N°42 JUILLET 2014 MAGAZINE D’INFORMATION MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE 15 Dossier : La transplantation cardiaque 3 Institutionnel : CAP 2020, un nouveau plan stratégique 10 Who's who : Jacques Boniver, Louis uis Maraite Expéditeur : CHU de Liège / Editeur responsable : J. Compère, Av. v. de l’Hôpital, B35, 4000 Liège Bureau de dépôt : Liège X / n° agrément : P801120 SOMMAIRE ÉDITORIAL < 3 3 Institutionnel Le patient au coeur du plan stratégique "CAP 2020" 6 En bref < Pr. Christian Bouffioux En un coup d’œil, quelques nouvelles de l’hôpital universitaire Directeur Médical Honoraire Directeur de la rédaction Bonjour, Tout d’abord, je vous souhaite à tous, étudiants, professeurs, travailleurs de tous horizons et retraités, d’excellentes vacances d’été. Who's who Ce numéro 42 de votre magazine ‘CHUchotis’ comporte, outre les rubriques d’actualités habituelles, deux dossiers principaux : le plan stratégique CAP 2020 et la greffe cardiaque. 10 Election du Pr. J. Boniver en tant que Président de l'Académie Royale de Médecine et arrivée du nouveau chef du service Communication, L. Maraite 6 10 Le plan CAP 2020 a été approuvé par le nouveau Conseil d’administration du CHU le 25 juin dernier. Il fait suite au plan COS 2013 dont la dernière et ambitieuse réalisation, le CIO-Unilab, est entrée dans sa phase concrète par le premier coup de pelle donné le 20 mai dernier. 12 12 Actualités Focus sur les différentes actualités qui ont animé l'hôpital universitaire 15 Dossier La transplantation cardiaque : les équipes spécialisées savent mieux que quiconque que certains coeurs peuvent avoir deux vies 15 N°42 JUILLET 2014 MAGAZINE D’INFORMATION MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE 15 Dossier : La transplantation cardiaque 3 Institutionnel : CAP 2020, un nouveau plan stratégique 10 Who's who : Jacques Boniver, uis Maraite Louis Expéditeur : CHU de Liège / Editeur responsable : J. Compère, Av. v. de l’Hôpital, B35, 4000 Liège Bureau de dépôt : Liège X / n° agrément : P801120 N°42 JUILLET 2014 MAGAZINE D’INFORMATION MÉDICALE DU CHU DE LIÈGE Le nouveau plan comporte 34 projets élaborés par des équipes internes du CHU et pilotés par des personnes ressources propres à l’institution. Le patient et ses accompagnants sont au cœur des préoccupations : accessibilité, parkings, signalisation interne, augmentation de l’offre en hôpital de jour, en lits MR, MRS, Sp pour répondre au vieillissement de la population, mais aussi écoute du patient via la création d’un comité des patients. Les travailleurs de l’institution ne sont nullement oubliés : 10 projets concernent l’opérationnel et le personnel, visant à améliorer la qualité des services et le bien-être des agents. Le volet financier est sommairement détaillé : compte tenu du CIO-Unilab, le CHU devra assurer des investissements de 50 millions € par an jusque 2020, et tout cela sur fonds propres ! La transplantation cardiaque n’est pas nouvelle au CHU puisque la première greffe de cœur eut lieu en 1983 et que, depuis lors, 370 greffes ont été pratiquées. Elle exige la collaboration d’une équipe soudée et très professionnelle qui regroupe bien sûr cardiologues, anesthésistes réanimateurs, chirurgiens cardio-vasculaires mais aussi perfusionnistes, intensivistes, coordinatrices de transplantation, immunologistes, psychologues, rééducateurs, etc. L’article vous détaille tous ces aspects, sans oublier de donner la parole aux greffés du cœur. Bonne lecture et bonnes vacances ! Éditeur responsable J. Compère, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00), av. de l’Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège / Directeur de la rédaction Pr. C. Bouffioux / Conseil éditorial A. Bodson, C. Bouffioux, J. Compère, Q. Désiron, V. D’Orio, D. Giet, P. Gillet, D. Gilman, J.M. Krzesinski, M. Lamy, M. Malaise, G. Pierard / Rédaction A. D'Haeyer / Réalisation PYM / Photos M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, Michel Houet, Shutterstock. www.facebook.com/chudeliege www.twitter.com/CHULiege www.chuliege.be CHUchotis • N°42 INSTITUTIONNEL 03 Institutionnel LE PATIENT AU CŒUR DU PLAN STRATÉGIQUE "CAP 2020" 34 projets concrets pour répondre aux attentes des patients, à la volonté d’excellence de l’hôpital universitaire et au bien-être du personnel. Réuni le 25 juin dernier, le Conseil d’administration du CHU de Liège a approuvé à l’unanimité le plan stratégique "CAP 2020" présenté par Julien Compère, Administrateur délégué. « C’est d’abord le travail de tout l’hôpital pendant six mois pour déterminer les grands axes de la politique à long terme, les sept objectifs stratégiques et les 34 actions inscrites dans un calendrier qu’il faudra tenir », a expliqué le CEO. « Pour que le plan "CAP 2020" devienne le plan 20 sur 20. » La priorité est clairement accordée à l’axe "Patients" qui concentre 24 des 34 actions. Des actions qui touchent tant à la qualité des soins pour mieux répondre aux demandes nouvelles des patients, qu’à la qualité de l’accueil (améliorer l’accessibilité du Sart Tilman et y augmenter l’offre de parkings par exemple). Un plan ambitieux Le plan précédent, COS 2013 (Contrat Organisationnel et Stratégique) voyait, avec la première pierre du CIO-Unilab le mois passé, son dernier objectif stratégique majeur se réaliser. Il était temps d’initier une nouvelle dynamique. Julien Compère a lancé dès fin 2013 une procédure fouillée pour aboutir au plan "CAP 2020". Un plan qui a été élaboré par toutes les équipes internes, au travers de plus d’une dizaine de groupes de travail transversaux, pour définir ensemble l’hôpital de demain, avec ses missions stratégiques et les actions à mener. « Pour chaque mission, il y a une fiche "projet" avec la désignation de deux personnes ressources qui portent la responsabilité de la dynamique spécifique et de la concrétisation de l’objectif », explique Isabelle Paul, chef du service Méthodologie de projets. Au cœur des préocupations : le patient ! Le bien-être des 5062 travailleurs L’axe principal, en nombres de projets, est bien tourné vers le patient. Au-delà du développement du management global de la qualité, du renforcement de la transparence et de l’obtention d’une des grandes accréditations, ACI ou JCI, CAP 2020 veut surtout optimiser le parcours du patient. « L’objectif est de développer le site des Bruyères et d’améliorer l’accessibilité et l’offre de parkings du Sart Tilman. Sur tous les sites, la signalisation interne sera revue de même que l’accueil du patient ambulatoire tandis que le nombre de chambres privées sera augmenté. » A côté de ces questions très pratiques mais qui préoccupent prioritairement les patients et visiteurs du CHU, il y a aussi les décisions stratégiques liées à l’excellence que doit viser l’hôpital universitaire avec une place importante pour la recherche clinique. Et il y a les réponses à apporter à l’évolution de la demande : renforcer l’offre de lits MR/MRS/Sp pour répondre au vieillissement de la population, diminuer la durée moyenne de séjour en gérant mieux les sorties, développer des alternatives à l’hospitalisation classique, promouvoir l’hospitalisation à domicile en créant des collaborations nouvelles avec les médecins généralistes. « Pour mesurer cette demande, nous voulons également mettre en place un Comité de patients, explique Julien Compère. Cela existe aux Hospices Civils de Lyon et cela nous permettra d’humaniser la relation hôpital-patients. » Le patient est donc au cœur des préoccupations mais dix projets concernent l’opérationnel et le personnel. « Il s’agit de valoriser les acteurs internes, les 5062 travailleurs salariés, en leur proposant, outre des processus améliorés, des logiciels de planification et des actions d’amélioration dans le fonctionnement des services. Nous voulons poursuivre l’évolution d’un service du personnel classique vers un vrai service de ressources humaines qui offrira à chaque agent du CHU un trajet de carrière en développant la mobilité interne, la formation continuée et en assurant la stabilité de l’emploi. » Le plan "CAP 2020" est aussi ambitieux du côté des moyens financiers nécessaires à sa concrétisation. A ce stade, le plan d’investissements est chiffré à 50 millions d’€ sur cinq ans, qui viennent s’ajouter aux autres investissements en cours, comme le CIO-Unilab (120 millions d’€). « Nous devrions atteindre un investissement de 50 millions d’€ par an jusqu’en 2020. Ce financement serait assuré sur fonds propres mais que les choses soient claires : pour continuer à proposer les soins de qualité au plus grand nombre, il faudrait les mêmes conditions de financement pour tous les hôpitaux » conclut Julien Compère. J. Compère Administrateur délégué du CHU de Liège 04 Etre, pour l’ensemble des patients de notre Région, l’hôpital universitaire de référence Réuni le 25 juin dernier, le Conseil d’administration du CHU de Liège a approuvé le rapport d’activités 2013, ainsi que le plan CAP 2020, le nouveau plan stratégique présenté par Julien Compère, Administrateur Délégué. Le CHU de Liège en bonne santé Le seul hôpital académique de Wallonie est le principal employeur de la région liégeoise avec ses 5.062 collaborateurs dont les compétences s’articulent, au quotidien, afin d’assurer au patient les soins de la meilleure qualité. Les quelques chiffres qui suivent témoignent de ce succès : Rapport d’activités 2013 > 283.487 > 40.416 > 53.932 > 821.680 > 87.459 journées d’hospitalisation classique admissions en hospitalisation classique journées d’hospitalisation de jour consultations dans les différentes polycliniques admissions aux urgences Avec un chiffre d’affaires de 446.57 millions €, le CHU de Liège a investi en 2013 17,43 millions €. Les diverses commandes aux fournisseurs effectuées l’an dernier par le CHU de Liège s’élèvent à plus de 170 millions €. Près de 60% de ce montant a été dépensé en Fédération Wallonie-Bruxelles, dont plus de 20% en Province de Liège. Le Conseil d’administration renouvelle ses membres Lors de sa séance du mercredi 19 février 2014, le Conseil d’administration du CHU de Liège a procédé au renouvellement de ses membres. M. Jean Sequaris, Président