W.A.MOZART Unfinished works for piano and violin Completed by Robert Levin Robert Levin & Gérard Poulet 1 2 W.A.MOZART Unfinished works for piano and violin Completed by Robert Levin Robert Levin & Gérard Poulet 1 2 3 4 5 6 7 8 ALLEGRO EN SOL MAJEUR K ANH 47 ALLEGRO EN SI BEMOL MAJEUR K 372 FANTAISIE EN UT MINEUR K 396 SONATE EN UT MAJEUR K 403 1 ALLEGRO MODERATO SONATE EN UT MAJEUR K 403 2 ANDANTE SONATE EN UT MAJEUR K 403 3 ALLEGRETTO ALLEGRO EN LA MAJEUR K ANH 48 ALLEGRO EN LA MAJEUR K 50 10:16 8:01 9:38 5:22 3:10 8:06 10:07 5:13 Bonus Track 9 ALLEGRO EN SOL MAJEUR K ANH 47 FRAGMENTS 1:03 3 Robert Levin 4 Gérard Poulet 5 6 Étude biographique sur Mozart et la composition Des dons de Dieu ? Et un travail de forçat ! Né pour la musique (1756-1763) Un voyage de trois ans (1763-1766) L’opéra et l’Italie (1767-1773) Au service de Colloredo (1773-1781) Vienne, la difficile liberté (1781-1787) La fin tragique (1788-1791) Conclusion 9 10 11 16 17 20 23 26 Les fragments pour piano et violon 27 Allegro en sol majeur, K. Anh. 47 (546a) Allegro en si bémol majeur, K. 372 Fantaisie en ut mineur, K. 396 (385f) Sonate en ut majeur, K. 403 (358c) Allegro en la majeur, K. Anh. 48 (480a/385E) Allegro en la majeur, K. 50 (526a) 7 Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair 8 Des dons de Dieu ? Et un travail de forçat ! Cet enregistrement est unique à bien des égards, mais tout particulièrement parce qu’il permet d’entendre, pour la première fois, des œuvres que Mozart avait laissées inachevées. Mais pour leur rendre toute leur valeur, il fallait les compléter. Nous allons essayer de voir en quoi l’exercice est possible avec Mozart. Car s’il a été un véritable génie de la musique, peut-être le plus grand de tous les temps, les choses ne lui tombaient pas du ciel telles quelles. Ses facilités sont évidentes, sa capacité à s’adapter aux circonstances aussi, mais rien de tout cela n’existerait sans le travail colossal qu’il a dû fournir, ni sans la conscience aiguë qu’il avait de ce qu’il faisait. C’est vrai : il n’y a pas de mauvais Mozart. Cela ne veut pas dire que la moindre note de Mozart n’a pu lui être dictée que par un Dieu qui n’aurait vu digne de Ses dons personne d’autre que Mozart. En étudiant sa musique le plus profondément possible, en la jouant avec joie et talent, en l’ayant constamment au cœur, on peut en arriver à imaginer ce que Mozart aurait pu, entre autres possibilités, écrire là où il s’était arrêté. C’est ce qu’a fait Robert Levin, lui qui connaît (co-naître : naître avec) Mozart, ou plutôt qui connaît la musique de Mozart, mieux que personne, et sans doute mieux que bien des contemporains du compositeur. Du reste, Mozart lui-même reconnaissait la connivence qui pouvait exister entre l’interprète et le compositeur, lui qui disait qu’il fallait « mettre en valeur toutes les notes avec l’expression et le gusto qui leur sont particuliers de manière à faire croire que celui qui les joue est le même que celui qui les a composées ». 9 Né pour la musique (1756-1763) Pour mieux comprendre à quel point le jeune Wolfgang Amadeus Mozart est « tombé dans la musique quand il était petit », il faut savoir qu’être musicien était alors, dans ce Salzbourg dont le prince-archevêque donnait l’exemple, tout à fait banal. Pour tous, quel que soit son âge et son statut social, la vie quotidienne fourmillait de musique. Leopold, le père de Mozart, était domestique et musicien, ce qui était alors très courant, si l’on en juge par les annonces que l’on trouvait alors, comme par exemple celle-ci : « On demande, dans une maison de maître, un laquais sachant bien jouer du violon et capable d’accompagner des sonates difficiles. » Nous pouvons imaginer que les toutes premières années de Mozart ont baigné dans une atmosphère toute de musique et de sons. Les cloches des églises, mais aussi les chœurs à plusieurs voix et leurs orgues ; et les oiseaux, extrêmement nombreux dans cette petite ville arborée, proche de forêts. Le jeune Wolfgang avait même un canari, qui fut finalement son premier partenaire musical ! D’une certaine manière, Mozart a appris la musique comme un oiseau apprend à chanter… Sa sœur aînée, Nannerl, ayant des dispositions 10 exceptionnelles pour la musique, son père décide de lui apprendre le clavecin. Wolfgang a alors deux ou trois ans. On a raconté mille fois comment il colle son oreille au clavecin de sa sœur aînée qui s’entraîne, ou de son père qui compose, et combien il absorbe alors toute la musique qu’il entend, pour la restituer après. Il peut même improviser dessus ! Il passe des heures à s’amuser sur le clavier, éclatant de rire quand il trouve des accords qui lui plaisent, disant : « Je cherche les notes qui s’aiment. » Tout petit, et jusqu'à sa dixième année, il compose des airs qu’il chante à son père, debout sur une chaise, avant de l’embrasser de nombreuses fois (en finissant par le bout du nez) et d’aller se coucher. Il s’intéresse aux jeux enfantins d’autant qu’ils se font en musique, aimant par exemple accompagner les déplacements de marches chantées. Par la suite, les faits les plus anodins de la vie quotidienne seront pour lui prétextes à créer des personnages et des situations qu’il mettrait en musique. On voit là les prémices du génial compositeur d’opéra qu’il deviendra. À cinq ans, il commence à composer des petites pièces, dont certaines sont parvenues jusqu'à nous. Son père tient très vite à l’accompagner dans cette voie. Contrairement à sa fille, qu’il considère avant tout comme une – excellente, il ne faut pas croire qu’elle est délaissée au profit de son frère – claveciniste, et pour laquelle il n’écrit que des morceaux destinés à la faire progresser en clavecin, Leopold met ses talents de compositeur et de pédagogue au service d’une éducation musicale qui ferait de Wolfgang un compositeur. C’est ainsi que pour ses six ans, il lui offre un album de 126 pièces, de tous les genres, et pour tous les instruments. Dans le fond, dès son plus jeune âge, Mozart n’a pas réellement été confronté à des problèmes techniques, tant la musique était en quelque sorte sa langue natale. Mais le véritable prodige, c’est qu’il ait confié à la musique, si jeune, tous les sentiments qui animaient son cœur et son esprit. Il s’en amusait même, écrivant des sonates migaies, mi-tristes. Un voyage de trois ans (1763-1766) À sept ans, son père lui enseigne le métier de compositeur, avec toute la rigueur que cela suppose. Il est déjà capable de composer directement sur papier, sans passer par le support d’un instrument. L’écriture du jeune Wolfgang, telle qu’on peut la voir sur les manuscrits qui existent encore, est étonnamment assurée si l’on pense à son âge. Il s’en dégage une sûreté et une énergie rares. Ce sera le cas toute sa vie. Contrairement à Beethoven, dont on peut suivre le cheminement laborieux grâce aux cahiers d’esquisses, aux ratures (aux « repentirs », comme on dirait en peinture), le cheminement que suit Mozart avant la réalisation finale est tout intérieur. L’écriture sur le papier, le plus souvent sans rature, est l’aboutissement de ce cheminement. Sa mémoire prodigieuse lui permet cette technique très particulière. C’est pourquoi le moindre fragment écrit de sa main a de la valeur (même si, bien sûr, il faut quelqu'un de grand talent pour « boucher les trous »). En revanche, personne ne peut imaginer ce qu’aurait donné la Dixième Symphonie de Beethoven, alors que nous en possédons des esquisses. Lors de ses très nombreux voyages (au total, 11 Mozart a passé dix ans, deux mois et huit jours en voyage), qui sont extrêmement longs (on estime que ses seuls trajets en diligence ou en carrosse représentent quatre années de sa courte vie !), il emporte un clavier muet, pour pouvoir s’entraîner, et plus tard, il installera des planches lui servant d’écritoire et d’encriers, pour pouvoir mener à bien les commandes diverses qui lui avaient été faites. Il compose ainsi à la manière d’un écrivain : directement de la tête au papier. Lors de leur premier voyage à Paris, quand la famille Mozart arrive en novembre 1763, le baron Christian Friedrich Melchior von Grimm, le puissant ami des Encyclopédistes, connu de toute l’Europe pour sa Correspondance littéraire, philosophique et critique, secrétaire du duc d’Orléans (cousin du roi Louis XV) écrit sur les enfants Mozart un article retentissant, qui va leur ouvrir les portes de l’aristocratie française, et leur permettre d’être reçus à Versailles, par Louis XV et sa famille. Cet 12 article, qui lui assure une renommée universelle, est un témoignage exceptionnel de ce dont est capable le jeune Wolfgang, y compris comme compositeur, alors qu’il n’a pas encore huit ans. Il vaut la peine d’être cité en entier : « Le 1er décembre 1763. Les vrais prodiges sont assez rares pour qu’on n’oublie pas de les signaler lorsqu’on a l’occasion d’en voir un. Un maître de chapelle de Salzbourg, nommé Mozart, vient d’arriver ici avec deux enfants de la plus jolie figure du monde. Sa fille âgée de onze ans, touche le clavecin de la manière la plus brillante ; elle exécute les plus grandes pièces et les plus difficiles avec une précision à étonner. Son frère, qui aura sept ans [en réalité, huit ans, mais Grimm reprend les arguments publicitaires de Leopold, qui rajeunit volontairement d’une année son fils – le père de Beethoven fera de même vingt ans plus tard] au mois de janvier prochain, est un phénomène si extraordinaire qu’on a de la peine à croire ce qu’on voit de ses yeux et ce qu’on entend de ses oreilles. C’est peu pour cet enfant d’exécuter avec la plus grande précision les morceaux les plus difficiles avec des mains qui peuvent à peine atteindre la sixte ; ce qui est incroyable, c’est de le voir jouer de tête pendant une heure de suite, et là s’abandonner à l’inspiration de son génie et à une foule d’idées ravissantes qu’il sait encore faire succéder les unes aux autres avec goût et sans confusion. Le maître de chapelle le plus consommé ne saurait être plus profond que lui dans la science de l’harmonie et des modulations, qu’il sait conduire par les routes les moins connues mais toujours exactes. Il a un si grand usage du clavier qu’on le lui dérobe par une serviette qu’on étend dessus, et il joue sur la serviette avec la même vitesse et la même précision. C’est peu pour lui de déchiffrer tout ce qu’on lui présente : il écrit et compose avec une facilité merveilleuse, sans avoir besoin d’approcher du clavecin et de chercher ses accords. Je lui ai écrit de ma main un menuet et l’ai prié de me mettre la basse dessous ; l’enfant a pris la plume, et sans approcher du clavecin, il a mis la basse à mon menuet. Vous jugez bien qu’il ne lui coûte rien de transposer et de jouer l’air qu’on lui présente, dans le temps qu’on exige ; mais voici ce que j’ai encore vu, et qui n’en est pas moins incompréhensible. Une femme lui demande l’autre jour s’il accompagnerait bien d’oreilles, sans la voir, une cavatine italienne qu’elle savait par cœur ; elle se mit à chanter. L’enfant essaya une basse qui n’était pas absolument exacte, parce qu’il est impossible de préparer d’avance l’accompagnement d’un chant qu’on ne connaît pas ; mais l’air fini, il pria la dame de recommencer, et à cette reprise, il joua non seulement de la main droite le chant de l’air, mais il mit, de l’autre, la basse sans embarras. Après quoi, il pria dix fois de suite de recommencer, et à chaque reprise, il changea le caractère de son accompagnement ; il l’aurait fait répéter vingt fois si on ne l’avait fait cesser. Je ne désespère pas que cet enfant ne me fasse tourner la tête, si je l’entends encore souvent ; il me fait concevoir qu’il est difficile de se garantir de la folie en voyant des prodiges. Je ne suis plus étonné que saint Paul ait eu la tête perdue après son étrange vision. Les enfants de M. Mozart ont excité l’admiration de tous ceux qui les ont vus. L’Empereur et l’Impératrice les ont comblés de bonté ; ils ont reçu le même accueil à la Cour de Munich et à la Cour de Mannheim. C’est dommage qu’on se connaisse si peu en musique en ce pays-ci. Le père se propose de passer d’ici en Angleterre et de ramener ensuite ses enfants par la partie inférieure de l’Allemagne. » À huit ans, il peut écrire des œuvres pour plusieurs instruments, des airs à trois ou quatre voix… 13 Son père lui offre un cahier de musique, que le jeune garçon va rapidement garnir de vingt-cinq petites pièces pour clavecin de sa composition. L’opéra, en germe depuis toujours, prend corps, si l’on en juge par cette phrase de Leopold, le 28 mai 1764 : « Il a toujours maintenant un opéra en tête. » C’est à cette époque qu’il rencontre, à Londres, Jean-Chrétien Bach, un des fils de Jean-Sébastien. On raconte comment le maître trentenaire propose au jeune garçon de huit ans un jeu : le prenant sur ces genoux, devant le clavecin, ils doivent jouer ensemble une sonate, chacun jouant quelques mesures, en alternance. Au-delà du caractère attendrissant de la scène, c’est pour le tout jeune compositeur qui ne connaît alors guère que la musique du Nord, de découvrir celle de l’Italie, que Jean-Chrétien Bach connait particulièrement bien. Quelle belle manière, instinctive, presque viscérale, de se former à une musique nouvelle ! C’est ainsi que Mozart découvre l’art du Bel Canto et l’aria italienne, auquel il s’essaie aussitôt, premier essai qui sera suivi de tant d’autres. Le « Bach de Londres » lui fait également découvrir Georg Friedrich Haendel, et ce qui devait être une véritable révélation pour ce jeune compositeur dont toute l’œuvre ultérieure en sera 14 imprégnée, qu’elle soit de théâtre ou purement instrumentale : l’opéra italien. À la fin de son séjour en Angleterre, à l’été 1765, il fait la rencontre du magistrat Daines Barrington, qui en fait un récit détaillé (qui sera par la suite publié par la Royal Society). On y apprend comment le jeune garçon de neuf ans, alors qu’on lui demande d’improviser « un chant d’amour comme Manzuoli aurait aimé en avoir dans un opéra », l’enfant se met à chantonner avec des trala-la, joue un prélude au clavecin, et finalement c’est un véritable air d’opéra sur le mot affetto (amour). Puis on lui demande la même chose sur un air de fureur ; il commence de même, mais sur le mot perfido (perfide), et « parvenu à la moitié de l’air, s’excit[e] tellement qu’il frapp[e] le clavier comme un possédé, et de temps en temps se soul[ève] de sa chaise ». Barrington relate également ce qu’on lui a rapporté : « Un jour où le célèbre J.‑C. Bach avait commencé une fugue et s’était brutalement interrompu, le petit Mozart l’avait reprise immédiatement et menée à sa conclusion d’une façon absolument magistrale. » Fin 1765, en Hollande, Wolfgang tombe gravement malade. Il passe une semaine dans le coma, et l’on craint pour sa vie. Dès qu’il s’en sent la force, il se met à composer ; en quelques mois, bien des œuvres verront le jour. Il a à peine dix ans, mais ne peut déjà pas se passer de la création musicale. Ce constat est pour nous l’occasion de rendre hommage à Leopold, si souvent accusé d’avoir exploité les talents de son fils, au point d’avoir mis sa santé en danger. Certes, le petit Wolfgang ne fut pas ménagé. Mais si le père avait été uniquement intéressé par ce que pouvait lui rapporter le fils, il aurait exploité à fond ses talents d’interprète (au clavier et au violon). Leopold eut au contraire la lucidité d’encourager le jeune génie créateur dans la voie de la composition. Un quart de millénaire plus tard, nous pouvons lui en être reconnaissants. 15 L’opéra et l’Italie (1767-1773) À onze ans, Wolfgang a déjà beaucoup voyagé, rencontré les musiciens parmi les plus grands de l’époque, entendu et étudié les styles musicaux de presque toute l’Europe. À son âge, Haydn, Beethoven ou Schubert étaient des petits garçons qui ne connaissaient rien d’autre que leur environnement immédiat. Mozart possède déjà un savoir-faire et une expérience absolument exceptionnels pour cet âge. En 1768, dans l’idée que c’est le seul moyen de conquérir le public de Vienne, Leopold incite Wolfgang à écrire un opéra, qu’il dirigera lui-même ; un vrai opéra, pas un petit, « mais bien une œuvre qui durera deux heures et demie à trois heures d’affilée ». C’est ainsi que Mozart écrit cette partition de plus de cinq cents pages : La Finta Semplice (La fausse naïve), opéra en trois actes, avec vingt-cinq numéros. La petite histoire retiendra que les calculs de Leopold seront malheureusement contrariés, car l’opéra ne pourra être représenté à Vienne, et qu’il lui faudra attendre l’année suivante, à Salzbourg. Mais la grande histoire retiendra qu’à douze ans, Mozart a déjà la maturité musicale et humaine (même si, bien entendu, on est encore très loin de la perspicacité psychologique des grands ouvrages de la maturité) pour écrire un véritable opéra. 