à la restitution. Le Web 2.0 permet ce retour immédiat. Des cartes en temps réel et l’accès à toutes les observations du moment (sauf données sensibles), sont accessibles aux contributeurs. Différents articles réalisés à partir des données du réseau, sont accessibles sur FA. Ils sont téléchargeables gratuitement à tout visiteur du site, inscrits ou non. FA participe logiquement à toutes les démarches de porter-àconnaissance qui ont lieu en Aquitaine. Tout d’abord, l’outil alimente un projet de porter-à-connaissance remarquable initié par le Conseil général de Gironde, « Nature 33 »2. Cette plateforme publique permet à tous producteurs de données du département de rendre visible des couches d’informations et permet à la personne qui la sollicite de croiser ces couches et de construire ainsi sa propre information. Ce travail, conduit en partenariat avec l’Observatoire régional de l’environnement (ORE3), a permis de réaliser un portail de restitution, SIGFA4, adossé à Faune-Aquitaine, qui alimente Nature 33. Mais FA contribue aussi aux travaux de l’Observatoire aquitain de la faune sauvage, en fournissant des couches d’information sous forme de données agrégées. Enfin, c’est l’expertise de la LPO Aquitaine que nous valorisons dans ce projet qui constitue la déclinaison régionale du Système d’information sur la nature et les paysages (SINP). La LPO Aquitaine coordonne plusieurs programmes VigieNature5. Faune-Aquitaine est donc mis à contribution pour la saisie de données protocolées. Le Museum national d’histoire naturelle s’appuie sur le réseau Visionature pour développer des outils dédiés à ces programmes, comme, par exemple, le Suivi temporel des oiseaux communs. (1) (4) © Mathieu Sannier (LPO Aquitaine) VIVRE en EN marais Marais Groupe de naturalistes en formation Depuis bientôt trois ans, c’est le monde des sciences « dures » ou fondamentales qui s’intéresse aux productions des simples naturalistes que nous sommes. En effet, au regard des volumes de données thésaurisées dans un format standardisé (un informateur, une date, un lieu géoréférencé, un effectif, un comportement), les 2,6 millions de données pour l’Aquitaine, seulement pour les oiseaux sur une période de dix ans environ, revêtent une autre importance pour les chercheurs scientifiques… Ainsi, la LPO Aquitaine a été associée à un worshop6 réunissant plusieurs Unités de recherche. Leur projet est de tenter de construire de nouveaux outils statistiques pour traiter des données qualifiées d’opportunistes c’est-à-dire sans protocole. C’est évidemment un intéressant prolongement de l’aventure, car, par ce biais, la valorisation et la reconnaissance des bénévoles qui contribuent, prend une toute autre ampleur. Et demain Aujourd’hui, Faune-Aquitaine et le réseau Visionature se doivent de poursuivre leurs efforts de restitution tant au niveau local que global. Les partenariats avec le monde de la recherche, se poursuivent déjà, et devront se renforcer. Si aujourd’hui les applications en termes de protection débutent, c’est bien dans cet objectif que nous avons organisé la mise à disposition de la connaissance des réseaux naturalistes. Ce champ se doit d’être plus largement investi, et nous ne le ferons pas seul. Le déploiement de l’outil n’est pas achevé non plus. D’autres territoires français sont susceptibles de rejoindre le réseau, tout comme d’autres États européens. Déjà, plusieurs Départements d’outre-mer (DOM) sont équipés et développent leurs systèmes. Enfin, et ce sera sans doute un tournant, une application mobile existe en version tests depuis quelques mois. Elle promet un taux de saisie de données 2,7 fois supérieurs à celui de l’interface web. Sa mise à disposition des « Visionatursites » est prévue dans quelques semaines… Cette avancée technologique, couplée à la mise en place d’un user unique pour chaque contributeurs de Visionature, permettra à chaque naturaliste de renseigner les différentes bases Visionature au gré de ses déplacements et de s’informer de la situation où il se trouve. Un réseau européen de naturalistes en cours de création selon un mode de gouvernance unique et innovant qui est l’un des rares exemples où les particularités locales sont considérées dans une approche européenne de la connaissance et de la conservation de la Nature. Le succès des bases Visionature est le résultat de la rencontre des réseaux naturalistes de la LPO et de Gaëtan Delaloye, naturalisteinformaticien suisse qui a su mettre ses compétences techniques au service d’une communauté. Au nom du réseau, nous lui présentons tous nos remerciements. Laurent COUZI Directeur, Ligue pour la Protection des Oiseaux Aquitaine Tél. 05 56 91 33 81 Courriel : [email protected] Site Internet : www.faune-aquitaine.org www.ornitho.fr (2) www.nature33.fr/ (3) Observatoire régional de l’environnement http://sigfa.observatoire-environnement.org/ (5) http://vigienature.mnhn.fr/ (6) http://ciam.inra.fr/cisstats/ 6 7 LE DOSSIER Réserve naturelle nationale des prés salés d’Arès Lège-Cap Ferret La plus grande zone de prés salés d’Aquitaine Située au sein de l’anse nord du bassin d’Arcachon, la Réserve naturelle nationale (RNN) des prés salés d’Arès LègeCap Ferret vit au rythme des marées. Tantôt îlot de verdure au milieu des vases, tantôt recouverte par la marée et ne laissant apparaître que plus ou moins de végétation, cette Réserve naturelle ne laisse personne indifférent. Au cœur de ces 200 hectares de prés salés, la continuité écologique des milieux naturels de la mer à la forêt (vasières, prés salés, ourlet dunaire, dune boisée, forêt) est préservée et confère à ce site une valeur exceptionnelle, au niveau national comme au niveau local. Les paysages de la RNN, situés sur des milieux peu ou pas modifiés depuis la fin du XIXe siècle, récapitulent l’histoire même de la lagune, d’avant son occupation par l’homme jusqu’à son aménagement et son exploitation. Le caractère sauvage du site tranche alors avec le littoral urbanisé ou avec les secteurs endigués du bassin d’Arcachon, où la nature s’est vue maîtrisée. L’évolution des couleurs de la végétation, les jeux de lumières propres aux ciels littoraux, l’animation offerte par une faune et une flore qui change aux fils des saisons, sont autant de raisons d’ouvrir ses sens et sa curiosité à la découverte de ce site. Retour sur trente ans d’existence La présence d’espèces floristiques rares, certaines typiques des prés salés et/ou d’affinité méditerranéenne, justifia en 1983, sous l’égide des