Télécharger le livret - Le Palais des Dégustateurs

W.A.MOZART
Unfinished works for piano and violin
Completed by Robert Levin
Robert Levin & Gérard Poulet
1
2
W.A.MOZART
Unfinished works for piano and violin
Completed by Robert Levin
Robert Levin & Gérard Poulet
1
2
3
4
5
6
7
8
ALLEGRO EN SOL MAJEUR K ANH 47 ALLEGRO EN SI BEMOL MAJEUR K 372 FANTAISIE EN UT MINEUR K 396 SONATE EN UT MAJEUR K 403 1 ALLEGRO MODERATO
SONATE EN UT MAJEUR K 403 2 ANDANTE SONATE EN UT MAJEUR K 403 3 ALLEGRETTO ALLEGRO EN LA MAJEUR K ANH 48 ALLEGRO EN LA MAJEUR K 50 10:16
8:01
9:38
5:22
3:10
8:06
10:07
5:13
Bonus Track 9
ALLEGRO EN SOL MAJEUR K ANH 47 FRAGMENTS 1:03
3
Robert Levin
4
Gérard Poulet
5
6
Étude biographique sur Mozart et la composition
Des dons de Dieu ? Et un travail de forçat !
Né pour la musique (1756-1763)
Un voyage de trois ans (1763-1766)
L’opéra et l’Italie (1767-1773)
Au service de Colloredo (1773-1781)
Vienne, la difficile liberté (1781-1787)
La fin tragique (1788-1791)
Conclusion
9
10
11
16
17
20
23
26
Les fragments pour piano et violon
27
Allegro en sol majeur, K. Anh. 47 (546a)
Allegro en si bémol majeur, K. 372
Fantaisie en ut mineur, K. 396 (385f)
Sonate en ut majeur, K. 403 (358c)
Allegro en la majeur, K. Anh. 48 (480a/385E)
Allegro en la majeur, K. 50 (526a)
7
Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair
8
Des dons de Dieu ? Et un travail de forçat !
Cet enregistrement est unique à bien des égards,
mais tout particulièrement parce qu’il permet
d’entendre, pour la première fois, des œuvres que
Mozart avait laissées inachevées. Mais pour leur
rendre toute leur valeur, il fallait les compléter.
Nous allons essayer de voir en quoi l’exercice est
possible avec Mozart. Car s’il a été un véritable
génie de la musique, peut-être le plus grand de
tous les temps, les choses ne lui tombaient pas du
ciel telles quelles. Ses facilités sont évidentes, sa
capacité à s’adapter aux circonstances aussi, mais
rien de tout cela n’existerait sans le travail colossal
qu’il a dû fournir, ni sans la conscience aiguë qu’il
avait de ce qu’il faisait.
C’est vrai : il n’y a pas de mauvais Mozart. Cela ne
veut pas dire que la moindre note de Mozart n’a
pu lui être dictée que par un Dieu qui n’aurait vu
digne de Ses dons personne d’autre que Mozart.
En étudiant sa musique le plus profondément
possible, en la jouant avec joie et talent, en
l’ayant constamment au cœur, on peut en arriver
à imaginer ce que Mozart aurait pu, entre autres
possibilités, écrire là où il s’était arrêté. C’est ce
qu’a fait Robert Levin, lui qui connaît (co-naître :
naître avec) Mozart, ou plutôt qui connaît la
musique de Mozart, mieux que personne, et sans
doute mieux que bien des contemporains du
compositeur.
Du reste, Mozart lui-même reconnaissait la
connivence qui pouvait exister entre l’interprète
et le compositeur, lui qui disait qu’il fallait « mettre
en valeur toutes les notes avec l’expression et le
gusto qui leur sont particuliers de manière à faire
croire que celui qui les joue est le même que celui
qui les a composées ».
9
Né pour la musique
(1756-1763)
Pour mieux comprendre à quel point le jeune
Wolfgang Amadeus Mozart est « tombé dans
la musique quand il était petit », il faut savoir
qu’être musicien était alors, dans ce Salzbourg
dont le prince-archevêque donnait l’exemple,
tout à fait banal. Pour tous, quel que soit son âge
et son statut social, la vie quotidienne fourmillait
de musique. Leopold, le père de Mozart, était
domestique et musicien, ce qui était alors très
courant, si l’on en juge par les annonces que
l’on trouvait alors, comme par exemple celle-ci :
« On demande, dans une maison de maître, un
laquais sachant bien jouer du violon et capable
d’accompagner des sonates difficiles. »
Nous pouvons imaginer que les toutes
premières années de Mozart ont baigné dans
une atmosphère toute de musique et de sons.
Les cloches des églises, mais aussi les chœurs
à plusieurs voix et leurs orgues ; et les oiseaux,
extrêmement nombreux dans cette petite ville
arborée, proche de forêts. Le jeune Wolfgang
avait même un canari, qui fut finalement son
premier partenaire musical ! D’une certaine
manière, Mozart a appris la musique comme un
oiseau apprend à chanter…
Sa sœur aînée, Nannerl, ayant des dispositions
10
exceptionnelles pour la musique, son père décide
de lui apprendre le clavecin. Wolfgang a alors
deux ou trois ans. On a raconté mille fois comment
il colle son oreille au clavecin de sa sœur aînée
qui s’entraîne, ou de son père qui compose, et
combien il absorbe alors toute la musique qu’il
entend, pour la restituer après. Il peut même
improviser dessus ! Il passe des heures à s’amuser
sur le clavier, éclatant de rire quand il trouve des
accords qui lui plaisent, disant : « Je cherche les
notes qui s’aiment. »
Tout petit, et jusqu'à sa dixième année, il compose
des airs qu’il chante à son père, debout sur une
chaise, avant de l’embrasser de nombreuses
fois (en finissant par le bout du nez) et d’aller se
coucher. Il s’intéresse aux jeux enfantins d’autant
qu’ils se font en musique, aimant par exemple
accompagner les déplacements de marches
chantées. Par la suite, les faits les plus anodins
de la vie quotidienne seront pour lui prétextes
à créer des personnages et des situations qu’il
mettrait en musique. On voit là les prémices du
génial compositeur d’opéra qu’il deviendra.
À cinq ans, il commence à composer des petites
pièces, dont certaines sont parvenues jusqu'à
nous. Son père tient très vite à l’accompagner
dans cette voie. Contrairement à sa fille, qu’il
considère avant tout comme une – excellente, il
ne faut pas croire qu’elle est délaissée au profit
de son frère – claveciniste, et pour laquelle il
n’écrit que des morceaux destinés à la faire
progresser en clavecin, Leopold met ses talents
de compositeur et de pédagogue au service d’une
éducation musicale qui ferait de Wolfgang un
compositeur. C’est ainsi que pour ses six ans, il lui
offre un album de 126 pièces, de tous les genres,
et pour tous les instruments.
Dans le fond, dès son plus jeune âge, Mozart n’a
pas réellement été confronté à des problèmes
techniques, tant la musique était en quelque
sorte sa langue natale. Mais le véritable prodige,
c’est qu’il ait confié à la musique, si jeune, tous les
sentiments qui animaient son cœur et son esprit.
Il s’en amusait même, écrivant des sonates migaies, mi-tristes.
Un voyage de trois ans
(1763-1766)
À sept ans, son père lui enseigne le métier
de compositeur, avec toute la rigueur que
cela suppose. Il est déjà capable de composer
directement sur papier, sans passer par le support
d’un instrument. L’écriture du jeune Wolfgang,
telle qu’on peut la voir sur les manuscrits qui
existent encore, est étonnamment assurée si l’on
pense à son âge. Il s’en dégage une sûreté et une
énergie rares.
Ce sera le cas toute sa vie. Contrairement à
Beethoven, dont on peut suivre le cheminement
laborieux grâce aux cahiers d’esquisses, aux
ratures (aux « repentirs », comme on dirait en
peinture), le cheminement que suit Mozart avant
la réalisation finale est tout intérieur. L’écriture
sur le papier, le plus souvent sans rature, est
l’aboutissement de ce cheminement. Sa mémoire
prodigieuse lui permet cette technique très
particulière. C’est pourquoi le moindre fragment
écrit de sa main a de la valeur (même si, bien
sûr, il faut quelqu'un de grand talent pour
« boucher les trous »). En revanche, personne
ne peut imaginer ce qu’aurait donné la Dixième
Symphonie de Beethoven, alors que nous en
possédons des esquisses.
Lors de ses très nombreux voyages (au total,
11
Mozart a passé dix ans, deux mois et huit jours
en voyage), qui sont extrêmement longs (on
estime que ses seuls trajets en diligence ou
en carrosse représentent quatre années de sa
courte vie !), il emporte un clavier muet, pour
pouvoir s’entraîner, et plus tard, il installera des
planches lui servant d’écritoire et d’encriers, pour
pouvoir mener à bien
les commandes diverses
qui lui avaient été faites.
Il compose ainsi à la
manière d’un écrivain :
directement de la tête au
papier.
Lors de leur premier
voyage à Paris, quand
la famille Mozart arrive
en novembre 1763, le
baron Christian Friedrich
Melchior von Grimm,
le puissant ami des
Encyclopédistes, connu de toute l’Europe pour
sa Correspondance littéraire, philosophique et
critique, secrétaire du duc d’Orléans (cousin
du roi Louis XV) écrit sur les enfants Mozart un
article retentissant, qui va leur ouvrir les portes
de l’aristocratie française, et leur permettre d’être
reçus à Versailles, par Louis XV et sa famille. Cet
12
article, qui lui assure une renommée universelle,
est un témoignage exceptionnel de ce dont est
capable le jeune Wolfgang, y compris comme
compositeur, alors qu’il n’a pas encore huit ans. Il
vaut la peine d’être cité en entier :
« Le 1er décembre 1763. Les vrais prodiges sont
assez rares pour qu’on n’oublie pas de les signaler
lorsqu’on a l’occasion d’en
voir un. Un maître de
chapelle de Salzbourg,
nommé Mozart, vient
d’arriver ici avec deux
enfants de la plus jolie
figure du monde. Sa fille
âgée de onze ans, touche
le clavecin de la manière
la plus brillante ; elle
exécute les plus grandes
pièces et les plus difficiles
avec une précision à
étonner. Son frère, qui
aura sept ans [en réalité, huit ans, mais Grimm
reprend les arguments publicitaires de Leopold,
qui rajeunit volontairement d’une année son
fils – le père de Beethoven fera de même vingt
ans plus tard] au mois de janvier prochain, est un
phénomène si extraordinaire qu’on a de la peine à
croire ce qu’on voit de ses yeux et ce qu’on entend
de ses oreilles. C’est peu pour cet enfant d’exécuter
avec la plus grande précision les morceaux les
plus difficiles avec des mains qui peuvent à peine
atteindre la sixte ; ce qui est incroyable, c’est de le
voir jouer de tête pendant une heure de suite, et
là s’abandonner à l’inspiration de son génie et à
une foule d’idées ravissantes qu’il sait encore faire
succéder les unes aux autres avec goût et sans
confusion. Le maître de chapelle le plus consommé
ne saurait être plus profond que lui dans la science
de l’harmonie et des modulations, qu’il sait
conduire par les routes les moins connues mais
toujours exactes. Il a un si grand usage du clavier
qu’on le lui dérobe par une serviette qu’on étend
dessus, et il joue sur la serviette avec la même
vitesse et la même précision. C’est peu pour lui
de déchiffrer tout ce qu’on lui présente : il écrit et
compose avec une facilité merveilleuse, sans avoir
besoin d’approcher du clavecin et de chercher ses
accords. Je lui ai écrit de ma main un menuet et l’ai
prié de me mettre la basse dessous ; l’enfant a pris
la plume, et sans approcher du clavecin, il a mis la
basse à mon menuet. Vous jugez bien qu’il ne lui
coûte rien de transposer et de jouer l’air qu’on lui
présente, dans le temps qu’on exige ; mais voici
ce que j’ai encore vu, et qui n’en est pas moins
incompréhensible. Une femme lui demande
l’autre jour s’il accompagnerait bien d’oreilles,
sans la voir, une cavatine italienne qu’elle savait
par cœur ; elle se mit à chanter. L’enfant essaya
une basse qui n’était pas absolument exacte,
parce qu’il est impossible de préparer d’avance
l’accompagnement d’un chant qu’on ne connaît
pas ; mais l’air fini, il pria la dame de recommencer,
et à cette reprise, il joua non seulement de la main
droite le chant de l’air, mais il mit, de l’autre, la
basse sans embarras. Après quoi, il pria dix fois
de suite de recommencer, et à chaque reprise, il
changea le caractère de son accompagnement ;
il l’aurait fait répéter vingt fois si on ne l’avait fait
cesser. Je ne désespère pas que cet enfant ne
me fasse tourner la tête, si je l’entends encore
souvent ; il me fait concevoir qu’il est difficile de
se garantir de la folie en voyant des prodiges. Je
ne suis plus étonné que saint Paul ait eu la tête
perdue après son étrange vision. Les enfants de
M. Mozart ont excité l’admiration de tous ceux
qui les ont vus. L’Empereur et l’Impératrice les ont
comblés de bonté ; ils ont reçu le même accueil à
la Cour de Munich et à la Cour de Mannheim. C’est
dommage qu’on se connaisse si peu en musique
en ce pays-ci. Le père se propose de passer d’ici en
Angleterre et de ramener ensuite ses enfants par
la partie inférieure de l’Allemagne. »
À huit ans, il peut écrire des œuvres pour plusieurs
instruments, des airs à trois ou quatre voix…
13
Son père lui offre un cahier de musique, que le
jeune garçon va rapidement garnir de vingt-cinq
petites pièces pour clavecin de sa composition.
L’opéra, en germe depuis toujours, prend corps,
si l’on en juge par cette phrase de Leopold, le
28 mai 1764 : « Il a toujours maintenant un opéra
en tête. »
C’est à cette époque qu’il rencontre, à Londres,
Jean-Chrétien Bach, un des fils de Jean-Sébastien.
On raconte comment le maître trentenaire
propose au jeune garçon de huit ans un jeu :
le prenant sur ces genoux, devant le clavecin,
ils doivent jouer ensemble une sonate, chacun
jouant quelques mesures, en alternance. Au-delà
du caractère attendrissant de la scène, c’est pour
le tout jeune compositeur qui ne connaît alors
guère que la musique du Nord, de découvrir
celle de l’Italie, que Jean-Chrétien Bach connait
particulièrement bien. Quelle belle manière,
instinctive, presque viscérale, de se former à
une musique nouvelle ! C’est ainsi que Mozart
découvre l’art du Bel Canto et l’aria italienne,
auquel il s’essaie aussitôt, premier essai qui sera
suivi de tant d’autres.
Le « Bach de Londres » lui fait également
découvrir Georg Friedrich Haendel, et ce qui
devait être une véritable révélation pour ce jeune
compositeur dont toute l’œuvre ultérieure en sera
14
imprégnée, qu’elle soit de théâtre ou purement
instrumentale : l’opéra italien.
À la fin de son séjour en Angleterre, à l’été 1765,
il fait la rencontre du magistrat Daines Barrington,
qui en fait un récit détaillé (qui sera par la suite
publié par la Royal Society). On y apprend
comment le jeune garçon de neuf ans, alors qu’on
lui demande d’improviser « un chant d’amour
comme Manzuoli aurait aimé en avoir dans un
opéra », l’enfant se met à chantonner avec des trala-la, joue un prélude au clavecin, et finalement
c’est un véritable air d’opéra sur le mot affetto
(amour). Puis on lui demande la même chose
sur un air de fureur ; il commence de même,
mais sur le mot perfido (perfide), et « parvenu à la
moitié de l’air, s’excit[e] tellement qu’il frapp[e] le
clavier comme un possédé, et de temps en temps
se soul[ève] de sa chaise ». Barrington relate
également ce qu’on lui a rapporté : « Un jour où
le célèbre J.‑C. Bach avait commencé une fugue
et s’était brutalement interrompu, le petit Mozart
l’avait reprise immédiatement et menée à sa
conclusion d’une façon absolument magistrale. »
Fin 1765, en Hollande, Wolfgang tombe
gravement malade. Il passe une semaine dans le
coma, et l’on craint pour sa vie. Dès qu’il s’en sent
la force, il se met à composer ; en quelques mois,
bien des œuvres verront le jour. Il a à peine dix
ans, mais ne peut déjà pas se passer de la création
musicale. Ce constat est pour nous l’occasion de
rendre hommage à Leopold, si souvent accusé
d’avoir exploité les talents de son fils, au point
d’avoir mis sa santé en danger. Certes, le petit
Wolfgang ne fut pas ménagé. Mais si le père avait
été uniquement intéressé par ce que pouvait lui
rapporter le fils, il aurait exploité à fond ses talents
d’interprète (au clavier et au violon). Leopold eut
au contraire la lucidité d’encourager le jeune
génie créateur dans la voie de la composition. Un
quart de millénaire plus tard, nous pouvons lui en
être reconnaissants.
15
L’opéra et l’Italie
(1767-1773)
À onze ans, Wolfgang a déjà beaucoup voyagé,
rencontré les musiciens parmi les plus grands de
l’époque, entendu et étudié les styles musicaux de
presque toute l’Europe. À son âge, Haydn, Beethoven
ou Schubert étaient des petits garçons qui ne
connaissaient rien d’autre que leur environnement
immédiat. Mozart possède déjà un savoir-faire et
une expérience absolument exceptionnels pour cet
âge.
En 1768, dans l’idée que c’est le seul moyen de
conquérir le public de Vienne, Leopold incite
Wolfgang à écrire un opéra, qu’il dirigera lui-même ;
un vrai opéra, pas un petit, « mais bien une œuvre
qui durera deux heures et demie à trois heures
d’affilée ». C’est ainsi que Mozart écrit cette partition
de plus de cinq cents pages : La Finta Semplice (La
fausse naïve), opéra en trois actes, avec vingt-cinq
numéros. La petite histoire retiendra que les calculs
de Leopold seront malheureusement contrariés, car
l’opéra ne pourra être représenté à Vienne, et qu’il lui
faudra attendre l’année suivante, à Salzbourg. Mais
la grande histoire retiendra qu’à douze ans, Mozart a
déjà la maturité musicale et humaine (même si, bien
entendu, on est encore très loin de la perspicacité
psychologique des grands ouvrages de la maturité)
pour écrire un véritable opéra.
