Pièces mécaniques soudées Traitements thermiques et mécaniques par Alain MICHEL Ingénieur CNAM et ESSA Professeur à l’École supérieure du soudage et de ses applications (ESSA) 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 État des assemblages après l’opération de soudage..................... Rappel sur les effets du cycle thermique vis-à-vis du matériau .............. Rappel sur la genèse des contraintes résiduelles..................................... Contraintes et déformations résiduelles générées par le soudage......... Opportunité de la relaxation des contraintes............................................ BM 5 190 - 2 — 2 — 3 — 6 — 8 2. 2.1 2.2 2.3 — — — 9 9 9 2.4 Traitements thermiques sur les ensembles soudés ....................... Traitements en vue de rétablir les propriétés de référence ..................... Traitement thermique de relaxation des aciers ........................................ Traitement thermique de relaxation-adoucissement des aciers non austénitiques................................................................................................ Traitement thermique des structures en alliages d’aluminium ............... — — 10 11 3. 3.1 3.2 3.3 Traitements mécaniques sur les ensembles soudés ...................... Martelage en cours de soudage ................................................................. Relaxation mécanique par étirage ............................................................. Relaxation mécanique par vibrations ........................................................ — — — — 11 11 11 12 4. 4.1 4.2 Traitements thermomécaniques sur les ensembles soudés ........ Redressage par chaude de retrait .............................................................. Relaxation thermomécanique (méthode Linde) ....................................... — — — 12 12 13 5. 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 Traitements de parachèvement des assemblages soudés ........... Arasage des surépaisseurs et meulage des raccordements.................... Refusion par procédé TIG (141) des pieds de cordons d’angle ............... Grenaillage de précontrainte ...................................................................... Martelage des pieds de cordons par ultrasons......................................... Parachèvement et dimensionnement en fatigue ...................................... — — — — — — 14 14 14 14 15 16 Références bibliographiques ......................................................................... — 16 L es modifications locales apportées par une opération de soudage par fusion font que certains assemblages soudés ne peuvent bénéficier pleinement des performances élevées qui ont été conférées au matériau de base lors de son élaboration. Après un rappel indispensable définissant les modifications potentiellement observables sur le plan de la métallurgie et des équilibres internes dans les assemblages soudés, l’auteur décrit les divers traitements thermiques, mécaniques et parachèvements locaux qui sont mis en œuvre dans le but d’améliorer l’aptitude à l’emploi des constructions soudées. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 1 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ 1. État des assemblages après l’opération de soudage 1.1 Rappel sur les effets du cycle thermique vis-à-vis du matériau 1.1.1 Cas des aciers non alliés et non trempants Il s’agit des aciers relevant des sous-groupes 1-1 et 2-1 du tableau 1 en [BM 5 188], sur lesquels les effets du cycle thermique de soudage (voir [BM 5 185, § 1.2.1]) se limitent aux modifications suivantes. Nota : les principaux sigles employés et leur signification sont regroupés au début de l’article [BM 5 185]. ■ Zone fondue et zone de liaison ■ Durcissement martensitique (ou bainito-martensitique) sous cordon Comme représenté sur la figure 1a, un durcissement localisé sous cordon est quasi systématiquement observable en ZAT d’un dépôt soudé sur un acier de cette catégorie. L’amplitude du pic de dureté est principalement fonction de la teneur en carbone de l’acier, et la largeur de la bande durcie dépend, de son côté, de l’énergie linéique mise en jeu par le dépôt. Il est important de noter qu’à l’inverse des aciers C-Mn (groupes 1-2, 1-3, 2-2 et 2-3 entre autres) pour lesquels il est fréquemment possible d’éviter une transformation martensitique totale grâce à une énergie de soudage suf800 fisante (de telle sorte que ∆ t 500 > valeur critique), les aciers alliés qui sont très souvent autotrempants (groupes 3-2, 3-3, 5, 7-2, 7-3, 8-2, 8-3, et certains aciers des groupes 11-1 et 11-2) ne peuvent bénéficier de cet avantage et il y a lieu au contraire de limiter l’énergie afin de limiter l’étendue de la région durcie et fragile. La limitation d’énergie de soudage débouche à l’évidence dans le cas de joints épais sur la notion de dépôts multipasses qui sont de nature à générer localement dans la ZAT un traitement naturel de revenu. Création d’une structure de solidification comportant des grains dont la taille plus ou moins grossière dépend du mode opératoire de soudage dans lequel intervient : — le procédé ; — la position de soudage ; — la technique de dépôt : mono ou multipasse et, pour ce dernier paramètre, la disposition des dépôts dans le chanfrein (régénération lors du changement de phase au chauffage). H Ac3 Le problème essentiel posé par la présence d’une structure de solidification grossière s’avère être la ténacité de cette région (ZF et ZL) qui doit normalement faire l’objet d’une vérification au stade de la QMOS à l’aide d’essais mécaniques de flexion par choc sur éprouvettes entaillées. Il convient de préciser que certains procédés de soudage opérant en monopasse sur pièces épaisses (121, 73, 76, et en particulier 72) font apparaître une fragilité inacceptable à l’état brut de soudage, ce qui nécessite en principe la réalisation d’une gamme de traitement thermique après soudage (TTAS) fastidieuse, comportant dans certains cas une double normalisation afin de conférer à la structure une ténacité convenable. T H = f (y) Tmax = g (y) y zone durcie a Nota : concernant la classification des procédés de soudage, le lecteur pourra se reporter en [BM 5 185, tableau 1]. ■ Zone affectée thermiquement H Sauf situation exceptionnelle de pièces très épaisses soudées à l’aide d’un MOS mettant en œuvre une faible énergie linéique (énergie calorifique transmise à la pièce par unité de longueur de cordon et par dépôt de soudage), la création d’une structure martensitique sous cordon est peu probable. Il s’agit ici des aciers appartenant aux groupes 1-2, 1-3, 2-2, 2-3, 3-x, 5-x, 7-1, 7-2, 8-2, 11-x et 12 (cf [BM 5 188, tableau 1]). Les effets du cycle thermique sur la structure de la ZF et de la ZL sont en tout point semblables à ce qui a été dit précédemment et il n’y a pas lieu d’y revenir. En ce qui concerne la ZAT, le cycle thermique est à l’origine des modifications notables suivantes. BM 5 190 − 2 T H = f (y) Ac3 D’un autre côté, et dans le cas de structures en aciers non calmés et mises en forme par déformation plastique à froid, il y a lieu de craindre un vieillissement accéléré au voisinage des liaisons soudées dont la fragilité réversible peut être éliminée par un TTAS de restauration ou à défaut de relaxation tel que défini au § 2.2. 1.1.2 Cas des aciers non alliés ou alliés trempants martensitiques H dureté HV Ac1 TRv Tmax = g (y) y zone adoucie zone durcie b Figure 1 – Effet du cycle thermique de soudage. Répartition transversale des températures maximales et évolution transversale de la dureté. Cas des aciers non alliés ou alliés trempants martensitiques Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES Comme précisé en [BM 5 188, § 1.2.3], le critère de dureté sous cordon se doit d’être pris en compte (tout comme celui de l’épaisseur, celui de la concentration en martensite sous cordon et celui du chargement en hydrogène) dans l’évaluation de la mise en œuvre d’un TTAS de revenu/relaxation dont le rôle est évidemment le suivant : H H = f (y) — garantir l’adoucissement des régions martensitiques de la ZAT restées en l’état ; — permettre un abaissement significatif des contraintes résiduelles de traction générées par l’opération de soudage dans la zone plastifiée (voir § 1.3). Dans le cas de constructions épaisses ( > 20 mm par exemple) assemblées en multipasse, le critère de dureté susceptible de prescrire le TTAS de revenu se situe habituellement autour de HV 380. Ce critère se doit d’être modulé en fonction des variables : — épaisseur : les faibles épaisseurs ( < 6 mm par exemple) peuvent accepter un critère HV 420 ; — technique de dépôt : les joints épais mono ou bipasses voient leur critère abaissé à HV 340 ; — chargement en hydrogène : les MOS non susceptibles d’introduire de l’hydrogène dans la ZF peuvent accepter un relèvement du critère (30 à 40 HV par exemple). T Trecristallisation Tmax = g (y) y zone adoucie Figure 2 – Effet du cycle thermique de soudage. Répartition transversale des températures maximales et évolution transversale de la dureté. Cas des métaux et alliages durcis par écrouissage Le TTAS de revenu/relaxation doit s’effectuer selon les modalités définies au § 2.3. 