Découvrez ici les noms et portraits des 10 nominés du Trends CFO

PEOPLEÉLECTION
BRUNO LEFÉBURE Chirec
Qui sera le
CFO
de l’année
2014 ?
ui sera le successeur
de Bernard de Laguiche
(Solvay) et pourra porter
le titre de Trends CFO
of the Year 2014? Le jury
— composé de Laurent
Carlier (CFO Befimmo), Jan Staelens
(CFO Roularta), Bruno Colmant
(directeur Roland Berger), Christian
Lemaire (directeur Fiabilis Consulting
Group), Filip Roodhooft (professeur
KU Leuven), Wim Goossens
(responsable corporate finance BNP
Paribas Fortis) et de membres
des rédactions de Trends et TrendsTendances — a sélectionné 10
candidats. Ces CFO ont joué un rôle
important dans le développement
financier et stratégique de leur
entreprise. Le gagnant sera proclamé
le mercredi 18 juin lors
d’un événement organisé à Tour
& Taxis à Bruxelles. L’orateur invité
est Gilles Samyn, de la CNP.
Un débat sera également consacré
au financement des banques
et des entreprises. z
Q
D Plus d’informations sur cette élection sur
www.trendscfo.be
98 22 MAI 2014 | WWW.TRENDS.BE
«On pourrait croire que je cherche les
embêtements... Je préfère dire que j’aime
les défis!» Bruno Lefébure, directeur administratif et financier du Chirec (47 ans), a été
servi: trois ans à peine après avoir pris ses
fonctions à la clinique du Parc Léopold,
il est propulsé comme directeur du Chirec.
De la filiale à la maison mère, d’un établissement de 200 lits à un autre de 1.100 places...
Sa carrière, c’est en tant que pharmacien
hospitalier qu’il l’a débutée. «Comme je suis
un étudiant attardé, j’ai entrepris une maîtrise de management
en soins hospitaliers. En 1999, le recrutement externe lancé par
la clinique Léopold n’ayant rien donné, on a pensé à moi. J’ai tout
appris sur le terrain.»
Peu de candidats envient sa place au début
des années 2000, alors que le Chirec perdait
Bruno
10 millions d’euros par an. Conscient des
Lefébure
risques, Bruno Lefébure fait appel à Jean-Claude
«J’ai tout appris Bosquet, celui qui lui a déjà appris les ficelles
sur le terrain.»
du métier à la clinique Léopold. En neuf mois,
ils réussissent à boucher un trou de 30 millions
d’euros, en convainquant les 800 médecins de l’établissement de
mettre 10 millions de leur poche, élément qui persuadera les banques
de s’engager pour le solde. Encore aujourd’hui, Bruno Lefébure est fier
d’avoir évité les licenciements secs. «Je suis aussi content d’avoir
réussi à boucler le financement du projet Delta», ajoute-t-il. Ce futur
hôpital bruxellois, qui rassemblera les cliniques Parc Léopold
et Edith Clavell, a trouvé un tiers de ses fonds directement auprès
de la Banque européenne d’investissement, sans passer par les
banques belges, plutôt frileuses. Ce qui ne lui a pas valu que des amis
dans le milieu... «Le financement n’était qu’une étape et jusqu’à l’inauguration en 2017, je crois que je vais pouvoir concentrer toute
mon énergie dans ce défi!»
PHOTOS PG
PRÉSEN TAT ION
DES 10 NOMINÉS
z M.G.
PIERRE WINAND
bpost
Comme beaucoup de diplômés en sciences
économiques et commerciales«ne sachant
pas quelle direction professionnelle
prendre» à la sortie de leurs études,
Pierre Winand (48 ans) avait choisi l’un
des Big Four — KPMG en l’occurrence
— pour débuter sa carrière.
«Comme tout le monde», il pensait
y rester trois ans. Il y restera 10
ans. En 1999 à Moscou, un cadre
supérieur de son principal client
en tant que réviseur d’entre-
TOM BAMELIS
AvH
Mettre Tom Bamelis (47 ans), et lui seul,
Tom Bamelis
en avant comme candidat CFO of the Year «Avant tout un travail
est un brin malhonnête, estime-t-il, car
d’équipe.»
«chez Ackermans & van Haaren, c’est
avant tout une affaire de travail d’équipe».
Il n’empêche. Les performances de l’équipe dirigée par le CEO Luc
Bertrand sont plus qu’honorables. Depuis quelque temps, le holding
industriel anversois se concentre sur un nombre limité de participations
stratégiques, dont la société de dragage DEME, les entreprises de
construction CFE et Van Laere, les banques Delen et J. Van Breda, le
groupe agro-alimentaire Sipef ainsi que les capital-risqueurs Sofinim et
GIB. Via ses participations, Ackermans & van Haaren (AvH) emploie
18.750 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros.
