ANEFA mag 14

stimulateur d’initiatives
L A L E T T R E D ’ I N F O R M AT I O N D E L’ A S S O C I AT I O N N AT I O N A L E E M P L O I F O R M AT I O N E N A G R I C U LT U R E
Dossier
SaiSoNNiErS agricolES
qui sont-ils ?
aCTUaLiTÉs
Sondage : les modes de recrutement
Partenariat avec Agriaffaires
LETTRE N°14
FÉVRIER 2015
FiLiÈre À L’HonneUr
La filière équine
sommaire
Actualités ANEFA
P.4
• Sondage : les modes de recrutement
des agriculteurs
• Partenariat avec Agriaffaires
• Des Job’cafés au Salon de l’agriculture
Filière à l’honneur
P.5
• Équin : une filière de passionnés
Échos du réseau
P.6
Dossier
P.7
saisonniers agricoles
qui sont-ils ?
L’ANEFA en régions
P.12
• Limousin : une mobilisation
qui porte ses fruits
• Jeunes et demandeurs d’emploi :
un gisement de compétences
à exploiter
Saisonniers
un PAs Vers l’emPloi
Besoin d’arrondir ses fins de mois, période transitoire ou encore,
choix de vie, chaque année, ils sont des milliers à venir travailler en
agriculture.
Le dossier brosse le portrait de plusieurs saisonniers. Andréa, Bruno,
Jean-Luc et bien d’autres vous feront partager leurs expériences. Au
fil du dossier, vous pourrez ainsi mieux comprendre ce qui les motive
à faire les saisons.
Vous découvrirez par la même occasion le témoignage d’Eric, ancien
saisonnier, maintenant installé en Limousin. Région que nous avons
choisi de mettre en lumière pour son implication dans un dispositif,
particulièrement moteur, pour l’emploi saisonnier.
Nous partirons, ensuite, en Ile-de-France, région hautement agricole
malgré les idées reçues, où l’AREFA effectue un travail de sensibilisation des jeunes et des demandeurs d’emploi afin de les attirer vers
nos métiers et leur permettre ainsi de travailler en proximité avec la
nature.
Enfin, nous nous intéressons au milieu équin qui cherche à professionnaliser ses élevages et où la passion est un des facteurs clés de la
réussite professionnelle.
Bonne lecture.
ERRATUM
ANEFA Mag13, page 11, il fallait lire : Michelle Klein Consultants
L’Association Nationale Emploi Formation en Agriculture est
un organisme géré par les partenaires sociaux de l’agriculture.
Collège employeur :
FNSEA, UNEP, FNCUMA,
FNB, EDT, ONF, USRTL
Collège salarié :
FGA-CFDT, FNAF-CGT, FGTA-FO,
SNCEA-CFE-CGC, CFTC-AGRI
ANEFA - 6 rue de la Rochefoucauld - 75009 Paris
Tél. : 01 46 07 58 22 - email : [email protected]
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Responsable de publication : Gilles Duquet - Rédaction :
Christine Savourat - Ont collaboré à ce numéro : Chloé
Abellan, Chantal Robin, Anne Hélène Peuch, Mylène Gabaret
- Conception, création : Agence Dajm www. dajm.fr Impression : Centr’imprim - Dépôt légal à parution.
gilles DuQuEt
Bernard garDÈS
Président de l’ANEFA
Secrétaire général
de l’ANEFA
Actualités ANEFA
Partenariat
sondage
le bouche à oreille, le mode de recrutement
privilégié des agriculteurs
Selon un sondage OpinionWay(1) pour l’ANEFA, les relations professionnelles (25 %) et surtout, le bouche à oreille (37 %) sont les premières
sources de recrutement utilisées des agriculteurs. Le bouche à oreille
apparait comme le canal privilégié : au total, 2/3 des agriculteurs s’en
servent, à un moment ou à un autre, pour recruter.
Le recours au service emploi de l’ANEFA (7 %) arrive juste après Pôle
emploi (14 %). Le sondage révèle que 18 % des agriculteurs sondés
connaissent l’ANEFA et ses antennes départementales ou régionales
(ADEFA ou AREFA) : ils ont donc le réflexe
En savoir +
d’utiliser la Bourse de l’emploi pour diffuser
www.anefa-emploi.org
leurs offres d’emploi et consulter des profils
de candidats. Le bon réflexe !