1.1.4 Cas des métaux et alliages durcis par écrouissage ■ Adoucissement local par surrevenu des aciers soudés à l’état trempé et revenu Dans cette catégorie entrent certaines nuances d’aciers (non alliés groupe 1, inoxydables austénitiques groupe 9) et d’alliages d’aluminium de corroyage du groupe 1, sur lesquelles le cycle thermique de soudage se traduit par la création d’une zone affectée dont la largeur est en relation avec l’isotherme de recristallisation et dans laquelle le matériau a retrouvé les caractéristiques mécaniques de l’état d’adoucissement maximal (figure 2). La figure 1b représente l’abaissement local de dureté observable entre les isothermes TRv et Ac1 de la ZAT. Très fréquemment la différence entre les températures de transformation (Ac1) et de revenu (TRv) n’excède guère 120 oC, et la largeur de la région adoucie peut être minimisée par une technique multipasse avec apport calorifique modéré pour chaque dépôt, ce qui permet en principe à la ZAT de ne pas constituer un point faible en traction à l’ultime. Il convient de noter que cet impératif devient illusoire en soudage à l’arc de structures très minces (e < 4 mm environ), sur lesquelles le cycle thermique peut provoquer une diminution sensible de la résistance intrinsèque de l’assemblage. Le traitement approprié en vue d’effacer la zone d’adoucissement par surrevenu des pièces très minces soudées à l’état traité demeure finalement le traitement thermique de référence (trempe et revenu) qui pose par ailleurs les délicats et insolubles problèmes : — de la stabilité dimensionnelle de la structure lors de l’austénitisation précédant la trempe ; — des déformations et contraintes résiduelles (génératrices de fissures voire de rupture) créées lors de la trempe. À l’évidence, la réalisation d’un traitement de trempe et revenu après soudage ne peut s’appliquer valablement que sur de petites pièces compactes sur lesquelles les champs de températures peuvent être supposés homogènes lors du refroidissement au moment de la trempe. 1.1.3 Cas des aciers inoxydables austénitiques Comme indiqué en [BM 5 188, § 1.3.6.4], les problèmes provoqués par le(s) cycle(s) thermique(s) de soudage appliqué(s) sur certaines nuances (précipitations de carbures, formation de phase sigma, mise en solution de carbures de Ti) devraient nécessiter en toute rigueur la réalisation de TTAS à haute température tels que hypertrempe après mise en solution ou au contraire traitement de précipitation (TiC, NbC) qui présentent à l’évidence des risques semblables à ceux exposés au paragraphe précédent sur le plan de la déformation de la construction et des contraintes résiduelles qui en résultent. Dans ces conditions, le seul traitement susceptible de rétablir le durcissement initial dans la zone affectée demeure l’écrouissage localisé de tout le volume adouci, dont la mise en œuvre ne serait envisageable que dans le cas d’assemblages de géométrie simple, (bout à bout) soumis à un étirage mécanique contrôlé (déformation imposée) dans un gabarit de conformation. La déformation plastique localisée s’accompagne inévitablement d’un amincissement de la zone réécrouie. Le martelage à coup portant effectué sur joints soudés bout à bout (et arasés) de tôles minces en aluminium ou en cuivre écrouies constitue l’illustration artisanale qualitative du but recherché. 1.2 Rappel sur la genèse des contraintes résiduelles 1.2.1 Contraintes résiduelles générées par plasticité de déformation mécanique La mise en forme par déformation plastique (pliage, cintrage ou emboutissage) d’un matériau fait apparaître (figure 3a, b, c ), en fin du retour élastique qui accompagne la cessation de l’effort (ou de la déformation), un système de contraintes résiduelles (CR) dont la loi de répartition dans l’épaisseur soumise à gradient de dilatation est fonction de la loi de comportement élastoplastique du matériau à la température de mise en forme. Il convient de noter à ce sujet que les fibres plastifiées les plus déformées lors de la mise en forme se trouvent être le siège, après retour élastique, d’une CR de signe opposé à celle ayant provoqué la plastification, ce qui conduit à préciser que les surfaces intrados des tôles pliées, cintrées ou embouties sont en principe tendues après formage. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 3 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES ,, ,,,, ,,,, ,, ,, e p e Re e a Re __________________________________________________________________________________________________________ ,, ,,,,, ,,,,, ,,, ,,, Re σ ke b e k limite d'élasticité p > ,, ,,,, ,,,, ,, ,,,, ,, σu1 p σu2 σ e c ke σu retour élastique fraction d'épaisseur restée à l'état élastique σu contrainte résiduelle e moment ultime élastique p moment plastique Figure 3 – Évolution des contraintes par plasticité de déformation mécanique 1.2.2 Contraintes résiduelles générées par plasticité de dilatation thermique La figure 4 représente une pièce métallique axisymétrique dont la dilatation thermique est entravée biaxialement (partiellement ou totalement) par un système extérieur et sur laquelle on effectue un chauffage homogène dans un domaine de température où le matériau ne fait l’objet d’aucun changement de phase. 1.2.2.1 Pièce à comportement élastique En admettant un comportement parfaitement élastique, le cycle thermique génère lors du chauffage un système de contraintes s’exprimant simplement par : σr = σθ = – Eα ∆T/(1 – ν) σz = 0 et : module d’élasticité du matériau à la température T1 , coefficient moyen de dilatation thermique dans l’intervalle de chauffage ∆T = T1 – T0 , ν coefficient de Poisson du matériau. Le signe négatif signifie simplement que la pièce est sous un champ de contraintes (radiale et circonférentielle) de compression. avec E α z 1.2.2.2 Pièce à comportement élastoplastique parfait Dans la mesure où le système extérieur est caractérisé par une forte raideur (ou encore si le chauffage est suffisamment localisé sur la pièce de façon à générer un gradient radial de température significatif), le critère de plasticité est rapidement atteint (∆T voisin de 80 oC dans le cas d’un acier S235 soumis à un bridage parfait), et la poursuite du chauffage fait évoluer les contraintes dans la pièce selon la loi de variation de la limite d’élasticité avec la température (figure 5a, phase PPc). Le refroidissement qui succède à la température maximale de chauffage (Tmax) conduit à une évolution des contraintes selon une nouvelle loi élastique (figure 5a, phase Er) qui amène l’inversion du signe de la contrainte et qui intercepte ensuite la loi plastique (figure 5a, phase PPr), conduisant en cela à un état de tension dans la pièce à un niveau égal à celui de la limite d’élasticité à la température finale (T0). 1.2.2.3 Pièce à comportement élastoplastique écrouissable Le comportement élastoplastique écrouissable (l’écrouissage est supposé cinématique en raison de l’inversion de contrainte au cours du cycle) modifie sensiblement la loi d’évolution des contraintes dans la pièce au cours du cycle thermique et, dans la mesure où la température Tmax est inférieure à la température de recristallisation, le niveau de la contrainte résiduelle générée après refroidissement est d’autant plus élevé que le matériau est écrouissable (figure 5b, phases PEc, Er et PEr). Il y a lieu de noter que dans la mesure où la température maximale au cours du cycle thermique est supérieure à celle de recristallisation, la loi d’évolution au refroidissement s’en trouve modifiée et la contrainte résiduelle abaissée (figure 5b, phases Recr, Er et PEr1). 