16
Le 11 avril 1770 a lieu la très célèbre performance
de mémoire de Mozart avec le Miserere d’Allegri.
Il assiste à l’exécution de cette œuvre à la
chapelle Sixtine. C’est le seul endroit où l’on
peut l’entendre, le pape Urbain VIII et ses
successeurs s’en étant assuré l’exclusivité. Il n’est
joué que deux fois par an, pendant la Semaine
sainte, à la fin de l’Office des Ténèbres, dans
une mise en scène impressionnante : on éteint
progressivement les cierges ; le Pape et les
cardinaux, agenouillés, écoutent les chantres
de la chapelle, majoritairement des castrats, qui
montent jusqu'à des hauteurs alors inconnues.
Les musiciens ont l’interdiction, sous peine
d’excommunication, d’en emporter des copies, et
les spectateurs qui seraient surpris à le prendre
en notes sont aussitôt exclus. La partition est donc
secrète depuis sa création en 1638. De retour
chez lui, après l’avoir entendu une seule fois,
Mozart retranscrit de mémoire les neuf voix de
ce chef-d'œuvre aussi mythique que mystique.
Après une seconde audition pour faire quelques
modifications, il a la partition complète, sans
aucune faute !
Le 9 octobre 1770, Wolfgang passe avec succès
une épreuve à huis clos : mettre à quatre voix
une antienne donnée. Il réussit, en moins d’une
heure, ce que beaucoup ne parviennent pas à
boucler en trois heures. C’est ainsi qu’il est, à
quatorze ans, reçu à l’unanimité membre de
l’Accademia filarmonica de Bologne.
De cette époque datent plusieurs opéras, pour
lesquels Mozart dispose de peu de temps, doit
attendre, pour écrire leurs airs, les chanteurs qui
n’arrivent qu’à la dernière minute, est contraint
de s’adapter aux changements dans les livrets…
Après en avoir écrit un premier en mars 1770,
Mozart se remet au quatuor à cordes, « pour
passer le temps » d’après son père. En réalité, il
est amoureux. Mais il est en Italie, triste d’être
séparé de celle après laquelle il soupire, restée
à Salzbourg. Il a seize ans. Le quatuor à cordes
n’est pas encore le Saint-Graal de toutes les
compostions musicales qu’il deviendra par la
suite, le Saint du Saint que maints compositeurs
n’aborderont qu’avec crainte et respect. Mais déjà
Mozart en fait son confident. En quelques mois,
entre fin 1772 et début 1773, il va en écrire six.
C’est l’un des rares exemples d’œuvres de Mozart
qui ne soient pas des commandes.
Au service de Colloredo
(1773-1781)
À seize ans, en dix mois, il écrit huit symphonies
(Nos 14 à 21).
L’année suivante, également à Salzbourg, il en
écrit cinq (Nos 22 à 27) en deux mois.
Les rapports avec son nouveau patron, le princearchevêque Hieronymus von Colloredo, ne sont
pas bons. Ce n’est pas le lieu de les étudier ici.
Mais Mozart a de plus en plus conscience de ce
que sa situation d’être au service d’un maître lui
coûte sa liberté créatrice. Il l’exprime dans cette
lettre à son père, datée du 10 octobre 1777 : « Si
je n’ai à cette époque trouvé aucun Service, eh
bien ! j’aurai encore la ressource d’aller en Italie…
Et je suis plus heureux lorsque j’ai à composer.
C’est mon unique joie et ma Passion. [ … ] Que je
puisse seulement entendre parler d’un opéra, que
je puisse être au théâtre et entendre chanter…
oh ! déjà ainsi, je suis tout hors de moi ! » On
remarque qu’il met l’accent sur l’opéra.
En septembre 1777, il entreprend son premier
voyage sans son père, que Colloredo a refusé
de libérer. Il part donc avec sa mère, d'abord en
Allemagne. Le 8 novembre 1777, il tombe sous
le charme d’une jeune fille, et lui écrit aussitôt
l’ariette Oiseaux, si tous les ans…, en français.
Le même jour, il écrit une lettre à son père,
17
avec ce passage absolument capital pour la
compréhension des buts artistiques de Mozart :
« Je ne puis écrire un poème : je ne suis pas
poète. Je ne puis disposer mes phrases d’une
façon tellement artiste qu’elles diffusent tour
à tour de l’ombre ou de la lumière. De la même
manière, je ne puis exprimer par des gestes et des
pantomimes, mes pensées
et mes sentiments : je ne
suis pas danseur. Mais je
le puis par les sons : je suis
musicien. » Quelques jours
plus tard, il rencontre Rose,
une toute jeune fille, qu’il
décrit ainsi : « [Elle] est une
très belle et très gentille
jeune fille. Elle est très
mûre et très posée pour
son âge, elle est sérieuse,
ne parle pas beaucoup, et
quand elle parle… c’est
toujours avec beaucoup de grâce et de gentillesse. »
Il compose aussitôt, pour elle, une sonate pour
piano, en précisant : « Je veux l’écrire tout à fait
d’après le caractère de Mlle Rose. » On voit, à travers
tous ces exemples, comme Mozart nourrit son art
de ce qu’il ressent des gens qu’il rencontre.
Début 1778, ils sont en France. Dès son arrivée,
18
il écrit à son père une lettre qui nous montre,
une fois encore, à quel point il se sent avant tout
compositeur. Il évoque l’enseignement : « Je
laisse cela aux gens qui ne savent rien d’autre que
jouer du piano. Je suis un compositeur, né pour
être Kapellmeister ; je ne dois ni ne puis enterrer
ainsi le talent de compositeur que Dieu m’a donné
dans sa bienveillance (je
le dis sans présomption,
car j’en suis plus que
jamais conscient) ; c’est
pourtant ce qui arriverait
si j’avais de nombreux
élèves. C’est un métier qui
me dérange beaucoup ; et
je préfèrerais (manière de
parler) négliger le piano
que la composition ;
car le piano n’est qu’un
accessoire pour moi – un
accessoire d’ailleurs très
important, Dieu merci ! » Quelques mois plus
tard, dans une autre lettre à son père, il parle à
nouveau de l’enseignement : « Donner des leçons
ici n’est pas une plaisanterie. Vous n’oseriez croire
que ce soit par paresse. Non, mais parce que
c’est contraire à mon génie, contraire à ma façon
de vivre. Vous savez que je suis pour ainsi dire
enfoncé dans la musique, que j’en suis entouré
tout le jour, que j’y pense, que je l’étudie, que
j’aime à y réfléchir. » On voit bien qu’il fait passer
la composition avant tout ; quand il a en tête
quelque chose qui le passionne, il reporte ses
leçons, ce qui lui fait perdre bien des élèves.
La mère de Mozart tombe gravement malade
pendant leur séjour parisien. Leur moral est au
plus bas. Pour se libérer de cette mélancolie,
Mozart compose deux sonates, qui ne sont donc
pas le fruit d’une commande : la K. 304, pour
violon et piano, en mi mineur (c’est la seule en
mineur des 34 sonates pour piano et violon
écrites et achevées à coup sûr par Mozart), et la
K. 310, pour piano, en la mineur (avec la K. 457,
c’est la seule en mineur des 18 sonates pour
piano de Mozart). On y trouve une violence
tragique, une douleur contenue.
Pendant presque un an, jusqu’en août 1779,
Mozart n’écrit quasiment rien. Il n’est pas heureux
à Salzbourg. La brouille avec son patron n’est pas
loin…
C’est alors qu’il reçoit la commande d’un opéra :
Idomeneo, Re di Creta. Il revit. Il se lance corps
et âme dans le travail. Il est à Munich, dans un
climat amical, propice. Il est malade au point
de ne plus manger, mais cela ne le freine pas
dans son ardeur créatrice. Guéri, et alors qu’il
est habituellement si curieux de spectacles, il
finit par renoncer à sortir « parce que c’est le
soir qu’[il] compose le mieux ». Il est dans des
circonstances, si importantes pour lui (« Ce qu’il
me faut en ce moment, c’est un état d’âme que
rien n’assombrisse », « la tête libre et de la joie
au travail – et cela est impossible lorsqu’on est
triste »), favorables.
Un chanteur lui demande de faire une
modification dans un quatuor vocal (troisième
acte, N° 21). Voici la réaction de Mozart (qui par
ailleurs est tout à fait capable de concessions
dans des airs), telle qu’il la relate dans une lettre à
son père : « Très cher ami… si je savais une seule
note qui doive être changée dans ce quartetto,
je la changerais immédiatement. Mais – il ne se
trouve pas un autre morceau de cet opéra qui me
donne autant de satisfactions que ce quatuor.
Écoutez-le seulement d’ensemble, et sûrement
vous changerez d’avis. Je me suis donné toutes les
peines du monde pour vous satisfaire dans deux
airs. J’en ferai autant pour le troisième. Et j’espère
le mettre d'aplomb. Mais, en ce qui concerne
les trios et les quatuors, il faut laisser faire au
compositeur sa libre volonté. »
À vingt-cinq ans, il est tout à fait sûr de lui.
Un mois avant la première, il écrit à son père ces
phrases capitales pour comprendre sa façon de
19
travailler, et qui va spécialement nous intéresser
à propos de ses œuvres laissées à l’état de
fragments : « Il faut à présent que je termine,
car j’ai par-dessus la tête à écrire. Tout est déjà
composé – mais pas encore écrit. »
Son poste à Salzbourg lui commandait d’écrire
toutes sortes de musiques. Religieuse, bien sûr,
pour la chapelle, mais aussi pour les fêtes, les
bals, les réceptions, et même les repas. Il n’était
finalement qu’un domestique parmi d’autres, et,
vêtu de la même livrée qu’eux, partageait leur
quotidien.
Le 9 mai 1781, c’est la rupture entre Mozart et
Colloredo. Pour la première fois dans l’histoire
de la musique, huit ans avant la Révolution
française, un compositeur choisit l’indépendance
et la liberté.
20
Vienne, la difficile liberté
(1781-1787)
Il est aussitôt plongé dans la composition de
L’Enlèvement au sérail. Voilà qui l’excite au
plus haut point : il a enfin, si l’on excepte le
court Bastien et Bastienne de son enfance, la
commande d’un opéra allemand ; c’est son rêve
depuis si longtemps ! Et puis, écrire un opéra
est décidément son oxygène : « J’ai tant de joie à
mettre ce livret en musique que j’ai déjà le premier
air de la Cavalieri, ainsi que celui d’Adamberger et
le trio qui conclut le premier acte sont déjà achevés
[Il les a écrits et terminés en un jour et demi !]. Le
délai est court, il est vrai : dès la mi-septembre,
il faut qu’ait lieu la représentation. Mais les
circonstances qui se rencontreront à l’époque où
l’œuvre sera représentée, et surtout – toutes les
autres perspectives – surexcitent tellement mon
esprit, que c’est avec la plus grande ardeur que je
cours à ma table à écrire, avec la plus grande joie
que j’y reste assis. » (lettre du 1er août 1781). En
trois semaines, tout le premier acte est composé.
La suite sera beaucoup plus laborieuse.
C’est à l’issue de la première représentation
de cet opéra que l’empereur Joseph II, pas très
enthousiaste, eut ces mots célèbres : « Mon cher
Mozart, tout cela est trop beau pour nos oreilles !
Il y a beaucoup trop de notes ! » Ce à quoi Mozart
répondit, du haut de ses vingt-six ans, conscient
de la valeur de cette œuvre : « Sire, autant de notes
qu’il est nécessaire. » Mozart savait également
qu’il venait d’ouvrir la voie de l’opéra allemand.
D’autres chefs-d’œuvre allaient suivre : La Flûte
enchantée, mais aussi les œuvres de Carla Maria
von Weber, Richard Wagner, Richard Strauss…
Au printemps 1782, Mozart découvre Bach et
redécouvre Haendel avec joie et excitation.
Joseph Weigl nous a donné ce témoignage qui
nous montre l’enthousiasme de Mozart (même si
sa conclusion peut nous surprendre.) : « Mozart
accompagnait ; Swieten, Starzer et moi, nous
chantions. J’appris alors comment on doit jouer
des partitions. Qui n’a pas entendu Mozart jouer
une partition de Haendel à 16 voix et plus, chanter
lui-même et, en même temps, venir au secours
de ceux qui faisaient des fautes, ne connaît pas
Mozart, car il est encore plus admirable en cela
que dans ses compositions. »
Il n’est pas rare que Mozart prenne prétexte
des faits les plus anodins de la vie quotidienne
pour composer. En 1783, alors que Wolfgang et
Constance, tout juste mariés, sont sur le point de
quitter leur maison en compagnie d’un ami, la
jeune épouse Constance ne trouve pas un ruban
dont elle n’imagine pas se passer. Leur ami finit
par trouver le précieux ruban. Tous s’amusent de
la scène. Mozart en tire un amusant trio vocal,
Das Bandel (« Le ruban », K. 441). Les sujets
sont parfois moins naïfs… On connaît le côté
scatologique de Mozart, qui s’exprime en maintes
occasions dans ses lettres, mais aussi dans sa
musique, par exemple dans un certain nombre
de truculents canons.
En novembre 1783, il doit donner un concert au
théâtre de Linz. Mais comme il n’a emporté avec
lui aucune symphonie, le voilà qui se plonge
tout entier dans la composition d’une nouvelle
symphonie, qu’il a quatre jours pour mener à
bien. Cette circonstance nous vaut la Symphonie
N° 36, en ut majeur, surnommée précisément
« Linz », et effectivement écrite en quatre jours !
Cette facilité n’est cependant pas la règle. À la
même époque, entre fin 1782 et début 1785,
Mozart écrivit les « six Quatuors dédiés à Haydn ».
Il avait des idées très précises sur leur architecture
générale. Comme il l’indique dans sa dédicace,
ces quatuors sont le « fruit d’un long et laborieux
travail ». Et ses ébauches (ainsi que, par exemple,
celles du Concerto pour piano N° 25) le montrent.
La puissance de concentration de Mozart quand
il compose en est d’autant plus étonnante, si l’on
songe qu’il met un point final au deuxième de ces
quatuors, celui en ré mineur K. 421, la nuit-même
où naît le premier de ses fils !
21
En avril 1784, Mozart a l’opportunité de faire
un concert avec la jeune et virtuose violoniste
Regina Strinasacchi. Il compose une sonate (en
si bémol majeur, K. 454) en quelques jours. Mais il
n’a pas le temps de tout écrire sur le papier. Seule la
partie de violon est écrite ; Mozart jouera la partie de
piano entièrement de mémoire ! Il existe d’autres
exemples
(notamment
dans
les
fragments
pour piano et violon de
cet enregistrement) de
partitions partiellement
écrites. Mozart avait tout
en tête, et pouvait se
passer de l’avoir sous les
yeux.
Il est capable de concevoir
de la musique tout en
jouant au tarot, aux
fléchettes, au billard, aux
boules, ou aux quilles,
ainsi que le prouve le fameux trio « des Quilles »,
écrit en août 1786 pour une formation alors
insolite (clavier, clarinette et alto), ainsi nommé
parce que Mozart l’aurait composé tout en
s’adonnant à cette activité bien peu musicale ! Il
est même capable de penser à une œuvre future
tout en couchant par écrit celle du moment.
22
Selon le réputé neuropsychologue Bernard
Lechevalier, auteur du livre Le cerveau de Mozart
(et par ailleurs organiste titulaire de l'église SaintPierre de Caen), « Il était doté d’une mémoire de
travail extraordinaire. Elle permettait à son cerveau,
comme un ordinateur, d’encoder les informations,
de les stocker pendant quelques heures, puis de
les restituer fidèlement. »
Cette mémoire prodigieuse
lui fut d’un secours
précieux. Il est capable
d’écrire d’une traite, sans
aucun autre support que
sa plume et son papier, des
actes entiers d’opéras, ou
un morceau aussi complexe
que l’Ouverture de Don
Giovanni.
Mais cela ne veut pas dire
que tout était facile pour
Mozart. On l’a déjà dit au
moment d’évoquer les Quatuors dédiés à Haydn.
Mozart cherche de plus en plus la profondeur,
et doit aller puiser au plus profond de lui les
idées musicales qu’il estime dignes d’exprimer
son sentiment. Après les premières répétitions
de Don Giovanni, Mozart a un échange avec le
Kapellmeister de l’orchestre. Mozart est un peu
inquiet : « Que pensez-vous de la musique de Don
Giovanni ? Plaira-t-elle autant que Figaro ? C’est
d’un autre genre ! » Kucharz le rassure : « Comment
pouvez-vous en douter ? La musique est belle,
originale, profondément pensée. Ce qui vient de
Mozart plaira certainement aux Bohémiens ! [ils
sont à Prague] ». Mozart fait alors une confidence
que nous de devons jamais oublier : « Votre
assurance me tranquillise, elle est d’un connaisseur.
Mais je n’ai épargné ni peine ni travail afin de
faire quelque chose d’excellent pour Prague. On
se trompe en général quand on dit que mon art
m’a été facile à acquérir. Je vous assure, mon cher
ami, que personne n’a eu autant de mal que moi
à étudier la composition. Il ne serait pas facile
de trouver un maître célèbre en musique que je
n’aie étudié avec application, et souvent étudié à
plusieurs reprises, d’un bout à l’autre. »
La fin tragique
(1788-1791)
Malgré le succès de Don Giovanni à Prague, la vie
à Vienne est maintenant bien difficile. Après un
début d’année assez calme, l’été 1788 voit une
moisson de chefs-d’œuvre impressionnante : trois
trios pour piano, violon et violoncelle (K. 542,
548 et 564), deux sonates pour piano (K. 545 et
547), le divertimento pour trio à cordes K. 563,
et l’exceptionnelle trilogie des trois dernières
symphonies (K. 543, 550 et 551). Puis, sans doute
découragé par sa situation, il n’écrit presque plus
rien jusqu'au printemps 1789, où il quitte Vienne.
