cardiaque - CHU - Université de Liège

N°42 JUILLET 2014
MAGAZINE D’INFORMATION
MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE
15 Dossier :
La transplantation
cardiaque
3 Institutionnel :
CAP 2020, un
nouveau plan
stratégique
10 Who's who :
Jacques Boniver,
Louis
uis Maraite
Expéditeur : CHU de Liège / Editeur responsable : J. Compère, Av.
v. de l’Hôpital, B35, 4000 Liège
Bureau de dépôt : Liège X / n° agrément : P801120
SOMMAIRE
ÉDITORIAL
<
3
3
Institutionnel
Le patient au coeur du plan
stratégique "CAP 2020"
6
En bref
< Pr. Christian Bouffioux
En un coup d’œil, quelques
nouvelles de l’hôpital universitaire
Directeur Médical Honoraire
Directeur de la rédaction
Bonjour,
Tout d’abord, je vous souhaite à tous, étudiants, professeurs, travailleurs de tous horizons et retraités,
d’excellentes vacances d’été.
Who's who
Ce numéro 42 de votre magazine ‘CHUchotis’ comporte, outre les rubriques d’actualités habituelles,
deux dossiers principaux : le plan stratégique CAP
2020 et la greffe cardiaque.
10
Election du Pr. J. Boniver en tant
que Président de l'Académie
Royale de Médecine et arrivée
du nouveau chef du service
Communication, L. Maraite
6
10
Le plan CAP 2020 a été approuvé par le nouveau
Conseil d’administration du CHU le 25 juin dernier. Il
fait suite au plan COS 2013 dont la dernière et ambitieuse réalisation, le CIO-Unilab, est entrée dans sa
phase concrète par le premier coup de pelle donné
le 20 mai dernier.
12
12
Actualités
Focus sur les différentes
actualités qui ont animé
l'hôpital universitaire
15
Dossier
La transplantation cardiaque :
les équipes spécialisées savent
mieux que quiconque que certains
coeurs peuvent avoir deux vies
15
N°42 JUILLET 2014
MAGAZINE D’INFORMATION
MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE
15 Dossier :
La transplantation
cardiaque
3 Institutionnel :
CAP 2020, un
nouveau plan
stratégique
10 Who's who :
Jacques Boniver,
uis Maraite
Louis
Expéditeur : CHU de Liège / Editeur responsable : J. Compère, Av.
v. de l’Hôpital, B35, 4000 Liège
Bureau de dépôt : Liège X / n° agrément : P801120
N°42
JUILLET 2014
MAGAZINE D’INFORMATION
MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE
Le nouveau plan comporte 34 projets élaborés par
des équipes internes du CHU et pilotés par des personnes ressources propres à l’institution.
Le patient et ses accompagnants sont au cœur des
préoccupations : accessibilité, parkings, signalisation
interne, augmentation de l’offre en hôpital de jour, en
lits MR, MRS, Sp pour répondre au vieillissement de la
population, mais aussi écoute du patient via la création d’un comité des patients.
Les travailleurs de l’institution ne sont nullement oubliés : 10 projets concernent l’opérationnel et le personnel, visant à améliorer la qualité des services et le
bien-être des agents.
Le volet financier est sommairement détaillé : compte
tenu du CIO-Unilab, le CHU devra assurer des investissements de 50 millions € par an jusque 2020, et tout
cela sur fonds propres !
La transplantation cardiaque n’est pas nouvelle au
CHU puisque la première greffe de cœur eut lieu
en 1983 et que, depuis lors, 370 greffes ont été pratiquées. Elle exige la collaboration d’une équipe
soudée et très professionnelle qui regroupe bien sûr
cardiologues, anesthésistes réanimateurs, chirurgiens
cardio-vasculaires mais aussi perfusionnistes, intensivistes, coordinatrices de transplantation, immunologistes, psychologues, rééducateurs, etc.
L’article vous détaille tous ces aspects, sans oublier de
donner la parole aux greffés du cœur.
Bonne lecture et bonnes vacances !
Éditeur responsable J. Compère, Administrateur délégué du CHU (04 366
70 00), av. de l’Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège / Directeur de la rédaction
Pr. C. Bouffioux / Conseil éditorial A. Bodson, C. Bouffioux, J. Compère,
Q. Désiron, V. D’Orio, D. Giet, P. Gillet, D. Gilman, J.M. Krzesinski, M. Lamy,
M. Malaise, G. Pierard / Rédaction A. D'Haeyer / Réalisation PYM / Photos
M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, Michel Houet, Shutterstock.
www.facebook.com/chudeliege
www.twitter.com/CHULiege
www.chuliege.be
CHUchotis • N°42
INSTITUTIONNEL
03
Institutionnel
LE PATIENT AU CŒUR DU PLAN
STRATÉGIQUE "CAP 2020" 34 projets concrets pour répondre
aux attentes des patients, à la volonté d’excellence de l’hôpital universitaire et au bien-être du personnel.
Réuni le 25 juin dernier, le Conseil
d’administration du CHU de Liège a
approuvé à l’unanimité le plan stratégique "CAP 2020" présenté par
Julien Compère, Administrateur délégué. « C’est d’abord le travail de
tout l’hôpital pendant six mois pour
déterminer les grands axes de la
politique à long terme, les sept objectifs stratégiques et les 34 actions
inscrites dans un calendrier qu’il faudra tenir », a expliqué le CEO. « Pour
que le plan "CAP 2020" devienne le
plan 20 sur 20. »
La priorité est clairement accordée à
l’axe "Patients" qui concentre 24 des
34 actions. Des actions qui touchent
tant à la qualité des soins pour
mieux répondre aux demandes nouvelles des patients, qu’à la qualité de
l’accueil (améliorer l’accessibilité du
Sart Tilman et y augmenter l’offre de
parkings par exemple).
Un plan ambitieux
Le plan précédent, COS 2013
(Contrat Organisationnel et Stratégique) voyait, avec la première pierre
du CIO-Unilab le mois passé, son
dernier objectif stratégique majeur
se réaliser. Il était temps d’initier une
nouvelle dynamique. Julien Compère a lancé dès fin 2013 une procédure fouillée pour aboutir au plan
"CAP 2020". Un plan qui a été élaboré par toutes les équipes internes,
au travers de plus d’une dizaine de
groupes de travail transversaux, pour
définir ensemble l’hôpital de demain, avec ses missions stratégiques
et les actions à mener. « Pour chaque
mission, il y a une fiche "projet" avec
la désignation de deux personnes
ressources qui portent la responsabilité de la dynamique spécifique et de
la concrétisation de l’objectif », explique Isabelle Paul, chef du service
Méthodologie de projets.
Au cœur des préocupations : le patient !
Le bien-être
des 5062 travailleurs
L’axe principal, en nombres de projets,
est bien tourné vers le patient. Au-delà
du développement du management global de la qualité, du renforcement de la
transparence et de l’obtention d’une des
grandes accréditations, ACI ou JCI, CAP
2020 veut surtout optimiser le parcours
du patient. « L’objectif est de développer le site des Bruyères et d’améliorer
l’accessibilité et l’offre de parkings du
Sart Tilman. Sur tous les sites, la signalisation interne sera revue de même que
l’accueil du patient ambulatoire tandis
que le nombre de chambres privées sera
augmenté. » A côté de ces questions très
pratiques mais qui préoccupent prioritairement les patients et visiteurs du CHU, il
y a aussi les décisions stratégiques liées
à l’excellence que doit viser l’hôpital universitaire avec une place importante pour
la recherche clinique. Et il y a les réponses
à apporter à l’évolution de la demande :
renforcer l’offre de lits MR/MRS/Sp pour
répondre au vieillissement de la population, diminuer la durée moyenne de
séjour en gérant mieux les sorties, développer des alternatives à l’hospitalisation
classique, promouvoir l’hospitalisation
à domicile en créant des collaborations
nouvelles avec les médecins généralistes. « Pour mesurer cette demande,
nous voulons également mettre en place
un Comité de patients, explique Julien
Compère. Cela existe aux Hospices Civils
de Lyon et cela nous permettra d’humaniser la relation hôpital-patients. »
Le patient est donc au cœur des
préoccupations mais dix projets
concernent l’opérationnel et le personnel. « Il s’agit de valoriser les acteurs internes, les 5062 travailleurs
salariés, en leur proposant, outre
des processus améliorés, des logiciels de planification et des actions
d’amélioration dans le fonctionnement des services. Nous voulons
poursuivre l’évolution d’un service
du personnel classique vers un vrai
service de ressources humaines qui
offrira à chaque agent du CHU un
trajet de carrière en développant la
mobilité interne, la formation continuée et en assurant la stabilité de
l’emploi. »
Le plan "CAP 2020" est aussi ambitieux du côté des moyens financiers
nécessaires à sa concrétisation. A ce
stade, le plan d’investissements est
chiffré à 50 millions d’€ sur cinq ans,
qui viennent s’ajouter aux autres investissements en cours, comme
le CIO-Unilab (120 millions d’€).
« Nous devrions atteindre un investissement de 50 millions d’€ par an
jusqu’en 2020. Ce financement serait
assuré sur fonds propres mais que
les choses soient claires : pour continuer à proposer les soins de qualité
au plus grand nombre, il faudrait les
mêmes conditions de financement
pour tous les hôpitaux » conclut Julien Compère.
J. Compère
Administrateur délégué
du CHU de Liège
04
Etre, pour l’ensemble des patients de notre Région,
l’hôpital universitaire de référence
Réuni le 25 juin dernier, le Conseil d’administration du CHU de Liège a approuvé le rapport d’activités 2013,
ainsi que le plan CAP 2020, le nouveau plan stratégique présenté par Julien Compère, Administrateur Délégué.
Le CHU de Liège en bonne santé
Le seul hôpital académique de Wallonie est le principal employeur de la région liégeoise
avec ses 5.062 collaborateurs dont les compétences s’articulent, au quotidien, afin d’assurer au
patient les soins de la meilleure qualité. Les quelques chiffres qui suivent témoignent de ce succès :
Rapport d’activités
2013
> 283.487
> 40.416
> 53.932
> 821.680
> 87.459
journées
d’hospitalisation classique
admissions en
hospitalisation classique
journées
d’hospitalisation de jour
consultations dans les
différentes polycliniques
admissions
aux urgences
Avec un chiffre d’affaires de 446.57 millions €, le CHU de Liège a investi en 2013 17,43 millions €. Les diverses
commandes aux fournisseurs effectuées l’an dernier par le CHU de Liège s’élèvent à plus de 170 millions €.
Près de 60% de ce montant a été dépensé en Fédération Wallonie-Bruxelles, dont plus de 20% en Province de Liège.
Le Conseil d’administration renouvelle ses membres
Lors de sa séance du mercredi 19 février 2014, le Conseil d’administration du CHU de Liège
a procédé au renouvellement de ses membres. M. Jean Sequaris, Président du Conseil d’administration
et M. Julien Compère, Administrateur délégué, ont été reconduits dans leurs fonctions,
pour un mandat de quatre ans prenant fin le 31 décembre 2017.
