Messiaen-Xenakis, la géométrie des sons

17ème édition
Messiaen-Xenakis,
la géométrie des sons
Du 26 juillet au 3 août 2014
La Grave, Villar d'Arène, Monêtier-les-Bains, Briançon
Hautes-Alpes, France
Dernière mise à jour : 27 mars 2014 1 SOMMAIRE
Éditorial p 3 Programme p 4 Messiaen / Xenakis, la géométrie des sons p 6 Les œuvres de Xenakis au programme p 12 Messiaen, 1939-­‐1945 : une revanche créative p 15 Les œuvres de Messiaen au programme p 21 Jean-­‐Louis Florentz, l'homme du sud p 23 Les créations du festival 2014 p 26 Autour du festival... p 28 La revue de presse, extraits p 30 Les interprètes du festival 2014 p 32 Informations pratiques p 37 Les partenaires du festival p 38 Dernière mise à jour : 27 mars 2014 2 ÉDITORIAL « Là, j’ai fait une chose horrible, extraordinaire… je lui ai dit : « Non, vous avez déjà trente ans, vous avez la chance d’être Grec, d’avoir fait des mathématiques, d’avoir fait de l’architecture. Profitez de ces choses-­‐là ; et faites-­‐les dans votre musique ». C’est peu dire que le jeune Xenakis va faire son miel de ce conseil de Messiaen, prodigué dans les années 1950. Celui-­‐ci va guetter et encourager, comme on veille le lait sur le feu, toutes les audaces créatives de son protégé. Le festival Messiaen au pays de la Meije ouvre toute grande son édition 2014 à Xenakis pour célébrer l’opulence d’une musique décrite par Messiaen comme : « Tellurique, si proche des torrents, de la foudre, de la grêle, et qui sursaute comme une mer déchaînée ». Ce qui l’enchantait ! Quelques grands moments : -­‐
« N’Shima » par les Solistes XXI dirigés par Rachid Safir, le samedi 26 juillet -­‐
« Evryali » par Prodomos Syméonidis, le dimanche 27 juillet -­‐
« Psappha » par Remi Durupt, le mercredi 30 juillet -­‐
« Pléïades » par les Percussions de Strasbourg, le vendredi 1er août -­‐
« Tetora » par le JACK Quartet, le samedi 2 août -­‐
« Herma » par Paavali Jumpanen, le dimanche 3 août Une table ronde « Xenakis, la géométrie des sons » réunira les meilleurs spécialistes de son œuvre, le vendredi 1er août. Pour la première fois, nous réunissons, dans une même édition, les quatre chefs d’œuvre composés par Messiaen dans années noires de 1941 à 1944 : -­‐
« Trois Petites Liturgies de la Présence Divine », le samedi 26 juillet -­‐
« Vingt Regards sur l’Enfant Jésus », le mardi 29 juillet -­‐
« Visions de l’Amen », le samedi 2 août -­‐
« Quatuor pour la fin du Temps », le dimanche 3 août Cet ultime concert autour d’une œuvre mythique créée dans un camp de prisonniers sera notre participation à la commémoration de la déclaration de la guerre de 1914, réunissant des musiciens français et allemands d’exception : Antje Weithaas (violon), Florent Boffard (piano), Jean-­‐Guihen Queyras (violoncelle) et Jorg Widmann (clarinette). Un colloque, le mardi 29juillet, réunira les meilleurs spécialistes sur le thème « Olivier Messiaen, un jeune compositeur dans la tourmente : 1940-­‐1944 ». Enfin, le festival participera à la commémoration des 10 ans de la disparition de Jean-­‐Louis Florentz avec l’interprétation de son « Magnificat-­‐ Antiphone pour la visitation » opus 3 et proposera plusieurs créations dont celles d’œuvres de Michaël Lévinas, Luis de Pablo et Benjamin Attahir. Gaëtan Puaud Directeur artistique du festival Messiaen au pays de la Meije Dernière mise à jour : 27 mars 2014 3 PROGRAMME
Samedi 26 juillet, 17 h 00 Collégiale de Briançon Xenakis : N’Shima pour deux mezzo-­‐sopranos et 5 musiciens ; Kottos pour violoncelle ; Linaia-­‐Agon jeu musical pour cor, trombone et tuba Gabrieli : Beates es Virgo à 6 ; Luis de Pablo : Animae-­‐ création (commande du festival Messiaen au pays de la Meije) avec le soutien de la fondation Francis et Mica Salabert Par les Solistes XXI dirigés par Rachid Safir Samedi 26 juillet, 21 h00 Collégiale de Briançon Olivier Messiaen : Trois Petites Liturgies de la Présence Divine pour chœur de femmes, piano, ondes Martenot, célesta, vibraphone, 3 percussionnistes et orchestre à cordes Jean-­‐Louis Florentz : Magnificat, Antiphone pour la Visitation pour ténor, chœur mixte et orchestre, opus 3 Dans le cadre « 2014, année Florentz » Par les solistes : Roger Muraro (piano), Valérie Hartmann-­‐Claverie (ondes Martenot), Musicatreize et l’Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur dirigés par Roland Hayrabédian Dimanche 27 juillet, 11 h 00 Église de La Grave Messiaen : Quatre Etudes de Rythme et Catalogue d’oiseaux, Livre III ; Xenakis : Evryali Brahms : Variations et fugue sur un thème de Haendel ; Schneller : Imaginary Spaces Par Prodromos Syméonidis (piano) Dimanche 27 juillet, 21 h 00 Église de La Grave Attahir : Concerto de chambre pour violon et ensemble instrumental –création (Commande de Musique Nouvelle en liberté) ; Mantovani : « Danses interrompues » ; Boulez : Dérives 1 Par Hae-­‐Sun Kang et les musiciens de la classe Dai « Répertoire et création » du CNSMDP de Paris Direction : Bruno Mantovani Lundi 28 juillet, 20 h 30 Église de La Grave Xenakis : Zyïa pour soprano, flûte et piano ; Stravinsky : Souvenirs de mon enfance Bartok : Contrastes pour violon, clarinette et piano ; Messiaen : Harawi (extraits) Par Raquel Camarinha (soprano), Eva-­‐Nina Kozmus (flûte, Louise Marcillat (clarinette), Tristan Liehr (violon), Antoine Ouvrard (piano) Mardi 29 juillet Colloque « Messiaen, un jeune compositeur dans la tourmente: 1939-­‐1945 ». Présidence : Catherine Massip Mardi 29 juillet, 17 h 00 Église de La Grave Xenakis : Ittidra (1996) pour sextuor à cordes ; Mikka « S »pour violon solo Schoenberg : La Nuit Transfigurée pour sextuor à cordes Par Hae-­‐Sun Kang et les étudiants de la classe Dai « Répertoire et création » du CNSMDP de Paris Mardi 29 juillet, 21 h 00 Église de La Grave Messiaen : Vingt Regards sur l’Enfant Jésus Par Marie Vermeulin (piano) Dernière mise à jour : 27 mars 2014 4 Mercredi 30 juillet, 21 h 00 Salle du Dôme de Monêtier-­‐les-­‐Bains Xenakis : Psappha et Rebonds pour percussions Reich: Nagoya marimbas*; Marimba phase*; Clapping music* Ligeti : Continuum Par Remy Durupt et Lucas Genas* (percussions) Jeudi 31 juillet, 17 h 30 Station P2 (2 400 m) du téléphérique de La Grave futur espace Olivier Messiaen Ligeti : Six Bagatelles pour quintette à vents ; Milhaud : « La Cheminée du Roi René » Villa-­‐Lobos : Quintette en forme de Chôros ; Dubugnon : Frenchglish pour quintette à vents Par le Quintette Camélia Vendredi 1er août Table ronde « Xenakis, le géomètre des sons » -­‐ Présidence Alain Surrans Vendredi 1er août, 17 h 00 Église des Hières Xenakis : Nomos Alpha pour violoncelle solo ; Embellie pour alto solo Bach : Suite N° 1 BWV 1007 pour violoncelle solo ; Hindemith : Sonate opus 25 N°1 pour alto solo Par Noémie Bialobroda (alto) et Marie Ythier (violoncelle) Vendredi 1er août, 21 h 00 Place de Villar d’Arène Xenakis : Pléïades ; Mâche : Aéra ; Levinas : Transir Par les Percussions de Strasbourg Samedi 2 août, 17 h 00 Église de La Grave Messiaen : Visions de l’Amen pour deux pianos Levinas : création pour deux pianos et électronique (co-­‐commande Ircam et festival Messiaen au pays de la Meije) Avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert Par Michael Lévinas (piano) et Jean-­‐Luc Plouvier (piano) Réalisation informatique musicale Ircam : Carlo Laurenzi Samedi 2 août, 21 h 00 Église du Chazelet Machault/Dufay : Transcriptions de motets; Xenakis: Tetora et Tetras pour quatuor à cordes Gaussin : Chakra pour quatuor à cordes Par le JACK Quartet Dimanche 3 août, 17h 00 Église de La Grave Xenakis : Herma ; Boulez : Sonate N°3 pour piano Debussy : Préludes : Livre 1 ; Haapanen : Mi Noche Triste Revisited (création française) Par Paavali Jumpannen (piano) Dimanche 3 août, 21 h 00 Église de La Grave Concert exceptionnel franco-­‐allemand en Commémoration de la déclaration de guerre du 3 août 1914 Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps ; Widmann : Fünf Bruchstüke pour clarinette et piano, Nachtstück pour clarinette, violoncelle et piano ; Fantaisie pour clarinette solo Par Antje Weithaas (violon), Florent Boffard (piano), Jean-­‐Guihen Queyras (violoncelle), Jorg Widmann (clarinette) Dernière mise à jour : 27 mars 2014 5 Messiaen /Xenakis, la géométrie des sons
« J’avais devant moi un héros…C’était Iannis Xenakis !». « C’était en fin d’après-­‐midi, au Conservatoire de Paris. Je venais de terminer ma classe et je m’apprêtais à partir, lorsque quelqu’un poussa la porte et entra. J’eus tout de suite un choc ! J’avais devant moi un héros, atteint d’une blessure glorieuse, mais tout éclairé d’une lumière intérieure. C’était Iannis Xenakis ! Le sourire tragique, avide de connaissance, le front noble et le regard perçant de l’œil me firent tout de suite comprendre que l’homme était hors du commun, pas comme les autres ! ». C’est ainsi qu’Olivier Messiaen évoque leur premier rencontre, un soir de début de l’automne 1951, à Paris. Oui, destin hors du commun que celui d’Iannis Xenakis ! Un jeune résistant aux prises avec le destin
« Vous êtes grec. Né à Braïla (Roumanie), de parents grecs, maintenant naturalisé français, vous êtes grec, corps et âme ». Olivier Messiaen. En effet, Iannis, est bien grec, né en 1921 ou en 1922, il y a incertitude car son acte de naissance a été perdu dans cette communauté grecque des rives de la dernière boucle du Danube, avant le delta. Son père, Clearchos y a fait fructifier ses dons exceptionnels pour les affaires puis a épousé une jeune compatriote de 17 ans sa cadette, Photonis Pavlou, qui lui a donné trois fils dont Iannis est l’ainé. Mais une tragédie va assombrir la jeunesse de notre « héros ». Il a la douleur de perdre sa mère à l’âge de cinq ans. Le souvenir de celle qui avait formulé le vœu qu’il aime la musique sera longtemps présent. Il aura le sentiment, jusqu’à un âge avancé, d’être comme le « dépositaire de son âme ». Son père doit organiser la nouvelle vie de ses fils orphelins de mère. Il engage une gouvernante française à qui Iannis doit sa maîtrise précoce du français. Puis, quand il atteint l’âge de 10 ans, son père l’envoie dans un collège gréco-­‐anglais qui vient de se créer sur l’île de Spetsai. Il y restera jusqu’à ses 17 ans, y brillant notamment dans les matières scientifiques et en sports. Nous sommes alors en 1938. Iannis décide, contre la volonté paternelle, de préparer le concours de l’Ecole polytechnique d’Athènes, qu’il réussit en 1940. Mais, les événements politiques vont rattraper le destin du jeune Iannis ! À cette époque la Grèce subit une triple invasion : d’abord celle des troupes fascistes de Mussolini, en octobre 1940 suivie des Bulgares et des Allemands en 1941. Iannis réagit en ardent nationaliste et s’engage au parti communiste grec car dit-­‐il : « Ils exerçaient contre les allemands une action efficace ». À la réouverture des écoles et universités à la rentrée 1941, Iannis surnommé « Archangelos » en raison de sa beauté physique, est à la tête des nombreuses manifestations étudiantes qui réussissent à faire reculer l’occupant : la Grèce est le seul pays occupé où les allemands ne parviennent pas à organiser le régime du travail obligatoire. Mais, revers de la médaille, la puissance du parti communiste grec et de son bras armé, l’ELAS, inquiète au plus haut point Winston Churchill. Trois jours après l’évacuation par les troupes allemandes, le 12 octobre 1944, les troupes britanniques pénètrent dans Athènes. Elles sont accueillies en libératrices : « Nous les avons reçus comme nos alliés, nos frères d’armes » se souvient Xenakis. Mais, très vite, l’affaire tourne au tragique. En effet, il n’est pas question pour Churchill de laisser le parti communiste grec s’emparer du pouvoir. Aussi, décide-­‐t-­‐il, après une manifestation monstre organisée le 3 décembre 1944 par les communistes, d’imposer la loi martiale et de désarmer l’ELAS qui n’a plus comme choix que la reddition ou la clandestinité ! C’est cette Dernière mise à jour : 27 mars 2014 6 seconde option que choisit Iannis. Il prend le commandement d’un bataillon étudiant de l’ELAS, la compagnie « Lord Byron ». Le 1er janvier 1945, il est fauché par un mortier et laissé pour mort, la mâchoire défoncée et l’œil gauche crevé ! Transporté clandestinement dans un hôpital par son père, il survit après avoir subi de nombreuses interventions chirurgicales. Dans les mois qui suivent, lui qui est si abîmé physiquement et moralement, parvient à obtenir son diplôme d’ingénieur de Polytechnique. Mais la féroce répression organisée par le nouveau régime soutenu par les britanniques le rattrape et l’oblige à rentrer à nouveau dans la clandestinité. Il n’a plus qu’une seule issue : l’exil ! En septembre 1947, muni d’un faux passeport que son père a pu lui procurer, il gagne Rome puis Turin. Là, grâce à l’aide de communistes italiens, il réussit à franchir la frontière ferroviaire à Vintimille. Le soir même, Iannis Xenakis prend le train pour Paris, où il arrive le 11novembre. Lui, l’exilé, condamné à mort par contumace pour terrorisme politique, va devoir s’y construire un nouveau destin. L’exil mais un premier métier, une rencontre décisive et un
jardin secret