•
(1) Étude réalisée en ligne par OpinionWay, en novembre 2014, sur les habitudes des
agriculteurs français en termes de recrutement auprès d’un échantillon de 496 agriculteurs, représentatif de la population des exploitations agricoles ayant au moins
un salarié.
Dès le printemps 2015, les offres d’emploi de la Bourse de
l’emploi de l’ANEFA seront diffusées sur le site Agriaffaires,
un site de petites annonces, leader des sites agricoles.
L’objectif est de gagner en notoriété auprès des chefs
d’entreprises agricoles qui emploient de la main d’œuvre,
puisque la Bourse de l’emploi est un service gratuit auquel
ils cotisent.
•
nouveau
www.anefa.org
Un nouveau site internet est en préparation pour la fin
du 1er semestre 2015. Plus performant, celui-ci permettra
d’accéder, en un clic, aux 7 000 offres d’emploi proposées
annuellement sur la Bourse de l’emploi et aux nombreux
témoignages sur les métiers de l’agriculture.
•
Évènement
les Job’cafés reviennent au salon international de l’agriculture
Pour la 3ème année, l’ANEFA est aux côtés de l’APECITA sur le Job’s Café de l’Espace emploi-formation,
pour aider les visiteurs dans leur recherche d’emploi ou dans leur évolution de carrière. Les deux
structures diffusent, à elles seules, près de 25 000 offres d’emploi par an.
•
4
Actualités ANEFA
Filière à l’honneur
Chiffres
125
000
emplois
4 secteurs
> élevage
> sport et loisirs
> courses
> viande
ÉQUIN
une FiliÈre De PAssionnÉs
Considéré comme un animal de loisir, voire de compagnie, le cheval
est pourtant un animal de rente. Son économie a généré un chiffre
d’affaires global d’environ 14,5 milliards d’euros(1) en 2012 et fait
appel à des métiers et compétences très variés.
une activité concentrée
dans le quart nord-ouest
La filière équine fait travailler 125 000(1)
personnes au contact direct des équidés
dont près de 42 000 en activité principale,
principalement en région Bretagne, Pays
de la Loire et Basse-Normandie. 1ère région
équestre où se situent les plus gros élevages, la Basse-Normandie a accueilli les
Jeux mondiaux équestre en 2014.
le secteur du sport et loisirs
recrute
En lien avec la démocratisation de l’équitation, l’essentiel du marché de l’emploi
équin concerne des offres de moniteurs,
animateurs et accompagnateurs de tourisme équestre. Pourtant, de l’inséminateur au maréchal-ferrant, en passant par le
palefrenier, différents métiers structurent
ce marché. En comparaison, le secteur de
l’élevage offre moins d’emploi, l’essentiel
des élevages est de petite taille.
Des salariés jeunes
passion. Leur première expérience professionnelle est alors déterminante quant
à la poursuite ou non, dans cette voie.
Les femmes sont très présentes dans les
formations aux métiers du cheval (taux de
féminisation de 74 %(2)). Elles représentent,
d’ailleurs, une large majorité des pratiquants de l’équitation, pourtant la féminisation de l’emploi du secteur se situe dans
la moyenne française (54 %(3)).
Vers une professionnalisation
des élevages
La filière équine est assez précaire, avec
moins de 50 %(4) de ses salariés en CDI et
une majorité d’emplois correspondant à
des qualifications type CAPA - Bac pro. Les
niveaux de formation demandés de type
Bac ou BTS correspondent à des postes
d’assistants ou de responsables d’élevage,
nécessitant de l’encadrement. Pour ces
postes, les employeurs peuvent rencontrer
des difficultés de recrutement(5). C’est ainsi
qu’un projet d’ouverture d’une licence professionnelle, dédiée à l’élevage équin, est
en cours, avec l’Université de Caen.
•
Les salariés, dont la moyenne d’âge est
de 30,6 ans(2), choisissent ce secteur par
recrutement : les ProFils recHercHÉs
Un bon niveau d’équitation est fréquemment demandé. Les employeurs apprécient
également l’expérience des candidats, qui prime sur la formation. L’analyse des offres
d’assistant ou de responsable d’élevage montre différentes exigences de la part des
employeurs : expérience, compétences, motivation et, de plus en plus, l’obtention de
la licence d’inséminateur. Enfin, la passion peut faire toute la différence.
www.equiressources.fr ou 02 33 39 58 57.
(1) Annuaire ECUS : Observatoire économique et social du cheval, 2013. (2) Rapport emploi, métiers et formations dans la filière équine – Equiressources 2014. (3) Chiffre MSA 2012.