Chez AvH, Tom Bamelis travaille avec six collaborateurs, même si, bien
entendu, les départements financiers des filiales rapportent
directement à la maison mère. «Un bon CFO doit absolument veiller à
l’intégrité des chiffres. Les parties prenantes doivent pouvoir juger
d’après des données qui reflètent la réalité.
Le département financier doit en outre
fournir les paramètres qui permettent au
management de prendre des décisions.»
Avec un diplôme d’ingénieur commercial
de la KU Leuven et un master en financial
management de la Vlekho, Tom Bamelis
commence sa carrière comme auditeur au
bureau de réviseurs d’entreprises Touche
Ross (actuellement Deloitte). Par la suite, il
travaille cinq ans en tant qu’attaché de
management au groupe Bruxelles-Lambert
avant de passer chez AvH en 1999, société
dont il fait partie du comité de direction
depuis 13 ans. «En fait, je n’ai jamais
ressenti le besoin de faire autre chose.»
z L.H.
«Ce que vous
voyez est le
résultat d’un
travail effectué
il y a cinq ans.
Aujourd’hui,
nous n’avons
que peu
KAREN
de moyens
VAN GRIENSVEN
d’action à ce
niveau. Le défi
Melexis
consiste
à maintenir le cap.» Complimentée pour les
résultats du premier trimestre de Melexis, Karen
Van Griensven se montre modeste. Ingénieur
agronome avec
une spécialisation
Karen van
en chimie et un MBA
Griensven
de Solvay, Karen
«Le résultat
Van Griensven, 44 ans
d’un
travail mené
à peine, est depuis
il
y
a
cinq ans.»
16 ans déjà directeur
financier du
développeur de semi-conducteurs. Lorsqu’elle
a pris ses fonctions de CFO en 1998, l’entreprise
de Tessenderlo et d’Ypres n’avait pas encore
de comptable interne. Aujourd’hui, la priorité de
son département consiste à intégrer les données
dispersées dans l’entreprise pour soutenir la prise
de décision. Dans cette même perspective, elle
contribue, en collaboration avec les ressources
humaines et avec un département financier
de 25 personnes, à expliquer à grande échelle
au personnel ce que l’entreprise réalise et où elle
en est par rapport à ses objectifs.
z B.L.
Pierre Winand
prises lui demande s’il n’aurait pas envie
de rejoindre l’équipe. Il restera ainsi sept
ans chez Interbrew, où il est notamment
l’un des artisans du rapprochement avec
AnBev. En 2006, il reçoit un coup de fil
lui proposant un entretien avec Johnny
Thijs. «En sortant de l’interview, j’étais
déçu parce que je pensais ne pas avoir
le job. Mais je me disais que je m’étais
bien amusé.» Le grand patron de bpost
lui offrira finalement le poste de chief
financial officer, qu’il occupe encore
aujourd’hui. D’une multinationale à une
entreprise publique, le grand écart?
«Un bon CFO
«Pas vraiment», assure
IPO début 2013, je ne dirais pas
doit
aussi avoir
Pierre Winand, qui
que tout était prêt mais les blocs
un appétit pour
explique avoir accepté
de construction pouvaient être
la stratégie.»
l’offre parce qu’elle lui a
assemblés assez rapidement.»
permis de devenir «un vrai
Néanmoins, Pierre Winand
CFO», alors qu’il n’avait jusque-là été
confie que la Bourse n’est pas la
responsable que de certains «pans»
réalisation dont il est le plus satisfait.
du métier chez AB InBev. Dès sa prise
«Ce qui me rend fier, c’est le parcours,
de fonction, il savait qu’une introduction le défi relevé avec une équipe
en Bourse risquait de se profiler lorsque
de management stable et fidèle.
CVC souhaiterait retirer ses billes.
Un bon CFO ne doit pas seulement
«Nous avons eu le temps de nous y
s’occuper de chiffres, mais aussi avoir
préparer. Quand le conseil d’administra- un appétit pour la stratégie.»
tion a décidé de pousser sur le bouton
z M.G.
≤
WWW.TRENDS.BE | 22 MAI 2014 99
PEOPLE ÉLECTION
KOEN STICKER Univeg
HUGO DE STOOP
Euronav
Hugo De Stoop est CFO
d’Euronav, où il travaille depuis
2004. C’était l’année de
la séparation d’avec CMB et de
l’entrée en Bourse de l’armateur.