Ayant pour seul viatique en poche son diplôme d’ingénieur polytechnique, Xenakis cherche du travail. Recommandé par son jeune compatriote, l’architecte Georges Candilis-­‐ deux ans plus tôt celui-­‐ci avait embarqué sur le « Mataora », bateau affrété en décembre 1945 par l’Institut français d’Athènes à destination de Tarente, pour sauver 154 étudiants grecs-­‐ Xenakis est engagé dans l’atelier de Le Corbusier qui est alors au fait de sa gloire mais dont Xenakis ignore tout de la réputation. D’abord occupé aux calculs et dessins d’éléments structurels pour les Unités d’habitations de Marseille et de Nantes, il se voit assez rapidement confier un travail plus créatif auquel il aspire, pour la future « Cité radieuse » nantaise : « Je n’ai dessiné qu’une seule chose, la nursery sur le toit de l’immeuble avec pour les ouvertures, des symboles, des neumes ; c’était très beau » dit-­‐il. Car la musique est depuis longtemps le jardin secret d’Iannis, dans le souvenir de sa mère. Son premier vrai initiateur fût Noël Paton, le directeur du collège gréco-­‐anglais de l’Ile de Spetsai. Il possède un gramophone ainsi qu’une collection de 78 tours avec lesquels il lui fait découvrir les symphonies et les quatuors de Beethoven. Le jeune garçon est aussi très sensible à la beauté de la liturgie byzantine lors des offices auxquels il assiste régulièrement. À son arrivée à Athènes, en 1938, Iannis prend sporadiquement des leçons de piano. Surtout, il a déjà le souci d’étudier sérieusement l’harmonie et le contrepoint auprès d’Aristote Kondourov, russe d’origine qui lui inculque la nécessité d’une rigueur et d’une discipline dans l’apprentissage des techniques. Arrivé en France, son métier d’ingénieur ne le détourne pas de son idée fixe : devenir compositeur. Depuis qu’il a trouvé en Françoise, rencontrée en 1950, une présence aimante et attentive, il s’acharne la nuit à rédiger des devoirs d’harmonie ou de contrepoint et à jeter sur des portées ses idées musicales. Mais les contacts qu’il obtient avec les « maîtres » du temps, que ce soit Honegger, Milhaud ou Boulanger, tournent court. Un jour, Le Corbusier, son patron qui a perçu les aspirations musicales de son jeune ingénieur, lance dans la conversation : « les compositeurs français sont en général pompiers à deux exceptions près : Varèse et Messiaen ». Xenakis saisit la balle au bond : Varèse étant exilé aux Etats-­‐Unis, c’est Messiaen qu’il faut aborder. Messiaen est de prime abord impressionné par l’étranger qui se présente : « J’ai tout de suite compris que c’était quelqu’un qui n’était pas comme les autres. Je lui ai proposé des tas de questions. Il m’a Dernière mise à jour : 27 mars 2014 7 frappé même physiquement ; il est très frappant, n’est-­‐ce-­‐pas, parce qu’il porte sur son visage des blessures glorieuses. Il est d’une intelligence supérieure. J’ai appris qu’il était architecte, qu’il travaillait avec Le Corbusier, ce qui est une autre référence ; et enfin, il m’a dit qu’il avait des mathématiques spéciales ». Pour Xenakis, ce fût l’entretien le plus décisif de sa jeune carrière qui va bouleverser sa vie créative, en l’orientant dans un sens inattendu. A la question qui l’obsède de savoir s’il doit reprendre à zéro l’étude de l’harmonie et du contrepoint, Messiaen apporte une réponse iconoclaste : « Là, dit-­‐il, j’ai fait une chose terrible, extraordinaire, que je ne ferai pas avec d’autres, parce que je trouve qu’on doit faire de l’harmonie, qu’on doit apprendre à entendre et à faire du contrepoint ; mais c’était un homme tellement hors du commun ! Je lui ai dit : « Non. Vous avez déjà trente ans, vous avez la chance d’être grec, d’avoir fait des mathématiques, d’avoir fait de l’architecture. Profitez de ces choses-­‐là, et faites-­‐
les dans votre musique ; je crois que c’est ce qu’i a fait ». Messiaen invite Xenakis à assister à ses cours en auditeur libre et à lui montrer toutes les œuvres sur lesquels il souhaite un avis. Le maître ajoute un dernier conseil : « Le plus important c’est de travailler seul, d’écouter de la musique, mais surtout de travailler seul ». Xenakis a enfin découvert un maître exempt de tout dogmatisme : « Pour la première fois, dit-­‐il, je voyais un musicien penser de façon large, non conventionnelle. En particulier, les rythmes qu’il introduisait, et sa manière d’analyser de Sacre du Printemps de Stravinski ». En 1952, il assiste régulièrement les cours, notant dans ses carnets : « Il avait une façon très détachée d’aborder la musique. Il n’était l’épigone d’aucune école, comme les sérialistes et néosérialistes. Il créait ses propres règles. Il a été le premier à sérialiser tous les paramètres, avant Boulez. C’était un esprit libre, et qui faisait librement de la musique de son époque ». De nombreuses années plus tard, en 1978, Xenakis livra au mensuel Panorama de la Musique le témoignage suivant sur cette époque : « Je voudrais raconter la générosité d’Olivier Messiaen et combien lui seul, à l’époque, savait recueillir un marginal. Lorsqu’en 1947 j’arrivais à Paris, misérable réfugié politique, dénué de tout sauf du désir profond d’apprendre la musique sinon de la faire, j’ai eu la chance de rencontrer Olivier Messiaen qui m’a dit, après avoir lu les quelques feuillets que j’avais composés, que j’avais la naïveté qui lui était chère, que je pouvais négliger le réapprentissage de la musique traditionnelle, que je devais écouter et écrire avec acharnement et que, oui je pouvais écouter et suivre ses cours au Conservatoire et qu’il pouvait me donner son avis sur les travaux que je lui présenterais…la plus éblouissante vérité qu’il ait dévoilée par son enseignement et par sa musique était que tout est possible en musique à condition de faire avec une nécessité interne riche et généreuse, hors des dogmes ou idéologiques, avec comme seul guide le talent où l’intuition et le rationnel sont fondus l’un dans l’autre » Mais peu à peu, les responsabilités croissantes de Xenakis au sein de l’équipe de Le Corbusier, ainsi que le temps important qu’exige le compositeur l’obligent à délaisser la classe d’analyse de Messiaen. Surtout, Xenakis cultive pour la première fois un nouveau mode de pensée interdisciplinaire qui va s’avérer décisif : « J’ai découvert au contact de Le Corbusier que les problèmes de l’architecture, tels qu’il les formulait étaient les mêmes que ceux qui se poseraient à moi en musique. C’est ainsi que soudain je me suis intéressé à l’architecte, et suis devenu architecte ». Un architecte se muant en compositeur : 1954 à 1959
A partir de 1954, Xenakis va se sentir assez solide pour mener de front les travaux d’architecture sous la houlette de Le Corbusier et le travail de composition à sa table. Ainsi, tandis que Le Corbusier décide de l’associer comme principal collaborateur au projet du couvent des Dominicains de la Tourette : « La forme générale est de Le Corbusier, tandis que la structure interne a été conçue par moi-­‐même, à partir Dernière mise à jour : 27 mars 2014 8 de discussions avec les moines […] les pans de verre sous l’alignement des cellules sont quasi exclusivement mon œuvre. Il en va de même pour les chapelles rondes et les « canons de lumière » qui en sortent. Je les orientées de manière à capter la lumière du soleil à l’équinoxe ». Au même moment, Xenakis travaille à sa première œuvre ambitieuse, « Metastasis », dont il conçoit graphiquement les textures de glissandi, selon des courbes paraboloïdes réglées. Cette partition pour 70 musiciens, véritable fourmillement sonore va être le sésame de Xenakis. En cet automne 1954, Xenakis cherche à approcher le Groupe de Recherche de Musique Concrète (futur GRM). Pour faciliter le contact avec Pierre Henry, l’un des co-­‐fondateurs qui est un ancien élève de Messiaen, celui-­‐ci lui confie une lettre: « Je vous recommande très spécialement mon élève et ami Iannis Xenakis, qui est grec et très extraordinairement doué pour la musique et le rythme […] il pourrait devenir un de vos précieux collaborateurs ». Une autre rencontre absolument décisive est celle d’Hermann Scherchen. Infatigable défenseur de la musique contemporaine, le chef d’orchestre allemand est à Paris pour la création de « Déserts » de Varèse, en décembre 1954. Il accepte de recevoir le jeune Xenakis dans sa chambre d’hôtel et d’examiner la partition de « Metastasis ». Enthousiasmé, il lui propose immédiatement de diriger l’œuvre. A la mort de Scherchen, Xenakis écrira : « Il exerçait une influence par son tempérament, la situation qu’il occupait dans la musique, et par son intellect à la fois rigoureux et ouvert. C’était un homme d’action, un découvreur ; ces gens-­‐là (Scherchen, Messiaen, Le Corbusier) sont pour moi de même de nature ». Scherchen vit à Gravesano, un village des Alpes suisses où il a fui le régime nazi en 1933. Il y invite son jeune protégé à donner une conférence et à publier dans la revue qu’il vient de créer « Gravesane Blätter », un texte qui va faire sensation dans le microcosme de la musique contemporaine : « La crise de la musique sérielle » où l’on peut lire l’opinion suivante : « La polyphonie linéaire se détruit d’elle-­‐
même par sa complexité actuelle […] la complexité énorme empêche l’audition de suivre l’enchevêtrement des lignes et a comme effet macroscopique une dispersion irraisonnée et fortuite des sons sur toute l’étendue du spectre sonore ». Cette charge anti-­‐sérielle n’empêche pas la création de « Metastasis » à Donaueschingen, le temple du sérialisme, par l’orchestre du Südwestfunk sous la direction de Hans Rosbaud. Une rupture émancipatrice avec Le Corbusier
Sur le front de l’architecture, tout s’accélère. À la demande de la firme Philips qui lui passe commande d’un pavillon pour l’Exposition universelle de Bruxelles, Le Corbusier transmet cette réponse : « Je ne vous ferai pas un pavillon, mais un poème électronique et une bouteille contenant un poème : 1° lumière, 2°couleur, 3°image, 4°rythme, 5° son, réunis dans une synthèse organique, accessible au public et montrant ainsi les ressources des fabrications Philips ». Le Corbusier confie la musique à Varèse. À Xenakis, il réserve la conception architecturale du pavillon ainsi que 2 minutes de musique pour les sas d’entrée et de sortie. Percevant l’opportunité d’étendre enfin à l’architecture les équivalents des glissandi de cordes de « Metastasis » et de « Pithoprakta » à laquelle il travaille en parallèle, Xenakis jette toutes ses forces et son imagination dans le projet. Il propose une structure basée sur des paraboloïdes hyperboliques et des conoïdes, sans précédent jusqu’alors dans le monde. Dès sa présentation à la presse, le pavillon Philips suscite l’enthousiasme, contribuant à accroître encore la gloire de Le Corbusier. Xenakis, véritable co-­‐auteur du pavillon, se sent marginalisé et mis de côté. Il écrit donc au directeur du pavillon : « J’exige maintenant, très fermement, que vos services de presse Dernière mise à jour : 27 mars 2014 9 mentionnent mon nom dans la création architecturale du Pavillon, aux côtés du nom de Le Corbusier […] c’est le moindre geste de justice et la vérité que Philips me doit pour les qualités cérébrales et morales que j’ai mises à sa disposition ». Cette revendication ulcère Le Corbusier qui l’estime contraire à tous les usages professionnels. Néanmoins, il cède et finit par autoriser la présence du nom de Xenakis aux côtés du sien comme signature du Pavillon Philips. Mais, sa riposte ne se fait pas attendre. Il licencie le jeune ambitieux : « Je vous rends donc votre liberté à partir du 1er septembre 1959 ». Rude choc pour Xenakis, même si ce renvoi brutal coïncide avec le désir secret exprimé quelques temps plus tôt dans un courrier à Scherchen : « Si je suis pressé pour ma musique, c’est qu’elle est bien de notre temps et que je veux devenir plus libre économiquement pour ne faire que la musique qui me plait. Voilà mon impatience ; il ne s’agit pas du crime de vanité ! ». À ce moment Scherchen vient de créer « Pithoprakta » aux concerts Musica Viva à Munich. Une fois la situation digérée, il n’est pas question de revenir en arrière. À Le Corbusier qui l’invite pour l’inauguration du couvent des dominicains de La Tourette et lui propose de reprendre sa place dans l’équipe comme chef d’atelier, Xenakis répond : « Je lui ai dit qu’il était trop tard pour revenir là-­‐dessus. J’étais certain d’une chose : tout ce que je voulais faire, c’était composer, réfléchir sur les problèmes de la musique et écrire là-­‐dessus, mais surtout composer ». Compositeur à plein temps : la vie rêvée
Pour s’imposer dans la vie musicale, l’aide de Messiaen s’avère à nouveau très précieuse. Sollicité par Xenakis, il accepte en novembre 1959 de rédiger une note de programme pour un concert décisif aux Concerts Lamoureux où Scherchen doit créer « Achorripsis ». Dès lors, Messiaen va suivre très attentivement le développement prodigieux de la carrière musicale de son protégé. Après tout, n’est-­‐ce pas lui Messiaen, qui l’a encouragé à se lancer dans une démarche particulièrement risquée en n’obéissant qu’à ses élans intérieurs ? « Messiaen m’a montré, dit Xenakis, que ce que je voulais était possible, à condition seulement que je le fasse ». Xenakis a trouvé en Messiaen non seulement un protecteur, ce qui n’est certes pas négligeable, mais surtout un déclencheur d’idées grâce notamment à ses fameux « modes à transposition limitée ». « Pour moi, ces modes à transposition limitée, précise Xenakis, étaient des modes comme les autres comme n’importe qui peut en construire. Seulement, une petite chose me trottait dans la tête : le fait qu’il les nomme « à transposition limitée ». Je me demandais quelle était la signification de ce terme […] Et puis, je me suis attaqué au problème des règles de composition qui ne sont pas démontrables puisqu’elles ont été éventuellement imposées par la tradition. Alors, me suis-­‐je dit, pourquoi ne pas inventer, moi aussi ? J’ai beaucoup réfléchi à une approche théorique de la composition, une approche de notre temps, basée sur des opérations logiques, et j’ai écrit Herma ». « Herma » est justement une des œuvres de Xenakis que Messiaen choisira d’étudier dans sa classe du Conservatoire de Paris. Plusieurs générations d’élèves témoigneront de la grand attirance que Messiaen manifestait publiquement pour sa musique dont il parlait ainsi : « Les calculs préalables s’oublient complètement à l’audition. Aucune cérébralité, aucune frénésie intellectuelle. Le résultat sonore est une agitation délicatement poétique, ou violemment brutale selon les cas ». Murail témoigne ainsi : « Il aimait aussi Xenakis, dont nous avons écouté plusieurs œuvres à la classe, notamment ses grandes pages orchestrales devenues des classiques, Pithoprakta et Metastasis. Messiaen a d’ailleurs fait venir Xenakis une fois […] Lorsque nous avons demandé à Xenakis comment un certain passage avait été calculé, il nous a répondu que cela n’avait pas été calculé, ce qui était en contradiction avec tout ce qu’il avait écrit dans son livre et aussi sur la pochette du disque. Et on s’est aperçu que Xenakis travaillait Dernière mise à jour : 27 mars 2014 10 d’une façon beaucoup plus instinctive que ce qu’il voulait bien dire ». Ce qui n’était certainement pas pour déplaire à Messiaen ! La fidélité de Messiaen aux anciens élèves qu’il admire est totale, enthousiaste et obstinée comme peuvent en témoigner des personnalités aussi différentes que Boulez, Murail et Benjamin. Xenakis en a fait éminemment partie. En 1976, Messiaen participe, en qualité de membre du jury, à la soutenance de la thèse de doctorat de Xenakis à la Sorbonne « Arts/ Science, Alliages ». Puis, le 2 mai 1984, c’est lui qui prononce le discours de réception de Xenakis à l’Institut de France : « Cher Ami, j’ai dit que vous étiez mathématicien. Vos œuvres sont presque toutes parties d’une combinatoire préalable au travail musical proprement dit. Les effets de masse que vous utilisez ne peuvent être contrôlés que par le calcul des probabilités, que vous avez introduit en musique […]. Là encore, je ne crois pas qu’aucun musicien actuel puisse lutter avec vous sur ce terrain dangereux, mais combien passionnant, du hasard calculé ». Quelques années plus tard, il évoque à nouveau son discours : « J’ai rappelé aussi à l’Institut que la folie frappe beaucoup les héros grecs, ce qui rend ce théâtre si moderne et si attachant. Or, dans la musique de Xenakis, on perçoit aussi une espèce de folie. Xenakis l'utilise comme une force de la nature, une puissance torrentielle capable d’anéantir l’auditeur. Là est son génie, car quel est le mélomane qui se passionne pour le calcul des probabilités, qui parvient à les comprendre ? Les écrits de Xenakis sont explicites, mais ils font référence à des données mathématiques ou physiques que le grand public ignore. Mais quand le public entend du Xenakis, il est foudroyé et laisse éclater son enthousiasme ». C’est justement cette expérience extraordinaire décrite par Messiaen que nous proposons de vivre au public du festival Messiaen au pays de la Meije 2014 en lui offrant cette importante rétrospective de l’œuvre de Xenakis, immense compositeur. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 11 Les œuvres de Xenakis au programme 2014
