PARTIE 5 - World Karate Federation

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Le Magazine Budo international
a publié un interview avec le
Président de la WKF, Antonio
Espinós, en Anglais, Français
et Espagnol. Dû à la longueur
et l’intérêt de cet article, nous
avons considéré approprié de
le publier divisé en plusieurs
parties.
Combien de membres y a-t-il à la WKF actuellement ?
« 188 fédérations membres dont près de 100 qui participent régulièrement à des activités. »
À combien la WKF estime-t-elle le nombre de karatékas qui existent dans le monde, à l’intérieur et
à l’extérieur des fédérations nationales membres du Karaté WKF ?
« 119 millions, selon une étude qui a été faite sur la base des associations membres. »
Combien au sein des fédérations nationales membres ?
« Quelque 10 millions. Il s’agit d’une étude qui transcende les fédérations et les clubs de ces
fédérations. Elle est faite en fonction du nombre de pratiquants fédérés, de la population, du
pays, à partir desquels on estime les données. »
Il s’ensuit que les karatékas affiliés aux fédérations membres de la WKF représentent à peine…
« 10% », lâche Espinos.
Il est vrai que j’ai des doutes quant à ces données aussi dévastatrices, du fait de mes contacts
internationaux dans différentes organisations de types très différents. Je ne crois pas non plus
que les caractéristiques de l’étude peuvent permettre une fiabilité extrême. Dans tous les cas,
même si les données ne correspondent pas exactement à la réalité, le pourcentage de fédérés
semble être assez faible. Aux organisations de styles opérant en dehors du cadre sportif (bien que
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certaines font les deux, mieux ou moins bien), il faut ajouter depuis 1996 la scission qui produit la
nouvelle WKC et que dirigent d’anciens hauts représentants de la Fédération mondiale de Karaté
(anciennement appelée WUKO jusqu’en 1993) comme l’Allemand Fritz Wendland, l’Italien Carlo
Henke et le Serbe Marco Nicovic… Après cette WKC fut créée, en 2004, la nouvelle WUKO (qui
reprend l’ancien nom de l’original) que dirigeront Henke et le Brésilien Oliveira jusqu’en 2008,
lorsque le Brésilien créera pour sa part la WUKF.
Et de cette estimation des karatékas fédérés et non fédérés que la Fédération mondiale a faite
récemment, comment considère-t-on cette donnée à la WKF ? Je veux dire… lui donne-t-on une
importance quelconque ? Considère-t-on cela comme quelque chose de normal qui n’a pas plus
d’importance ? Comment interprète-t-on cette information ?
« Eh bien, dans énormément d’endroits, les gens qui s’affilient sont seulement ceux qui
participent activement aux compétitions. La plupart des gens qui aiment le Karaté entrent
dans un club pour pratiquer un certain nombre de jours par semaine. C’est la seule lecture
que nous pouvons faire. »
Selon les données, il semble qu’il en soit ainsi, mais quoi qu’il en soit, on ne donne pas beaucoup
d’importance à la question. Ce n’est pas considéré comme un problème ? On considère cela comme
normal ? Je dis cela considérant que vous développez logiquement l’aspect éminemment sportif
compétitif. On pourrait dire alors, d’après toi, que les gens qui ne se soucient pas de l’aspect sportif
se situent hors de la fédération sportive ?
«Oui, parce qu’en outre la législation n’oblige les karatékas des clubs à s’affilier à la Fédération
que dans quelques pays. »
Je pense que ce commentaire t’honore. Cela semble être plus important pour les fédérations
nationales et régionales, probablement parce que les karatékas hors de ces fédérations ne paient
pas leurs affiliations et leurs licences et logiquement ça fait mal.
Chaque organisation a un type de fonctionnement et l’organisation idéale est celle qui correspond
le plus étroitement avec vos idées, avec les idées et le fonctionnement du groupe auquel on
appartient… L’organisation est le costume que l’on porte et il doit être le plus en accord avec ce
qu’on fait. Je crois sincèrement qu’un excès de perspective sportive compétitive pourrait gâcher
les valeurs morales et techniques du Karaté traditionnel. De fait, c’est ce qui est en train de se
passer.
Honnêtement, je pense que les fédérations sportives, en particulier aux niveaux national et régional,
sont obsédées par l’idée d’être contre les groupes qui fonctionnent en dehors d’elles, alors qu’elles
devraient se demander pourquoi. Ces groupes préfèrent être en dehors et ils le sont, dans de
nombreux cas, sans complexes et sûrs de savoir où et pourquoi ils se trouvent là, agissant en
accord avec leurs idées.