C’est alors, à Leipzig, que Mozart donne un
concert où il dirige et joue avec orchestre.
Voici à ce sujet un témoignage de Rochlitz, très
intéressant quant aux facultés du compositeur,
et qui donne une des raisons de ses partitions
incomplètes : « Pour empêcher qu’on ne lui
volât, comme d’habitude, son travail, il joua avec
une partie de piano qui ne comportait qu’une
basse chiffrée, et sur laquelle seules les idées
principales étaient notées, et les figures et les
passages sommairement indiqués. Tant il pouvait
se fier à sa mémoire et aussi s’abandonner à son
inspiration. » Puis le public demande à l’entendre
seul. Mozart le fait volontiers, et, toujours selon
Rochlitz, « commença simplement, librement
23
et solennellement en ut mineur, s’abandonna
ensuite peu à peu à l’envol de son improvisation,
et termina par les variations en mi bémol majeur,
qui ont été publiées plus tard. »
Début 1790, il déprime sérieusement. Pendant
trois mois, il n’écrit rien. Il n’avait pas connu
d’épisode aussi stérile depuis dix ans, quand il
était encore à Salzbourg,
juste avant la commande
d’Idomeneo, Re di Creta.
Il vit dans la misère, et
c’est le cercle vicieux : trop
pauvre pour se soigner,
il n’a pas la force d’écrire,
ne gagne presque aucun
argent…
Un an avant sa mort,
Mozart est tellement
pauvre qu’il a régulièrement recours à des
usuriers, qu’il met en
gage tout ce qu’il possède de quelque valeur,
qu’il envoie des lettres désespérées à ses frères en
maçonnerie pour leur emprunter de l’argent, et
qu’il accepte absolument toutes les commandes
qui se présentent à lui. La plupart de ses pièces
pour instruments mécaniques (orgues, horloges,
boîtes) et pour harmonica de verre datent de cette
24
époque. Comme Kapellmeister de la Chambre
impériale, poste qui lui rapporte très peu, il doit
écrire d’innombrables danses (menuets, contredanses, allemandes). Ce n’est pas toujours ce
travail-là qui l’enthousiasme le plus.
Et puis arrive la miraculeuse, à tous points de
vue, Flûte enchantée… Il n’est pas possible, dans
le cadre de ce texte, d’en
dire assez pour ceux qui
n’en savent pas grandchose. Et en parler trop
peu frustrera ceux qui en
savent déjà un peu. Mais
en quelques mots : il y a
tout Mozart dans La Flûte
enchantée.
En août 1791, donc
quelques mois avant
sa mort, il reçoit la
commande d’un opéra
pour le Théâtre National
de Prague. Le délai est extrêmement court, il y
a des contraintes compliquées. Mozart travaille
d’arrache-pied (on raconte qu’il a fait les trois
jours de trajet entre Vienne et Prague la plume
à la main), et en dix-huit jours, il est capable de
livrer La Clémence de Titus ! Voici ce que raconte
Nissen : « Sa femme faisait souvent venir, sans
l’en avertir, des personnes qu’il aimait. Elles
devaient faire semblant de le surprendre, quand
il était trop profondément plongé dans son travail
incessant. Il se montrait content, certes, mais
continuait à travailler. Elles bavardaient beaucoup.
Il n’entendait rien. Si on lui adressait la parole, il
ne se fâchait pas, mais répondait quelques mots,
et se remettait à écrire. »
Début octobre, en moins d’une dizaine de jours,
alors qu’il est épuisé, il écrit un autre de ses plus
grands chefs-d’œuvre : le lumineux Concerto pour
clarinette.
Et enfin, bien sûr, il y a l’épisode tellement connu
du Requiem. Mozart met toutes les forces qui lui
restent dans ce Requiem, qui lui a été commandé
dans des circonstances étranges, et un peu
inquiétantes, par un inconnu tout de noir vêtu.
Dans une lettre écrite trois mois avant sa mort,
il écrit : « J’ai la tête dérangée, je suis à bout de
forces, et je ne peux m’ôter des yeux l’image de
cet inconnu. Je le vois sans cesse, il me prie, me
sollicite et me demande impatiemment mon
travail. Je continue, parce que composer me
fatigue moins que de me reposer. »
Certains biographes n’ont pas hésité à dire que
Mozart s’était littéralement tué de travail, mettant
sa mort précoce sur le compte d’une mauvaise
santé dont la première cause serait ses longs
et nombreux voyages de jeunesse, pendant
lesquels il a plusieurs fois été malade, et dont
l’autre cause serait l’hygiène de vie, notamment
sur le plan de l’alimentation, que Mozart adulte
aurait négligé, tant il était préoccupé par son
travail, qu’il lui fallait fournir en quantité pour
simplement survivre. Le fait est que, par exemple,
encore quatre heures avant sa mort, il travaillait à
son Requiem.
Le Dr Joseph Frank, qui a pris des cours avec
Mozart vers 1790, donne ce témoignage : « Il avait
dû être un bel enfant, mais, à partir de sa sixième
année, il avait été astreint à une vie sédentaire.
Il commença à composer vers cette époque. Et
combien cet homme n’a-t-il pas écrit, surtout dans
ses dernières années ! Comme Mozart, on le sait,
jouait et composait de préférence pendant la nuit,
et que le travail était souvent urgent, on peut
se représenter combien dut souffrir un corps à
l’organisme aussi délicat. Sa mort prématurée doit
être attribuée surtout à cette cause. »
25
Conclusion
En guise de conclusion, nous laisserons la parole
à Mozart lui-même, avec ces propos, rapportés
par Rochlitz : « Quelle est au juste ma façon de
composer, quand il s’agit d’un travail important
et sérieux ? – J’ai beau chercher, je n’arrive pas à
trouver mieux que ceci : quand je suis en forme,
et en bon état physique, ainsi dans une voiture en
voyage ou en me promenant après un bon repas,
ou la nuit si je n’arrive pas à dormir, c’est alors que
les idées me viennent à torrents, le plus volontiers.
D’où ? Comment ? Je n’en sais rien ; je n’y peux
rien. Je garde celles qui me plaisent dans ma tête
et je me les fredonne – c’est ce que les autres m’affirment, en tout cas. Si je m’y attache, alors peu à
peu il m’apparaît comment m’y prendre pour faire
un ensemble cohérent avec ces fragments, suivant
les exigences contrapuntiques ou les timbres
des instruments, etc. Mon cerveau s’enflamme,
surtout si on ne dérange pas. Ça pousse, je le
développe de plus en plus, toujours plus clairement. L’œuvre est alors achevée dans mon crâne,
ou vraiment tout comme, même si c’est un long
morceau, et je peux embrasser le tout d’un seul
coup d’œil comme un tableau ou une statue. Dans
mon imagination, je n’entends pas l’œuvre dans
son écoulement, comme ça doit se succéder, mais
26
je tiens le tout d’un bloc, pour ainsi dire. Ça, c’est
un régal ! L’invention, l’élaboration, tout cela ne
se fait en moi que comme un rêve magnifique et
grandiose, mais j’en arrive à super-entendre ainsi
la totalité assemblée, c’est le meilleur moment.
Comment se fait-il que je ne l’oublie pas comme
un rêve ? C’est peut-être le plus grand bienfait
dont je doive remercier le Créateur. »
Les fragments pour piano et violon
Est-ce parce qu’il maîtrisait aussi bien le violon
que le piano ? Sans doute en partie. Toujours est-il
que la production de Mozart pour piano et violon
est remarquable à plus d’un titre.
Par sa générosité d'abord : la Sonate K. 526
est connue comme N° 42 ! Certes, cette
numérotation doit être revue, car il faut en
retrancher 6 d’authenticité plus que douteuse,
et 3 qui sont restées inachevées. Mais il faut
aussi ajouter 2 séries de variations, sans compter
4 mouvements isolés restés à l’état de fragments,
et l’ultime Sonatine K. 547.
Par sa progression ensuite : quel chemin parcouru
entre les toutes premières « Sonates pour clavecin
avec accompagnement de violon » d’un enfant de
six ans, divertissements de salon dans lesquelles
le violon est facultatif, et les chefs-d’œuvre des
dernières années, dont l’équilibre entre les deux
instruments serviront de modèle à Beethoven, à
Schumann ou à Brahms, et qui devront attendre
le XXe siècle pour que des compositeurs n’en
proposent des approches vraiment différentes.
Par sa qualité enfin : lorsque l’on évoque le génie
de Mozart, l’on pense plus spontanément aux
opéras, aux concertos pour piano, aux quatuors et
quintettes à cordes, aux œuvres pour clarinette…
Mais si Mozart n’avait écrit que les sonates pour
piano et violon K. 454, 481 et 526, nul doute que
cette formation serait retenue parmi le plus grand
Mozart. Quant aux autres, laissons-nous porter :
nous sommes tenus en haleine, pour notre plus
grand bien !
Tous les fragments pour piano et violon retrouvés
à la mort de Mozart et qui ont été estimés
suffisamment avancés pour les terminer l’ont
été par l’ami intime du compositeur, l’abbé
Maximilian Stadler.
Robert Levin a repris ce travail, considérant qu’il
était possible d’être davantage en cohérence avec
l’écriture de Mozart. Il a également complété ce
qui ne l’avait jamais été. Dans cet enregistrement
figure donc tout ce que Mozart a écrit pour
piano et violon sans le terminer, à l’exception
de deux groupes de deux pièces : l'Andante &
Fugue K. 402 (385e), qui ont été terminés par
Stadler mais dont le manuscrit est perdu et pour
lesquelles nous ne savons pas ce qui est de Mozart
et ce qui est de Stadler, et l'Andante & Allegretto
K. 404 (385d), qui pourraient constituer deux
mouvements isolés que Mozart avait l’intention
de laisser tels quels.
27
Fantaisie en ut mineur, K. 396 (385f)
Écrite à la fin de l’été 1782, Mozart n’a laissé que les 27 premières mesures [jusqu’à 2:47] de la partie de
piano, et les mesures 23 à 27 de la partie de violon. Estimant sans doute que le matériau violonistique
n’était pas suffisant, Stadler a proposé une version complète pour piano seul. Robert Levin, lui, a tenu
à respecter l’instrumentation spécifiée par Mozart, en écrivant les 22 premières mesures manquantes
de la partie de violon, et en complétant cette Fantaisie qui a désormais, dans cette version, 67 mesures.
Goethe possédait le manuscrit de cette Fantaisie. À l’occasion d’une visite de Mendelssohn, alors âgé de
douze ans, le vieux maître donna cette pièce à déchiffrer au jeune musicien, qui s’acquitta brillamment
de l’exercice.
Allegro en sol majeur, K. Anh. 47 (546a)
Ce premier mouvement de sonate daterait de 1789, ce qui en ferait la dernière œuvre pour piano
et violon de Mozart. Sur le manuscrit, seules les 31 premières mesures [jusqu’à 1:01] sont écrites,
et encore très partiellement. Pour vous en faire une idée précise, nous avons ajouté à la fin du CD
un enregistrement qui respecte scrupuleusement ce que Mozart a écrit. Peut-être aurez-vous d’autres
idées que Robert Levin pour « remplir les trous » ? Sa version est à ce jour la première à avoir complété
ce mouvement, qui fait dorénavant 148 mesures.
Allegro en si bémol majeur, K. 372
Il s’agit à nouveau d’un premier mouvement de sonate, daté de « Vienne, 24 mars 1781 ». Il pourrait
s’agir d’un mouvement destiné à l’origine à ouvrir la Sonate K. 378. Le manuscrit, qui avait pourtant des
indications pour l’édition, s’arrête étrangement au bout de 65 mesures [à 2:06]. La version de Robert
Levin, un peu plus courte que celle de Stadler, porte cet Allegro à 175 mesures.
Allegro en la majeur, K. Anh. 48 (480a/385E)
Le manuscrit utilisant le même papier que la Sonate K. 454, ce premier mouvement de sonate daterait
donc probablement du printemps 1784. Stadler a-t-il estimé que les 34 premières mesures [jusqu’à
1:05] de ce manuscrit ne suffisaient pas ? Robert Levin, lui, a su mener à bien la tâche, et dans sa
version ce mouvement comporte 158 mesures.
28
Allegro en la majeur, K. 50 (526a)
Probablement daté de 1787, et qui pourrait avoir été un premier essai de premier mouvement de
la Sonate K. 526 qui figure dans cet enregistrement, le matériau laissé par Mozart (les 15 premières
mesures [jusqu’à 0:25] de la seule partie de piano, celle de violon étant restée vierge) avait été jugé
insuffisant pour être complété lors de la parution par les éditions Henle de tous ces fragments.
Mais, en exclusivité pour le label Le Palais des Dégustateurs, quelques semaines avant l’enregistrement,
Robert Levin a finalement décidé de compléter ce mouvement. C’est donc pour vous un privilège
exceptionnel que de pouvoir entendre ces 146 mesures !
Sonate en ut majeur, K. 403 (358c)
Cette fois-ci, c’est le troisième mouvement de cette sonate, datée de 1784, qui n’a pas été achevé.
On peut même dire qu’il n’a été qu’esquissé, puisqu’il s’arrête à la vingtième mesure [à 0:28]. Mais
Stadler, qui avait les deux premiers mouvements complets, s’est tout de même donné la peine de
terminer cet Allegretto (dont Mozart a précisé qu’il devait s’enchaîner avec l’Andante précédent), ce
qui permettait d’éditer une sonate complète. Quant à Robert Levin, il l’a fait également, d’une manière
particulièrement astucieuse, reprenant dès la vingtième mesure le thème du premier mouvement !
Son travail porte ce finale à 169 mesures.
Cette sonate a été dédiée à Constance, avec cette mention : « Par moi W: A: Mozart pour ma très chère
Epouse. » Mais c’est un fait remarquable que Mozart n’achèvera absolument jamais aucune œuvre
écrite pour Constance, ou évoquant Constance…
Pierre Carrive
29
30
Biographical study of Mozart and his composition
God-given gifts? And hard labour!
Born for music (1756-1763)
A three-year journey (1763-1766)
Opera and Italy (1767-1773)
In the service of Colloredo (1773-1781)
Vienna, a difficult freedom (1781-1787)
The tragic end (1788-1791)
Conclusion
33
34
35
40
41
44
47
50
Fragments for piano and violin
51
Allegro in G major, K. Anh. 47 (546a)
Allegro in B flat major, K. 372
Fantasia in C minor, K. 396 (385f)
Sonata in C minor, K. 403 (358c)
Allegro in A major, K. Anh. 48 (480a/385E)
Allegro in A major, K. 50 (526a)
31
Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair
32
God-given gifts? And hard labour!
This recording is unique in many respects but
most importantly because it allows us to hear, for
the first time, works that Mozart left unfinished.
But to reveal their true worth they had to be
completed.
We will explore here to what extent this exercise is
possible with Mozart. Because although he was an
undisputed musical genius, perhaps the greatest
of all time, things did not simply fall from the sky
in a finished state. His abilities were obvious, as
was his capacity to adapt to circumstance, but
none of his music would have been created
without the enormous amount of work he must
have put in, together with an acute awareness of
what he was doing.
It is true that there is no such thing as bad Mozart.
But that does not mean every single note written
by Mozart could only have been dictated to him
by a God who saw him as the only one worthy
of His gifts. By studying his music as deeply
as possible, playing it with joy and talent, and
having it constantly in one’s heart, we may begin
to imagine, among other possibilities, what
Mozart might have written at the point when he
stopped. This is just what Robert Levin has done,
who knows Mozart, or rather who knows Mozart’s
music, better than anyone, and no doubt better
than many of the composer’s contemporaries.
Mozart himself recognised the collaborative
relationship between performer and composer,
saying it was necessary to "play every note with
the required expression and taste so as to give
the impression that the person playing and the
composer are one and the same."
33
Born for music
(1756-1763)
To better understand the extent to which the
young Wolfgang Amadeus Mozart fell into music
when he was little, it should be remembered
that being a musician at that time in Salzburg,
where the prince-archbishop set the example,
was very much the norm. For every individual,
regardless of their age or social status, daily life
was inseparable from music. Leopold, Mozart’s
father, was both valet and musician, something
not unusual if the advertisements of the time
are anything to go by: "Mansion household
seeks lackey and experienced violinist capable of
accompanying difficult sonatas."
We can imagine that Mozart’s early years were
marked by an atmosphere full of music and
sound. Church bells for example, but also multivoice choirs and organs, together with the vast
number of birds in a leafy town near the forests.
The young Wolfgang even had a canary, his very
first musical partner! We could say that Mozart
learnt music like birds learn to sing...
His older sister Nannerl showed an exceptional
aptitude for music so her father decided to teach
her the harpsichord. Wolfgang was two or three
years old at the time. There are famous accounts of
Mozart placing his ear against the harpsichord as
34
his older sister practised, or listening to his father
as he composed, and the young boy’s ability to
absorb and then later replicate all the music he
heard. He could even improvise on it! He spent
hours playing on the keyboard, laughing with
delight when he found chords that pleased him,
saying: "I’m looking for the notes that like each
other."
As a very young child, and up to the age of ten, he
composed tunes that he sang to his father while
standing on a chair, before kissing him numerous
times (finishing with the end of his nose) and
going to bed. He took an interest in children’s
games if they involved music, and enjoyed
accompanying the movements in marching
songs. As he got older, the most trivial incidents
of everyday life would inspire him to create
characters and situations that he put to music –
the very first signs of the brilliant opera composer
he would become.
At the age of five, he started to write small pieces,
some of which have survived. His father was quick
to support his son’s endeavours. In contrast to his
daughter, whom he considered to be primarily an
excellent harpsichordist – she in no way played
second fiddle to her brother – and for whom he
only wrote pieces to help her playing, Leopold
used his talents as a composer and teacher to give
Wolfgang a musical education that would turn
him into a composer. For his sixth birthday, he
gave him an album containing 126 pieces of all
genres and for all instruments.
In fact, from the earliest age, Mozart was never
really confronted with technical problems
because music was in some senses his native
tongue. The really astounding thing was the
ability in someone so young to imbue the music
with all the feelings in his heart and mind. He
even played with these emotions, writing sonatas
that were half-happy, half-sad.