(4) 48 % des salariés cotisants à la MSA, en 2012, étaient en CDI. (5) Assistant et responsable d’élevage : les besoins de la filière en cadre intermédiaires – Equi-ressources 2014.
Filière à l’honneur
5
Échos du réseau
oise
© Jean Puyo pour l’AREFA Centre
la Bourse de l’emploi gagne la Picardie
L’ANEFA a contractualisé avec la FDSEA, en juin 2014, pour l’ouverture de la Bourse de
l’emploi dans l’Oise. Ce département devient ainsi le 1er de la région Picardie à proposer
ce service spécialisé pour l’emploi agricole.
« La Bourse de l’emploi était très attendue dans l’Oise pour répondre aux difficultés
croissantes de recrutement des exploitants agricoles » indique Guillaume Chartier,
Président de la FDSEA. « Dans notre région, les grandes
Contact
cultures dominent. Les postes à pourvoir sont essentiellement
[email protected]
ceux de chauffeur qualifié de tracteurs ou de machines agri03 44 11 44 89
coles » précise-t-il.
•
landes
Bourgogne
Des job-datings saisonniers
renforcement
des partenariats
pour l’emploi avec l’etat
Pour la première fois, l’ADEFA Landes a
organisé deux Job-datings saisonniers
afin que la main d’œuvre locale puisse être
embauchée et enchainer plusieurs saisons
de travaux agricoles. L’agriculture landaise,
avec ses productions variées (asperges,
maïs, carottes, kiwis...), propose des activités saisonnières toute l’année. Environ 200
demandeurs d’emploi étaient au rendezvous.
Contact
•
[email protected]
Après Pôle emploi en 2013, l’AREFA Bourgogne a signé, le 27 novembre 2014, une
convention pour l’emploi avec la DIRECCTE
Bourgogne, qui fait suite au travail collaboratif sur les emplois d’avenir. La convention
prévoit un soutien financier en 2015.
•
Contact
[email protected]
Basse-normandie
le mois de l’agriculture
© Fotolia
En partenariat avec Pôle emploi, l’AREFA
Basse-Normandie a organisé le mois de
l’agriculture. Du 22 janvier au 24 février 2015,
des rencontres, des expositions, des visites
d’exploitations ont permis aux demandeurs
d’emploi de découvrir les métiers de l’agriculture et les opportunités d’embauche du
secteur. En même temps, les exploitants
agricoles susceptibles de recruter, ont été inforEn savoir +
més sur les différents aspects liés à l’embauche.
•
6
Échos du réseau
www.basse-normandie.anefa.org
Agenda
mondial des métiers
12 au 15 mars 2015 - Lyon
semaine des métiers
de l’agriculture
23 au 28 mars 2015 - région Limousin
Dossier
Saisonniers agricoles
qui sont-ils ?
De nombreuses personnes viennent travailler, le temps
de la saison, sur les exploitations agricoles. Elles ont
des profils et des motivations très divers. Nous sommes
allés à leur rencontre afin de mieux les connaître.
Dossier
Qu’est-ce qu’un
saisonnier AGRICOLE ?
Est considérée comme travailleur
saisonnier agricole toute personne qui
occupe un emploi salarié agricole,
sous contrat à durée déterminée, pour
l’exécution de tâches qui se répètent
chaque année, en fonction du rythme des
saisons telles que la taille, la cueillette…
Des besoins liés au rythme des saisons
826 000 contrats de travail saisonnier ont été comptabilisés en 2013. Un chiffre
en légère baisse chaque année malgré le besoin récurent de main d’œuvre, sur
les exploitations agricoles, pour des travaux de cueillette, de conditionnement,
d’arrachage, de coupe ou de taille. Des besoins qui peuvent aussi être liés aux
fêtes de fin d’année.
D’une manière générale, l’emploi saisonnier est localisé dans les grandes régions
arboricoles et viticoles, telles que l’Aquitaine, la Champagne-Ardenne ou le
Languedoc-Roussillon. La main d’œuvre saisonnière représente près de 70 %
de l’ensemble des salariés agricoles en nombre, mais seulement 22 % du volume
de travail, au regard du nombre total de salariés agricoles.
•
La viticulture : 1er employeur
Avec presque 45 % de l’emploi saisonnier, ce secteur est le premier
employeur de main d’œuvre saisonnière. Spécifiquement, pour les
vendanges, 336 700 contrats vendanges(1) ont été signés en 2013.