16 Le 11 avril 1770 a lieu la très célèbre performance de mémoire de Mozart avec le Miserere d’Allegri. Il assiste à l’exécution de cette œuvre à la chapelle Sixtine. C’est le seul endroit où l’on peut l’entendre, le pape Urbain VIII et ses successeurs s’en étant assuré l’exclusivité. Il n’est joué que deux fois par an, pendant la Semaine sainte, à la fin de l’Office des Ténèbres, dans une mise en scène impressionnante : on éteint progressivement les cierges ; le Pape et les cardinaux, agenouillés, écoutent les chantres de la chapelle, majoritairement des castrats, qui montent jusqu'à des hauteurs alors inconnues. Les musiciens ont l’interdiction, sous peine d’excommunication, d’en emporter des copies, et les spectateurs qui seraient surpris à le prendre en notes sont aussitôt exclus. La partition est donc secrète depuis sa création en 1638. De retour chez lui, après l’avoir entendu une seule fois, Mozart retranscrit de mémoire les neuf voix de ce chef-d'œuvre aussi mythique que mystique. Après une seconde audition pour faire quelques modifications, il a la partition complète, sans aucune faute ! Le 9 octobre 1770, Wolfgang passe avec succès une épreuve à huis clos : mettre à quatre voix une antienne donnée. Il réussit, en moins d’une heure, ce que beaucoup ne parviennent pas à boucler en trois heures. C’est ainsi qu’il est, à quatorze ans, reçu à l’unanimité membre de l’Accademia filarmonica de Bologne. De cette époque datent plusieurs opéras, pour lesquels Mozart dispose de peu de temps, doit attendre, pour écrire leurs airs, les chanteurs qui n’arrivent qu’à la dernière minute, est contraint de s’adapter aux changements dans les livrets… Après en avoir écrit un premier en mars 1770, Mozart se remet au quatuor à cordes, « pour passer le temps » d’après son père. En réalité, il est amoureux. Mais il est en Italie, triste d’être séparé de celle après laquelle il soupire, restée à Salzbourg. Il a seize ans. Le quatuor à cordes n’est pas encore le Saint-Graal de toutes les compostions musicales qu’il deviendra par la suite, le Saint du Saint que maints compositeurs n’aborderont qu’avec crainte et respect. Mais déjà Mozart en fait son confident. En quelques mois, entre fin 1772 et début 1773, il va en écrire six. C’est l’un des rares exemples d’œuvres de Mozart qui ne soient pas des commandes. Au service de Colloredo (1773-1781) À seize ans, en dix mois, il écrit huit symphonies (Nos 14 à 21). L’année suivante, également à Salzbourg, il en écrit cinq (Nos 22 à 27) en deux mois. Les rapports avec son nouveau patron, le princearchevêque Hieronymus von Colloredo, ne sont pas bons. Ce n’est pas le lieu de les étudier ici. Mais Mozart a de plus en plus conscience de ce que sa situation d’être au service d’un maître lui coûte sa liberté créatrice. Il l’exprime dans cette lettre à son père, datée du 10 octobre 1777 : « Si je n’ai à cette époque trouvé aucun Service, eh bien ! j’aurai encore la ressource d’aller en Italie… Et je suis plus heureux lorsque j’ai à composer. C’est mon unique joie et ma Passion. [ … ] Que je puisse seulement entendre parler d’un opéra, que je puisse être au théâtre et entendre chanter… oh ! déjà ainsi, je suis tout hors de moi ! » On remarque qu’il met l’accent sur l’opéra. En septembre 1777, il entreprend son premier voyage sans son père, que Colloredo a refusé de libérer. Il part donc avec sa mère, d'abord en Allemagne. Le 8 novembre 1777, il tombe sous le charme d’une jeune fille, et lui écrit aussitôt l’ariette Oiseaux, si tous les ans…, en français. Le même jour, il écrit une lettre à son père, 17 avec ce passage absolument capital pour la compréhension des buts artistiques de Mozart : « Je ne puis écrire un poème : je ne suis pas poète. Je ne puis disposer mes phrases d’une façon tellement artiste qu’elles diffusent tour à tour de l’ombre ou de la lumière. De la même manière, je ne puis exprimer par des gestes et des pantomimes, mes pensées et mes sentiments : je ne suis pas danseur. Mais je le puis par les sons : je suis musicien. » Quelques jours plus tard, il rencontre Rose, une toute jeune fille, qu’il décrit ainsi : « [Elle] est une très belle et très gentille jeune fille. Elle est très mûre et très posée pour son âge, elle est sérieuse, ne parle pas beaucoup, et quand elle parle… c’est toujours avec beaucoup de grâce et de gentillesse. » Il compose aussitôt, pour elle, une sonate pour piano, en précisant : « Je veux l’écrire tout à fait d’après le caractère de Mlle Rose. » On voit, à travers tous ces exemples, comme Mozart nourrit son art de ce qu’il ressent des gens qu’il rencontre. Début 1778, ils sont en France. Dès son arrivée, 18 il écrit à son père une lettre qui nous montre, une fois encore, à quel point il se sent avant tout compositeur. Il évoque l’enseignement : « Je laisse cela aux gens qui ne savent rien d’autre que jouer du piano. Je suis un compositeur, né pour être Kapellmeister ; je ne dois ni ne puis enterrer ainsi le talent de compositeur que Dieu m’a donné dans sa bienveillance (je le dis sans présomption, car j’en suis plus que jamais conscient) ; c’est pourtant ce qui arriverait si j’avais de nombreux élèves. C’est un métier qui me dérange beaucoup ; et je préfèrerais (manière de parler) négliger le piano que la composition ; car le piano n’est qu’un accessoire pour moi – un accessoire d’ailleurs très important, Dieu merci ! » Quelques mois plus tard, dans une autre lettre à son père, il parle à nouveau de l’enseignement : « Donner des leçons ici n’est pas une plaisanterie. Vous n’oseriez croire que ce soit par paresse. Non, mais parce que c’est contraire à mon génie, contraire à ma façon de vivre. Vous savez que je suis pour ainsi dire enfoncé dans la musique, que j’en suis entouré tout le jour, que j’y pense, que je l’étudie, que j’aime à y réfléchir. » On voit bien qu’il fait passer la composition avant tout ; quand il a en tête quelque chose qui le passionne, il reporte ses leçons, ce qui lui fait perdre bien des élèves. La mère de Mozart tombe gravement malade pendant leur séjour parisien. Leur moral est au plus bas. Pour se libérer de cette mélancolie, Mozart compose deux sonates, qui ne sont donc pas le fruit d’une commande : la K. 304, pour violon et piano, en mi mineur (c’est la seule en mineur des 34 sonates pour piano et violon écrites et achevées à coup sûr par Mozart), et la K. 310, pour piano, en la mineur (avec la K. 457, c’est la seule en mineur des 18 sonates pour piano de Mozart). On y trouve une violence tragique, une douleur contenue. Pendant presque un an, jusqu’en août 1779, Mozart n’écrit quasiment rien. Il n’est pas heureux à Salzbourg. La brouille avec son patron n’est pas loin… C’est alors qu’il reçoit la commande d’un opéra : Idomeneo, Re di Creta. Il revit. Il se lance corps et âme dans le travail. Il est à Munich, dans un climat amical, propice. Il est malade au point de ne plus manger, mais cela ne le freine pas dans son ardeur créatrice. Guéri, et alors qu’il est habituellement si curieux de spectacles, il finit par renoncer à sortir « parce que c’est le soir qu’[il] compose le mieux ». Il est dans des circonstances, si importantes pour lui (« Ce qu’il me faut en ce moment, c’est un état d’âme que rien n’assombrisse », « la tête libre et de la joie au travail – et cela est impossible lorsqu’on est triste »), favorables. Un chanteur lui demande de faire une modification dans un quatuor vocal (troisième acte, N° 21). Voici la réaction de Mozart (qui par ailleurs est tout à fait capable de concessions dans des airs), telle qu’il la relate dans une lettre à son père : « Très cher ami… si je savais une seule note qui doive être changée dans ce quartetto, je la changerais immédiatement. Mais – il ne se trouve pas un autre morceau de cet opéra qui me donne autant de satisfactions que ce quatuor. Écoutez-le seulement d’ensemble, et sûrement vous changerez d’avis. Je me suis donné toutes les peines du monde pour vous satisfaire dans deux airs. J’en ferai autant pour le troisième. Et j’espère le mettre d'aplomb. Mais, en ce qui concerne les trios et les quatuors, il faut laisser faire au compositeur sa libre volonté. » À vingt-cinq ans, il est tout à fait sûr de lui. Un mois avant la première, il écrit à son père ces phrases capitales pour comprendre sa façon de 19 travailler, et qui va spécialement nous intéresser à propos de ses œuvres laissées à l’état de fragments : « Il faut à présent que je termine, car j’ai par-dessus la tête à écrire. Tout est déjà composé – mais pas encore écrit. » Son poste à Salzbourg lui commandait d’écrire toutes sortes de musiques. Religieuse, bien sûr, pour la chapelle, mais aussi pour les fêtes, les bals, les réceptions, et même les repas. Il n’était finalement qu’un domestique parmi d’autres, et, vêtu de la même livrée qu’eux, partageait leur quotidien. Le 9 mai 1781, c’est la rupture entre Mozart et Colloredo. Pour la première fois dans l’histoire de la musique, huit ans avant la Révolution française, un compositeur choisit l’indépendance et la liberté. 20 Vienne, la difficile liberté (1781-1787) Il est aussitôt plongé dans la composition de L’Enlèvement au sérail. Voilà qui l’excite au plus haut point : il a enfin, si l’on excepte le court Bastien et Bastienne de son enfance, la commande d’un opéra allemand ; c’est son rêve depuis si longtemps ! Et puis, écrire un opéra est décidément son oxygène : « J’ai tant de joie à mettre ce livret en musique que j’ai déjà le premier air de la Cavalieri, ainsi que celui d’Adamberger et le trio qui conclut le premier acte sont déjà achevés [Il les a écrits et terminés en un jour et demi !]. Le délai est court, il est vrai : dès la mi-septembre, il faut qu’ait lieu la représentation. Mais les circonstances qui se rencontreront à l’époque où l’œuvre sera représentée, et surtout – toutes les autres perspectives – surexcitent tellement mon esprit, que c’est avec la plus grande ardeur que je cours à ma table à écrire, avec la plus grande joie que j’y reste assis. » (lettre du 1er août 1781). En trois semaines, tout le premier acte est composé. La suite sera beaucoup plus laborieuse. C’est à l’issue de la première représentation de cet opéra que l’empereur Joseph II, pas très enthousiaste, eut ces mots célèbres : « Mon cher Mozart, tout cela est trop beau pour nos oreilles ! Il y a beaucoup trop de notes ! » Ce à quoi Mozart répondit, du haut de ses vingt-six ans, conscient de la valeur de cette œuvre : « Sire, autant de notes qu’il est nécessaire. » Mozart savait également qu’il venait d’ouvrir la voie de l’opéra allemand. D’autres chefs-d’œuvre allaient suivre : La Flûte enchantée, mais aussi les œuvres de Carla Maria von Weber, Richard Wagner, Richard Strauss… Au printemps 1782, Mozart découvre Bach et redécouvre Haendel avec joie et excitation. Joseph Weigl nous a donné ce témoignage qui nous montre l’enthousiasme de Mozart (même si sa conclusion peut nous surprendre.) : « Mozart accompagnait ; Swieten, Starzer et moi, nous chantions. J’appris alors comment on doit jouer des partitions. Qui n’a pas entendu Mozart jouer une partition de Haendel à 16 voix et plus, chanter lui-même et, en même temps, venir au secours de ceux qui faisaient des fautes, ne connaît pas Mozart, car il est encore plus admirable en cela que dans ses compositions. » Il n’est pas rare que Mozart prenne prétexte des faits les plus anodins de la vie quotidienne pour composer. En 1783, alors que Wolfgang et Constance, tout juste mariés, sont sur le point de quitter leur maison en compagnie d’un ami, la jeune épouse Constance ne trouve pas un ruban dont elle n’imagine pas se passer. Leur ami finit par trouver le précieux ruban. Tous s’amusent de la scène. Mozart en tire un amusant trio vocal, Das Bandel (« Le ruban », K. 441). Les sujets sont parfois moins naïfs… On connaît le côté scatologique de Mozart, qui s’exprime en maintes occasions dans ses lettres, mais aussi dans sa musique, par exemple dans un certain nombre de truculents canons. En novembre 1783, il doit donner un concert au théâtre de Linz. Mais comme il n’a emporté avec lui aucune symphonie, le voilà qui se plonge tout entier dans la composition d’une nouvelle symphonie, qu’il a quatre jours pour mener à bien. Cette circonstance nous vaut la Symphonie N° 36, en ut majeur, surnommée précisément « Linz », et effectivement écrite en quatre jours ! Cette facilité n’est cependant pas la règle. À la même époque, entre fin 1782 et début 1785, Mozart écrivit les « six Quatuors dédiés à Haydn ». Il avait des idées très précises sur leur architecture générale. Comme il l’indique dans sa dédicace, ces quatuors sont le « fruit d’un long et laborieux travail ». Et ses ébauches (ainsi que, par exemple, celles du Concerto pour piano N° 25) le montrent. La puissance de concentration de Mozart quand il compose en est d’autant plus étonnante, si l’on songe qu’il met un point final au deuxième de ces quatuors, celui en ré mineur K. 421, la nuit-même où naît le premier de ses fils ! 21 En avril 1784, Mozart a l’opportunité de faire un concert avec la jeune et virtuose violoniste Regina Strinasacchi. Il compose une sonate (en si bémol majeur, K. 454) en quelques jours. Mais il n’a pas le temps de tout écrire sur le papier. Seule la partie de violon est écrite ; Mozart jouera la partie de piano entièrement de mémoire ! Il existe d’autres exemples (notamment dans les fragments pour piano et violon de cet enregistrement) de partitions partiellement écrites. Mozart avait tout en tête, et pouvait se passer de l’avoir sous les yeux. Il est capable de concevoir de la musique tout en jouant au tarot, aux fléchettes, au billard, aux boules, ou aux quilles, ainsi que le prouve le fameux trio « des Quilles », écrit en août 1786 pour une formation alors insolite (clavier, clarinette et alto), ainsi nommé parce que Mozart l’aurait composé tout en s’adonnant à cette activité bien peu musicale ! Il est même capable de penser à une œuvre future tout en couchant par écrit celle du moment. 22 Selon le réputé neuropsychologue Bernard Lechevalier, auteur du livre Le cerveau de Mozart (et par ailleurs organiste titulaire de l'église SaintPierre de Caen), « Il était doté d’une mémoire de travail extraordinaire. Elle permettait à son cerveau, comme un ordinateur, d’encoder les informations, de les stocker pendant quelques heures, puis de les restituer fidèlement. » Cette mémoire prodigieuse lui fut d’un secours précieux. Il est capable d’écrire d’une traite, sans aucun autre support que sa plume et son papier, des actes entiers d’opéras, ou un morceau aussi complexe que l’Ouverture de Don Giovanni. Mais cela ne veut pas dire que tout était facile pour Mozart. On l’a déjà dit au moment d’évoquer les Quatuors dédiés à Haydn. Mozart cherche de plus en plus la profondeur, et doit aller puiser au plus profond de lui les idées musicales qu’il estime dignes d’exprimer son sentiment. Après les premières répétitions de Don Giovanni, Mozart a un échange avec le Kapellmeister de l’orchestre. Mozart est un peu inquiet : « Que pensez-vous de la musique de Don Giovanni ? Plaira-t-elle autant que Figaro ? C’est d’un autre genre ! » Kucharz le rassure : « Comment pouvez-vous en douter ? La musique est belle, originale, profondément pensée. Ce qui vient de Mozart plaira certainement aux Bohémiens ! [ils sont à Prague] ». Mozart fait alors une confidence que nous de devons jamais oublier : « Votre assurance me tranquillise, elle est d’un connaisseur. Mais je n’ai épargné ni peine ni travail afin de faire quelque chose d’excellent pour Prague. On se trompe en général quand on dit que mon art m’a été facile à acquérir. Je vous assure, mon cher ami, que personne n’a eu autant de mal que moi à étudier la composition. Il ne serait pas facile de trouver un maître célèbre en musique que je n’aie étudié avec application, et souvent étudié à plusieurs reprises, d’un bout à l’autre. » La fin tragique (1788-1791) Malgré le succès de Don Giovanni à Prague, la vie à Vienne est maintenant bien difficile. Après un début d’année assez calme, l’été 1788 voit une moisson de chefs-d’œuvre impressionnante : trois trios pour piano, violon et violoncelle (K. 542, 548 et 564), deux sonates pour piano (K. 545 et 547), le divertimento pour trio à cordes K. 563, et l’exceptionnelle trilogie des trois dernières symphonies (K. 543, 550 et 551). Puis, sans doute découragé par sa situation, il n’écrit presque plus rien jusqu'au printemps 1789, où il quitte Vienne. C’est alors, à Leipzig, que Mozart donne un concert où il dirige et joue avec orchestre. Voici à ce sujet un témoignage de Rochlitz, très intéressant quant aux facultés du compositeur, et qui donne une des raisons de ses partitions incomplètes : « Pour empêcher qu’on ne lui volât, comme d’habitude, son travail, il joua avec une partie de piano qui ne comportait qu’une basse chiffrée, et sur laquelle seules les idées principales étaient notées, et les figures et les passages sommairement indiqués. Tant il pouvait se fier à sa mémoire et aussi s’abandonner à son inspiration. » Puis le public demande à l’entendre seul. Mozart le fait volontiers, et, toujours selon Rochlitz, « commença simplement, librement 23 et solennellement en ut mineur, s’abandonna ensuite peu à peu à l’envol de son improvisation, et termina par les variations en mi bémol majeur, qui ont été publiées plus tard. » Début 1790, il déprime sérieusement. Pendant trois mois, il n’écrit rien. Il n’avait pas connu d’épisode aussi stérile depuis dix ans, quand il était encore à Salzbourg, juste avant la commande d’Idomeneo, Re di Creta. Il vit dans la misère, et c’est le cercle vicieux : trop pauvre pour se soigner, il n’a pas la force d’écrire, ne gagne presque aucun argent… Un an avant sa mort, Mozart est tellement pauvre qu’il a régulièrement recours à des usuriers, qu’il