du Conseil d’administration et M. Julien Compère, Administrateur délégué, ont été reconduits dans leurs fonctions, pour un mandat de quatre ans prenant fin le 31 décembre 2017. Membres nommés par le Gouvernement > M. Jean SEQUARIS, Président > Mme Nicole MARECHAL, Vice-Présidente > Pr. Jean-Marc TRIFFAUX, Vice-Président > M. Gaëtan SERVAIS, Vice-Président > M. Julien COMPERE, Administrateur délégué > Mme Natacha BEUGNIER > Mme Coralie BONNET > Pr. Claude DESAMA > M. Michel FAWAY > M. Hubert JAMART > M. Philippe MAASSEN (†) > Mme Sylvie MARIQUE Représentants du personnel > Pr. Jean-Michel CRIELAARD > Pr. Jean-Olivier DEFRAIGNE > Pr. Philippe KOLH > Dr Kristel VANDENBOSCH > Mme Marie-Hélène BEAUPAIN > Mme Fabienne CESAR Membres ex officio > Pr. Bernard RENTIER, Recteur de l’ULg > M. Laurent DESPY, Administrateur de l’ULg > Pr. Vincent D’ORIO, Doyen de la Faculté de Médecine Invités aux séances > Pr. Pierre GILLET, Médecin en chef > Mme Carine HOUGARDY, Commissaire du Gouvernement > M. Jean-Marie CADIAT, Délégué du Ministre du Budget > Sœur Fulvie DEBATTY, Responsable provinciale de la Congrégation des Filles de la Croix > M. Michel PHILIPPART de FOY, ancien Cadre de direction au siège de Liège de la Banque Fortis > Mme Chantal COLARD-BOULANGER, Directrice générale du CNRF de Fraiture CHUchotis • N°42 INSTITUTIONNEL 05 Le CHU de Liège mis à l’honneur dans la revue Architecture hospitalière L’architecture d’un hôpital n’est pas sans lien avec les soins qui y sont prodigués. Bien au contraire, le type de conception influence la manière dont le personnel et les patients vont expérimenter ce lieu particulier où l’expertise des uns se mêle à la vulnérabilité des autres. Engagé dans la diffusion des projets architecturaux les plus porteurs dans les institutions de soins, le magazine Architecture hospitalière met cette fois le CHU de Liège à l’honneur en consacrant au seul hôpital universitaire à cursus complet de Wallonie un grand reportage dans sa rubrique "Hôpital de demain". Le fonctionnement de l’hôpital, ses réseaux de collaborations, ses activités d’excellence et ses nombreux projets (médicaux, informatiques et bien entendu, architecturaux) y sont décrits. Parmi ceux-ci, le Centre Intégré d’Oncologie tient une place de choix puisque le projet architectural est conçu, dans les moindres détails, dans une optique qui favorise le bien-être du patient et de ses proches, mais également du personnel qui s’y investit au quotidien. Découvrez ce reportage en intégralité via le lien http://www.chu.ulg.ac.be/books/architecture-hospitaliere . CHU de Liège Un hôpital universitaire public et pluraliste CHU de Charleroi Hôpital Civil Marie Curie CHU Saint-Pierre Bruxelles CH Chrétien Liège Un nouveau centre hospitalier ultramoderne pour le Pays de Charleroi Au coeur de la ville, au coeur de la vie Un réseau de soins proche de la population CIO-Unilab, le seul centre intégré d’oncologie de Wallonie et le premier regroupement coordonnée des laboratoires d’analyses médicales Ce mardi 20 mai, le premier « coup de pelle » du CIO-Unilab a été donné au CHU de Liège, en présence de la Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Eliane Tillieux, du Vice-Président et Ministre de l’Enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, de l’Administrateur délégué du CHU de Liège, Julien Compère, du Premier Vice-Recteur de l’Université de Liège, Recteur élu, Albert Corhay, du chef de projet CIO, Georges Fillet, ainsi que du chef de projet Unilab, Jacques Boniver. C’est le seul Centre Intégré d’Oncologie de Wallonie et le premier regroupement coordonné de laboratoires d’analyses médicales. Le CIO, Centre intégré d’oncologie, offrira au patient et à ses proches les bénéfices d’une structure transversale favorisant la collaboration de toutes les compétences disponibles dans la prise en charge du cancer. Quant à l’Unilab, il regroupera les laboratoires d’analyses cliniques du CHU de Liège. Le nouveau bâtiment, d’une longueur de 100 mètres et de 36 mètres de large, occupera six étages pour une surface totale de plus de 23000 mètres carrés. Totalement financé sur fonds propres pour un montant de 80 millions d’euros, il se veut un centre médical universitaire de référence ouvert sur son environnement. Transversalité, expertise et qualité des soins sont au cœur de cette réalisation ambitieuse qui réunit les meilleures idées développées par diverses institutions étrangères. 06 EN BREF... Coup d’œil sur l’actualité du CHU Comprendre son cancer et connaître ses soignants Pour aider les patients et leurs proches à y voir plus clair dans cette maladie complexe qu’est le cancer, un portail spécialement dédié à l’oncologie a été ouvert à l’internet il y a environ un an. Il est, depuis, progressivement complété et continuellement amélioré, sous la supervision du Pr. Yves Beguin, chef du service d’Hématologie clinique. « Le premier développement s’est concentré sur les COM (Concertations oncologiques multidisciplinaires), qui ont été détaillées selon leur composition, avec des mini-fiches reprenant les différents contacts des services et membres participants. En quelques clics, vous pouvez savoir qui sont les différents intervenants de la COM dermatologie, par exemple », explique Arnaud Vandamme, chargé de la gestion du portail en collaboration avec le service Communication. Sous l’onglet "Prise en charge", la base de données "Nos experts" permet également de rechercher un soignant en entrant par une des multiples portes (par type de cancer, par niveau de prise en charge, par service, par spécialité médicale ou paramédicale) et de retrouver très facilement le nom des services et des personnes qui participent à la prise en charge. La troisième base de données, en cours de développement, permettra quant à elle de référencer individuellement et en temps réel les études cliniques et les projets de recherche translationnelle. « Cet outil multidisciplinaire collaboratif et centralisé sera non seulement très pertinent pour les patients désireux de prendre part à une étude clinique, mais aussi pour les chercheurs, dans un cadre national voire international : des chercheurs ayant le même objet d’étude pourront se contacter et envisager des collaborations ». www.chuliege.be/cancer Election du recteur de l’ULG Albert Corhay a été élu recteur de l'Université de Liège le 6 mai dernier. Il prendra ses fonctions le 1er octobre prochain pour un mandat de 4 ans, à la suite de Bernard Rentier, en poste depuis 2005. Ce professeur de finances à HEC-ULg, diplômé des universités de Liège et de Cambridge, est, pour quelques semaines encore, premier vice-recteur de l’Université. NIPT, un nouveau test prénatal non invasif « J’ai fait un coma idyllique » L'âge à la première grossesse augmentant, de plus en plus de femmes effectuent un test prénatal afin de dépister le syndrome de Down (trisomie 21). Le test invasif classique n'est pas à risque nul pour le fœtus. Mais depuis août 2013, le service de Génétique humaine du CHU de Liège propose un test prénatal non invasif (NIPT, Non Invasive Prenatal Test). Il est recommandé pour les femmes de plus de 36 ans, en cas de test combiné (biochimie + clarté nucale du fœtus) qui montre un risque élevé de trisomie 21, et/ou en cas d'antécédent de grossesse avec trisomie 21 ou si un membre de la famille (du père ou de la mère) est porteur de la maladie. Ce NIPT est extrêmement fiable et sans aucun danger pour la mère ou le fœtus (test effectué au départ d'une prise de sang). ll permet également de détecter d'autres anomalies chromosomiques chez le fœtus (trisomie 18 ou 13). Seul point négatif: à ce jour, il n'est pas remboursé par la mutuelle. Son coût (460 €) reste à charge de la patiente. Dans certains cas très précis, le test invasif reste plus approprié: une première consultation devra donc déterminer si la patiente peut en bénéficier ou pas pour assurer la meilleure réponse possible au dépistage de la maladie de Down. S’il n’y a pas de remède contre la "spasmofolie", "les douleurs de l’Asiatique", le "syndrome de Fernand Raynaud" ou pour soigner une "faune intestinale" défaillante, il y en a certainement un contre la monotonie. Le répertoire de perles de patients compilées par le Dr Michel Guilbert est un condensé assez savoureux de jeux de mots, de lapsus révélateurs et autres bourdes du langage. On vous laisse découvrir les façons imagées dont certains patients conçoivent le Pet-Scan ou l’étude en double-aveugle. Parfois, ça frôle la poésie et c’est toujours très drôle. Bref, un livre idéal pour dérider une "salle-détente". Infos et prises de rendez-vous pour un dépistage NIPT en génétique : 04 242 52 52 "C’est grave docteur ? Les plus belles perles en-tendues par votre médecin", éd. De l’Opportun. CHUchotis • N°42 EN BREF 07 Visites et délégations reçues au CHU Le CHU a eu le plaisir d’accueillir de nombreuses délégations internationales durant les derniers mois écoulés. Le 26 février, une délégation essentiellement composée de membres du ministère de la Santé publique de Thaïlande, est venue dans le cadre d’une tournée européenne dans les grands hôpitaux en vue de préparer la structuration de ses propres hôpitaux. La délégation a réalisé une visite générale de l'institution et s'est intéressée plus particulièrement à certains services, comme ceux de Radiothérapie. Le 1er avril, une délégation en provenance de l’Hôpital universitaire de Palerme est allée à la rencontre des spécialistes en neurologie, en oncologie, en pédiaterie et en gériatrie. Les Palermitains se sont également attardés dans le service de Radiothérapie. Le même jour, le département infirmier du CHU recevait des délégations finlandaise, espagnole ainsi que des représentants de la Haute école de la Province de Liège. Au menu : le respect des droits du patient et les choix thérapeutiques sous l'angle de la qualité et de la sécurité. Le 2 avril, une nouvelle délégation est arrivée de Thaïlande, composée cette fois de médecins et de professionnels de la santé afin de découvrir plus spécifiquement le fonctionnement de l'hôpital de jour gériatrique aux polycliniques Lucien Brull, en particulier les programmes mis en place