N’Shima (1975), pour 2 voix paysannes amplifiées, 2 cors
amplifiés, 2 trombones ténor et un violoncelle amplifié
N’Shima (en hébreu : esprit, âme) fût une commande du Testimonium de Jérusalem sur un texte hébreu évoquant une parabole du rabbin Nachman : « La fille de l’Empereur et le Fils du Roi ». N’Shima est certainement un des plus grands chefs d’œuvre de Xenakis, d’une puissance et d’une originalité inouïes. Xenakis s’y empare des mots hébreux pour en extraire les phonèmes et les sons les plus gutturaux tandis que les cors et les trombones, chauffés à blancs, évoquent les shofars bibliques. En violent contraste, la partie centrale de l’œuvre est mystérieuse, les étincelles électriques et primales du violoncelle constellent la pureté des voix qui déclinent le Av-­‐Da hébreu comme des colonnes soutenant l’édifice musical. Aucune musique, depuis « Le Sacre » n’a réussi à évoquer avec une telle intensité la terreur sacrée. Samedi 26 juillet à 17 h 00 à la Collégiale de Briançon par les « Solistes XXI » dirigés par Rachid Safir Concert enregistré par France Musique Kottos (1977) pour violoncelle solo
Kottos est la seconde grande pièce de Xenakis pour violoncelle solo. Évoquant l’un des géants que Zeus dût combattre et vaincre, l’instrumentiste, à l’image du dieu, doit faire preuve d’une extrême énergie et de virtuosité pour dominer non plus son adversaire mais l’œuvre. Dans la première partie, le violoncelliste doit saisir son public par des sonorités âpres fortissimo qui se muent en tremolo sul ponticello puis en tremolo d’harmoniques. Dans la seconde partie, surgit une longue et puissante toccata que doit soutenir imperturbablement le soliste, d’abord lourde et pesante puis plus légère dans l’aigu. L’œuvre se clôt en glissandi impalpable qui gagne le suraigu de l’instrument. Samedi 26 juillet à 17 h 00 à la Collégiale de Briançon par Christophe Roy (violoncelle) Evryali (1973) pour piano solo
Evryali évoque le nom de la sœur aînée de Méduse mais signifie aussi « la mer au large ». C’est bien « au large » que nous transporte cette deuxième grande pièce de Xenakis pour piano solo puisque, pour la première fois, il y utilise la méthode des arborescences. Il résout ainsi magistralement le défi qu’il s’est posé : « Comment faire percevoir la continuité avec un instrument alors que cela est contre-­‐nature […] J’ai utilisé des arborescences […] Le dessin et la pensée du son-­‐image ne peuvent être dissociés […] Nous devons être capables de transférer sur le papier l’équivalent visuel de l’idée musicale ». Toccata d’une folle virtuosité, Evryali enivre l’auditeur par des sonorités instrumentales éblouissantes où les blocs d’accords obstinés et répétés alternent avec des lignes brisées nous transportant dans de grands sauts mélodiques. L’interprète d’Evryali doit faire preuve d’une virtuosité folle et spontanée. Dimanche 27 juillet à 17 h 00 à l’église de La Grave par Prodromos Syméonis (piano) Zyïa (1952) pour soprano, flûte et piano
Au début des années 1990, pour répondre à l’attente de la flûtiste Cécile Daroux, Xenakis ressort d’un tiroir une pièce de jeunesse, « Zyïa », composée au tout début des années 1950, alors qu’il commençait Dernière mise à jour : 27 mars 2014 12 à suivre les cours de Messiaen en auditeur libre. Cela s’entend notamment dans la construction des harmonies et l’utilisation percussive du piano. Zyïa, qui fait appel à un duo instrumental typique de la musique traditionnelle grecque où le piano se voit assigné un rôle rythmique et la flûte un rôle mélodique, a un modèle avoué à cette époque : Bartok. Zyïa se présente sous la forme d’une suite de chansons d’un auteur anonyme qui évoque l’arrivée du printemps de manière fantastique et magique. Lundi 28 juillet à 20 h 30 à l’église de La Grave par Raquel Camarinha (soprano), Eva-­‐Nina Kozmus (flûte) et Antoine Ouvrard (piano) Psappha (1975) pour percussion solo
Dans cette éblouissante pièce, Xenakis utilise un large effectif d’instruments à percussion. Il fait ainsi vibrer la musique de façon incantatoire grâce à une pulsion régulière mais variable, en modifiant continuellement la densité et la composition des groupes d’instruments. « Par moments dans Psappha, précise Xenakis, plusieurs couches de motifs rythmiques sont superposées les unes sur les autres, avec seulement un seul instrumentiste. Naturellement, c’est une performance pour un percussionniste. Les bois et les peaux, qui ouvrent la pièce, dialoguent en trois groupes. Puis, les métaux graves interviennent dans un discours de plus en plus répétitif, bientôt rejoints par les métaux aigus ». Mercredi 30 juillet à 21 h 00 à la Salle du Dôme de Monêtier-­‐les-­‐Bains par Rémi Durupt (percussion) Nomos Alpha (1966) pour violoncelle solo
Deuxième grande pièce soliste composée par Xenakis, après Herma, Nomos Alpha a été écrite pour le brillant violoncelliste allemand Siegfried Palm. Nomos Alpha est dédiée à la mémoire d’Aristoxène de Tarente mais aussi des mathématiciens Evariste Gallois et Félix Klein, créateurs de la théorie des ensembles. Basée sur un modèle entièrement abstrait, la théorie des groupes dans les transformations de la symétrie d’un cristal, Nomos Alpha se dispense de développements mélodiques ou harmoniques traditionnels. Pizzicati, col legno battuto, sul porticello avec tremolo, sont les modes de jeu qui composent la texture de l’œuvre à la manière de strates géologiques. Sommet du répertoire, Nomos Alpha offre une incursion magistrale dans la technique et la sonorité du violoncelle. Chacune de ses exécutions constitue un événement tant pour l’interprète que pour le public. Vendredi 1er août à l’église des Hières par Marie Ythier (violoncelle) Tetora (1990) pour quatuor à cordes
D’une seule coulée, Tetora qui signifie Quatre en dorien, se présente comme le troisième et ultime quatuor à cordes de Xenakis. Il s’agit certainement de son chef d’œuvre dans cette discipline, d’une concentration et une maturité exceptionnelles. Débutant par une superbe mélodie modale d’une ampleur épique, il se poursuit avec des blocs d’accords stridents, douloureux puis est interrompu par un bref épisode en pianissimo inquiétant et mystérieux pour se conclure par une montée finale d’une tension sonore d’une puissance toute orchestrale. Samedi 2 août à 21 h 00 à l’église du Chazelet par le JACK Quartet Dernière mise à jour : 27 mars 2014 13 Pléïades (1979) pour six percussionnistes
Pléïades, qui évoque un amas d’étoiles dont six seulement sont repérables à l’œil nu, se réfère essentiellement à l’idée d’abondance, celle des sons très riches convoqués par Xenakis pour cette grande œuvre et donc abondance des instruments capables de les restituer. La riche collection d’instruments à percussions recueillis par les créateurs de l’œuvre, les Percussions de Strasbourg, ne suffit pas au compositeur. Xenakis décide alors d’inventer un nouvel instrument spécialement pour cette œuvre : le Six-­‐Xen. De quoi s’agit-­‐il : « Il fût destiné aux instrumentistes des Percussions de Strasbourg, commente Xenakis (Xen pour Xenakis et Six pour le nombre de percussionnistes) pour la partition des Pléïades. Je voulais un son qui soit différent de celui des claviers, le vibraphone ou le marimba, qui sont classés comme ayant une belle sonorité, disons-­‐nous. Je voulais quelque chose de plus rugueux, proche d’un son métallique sans avoir à utiliser les cloches ». À l’écoute du Six-­‐Xen dans Pléïades, on pense immédiatement au gamelan d’Indonésie, en particulier à ceux de Bali, aux instrumentistes de la musique de fête au Japon, aux carillons des églises du bassin méditerranéen et aux cloches de vaches des vallées des Alpes. Pléïades rend ainsi un vibrant hommage aux différents travaux menés par l’homme dont les métaux font partie intégrante de la vie quotidienne. Restituer « Pléïades » à Villar d’Arène, au cœur d’une communauté montagnarde des Hautes-­‐Alpes, constitue une geste artistique particulièrement significatif. Vendredi 1er août à 21 h 00 sur la place de Villar d’Arène par les Percussions de Strasbourg Herma (1961) pour piano solo
Herma est la première œuvre pour instrument soliste composée par Xenakis qui se souvient du scepticisme des compositeurs à qui il a montré sa partition toute fraîche : « Injouable » proclame-­‐t-­‐il ! « Je revins inquiet, se rappelle Xenakis, et écrivis à Yuji-­‐ il s’agit du jeune pianiste japonais Yuji Takahashi qui lui a commandé la pièce lors de son premier voyage à Tokyo-­‐ lui demandant de me donner son avis : est-­‐ce réellement impossible à jouer ? Il me répondit qu’Herma était très difficile mais pas impossible ! Quelques mois plus tard, il pouvait le jouer par cœur ». En écoutant Herma, Théorie des ensembles et Musique symbolique, qui ont présidé à son élaboration, s’oublient complétement au profit d’une œuvre impressionnante où le piano nous conduit à travers une constellation de sons, tantôt proches tantôt lointains. Pour la première fois dans l’histoire de la musique, un compositeur est capable de restituer la profondeur de l’espace comme une valeur musicale. Dimanche 3 août à 11 h 00 par Paavali Jumpanen (piano) Mais aussi L inaia-Agon (1972), I ttidra (1996), Mikka «S » (1976), Rebonds
(1988), Embellie (1981), T etras (1983)… Dernière mise à jour : 27 mars 2014 14 Messiaen, 1939-1945 :
Une revanche créative sur les malheurs de la guerre
Pour la première fois, une édition du festival Messiaen au pays de la Meije va rassembler les quatre chefs d’œuvre composés par Messiaen pendant cette période dramatique : le « Quatuor pour la fin du Temps », les « Visions de l’Amen », les « Trois Petites Liturgies de la Présence Divine » et les « Vingt Regards sur l’Enfant Jésus ». Un colloque, le mardi 29 juillet, fera le point sur cette phase prodigieuse dans la vie et l’œuvre de Messiaen durant laquelle, malgré tous les obstacles, il affirme de façon magistrale son style unique. Voici, en introduction, un récit des principales circonstances de cette époque. Soldat Messiaen Olivier, 620 e R.I. Pionniers, 2 e bataillon, 5 e compagnie
Messiaen passe l’été 1939 à Petitchet. Le 25 août, il achève « Les Corps Glorieux » son deuxième cycle d’orgue. C’est là que lui parvient l’ordre de mobilisation, le 3 septembre 1939. Simple soldat, mais non affecté aux unités combattantes en raison d’une vue déficiente, Messiaen est successivement déménageur à Sarreguemines puis infirmier à Verdun. Ces occupations triviales lui laissent peu de temps mais il parvient néanmoins à se réserver des moments pour ne pas perdre la main : « Toutes les nuits, dit-­‐il, je me suis imposé de lire quelques pages d’orchestre dans de petites partitions de poche rangées avec amour au fond de la musette et ainsi lus de prés, lus dans les coins, en analysant formes, harmonies et timbres, plusieurs symphonies de Beethoven, Ma Mère l’Oye de Ravel, Noces de Stravinski et Horace Victorieux d’Honegger ». Autre satisfaction du soldat Messiaen : « Il m’a été permis et même demandé de jouer de l’orgue le 11 novembre, le jour de Noël et le 1er janvier ». Mais le cours des événements change brusquement. L’armée allemande déclenche une offensive foudroyante contre la France. Verdun tombe le 15 juin 1940. Messiaen essaie de fuir dans une forêt des alentours mais, relate-­‐t-­‐il : « les Allemands se posaient aux quatre coins de l’horizon ; en faible nombre, et scandaient rythmiquement certains mots. Les différentes sources sonores de ces mots les multipliaient, donnant l’illusion d’une troupe nombreuse; le chœur se resserrait en cercle étroit autour des français, qui se croyaient écrasés par le nombre ». Le soldat Messiaen est ainsi fait prisonnier. Les milliers de soldats français sont alors rassemblés dans un camp de prisonnier à Toul. Messiaen a juste le temps d'y faire connaissance avec un homme qui comptera beaucoup dans sa vie : le compositeur et égyptologue Guy Bernard-­‐Delapierre. Ce dernier décrit ainsi leur brève rencontre : « C’est donc dans cette ambiance tragique que je connus Messiaen […] Je découvris alors que cet homme anonyme qui se trouvait dans notre troupeau vivait ailleurs. Ainsi je fus attiré vers lui, ainsi nous nous connûmes. La légende disait qu’il avait traîné sur une vielle voiture d’enfant, au long des routes de la retraite, une cargaison de petites partitions d’orchestre, sa bibliothèque musicale, son bien le plus précieux. Il passait son temps à les relire et m’en prêta quelques-­‐unes, parmi lesquelles, je me rappelle, les Noces de Stravinski […]. Nous nous promenions, Messiaen et moi, dans cet étrange village, en discutant de toutes sortes de notions musicales, religieuses, philosophiques. L’espoir reprenait ses droits. C’est donc là que Messiaen me confia ses vues sur la musique de l’avenir, la forme des œuvres qu’il voulait créer, l’inspiration qu’il pensait reconnaître en lui [… ].Enfin un jour, pendant que je dormais, il me quitta avec les camarades de son unité, appelé vers un autre destin que moi. Quand je me réveillai, sa place était vide. Mais sur ma poitrine, je trouvai un petit morceau de papier avec son adresse à Paris ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 15 Messiaen Olivier N° matricule 35333 – Stalag VIIIA.