met en gage tout ce qu’il possède de quelque valeur, qu’il envoie des lettres désespérées à ses frères en maçonnerie pour leur emprunter de l’argent, et qu’il accepte absolument toutes les commandes qui se présentent à lui. La plupart de ses pièces pour instruments mécaniques (orgues, horloges, boîtes) et pour harmonica de verre datent de cette 24 époque. Comme Kapellmeister de la Chambre impériale, poste qui lui rapporte très peu, il doit écrire d’innombrables danses (menuets, contredanses, allemandes). Ce n’est pas toujours ce travail-là qui l’enthousiasme le plus. Et puis arrive la miraculeuse, à tous points de vue, Flûte enchantée… Il n’est pas possible, dans le cadre de ce texte, d’en dire assez pour ceux qui n’en savent pas grandchose. Et en parler trop peu frustrera ceux qui en savent déjà un peu. Mais en quelques mots : il y a tout Mozart dans La Flûte enchantée. En août 1791, donc quelques mois avant sa mort, il reçoit la commande d’un opéra pour le Théâtre National de Prague. Le délai est extrêmement court, il y a des contraintes compliquées. Mozart travaille d’arrache-pied (on raconte qu’il a fait les trois jours de trajet entre Vienne et Prague la plume à la main), et en dix-huit jours, il est capable de livrer La Clémence de Titus ! Voici ce que raconte Nissen : « Sa femme faisait souvent venir, sans l’en avertir, des personnes qu’il aimait. Elles devaient faire semblant de le surprendre, quand il était trop profondément plongé dans son travail incessant. Il se montrait content, certes, mais continuait à travailler. Elles bavardaient beaucoup. Il n’entendait rien. Si on lui adressait la parole, il ne se fâchait pas, mais répondait quelques mots, et se remettait à écrire. » Début octobre, en moins d’une dizaine de jours, alors qu’il est épuisé, il écrit un autre de ses plus grands chefs-d’œuvre : le lumineux Concerto pour clarinette. Et enfin, bien sûr, il y a l’épisode tellement connu du Requiem. Mozart met toutes les forces qui lui restent dans ce Requiem, qui lui a été commandé dans des circonstances étranges, et un peu inquiétantes, par un inconnu tout de noir vêtu. Dans une lettre écrite trois mois avant sa mort, il écrit : « J’ai la tête dérangée, je suis à bout de forces, et je ne peux m’ôter des yeux l’image de cet inconnu. Je le vois sans cesse, il me prie, me sollicite et me demande impatiemment mon travail. Je continue, parce que composer me fatigue moins que de me reposer. » Certains biographes n’ont pas hésité à dire que Mozart s’était littéralement tué de travail, mettant sa mort précoce sur le compte d’une mauvaise santé dont la première cause serait ses longs et nombreux voyages de jeunesse, pendant lesquels il a plusieurs fois été malade, et dont l’autre cause serait l’hygiène de vie, notamment sur le plan de l’alimentation, que Mozart adulte aurait négligé, tant il était préoccupé par son travail, qu’il lui fallait fournir en quantité pour simplement survivre. Le fait est que, par exemple, encore quatre heures avant sa mort, il travaillait à son Requiem. Le Dr Joseph Frank, qui a pris des cours avec Mozart vers 1790, donne ce témoignage : « Il avait dû être un bel enfant, mais, à partir de sa sixième année, il avait été astreint à une vie sédentaire. Il commença à composer vers cette époque. Et combien cet homme n’a-t-il pas écrit, surtout dans ses dernières années ! Comme Mozart, on le sait, jouait et composait de préférence pendant la nuit, et que le travail était souvent urgent, on peut se représenter combien dut souffrir un corps à l’organisme aussi délicat. Sa mort prématurée doit être attribuée surtout à cette cause. » 25 Conclusion En guise de conclusion, nous laisserons la parole à Mozart lui-même, avec ces propos, rapportés par Rochlitz : « Quelle est au juste ma façon de composer, quand il s’agit d’un travail important et sérieux ? – J’ai beau chercher, je n’arrive pas à trouver mieux que ceci : quand je suis en forme, et en bon état physique, ainsi dans une voiture en voyage ou en me promenant après un bon repas, ou la nuit si je n’arrive pas à dormir, c’est alors que les idées me viennent à torrents, le plus volontiers. D’où ? Comment ? Je n’en sais rien ; je n’y peux rien. Je garde celles qui me plaisent dans ma tête et je me les fredonne – c’est ce que les autres m’affirment, en tout cas. Si je m’y attache, alors peu à peu il m’apparaît comment m’y prendre pour faire un ensemble cohérent avec ces fragments, suivant les exigences contrapuntiques ou les timbres des instruments, etc. Mon cerveau s’enflamme, surtout si on ne dérange pas. Ça pousse, je le développe de plus en plus, toujours plus clairement. L’œuvre est alors achevée dans mon crâne, ou vraiment tout comme, même si c’est un long morceau, et je peux embrasser le tout d’un seul coup d’œil comme un tableau ou une statue. Dans mon imagination, je n’entends pas l’œuvre dans son écoulement, comme ça doit se succéder, mais 26 je tiens le tout d’un bloc, pour ainsi dire. Ça, c’est un régal ! L’invention, l’élaboration, tout cela ne se fait en moi que comme un rêve magnifique et grandiose, mais j’en arrive à super-entendre ainsi la totalité assemblée, c’est le meilleur moment. Comment se fait-il que je ne l’oublie pas comme un rêve ? C’est peut-être le plus grand bienfait dont je doive remercier le Créateur. » Les fragments pour piano et violon Est-ce parce qu’il maîtrisait aussi bien le violon que le piano ? Sans doute en partie. Toujours est-il que la production de Mozart pour piano et violon est remarquable à plus d’un titre. Par sa générosité d'abord : la Sonate K. 526 est connue comme N° 42 ! Certes, cette numérotation doit être revue, car il faut en retrancher 6 d’authenticité plus que douteuse, et 3 qui sont restées inachevées. Mais il faut aussi ajouter 2 séries de variations, sans compter 4 mouvements isolés restés à l’état de fragments, et l’ultime Sonatine K. 547. Par sa progression ensuite : quel chemin parcouru entre les toutes premières « Sonates pour clavecin avec accompagnement de violon » d’un enfant de six ans, divertissements de salon dans lesquelles le violon est facultatif, et les chefs-d’œuvre des dernières années, dont l’équilibre entre les deux instruments serviront de modèle à Beethoven, à Schumann ou à Brahms, et qui devront attendre le XXe siècle pour que des compositeurs n’en proposent des approches vraiment différentes. Par sa qualité enfin : lorsque l’on évoque le génie de Mozart, l’on pense plus spontanément aux opéras, aux concertos pour piano, aux quatuors et quintettes à cordes, aux œuvres pour clarinette… Mais si Mozart n’avait écrit que les sonates pour piano et violon K. 454, 481 et 526, nul doute que cette formation serait retenue parmi le plus grand Mozart. Quant aux autres, laissons-nous porter : nous sommes tenus en haleine, pour notre plus grand bien ! Tous les fragments pour piano et violon retrouvés à la mort de Mozart et qui ont été estimés suffisamment avancés pour les terminer l’ont été par l’ami intime du compositeur, l’abbé Maximilian Stadler. Robert Levin a repris ce travail, considérant qu’il était possible d’être davantage en cohérence avec l’écriture de Mozart. Il a également complété ce qui ne l’avait jamais été. Dans cet enregistrement figure donc tout ce que Mozart a écrit pour piano et violon sans le terminer, à l’exception de deux groupes de deux pièces : l'Andante & Fugue K. 402 (385e), qui ont été terminés par Stadler mais dont le manuscrit est perdu et pour lesquelles nous ne savons pas ce qui est de Mozart et ce qui est de Stadler, et l'Andante & Allegretto K. 404 (385d), qui pourraient constituer deux mouvements isolés que Mozart avait l’intention de laisser tels quels. 27 Fantaisie en ut mineur, K. 396 (385f) Écrite à la fin de l’été 1782, Mozart n’a laissé que les 27 premières mesures [jusqu’à 2:47] de la partie de piano, et les mesures 23 à 27 de la partie de violon. Estimant sans doute que le matériau violonistique n’était pas suffisant, Stadler a proposé une version complète pour piano seul. Robert Levin, lui, a tenu à respecter l’instrumentation spécifiée par Mozart, en écrivant les 22 premières mesures manquantes de la partie de violon, et en complétant cette Fantaisie qui a désormais, dans cette version, 67 mesures. Goethe possédait le manuscrit de cette Fantaisie. À l’occasion d’une visite de Mendelssohn, alors âgé de douze ans, le vieux maître donna cette pièce à déchiffrer au jeune musicien, qui s’acquitta brillamment de l’exercice. Allegro en sol majeur, K. Anh. 47 (546a) Ce premier mouvement de sonate daterait de 1789, ce qui en ferait la dernière œuvre pour piano et violon de Mozart. Sur le manuscrit, seules les 31 premières mesures [jusqu’à 1:01] sont écrites, et encore très partiellement. Pour vous en faire une idée précise, nous avons ajouté à la fin du CD un enregistrement qui respecte scrupuleusement ce que Mozart a écrit. Peut-être aurez-vous d’autres idées que Robert Levin pour « remplir les trous » ? Sa version est à ce jour la première à avoir complété ce mouvement, qui fait dorénavant 148 mesures. Allegro en si bémol majeur, K. 372 Il s’agit à nouveau d’un premier mouvement de sonate, daté de « Vienne, 24 mars 1781 ». Il pourrait s’agir d’un mouvement destiné à l’origine à ouvrir la Sonate K. 378. Le manuscrit, qui avait pourtant des indications pour l’édition, s’arrête étrangement au bout de 65 mesures [à 2:06]. La version de Robert Levin, un peu plus courte que celle de Stadler, porte cet Allegro à 175 mesures. Allegro en la majeur, K. Anh. 48 (480a/385E) Le manuscrit utilisant le même papier que la Sonate K. 454, ce premier mouvement de sonate daterait donc probablement du printemps 1784. Stadler a-t-il estimé que les 34 premières mesures [jusqu’à 1:05] de ce manuscrit ne suffisaient pas ? Robert Levin, lui, a su mener à bien la tâche, et dans sa version ce mouvement comporte 158 mesures. 28 Allegro en la majeur, K. 50 (526a) Probablement daté de 1787, et qui pourrait avoir été un premier essai de premier mouvement de la Sonate K. 526 qui figure dans cet enregistrement, le matériau laissé par Mozart (les 15 premières mesures [jusqu’à 0:25] de la seule partie de piano, celle de violon étant restée vierge) avait été jugé insuffisant pour être complété lors de la parution par les éditions Henle de tous ces fragments. Mais, en exclusivité pour le label Le Palais des Dégustateurs, quelques semaines avant l’enregistrement, Robert Levin a finalement décidé de compléter ce mouvement. C’est donc pour vous un privilège exceptionnel que de pouvoir entendre ces 146 mesures ! Sonate en ut majeur, K. 403 (358c) Cette fois-ci, c’est le troisième mouvement de cette sonate, datée de 1784, qui n’a pas été achevé. On peut même dire qu’il n’a été qu’esquissé, puisqu’il s’arrête à la vingtième mesure [à 0:28]. Mais Stadler, qui avait les deux premiers mouvements complets, s’est tout de même donné la peine de terminer cet Allegretto (dont Mozart a précisé qu’il devait s’enchaîner avec l’Andante précédent), ce qui permettait d’éditer une sonate complète. Quant à Robert Levin, il l’a fait également, d’une manière particulièrement astucieuse, reprenant dès la vingtième mesure le thème du premier mouvement ! Son travail porte ce finale à 169 mesures. Cette sonate a été dédiée à Constance, avec cette mention : « Par moi W: A: Mozart pour ma très chère Epouse. » Mais c’est un fait remarquable que Mozart n’achèvera absolument jamais aucune œuvre écrite pour Constance, ou évoquant Constance… Pierre Carrive 29 30 Biographical study of Mozart and his composition God-given gifts? And hard labour! Born for music (1756-1763) A three-year journey (1763-1766) Opera and Italy (1767-1773) In the service of Colloredo (1773-1781) Vienna, a difficult freedom (1781-1787) The tragic end (1788-1791) Conclusion 33 34 35 40 41 44 47 50 Fragments for piano and violin 51 Allegro in G major, K. Anh. 47 (546a) Allegro in B flat major, K. 372 Fantasia in C minor, K. 396 (385f) Sonata in C minor, K. 403 (358c) Allegro in A major, K. Anh. 48 (480a/385E) Allegro in A major, K. 50 (526a) 31 Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair 32 God-given gifts? And hard labour! This recording is unique in many respects but most importantly because it allows us to hear, for the first time, works that Mozart left unfinished. But to reveal their true worth they had to be completed. We will explore here to what extent this exercise is possible with Mozart. Because although he was an undisputed musical genius, perhaps the greatest of all time, things did not simply fall from the sky in a finished state. His abilities were obvious, as was his capacity to adapt to circumstance, but none of his music would have been created without the enormous amount of work he must have put in, together with an acute awareness of what he was doing. It is true that there is no such thing as bad Mozart. But that does not mean every single note written by Mozart could only have been dictated to him by a God who saw him as the only one worthy of His gifts. By studying his music as deeply as possible, playing it with joy and talent, and having it constantly in one’s heart, we may begin to imagine, among other possibilities, what Mozart might have written at the point when he stopped. This is just what Robert Levin has done, who knows Mozart, or rather who knows Mozart’s music, better than anyone, and no doubt better than many of the composer’s contemporaries. Mozart himself recognised the collaborative relationship between performer and composer, saying it was necessary to "play every note with the required expression and taste so as to give the impression that the person playing and the composer are one and the same." 33 Born for music (1756-1763) To better understand the extent to which the young Wolfgang Amadeus Mozart fell into music when he was little, it should be remembered that being a musician at that time in Salzburg, where the prince-archbishop set the example, was very much the norm. For every individual, regardless of their age or social status, daily life was inseparable from music. Leopold, Mozart’s father, was both valet and musician, something not unusual if the advertisements of the time are anything to go by: "Mansion household seeks lackey and experienced violinist capable of accompanying difficult sonatas." We can imagine that Mozart’s early years were marked by an atmosphere full of music and sound. Church bells for example, but also multivoice choirs and organs, together with the vast number of birds in a leafy town near the forests. The young Wolfgang even had a canary, his very first musical partner! We could say that Mozart learnt music like birds learn to sing... His older sister Nannerl showed an exceptional aptitude for music so her father decided to teach her the harpsichord. Wolfgang was two or three years old at the time. There are famous accounts of Mozart placing his ear against the harpsichord as 34 his older sister practised, or listening to his father as he composed, and the young boy’s ability to absorb and then later replicate all the music he heard. He could even improvise on it! He spent hours playing on the keyboard, laughing with delight when he found chords that pleased him, saying: "I’m looking for the notes that like each other." As a very young child, and up to the age of ten, he composed tunes that he sang to his father while standing on a chair, before kissing him numerous times (finishing with the end of his nose) and going to bed. He took an interest in children’s games if they involved music, and enjoyed accompanying the movements in marching songs. As he got older, the most trivial incidents of everyday life would inspire him to create characters and situations that he put to music – the very first signs of the brilliant opera composer he would become. At the age of five, he started to write small pieces, some of which have survived. His father was quick to support his son’s endeavours. In contrast to his daughter, whom he considered to be primarily an excellent harpsichordist – she in no way played second fiddle to her brother – and for whom he only wrote pieces to help her playing, Leopold used his talents as a composer and teacher to give Wolfgang a musical education that would turn him into a composer. For his sixth birthday, he gave him an album containing 126 pieces of all genres and for all instruments. In fact, from the earliest age, Mozart was never really confronted with technical problems because music was in some senses his native tongue. The really astounding thing was the ability in someone so young to imbue the music with all the feelings in his heart and mind. He even played with these emotions, writing sonatas that were half-happy, half-sad. A three-year journey (1763-1766) At the age of seven, his father taught him the art of composition, with all the rigour inherent to the art. He was already capable of composing directly on paper, without having to use an instrument to help him. The writing of the young Wolfgang, as seen in surviving manuscripts, is astonishingly assured given his age. It exhibits a rare confidence and energy. And this would be the case throughout his life. Unlike Beethoven, whose laborious progress can be followed in his sketchbooks and numerous crossings out (or "pentimenti" as they are known in