A three-year journey
(1763-1766)
At the age of seven, his father taught him the art
of composition, with all the rigour inherent to the
art. He was already capable of composing directly
on paper, without having to use an instrument to
help him. The writing of the young Wolfgang, as
seen in surviving manuscripts, is astonishingly
assured given his age. It exhibits a rare confidence
and energy.
And this would be the case throughout his life.
Unlike Beethoven, whose laborious progress can
be followed in his sketchbooks and numerous
crossings out (or "pentimenti" as they are known
in painting), the development of Mozart’s ideas
prior to the final product was all interior. The
culmination of this creative process meant he
could compose directly on paper, usually without
any deletions. His prodigious memory allowed
him to employ this highly unusual technique. It is
for this reason that the tiniest fragment written in
his hand is of value (even if, of course, it requires
someone highly talented to "fill in the gaps"). In
contrast, no one can imagine what Beethoven’s
Tenth Symphony would have eventually been like,
even though some of the sketches for it survive.
Mozart travelled extensively (spending a total
of ten years, two months and eight days on
35
the road) and for extremely long periods (his
journeys by stagecoach alone are thought to
have represented four years of his short life!). He
would take a practice keyboard with him, and later
installed boards which served as writing desks
complete with inkwells, allowing him to complete
his various commissions. He therefore composed
like a writer, transferring
ideas directly from his
head onto paper.
When the Mozart family
made their first trip to
Paris in November 1763,
Baron Christian Friedrich
Melchior von Grimm, the
powerful friend of the
Encyclopédistes who was
known throughout Europe
for his Correspondance
littéraire, philosophique
et critique, and personal
secretary of the Duke of Orleans (King Louis
XV’s cousin), wrote an influential article on the
Mozart children which would open the doors of
the French aristocracy to them, culminating in
their reception at Versailles by Louis XV and his
family. The article, which made him universally
well-known, is an exceptional testimony to what
36
the young Wolfgang was capable of, including
as a composer, at the age of just eight. It is worth
quoting in its entirety:
"1 December 1763. True prodigies are sufficiently
rare to be worth speaking of, when you have
had occasion to see one. A Kapellmeister of
Salzburg, Mozart by name, has just arrived here
with two children who
cut the prettiest figure in
the world. His daughter,
eleven years of age, plays
the harpsichord in the
most brilliant manner;
she performs the longest
and most difficult pieces
with an astonishing
precision. Her brother,
who will be seven years
old next January [in fact,
he would have been eight
but Grimm repeated the
advertising claims of Leopold, who deliberately
made his son a year younger – Beethoven’s father
would do the same thing 20 years later], is such
an extraordinary phenomenon that one is hard
put to it to believe what one sees with one’s eyes
and hears with one’s ears. It means little for this
child to perform with the greatest precision the
most difficult pieces, with hands that can barely
stretch a sixth; but what is really incredible is to
see him improvise for an hour on end and in doing
so give rein to the inspiration of his genius and
to a mass of enchanting ideas, which moreover
he knows how to connect with taste and without
confusion. The most consummate Kapellmeister
could not be more profound than he in the science
of harmony and modulations, which he knows
how to conduct by the least expected but always
accurate paths. He has such great familiarity with
the keyboard that when it is hidden from him by
a cloth spread over it, he plays on this cloth with
the same speed and the same precision. To read at
sight whatever is submitted to him is child’s play;
he writes and composes with marvellous facility,
without having any need to go to the harpsichord
and to grope for his chords. I wrote him a minuet
with my own hand and asked him to put a bass to
it; the child took a pen and, without approaching
the harpsichord, fitted the bass to my minuet. You
may imagine that it costs him no trouble at all to
transpose and play the tune one gives him in any
key one may ask; but here is something more I
have seen, which is no less incomprehensible. A
woman asked him the other day whether he was
able to accompany by ear, and without looking
at it, an Italian cavatina she knew by heart; she
began to sing. The child tried a bass that was
not absolutely correct, because it is impossible
to prepare in advance the accompaniment to a
song one does not know; but when the tune was
finished, he asked her to begin again, and at this
repeat he not only played the whole melody of the
song with the right hand, but with the other added
the bass without hesitation. Whereafter, he asked
[her] ten times to begin again, and at each repeat
he changed the style of his accompaniment; and
he could have repeated this twenty times, if he
had not been stopped. I cannot be sure that this
child will not turn my head if I go on hearing him
often; he makes me realise that it is difficult to
guard against madness on seeing prodigies. I am
no longer surprised that Saint Paul should have
lost his head after his strange vision. Monsieur
Mozart’s children have excited the admiration of
all who have seen them. The Emperor and Empress
have overwhelmed them with kindness; and they
have already met with the same reception at the
Court of Munich and the Court of Mannheim. It is
a pity that people are so ignorant of music in this
country. The father proposes to go on from here to
England, and afterwards to take his children back
through lower Germany."
At the age of eight, he could write works for several
instruments, and tunes for three or four voices.
37
His father gave him a book of manuscript paper
that the young boy would rapidly fill with 25 of
his own little pieces for harpsichord. Opera had
always fascinated him and was already starting
to take form, if this sentence from Leopold on 28
May 1764 is anything to go by: "He always has an
opera in his head these days."
It was around this time that he met Johann
Christian Bach in London, one of Johann
Sebastian’s sons. The 30-year-old music master
suggested a game to the eight-year-old boy:
sitting him on his knee in front of the harpsichord,
they had to play a sonata together, each taking
turns to play a few bars. Not only is this an
endearing image, but it also allowed the young
composer, who was familiar only with the music
of northern Europe, to discover Italian works,
which Johann Christian Bach knew particularly
well. What a wonderful, instinctive, almost
visceral way of learning a new form of music!
This was how Mozart discovered the art of Bel
Canto and the Italian aria, which he immediately
applied himself to with a first attempt that would
be followed by many others.
The "London Bach" also introduced him to George
Frideric Handel, and what must have been a
revelation for the young composer, all of whose
subsequent work, whether for the stage or purely
38
instrumental, would be heavily influenced by it:
Italian opera.
At the end of his stay in England, in the summer
of 1765, he made the acquaintance of the
lawyer Daines Barrington, who produced a
detailed account of their meeting (which would
subsequently be published by the Royal Society).
In it he describes how the nine-year-old boy,
when asked to improvise "a Love Song, such as
his friend Manzoli might choose in an opera,"
the child started to sing with tra-la-las, played a
prelude on the harpsichord, and finally produced
an opera air composed on the single word affetto
(love). He was then asked to do the same thing on
a song of rage; he started in a similar fashion, but
on the word perfido (traitor), and "in the middle of
it, he had worked himself up to such a pitch, that
he beat his harpsichord like a person possessed,
rising sometimes in his chair." Barrington also
recounted an event he had heard reported: "One
day when JC Bach the celebrated composer had
begun a fugue and left off abruptly, that little
Mozart hath immediately taken it up, and worked
it after a most masterly manner."
In late 1765, Wolfgang fell seriously ill in Holland.
He spent a week in a coma and the doctors feared
for his life. As soon as he had the strength for
it, he started composing again; in just a few
months, several new works would materialise.
He was barely ten years old, but musical creation
had already become an integral part of his
being. This observation is an opportunity for
us to pay homage to Leopold, so often accused
of exploiting the talents of his son, to the point
of endangering his health. Clearly, the young
Wolfgang could have been treated with more
care. But if his father had only been interested in
what his son could bring him financially, he would
have fully exploited his talents as a performer (on
the keyboard and violin). In fact, Leopold had the
clarity to encourage the young creative genius
to follow the path of composition. A quarter of a
millennium later, we can be thankful to him.
39
Opera and Italy
(1767-1773)
By the age of 11, Wolfgang had already travelled
extensively, met the greatest musicians of the
day, and heard and studied the musical styles
of practically all Europe. At his age, Haydn,
Beethoven and Schubert were still little boys
who knew nothing other than their immediate
environment. Mozart already had absolutely
exceptional craftsmanship and experience for his
years.
In 1768, thinking it was the only way to win
over the public of Vienna, Leopold encouraged
Wolfgang to write an opera, which he would
direct himself; it was to be full-length, not a short
opera, "but a work which will last two and a half to
three hours at a stretch." Mozart produced a score
of more than 500 pages for La Finta Semplice
(The Fake Innocent), an opera in three acts with
25 numbers. For the record, Leopold’s plan was
unfortunately thwarted because the opera could
not be performed in Vienna and was staged the
following year in Salzburg. But the main point
here is that at 12 years old, Mozart already had
the musical and emotional maturity to write a real
opera (even if, of course, we are still a far cry from
the psychological perspicacity of the great works
from his adult years).
40
On 11 April 1770, Mozart gave his famous
performance from memory of the Miserere
by Allegri. He had attended a performance of
the work at the Sistine Chapel. It was the only
place where it could be heard, Pope Urban VIII
and his successors having retained exclusive
rights over it. It was only played twice a year,
during Holy Week, at the end of the Tenebrae
service, in an impressive setting: the candles
were extinguished one by one and the Pope
and cardinals knelt to hear the Chapel’s cantors,
most of whom were castrati and able to reach
previously unknown heights. The musicians were
forbidden from taking away copies under pain of
excommunication, and any of the audience found
taking notes would be immediately ejected. The
score had therefore been kept secret since its
creation in 1638. Returning home, after hearing
it just once, Mozart retranscribed the nine voices
of this iconic, mystical masterpiece from memory.
After a second hearing to make minor corrections,
he reproduced the entire score without a single
mistake!
On 9 October 1770, Wolfgang successfully
passed an examination held behind closed doors:
arranging a given antiphon for four voices. In less
than an hour, he managed to do what many failed
to complete in three. Thus at the age of 14, he
was unanimously elected to membership of the
Accademia Filarmonica in Bologna.
Several operas date from this period. Mozart often
composed them at speed, waiting for singers who
arrived at the last minute before he could write
their arias, and having to adapt to changes in the
libretti.
After completing an opera in March 1770, Mozart
turned his attention back to the string quartet, "to
pass the time" as his father put it. In actual fact,
he had fallen in love. But he was in Italy, sad to
be separated from the woman he yearned for
who was still in Salzburg. He was 16 years old.
The string quartet was not yet regarded as the
Holy Grail of all musical composition; it would
eventually acquire this status, becoming the
ultimate test that many composers would only
tackle with fear and respect. But Mozart had
already made it his confidant. In a few months,
between late 1772 and early 1773, he would
write six of them. These are rare examples of
Mozart works that were not composed to order for
a commission.
In the service of Colloredo
(1773-1781)
At 16, he wrote eight symphonies (Nos. 14 to
21) in ten months. The following year, also in
Salzburg, he wrote another five (Nos. 22 to 27) in
two months.
Relationships with his new patron, PrinceArchbishop Hieronymus von Colloredo, were not
good. It is not the place to examine them here,
but Mozart was increasingly aware that being in
service to a master was costing him his creative
freedom. He expressed this in a letter to his father
dated 10 October 1777: "If, in the meantime,
I get no situation, eh, bien! I shall still have the
resources to go to Italy. [...] And I am far happier
when I have something to compose. It is my chief
delight and passion. [ … ] Even when I hear an
opera discussed, or am in a theatre myself and
hear singing, oh! I really am beside myself!" His
emphasis on opera is worth noting.
In September 1777, he undertook his first journey
without his father, Colloredo having refused to
give him leave. So he set off with his mother,
going first to Germany. On 8 November 1777,
he fell under the spell of a young woman and
immediately wrote an arietta in French for her,
Oiseaux, si tous les ans. On the same day, he wrote
a letter to his father, including this passage which
41
is absolutely critical for understanding Mozart’s
artistic ambitions: "I cannot write poetry, for I am
no poet. I cannot express my words through the
effects of light and shadow, for I am no painter. I
cannot even give expression to my thoughts and
feelings by gestures and pantomime, for I am
no dancer. But I can do it with sounds, for I am
a musician." A few days
later, he met Rose, a girl
whom he described as
follows: "[She] is a very
pretty, pleasing girl. She
has great good sense for
her age, and an engaging
demeanour; she is rather
grave and does not talk
much, but what she does
say is always amiable
and good-natured." He
immediately composed
a piano sonata for her,
saying: "I will make it fit the character of Miss
Rose." All these examples show us that Mozart
nourished his art with what he felt from the
people he met.
In early 1778, they were in France. As soon
as he arrived, he wrote a letter to his father,
demonstrating once again the extent to which he
42
felt himself to be first and foremost a composer.
In it he spoke of teaching: "I must leave it to those
who can do nothing but play the piano. I am a
composer, and born to become a Kapellmeister,
and I neither can nor ought thus to bury the talent
for composition with which God has so richly
endowed me (I may say this without arrogance,
for I feel it now more than
ever); and this I should do
were I to take many pupils.
For it is a most unsettled
metier; and I would rather
(so to speak) neglect the
piano than composition,
for I look on the piano
to be only a secondary
consideration,
though,
thank God! a very strong
one too." A few months
later, in another letter to
his father, he once again
expresses his views on teaching: "Giving lessons
here does not please me. You must not think that
this proceeds from laziness. No! it is only quite
opposed to my genius and my habits. You know
that I am, so to speak, plunged into music, that I
am occupied with it the whole day, that I like to
think about it, to study it, and to reflect on it." He
clearly placed composition above all else; when
he had something in his head he felt passionate
about, he postponed his lessons, losing many
pupils in the process.
Mozart’s mother fell seriously ill during their
Paris stay. The family’s spirits were at the lowest
possible ebb. To relieve himself from this
melancholy, Mozart composed two sonatas which
were therefore not the result of a commission:
K. 304 for violin and piano in E minor (the only
minor piano and violin sonata of the 34 definitely
written and completed by Mozart), and K. 310 for
piano in A minor (with K. 457, it is the only minor
sonata of the 18 written for piano by Mozart).
They express both tragic violence and restrained
sorrow.
For almost a year, until August 1779, Mozart
wrote practically nothing. He was not happy in
Salzburg. The breakdown in relations with his
patron was not far away...
It was at this time that he received a commission
for an opera, Idomeno, Re di Creta. This brought
him back to life. He gave himself body and soul
to the task. He was in Munich, in a friendly and
encouraging environment. He was ill to the
point of no longer eating, but this presented no
obstacle to his creative fervour. Once better, he
gave up his love of theatre and shows, preferring
to stay at home, "the evening being the time
[he] composed the best." He found himself
in favourable circumstances, something very
important for him ("for I require at this time a
cheerful spirit, a clear head, and inclination to
work, and these no one can have who is sad at
heart").
A singer asked him to make a change to a vocal
quartet (third act, No. 21). Here is Mozart’s
reaction (who, by the way, was quite capable of
making concessions in arias), as described in a
letter to his father: "My dear friend, if I were aware
of one single note in this quartet which ought to
be altered, I would change it at once. But there
is no single thing in my opera with which I am
so pleased as with this quartet. When you have
heard it sung together you will talk differently.
I made every possible effort to conform to your
taste in two arias. I intend to do the same with
the third, and hope to succeed. But with regard
to trios and quartets, they should be left to the
composer’s own discretion." At the age of 25, he
was completely sure of himself.
A month before the premiere, he wrote the
following sentences to his father which are critical
to understanding his way of working, and will
be of special interest regarding the fragments of
works he left behind: "I must finish now, for I have
43
so much left to write; the composing is finished,
but not the writing out."
His position in Salzburg required him to write
all kinds of music. Religious, of course, for the
chapel, but also pieces for celebrations, balls,
receptions and even meals. Ultimately, he was
only one servant among many, and dressed in the
same livery as them, he shared their daily lives.
On 9 May 1781, Mozart requested a discharge
from the service of Colloredo. For the first time
in the history of music, eight years before the
French Revolution, a composer chose the path of
independence and liberty.
44
Vienna, a difficult freedom
(1781-1787)
He immediately became engrossed in composing
The Abduction from the Seraglio. This was the
ultimate in excitement for him. If we exclude
the short Bastien and Bastienne from his
childhood, he was finally directing a German
opera; something he had dreamt of for so many
years! And for him, writing opera was clearly his
lifeblood: "It gives me such joy to put this libretto
to music that I already have Cavalieri’s first aria and
that of Adamberger, and the trio that concludes
the first act is already complete [He wrote and
finished them in a day and a half!]. The time is
short, it is true: the performances start in midSeptember. But the circumstances that will come
together when the work is performed, and above
all – all other prospects – make my spirit so excited
that it is with the greatest fervour that I run to my
writing desk, with the greatest joy that I stay sitting
there." (from a letter dated 1 August 1781). He
composed the entire first act in just three weeks.
The remainder would be much more laborious.
It was after the first performance of the opera that
Emperor Joseph II, clearly not bowled over by
the work, uttered these famous words: "My dear
Mozart, all that is too fine for our ears! There are
too many notes!" To which Mozart replied, at the
ripe old age of 26, fully aware of the value of the
work: "Sire, there are precisely as many notes as
are needed." Mozart also knew that he had just
written the first great German-language opera.
Other masterpieces would follow, including The
Magic Flute, but also works by Carla Maria von
Weber, Richard Wagner and Richard Strauss.
In the spring of 1782, Mozart discovered
Bach and rediscovered Handel with joy and
excitement. Joseph Weigl has given us this
account which shows Mozart’s enthusiasm (even
if his conclusion is somewhat surprising): "Mozart
was accompanying; Swieten, Starzer and myself
were singing. It was then that I learnt how scores
should be played. Anyone who has not heard
Mozart play a Handel score with 16 parts or more,
take a singing role himself, and at the same time
come to the aid of those who make mistakes, does
not know Mozart, because in that he is even more
admirable than in his compositions."
It was not unusual for Mozart to use the most
banal events of everyday life to inspire his
compositions. In 1783, when the recently married
Wolfgang and Constanze were about to leave
home in the company of a friend, Constanze was
unable to find a ribbon that she absolutely had
to find. Their friend eventually found the precious
ribbon. They were all amused by the incident.
Mozart used it to produce a humorous vocal trio,
Das Bandel ("The Ribbon", K. 441). His subjects
were sometimes less naive. Mozart’s scatological
side is well known, and was expressed on many
occasions in his letters, but also in his music, for
example in a number of colourful cannons.