pour les patients âgés atteints de la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs au sens large. Une source d'inspiration exemplaire pour les Thaïlandais qui ont élaboré un projet d'institut modèle de gériatrie qu'ils souhaitent finaliser en 2015. Des Québécois sont passés le 22 avril pour prendre connaissance des démarches LEAN mises en oeuvre au CHU. Enfin, le 16 mai, une délégation vietnamienne a également été reçue à Liège et s'est rendue dans plusieurs services dont la Radiothérapie où on lui a présenté le gamma knife. Depuis 2003, et l’organisation d’un congrès belgo-vietnamien à Saigon, il existe un lien privilégié entre le CHU de Liège et le Vietnam. Plusieurs médecins liégeois sont partis réaliser des greffes de reins, des activités de chirurgie cardiaque et ORL au Vietnam. Le don de soi Faire don de son corps à la science est une démarche généreuse et indispensable pour garantir les développements d’une médecine de qualité. Pourtant, elle reste trop exceptionnelle pour couvrir tous les besoins. Aucun patient n’accepterait de subir une intervention chirurgicale, même bénigne, si on lui annonçait que le chirurgien chargé de son cas n’avait essayé ses scalpels que sur des souris ou ne s’était formé qu’à travers des livres. Personne ne songerait à contester le caractère indispensable de l’apprentissage des gestes thérapeutiques sur de vrais corps. Pourtant, lorsqu’il s’agit de faire don de son corps à la science, les réticences sont encore grandes. En cause, une certaine méconnaissance de ce qui se passe réellement lors des travaux anatomiques et une ignorance des procédures à suivre. « Nous essayons de sensibiliser les gens à cette problématique afin qu’ils fassent la démarche active nécessaire pour s’inscrire comme donneurs et pour qu’ils préviennent leurs proches de leur choix. Contrairement au don d’organes où le besoin est vital, immédiat et pour lequel la règle générale est ‘qui n'a dit mot consent’, il est impossible d’avoir accès à un corps si la personne n’y a pas officiellement consenti », explique Pierre Bonnet, professeur d’anatomie à l’ULg, spécialisé en urologie. « Des campagnes de sensibilisation sont donc menées régulièrement car nous recevons en moyenne 80 dons par an, ce qui est insuffisant pour couvrir tous nos besoins ». La pénurie est en partie liée à l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine, mais pas seulement. Les assistants et les chirurgiens déjà formés ont en effet également besoin d’avoir accès à des corps pour poursuivre leur expertise sur le long terme, pour maîtriser de nouveaux outils et optimaliser leur pratique. « Nous faisons régulièrement appel à des spécialistes de renommée internationale pour apprendre de nouvelles techniques pointues. L’apprentissage dans les ouvrages et films scientifiques, ce n’est pas suffisant », insiste le Pr. Alain Carlier, professeur d’Anatomie et chef du service de Chirurgie de la main et des nerfs périphériques. « Le troisième groupe concerné est celui des chercheurs. Disposer de corps leur permet de tester de nouvelles techniques, des nouveaux traitements pour mesurer leur efficacité avant de les proposer à des patients », ajoute le Pr. Pierre Bonnet. La plastination, parce qu’elle préserve les corps de façon prolongée, apporte une réponse partielle au manque de corps pour l’étude anatomique. Cette technique, qui consiste à remplacer les fluides corporels par une sorte de silicone, est pratiquée à petite échelle au CHU de Liège. « Ainsi préservé, le corps humain peut être présenté dans toute sa complexité. Cela s’avère utile pour l’étude de l’anatomie qui est extrêmement importante durant les trois premières années de médecine, pour montrer des anomalies ou les effets de certaines maladies », poursuit le Pr. Alain Carlier. Mais rien ne pourra jamais remplacer les travaux en salles de dissection. Se proposer comme donneur est un pas qui peut être psychologiquement difficile à franchir, d’autant que la procédure est totalement gratuite. Les frais d’inhumation restent à charge des familles et les délais de remise du corps peuvent durer jusqu’à trois ans. Il faut une grande générosité et une conscience forte de l’utilité de la recherche et d’un enseignement de qualité. « Ce don, c’est la possibilité de faire quelque chose en plus pour l’humanité. C’est être utile aux vivants au-delà de sa mort. Il faut toujours garder à l’esprit que ces dons sauvent des vies en permettant d’améliorer la pratique médicale et la recherche », conclut le Pr. Alain Carlier. En pratique : Les autres professeurs chargés des cours d’anatomie à l’ULg sont Marc Radermecker, Philippe Gillet et Félix Scholtes. Renseignement au 04 366 51 52 ou 04 366 51 53 et sur www.dondecorps.be. 08 AGENDA > 23 Août > 9 octobre 10 édition du jogging d'Esneux en courant ou en roulant Enseignement Post-Universitaire - Département de Pédiatrie Complexe sportif Adrien Herman www.joggingesneux.be 0477 69 57 90 / 0496 75 66 04. Présentation relative au Syndrome de Münchhausen par le Pr. Alain Malchair à 20h sur le site N.-D. des Bruyères, Salle de réunion N°2, Château, Rez-de-chaussée. Contact: Josiane Laurent, secrétariat de Pédiatrie : 04/367 92 75, [email protected] Un cours-conférence du Collège de Belgique donné par Dominique Bron de 18h à 20h au Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles. > 15 octobre > 25 septembre > 18 octobre Un cours-conférence du Collège de Belgique donné par Thierry Pepersack de 18h à 20h au Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles. e > 24 Août Solidaris Day à Dison Parmi les nombreuses animations proposées, une équipe du CHU sera présente pour parler de la prise en charge moderne de l'infarctus et du dépistage du cancer colorectal. Consulter le programme sur www.solidarisday.be > Du 11 au 13 septembre IMAD 4 - 4th International Meeting on Aortic Disease, co-organisé par le CHU de Liège. Des orateurs de renom international feront le point sur l'actualité en matière de maladie anévrismale. Hotel Crowne Plaza, Liège. www.chuliege-imaa.be > 20 septembre Première journée scientifique Unilab-Lg. Une prescription raison- e 3 édition BRA day. Journée d’information et de sensibilisation sur la reconstruction mammaire suite à l’ablation partielle ou totale d’un sein, sur le site du Sart Tilman. 2e Colloque Sports² L'épaule instable du sportif à 8h, amphithéâtre Bacq et Florkin du CHU de Liège, site du Sart Tilman. Contact: [email protected] > 29 octobre Journée psoriasis. Sensibilisation et examen cutané sur le site du Sart Tilman. née des analyses de laboratoire : pour une stratégie diagnostique, thérapeutique et économique optimale. Château de Colonster. Contact : Marie-Rose Brucculeri (04 366 75 30 / 0497 40 22 82), Lionel Boclinville (04 366 82 09) Journée du diabète. Sensibilisation et dépistage sur les sites du Sart Tilman et de N.-D. des Bruyères. > Du 26 au 30 septembre Enseignement Post-Universitaire Département de Pédiatrie ESMO 2014 Congress Precision Medicine in Cancer Care Un congrès de l'ESMO organisé à Madrid. www.esmo.org > 3 octobre La prise en charge précoce des symptômes psychotiques chez les adolescents et les jeunes adultes Un colloque proposé par l'Université de Liège et l'Intercommunale de Soins Spécialisés de Liège (ISoSL) sur le Site du Petit-Bourgogne de 9h30 à 16h30. > 13 novembre > 13 novembre Bilan de l'anémie de l'enfant Dr Marie-Françoise Dresse, 20h, N.-D. des Bruyères, salle de réunion N°2, Château, Rez-de-chaussée. Le cycle des conférences de l'Académie Royale de Médecine de Belgique > 23 septembre Défis pour l'oncologie face au vieillissement de la population Défis pour la gériatrie face à l'augmentation des cancers chez les personnes âgées > 15 octobre Le défi de la création d'une spin-off belge pour développer des traitements innovants contre le cancer Un cours-conférence du Collège de Belgique donné par Michel Detheux et Benoît Van den Eynde de 18h à 20h au Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles. > 25 octobre L'effet cancérigène des pesticides Une conférence de l'Académie royale de Médecine de Belgique donnée par M. D. Belpomme (Université Paris - Descartes V) à 10h15 au Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles Inscription souhaitée. > 4 novembre > 13 décembre Les perturbateurs endocriniens : ce n'est pas la dose qui fait le poison (1ère partie) international consacré à l’imagerie musculo-squelettique, organisé par le service de Radiodiagnostic. Plus d’informations sur chuliege.be/ mskradiology - CHU de Liège, site du Sart Tilman. Un cours-conférence du Collège de Belgique donné par Guy Maghuin-Rogister et Marie-Louise Scippo de 17h à 19h au Palais provincial de Namur, Place Saint-Aubain 2, 5000 Namur. MSK in Radiology. Congrès CHUchotis • N°42 EN BREF 09 SIDA : enfin un test anonyme, rapide, gratuit et sans rendez-vous ! Chaque jour, en Belgique, trois nouvelles personnes sont diagnostiquées porteuses du VIH. Souvent, ces diagnostics sont faits tardivement, alors que les chances de contrôler le virus diminuent et que la charge infectieuse persiste. Ainsi, des personnes contaminent à leur tour d’autres personnes, simplement parce qu’elles ignorent leur état sérologique. Depuis le mois de mai, le Centre de référence Sida du CHU de Liège offre un dépistage rapide, anonyme et gratuit du VIH chaque mercredi matin à la polyclinique L. Brull. Ce dépistage rapide sans rendez-vous vient compléter l'offre de tests déjà existante dans la région. Le test, dit test rapide d’orientation diagnostique, est réalisé avec une seule goutte de sang prélevée au bout du doigt. Il permet une lecture quasi immédiate (de 1 à 20 min au plus) et le résultat est remis au patient. En cas de test rapide positif, une prise de sang de confirmation sera réalisée le jour même et la prise en charge pourra commencer sans délai au centre de référence. Si le test s’adresse à tous ceux qui ont couru des risques sexuels, rappelons qu’il est aussi recommandé une fois par an aux personnes qui sont les plus exposées (qui ont un partenaire séropositif, qui font usage de drogues en intraveineux, aux travailleurs du sexe, aux personnes en provenance ou en