painting), the development of Mozart’s ideas prior to the final product was all interior. The culmination of this creative process meant he could compose directly on paper, usually without any deletions. His prodigious memory allowed him to employ this highly unusual technique. It is for this reason that the tiniest fragment written in his hand is of value (even if, of course, it requires someone highly talented to "fill in the gaps"). In contrast, no one can imagine what Beethoven’s Tenth Symphony would have eventually been like, even though some of the sketches for it survive. Mozart travelled extensively (spending a total of ten years, two months and eight days on 35 the road) and for extremely long periods (his journeys by stagecoach alone are thought to have represented four years of his short life!). He would take a practice keyboard with him, and later installed boards which served as writing desks complete with inkwells, allowing him to complete his various commissions. He therefore composed like a writer, transferring ideas directly from his head onto paper. When the Mozart family made their first trip to Paris in November 1763, Baron Christian Friedrich Melchior von Grimm, the powerful friend of the Encyclopédistes who was known throughout Europe for his Correspondance littéraire, philosophique et critique, and personal secretary of the Duke of Orleans (King Louis XV’s cousin), wrote an influential article on the Mozart children which would open the doors of the French aristocracy to them, culminating in their reception at Versailles by Louis XV and his family. The article, which made him universally well-known, is an exceptional testimony to what 36 the young Wolfgang was capable of, including as a composer, at the age of just eight. It is worth quoting in its entirety: "1 December 1763. True prodigies are sufficiently rare to be worth speaking of, when you have had occasion to see one. A Kapellmeister of Salzburg, Mozart by name, has just arrived here with two children who cut the prettiest figure in the world. His daughter, eleven years of age, plays the harpsichord in the most brilliant manner; she performs the longest and most difficult pieces with an astonishing precision. Her brother, who will be seven years old next January [in fact, he would have been eight but Grimm repeated the advertising claims of Leopold, who deliberately made his son a year younger – Beethoven’s father would do the same thing 20 years later], is such an extraordinary phenomenon that one is hard put to it to believe what one sees with one’s eyes and hears with one’s ears. It means little for this child to perform with the greatest precision the most difficult pieces, with hands that can barely stretch a sixth; but what is really incredible is to see him improvise for an hour on end and in doing so give rein to the inspiration of his genius and to a mass of enchanting ideas, which moreover he knows how to connect with taste and without confusion. The most consummate Kapellmeister could not be more profound than he in the science of harmony and modulations, which he knows how to conduct by the least expected but always accurate paths. He has such great familiarity with the keyboard that when it is hidden from him by a cloth spread over it, he plays on this cloth with the same speed and the same precision. To read at sight whatever is submitted to him is child’s play; he writes and composes with marvellous facility, without having any need to go to the harpsichord and to grope for his chords. I wrote him a minuet with my own hand and asked him to put a bass to it; the child took a pen and, without approaching the harpsichord, fitted the bass to my minuet. You may imagine that it costs him no trouble at all to transpose and play the tune one gives him in any key one may ask; but here is something more I have seen, which is no less incomprehensible. A woman asked him the other day whether he was able to accompany by ear, and without looking at it, an Italian cavatina she knew by heart; she began to sing. The child tried a bass that was not absolutely correct, because it is impossible to prepare in advance the accompaniment to a song one does not know; but when the tune was finished, he asked her to begin again, and at this repeat he not only played the whole melody of the song with the right hand, but with the other added the bass without hesitation. Whereafter, he asked [her] ten times to begin again, and at each repeat he changed the style of his accompaniment; and he could have repeated this twenty times, if he had not been stopped. I cannot be sure that this child will not turn my head if I go on hearing him often; he makes me realise that it is difficult to guard against madness on seeing prodigies. I am no longer surprised that Saint Paul should have lost his head after his strange vision. Monsieur Mozart’s children have excited the admiration of all who have seen them. The Emperor and Empress have overwhelmed them with kindness; and they have already met with the same reception at the Court of Munich and the Court of Mannheim. It is a pity that people are so ignorant of music in this country. The father proposes to go on from here to England, and afterwards to take his children back through lower Germany." At the age of eight, he could write works for several instruments, and tunes for three or four voices. 37 His father gave him a book of manuscript paper that the young boy would rapidly fill with 25 of his own little pieces for harpsichord. Opera had always fascinated him and was already starting to take form, if this sentence from Leopold on 28 May 1764 is anything to go by: "He always has an opera in his head these days." It was around this time that he met Johann Christian Bach in London, one of Johann Sebastian’s sons. The 30-year-old music master suggested a game to the eight-year-old boy: sitting him on his knee in front of the harpsichord, they had to play a sonata together, each taking turns to play a few bars. Not only is this an endearing image, but it also allowed the young composer, who was familiar only with the music of northern Europe, to discover Italian works, which Johann Christian Bach knew particularly well. What a wonderful, instinctive, almost visceral way of learning a new form of music! This was how Mozart discovered the art of Bel Canto and the Italian aria, which he immediately applied himself to with a first attempt that would be followed by many others. The "London Bach" also introduced him to George Frideric Handel, and what must have been a revelation for the young composer, all of whose subsequent work, whether for the stage or purely 38 instrumental, would be heavily influenced by it: Italian opera. At the end of his stay in England, in the summer of 1765, he made the acquaintance of the lawyer Daines Barrington, who produced a detailed account of their meeting (which would subsequently be published by the Royal Society). In it he describes how the nine-year-old boy, when asked to improvise "a Love Song, such as his friend Manzoli might choose in an opera," the child started to sing with tra-la-las, played a prelude on the harpsichord, and finally produced an opera air composed on the single word affetto (love). He was then asked to do the same thing on a song of rage; he started in a similar fashion, but on the word perfido (traitor), and "in the middle of it, he had worked himself up to such a pitch, that he beat his harpsichord like a person possessed, rising sometimes in his chair." Barrington also recounted an event he had heard reported: "One day when JC Bach the celebrated composer had begun a fugue and left off abruptly, that little Mozart hath immediately taken it up, and worked it after a most masterly manner." In late 1765, Wolfgang fell seriously ill in Holland. He spent a week in a coma and the doctors feared for his life. As soon as he had the strength for it, he started composing again; in just a few months, several new works would materialise. He was barely ten years old, but musical creation had already become an integral part of his being. This observation is an opportunity for us to pay homage to Leopold, so often accused of exploiting the talents of his son, to the point of endangering his health. Clearly, the young Wolfgang could have been treated with more care. But if his father had only been interested in what his son could bring him financially, he would have fully exploited his talents as a performer (on the keyboard and violin). In fact, Leopold had the clarity to encourage the young creative genius to follow the path of composition. A quarter of a millennium later, we can be thankful to him. 39 Opera and Italy (1767-1773) By the age of 11, Wolfgang had already travelled extensively, met the greatest musicians of the day, and heard and studied the musical styles of practically all Europe. At his age, Haydn, Beethoven and Schubert were still little boys who knew nothing other than their immediate environment. Mozart already had absolutely exceptional craftsmanship and experience for his years. In 1768, thinking it was the only way to win over the public of Vienna, Leopold encouraged Wolfgang to write an opera, which he would direct himself; it was to be full-length, not a short opera, "but a work which will last two and a half to three hours at a stretch." Mozart produced a score of more than 500 pages for La Finta Semplice (The Fake Innocent), an opera in three acts with 25 numbers. For the record, Leopold’s plan was unfortunately thwarted because the opera could not be performed in Vienna and was staged the following year in Salzburg. But the main point here is that at 12 years old, Mozart already had the musical and emotional maturity to write a real opera (even if, of course, we are still a far cry from the psychological perspicacity of the great works from his adult years). 40 On 11 April 1770, Mozart gave his famous performance from memory of the Miserere by Allegri. He had attended a performance of the work at the Sistine Chapel. It was the only place where it could be heard, Pope Urban VIII and his successors having retained exclusive rights over it. It was only played twice a year, during Holy Week, at the end of the Tenebrae service, in an impressive setting: the candles were extinguished one by one and the Pope and cardinals knelt to hear the Chapel’s cantors, most of whom were castrati and able to reach previously unknown heights. The musicians were forbidden from taking away copies under pain of excommunication, and any of the audience found taking notes would be immediately ejected. The score had therefore been kept secret since its creation in 1638. Returning home, after hearing it just once, Mozart retranscribed the nine voices of this iconic, mystical masterpiece from memory. After a second hearing to make minor corrections, he reproduced the entire score without a single mistake! On 9 October 1770, Wolfgang successfully passed an examination held behind closed doors: arranging a given antiphon for four voices. In less than an hour, he managed to do what many failed to complete in three. Thus at the age of 14, he was unanimously elected to membership of the Accademia Filarmonica in Bologna. Several operas date from this period. Mozart often composed them at speed, waiting for singers who arrived at the last minute before he could write their arias, and having to adapt to changes in the libretti. After completing an opera in March 1770, Mozart turned his attention back to the string quartet, "to pass the time" as his father put it. In actual fact, he had fallen in love. But he was in Italy, sad to be separated from the woman he yearned for who was still in Salzburg. He was 16 years old. The string quartet was not yet regarded as the Holy Grail of all musical composition; it would eventually acquire this status, becoming the ultimate test that many composers would only tackle with fear and respect. But Mozart had already made it his confidant. In a few months, between late 1772 and early 1773, he would write six of them. These are rare examples of Mozart works that were not composed to order for a commission. In the service of Colloredo (1773-1781) At 16, he wrote eight symphonies (Nos. 14 to 21) in ten months. The following year, also in Salzburg, he wrote another five (Nos. 22 to 27) in two months. Relationships with his new patron, PrinceArchbishop Hieronymus von Colloredo, were not good. It is not the place to examine them here, but Mozart was increasingly aware that being in service to a master was costing him his creative freedom. He expressed this in a letter to his father dated 10 October 1777: "If, in the meantime, I get no situation, eh, bien! I shall still have the resources to go to Italy. [...] And I am far happier when I have something to compose. It is my chief delight and passion. [ … ] Even when I hear an opera discussed, or am in a theatre myself and hear singing, oh! I really am beside myself!" His emphasis on opera is worth noting. In September 1777, he undertook his first journey without his father, Colloredo having refused to give him leave. So he set off with his mother, going first to Germany. On 8 November 1777, he fell under the spell of a young woman and immediately wrote an arietta in French for her, Oiseaux, si tous les ans. On the same day, he wrote a letter to his father, including this passage which 41 is absolutely critical for understanding Mozart’s artistic ambitions: "I cannot write poetry, for I am no poet. I cannot express my words through the effects of light and shadow, for I am no painter. I cannot even give expression to my thoughts and feelings by gestures and pantomime, for I am no dancer. But I can do it with sounds, for I am a musician." A few days later, he met Rose, a girl whom he described as follows: "[She] is a very pretty, pleasing girl. She has great good sense for her age, and an engaging demeanour; she is rather grave and does not talk much, but what she does say is always amiable and good-natured." He immediately composed a piano sonata for her, saying: "I will make it fit the character of Miss Rose." All these examples show us that Mozart nourished his art with what he felt from the people he met. In early 1778, they were in France. As soon as he arrived, he wrote a letter to his father, demonstrating once again the extent to which he 42 felt himself to be first and foremost a composer. In it he spoke of teaching: "I must leave it to those who can do nothing but play the piano. I am a composer, and born to become a Kapellmeister, and I neither can nor ought thus to bury the talent for composition with which God has so richly endowed me (I may say this without arrogance, for I feel it now more than ever); and this I should do were I to take many pupils. For it is a most unsettled metier; and I would rather (so to speak) neglect the piano than composition, for I look on the piano to be only a secondary consideration, though, thank God! a very strong one too." A few months later, in another letter to his father, he once again expresses his views on teaching: "Giving lessons here does not please me. You must not think that this proceeds from laziness. No! it is only quite opposed to my genius and my habits. You know that I am, so to speak, plunged into music, that I am occupied with it the whole day, that I like to think about it, to study it, and to reflect on it." He clearly placed composition above all else; when he had something in his head he felt passionate about, he postponed his lessons, losing many pupils in the process. Mozart’s mother fell seriously ill during their Paris stay. The family’s spirits were at the lowest possible ebb. To relieve himself from this melancholy, Mozart composed two sonatas which were therefore not the result of a commission: K. 304 for violin and piano in E minor (the only minor piano and violin sonata of the 34 definitely written and completed by Mozart), and K. 310 for piano in A minor (with K. 457, it is the only minor sonata of the 18 written for piano by Mozart). They express both tragic violence and restrained sorrow. For almost a year, until August 1779, Mozart wrote practically nothing. He was not happy in Salzburg. The breakdown in relations with his patron was not far away... It was at this time that he received a commission for an opera, Idomeno, Re di Creta. This brought him back to life. He gave himself body and soul to the task. He was in Munich, in a friendly and encouraging environment. He was ill to the point of no longer eating, but this presented no obstacle to his creative fervour. Once better, he gave up his love of theatre and shows, preferring to stay at home, "the evening being the time [he] composed the best." He found himself in favourable circumstances, something very important for him ("for I require at this time a cheerful spirit, a clear head, and inclination to work, and these no one can have who is sad at heart"). A singer asked him to make a change to a vocal quartet (third act, No. 21). Here is Mozart’s reaction (who, by the way, was quite capable of making concessions in arias), as described in a letter to his father: "My dear friend, if I were aware of one single note in this quartet which ought to be altered, I would change it at once. But there is no single thing in my opera with which I am so pleased as with this quartet. When you have heard it sung together you will talk differently. I made every possible effort to conform to your taste in two arias. I intend to do the same with the third, and hope to succeed. But with regard to trios and quartets, they should be left to the composer’s own discretion." At the age of 25, he was completely sure of himself. A month before the premiere, he wrote the following sentences to his father which are critical to understanding his way of working, and will be of special interest regarding the fragments of works he left behind: "I must finish now, for I have 43 so much left to write; the composing is finished, but not the writing out." His position in Salzburg required him to write all kinds of music. Religious, of course, for the chapel, but also pieces for celebrations, balls, receptions and even meals. Ultimately, he was only one servant among many, and dressed in the same livery as them, he shared their daily lives. On 9 May 1781, Mozart requested a discharge from the service of Colloredo. For the first time in the history of music, eight years before the French Revolution, a composer chose the path of independence and liberty. 