associations cynégétiques et naturalistes locales, le classement d’une partie du site en Réserve naturelle nationale. À ce fort intérêt botanique s’ajoute une mosaïque d’habitats naturels, incluant non seulement les vasières, les prés salés, des zones de contact haut schorre/dune boisée caractéristiques de la continuité préservée de ce site, mais aussi d’anciens réservoirs à poissons aménagés par l’homme, des prairies humides, des boisements humides, des dunes boisées et des chênaies acidiphiles. Cet assemblage inédit abrite également une faune sauvage particulièrement riche. Premier objectif : réaffirmer la présence d’un gestionnaire L’une des premières missions confiées à l’ONCFS fut de réaffirmer la présence d’un gestionnaire sur le site. En effet, depuis plusieurs décennies, les prés salés d’Arès et de Lège-Cap Ferret sont © Franck Jouandoudet ONCFS Sur cette dynamique, en 1984, l’Association pour la gestion des prés salés d’Arès et de Lège-Cap Ferret (AGRNPSA), regroupant la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le SudOuest (SEPANSO) et la Fédération départementale de chasseurs de la Gironde (FDC 33), a été créée et exerça une activité de gestionnaire pendant un peu plus de vingt ans. La difficulté de cette gestion bipartite, entraîna l’invalidation de plusieurs projets de plan de gestion par la DIREN (actuelle DREAL), puis l’arrêt, de tout financement en 2005. Suite à ce constat, le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (CELRL), propriétaire d’une grande partie du site, a financé la réalisation d’un plan de gestion par un bureau d’étude, en attendant qu’un nouveau gestionnaire soit désigné. Depuis août 2007, c’est l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui est gestionnaire de la Réserve naturelle. Dans le cadre de ce premier plan de gestion, quatre objectifs principaux ont été confiés au gestionnaire. Le trentième anniversaire de la Réserve naturelle et l’échéance prochaine de ce premier plan de gestion est l’occasion de revenir sur les premiers résultats obtenus. N° 29 - Septembre 2014 Vue aérienne de la Réserve naturelle LE DOSSIER fortement ancrés dans l’identité locale des territoires du nord du bassin d’Arcachon. Ainsi, avant la création de la Réserve naturelle, de nombreuses activités étaient déjà présentes sur le site comme le pâturage, la récolte de végétaux, la chasse et la pêche. D’autres activités, beaucoup plus impactantes sur l’environnement, se développaient et des structures avaient été aménagées pour accueillir ces activités : un circuit d’auto-cross et un ball-trap. Dans ce contexte, la gestion du site par l’AGRNPSA, de 1983 à 2005, fut délicate et la réglementation du site était difficilement applicable. L’ONCFS a donc, dans le cadre du plan de gestion de la Réserve naturelle, développé de nombreuses actions pour réaffirmer la présence d’un gestionnaire : définition d’un réseau de sentiers, panneautage et sensibilisation de l’ensemble des usagers au respect de la réglementation ainsi qu’aux enjeux de conservation de la faune et de la flore. Après sept ans, ces actions semblent avoir porté leurs fruits : les taux de rappels à la réglementation sont en constante baisse bien que la fréquentation du site soit en augmentation. Deuxième objectif : faire de la Réserve un territoire d’étude De 1983 à 2007, l’ancien gestionnaire a réalisé plusieurs inventaires sur la faune, la flore et les habitats naturels. Bien que ces données soient indispensables, elles ne sont pas exploitables dans le cadre d’un suivi à long terme des peuplements. Par conséquent, l’ONCFS a eu pour mission de mettre en place, en partenariat avec des scientifiques, des études innovantes de suivi à long terme des peuplements. Cette action s’est concrétisée par la mise en place de protocole de suivis standardisés et réplicables sur la faune, la flore et les habitats naturels patrimoniaux. Ainsi, les espèces floristiques patrimoniales de la Réserve naturelle comme la Silene laeta, la Spergulaire de Heldreich ou la Romulée de Provence est effectué à l’aide de quadrats sur des stations géoréférencées. Ce suivi, réalisé annuellement, permettra d’évaluer sur le long terme les dynamiques d’évolution de ces espèces patrimoniales et de définir les futures orientations de gestion à retenir pour les prochaines années. aussi anthropiques qui peuvent influencer la dynamique des habitats naturels de la RNN. Construit sur la base d’un référentiel d’espèces solide, ce modèle pourra intégrer des données recueillies sur d’autres prés salés de la lagune et ainsi devenir un outil de suivi, à grande échelle, applicable à l’ensemble du bassin d’Arcachon. Les espèces faunistiques ont également fait l’objet d’études approfondies. L’ONCFS s’est impliqué dans les réseaux locaux de suivi de l’avifaune migratrice du bassin d’Arcachon : suivi des limicoles côtiers (SEPANSO RNN Banc d’Arguin), suivi des anatidés hivernants (FDC 33), suivi de la Bernache cravant (FDC 33) et le suivi des passereaux nicheurs par la méthode des IPA (Indices Ponctuels d’Abondances) (partenariat RNN Banc d’Arguin, LPO, FDC33, ONCFS). Toujours dans l’optique de proposer des études innovantes, l’ONCFS, en partenariat avec les scientifiques et les structures locales1, a lancé, dès 2011, un suivi sur les peuplements benthiques et ichtyologique du domaine tidal de la Réserve naturelle. Le protocole mis en place dans cette étude a ensuite été repris à une échelle plus large afin d’évaluer les fonctionnalités écologiques assurées par les prés salés du bassin d’Arcachon vis-à-vis de la macrofaune aquatique. Les peuplements piscicoles du domaine endigué ont également été caractérisés. Ces études ont permis de mettre en évidence l’importante fonction de nourricerie qu’assurent les prés salés et les domaines endigués de la Réserve naturelle et de la lagune. Depuis 2007, la Réserve naturelle joue donc pleinement son rôle de « laboratoire à ciel ouvert ». La reconduite des travaux réalisés ces dernières années permettront d’évaluer les dynamiques d’évolution des espèces et des milieux sur le site afin de définir les prochaines orientations de gestion à retenir. Ces suivis innovants, une fois perfectionnés, seront mis à disposition d’autres gestionnaires d’espaces naturels afin d’envisager des suivis à plus grande échelle. © Jerome Allou ONCFS Troisième objectif : Renaturer les espaces naturels dégradés Suivi des espèces végétales patrimoniales sur la Réserve naturelle avec le Conservatoire botanique Sud