relation avec des pays où la prévalence du Sida est élevée, etc.) ou - et c’est très important - qui présentent des symptômes de maladies sentinelles. On n’oubliera pas non plus de proposer un test à toute femme enceinte. Plus d’excuse pour "ne pas savoir" : il suffit de Unilab : de nouveaux centres de prélèvements prendre quelques minutes de son temps, le mercredi matin. Quel que soit le résultat, la démarche sera Dans le but d'améliorer la qualité des services aux patients et d'assurer positive: soit par le soulagement qu’elle apportera, la continuité des soins, les sept laboratoires du CHU désormais regrousoit parce qu’en cas d’infection, elle pourra déboupés sous l'appellation Unilab ont mis sur pied deux nouveaux centres de cher sur un suivi ad hoc sans délai. Prélèvements à Beaufays et à Chaudfontaine. Ceux-ci seront accessibles sans rendez-vous les jours ouvrables de 7h30 à 9h30. Des prises de sang En pratique : dépistage rapide sans rendez-vous peuvent également être effectuées à domicile sur rendez vous. chaque mercredi, de 9h à 12h, au Centre de référence Sida de la Polyclinique L. Brull (5e étage), 45, Quai Godefroid Kurth à 4020 Liège. Dépistage classique en deux temps, sur rendez-vous (mardi de 16h à 18h et jeudi de 13h à 16h) Tél : 04 270 31 90 Prix, distinctions, accréditations > Les Drs Vincent Geenen et Olivier Bruyère ont été élus membres associés du département de Santé publique de l'Académie Royale de Médecine. > Le Dr Géraldine Lambert (service d'Anesthésie- Réanimation) a reçu un "Grant" de la Société Belge d'Anesthésie-Réanimation pour l'étude "Is Dex-medotomodine sedation akin to natural sleep ?". > Le Dr Gilles Darcis a été récompensé par l’IAS (International AIDS Society) et l’ANRS (French National Agency for Research on AIDS and Viral Hepatitis) pour sa presentation intitulée “Synergistic activation of HIV-1 expression by compounds releasing active positive transcription elongation factor b (P-TEFb) and by inducers of the NF-kB signaling pathway” lors de la 20e Conférence internationale AIDS organisée à Melbourne. CARTE DE VISITE DES CENTRES DE PRÉLÈVEMENTS UNILAB : > CHU de Liège, site du Sart Tilman Domaine universitaire du Sart Tilman, B35 - 4000 Liège Bloc central - Niveau -2 (fléchage 23) - T : 04 366 83 17 Du lundi au vendredi de 7H à 17H30 / Le samedi de 8H à 12H > CHU de Liège, site N.-D. des Bruyères Rue de Gaillarmont, 600 - 4032 Chênée - Aile D - Niveau 0 - T : 04 367 96 46 Du lundi au vendredi de 7H à 17H / Le samedi de 8H à 12H > CHU de Liège, site Ourthe-Amblève Rue Grandfosse, 33-34 - 4130 Esneux - Niveau 0. T : 04 380 97 15. Du lundi au vendredi de 8H à 15H30 > CHU de Liège, polyclinique L. Brull Quai Godefroid Kurth, 45 - 4000 Liège - Niveau +14 T : 04 370 30 07 - Du lundi au vendredi de 8H à 16H45 > CHU de Liège, polyclinique d’Aywaille Rue de Septroux, 5 - 4920 Aywaille - T : 04 384 30 30 Du lundi au vendredi de 8H à 12H > CHU de Liège, site de Chaudfontaine Rue Hauster, 9 - 4050 Chaudfontaine (dans le domaine du Château des Thermes) T : 04 242 54 01 - Du lundi au vendredi de 7H30 à 9H30 > Centre de prélèvements de BEAUFAYS Voie de l'Air Pur, 133A - 4052 Beaufays Du lundi au vendredi de 7H30 à 9H30 > Polyclinique d’Ougrée Esplanade de la Mairie, 1 - 4102 Ougrée - T : 04 336 68 67 Du lundi au vendredi de 7H à 11H30 10 Who’s who JACQUES BONIVER PRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE Le professeur Jacques Boniver a été élu Président de l’Académie Royale de M édecine de Belgique. Rien d’étonnant pour celui qui, à bientôt 69 ans, peut se targuer d’un parcours académique et professionnel prestigieux. L’homme prend sa nomination avec philosophie. « J’ai fait partie du Bureau durant cinq ans, comme assesseur puis Vice-Président. Ma nomination était la suite logique des choses au vu de ma carrière: j’ai été doyen de la Faculté de médecine à l’ULg, président du Conseil médical au CHU, j’ai siégé dans des Commissions de Santé publique et accumulé de l’expérience dans un certain nombre de domaines. C’est un poste que je n’occuperai qu’une année. L’an prochain, ce sera au tour d’un professeur issu d’une autre université ». Spécialisé en anatomie pathologique, Jacques Boniver a vu passer des millions de cellules malignes sur les lames de ses microscopes et formé des médecins pendant plus de 25 ans, dont une bonne partie travaille aujourd’hui au CHU. On pourrait le croire blasé, mais lorsqu’il parle de recherche, c’est avec une passion intacte. « Quand j’ai commencé la médecine, c’était surtout dans le but de faire de la recherche en cancérologie. J’ai notamment beaucoup travaillé sur le développement de la leucémie chez les souris. Ce qui m’intéressait, c’était de comprendre ce qui se passait entre le moment de l’exposition à la cause, un virus ou une irradiation, et le moment du développement de la tumeur. Que peut-on mettre en place pour empêcher la tumeur de se développer ? Ce sont des recherches qui m’ont fasciné jusqu’à la fin des années 1990. Le métier a ... Grâce au Télévie, on a pu sensibiliser le monde politique et le grand public... beaucoup changé en 40 ans avec la biologie moléculaire qui a complètement révolutionné la pratique. Des principes que nous énoncions dans nos travaux sont à présent quasiment démontrés. Si j’avais vingt ans de moins, c’est un projet que je relancerais ! ». Jacques Boniver n’a cependant aucune raison d’être nostalgique. S’il n’est plus personnellement au cœur de la recherche, il a gardé tant de casquettes qu’il n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. Ainsi, il est toujours administrateur et trésorier du Fonds Léon Fredericq qu’il a cofondé en 1987 avec le professeur Paul Franchimont et d’autres collègues, en vue de soutenir les jeunes chercheurs dans un contexte de crise économique. À la même époque, alors membre de la Commission scientifique "cancérologie" du FNRS, il participe à la création du Télévie. « Le monde de la recherche était inquiet. Les déficits budgétaires de l’Etat bloquaient toute possibilité de financement et il fallait trouver des alternatives. Grâce au Télévie, on a pu sensibiliser le monde politique et le grand public ». Tout au long de l’année, Jacques Boniver s’investit donc dans la Commission scientifique et le Comité de contact FNRS-RTL du Télévie. A la tête de l’Unilab On connaît également son rôle fondamental dans la mise en œuvre de l’Unilab. Depuis 2007, il est le chef de ce projet ambitieux qui vise à regrouper les sept laboratoires du CHU de Liège en un pôle d’excellence. Les plans d’architecte des nouveaux bâti- ments - dont la première pierre a été posée le 20 mai dernier- sont punaisés aux murs de son bureau. Il y jette un œil amusé. « Ils datent de 18 mois, les plans ont évolué depuis... Il y avait sept laboratoires avec sept chefs de service. Il a fallu leur expliquer qu’on allait mettre les choses en commun, adopter de nouveaux concepts de fonctionnement. On a décidé de les regrouper dans un même bâtiment, on a commencé à réfléchir à la collaboration fonctionnelle, à travailler avec les architectes, puis à analyser la disposition interne. Il y a eu un gros travail sur les mentalités : il faut faire évoluer sept citadelles vers une seule structure fonctionnelle, tout en permettant à chacun de garder ses spécificités, ses compétences, mais en communautarisant un maximum de choses pour rendre le meilleur service aux patients ». Jacques Boniver doit justement se rendre à une énième réunion de travail sur l’Unilab. Il nous glissera tout de même, avant de s’enfuir, que son passe-temps favori… est de "ne rien faire". « Quand j’étais étudiant, le samedi matin, je ne faisais rien, j’adorais ça, j’ai un souvenir merveilleux de cette époque. Mais j’aime aussi m’occuper de mon jardin et en été, je joue au tennis. Et puis, je lis énormément, des quotidiens, des hebdos, des romans, des essais.». Pour ce boulimique de travail, on le voit, le concept du "rien faire" est tout relatif. CHUchotis • N°42 WHO'S WHO 11 LOUIS MARAITE NOUVEAU CHEF DU SERVICE COMMUNICATION Presse écrite, rédaction en chef, édition, communication ministérielle et institutionnelle… C’est fort de 30 années d’expériences que Louis Maraite est arrivé au CHU de Liège en tant que directeur de la communication le 1er juin. Louis Maraite a la communication dans le sang. Dès sa sortie de l'IHECS en 1984, il fait ses armes comme journaliste à la Libre Belgique puis comme chef d'édition à la Gazette de Liège. Il diversifie son expérience en rejoignant le cabinet du Ministre wallon de l'environnement Michel Foret en 2000 où il se consacre à la sensibilisation à l’environnement. On le retrouve cinq ans plus tard chez Sud Presse, comme rédacteur en chef de La Meuse, puis de nouveau à la communication, cette fois de la SNCB en 2009, en vue notamment de l’inauguration de la gare de Liège-Guillemins. Ce passionné d'écriture, quadrilingue et engagé (il est élu au Conseil communal de Liège sur les listes MR, mais fut aussi le biographe de Michel Daerden), a décidé de changer d’aiguillage et de prendre la voie du CHU, une institution dont il connaît déjà bien les rouages. Son ambition ? Appliquer un "leadership transformationnel". « Cela consiste à amener un changement dans la façon de penser et d'agir des gens en les valorisant dans ce qu'ils font le mieux. On fait toujours mieux quelque chose que l'on fait avec envie. J'ai par hasard découvert que cette théorie a été formulée par l'américain Burns en 1978 : il a réussi à mettre des mots sur la façon dont je fonctionnais ! » sourit-il. ... Je suis un enthousiaste qui adore le choc des idées et donc le travail en équipe... Une "positive-attitude" qu’il compte bien mettre en œuvre pour améliorer la communication du CHU. Le travail commencera par une consultation la plus large possible dans les différents départements du CHU et s’appuiera sur les compétences innombrables en interne ainsi que sur les outils communicationnels déjà existants et performants. « Le Fonds Léon Fredericq ou le Festival ImagéSanté sont des outils exceptionnels qui doivent être mis au service d'une stratégie pensée sur le long terme. Et il y a énormément de "savoir-faire" au