In November 1783, he was supposed to give
a concert in the theatre at Linz. However, as
he had brought no symphony with him, he
enthusiastically threw himself into composing
a new symphony which he had four days
to complete. This circumstance gave us his
Symphony No. 36 in C major, known as the "Linz"
Symphony, and indeed written in just four days!
The ability to do this was not, however, the rule.
During the same period, between late 1782
in early 1785, Mozart wrote the "Six Quartets
Dedicated to Haydn". He had very precise ideas
on their general structure. As he points out in
his dedication, these quartets are the "fruit of a
long and laborious endeavour." And his drafts
(together with, for example, those of his Piano
Concerto No. 25) are proof of this. Mozart’s powers
of concentration when he was composing were all
the more incredible when we remember that he
completed the second of these quartets, K. 421 in
D minor, the night his first son was born!
In April 1784, Mozart had the opportunity to
45
perform in concert with the young virtuoso
violinist Regina Strinasacchi. He composed a
sonata (in B flat major, K. 454) in just a few days.
However, he ran out of time to write everything
down on paper. Only the violin part was written
out and Mozart played the piano part entirely
from memory! There are other examples of
partially written scores,
most notably in the
fragments for violin and
piano on this recording.
Mozart had everything in
his head and no need to
see it written out in front
of him.
He was capable of
conceiving music while
playing at tarot, darts,
billiards, boules
or
skittles, as proven by
the famous "Kegelstatt"
or skittle trio written in August 1786 for an
unusual combination of instruments at the time
(piano, clarinet and viola), so called because
Mozart composed it while indulging in this most
unmusical of pastimes! He could even start
thinking about a future work while writing out a
current one.
46
According to Bernard Lechevalier, a renowned
neuropsychologist and author of Le cerveau de
Mozart (or Mozart’s Brain), and incidentally head
organist at the Church of Saint-Pierre in Caen,
"He was endowed with an extraordinary working
memory. Like a computer, it allowed his brain
to encode information, store it for several hours
and faithfully reproduce
it later." This prodigious
memory was a precious
resource for him. With
no other materials than
a simple pen and paper,
he was capable of writing
whole opera acts in a
single go, or pieces as
complex as the Overture
from Don Giovanni.
But this does not mean
that everything was
easy for Mozart, as
mentioned above when discussing the Quartets
Dedicated to Hayden. Mozart increasingly
sought profundity and went to the very deepest
part of himself to find musical ideas worthy of
expressing his feelings. After the first rehearsals
for Don Giovanni, Mozart had a discussion with
the orchestra Kapellmeister. Mozart felt uneasy:
"What do you think of the music in Don Giovanni?
Will it be as well liked as Figaro? It is a whole
other genre!" Kucharz reassured him: "How can
you doubt it? The music is beautiful, original and
deeply thought out. What comes from Mozart
will certainly please the Bohemians! [they were
in Prague]". Mozart then confided the following
which we should never forget: "Your reassurance
sets my mind at rest, it comes from a connoisseur.
I have spared neither labour nor pains to produce
something worthy of the reputation of Prague. It
would be a great mistake to imagine that my art is
an easy matter to me. I assure you, my dear friend,
no one has given more trouble to the study of
composition than myself. It would not be easy to
find a celebrated musician whose works I have not
laboriously studied, and often repeatedly, from
one end to the other."
The tragic end
(1788-1791)
Despite the success of Don Giovanni in Prague, life
in Vienna had become increasingly problematic.
After a relatively quiet start to the year, the
summer of 1788 saw a wealth of impressive
masterpieces: three trios for piano, violin and
cello (K. 542, 548 and 564), two piano sonatas
(K. 545 and 547), the divertimento for string
trio K. 563, and the exceptional trilogy of the last
three symphonies (K. 543, 550 and 551). Then,
no doubt discouraged by his situation, he wrote
practically nothing more until the spring of 1789
when he left Vienna.
In Leipzig, Mozart gave a concert where he
directed and played with the orchestra. There
is a very interesting account by Rochlitz of the
composer’s abilities, and which explains one of
the reasons for his incomplete scores: "To stop
people from stealing his work, as they were wont to
do, he played with a piano part containing nothing
but a figured bass, over which were written out
only the main ideas; the figures, passages and
such things were only briefly indicated. He could
presume to do this because he could rely as much
on his memory as on his feeling." The audience
then requested him to play a solo. Mozart did so
willingly and, still according to Rochlitz, "began
47
simply, freely and solemnly in C minor, then
gradually abandoned himself to the flight of his
improvisation, and finished with the variations in
E flat major, which were later published."
In early 1790, he became seriously depressed. For
three months, he wrote nothing. He had not had
such a barren period for ten years, dating back
to when he was still in
Salzburg, just before the
commission of Idomeno,
Re di Creta. He lived
in poverty, caught in a
vicious circle: too poor to
look after himself, he did
not have the strength to
write, and thus earned
almost no money.
A year before his death,
Mozart was so poor that
he regularly had recourse
to usurers, pawned
everything he had of any value, sent desperate
letters to his Freemason brothers asking to borrow
money, and accepted every single commission he
was offered. Most of his pieces for mechanical
instruments (organs, clocks, music boxes) and
for glass harmonica date from this period. As
Kapellmeister of the Imperial Chamber, a post
48
which paid very little, he had to write innumerable
dances (minuets, quadrilles and allemandes). It
was not always this work that filled him with most
enthusiasm.
And then came The Magic Flute – miraculous
from every point of view. It is not possible, in the
context of this article, to say enough about it for
those unfamiliar with the
work. And to speak too
little of it will frustrate
those who already know
more. Suffice to say that
all of Mozart can be found
in The Magic Flute.
In August 1791, just a
few months before his
death, he received a
commission for an opera
for the National Theatre of
Prague. The deadline was
extremely tight, together
with complicated constraints. Mozart worked
relentlessly (it was said he made the three-day
journey between Vienna and Prague with a pen
in hand), and in just 18 days he produced The
Clemency of Titus! Here is what Nissen reported:
"His wife often invited people he liked, without
telling him. They were to pretend to surprise him
while he was unflaggingly absorbed in his work.
Of course, he was pleased, but he continued to
work. They chatted much; he heard nothing. And
if they spoke to him directly, he replied briefly
without getting angry, and continued to write."
In early October, in less than ten or so days,
despite being exhausted, he wrote another of
his great masterpieces: the luminous Clarinet
Concerto.
And finally, of course, there is the famous episode
of the Requiem. Mozart put all of his remaining
strength into this work, commissioned in
mysterious, somewhat disquieting circumstances
by a stranger dressed from head to toe in black. In
a letter written three months before his death, he
said: "My head is confused, I am exhausted and I
cannot rid my eyes of the image of this stranger.
I see him continually begging me, soliciting me
and impatiently demanding my work. I go on
because composing wearies me less than resting."
Some biographers have concluded that Mozart
literally worked himself to death, attributing his
early demise to poor health, the primary cause
of which were the long and numerous journeys
he undertook in his youth, when he was ill
on several occasions. The other cause was his
lifestyle, and particularly his diet, which the adult
Mozart neglected because he was so preoccupied
with his work that he only ate just enough food
to survive. The fact is that, for example, just four
hours before his death, he was still working on
the Requiem.
Dr Joseph Frank, who took lessons with Mozart
around 1790, said this of him: "He must have
been a beautiful child, but from the age of six,
he was restricted to a sedentary life. He started
to compose at around this time. And what did not
this man write, especially in his final years! As we
know, Mozart preferred to play and compose at
night, and the work often being urgent, we can
imagine how much a body with such a delicate
organism must have suffered. His premature
death should be attributed primarily to this cause."
49
Conclusion
By way of conclusion, we will leave the last words
to Mozart himself, as reported by Rochlitz: "You
say you should like to know my way of composing, and what method I follow, in writing works
of some extent. – I really can say no more on this
subject than the following; for I myself know no
more about it, and cannot account for it. When I
am, as it were, completely myself, entirely alone,
and of good cheer – say travelling in a carriage,
or walking after a good meal, or during the night
when I cannot sleep – it is on such occasions that
my ideas flow best, and most abundantly. Whence
and how they come, I know not, nor can I force
them. Those ideas that please me I retain in memory, and am accustomed, as I have been told, to
hum them to myself. If I continue in this way, it
soon occurs to me how I may turn this or that morsel to account, so as to make a good dish of it, that
is to say, agreeably to the rules of counterpoint, to
the peculiarities of the various instruments, and
so forth. All this fires my soul, and provided I am
not disturbed, my subject enlarges itself, becomes
methodized and defined, and the whole, though it
be long, stands almost finished and complete in
my mind, so that I can survey it, like a fine picture
or a beautiful statue, at a glance. Nor do I hear in
50
my imagination the parts successively, but I hear
them, as it were, all at once. I cannot tell the
delight of this! All this inventing, this producing
takes place in a pleasing, lively dream. Still the
actual hearing of the whole ensemble is, after all,
the best. What has been thus produced, I do not
easily forget, and this is perhaps the greatest gift I
should thank my Divine Maker for."
Fragments for piano and violin
Is it because his mastery of the violin was equal
to that of the piano? No doubt in part. The fact
remains that Mozart’s output for piano and violin
is remarkable for more than one reason.
Firstly, in terms of its generosity: Sonata K. 526
is known as No. 42! Of course, this numbering
should be revised, as we could subtract six works
whose authenticity is doubtful to say the least,
and three which remain unfinished. But we could
also add two series of variations, without counting
the fragments of four isolated movements, and
the final Sonatina K. 547.
Secondly, in terms of its progression: what a path
he took from the very first "Sonatas for keyboard
with accompaniment of violin" written at the age
of six, his salon divertimenti in which the violin is
optional, and the masterpieces of his final years,
where the balance between the two instruments
would serve as a model for Beethoven, Schumann
and Brahms, and which would remain largely
unchanged by subsequent composers until the
20th century.
And finally, in terms of its quality: when we talk
about the genius of Mozart, we tend to think of his
operas, piano concertos and string quartets and
quintets, his works for clarinet and so on. But if
Mozart had only written piano and violin sonatas
K. 454, 481 and 526, there is no doubt that this
combination of instruments would be considered
some of the very best Mozart. As for the others, we
can now let ourselves be transported: good things
eventually come to those who wait!
All the fragments for violin and piano found at
Mozart’s death and deemed sufficiently advanced
to be worthy of completion were done so by the
composer’s intimate friend, Abbé Maximilian
Stadler.
Robert Levin then took up this task, believing it
was possible to achieve greater consistency with
Mozart’s writing. He also completed pieces that
had never been finished. This recording therefore
features everything Mozart wrote for piano and
violin that was incomplete, with the exception of
two groups of two pieces: the Andante & Fugue
K. 402 (385e), completed by Stadler but the
manuscript of which was lost, leaving us unsure of
what was by Mozart and what was by him, and the
Andante & Allegretto K. 404 (385d) which could
be two isolated movements that Mozart intended
to leave as they were.
51
Fantasia in C minor, K. 396 (385f)
Written in the late summer of 1782, Mozart left only the first 27 bars [up to 2:47] of the piano part and
bars 23 to 27 of the violin part. No doubt feeling that the material for violin was insufficient, Stadler
produced a complete version for solo piano. Robert Levin wanted to respect the instrumentation
specified by Mozart, writing the first 22 missing bars of the violin part, and completing the Fantasia
which consists of 67 bars in this version.
Goethe had the manuscript of the Fantasia. During a visit from Mendelssohn, aged 12 at the time, the
old master gave the piece to the young musician to sight-read, who acquitted himself brilliantly in the
exercise.
Allegro in G major, K. Anh. 47 (546a)
This first sonata movement probably dates from 1789, which would make it Mozart’s last work for piano
and violin. On the manuscript, only the first 31 bars [up to 1:01] are written out, and then only very
sketchily. To give you a better idea, at the end of the CD, we have added a recording exactly matching
what Mozart wrote. Perhaps you can suggest alternatives to Robert Levin’s ideas for "filling the gaps"?
His is the first completed version of this movement to date, which now measures 148 bars.
Allegro in B flat major, K. 372
This is also a first sonata movement, dated "Vienna, 24 March 1781." It could be a movement originally
intended to open Sonata K. 378. The manuscript, which had markings for publication, stops strangely
after 65 bars [at 2:06). Robert Levin’s version, which is slightly shorter than Stadler’s, extends the
Allegro to 175 bars.
Allegro in A major, K. Anh. 48 (480a/385E)
As the manuscript features the same paper as Sonata K. 454, this first sonata movement probably dates
from the spring of 1784. Did Stadler feel that the first 34 bars [up to 1:05) of the manuscript were
not enough to go on? Robert Levin was able to complete the task, and in his version the movement
contains 158 bars.
52
Allegro in A major, K. 50 (526a)
This probably dates from 1787 and could have been an initial draft of the first movement of Sonata K.
526 which appears on this recording. When all these fragments were published by Henle Verlag, it was
felt that not enough material was left by Mozart to complete it (the first 15 bars [up to 0:25] of the piano
part, and a blank violin part).
However, exclusively for the french music company Le Palais des Dégustateurs, just a few weeks before
the recording, Robert Levin decided to complete the movement. You are therefore exceptionally
privileged to be able to hear these 146 bars!
Sonata in C minor, K. 403 (358c)
This is the third unfinished movement of a sonata dated 1784. It could even be argued that it is no
more than a sketch as it stops at the 20th bar [at 0:28). But Stadler, who had the first two completed
movements, took the trouble to finish this Allegretto (which Mozart specified should follow on from
the preceding Andante), allowing publication of a complete sonata. Robert Levin also completed it in a
particularly ingenious manner, reintroducing the theme of the first movement from the 20th bar! His
work extends this finale to 169 bars.
This sonata was dedicated to Constanze, with these words: "By myself W: A: Mozart for my very dear
Wife." It is a remarkable fact that Mozart would never complete any work dedicated to Constanze or of
which she was the subject.
Pierre Carrive
Translation: Domaine Ponsot
53
54
Biografische Studie zu Mozart und dem Komponieren
Gottesgabe? Und Schwerstarbeit!
Für die Musik geboren (1756-1763)
Drei Reisejahre (1763-1766)
Die Oper und Italien (1767-1773)
Im Dienste des Fürsterzbischofs Colloredo (1773-1781)
Wien, das schwierige Leben in Freiheit (1781-1787)
Das tragische Ende (1788-1781)
Schlussbemerkung
57
58
59
64
65
68
72
75
Fragmente für Klavier und Violine
77
Allegro in G-Dur, KV Anh. 47 (546a)
Allegro in B-Dur, KV 372
Fantasie in c-Moll, KV 396 (385f)
Sonate in C-Dur, KV403 (358c)
Allegro in A-Dur, K. Anh. 48 (480a/385E)
Allegro in A-Dur, KV 50 (526a)
55
Le Clos du Château à Vosne Romanée, propriété du Comte Liger-Belair
56
Gottesgabe? Und Schwerstarbeit!
Diese Aufnahme ist in mehrfacher Hinsicht einmalig, vor allem deshalb, weil auf ihr erstmals
Werke zu hören sind, die Mozart unvollendet
hinterließ. Um ihnen ihren wahren Stellenwert
einzuräumen war es nötig, sie zu vollenden.
Wir wollen sehen, inwieweit dies bei Mozart möglich ist. Denn er war ein wahrhaft großes musikalisches Genie, vielleicht das größte aller Zeiten,
aber dennoch fielen ihm die Dinge nicht einfach
in den Schoß. Seine Leichtigkeit ist offensichtlich,
seine Anpassungsfähigkeit an die Umstände
ebenfalls, aber all das gäbe es nicht ohne seinen gewaltigen Arbeitaufwand und ohne seine
strenge Gewissenhaftigkeit dabei.
Es stimmt: Es gibt keinen schlechten Mozart.
Was jedoch nicht bedeutet, dass jede noch so
geringe Note bei Mozart ihm nur von einem
Gott eingegeben worden sein kann, dem einzig
Mozart dieser Gottesgabe wert schien. Studiert
man seine Musik so gründlich wie nur möglich,
spielt sie mit Freude und Begabung und trägt sie
stets im Herzen, so kann es einem gelingen sich
vorzustellen, welche von verschiedenen Möglichkeiten Mozart dort hätte schreiben können, wo er
unvollendet blieb. Genau dies tat Robert Levin,
der Mozart oder besser gesagt: Mozarts Musik
besser kennt als jeder andere, und zweifellos besser als viele Zeitgenossen des Komponisten.
Im Übrigen kannte Mozart selbst das stillschweigende Einvernehmen zwischen Interpret
und Komponisten, denn er sprach davon, dass
man "alle Noten mit dem ihnen eigenen Ausdruck
und Gusto spielen müsse, als ob derjenige, der sie
spielt, auch derjenige sei, der sie komponierte".
57
Für die Musik geboren
(1756-1763)
Um besser zu verstehen, in welchem Maß der
junge Wolfgang Amadeus Mozart von Musik
umgeben war, muss man wissen, dass Musiker zu
sein damals in Salzburg völlig normal war - der
Fürsterzbischof selbst war ein Vorbild darin. Für
jede und jeden, gleich welchen Alters oder sozialen Status, war das tägliche Leben voller Musik.
Mozarts Vater Leopold war Kammerdiener und
Musiker, was damals durchaus üblich war. Man
braucht nur die Zeitungsannoncen von damals
anzusehen, wie beispielsweise diese: "Für ein
Herrenhaus wird ein Lakei gesucht, der sich gut
darauf versteht, die Geige zu spielen, und auch
schwierige Sonaten begleiten kann."
Wir müssen uns vorstellen, dass Mozart in seinen
ersten Lebensjahren gewissermaßen in Musik
und Klang badete: Aus den Kirchen tönten die
Glocken, aber auch die mehrstimmigen Chöre
und Orgeln; in den vielen Bäumen dieser nahe
den Wäldern gelegenen Kleinstadt sangen zahllose Vögel. Der junge Wolfgang besaß selbst einen Kanarienvogel, der sein erster Musikpartner
wurde! Man kann fast sagen, Mozart lernte die
Musik wie ein Vogel das Singen.