Je pense que si on parlait, on trouverait des points de rencontre. Que peut-on faire pour que ces
groupes aient envie d’être à l’intérieur et non à l’extérieur ? Ce sont généralement des questions de
grades de ceinture noire, beaucoup de gens pensent que cela devrait être géré par les associations
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du style… car il s’agit d’une question qui appartient à l’aspect martial et non à l’aspect sportif
du Karaté. Je me réfère toujours, bien sûr, aux organisations qui, légalement constituées, sont
soutenues par de prestigieuses organisations internationales, ou par de grands maîtres, ou par
des années à faire leurs preuves… Concevons des systèmes pour arriver à des accords avec ces
groupes importants ou vétérans, au lieu de lutter contre eux.
« Je ne peux pas être en désaccord avec toi », admet Espinos. Je pense que nous devrions
avoir de la tolérance, du respect, de la reconnaissance, de la générosité… et pas le contraire.
Peut-être les fédérations sportives devraient faire d’autres activités techniques liées à
l’histoire et à la philosophie du Karaté, des conférences, des publications techniques (sujets
parallèles, mémoires, etc.). Les photos que nous avons montées, par exemple, pendant les
Championnats du Monde à Guadalajara ont beaucoup plu et ont fourni une reconnaissance
de l’histoire, des pionniers… « Cette exposition fut très belle, magnifique, incroyable »,
commente le président de la WKF. Ce fut un attrait supplémentaire qui permit de minimiser un peu
cette déconnexion entre les deux facettes du Karaté.
En ce qui concerne des pays importants dans le monde, et en Karaté, comme les États-Unis,
le Japon, le Brésil, la Chine, l’Iran… cette faible proportion d’affiliés aux fédérations nationales
membres de la WKF varie-t-elle ou est-elle similaire ?
« Aux États-Unis, elle est plus faible. Elle est plus faible que partout ailleurs, je pense ! En
Iran cependant, elle est plus élevée, au Japon elle est plus élevée, en Indonésie elle l’est
beaucoup plus, ils ont énormément de gens, en France aussi ».
Et en Espagne ?
« En Espagne, moins, je pense qu’il y a beaucoup plus de gens pratiquant le Karaté que de
gens qui sont à la Fédération, beaucoup plus ».
Mais pas dans ce pourcentage, non ?
« Non. Pas dans ce pourcentage. Je pense qu’en Espagne, on doit avoir de l’ordre de 30%
d’affiliés. Pas plus, je crois. Je pense qu’un pratiquant sur 3 ou sur 4 est affilié. Pas plus.
Bien sûr, vu de l’extérieur. Du point de vue d’autres organisations, ils considèrent que la
WKF ne représente qu’un karatéka sur quatre dans le Monde, et que donc, eux, ont les 75%
restant. C’est la conclusion qu’ils tirent et ce n’est pas comme ça ».
En effet, pour être juste, je dois dire que ces 75% de karatékas qui sont hors des fédérations
sportives nationales sont dans différents petits groupes et ne sont pas unis en un seul, comme
parfois semblent le prétendre certains face au Comité international olympique, etc.
« Bien sûr. Certains de ces groupes soutiennent que le COI n’en a reconnu qu’un sur
quatre et que 75% des karatékas, étant en dehors de la WKF, n’auraient pas accès aux Jeux
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olympiques… sous-entendu qu’ils sont tous dans un autre même groupe ! »
Mais, c’est faux.
« Oui, mais c’est ce que disent certains. »
En fait, cela change peu le vrai problème (cela ne changerait, quoi qu’il en soit, que l’approche de
certaines de ces organisations).
Et au Japon, malgré le thème des styles, etc., il semble qu’il y ait beaucoup de membres, non ?
« Eh bien, selon les données, il semble y avoir environ un million d’affiliés à la Fédération. »
La Fédération japonaise a également été pendant des années sur le point de sortir de la WKF du fait
de certains problèmes mais… nous verrons cela plus tard. En fait, il est relativement habituel que,
dans certains pays, l’organisation affiliée à la WKF n’ait pas toujours été le même. En Angleterre,
par exemple, il y a eu assez bien de mouvements à cet égard, et il y a même eu des organisations
créées délibérément pour ça.
Il y a une question importante sur le Comité exécutif de la WKF. On dit dans certains groupes,
que ses membres, ou certains d’entre eux, sont de pays peu importants dans le Karaté, peu
représentatifs, et que toi, en tant que président, simplement en les contentant dans leurs fonctions
avec des voyages payés, les hôtels, etc., tu pourrais t’assurer leur voix dans toutes tes décisions.