Type particulier de contrat saisonnier, le contrat vendange permet
de recruter un salarié dont les taches vont des préparatifs, jusqu’au
rangement du matériel. Il autorise les personnes en congés payés
et les agents du public, à travailler.
•
Témoignage
Jean-Luc
Eustache
55 ans - Saint-Quentin (Aisne)
Déjà 20 ans de vendanges à votre actif,
pourquoi ?
La première année, c’était pour rendre service au viticulteur
où mon beau-frère faisait les vendanges, en Champagne. Le
viticulteur cherchait une personne pour couper. Depuis, je
reviens chaque année.
Qu’est ce qui vous plaît ?
Pourquoi revenez-vous chaque année ?
© ANEFA
J’apprécie l’ambiance familiale, j’aime le travail au grand
air... C’est aussi intéressant financièrement car je suis débardeur
et non simple coupeur. Par contre, c’est un travail physique. Je
songe d’ailleurs à bientôt laisser ma place.
La Champagne-Ardenne est la première région qui recrute des saisonniers pour les vendanges car le raisin doit être coupé exclusivement à la
main pour l’obtention de l’appellation « Champagne ».
(1) Chiffre MSA 2013.
8
Dossier
Vous êtes salarié du public,
comment faites-vous ?
Je prends une semaine de congés payés. C’est possible pour
faire les vendanges. Moi-même, je suis salarié d’un établissement public (VNF).
Dossier
Des travailleurs occasionnels…
Chiffres clés
800 000
contrats saisonniers
+ de
Plus de 40 % des saisonniers ont moins de 25 ans. Il peut s’agir pour certains d’un job d’été
ou d’un complément de revenus. Cette catégorie de saisonniers compte beaucoup d’étudiants ou encore, de personnes sans activité professionnelle régulière qui recherchent
une couverture sociale ou une rémunération d’appoint.
Tous secteurs confondus, la rémunération moyenne est de 10,70 € de l’heure.
65
ans
33
%
d’hommes
d’âge moyen
Témoignage
•
... aux saisonniers fidélisés
Pour d’autres salariés, c’est une activité à part entière. Il existe un nombre
relativement important de véritables saisonniers professionnels, désireux de
conserver ce type d’activité, à condition toutefois que les périodes de travail
se cumulent sur l’année, pour leur permettre d’avoir des revenus suffisants.
Pour faciliter les recrutements de saisonniers, la formation peut être un plus,
notamment pour des personnes en recherche d’emploi. Elles peuvent ainsi
s’ouvrir à l’agriculture. Dans la Vienne, les candidats à l’emploi saisonnier
peuvent bénéficier de formations qualifiantes et passer différents CACES,
indispensables à leur sécurité et à la bonne maîtrise de leurs savoir-faire sur
une exploitation agricole.
Andréa
Audubert
21 ans - Aureillan (Landes)
Je recherche du travail, depuis plus d’un an. Alors, en
attendant de trouver un emploi stable et après une pause
pour ma grossesse, je fais des travaux saisonniers : récolte
d‘asperges, cueillette des fraises, castration du maïs
semence... Cela me permet de travailler, dans une bonne
ambiance.
Qu’envisagez-vous pour la suite ?
J’ai suivi des études agricoles : un BEP.A option équin
puis un Bac pro CGEA(2). J’ai l’intention, à moyen terme, de
reprendre une exploitation agricole : un élevage de canards
prêts à gaver et de chevaux.
© Melon Haut Poitou
Vous êtes venue au Job’dating
saisonnier organisé par l’ADEFA Landes,
pourquoi ?
Plus de 700 saisonniers sont embauchés pour la cueillette du melon, en PoitouCharentes.
Si la majeure partie des saisonniers réside à proximité de leur lieu de travail,
la question du logement est un frein à l’emploi pour ceux qui viennent
d’autres régions. Des initiatives collectives existent : hébergements dans des
campings avec structures d’accueil dans la Vienne(3), autorisation d’installation
d’hébergements légers sur les exploitations arboricoles du Limousin ou
encore ouverture d’internats pendant les vacances scolaires dans les Landes.
Cependant, de nombreux saisonniers doivent faire preuve d’autonomie pour
trouver un hébergement. C’est ainsi que certains sont des itinérants.
•
(2) Conduite et Gestion des Exploitations Agricoles.
(3) Partenariat avec des campings proches des zones de production du melon (voir ANEFA Mag 12 – juillet 2013).