1.2.2.4 Influence de l’état de contrainte initial σθ r E Pour un même cycle thermique (chauffage/refroidissement), la figure 5c montre qu’un état de contrainte initial de tension affectant la pièce diminue l’étendue du domaine des températures dans lequel la thermoplasticité intervient (phases PEPTc, EPTr et PEPTr), alors qu’un état initial inverse (phases PEPCc, EPCr et PEPCr) augmente l’étendue du domaine de plastification, conduisant en cela à une modification du niveau des CR. T1 1.2.2.5 Pièce à comportement élastoplastique écrouissable, initialement écrouie et précontrainte σr θ T0 α ν Figure 4 – Contraintes thermiques dans une pièce dont la dilatation est entravée biaxialement BM 5 190 − 4 À l’évidence, la figure 5c, sur laquelle est observable ce dernier cycle thermomécanique (phases PEEPCc, EEPCr et PEEPCr), montre qu’il s’agit d’une situation préoccupante en raison du niveau très élevé des contraintes résiduelles produites dans ces conditions. Les Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES Re PPc R e = Φ (T ) Ec T0 ε Tmax Tpp Tension σu = Re EPE Recr Ec ε Er Tmax T0 T σ Re Tension Er Trecrist. Re EPP Compression Compression PEc σ Re Er T r1 PE Re PPr PEr σu = Re1 a pièce à comportement élastoplastique parfait b pièce à comportement élastoplastique écrouissable PEEPCc σ PEPCc PEPTc Légende des phases ε Tension EEPC r EPCr EPTr T0 Re3 EPE Trecrist. EPTc Compression Re Re Re2 Re Tmax T Tr PEP r PC PE r C EP PE E élastique, PP plastique parfait, PE plastique écrouissable, EP élastique avec précontrainte (C de compression, T de tension), PEP plastique écrouissable avec précontrainte (C, ou T), EEPC élastique écroui avec précontrainte PEEPC plastique écrouissable, pièce initialement écrouie et précontrainte Recr recristallisation c chauffage, r refroidissement Tpp température de plastification parfaite Re4 c pièce à comportement élastoplastique écrouissable, initialement précontrainte et écrouie Figure 5 – Évolution de la contrainte lors d’un cycle thermique sur une pièce dont la dilatation est entravée aciers inoxydables austénitiques mis en forme à l’ambiante par déformation plastique ou par enlèvement de copeaux sont précisément le siège, au voisinage des soudures (entre l’isotherme correspondant à la température de recristallisation et celle de plastification) de CR élevées, nocives en service sur le plan de la fissuration par corrosion sous tension. 1.2.2.6 Influence du préchauffage Comme le montre le cycle thermomécanique de la figure 6, le rôle d’un préchauffage à la température Tpré , effectué de façon homogène sur la pièce (ainsi que sur le système extérieur), permet de réduire le niveau des contraintes résiduelles, lequel ne peut être qu’au plus égal à la limite d’élasticité du matériau à Tpré si l’on considère une pièce dont le comportement est élastoplastique parfait. Sur la figure, le chauffage de la pièce a été conduit à une température Tmax supérieure à celle pour laquelle la limite d’élasticité du matériau s’annule (Tpp), et l’observation du cycle thermomécanique montre qu’il est nécessaire de préchauffer au voisinage de Tpp pour que la contrainte résiduelle soit négligeable. Sur aciers ferritiques, cette température est trop élevée ( > 600 oC environ) pour que cette solution puisse donner lieu à application industrielle. Seuls le soudage de matériaux intrinsèquement fragiles (fontes à G.L. soudées en homogène par exemple) ou encore le rechargement à l’aide de produits d’apport à haute dureté font appel à un préchauffage à Tpp , sous réserve que les dimensions des pièces soient suffisamment faibles pour que l’opération soit techniquement et humainement possible. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 5 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ ∆L PPc Ec Tmax T0 Tpp Tpré T PPr Re pré T0 Ms Ac1 Ac3 Figure 7 – Courbe dilatométrique d’un cycle thermique avec changement de phase de l’acier σx x Figure 6 – Influence d’un préchauffage sur l’évolution de la contrainte Re σx = Φ (y ) 1.2.3 Contraintes résiduelles générées par plasticité de transformation + − y Les matériaux tels que les aciers ferritiques et martensitiques, qui sont caractérisés par une transformation de phase au chauffage ainsi qu’au refroidissement, sont le siège d’une discontinuité de dilatation thermique aux températures de transformation (figure 7), lesquelles se modifient par hystérésis thermique, et donnent lieu, selon la vitesse de refroidissement, à une transformation martensitique (γ → α’), partielle ou totale, qui s’accompagne d’une expansion volumique en rapport avec la concentration en martensite et la teneur en carbone de l’acier. En soudage, une telle transformation, qui s’effectue au-dessous de Tpp (400 à 200 oC environ), s’observe localement en ZAT au voisinage de la ZL, et il en résulte une modification non moins locale dans la distribution des CR générées auparavant par les phénomènes de plasticité de dilatation, lesquelles s’étendent sur des volumes de matière considérablement plus importants. ZF ZF + ZAT ZP ZF zone fondue ZAT zone affectée thermiquement ZP zone plastifiée Figure 8 – Répartition des contraintes résiduelles longitudinales de plasticité de dilatation. Cas d’un assemblage monopasse z 1.3 Contraintes et déformations résiduelles générées par le soudage 1.3.1 Système plan d’un assemblage bout à bout rectiligne situé sur un axe principal d’inertie Il convient également d’observer l’important gradient de contrainte séparant la zone plastifiée (ZP) tendue des zones comprimées qui la bordent et qui produisent, dans le cas de pièces minces, un phénomène de voilement dont les ondes constituent à l’évidence un facteur aggravant sur le plan de résistance de l’ensemble au flambement sous effort de compression extérieur. Les figures 9a et b représentent, de leur côté, la répartition des CR transversales de plasticité de dilatation (σy perpendiculaire au cor- BM 5 190 − 6 ZPn + a − σy = Φ (z) σy + 1.3.1.1 Contraintes résiduelles La figure 8 représente schématiquement la répartition des CR longitudinales de plasticité de dilatation (σx parallèle au cordon de soudure) en fonction d’un axe transversal quelconque situé en région courante d’un assemblage monopasse. En l’absence d’un préchauffage, il y a lieu d’observer que la zone plastifiée (qui s’étend sur la ZF, la ZAT et le métal de base) est le siège d’une traction dont le niveau est au moins égal à la limite d’élasticité du métal (ou alliage) de base. T z ZPn + b − σy = Φ (z) σy + ZPn ZPn zone plastifiée lors de la n e passe Figure 9 – Répartition des contraintes résiduelles transversales de plasticité de dilatation. Cas d’un assemblage multipasse Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES 1.3.2 Système axisymétrique d’un assemblage bout à bout circulaire d’enveloppes cylindriques don de soudure) en fonction de l’épaisseur et en région courante d’un assemblage multipasse. Quelle que soit la préparation retenue en vue de l’exécution (chanfrein à simple ou à double ouverture), il est remarquable qu’un MOS multipasse conduise à la création de CR de traction sur chacune des peaux des pièces soudées. Le niveau de contrainte obtenu dépend logiquement de l’autobridage dû à l’épaisseur, lequel inclut la répartition spatiale des températures, générée par chacune des passes, qui demeure l’élément déterminant dans la création des zones plastifiées élémentaires. Il est important de noter qu’à l’inverse d’une préparation à simple ouverture (chanfrein V) qui est génératrice d’une traction dans la région de défauts potentiels qu’est la racine, la préparation à double ouverture (chanfrein X) tend à comprimer cet endroit, minimisant de la sorte la nocivité de ces mêmes défauts qui se situent par ailleurs au voisinage de la fibre neutre des éléments. La réalisation d’un joint circulaire épais par un MOS multipasse avec rotation continue en cours d’exécution, peut se ramener, sur le plan de la plasticité de dilatation, à un système thermique axisymétrique sur lequel chacune des zones plastifiées se comporte comme une frette circulaire. La figure 12 représente, dans le cas d’une soudure sur pièce mécanique épaisse comportant un chanfrein V extérieur à la courbure, la distribution des CR de plasticité de dilatation, dans les directions méridienne (σz ) et circonférentielle (σθ ) en fonction de l’épaisseur. Il y a lieu d’observer que l’axisymétrie et la raideur de la coque épaisse cylindrique introduisent un état biaxial de CR de compression à la racine du joint qui s’avère bénéfique en cet endroit. Enfin, sur pièces épaisses soudées à l’aide d’un MOS multipasse et quel que soit le type de préparation, il y a lieu de signaler que les racines des joints en aciers ferritiques font l’objet d’un effet thermomécanique produit par la déformation plastique due au retrait, dans un intervalle de températures nocif dans lequel peut apparaître un phénomène de vieillissement réversible de la zone fondue. En raison de la courbure d’une part, et de l’axisymétrie d’autre part, certaines composantes de déformation sont atténuées (P en particulier) ; en revanche le retrait circonférentiel (Rθ ) est amplifié. De son côté, le retrait méridien (Rz ) est invariant. 