«La cyclicité et l’extrême
volatilité, liées aux saisons,
rendent Euronav très intéressante pour un CFO, rapporte l’ingénieur (diplômé notamment de l’ULB
et de Politéchnica Madrid). Lorsque le cours chute de 70% en quelques
mois, c’est évidemment la catastrophe. Pendant la crise, une cargaison
coûtait entre 15.000 et 20.000 euros. Elle peut grimper jusqu’à
350.000 euros lorsque les temps sont meilleurs. Garder les liquidités
sous contrôle est un vrai défi.» Hugo De Stoop démarre sa carrière
en tant que chef de projet chez Mustad International Group, un groupe
industriel norvégien notamment actif comme producteur sidérurgiste
et cartonnier. Plus tard, il sera l’un des fondateurs de la branche
américaine de First Tuesday, le principal réseau d’entrepreneurs hightech, de capital-risqueurs et d’entreprises. Après la vente de ce réseau,
il fait avec d’autres le pas vers Davos Financial Corp. London, gestionnaire de portefeuilles pour UBS. Après un MBA à l’Insead, le Bruxellois
entre au service d’Euronav. Cet ex-banquier est actif dans un secteur
à risques, où, pour les investissements importants, l’intuition du
président Marc Saverys pèse souvent plus que les colonnes de chiffres.
«Attention, ajoute le CFO en riant, une intuition
Hugo
avec 30 ans d’expérience. Il appartient à mon
De Stoop
équipe d’analyser financièrement tous les projets
«Je surveille
et de garder le cap pour être sûr que l’intuition
les intuitions de mène à bon port.»
Marc Saverys»
z H.B.
Pour Koen Sticker, Univeg est une entreprise trop peu
connue. Mais plus d’un directeur financier se contenterait
des transactions que ce géant des fruits et légumes
a réalisées ces 18 derniers mois. Début 2013, ce licencié
en sciences commerciales
est chargé de racheter
Koen Sticker
les parts de CVC Capital
«285 millions d’euros levés.»
Partners, l’actionnaire
de référence. Avec ABN
Amro, Koen Sticker est autorisé à démarcher auprès d’investisseurs potentiels. Résultat? Fin juin, une association,
se crée avec l’actionnaire existant Hein Deprez (55%),
des familles sud-africaines et un homme d’affaires belge.
«Le trajet a été des plus intéressants, raconte Koen
Sticker. De 2002 à 2010, j’avais déjà été impliqué dans
des reprises auprès d’Ernst & Young, mon employeur
précédent.» Après ce rachat, il est promu CFO d’Univeg,
où il travaille depuis mai 2010. Autre opération
importante: l’émission d’un emprunt obligataire. «Dans
un premier temps, nous
voulions lever 265 millions
d’euros, mais vu l’intérêt,
nous avons haussé le
montant à 285 millions
d’euros.» Les obligations
sont cotées à la Bourse de
Luxembourg. Une partie de
l’argent a servi, en 2014, à des
acquisitions au Royaume-Uni
et au Suriname ainsi qu’à une
joint-venture en Inde. z W. R.
JAN PEETERS Arseus
100 22 MAI 2014 | WWW.TRENDS.BE
MICHEL WIEGANDT
Jan Peeters
L’Anversois Jan Peeters
est l’un des deux pères
fondateurs de la société
cotée en Bourse Arseus.
Avec le CEO Ger van
Jeveren, il a développé l’entreprise belgo-néerlandaise,
transformant ce qui était un
écheveau d’activités B to B
d’Omega Pharma, souvent
sous-performantes, en un
spécialiste très rentable des
préparations magistrales
pour les pharmaciens. Après
des études d’économie
appliquée et un MBA à la
Vlerick Business School,
Jan Peeters devient analyste
chez Exxon. Trois ans plus
tard, il atterrit chez Marc
Coucke, son condisciple à la
Vlerick, dans la toute jeune
Omega Pharma, où il reste
«Un plus
13 ans. Lorsqu’en
responsable
un égale trois.»
2006, Omega
des finances et
Pharma échoue dans
du rapportage
sa tentative de vendre sa
financier. «Je suis également
filiale Arseus Dental, Jan
entrepreneur, déclare-t-il.
Peeters et Ger van Jeveren
Je ne m’occupe absolument
font passer toutes les
pas de l’exploitation, mais
activités B to B d’Omega
je suis très impliqué dans
Pharma dans le giron d’une
la stratégie du groupe. Nous
Arseus renouvelée et
travaillons beaucoup en
élargie. Ger Van Jeveren
binôme. Si nous mettons
devient CEO et Jan Peeters,
ensemble nos compétences,
CFO. Un an plus, tard, le duo nous constatons qu’un plus
fait entrer Arseus en Bourse. un égale trois. Et comme
D’emblée, le rôle de Jan
nous travaillons vraiment
Peeters en tant que CFO
en équipe, cela se répercute
dépasse celui de
dans l’organisation.»