Seine ältere Schwester Nannerl war außergewöhnlich musikalisch, daher ließ ihr Vater sie
58
Cembalo lernen, als Wolfgang etwa zwei oder
drei Jahre alt war. Immer wieder wird erzählt,
wie der kleine Mozart mit gespitzten Ohren
dabei sitzt, während seine ältere Schwester Cembalo übt oder sein Vater komponiert. Er saugt alle
Musik, die er hört, in sich auf und spielt sie später
nach. Er kann sogar darüber improvisieren! Stundenlang erfreut er sich an den Tasten und lacht
lauthals heraus, wenn er Akkorde findet, die ihm
gefallen. Er sagt dann: "Ich suche die Noten, die
sich mögen."
Von klein an bis zu seinem zehnten Lebensjahr
erfindet er Melodien, die er - auf einem Stuhl
stehend - seinem Vater vorsingt. Dann gibt er ihm
viele Küsschen (das letzte auf die Nasenspitze)
und geht schlafen. Für Kinderspiele interessiert
er sich nur, wenn sie mit Musik zu tun haben.
Beispielsweise geht er gerne mit, wenn jemand
Märsche singend durch die Stadt zieht. Bald werden die belanglosesten Begebenheiten im Alltag
für ihn zum Anlass, Figuren und Situationen zu
erfinden, die er in Musik umsetzt. Hier ist bereits
der geniale Opernkomponist zu erahnen, der er
später wird.
Mit fünf Jahren beginnt er, kleine Stücke zu komponieren, von denen einige bis heute erhalten
geblieben sind. Sein Vater fängt schon sehr bald
an, ihn darin zu fördern. Seine Tochter betrachtet
er in erster Linie als Cembalistin, und mit allen
Stücken, die er für sie schreibt, möchte er sie darin voranbringen. Sie ist ausgezeichnet auf ihrem
Instrument, und wird auch nicht zu Gunsten des
Bruders vernachlässigt. Sein Talent als Komponist und Pädagoge stellt Leopold Mozart jedoch
ganz in den Dienst der musikalischen Erziehung
Wolfgangs, um ihn zum Komponisten auszubilden. Zu seinem sechsten Geburtstag schenkt der
Vater dem Sohn ein Album mit 126 Stücken aller
Genres für alle unterschiedlichen Instrumente.
Im Grunde hatte Mozart von Jugend an niemals
mit technischen Problemen zu kämpfen, weil
die Musik geradezu seine Muttersprache war.
Das eigentliche Wunder bestand darin, dass er
in so jungem Alter bereits alle Empfindungen
und Regungen des Herzens und des Geistes der
Musik anvertraute. Er machte sich sogar einen
Spaß daraus, halb fröhliche, halb traurige Sonaten zu schreiben.
Drei Reisejahre
(1763-1766)
Mit sieben Jahren lehrt ihn sein Vater mit aller erforderlichen Strenge den Beruf des Komponisten.
Wolfgang ist bereits in der Lage, direkt auf Papier
zu komponieren, ohne den Umweg über ein
Instrument zu machen. Die Schrift des Jungen,
wie man sie auf den überlieferten Manuskripten
noch sehen kann, ist für sein Alter erstaunlich
selbstbewusst. Er entwickelt eine Sicherheit und
Energie, die ihresgleichen suchen.
Diese Qualitäten bewahrt er sein gesamtes
Leben lang. Im Gegensatz zu Beethoven, dessen
mühsamen Arbeitsfortschritt man anhand seiner
Skizzenbücher und Streichungen ("Änderungsspuren" hieße es in der Malerei) gut nachvollziehen kann, entwickeln sich Mozarts Werke bis
zu ihrer Fertigstellung ganz in seinem Inneren.
Wenn er die Komposition zu Papier bringt, meist
ohne jede Streichung oder Korrektur, ist dieser
Entwicklungsprozess bereits abgeschlossen.
Sein wundersames Gedächtnis ermöglicht ihm
diese einzigartige Technik. Daher hat auch jedes
noch so kleine von seiner Hand geschriebene
Fragment einen Wert - selbst wenn es selbstverständlich eines großen Talents bedarf, um
"die Löcher zu stopfen". Hingegen könnte sich
niemand vorstellen, wie die Zehnte Symphonie
59
von Beethoven geklungen hätte, obwohl sie uns
in Skizzen vorliegt.
Auf seinen zahlreichen und außerordentlich
langen Reisen (insgesamt verbrachte Mozart zehn
Jahre, zwei Monate und acht Tage auf Reisen, und
es wird geschätzt dass allein die in einer Kutsche
oder Postkutsche verbrachte Zeit vier Jahre seines
kurzen Lebens ausmacht!)
führt er ein stummes
Klavier mit, um üben zu
können. Später baut er
Bretter ein, die ihm als
Tisch für Schreibzeug und
Tintenfass dienen, um
die diversen ihm angetragenen Auftragskompositionen fertigzustellen.
Er komponiert Musik wie
ein Schriftsteller Bücher
schreibt: unmittelbar aus
dem Kopf auf das Papier.
Als die Familie Mozart im November 1763 zum
ersten Mal nach Paris kommt, lädt sie Friedrich
Melchior Baron von Grimm ein. Er ist ein einflussreicher Freund der Enzyklopädisten, in ganz
Europa wegen seiner Correspondance littéraire,
philosophique et critique bekannt und Sekretär
des Herzogs von Orléans (ein Cousin König Lud60
wigs XV.). Grimm verfasst einen Aufsehen erregenden Artikel über die Mozart-Kinder, der ihnen
die Türen in die französischen Adelshäuser öffnet
und ihnen sogar einen Empfang in Versailles bei
König Ludwig XV. und seiner Familie ermöglicht.
Dieser Artikel, der ihm allgemeines Ansehen verschafft, ist ein außerordentliches Zeugnis von den
Fähigkeiten des jungen
Wolfgang, auch als Komponist - obwohl er noch
keine acht Jahre alt ist.
Es lohnt sich, ihn in voller
Länge zu zitieren:
"Den 1. Dezember 1763.
Die wahren Wunder
sind selten genug, dass
man davon reden mag,
wenn man Gelegenheit
hat, eines zu sehen. Ein
Salzburger Kapellmeister
namens Mozart ist soeben
angekommen mit zwei Kindern von der hübschesten Erscheinung der Welt. Seine Tochter, elf Jahre
alt, spielt in der brillantesten Weise Klavier, sie
führt die größten und schwersten Stücke mit einer
staunenswerten Präzision aus. Ihr Bruder, der im
nächsten Januar sieben Jahre [in Wirklichkeit acht
Jahre, aber Grimm greift die werbewirksamen
Angaben von Leopold Mozart auf, der seinen
Sohn bewusst ein Jahr jünger macht - wie es auch
der Vater Beethovens zwanzig Jahre später tat] alt
wird, ist eine so außerordentliche Erscheinung,
dass man das, was man mit eigenen Augen sieht
und mit eigenen Ohren hört, kaum glauben kann.
Es ist dem Kinde nicht nur ein leichtes, mit der
größten Genauigkeit die allerschwersten Stücke
auszuführen, und zwar mit Händchen, die kaum
die Sexte greifen können; nein, es ist unglaublich,
wenn man sieht, wie es eine ganze Stunde hindurch phantasiert und so sich der Begeisterung
seines Genies und einer Fülle entzückender Ideen
hingibt, welche es mit Geschmack und ohne
Wirrwarr aufeinander folgen lässt. Der geübteste
Kapellmeister kann unmöglich eine so tiefe
Kenntnis der Harmonie und der Modulationen haben, welche es auf dem wenigst bekannten, aber
immer richtigen Wege durchzuführen weiß. Es hat
eine solche Fertigkeit in der Klaviatur, dass wenn
man sie ihm durch eine darüber gelegte Serviette
entzieht, es nun auf der Serviette mit derselben
Schnelligkeit und Präzision fortspielt. Es ist ihm
eine Kleinigkeit, alles, was man ihm vorlegt, zu
entziffern; es schreibt und komponiert mit einer
bewundernswürdigen Leichtigkeit, ohne sich
dem Klavier zu nähern und seine Akkorde darauf
zu suchen. Ich habe ihm ein Menuett aufgesetzt
und ihn ersucht, den Bass darunterzusetzen; das
Kind hat die Feder ergriffen, und ohne sich dem
Klavier zu nahen hat es den Bass daruntergesetzt.
Sie können wohl denken, dass es ihm nicht die
geringste Mühe kostet, jede Arie, die man ihm
vorlegt, zu transponieren und zu spielen, aus
welchem Ton man es verlangt; allein folgendes,
was ich gesehen habe ist nicht weniger unbegreiflich. Eine Frau fragte ihn letzthin: ob er wohl
nach dem Gehör und ohne sie anzusehen eine
italienische Kavatine, die sie auswendig wusste,
begleiten würde? Sie fing an zu singen. Das Kind
versuchte einen Bass, der nicht nach aller Strenge
richtig war, weil es unmöglich ist, die Begleitung
eines Gesangs, den man nicht kennt, genau im
voraus anzugeben! Allein sobald der Gesang zu
Ende war, bat er die Dame, von vorn wieder anzufangen, und nun spielte er nicht allein mit der
rechten Hand das Ganze, sondern fügte zugleich
mit der linken den Bass ohne die geringste Verlegenheit hinzu, worauf er zehnmal hintereinander
sie ersuchte, von neuem anzufangen, und bei
jeder Wiederholung veränderte er den Charakter seiner Begleitung. Er hätte noch zwanzigmal
wiederholen lassen, hätte man ihn nicht gebeten,
aufzuhören. Dieses Kind wird mich bestimmt noch
närrisch machen, wenn ich es öfters höre; es zeigt
mir, wie schwer es ist, sich vor Tollheit zu hüten,
61
wenn man Wunder erlebt. Dass der heilige Paulus nach seiner seltsamen Vision den Kopf verlor,
setzt mich nicht mehr in Erstaunen. Herrn Mozarts
Kinder haben die Bewunderung aller derer erregt,
die sie gesehen haben. Der Kaiser und die Kaiserin haben sie mit Güte überhäuft; dieselbe
Aufnahme haben sie in München und Mannheim
erfahren. Schade, dass man sich hierzulande so
wenig auf Musik versteht. Der Vater möchte von
hier nach England weiterreisen und schließlich
mit seinen Kindern über Norddeutschland nach
Hause zurückkehren."
Mit acht Jahren kann er Werke für mehrere Instrumente schreiben, drei- und vierstimmige Lieder... Sein Vater schenkt ihm ein Musikheft, das
der kleine Bub im Nu mit fünfundzwanzig selbstkomponierten, kurzen Stücken für Cembalo füllt.
Schon immer keimt der Gedanke an eine Oper,
jetzt nimmt er Gestalt an, wenn man diesem Satz
von Leopold am 28. Mai 1764 hört: "Jetzt hat er
immer eine Oper im Kopf."
Um diese Zeit trifft er in London Johann Christian
Bach, einen der Söhne von Johann Sebastian
Bach. Es wird erzählt, wie der dreißigjährige Meister dem achtjährigen Jungen ein Spiel vorschlägt:
er nimmt ihn vor dem Cembalo auf die Knie, sie
spielen gemeinsam eine Sonate, immer abwechselnd jeder ein paar Takte. Ganz abgesehen vom
62
herzerwärmenden Anblick der Szene bedeutet
es für den kleinen Komponisten, der bis dahin
fast nur die Musik Nordeuropas kennt, die Entdeckung der italienischen Musik, in der Johann
Christian Bach besonders bewandert ist. Was für
eine schöne Art, sich auf so instinktive, fast irrationale Weise eine neue Musik zu erschließen!
So entdeckt Mozart die Kunst des Bel Canto und
der italienischen Arien, an denen er sofort selbst
seine Fähigkeiten ausprobiert - ein erster Versuch,
dem viele weitere folgen sollen.
Der "Londoner Bach" lässt ihn auch Georg Friedrich Händel entdecken, und noch etwas, das
eine wahre Offenbarung für den jungen Komponisten ist, die sein gesamtes späteres Werk
prägen wird, ob nun für Theater oder rein instrumental: die italienische Oper.
Gegen Ende seines Aufenthalts in England im
Sommer 1765 trifft er den Rechtsanwalt Daines
Barrington, der einen genauen Bericht über diese
Begegnung verfasst (der im Folgenden von der
Royal Society veröffentlicht wird). Darin steht,
wie der neunjährige Junge gebeten wird, eine
Liebesarie zu improvisieren, "wie sie sich sein
Freund Manzuoli für eine Oper ausgesucht hätte".
Das Kind hebt zunächst an, mit Tra-la-la vor sich
hin zu trällern, spielt dann auf dem Cembalo ein
Vorspiel und schließlich eine wahrhaftige Oper-
narie auf das Wort affetto (Liebe). Danach wird er
gebeten, das gleiche für einen Gesang der Wut zu
tun; er beginnt auf dieselbe Weise, aber auf den
Begriff perfido (hinterhältig), und "auf halbem
Weg durch die Arie steigert er sich so in das Wüten
hinein, dass er auf die Tasten einschlägt wie ein
Besessener und es ihn zeitweise vom Sitz hebt."
Barrington erzählt auch, was man ihm berichtet
hat: "Eines Tages hatte der berühmte Johann
Christian Bach eine Fuge begonnen und dann
abrupt abgebrochen. Der kleine Mozart griff sie
sofort auf und führte sie auf absolut meisterliche
Weise zu Ende."
Ende 1765 erkrankte Wolfgang in Holland schwer.
Ein Woche lang lag er im Koma, und man fürchtete um sein Leben. Sobald er wieder ein wenig
zu Kräften kommt, beginnt er zu komponieren.
Innerhalb weniger Monate erblicken zahlreiche
Werke das Tageslicht. Er ist kaum zehn Jahre alt,
aber kann bereits nicht von seinem musikalischen Schaffen lassen. Diese Feststellung ist für
uns die Gelegenheit, Leopold Mozart die Ehre zu
geben, dem so oft vorgeworfen wird, er habe das
Talent seines Sohnes ausgebeutet, ja sogar seine
Gesundheit gefährdet. Zugegeben, der kleine
Wolfgang wurde nicht geschont. Aber wenn der
Vater nur daran interessiert gewesen wäre, was
ihm der Sohn einbringen könnte, dann hätte er
dessen Talent als Pianist oder Geiger ausgenutzt.
Hingegen war Leopold Mozart so weitsichtig, das
schöpferische junge Genie zum Komponieren zu
ermutigen. Ein Vierteljahrtausend später können
wir ihm dafür dankbar sein.
63
Die Oper und Italien
(1767-1773)
Mit elf Jahren war Wolfgang bereits viel gereist,
hatte einige der größten zeitgenössischen Musiker
getroffen und die Musikstile von fast ganz Europa
gehört und studiert. In seinem Alter waren Haydn,
Beethoven oder Schubert noch kleine Jungen, die
nichts als ihr unmittelbares Umfeld kannten. Mozart
besitzt bereits eine für dieses Alter absolut außerordentliche Fachkenntnis und Erfahrung.
In der Annahme, dies sei der einzige Weg, sich das
Publikum von Wien zu erobern, ermuntert Leopold
Mozart 1768 seinen Sohn Wolfgang dazu, eine Oper
zu komponieren, die er selbst dirigieren wird - eine
richtige Oper, keine kleine, "sondern ein Werk von
zweieinhalb bis drei Stunden Dauer ohne Pause".
Und so schreibt Mozart eine Partitur von über
fünfhundert Seiten: La Finta Semplice (Die verstellte
Einfalt), Oper in drei Akten mit fünfundzwanzig
Nummern. Es ist überliefert, dass die Pläne Leopolds
leider durchkreuzt wurden, denn die Oper konnte
nicht in Wien, sondern erst ein Jahr später in Salzburg aufgeführt werden. In die Geschichte ging
jedoch ein, dass Mozart mit zwölf Jahren bereits
eine ausreichende musikalische und menschliche
Reife erlangt hatte, um eine Oper zu schreiben
(selbst wenn diese natürlich noch weit von dem psychologischen Scharfsinn entfernt war, der die großen
64
Werke seiner Reifezeit auszeichnet).
Der 11. April 1770 ist das Datum der berühmten Gedächtnisleistung Mozarts mit dem Miserere von Allegri. Er wohnt einer Darbietung dieses Werkes in der
Sixtinischen Kapelle bei. Da Papst Urban VIII. und
dessen Nachfolger sich die ausschließlichen Aufführungsrechte gesichert haben, ist dies der einzige
Ort, wo dieses Werk zu hören ist. Es wird nur zweimal
im Jahr aufgeführt, und zwar in der Karwoche, am
Ende der Karmetten, in einer eindrucksvollen Inszenierung: nach und nach werden die Kerzen gelöscht,
der Papst und die Kardinäle knien und lauschen den
Vorsängern der Kapelle, meist Kastraten, deren
Stimmen in bislang unbekannte Höhen steigen.
Unter Androhung der Exkommunikation ist es den
Musikern verboten, Kopien mitzunehmen, und wird
ein Zuhörer dabei ertappt, dass er Notizen macht, so
wird er sofort ausgeschlossen. Die Partitur ist folglich
seit Schaffung des Werkes im Jahr 1638 geheim.
Wieder daheim schreibt Mozart, der das Stück ein
einziges Mal gehört hat, aus dem Gedächtnis die
neun Stimmen dieses ebenso mythischen wie
mystischen Meisterwerkes auf. Nachdem er es zum
zweiten Mal gehört hat, nimmt er einige Änderungen vor; dann ist die Partitur vollständig und ohne
jeden Fehler!
Am 9. Oktober 1770 besteht Wolfgang erfolgreich
eine Prüfung hinter verschlossenen Türen: einen
vierstimmigen Satz zu einer vorgegebenen Antifon
zu schreiben. In weniger als einer Stunde gelingt
ihm, was viele in drei Stunden nicht vollenden können. Er wird folglich mit nur vierzehn Jahren einstimmig als Mitglied in die Accademia filarmonica
von Bologna aufgenommen.