44 Vienna, a difficult freedom (1781-1787) He immediately became engrossed in composing The Abduction from the Seraglio. This was the ultimate in excitement for him. If we exclude the short Bastien and Bastienne from his childhood, he was finally directing a German opera; something he had dreamt of for so many years! And for him, writing opera was clearly his lifeblood: "It gives me such joy to put this libretto to music that I already have Cavalieri’s first aria and that of Adamberger, and the trio that concludes the first act is already complete [He wrote and finished them in a day and a half!]. The time is short, it is true: the performances start in midSeptember. But the circumstances that will come together when the work is performed, and above all – all other prospects – make my spirit so excited that it is with the greatest fervour that I run to my writing desk, with the greatest joy that I stay sitting there." (from a letter dated 1 August 1781). He composed the entire first act in just three weeks. The remainder would be much more laborious. It was after the first performance of the opera that Emperor Joseph II, clearly not bowled over by the work, uttered these famous words: "My dear Mozart, all that is too fine for our ears! There are too many notes!" To which Mozart replied, at the ripe old age of 26, fully aware of the value of the work: "Sire, there are precisely as many notes as are needed." Mozart also knew that he had just written the first great German-language opera. Other masterpieces would follow, including The Magic Flute, but also works by Carla Maria von Weber, Richard Wagner and Richard Strauss. In the spring of 1782, Mozart discovered Bach and rediscovered Handel with joy and excitement. Joseph Weigl has given us this account which shows Mozart’s enthusiasm (even if his conclusion is somewhat surprising): "Mozart was accompanying; Swieten, Starzer and myself were singing. It was then that I learnt how scores should be played. Anyone who has not heard Mozart play a Handel score with 16 parts or more, take a singing role himself, and at the same time come to the aid of those who make mistakes, does not know Mozart, because in that he is even more admirable than in his compositions." It was not unusual for Mozart to use the most banal events of everyday life to inspire his compositions. In 1783, when the recently married Wolfgang and Constanze were about to leave home in the company of a friend, Constanze was unable to find a ribbon that she absolutely had to find. Their friend eventually found the precious ribbon. They were all amused by the incident. Mozart used it to produce a humorous vocal trio, Das Bandel ("The Ribbon", K. 441). His subjects were sometimes less naive. Mozart’s scatological side is well known, and was expressed on many occasions in his letters, but also in his music, for example in a number of colourful cannons. In November 1783, he was supposed to give a concert in the theatre at Linz. However, as he had brought no symphony with him, he enthusiastically threw himself into composing a new symphony which he had four days to complete. This circumstance gave us his Symphony No. 36 in C major, known as the "Linz" Symphony, and indeed written in just four days! The ability to do this was not, however, the rule. During the same period, between late 1782 in early 1785, Mozart wrote the "Six Quartets Dedicated to Haydn". He had very precise ideas on their general structure. As he points out in his dedication, these quartets are the "fruit of a long and laborious endeavour." And his drafts (together with, for example, those of his Piano Concerto No. 25) are proof of this. Mozart’s powers of concentration when he was composing were all the more incredible when we remember that he completed the second of these quartets, K. 421 in D minor, the night his first son was born! In April 1784, Mozart had the opportunity to 45 perform in concert with the young virtuoso violinist Regina Strinasacchi. He composed a sonata (in B flat major, K. 454) in just a few days. However, he ran out of time to write everything down on paper. Only the violin part was written out and Mozart played the piano part entirely from memory! There are other examples of partially written scores, most notably in the fragments for violin and piano on this recording. Mozart had everything in his head and no need to see it written out in front of him. He was capable of conceiving music while playing at tarot, darts, billiards, boules or skittles, as proven by the famous "Kegelstatt" or skittle trio written in August 1786 for an unusual combination of instruments at the time (piano, clarinet and viola), so called because Mozart composed it while indulging in this most unmusical of pastimes! He could even start thinking about a future work while writing out a current one. 46 According to Bernard Lechevalier, a renowned neuropsychologist and author of Le cerveau de Mozart (or Mozart’s Brain), and incidentally head organist at the Church of Saint-Pierre in Caen, "He was endowed with an extraordinary working memory. Like a computer, it allowed his brain to encode information, store it for several hours and faithfully reproduce it later." This prodigious memory was a precious resource for him. With no other materials than a simple pen and paper, he was capable of writing whole opera acts in a single go, or pieces as complex as the Overture from Don Giovanni. But this does not mean that everything was easy for Mozart, as mentioned above when discussing the Quartets Dedicated to Hayden. Mozart increasingly sought profundity and went to the very deepest part of himself to find musical ideas worthy of expressing his feelings. After the first rehearsals for Don Giovanni, Mozart had a discussion with the orchestra Kapellmeister. Mozart felt uneasy: "What do you think of the music in Don Giovanni? Will it be as well liked as Figaro? It is a whole other genre!" Kucharz reassured him: "How can you doubt it? The music is beautiful, original and deeply thought out. What comes from Mozart will certainly please the Bohemians! [they were in Prague]". Mozart then confided the following which we should never forget: "Your reassurance sets my mind at rest, it comes from a connoisseur. I have spared neither labour nor pains to produce something worthy of the reputation of Prague. It would be a great mistake to imagine that my art is an easy matter to me. I assure you, my dear friend, no one has given more trouble to the study of composition than myself. It would not be easy to find a celebrated musician whose works I have not laboriously studied, and often repeatedly, from one end to the other." The tragic end (1788-1791) Despite the success of Don Giovanni in Prague, life in Vienna had become increasingly problematic. After a relatively quiet start to the year, the summer of 1788 saw a wealth of impressive masterpieces: three trios for piano, violin and cello (K. 542, 548 and 564), two piano sonatas (K. 545 and 547), the divertimento for string trio K. 563, and the exceptional trilogy of the last three symphonies (K. 543, 550 and 551). Then, no doubt discouraged by his situation, he wrote practically nothing more until the spring of 1789 when he left Vienna. In Leipzig, Mozart gave a concert where he directed and played with the orchestra. There is a very interesting account by Rochlitz of the composer’s abilities, and which explains one of the reasons for his incomplete scores: "To stop people from stealing his work, as they were wont to do, he played with a piano part containing nothing but a figured bass, over which were written out only the main ideas; the figures, passages and such things were only briefly indicated. He could presume to do this because he could rely as much on his memory as on his feeling." The audience then requested him to play a solo. Mozart did so willingly and, still according to Rochlitz, "began 47 simply, freely and solemnly in C minor, then gradually abandoned himself to the flight of his improvisation, and finished with the variations in E flat major, which were later published." In early 1790, he became seriously depressed. For three months, he wrote nothing. He had not had such a barren period for ten years, dating back to when he was still in Salzburg, just before the commission of Idomeno, Re di Creta. He lived in poverty, caught in a vicious circle: too poor to look after himself, he did not have the strength to write, and thus earned almost no money. A year before his death, Mozart was so poor that he regularly had recourse to usurers, pawned everything he had of any value, sent desperate letters to his Freemason brothers asking to borrow money, and accepted every single commission he was offered. Most of his pieces for mechanical instruments (organs, clocks, music boxes) and for glass harmonica date from this period. As Kapellmeister of the Imperial Chamber, a post 48 which paid very little, he had to write innumerable dances (minuets, quadrilles and allemandes). It was not always this work that filled him with most enthusiasm. And then came The Magic Flute – miraculous from every point of view. It is not possible, in the context of this article, to say enough about it for those unfamiliar with the work. And to speak too little of it will frustrate those who already know more. Suffice to say that all of Mozart can be found in The Magic Flute. In August 1791, just a few months before his death, he received a commission for an opera for the National Theatre of Prague. The deadline was extremely tight, together with complicated constraints. Mozart worked relentlessly (it was said he made the three-day journey between Vienna and Prague with a pen in hand), and in just 18 days he produced The Clemency of Titus! Here is what Nissen reported: "His wife often invited people he liked, without telling him. They were to pretend to surprise him while he was unflaggingly absorbed in his work. Of course, he was pleased, but he continued to work. They chatted much; he heard nothing. And if they spoke to him directly, he replied briefly without getting angry, and continued to write." In early October, in less than ten or so days, despite being exhausted, he wrote another of his great masterpieces: the luminous Clarinet Concerto. And finally, of course, there is the famous episode of the Requiem. Mozart put all of his remaining strength into this work, commissioned in mysterious, somewhat disquieting circumstances by a stranger dressed from head to toe in black. In a letter written three months before his death, he said: "My head is confused, I am exhausted and I cannot rid my eyes of the image of this stranger. I see him continually begging me, soliciting me and impatiently demanding my work. I go on because composing wearies me less than resting." Some biographers have concluded that Mozart literally worked himself to death, attributing his early demise to poor health, the primary cause of which were the long and numerous journeys he undertook in his youth, when he was ill on several occasions. The other cause was his lifestyle, and particularly his diet, which the adult Mozart neglected because he was so preoccupied with his work that he only ate just enough food to survive. The fact is that, for example, just four hours before his death, he was still working on the Requiem. Dr Joseph Frank, who took lessons with Mozart around 1790, said this of him: "He must have been a beautiful child, but from the age of six, he was restricted to a sedentary life. He started to compose at around this time. And what did not this man write, especially in his final years! As we know, Mozart preferred to play and compose at night, and the work often being urgent, we can imagine how much a body with such a delicate organism must have suffered. His premature death should be attributed primarily to this cause." 49 Conclusion By way of conclusion, we will leave the last words to Mozart himself, as reported by Rochlitz: "You say you should like to know my way of composing, and what method I follow, in writing works of some extent. – I really can say no more on this subject than the following; for I myself know no more about it, and cannot account for it. When I am, as it were, completely myself, entirely alone, and of good cheer – say travelling in a carriage, or walking after a good meal, or during the night when I cannot sleep – it is on such occasions that my ideas flow best, and most abundantly. Whence and how they come, I know not, nor can I force them. Those ideas that please me I retain in memory, and am accustomed, as I have been told, to hum them to myself. If I continue in this way, it soon occurs to me how I may turn this or that morsel to account, so as to make a good dish of it, that is to say, agreeably to the rules of counterpoint, to the peculiarities of the various instruments, and so forth. All this fires my soul, and provided I am not disturbed, my subject enlarges itself, becomes methodized and defined, and the whole, though it be long, stands almost finished and complete in my mind, so that I can survey it, like a fine picture or a beautiful statue, at a glance. Nor do I hear in 50 my imagination the parts successively, but I hear them, as it were, all at once. I cannot tell the delight of this! All this inventing, this producing takes place in a pleasing, lively dream. Still the actual hearing of the whole ensemble is, after all, the best. What has been thus produced, I do not easily forget, and this is perhaps the greatest gift I should thank my Divine Maker for." Fragments for piano and violin Is it because his mastery of the violin was equal to that of the piano? No doubt in part. The fact remains that Mozart’s output for piano and violin is remarkable for more than one reason. Firstly, in terms of its generosity: Sonata K. 526 is known as No. 42! Of course, this numbering should be revised, as we could subtract six works whose authenticity is doubtful to say the least, and three which remain unfinished. But we could also add two series of variations, without counting the fragments of four isolated movements, and the final Sonatina K. 547. Secondly, in terms of its progression: what a path he took from the very first "Sonatas for keyboard with accompaniment of violin" written at the age of six, his salon divertimenti in which the violin is optional, and the masterpieces of his final years, where the balance between the two instruments would serve as a model for Beethoven, Schumann and Brahms, and which would remain largely unchanged by subsequent composers until the 20th century. And finally, in terms of its quality: when we talk about the genius of Mozart, we tend to think of his operas, piano concertos and string quartets and quintets, his works for clarinet and so on. But if Mozart had only written piano and violin sonatas K. 454, 481 and 526, there is no doubt that this combination of instruments would be considered some of the very best Mozart. As for the others, we can now let ourselves be transported: good things eventually come to those who wait! All the fragments for violin and piano found at Mozart’s death and deemed sufficiently advanced to be worthy of completion were done so by the composer’s intimate friend, Abbé Maximilian Stadler. Robert Levin then took up this task, believing it was possible to achieve greater consistency with Mozart’s writing. He also completed pieces that had never been finished. This recording therefore features everything Mozart wrote for piano and violin that was incomplete, with the exception of two groups of two pieces: the Andante & Fugue K. 402 (385e), completed by Stadler but the manuscript of which was lost, leaving us unsure of what was by Mozart and what was by him, and the Andante & Allegretto K. 404 (385d) which could be two isolated movements that Mozart intended to leave as they were. 51 Fantasia in C minor, K. 396 (385f) Written in the late summer of 1782, Mozart left only the