Membres nommés
par le Gouvernement
> M. Jean SEQUARIS,
Président
> Mme Nicole MARECHAL,
Vice-Présidente
> Pr. Jean-Marc TRIFFAUX,
Vice-Président
> M. Gaëtan SERVAIS,
Vice-Président
> M. Julien COMPERE,
Administrateur délégué
> Mme Natacha BEUGNIER
> Mme Coralie BONNET
> Pr. Claude DESAMA
> M. Michel FAWAY
> M. Hubert JAMART
> M. Philippe MAASSEN (†)
> Mme Sylvie MARIQUE
Représentants
du personnel
> Pr. Jean-Michel CRIELAARD
> Pr. Jean-Olivier DEFRAIGNE
> Pr. Philippe KOLH
> Dr Kristel VANDENBOSCH
> Mme Marie-Hélène BEAUPAIN
> Mme Fabienne CESAR
Membres ex officio
> Pr. Bernard RENTIER,
Recteur de l’ULg
> M. Laurent DESPY,
Administrateur de l’ULg
> Pr. Vincent D’ORIO,
Doyen de la Faculté de Médecine
Invités aux séances
> Pr. Pierre GILLET,
Médecin en chef
> Mme Carine HOUGARDY,
Commissaire du Gouvernement
> M. Jean-Marie CADIAT,
Délégué du Ministre du Budget
> Sœur Fulvie DEBATTY,
Responsable provinciale
de la Congrégation
des Filles de la Croix
> M. Michel PHILIPPART de FOY,
ancien Cadre de direction au
siège de Liège de la Banque Fortis
> Mme Chantal COLARD-BOULANGER,
Directrice générale
du CNRF de Fraiture
CHUchotis • N°42
INSTITUTIONNEL
05
Le CHU de Liège mis à l’honneur
dans la revue Architecture hospitalière
L’architecture d’un hôpital n’est pas sans lien avec les soins qui y sont prodigués. Bien au contraire,
le type de conception influence la manière dont le personnel et les patients vont expérimenter ce
lieu particulier où l’expertise des uns se mêle à la vulnérabilité des autres. Engagé dans la diffusion
des projets architecturaux les plus porteurs dans les institutions de soins, le magazine Architecture
hospitalière met cette fois le CHU de Liège à l’honneur en consacrant au seul hôpital universitaire à cursus complet de Wallonie un grand reportage dans sa rubrique "Hôpital de demain".
Le fonctionnement de l’hôpital, ses réseaux de collaborations, ses activités d’excellence et ses
nombreux projets (médicaux, informatiques et bien entendu, architecturaux) y sont décrits. Parmi
ceux-ci, le Centre Intégré d’Oncologie tient une place de choix puisque le projet architectural est
conçu, dans les moindres détails, dans une optique qui favorise le bien-être du patient et de ses
proches, mais également du personnel qui s’y investit au quotidien. Découvrez ce reportage en
intégralité via le lien http://www.chu.ulg.ac.be/books/architecture-hospitaliere
.
CHU de Liège
Un hôpital universitaire
public et pluraliste
CHU de Charleroi
Hôpital Civil Marie Curie
CHU Saint-Pierre
Bruxelles
CH Chrétien
Liège
Un nouveau centre hospitalier
ultramoderne pour le Pays
de Charleroi
Au coeur de la ville,
au coeur de la vie
Un réseau de soins proche
de la population
CIO-Unilab, le seul centre intégré d’oncologie de
Wallonie et le premier regroupement coordonnée
des laboratoires d’analyses médicales
Ce mardi 20 mai, le premier « coup de pelle » du CIO-Unilab a été donné
au CHU de Liège, en présence de la Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Eliane
Tillieux, du Vice-Président et Ministre de l’Enseignement supérieur de la
Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, de l’Administrateur
délégué du CHU de Liège, Julien Compère, du Premier Vice-Recteur de
l’Université de Liège, Recteur élu, Albert Corhay, du chef de projet CIO,
Georges Fillet, ainsi que du chef de projet Unilab, Jacques Boniver.
C’est le seul Centre Intégré d’Oncologie de Wallonie et le premier regroupement coordonné de laboratoires d’analyses médicales. Le CIO, Centre
intégré d’oncologie, offrira au patient et à ses proches les bénéfices d’une
structure transversale favorisant la collaboration de toutes les compétences disponibles dans la prise en charge du cancer. Quant à l’Unilab,
il regroupera les laboratoires d’analyses cliniques du CHU de Liège.
Le nouveau bâtiment, d’une longueur de 100 mètres et de 36 mètres de large, occupera six étages pour une
surface totale de plus de 23000 mètres carrés. Totalement financé sur fonds propres pour un montant de 80 millions d’euros, il se veut un centre médical universitaire de référence ouvert sur son environnement. Transversalité,
expertise et qualité des soins sont au cœur de cette réalisation ambitieuse qui réunit les meilleures idées développées par diverses institutions étrangères.
06
EN BREF...
Coup
d’œil
sur l’actualité du CHU
Comprendre son cancer
et connaître ses soignants
Pour aider les patients et leurs proches à y voir plus
clair dans cette maladie complexe qu’est le cancer,
un portail spécialement dédié à l’oncologie a été
ouvert à l’internet il y a environ un an. Il est, depuis,
progressivement complété et continuellement amélioré, sous la supervision du Pr. Yves Beguin, chef du
service d’Hématologie clinique. « Le premier développement s’est concentré sur les COM (Concertations
oncologiques multidisciplinaires), qui ont été détaillées selon leur composition, avec des mini-fiches reprenant les différents
contacts des services et membres participants. En quelques clics, vous
pouvez savoir qui sont les différents intervenants de la COM dermatologie,
par exemple », explique Arnaud Vandamme, chargé de la gestion du portail en collaboration avec le service Communication. Sous l’onglet "Prise
en charge", la base de données "Nos experts" permet également de rechercher un soignant en entrant par une des multiples portes (par type
de cancer, par niveau de prise en charge, par service, par spécialité médicale ou paramédicale) et de retrouver très facilement le nom des services
et des personnes qui participent à la prise en charge. La troisième base
de données, en cours de développement, permettra quant à elle de référencer individuellement et en temps réel les études cliniques et les projets de recherche translationnelle. « Cet outil multidisciplinaire collaboratif
et centralisé sera non seulement très pertinent pour les patients désireux
de prendre part à une étude clinique, mais aussi pour les chercheurs,
dans un cadre national voire international : des chercheurs ayant le même
objet d’étude pourront se contacter et envisager des collaborations ».
www.chuliege.be/cancer
Election du
recteur de l’ULG
Albert Corhay a été élu recteur de
l'Université de Liège le 6 mai dernier.
Il prendra ses fonctions le 1er octobre
prochain pour un mandat de 4 ans, à
la suite de Bernard Rentier, en poste
depuis 2005. Ce professeur de finances à HEC-ULg, diplômé des universités de Liège et de Cambridge,
est, pour quelques semaines encore,
premier vice-recteur de l’Université.
NIPT, un nouveau test prénatal non invasif
« J’ai fait un
coma idyllique » L'âge à la première grossesse augmentant, de plus en plus de femmes
effectuent un test prénatal afin de dépister le syndrome de Down (trisomie 21). Le test invasif classique n'est pas à risque nul pour le fœtus. Mais
depuis août 2013, le service de Génétique humaine du CHU de Liège propose un test prénatal non invasif (NIPT, Non Invasive Prenatal Test). Il est
recommandé pour les femmes de plus de 36 ans, en cas de test combiné
(biochimie + clarté nucale du fœtus) qui montre un risque élevé de trisomie 21, et/ou en cas d'antécédent de grossesse avec trisomie 21 ou si un
membre de la famille (du père ou de la mère) est porteur de la maladie.
Ce NIPT est extrêmement fiable et sans aucun danger pour la mère ou le
fœtus (test effectué au départ d'une prise de sang). ll permet également
de détecter d'autres anomalies chromosomiques chez le fœtus (trisomie 18
ou 13). Seul point négatif: à ce jour, il n'est pas remboursé par la mutuelle.
Son coût (460 €) reste à charge de la patiente. Dans certains cas très précis,
le test invasif reste plus approprié: une première consultation devra donc
déterminer si la patiente peut en bénéficier ou pas pour assurer la meilleure
réponse possible au dépistage de la maladie de Down.
S’il n’y a pas de remède contre la "spasmofolie", "les douleurs de l’Asiatique",
le "syndrome de Fernand Raynaud" ou
pour soigner une "faune intestinale"
défaillante, il y en a certainement un
contre la monotonie. Le répertoire de
perles de patients compilées par le Dr
Michel Guilbert est un condensé assez
savoureux de jeux de mots, de lapsus
révélateurs et autres bourdes du langage. On vous laisse découvrir les façons imagées dont certains patients
conçoivent le Pet-Scan ou l’étude en
double-aveugle. Parfois, ça frôle la poésie et c’est toujours très drôle. Bref, un
livre idéal pour dérider
une "salle-détente".
Infos et prises de rendez-vous pour un dépistage NIPT
en génétique : 04 242 52 52
"C’est grave docteur ?
Les plus belles
perles en-tendues
par votre médecin",
éd. De l’Opportun.
CHUchotis • N°42
EN BREF
07
Visites et délégations reçues au CHU
Le CHU a eu le plaisir d’accueillir de nombreuses délégations internationales durant les derniers mois écoulés. Le 26 février, une délégation essentiellement composée de membres du ministère de la Santé publique de Thaïlande, est venue dans le cadre d’une tournée
européenne dans les grands hôpitaux en vue de préparer la structuration de ses propres hôpitaux. La délégation a réalisé une visite
générale de l'institution et s'est intéressée plus particulièrement à certains services, comme ceux de Radiothérapie. Le 1er avril, une
délégation en provenance de l’Hôpital universitaire de Palerme est allée à la rencontre des spécialistes en neurologie, en oncologie, en
pédiaterie et en gériatrie. Les Palermitains se sont également attardés dans le service de Radiothérapie. Le même jour, le département
infirmier du CHU recevait des délégations finlandaise, espagnole ainsi que des représentants de la Haute école de la Province de Liège.
Au menu : le respect des droits du patient et les choix thérapeutiques sous l'angle de la qualité et de la sécurité. Le 2 avril, une nouvelle délégation est arrivée de Thaïlande, composée cette fois de médecins et de professionnels de la santé afin de découvrir plus
spécifiquement le fonctionnement de l'hôpital de jour gériatrique aux polycliniques Lucien Brull, en particulier les programmes
mis en place pour les patients âgés atteints de la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs au sens large. Une source d'inspiration exemplaire pour les Thaïlandais qui ont élaboré un projet d'institut modèle de gériatrie qu'ils souhaitent finaliser en 2015.
