VIE DES ÉCOLES DSA « Architecture et patrimoine » ENSA de Paris-Belleville Texte : Juliette Pommier La formation à l’intervention sur le patrimoine architectural fait partie depuis 2005 des missions des écoles d’architecture françaises. Certaines l’ont mise en place en master sous la forme de domaines d’études orientés. D’autres, plus rares, l’organisent dès la licence, afin d’initier tous les étudiants à ce type de projet. Trois diplômes de spécialisation et d’approfondissement en « Architecture et patrimoine » permettent de se spécialiser et d’être habilité à intervenir sur les édifices inscrits au titre des Monuments historiques : enquête à l’école de Paris-Belleville. 105 VIE DES ÉCOLES Un deuxième ensemble d’enseignements pluridisciplinaires permet la transmission des différents savoirs et méthodes nécessaires à l’intervention sur le patrimoine, articulant la connaissance à la transformation. Le cadre juridique et réglementaire est abordé à la fois en termes de contraintes et de modalités d’intervention, notamment au travers des plans de sauvegarde et de mise en valeur. Les techniques de restauration, de réhabilitation, de reconversion et de transformation sont étudiées pour différents types de patrimoine et d’enjeux programmatiques. Les méthodologies d’intervention font l’objet de nombreux cours, et sont au cœur des ateliers de projet, présents à chaque semestre. � Visite du chantier de la Halle Boulingrin, Reims. <- Séance de présentation à l’ENSAPB. —> Mise en valeur de la Cité de Refuge de l’Armée du Salut : projet d’exposition sur l’ensoleillement et l’hygiénisme dans la chambre témoin. Maquettes. Leïla Beloucif et Mirela Voicu, Atelier Vanessa Fernandez & Jean-Bernard Cremnitzer, 2013-14. © L. Beloucif et M. Voicu � Analyse du quartier de Montparnasse : morphologie et datation des tissus. Aurélie Beaujean, Lila Bonneau, Rachel Le Franc, Sandra Talisse, Atelier Maïe Kitamura & Elise Ostarena, 2013-14. © A. Beaujean, L. Bonneau, R. Le Franc, S. Talisse Le patrimoine, un bien culturel Former un architecte spécialiste du patrimoine, c’est d’abord transmettre une compréhension de cette notion polysémique et connotée. Jean-Paul Midant, responsable scientifique et pédagogique de la formation, le définit comme un « bien culturel » : un témoignage du passé ayant une valeur culturelle, qu’elle soit plus spécifiquement historique, artistique, scientifique, technique ou sociale. Connaître et reconnaître cette valeur culturelle est le préalable à toute mise en valeur architecturale du patrimoine. Les enseignements du DSA répondent en premier lieu à cet impératif au travers de nombreux cours d’histoire de l’architecture, des villes et des paysages, d’enseignements sur les structures traditionnelles et modernes et leurs pathologies, de relevés et de voyages d’études. Connaître, c’est savoir décrire et représenter, mais également situer par rapport à un contexte physique et historique, contextualiser et comparer, évaluer, distinguer et différencier. C’est aussi remettre en perspective le bien culturel par rapport aux enjeux contemporains ; le sens attribué à un patrimoine dépend de la société qui le considère, de ses valeurs, de ses institutions et de ses lois, comme de ses besoins et de ses aspirations. Dès lors, la connaissance historique ne suffit plus et c’est de méthode qu’il s’agit : méthode d’analyse, d’évaluation, et bien sûr d’intervention. Le projet à toutes les échelles Ces deux ensembles d’enseignements sont articulés autour des ateliers de projet, de la mise en situation professionnelle au semestre 3, et du mémoire-projet qui conclut les deux années de formation. C’est en effet le projet qui donne sens aux connaissances acquises. « Comment transformer ? » interroge aussi