first 27 bars [up to 2:47] of the piano part and bars 23 to 27 of the violin part. No doubt feeling that the material for violin was insufficient, Stadler produced a complete version for solo piano. Robert Levin wanted to respect the instrumentation specified by Mozart, writing the first 22 missing bars of the violin part, and completing the Fantasia which consists of 67 bars in this version. Goethe had the manuscript of the Fantasia. During a visit from Mendelssohn, aged 12 at the time, the old master gave the piece to the young musician to sight-read, who acquitted himself brilliantly in the exercise. Allegro in G major, K. Anh. 47 (546a) This first sonata movement probably dates from 1789, which would make it Mozart’s last work for piano and violin. On the manuscript, only the first 31 bars [up to 1:01] are written out, and then only very sketchily. To give you a better idea, at the end of the CD, we have added a recording exactly matching what Mozart wrote. Perhaps you can suggest alternatives to Robert Levin’s ideas for "filling the gaps"? His is the first completed version of this movement to date, which now measures 148 bars. Allegro in B flat major, K. 372 This is also a first sonata movement, dated "Vienna, 24 March 1781." It could be a movement originally intended to open Sonata K. 378. The manuscript, which had markings for publication, stops strangely after 65 bars [at 2:06). Robert Levin’s version, which is slightly shorter than Stadler’s, extends the Allegro to 175 bars. Allegro in A major, K. Anh. 48 (480a/385E) As the manuscript features the same paper as Sonata K. 454, this first sonata movement probably dates from the spring of 1784. Did Stadler feel that the first 34 bars [up to 1:05) of the manuscript were not enough to go on? Robert Levin was able to complete the task, and in his version the movement contains 158 bars. 52 Allegro in A major, K. 50 (526a) This probably dates from 1787 and could have been an initial draft of the first movement of Sonata K. 526 which appears on this recording. When all these fragments were published by Henle Verlag, it was felt that not enough material was left by Mozart to complete it (the first 15 bars [up to 0:25] of the piano part, and a blank violin part). However, exclusively for the french music company Le Palais des Dégustateurs, just a few weeks before the recording, Robert Levin decided to complete the movement. You are therefore exceptionally privileged to be able to hear these 146 bars! Sonata in C minor, K. 403 (358c) This is the third unfinished movement of a sonata dated 1784. It could even be argued that it is no more than a sketch as it stops at the 20th bar [at 0:28). But Stadler, who had the first two completed movements, took the trouble to finish this Allegretto (which Mozart specified should follow on from the preceding Andante), allowing publication of a complete sonata. Robert Levin also completed it in a particularly ingenious manner, reintroducing the theme of the first movement from the 20th bar! His work extends this finale to 169 bars. This sonata was dedicated to Constanze, with these words: "By myself W: A: Mozart for my very dear Wife." It is a remarkable fact that Mozart would never complete any work dedicated to Constanze or of which she was the subject. Pierre Carrive Translation: Domaine Ponsot 53 54 Biografische Studie zu Mozart und dem Komponieren Gottesgabe? Und Schwerstarbeit! Für die Musik geboren (1756-1763) Drei Reisejahre (1763-1766) Die Oper und Italien (1767-1773) Im Dienste des Fürsterzbischofs Colloredo (1773-1781) Wien, das schwierige Leben in Freiheit (1781-1787) Das tragische Ende (1788-1781) Schlussbemerkung 57 58 59 64 65 68 72 75 Fragmente für Klavier und Violine 77 Allegro in G-Dur, KV Anh. 47 (546a) Allegro in B-Dur, KV 372 Fantasie in c-Moll, KV 396 (385f) Sonate in C-Dur, KV403 (358c) Allegro in A-Dur, K. Anh. 48 (480a/385E) Allegro in A-Dur, KV 50 (526a) 55 Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair 56 Gottesgabe? Und Schwerstarbeit! Diese Aufnahme ist in mehrfacher Hinsicht einmalig, vor allem deshalb, weil auf ihr erstmals Werke zu hören sind, die Mozart unvollendet hinterließ. Um ihnen ihren wahren Stellenwert einzuräumen war es nötig, sie zu vollenden. Wir wollen sehen, inwieweit dies bei Mozart möglich ist. Denn er war ein wahrhaft großes musikalisches Genie, vielleicht das größte aller Zeiten, aber dennoch fielen ihm die Dinge nicht einfach in den Schoß. Seine Leichtigkeit ist offensichtlich, seine Anpassungsfähigkeit an die Umstände ebenfalls, aber all das gäbe es nicht ohne seinen gewaltigen Arbeitaufwand und ohne seine strenge Gewissenhaftigkeit dabei. Es stimmt: Es gibt keinen schlechten Mozart. Was jedoch nicht bedeutet, dass jede noch so geringe Note bei Mozart ihm nur von einem Gott eingegeben worden sein kann, dem einzig Mozart dieser Gottesgabe wert schien. Studiert man seine Musik so gründlich wie nur möglich, spielt sie mit Freude und Begabung und trägt sie stets im Herzen, so kann es einem gelingen sich vorzustellen, welche von verschiedenen Möglichkeiten Mozart dort hätte schreiben können, wo er unvollendet blieb. Genau dies tat Robert Levin, der Mozart oder besser gesagt: Mozarts Musik besser kennt als jeder andere, und zweifellos besser als viele Zeitgenossen des Komponisten. Im Übrigen kannte Mozart selbst das stillschweigende Einvernehmen zwischen Interpret und Komponisten, denn er sprach davon, dass man "alle Noten mit dem ihnen eigenen Ausdruck und Gusto spielen müsse, als ob derjenige, der sie spielt, auch derjenige sei, der sie komponierte". 57 Für die Musik geboren (1756-1763) Um besser zu verstehen, in welchem Maß der junge Wolfgang Amadeus Mozart von Musik umgeben war, muss man wissen, dass Musiker zu sein damals in Salzburg völlig normal war - der Fürsterzbischof selbst war ein Vorbild darin. Für jede und jeden, gleich welchen Alters oder sozialen Status, war das tägliche Leben voller Musik. Mozarts Vater Leopold war Kammerdiener und Musiker, was damals durchaus üblich war. Man braucht nur die Zeitungsannoncen von damals anzusehen, wie beispielsweise diese: "Für ein Herrenhaus wird ein Lakei gesucht, der sich gut darauf versteht, die Geige zu spielen, und auch schwierige Sonaten begleiten kann." Wir müssen uns vorstellen, dass Mozart in seinen ersten Lebensjahren gewissermaßen in Musik und Klang badete: Aus den Kirchen tönten die Glocken, aber auch die mehrstimmigen Chöre und Orgeln; in den vielen Bäumen dieser nahe den Wäldern gelegenen Kleinstadt sangen zahllose Vögel. Der junge Wolfgang besaß selbst einen Kanarienvogel, der sein erster Musikpartner wurde! Man kann fast sagen, Mozart lernte die Musik wie ein Vogel das Singen. Seine ältere Schwester Nannerl war außergewöhnlich musikalisch, daher ließ ihr Vater sie 58 Cembalo lernen, als Wolfgang etwa zwei oder drei Jahre alt war. Immer wieder wird erzählt, wie der kleine Mozart mit gespitzten Ohren dabei sitzt, während seine ältere Schwester Cembalo übt oder sein Vater komponiert. Er saugt alle Musik, die er hört, in sich auf und spielt sie später nach. Er kann sogar darüber improvisieren! Stundenlang erfreut er sich an den Tasten und lacht lauthals heraus, wenn er Akkorde findet, die ihm gefallen. Er sagt dann: "Ich suche die Noten, die sich mögen." Von klein an bis zu seinem zehnten Lebensjahr erfindet er Melodien, die er - auf einem Stuhl stehend - seinem Vater vorsingt. Dann gibt er ihm viele Küsschen (das letzte auf die Nasenspitze) und geht schlafen. Für Kinderspiele interessiert er sich nur, wenn sie mit Musik zu tun haben. Beispielsweise geht er gerne mit, wenn jemand Märsche singend durch die Stadt zieht. Bald werden die belanglosesten Begebenheiten im Alltag für ihn zum Anlass, Figuren und Situationen zu erfinden, die er in Musik umsetzt. Hier ist bereits der geniale Opernkomponist zu erahnen, der er später wird. Mit fünf Jahren beginnt er, kleine Stücke zu komponieren, von denen einige bis heute erhalten geblieben sind. Sein Vater fängt schon sehr bald an, ihn darin zu fördern. Seine Tochter betrachtet er in erster Linie als Cembalistin, und mit allen Stücken, die er für sie schreibt, möchte er sie darin voranbringen. Sie ist ausgezeichnet auf ihrem Instrument, und wird auch nicht zu Gunsten des Bruders vernachlässigt. Sein Talent als Komponist und Pädagoge stellt Leopold Mozart jedoch ganz in den Dienst der musikalischen Erziehung Wolfgangs, um ihn zum Komponisten auszubilden. Zu seinem sechsten Geburtstag schenkt der Vater dem Sohn ein Album mit 126 Stücken aller Genres für alle unterschiedlichen Instrumente. Im Grunde hatte Mozart von Jugend an niemals mit technischen Problemen zu kämpfen, weil die Musik geradezu seine Muttersprache war. Das eigentliche Wunder bestand darin, dass er in so jungem Alter bereits alle Empfindungen und Regungen des Herzens und des Geistes der Musik anvertraute. Er machte sich sogar einen Spaß daraus, halb fröhliche, halb traurige Sonaten zu schreiben. Drei Reisejahre (1763-1766) Mit sieben Jahren lehrt ihn sein Vater mit aller erforderlichen Strenge den Beruf des Komponisten. Wolfgang ist bereits in der Lage, direkt auf Papier zu komponieren, ohne den Umweg über ein Instrument zu machen. Die Schrift des Jungen, wie man sie auf den überlieferten Manuskripten noch sehen kann, ist für sein Alter erstaunlich selbstbewusst. Er entwickelt eine Sicherheit und Energie, die ihresgleichen suchen. Diese Qualitäten bewahrt er sein gesamtes Leben lang. Im Gegensatz zu Beethoven, dessen mühsamen Arbeitsfortschritt man anhand seiner Skizzenbücher und Streichungen ("Änderungsspuren" hieße es in der Malerei) gut nachvollziehen kann, entwickeln sich Mozarts Werke bis zu ihrer Fertigstellung ganz in seinem Inneren. Wenn er die Komposition zu Papier bringt, meist ohne jede Streichung oder Korrektur, ist dieser Entwicklungsprozess bereits abgeschlossen. Sein wundersames Gedächtnis ermöglicht ihm diese einzigartige Technik. Daher hat auch jedes noch so kleine von seiner Hand geschriebene Fragment einen Wert - selbst wenn es selbstverständlich eines großen Talents bedarf, um "die Löcher zu stopfen". Hingegen könnte sich niemand vorstellen, wie die Zehnte Symphonie 59 von Beethoven geklungen hätte, obwohl sie uns in Skizzen vorliegt. Auf seinen zahlreichen und außerordentlich langen Reisen (insgesamt verbrachte Mozart zehn Jahre, zwei Monate und acht Tage auf Reisen, und es wird geschätzt dass allein die in einer Kutsche oder Postkutsche verbrachte Zeit vier Jahre seines kurzen Lebens ausmacht!) führt er ein stummes Klavier mit, um üben zu können. Später baut er Bretter ein, die ihm als Tisch für Schreibzeug und Tintenfass dienen, um die diversen ihm angetragenen Auftragskompositionen fertigzustellen. Er komponiert Musik wie ein Schriftsteller Bücher schreibt: unmittelbar aus dem Kopf auf das Papier. Als die Familie Mozart im November 1763 zum ersten Mal nach Paris kommt, lädt sie Friedrich Melchior Baron von Grimm ein. Er ist ein einflussreicher Freund der Enzyklopädisten, in ganz Europa wegen seiner Correspondance littéraire, philosophique et critique bekannt und Sekretär des Herzogs von Orléans (ein Cousin König Lud60 wigs XV.). Grimm verfasst einen Aufsehen erregenden Artikel über die Mozart-Kinder, der ihnen die Türen in die französischen Adelshäuser öffnet und ihnen sogar einen Empfang in Versailles bei König Ludwig XV. und seiner Familie ermöglicht. Dieser Artikel, der ihm allgemeines Ansehen verschafft, ist ein außerordentliches Zeugnis von den Fähigkeiten des jungen Wolfgang, auch als Komponist - obwohl er noch keine acht Jahre alt ist. Es lohnt sich, ihn in voller Länge zu zitieren: "Den 1. Dezember 1763. Die wahren Wunder sind selten genug, dass man davon reden mag, wenn man Gelegenheit hat, eines zu sehen. Ein Salzburger Kapellmeister namens Mozart ist soeben angekommen mit zwei Kindern von der hübschesten Erscheinung der Welt. Seine Tochter, elf Jahre alt, spielt in der brillantesten Weise Klavier, sie führt die größten und schwersten Stücke mit einer staunenswerten Präzision aus. Ihr Bruder, der im nächsten Januar sieben Jahre [in Wirklichkeit acht Jahre, aber Grimm greift die werbewirksamen Angaben von Leopold Mozart auf, der seinen Sohn bewusst ein Jahr jünger macht - wie es auch der Vater Beethovens zwanzig Jahre später tat] alt wird, ist eine so außerordentliche Erscheinung, dass man das, was man mit eigenen Augen sieht und mit eigenen Ohren hört, kaum glauben kann. Es ist dem Kinde nicht nur ein leichtes, mit der größten Genauigkeit die allerschwersten Stücke auszuführen, und zwar mit Händchen, die kaum die Sexte greifen können; nein, es ist unglaublich, wenn man sieht, wie es eine ganze Stunde hindurch phantasiert und so sich der Begeisterung seines Genies und einer Fülle entzückender Ideen hingibt, welche es mit Geschmack und ohne Wirrwarr aufeinander folgen lässt. Der geübteste Kapellmeister kann unmöglich eine so tiefe Kenntnis der Harmonie und der Modulationen haben, welche es auf dem wenigst bekannten, aber immer richtigen Wege durchzuführen weiß. Es hat eine solche Fertigkeit in der Klaviatur, dass wenn man sie ihm durch eine darüber gelegte Serviette entzieht, es nun auf der Serviette mit derselben Schnelligkeit und Präzision fortspielt. Es ist ihm eine Kleinigkeit, alles, was man ihm vorlegt, zu entziffern; es schreibt und komponiert mit einer bewundernswürdigen Leichtigkeit, ohne sich dem Klavier zu nähern und seine Akkorde darauf zu suchen. Ich habe ihm ein Menuett aufgesetzt und ihn ersucht, den Bass darunterzusetzen; das Kind hat die Feder ergriffen, und ohne sich dem Klavier zu nahen hat es den Bass daruntergesetzt. Sie können wohl denken, dass es ihm nicht die geringste Mühe kostet, jede Arie, die man ihm vorlegt, zu transponieren und zu spielen, aus welchem Ton man es verlangt; allein folgendes, was ich gesehen habe ist nicht weniger unbegreiflich. Eine Frau fragte ihn letzthin: ob er wohl nach dem Gehör und ohne sie anzusehen eine italienische Kavatine, die sie auswendig wusste, begleiten würde? Sie fing an zu singen. Das Kind versuchte einen Bass, der nicht nach aller Strenge richtig war, weil es unmöglich ist, die Begleitung eines Gesangs, den man nicht kennt, genau im voraus anzugeben! Allein sobald der Gesang zu Ende war, bat er die Dame, von vorn wieder anzufangen, und nun spielte er nicht allein mit der rechten Hand das Ganze, sondern fügte zugleich mit der linken den Bass ohne die geringste Verlegenheit hinzu, worauf er zehnmal hintereinander sie ersuchte, von neuem anzufangen, und bei jeder Wiederholung veränderte er den Charakter seiner Begleitung. Er hätte noch zwanzigmal wiederholen lassen, hätte man ihn nicht gebeten, aufzuhören. Dieses Kind wird mich bestimmt noch närrisch machen, wenn ich es öfters höre; es zeigt mir, wie schwer es ist, sich vor Tollheit zu hüten, 61 wenn man Wunder erlebt. Dass der heilige Paulus nach seiner seltsamen Vision den Kopf verlor, setzt mich nicht mehr in Erstaunen. Herrn Mozarts Kinder haben die Bewunderung aller derer erregt, die sie gesehen haben. Der Kaiser und die Kaiserin haben sie mit Güte überhäuft; dieselbe Aufnahme haben sie in München und Mannheim erfahren. Schade, dass man sich hierzulande so wenig auf Musik versteht. Der Vater möchte von hier nach England weiterreisen und schließlich mit seinen Kindern über Norddeutschland nach Hause zurückkehren." Mit acht Jahren kann er Werke für mehrere Instrumente schreiben, drei- und vierstimmige Lieder... Sein Vater schenkt ihm ein Musikheft, das der kleine Bub im Nu mit fünfundzwanzig selbstkomponierten, kurzen Stücken für Cembalo füllt. Schon immer keimt der Gedanke an eine Oper, jetzt nimmt er Gestalt an, wenn man diesem Satz von Leopold am 28. Mai 1764 hört: "Jetzt hat er immer eine Oper im Kopf." Um diese Zeit trifft er in London Johann Christian Bach, einen der Söhne von Johann Sebastian Bach. Es wird erzählt, wie der dreißigjährige Meister dem achtjährigen Jungen ein Spiel vorschlägt: er nimmt ihn vor dem Cembalo auf die Knie, sie spielen gemeinsam eine Sonate, immer abwechselnd jeder ein paar Takte. Ganz abgesehen vom 62 herzerwärmenden Anblick der Szene bedeutet es für den kleinen Komponisten, der bis dahin fast nur die Musik Nordeuropas kennt, die Entdeckung der italienischen Musik, in der Johann Christian Bach besonders bewandert ist. Was für eine schöne Art, sich auf so instinktive, fast irrationale Weise eine neue Musik zu erschließen! So entdeckt Mozart die Kunst des Bel Canto und der italienischen Arien, an denen er sofort selbst seine Fähigkeiten ausprobiert - ein erster Versuch, dem viele weitere folgen sollen. Der "Londoner Bach" lässt ihn auch Georg Friedrich Händel entdecken, und noch etwas, das eine wahre Offenbarung für den jungen Komponisten ist, die sein gesamtes späteres Werk prägen wird, ob nun für Theater oder rein instrumental: die italienische Oper. Gegen Ende seines Aufenthalts in England im Sommer 1765 trifft er den Rechtsanwalt Daines Barrington, der einen genauen Bericht über diese Begegnung verfasst (der im Folgenden von der Royal Society veröffentlicht wird). Darin steht, wie der neunjährige Junge gebeten wird, eine Liebesarie zu improvisieren, "wie sie sich sein Freund Manzuoli für eine Oper ausgesucht hätte". Das Kind hebt zunächst an, mit Tra-la-la vor sich hin zu trällern, spielt dann auf dem Cembalo ein