Je ne les connais pas tous et j’ai vu qu’il pourrait y avoir de tout. Que peux-tu dire à ce sujet ?
« Parmi les membres du CE 16 sont élus, 5 correspondent aux fédérations continentales, un
actuellement coopté, et le président. Plus de 20 membres. Les élus vont par continents. Les
Européens ont la Finlande, la Norvège, la Turquie, la Grèce, la Grande-Bretagne, la France et
l’Espagne, c’est moi. Je ne sais pas s’ils sont importants. Je ne sais pas s’ils sont petits ou
grands mais il y a de tout. En ce qui concerne l’Afrique, il y a l’Algérie, qui est un pays très
important en Karaté, le Congo, le Sénégal et la Tunisie. Quels sont les autres pays importants
en Karaté ? L’Égypte, par exemple, mais elle n’a jamais déposé sa la candidature et change
de président tous les deux ans, elle n’a donc pas de stabilité. L’Afrique du Sud est un autre
pays important, mais c’est presque la même chose. En Amérique, sont représentés les ÉtatsUnis, l’Argentine, Porto Rico, Curaçao et le Venezuela. Je ne sais pas s’ils sont importants
ou non, mais… »
Certains critiquent également la représentante du Venezuela, Carmen Diaz, mère du champion
Antonio Diaz, qui n’est pas karatéka et ne serait donc peut-être pas une représentante moralement
légitime, politisant à outrance la WKF.
« Je ne sais pas s’il est important d’être karatéka ou pas, mais ce qui n’est pas bien, c’est que
pour certaines choses c’est important et pour d’autres ça ne l’est pas. C’est comme avoir un
arbitre de Karaté qui est karatéka et un arbitre de football qui ne l’est pas. »
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Je suis totalement d’accord avec toi sur ce point.
La politique, même sportive, est la politique. Et je crois que l’exemple de l’arbitrage est très bon,
bien que là, je pense aussi que les arbitres de Karaté sont également mieux préparés pour arbitrer
étant également karatékas, et que c’est une garantie supplémentaire de leur bon travail, que je
défends habituellement.
« Je ne pense pas que l’on doive disqualifier quiconque pour ce genre de chose. Tout comme
on ne pourrait pas non plus me disqualifier pour ne pas être toujours un karatéka en activité,
pour être ingénieur civil et avoir exercé ma profession. On ne peut disqualifier à la légère
car en fin de compte, si nous exigeons que vous soyez un pays important, que vous soyez
karatéka, que vous soyez… ce que l’on veut alors que c’est que le taureau vous attrape.
Carmen Diaz est là et, bon, c’est comme ça. Ensuite, il y a le président de Curaçao, qui a
aussi été pendant vingt ans le président des Jeux panaméricains, depuis 1993, élu, battant
George Anderson, des États-Unis, qui prit sa retraite finalement. »
Tu te réfères à William Millerson ?
« Oui, Millerson. »
Je le connais car c’est un 8ème Dan de mon école, Wado Ryu.
« Eh bien Millerson était, jusqu’au mois de mai de l’an dernier, aux Jeux panaméricains,
quand il fut remplacé par l’Argentine. Je ne sais pas si ce que je te dis c’est important ou
pas, mais c’est là. Le Brésil pourrait aussi être représenté et il ne l’est pas actuellement, mais
il le fut jusqu’à s’être retiré, de son propre gré, il y 4 ans, c’était Oliveira. En Asie, il y a les
Émirats, la Chine, le Japon, Taipei. Et celui de Taipe est président de la Fédération asiatique.
En Océanie, il y a l’Australie et Fidji, qui est présidente de la Fédération continentale. »
Je suppose qu’avec 180 pays membres, il est difficile de choisir une vingtaine de représentants.
Vous ne pouvez pas avoir un comité exécutif de 50 personnes !
« Non, bien sûr. Mais je veux dire qu’il y a des représentants de beaucoup de pays et que les
gens votent pour eux. Ceux qui disent ce qu’ils disent, c’est qu’ils n’ont pas lu la liste. Il est vrai
que le Mexique n’est pas là aujourd’hui, mais il s’y trouva de nombreuses années. J’espère
être qu’il y aura bientôt l’Allemagne, parce que son président, qui le fut de 1993 jusqu’à l’an
dernier, n’a jamais présenté sa candidature parce qu’il n’a pas voulu ou parce que ça ne l’a
pas intéressé pour des raisons particulières… Mais maintenant, il y a un nouveau président
et il veut faire partie du CE et j’espère qu’il en sera ainsi après le Congrès de Brême 2014. »
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Interview de Salvador Herraiz
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