JOHAN VANKELECOM Belfius
Belfius, la banque créée en 2011
sur les cendres du groupe Dexia, a fait
du chemin. Grâce, notamment,
à l’expertise de son CFO Johan
Vankelecom, l’institution est sortie de la
zone rouge et peut œuvrer à son avenir
commercial. «A mes yeux, un CFO est
plus qu’un technocrate de la finance. Je
veux créer de la plus-value pour toutes
les activités, de la vente aux relations
humaines.» Johan Vankelecom entame
sa carrière en 1994 chez Dexia Banque
Belgique. Dès 2001, il occupe d’importantes fonctions au sein du groupe
Dexia (responsable des fusions et
acquisitions, gestion du capital) avant
de faire le chemin inverse en 2011. CFO
MICHEL WIEGANDT
KOEN PEETERS
Johan Vankelecom
«Plus qu’un technocrate
de la finance.»
adjoint de Dexia depuis 2009, il est
nommé, peu avant le découpage de
la banque belge, CFO et membre
du comité de direction de Dexia Banque
Belgique (qui allait devenir Belfius).
«Ma première priorité a été de stopper
les flux de liquidités qui partaient de
la Belgique vers diverses entités
du groupe Dexia. A ce moment,
Studio 100
Augmentations de capital et importantes
Koen
acquisitions: du pain bénit pour le
Peeters
directeur financier. Koen Peeters (44 ans)
a déjà pu s’y adonner à plusieurs reprises
«Au premier
chez Studio 100. Après des années de
rang lors
croissance rapide, le groupe d’entertainde décisions
ment flamand est devenu une multinatiostratégiques.»
nale dont les personnages apparaissent
sur tous les écrans du monde. Avec un effectif de 2.000 personnes,
le groupe réalise un chiffre d’affaires d’environ 160 millions euros.
Lorsqu’en 2006, Koen Peeters entre en tant que CFO chez Studio
100, tout est encore à faire. «L’entrée de Fortis Private Equity a été le
premier grand dossier, se souvient-il. A l’époque, Studio 100 était un
acteur essentiellement flamand mais voulait passer au niveau
européen. Ces nouveaux moyens ont permis la reprise de EM
Entertainment. Studio 100 obtenait ainsi les droits de Maya l’Abeille,
de Vic le Viking et d’autres
personnages internationaux
connus. C’étaient des décisions
stratégiques importantes. Le
directeur financier se trouve alors
au premier rang. Avant de
rejoindre Studio 100, Koen Peeters
a été pendant huit ans directeur
financier d’INVE, un fournisseur
agricole. Juriste de formation, il a
également étudié la fiscalité. Par la
suite, il a été réviseur d’entreprise
chez Riské & Co et KPMG.
z S.F.
les liquidités étaient encore pilotées
depuis la salle des marchés. Nous
en avons fait un instrument de gestion
du bilan, intégré au département
financier.» Johan Vankelecom
a également nettoyé le bilan par
une stratégie de de-risking tactique.
A l’exception de l’Italie, la banque s’est
défaite de pratiquement tout son portefeuille souverain d’Europe méridionale.
Mais sans hâte. Pas à pas.
«En attendant le bon moment
et les opportunités, nous avons pu
limiter les pertes. C’est une stratégie
que nous suivons encore aujourd’hui
pour le reste de notre portefeuille de
placements.» z P.C.
LUC POPELIER
Groupe KBC
L’année 2013 a été
charnière pour KBC. Le bancassureur est au bout de
la restructuration et des
désinvestissements
imposés. La contribution
du CFO Luc Popelier
et de son équipe peut être
qualifiée de considérable.
Il a mené à bien le renforcement de la structure du
capital, une opération cruciale pour
Luc
que la confiance revienne. Des mois
Popelier
durant, Luc Popelier a sillonné le
monde pour sensibiliser les investis- «Nous sommes
sur la bonne
seurs au nouveau scénario de KBC.
voie.»
C’est en partie grâce à ces efforts
que le bancassureur a pu mener à
bien des opérations sur les marchés des capitaux pendant
trois années consécutives. En début d’année, KBC a
remboursé anticipativement au gouvernement flamand
la deuxième tranche d’aide publique. La dette vis-à-vis
des autorités fédérales avait déjà été apurée. «Un signal
important que nous sommes sur la bonne voie», estime
Luc Popelier. Cette année, le directeur financier a reçu
de nouvelles compétences, ICT et back office notamment.
Il dirige actuellement 2.250 personnes.
z P.C.
WWW.TRENDS.BE | 22 MAI 2014 101