Atlantique Dans la même optique, un suivi des habitats naturels de la Réserve a été mis en place sur plus de 800 points géo-référencés à l’aide d’unités d’échantillonnage standardisées (surfaces fixes) et d’une approche phytosociologique. Effectué tous les cinq ans, ce suivi permettra de mesurer les effets de phénomènes naturels mais Lors de la prise en gestion, une piste d’auto-cross et un ball-trap étaient présents sur le site. Créée en 1978, la piste automobile en forme de 8, d’une superficie de 2,8 hectares, témoignait de la notion d’espace de liberté que représentait autrefois ce marais maritime. Composée de graviers, gravats et d’un géo textile, elle occasionnait une réduction significative des zones humides de la Réserve, un aspect paysager négatif et une menace pour les espèces protégées et patrimoniales sur et à proximité de cette piste. Des travaux de renaturation ont été entrepris et ont permis d’obtenir de bons résultats : n restauration d’habitats naturels de type « haut schorre » et « prés salés de contact » ; n restauration d’un marais saumâtre à roselière et à végétation basse ; n expansion des habitats potentiels des espèces végétales protégées ; n amélioration du fonctionnement hydraulique sous influence tidale des milieux restaurés. Multipartenariat, Agence des aires marines protégées, Office national de la chasse de la faune sauvage, Université de Bordeaux I (EPOC), IRSTEA, Commune de La Teste-de-(Buch, SEPANSO, Agence de l’eau Adour-Garonne, Région Aquitaine, ADERA (1) 8 9 LE DOSSIER © Sylvain BRUN ONCFS Le ball trap n’a pas encore été renaturé mais ceci constituera une action prioritaire du prochain plan de gestion de la Réserve naturelle. Quatrième objectif : Mettre en place une gestion éco participative Les espèces dites envahissantes peuvent concourir à la modification et à la disparition de certains habitats et espèces patrimoniales par compétition interspécifique entrainant l’homogénéisation des paysages. Non exempte des marais maritimes littoraux la question de la gestion des espèces envahissantes est régulièrement source de débats, de problématiques de gestion et de réflexions auxquels sont confrontés de nombreux gestionnaires d’espaces naturels. Chantier bénévole de lutte contre le Baccharis à feuille d’arroche avec les ACCA et l’association surf-insertion Mentionné pour la première fois sur le bassin d’Arcachon en 1891, le Baccharis à feuille d’arroche, originaire d’Amérique du Nord, est aujourd’hui omniprésent sur le domaine endigué et le haut schorre de la Réserve. L’ONCFS a mis en évidence son importante dynamique de colonisation sur la Réserve naturelle : + 11 hectares entre 1985 et 2010. En 2010, cette espèce occupait près de 60 % des habitats naturels du haut schorre (28 hectares) et menaçait de ce fait certaines fonctionnalités écologiques des prés salés. Un nouveau plan de gestion pour les cinq prochaines années Les principaux objectifs fixés lors de la reprise en gestion de la Réserve naturelle ont impulsé des orientations de gestion qui resteront les grandes lignes directrices pour les années à venir. La gestion future restera donc, comme les années précédentes : n patrimoniale, c’est-à-dire qu’elle visera avant tout à maintenir les habitats naturels, les espèces et les cortèges de forte valeur patrimoniale. La continuité préservée des habitats des prés salés, de la vasière jusqu’à la dune boisée, permettra une libre évolution des habitats naturels et des espèces et s’identifiera alors, de façon évidente, avec la non-intervention. Cependant, ce choix de la nonintervention ne sera pas appliqué dans le cadre de perturbations liées et définies par des phénomènes exogènes. Cette gestion patrimoniale aura également pour objectif de maintenir et mettre en valeur les aspects culturels du site. Suite à ce constat, une démarche de gestion participative de cette problématique a été privilégiée. L’équipe de la RNN s’est donc rapprochée de plusieurs structures associatives implantées localement (associations d’insertion, associations cynégétiques, club de randonneurs…) afin de restaurer les parcelles présentant de forts enjeux de conservation (habitats d’espèce floristiques patrimoniales, enjeux oiseaux d’eau, zone de ponte de Cistude, etc.). L’implication de ces structures dans la gestion de cette espèce a permis l’organisation de chantiers de bénévoles. Sur un plan environnemental, ces chantiers ont permis de restaurer, en l’espace de sept ans, environ 13,5 hectares d’habitats naturels dégradés. n non uniforme car elle privilégiera dans les objectifs les milieux et les espèces à la fois les plus remarquables et les plus menacés ; n adaptative, c’est-à-dire qu’elle pourra, en fonction de l’évolution © Julien Steinmetz ONCFS N° 29 - Septembre 2014 Le circuit d’auto-cross avant renaturation. © Julien Steinmetz ONCFS des habitats, moduler le régime d’intervention ou de non intervention sur les secteurs définis ; Véritables facteurs de lien social, d’échanges culturels et intergénérationnels entre les différents usagers et participants, ces chantiers se sont révélés être un formidable outil au service de la nature à dimension humaine. Ils incarnent, à eux seuls, les enjeux et politiques à mettre en œuvre dés aujourd’hui, et à plus grande échelle, afin de garantir la santé et le bon fonctionnement de nos écosystèmes et de notre société. Le circuit d’auto-cross après renaturation LE DOSSIER Bien que d’importantes avancées aient été réalisées ces dernières années en termes d’accueil du public, de mise en place d’études scientifique, de renaturation d’habitats anthropisés et de gestion participative, de nombreuses actions restent à réaliser. Ainsi, lors du prochain plan de gestion, une véritable stratégie d’accueil du public sera mise en place et permettra au public de profiter du territoire en s’appropriant la question de la conservation de la biodiversité. Pour cela, le plan de circulation de la Réserve naturelle sera en partie actualisé afin de rendre possible l’accessibilité du site aux publics en situation de handicap. La Réserve continuera à endosser son rôle de territoire d’études. Lors du précédent plan de gestion, de nombreux suivis standardisés et réplicables ont été mis en place et seront poursuivis afin d’obtenir la dynamique d’évolution des espèces et des habitats de la Réserve naturelle. De nouvelles études seront également proposées. Suite à l’envahissement du haut schorre par des espèces aux dynamiques envahissantes (Chiendent du