quotidien au CHU. A nous de créer le cadre pour qu’il remonte jusqu'au service Communication et puis trouver les bons médias pour le ...faire savoir ». Si la communication est souvent bonne de façon horizontale entre les personnes exerçant le même métier, Louis Maraite estime qu’elle est perfectible sur le plan vertical et envisage des moyens de communication différents et adaptés. Des défis qui n’effraient pas celui qui se définit comme un "hyperactif positif" : « Quand j’écris un livre sur Gramme, Daerden ou Cools, sur les raquettes Donnay ou sur "Aviateurs sans frontière", c'est parce que je me passionne pour un destin, un parcours intéressant, qui a toujours un lien avec Liège. Je suis animé par une curiosité journalistique, assaisonnée de scepticisme. Je suis un enthousiaste qui adore le choc des idées et donc le travail en équipe. Et j’ai envie de collaborer au redéploiement économique de notre région pour laisser à la génération suivante - j’ai deux enfants - un monde meilleur. Je reste lucide : ce n’est pas gagné ». Louis Maraite, côté jardin > Il est né à Saint-Vith en 1962. > Journaliste de formation (IHECS), il reste passionné par l’écriture et présentera cet été un livret sur le rôle des cheminots dans la bataille de Liège en 1914, son "cadeau de départ à la SNCB". > Il est également passionné de sport : il est président du Royal Football Club Liégeois Tennis Club et de l'asbl "RFCL 120-125" qui regroupe les six clubs rouge et bleu, émanation du F.C. Liégeois "Matricule 4". « Je pratique activement, ce qui ne veut pas dire brillamment, le tennis à Rocourt et le football à Beaufays. Un sport individuel et un sport collectif. » 12 Actualités Collaboration CHU-CNRF : trois questions à Pierre Gillet, médecin en chef du CHU de Liège En quoi consiste cette convention de collaboration avec le CNRF (Centre de Neurologie et de Réadaptation Fonctionnelle, situé à Fraiture), entrée en vigueur le 1er juin dernier ? Pr. P. Gillet Direction médicale L’Hôpital de Fraiture compte 120 lits de réadaptation locomotrice pour des patients soignés en neurologie essentiellement (sclérose en plaque, troubles post-AVC, rééducation post-amputation, etc.). Or la 6e réforme de l’Etat impose que tous les hôpitaux mono-spécialisés, hors psychiatrie, passent sous le contrôle des Régions. Comme les cinq autres hôpitaux concernés, tous mono-spécialisés en réadaptation, Fraiture a cherché un partenariat pour garder son statut d’hôpital et conserver son financement fédéral émargeant à la Sécurité sociale. Concrètement, comment les choses se sont-elles passées ? Le partenariat consiste à céder 30 lits psychiatriques de notre hôpital. Le CNRF passe donc d’un statut d’hôpital "mono-spécialisé" de 120 lits à un bi-spécialisé de 150 lits. Les lits restent physiquement sur notre site du Sart Tilman, mais ils seront gérés par Fraiture. J’insiste : il ne s’agit pas d’une fusion, mais d’un accord de collaboration. Chaque entité garde son identité, même si le CHU devient majoritaire dans le CA de Fraiture. Pour le CHU de Liège, quel sera l’apport d’une telle collaboration ? Pour la réadaptation neurologique, nous n’avons que 40 lits à Esneux (CHU Ourthe-Amblève) et il y a des listes d’attente. On doit donc régulièrement obtenir des lits de revalidation supplémentaires pour nos patients. Cet accord de collaboration nous permet d’en bénéficier en priorité. Le chef du service Médecine de l’appareil locomo- teur au CHU, le Pr. Crielaard, est désormais le chef des 160 lits de revalidation (les 120 de Fraiture + les 40 du CHU). En outre, l’Hôpital de Fraiture gère aussi, via une asbl, une maison de repos (MR) et une maison de repos et de soin (MRS) dont les capacités d’accueil vont augmenter. Vu l’affluence de malades chroniques et le vieillissement de la population, il est très intéressant qu’un hôpital universitaire puisse s’associer à de telles structures en tant que copropriétaire. Nous allons pouvoir mieux analyser et améliorer le trajet de soins des patients vers la MR et la MRS. En somme, cette collaboration est véritablement bénéfique pour les deux entités concernées. Il était un foie : le CHU à la pointe en matière de greffe hépatique Le CHU de Liège a mis en place une solution à la fois innovante et satisfaisante pour les patients en attente d'une greffe de foie. Alors que les statistiques établissent que 10 à 20% des candidats à la greffe décèdent avant de recevoir le greffon salvateur, l'équipe de transplantation hépatique a pu réduire considérablement les délais d'attente. L’expérience liégeoise à partir de donneurs d’organes en arrêt circulatoire a en effet montré que l’âge du donneur n’influence pas le résultat de la greffe. Une nouvelle source de greffons a permis d’augmenter le nombre de greffes réalisées en Belgique, en surplus des greffes à partir des donneurs en mort cérébrale et des donneurs vivants. Dr O. Detry Chirurgie abdominaleendocrinienne et de transplantation Lors des prélèvements d’organes à partir de donneurs en arrêt circulatoire, les organes greffés sont soumis à une souffrance ischémique supplémentaire (les organes ne sont en effet protégés par le refroidissement que plusieurs minutes après l’arrêt définitif de la circulation sanguine, ce qui permet d’attester le décès du donneur et donc d’autoriser le prélèvement d’organes). Cette souffrance ischémique fait craindre des résultats moins favorables après la greffe, et pour le cas particulier des transplantations hépatiques, des survies diminuées. La sélection de ces donneurs en arrêt circulatoire a donc été particulièrement sévère. On conseillait habituellement de ne pas utiliser ces foies si les donneurs étaient âgés de plus de 50 ans. Or à Liège, des donneurs en arrêt circulatoire plus âgés que cette limite (jusqu’à près de 80 ans) ont été utilisés et l'expérience a montré que l'on ne retrouve pas de différence de résultats en fonction de l’âge du donneur. Grâce à cette politique dont les résultats sont en réalité les meilleurs mondiaux rapportés jusqu’à présent, la liste d’attente des patients liégeois est particulièrement courte, et leur durée d’attente avant transplantation diminuée. Au vu du vieillissement de la population, le recours à ces donneurs plus âgés devient donc une solution partielle mais néanmoins importante face au manque de donneurs d’organes. In fine, la Belgique est le pays qui, dans le monde, réalise le plus grand nombre de transplantations, en fonction du nombre d’habitants. Cette expérience a été saluée par le British Journal of Surgery (BJS)*, l’un des plus importants journaux scientifiques chirurgicaux d’Europe, qui a publié un article rédigé par l’équipe de transplantation hépatique du CHU de Liège. * “Donor age as a risk factor in donation after circulatory death liver transplantation in a controlled withdrawal protocol programme.” O. Detry, A. Deroover, N. Meurisse, M-F. Hans, J. Delwaide, S. Lauwick, A. Kaba, J. Joris, M. Meurisse, and P. Honoré. BJS; Published Online: April 28, 2014 (DOI: 10.1002/bjs.9488). CHUchotis • N°42 ACTUALITÉS La thermoplastie bronchique au secours des patients asthmatiques Le CHU de Liège est le premier hôpital de la Fédération Wallonie-Bruxelles à proposer la thermoplastie bronchique pour traiter l’asthme. Le procédé a été mis au point au Canada et est utilisé depuis quelques années dans ce pays et aux Etats-Unis avec des résultats probants. Plus proche de nous, la toute première patiente française a été traitée fin 2012 à l’hôpital Bichat à Paris. Au printemps dernier, l’équipe du Pr. Renaud Louis, chef du service de Pneumologie au CHU de Liège, a réalisé cette intervention sur une patiente atteinte d’asthme sévère. Il s’agit d’un véritable espoir thérapeutique à côté des traitements pharmacologiques habituels. Chez de nombreux asthmatiques sévères, la maladie se caractérise par des phases de constriction bronchique plus ou moins fortes, sous l’effet du spasme d’un muscle lisse qui semble hypertrophié.Dans certains cas, le bronchospasme peut conduire à l’asphyxie. On estime que 5 % des adultes et 10 % des enfants sont affectés par cette maladie et si la majorité des adultes peuvent être contrôlés par une thérapie pharmacologique inhalée, 5 % d’entre eux présentent un asthme réfractaire. C’est pour ces patients que la thermoplastie bronchique représente un réel espoir de retrouver une qualité de vie satisfaisante. L’intervention se déroule par voie endobronchique au cours d’une fibroscopie et permet de délivrer une énergie thermique contrôlée de 65°C dans les parois des voies aériennes de calibre supérieur à 3 mm. Elle a été réalisée au CHU de Liège par deux pneumologues du service de Pneumologie du Pr. Renaud Louis, le Dr Vincent Heinen, endoscopiste chevronné et le Dr Florence Schleich. Tous deux tirent leur expertise d’une formation rigoureusement suivie dans un centre de référence parisien. > Toutes les bronches de 3 à 10 mm > Activations (5 mm) continues > 3 procédures (30 à 45 mn) tous les 21 jours (au minimum) « L’intervention s’adresse aux adultes qui souffrent d’un asthme difficile à contrôler par certains médicaments. Le traitement comprend trois séances espacées de trois semaines. Il procure une amélioration prolongée du contrôle symptomatique de l’asthme et de la qualité de vie ainsi qu’une réduction des phases d’exacerbations sévères », précise le Pr. Renaud Louis. Le succès de la technique étant avéré - les études canadiennes portant sur cinq années de pratique ont montré une diminution des exacerbations et une amélioration du contrôle de l’asthme et de la qualité de vie des patients - d’autres patients devraient rapidement en bénéficier. Tous auront un suivi rapproché durant l’année suivant l’intervention. Dispositif de lutte contre l’incontinence urinaire chez l’homme L’incontinence urinaire est un symptôme fréquent après toute chirurgie de la prostate, et particulièrement après une ablation complète de la glande pour cause de cancer. Après six mois, les patients ayant subi une prostatectomie radicale retrouvent, dans leur majorité, une continence acceptable, mais environ 5 à 10 % d’entre eux connaissent une situation invalidante qui va jusqu’à nécessiter