1.3.1.2 Déformations résiduelles La figure 10 représente schématiquement les trois composantes de translation observables sur une soudure bout à bout rectiligne multipasse, à savoir : — retrait longitudinal (translation RL) de faible amplitude, puisque autobridé ; — retrait transversal (translation RT) dont l’amplitude est fonction du MOS (les dépôts nombreux, en passes étroites sont particulièrement déformants de ce point de vue) ; — retrait dans l’épaisseur (Rz) d’amplitude variable (très souvent négative, c’est-à-dire traduisant un épaississement au voisinage du joint), sans conséquence notable sur la fabrication. Les figures 11a, b et c représentent de leur côté chacune des trois composantes de rotation visibles sur ce même assemblage multipasse : — effet de pliage (rotation P ) de forte amplitude sur préparation à simple ouverture (les dépôts nombreux, en passes étroites sont particulièrement déformants de ce point de vue) ; — effet de serrage (rotation S ) d’amplitude positive ou négative selon la vitesse de soudage (effet particulièrement gênant lors du soudage monopasse sur pièces minces) ; — effet de cintrage (rotation C ) conduisant en principe à un gauchissement de la plaque soudée par suite de l’inversion du cintrage en cours de soudage et du voilement dans le cas de pièces minces. z x y RL RT Rz RT retrait transversal RL retrait longitudinal Rz retrait dans l'épaisseur Figure 10 – Les trois composantes de translation observables sur un assemblage bout à bout rectiligne multipasse x P S P S C y C a effet de pliage b effet de serrage c effet de cintrage Figure 11 – Les trois composantes de rotation observables sur un assemblage bout à bout rectiligne multipasse Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 7 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ r ZPn 1 5 1 σ σθ 3 2 σz σ z Figure 12 – Répartition des contraintes résiduelles transversales de plasticité de dilatation d’un assemblage bout à bout circulaire réalisé axisymétriquement 1.3.3 Système comportant un centre de symétrie. Influence de la séquence de soudage Les pièces mécaniques dont la géométrie comporte un centre de symétrie sont assemblées et soudées en respectant cette symétrie, et il se pose alors le problème de la séquence de soudage par rapport au centre. Comme précisé dans le paragraphe 1.2.2.4, il convient en effet d’insister sur le fait que le niveau des contraintes résiduelles après soudage est influencé par l’état (signe et intensité) des CR initiales affectant la pièce sur laquelle un cycle de chauffage doit être réalisé. Les figures 13a et b montrent l’influence de la séquence radiale de soudage sur un ensemble mécanosoudé tel qu’un tambour rotatif comportant des flasques raidis par une série de nervures radiales. Afin de recomprimer les liaisons centrales axe/ flasque et axe/nervures qui sont particulièrement sollicitées en fatigue en service, il importe de commencer par l’exécution de ces soudures, puis de progresser vers la périphérie par les soudures radiales de nervures et enfin de terminer par les liaisons circulaires de la jante (figure 13a ). 1.4 Opportunité de la relaxation des contraintes Un traitement de relaxation (désigné également par détensionnement) des contraintes doit être envisagé lorsque la structure soudée est potentiellement soumise à certains mécanismes de ruine dans lesquels les CR ont une action primordiale, ou lorsqu’une stabilité dimensionnelle temporaire (en cours d’usinage par exemple) ou à long terme doit être assurée par la construction. 1.4.1 Rupture fragile Ainsi que précisé en [BM 5 188, § 1.1 et 1.4], le risque ne concerne que les aciers ferritiques et martensitiques qui comportent une température de transition de modes de rupture (ductile/fragile), et il doit être considéré au cours de diverses situations d’études de la structure qui sont principalement : — le service normal à température minimale (effet d’un vieillissement naturel éventuel) ; — la sursollicitation lors de l’essai de résistance (en principe à température ambiante). La nuance de l’acier mise à part (laquelle introduit le cas échéant une éventuelle fragilisation de la ZAT en cours de soudage), c’est le paramètre épaisseur qui doit être considéré ensuite pour décider de BM 5 190 − 8 σ 5 3 4 4 a 2 b Figure 13 – Influence de la séquence de soudage (numérotée 1 à 5) d’un flasque de tambour rotatif l’opportunité de la relaxation des CR. En l’absence d’une analyse rigoureuse du risque selon l’un des documents présentés en [BM 5 188, § 1.4.2], les dispositions suivantes peuvent être retenues en première approximation : Groupes 1-1, 2-1 Groupes 1-2, 1-3, 2-2, 2-3, 3-1, 7-1 Groupes 3-2, 7-3 Groupes 3-3, 5-1, 7-2 Groupes 5-2, 5-3, 8-x, 11-x : épaisseur : épaisseur : épaisseur : épaisseur : épaisseur > > > > > 40 mm 30 mm 20 mm 10 mm 4 mm Nota : les épaisseurs indiquées sont celles mesurables dans le plan de joint (gorge du cordon dans les assemblages d’angle). 1.4.2 Fissuration par corrosion sous tension Il s’agit principalement de cas d’espèce connus dans lesquels sont associés un matériau, un milieu et une température ; par exemple : — aciers ferritiques/solutions caustiques/ > 80 oC ; — aciers ferritiques/solutions de nitrates (calcium, ammonium)/ > 100 oC ; — aciers au C-Mn ou faiblement alliés/H2S/ambiante ; — aciers HLE/ammoniac/ambiante ; — aciers inoxydables austénitiques/solutions chlorurées, fluorées ou caustiques/chaud ; — alliages d’aluminium 2xxx, 7xxx, T6/solutions chlorurées/ ambiante. Dans de telles situations, la relaxation est impérative en toutes circonstances. 1.4.3 Endommagement par fatigue Dans la mesure où l’accident de forme endommageant se trouve initialement sous contrainte résiduelle positive (tension), le rapport de charge (R = σmin/σmax) s’en trouve augmenté et la tenue en fatigue diminuée. En conséquence, et sauf cas exceptionnels (tel que le cas présenté au § 1.3.2) ou parachèvement par introduction de précontraintes favorables après soudage, il est conseillé de relaxer les contraintes dès lors que l’autobridage dû à l’épaisseur s’avère suffisant pour générer un niveau de CR nocif. En première approximation (c’est-à-dire en l’absence d’une justification par calcul en fatigue de la structure) et en se limitant aux MOS classiques (1xx) sur aciers, les épaisseurs limites à considérer seraient : — pour un endommagement perpendiculaire au cordon de soudure : épaisseur > 10 mm ; — pour un dommage en pied de cordon ou à la racine : épaisseur > 30 mm. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES 1.4.4 Instabilité dimensionnelle Les pièces mécaniques soudées font généralement l’objet d’un usinage après assemblage et doivent par ailleurs offrir une stabilité dimensionnelle en service. Selon la morphologie de la pièce, et en fonction de la position des surfaces usinées par rapport aux soudures de constitution, l’enlèvement de matière lors des opérations d’usinage est susceptible de provoquer une relaxation partielle des CR de soudage et de mise en forme, conduisant en cela à des déformations perceptibles de la pièce, souvent incompatibles avec les tolérances requises (planéité, parallélisme, concentricité...). Par ailleurs, et même si l’usinage à l’état brut de soudage s’avère compatible avec les tolérances requises, il convient de noter que le premier chargement exercé sur la structure peut être de nature à provoquer une déformation plastique localisée en un endroit où les CR se trouvent déjà au voisinage de la limite d’élasticité du matériau conduisant lors du retour élastique à une déformation résiduelle. Enfin, certains matériaux tels que les alliages d’aluminium, les aciers inoxydables austénitiques et le titane non allié font l’objet d’un fluage à température ambiante sous une contrainte même inférieure à la limite d’élasticité de l’alliage. Cette situation conduit naturellement la structure soudée à une relaxation naturelle dans le temps. C’est précisément dans le but d’écarter ces modifications dimensionnelles intempestives, lors de l’usinage ainsi qu’en service, que les traitements de relaxation tels que décrits au § 2.2 sont réalisés. 2. Traitements thermiques sur les ensembles soudés 2.1 Traitements en vue de rétablir les propriétés de référence Ces traitements sont quelquefois désignés par « traitements thermiques de qualité ». Les propriétés concernées sont les caractéristiques mécaniques et physico-chimiques. 