Allemagne
Quand Messiaen parvient au Stalag VIIIA de Gorlitz en Silésie avec ses camarades, plus de 15 000 soldats polonais y sont déjà rassemblés. 8 000 soldats belges et 40 000 soldats français vont les y rejoindre dans 30 baraques susceptibles de contenir chacune 500 personnes. C’est dire s'il y règne le surpeuplement ! Auquel vont s’ajouter le manque de nourriture et le froid intense qui ne tarde pas à s’installer dans ce territoire situé à la frontière de la Pologne. Parmi les prisonniers, Messiaen fait connaissance avec plusieurs musiciens : le violoncelliste, alors mondialement connu, Etienne Pasquier, le violoniste Jean Le Boulaire qui abordera plus tard une carrière de comédien et le clarinettiste Henri Akoka qui deviendra, après la guerre, soliste à l’Orchestre National. Or les Allemands, désireux de créer dans le camp un semblant de vie culturelle, sollicitent au sein des détenus les musiciens capables de donner quelques concerts. Apprenant par la rumeur l'existence d'un certain Messiaen surnommé affectueusement « le Mozart français» par ses camarades, ils décident de l’exempter de toutes les corvées, de lui fournir crayons, gommes et papier réglé et de l’inciter à composer. C’est ainsi que Messiaen se met à la tâche et jette sur les portées les notes du « Quatuor pour la fin du Temps ». En novembre 1940 la partition est assez avancée pour que les musiciens puissent débuter les répétitions. Ils sont autorisés à se réunir quatre heures par jour afin de surmonter les difficultés de l’œuvre-­‐partition qui s’annonce redoutable, surtout avec les instruments très médiocres que les allemands leur ont fournis. Après un travail acharné sous la houlette de Messiaen, tout est prêt pour la création qui a lieu, le 15 janvier 1941 à 18 h 00, dans un baraquement archi-­‐comble réservé au théâtre. La toiture du bâtiment est recouverte d’une épaisse couche de neige. Il fait – 15° degré à l’extérieur. Quelques semaines plus tard, le premier N° de « Lumignon : bi-­‐mensuel du stalag VIIIA », relate l’événement sous une critique intitulée « Première au camp » : « Il nous a été accordé d’avoir vécu dans ce camp le miracle de la création d’un chef d’œuvre […]. Parce que l’auteur l’a cherché avec toute l’humilité et la patience de la foi, je crois que le Quatuor pour la fin du Temps est véritablement imprégné de l’idée de Dieu. Entre deux mouvements on faisait la réflexion : cette musique nous honore tous. Telle est la grandeur vraie qu’elle nous tire à elle […]. Ceci est une revanche à tous, dit quelqu’un. C’était vrai : revanche sur la captivité, revanche sur la médiocrité et surtout revanche sur nous-­‐
même ». Des mots presque identiques reviennent sous la plume d’un autre prisonnier témoin de cette première en tout point extraordinaire, Marcel Haedrich, critique musical au Figaro dans la vie civile : « le morceau tout entier est imprégné de foi, et pour ceux qui ont des oreilles et qui entendent, il est comme une revanche sur la captivité, sur l’atmosphère désespérée du camp ». Au dos du programme imprimé par les allemands pour cette création, Messiaen demande à ses collègues de lui écrire une dédicace en mémoire de la création du Quatuor pour la fin du Temps : « Le camp de Görlitz… Bloc 27B, notre théâtre… Dehors, la nuit, la neige, la lisère… Ici, un miracle… le Quatuor pour la fin du Temps nous transporte dans un paradis merveilleux, nous soulève de cette terre abominable. Merci infiniment à notre cher Olivier Messiaen, poète de la Pureté éternelle. En toute et grande affection ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 16 E.T. Pasquier « À Olivier Messiaen qui m’a révélé la Musique. J’essaie vainement par ces quelques mots de lui prouver ma reconnaissance, mais je doute d’y parvenir un jour ». H. Akoka « À Olivier Messiaen, mon grand ami, qui avec le quatuor (pour) « La fin du Temps » me fit faire un grand et magnifique voyage dans un monde merveilleux. Mille mercis ainsi que ma grande admiration et toute ma sympathie ». J. Le Boulaire Quelques mois plus tard, Messiaen est libéré, sans doute grâce à l’intervention pressante de Marcel Dupré, son ancien professeur d’orgue au Conservatoire de Paris. Il gagne immédiatement Neussargues, dans le Cantal, où son épouse Claire Delbos séjourne avec leur fils Pascal, alors âgé de quatre ans, dans la propriété familiale. Puis, Messiaen accomplit un court séjour à Vichy. Il y retrouve ses deux amis, Daniel-­‐Lesur et Yves Baudrier, engagés-­‐ ce qui ne peut manquer de créer la confusion avec le mouvement musical qu’ils ont créé ensemble avant la guerre-­‐ dans l’Association Jeune France dont l’article 1 des statuts précise l’objet : « Faire créer par les jeunes et pour les jeunes un mouvement Jeune France qui rénove la grande tradition de la qualité française en matière artistique et culturelle… ». Olivier Messiaen, professeur d’harmonie au Conservatoire de
Paris
Dans la débâcle, le sort du Conservatoire de Paris, de ses professeurs et ses élèves peut sembler bien futile ! Pourtant, c’est avec l’énergie du désespoir que les derniers présents tentent d’en assurer la pérennité comme un devoir sacré. Aussi, aux yeux du nouveau directeur, Claude Delvincourt, organiser un semblant de fonctionnement est un pas moral vers la reconquête de la liberté. Pour pallier aux conséquences des lois anti-­‐juives infâmes de Vichy, il lui faut rechercher de nouveaux professeurs. André Bloch, professeur d’harmonie, a été interdit d’enseignement et de toute façon, il est atteint par la limite d’âge ! Il faut pourvoir le poste. Messiaen, dont l’éditeur Leduc a publié en 1939 un ouvrage théorique et pratique intitulé « Vingt leçons d’harmonie, dans le style de quelques auteurs importants de l’histoire harmonique de la musique de Monteverdi jusqu’à Ravel », pose officiellement sa candidature et obtient le poste. Messiaen prend donc sa première classe, le 7 mai 1941, six semaines avant le concours de fin d’année qui est maintenu. Yvonne Loriod, qui fût la première élève de sa classe à recevoir une nomination, le second Prix d’harmonie, à tout juste 17 ans, témoigne de cette classe : « Un jour, nous avons vu entrer le directeur Claude Delvincourt dans la classe et présenter Messiaen aux élèves en disant : Voilà votre nouveau maître. Et on a vu entrer un homme blond, d’environ trente-­‐trois ans, avec un manteau gris, très aimable, très effacé, et nous avons été tout de suite frappées par ses mains, pleines d’engelures […]. Et voilà que ce nouveau professeur se met au piano et sort de sa poche une petite partition du Prélude à l’après-­‐midi d’un faune de Debussy. Les gamines que nous étions n’avaient jamais vu de partition de poche. En 1941, quelqu’un qui jouait du piano à partir d’une partition d’orchestre, si petite, c’était vraiment très rare, et cela a provoqué chez nous une admiration sans bornes ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 17 Mettons en parallèle de ce récit la manière dont Messiaen conçoit son enseignement de l’harmonie à cette époque : « Mon rôle était d’abord de les faire entendre intérieurement ; je voulais savoir s’ils entendaient ce qu’ils écrivaient. El mon deuxième rôle était de leur faire trouver la bonne harmonie ». Quelques temps plus tard, Messiaen éprouve le sentiment qu’il peut donner plus aux jeunes élèves qui le sollicitent. Guy Bernard-­‐Delapierre, l’ami d’infortune rencontré sur le chemin du stalag, reprend contact avec lui et se souvenant des longues conversations qu’ils eurent ensemble, il lui propose justement de donner des cours privés d’analyse musicale et de composition à des élèves de son choix : « Nous aurons un magnifique piano à queue dans un décor unique », il s’agit de l’ancien appartement où vécut Racine situé rue Visconti. Parmi les premiers élèves de ses cours qui débutent en 1943, outre le maître de maison, vont figurer : Yvonne Loriod, Maurice Le Roux, Pierre Henry, Yvette Grimaud. Parallèlement à son activité d’enseignement, Messiaen reprend le chemin de la tribune de la Trinité afin de répondre à une préoccupation essentielle pour un compositeur : veiller à faire jouer ses œuvres. Ainsi, la création parisienne du « Quatuor pour la fin du Temps » a lieu au Théâtre des Mathurins, le 24 juin, 1941. Olivier Messiaen qui tient le piano retrouve Etienne Pasquier, le violoncelliste du stalag, lui aussi récemment libéré. Mais c’est Jean Pasquier qui tient la partie de violon tandis qu’André Vacellier est à la clarinette. Cette équipe de musiciens redonnera l’œuvre à plusieurs occasions durant l’occupation notamment dans les salons du Comte de Beaumont et de Guy Bernard-­‐Delapierre. Messiaen veille aussi sur la préparation de l’édition de la partition qui parait chez l’éditeur Durand, le 15 mai 1942, sur un papier d’une qualité inhabituelle pour l’époque en 100 exemplaires. Au début de janvier 1942, Messiaen supervise les répétitions des « Offrandes oubliées », œuvre symphonique composée en 1930 et qui jouit dès cette époque d’une réelle popularité. Charles Munch l’a inscrite au programme d’un concert gratuit donné, le 11 janvier 1942 par la Société des concerts du Conservatoire. Roger Désormière, l’autre grand chef du moment, qui va jouer un rôle décisif dans la carrière de Messiaen, réalise en décembre 1942 avec l’Orchestre Pierné, le premier enregistrement commercial d’une œuvre de Messiaen, les « Offrandes oubliées ». C’est à cette même période, durant l’été 1942, que Messiaen écrit « Technique de mon langage musical », un traité révolutionnaire car c’est bien la première fois dans l’histoire de la musique qu’un compositeur livre ses recettes. On y lit notamment ceci : « La mélodie est le point de départ. Qu’elle reste souveraine ! Et quelle que soit la complexité de nos rythmes et de nos harmonies, ils ne l’entraîneront dans leur sillage, mais, au contraire, lui obéiront comme de fidèles serviteurs ». « Technique de mon langage musical », dédié à l’ami Guy Bernard-­‐Delapierre, est la base théorique des chefs d’œuvres à venir et Honegger un des premiers lecteurs a raison de dire : « Pour ceux qui s’imaginent la musique actuelle basée sur la plus complète anarchie, la lecture de l’ouvrage de Messiaen ne pourra être que profitable et instructive ». Une invite pertinente qui, nous le verrons, n’adoucira pas les futurs détracteurs de Messiaen ! L’explosion créatrice de Messiaen au cœur des ténèbres, de
1943 à 1945
La vie est devenue encore plus éprouvante dans Paris occupé : couvre-­‐feu, difficultés d’approvisionnement, bombardements alliés, répression toujours plus brutale de la résistance, rafles des juifs. Au milieu de ces ténèbres, voici l’état d’esprit de Messiaen : « Quand je suis revenu de captivité, la situation en France était surtout assez dramatique matériellement parce qu’on n’avait pas assez à manger, mais il y avait un grand renouveau, un renouveau spirituel et un renouveau intellectuel. C’est d’ailleurs comme ça, je crois, dans tous les pays qui sont malheureux : quand on est malheureux, on Dernière mise à jour : 27 mars 2014 18 pense davantage, et les œuvres artistiques, musicales, picturales ou littéraires s’en ressentent, et elles sont tout de suite à un niveau plus élevé ». Très stimulé par les contacts avec ses jeunes élèves, Messiaen va en effet connaître ce que son biographe Alain Périer exprime très bien : « Une subite poussée d’inspiration, plus brutale et intense que les autres, plus fiévreuse, qui semble tenir du miracle et que rien, pas même se technique, si affinée soit-­‐