le port de protections ad hoc. Le CHU de Liège et la firme Medi-Line viennent de mettre sur le marché Tom-Sling®, un nouveau dispositif chirurgical qui permet de lutter contre l’incontinence urinaire chez ces patients. La technique chirurgicale, sécurisée et efficace, bénéficie à la fois des avancées technologiques et de l’expertise des professionnels universitaires qui en ont guidé le développement. Elle constitue un véritable espoir pour ceux chez qui la rééducation a de surcroît marqué ses limites. On estime que la population cible qui pourrait en bénéficier représente en Belgique entre 300 et 450 patients par an. Concrètement, le dispositif chirurgical consiste à implanter une bandelette de polypropylène (matériau choisi pour sa tolérance élevée par le corps) pour comprimer le canal urinaire (urètre). La technique a été éprouvée : à ce jour, 350 patients ont déjà pu en bénéficier au CHU de Liège, avec un taux de réussite élevé (85%) considérant qu’ils ont recouvré un confort de vie "parfait" ou "largement amélioré". En outre, cette technique n’entraîne que très peu de complications. Si ce dispositif de compression urétrale est aussi prometteur, c’est grâce à la synergie entre les différents partenaires de son développement. Le dispositif breveté Tom-Sling est le résultat de plusieurs années de recherches menées par les Professeurs de Leval et Waltregny du service d’Urologie du CHU de Liège. Les prototypes ont été fabriqués par M. Médart à l’atelier mécanique du CHU. Et la valorisation économique de ce nouveau dispositif chirurgical a bénéficié de l’assistance de l’Interface Entreprises-Université (voir ci-après). Ces synergies ne sont pas sans rappeler celles qui ont rendu possible, il y a 10 ans, la commercialisation du TVT-O, la version féminine de ce dispositif. Aujourd’hui, le TVT-O, 100 % liégeois lui aussi, est le dispositif le plus implanté de par le monde pour traiter l’incontinence urinaire féminine. 13 14 L’Interface, au confluent de la recherche et de l’application industrielle Entre la mise au point d’une nouvelle molécule ou technologie et sa mise à disposition du grand public, il y a tout un parcours complexe dont nous sommes nombreux à ignorer les rouages. Décodage avec Isabelle Renard, Technology Transfer Officer chez Interface EntreprisesUniversité, service interne de l’ULg et du CHU, chargé précisément d’huiler ces fameux rouages. I. Renard Interface Entreprises-Université Il ne suffit pas de chercher, ni même de trouver : il faut aussi que les résultats des recherches impactent la qualité de vie de chacun. « On s’est rendu compte que de nombreuses recherches et, par là-même, les chercheurs, aussi bien au CHU qu’à l’Université, avaient besoin d’être encadrés afin que leurs résultats soient valorisés. Il fallait un maillon supplémentaire pour faciliter les relations entre les chercheurs et les industriels et permettre d’atteindre le niveau d’application industrielle des résultats », explique Isabelle Renard. Accord win-win… win Ce cadre défini par l’Interface est en effet indispensable au développement d’une technologie ou d’un produit: contrats de confidentialité, contrats de collaboration, définition de la paternité et de la propriété intellectuelle… autant de garde-fous qui assurent la solidité d’un accord et la manière dont les résultats obtenus en labos vont être exploités par la suite. À côté des volets accompagnement et coordination, l’Interface intervient également sur d’autres aspects fondamentaux de la valorisation d’un projet. « Nous disposons d’une structure qui peut accompagner les chercheurs et se charger de dépo- ser les brevets. On peut aussi aider à négocier des contrats. On accompagne également les équipes pour la cession de licence ou la création de spin-off », énumère Isabelle Renard. « A titre d’exemple, nous avons accompagné un transfert de savoir-faire, via un contrat de licence, entre le service de Génétique humaine et la société Zentech pour élaborer un test de détection de la mucoviscidose. Les premiers tests ont été commercialisés fin de l’année 2013 », poursuit-elle. « Même succès pour le Nutrichu, un logiciel développé par le service de diététique du CHU de Liège, comme aide à l’alimentation entérale et parentérale qui a fait l’objet d’un contrat de licence avec la société Dim3. D’autres collaborations sont en cours avec le service de Pneumologie et avec celui de Chirurgie abdominale ». « Le fait d’accompagner les chercheurs et de dynamiser la R&D des sociétés qui commercialisent des traitements innovants issus des labos de recherche du CHU, c’est forcément bénéfique pour le grand public. » Pour les partenaires privés, l’intérêt est évident aussi, puisque ces collaborations leur permettent d’avoir accès à des molécules et à des technologies à la pointe de la recherche. « Le juste équilibre, c’est de parvenir à mettre en place un rapport win-winwin, où l’entreprise, les chercheurs et le grand public se retrouvent », conclut Isabelle Renard. En pratique : Outre sa mission de valorisation des résultats de la recherche, l'Interface Entreprises-Université est responsable du montage de collaborations, de la gestion de la propriété intellectuelle et de l'organisation de formations continues dans les domaines technologique et scientifique. Elle assure également l’animation technologique du Liège Science Park et favorise ainsi la mise en réseau des acteurs de la recherche. Contact : Isabelle Renard, Technology Transfer Officer - [email protected] www.interface.ulg.ac.be 6e édition du Congrès de Dentisterie en 3D Les 22, 23 et 24 mai derniers avait lieu la 6e édition du Congrès de Dentisterie au Palais des Congrès de Liège et dans l’Amphithéâtre Bacq et Florkin au Sart Tilman. Le rassemblement, tous les deux ans, d’un nombre croissant de spécialistes universitaires en Médecine Dentaire et dans les disciplines voisines, représente l’occasion d'échanger des pratiques, de transmettre des informations et de présenter les techniques les plus innovantes en matière de dentisterie. Chaque édition amène son lot de nouveautés. Celle-ci a été marquée du sceau de l'innovation sur le plan multimédia en se dotant d’une technologie de retransmission des opérations chirurgicales en live 3D. Dans l’Amphithéâtre Bacq et Florkin au Sart Tilman et pour la première fois en Belgique, les participants ont pu vivre l'expérience au plus près et l'appréhender dans ses moindres détails. Et les membres de l’équipe pluridisciplinaire du service de Parodontologie et Chirurgie bucco-dentaire de confirmer : « Les opérations telles que le placement de bridges sur des implants ont été filmées en gros plans et en haute définition et simultanément retransmises en live et en 3D. L'auditoire muni de lunettes 3D a pu observer l'exécution de l'acte technique comme s'il était à la place du praticien. Des vidéos captées lors de l'édition précédente ont ensuite été diffusées et la différence était frappante. » Le recours au dispositif original de retransmission live 3D a permis au Congrès de Dentisterie de gagner en professionnalisme. Suite à la prochaine édition pour de nouvelles innovations. CHUchotis • N°42 DOSSIER 15 DOSSIER : La transplantation La transplantation cardiaque cardiaque Il est l’objet de centaines de proverbes et métaphores, il inspire les troubadours, les cinéastes, les poètes. On le dit tantôt sensible, tantôt vaillant. Alors, forcément, quand le cœur nous lâche, le drame est total. Sauf peutêtre pour les équipes spécialisées en transplantation cardiaque du CHU de Liège : elles savent mieux que quiconque que certains cœurs peuvent avoir deux vies. Le sujet est très médiatisé, mais la pratique n’en demeure pas moins exceptionnelle. La transplantation cardiaque est le traitement de la dernière chance qui vise à solutionner une insuffisance cardiaque en stade terminal pour autant qu’il n’y ait pas de contre-indications. C’est tout le paradoxe de cette thérapie : « Nous avons des critères de sélection des patients basés à la fois sur la sévérité de l'insuffisance cardiaque - il faut qu'ils soient très atteints, que tous les traitements aient été tentés - et ils ne doivent pas souffrir d'autres maladies graves pour s'assurer que le traitement donne une chance de survie raisonnable », précise le Dr Arnaud Ancion, cardiologue. Au CHU de Liège, les patients insuffisants cardiaques sévères sont pris en charge par une structure multidisciplinaire bien rodée, mise en place spécifiquement pour eux et qui gère tout leur parcours depuis la pose du diagnostic et le bilan pré-greffe jusqu’au suivi post-greffe et à long terme. Cardiologues, chirurgiens cardiaques, anesthésistes-réanimateurs spécialisés, perfusionnistes, intensivistes et coordinatrices de transplantation font le point, lors de réunions mensuelles, sur chaque patient inscrit sur liste d’attente, sur les avancées médicales et les nouveaux traitements, sur d’éventuels problèmes aigus rencontrés après une greffe. « Il est primordial que cette équipe soit structurée autour de professionnels spécialisés en transplantations et opérations cardiaques », insiste le Pr. Luc Pierard, chef du service de Cardiologie. « Le CHU de Liège est le seul hôpital de la région agréé pour la transplantation et nos résultats sont équivalents à ceux des grands centres européens ». Le bilan prégreffe Avant de pouvoir inscrire un patient sur une liste d’attente pour une greffe, plusieurs examens sont réalisés afin de vérifier les addictions (tabac, alcool), le degré de sévérité de la maladie, s’assurer que les autres organes n’ont pas déjà été affectés par l’insuffisance cardiaque. Si cette première batterie de tests se révèle concluante, le patient bénéficie alors d’un bilan pré-greffe qui consiste à mener des examens approfondis durant une petite semaine d’hospitalisation pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indications à la transplantation. Il est également vu par un psychologue et les anesthésistes-réanimateurs. « Nous sommes chargés de mettre le patient dans de bonnes conditions pour subir une chirurgie lourde dont on ne connaît pas la date », explique Robert Larbuisson, anesthésiste-réanimateur. « Notre rôle