Des Québécois sont passés le 22 avril pour prendre connaissance des démarches LEAN mises en oeuvre au CHU. Enfin, le 16 mai,
une délégation vietnamienne a également été reçue à Liège et s'est rendue dans plusieurs services dont la Radiothérapie où on
lui a présenté le gamma knife. Depuis 2003, et l’organisation d’un congrès belgo-vietnamien à Saigon, il existe un lien privilégié
entre le CHU de Liège et le Vietnam. Plusieurs médecins liégeois sont partis réaliser des greffes de reins, des activités de chirurgie
cardiaque et ORL au Vietnam.
Le don de soi
Faire don de son corps à la science est une démarche généreuse et indispensable pour garantir les développements d’une médecine de qualité. Pourtant, elle reste trop exceptionnelle pour couvrir tous les besoins.
Aucun patient n’accepterait de subir
une intervention chirurgicale, même
bénigne, si on lui annonçait que le
chirurgien chargé de son cas n’avait
essayé ses scalpels que sur des souris ou ne s’était formé qu’à travers
des livres. Personne ne songerait à
contester le caractère indispensable
de l’apprentissage des gestes thérapeutiques sur de vrais corps. Pourtant, lorsqu’il s’agit de faire don de
son corps à la science, les réticences
sont encore grandes. En cause, une
certaine méconnaissance de ce qui se
passe réellement lors des travaux anatomiques et une ignorance des procédures à suivre. « Nous essayons de
sensibiliser les gens à cette problématique afin qu’ils fassent la démarche
active nécessaire pour s’inscrire comme donneurs et pour qu’ils préviennent leurs proches de leur choix.
Contrairement au don d’organes où
le besoin est vital, immédiat et pour
lequel la règle générale est ‘qui n'a dit
mot consent’, il est impossible d’avoir
accès à un corps si la personne n’y a
pas officiellement consenti », explique
Pierre Bonnet, professeur d’anatomie
à l’ULg, spécialisé en urologie. « Des
campagnes de sensibilisation sont
donc menées régulièrement car nous
recevons en moyenne 80 dons par an,
ce qui est insuffisant pour couvrir tous
nos besoins ».
La pénurie est en partie liée à l’augmentation du nombre d’étudiants
en médecine, mais pas seulement.
Les assistants et les chirurgiens déjà
formés ont en effet également besoin d’avoir accès à des corps pour
poursuivre leur expertise sur le long
terme, pour maîtriser de nouveaux
outils et optimaliser leur pratique.
« Nous faisons régulièrement appel à des spécialistes de renommée
internationale pour apprendre de
nouvelles techniques pointues. L’apprentissage dans les ouvrages et
films scientifiques, ce n’est pas suffisant », insiste le Pr. Alain Carlier, professeur d’Anatomie et chef du service
de Chirurgie de la main et des nerfs
périphériques. « Le troisième groupe
concerné est celui des chercheurs.
Disposer de corps leur permet de
tester de nouvelles techniques, des
nouveaux traitements pour mesurer
leur efficacité avant de les proposer
à des patients », ajoute le Pr. Pierre
Bonnet.
La plastination, parce qu’elle préserve les corps de façon prolongée,
apporte une réponse partielle au
manque de corps pour l’étude anatomique. Cette technique, qui consiste
à remplacer les fluides corporels par
une sorte de silicone, est pratiquée
à petite échelle au CHU de Liège.
« Ainsi préservé, le corps humain peut
être présenté dans toute sa complexité. Cela s’avère utile pour l’étude de
l’anatomie qui est extrêmement importante durant les trois premières années de médecine, pour montrer des
anomalies ou les effets de certaines
maladies », poursuit le Pr. Alain Carlier.
Mais rien ne pourra jamais remplacer
les travaux en salles de dissection.
Se proposer comme donneur est un
pas qui peut être psychologiquement
difficile à franchir, d’autant que la procédure est totalement gratuite. Les
frais d’inhumation restent à charge
des familles et les délais de remise
du corps peuvent durer jusqu’à trois
ans. Il faut une grande générosité et
une conscience forte de l’utilité de la
recherche et d’un enseignement de
qualité. « Ce don, c’est la possibilité
de faire quelque chose en plus pour
l’humanité. C’est être utile aux vivants
au-delà de sa mort. Il faut toujours
garder à l’esprit que ces dons sauvent
des vies en permettant d’améliorer la
pratique médicale et la recherche »,
conclut le Pr. Alain Carlier.
En pratique : Les autres professeurs
chargés des cours d’anatomie à l’ULg
sont Marc Radermecker, Philippe Gillet et Félix Scholtes. Renseignement
au 04 366 51 52 ou 04 366 51 53 et
sur www.dondecorps.be.
08
AGENDA
> 23 Août
> 9 octobre
10 édition du jogging d'Esneux
en courant ou en roulant
Enseignement Post-Universitaire - Département de Pédiatrie
Complexe sportif Adrien Herman
www.joggingesneux.be
0477 69 57 90 / 0496 75 66 04.
Présentation relative au Syndrome
de Münchhausen par le Pr. Alain
Malchair à 20h sur le site N.-D.
des Bruyères, Salle de réunion N°2,
Château, Rez-de-chaussée.
Contact: Josiane Laurent,
secrétariat de Pédiatrie :
04/367 92 75, [email protected]
Un cours-conférence du Collège de
Belgique donné par Dominique Bron
de 18h à 20h au Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles.
> 15 octobre
> 25 septembre
> 18 octobre
Un cours-conférence du Collège
de Belgique donné par Thierry
Pepersack de 18h à 20h au Palais
des Académies, Rue Ducale 1,
1000 Bruxelles.
e
> 24 Août
Solidaris Day à Dison
Parmi les nombreuses animations
proposées, une équipe du CHU
sera présente pour parler de la prise
en charge moderne de l'infarctus et
du dépistage du cancer colorectal.
Consulter le programme
sur www.solidarisday.be
> Du 11 au 13 septembre
IMAD 4 - 4th International
Meeting on Aortic Disease,
co-organisé par le CHU de Liège.
Des orateurs de renom international feront le point sur l'actualité en
matière de maladie anévrismale.
Hotel Crowne Plaza, Liège.
www.chuliege-imaa.be
> 20 septembre
Première journée scientifique
Unilab-Lg. Une prescription raison-
e
3 édition BRA day. Journée
d’information et de sensibilisation
sur la reconstruction mammaire
suite à l’ablation partielle ou totale
d’un sein, sur le site du Sart Tilman.
2e Colloque Sports²
L'épaule instable du sportif à 8h,
amphithéâtre Bacq et Florkin du
CHU de Liège, site du Sart Tilman.
Contact: [email protected]
> 29 octobre
Journée psoriasis. Sensibilisation et
examen cutané sur le site du Sart Tilman.
née des analyses de laboratoire :
pour une stratégie diagnostique,
thérapeutique et économique optimale. Château de Colonster.
Contact : Marie-Rose Brucculeri
(04 366 75 30 / 0497 40 22 82),
Lionel Boclinville (04 366 82 09)
Journée du diabète. Sensibilisation
et dépistage sur les sites du Sart
Tilman et de N.-D. des Bruyères.
> Du 26 au 30 septembre
Enseignement Post-Universitaire Département de Pédiatrie
ESMO 2014 Congress Precision Medicine in Cancer Care
Un congrès de l'ESMO
organisé à Madrid.
www.esmo.org
> 3 octobre
La prise en charge précoce des
symptômes psychotiques chez les
adolescents et les jeunes adultes
Un colloque proposé par l'Université
de Liège et l'Intercommunale de
Soins Spécialisés de Liège (ISoSL)
sur le Site du Petit-Bourgogne de
9h30 à 16h30.
> 13 novembre
> 13 novembre
Bilan de l'anémie de l'enfant Dr Marie-Françoise Dresse, 20h,
N.-D. des Bruyères, salle de réunion
N°2, Château, Rez-de-chaussée.
Le cycle des conférences
de l'Académie Royale de
Médecine de Belgique
> 23 septembre
Défis pour l'oncologie face au
vieillissement de la population
Défis pour la gériatrie face
à l'augmentation des cancers
chez les personnes âgées
> 15 octobre
Le défi de la création
d'une spin-off belge pour
développer des traitements
innovants contre le cancer
Un cours-conférence du Collège de
Belgique donné par Michel Detheux
et Benoît Van den Eynde de 18h à
20h au Palais des Académies,
Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles.
> 25 octobre
L'effet cancérigène des pesticides
Une conférence de l'Académie
royale de Médecine de Belgique
donnée par M. D. Belpomme (Université Paris - Descartes V) à 10h15
au Palais des Académies,
Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles Inscription souhaitée.
> 4 novembre
> 13 décembre
Les perturbateurs endocriniens :
ce n'est pas la dose qui fait le
poison (1ère partie)
international consacré à l’imagerie
musculo-squelettique, organisé par
le service de Radiodiagnostic.
Plus d’informations sur chuliege.be/
mskradiology - CHU de Liège,
site du Sart Tilman.
Un cours-conférence du Collège de Belgique donné par Guy
Maghuin-Rogister et Marie-Louise
Scippo de 17h à 19h au Palais provincial de Namur, Place Saint-Aubain
2, 5000 Namur.
MSK in Radiology. Congrès
CHUchotis • N°42
EN BREF
09
SIDA : enfin un test anonyme,
rapide, gratuit et sans rendez-vous !
Chaque jour, en Belgique, trois nouvelles personnes sont diagnostiquées porteuses du VIH.
Souvent, ces diagnostics sont faits tardivement, alors que les chances de contrôler le
virus diminuent et que la charge infectieuse persiste. Ainsi, des personnes contaminent
à leur tour d’autres personnes, simplement parce qu’elles ignorent leur état sérologique.
Depuis le mois de mai, le Centre de référence Sida du CHU de Liège offre un dépistage
rapide, anonyme et gratuit du VIH chaque mercredi matin à la polyclinique L. Brull. Ce
dépistage rapide sans rendez-vous vient compléter l'offre de tests déjà existante dans
la région. Le test, dit test rapide d’orientation diagnostique, est réalisé avec une seule
goutte de sang prélevée au bout du doigt. Il permet une lecture quasi immédiate (de 1 à
20 min au plus) et le résultat est remis au patient. En cas de test rapide positif, une prise
de sang de confirmation sera réalisée le jour même et la prise en charge pourra commencer sans délai au centre de référence.
Si le test s’adresse à tous ceux qui ont couru des risques sexuels, rappelons qu’il est aussi recommandé une fois par an
aux personnes qui sont les plus exposées (qui ont un partenaire séropositif, qui font usage de drogues en intraveineux,
aux travailleurs du sexe, aux personnes en provenance ou en relation avec des pays où la prévalence du Sida est
élevée, etc.) ou - et c’est très important - qui présentent des symptômes de maladies sentinelles. On n’oubliera pas non
plus de proposer un test à toute femme enceinte.