elle, ne pourrait totalement expliquer ». Il compose en 20 mois à peine : les « Visions de l’Amen » (de décembre 1942 à mars 1943), les « Trois Petites Liturgies de la Présence Divine » (de novembre 1943 à mars 1944), les « Vingt Regards sur l’Enfant Jésus » (de mars à septembre 1944). À l’origine des deux premiers chefs d’œuvre, il y a un mécène, Denise Tual. Nous sommes à l'automne 1942 : « Je passai par hasard, dit-­‐elle, devant l’église de la Trinité et j’entrai avec l’idée absurde de m’y réchauffer. Je restai clouée sur place : des déferlements extraordinaires venaient de l’orgue. Les oiseaux du monde entier avaient pénétré par les tours de la Trinité et donnaient ce jour-­‐là un concert étrange de cris mêlés aux battements d’ailes balayés dans la tempête. Ces sons nouveaux, jamais entendus auparavant, ces rythmes qui relevaient parfois de la musique orientale, de gongs et de tam-­‐tam mystérieux faisaient place subitement à une superbe phrase musicale venant tout droit du ciel […] J’étais bouleversée ! ». Denise Tual s’adresse au bedeau et demande à rencontrer immédiatement cet organiste qu’elle ne connaît pas. Il lui est répondu qu’il lui faut rédiger une demande écrite. Ce qu’elle fait aussitôt. Dans les jours qui suivent, elle reçoit une réponse positive. Denise Tual décrit leur première entrevue : « Je m’attendais à rencontrer un homme très jeune et plutôt « zazou » […]. Je me trouvai avec un homme d’église […]. Il me fit asseoir à ses côtés sur le banc de l’instrument. La conversation s’engagea à voix basse. Il était visiblement intimidé. Sa figure s’éclaira lorsque je lui exposai le but de ma visite. Une commande ? Il s’épanouissait ». Messiaen porte en lui toutes les œuvres du futur. Il lui faut une occasion pour les réaliser. Elle se présente ! Les choses ne traînent pas. Quelques jours plus tard il écrit à Denise Tual : «Nous sommes entièrement d’accord sur tous les points. J’écrirai pour vous une œuvre pour deux pianos : vous la mettrez au programme de votre troisième concert. Nous sommes parfaitement d’accord sur tous les points ». Messiaen mène la composition à un bon train. Des amis lui ont mis à sa disposition de très beaux pianos et surtout, il a trouvé l’interprète capable de tenir le piano 1 du duo : sa jeune élève de la classe d’harmonie, Yvonne Loriod, remarquable pianiste, dont il a déjà pu entendre l’interprétation de ses « Préludes » de jeunesse. Ainsi, Messiaen peut écrire à sa commanditaire, le 17 mars 1943 : « Mon œuvre est finie. En voici le titre et sous-­‐titres : Visions de l’Amen… ». La création, le 10 mai 1943, dans le cadre des concerts de la Pléiade a lieu à la Galerie Charpentier, uniquement sur invitation. Il s’agit d’un événement artistique majeur mais aussi mondain qui rassemble beaucoup de célébrités de l’époque : Francis Poulenc, Arthur Honegger, André Jolivet, Colette, Paul Valéry, François Mauriac, Jean Cocteau, Christian Dior, Gaston Gallimard. Très satisfaite de l’accueil reçu par l’œuvre, Denise Tual propose dès septembre 1943 une nouvelle commande à Messiaen. Celui-­‐ci met quelques temps à préciser les contours de sa future œuvre. Mais dès la première lettre d’intention qu’il adresse à Denise Tual, le 4 octobre 1943, Messiaen envisage une onde Martenot, un piano, une batterie comprenant : célesta, tam-­‐tam, cymbales et tambour de basque, un dixtuor à cordes et précise-­‐t-­‐il : « Il faudrait un chef d’orchestre (Désormière serait parfait !). Le piano et les ondes auraient une partie importante et difficile (on pourrait confier le piano à Melle Loriod et l’onde à Melle Martenot, sœur de l’inventeur ». Ce sont les contours de ce que deviendra cette fabuleuse œuvre : « Trois Petites Liturgies de la Présence Divine ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 19 La création en sera bien confiée à Roger Désormière, mais ce sera le 15 avril 1945, un an après la fin de la composition. Car, un mois plus tôt aura eu lieu, le 26 mars 1945, la création par Yvonne Loriod des « Vingt Regards sur l’Enfant Jésus » pourtant composée un an plus tard. À l’occasion de ses créations successives, une violente polémique enfièvre les rubriques musicales de la presse. On parle du « Cas Messiaen ». Messiaen s’en montre très affecté. Mais, la cause est entendue ! Messiaen apparaît, même auprès de ses plus violents détracteurs, comme le compositeur de l’avenir. Car, un mois plus tôt aura eu lieu, le 26 mars 1945, la création par Yvonne Loriod des « Vingt Regards sur l’Enfant Jésus » pourtant composé un an plus tard. A l’occasion de ses créations successives, une violente polémique enfièvre les rubriques musicales de la presse. On parle du « Cas Messiaen ». Messiaen s’en montre très affecté ! Mais, la cause est entendue ! Messiaen apparait, même auprès de ses plus violents détracteurs, comme le compositeur de l’avenir. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 20 Les œuvres de Messiaen au programme 2014
Trois petites Liturgies de la Présence Divine ( 19431944)
Pour piano solo, onde Martenot, célesta, vibraphone, batterie, chœur de voix de femmes à l’unisson, et orchestre à cordes Samedi 26 juillet à 21 h 00 à la Collégiale de Briançon Par Roger Muraro (piano), Valérie Hartmann-­‐Claverie (onde Martenot), l'Ensemble vocal Musicatreize et l'Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur dirigés par Roland Hayrabédian Concert enregistré par France Musique « Je dis tout cela à cause des critiques et reproches exprimés par certains au sujet de la première audition des Trois petites Liturgies de la Présence Divine […]. La musique de Messiaen est une musique d’amour. Et cet amour s’exprime dans une langue toute nouvelle ; nouvelle du point de vue de la sonorité, nouvelle, du point de vue rythmique : le système rythmique d’Olivier Messiaen est d’une absolue personnalité et d’une vraie richesse ; il est plus hindou que stravinskiste et comporte plus de souplesse que de violence. On sent dans cette musique toute la tendresse de Messiaen pour Pelléas, toute la science harmonique qui se manifestait chez lui, déjà, il y quinze ans, tout l’intérêt qu’il porte aux poètes (surtout à Eluard et à Reverdy, je le sais), tout sa connaissance du plain-­‐chant, mais on sent […] que tout cela est au service de sa foi, finalement c’est un flamboiement de vitraux, une féerie de lumière et de sons, une œuvre somptueuse, une œuvre de gloire, qui nous arrive en pleine figure. Tout cela, cependant, vient à nous, tout droit du cœur simple de Messiaen, de son humilité, de sa vérité… » Jean Wiener-­‐ Ce soir, avril 1945 Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus pour piano Mardi 29 juillet à 21 h 00 à l'Église de La Grave par Marie Vermeulin (piano) « Olivier Messiaen a rangé sous ce titre une série de pièces pour le piano d’une éblouissante et somptueuse diversité de style et d’expression, la cohésion de l’ensemble étant assuré par trois thèmes essentiels qui renouent à point nommé le fil d’une grande méditation sur l’enfance du Christ. C’est ce qu’on eût appelé une œuvre « cyclique » aux beaux jours de la Schola Cantorum. Or, il me semble qu’on ne saurait mieux caractériser l’art de Messiaen qu’en le situant à l’extrême opposé de l’esprit scholiste. Ce musicien, dont l’œuvre entière proclame la primauté du spirituel, n’est pas seulement le plus éloigné de l’austérité sentimentale des franckistes, mais plus attaché aux voluptés sensibles de la sonorité, comme si la matière musicale la plus dense, la plus riche et la plus rare était à ses yeux la mieux propre à traduire les splendeurs ineffables du spirituel […] il nous suffira pour aujourd’hui de rendre hommage au très grand musicien qui s’affirme audacieusement dans les Vingt Regards sur l’Enfant-­‐Jésus, ainsi qu’à sa Dernière mise à jour : 27 mars 2014 21 magnifique interprète. Melle Yvonne Loriod joue cette musique d’une folle complexité comme si elle naissait spontanément sous ses doigts ». Roland-­‐Manuel-­‐ Combat, le 3 avril 1945. Visions de l’Amen pour deux pianos Samedi 2 août à 17 h 00 à l'Église de La Grave par Michael Lévinas (piano) et Jean-­‐Luc Plouvier (piano) « Je le dis tout de suite, l’œuvre d’Olivier Messiaen ma paraît remarquable, d’une grande richesse musicale, d’une vraie grandeur de conception […] mes préférences personnelles vont surtout à l’Amen de l’Agonie de Jésus et à l’Amen du désir. Dans le premier, il y a ce thème angoissé qui tourne longuement sur les trois notes (do dièse, ré, mi bémol) qui est d’une intensité expressive extraordinaire. Dans le second, le thème calme d’une exquise tendresse qui s’impose dans ses variations au second motif au rythme syncopé, ardent et passionné ». Arthur Honegger-­‐ Comoedia, le 15 mai 1943 Quatuor pour la fin du Temps
pour violon, clarinette en si bémol, violoncelle et piano Dimanche 3 août à 21 h 00, Église de La Grave dans le cadre de la commémoration des 100 ans de la déclaration de la guerre de 1914 Par Florent Boffard (piano), Jean-­‐Guihen Queyras (violoncelle), Jorg Widmann (clarinette) « Le Quatuor pour la fin du Temps est l’œuvre de musique de chambre la plus frappante qu’il nous ait été donné d’entendre depuis l’audition, à Paris, du dernier quatuor de Schoenberg. Pourquoi frappante ? Parce que, grâce à un langage mélodique et métrique original et organisé, né de méditations sur l’antique métrique grecque et le modalisme hindou, méditations que lui imposait son devoir créateur, Olivier Messiaen nous a de nouveau introduits, mais un peu plus loin cette fois-­‐ci, dans la jungle enchantée qu’il porte en lui. Là, il nous ravit en joie de pure musique. Scintillement de l’harmonie, poids des lignes lentes, intenses dans leur hiératisme, danse fantastique et noble des valeurs rythmiques, originalité « inouïe » de l’invention : tout concourt dans cette œuvre capitale à stupéfier et à séduire ; les auditeurs les plus rebelles l’avaient de bien bonne grâce à la sortie ». Serge Moreux-­‐ L’Information musicale, juin 1941 Et aussi : Cantéyodjayâ, Quatre Études de Rythme, Catalogue d’oiseaux (Livre III) Dernière mise à jour : 27 mars 2014 22 Jean-Louis Florentz, l’homme du sud
Jean-­‐Louis Florentz avait accepté de participer au festival Messiaen au pays de la Meije en 2003, alors que plusieurs de ses œuvres étaient programmées. Malheureusement, sa grande fatigue l’obligea à renoncer à ce déplacement. L’année suivante, je réitérai l’invitation. Il me répondit que « [sa] santé allant mieux », il « [espérait] venir absolument à La Meije ». C’est avec beaucoup de regret et de tristesse que nous apprîmes donc son décès en juin 2004. Depuis, le festival a régulièrement programmé les œuvres de Jean-­‐Louis Florentz. Nous sommes donc particulièrement désireux de nous associer à l’hommage qui lui sera rendu, dix ans après sa disparition, en présentant son chef d’œuvre, le Magnificat-­‐Antiphone pour la visitation. Une nécessité incompressible de créer
Jean-­‐Louis Florentz, né en 1947, a passé son enfance et son adolescence dans la région lyonnaise. « Mes souvenirs d’enfance plutôt solitaire, dit-­‐il, sont remplis de rêves scientifiques, de grands espaces, et de voyages lointains ; ces rêves étaient entretenus par plusieurs chocs émotionnels causés par certains films documentaires sur l’Afrique, la Papouasie que nous montraient les Pères blancs de passage ; ou ce chef d’œuvre de Walt Disney, Désert vivant ». Cette fascination était renforcée par une expérience concrète de la vie sauvage grâce, ajoute-­‐t-­‐il à « Yves de Chavagnac, un père mariste absolument exceptionnel que je suivais dans les forêts du Mont Pilat plusieurs jours par mois pendant des années ». Cet imaginaire va conduire Jean-­‐Louis Florentz à se définir, hors de tout contexte généalogique, comme « fondamentalement un homme du sud ». Ce trait, il va en faire un élément majeur de son itinéraire personnel et de son identité artistique. Pendant toute sa jeunesse, Florentz oscille entre diverses vocations : « J’étais habité par plusieurs centres d’intérêt. J’ai longtemps essayé d’échapper à la musique, dit-­‐il drôlement, envisageant une carrière plutôt dans les sciences, ou dans la linguistique sémitique. Mais la nécessité incompressible de créer s’est imposée peu après le baccalauréat ». Il mène de front de 1966 à 1970 des études au Conservatoire de Lyon et à l’Université de la même ville en sciences naturelles et en arabe littéraire. Messiaen, le Maître
« C’est précisément à cause de lui, et de lui seul au début, que je suis monté à Paris, en 1971 ». À cette époque, pour Florentz « Messiaen est plus que le maître, c’est l’homme qui me fascinait, un homme pour lequel j’éprouvais (et j’éprouve encore), dit-­‐il en 1990, une immense admiration. Et je dois préciser : il ne s’agit pas que du grand compositeur, qui tient une place majeure dans l’histoire de la musique du XXème occidental. C’est aussi un homme dont l’univers intime, très personnel est parfaitement structuré autour de trois passions majeures : la foi, la nature et la musique […]. J’étais ébloui par l’interpénétration de ces trois domaines et par l’équilibre personnel qui en résultait […]]. Le maître est, doit être, un exemple d’équilibre entre ses passions et ses pulsions qui fusionnent en un tout unitaire, dans son comportement et dans ses œuvres. S’il est génial, la pédagogie fonctionne à plein, et c’était le cas d’Olivier Messiaen ». De son côté, Messiaen a rarement trouvé chez un de ses élèves tant d’affinités personnelles avec ses trois passions. Aussi, ne ménage-­‐t-­‐il pas son soutien à celui qui suit ses cours en auditeur libre : « Messiaen m’aimait beaucoup, il me suivait, il avait confiance, tout en me disant (il a changé d'avis depuis) : Vous ne devriez pas vous intéresser aux oiseaux africains parce qu’ils n’ont pas de belles mélodies ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 23 Affinités mais pas conformité. Florentz n’a pas l’âme d’un disciple. Il trace sa route parfois à contresens de celle du maître. C’est ainsi qu’il va construire les lignes de force de son style : à la notation des chants d’oiseaux, il préfère l’étude des polyphonies d’oiseaux en milieu intertropical. À la rythmique métrée de Messiaen, il oppose une conception incantatoire du rythme car, dit-­‐il « Messiaen juge métriquement la rythmique; la notion de balancement, de pression incantatoire, qui vient de la nécessité de percevoir et de contrôler l’irrationalité rythmique, c’est une chose qui lui a toujours échappée ». De toute façon, Florentz étouffe parmi la génération des compositeurs qui l’entourent. Il ressent ce qu’il exprime comme « L’empêchement d’apprendre convenablement le métier de compositeur ». C’est ainsi qu’il quitte la classe en 1973, pour approfondir sa formation d’ethno-­‐musicologue qui lui permet, avec ses incessants voyages de trouver d’autres réponses à ses questions : « Je fuyais en Afrique du Nord à la première occasion dès que je sentais une pression quelconque sur la plan esthétique ». L’univers culturel bipolaire de Florentz