est de réduire l'impact négatif de certains facteurs de risques, aux niveaux pulmonaire et métabolique notamment. On essaie aussi de combattre l'anémie préopératoire. Le but est que le patient arrive en 'bonne forme' au moment de l'intervention et en état d'équilibre aux niveaux de tous ses grands systèmes, que l'intervention ait lieu une semaine ou six mois plus tard ». Actuellement, l’âge limite pour l’inscription sur une liste d’attente a été fixé à 65 ans, mais chaque cas est discuté en détail. « Nous avons une responsabilité vis-à-vis du patient, mais aussi vis-à-vis du greffon et de tous ceux qui sont en attente d’une greffe. Nous devons rester honnêtes et réalistes et ne greffer que des patients pour lesquels les chances de réussite ont été bien évaluées », souligne le Dr Ancion. Le Pr. Jean-Olivier Defraigne, chef du service de Chirurgie cardio-vasculaire, pousse la réflexion plus loin : « On s’interdit tout triomphalisme dans ce domaine. D’un certain point de vue, chaque transplantation cardiaque est un échec : si nous avons accès à un greffon, cela signifie que quelqu’un est décédé. C’est très important de ne pas l’oublier. Sur le plan éthique, même si notre objectif est de sauver un maximum de patients, nous ne pouvons pas souhaiter faire plus de transplantations. Nous devons aussi miser sur la prévention et sur la recherche de solutions alternatives ». ... Nous avons une responsabilité vis-à-vis du patient, mais aussi vis-à-vis du greffon et de tous ceux qui sont en attente d’une greffe... Pr. L. Pierard Cardiologie Dr A. Ancion Cardiologie >>> 16 La transplantation >>> Dr G. Hans Anesthésie-Réanimation Pr. J-O. Defraigne Chirurgie cardio-vasculaire Après une période d’attente, arrive le coup de téléphone espéré. Un cœur compatible est disponible. Il s’agit pour une partie de l’équipe de transplantation de le ramener au bloc opératoire dans les plus brefs délais. En parallèle, le reste de l’équipe fait venir le patient à l’hôpital et le prépare à l’opération. Une préparation délicate, son cœur étant, par définition, en mauvais état. « S’il prend des anticoagulants oraux, ce qui est souvent le cas chez des patients insuffisants cardiaques, il aura d’abord fallu prévoir le délai nécessaire pour les antagoniser et ainsi minimiser les pertes sanguines durant l'intervention », explique Robert Larbuisson. « Durant l'intervention, notre rôle est de poser un certain nombre de cathé- ters et de monitorings qui vont être indispensables à la surveillance de tous les systèmes. Le cœur fait l'objet d'une attention pointue - pose d'un électrocardiogramme, mesure de la pression artérielle-, mais nous allons aussi être très attentifs au fonctionnement cérébral, à la température, aux fonctionnements rénal et respiratoire », poursuit Grégory Hans, anesthésiste réanimateur. L’objectif est évidemment qu’aucun des organes ne lâche durant ou après l’intervention. Le travail des perfusionnistes, chargés d’assurer que tous les organes sont bien perfusés pendant la circulation extra-corporelle, est donc également essentiel. Quant à la technique opératoire, elle a progressivement évolué au fil COURSE CONTRE LA MONTRE : LES COORDINATRICES DE TRANSPLANTATION Pr. R. Larbuisson Anesthésie-Réanimation Marie-Hélène Delbouille, Marie-France Hans et Josée Monard sont les trois coordinatrices de transplantation du CHU. Ce sont elles qui tiennent le chronomètre dans la course réglée à la seconde qui précède une greffe cardiaque. Les coordinatrices interviennent à la fois au niveau de l’activité de prélèvement et dans celle de mise en pratique des greffes. « Nous sommes un peu comme des chefs d’orchestre, notre rôle est de mettre les bonnes personnes au bon endroit, au bon moment », explique Marie-Hélène Delbouille. « Pour la transplantation cardiaque, nous sommes confrontées à deux cas de figures : soit nous avons un donneur local et on peut organiser le prélèvement et la greffe en parallèle, soit on reçoit une offre via la Fondation Eurotransplant qui est responsable de l’allocation des organes dans huit pays partenaires. Si le greffon proposé convient, on organise la greffe en fonction de différents impératifs horaires. Dès que nous avons la confirmation d’un don, on contacte le patient pour qu’il vienne à l’hôpital. Quand il est mis sur la liste d’attente, il sait qu’il ne doit pas trop s’éloigner et rester joignable 24h/24 ». La coordinatrice se déplace avec une infirmière spécialisée et le chirurgien chargé de la greffe jusqu’au bloc de prélèvement, en hélicoptère ou en avion au besoin. Le cœur est un organe pour lequel le temps d’ischémie (soit le temps passé à l’extérieur du corps humain) doit être le plus court possible, au maximum de 4 à 5h, un délai qui conditionne grandement la réussite de la greffe. La coordinatrice enclenche donc le compte à rebours dès que l’organe est prélevé et assure la logistique du déplacement. Elle garde le contact en permanence avec l’équipe de greffe pour que tout le monde soit prêt dans les meilleurs délais. Pendant que la des ans pour améliorer la survie et le confort des patients. « Au début, on faisait des transplantations hétérotopique, le cœur malade était laissé dans la cage thoracique et le greffon placé en parallèle. Mais cela provoquait des thromboses du greffon et ce n’était pas très efficace du point de vue hémodynamique. Puis, il y a eu des transplantations orthotopiques - retrait du massif cardiaque en laissant les deux oreillettes - ce qui a permis d’améliorer considérablement la survie. Aujourd’hui, on réalise des transplantations avec des sutures bicaves. On ôte presque tout le massif cardiaque du patient et on ne laisse que le toit de l’oreillette gauche sur lequel on vient suturer le greffon », explique le Pr. Jean-Olivier Defraigne. première équipe prélève un cœur aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Croatie, à Liège, la seconde équipe prépare le patient, sans commettre de geste irréversible : tant que le greffon n’est pas arrivé, il faut pouvoir faire face à toute éventualité. « Comme un accident sur la route du retour de l’équipe qui a prélevé l’organe. C’est déjà arrivé », rappelle Marie-Hélène Delbouille. « Il y a tellement de paramètres à prendre en compte, dont certains sur lesquels nous n’avons pas de prise, que des ‘grains de sable’, il y en a presqu’à chaque fois. Or en greffe cardiaque, le grain de sable peut être fatal. C’est une responsabilité immense pour toute l’équipe », reconnaît Marie-France Hans. CHUchotis • N°42 DOSSIER 17 Les soins intensifs et le post-greffe Une fois la chirurgie terminée, le patient est acheminé aux soins intensifs. Commence pour lui un lent travail d’appropriation de son nouveau cœur. Si dans la majorité des cas (environ 70%), il n’y a pas de difficultés majeures, il reste un grand nombre d’inconnues et de risques. « Le nouveau cœur se retrouve dans un organisme auquel il n’est pas habitué. Il faut qu’il reprenne la circulation générale et la circulation pulmonaire qui est à basse pression. Le donneur, en principe, avait un cœur en bonne santé. Son cœur droit qui travaille pour perfuser le poumon n’a pas été habitué à la situation d’un défaillant cardiaque qui, souvent, a modifié les résistances de la circulation droite. On est donc confronté, dans les premières heures qui suivent la greffe, à un certain degré de défaillance cardiaque droite. Le nouveau cœur doit s’adapter progressivement et cela prend parfois plus de temps chez certains patients », explique le Pr. Pierre Damas, chef du service des Soins intensifs généraux. Idéalement, le patient doit pouvoir sortir des soins intensifs après deux ou trois jours, une fois que l’équipe s’est assurée que ses grands systèmes (surtout circulatoire, respiratoire, cérébral et rénal) fonctionnent correctement. En cas de défaillance importante du greffon, même si le pronostic se complique, tout n’est pas perdu : le patient est alors placé sous ECMO (ExtraCorporeal Membrane Oxygenation) le temps nécessaire pour permettre au greffon de jouer pleinement son rôle. L’ECMO « Après une greffe, 20 à 25% des patients sont placés sous ECMO, qui est une assistance circulatoire complète permettant de remplacer le cœur et les poumons dans leur fonction d’oxygénation du sang. Mais ce système peut également être mis en place hors greffe, chez des personnes souffrant d’un choc cardiogénique réfractaire, provoqué par une myocardite virale par exemple, impossible à contrôler avec la médication habituelle », explique le Dr Paul Massion, responsable des ECMO au service des Soins intensifs généraux. En principe, l’ECMO est mise en place quelques jours, voire quelques semaines, le temps nécessaire pour que le cœur "reparte". Mais si le greffon, malgré cette mise au repos, ne remplit toujours pas son rôle, et qu’une nouvelle transplantation n’est pas réalisable dans l’immédiat, le patient peut être placé sous une assistance de longue durée. Au CHU, c’est le système Heartmate2 qui est employé. Il permet au malade de patienter plusieurs mois et de récupérer au mieux pour être greffé dans les meilleures conditions possibles. « Une canule aspire tout le sang du ventricule gauche et le réinjecte au niveau de l’aorte. Contrairement à l’ECMO qui est un système externe, le Haertmate2 est implanté dans le thorax du patient », poursuit le Dr Paul Massion. Dr P. Massion Soins intensifs généraux Il faut aussi signaler que le CHU a mis sur pied une équipe mobile pour intervenir dans les hôpitaux de la région qui ne disposent pas d'ECMO. Un chirurgien, un instrumentiste, un perfusionniste et un réanimateur sont mobilisés dans l'urgence, ils installent rapidement le patient avec l’ECMO, le stabilisent et le rapatrient au CHU pour assurer sa prise en charge complète. Le travail des perfusionnistes Dans la chirurgie cardiaque, pour permettre au chirurgien de travailler sur un corps inerte et exsangue, le sang du patient est dérivé dans une machine qui va à la fois remplacer la fonction de pompe du cœur et la fonction d’échange de gaz des poumons (O2, CO2). C’est ce que l’on appelle la CEC, circulation extracorporelle. La finalité de cette technique est d’assurer l’homéostasie