Plus d’excuse pour "ne pas savoir" : il suffit de
Unilab : de nouveaux centres de prélèvements
prendre quelques minutes de son temps, le mercredi matin. Quel que soit le résultat, la démarche sera
Dans le but d'améliorer la qualité des services aux patients et d'assurer
positive: soit par le soulagement qu’elle apportera,
la continuité des soins, les sept laboratoires du CHU désormais regrousoit parce qu’en cas d’infection, elle pourra déboupés sous l'appellation Unilab ont mis sur pied deux nouveaux centres de
cher sur un suivi ad hoc sans délai.
Prélèvements à Beaufays et à Chaudfontaine. Ceux-ci seront accessibles
sans rendez-vous les jours ouvrables de 7h30 à 9h30. Des prises de sang
En pratique : dépistage rapide sans rendez-vous
peuvent également être effectuées à domicile sur rendez vous.
chaque mercredi, de 9h à 12h, au Centre de référence Sida de la Polyclinique L. Brull (5e étage),
45, Quai Godefroid Kurth à 4020 Liège. Dépistage
classique en deux temps, sur rendez-vous (mardi de
16h à 18h et jeudi de 13h à 16h) Tél : 04 270 31 90
Prix, distinctions, accréditations
> Les Drs Vincent Geenen et Olivier Bruyère
ont été élus membres associés du département
de Santé publique de l'Académie Royale de
Médecine.
> Le Dr Géraldine Lambert (service d'Anesthésie-
Réanimation) a reçu un "Grant" de la Société
Belge d'Anesthésie-Réanimation pour l'étude
"Is Dex-medotomodine sedation akin to natural
sleep ?".
> Le Dr Gilles Darcis a été récompensé par l’IAS
(International AIDS Society) et l’ANRS (French
National Agency for Research on AIDS and
Viral Hepatitis) pour sa presentation intitulée
“Synergistic activation of HIV-1 expression by
compounds releasing active positive transcription
elongation factor b (P-TEFb) and by inducers
of the NF-kB signaling pathway” lors de la
20e Conférence internationale AIDS organisée
à Melbourne.
CARTE DE VISITE DES CENTRES DE PRÉLÈVEMENTS UNILAB :
> CHU de Liège, site du Sart Tilman
Domaine universitaire du Sart Tilman, B35 - 4000 Liège
Bloc central - Niveau -2 (fléchage 23) - T : 04 366 83 17
Du lundi au vendredi de 7H à 17H30 / Le samedi de 8H à 12H
> CHU de Liège, site N.-D. des Bruyères
Rue de Gaillarmont, 600 - 4032 Chênée - Aile D - Niveau 0 - T : 04 367 96 46
Du lundi au vendredi de 7H à 17H / Le samedi de 8H à 12H
> CHU de Liège, site Ourthe-Amblève
Rue Grandfosse, 33-34 - 4130 Esneux - Niveau 0.
T : 04 380 97 15. Du lundi au vendredi de 8H à 15H30
> CHU de Liège, polyclinique L. Brull
Quai Godefroid Kurth, 45 - 4000 Liège - Niveau +14
T : 04 370 30 07 - Du lundi au vendredi de 8H à 16H45
> CHU de Liège, polyclinique d’Aywaille
Rue de Septroux, 5 - 4920 Aywaille - T : 04 384 30 30
Du lundi au vendredi de 8H à 12H
> CHU de Liège, site de Chaudfontaine
Rue Hauster, 9 - 4050 Chaudfontaine
(dans le domaine du Château des Thermes)
T : 04 242 54 01 - Du lundi au vendredi de 7H30 à 9H30
> Centre de prélèvements de BEAUFAYS
Voie de l'Air Pur, 133A - 4052 Beaufays
Du lundi au vendredi de 7H30 à 9H30
> Polyclinique d’Ougrée
Esplanade de la Mairie, 1 - 4102 Ougrée - T : 04 336 68 67
Du lundi au vendredi de 7H à 11H30
10
Who’s
who
JACQUES BONIVER
PRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE
ROYALE DE MÉDECINE
Le professeur Jacques Boniver a été élu
Président de l’Académie Royale de M édecine
de Belgique. Rien d’étonnant pour celui qui,
à bientôt 69 ans, peut se targuer d’un parcours
académique et professionnel prestigieux.
L’homme prend sa nomination avec
philosophie. « J’ai fait partie du Bureau durant cinq ans, comme assesseur puis Vice-Président. Ma nomination était la suite logique des choses
au vu de ma carrière: j’ai été doyen de
la Faculté de médecine à l’ULg, président du Conseil médical au CHU,
j’ai siégé dans des Commissions de
Santé publique et accumulé de l’expérience dans un certain nombre de
domaines. C’est un poste que je n’occuperai qu’une année. L’an prochain,
ce sera au tour d’un professeur issu
d’une autre université ».
Spécialisé en anatomie
pathologique, Jacques
Boniver a vu passer
des millions de cellules malignes sur
les lames de ses microscopes et formé
des médecins pendant plus de 25 ans,
dont une bonne partie travaille aujourd’hui
au CHU. On pourrait le
croire blasé, mais lorsqu’il
parle de recherche, c’est avec
une passion intacte. « Quand j’ai commencé la médecine, c’était surtout
dans le but de faire de la recherche en
cancérologie. J’ai notamment beaucoup travaillé sur le développement
de la leucémie chez les souris. Ce qui
m’intéressait, c’était de comprendre
ce qui se passait entre le moment de
l’exposition à la cause, un virus ou une
irradiation, et le moment du développement de la tumeur. Que peut-on
mettre en place pour empêcher la tumeur de se développer ? Ce sont des
recherches qui m’ont fasciné jusqu’à
la fin des années 1990. Le métier a
... Grâce au
Télévie, on a
pu sensibiliser le
monde politique
et le grand
public...
beaucoup changé
en 40 ans avec la biologie
moléculaire qui a complètement
révolutionné la pratique. Des principes
que nous énoncions dans nos travaux
sont à présent quasiment démontrés.
Si j’avais vingt ans de moins, c’est un
projet que je relancerais ! ».
Jacques Boniver n’a cependant aucune raison d’être nostalgique. S’il
n’est plus personnellement au cœur
de la recherche, il a gardé tant de
casquettes qu’il n’a pas vraiment le
temps de s’ennuyer. Ainsi, il est toujours administrateur et trésorier du
Fonds Léon Fredericq qu’il a cofondé
en 1987 avec le professeur Paul Franchimont et d’autres collègues, en vue
de soutenir les jeunes chercheurs dans
un contexte de crise économique.
À la même époque, alors membre
de la Commission scientifique "cancérologie" du FNRS, il participe à la
création du Télévie. « Le monde de
la recherche était inquiet. Les déficits
budgétaires de l’Etat bloquaient toute
possibilité de financement et il fallait
trouver des alternatives. Grâce au Télévie, on a pu sensibiliser le monde
politique et le grand public ». Tout
au long de l’année, Jacques Boniver
s’investit donc dans la Commission
scientifique et le Comité de contact
FNRS-RTL du Télévie.
A la tête de l’Unilab
On connaît également son rôle fondamental dans la mise en œuvre de
l’Unilab. Depuis 2007, il est le chef de
ce projet ambitieux qui vise à regrouper les sept laboratoires du CHU de
Liège en un pôle d’excellence. Les
plans d’architecte des nouveaux bâti-
ments - dont la première pierre a été
posée le 20 mai dernier- sont punaisés aux murs de son bureau. Il y jette
un œil amusé. « Ils datent de 18 mois,
les plans ont évolué depuis... Il y avait
sept laboratoires avec sept chefs de
service. Il a fallu leur expliquer qu’on
allait mettre les choses en commun,
adopter de nouveaux concepts de
fonctionnement. On a décidé de les
regrouper dans un même bâtiment,
on a commencé à réfléchir à la collaboration fonctionnelle, à travailler
avec les architectes, puis à analyser la
disposition interne. Il y a eu un gros
travail sur les mentalités : il faut faire
évoluer sept citadelles vers une seule
structure fonctionnelle, tout en permettant à chacun de garder ses spécificités, ses compétences, mais en
communautarisant un maximum de
choses pour rendre le meilleur service
aux patients ». Jacques Boniver doit
justement se rendre à une énième
réunion de travail sur l’Unilab. Il nous
glissera tout de même, avant de s’enfuir, que son passe-temps favori…
est de "ne rien faire". « Quand j’étais
étudiant, le samedi matin, je ne faisais rien, j’adorais ça, j’ai un souvenir
merveilleux de cette époque. Mais
j’aime aussi m’occuper de mon jardin
et en été, je joue au tennis. Et puis, je
lis énormément, des quotidiens, des
hebdos, des romans, des essais.».
Pour ce boulimique de travail, on le
voit, le concept du "rien faire" est
tout relatif.
CHUchotis • N°42
WHO'S WHO
11
LOUIS MARAITE
NOUVEAU CHEF DU
SERVICE COMMUNICATION
Presse écrite, rédaction en chef, édition,
communication ministérielle et institutionnelle…
C’est fort de 30 années d’expériences que
Louis Maraite est arrivé au CHU de Liège en
tant que directeur de la communication le 1er juin.
Louis Maraite a la communication
dans le sang. Dès sa sortie de l'IHECS
en 1984, il fait ses armes comme journaliste à la Libre Belgique puis comme
chef d'édition à la Gazette de Liège.
Il diversifie son expérience en rejoignant le cabinet du Ministre wallon de
l'environnement Michel Foret en 2000
où il se consacre à la sensibilisation à
l’environnement. On le retrouve cinq
ans plus tard chez Sud Presse, comme
rédacteur en chef de La Meuse, puis
de nouveau à la communication, cette
fois de la SNCB en 2009, en vue notamment de l’inauguration de la gare
de Liège-Guillemins. Ce passionné
d'écriture, quadrilingue et engagé (il
est élu au Conseil communal de Liège
sur les listes MR, mais fut aussi le biographe de Michel Daerden), a décidé
de changer d’aiguillage et de prendre
la voie du CHU, une institution dont
il connaît déjà bien les rouages. Son
ambition ? Appliquer un "leadership
transformationnel". « Cela consiste à
amener un changement dans la façon
de penser et d'agir des gens en les
valorisant dans ce qu'ils font le mieux.
On fait toujours mieux quelque chose
que l'on fait avec envie. J'ai par hasard
découvert que cette théorie a été formulée par l'américain Burns en 1978 :
il a réussi à mettre des mots sur la façon dont je fonctionnais ! » sourit-il.
... Je suis un
enthousiaste
qui adore le choc
des idées et donc
le travail en
équipe...
Une "positive-attitude" qu’il compte
bien mettre en œuvre pour améliorer
la communication du CHU. Le travail
commencera par une consultation la
plus large possible dans les différents
départements du CHU et s’appuiera
sur les compétences innombrables en
interne ainsi que sur les outils communicationnels déjà existants et performants. « Le Fonds Léon Fredericq ou
le Festival ImagéSanté sont des outils
exceptionnels qui doivent être mis au
service d'une stratégie pensée sur le
long terme. Et il y a énormément de
"savoir-faire" au quotidien au CHU. A
nous de créer le cadre pour qu’il remonte jusqu'au service Communication et puis trouver les bons médias
pour le ...faire savoir ».