« La moitié de mon univers culturel est européenne, l’autre est africaine et proche orientale ». C’est ainsi que Florentz se définit. Voyons le côté européen : si l’on excepte Messiaen, Florentz, exprime clairement ses affinités : « En dehors de Debussy et de Puccini, je citerai essentiellement Henri Dutilleux et Maurice Ohana, que je reconnais, sans avoir jamais travaillé avec eux, comme deux pères spirituels […]. Deux autres compositeurs m’ont très fortement impressionné par certaines de leurs œuvres : Benjamin Britten, avec le War Requiem et la Sérénade pour ténor et cor, ainsi que Francis Poulenc avec les Dialogues des Carmélites ». L’univers africain s’est nourri de multiples séjours dans plusieurs pays : Niger, Côte d’Ivoire, Soudan, Éthiopie, Kenya, Burundi, et Tanzanie. Une révélation qui lui permet de renouer le lien perdu avec le fond magique, existentiel et spirituel de la musique : «En Afrique, dit-­‐il, comme d’ailleurs en Asie du sud, en Australasie, dans le monde arabe, tout a une signification profondément religieuse et la vie humaine est une expérience religieuse de l’univers, propriété d’un seul Dieu ». Chez Florentz l’influence musicale et culturelle de l’Afrique va donc bien au-­‐delà d’un exotisme superficiel comme il en témoigne : « J’ai assisté à beaucoup de liturgies africaines et j’en ai été profondément marqué, influencé. Quant à la musique proprement dite, d’une part la sonorité des harpes et des balafons, des voix noires « colle » de toute évidence avec ma sensibilité ; mais plus encore les formes employées dans différentes musiques liturgiques, surtout est-­‐africaine et proches orientales, dont les incidences dans ma propre conception du développement sont considérables ». Les principes structurels et formels spécifiques des musiques africaines nourrissent la forme des œuvres de Florentz : « Dans ma musique, certaines inflexions mélodiques, rythmiques, certaines orchestrations, ne peuvent être analysées qu’en rapport avec un contexte musical et symbolique absolument spécifique à la musique sacrée de certaines ethnies africaines ». Florentz travaille lentement, chaque œuvre demandant chez lui une gestation de plusieurs années : « Ce que je peux affirmer absolument, est que le processus menant progressivement à la composition d’un ouvrage ne fonctionne pas si je ne dispose pas d’une très vaste assise rituelle, dans un sens extrêmement élargi : un ensemble d’images fortes allant de tel motif neumatique éthiopien à un immense paysage somalien, extrêmement provocant pour l’inspiration, en passant par le comportement de tel oiseau kenyan, palestinien […] le regard d’une Yéménite, d’un Nilote du soudan[…] ou l’odeur des acacias en fleurs dans le Rift Valley, celle de l’encens et des vieux parchemins des églises coptes […]. Mais d’abord, par-­‐dessus tout, les grands espaces ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 24 Magnificat-Antiphone pour la Visitation opus 3
pour ténor, chœur mixte et orchestre
Dans le cadre « 2014, année Florentz »
Samedi 26 juillet à 21h-­‐ Collégiale de Briançon Ensemble vocal Musicatreize et Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur dirigés par Roland Hayrabédian Concert enregistré par France Musique Premier opus que Florentz ait choisi de conserver dans son catalogue, le Magnificat-­‐Antiphone pour la Visitation est un coup de maître et un chef d’œuvre. Dans les commentaires que nous livre l’auteur sur son œuvre, la formidable richesse d’une œuvre aux multiples connotations culturelles et spirituelles apparaît : « Le Magnificat-­‐Antiphone pour la Visitation » est la première partie d’un triptyque Marial en trois parties, dérivé et inspiré du Keshtat Za-­‐
Aryâm éthiopien. En effet, la liturgie éthiopienne est au cœur de ce triptyque Marial. On peut même dire plus généralement : l’univers religieux et culturel Est-­‐africain, et cela dans les détails de l’écriture. Le Magnificat, dit par Marie lors de sa visite à Elisabeth, est un chant de salutation que j’ai d’abord voulu replacer dans le contexte judéo-­‐islamique, où la rencontre, les retrouvailles, font l’objet d’un rituel souvent complexe. Par extension, j’ai repris l’ensemble des configurations polyphoniques auxquelles donnent naissance les rites de rencontre après une séparation dans les civilisations africaines et musulmanes ; non seulement chez les hommes, mais aussi dans la nature : les polyphonies des oiseaux inter-­‐tropicaux en particulier. En même temps qu’à l’orchestre se développent ces diverses activités polyphonique, le soliste (un Archange) et le chœur chantent le Magnificat proprement dit, augmenté de versets de Psaumes, et prolongé par un extrait du Cantique des Cantiques ». « Ma préoccupation majeure était de parvenir à une très grande souplesse de la matière sonore : la voix devait être naturelle, et donner constamment l’impression de n’avoir pas été travaillée […] Il arrive que le chœur joue un rôle purement instrumental, en particulier dans le choral central. Je voulais à cet endroit une sonorité d’ « Orgue Mythique », faisant allusion à l’office éthiopien « L’Orgue de la Vierge ». Le Magnificat-­‐Antiphone pour la Visitation, commencée au Niger et Côte d’Ivoire, fut orchestré et rédige à Rome, pendant mon séjour à la Villa Médicis, d’où j’allais régulièrement m’initier à la liturgie et à la musique sacrée éthiopiennes au Vatican, auprès de Mgr Abba Pietrus Haîlu da’ Hebo, évêque érythréen. L’ouvrage fut créé le 16 décembre 1980 en l’église Saint Séverin, dans le cadre du Festival d’Art Sacré de la Ville de Paris. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 25 Les Créations
au festival Messiaen au pays de la Meije 2014
Nous aurons le privilège d’assister à la création de trois œuvres de compositeurs de trois générations différentes. Luis de Pablo (né en 1930 à Bilbao) Création d’une œuvre pour deux Mezzo-­‐sopranos, deux trombones, deux cors et violoncelle Samedi 26 juillet 2014 à la Collégiale de Briançon par les Solistes XXI dirigé par Rachid Safir. Avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert C’est certainement à Luis de Pablo que la musique espagnole doit d’être sortie de sa torpeur au temps du franquisme. Juriste de formation, il est un temps avocat de la compagnie aérienne Iberia, puis il se donne pour mission le renouveau de la vie musicale dans son pays. Pour cela, il fonde successivement des groupes musicaux « Tiempo y musica », en 1959 puis « Alea », en 1965, le premier studio électronique espagnol. Luis de Pablo accomplit d'abord un parcours de compositeur autodidacte avant de se rendre à Darmstadt, dans les années 1960, pour y suivre les cours de l’avant-­‐garde d’alors : Maderna, Boulez, Ligeti et Stockhausen. Au même moment, il suit des cours de Max Deutsch. Il se dégage ensuite de leur influence en puisant son inspiration dans des traditions musicales non européennes. Il vit cette découverte comme une véritable révolution copernicienne : la musique occidentale n’occupe plus la place centrale. Il est aussi important d’intégrer les gestes instrumentaux des flûtistes mélanésiens que d’étudier le contrepoint. Chez Luis de Pablo, cette recherche se conjugue avec une philosophie qu’il exprime ainsi : « Ce qu’il importe le plus de ne pas perdre, c’est la gourmandise ; j’avoue plus volontiers être un hédoniste qu’un analyste ». Parmi ses 200 opus, nous pouvons citer «Tarde de poetas » (1984), un merveilleux florilège de 14 mélodies sur des texte que Luis de Pablo affectionne particulièrement et son opéra « La Senorita Cristina » (1999) d’après un roman de Mircea Eliade où il exprime l’évidence du rêve humain aussi réel que la veille puisant cette fois dans la culture des aborigènes australiens. Luis de Pablo a aussi collaboré aux musiques de films de deux cinéastes majeurs, Carlos Saura et Victor Erice. Michaël Levinas (né en 1949 à Paris) Création d’une œuvre pour deux pianos et électronique à l’église de La Grave , Samedi 2 août 2014, par Michaël Levinas et Jean-­‐Luc Plouvier (pianos) Co-­‐commande de l’Ircam et du festival Messiaen au pays de la Meije Réalisation informatique musicale Ircam : Carlo Laurenzi Ingénieur du son Ircam : Sylvain Cadras Editions Henri Lemoine Avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert Dernière mise à jour : 27 mars 2014 26 C’est dans l’effervescence de la fin des années 1960 que Michaël Levinas entre dans la classe de composition de Messiaen au Conservatoire de Paris. Il y restera 6 ans, de 1969 à 1975, afin de bénéficier de l’enseignement du maître qui n’est pas sans le déconcerter : « Aucun système ne régissait le cours, commente-­‐t-­‐il, j’ai tout reçu sous forme de bribes […]. Sa démarche n’était pas du tout celle d’un scientifique, ni d’un universitaire, mais plutôt celle d’un intuitif extrêmement érudit, ayant une technicité très secrète qu’il ne révélait pas ». Aussi, son long séjour dans la classe s’explique-­‐t-­‐il pour une autre raison, l’Action musicale mise en œuvre au Conservatoire à cette époque : « La possibilité de donner des concerts, avec un budget, un orchestre, la possibilité d’entendre, a été l’une des raisons qui m’ont incité à prolonger mon séjour à la classe de composition ». C’est aussi sous l’incitation de Messiaen que Levinas accomplit un séjour d’été décisif, en 1972, pour suivre les cours de Xenakis et de Ligeti. Une autre initiative de Levinas reçoit le soutien bienveillant de Messiaen : il crée, en 1973, avec deux camarades de la classe de composition, Gérard Grisey et Tristan Murail, l’ensemble l’Itinéraire, fondateur du fameux mouvement spectral. A partir des années 1970, Michaël Levinas développe une œuvre considérable où il s’affirme comme un pionnier du renouvellement de l’écriture instrumentale grâce à une connaissance approfondie de l’acoustique et des nouveaux environnements technologiques : « Sonoriser un instrument, le moduler par des moyens électroniques ? Entièrement d’accord. Mais sans tarir ni effacer la source instrumentale » précise-­‐t-­‐il. C’est dans cet esprit qu’il compose son fameux « Concerto pour piano espace », en 1984. Le rapport au texte, à la littérature, à la poésie est aussi au cœur des échanges entretenus tout sa vie par Michaël Levinas avec son père, le philosophe Emmanuel Levinas. Les réussites de ses opéras, « La Conférence des Oiseaux », en 1985, « Les Nègres » d’après Jean Genet, en 2004, « La Métamorphose » d’après Kafka, en 2010. Nul doute que ce sera aussi le cas, en 2015, pour « Le Petit Prince » d’après Saint Exupéry qui lui a été commandé par les Opéras de Lausanne et de Lille et sera aussi donné au Grand Théâtre de Genève et au Châtelet à Paris. Benjamin Attahir (né à Toulouse en 1989) Création d’un Concerto de chambre pour violon et 11 instruments par Hae-­‐Sun Kang (violon) et les étudiants du DAI « Répertoire contemporain et création » du CNSMDP de Paris. Commande de Musique Nouvelle en Liberté Mardi 29 juillet 2014, à l'église de La Grave Benjamin Attahir semble né avec tous les dons musicaux, lui qui a été deux fois lauréat du Concours Général dans la discipline éducation musicale (2006 et 2007). Depuis, Benjamin Attahir conduit de front, successivement au Conservatoire de Toulouse, au Conservatoire de Région de Paris et depuis 2008, au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, des études instrumentales de violon, de direction d’orchestre et surtout de composition. Ainsi, il termine son master 2 dans la classe de Gérard Pesson et suit des cours d’orchestration dans la classe de Marc-­‐André Dalbavie. Parmi ses compositions : « De l’obscurité II » pour harpe a obtenu, en 2012, le Premier Prix des USA International Harp Competition de Bloomington. « Sawti’l zaman » pour orchestre vient d’être créé au festival de Lucerne. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 27 Benjamin Attahir travaille actuellement à un concerto pour hautbois et orchestre commandé par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse pour le hautboïste Olivier Stankiewicz. Il sera créé en mars 2013, par l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de son chef Tugan Sokhiev. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 28 Autour du festival …