Aus dieser Zeit stammen mehrere Opern, für deren
Komposition Mozart nur wenig Zeit zur Verfügung
steht. Um die Arien zu schreiben, muss er auf die
Sänger warten, die erst in letzter Minute kommen;
wegen Änderungen im Libretto ist er gezwungen,
Anpassungen vorzunehmen...
Nachdem er eine erste im März 1770 geschrieben
hat, wendet sich Mozart dem Streichquartett zu,
"um sich die Zeit zu vertreiben", wie sein Vater sagt.
In Wirklichkeit ist er verliebt. Aber er ist in Italien,
traurig darüber, von derjenigen getrennt zu sein, der
sein Sehnen gilt und die in Salzburg geblieben ist.
Er ist sechzehn Jahre alt. Das Streichquartett ist noch
nicht der Heilige Gral aller musikalischen Schöpfungen, zu dem es später wird, das Allerheiligste, dem
zahllose Komponisten nur mit Ehrfurcht und Respekt begegnen. Aber für Mozart wird es wie ein vertrauter Freund. In wenigen Monaten, zwischen Ende
1772 und Anfang 1773, schreibt er sechs davon.
Es ist eines der wenigen Beispiele von Werken, die
Mozart nicht in Auftragsarbeit schreibt.
Im Dienste des Fürsterzbischofs Colloredo
(1773-1781)
Mit sechzehn komponiert er in nur zehn Monaten
acht Symphonien (Nr. 14 bis 21). Im folgenden
Jahr schreibt er, wiederum in Salzburg, fünf weitere in nur zwei Monaten (Nr. 22 bis 27).
Zu seinem neuen Dienstherren, dem Fürsterzbischof Hieronymus von Colloredo, hat er kein gutes
Verhältnis. Aber dies ist nicht der Ort, um weiter
darauf einzugehen. Mozart wird sich jedoch in
zunehmendem Maße darüber bewusst, dass seine
Stellung im Dienst eines Herren ihm seine schöpferische Freiheit raubt. In einem Brief an seinen
Vater vom 10. Oktober 1777 bringt er dies zum
Ausdruck: "Wenn ich nur zu dieser Zeit nicht in
Diensten stünde! Dann hätte ich noch die Möglichkeit, nach Italien zu gehen... Und ich bin glücklicher, wenn ich komponieren kann. Das ist meine
einzig wahre Freude und meine Leidenschaft. [...]
Wenn ich doch nur von einer Oper sprechen hörte,
wenn ich ins Theater gehen und den Gesang hören
könnte... O! schon jetzt bin ich ganz außer mir!" Es
ist nicht zu übersehen, dass er sein Augenmerk vor
allem auf die Oper richtet.
Im September 1777 verreist er zum ersten Mal
ohne seinen Vater, den Colloredo nicht ziehen lässt.
65
Er bricht daher mit seiner Mutter zunächst nach
Deutschland auf. Am 8. November 1777 erliegt er
dem Charme eines jungen Mädchens und schreibt
ihr sogleich eine Ariette auf Französisch: Oiseaux,
si tous les ans... Noch am gleichen Tag schreibt
er einen Brief an seinen Vater, der diese Passage
enthält, die zentral für das Verständnis der künstlerischen Ziele Mozarts ist:
"Ich kann nicht poetisch
schreiben; ich bin kein
Dichter. Ich kann die Redensarten nicht so künstlich eintheilen, daß sie
Schatten und Licht geben;
ich bin kein Maler. Ich kann
sogar durchs Deuten und
durch Pantomime meine
Gesinnungen und Gedanken nicht ausdrücken; ich
bin kein Tänzer. Ich kann
es aber durch Töne; ich
bin ein Musikus." Einige Tage später trifft er Rose,
ein junges Mädchen, die er so beschreibt: "[Sie]
ist ein sehr schönes, artiges Mädel. Sie hat für ihr
Alter sehr viel Vernunft und gesetztes Wesen; sie ist
seriös, redet nicht viel, was sie aber redet, geschieht
mit Anmut und Freundlichkeit." Er komponiert für
sie eine Klaviersonate, zu der er anmerkt: "Ich will
66
es ganz nach dem Caractère der Mademoiselle
Rose machen." An diesen Beispielen sieht man,
wie Mozart seine Kunst an dem nährt, was er den
Menschen gegenüber empfindet, denen er begegnet.
Anfang 1778 befinden sie sich in Frankreich. Bei
seiner Ankunft schreibt er seinem Vater einen Brief,
aus dem wieder einmal
deutlich hervorgeht, dass
er sich in erster Linie als
Komponist versteht. Zum
Unterrichten sagt er: "Das
lasse ich Leuten über, die
selbst nichts können als
Klavier spielen. Ich bin
ein Komponist und bin
zu einem Kapellmeister
geboren; ich darf und kann
mein Talent im Komponieren, welches mir der gütige
Gott so reichlich gegeben
hat (ich darf ohne Hochmut so sagen, denn ich fühle
es nun mehr als jemals), nicht so vergraben, und
das würde ich durch die vielen Schüler. Denn das
ist ein sehr unruhiges Metier, ich wollte lieber sozusagen das Klavier als die Komposition negligieren.
Denn das Klavier ist nur meine Nebensache, aber
Gott sei Dank eine sehr starke Nebensache!" Einige
Monate später schreibt er in einem anderen Brief
an seinen Vater erneut vom Unterrichten: "Hier Unterricht zu erteilen ist kein Spaß. Und bitte denken
Sie nicht, dies sage ich aus Faulheit. Das nicht, aber
es geht gegen mein Genie, gegen meine Lebensart.
Sie wissen, dass ich gewissermaßen bis zum Halse
in Musik stecke, dass ich davon den ganzen Tag
umgeben bin, dass ich daran denke, sie studiere,
gern darüber nachsinne." Wieder ist klar, dass die
Komposition ihm über alles geht; wenn er etwas
im Kopf hat, was ihn begeistert, verlegt er seine
Stunden, wodurch er viele Schüler verliert.
Während des Aufenthalts in Paris erkrankt die Mutter Mozarts schwer. Die Stimmung ist am Tiefpunkt.
Um sich von dieser Traurigkeit zu befreien, komponiert Mozart zwei Sonaten, die folglich auch keine
Auftragswerke sind: zum einen die Sonate KV 304
für Violine und Klavier in e-Moll (es ist die einzige
Mollsonate der 34 Sonaten für Klavier und Violine, deren Urheberschaft mit absoluter Sicherheit
Mozart zuzuschreiben ist), zum anderen KV 310
für Klavier in a-Moll (zusammen mit KV 457 die
einzige der 18 Sonaten für Klavier von Mozart, die
in Moll steht). Es steckt darin eine tragische Heftigkeit, ein anhaltender Schmerz.
Fast ein Jahr lang, bis August 1779, schreib Mozart
praktisch nichts. Er ist in Salzburg nicht glücklich.
Das Zerwürfnis mit seinem Dienstherren lässt nicht
auf sich warten...
Und in dieser Situation erhält er den Auftrag für
eine Oper: Idomeneo, König von Kreta. Er lebt
wieder auf. Er stürzt sich mit Leib und Seele in
die Arbeit. Er befindet sich in München, in einer
freundschaftlichen, günstigen Atmosphäre. Er ist
so krank, dass er nicht mehr essen kann, aber das
bremst nicht seinen schöpferischen Eifer. Nach
seiner Genesung beschließt er, der gewöhnlich
ein begeisterter Theaterbesucher ist, abends nicht
mehr auszugehen, weil er "am Abend am besten
komponieren kann". Für ihn ist es sehr wichtig,
dass er nun unter geeigneten Bedingungen lebt
("was ich jetzt brauche, ist ein Seelenzustand,
der durch nichts getrübt wird", "der Kopf frei und
Freude bei der Arbeit - und das ist unmöglich, wenn
man traurig ist").
Einer der Opernsänger bittet ihn, in einem Gesangsquartett eine Änderung vorzunehmen (dritter Akt, Nr. 21). Hier die Reaktion Mozarts (der im
Übrigen durchaus fähig ist, bei Arien Zugeständnisse zu machen), wie er sie im Brief seinem Vater
erzählt: "Mein lieber Freund, wenn es eine einzige
Note in diesen Quartett gäbe, die geändert werden
muss, so würde ich sie sofort ändern. Aber es gibt
in dieser Oper kein anderes Stück, das mich so zufrieden stellt wie dieses Quartett. Hören Sie es nur
einmal im Ensemble, und Sie werden Ihre Meinung
67
gewiss ändern. Ich habe mir alle Mühen der Welt
gegeben, um Ihre Wünsche bezüglich zwei ihrer
Arien zu erfüllen. Ich werde dies auch für die dritte
Arie tun. Und ich hoffe, sie ins Lot zu bringen. Was
aber die Terzette und Quartette angeht, so müssen
Sie den Komponisten nach freiem Willen gewähren lassen." Mit seinen fünfundzwanzig Jahren ist
Mozart absolut selbstbewusst.
Einen Monat vor der Premiere schreibt er seinem
Vater folgende Sätze, die entscheidend sind, um
seine Arbeitsweise zu verstehen, die uns besonders
in Bezug auf die unvollendet gelassenen Werke interessiert: "Ich muss hier schließen, denn ich habe
jetzt den Kopf frei zum Schreiben. Komponiert ist
bereits alles - aber noch nicht geschrieben."
Seine Stellung in Salzburg erforderte es, dass es
alle möglichen Arten von Musik schrieb. Zum einen
natürlich geistliche Musik für die Kirche, aber auch
Musik für Feste, Bälle, Empfänge, und selbst Tafelmusik. Letztendlich war er nur ein Kammerdiener
unter anderen, und war nicht nur in der gleichen
Livrée gekleidet wie sie, sondern teilte auch ihren
Alltag.
Der 9. Mai 1781 war der Tag des Bruchs zwischen
Mozart und Colloredo. Zum ersten Mal in der
Musikgeschichte, arch Jahre vor der französischen
Revolution, wählte ein Komponist die Unabhängigkeit und die Freiheit.
68
Wien, das schwierige
Leben in Freiheit
(1781-1787)
Sofort vertieft er sich in die Arbeit für Die
Entführung aus dem Serail. Seine Begeisterung ist grenzenlos: Erstmals - wenn man von
der Kurzoper Bastien und Bastienne in seiner
Kindheit absieht - bekommt er den Auftrag, eine
deutsche Oper zu schreiben. Ein lange gehegter
Traum wird wahr. Eine Oper zu schreiben ist wie
ein Lebenselixir für ihn: "Mich freut es so, dieses
Libretto in Musik zu fassen, dass schon die erste
Aria von der Cavalieri, und die vom Adamberger
und das Terzett, welches den Ersten Ackt schliesst,
fertig sind [Er hat sie innerhalb von eineinhalb
Tagen geschrieben und fertiggestellt!]. Die Zeit
ist kurz, das ist wahr: Denn Mitte September soll
es schon aufgeführt werden. Allein die Umstände,
die zu der Zeit, da es aufgeführt wird, damit verknüpft sind, und überhaupt – alle andere Absichten
– erheitern meinen Geist dergestalten, dass ich
mit der grösten Begierde zu meinem Schreibtisch
eile, und mit grösster Freude dabei sitzen bleibe."
(Brief vom 1. August 1781). Der gesamte erste Akt
ist in nur drei Wochen komponiert. Der Rest wird
deutlich mühsamer.
Es war anlässlich der Uraufführung dieser
Oper, dass Kaiser Joseph II, wenig begeistert,
die berühmten Worte sprach: "Zu schön für
unsere Ohren und gewaltig viel Noten, lieber Mozart!" Worauf der sechsundzwanzigjährige Mozart im vollen Bewusstsein um den Wert dieses
Werkes antwortete: "Gerade so viel Noten, Eure
Majestät, als nötig sind." Mozart wusste, dass er
der deutschen Oper den Weg gebahnt hatte. Weitere Meisterwerke sollten folgen: Die Zauberflöte,
aber auch Werke der Komponisten Carl Maria von
Weber, Richard Wagner, Richard Strauss...
Im Frühjahr 1782 entdeckt Mozart mit Freude
und Begeisterung die Werke Bachs für sich und
befasst sich wieder mit Händel. Joseph Weigl gab
uns dieses Zeugnis, das Mozarts Enthusiasmus
deutlich macht (selbst wenn uns seine Schlussfolgerung überraschen dürfte): "Mozart accompagnierte auf dem Fortepiano. Salieri, Starzer,
Teiber und der Baron sangen. So lernte ich, wie
die Partituren zu spielen seien. Wer Mozart nicht
16 und mehrzeilige Händelsche Partituren mit
unübertrefflicher Fertigkeit spielen, selbst dazu
singen und zugleich die Fehler der anderen Sänger verbessern sah, der kennt Mozart nicht ganz,
denn er war darin eben so groß, als in seinen Kompositionen."
Häufig geschieht es, dass Mozart die banalsten
Ereignisse des Alltags zum Anlass einer Komposi-
tion nimmt. Eines Tages im Jahr 1783 möchte das
frisch getraute Paar Wolfgang und Konstanze in
Begleitung eines Freundes gerade das Haus verlassen, als die junge Ehefrau Konstanze ihr Tuch
nicht findet, ohne das sie nicht gehen möchte.
Schließlich findet der Freund das geliebte Tuch.
Alle lachen über die Episode, die Mozart in seinem lustigen Gesangstrio Das Bandel (KV 441)
verarbeitet. Manchmal sind die Themen weniger
unverfänglich. Mozarts Fäkalsprache ist bekannt
und kommt in vielen seiner Briefe zum Ausdruck,
aber auch in seiner Musik, wie zum Beispiel in
einer Reihe unanständiger Kanons.
Im November 1783 soll er ein Konzert im Theater von Linz geben. Aber im Gepäck hat er keine
Symphonie mitgenommen, deshalb stürzt er sich
völlig in die Komposition einer neuen Symphonie, für die er vier Tage Zeit hat. Diesem Umstand
verdanken wir die Symphonie Nr. 36 in C-Dur mit
dem Beinamen "Linzer", die Mozart tatsächlich
innerhalb von vier Tagen vollendete!
Diese Mühelosigkeit ist jedoch nicht die Regel.
Zur gleichen Zeit, zwischen Ende 1782 und
Anfang 1785, schreibt Mozart die « sechs HaydnQuartette ». Dabei hatte er eine sehr genaue
Vorstellung von deren Gesamtaufbau. In seiner
Widmung bezeichnet er diese Quartette als die
"Frucht einer langen und mühseligen Arbeit". In
69
seinen Skizzen und Entwürfen ist das deutlich
erkennbar (wie auch beispielsweise in denjenigen zum Klavierkonzert Nr. 25). Mozarts
Konzentrationsfähigkeit beim Komponieren ist
umso erstaunlicher, wenn man bedenkt, dass er
den Schlusspunkt unter das zweite dieser Quartette (in d-Moll, KV 421) just in der Nacht setzt, in
der sein erster Sohn geboren
wird!
Im April 1784 erhält Mozart
die Gelegenheit, mit der jungen Geigenvirtuosin Regina
Strinasacchi zu konzertieren.
In wenigen Tagen komponiert
er eine Sonate (in B-Dur, KV
454), doch fehlt ihm die Zeit,
sie auf Papier zu bringen.
Einzig der Violinpart ist fertig
geschrieben, den Klavierpart
spielt Mozart vollständig
aus dem Gedächtnis! Es gibt
noch weitere Partituren, die nur zum Teil aufgeschrieben sind, insbesondere die Fragmente für
Klavier und Violine dieser Aufnahme. Mozart
hatte alles im Kopf und musste die Noten deshalb
nicht vor Augen haben.
Er ist in der Lage, Musik zu erfinden, während er
Tarock, Wurfpfeil, Billard, Boules oder Kegeln spielt.
70
So soll er das berühmte "Kegelstatt"-Trio, das er im
August 1786 für die damals sehr ungewöhnliche
Instrumentation Klavier, Klarinette und Bratsche
schreibt, bei dieser doch recht wenig musikalischen Aktivität komponiert haben! Er ist sogar in der
Lage, schon über ein künftiges Werk nachzudenken, während er noch das aktuell in Arbeit befindliche niederschreibt.
Der angesehene Neuropsychologe Bernard Lechevalier,
Autor des Buches Le cerveau de Mozart (Das Gehirn
Mozarts) und darüber hinaus
Organist der Kirche SaintPierre in Caen, stellt fest: "Er
hatte ein außergewöhnliches
Arbeitsgedächtnis, das es
seinem Gehirn ermöglichte,
Informationen wie ein Computer zu kodieren, einige Stunden zu speichern und danach
wieder richtig wiederzugeben." Dieses wundersame Gedächtnis leistete ihm wertvolle Hilfe. Mit
nichts bewaffnet außer Feder und Papier kann er
in einem Zug ganze Opernakte und selbst ein so
komplexes Stück wie die Ouvertüre zu Don Giovanni niederschreiben.
Was jedoch nicht heißen soll, dass Mozart alles
leicht fiel, wie schon im Hinblick auf die HaydnQuartette erwähnt wurde. Mozart sucht zunehmend die Tiefsinnigkeit. Er muss die musikalischen Einfälle, die ihm würdig erscheinen, seinem
Gefühl Ausdruck zu verleihen, aus seinem tiefsten
Inneren schöpfen. Nach den ersten Proben für
Don Giovanni führt Mozart einen Wortwechsel mit
dem Kapellmeister des Orchesters. Mozart ist ein
wenig beunruhigt: "Was halten Sie von der Musik
des Don Giovanni? Wird er soviel Gefallen finden
wie der Figaro? Es ist schließlich ein anderes
Genre!" Kucharz beruhigt ihn: "Wie können Sie
daran zweifeln? Die Musik ist schön, originell, tiefgründig. Was von Mozart kommt, wird den Böhmen gewiss gefallen!" [Sie sind gerade in Prag].
Daraufhin vertraut Mozart ihm etwas an, das wir
niemals vergessen dürfen: "Eure Zuversicht beruhigt mich, denn Sie stammt von einem Kenner.