Dossier
9
Dossier
Témoignage
Bruno Cayssials
49 ans - Saint-Gilles (Gard)
© ANEFA
Passer de chef de cultures arboricoles à
saisonnier, c’est plutôt atypique ?
C’est un choix que j’ai fait, il y a plus de 15 ans, à un moment
où j’en ai eu assez de travailler pour un patron. En tant que chef
de cultures, en plus du travail dans les vergers, je devais gérer
l’encadrement du personnel, pour un salaire que je jugeais guère
intéressant, ramené au nombre d’heures.
En 2007, j’ai rencontré Christophe, alors saisonnier sous ma
responsabilité. Lui aussi habite à Saint-Gilles. Nous nous sommes, tout de suite, très bien entendus et depuis,
nous travaillons toujours en ensemble, en tant que saisonniers.
Qu’est-ce qui vous plait à faire les saisons et, de surcroit, en binôme ?
Les rapports que j’ai avec les patrons sont maintenant complètement différents. Je n’ai plus de pression et
personne à qui rendre des comptes car je connais parfaitement le travail. Je suis beaucoup plus libre. De plus,
en travaillant à deux, nous partageons les frais d’essence. En plus, entre amis, c’est beaucoup plus agréable.
Comment vous organisez-vous sur une année ?
Les contrats s’enchaînent au rythme des saisons : taille des arbres l’hiver, éclaircissage au début du
printemps, puis ramassage des cerises, des abricots, des pêches et des pommes jusque la fin de l’été. Sur une
année, nous travaillons presque 10 mois. En haute saison, nous n’hésitons pas à faire des heures supplémentaires. Pendant les périodes creuses, nous sommes indemnisés par Pôle emploi.
Témoignage
Aurélien
22 ans - Normandie
Comment avez-vous eu accès
aux offres pour la cueillette du melon ?
C’est par l’intermédiaire de la mission locale à laquelle je suis
inscrit où les offres de l’ADEFA Vienne sont diffusées.
Pour quelles raisons travaillez-vous pendant vos vacances ?
Cet emploi saisonnier est l’occasion d’avoir un premier contact avec le monde du travail :
l’opportunité d’une expérience à valoriser dans mon C.V et montrer ainsi que je suis mobile et
motivé. J’en profite également pour découvrir d’autres horizons. Je ne connaissais pas la région
Poitou-Charentes.
10
Dossier
Dossier
Témoignage
Éric Reydet
Pérennisation des emplois
50 ans - Saint-Yrieix-la-Perche (Limousin)
grâce à l’expérience
et la formation
Vous avez été saisonnier itinérant ?
Ces emplois saisonniers permettent d’acquérir
un réel savoir-faire en production agricole. Cette
expérience pourra être ensuite valorisée et servir
de tremplin, pour accéder à un emploi stable.
Par ailleurs, pour sensibiliser les saisonniers aux
perspectives d’emploi et de carrières offertes par
le secteur agricole, des actions de découverte des
métiers et des formations sont entreprises par le
réseau de l’ANEFA avec les acteurs de l’emploi et
de la formation agricole, dans différentes régions.
En Limousin ou en Poitou-Charentes par exemple,
chaque année, plusieurs dizaines de personnes
trouvent ainsi une solution en termes d’emploi ou
de formation.
•
Originaire du Calvados, j’ai toujours fait les saisons. Je
travaillais dans l’ostréiculture juste avant les fêtes de fin d’année puis, je sillonnais la
France avec mon fourgon, au gré des activités saisonnières. Je travaillais à la tâche car
c’est plus intéressant financièrement.
Vous viviez bien ?
Oui. Cela m’a permis de voir beaucoup de choses. J’étais libre. C’est un choix de vie que
j’ai ensuite partagé avec ma femme, rencontrée en 2000, dans une entreprise arboricole.
Aujourd’hui, vous êtes chef d’entreprise ?
En 2006, j’étais saisonnier dans un verger collectif du Limousin dont la mission était
de former des jeunes, pour préparer leur installation. Devenir arboriculteur était un
vieux rêve qui est devenu une réalité. Je suis installé depuis 2013, avec ma femme, sur
16 ha de vergers et aujourd’hui, sur la cinquantaine de saisonniers que j’emploie pour la
cueillette, une dizaine est saisonnier itinérant, en fourgon.
Témoignage
Daniel Lann
49 ans - Landivisiau (Finistère)
Vous êtes un ancien de chez GAD, licencié économique ?