littoral, Spartine bigarrée, Jonc maritime, Baccharis…), l’ONCFS expérimentera, en étroite collaboration avec les acteurs locaux et les scientifiques, différents modes de gestion de la végétation des prés salés par la fauche et le pâturage. Sur la partie poldérisée de la Réserve, berceau d’activités économiques aujourd’hui disparues, la gestion des anciens réservoirs à poissons, typiques des paysages propres à la lagune du bassin d’Arcachon, tendra également vers l’expérimentation de nouvelles modalités afin de mettre en place une gestion intégrée de ceux-ci. Axée notamment sur l’aspect hydraulique, elle devra permettre de concilier, à la fois, une gestion écosystèmique de ces milieux tout en permettant d’optimiser la continuité écologique avec les eaux de la lagune. Après trente ans d’existence, la Réserve naturelle joue donc aujourd’hui pleinement son rôle. À la fois zone de protection, d’accueil du public, de laboratoire et d’usages, la Réserve naturelle nationale des prés salés d’Arès et de Lège-Cap Ferret représente maintenant un territoire vivant et identifié par la population locale. Bien que des inquiétudes légitimes puissent apparaître par rapport au changement climatique prévisible, à la multiplication des pratiques et usages ou à l’accroissement démographique important du bassin d’Arcachon, le travail du gestionnaire sera de valoriser l’importance de la Réserve auprès des populations locales afin de faire évoluer les mentalités et d’associer la Réserve naturelle à un développement socio économique maitrisé. Richard DENEUVIC Garde technicien RNN prés salés, ONCFS Tél. 06 37 30 18 38 Courriel : [email protected] Sylvain BRUN Conservateur RNN prés salé, ONCFS Tél. 06 28 66 78 71 Courriel : [email protected] Site Internet : http://www.reserve-naturelle-pres-sales.org/ © Sylvain Brun ONCFS Aujourd’hui, les usages se diversifiant, l’ONCFS aura également pour mission d’encadrer ces nouveaux usages de façon à les rendre compatibles avec les exigences liées au statut de Réserve naturelle nationale. L’activité cynégétique présente sur le site se doit d’être exemplaire. Pour cette raison, l’équipe de la Réserve naturelle mènera un important travail avec les chasseurs afin de rendre cette activité la moins perturbante possible pour la faune et la flore, d’intégrer au mieux la chasse dans l’environnement et de continuer la gestion du site de façon participative avec ces usagers. Le pré salé à marée basse 10 11 acteurs en marais © CBN de Brest (Thomas Bousquet) Une application pour connaître la répartition de la flore vasculaire de l’ouest de la France Inventaire sur le terrain Etablissement public, le Conservatoire botanique national de Brest étudie et préserve la flore sauvage et les habitats naturels et semi-naturels de l’ouest de la France. Il est agréé depuis 1990 par le ministère de l’Ecologie pour intervenir sur les régions Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire hors la Sarthe. Accessible sur www.cbnbrest.fr/ecalluna, l’application eCalluna propose d’accéder à une information de synthèse issue de plus de 3,5 millions de données sur la répartition des plantes, accumulées par le Conservatoire botanique depuis plus de trente ans. L’information est restituée sous forme de cartes et de listes d’espèces. L’utilisateur peut choisir le territoire d’interrogation (une région, un département, une commune) et l’échelle de restitution (département, maille, commune). MIEUX CONNAÎTRE POUR MIEUX APPRéHENDER LA FLORE QUI NOUS ENTOURE eCalluna permet de connaître la répartition géographique et de suivre l’évolution des populations de plantes sauvages dans le temps et à différentes échelles : n une référence pour aider les élus et les professionnels de l’environnement à prendre en compte la préservation de la diversité végétale sauvage ; n des données utiles aux botanistes pour développer leur connaissance ; n des informations susceptibles d’intéresser les citoyens, les enseignants, les curieux de nature… SOURCES DES DONNéES Les données mobilisées proviennent d’inventaires de terrain et du dépouillement de sources bibliographiques. L’application eCalluna agrège ainsi des données provenant de sources variées comme les atlas floristiques départementaux, des flores anciennes et des inventaires de terrain réalisés par les botanistes du Conservatoire et ses collaborateurs bénévoles. Les informations sont mises à jour de manière hebdomadaire pour tenir compte des découvertes récentes. En effet, les informations affichées sont le reflet d’un état des connaissances disponibles au Conservatoire botanique au moment de la consultation de l’outil, elles ne prétendent pas à exhaustivité et leur qualité dépend largement de l’état de la connaissance, lequel peut varier fortement entre territoires. Maillage : façon de découper le territoire en divisions de même taille, carrées ou rectangulaires ; représentation très souvent utilisée pour la cartographie de la répartition d’espèces de flore ou de faune (1) N° 29 - Septembre 2014 Inventaires de terrain Depuis le début des années 1990, le Conservatoire botanique anime un « inventaire permanent de la flore » de son territoire. Cet inventaire vise à recueillir des informations sur la répartition de la flore vasculaire sur la base d’un protocole standardisé. De nombreux botanistes bénévoles y contribuent en transmettant leur données au Conservatoire botanique ; actuellement ils sont plus de 500 à participer activement à l’inventaire. Avant leur intégration dans les bases de données du Conservatoire botanique, la cohérence de chaque donnée d’inventaire est validée (validation nomenclaturale, taxonomique et géographique). Cette validation vise à garantir la cohérence, la fiabilité et la traçabilité des informations. Pour aider les botanistes dans leur travail et les remercier de leur contribution, le Conservatoire botanique met à disposition un certain nombre d’outils (référentiel taxonomique, clés de détermination, bordereau d’inventaire et outil de saisie en ligne, revue E.R.I.C.A. …). Il propose également aux botanistes de se rencontrer sur le terrain à l’occasion de sorties botaniques. Avertissement eCalluna fait appel à des données provenant de sources variées. Selon les sources, les échelles de recueil ne sont pas les mêmes, ce qui limite leur utilisation à d’autres échelles de restitution. C’est ainsi qu’il est difficile de transformer une donnée de présence recueillie à l’échelle d’une maille1 en donnée communale, la maille pouvant