Si la communication est souvent
bonne de façon horizontale entre les
personnes exerçant le même métier,
Louis Maraite estime qu’elle est perfectible sur le plan vertical et envisage
des moyens de communication différents et adaptés. Des défis qui n’effraient pas celui
qui se définit comme un "hyperactif
positif" : « Quand j’écris un livre sur
Gramme, Daerden ou Cools, sur les
raquettes Donnay ou sur "Aviateurs
sans frontière", c'est parce que je me
passionne pour un destin, un parcours
intéressant, qui a toujours un lien avec
Liège. Je suis animé par une curiosité
journalistique, assaisonnée de scepticisme. Je suis un enthousiaste qui
adore le choc des idées et donc le travail en équipe. Et j’ai envie de collaborer au redéploiement économique
de notre région pour laisser à la génération suivante - j’ai deux enfants - un
monde meilleur. Je reste lucide : ce
n’est pas gagné ».
Louis Maraite,
côté jardin
> Il est né à Saint-Vith en 1962.
> Journaliste de formation (IHECS),
il reste passionné par l’écriture et
présentera cet été un livret sur le
rôle des cheminots dans la bataille
de Liège en 1914, son "cadeau de
départ à la SNCB".
> Il est également passionné de
sport : il est président du Royal
Football Club Liégeois Tennis Club
et de l'asbl "RFCL 120-125" qui
regroupe les six clubs rouge et bleu,
émanation du F.C. Liégeois "Matricule 4". « Je pratique activement,
ce qui ne veut pas dire brillamment,
le tennis à Rocourt et le football à
Beaufays. Un sport individuel et un
sport collectif. »
12
Actualités
Collaboration CHU-CNRF : trois questions
à Pierre Gillet, médecin en chef du CHU de Liège
En quoi consiste cette convention de
collaboration avec le CNRF (Centre
de Neurologie et de Réadaptation
Fonctionnelle, situé à Fraiture), entrée en vigueur le 1er juin dernier ?
Pr. P. Gillet
Direction médicale
L’Hôpital de Fraiture compte 120
lits de réadaptation locomotrice
pour des patients soignés en neurologie essentiellement (sclérose en
plaque, troubles post-AVC, rééducation post-amputation, etc.). Or la 6e
réforme de l’Etat impose que tous
les hôpitaux mono-spécialisés, hors
psychiatrie, passent sous le contrôle
des Régions. Comme les cinq autres
hôpitaux concernés, tous mono-spécialisés en réadaptation, Fraiture a
cherché un partenariat pour garder
son statut d’hôpital et conserver son
financement fédéral émargeant à la
Sécurité sociale.
Concrètement, comment les
choses se sont-elles passées ?
Le partenariat consiste à céder 30 lits
psychiatriques de notre hôpital. Le
CNRF passe donc d’un statut d’hôpital "mono-spécialisé" de 120 lits
à un bi-spécialisé de 150 lits. Les lits
restent physiquement sur notre site
du Sart Tilman, mais ils seront gérés
par Fraiture. J’insiste : il ne s’agit pas
d’une fusion, mais d’un accord de collaboration. Chaque entité garde son
identité, même si le CHU devient majoritaire dans le CA de Fraiture.
Pour le CHU de Liège, quel sera
l’apport d’une telle collaboration ?
Pour la réadaptation neurologique,
nous n’avons que 40 lits à Esneux (CHU
Ourthe-Amblève) et il y a des listes
d’attente. On doit donc régulièrement
obtenir des lits de revalidation supplémentaires pour nos patients. Cet
accord de collaboration nous permet
d’en bénéficier en priorité. Le chef du
service Médecine de l’appareil locomo-
teur au CHU, le Pr. Crielaard, est désormais le chef des 160 lits de revalidation
(les 120 de Fraiture + les 40 du CHU).
En outre, l’Hôpital de Fraiture gère
aussi, via une asbl, une maison de repos (MR) et une maison de repos et de
soin (MRS) dont les capacités d’accueil
vont augmenter. Vu l’affluence de malades chroniques et le vieillissement
de la population, il est très intéressant
qu’un hôpital universitaire puisse s’associer à de telles structures en tant que
copropriétaire. Nous allons pouvoir
mieux analyser et améliorer le trajet de
soins des patients vers la MR et la MRS.
En somme, cette collaboration est véritablement bénéfique pour les deux
entités concernées.
Il était un foie : le CHU à la pointe en matière de greffe hépatique Le CHU de Liège a mis en place une solution à la fois innovante et satisfaisante pour les patients en attente d'une
greffe de foie. Alors que les statistiques établissent que 10 à 20% des candidats à la greffe décèdent avant de recevoir le greffon salvateur, l'équipe de transplantation hépatique a pu réduire considérablement les délais d'attente.
L’expérience liégeoise à partir de donneurs d’organes en arrêt circulatoire a en effet montré que l’âge du donneur
n’influence pas le résultat de la greffe. Une nouvelle source de greffons a permis d’augmenter le nombre de greffes
réalisées en Belgique, en surplus des greffes à partir des donneurs en mort cérébrale et des donneurs vivants.
Dr O. Detry
Chirurgie abdominaleendocrinienne et de
transplantation
Lors des prélèvements d’organes à partir de donneurs en arrêt circulatoire, les organes greffés sont soumis à une
souffrance ischémique supplémentaire (les organes ne sont en effet protégés par le refroidissement que plusieurs
minutes après l’arrêt définitif de la circulation sanguine, ce qui permet d’attester le décès du donneur et donc d’autoriser le prélèvement d’organes). Cette souffrance ischémique fait craindre des résultats moins favorables après la
greffe, et pour le cas particulier des transplantations hépatiques, des survies diminuées. La sélection de ces donneurs
en arrêt circulatoire a donc été particulièrement sévère. On conseillait habituellement de ne pas utiliser ces foies si
les donneurs étaient âgés de plus de 50 ans. Or à Liège, des donneurs en arrêt circulatoire plus âgés que cette limite
(jusqu’à près de 80 ans) ont été utilisés et l'expérience a montré que l'on ne retrouve pas de différence de résultats
en fonction de l’âge du donneur. Grâce à cette politique dont les résultats sont en réalité les meilleurs mondiaux
rapportés jusqu’à présent, la liste d’attente des patients liégeois est particulièrement courte, et leur durée d’attente
avant transplantation diminuée. Au vu du vieillissement de la population, le recours à ces donneurs plus âgés devient
donc une solution partielle mais néanmoins importante face au manque de donneurs d’organes. In fine, la Belgique
est le pays qui, dans le monde, réalise le plus grand nombre de transplantations, en fonction du nombre d’habitants.
Cette expérience a été saluée par le British Journal of Surgery (BJS)*, l’un des plus importants journaux scientifiques
chirurgicaux d’Europe, qui a publié un article rédigé par l’équipe de transplantation hépatique du CHU de Liège. * “Donor age as a risk factor in donation after circulatory death liver transplantation in a controlled
withdrawal protocol programme.” O. Detry, A. Deroover, N. Meurisse, M-F. Hans, J. Delwaide, S. Lauwick,
A. Kaba, J. Joris, M. Meurisse, and P. Honoré. BJS; Published Online: April 28, 2014 (DOI: 10.1002/bjs.9488).
CHUchotis • N°42
ACTUALITÉS
La thermoplastie bronchique
au secours des patients asthmatiques
Le CHU de Liège est le premier hôpital de la Fédération Wallonie-Bruxelles à proposer la thermoplastie bronchique
pour traiter l’asthme. Le procédé a été mis au point au Canada et est utilisé depuis quelques années dans ce pays
et aux Etats-Unis avec des résultats probants. Plus proche de nous, la toute première patiente française a été
traitée fin 2012 à l’hôpital Bichat à Paris. Au printemps dernier, l’équipe du Pr. Renaud Louis, chef du service de
Pneumologie au CHU de Liège, a réalisé cette intervention sur une patiente atteinte d’asthme sévère. Il s’agit d’un
véritable espoir thérapeutique à côté des traitements pharmacologiques habituels.
Chez de nombreux asthmatiques sévères, la maladie se caractérise par des phases de constriction bronchique plus
ou moins fortes, sous l’effet du spasme d’un muscle lisse qui semble hypertrophié.Dans certains cas, le bronchospasme peut conduire à l’asphyxie. On estime que 5 % des adultes et 10 % des enfants sont affectés par cette maladie et si la majorité des adultes peuvent être contrôlés par une thérapie pharmacologique inhalée, 5 % d’entre eux présentent un asthme réfractaire. C’est
pour ces patients que la thermoplastie bronchique représente un réel espoir
de retrouver une qualité de vie satisfaisante. L’intervention se déroule par voie
endobronchique au cours d’une fibroscopie et permet de délivrer une énergie
thermique contrôlée de 65°C dans les parois des voies aériennes de calibre
supérieur à 3 mm. Elle a été réalisée au CHU de Liège par deux pneumologues
du service de Pneumologie du Pr. Renaud Louis, le Dr Vincent Heinen, endoscopiste chevronné et le Dr Florence Schleich. Tous deux tirent leur expertise d’une
formation rigoureusement suivie dans un centre de référence parisien.
> Toutes les
bronches
de 3 à 10 mm
> Activations
(5 mm)
continues
> 3 procédures
(30 à 45 mn)
tous les 21 jours
(au minimum)
« L’intervention s’adresse aux adultes qui souffrent d’un asthme difficile à contrôler par certains médicaments.
Le traitement comprend trois séances espacées de trois semaines. Il procure une amélioration prolongée du contrôle
symptomatique de l’asthme et de la qualité de vie ainsi qu’une réduction des phases d’exacerbations sévères »,
précise le Pr. Renaud Louis.
Le succès de la technique étant avéré - les études canadiennes portant sur cinq années de pratique ont montré une diminution des exacerbations et une amélioration du contrôle de l’asthme et de la qualité de vie des patients - d’autres
patients devraient rapidement en bénéficier. Tous auront un suivi rapproché durant l’année suivant l’intervention.
Dispositif de lutte contre l’incontinence urinaire chez l’homme L’incontinence urinaire est un symptôme fréquent après toute chirurgie
de la prostate, et particulièrement
après une ablation complète de la
glande pour cause de cancer. Après
six mois, les patients ayant subi une
prostatectomie radicale retrouvent,
dans leur majorité, une continence
acceptable, mais environ 5 à 10 %
d’entre eux connaissent une situation
invalidante qui va jusqu’à nécessiter
le port de protections ad hoc.
Le CHU de Liège et la firme Medi-Line
viennent de mettre sur le marché
Tom-Sling®, un nouveau dispositif
chirurgical qui permet de lutter contre
l’incontinence urinaire chez ces patients. La technique chirurgicale, sécurisée et efficace, bénéficie à la fois
des avancées technologiques et de
l’expertise des professionnels universitaires qui en ont guidé le développement. Elle constitue un véritable
espoir pour ceux chez qui la rééducation a de surcroît marqué ses limites.