2.1.1 Traitements thermiques concernés Les traitements thermiques entrant dans le cadre de ce paragraphe sont les suivants : — aciers des groupes 1-x, 2-1, 2-2, 7-1 et 11 (certaines nuances) : normalisation ; — aciers des groupes 3-x, 5-x, 7-2, 7-3, 8-2 et 11 (certaines nuances) : normalisation et revenu ou trempe et revenu ; — aciers des groupes 9-1, 9-2, 9-4 et 10 : mise en solution et hypertrempe ; — aciers des groupes 7-4, 8-3 et 9-3 : mise en solution, hypertrempe et durcissement par précipitation ; — alliages d’aluminium des groupes 2-x et 3-x : mise en solution, hypertrempe et durcissement par précipitation. La définition des différents traitements est donnée dans le fascicule de documentation AFNOR FD A02-012. Ac3 + 50 oC pour la normalisation et la trempe des aciers ; 1 050 à 1 150 oC pour l’hypertrempe des aciers austénitiques et austéno-ferritiques ; 450 oC (7020) à 530 oC (2219 et 6xxx) pour l’hypertrempe des alliages d’aluminium. Par ailleurs, ces traitements nécessitent un refroidissement rapide (trempe et hypertrempe notamment) qui induit à l’évidence une hétérogénéité de températures d’autant plus importante que l’ensemble soudé est constitué d’éléments d’épaisseurs différentes et que les dimensions de l’ensemble font que son refroidissement n’est pas instantané. Ces deux aspects induisent des déformations déjà inacceptables au stade du chauffage, qui s’amplifient ensuite lors du refroidissement, jusqu’à donner lieu à des ruptures lorsque la structure comporte des discontinuités naturelles (internes ou débouchantes) dans les joints soudés. De tels traitements à haute température ne sont finalement envisageables que dans le cas de pièces mécaniques compactes, constituées d’éléments d’épaisseurs semblables (pièces de révolution épaisses composées de joints bout à bout par exemple). 2.1.3 Avantage du traitement de durcissement par précipitation Le durcissement par précipitation, qui se produit à température modérée pour certains groupes d’aciers (450 à 720 oC) ou d’alliages d’aluminium (140 à 190 oC), offre l’avantage évident d’une réalisation aisée du traitement de durcissement après l’exécution des travaux de soudage, lesquels peuvent avoir lieu sur un matériau hypertrempé qui présente alors un état de ductilité maximale, s’accompagnant quelquefois d’une meilleure soudabilité. Les déformations modérées qui résultent de ces traitements sont en principe compatibles avec d’éventuelles discontinuités de conception, ainsi qu’avec les opérations d’usinage de finition. 2.2 Traitement thermique de relaxation des aciers 2.2.1 Principe de la relaxation thermique Très schématiquement, la relaxation thermique des métaux et alliages s’appuie sur deux mécanismes fondamentaux qui sont : — l’abaissement de la limite d’élasticité en fonction de la température ; — le fluage du matériau en fonction de la température, du temps et du niveau de contraintes résiduelles initiales (en fait, il s’agit plus précisément de la viscoplasticité, puisque les CR proviennent de déformations imposées). L’influence du fluage étant primordiale, et un taux de relaxation (χ ) pouvant s’exprimer en fonction des niveaux de contraintes initiale (σ0) et finale (σu) par la relation : χ = 1 – σu/σ0 , il est possible d’étudier au travers du paramètre d’Hollomon : P = 0,001 T (20 + lgt ) 2.1.2 Problèmes posés par l’exécution des traitements de référence sur les ensembles soudés le comportement d’un acier ou d’une famille d’aciers vis-à-vis de la relaxation thermique. Le graphique de la figure 14 extraite des travaux référencés [1] montre l’aptitude comparée de diverses familles d’aciers à la relaxation thermique. Il convient de noter que les traitements de normalisation, de trempe et d’hypertrempe après mise en solution requièrent un chauffage préalable à température élevée telle que : Il y a lieu d’observer, du reste, la corrélation qui existe entre la résistance au fluage des aciers et l’inaptitude à leur relaxation thermique (en particulier les austénitiques). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 9 __________________________________________________________________________________________________________ limiter les déformations de soudage). Dans le cas d’une pièce unitaire, il peut être avantageux de solidariser cette dernière sur un bâti rigide constitué de profilés dont les épaisseurs sont semblables. 100 i Ac A ci 0 e A 25 14 400 Temps 5 t (h) 10 20 Ni es 12 qu i ti én o i-M a 2N s 1 r ie Cr Ac 18 Cr - 2.3 Traitement thermique de relaxationadoucissement des aciers non austénitiques us t Ac ie 50 o -M oY s 18 lié rs no n er s ci HL er sM E n Ac-Mo ier sC r-M al Cr 75 rs χ (%) PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES 24 P 16 18 20 22 500 600 700 800 Température (°C) P = 0,001 T ( 20 + lg t ) avec T en K et t en h Figure 14 – Évolution du taux de relaxation en fonction du paramètre P pour différents aciers de construction. Résultats expérimentaux 2.2.2 Effets indésirables de la relaxation thermique 2.2.2.1 Cas des aciers non alliés au C-Mn à l’état normalisé ou équivalent (groupes 1-x et 2-x) Même sur ces aciers, le chauffage et maintien à température voisine de 600 oC nécessaires en vue d’obtenir un taux de relaxation appréciable (85 % environ) sont susceptibles de faire apparaître une diminution des caractéristiques de résistance (Rp 0,2 en particulier) et un relèvement de la température de transition (TK27) dans le métal de base. La référence normative [2] permet une évaluation quantitative des modifications de caractéristiques mécaniques des aciers des groupes 1-x, 2-1 et 2-2 en fonction du paramètre d’Hollomon. Il convient de noter en revanche qu’en zone fondue la ténacité est améliorée par le traitement de relaxation à 600 oC [3]. 2.2.2.2 Cas des aciers alliés ou non à l’état trempé et revenu À l’exception des aciers sensibles à la fragilité de revenu (aciers au Mo et Mn-Mo par exemple) qui se produit dans la gamme 450 à 550 oC, le traitement thermique de relaxation ne présente pas d’influence notable sur les caractéristiques mécaniques du métal de base, pour autant que la température de maintien soit limitée à 20 oC environ au-dessous de celle du revenu après trempe. En revanche, la zone fondue de soudures sur aciers au Ni pour basses températures fait l’objet d’un relèvement du TK27 après un traitement de relaxation à 600 oC. Ce traitement est également désigné par le terme TTAS. Pour la plupart des groupes d’aciers définis en [BM 5 188, tableau 1] (1-x, 2-x, 3-x, 5-x, 7-1, 7-2, 8-2, 11-x, 12-x), l’exécution d’un traitement thermique après soudage assure un double rôle : — une relaxation partielle des contraintes résiduelles de fabrication (préusinage, mise en forme et soudage) ; — un adoucissement des structures de trempe (martensitique et bainitique) éventuellement générées lors du soudage. Le cas échéant, le traitement thermique permet la restauration d’un état écroui et éventuellement vieilli, et il peut enfin terminer le dégazage de l’hydrogène. 2.3.2 Modalités d’exécution du traitement thermique de relaxation-adoucissement Dans un contexte de pièces mécaniques soudées, le présent paragraphe concerne délibérément les traitements thermiques réalisés en fours industriels. Les modalités d’exécution du TTAS se ramènent à un cycle thermique (figure 15) qui comporte les phases suivantes. ■ Une période de chauffage décomposable elle-même en : — un échauffement de l’ambiante à 300 oC environ, à vitesse non spécifiée, dépendante de la puissance du four et de la charge ; — un échauffement final régulé de 300 oC jusqu’à la température de traitement (T tth ), à une vitesse ( o C/h) n’excédant pas la valeur de 5 500/emax, avec un maximum absolu de 220 oC/h lorsque emax < 25 mm [emax représente l’épaisseur (en mm) maximale observable sur la structure]. ■ Un maintien à la température de traitement (Ttth) laquelle dépend de l’état de l’acier, de l’effet recherché et de la destination de la construction soudée selon les cas suivants. T (°C) 500 2.2.2.4 Déformations des pièces au cours du traitement 100 air calme 300 /h BM 5 190 − 10 400 0 °C Les pièces élancées donnent lieu, au cours du traitement, à des déformations telles que flexion, vrillage et voilement dont l’amplitude peut être incompatible avec les surépaisseurs prévues pour l’usinage final. Afin d’éviter de tels désordres, et lorsqu’il s’agit de production en petites séries, une précaution élémentaire consiste, avant traitement, à solidariser