J’ai travaillé, pendant 10 ans, en tant que préparateur de commandes au sein des abattoirs GAD. Fin 2013, dans le cadre de l’accompagnement post-licenciement, j’ai eu accès à
des offres d’emploi agricole, diffusées par l’AEF 29. Il me fallait retrouver un emploi rapidement, pour subvenir aux besoins de ma famille. J’ai donc travaillé comme saisonnier, chez un
producteur de tomates sous serres, à coté de Brest.
© ANEFA
Cet emploi saisonnier vous a ouvert une nouvelle voie
professionnelle ?
Sur l’année 2014, j’ai enchainé les contrats, au rythme de la culture des tomates :
nettoyage des serres, effeuillage... Mon patron, estimant que j’avais le potentiel pour d’autres
missions, a souhaité me garder. Depuis janvier 2015, je suis en formation interne avec le chef
de cultures, dans le cadre d’une action de formation avec Pôle emploi (AFPR(4)). J’apprends à
maitriser les travaux de hauts de plantes qui sont plus techniques, dans la perspective d’une
embauche, de 6 mois minimum.
(4) L’Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR) est un dispositif, accessible à toute personne inscrite à Pôle emploi, destiné à combler l’écart entre les
compétences du salarié et celles que l’emploi requiert.
Dossier
11
ANEFA en régions
Limousin
Une mobilisation pour l’emploi saisonnier
qui porte ses fruits
© AOP Pommes du Limousin
Région d’élevage, le Limousin est aussi connu pour sa pomme Golden. Sa récolte nécessite une importante main d’œuvre saisonnière. Pour faciliter les recrutements et fidéliser les saisonniers, l’AREFA et ses
partenaires(1) mutualisent leur savoir-faire, depuis plus de 10 ans, autour d’un dispositif dédié. Un dispositif
dont la finalité est également l’emploi permanent : le secteur de l’arboriculture recrute.
Une pomme importée des États-Unis en 1950
La tradition des cultures fruitières a su s’imposer dans une région où, depuis
longtemps et grâce aux races locales de bœuf ou d’agneau, l’élevage compose
l’essentiel de l’agriculture limousine. 67 % des exploitations sont aujourd’hui
tournées vers l’élevage bovin-viande et pourtant, 420 exploitations produisent des
pommes Golden. Des pommes dont la reconnaissance nationale AOC « Pomme du
Limousin » a été obtenue en 2005, pour devenir une AOP, en 2007, son équivalent
européen.
(1) Pôle emploi et les Chambres Départementales d’Agriculture de Corrèze et Haute-Vienne.
12
ANEFA en régions
D’importants besoins en main
d’œuvre saisonnière
Au moment de la cueillette, les arboriculteurs font
appel à environ 5 000 cueilleurs sur 3 semaines, en
septembre et octobre. Pour faciliter le recrutement
de ces derniers, deux Points pommes ont vu le
jour, en 2002, sous l’impulsion de l’AREFA et de ses
partenaires(1), alors que les prévisions de récolte
s’annonçaient importantes.
ANEFA en régions
© AOP Pommes du Limousin
L’AOP Pomme
du Limousin en chiffres
3 300 ha
de vergers en Dordogne, Corrèze
et sud de la Haute-Vienne
100 000 tonnes
de pommes produites
5
000
saisonniers
pour la récolte
Basés à Saint-Yrieix-La-Perche, en Haute-Vienne et
à Brive, en Corrèze, ils sont gérés par Pôle emploi, en
lien avec l’AREFA. Ils enregistrent annuellement plus de
2 000 offres d’emploi saisonnières et traitent plus de
4 
000 candidatures d’étudiants, de retraités, mais
aussi de demandeurs d’emploi dont de nombreux
bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active. Ces
derniers, grâce à une dérogation, peuvent cumuler le
RSA avec la rémunération de la cueillette.
Des saisonniers fidélisés
Pour que la main-d’œuvre locale et sans moyen de
locomotion puisse travailler, l’AREFA Limousin a mis en
place une organisation de transport des cueilleurs de
pommes, vers les zones de production. Ce sont près
de 500 personnes, dont de nombreux bénéficiaires de
minima sociaux qui en profitent, au départ de Tulle,
Brive et Limoges.
Reconduit chaque année, ce système bénéficie du soutien de la Région Limousin et des Conseils généraux
de Corrèze et de Haute-Vienne, ainsi que de l’ANEFA.