en effet recouper plusieurs communes ou bien une commune concerner plusieurs mailles. De manière générale pour les cartes de répartition, les cartes « à la maille » sont les plus complètes et homogènes car elles intègrent un maximum de données de sources différentes. Pour les territoires ayant fait l’objet de nombreux inventaires de terrain, selon la méthodologie de l’inventaire du Conservatoire botanique, l’information fournie par les cartes est identique, peu importe l’échelle de restitution choisie. © CBN de Brest (Hermann Guitton) Conscient que le partage de la connaissance est un maillon essentiel pour la préservation du patrimoine naturel de son territoire, il a développé un système d’information en ligne sur la flore vasculaire nommé eCalluna. Drosera rotundifolia (Rossolis à feuilles rondes) © CBN de Brest (copie d’écran) ACTEURS EN Marais Interface de consultation de l’application eCalluna eCalluna propose deux types d’interrogation : une entrée par plante et deux entrées par territoire (par commune et par territoire supra-communal). Entrée par plante Si on s’intéresse à la répartition d’une plante sur un territoire donné, il suffit de saisir le nom d’une plante – nom scientifique ou nom français – pour obtenir sa carte de répartition dans l’entrée « Recherche par plante ». © CBN de Brest (copie d’écran) On distingue les données de présence « historique » des données « modernes », qui correspondent aux données récoltées depuis 1980. Sous la carte s’affiche la liste des communes ou des mailles dans lesquelles la plante a été observée, avec indication de la dernière date d’observation. En en-tête figure une photo de la plante ainsi que les noms scientifiques et français de la plante. On y trouve également des informations sur le statut de la plante, comme, par exemple, sa protection et sa vulnérabilité, mais également son éventuel caractère invasif. Répartition de Drosera rotundifolia (Rossolis à feuilles rondes) sur le territoire du Conservatoire botanique. Échelle de restitution maille UTM de 10 km² (source eCalluna du 26-05-2014) Entrées par territoire Quelles sont les plantes présentes sur ma commune ? Certaines d’entre-elles sont-elles protégées ? Ce type d’information se trouve dans l’entrée « Recherche par commune ». On y trouve également des indications sur l’état des connaissances de la flore à l’échelle de la commune à travers le nombre d’observations floristiques la concernant. La volonté du Conservatoire est de fournir dans cette rubrique quelques chiffres clés sur la flore vasculaire des communes de son territoire et de sensibiliser les citoyens à ce patrimoine souvent méconnu. Les informations fournies peuvent alimenter directement les démarches du type « atlas de la biodiversité communale ». Pour comparer des territoires entre eux et identifier, par exemple, des territoires à forts enjeux, mais également des territoires mieux connus que d’autres, il faut choisir l’entrée « Synthèse par territoire ». Les cartes proposées permettent de visualiser la répartition des plantes protégées ou invasives, mais également plus globalement de la diversité floristique à l’échelle du territoire d’intervention du Conservatoire botanique national de Brest. Pour garantir la cohérence des cartes et des chiffres clés fournis dans les entrées par territoire, peu importe l’échelle de restitution, il a été choisi de n’y représenter que les données recueillies au moins à l’échelle communale et des données considérées « modernes ». Carte du nombre d’observations par commune pour les Pays de la Loire - hors la Sarthe Cette carte reflète bien l’état des connaissances de la flore des départements de la Vendée, de LoireAtlantique, de la Mayenne et du Maine-et-Loire. On note notamment une forte pression d’observation dans le Maine-et-Loire, département qui fait actuellement l’objet d’un important programme d’inventaire en prévision de l’élaboration de l’atlas floristique du département. © CBN de Brest (copie d’écran) PLUSIEURS INTERROGATIONS POSSIBLES PERSPECTIVES La récente mise en ligne de l’application eCalluna constitue une première étape dans le développement d’une meilleure capacité de restitution de l’information scientifique et technique du Conservatoire botanique. Le Conservatoire botanique complètera progressivement les dispositifs visant à diffuser ces informations à partir de l’outil Internet. Il est ainsi prévu d’améliorer progressivement eCalluna et de développer de nouveaux contenus et de nouvelles formes de restitution de l’information sur la flore et les végétations du territoire d’action du Conservatoire botanique. LIEN VERS L’APPLICATION : www.cbnbrest.fr/ecalluna Marion HARDEGEN Déléguée régionale de l’Antenne Bretagne Référent interrégional eCalluna Conservatoire botanique national de Brest Tél. 02 98 41 88 95 Courriel : [email protected] Site Internet : www.cbnbrest.fr 12 13 VIVRE EN Marais Renaturation par dépoldérisation de l’île Nouvelle Le Département de la Gironde, dans le cadre de sa politique en matière d’Espaces naturels sensibles, a entrepris un projet pionnier de renaturation de l’Île Nouvelle, propriété du Conservatoire du littoral (1991). Analyse du contexte géologique et hydrogéologique (BRGM) Un site en devenir : le projet développé sur l’île Cette dernière est en charge localement vis-à-vis des eaux estuariennes mais ne semble pas impacter d’un point de vue qualitatif les eaux de la Garonne. Aussi, la dépoldérisation ne présente-t-elle pas d’impact sur les eaux souterraines (Éocène). L’île Nouvelle vit aujourd’hui ses premiers temps de reconnexion à l’estuaire. Le Conservatoire du littoral et le Département de la Gironde se sont associés pour mettre en valeur ce site autour d’un projet à la fois écologique et patrimonial. Après deux siècles d’activités agricoles, il s’agit maintenant de la « renaturer », de la redonner à la nature et de laisser le fleuve revenir l’inonder afin de lui permettre d’accueillir une faune et une flore les plus variées possibles. Il s’agit également de valoriser l’histoire des hommes qui ont vécu sur ces îles. Pour la partie sud de l’Île (île Sans pain) cette renaturation passe par une gestion des niveaux d’eau contrôlée par le biais de deux écluses. Au nord (île Bouchaud), en février 2010, la tempête Xynthia a provoqué une voie d’eau au nord-est de la digue et a créée, en quelques mois, une « coursive » sur plus d’un kilomètre de long et une trentaine de mètres de large. Depuis, l’eau pénètre et inonde sur un