Sensibiliser les publics à la musique contemporaine
sur le territoire du Briançonnais
Implantée au nord du département des Hautes-­‐Alpes, dans un territoire de haute montagne, l’association Olivier Messiaen au pays de la Meije, relève le défi de l’ouverture et du décloisonnement. Elle s’appuie sur la relation authentique qu’entretint le grand compositeur avec le massif de la Meije. Ainsi, les organisateurs du festival Messiaen au pays de la Meije contribuent à faire rayonner la musique classique contemporaine avec passion, audace et rigueur. Fort d’une reconnaissance acquise auprès des musiciens et compositeurs de renommée internationale qui le fréquente, le festival Messiaen au pays de la Meije développe, depuis 2012, le champ de ses activités, au-­‐delà de la période estivale. Elle se fixe deux objectifs : •
Valoriser le territoire du pays de la Meije •
Sensibiliser les publics à la musique classique contemporaine Pour cette action, nous privilégions les jeunes scolarisés dans les écoles du Briançonnais. Tournée pédagogique dans les écoles du Briançonnais Pour la 3ème année consécutive, nous proposons, en collaboration avec le Conservatoire du Briançonnais, un atelier musical. Il s’intitulera : « Et le souffle se fit musique ».Cette animation écrite par Gaëtan Puaud, directeur artistique du festival Messiaen au pays de la Meije sera présentée dans 15 écoles primaires de la Communauté de Communes du Briançonnais, du 12 au 23 mai 2014. Objectifs pédagogiques : •
Illustrer l’origine de la musique : depuis des temps immémoriaux, les hommes ont puisé dans les espèces végétales et animales des matériaux dans lesquels ils ont soufflé. À partir d’exemples musicaux pris dans les musiques d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, nous illustrerons cette richesse des musiques ethniques. •
Présenter l’influence de la découverte de ces musiques de tradition orale sur deux compositeurs occidentaux contemporains: André Jolivet (Cinq Incantations pour flûte) et Iannis Xenakis (N’Shima). Cette tournée pédagogique se conclura par deux concerts réservés aux enfants du Briançonnais avec la participation d’Olivier Brisville (cor) et Julie Chevalier (flûte) avec des œuvres de Messiaen, Jolivet, Taïra, Takemitsu. Rappel des précédentes actions pédagogiques: •
En 2013 : l’atelier « La viole qui pleure, le violoncelle qui rit » a réuni 700 enfants et s’est clôturée par deux concerts pédagogiques interprétés par Fernando Lima (violoncelle) et Aude Vanacker (viole de gambe) •
En 2012 : l’atelier « La percussion à l’écoute du son des étoiles » Dernière mise à jour : 27 mars 2014 29 Partenariat avec le Théâtre du Briançonnais Pour la seconde année, le festival Messiaen au pays de la Meije Briançonnais patronne un concert inscrit dans la saison du Théâtre, le mardi 18 février 2014. Après le Duo Double Piano, en octobre 2012, voici le Duo Link, formé de Remi Durupt, percussionniste qui vient de terminer brillamment son cursus au CNSMDP de Paris et de son frère, Laurent Durupt qui, lui, joint le talent de pianiste à celui de compositeur. Il est boursier à la Villa Médicis, à Rome, depuis le printemps 2013 : -­‐
Présentation jeune public auprès de 3 classes de primaire du Briançonnais (environ 70 élèves) -­‐ Conférence tout public, présentée par Gaëtan Puaud : « La percussion, du primitif à la modernité dans la musique ». Partenariat avec l’UTL du Briançonnais Pour la 3ème année consécutive, une conférence préparatoire à l’édition 2014 du festival Messiaen au pays de la Meije sera donnée, le vendredi 16 mai : « Olivier Messiaen, un jeune compositeur dans la tourmente de la guerre 1939-­‐1945 ». Dernière mise à jour : 27 mars 2014 30 La revue de presse 2013 et 2012
… en quelques extraits
« Dédié à l’immense figure d’Olivier Messiaen, le festival Messiaen au pays de la Meije parvient à se renouveler chaque année. L’alchimie d’un festival repose autant sur la connivence entre les interprètes, fidèles ou nouveaux venus dans ce sublime décor montagnard, que sur les correspondances entre la musique et les où elle se déploie. Ce site alpin exceptionnel qui inspirait Olivier Messiaen participe pleinement de l’atmosphère d’une manifestation qui célèbre sa 16ème édition » Emmanuelle Giuliani, La Croix, le 28 juillet 2013 « Nous ne sommes pas dans un centre urbain branché ni dans une bouillonnante capitale culturelle, mais à La Grave, un village de cinq cents habitants, perché à 1500 mètres d’altitude face à l’écrasant massif de la Meije. C’est dans cette région rurale, préservée et rude des Hautes-­‐Alpes que se tient depuis 1998, une manifestation des plus originales et des plus audacieuses de l’été musical, le festival Messiaen au pays de la Meije ». Philippe Venturini, Les Echos, le 30 juillet 2013 « Les merveilleux fous volants de Messiaen. Cette 16ème édition du festival Messiaen au pays de la Meije a commencé par un hommage appuyé à Olivier Messiaen et aux oiseaux qui l’ont souvent inspiré. Confirmation pour les habitués, révélation pour les néophytes : ce festival haut perché face au Parc des Ecrins attire un public remarquable venu partager avec le même respect musique et nature ». Gilles Mathivet, Les Affiches de Grenoble, le 2 août 2013 «George Benjamin, grandiose, à la Collégiale. Ce concert événement du festival était donné samedi soir à la Collégiale. George Benjamin était aux commandes. Que dire de plus ? Compositeur qui compte parmi les plus influents de cette planète, il dirigeait le London Sinfonietta… en 2ème partie, son fameux opéra « Into the Little Hill » était programmé/ Avec la voix notamment de Hila Plitmann, fantastique. Benjamin a le sens du drame et du tragique si propres aux anglo-­‐saxons. Sa réputation est tout sauf usurpée. Ce moment magnifique est à mettre à l’actif des très grands moments de la culture briançonnaise ». Olivier Buteux, Le Dauphiné Libéré, le 5 août 2013 « Vif succès du festival Messiaen au pays de la Meije. Les 16 concerts ont été suivis par des centaines de mélomanes venus de partout. Le final a été donné devant l’église comble du Chazelet face au somptueux paysage de la Meije, en présence du compositeur, disciple d’Olivier Messiaen, le maestro Alexander Goehr … Ces productions resteront gravées dans les piliers de la collégiale de Briançon, notamment la voix de soprano de Hila Plitmann de Jérusalem, accompagnée par le London Sinfonietta sous la baguette de George Benjamin. Ce compositeur-­‐chef d’orchestre avant de quitter Briançon pour Boston (USA) a reçu, des mains du maire Gérard Fromm, la médaille de la ville… Ce festival a été un véritable florilège musical, d’envergure internationale ». Pierre Weamaere, La Provence, le 9 août 2013 « Escarpins et robe du soir ? Non, chaussures de marche et gros pull. L’auditeur moyen du festival Messiaen au pays de la Meije ne ressemble pas au festivalier d’Aix-­‐en-­‐Provence ou de Salzbourg. Ce n’est pas là que vous trouverez la moindre trace de snobisme ou de rite social. Il fallait tout de même Dernière mise à jour : 27 mars 2014 31 oser fonder un festival consacré à un compositeur de notre époque dans un village de cinq cents habitants perché dans les Hautes-­‐Alpes. Commencé en 1998 avec quatre concerts, c’est aujourd’hui un rendez-­‐vous majeur, qui a accueilli Pierre Boulez en 2010 et aura pour invité d’honneur l’an prochain George Benjamin, dont l’opéra vient de triompher à Aix ». Christian Merlin, Le Figaro, le 19 juillet 2012 Dernière mise à jour : 27 mars 2014 32 Les Interprètes
du festival Messiaen au pays de la Meije
Ensemble Solistes XXI dirigé par Rachid Safir
Fondé en 1988 par Rachid Safir, les solistes XXI développe depuis sa création le répertoire vocal chambriste qui va des œuvres polyphoniques du haut Moyen Age, de la renaissance et du baroque tout en sollicitant les compositeurs du monde entier. Dès 1989, les solistes XXI se sont forgé une solide réputation dans le domaine de la création. Rachid Safir et son ensemble sont à l’origine de superbes créations comme les Angels de Jonathan Harvey ou le Miserere Homnibus de Klaus Huber. Depuis 2006, les Solistes XXI entretiennent un partenariat avec l’Opéra de Paris qui prend la forme d’une saison propre de concerts. C’est dans ce cadre qu’ils ont rendu hommage, en 2011, à Xenakis en reprenant notamment son chef d’œuvre N’Schima. C’est la raison pour laquelle le festival Messiaen au pays de la Meije a lancé une invitation aux Solistes XXI .Dans un même mouvement, nous avons décidé ensemble d’une commande d’une œuvre au grand compositeur espagnol Luis de Pablo qui sera créée lors de ce concert. Les solistes XXI sont aussi l’un des ensembles vocaux régulièrement invité du festival de Salzbourg. Pour résumer la philosophie de Rachid Safir, voici comme il situe son état d’esprit : « Dans les années 70, j’ai mesuré l’importance d’un répertoire dont nul n’entendait jamais parler, la polyphonie. En fait, elle était peu jouée parce qu’elle exige l’excellence ». Leur très récent enregistrement des « Litanies pour Ronchamp » de Gilbert Amy vient d’obtenir tous les honneurs (Soupir). Ensemble vocal Musicatreize dirigé par Roland Hayrabedian
Roland Hayrabedian a créé Musicatreize à Marseille en 1987. Ancré dans cette ville portuaire unique, Musicatreize a inscrit la Méditerranée au cœur de sa poétique. Cela lui permet d’explorer la vocalité sous toutes ses facettes : récitals classiques, oratorios, ou opéras. Il s’agit aussi très logiquement de développer des programmes autour d’axes de travail thématiques et de susciter toujours de nouvelles œuvres. Ainsi, « L’Autre rive » de Zad Moultaka explore tout naturellement le thème de l’autre. Tandis que les « Odyssées dans l’espace » de François Rossé ou d’Alexandros Markeas questionnent le dialogue des cultures. Musicatreize, ce sont aussi des ateliers d’écriture, des rencontres, des répétitions publiques qui contribuent à tisser avec tous les publics un lien exceptionnel de proximité dans une relation qui lie le plaisir musical avec l’engagement citoyen. Un ancrage territorial très fort à Marseille mais aussi de nombreuses tournées dans le monde entier, une discographie d’une grande richesse. Tout cela a permis à Musicatreize de remporter le Prix des Victoires de la Musique Classique dans la catégorie Ensemble en 2007. JACK Quartet
Dernière mise à jour : 27 mars 2014 33 Constitué par l’altiste John Pickford Richards, les violonistes Ari Streisfeld et Christopher Otto, et le violoncelliste Kevin McFraland, (les initiales de leurs prénoms forment le nom JACK), le quatuor à cordes JACK Quartet est sans conteste l’une des formations de musique de chambre les plus excitantes se produisant dans le monde musical d’aujourd’hui. Les quatre membres se sont rencontrés à l’Eastman School of Music, une institution qui forme au bien de futurs artistes de musique classique que de jazz et dont sont issues la soprano Renée Fleming et la compositrice de jazz Maria Schneider. Après avoir étudié très étroitement avec les Kronos Quartet, les Muir String Quartet, ils ont aussi bénéficié du précieux enseignement du fameux Arditti Quartet. Il est d’ailleurs significatif que le compositeur Mauro Lanza ait composé un double quatuor à cordes dont la création fût assurée par les Arditti Quartet et le JACK Quartet réunis, au festival de Witten, en 2012. Autre grand moment dans la jeune carrière du JACK Quartet, l’invitation lancée par le légendaire pianiste Maurizio Pollini à s’associer à son programme « Perspectives », courant de 2012 à 2014,dans des lieux aussi prestigieux que le festival de Lucerne, le Sartory Hall, la Cité de la Musique, le Staastsoper Unter den linden et le Théâtre de la Scala de Milan. Dévoué à la musique vivante contemporaine le Jack Quartet ne compte plus les créations de nouvelles œuvres. Une partie des activités du JACK Quartet est dédiée à la pédagogie dans les universités américaines : Columbia University, New York University, University of Illinois, University of Washington. Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur
Après avoir été dirigé depuis sa création, en 1975, par Philippe Bender qui l’a façonné et fait atteindre un niveau artistique qui lui permet de rivaliser avec les meilleures formations du même type en Europe, l’Orchestre Régional de Cannes vient de passer sous la direction du chef autrichien Wolgang Doerner. Cet ensemble de 37 musiciens bénéficie du soutien du Ministère de la Culture, de la Ville de Cannes, du Département des Alpes Maritimes et de la Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d’Azur. Assurant une centaine de concerts par an, réparties à Cannes et dans la région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d’Azur, l’Orchestre de Cannes effectue régulièrement de grandes tournées internationales en Suisse, Italie, Etats-­‐Unis, Allemagne, Autriche, Grèce, Japon Espagne, Brésil, Chine recevant partout un accueil élogieux et enthousiaste. C’est donc justice que l’orchestre Régional de Cannes ait reçu une Victoire d’honneur pour l’ensemble de son activité lors des Victoires de la Musique Classique, en 2005. Il faut aussi signaler aussi que l’Orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur participe activement à l’initiation musicale des élèves en organisant des animations scolaires et des concerts pour les élèves, les collégiens et les lycéens. Roland Hayrabedian (chef d’orchestre)