Gratuit pour les cueilleurs, le coût n’est que d’1€ par
jour et par personne, pour les arboriculteurs.
La cueillette et après ?
Tout l’intérêt du dispositif réside dans la possibilité de pérenniser des emplois
saisonniers. Des journées d’information sur les métiers, les formations et les perspectives d’emploi du secteur, avec visites d’exploitation, sont régulièrement organisées par Pôle emploi et l’AREFA, en lien avec les centres de formation. « L’arboriculture est confrontée à des difficultés de recrutement de salariés qualifiés, ainsi qu’à
la nécessité du renouvellement des générations de chefs d’entreprise. L’enjeu est de
capter de nouveaux publics vers les métiers de l’arboriculture, de les former, puis de
les garder » indique Bruno Gausson, Président de la CPRE(2) Limousin. « Tous les
saisonniers passés par le dispositif sont ainsi sensibilisés aux perspectives d’emploi »
précise-t-il.
Témoignage
Michel Texier
Arboriculteur à Saint-Yrieix-La-Perche
18 ha de vergers de pommes dont 4 qui viennent
d’être plantés sous label « Agriculture biologique »
Comment recrutez-vous vos saisonniers ?
J’ai besoin de 45 personnes pour la cueillette. Je fais appel aux services du Point
pommes qui gère les candidatures et me met directement en relation avec les candidats. Cela me facilite énormément la tâche du recrutement.
C’est une main d’œuvre locale ?
Je suis seulement à 35 km de Limoges. Pour autant, sans le dispositif de bus,
certains saisonniers ne pourraient pas venir travailler. Dans mon équipe, la
moitié n’a pas de moyen de locomotion. A l’inverse, les arboriculteurs de Corrèze,
davantage isolés des pôles urbains, disposent de logements spécifiques. Ils peuvent
accueillir des saisonniers hors région.
Est-ce possible, pour un saisonnier, d’accéder à un emploi permanent ?
Tout à fait. J’ai l’exemple récent d’un jeune, chez un voisin arboriculteur, embauché
pour un emploi saisonnier. Il a occupé un poste de chef de verger. Il est aujourd’hui
installé arboriculteur, au sein de notre coopérative.
(2) Commission paritaire régionale pour l’emploi.
ANEFA en régions
13
ANEFA en régions
Ile-de-France
Jeunes et demandeurs d’emploi
un gisement de compétences à exploiter
569 000 ha
de terres cultivées
soit 48 % de la surface régionale
Des cressonnières derrière les champs de blé
Contrairement aux idées reçues, l’Ile-de-France est une vaste région agricole.
Avec ses grandes plaines, telles que la Brie ou la Beauce, 7 exploitations agricoles
sur 10 cultivent du blé, de l’orge, du colza et des betteraves, sur la quasi-totalité de
la surface agricole(1). Celles-ci emploient 50 % des salariés agricoles. L’Ile-de-France
est aussi réputée pour ses cultures spécialisées (arboriculture, horticulture et
maraîchage), ancrées historiquement sur les coteaux et les vallées alluvionnaires.
Elle est d’ailleurs la 1ère région productrice de persil, de cresson et de radis. En
revanche, l’élevage est peu présent.
Le secteur du paysage, des jardins et des espaces verts est, lui aussi, bien
représenté. Depuis 10 ans, les entreprises du paysage franciliennes n’ont jamais
cessé de recruter, encouragées par le besoin de verdure des citadins. Elles
embauchent 15 % des salariés du secteur.
(1) 94 % de la Surface agricole utile (SAU).
14
ANEFA en régions
© Thierry R. – AgriProPhotos
Région pourtant très urbanisée, l’Ile-de-France n’est en pas moins agricole. Près de la moitié de sa surface est cultivée. Grandes-cultures sur les plaines du bassin-parisien ou espaces verts au cœur des villes
façonnent le paysage agricole régional. A l’AREFA de faire savoir que le secteur recrute et d’aller chercher
de nouvelles compétences, chez les jeunes ou les demandeurs d’emploi.
5 100 exploitations
agricoles
11
400
actifs
dont 3 400 salariés agricoles
2 270 entreprises
du paysage
salariés
9 850 du paysage
Chiffres AGRESTE - Ministère de l’agriculture - recensement
agricole 2010 / UNEP.
ANEFA en régions
Séduire les jeunes citadins
Un sondage révèle que 9 français sur 10(2) ignorent
que l’agriculture, c’est aussi des métiers salariés.