rythme tidal tout le nord de l’île selon l’importance des coefficients de marées. La morphologie de cette coursive a évolué rapidement avec une première phase d’érosion régressive jusqu’en 2012, puis en 2013 s’est dessiné une phase de stabilisation. L’inondation tidale impacte la couverture végétale sur toute cette zone. Les espèces rudérales qui s’étaient installées sur cette friche agricole ainsi que les jeunes frênaies ne résistent pas à l’inondation régulière ainsi qu’à la salinité des eaux. Une importante vasière se constitue sur cet espace, avec sur les zones les plus hautes le développement d’une végétation de zone humide intertidale. Pour comprendre précisément ce phénomène, le Département de la Gironde s’est tourné vers la communauté scientifique afin d’étudier la nature de cette dépoldérisation. C’est en 2012 qu’un projet de recherche pluridisciplinaire et pluriannuel (trois ans) est contractualisé avec le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA) et l’Association pour le développement de l’enseignement et des recherches auprès des Universités, des centres de recherche et des entreprises d’Aquitaine (ADERA) représentant plusieurs laboratoires et co-financé par l’Agence de l’eau Adour-Garonne et la Région Aquitaine. Caractérisation de la dynamique sédimentaire (Université de Bordeaux I - UMR 5805 EPC - Équipe METHYS / GEO-Transfert) La dépoldérisation soumet la partie nord de l’île Nouvelle au balancement des marées et provoque une sédimentation fine active lors de chaque inondation. Cette partie de l’île constitue donc une vaste zone de piégeage des sédiments qui l’ont transformée en immense vasière. Les dépôts de vase se font quotidiennement à un rythme qui varie en fonction des débits de la Garonne et de la Dordogne. L’hypothèse du rôle du bouchon vaseux de la Gironde dans cette sédimentation est évoquée et est en cours d’analyse. Les dépôts se font majoritairement au milieu et en haut de la vasière. Les parties basses, proches de la coursive, subissent des courants forts qui y limitent la sédimentation. La quantité des dépôts dépasse par endroit le mètre. L’analyse des sédiments à permis de caractériser ceux-ci plutôt fluides en surface (teneur en eau comprise entre 50 et 76 %), constituant des vases relativement homogènes qui engendrent une sédimentation unimodale et très cohésive. Depuis la fin de l’hiver 2012-2013, les parties les plus hautes de la vasière (qui subissaient les taux de sédimentation les plus importants) montrent un ralentissement dans leur sédimentation. Ces parties se stabilisent et ne sont plus inondées que lors des plus grandes vives-eaux ou lors d’événements de tempête. Spatialisation de la contamination métallique et organique dans les sols et sédiments de l’île Nouvelle et évaluation des risques géochimiques en cas de remobilisation / érosion (Université de Bordeaux I - UMR 5805 EPOC Équipe TGM et LPTC) L’étude des contaminants métalliques dans les sols et les sédiments de l’île Nouvelle ne montre pas d’anomalie au regard du bruit de fond des métaux dans l’environnement de l’île, en termes d’enrichissement des sols en chrome, nickel, arsenic, zinc et plomb. Pour ce qui concerne le cuivre, il n’y a pas d’anomalies sauf ponctuellement dans la partie sud, quant au cadmium l’enrichissement est mineur à modéré sur l’île à l’exception de la partie sud (dépoldérisée depuis plusieurs décennies) qui présente un enrichissement sévère. Cet enrichissement sévère © Sylvain CARDONNEL Les différents volets étudiés et les premiers résultats sont les suivants. Cette étude, qui a consisté essentiellement en la synthèse des connaissances actuelles, a permis de mettre en évidence qu’au droit de l’île Nouvelle, il n’y a pas de nappe superficielle (nappe phréatique) et que la première nappe rencontrée est celle de l’Éocène moyen. N° 29 - Septembre 2014 Evolution de la végétation © Sylvain CARDONNEL VIVRE en EN marais Marais Accumulation des sédiments Equipe IRSTEA Pêche scientifique sur cette zone déjà dépoldérisée s’explique par le piégeage de ces métaux, cuivre et cadmium lors des submersions. En effet, lors des tests de remobilisations de ces contaminants métalliques, on observe un piégeage des contaminants cités lors du flot et particulièrement au cours des marées de vives-eaux. L’analyse des contaminants organiques est en cours. Evolution de la couverture végétale de l’île Nouvelle par télédétection spatiale (GEO-Transfert) Ce volet consiste à étudier la transformation des sols ainsi que les différentes étapes de colonisation des nouveaux cortèges floristiques par télédétection spatiale au rythme d’une à deux images par an. L’acquisition et l’analyse des images satellites depuis 2009 a permis de définir un modèle conceptuel de l’évolution du couvert en quatre étapes : submersion, inondation tidale, comblement et stabilisation. La submersion et l’apparition de la brèche a tout d’abord engendré une érosion régressive (creusement d’une « coursive ») et la salinisation des sols provoquant un déboisement et un apport de sédiments. L’inondation tidale poursuit ce phénomène d’érosion et d’apport de sédiments. La phase de comblement se caractérise par une accumulation des sédiments et le début d’une colonisation primaire qui va préparer la phase de stabilisation avec le comblement et la densification du couvert végétal. Ce modèle sera éprouvé courant 2014 et 2015 et affiné notamment sur la caractérisation du couvert végétal. Effets et intérêts de la dépoldérisation de l’île Nouvelle pour les poissons et macrocrustacés de l’estuaire (IRSTEA Bordeaux - Unité EPBX) Cette étude consiste à décrire les assemblages de poissons, crabes et crevettes d’un marais dépoldérisé, en comparaison avec d’autres milieux : une vasière naturelle à proximité et une zone poldérisée sur l’île. Les premiers résultats ont permis de détecter la présence en abondance de deux espèces, le Gobie tacheté Pomatoschistus microps espèce estuarienne et le Mulet porc Liza ramada espèce migratrice, l’Anguille Anguilla anguilla est toujours présente, en revanche les espèces de poissons d’eau douce se raréfient ou disparaissent. Coursive L’étude souligne également la présence de quatre espèces migratrices amphihalines dans un habitat potentiellement important lors des phases de migration l’Alose feinte Alosa fallax, l’Anguille Anguilla anguilla, le Mulet porc Liza ramada et le Flet Platichtys flesus. Enfin, on constate le déclin de la Crevette des marais P. Varians au profit de la