On estime que la population cible qui
pourrait en bénéficier représente en
Belgique entre 300 et 450 patients
par an.
Concrètement, le dispositif chirurgical
consiste à implanter une bandelette
de polypropylène (matériau choisi
pour sa tolérance élevée par le corps)
pour comprimer le canal urinaire
(urètre). La technique a été éprouvée :
à ce jour, 350 patients ont déjà pu en
bénéficier au CHU de Liège, avec un
taux de réussite élevé (85%) considérant qu’ils ont recouvré un confort de
vie "parfait" ou "largement amélioré". En outre, cette technique n’entraîne que très peu de complications.
Si ce dispositif de compression urétrale est aussi prometteur, c’est grâce
à la synergie entre les différents partenaires de son développement. Le dispositif breveté Tom-Sling est le résultat de plusieurs années de recherches
menées par les Professeurs de Leval
et Waltregny du service d’Urologie
du CHU de Liège. Les prototypes ont
été fabriqués par M. Médart à l’atelier
mécanique du CHU. Et la valorisation
économique de ce nouveau dispositif
chirurgical a bénéficié de l’assistance
de l’Interface Entreprises-Université
(voir ci-après). Ces synergies ne sont
pas sans rappeler celles qui ont rendu possible, il y a 10 ans, la commercialisation du TVT-O, la version féminine de ce dispositif. Aujourd’hui, le
TVT-O, 100 % liégeois lui aussi, est le
dispositif le plus implanté de par le
monde pour traiter l’incontinence urinaire féminine.
13
14
L’Interface, au confluent de la recherche et de l’application industrielle
Entre la mise au point d’une nouvelle molécule ou technologie et sa mise à disposition du grand
public, il y a tout un parcours complexe dont nous sommes nombreux à ignorer les rouages.
Décodage avec Isabelle Renard, Technology Transfer Officer chez Interface EntreprisesUniversité, service interne de l’ULg et du CHU, chargé précisément d’huiler ces fameux rouages.
I. Renard
Interface Entreprises-Université
Il ne suffit pas de chercher, ni même
de trouver : il faut aussi que les résultats des recherches impactent la
qualité de vie de chacun. « On s’est
rendu compte que de nombreuses
recherches et, par là-même, les
chercheurs, aussi bien au CHU qu’à
l’Université, avaient besoin d’être encadrés afin que leurs résultats soient
valorisés. Il fallait un maillon supplémentaire pour faciliter les relations
entre les chercheurs et les industriels
et permettre d’atteindre le niveau
d’application industrielle des résultats », explique Isabelle Renard.
Accord win-win… win
Ce cadre défini par l’Interface est
en effet indispensable au développement d’une technologie ou d’un
produit: contrats de confidentialité,
contrats de collaboration, définition
de la paternité et de la propriété intellectuelle… autant de garde-fous
qui assurent la solidité d’un accord
et la manière dont les résultats obtenus en labos vont être exploités par
la suite. À côté des volets accompagnement et coordination, l’Interface
intervient également sur d’autres aspects fondamentaux de la valorisation
d’un projet. « Nous disposons d’une
structure qui peut accompagner les
chercheurs et se charger de dépo-
ser les brevets. On peut aussi aider
à négocier des contrats. On accompagne également les équipes pour la
cession de licence ou la création de
spin-off », énumère Isabelle Renard.
« A titre d’exemple, nous avons accompagné un transfert de savoir-faire,
via un contrat de licence, entre le
service de Génétique humaine et la
société Zentech pour élaborer un test
de détection de la mucoviscidose. Les
premiers tests ont été commercialisés
fin de l’année 2013 », poursuit-elle.
« Même succès pour le Nutrichu, un
logiciel développé par le service de
diététique du CHU de Liège, comme
aide à l’alimentation entérale et parentérale qui a fait l’objet d’un contrat
de licence avec la société Dim3.
D’autres collaborations sont en cours
avec le service de Pneumologie et
avec celui de Chirurgie abdominale ». « Le fait d’accompagner les chercheurs et de dynamiser la R&D des
sociétés qui commercialisent des
traitements innovants issus des labos de recherche du CHU, c’est forcément bénéfique pour le grand
public. » Pour les partenaires privés,
l’intérêt est évident aussi, puisque ces
collaborations leur permettent d’avoir
accès à des molécules et à des technologies à la pointe de la recherche.
« Le juste équilibre, c’est de parvenir
à mettre en place un rapport win-winwin, où l’entreprise, les chercheurs
et le grand public se retrouvent »,
conclut Isabelle Renard.
En pratique : Outre sa mission de
valorisation des résultats de la recherche, l'Interface Entreprises-Université est responsable du montage
de collaborations, de la gestion de la
propriété intellectuelle et de l'organisation de formations continues dans
les domaines technologique et scientifique. Elle assure également l’animation technologique du Liège Science
Park et favorise ainsi la mise en réseau
des acteurs de la recherche.
Contact : Isabelle Renard, Technology
Transfer Officer - [email protected] www.interface.ulg.ac.be
6e édition du Congrès de Dentisterie en 3D
Les 22, 23 et 24 mai derniers avait lieu la 6e édition du Congrès de Dentisterie au Palais des Congrès de Liège et
dans l’Amphithéâtre Bacq et Florkin au Sart Tilman. Le rassemblement, tous les deux ans, d’un nombre croissant
de spécialistes universitaires en Médecine Dentaire et dans les disciplines voisines, représente l’occasion
d'échanger des pratiques, de transmettre des informations et de présenter les techniques les plus innovantes en matière de dentisterie. Chaque édition amène son lot de nouveautés. Celle-ci a été marquée
du sceau de l'innovation sur le plan multimédia en se dotant d’une technologie de retransmission des
opérations chirurgicales en live 3D. Dans l’Amphithéâtre Bacq et Florkin au Sart Tilman et pour la première fois en Belgique, les participants ont pu vivre l'expérience au plus près et l'appréhender dans ses
moindres détails. Et les membres de l’équipe pluridisciplinaire du service de Parodontologie et Chirurgie bucco-dentaire de confirmer : « Les opérations telles que le placement de bridges sur des implants
ont été filmées en gros plans et en haute définition et simultanément retransmises en live et en 3D.
L'auditoire muni de lunettes 3D a pu observer l'exécution de l'acte technique comme s'il était à la place
du praticien. Des vidéos captées lors de l'édition précédente ont ensuite été diffusées et la différence était
frappante. » Le recours au dispositif original de retransmission live 3D a permis au Congrès de Dentisterie de
gagner en professionnalisme. Suite à la prochaine édition pour de nouvelles innovations.
CHUchotis • N°42
DOSSIER
15
DOSSIER :
La transplantation
La
transplantation
cardiaque
cardiaque
Il est l’objet de centaines de proverbes et métaphores,
il inspire les troubadours, les cinéastes, les poètes.
On le dit tantôt sensible, tantôt vaillant. Alors, forcément,
quand le cœur nous lâche, le drame est total. Sauf peutêtre pour les équipes spécialisées en transplantation
cardiaque du CHU de Liège : elles savent mieux que
quiconque que certains cœurs peuvent avoir deux vies.
Le sujet est très médiatisé, mais la
pratique n’en demeure pas moins
exceptionnelle. La transplantation
cardiaque est le traitement de la dernière chance qui vise à solutionner
une insuffisance cardiaque en stade
terminal pour autant qu’il n’y ait pas
de contre-indications. C’est tout le
paradoxe de cette thérapie : « Nous
avons des critères de sélection des
patients basés à la fois sur la sévérité de l'insuffisance cardiaque - il faut
qu'ils soient très atteints, que tous les
traitements aient été tentés - et ils ne
doivent pas souffrir d'autres maladies
graves pour s'assurer que le traitement donne une chance de survie
raisonnable », précise le Dr Arnaud
Ancion, cardiologue.
Au CHU de Liège, les patients insuffisants cardiaques sévères sont pris
en charge par une structure multidisciplinaire bien rodée, mise en place
spécifiquement pour eux et qui gère
tout leur parcours depuis la pose
du diagnostic et le bilan pré-greffe
jusqu’au suivi post-greffe et à long
terme. Cardiologues, chirurgiens cardiaques, anesthésistes-réanimateurs
spécialisés, perfusionnistes, intensivistes et coordinatrices de transplantation font le point, lors de réunions
mensuelles, sur chaque patient inscrit
sur liste d’attente, sur les avancées
médicales et les nouveaux traitements, sur d’éventuels problèmes
aigus rencontrés après une greffe.
« Il est primordial que cette équipe
soit structurée autour de professionnels spécialisés en transplantations
et opérations cardiaques », insiste
le Pr. Luc Pierard, chef du service de
Cardiologie. « Le CHU de Liège est le
seul hôpital de la région agréé pour
la transplantation et nos résultats
sont équivalents à ceux des grands
centres européens ».
Le bilan prégreffe
Avant de pouvoir inscrire un patient
sur une liste d’attente pour une greffe,
plusieurs examens sont réalisés afin
de vérifier les addictions (tabac, alcool), le degré de sévérité de la maladie, s’assurer que les autres organes
n’ont pas déjà été affectés par l’insuffisance cardiaque. Si cette première
batterie de tests se révèle concluante,
le patient bénéficie alors d’un bilan
pré-greffe qui consiste à mener des
examens approfondis durant une petite semaine d’hospitalisation pour
vérifier qu’il n’y a pas de contre-indications à la transplantation. Il est
également vu par un psychologue
et les anesthésistes-réanimateurs.
« Nous sommes chargés de mettre
le patient dans de bonnes conditions
pour subir une chirurgie lourde dont
on ne connaît pas la date », explique
Robert Larbuisson, anesthésiste-réanimateur. « Notre rôle est de réduire
l'impact négatif de certains facteurs
de risques, aux niveaux pulmonaire et
métabolique notamment. On essaie
aussi de combattre l'anémie préopératoire. Le but est que le patient arrive
en 'bonne forme' au moment de l'intervention et en état d'équilibre aux
niveaux de tous ses grands systèmes,
que l'intervention ait lieu une semaine
ou six mois plus tard ».
Actuellement, l’âge limite pour l’inscription sur une liste d’attente a été
fixé à 65 ans, mais chaque cas est discuté en détail. « Nous avons une responsabilité vis-à-vis du patient, mais
aussi vis-à-vis du greffon et de tous
ceux qui sont en attente d’une greffe.
Nous devons rester honnêtes et réalistes et ne greffer que des patients
pour lesquels les chances de réussite
ont été bien évaluées », souligne le
Dr Ancion. Le Pr. Jean-Olivier Defraigne, chef du service de Chirurgie
cardio-vasculaire, pousse la réflexion
plus loin : « On s’interdit tout triomphalisme dans ce domaine. D’un certain point de vue, chaque transplantation cardiaque est un échec : si
nous avons accès à un greffon, cela
signifie que quelqu’un est décédé.