Vorspiel und schließlich eine wahrhaftige Oper- narie auf das Wort affetto (Liebe). Danach wird er gebeten, das gleiche für einen Gesang der Wut zu tun; er beginnt auf dieselbe Weise, aber auf den Begriff perfido (hinterhältig), und "auf halbem Weg durch die Arie steigert er sich so in das Wüten hinein, dass er auf die Tasten einschlägt wie ein Besessener und es ihn zeitweise vom Sitz hebt." Barrington erzählt auch, was man ihm berichtet hat: "Eines Tages hatte der berühmte Johann Christian Bach eine Fuge begonnen und dann abrupt abgebrochen. Der kleine Mozart griff sie sofort auf und führte sie auf absolut meisterliche Weise zu Ende." Ende 1765 erkrankte Wolfgang in Holland schwer. Ein Woche lang lag er im Koma, und man fürchtete um sein Leben. Sobald er wieder ein wenig zu Kräften kommt, beginnt er zu komponieren. Innerhalb weniger Monate erblicken zahlreiche Werke das Tageslicht. Er ist kaum zehn Jahre alt, aber kann bereits nicht von seinem musikalischen Schaffen lassen. Diese Feststellung ist für uns die Gelegenheit, Leopold Mozart die Ehre zu geben, dem so oft vorgeworfen wird, er habe das Talent seines Sohnes ausgebeutet, ja sogar seine Gesundheit gefährdet. Zugegeben, der kleine Wolfgang wurde nicht geschont. Aber wenn der Vater nur daran interessiert gewesen wäre, was ihm der Sohn einbringen könnte, dann hätte er dessen Talent als Pianist oder Geiger ausgenutzt. Hingegen war Leopold Mozart so weitsichtig, das schöpferische junge Genie zum Komponieren zu ermutigen. Ein Vierteljahrtausend später können wir ihm dafür dankbar sein. 63 Die Oper und Italien (1767-1773) Mit elf Jahren war Wolfgang bereits viel gereist, hatte einige der größten zeitgenössischen Musiker getroffen und die Musikstile von fast ganz Europa gehört und studiert. In seinem Alter waren Haydn, Beethoven oder Schubert noch kleine Jungen, die nichts als ihr unmittelbares Umfeld kannten. Mozart besitzt bereits eine für dieses Alter absolut außerordentliche Fachkenntnis und Erfahrung. In der Annahme, dies sei der einzige Weg, sich das Publikum von Wien zu erobern, ermuntert Leopold Mozart 1768 seinen Sohn Wolfgang dazu, eine Oper zu komponieren, die er selbst dirigieren wird - eine richtige Oper, keine kleine, "sondern ein Werk von zweieinhalb bis drei Stunden Dauer ohne Pause". Und so schreibt Mozart eine Partitur von über fünfhundert Seiten: La Finta Semplice (Die verstellte Einfalt), Oper in drei Akten mit fünfundzwanzig Nummern. Es ist überliefert, dass die Pläne Leopolds leider durchkreuzt wurden, denn die Oper konnte nicht in Wien, sondern erst ein Jahr später in Salzburg aufgeführt werden. In die Geschichte ging jedoch ein, dass Mozart mit zwölf Jahren bereits eine ausreichende musikalische und menschliche Reife erlangt hatte, um eine Oper zu schreiben (selbst wenn diese natürlich noch weit von dem psychologischen Scharfsinn entfernt war, der die großen 64 Werke seiner Reifezeit auszeichnet). Der 11. April 1770 ist das Datum der berühmten Gedächtnisleistung Mozarts mit dem Miserere von Allegri. Er wohnt einer Darbietung dieses Werkes in der Sixtinischen Kapelle bei. Da Papst Urban VIII. und dessen Nachfolger sich die ausschließlichen Aufführungsrechte gesichert haben, ist dies der einzige Ort, wo dieses Werk zu hören ist. Es wird nur zweimal im Jahr aufgeführt, und zwar in der Karwoche, am Ende der Karmetten, in einer eindrucksvollen Inszenierung: nach und nach werden die Kerzen gelöscht, der Papst und die Kardinäle knien und lauschen den Vorsängern der Kapelle, meist Kastraten, deren Stimmen in bislang unbekannte Höhen steigen. Unter Androhung der Exkommunikation ist es den Musikern verboten, Kopien mitzunehmen, und wird ein Zuhörer dabei ertappt, dass er Notizen macht, so wird er sofort ausgeschlossen. Die Partitur ist folglich seit Schaffung des Werkes im Jahr 1638 geheim. Wieder daheim schreibt Mozart, der das Stück ein einziges Mal gehört hat, aus dem Gedächtnis die neun Stimmen dieses ebenso mythischen wie mystischen Meisterwerkes auf. Nachdem er es zum zweiten Mal gehört hat, nimmt er einige Änderungen vor; dann ist die Partitur vollständig und ohne jeden Fehler! Am 9. Oktober 1770 besteht Wolfgang erfolgreich eine Prüfung hinter verschlossenen Türen: einen vierstimmigen Satz zu einer vorgegebenen Antifon zu schreiben. In weniger als einer Stunde gelingt ihm, was viele in drei Stunden nicht vollenden können. Er wird folglich mit nur vierzehn Jahren einstimmig als Mitglied in die Accademia filarmonica von Bologna aufgenommen. Aus dieser Zeit stammen mehrere Opern, für deren Komposition Mozart nur wenig Zeit zur Verfügung steht. Um die Arien zu schreiben, muss er auf die Sänger warten, die erst in letzter Minute kommen; wegen Änderungen im Libretto ist er gezwungen, Anpassungen vorzunehmen... Nachdem er eine erste im März 1770 geschrieben hat, wendet sich Mozart dem Streichquartett zu, "um sich die Zeit zu vertreiben", wie sein Vater sagt. In Wirklichkeit ist er verliebt. Aber er ist in Italien, traurig darüber, von derjenigen getrennt zu sein, der sein Sehnen gilt und die in Salzburg geblieben ist. Er ist sechzehn Jahre alt. Das Streichquartett ist noch nicht der Heilige Gral aller musikalischen Schöpfungen, zu dem es später wird, das Allerheiligste, dem zahllose Komponisten nur mit Ehrfurcht und Respekt begegnen. Aber für Mozart wird es wie ein vertrauter Freund. In wenigen Monaten, zwischen Ende 1772 und Anfang 1773, schreibt er sechs davon. Es ist eines der wenigen Beispiele von Werken, die Mozart nicht in Auftragsarbeit schreibt. Im Dienste des Fürsterzbischofs Colloredo (1773-1781) Mit sechzehn komponiert er in nur zehn Monaten acht Symphonien (Nr. 14 bis 21). Im folgenden Jahr schreibt er, wiederum in Salzburg, fünf weitere in nur zwei Monaten (Nr. 22 bis 27). Zu seinem neuen Dienstherren, dem Fürsterzbischof Hieronymus von Colloredo, hat er kein gutes Verhältnis. Aber dies ist nicht der Ort, um weiter darauf einzugehen. Mozart wird sich jedoch in zunehmendem Maße darüber bewusst, dass seine Stellung im Dienst eines Herren ihm seine schöpferische Freiheit raubt. In einem Brief an seinen Vater vom 10. Oktober 1777 bringt er dies zum Ausdruck: "Wenn ich nur zu dieser Zeit nicht in Diensten stünde! Dann hätte ich noch die Möglichkeit, nach Italien zu gehen... Und ich bin glücklicher, wenn ich komponieren kann. Das ist meine einzig wahre Freude und meine Leidenschaft. [...] Wenn ich doch nur von einer Oper sprechen hörte, wenn ich ins Theater gehen und den Gesang hören könnte... O! schon jetzt bin ich ganz außer mir!" Es ist nicht zu übersehen, dass er sein Augenmerk vor allem auf die Oper richtet. Im September 1777 verreist er zum ersten Mal ohne seinen Vater, den Colloredo nicht ziehen lässt. 65 Er bricht daher mit seiner Mutter zunächst nach Deutschland auf. Am 8. November 1777 erliegt er dem Charme eines jungen Mädchens und schreibt ihr sogleich eine Ariette auf Französisch: Oiseaux, si tous les ans... Noch am gleichen Tag schreibt er einen Brief an seinen Vater, der diese Passage enthält, die zentral für das Verständnis der künstlerischen Ziele Mozarts ist: "Ich kann nicht poetisch schreiben; ich bin kein Dichter. Ich kann die Redensarten nicht so künstlich eintheilen, daß sie Schatten und Licht geben; ich bin kein Maler. Ich kann sogar durchs Deuten und durch Pantomime meine Gesinnungen und Gedanken nicht ausdrücken; ich bin kein Tänzer. Ich kann es aber durch Töne; ich bin ein Musikus." Einige Tage später trifft er Rose, ein junges Mädchen, die er so beschreibt: "[Sie] ist ein sehr schönes, artiges Mädel. Sie hat für ihr Alter sehr viel Vernunft und gesetztes Wesen; sie ist seriös, redet nicht viel, was sie aber redet, geschieht mit Anmut und Freundlichkeit." Er komponiert für sie eine Klaviersonate, zu der er anmerkt: "Ich will 66 es ganz nach dem Caractère der Mademoiselle Rose machen." An diesen Beispielen sieht man, wie Mozart seine Kunst an dem nährt, was er den Menschen gegenüber empfindet, denen er begegnet. Anfang 1778 befinden sie sich in Frankreich. Bei seiner Ankunft schreibt er seinem Vater einen Brief, aus dem wieder einmal deutlich hervorgeht, dass er sich in erster Linie als Komponist versteht. Zum Unterrichten sagt er: "Das lasse ich Leuten über, die selbst nichts können als Klavier spielen. Ich bin ein Komponist und bin zu einem Kapellmeister geboren; ich darf und kann mein Talent im Komponieren, welches mir der gütige Gott so reichlich gegeben hat (ich darf ohne Hochmut so sagen, denn ich fühle es nun mehr als jemals), nicht so vergraben, und das würde ich durch die vielen Schüler. Denn das ist ein sehr unruhiges Metier, ich wollte lieber sozusagen das Klavier als die Komposition negligieren. Denn das Klavier ist nur meine Nebensache, aber Gott sei Dank eine sehr starke Nebensache!" Einige Monate später schreibt er in einem anderen Brief an seinen Vater erneut vom Unterrichten: "Hier Unterricht zu erteilen ist kein Spaß. Und bitte denken Sie nicht, dies sage ich aus Faulheit. Das nicht, aber es geht gegen mein Genie, gegen meine Lebensart. Sie wissen, dass ich gewissermaßen bis zum Halse in Musik stecke, dass ich davon den ganzen Tag umgeben bin, dass ich daran denke, sie studiere, gern darüber nachsinne." Wieder ist klar, dass die Komposition ihm über alles geht; wenn er etwas im Kopf hat, was ihn begeistert, verlegt er seine Stunden, wodurch er viele Schüler verliert. Während des Aufenthalts in Paris erkrankt die Mutter Mozarts schwer. Die Stimmung ist am Tiefpunkt. Um sich von dieser Traurigkeit zu befreien, komponiert Mozart zwei Sonaten, die folglich auch keine Auftragswerke sind: zum einen die Sonate KV 304 für Violine und Klavier in e-Moll (es ist die einzige Mollsonate der 34 Sonaten für Klavier und Violine, deren Urheberschaft mit absoluter Sicherheit Mozart zuzuschreiben ist), zum anderen KV 310 für Klavier in a-Moll (zusammen mit KV 457 die einzige der 18 Sonaten für Klavier von Mozart, die in Moll steht). Es steckt darin eine tragische Heftigkeit, ein anhaltender Schmerz. Fast ein Jahr lang, bis August 1779, schreib Mozart praktisch nichts. Er ist in Salzburg nicht glücklich. Das Zerwürfnis mit seinem Dienstherren lässt nicht auf sich warten... Und in dieser Situation erhält er den Auftrag für eine Oper: Idomeneo, König von Kreta. Er lebt wieder auf. Er stürzt sich mit Leib und Seele in die Arbeit. Er befindet sich in München, in einer freundschaftlichen, günstigen Atmosphäre. Er ist so krank, dass er nicht mehr essen kann, aber das bremst nicht seinen schöpferischen Eifer. Nach seiner Genesung beschließt er, der gewöhnlich ein begeisterter Theaterbesucher ist, abends nicht mehr auszugehen, weil er "am Abend am besten komponieren kann". Für ihn ist es sehr wichtig, dass er nun unter geeigneten Bedingungen lebt ("was ich jetzt brauche, ist ein Seelenzustand, der durch nichts getrübt wird", "der Kopf frei und Freude bei der Arbeit - und das ist unmöglich, wenn man traurig ist"). Einer der Opernsänger bittet ihn, in einem Gesangsquartett eine Änderung vorzunehmen (dritter Akt, Nr. 21). Hier die Reaktion Mozarts (der im Übrigen durchaus fähig ist, bei Arien Zugeständnisse zu machen), wie er sie im Brief seinem Vater erzählt: "Mein lieber Freund, wenn es eine einzige Note in diesen Quartett gäbe, die geändert werden muss, so würde ich sie sofort ändern. Aber es gibt in dieser Oper kein anderes Stück, das mich so zufrieden stellt wie dieses Quartett. Hören Sie es nur einmal im Ensemble, und Sie werden Ihre Meinung 67 gewiss ändern. Ich habe mir alle Mühen der Welt gegeben, um Ihre Wünsche bezüglich zwei ihrer Arien zu erfüllen. Ich werde dies auch für die dritte Arie tun. Und ich hoffe, sie ins Lot zu bringen. Was aber die Terzette und Quartette angeht, so müssen Sie den Komponisten nach freiem Willen gewähren lassen." Mit seinen fünfundzwanzig Jahren ist Mozart absolut selbstbewusst. Einen Monat vor der Premiere schreibt er seinem Vater folgende Sätze, die entscheidend sind, um seine Arbeitsweise zu verstehen, die uns besonders in Bezug auf die unvollendet gelassenen Werke interessiert: "Ich muss hier schließen, denn ich habe jetzt den Kopf frei zum Schreiben. Komponiert ist bereits alles - aber noch nicht geschrieben." Seine Stellung in Salzburg erforderte es, dass es alle möglichen Arten von Musik schrieb. Zum einen natürlich geistliche Musik für die Kirche, aber auch Musik für Feste, Bälle, Empfänge, und selbst Tafelmusik. Letztendlich war er nur ein Kammerdiener unter anderen, und war nicht nur in der gleichen Livrée gekleidet wie sie, sondern teilte auch ihren Alltag. Der 9. Mai 1781 war der Tag des Bruchs zwischen Mozart und Colloredo. Zum ersten Mal in der Musikgeschichte, arch Jahre vor der französischen Revolution, wählte ein Komponist die Unabhängigkeit und die Freiheit. 68 Wien, das schwierige Leben in Freiheit (1781-1787) Sofort vertieft er sich in die Arbeit für Die Entführung aus dem Serail. Seine Begeisterung ist grenzenlos: Erstmals - wenn man von der Kurzoper Bastien und Bastienne in seiner Kindheit absieht - bekommt er den Auftrag, eine deutsche Oper zu schreiben. Ein lange gehegter Traum wird wahr. Eine Oper zu schreiben ist wie ein Lebenselixir für ihn: "Mich freut es so, dieses Libretto in Musik zu fassen, dass schon die erste Aria von der Cavalieri, und die vom Adamberger und das Terzett, welches den Ersten Ackt schliesst, fertig sind [Er hat sie innerhalb von eineinhalb Tagen geschrieben und fertiggestellt!]. Die Zeit ist kurz, das ist wahr: Denn Mitte September soll es schon aufgeführt werden. Allein die Umstände, die zu der Zeit, da es aufgeführt wird, damit verknüpft sind, und überhaupt – alle andere Absichten – erheitern meinen Geist dergestalten, dass ich mit der grösten Begierde zu meinem Schreibtisch eile, und mit grösster Freude dabei sitzen bleibe." (Brief vom 1. August 1781). Der gesamte erste Akt ist in nur drei Wochen komponiert. Der Rest wird deutlich mühsamer. Es war anlässlich der Uraufführung dieser Oper, dass Kaiser Joseph II, wenig begeistert, die berühmten Worte sprach: "Zu schön für unsere Ohren und gewaltig viel Noten, lieber Mozart!" Worauf der sechsundzwanzigjährige Mozart im vollen Bewusstsein um den Wert dieses Werkes antwortete: "Gerade so viel Noten, Eure Majestät, als nötig sind." Mozart wusste, dass er der deutschen Oper den Weg gebahnt hatte. Weitere Meisterwerke sollten folgen: Die Zauberflöte, aber auch Werke der Komponisten Carl Maria von Weber, Richard Wagner, Richard Strauss... Im Frühjahr 1782 entdeckt Mozart mit Freude und Begeisterung die Werke Bachs für sich und befasst sich wieder mit Händel. Joseph Weigl gab uns dieses Zeugnis, das Mozarts Enthusiasmus deutlich macht (selbst wenn uns seine Schlussfolgerung überraschen dürfte): "Mozart accompagnierte auf dem Fortepiano. Salieri, Starzer, Teiber und der Baron sangen. So lernte ich, wie die Partituren zu spielen seien. Wer Mozart nicht 16 und mehrzeilige Händelsche Partituren mit unübertrefflicher Fertigkeit spielen, selbst dazu singen und zugleich die Fehler der anderen Sänger verbessern sah, der kennt Mozart nicht ganz, denn er war darin eben so groß, als in seinen Kompositionen." Häufig geschieht es, dass Mozart die banalsten Ereignisse des Alltags zum Anlass einer Komposi- tion nimmt. Eines Tages im Jahr 1783 möchte das frisch getraute Paar Wolfgang und Konstanze in Begleitung eines Freundes gerade das Haus verlassen, als die junge Ehefrau Konstanze ihr Tuch nicht findet, ohne das sie nicht gehen möchte. Schließlich findet der Freund das geliebte Tuch. Alle lachen über die Episode, die Mozart in seinem lustigen Gesangstrio Das Bandel (KV 441) verarbeitet. Manchmal sind die Themen weniger unverfänglich. Mozarts Fäkalsprache ist bekannt und kommt in vielen seiner Briefe zum Ausdruck, aber auch in seiner Musik, wie zum Beispiel in einer Reihe unanständiger Kanons. Im November 1783 soll er ein Konzert im Theater von Linz geben. Aber im Gepäck hat er keine Symphonie mitgenommen, deshalb stürzt er sich völlig in die Komposition einer neuen Symphonie, für die er vier Tage Zeit hat. Diesem Umstand verdanken wir die Symphonie Nr. 36 in C-Dur mit dem Beinamen "Linzer", die Mozart tatsächlich innerhalb von vier Tagen vollendete! Diese Mühelosigkeit ist jedoch nicht die Regel. Zur gleichen Zeit, zwischen Ende 1782 und Anfang 1785, schreibt Mozart die « sechs HaydnQuartette ». Dabei hatte er eine sehr genaue Vorstellung von deren Gesamtaufbau. In seiner Widmung bezeichnet er diese Quartette als die "Frucht einer langen und mühseligen Arbeit". In 69 seinen Skizzen und Entwürfen ist das deutlich erkennbar (wie auch beispielsweise in denjenigen zum Klavierkonzert Nr. 25). Mozarts Konzentrationsfähigkeit beim Komponieren ist umso erstaunlicher, wenn man bedenkt, dass er den Schlusspunkt unter das zweite dieser Quartette (in d-Moll, KV 421) just in der Nacht setzt, in der sein erster Sohn geboren wird! Im April 1784 erhält Mozart die Gelegenheit, mit der jungen Geigenvirtuosin Regina Strinasacchi zu konzertieren. In wenigen Tagen komponiert er eine Sonate (in B-Dur, KV 454), doch fehlt ihm die Zeit, sie auf Papier zu bringen. Einzig der Violinpart ist fertig geschrieben, den Klavierpart spielt Mozart vollständig aus dem Gedächtnis! Es gibt noch weitere Partituren, die nur zum Teil aufgeschrieben sind, insbesondere die Fragmente für Klavier und Violine dieser Aufnahme. Mozart hatte alles im Kopf und musste die Noten deshalb nicht vor Augen haben. Er ist in der Lage, Musik zu erfinden, während er Tarock, Wurfpfeil, Billard, Boules oder Kegeln spielt. 