Crevette de l’estuaire P. longirostris et la présence saisonnière de la Crevette grise. Analyse d’une politique de gestion visant à la renaturation de l’île Nouvelle (IRSTEA Bordeaux - Unité ADBX) Ce volet en lien avec le projet ANR Adapt’eau, prévoit d’analyser les perceptions de cette politique de gestion : renaturation par dépolderisation auprès des acteurs de l’estuaire de la Gironde (gestionnaires locaux, prestataires, visiteurs). Aussi une trentaine d’acteurs ont été audités dans le cadre de cette étude sur les thématiques des changements globaux et de la protection face risque inondation, de la vulnérabilité des écosystèmes, de la gouvernance des zones humides et du rôle des acteurs. Une analyse des enjeux socio-économiques est aussi en cours et doit se décliner sur 2014/2015. À l’issue de ces trois années d’étude ce programme de recherche devrait permettre à la collectivité d’avoir un outil d’aide à la décision fiable et d’établir un plan de gestion sur la base des diagnostics réalisés. Sylvain CARDONNEL Garde gestionnaire des ENS - coordonnateur Secteur Nord Service environnement - Bureau du patrimoine naturel Direction de l’environnement et du tourisme Conseil général de la Gironde Tél. 05 56 99 33 33 - poste 50 76 / 06 25 17 15 45 Courriel : [email protected] Site Internet : http://www.gironde.fr/ © Sylvain CARDONNEL En outre, les espèces marines euryhalines sont très peu représentées, seulement trois espèces : Bar franc Dicentrarchus labrax, Sole Solea sp. et Anchois Engraulis encrasicolus et très peu d’individus, probablement en lien avec la position de l’île dans l’estuaire (haut estuaire oligohalin à mésohalin). Le faible rôle de nourricerie pour ces espèces est à confirmer. Entrée de la brèche 14 15 VIVRE EN Marais Mise en place d’outils de diagnostic et de suivi pour la conservation et la restauration des zones humides de Gironde Plus de deux tiers des zones humides françaises (marais, lacs, cours d’eau, tourbières, estuaires) ont été détruits depuis le début du siècle dernier. Dans le cadre de la Convention internationale de Ramsar (1986), de nombreux rapports ont montré la nécessité d’étendre les études sur les zones humides afin de porter à connaissance l’origine et l’étendue des menaces sur ces habitats et les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre elles. À ce titre, le Département de la Gironde (33), en appui avec l’Agence de l’eau Adour-Garonne (AEAG), a établi un « Plan d’Actions départemental pour les Zones Humides » (PAZH) préconisant d’améliorer la connaissance du patrimoine floristique et faunistique et de favoriser la mise en œuvre de gestions intégrées des zones humides girondines. Pour approfondir ces actions, le Conseil général de la Gironde et l’AEAG participent financièrement à nos travaux de thèse effectués au sein de l’UMR BioGeCo-Université de Bordeaux. Le département de la Gironde, abrite une diversité de zones humides, certaines étant soumises à de fortes perturbations anthropiques ou non. Cette multiplicité se retrouve aussi dans le type de gestion et les données produites sur chacun des sites gérés. Au cœur des questions de recherche en écologie des communautés, cette thèse vise à répondre à plusieurs attentes des gestionnaires et instances publiques : quels sont les états de conservation des communautés végétales de zones humides de Gironde ? Comment mesurer l’efficience de la gestion en répondant à des objectifs de conservation ? Quels sont les services rendus par les écosystèmes ? Nous travaillons sur deux systèmes : les landes humides et les prairies alluviales. Quel est l’état de conservation des communautés végétales de zones humides en Gironde? De nombreux relevés floristiques ont été réalisés depuis plus de cinquante ans dans le département. Nous avons utilisé ces relevés anciens et réalisé de nouveaux relevés floristiques dans les mêmes types de communautés végétales (Fig. 1). Dans un contexte de changement global, l’analyse conjointe des relevés anciens et récents, permet de mettre en évidence l’évolution temporelle des communautés végétales depuis ces cinquante Fig. 2 - Schéma systémique global dernières années, en considérant les communautés anciennes comme « écosystèmes de référence ». Les relevés actuels sont réalisés au sein de placettes permanentes géoréférencées, permettant ainsi de constituer l’état initial pour un suivi. À ces relevés floristiques actuels seront couplées des données environnementales récoltées cette année (type de sol, gestion, fauche/ pâturage,…). En faisant appel à des analyses statistiques, nous pourrons alors construire les différents stades d’un habitat le long des gradients environnementaux définis précédemment. Le gestionnaire pourra ainsi se placer le long de cette trajectoire et identifier la position actuelle et attendue de sa communauté végétale, sous l’effet d’un ou plusieurs facteurs environnemental (Fig. 2). Comment s’assemblent et coexistent les espèces végétales dans un habitat référence : les prairies à Molinie (Habitat 6410)? L’objectif de cette partie est, par une approche expérimentale, de comprendre le frein à l’expression de la diversité dans les communautés végétales de prairies à Molinie de la Réserve naturelle nationale « Étang de Cousseau ». Pour avoir une diversité végétale élevée, faut-il favoriser la connexion entre habitats et donc la dispersion de graines (trames vertes) ou une gestion locale par la fauche ou le pâturage ? Pour cela, nous mimons la dispersion grâce à un semis de graines d’espèces de prairie à Molinie, et la fauche par la suppression des espèces dominantes à deux périodes de l’année - (Fig. 3). Conclusion À terme, les données acquises constitueront une base de données protocolée visant à assurer un suivi permanent dans le but de créer un observatoire de la qualité des habitats des zones humides de Gironde. Il intégrera à la fois des indicateurs d’état de la biodiversité végétale et animale mais aussi les rôles écosystémiques que peuvent remplir ces habitats. Elsa ALFONSI, doctorante Didier ALARD et Marie-Lise BENOT, encadrants UMR BioGeCo Tél. 05 40 00 30 06 Courriel : [email protected] ne (Gironde) Fig. 1 - Le marais de la Verg N° 29 - Septembre 2014 Fig. 3 - Dispositif expérimental sur la RNN Etang de Cousseau Q uelques infos Agenda , Appel a contribution Contribuer à la Lettre « Forum » et à la newsletter « Esc@le » Séminaire sur les schémas d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Le ministère chargé du développement