C’est très important de ne pas l’oublier. Sur le plan éthique, même si
notre objectif est de sauver un maximum de patients, nous ne pouvons
pas souhaiter faire plus de transplantations. Nous devons aussi miser sur
la prévention et sur la recherche de
solutions alternatives ».
... Nous avons
une responsabilité
vis-à-vis du patient,
mais aussi vis-à-vis
du greffon et de tous
ceux qui sont en
attente d’une
greffe...
Pr. L. Pierard
Cardiologie
Dr A. Ancion
Cardiologie
>>>
16
La transplantation
>>>
Dr G. Hans
Anesthésie-Réanimation
Pr. J-O. Defraigne
Chirurgie cardio-vasculaire
Après une période d’attente, arrive
le coup de téléphone espéré. Un
cœur compatible est disponible. Il
s’agit pour une partie de l’équipe de
transplantation de le ramener au bloc
opératoire dans les plus brefs délais.
En parallèle, le reste de l’équipe fait
venir le patient à l’hôpital et le prépare à l’opération. Une préparation
délicate, son cœur étant, par définition, en mauvais état. « S’il prend
des anticoagulants oraux, ce qui est
souvent le cas chez des patients insuffisants cardiaques, il aura d’abord
fallu prévoir le délai nécessaire pour
les antagoniser et ainsi minimiser les
pertes sanguines durant l'intervention », explique Robert Larbuisson.
« Durant l'intervention, notre rôle est
de poser un certain nombre de cathé-
ters et de monitorings qui vont être
indispensables à la surveillance de
tous les systèmes. Le cœur fait l'objet
d'une attention pointue - pose d'un
électrocardiogramme, mesure de la
pression artérielle-, mais nous allons
aussi être très attentifs au fonctionnement cérébral, à la température,
aux fonctionnements rénal et respiratoire », poursuit Grégory Hans, anesthésiste réanimateur. L’objectif est évidemment qu’aucun des organes ne
lâche durant ou après l’intervention.
Le travail des perfusionnistes, chargés
d’assurer que tous les organes sont
bien perfusés pendant la circulation
extra-corporelle, est donc également
essentiel.
Quant à la technique opératoire,
elle a progressivement évolué au fil
COURSE CONTRE LA MONTRE :
LES COORDINATRICES DE TRANSPLANTATION
Pr. R. Larbuisson
Anesthésie-Réanimation
Marie-Hélène Delbouille, Marie-France Hans et Josée Monard
sont les trois coordinatrices de transplantation du CHU.
Ce sont elles qui tiennent le chronomètre dans la course
réglée à la seconde qui précède une greffe cardiaque.
Les coordinatrices interviennent
à la fois au niveau de l’activité de
prélèvement et dans celle de mise
en pratique des greffes. « Nous
sommes un peu comme des chefs
d’orchestre, notre rôle est de
mettre les bonnes personnes au
bon endroit, au bon moment »,
explique Marie-Hélène Delbouille.
« Pour la transplantation cardiaque,
nous sommes confrontées à deux
cas de figures : soit nous avons un
donneur local et on peut organiser
le prélèvement et la greffe en parallèle, soit on reçoit une offre via
la Fondation Eurotransplant qui est
responsable de l’allocation des organes dans huit pays partenaires.
Si le greffon proposé convient, on
organise la greffe en fonction de
différents impératifs horaires. Dès
que nous avons la confirmation
d’un don, on contacte le patient
pour qu’il vienne à l’hôpital. Quand
il est mis sur la liste d’attente, il sait
qu’il ne doit pas trop s’éloigner et
rester joignable 24h/24 ».
La coordinatrice se déplace avec
une infirmière spécialisée et le
chirurgien chargé de la greffe
jusqu’au bloc de prélèvement, en
hélicoptère ou en avion au besoin.
Le cœur est un organe pour lequel
le temps d’ischémie (soit le temps
passé à l’extérieur du corps humain)
doit être le plus court possible, au
maximum de 4 à 5h, un délai qui
conditionne grandement la réussite
de la greffe. La coordinatrice enclenche donc le compte à rebours
dès que l’organe est prélevé et assure la logistique du déplacement.
Elle garde le contact en permanence avec l’équipe de greffe pour
que tout le monde soit prêt dans
les meilleurs délais. Pendant que la
des ans pour améliorer la survie et
le confort des patients. « Au début,
on faisait des transplantations hétérotopique, le cœur malade était
laissé dans la cage thoracique et le
greffon placé en parallèle. Mais cela
provoquait des thromboses du greffon et ce n’était pas très efficace du
point de vue hémodynamique. Puis,
il y a eu des transplantations orthotopiques - retrait du massif cardiaque en
laissant les deux oreillettes - ce qui a
permis d’améliorer considérablement
la survie. Aujourd’hui, on réalise des
transplantations avec des sutures bicaves. On ôte presque tout le massif
cardiaque du patient et on ne laisse
que le toit de l’oreillette gauche sur
lequel on vient suturer le greffon »,
explique le Pr. Jean-Olivier Defraigne.
première équipe prélève un cœur
aux Pays-Bas, en Allemagne ou en
Croatie, à Liège, la seconde équipe
prépare le patient, sans commettre
de geste irréversible : tant que le
greffon n’est pas arrivé, il faut pouvoir faire face à toute éventualité.
« Comme un accident sur la route
du retour de l’équipe qui a prélevé l’organe. C’est déjà arrivé »,
rappelle Marie-Hélène Delbouille.
« Il y a tellement de paramètres à
prendre en compte, dont certains
sur lesquels nous n’avons pas de
prise, que des ‘grains de sable’, il
y en a presqu’à chaque fois. Or en
greffe cardiaque, le grain de sable
peut être fatal. C’est une responsabilité immense pour toute l’équipe »,
reconnaît Marie-France Hans.
CHUchotis • N°42
DOSSIER
17
Les soins intensifs et le post-greffe
Une fois la chirurgie terminée, le patient est acheminé aux soins intensifs. Commence pour lui un lent travail d’appropriation de son nouveau cœur. Si dans la majorité des cas (environ 70%), il n’y a pas de difficultés majeures, il reste un
grand nombre d’inconnues et de risques. « Le nouveau cœur se retrouve dans un organisme auquel il n’est pas habitué. Il faut qu’il reprenne la circulation générale et la circulation pulmonaire qui est à basse pression. Le donneur, en
principe, avait un cœur en bonne santé. Son cœur droit qui travaille pour perfuser le poumon n’a pas été habitué à la
situation d’un défaillant cardiaque qui, souvent, a modifié les résistances de la circulation droite. On est donc confronté,
dans les premières heures qui suivent la greffe, à un certain degré de défaillance cardiaque droite. Le nouveau cœur
doit s’adapter progressivement et cela prend parfois plus de temps chez certains patients », explique le Pr. Pierre
Damas, chef du service des Soins intensifs généraux.
Idéalement, le patient doit pouvoir sortir des soins intensifs après deux ou trois jours, une fois que l’équipe s’est assurée
que ses grands systèmes (surtout circulatoire, respiratoire, cérébral et rénal) fonctionnent correctement. En cas de défaillance importante du greffon, même si le pronostic se complique, tout n’est pas perdu : le patient est alors placé sous ECMO
(ExtraCorporeal Membrane Oxygenation) le temps nécessaire pour permettre au greffon de jouer pleinement son rôle.
L’ECMO
« Après une greffe, 20 à 25% des patients sont placés sous ECMO, qui
est une assistance circulatoire complète permettant de remplacer le
cœur et les poumons dans leur fonction d’oxygénation du sang. Mais ce
système peut également être mis en
place hors greffe, chez des personnes
souffrant d’un choc cardiogénique
réfractaire, provoqué par une myocardite virale par exemple, impossible
à contrôler avec la médication habituelle », explique le Dr Paul Massion,
responsable des ECMO au service
des Soins intensifs généraux.
En principe, l’ECMO est mise en place
quelques jours, voire quelques semaines, le temps nécessaire pour que
le cœur "reparte". Mais si le greffon,
malgré cette mise au repos, ne remplit toujours pas son rôle, et qu’une
nouvelle transplantation n’est pas
réalisable dans l’immédiat, le patient
peut être placé sous une assistance
de longue durée. Au CHU, c’est le
système Heartmate2 qui est employé.
Il permet au malade de patienter plusieurs mois et de récupérer au mieux
pour être greffé dans les meilleures
conditions possibles. « Une canule aspire tout le sang du ventricule gauche
et le réinjecte au niveau de l’aorte.
Contrairement à l’ECMO qui est un
système externe, le Haertmate2 est
implanté dans le thorax du patient »,
poursuit le Dr Paul Massion.
Dr P. Massion
Soins intensifs
généraux
Il faut aussi signaler que le CHU a
mis sur pied une équipe mobile pour
intervenir dans les hôpitaux de la région qui ne disposent pas d'ECMO.
Un chirurgien, un instrumentiste, un
perfusionniste et un réanimateur sont
mobilisés dans l'urgence, ils installent
rapidement le patient avec l’ECMO, le
stabilisent et le rapatrient au CHU pour
assurer sa prise en charge complète.
Le travail des perfusionnistes
Dans la chirurgie cardiaque, pour permettre au chirurgien de travailler sur un
corps inerte et exsangue, le sang du patient est dérivé dans une machine qui
va à la fois remplacer la fonction de pompe du cœur et la fonction d’échange
de gaz des poumons (O2, CO2). C’est ce que l’on appelle la CEC, circulation
extracorporelle. La finalité de cette technique est d’assurer l’homéostasie du
patient en perfusant de façon adéquate tous ses organes et cellules. « La
majorité de notre activité s’inscrit dans le cadre de la chirurgie cardiaque,
mais on intervient aussi dans les techniques d’épargne sanguine. De plus en
plus, on essaie d’éviter les transfusions car on sait qu’elles entraînent une
morbi-mortalité importante. Nous avons donc des techniques pour récupérer
le sang du patient durant les interventions chirurgicales. Nous gérons aussi
les systèmes d’assistances : assistance respiratoire de longue durée, assistances cardiaques en pré ou post-greffe, comme l’ECMO et le cœur artificiel »,
résume Francine Blaffart, perfusionniste au CHU. Les perfusionnistes s’attèlent aussi à la "formation" du patient et de sa famille, voire de son médecin
traitant, pour la gestion quotidienne des appareillages.
« Le CHU de Liège, à tous ces niveaux, déploie des ressources humaines importantes. Chaque intervenant va voir le patient deux fois par jour, même les
week-ends. Cette surveillance pointue permet de détecter très précocement
le moindre signe de dysfonctionnement et de réagir très rapidement. C’est
l’une de nos forces et l'une des raisons pour lesquelles nous avons un taux
de survie supérieur à la moyenne européenne pour les patients placés sous
ECMO, par exemple ».
Le titre d’infirmier spécialisé perfusionniste a été reconnu en Belgique. Il est
ouvert aux infirmiers diplômés après une 4e année de spécialisation (en soins
intensifs et en bloc opératoire) suivie de deux années de formation. Actuellement, on compte environ 90 perfusionnistes en poste pour tout le pays.