70 So soll er das berühmte "Kegelstatt"-Trio, das er im August 1786 für die damals sehr ungewöhnliche Instrumentation Klavier, Klarinette und Bratsche schreibt, bei dieser doch recht wenig musikalischen Aktivität komponiert haben! Er ist sogar in der Lage, schon über ein künftiges Werk nachzudenken, während er noch das aktuell in Arbeit befindliche niederschreibt. Der angesehene Neuropsychologe Bernard Lechevalier, Autor des Buches Le cerveau de Mozart (Das Gehirn Mozarts) und darüber hinaus Organist der Kirche SaintPierre in Caen, stellt fest: "Er hatte ein außergewöhnliches Arbeitsgedächtnis, das es seinem Gehirn ermöglichte, Informationen wie ein Computer zu kodieren, einige Stunden zu speichern und danach wieder richtig wiederzugeben." Dieses wundersame Gedächtnis leistete ihm wertvolle Hilfe. Mit nichts bewaffnet außer Feder und Papier kann er in einem Zug ganze Opernakte und selbst ein so komplexes Stück wie die Ouvertüre zu Don Giovanni niederschreiben. Was jedoch nicht heißen soll, dass Mozart alles leicht fiel, wie schon im Hinblick auf die HaydnQuartette erwähnt wurde. Mozart sucht zunehmend die Tiefsinnigkeit. Er muss die musikalischen Einfälle, die ihm würdig erscheinen, seinem Gefühl Ausdruck zu verleihen, aus seinem tiefsten Inneren schöpfen. Nach den ersten Proben für Don Giovanni führt Mozart einen Wortwechsel mit dem Kapellmeister des Orchesters. Mozart ist ein wenig beunruhigt: "Was halten Sie von der Musik des Don Giovanni? Wird er soviel Gefallen finden wie der Figaro? Es ist schließlich ein anderes Genre!" Kucharz beruhigt ihn: "Wie können Sie daran zweifeln? Die Musik ist schön, originell, tiefgründig. Was von Mozart kommt, wird den Böhmen gewiss gefallen!" [Sie sind gerade in Prag]. Daraufhin vertraut Mozart ihm etwas an, das wir niemals vergessen dürfen: "Eure Zuversicht beruhigt mich, denn Sie stammt von einem Kenner. Ich habe mir Mühe und Arbeit nicht verdrießen lassen, für Prag etwas Vorzügliches zu leisten. Der irrt, der sagt, meine Kunst würde mir leicht zufallen. Ich versichere Sie, lieber Freund, niemand hat soviel Mühe auf das Studium der Komposition verwandt als ich. Es gibt nicht leicht einen berühmten Meister in der Musik, den ich nicht fleißig und oft mehrmals durchstudiert hätte." 71 Das tragische Ende (1788-1791) Trotz des Erfolgs von Don Giovanni in Prag ist das Leben in Wien inzwischen schwierig für Mozart. Nach einem vergleichsweise ruhigen Jahresbeginn schafft Mozart im Sommer 1788 eine beeindruckende Fülle an Meisterwerken: drei Trios für Klavier, Violine und Violoncello (KV 542, 548 und 564), zwei Klaviersonaten (KV 545 und 547), das Divertimento für Streichtrio KV 563 und die außergewöhnliche Trilogie seiner letzten drei Symphonien (KV 543, 550 und 551). Offensichtlich entmutigt durch seine Lage schreibt er danach bis zu seiner Abreise aus Wien im Frühling 1789 fast nichts mehr. In Leipzig gibt Mozart in dieser Zeit ein Orchesterkonzert, bei dem er dirigiert und selbst spielt. Hierzu ist ein Zeugnis von Friedrich Rochlitz überliefert, das nicht nur im Hinblick auf Mozarts kompositorische Fähigkeiten interessant ist, sondern auch Gründe für seine unvollendet gelassenen 72 Partituren nennt: "Um dem damals gewöhnlichen Stehlen seiner Arbeit vorzubeugen, spielte er von einer Clavierstimme, die nichts als einen bezifferten Baß enthielt, über der nur die Hauptideen ausgeschrieben, die Figuren und Passagen leicht angedeutet waren; so sehr konnte er sich auf sein Gedächtnis und auch auf sein Gefühl verlassen." Das Publikum bittet um ein Solo. Mozart gibt dieser Bitte gerne statt und, laut Rochlitz, "begann einfach, frei und feierlich in c-Moll, gab sich dann allmählich dem Höhenflug seiner Improvisation hin und endete auf Variationen in Es-Dur, die später veröffentlicht wurden." Anfang 1790 wird er ernsthaft depressiv. Drei Monate lang schreibt er gar nichts. Eine derart schaffensarme Periode hatte er zuletzt vor zehn Jahren, als er noch in Salzburg lebte, kurz vor dem Auftrag für Idomeneo, König von Kreta. Er lebt im Elend, es ist ein Teufelskreis: zu arm, um sich heilen zu lassen, hat er keine Kraft zum Komponieren, weshalb er fast kein Geld verdient... Ein Jahr vor seinem Tod ist Mozart so verarmt, dass er regelmäßig bei Wucherern Geld leiht, allen Besitz von irgendeinem Wert verpfändet, verzweifelte Briefe an seine Freimaurer-Brüder schreibt, um bei ihnen Geld zu leihen, und jedwede Anfrage annimmt, die sich ihm bietet. Ein Großteil seiner Stücke für mechanische Musikinstrumente (Orgelwalzen, Uhrwerke, Spieldosen) sowie für Glasharmonika stammen aus dieser Zeit. Als kaiserlicher Kammerkomponist und Kapellmeister, eine Stellung, die ihm sehr wenig einbringt, muss er zahllose Tänze schreiben (Menuette, Kontratänze, Allemanden). Diese Arbeit erfüllt ihn nicht gerade mit Begeisterung. Und dann entsteht die in jeder Hinsicht wunderbare Zauberflöte. Im Rahmen dieses Textes ist es unmöglich, sie denjenigen zu erläutern, die nicht viel darüber wissen. Und nur ein wenige Worte darüber zu verlieren würde diejenigen enttäuschen, die bereits ein wenig darüber wissen. Aber kurz gesagt: der ganze Mozart steckt in der Zauberflöte. Im August 1791, nur wenige Monate vor seinem Tod, erhält er den Auftrag zu einer Oper für das Prager Nationaltheater. Die Frist ist außerordentlich knapp, die Auflagen komplex. Mozart arbeitet mit Hochdruck (er soll die drei Reisetage zwischen Wien und Prag mit der Feder in der Hand verbracht haben) und kann nach nur achzehn Tagen La Clemenza di Tito abliefern! Georg Nikolaus Nissen erzählt darüber folgendes: "Seine Frau ließ oft unangemeldet Menschen kommen, die Mozart liebte. Sie gaben vor, ihn überraschen zu wollen, wenn er zu sehr in seine unablässige Arbeit vertieft war. Er freute sich zwar darüber, arbeitete jedoch weiter. Sie erzählten und plauderten viel. Er hörte nichts. Wenn man das Wort an ihn richtete, wurde er nicht zornig, sondern gab eine kurze Antwort und machte sich wieder ans Schreiben." Anfang Oktober komponiert er trotz seiner Erschöpfung in weniger als zehn Tagen ein weiteres seiner großen Meisterwerke: das strahlende Klarinettenkonzert. 73 Und schließlich gibt es freilich noch die so bekannte Geschichte um das Requiem. Mozart investiert all seine verbliebenen Kräfte in dieses Requiem. Der Auftrag dazu war ihm unter seltsamen und ein wenig beunruhigenden Umständen von einem ganz in schwarz gekleideten Unbekannten gegeben worden. Drei Monate vor seinem Tod schreibt Mozart in einem Brief: "Mein Kopf ist verwirrt. Nur mit Mühe halte ich mich gesammelt. Das Bild jenes Unbekannten will nicht vor meinen Augen weichen. Ich sehe ihn ständig vor mir; er bittet, er bedrängt mich, und ungeduldig treibt er mich zu Arbeit an. Ich fahre in ihr fort, denn zu komponieren strengt mich weniger an als untätig zu sein." Einige Biografen behaupten, Mozart habe sich geradewegs zu Tode gearbeitet, und schreiben seinen frühen Tod seiner schlechten Gesundheit zu, deren Hauptursache die langen und zahlreichen Reisen in seiner Jugend seien. Auf diesen Reisen war er häufiger krank. Hinzu kämen seine ungesunde Lebensweise, insbesondere in Bezug auf die Ernährung, die Mozart auch als Erwachsener vernachlässigte. Stets sei er so sehr mit seiner Arbeit beschäftigt gewesen, dass man ihm Essen bringen musste, damit er überhaupt ausreichend aß, um zu überleben. Tatsache ist, dass er auch vier Stunden vor seinem Tod noch an seinem Requiem arbeitete. 74 Dr. Joseph Frank, der bei Mozart um 1790 Stunden genommen hatte, berichtet: "Er muss ein hübsches Kind gewesen sein, aber von seinem sechsten Lebensjahr an, verbrachte er die meiste Zeit im Sitzen, da er in dieser Zeit mit dem Komponieren begann. Wieviel hat dieser Mann geschrieben, besonders in seinen letzten Jahren! Wir wissen, dass Mozart am liebsten nachts spielte und komponierte, und weil die Arbeit oft eilig war, kann man sich vorstellen, wie sehr ein so zarter Körper darunter litt. Sein vorzeitiger Tod muss dieser Ursache zugeschrieben werden." Schlussbemerkung Anstelle einer Schlussfolgerung möchten wir Mozart selbst das Wort geben, wie es uns von Rochlitz überliefert ist: "Was ist denn nun meine Art zu komponieren, wenn es sich um eine wichtige und ernsthafte Arbeit handelt? Ich suche vergebens, ich finde keine bessere Erklärung als diese: wenn ich in Form und bei guter Gesundheit bin, auf Reisen in einem Wagen oder bei einen Spaziergang nach einer guten Mahlzeit, oder nachts, wenn ich nicht schlafen kann, dann kommen mir gerne Einfälle in Strömen. Woher? Wie? Ich weiß es nicht, ich kann nichts dazu. Ich behalte diejenigen im Kopf, die mir gefallen, und brumme sie vor mich hin - zumindest sagen mir das die anderen. Wenn ich mich dem hingebe, wird mir allmählich klar, wie ich aus diesen Fragmenten ein kohärentes Ganzes schaffen kann, indem ich den kontrapunktischen Anforderungen oder den Klangfarben der Instrumente folge. Mein Gehirn gerät in Brand, besonders, wenn ich nicht gestört werde. Das Stück wächst, ich entwickle es immer weiter, immer klarer wird es. Dann ist das Werk in meinem Schädel vollendet, oder so gut wie, selbst wenn es ein langes Stück ist, und ich kann es mit einem Blick erfassen, wie ein Bild oder eine Statue. In meiner Phantasie höre ich das Werk nicht in seinem Verlauf, wie es aufeinander folgt, sondern ich fasse es gewissermaßen als kompakte Einheit. Was für ein Genuss! Erfinden, ausarbeiten, all das vollzieht sich in mir wie ein großartiger und grandioser Traum, aber wenn ich so alles in seiner Gesamtheit übereinander höre, ist dies der beste Moment. Und wie geht es zu, dass ich es nicht wieder vergesse, wie man einen Traum vergisst? Das ist vielleicht die größte Wohltat, für die ich meinem Schöpfer danken muss." 75 76 Fragmente für Klavier und Violine Liegt es daran, dass er ebenso gut Geige wie Klavier spielte? Zum Teil sicherlich. Allerdings ist das Schaffen Mozarts für Klavier und Geige in mehrfacher Hinsicht bemerkenswert. Zunächst durch seine Vielzahl: die Sonate KV 526 ist als Nr. 42 bekannt! Diese Nummerierung muss zwar überarbeitet werden, da Mozarts Urheberschaft bei sechs der Sonaten und Variationen für Pianoforte und Violine mehr als zweifelhaft ist und drei davon unvollendet blieben. Hinzuzufügen sind jedoch zwei Serien von Variationen, - die vier nur in Fragmenten erhaltenen einzelnen Sätze nicht eingerechnet - und die letzte Sonatine KV 547. Zweitens durch seine Entwicklung: Zwischen den ersten "Sonaten für Klavier und Violine" des sechsjährigen Kindes zur Unterhaltung im Salon, bei denen die Geige eine fakultative Stellung einnimmt, und den Meisterwerken der letzten Jahre, deren Ausgewogenheit zwischen den beiden Instrumenten Beethoven, Schumann und Brahms zum Vorbild dient, liegen Welten. Erst im 20. Jahrhundert beschreiten Komponisten wirklich neue Wege. Schließlich durch seine Qualität: Spricht man von dem Genius Mozarts, so fallen einem spontan die Opern, Klavierkonzerte, Streichquartette und -quintette, Werke für Klarinette ein. Aber hätte Mozart nur die Sonaten KV 454, 481 und 526 für Klavier und Violine geschrieben, wäre diese Instrumentierung sicher als Mozarts größte Kunst in die Geschichte eingegangen. Was die anderen angeht, so können wir uns tragen lassen: Wir werden zu unserem eigenen Besten in Atem gehalten! Alle Fragmente für Klavier und Violine, die bei Mozarts Tod gefunden wurden und die man für weit genug entwickelt hielt, um sie zu vollenden, wurden von Abt Maximilian Stadler, einem engen Freund und Vertrauten des Komponisten, fertig geschrieben. Robert Levin griff diese Arbeit auf, da er der Meinung war, es sei noch eine bessere Abstimmung auf Mozarts Kompositionsweise möglich. Darüber hinaus vollendete er, was bislang noch unvollendet geblieben war. Auf dieser Aufnahme ist alles enthalten, was Mozart für Klavier und Violine geschrieben hat, ohne es zu vollenden, mit Ausnahme von zwei Gruppen von je zwei Stücken: Andante und Fuge KV 402 (385e), die von Stadler vollendet wurden, aber deren Urschrift verloren ist und bei denen wir daher nicht wissen, was von Mozart und was von Stadler stammt; und Andante und Allegretto KV 404 (385d), bei denen es sich auch um zwei gesonderte Sätze handeln kann, die Mozart bewusst für sich stehen lassen wollte. 77 Fantasie in c-Moll, KV 396 (385f) Ende 1782 geschrieben, hinterließ Mozart nur die ersten 27 Takte [bis 2:47] des Klavierparts, sowie die Takte 23 bis 27 des Geigenparts. Stadler war offenbar der Ansicht, dass das Material der Geigenstimme nicht ausreichte, daher fertigte er eine vollständige Fassung für Klavier solo an. Robert Levin hingegen legte Wert darauf die von Mozart vorgegebene Instrumentierung beizubehalten. Für seine Fassung ergänzte er zunächst die 22 fehlenden Eingangstakte des Violinparts und vollendete dann diese Fantasie, die bei ihm 67 Takte zählt. Goethe besaß ein Manuskript dieser Fantasie. Als ihn der zwölfjährige Mendelssohn besuchte, legte der alte Meister dem jungen Musiker das Stück vor, das dieser sofort brillant vom Blatt spielte. Allegro in G-Dur, KV Anh. 47 (546a) Dieser Sonatenhauptsatz datiert von 1789 und ist somit das letzte Werk, das Mozart für Klavier und Geige geschrieben hat. Auf dem Manuskript sind nur die ersten 31 Takte vermerkt [bis 1:01], und diese auch nur teilweise. Um Ihnen eine bessere Vorstellung davon zu geben, haben wir am Ende der CD eine Aufnahme angefügt, die peinlich genau das wiedergibt, was Mozart schrieb. Vielleicht hätten Sie noch andere Einfälle als Robert Levin, wie die "Löcher zu stopfen" seien? Seine Version ist bis heute die einzige Vollendung dieses Satzes, der künftig über 148 Takte verfügt. Allegro in B-Dur, KV 372 Auch hier handelt es sich um einen Sonatenhauptsatz. Er ist mit dem Datum "Wien, 24. März 1781" versehen. Es ist denkbar, dass dieser Satz ursprünglich als Eingangssatz der Sonate KV 378 gedacht war. Das Manuskript, in dem immerhin schon Hinweise an den Verleger enthalten sind, endet seltsam abrupt nach 65 Takten [bei 2:06]. Die Fassung von Robert Levin - etwas kürzer als diejenige Stadlers - ergänzt dieses Allegro auf 175 Takte. Allegro in A-Dur, K. Anh. 48 (480a/385E) Für die Urschrift verwendete Mozart das gleiche Papier wie für die Sonate KV 454, daher dürfte dieser Sonatenhauptsatz wahrscheinlich aus dem Frühjahr 1784 stammen. Wähnte Stadler, die 34 ersten Takte bis [1:05] dieses Manuskripts seien nicht ausreichend? Robert Levin verstand es, die Aufgabe zu vollenden, und in seiner Fassung enthält dieser Satz 158 Takte. 78 Allegro in A-Dur, KV 50 (526a) Es könnte sich bei diesem vermutlich von 1787 stammenden Satz um einen Entwurf für den ersten Satz der Sonate KV 526 handeln, die auch in dieser Aufnahme enthalten ist. Als das Verlagshaus Henle alle diese Fragmente veröffentlichte, hielt man das von Mozart hinterlassene Material (nur die ersten 15 Takte bis 0:25] des Klavierparts, die Geigenstimme ist nicht vorhanden) für ungenügend, um es zu vollenden. Exklusiv für die französische Musikgesellschaft Le Palais des Dégustateurs beschloss Robert Levin jedoch wenige Wochen vor der Aufnahme, diesen Satz zu vollenden. Es ist daher ein außerordentliches Privileg, diese 146 Takte hören zu können! Sonate in C-Dur, KV403 (358c) Diesmal ist es der dritte Satz der aus dem Jahr 1784 stammenden Sonate, der unvollendet blieb. Man kann sagen, er wurde nur skizziert, denn er endet in Takt 20 [bei 0:28]. Dennoch machte sich Stadler, der über die vollständigen beiden ersten Sätze verfügte, die Mühe, dieses Allegretto zu vollenden (zu dem Mozart vermerkt hatte, es müsse nahtlos auf das vorangehende Andante folgen). Somit konnte eine vollständige Sonate herausgegeben werden. Auch Robert Levin nahm sich auf besonders einfallsreiche Weise dieses Allegrettos an, indem er ab dem zwanzigsten Takt das Thema des ersten Satzes wieder aufgriff! In seiner Arbeit enthält dieser Schlusssatz insgesamt 169 Takte. Diese Sonate war Konstanze gewidmet und enthielt folgende Anmerkung: "Von mir W: A: Mozart für meine sehr geliebte Ehefrau." Es ist eine bemerkenswerte Tatsache, dass Mozart niemals je ein Werk vollendete, das für Konstanze geschrieben oder gewidmet war... Pierre Carrive Übersetzungen: Domaine Ponsot 79 80 Directeur artistique : Pierre Carrive Ingénieur du son : Alain Gandolfi Graphiste : Michaël Lehoux Facteur de piano : Gerard Fauvin Texte du livret : Pierre Carrive Traduction Domaine Ponsot Couverture : Korin www.korin.ovipart.fr 81 Le Château de Vosne Romanée, proriété du Comte Liger-Belair, mécène de cet enregistrement partenaire c 2016 Le Palais des Dégustateurs p 2016 Le Palais des Dégustateurs Le Palais des Dégustateurs - le Grand Village 07200 Ucel www.lepalaisdesdegustateurs.com - [email protected] 82 Tout droit du producteur phonographique et du propriétaire de l'oeuvre enregistrée réservés. Sauf autorisation, la duplication, la location, le prêt, l'utilisation de ce disque pour exécution publique et radiodiffusion sont interdits Le Général Comte Louis Liger-Belair (1772-1835), fondateur du Domaine du Comte Liger-Belair 83 Unfinished works for piano and violin Completed by Robert Levin Robert Levin & Gérard Poulet 84
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