Ich habe mir Mühe und Arbeit nicht verdrießen
lassen, für Prag etwas Vorzügliches zu leisten. Der
irrt, der sagt, meine Kunst würde mir leicht zufallen. Ich versichere Sie, lieber Freund, niemand hat
soviel Mühe auf das Studium der Komposition verwandt als ich. Es gibt nicht leicht einen berühmten Meister in der Musik, den ich nicht fleißig und
oft mehrmals durchstudiert hätte."
71
Das tragische Ende
(1788-1791)
Trotz des Erfolgs von Don Giovanni in Prag ist das
Leben in Wien inzwischen schwierig für Mozart.
Nach einem vergleichsweise ruhigen Jahresbeginn schafft Mozart im Sommer 1788 eine
beeindruckende Fülle an Meisterwerken: drei
Trios für Klavier, Violine
und Violoncello (KV 542,
548 und 564), zwei Klaviersonaten (KV 545 und
547), das Divertimento
für Streichtrio KV 563 und
die außergewöhnliche
Trilogie seiner letzten drei
Symphonien (KV 543, 550
und 551). Offensichtlich
entmutigt durch seine
Lage schreibt er danach
bis zu seiner Abreise aus
Wien im Frühling 1789
fast nichts mehr.
In Leipzig gibt Mozart in dieser Zeit ein Orchesterkonzert, bei dem er dirigiert und selbst spielt.
Hierzu ist ein Zeugnis von Friedrich Rochlitz überliefert, das nicht nur im Hinblick auf Mozarts kompositorische Fähigkeiten interessant ist, sondern
auch Gründe für seine unvollendet gelassenen
72
Partituren nennt: "Um dem damals gewöhnlichen Stehlen seiner Arbeit vorzubeugen, spielte
er von einer Clavierstimme, die nichts als einen
bezifferten Baß enthielt, über der nur die Hauptideen ausgeschrieben, die Figuren und Passagen
leicht angedeutet waren; so sehr konnte er sich
auf sein Gedächtnis und auch auf sein Gefühl
verlassen." Das Publikum
bittet um ein Solo. Mozart
gibt dieser Bitte gerne
statt und, laut Rochlitz,
"begann einfach, frei und
feierlich in c-Moll, gab
sich dann allmählich dem
Höhenflug seiner Improvisation hin und endete auf
Variationen in Es-Dur, die
später veröffentlicht wurden."
Anfang 1790 wird er
ernsthaft depressiv. Drei
Monate lang schreibt er gar nichts. Eine derart
schaffensarme Periode hatte er zuletzt vor zehn
Jahren, als er noch in Salzburg lebte, kurz vor dem
Auftrag für Idomeneo, König von Kreta. Er lebt im
Elend, es ist ein Teufelskreis: zu arm, um sich heilen zu lassen, hat er keine Kraft zum Komponieren, weshalb er fast kein Geld verdient...
Ein Jahr vor seinem Tod ist Mozart so verarmt, dass
er regelmäßig bei Wucherern Geld leiht, allen
Besitz von irgendeinem Wert verpfändet, verzweifelte Briefe an seine Freimaurer-Brüder schreibt,
um bei ihnen Geld zu leihen, und jedwede Anfrage annimmt, die sich ihm bietet. Ein Großteil
seiner Stücke für mechanische Musikinstrumente
(Orgelwalzen, Uhrwerke,
Spieldosen) sowie für
Glasharmonika stammen
aus dieser Zeit. Als kaiserlicher Kammerkomponist
und Kapellmeister, eine
Stellung, die ihm sehr
wenig einbringt, muss er
zahllose Tänze schreiben
(Menuette, Kontratänze,
Allemanden). Diese Arbeit
erfüllt ihn nicht gerade
mit Begeisterung.
Und dann entsteht die in
jeder Hinsicht wunderbare Zauberflöte. Im Rahmen dieses Textes ist es unmöglich, sie denjenigen zu erläutern, die nicht viel darüber wissen.
Und nur ein wenige Worte darüber zu verlieren
würde diejenigen enttäuschen, die bereits ein
wenig darüber wissen. Aber kurz gesagt: der
ganze Mozart steckt in der Zauberflöte.
Im August 1791, nur wenige Monate vor seinem
Tod, erhält er den Auftrag zu einer Oper für das
Prager Nationaltheater. Die Frist ist außerordentlich knapp, die Auflagen komplex. Mozart arbeitet
mit Hochdruck (er soll die drei Reisetage zwischen Wien und Prag mit der Feder in der Hand
verbracht haben) und kann nach nur achzehn
Tagen La Clemenza di Tito
abliefern! Georg Nikolaus
Nissen erzählt darüber folgendes: "Seine Frau ließ
oft unangemeldet Menschen kommen, die Mozart
liebte. Sie gaben vor, ihn
überraschen zu wollen,
wenn er zu sehr in seine
unablässige Arbeit vertieft
war. Er freute sich zwar
darüber, arbeitete jedoch
weiter. Sie erzählten und
plauderten viel. Er hörte
nichts. Wenn man das Wort an ihn richtete, wurde
er nicht zornig, sondern gab eine kurze Antwort
und machte sich wieder ans Schreiben."
Anfang Oktober komponiert er trotz seiner Erschöpfung in weniger als zehn Tagen ein weiteres
seiner großen Meisterwerke: das strahlende Klarinettenkonzert.
73
Und schließlich gibt es freilich noch die so bekannte Geschichte um das Requiem. Mozart investiert all seine verbliebenen Kräfte in dieses Requiem. Der Auftrag dazu war ihm unter seltsamen
und ein wenig beunruhigenden Umständen von
einem ganz in schwarz gekleideten Unbekannten
gegeben worden. Drei Monate vor seinem Tod
schreibt Mozart in einem Brief: "Mein Kopf ist
verwirrt. Nur mit Mühe halte ich mich gesammelt.
Das Bild jenes Unbekannten will nicht vor meinen
Augen weichen. Ich sehe ihn ständig vor mir; er
bittet, er bedrängt mich, und ungeduldig treibt er
mich zu Arbeit an. Ich fahre in ihr fort, denn zu
komponieren strengt mich weniger an als untätig
zu sein."
Einige Biografen behaupten, Mozart habe sich
geradewegs zu Tode gearbeitet, und schreiben seinen frühen Tod seiner schlechten Gesundheit zu,
deren Hauptursache die langen und zahlreichen
Reisen in seiner Jugend seien. Auf diesen Reisen
war er häufiger krank. Hinzu kämen seine ungesunde Lebensweise, insbesondere in Bezug auf die
Ernährung, die Mozart auch als Erwachsener vernachlässigte. Stets sei er so sehr mit seiner Arbeit
beschäftigt gewesen, dass man ihm Essen bringen
musste, damit er überhaupt ausreichend aß, um zu
überleben. Tatsache ist, dass er auch vier Stunden
vor seinem Tod noch an seinem Requiem arbeitete.
74
Dr. Joseph Frank, der bei Mozart um 1790 Stunden genommen hatte, berichtet: "Er muss ein
hübsches Kind gewesen sein, aber von seinem
sechsten Lebensjahr an, verbrachte er die meiste
Zeit im Sitzen, da er in dieser Zeit mit dem Komponieren begann. Wieviel hat dieser Mann geschrieben, besonders in seinen letzten Jahren! Wir
wissen, dass Mozart am liebsten nachts spielte
und komponierte, und weil die Arbeit oft eilig war,
kann man sich vorstellen, wie sehr ein so zarter
Körper darunter litt. Sein vorzeitiger Tod muss dieser Ursache zugeschrieben werden."
Schlussbemerkung
Anstelle einer Schlussfolgerung möchten wir
Mozart selbst das Wort geben, wie es uns von
Rochlitz überliefert ist: "Was ist denn nun meine
Art zu komponieren, wenn es sich um eine
wichtige und ernsthafte Arbeit handelt? Ich suche
vergebens, ich finde keine bessere Erklärung als
diese: wenn ich in Form und bei guter Gesundheit
bin, auf Reisen in einem Wagen oder bei einen
Spaziergang nach einer guten Mahlzeit, oder
nachts, wenn ich nicht schlafen kann, dann kommen mir gerne Einfälle in Strömen. Woher? Wie?
Ich weiß es nicht, ich kann nichts dazu. Ich behalte
diejenigen im Kopf, die mir gefallen, und brumme
sie vor mich hin - zumindest sagen mir das die
anderen. Wenn ich mich dem hingebe, wird mir
allmählich klar, wie ich aus diesen Fragmenten
ein kohärentes Ganzes schaffen kann, indem ich
den kontrapunktischen Anforderungen oder den
Klangfarben der Instrumente folge. Mein Gehirn
gerät in Brand, besonders, wenn ich nicht gestört
werde. Das Stück wächst, ich entwickle es immer
weiter, immer klarer wird es. Dann ist das Werk in
meinem Schädel vollendet, oder so gut wie, selbst wenn es ein langes Stück ist, und ich kann es
mit einem Blick erfassen, wie ein Bild oder eine
Statue. In meiner Phantasie höre ich das Werk
nicht in seinem Verlauf, wie es aufeinander folgt,
sondern ich fasse es gewissermaßen als kompakte
Einheit. Was für ein Genuss! Erfinden, ausarbeiten, all das vollzieht sich in mir wie ein großartiger
und grandioser Traum, aber wenn ich so alles in
seiner Gesamtheit übereinander höre, ist dies der
beste Moment. Und wie geht es zu, dass ich es
nicht wieder vergesse, wie man einen Traum vergisst? Das ist vielleicht die größte Wohltat, für die
ich meinem Schöpfer danken muss."
75
76
Fragmente für Klavier und Violine
Liegt es daran, dass er ebenso gut Geige wie Klavier
spielte? Zum Teil sicherlich. Allerdings ist das Schaffen
Mozarts für Klavier und Geige in mehrfacher Hinsicht
bemerkenswert.
Zunächst durch seine Vielzahl: die Sonate KV 526
ist als Nr. 42 bekannt! Diese Nummerierung muss
zwar überarbeitet werden, da Mozarts Urheberschaft
bei sechs der Sonaten und Variationen für Pianoforte
und Violine mehr als zweifelhaft ist und drei davon
unvollendet blieben. Hinzuzufügen sind jedoch zwei
Serien von Variationen, - die vier nur in Fragmenten
erhaltenen einzelnen Sätze nicht eingerechnet - und
die letzte Sonatine KV 547.
Zweitens durch seine Entwicklung: Zwischen den
ersten "Sonaten für Klavier und Violine" des sechsjährigen Kindes zur Unterhaltung im Salon, bei
denen die Geige eine fakultative Stellung einnimmt,
und den Meisterwerken der letzten Jahre, deren
Ausgewogenheit zwischen den beiden Instrumenten Beethoven, Schumann und Brahms zum Vorbild
dient, liegen Welten. Erst im 20. Jahrhundert beschreiten Komponisten wirklich neue Wege.
Schließlich durch seine Qualität: Spricht man von
dem Genius Mozarts, so fallen einem spontan die
Opern, Klavierkonzerte, Streichquartette und -quintette, Werke für Klarinette ein. Aber hätte Mozart nur
die Sonaten KV 454, 481 und 526 für Klavier und
Violine geschrieben, wäre diese Instrumentierung
sicher als Mozarts größte Kunst in die Geschichte eingegangen. Was die anderen angeht, so können wir
uns tragen lassen: Wir werden zu unserem eigenen
Besten in Atem gehalten!
Alle Fragmente für Klavier und Violine, die bei
Mozarts Tod gefunden wurden und die man für weit
genug entwickelt hielt, um sie zu vollenden, wurden
von Abt Maximilian Stadler, einem engen Freund und
Vertrauten des Komponisten, fertig geschrieben.
Robert Levin griff diese Arbeit auf, da er der Meinung war, es sei noch eine bessere Abstimmung auf
Mozarts Kompositionsweise möglich. Darüber hinaus
vollendete er, was bislang noch unvollendet geblieben war. Auf dieser Aufnahme ist alles enthalten,
was Mozart für Klavier und Violine geschrieben hat,
ohne es zu vollenden, mit Ausnahme von zwei Gruppen von je zwei Stücken: Andante und Fuge KV 402
(385e), die von Stadler vollendet wurden, aber deren
Urschrift verloren ist und bei denen wir daher nicht
wissen, was von Mozart und was von Stadler stammt;
und Andante und Allegretto KV 404 (385d), bei denen
es sich auch um zwei gesonderte Sätze handeln kann,
die Mozart bewusst für sich stehen lassen wollte.
77
Fantasie in c-Moll, KV 396 (385f)
Ende 1782 geschrieben, hinterließ Mozart nur die ersten 27 Takte [bis 2:47] des Klavierparts, sowie die Takte 23
bis 27 des Geigenparts. Stadler war offenbar der Ansicht, dass das Material der Geigenstimme nicht ausreichte,
daher fertigte er eine vollständige Fassung für Klavier solo an. Robert Levin hingegen legte Wert darauf die von
Mozart vorgegebene Instrumentierung beizubehalten. Für seine Fassung ergänzte er zunächst die 22 fehlenden Eingangstakte des Violinparts und vollendete dann diese Fantasie, die bei ihm 67 Takte zählt.
Goethe besaß ein Manuskript dieser Fantasie. Als ihn der zwölfjährige Mendelssohn besuchte, legte der alte
Meister dem jungen Musiker das Stück vor, das dieser sofort brillant vom Blatt spielte.
Allegro in G-Dur, KV Anh. 47 (546a)
Dieser Sonatenhauptsatz datiert von 1789 und ist somit das letzte Werk, das Mozart für Klavier und
Geige geschrieben hat. Auf dem Manuskript sind nur die ersten 31 Takte vermerkt [bis 1:01], und diese
auch nur teilweise. Um Ihnen eine bessere Vorstellung davon zu geben, haben wir am Ende der CD eine
Aufnahme angefügt, die peinlich genau das wiedergibt, was Mozart schrieb. Vielleicht hätten Sie noch
andere Einfälle als Robert Levin, wie die "Löcher zu stopfen" seien? Seine Version ist bis heute die einzige
Vollendung dieses Satzes, der künftig über 148 Takte verfügt.
Allegro in B-Dur, KV 372
Auch hier handelt es sich um einen Sonatenhauptsatz. Er ist mit dem Datum "Wien, 24. März 1781"
versehen. Es ist denkbar, dass dieser Satz ursprünglich als Eingangssatz der Sonate KV 378 gedacht war.
Das Manuskript, in dem immerhin schon Hinweise an den Verleger enthalten sind, endet seltsam abrupt
nach 65 Takten [bei 2:06]. Die Fassung von Robert Levin - etwas kürzer als diejenige Stadlers - ergänzt
dieses Allegro auf 175 Takte.
Allegro in A-Dur, K. Anh. 48 (480a/385E)
Für die Urschrift verwendete Mozart das gleiche Papier wie für die Sonate KV 454, daher dürfte dieser
Sonatenhauptsatz wahrscheinlich aus dem Frühjahr 1784 stammen. Wähnte Stadler, die 34 ersten Takte
bis [1:05] dieses Manuskripts seien nicht ausreichend? Robert Levin verstand es, die Aufgabe zu vollenden, und in seiner Fassung enthält dieser Satz 158 Takte.
78
Allegro in A-Dur, KV 50 (526a)
Es könnte sich bei diesem vermutlich von 1787 stammenden Satz um einen Entwurf für den ersten Satz
der Sonate KV 526 handeln, die auch in dieser Aufnahme enthalten ist. Als das Verlagshaus Henle alle
diese Fragmente veröffentlichte, hielt man das von Mozart hinterlassene Material (nur die ersten 15 Takte
bis 0:25] des Klavierparts, die Geigenstimme ist nicht vorhanden) für ungenügend, um es zu vollenden.
Exklusiv für die französische Musikgesellschaft Le Palais des Dégustateurs beschloss Robert Levin jedoch
wenige Wochen vor der Aufnahme, diesen Satz zu vollenden. Es ist daher ein außerordentliches Privileg,
diese 146 Takte hören zu können!
Sonate in C-Dur, KV403 (358c)
Diesmal ist es der dritte Satz der aus dem Jahr 1784 stammenden Sonate, der unvollendet blieb. Man
kann sagen, er wurde nur skizziert, denn er endet in Takt 20 [bei 0:28]. Dennoch machte sich Stadler,
der über die vollständigen beiden ersten Sätze verfügte, die Mühe, dieses Allegretto zu vollenden (zu
dem Mozart vermerkt hatte, es müsse nahtlos auf das vorangehende Andante folgen). Somit konnte eine
vollständige Sonate herausgegeben werden. Auch Robert Levin nahm sich auf besonders einfallsreiche
Weise dieses Allegrettos an, indem er ab dem zwanzigsten Takt das Thema des ersten Satzes wieder
aufgriff! In seiner Arbeit enthält dieser Schlusssatz insgesamt 169 Takte.
Diese Sonate war Konstanze gewidmet und enthielt folgende Anmerkung: "Von mir W: A: Mozart für
meine sehr geliebte Ehefrau." Es ist eine bemerkenswerte Tatsache, dass Mozart niemals je ein Werk
vollendete, das für Konstanze geschrieben oder gewidmet war...
Pierre Carrive
Übersetzungen: Domaine Ponsot
79
80
Directeur artistique : Pierre Carrive
Ingénieur du son : Alain Gandolfi
Graphiste : Michaël Lehoux
Facteur de piano : Gerard Fauvin
Texte du livret : Pierre Carrive
Traduction Domaine Ponsot
Couverture : Korin
www.korin.ovipart.fr
81
Le Château de Vosne Romanée, proriété du Comte Liger-Belair, mécène de cet enregistrement
partenaire
c 2016 Le Palais des Dégustateurs p 2016 Le Palais des Dégustateurs
Le Palais des Dégustateurs - le Grand Village 07200 Ucel
www.lepalaisdesdegustateurs.com - [email protected]
82
Tout droit du producteur phonographique et du propriétaire de l'oeuvre enregistrée réservés.
Sauf autorisation, la duplication, la location, le prêt, l'utilisation de ce disque pour exécution publique et radiodiffusion sont interdits
Le Général Comte Louis Liger-Belair (1772-1835), fondateur du Domaine du Comte Liger-Belair
83
Unfinished works for piano and violin
Completed by Robert Levin
Robert Levin & Gérard Poulet
84