Dès l’adolescence Roland Hayrabedian a la passion de la découverte. Il délaisse vite le piano pour la direction d’orchestre. Un itinéraire qui lui permet de travailler avec des personnalités musicales éminentes, Betsy Jolas, Iannis Xenakis, André Boucourechliev, Seiji Ozawa. Parmi ses rencontres, la plus marquante fût certainement celle du compositeur Maurice Ohana dont Roland Hayrabedian est devenu l’interprète de référence. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 34 Roland Hayrabedian crée d’abord, en 1978, le Chœur Contemporain puis, en 1987, l’Ensemble vocal Musicatreize qu’il va porter à son sommet grâce notamment à un travail très poussé avec les compositeurs vivants dont il sollicite constamment les créations : OscarStranoy, Edith Canat de Chizy, Bruno Mantovani, Zad Moultaka lui donnent des œuvres fortes. Roland Hayrabedian a été appelé à diriger d’autres formations vocales prestigieuses comme la Capella de Saint Pétersbourg, le Nederlands Kamerkor, les Chœurs de Radio France et plusieurs importantes formations symphoniques comme l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Roland Hayrabedian est aussi attiré par ma musique de scène, le Théâtre musical et le ballet comme en témoignent ses collaborations avec Angelin Preljocaj, Eric Ruf, Jeanne Roth. Depuis 2010, Roland Hayrabedian participe chaque année à l’Académie vocale contemporaine du festival d’Aix-­‐en-­‐Provence. Prodromos Symeonidis (piano)
Après sa victoire au prestigieux Concours International de piano d’Orléans, en 2006, et ses sept prix au Concours International Olivier Messiaen de la ville de Paris, en 2003, Prodromos Symeonidis est considéré comme l’un des plus remarquables pianistes de musique contemporaine et de musique classique en général. Prodromos Symeonidis est né à Thessalonique, en 1972. Après des études musicales consacrées au piano et à la composition, il conduit aussi de sérieuses études d’astronomie et de mathématiques (il remporte la médaille de bronze à la 30ème Olympiade de mathématiques en 1989). Prodromos Symeonidis décide alors de se rendre en Allemagne afin de poursuivre sa formation musicale à Cologne puis Berlin au célèbre Conservatoire Hanns Eisler de Berlin. Puis, il parfait sa formation auprès de Michael Endress à Munich, Yvonne Loriod-­‐Messiaen et Claude Helffer à Paris et Dimitri Baschkirov à Vienne. En 2008, Prodromos Symeonidis fonde, avec Ya-­‐ou Xie, l’Ensemble Berlin Piano Percussion dont il est le directeur artistique. Prodromos Symeonidis a récemment interprété à Berlin les « Vingt Regards sur l’enfant Jésus » de Messiaen avec un grand succès. Jorg Widmann (clarinette)
Virtuose internationalement reconnu de la clarinette, Jorg Widmann pratique son instrument depuis l’âge de 7 ans. Il en a accompli l’étude au Conservatoire de Munich puis à la Juilliard School de New York. Jorg Widmann enseigne désormais la pratique de son instrument à l’Université de Musique de Freiburg. Il a aussi contribué à enrichir de façon remarquable le répertoire de la clarinette en créant de nouvelles concertantes de Wolgang Rihm, Heinz Holliger et Aribert Reimann. Ce sont ses collègues que Jorg Widmann célèbre ainsi car l’autre facette de la riche personnalité de Jorg Widmann est celle d’un plus brillants et reconnus compositeurs de la scène internationale. Il en débute l’étude à l’âge de 11 ans auprès Kay Westermann puis la poursuivit auprès de Henze et Rihm. Jorg Widmann enseigne, depuis 2008, la composition à l’Université de musique de Freiburg. Parmi ses plus récentes œuvres, l’opéra « Babylone » créé à l’Opéra d’Etat de Bavière sous la direction de Kent Nagano, en 2012, et un remarquable Concerto pour violon créé par Christian Tetzlaff, en 2007. Il excelle aussi dans la musique de chambre dont nous aurons l’occasion de découvrir trois œuvres au festival Messiaen au pays de la Meije où se conjuguent le plaisir de la virtuosité et la rigueur de l’écriture. Enfin, Jorg Dernière mise à jour : 27 mars 2014 35 Widmann ajoute à ses activités de soliste et compositeur, celle de chef d’orchestre : il est le chef invité d’honneur de l’Irish Chamber Orchestra. Antje Weithaas (violon)
Antje Weithaas est certainement une des plus grandes violonistes de notre temps et de plus demandés par les musiciens de sa génération pour participer à des séances de musique de chambre. Elle a débuté l’étude du violon à l’âge de 4 ans à la Hochschule für Musik « Hanns Eisler » de Berlin. Puis, elle remporta les Concours Kreisler à Graz en 1987 puis la Bach Composition à Leipzig, en 1988. Depuis 2004, Antje Weithaas enseigne le violon à la Hochschule für Muzik« Hanns Eisler » de Berlin où elle a été formée. Antje Weithaas a un très large répertoire qui comprend les principaux concertos classiques mais aussi des œuvres contemporaines comme les concertos de Ligeti, Goubaidulina et Widmann. Antje Weithaas forme avec le violoniste Daniel Sepec, l’altiste Tabea Zimmermann et le violoncelliste Jean-­‐Guihen Queyras l’Arcanto Quartet qui s’impose dans les salles de concert du monde entier comme l’un des tous meilleurs quatuors à cordes du monde. Par ailleurs, Antje Weithaas est directrice artistique de la Camerata de Bern avec laquelle elle a enregistré notamment le Concerto pour violon et piano de Mendelssohn avec le pianiste Alexander Lonquich. Jean-Guihen Queyras (violoncelle)
Elu « artiste de l’année » par les lecteurs du magazine Diapason et « Meilleur Soliste Instrumental » pour les Victoires de la Musique Classique en 2008, Jean-­‐Guihen Queyras se distingue par un goût musical pour des expériences musicales très diversifiées. Cette grande curiosité, Jean-­‐Guihen Queyras l’a aiguisé lors de son travail à l’Ensemble Intercontemporain sous l’influence de Pierre Boulez (celui-­‐ci le choisira pour recevoir le Glenn Gould Protégé Prize à Toronto en novembre 2002). Ainsi, Jean-­‐Guihen Queyras s’est épanoui dans des répertoires très variés. Que ce soit dans les « Suites pour violoncelle » de Bach, qui ont fait sensation, ou dans les concertos pour violoncelle de Haydn sur instrument d’époque avec les Freiburger Barockorchester, dans le célébrissime concerto pour violoncelle de Dvorak qu’il enregistre avec le Philharmonia de Prague, sa musicalité subjugue. Le domaine de la création n’est pas étranger à ce grand artiste : Ivan Fedele, Bruno Mantovani, Gilbert Amy lui ont confié la création de leurs concertos pour violoncelle. De plus, Jean-­‐Guihen Queyras n’a pas hésité à passer commande lui-­‐même à de plusieurs compositions pour violoncelle solo. Car la musique de chambre est l’autre passion de cet artiste qui consacre une partie de ses activités musicales à l’Arcanto Quartet qu’il a fondé avec Antje Weithaas et Daniel Sepec comme violonistes, Tabea Zimmermann à l’alto. Jean-Luc Plouvier (piano)
Jaen-­‐Luc Plouvier est né en 1963. Après des études de piano et de musique de chambre au Conservatoire de Mons, il se consacre presque essentiellement à la musique des 20ème et 21ème siècles. En qualité de soliste, il a créée des œuvres de Thierry De Mey, Brice Pausset et Philippe Boesmans. Comme chambriste, il travaille avec le Quatuor Ictus et l’Ensemble Ictus, dont il est aussi le coordinateur artistique. Jean-­‐Luc Plouvier développe parallèlement une importante activité au sein de l’équipe de la Cinémathèque de Belgique, où il accompagne régulièrement des projections de films muets. Jean-­‐Luc Dernière mise à jour : 27 mars 2014 36 Plouvier compose des musiques de scène pour les chorégraphes Teresa De Keersmaeker, Iztok Kivac et Johanna Saunier. Marie Vermeulin (piano)
Marie Vermeulin est diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon dans la classe de Roger Muraro. En 2007, elle obtient le second Prix du Concours Olivier Messiaen de la ville de Paris. Ses interprétations des œuvres pour piano de Messiaen atteignent un niveau tout à fait exceptionnel comme ses concerts au festival Messiaen au pays de la Meije depuis 2009 l’ont démontré. Marie Vermeulin a enregistré en 2012, dans l’église de La Grave, un récital Messiaen, qui a obtenu les du magazine Télérama. Marie Vermeulin interprétera pour la première fois l’intégrale des « Vingt Regards sur l’enfant Jésus » de Messiaen lors de son concert au festival Messiaen au pays de la Meije 2014. Florent Boffard (piano)
Chaque concert de Florent Boffard est un moment unique, tant par la pertinence de l’agencement des pièces qu’il propose que par l’interprétation où se mêlent l’intelligence et la sensibilité, cela dans tous les répertoires qu’il aborde. Cette réussite est le fruit de son parcours. D’abord, l’enseignement reçu auprès d’Yvonne Loriod-­‐Messiaen et de Geneviève Joy-­‐Dutilleux au C.N.S.M.D.P. de Paris. Puis, de l’aventure décisive de l’Ensemble Interecontemporain auprès de Pierre Boulez dont il a le privilège d’assurer la création mondiale de l’œuvre «Sur Incises», en 1998. A son départ de l’Ensemble, en 1999, Florent Boffard entame une double carrière de soliste de soliste et de pédagogue au Conservatoire National Supérieur de Lyon, depuis 2009. Sa maîtrise totale des esthétiques romantiques et modernes lui permet aujourd’hui des proposer des interprétations magistrales des œuvres de Schoenberg dont il vient d’enregistrer l’intégrale pour le label Mirare. Roger Muraro (piano)
Roger Muraro, ancien élève au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d’Yvonne Loriod-­‐Messiaen, reçoit le Prix du Concours Tchaïkovsky en 1986. Il est considéré comme l’un des interprètes privilégiés de l’œuvre pour piano d’Olivier Messiaen dont il a enregistré une magnifique intégrale pour la firme Universal. Superbe également son interprétation des « Vingt Regards sur l’enfant Jésus » réalisé dans l’église de La Grave. Depuis son Prix aux Victoires de la Musique classique, en 2002, Roger Muraro n’a cessé de démontrer la diversité de son immense talent aussi bien dans Liszt, pensons à son enthousiasmante interprétation de la transcription de la « Symphonie Fantastique » de Berlioz, que dans Ravel dont in est un interprète privilégié. Au festival Messiaen au pays de la Meije, nous aurons pour la première fois l’occasion de l’entendre dans la partie de piano solo des « Trois Petites Liturgies de la Présence Divine » d’Olivier Messiaen dont il a livré une interprétation de référence avec l’Orchestre Philarmonique de Radio France sous la direction de Myung-­‐Wun Chung. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 37 INFORMATIONS PRATIQUES
TARIFS Plein tarif unité : 12 € à 25 €, selon les concerts Tarif réduit (unique)* : 12€ *Tarifs réduits : scolaires, étudiants, demandeurs d'emploi Forfait Découverte Solo (6 concerts au choix) : 80 € Duo (3 x 2 concerts au choix) : 80 € Forfait Passionné Solo (15 concerts au choix) : 180 € Duo (15 x 2 concerts au choix) : 280 € Forfait Intégral (15 concerts + 3 randonnées) : 250 € RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS Office de Tourisme du Pays de la Meije 05320 La Grave Tél. 00 33 (0)4 76 79 90 05 E-­‐mail : ot@lagrave-­‐lameije.com Site internet : www.festival-­‐messiaen.com CONTACTS PROFESSIONNELS Direction artistique : Gaëtan Puaud Tel. : 00 33 (0)2 40 52 14 98 Tél. mobile : 00 33 (0)6 73 11 12 93 E-­‐mail : [email protected] Production : Karine Guichard Tél. mobile : 00 33 (0)6 84 45 98 62 E-­‐mail : festival-­‐[email protected] Dernière mise à jour : 27 mars 2014 38 Les Partenaires
du festival Messiaen au Pays de la Meije
Le Ministère de la culture –Drac de Provence-­‐Alpes-­‐Côte d’Azur Le Conseil Régional Provence-­‐Alpes-­‐Côte d’Azur Le Conseil Général des Hautes-­‐Alpes La Communauté de Communes du Briançonnais Le Sivom de La Grave-­‐Villar d’Arène La Ville de Briançon La Fondation Olivier Messiaen La Spedidam L’Adami La Sacem Le FCM Musique Nouvelle en Liberté Les Téléphériques des Glaciers de la Meije EDSB (Énergie Développement Service du Briançonnais) France Musique Télérama, Le Figaro, Diapason, Le Dauphiné Libéré Le Théâtre du Briançonnais L'Université du Temps Libre du Grand Briançonnais Le Parc National des Écrins Le Bureau des Guides de La Grave Les Offices de Tourisme de La Grave, Briançon, Serre-­‐Chevalier Nous leur adressons tous nos remerciements. Dernière mise à jour : 27 mars 2014 39