Pour informer les jeunes franciliens sur l’éventail des
métiers proposés par l’agriculture et ses opportunités d’emploi, l’AREFA Ile-de-France participe chaque
année, au forum Top métiers 92, organisé au CNIT
Paris - La Défense.
« 27 000 visiteurs, des jeunes et leurs familles, ont été
accueillis sur ce forum, en 2014, dans un cadre pédagogique ou en visite individuelle » observe Chantal
Robin, animatrice de l’AREFA. « En partenariat avec
la DRIAAF et l’APECITA, nous avons disposé un simulateur de conduite avec GPS intégré. Il a eu beaucoup
de succès, permettant aux jeunes d’appréhender une
image de l’agriculture, à la pointe de la technologie »
s’enthousiasme-t-elle. Ce même sondage révèle que
seulement 40 %(2) des personnes interrogées inciteraient leurs enfants à suivre des études agricoles.
« Nous en avons discuté avec des parents, autour d’une
dégustation de fromages fermiers d’Ile-de-France. Nous
avons réussi à lever de nombreuses craintes ».
Le chômage des jeunes,
une préoccupation
nationale
Le gouvernement compte booster l’emploi
des jeunes. Une opportunité pour les attirer
vers les métiers de l’agriculture.
Selon les dernières données de l’Insee, le
chômage touche 22,8 % des 15-24 ans et plus
particulièrement les jeunes sortis du système
éducatif sans qualification. Ceux-ci sont 5 fois
plus exposés au chômage que les titulaires d’un
diplôme de l’enseignement supérieur.
Un dispositif dédié aux jeunes sera mis en
place par Pôle emploi, dès 2015. Jean Bassères,
Directeur Général a annoncé(4) « mettre en
œuvre, avec des crédits européens, des conseillers
spécialisés dans l’accompagnement renforcé des
jeunes » pour « leur présenter des métiers auxquels
ils ne pensent pas ». 700 conseillers Pôle emploi(5)
vont ainsi être déployés à cet effet, dans les
agences.
Des ateliers au Salon Jeunes d’Avenir, pour
optimiser sa recherche d’emploi.
Affichage des offres d’emploi sur le stand de
l’AREFA.
Une alternative au chômage des jeunes
L’AREFA a également participé, les 25 et 26 septembre 2014, au salon Jeunes
d’Avenir, à Paris - La Villette. Organisé avec le soutien de l’État, ce salon a
accueilli environ 13 000 jeunes.
« Nous avons conseillé, sur le choix des formations ou accompagné, dans leur
recherche d’emploi, les nombreux jeunes rencontrés durant les deux jours
du salon. Ils étaient tous très motivés. Nous leur avons également expliqué
les parcours possibles à partir d’un emploi saisonnier » explique Chantal
Robin. « Ce fut l’occasion idéale pour les sensibiliser aux opportunités d’emploi.
Nous avons orienté vers le machinisme agricole beaucoup de jeunes garçons
qui recherchaient un poste dans la mécanique ou la conduite » précise-t-elle.
Par la même occasion, l’AREFA a profité du Salon pour rencontrer de nombreux prescripteurs. « Des conseillers de Pôle emploi et de Missions locales, très
avides d’informations sur le secteur agricole » conclut Chantal Robin.
Témoignage
Joël Colpin
Président de l’AREFA Ile-de-France
FNAF CGT (collège salarié)
L’enjeu de notre présence au Salon jeunes d’Avenir
était de prendre part dans ce défi qu’est de sortir du
chômage, des jeunes peu ou pas qualifiés. Nous avons actuellement, de nombreuses
offres d’emploi de conducteur d’engin agricole ou de salarié agricole polyvalent, à
pourvoir. Nous devons encourager les jeunes avec des messages positifs et les inciter
à se former. Il existe de réelles inadéquations entre le besoin en compétence des
exploitations et le profil des candidats. L’AREFA envisage ainsi une session ADEMA(3)
pour le secteur polyculture-élevage et la mise en place d’actions courtes qualifiantes
pour former des conducteurs d’engins agricole.
(2) Sondage ANEFA - APECITA / OpinionWay de février 2013.
(3) Accès des demandeurs d’emploi aux métiers agricoles.
(4) Garantie jeunes et garantie pour la jeunesse : quelle différence ? Pôle emploi - 24/11/2014.
(5) Convention tripartite 2015-2018 signée jeudi 18 décembre 2014 par Pôle emploi, l’État et
l’Unédic.
ANEFA en régions
15
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