les pièces entre elles par soudures provisoires, de façon à augmenter la raideur du système (noter qu’une précaution analogue prise lors de la fabrication, permet de – 22 L’obtention d’un taux de relaxation minimal de 60 % nécessite une température de maintien de l’ordre de 800 à 900 oC qui s’avère dangereuse dans le cas des nuances non stabilisées en raison des modifications structurales susceptibles d’apparaître dans le métal de base et la zone fondue (formation de carbures et de phase sigma). Dans le cas de cette famille d’aciers, la relaxation mécanique par déformation plastique est préférable. xi : Ttth ma 600 ma 220 xi : °C/ h 2.2.2.3 Cas des aciers alliés au Cr-Ni inoxydables austénitiques 2.3.1 Objet du traitement thermique de relaxationadoucissement 200 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 t (h) Épaisseur e de la pièce soudée : 20 mm température à l'intérieur du four mesurée par couple thermoélectrique température à l'intérieur de la pièce mesurée par couple thermoélectrique Figure 15 – Exemple d’un cycle de TTAS sur acier non austénitique Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES ● Cas des aciers normalisés et revenus ou trempés et revenus (3-x, 5-x, 7-2, 7-3, 8-2, 11) : la température de traitement (Ttth) doit être limitée à 20 oC au-dessous de celle du revenu après normalisation ou trempe. ● Cas de structures devant satisfaire des impératifs de résistance mécanique en statique et/ou de résistance à la rupture fragile (groupes 1-x, 2-x, 7-1, 11) : il convient de déterminer la température de traitement (Ttth) en tenant compte des indications données par la référence [2], ce qui conduit à préconiser la température moyenne Ttth = 570 oC pour les aciers des groupes ci-avant indiqués (les températures relevées sur les pièces ne doivent pas s’écarter de ± 15 oC de la valeur indiquée). ● Cas de structures uniquement soumises à impératifs de tenue en fatigue ou de résistance à la corrosion sous tension ou de stabilité dimensionnelle : il est alors préférable de donner la priorité à la relaxation des contraintes au prix d’une diminution des caractéristiques mécaniques. La température moyenne de traitement préconisée est alors Ttth = 620 oC pour les aciers des groupes 1-x, 2-x et 11. Le temps de maintien (min) à la température Ttth s’établit sur la base de : 1,5 emax , pour les épaisseurs n’excédant pas 80 mm et avec un minimum de 30 min dans le cas de faibles épaisseurs. ■ Une période de refroidissement laquelle est encore décomposable en : — un refroidissement régulé de Ttth jusqu’à 300 oC, selon des conditions identiques à celles retenues pour la phase finale de chauffage, comportant non seulement le maximum absolu de – 220 oC/h relatif aux épaisseurs modestes, mais aussi un minimum absolu de – 70 oC/h pour les fortes épaisseurs (> 80 mm) ; — un refroidissement libre (éventuellement hors du four) de 300 oC jusqu’à l’ambiante. 2.4 Traitement thermique des structures en alliages d’aluminium ■ Objet du traitement thermique après soudage À la différence du TTAS sur aciers, le traitement thermique sur structures soudées en alliages d’aluminium n’assure souvent qu’une seule fonction, qui peut être selon l’alliage : — la relaxation des contraintes résiduelles ; — le recuit de restauration d’un état écroui ; — la désensibilisation vis-à-vis de la corrosion sous tension. ■ Modalités d’exécution du traitement thermique Nous limiterons le propos aux deux premiers traitements cités au paragraphe 2.4.1 qui sont applicables aux alliages de la série 5xxx. Le cycle thermique comporte : — un chauffage relativement rapide de l’ambiante à la température de traitement (Ttth) ; — un maintien en palier, pendant un temps de l’ordre de 1 min par mm d’épaisseur, à la température Ttth qui est de : • 320 oC pour une relaxation des contraintes, • 350 oC pour un recuit de restauration ; — un refroidissement à l’air calme hors du four depuis Ttth jusqu’à l’ambiante. 3. Traitements mécaniques sur les ensembles soudés 3.1 Martelage en cours de soudage ■ Rôle du martelage pendant soudage Sur pièces épaisses comportant des joints chanfreinés à pleine épaisseur, le martelage entre passes en cours de soudage présente un double intérêt : no n lé te m ar ar te n lé no m m a rtelé n n--1 Recr non martelé Figure 16 – Conditions de martelage des dépôts dans un assemblage soudé multipasse — la compensation des diverses composantes de déformation de soudage afin de garantir les tolérances géométriques ; — la réduction des contraintes résiduelles d’autobridage, permettant en cela la diminution du risque de fissuration à froid sur aciers. ■ Modalités d’exécution Le martelage pendant soudage s’exécute à l’aide d’un marteau pneumatique de type burineur, équipé d’un matoir de section rectangulaire à bords arrondis et polis, permettant un écrasement partiel du cordon lors de la fin de son refroidissement. Les essais effectués dans ce domaine sur aciers C-Mn [4] montrent qu’il est préférable d’utiliser un produit d’apport à haut Mn, et de pratiquer l’opération lorsque le dépôt se trouve à moins de 100 oC, afin de limiter le relèvement de TK27 par suite du vieillissement thermomécanique. De leur côté, les caractéristiques mécaniques de résistance (Rp 0,2 , Rm) sont améliorées de 20 à 40 MPa environ. En pratique, le martelage s’effectue sur des dépôts réalisés avec une faible énergie linéique de soudage (7 à 10 kJ/cm environ), et avec une durée spécifique de l’ordre de 1 à 2 s/cm de dépôt. Le début du martelage nécessite de disposer d’une épaisseur de métal sous-jacente suffisante (> 15 mm environ). Par ailleurs, la forme des passes dans le chanfrein doit être concave (figure 16) afin d’éviter des repliures éventuelles et, enfin, ni le métal de base ni la ZAT du chanfrein ne doivent faire l’objet du martelage. 3.2 Relaxation mécanique par étirage ■ Principe Ce mode de relaxation, qui s’applique de préférence aux assemblages bout à bout, consiste à imposer un champ de contrainte uniforme orienté dans la direction de la contrainte résiduelle maximale (figure 17a ) de façon à provoquer une déformation plastique dans la zone initialement plastifiée par l’effet thermomécanique du soudage. La figure 17b montre que, dans le cas d’un matériau élastoplastique parfait, il convient d’imposer une déformation ε1 = (Re + σ0B)/E, pour que la relaxation obtenue soit totale. Toute déformation plus faible conduit à une relaxation partielle. ■ Applications pratiques L’importance des efforts à mettre en œuvre fait que ce mode de relaxation voit son champ d’application limité aux deux types de structures soudées suivantes : ● Les capacités destinées à recevoir un fluide sous pression La mise sous pression hydraulique des enveloppes de révolution soudées constitue une application logique de ce mode de relaxa- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 11 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ ■ Domaine d’application Les deux avantages de cette méthode de relaxation sont indiscutablement l’absence d’effets métallurgiques nocifs, quelle que soit la nature du matériau traité, et l’économie apportée, sur le plan énergétique, par ce traitement. σ σ0A EPP Re σ0A + − − σuA En revanche, l’écrêtement des microcontraintes ne peut permettre une relaxation suffisante de façon à prémunir une construction soudée vis-à-vis de mécanismes endommageants du type de ceux énumérés au § 1.4, et le champ d’application principal demeure la stabilisation dimensionnelle des pièces en vue de leur usinage et de leur service ultérieur. σuB Enfin, il y a lieu de ne pas écarter l’effet néfaste du traitement de vibration, lequel est susceptible d’initier un endommagement en fatigue dans la structure soudée. σ0B σuA σuB σ0B ε2 ε1 ε εu1 εu2 ZP b a Figure 17 – Relaxation mécanique par étirage. Champ de contraintes initiales et évolution de ces dernières au cours du cycle tion. Dans ce domaine, l’enveloppe sphérique, également sollicitée en tous points et en toutes directions, peut faire l’objet d’une relaxation totale de la totalité des soudures constitutives. De son côté, l’enveloppe cylindrique ne peut autoriser qu’une relaxation totale des joints soudés dans la direction circonférentielle. ● Les machines tournantes à grande vitesse L’épreuve de survitesse (après équilibrage préalable de la pièce) permet de générer, dans les directions radiale et circonférentielle, des déformations plastiques nécessaires à la relaxation. Il est important de noter qu’à l’inverse de la relaxation thermique la relaxation mécanique par étirage permet un recalibrage naturel de la géométrie qui est de nature à éliminer les contraintes générées par les flexions parasites dont l’effet est nocif en fatigue. 