bien le potentiel de reconversion du patrimoine considéré que la pertinence de la programmation à l’échelle architecturale et urbaine, ou que le degré, les modes et les techniques de transformation. Et en amont, « Pourquoi transformer ? » questionne le sens du patrimoine et, plus largement, le sens de la sauvegarde dans une société orientée vers le développement durable. « FORMER UN ARCHITECTE SPÉCIALISTE DU PATRIMOINE, C’EST D’ABORD TRANSMETTRE UNE COMPRÉHENSION DE CETTE NOTION POLYSÉMIQUE ET CONNOTÉE. » 107 VIE DES ÉCOLES Chaque atelier de projet aborde une échelle ou un type de patrimoine différent, en se concentrant sur les territoires du Grand Paris. Le premier semestre encadré par Maïe Kitamura est consacré à l’échelle urbaine, dans la mise en œuvre d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur – en 2013-14, il portait sur le 6e arrondissement, et en 2014 il abordera le lotissement du parc de Sceaux. L’intérêt du règlement proposé est ensuite testé au travers d’un petit projet de réhabilitation. Au deuxième semestre, Philippe Prost assure le suivi d’un projet d’extension-réhabilitation à l’échelle de l’édifice, de l’intervention d’ensemble au détail. L’atelier du dernier semestre, organisé par Vanessa Fernandez et Jean-Bernard Cremnitzer, porte spécifiquement sur un patrimoine inscrit MH de la fin du xixe ou du xxe siècle, choisi pour ses caractéristiques techniques et les questions de programmation, de réglementation, de mise en valeur et de confort qu’il soulève. En 2013-14, l’atelier traitait d’une part de la sauvegarde –^ La sauvegarde de la gare « Lisch » à Asnières : projet d’un lieu d’exposition. Coupe de détail sur la façade et sur la rampe de visite. Lina Guarin et Anie Joshi, Atelier Vanessa Fernandez & Jean-Bernard Cremnitzer, 2013-14. © L. Guarin et A. Joshi <- La sauvegarde de la gare « Lisch » à Asnières : projet d’une structure temporaire pour la restauration et la réutilisation de la halle. Élévation Guillaume Carré et Dimitra Skouta, Atelier Vanessa Fernandez & Jean-Bernard Cremnitzer, 2013-14. © G. Carré et D. Skouta —> Relevé de la Maison Badin, 1954, Paul Nelson (arch.), Bernard Lafaille (ing.), Fernand Léger (plasticien) et Charlotte Perriand. Chaoyi Wang, Atelier Maïe Kitamura & Elise Ostarena, 2013-14. © Ch. Wang � L’ENSA Paris-Belleville. © ENSAPB Fiche technique : Créée en 1969 Directeur : François Brouat 1 125 étudiants 66 enseignants titulaires et associés 15 600 m² de locaux Cursus : Licence, Master, Double cursus architecte-ingénieur, Double cursus architecte-designer, HMONP, Doctorat DSA « Architecture et patrimoine » DSA « Architecture et projet urbain » DSA « Architecture et risques majeurs » 60, boulevard de la Villette, 75019 Paris tél. : 01 53 38 50 00 http://www.paris-belleville.archi.fr/ de la gare « Lisch » à Asnières, et d’autre part de la mise en valeur de la Cité de Refuge de l’Armée du Salut de Le Corbusier par un parcours de visite et la création d’un lieu d’interprétation. D’autres modalités pédagogiques permettent de diversifier les échelles et les types de patrimoine abordés : un workshop paysage aborde les questions d’aménagements urbains et paysagers, et un atelier d’été fondé sur un échange entre les enseignants et les étudiants avec l’université d’architecture de Tianjin (port franc de Pékin) permet une mise en perspective internationale des doctrines d’intervention. Si le DSA concentre ses enseignements sur le territoire du Grand Paris et sur les époques qui le marquent le plus fortement, du xviie siècle à nos jours, la comparaison et la différenciation sont indispensables pour saisir la relativité des biens culturels et des interventions qui les concernent.
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