F. Blaffart
Perfusionniste
>>>
18
Quelques chiffres clés :
1983
1ère transplantation cardiaque
à Liège, à l’Hôpital de Bavière.
Les premières mondiales datent
de décembre 1967 au Cap
(par le Pr. Barnard) et d'avril
1968 à Paris (Pr. Cabrol).
85-90%
370
insuffisances cardiaques et mener
à un nouvel infarctus. C’est le point
faible du mécanisme : les traitements
médicamenteux provoquent une
augmentation du cholestérol et de la
tension artérielle, ce qui concourt à
provoquer des lésions sur les artères
du cœur. Il existe des solutions, mais
elles sont loin d’être optimales. La
prévention est donc primordiale ».
Les patients qui acceptent de s’engager dans un processus de greffe
sont clairement informés de tous les
risques et inconvénients que cela
comporte. Mais l’immense avantage
est aussi de pouvoir vivre ces désagréments : sans greffe, leur espérance de vie est estimée à moins de
douze mois, au lieu de dix, quinze,
voire vingt années de plus avec une
transplantation cardiaque. Il y a une
grande part d’acceptation psychologique dans le processus : accepter de vivre avec le cœur d’un autre,
accepter les risques liés à la greffe,
de prendre des médicaments pour le
restant de ses jours, etc.
C’est le taux de survie à un an
après une greffe cardiaque.
La durée moyenne de survie
après une greffe tourne autour
de 15 ans, mais peut atteindre
une vingtaine d’années.
C’est le nombre total
de patients greffés
cardiaques au CHU
de Liège à ce jour.
Le post-greffe
>>>
Dès les premières heures qui suivent
la greffe, le patient reçoit ses traitements immunosuppresseurs. Après
son séjour aux soins intensifs, il passe
en salle de cardiologie pour environ
trois semaines. « On équilibre les traitements et on éduque le patient aux
gestes de la vie quotidienne après
une greffe : hygiène stricte pour limiter les risques infectieux, alimentation contrôlée, réflexes de prévention. La première année de suivi est
difficile. Les patients doivent « refaire
du muscle », retrouver du souffle, etc.
La revalidation est assez longue et les
contrôles fréquents avec huit à dix
biopsies du cœur réalisées par voie
endoscopique durant la première année, pour contrôler s’il n’y a pas de
rejet », explique le Dr Ancion.
Le traitement évolue avec une adaptation de l’immunosuppression en
fonction des résultats des biopsies.
Le suivi sur le long terme se poursuit
avec des biopsies à 3, 5 et 10 ans, et
des visites de contrôle trois à quatre
fois par an. Au bout d’un an, le cardiologue en charge du patient réalise
aussi la première coronographie pour
voir l’état des artères coronaires. Dans
les années qui suivent une transplantation, c’est surtout à ce niveau que le
pronostic va se faire. « Nous sommes
souvent confrontés à une vasculopathie du greffon qui peut causer des
À côté des vasculopathies, le deuxième grand risque post-greffe est
lié à la perte d’immunité. Après plusieurs années, certains patients développent des cancers, heureusement
rarement agressifs. Là encore, un dépistage systématique permet de réagir le plus rapidement possible. « Les
enjeux pour le futur et la survie à plus
de dix ans concernent les phénomènes de rejets chroniques. L’idéal
serait de pouvoir induire une tolérance au niveau du greffon. Il y a un
avenir pour les thérapies cellulaires :
elles sont déjà employées pour les
transplantations hépatique et rénale,
par l’utilisation de cellules souches
dendritiques qui interagissent avec
le système immunitaire. Mais c’est
un équilibre complexe à trouver : actuellement, on ne parvient toujours
pas à diminuer le risque de rejet sans
augmenter le risque de cancer à long
terme », complète le Pr. Defraigne.
« Le cœur, c’est symboliquement
plus compliqué à accepter qu’un
foie ou un rein », ajoute le Dr Ancion.
« Après la greffe, il y a une sorte de
décompression. Accepter un greffon
n’est pas toujours simple. Le patient
est dans l’euphorie d’avoir été sauvé, mais en même temps, il se rend
compte qu’il doit cette chance à la
mort d’un autre. Beaucoup de patients nous parlent de cette culpabilité sous-jacente. C’est pourquoi nous
sommes très attentifs, lors du bilan
pré-greffe, à mener une exploration
psychiatrique pour nous assurer de la
capacité de la personne à assumer la
situation post-greffe ».
Donner son cœur (ou pas)
Il est toujours préférable de faire une démarche active auprès de sa commune
si l’on souhaite se proposer comme donneur d’organes. Le fait de s’être proposé
officiellement évite de faire peser le choix sur une famille en deuil et permet
de gagner un temps précieux pour une transplantation éventuelle.
http://www.belgium.be/fr/sante/soins_de_sante/don_d_organes_et_de_sang/don_d_organes/
CHUchotis • N°42
DOSSIER
19
VIVRE AVEC UN AUTRE CŒUR
Jacques Rousseaux, président de l’Association des
transplantés cardiaques et hépatiques du CHU de Liège.
« J’ai souffert d’une myocardite provoquée par un virus. C’était complètement inattendu, mon médecin
traitant n’avait rien diagnostiqué.
Il a fallu 4 mois pour comprendre
que c’était un problème cardiaque.
Je suis arrivé dans un état déjà critique à l’hôpital et en avril 2000,
après seulement un mois et demi
d'attente, j’ai été greffé. Je n’ai pas
vraiment eu le temps de réaliser ce
qui se passait, j’étais surtout préoccupé par l’état… de mon commerce. Indépendant, je ne pouvais
me permettre de cesser de travailler
pendant plusieurs mois et du coup,
je n’ai pas vraiment eu le temps de
m’inquiéter de mes soucis de santé
ou de me poser 36000 questions
philosophiques sur la symbolique
du cœur. La greffe, je l’ai acceptée
assez facilement. Et puis, je suis
optimiste de nature : j’ai choisi de
faire confiance aux équipes médicales. Quel autre choix ? J’avais 53
ans. Il m’a fallu presque un an et
demi pour m’en remettre. Alors,
évidemment, j’ai dû arrêter mon
commerce, changer de vie.
Au début, le plus difficile, c’est de
ne pas savoir ce qu’on a. Moi, je
suis arrivé très faible à l’opération.
C’est sans doute aussi ce qui explique la longueur de la convalescence. Mais aujourd’hui, j’ai 67 ans
et je continue à faire de la gym au
CHU. Au-delà de la revalidation
obligatoire pendant un an, j’ai
choisi de continuer. Je n’avais jamais vraiment fait de sport avant
la greffe. Là, j’y vais deux fois par
semaine pendant 1h30. Abdos-fessiers, vélo, étirement… Du coup,
effectivement, pour mon âge, je ne
me porte pas trop mal !
Je suis souvent appelé à rencontrer des patients en avant-greffe,
pour faire part de mon expérience.
Certaines personnes n’arrivent pas
à s’y résoudre. Elles se posent des
questions parfois bizarres – « et si
le cœur vient d’un étranger? », par
exemple- que je ne me suis personnellement jamais posées. Sans
doute suis-je plus terre-à-terre :
quand on en arrive à être inscrit sur
une liste, c’est qu’il n’y a plus de
choix. Si ce n’est celui de vouloir
continuer à vivre. Est-ce que l’on
peut encore avoir une vraie qualité de vie après la greffe? Evidemment ! La vie est différente, bien sûr.
Les cœurs artificiels
Le fameux coeur artificiel CARMAT - implanté pour la première fois à l'Hôpital Georges Pompidou à Paris en décembre 2013 - parfaitement biocompatible représente un vrai espoir pour l'avenir de la transplantation, mais il
est encore loin d'être au point. En revanche, les cœurs artificiels performants
avec batteries externes existent depuis de nombreuses années. Aux EtatsUnis et même en France, les indications sont assez larges puisqu’ils sont placés depuis une dizaine d'années, et avec succès, aux Etats-Unis, en alternative à la greffe. En revanche, en Belgique, ce mécanisme n’est envisageable
(et remboursé par la Sécurité sociale) qu’en pont avec une greffe. Cela signifie
qu’on ne peut pas le proposer à une personne de 75 ans qui serait en relativement bonne santé.
Et comme le rappelle Francine Blaffart, perfusionniste au CHU de Liège, la
principale difficulté des cœurs artificiels est leur source d’énergie externe. Le
câble d’alimentation des batteries sortant du thorax, les points de sortie sont
potentiellement sources d’infection. « Le jour où on parviendra à recharger
ces cœurs artificiels en transcutané, ce sera beaucoup plus maniable et sûr.
Nous n'en sommes plus très loin ».
On doit prendre des médicaments,
faire des examens médicaux réguliers. Mais on en profite bien plus,
on est beaucoup plus sensible à
tout. Tous les greffés que j’ai croisés ont ce ressenti-là, sans exception. Les bons moments, la beauté
d’un simple coucher de soleil ou
d’une musique nous touchent bien
plus que quiconque.
Je pense à mon donneur, c’est
normal. Même si je n’y pense pas
24h/24. C’est une deuxième vie qui
nous est donnée et je ne me sens
pas le droit de la gaspiller avec des
tracasseries : par respect pour mon
donneur et pour ceux qui n’ont pas
eu la possibilité d’être opérés. J’ai
une chance incroyable, et à ce jour,
c’est 14 ans de bonus qui m’ont
déjà été donnés. Mon médecin ne
m’a rien caché, quitte à paraître un
peu brutal : je sais que mon cœur
n’est pas éternel. Il faut vivre un
jour après l’autre et en profiter au
maximum. J’avance en âge, j’ai
connu quelques petits pépins, mais
être conscient de ma chance, c’est
sans doute l’une des meilleures
choses qui ait pu m’arriver ».
Littérature, musique, ciné, musée :
des histoires de cœur
> " Réparer les vivants", de Maylis De Kerangal,
Gallimard. Le roman raconte le voyage effectué
par le cœur du jeune Simon vers un autre corps
et décrit de manière assez fidèle ce qui se passe
dans un bloc opératoire.
> " La mécanique du cœur" : roman, album musical
(Dionysos) et film d’animation de Mathias Malzieu.
Au XIXe siècle, le jour le plus froid du monde,
Jack naît avec le cœur gelé. Il est "réparé" par
Madeleine, mi-docteur, mi-sorcière, qui lui greffe
une horloge dans la poitrine.
> " De cœur inconnu", de Charlotte Valandrey, éditions
du Cherche Midi. Témoignage de l’actrice française
Charlotte Valandrey, séropositive et greffée cardiaque,
sur son expérience intime.
> Le Musée du cœur aux Musées Royaux d’Art et
d’Histoire, Bruxelles. Une collection de 500 objets
illustrant la symbolique du cœur rassemblés par le
cardiologue Noubar Boyadjian et offerte au Musée.
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