3.3 Relaxation mécanique par vibrations ■ Principe Le lecteur pourra se reporter à la référence [5]. La relaxation par vibrations repose sur la propriété qu’ont les matériaux de transformer en chaleur, par frottement interne, une énergie mécanique fournie sous forme vibratoire. Il convient de noter dès à présent que la relaxation n’intéresse que les contraintes de second et troisième ordre (désignées également par le qualificatif de « microcontraintes »), observables au niveau du grain (et des imperfections du réseau cristallin qui le constitue) qui tendent à s’égaliser au cours de l’opération par suite de l’écrêtement des pics de microcontraintes. En pratique, la relaxation consiste à exciter la structure sur l’une de ses fréquences propres (basses), pendant une durée déterminée qui correspond à une variation d’énergie d’excitation en relation avec le frottement interne utilisé dans le réseau pour l’égalisation des microcontraintes. ■ Appareillage utilisé L’appareillage le plus courant se compose d’un vibrateur amovible qui est placé sur la pièce à traiter, laquelle est maintenue latéralement et supportée élastiquement. L’équipement est complété par un appareil de commande et de contrôle électronique, divers accéléromètres piézo-électriques, et un enregistreur multivoie. BM 5 190 − 12 4. Traitements thermomécaniques sur les ensembles soudés 4.1 Redressage par chaude de retrait ■ Principe La chaude de retrait est une méthode de redressage simple et efficace, consistant à réaliser un chauffage très localisé, soit en peau (pièces épaisses), soit dans l’épaisseur (pièces minces), conduisant par thermoplasticité de dilatation à la création d’une contraction de la région plastifiée lors de son refroidissement. Les composantes de déformation qui résultent de l’opération sont alors : — une rotation dans le cas d’un chauffage rectiligne en peau sur pièces épaisses (figure 18a ) ou d’un chauffage triangulaire vers le chant de pièces minces (figure 18b ) ; — une translation radiale dans le cas d’un chauffage ponctuel localisé sur pièces minces (figure 18c ). L’efficacité de l’opération réside dans la rapidité et la localisation du chauffage (*), ainsi que dans le bridage de la zone chauffée, lequel doit favoriser la création de contraintes thermiques de compression et éviter sur éléments élancés les phénomènes parasites de flambement. (*) Ce chauffage nécessite une source calorifique de puissance spécifique suffisante pour chauffer rapidement mais insuffisante pour porter le métal ou l’alliage à fusion. Tout comme l’opération de soudage, l’exécution d’une chaude de retrait se traduit par la création d’une zone affectée thermiquement, si bien que la température maximale de chauffage pendant le cycle thermique s’avère d’une importance capitale sur le plan des propriétés mécaniques du matériau. ■ Modalités d’exécution Le chauffage à la flamme oxyacétylénique et le chauffage par induction sont les deux moyens industriellement mis en œuvre pour pratiquer cette opération. Il y a lieu de noter que le second mode de chauffage est en principe plus adapté pour la réalisation de rotations (pliage) sur pièces épaisses. Les expérimentations réalisées en laboratoire dans ce domaine [6] font ressortir que : — sur aciers au C-Mn (groupe 1-x) ou même aciers à grains fins HLE (groupe 2-x jusqu’à la nuance S420xx incluse), la température maximale au cours du cycle peut atteindre 1 000 oC sans pour autant que les propriétés mécaniques (Re , Rm , TK27) s’en trouvent modifiées de façon significative, sous réserve toutefois de procéder à des chauffages localisés en peau (chaudes de rotation) ; — sur aciers à grains fins HLE (groupe 2-x nuances S460xx et audelà) ainsi que sur aciers trempés et revenus (groupe 3-x), il est conseillé de limiter le chauffage à 650 oC, même en limitant le chauffage en peau ; Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES Source calorifique b a c Figure 18 – Redressage par chaude de retrait. Composantes de déformation σ EPP v Re σ0A σu Arroseur σ0 εth ε σ0B Brûleurs a b Figure 19 – Relaxation thermomécanique. Mode opératoire, champs de contraintes et évolution de ces dernières au cours du cycle — sur aciers inoxydables austénitiques (groupes 9-1 et 9-2), le chauffage peut atteindre la température de mise en solution (1 050 à 1 100 oC) dans le cas des nuances non stabilisées ; pour ces dernières nuances, il est préférable de ne pas chauffer au-delà de 950 oC. La température maximale atteinte doit être vérifiée à l’aide d’un appareil de mesure tel que pyromètre à contact, lunette à visée infrarouge ou crayons à virage coloré. Le refroidissement doit s’effectuer par convection naturelle en air calme ; en aucun cas celui-ci ne doit être accéléré par projection d’eau. Cet artifice n’apporte du reste aucun avantage à l’opération. 4.2 Relaxation thermomécanique (méthode Linde) bipasse, et soumises en conséquence au seul autobridage longitudinal (figure 19a ). En admettant les hypothèses d’un corps élastoplastique parfait et d’une pièce suffisamment étroite pour que le chauffage puisse être considéré homogène dans la région comprimée, la dilatation à imposer à la région tendue doit être égale à : εth = Re / E = α∆T d’où : ∆T = Re /(Eα) Appliqué aux aciers C-Mn, pour lesquels la contrainte résiduelle Re peut être estimée sur la base de 400 MPa, et le produit Eα voisin de 2,4 MPa · oC–1, il suffit de réaliser un chauffage localisé à 200 oC environ pour atteindre la plastification. ■ Mode opératoire ■ Principe La relaxation thermomécanique consiste à réaliser un chauffage spécifique des régions comprimées d’un assemblage soudé afin de provoquer une déformation plastique de la région tendue (zone plastifiée par l’opération de soudage). La méthode est parfaitement adaptée aux structures soudées planes et peu épaisses, soudées automatiquement en mono ou L’appareillage comporte deux rampes de brûleurs oxy-gaz disposées de part et d’autre et à distance optimale (*) de la soudure (rectiligne) à traiter, suivies par une rampe d’arrosage. La puissance de chauffage ainsi que la vitesse de déplacement de l’appareillage imposent une mise au point préalable de manière à atteindre la température maximale de 200 oC. (*) Cette distance requiert l’étude préalable de la distribution des contraintes résiduelles longitudinales (par diffraction X par exemple). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 13 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ Il convient de noter que dans la situation courante de pièces de grandes dimensions, l’autobridage généré par les régions latérales, demeurées froides, conduit à une plastification des zones comprimées, conduisant en cela à une relaxation partielle du système dans lequel une inversion des CR s’observe au niveau de la liaison soudée (figure 19b ). 5. Traitements de parachèvement des assemblages soudés Ces traitements sont effectués en vue de l’amélioration de la tenue en fatigue. 503 501 x 501 x rc a arasage b adoucissement métal meulé Figure 20 – Parachèvement par arasage des surépaisseurs et meulage des raccordements 5.1 Arasage des surépaisseurs et meulage des raccordements Pour anodines qu’elles puissent paraître, ces opérations de ragréage doivent être réalisées avec soin dans le but : — d’éviter un amincissement excessif des pièces aux abords du joint ; — de donner lieu à une striation (de meulage ou de fraisage) orientée parallèlement à la contrainte principale endommageante en fatigue ; — d’éviter la création d’arêtes à angles vifs sortants qui favorisent l’initiation de fissures. Nota : une classification des défauts dans les assemblages soudés se trouve en [BM 5 185, tableau 5]. Torche TIG 1 à 1,5 mm Figure 21 – Refusion par procédé TIG Amélioration ∆σ à 2.106 cycles Le raccordement des cordons de soudure avec le métal de base sous-jacent constitue l’un des sites préférentiels d’initiation d’endommagement en fatigue, en raison principalement de la variation brutale du contour qui s’y trouve associée ainsi que de la présence éventuelle d’un défaut de forme lié à l’opération de soudage. Les structures soudées, ainsi que les réparations effectuées sur des structures endommagées en fatigue en service, soumises à fatigue intense, doivent en conséquence faire l’objet d’un ragréage afin de modifier localement le profil des liaisons, l’exécution s’effectuant par : — arasage à la meule à disque des surépaisseurs et des caniveaux éventuels (501x) des liaisons bout à bout (figure 20a ) ; — adoucissement par meulage ou fraisage avec création d’un rayon de congé suffisant pour éliminer les défauts de forme (501x, 503 et 505) affectant les cordons d’angle des liaisons angulaires (figure 20b ). 