durable organise conjointement avec l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Office International de l’Eau (OIEau) et en lien avec le groupe national SAGE, un séminaire sur les schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE), les 23 et 24 septembre 2014 à Paris. Ce séminaire a pour but de promouvoir l’intérêt des SAGE comme outil de planification et d’aménagement du territoire auprès des élus locaux, notamment par le biais de témoignages de présidents de commissions locales de l’eau (CLE). Il sera également un lieu d’échanges et de réflexion avec les animateurs de SAGE, sur les besoins et des pistes de recommandation pour accompagner la montée en puissance des SAGE. Contact : [email protected] Consulter le communiqué MEDDE/Onema/OIEau sur le séminaire SAGE : http://www.gesteau.eaufrance.fr/sites/default/files/ Message_S%E9minaire-SAGE.pdf Le Forum des Marais Atlantiques communique régulièrement sur les actions et les projets de vos structures, et ce au travers de sa lettre d’informations « Forum ». Si vous souhaitez communiquer et valoriser vos actions, vous pouvez rédiger et nous transmettre vos articles afin qu’ils soient publiés dans la lettre. Vous pouvez nous signaler tout événement (colloques, etc.) ou publications susceptibles de figurer dans ce document de communication. Vous pouvez également valoriser vos informations via notre newsletter mensuelle « Esc@le ». Diffusée par email, cette newsletter présente, sous forme de brèves, une actualité régulière sur les zones humides littorales de l’Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord : - programme des prochaines manifestations, - études et projets en cours, - réglementation sur les zones humides et le littoral, - sélection de publications. Pour nous transmettre vos articles, écrivez à la coordinatrice : Christelle Boucard [email protected] / Tél. 05 46 87 80 36 Agenda La Trame verte et bleue (TVB), un outil d'aménagement du territoire pour la préservation de la biodiversité Les lois dites « Grenelle I et II », respectivement de 2009 et 2010, ont fixé les grands axes pour la création d’une Trame verte et bleue. Pour sa mise en œuvre, la TVB est encadrée essentiellement par les dispositions du Code de l’environnement et du Code de l’urbanisme. La Trame verte et bleue est une démarche qui porte une ambition forte et structurante : celle d’inscrire la préservation de la biodiversité dans les décisions d’aménagement du territoire, notamment dans les schémas de cohérence territoriale (SCOT) et dans les plans locaux d’urbanisme (PLU). Pour réussir, elle nécessite la participation active des citoyens, des opérateurs économiques, des organisations de protection de la nature et des administrations publiques ayant des compétences à la fois dans la conservation et la planification. Aussi, le 23 octobre 2014, au Palais des congrès de Rochefort, dans le cadre de l’organisation de son 12ème Conseil des Marais, le Forum des Marais Atlantiques vous propose de présenter l’outil Trame verte et bleue sous l’éclairage d’expériences de sa mise en œuvre au travers d’exemples d'intégration des enjeux des territoires dans les documents d'urbanisme ou de la réalisation d'opérations concrètes de remise en bon état de continuités écologiques. Cette journée vise à clarifier les questions récurrentes que tout un chacun (administrations, associations, techniciens des collectivités, gestionnaires, élus, mais également grand public) se pose sur cette démarche, c’est-à-dire sur les objectifs, les principes, le cadre juridique, les procédures, les sources de financement, la gouvernance, etc. Coin lecture Avec le concours des membres du Forum des Marais Atlantiques Coordination régionale LPO Pays de la Loire. 2014. Oiseaux nicheurs des Pays de la Loire. 576 p. Editions Delachaux et Niestlé : Paris Par sa situation privilégiée aux frontières du Massif armoricain, du Bassin parisien et du Bassin aquitain, traversée par la Loire, la Région Pays de la Loire possède un patrimoine naturel d’une grande richesse et d’une exceptionnelle diversité. Ainsi, avec 201 espèces d’oiseaux nicheurs, elle abrite plus de la moitié de l’avifaune qui se reproduit sur le territoire national. et de ses partenaires financiers et institutionnels Cet ouvrage est l’aboutissement d’un remarquable travail collectif animé par la Coordination régionale LPO Pays de la Loire qui fédèrent un grand nombre d’associations ornithologiques. Il est le fruit de six années de prospection intensive. L’ouvrage regroupe 201 monographies rédigées par 92 auteurs qui permettent d’avoir aujourd’hui un bilan précis et actualisé de l’état de l’avifaune nicheuse régionale. Véritable mine d’informations sur la répartition des espèces, leur évolution, les menaces qui pèsent sur elles et les mesures de conservation à mettre en œuvre, cette compilation inédite permettra à chacun de mieux connaître l’avifaune régionale et de mieux agir pour sa protection. En effet, le constat est alarmant : sur les 201 espèces nicheuses en Pays de la Loire, près d’un tiers (57 espèces, soit 32 %) sont menacées de disparition et notamment des espèces jugées autrefois communes, telles que le Moineau friquet, la Linotte mélodieuse ou encore le Bouvreuil pivoine. Ce livre, dirigé par la Coordination régionale de la LPO Pays de la Loire, a pu voir le jour grâce aux partenariats avec le Groupe naturaliste de Loire-Atlantique, la LPO Anjou, la LPO Loire-Atlantique, la LPO Sarthe, la LPO Vendée, Mauges Nature, Mayenne Nature Environnement, la Réserve naturelle nationale du lac de GrandLieu (Société nationale de protection de la nature) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Pour le commander : Editions Delachaux et Niestlé : http://www.delachauxetniestle.com Pour l’emprunter : Centre de documentation du Forum des Marais Atlantiques : [email protected] La lettre est éditée par le Forum des Marais Atlantiques - BP 40214 quai aux Vivres, 17304 Rochefort sur Mer Cedex Tél. 05 46 87 08 00 - Fax 05 46 87 69 90 www.forum-zones-humides.org [email protected] Portail national des zones humides : www.zones-humides.eaufrance.fr Directeur publication : Benoît Biteau Rédacteur en chef : Gilbert Miossec Coordination : Christelle Boucard Crédit photo : FMA sauf mentions spécifiques Impression : PEFC/10-31-1240 ISSN 1775-4208 (numérique) ISSN 1769-0013 (papier) Dépôt légal à parution Conception et réalisation : www.montgomery-ouest.com
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