505 rc rc 100 80 + + 60 + + 400 500 + 40 20 + + 0 200 300 600 700 800 fy (MPa) Figure 22 – Amélioration des performances en fatigue après refusion par procédé TIG 5.2 Refusion par procédé TIG (141) des pieds de cordons d’angle Il convient de noter que le procédé TIG permet, sous réserve d’utiliser un gaz inerte de haute pureté, de s’affranchir des problèmes liés à la présence d’hydrogène dans le bain de fusion et qu’il est en conséquence parfaitement adapté à une opération sur une structure en acier HLE. Ce mode de parachèvement consiste à profiter de la forme naturellement concave qu’apporte le soudage par procédé TIG (141) aux cordons d’angle en particulier, pour l’appliquer in fine en refusion locale du (ou des) pied(s) de cordons dans les régions où le risque d’endommagement est prévisible (figure 21). Il y a lieu de préciser enfin [7] que le gain apporté par la refusion TIG semble indépendant du nombre de cycles, l’accroissement des performances en fatigue (gain exprimé en terme de variation d’amplitude de contrainte ∆σ) pouvant être estimé sur une base variable selon la limite d’élasticité de l’acier, comprise en première approximation entre 50 % (S235) et 100 % (S590) (figure 22). Lorsque la convexité n’est pas excessive, la mise en œuvre s’effectue habituellement au moyen d’une ligne de fusion sans apport, en position à plat (ou mieux en gouttière) horizontale, voire faiblement descendante. En revanche, l’utilisation d’un apport de métal est nécessaire en présence d’une convexité excessive. Il va sans dire que le personnel soudeur désigné pour exécuter l’opération doit posséder la qualification requise. BM 5 190 − 14 5.3 Grenaillage de précontrainte Le grenaillage de précontrainte [8] est un procédé d’écrouissage superficiel à l’ambiante, obtenu par projection sous forte énergie de Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________ PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES 0,5 Rm Rm p σpi σp0 Figure 23 – Répartition des contraintes résiduelles de grenaillage selon la profondeur particules sphéroïdales dont la dureté est, sauf cas particuliers, plus élevée que celle du matériau constituant la surface à traiter. La figure 23 représente un exemple de profil de contrainte résiduelle générée par un traitement de grenaillage de précontrainte. Le profil permet de distinguer quatre valeurs caractéristiques qui sont : — la contrainte superficielle de compression (σp0) ; — la profondeur de précontrainte (p) ; — la contrainte maximale de traction sous-cutanée (σpi). L’analyse de l’influence des nombreux paramètres de traitement sur le profil de la précontrainte qui en résulte sort du cadre du présent article, et il ne sera traité dans ce qui suit que de l’application aux structures soudées. À l’évidence, la surface des joints soudés doit offrir une géométrie compatible avec la dimension des particules de grenaillage, de façon à ce que l’écrouissage ait lieu précisément au point de création du dommage (pied de cordon en l’occurrence). Dans ces conditions, et à l’exception des soudures dont la finition est réalisée par procédé TIG (141) et qui peuvent ainsi être directement traitées, il convient de prévoir, dans le cas des autres procédés de soudage, un parachèvement préalable par meulage permettant de la sorte une totale efficacité des grenailles sur la surface. Dans ces conditions, le grenaillage de précontrainte permet d’améliorer de façon très significative le comportement des liaisons soudées en fatigue, comme le montre la figure 24. Une amélioration particulièrement intéressante est également observable sur les structures soumises en service au risque de fissuration par corrosion sous tension. Il est important de noter en revanche que le grenaillage de précontrainte s’avère totalement inefficace lorsque le site d’initiation d’endommagement en fatigue correspond à la racine du cordon de soudure qui ne peut bénéficier de toute évidence de la compression d’écrouissage, et il convient du reste sur cordons minces d’éviter de grenailler la surface de ces derniers. Étendue de contrainte nominale ∆σ (MPa) Compression 0 400 300 Après grenaillage de précontrainte 200 Profil amélioré par refusion Acier S460 e = 30 mm Air R = 0,1 10-20 Hz 100 Conventionnelle 50 105 106 107 Nombre de cycles Figure 24 – Influence d’un parachèvement par meulage et d’un grenaillage de précontrainte sur la tenue en fatigue d’assemblages soudés rc Figure 25 – Martelage d’un pied de cordon par ultrasons Variation d'amplitude ∆σ Traction --Rm – 0,5 Rm 500 400 4 passes 300 3 passes 200 2 passes 100 1 passe Il y a lieu enfin de signaler l’existence d’équipements mobiles de traitement permettant le grenaillage sur site de construction ou d’utilisation de la structure. S 275 R=0 Brut de soudage 40 5.4 Martelage des pieds de cordons par ultrasons Il s’agit d’une technique russe relativement récente qui consiste à promener le long du (ou des) pied(s) de cordons soumis à endommagement potentiel, un outil comportant plusieurs aiguilles alignées, dont les extrémités sont soigneusement arrondies et polies (figure 25). Les aiguilles sont excitées sous une fréquence de quelques dizaines de kHz à l’aide d’une sonotrode (élément magnétostrictif ou piézo-électrique), ce qui permet de générer à la fois, dans la région sensible, un écrouissage localisé avec précontraintes superficielles de compression, ainsi qu’un congé de raccordement calibré. 105 106 107 Nombre de cycles Figure 26 – Influence du martelage des pieds de cordons par ultrasons sur la tenue en fatigue Comme toutes les méthodes qui consistent à créer des précontraintes de compression, le gain apporté par cette technique sur la tenue en fatigue est très intéressant dans le domaine des grands nombres de cycles (endurance) ; il peut atteindre couramment 50 % (gain exprimé en terme de variation d’amplitude de contrainte ∆σ) (figure 26). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 190 − 15 PIÈCES MÉCANIQUES SOUDÉES __________________________________________________________________________________________________________ 5.5 Parachèvement et dimensionnement en fatigue Malgré les très nombreuses expérimentations apportant la preuve des gains obtenus en fatigue par l’une des techniques de parachèvement décrites précédemment, seuls l’arasage des joints soudés bout à bout et l’adoucissement par meulage de quelques raccordements de cordons anguleux font l’objet d’une distinction quant à leur classe de détail au sein de documents récents de dimensionnement en fatigue. La raison essentielle pour laquelle les autres modes de parachèvement ne sont pas encore introduits dans les règles de calcul provient de la notion même de qualification du mode opératoire de parachèvement et de la difficulté liée à la vérification de sa mise en application sur la construction soudée. Une autre raison tient au fait que l’amélioration du comportement est d’autant plus importante que la limite d’élasticité est élevée. Cet état de fait constitue un sérieux handicap pour le développement des aciers HLE dans la construction de structures soudées soumises à la fatigue. Références bibliographiques [1] [2] [3] DAVID (J.-C.), ROQUES (C.) et BASTIEN (P.). – Relaxation des contraintes et soudabilité des aciers. Soudage et Techniques Connexes, no 7/8, 1965, p. 297-310. FD A36-200 (éd. juin 1982). – Influence des TTAS sur les propriétés mécaniques des aciers pour chaudières et appareils à pression. AFNOR 1982, 15 p. PRIMOT (L.) et ATTIMONT (J.). – Du traitement thermique après soudage. Cetim Informations no 118, nov. 1990, p. 61-65. BM 5 190 − 16 [4] DEBIEZ (S.) et GAILLARD (R.). – Le martelage des soudures entre passes. Cetim Informations no 118, nov. 1990, p. 58-60. [5] RAPPEN (A.). – Traitement par vibration en vue de réduire les contraintes résiduelles dues au retrait. Lastechniek, oct. 1972, p. 223233. [6] GAILLARD (R.) et PRIMOT (L.). – Les chaudes de retrait. Cetim Informations no 118, nov. 1990, p. 52-56. [7] [8] SPARFEL (Y.). – L’amélioration de la durée de vie en fatigue des assemblages soudés parachevés. Soudage et Techniques Connexes, sept./oct. 1992, p. 29-50. Applications du shot peening (7e édition) — Metal Improvement Company, Inc, 83 p. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique
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