du patient en perfusant de façon adéquate tous ses organes et cellules. « La majorité de notre activité s’inscrit dans le cadre de la chirurgie cardiaque, mais on intervient aussi dans les techniques d’épargne sanguine. De plus en plus, on essaie d’éviter les transfusions car on sait qu’elles entraînent une morbi-mortalité importante. Nous avons donc des techniques pour récupérer le sang du patient durant les interventions chirurgicales. Nous gérons aussi les systèmes d’assistances : assistance respiratoire de longue durée, assistances cardiaques en pré ou post-greffe, comme l’ECMO et le cœur artificiel », résume Francine Blaffart, perfusionniste au CHU. Les perfusionnistes s’attèlent aussi à la "formation" du patient et de sa famille, voire de son médecin traitant, pour la gestion quotidienne des appareillages. « Le CHU de Liège, à tous ces niveaux, déploie des ressources humaines importantes. Chaque intervenant va voir le patient deux fois par jour, même les week-ends. Cette surveillance pointue permet de détecter très précocement le moindre signe de dysfonctionnement et de réagir très rapidement. C’est l’une de nos forces et l'une des raisons pour lesquelles nous avons un taux de survie supérieur à la moyenne européenne pour les patients placés sous ECMO, par exemple ». Le titre d’infirmier spécialisé perfusionniste a été reconnu en Belgique. Il est ouvert aux infirmiers diplômés après une 4e année de spécialisation (en soins intensifs et en bloc opératoire) suivie de deux années de formation. Actuellement, on compte environ 90 perfusionnistes en poste pour tout le pays. F. Blaffart Perfusionniste >>> 18 Quelques chiffres clés : 1983 1ère transplantation cardiaque à Liège, à l’Hôpital de Bavière. Les premières mondiales datent de décembre 1967 au Cap (par le Pr. Barnard) et d'avril 1968 à Paris (Pr. Cabrol). 85-90% 370 insuffisances cardiaques et mener à un nouvel infarctus. C’est le point faible du mécanisme : les traitements médicamenteux provoquent une augmentation du cholestérol et de la tension artérielle, ce qui concourt à provoquer des lésions sur les artères du cœur. Il existe des solutions, mais elles sont loin d’être optimales. La prévention est donc primordiale ». Les patients qui acceptent de s’engager dans un processus de greffe sont clairement informés de tous les risques et inconvénients que cela comporte. Mais l’immense avantage est aussi de pouvoir vivre ces désagréments : sans greffe, leur espérance de vie est estimée à moins de douze mois, au lieu de dix, quinze, voire vingt années de plus avec une transplantation cardiaque. Il y a une grande part d’acceptation psychologique dans le processus : accepter de vivre avec le cœur d’un autre, accepter les risques liés à la greffe, de prendre des médicaments pour le restant de ses jours, etc. C’est le taux de survie à un an après une greffe cardiaque. La durée moyenne de survie après une greffe tourne autour de 15 ans, mais peut atteindre une vingtaine d’années. C’est le nombre total de patients greffés cardiaques au CHU de Liège à ce jour. Le post-greffe >>> Dès les premières heures qui suivent la greffe, le patient reçoit ses traitements immunosuppresseurs. Après son séjour aux soins intensifs, il passe en salle de cardiologie pour environ trois semaines. « On équilibre les traitements et on éduque le patient aux gestes de la vie quotidienne après une greffe : hygiène stricte pour limiter les risques infectieux, alimentation contrôlée, réflexes de prévention. La première année de suivi est difficile. Les patients doivent « refaire du muscle », retrouver du souffle, etc. La revalidation est assez longue et les contrôles fréquents avec huit à dix biopsies du cœur réalisées par voie endoscopique durant la première année, pour contrôler s’il n’y a pas de rejet », explique le Dr Ancion. Le traitement évolue avec une adaptation de l’immunosuppression en fonction des résultats des biopsies. Le suivi sur le long terme se poursuit avec des biopsies à 3, 5 et 10 ans, et des visites de contrôle trois à quatre fois par an. Au bout d’un an, le cardiologue en charge du patient réalise aussi la première coronographie pour voir l’état des artères coronaires. Dans les années qui suivent une transplantation, c’est surtout à ce niveau que le pronostic va se faire. « Nous sommes souvent confrontés à une vasculopathie du greffon qui peut causer des À côté des vasculopathies, le deuxième grand risque post-greffe est lié à la perte d’immunité. Après plusieurs années, certains patients développent des cancers, heureusement rarement agressifs. Là encore, un dépistage systématique permet de réagir le plus rapidement possible. « Les enjeux pour le futur et la survie à plus de dix ans concernent les phénomènes de rejets chroniques. L’idéal serait de pouvoir induire une tolérance au niveau du greffon. Il y a un avenir pour les thérapies cellulaires : elles sont déjà employées pour les transplantations hépatique et rénale, par l’utilisation de cellules souches dendritiques qui interagissent avec le système immunitaire. Mais c’est un équilibre complexe à trouver : actuellement, on ne parvient toujours pas à diminuer le risque de rejet sans augmenter le risque de cancer à long terme », complète le Pr. Defraigne. « Le cœur, c’est symboliquement plus compliqué à accepter qu’un foie ou un rein », ajoute le Dr Ancion. « Après la greffe, il y a une sorte de décompression. Accepter un greffon n’est pas toujours simple. Le patient est dans l’euphorie d’avoir été sauvé, mais en même temps, il se rend compte qu’il doit cette chance à la mort d’un autre. Beaucoup de patients nous parlent de cette culpabilité sous-jacente. C’est pourquoi nous sommes très attentifs, lors du bilan pré-greffe, à mener une exploration psychiatrique pour nous assurer de la capacité de la personne à assumer la situation post-greffe ». Donner son cœur (ou pas) Il est toujours préférable de faire une démarche active auprès de sa commune si l’on souhaite se proposer comme donneur d’organes. Le fait de s’être proposé officiellement évite de faire peser le choix sur une famille en deuil et permet de gagner un temps précieux pour une transplantation éventuelle. http://www.belgium.be/fr/sante/soins_de_sante/don_d_organes_et_de_sang/don_d_organes/ CHUchotis • N°42 DOSSIER 19 VIVRE AVEC UN AUTRE CŒUR Jacques Rousseaux, président de l’Association des transplantés cardiaques et hépatiques du CHU de Liège. « J’ai souffert d’une myocardite provoquée par un virus. C’était complètement inattendu, mon médecin traitant n’avait rien diagnostiqué. Il a fallu 4 mois pour comprendre que c’était un problème cardiaque. Je suis arrivé dans un état déjà critique à l’hôpital et en avril 2000, après seulement un mois et demi d'attente, j’ai été greffé. Je n’ai pas vraiment eu le temps de réaliser ce qui se passait, j’étais surtout préoccupé par l’état… de mon commerce. Indépendant, je ne pouvais me permettre de cesser de travailler pendant plusieurs mois et du coup, je n’ai pas vraiment eu le temps de m’inquiéter de mes soucis de santé ou de me poser 36000 questions philosophiques sur la symbolique du cœur. La greffe, je l’ai acceptée assez facilement. Et puis, je suis optimiste de nature : j’ai choisi de faire confiance aux équipes médicales. Quel autre choix ? J’avais 53 ans. Il m’a fallu presque un an et demi pour m’en remettre. Alors, évidemment, j’ai dû arrêter mon commerce, changer de vie. Au début, le plus difficile, c’est de ne pas savoir ce qu’on a. Moi, je suis arrivé très faible à l’opération. C’est sans doute aussi ce qui explique la longueur de la convalescence. Mais aujourd’hui, j’ai 67 ans et je continue à faire de la gym au CHU. Au-delà de la revalidation obligatoire pendant un an, j’ai choisi de continuer. Je n’avais jamais vraiment fait de sport avant la greffe. Là, j’y vais deux fois par semaine pendant 1h30. Abdos-fessiers, vélo, étirement… Du coup, effectivement, pour mon âge, je ne me porte pas trop mal ! Je suis souvent appelé à rencontrer des patients en avant-greffe, pour faire part de mon expérience. Certaines personnes n’arrivent pas à s’y résoudre. Elles se posent des questions parfois bizarres – « et si le cœur vient d’un étranger? », par exemple- que je ne me suis personnellement jamais posées. Sans doute suis-je plus terre-à-terre : quand on en arrive à être inscrit sur une liste, c’est qu’il n’y a plus de choix. Si ce n’est celui de vouloir continuer à vivre. Est-ce que l’on peut encore avoir une vraie qualité de vie après la greffe? Evidemment ! La vie est différente, bien sûr. Les cœurs artificiels Le fameux coeur artificiel CARMAT - implanté pour la première fois à l'Hôpital Georges Pompidou à Paris en décembre 2013 - parfaitement biocompatible représente un vrai espoir pour l'avenir de la transplantation, mais il est encore loin d'être au point. En revanche, les cœurs artificiels performants avec batteries externes existent depuis de nombreuses années. Aux EtatsUnis et même en France, les indications sont assez larges puisqu’ils sont placés depuis une dizaine d'années, et avec succès, aux Etats-Unis, en alternative à la greffe. En revanche, en Belgique, ce mécanisme n’est envisageable (et remboursé par la Sécurité sociale) qu’en pont avec une greffe. Cela signifie qu’on ne peut pas le proposer à une personne de 75 ans qui serait en relativement bonne santé. Et comme le rappelle Francine Blaffart, perfusionniste au CHU de Liège, la principale difficulté des cœurs artificiels est leur source d’énergie externe. Le câble d’alimentation des batteries sortant du thorax, les points de sortie sont potentiellement sources d’infection. « Le jour où on parviendra à recharger ces cœurs artificiels en transcutané, ce sera beaucoup plus maniable et sûr. Nous n'en sommes plus très loin ». On doit prendre des médicaments, faire des examens médicaux réguliers. Mais on en profite bien plus, on est beaucoup plus sensible à tout. Tous les greffés que j’ai croisés ont ce ressenti-là, sans exception. Les bons moments, la beauté d’un simple coucher de soleil ou d’une musique nous touchent bien plus que quiconque. Je pense à mon donneur, c’est normal. Même si je n’y pense pas 24h/24. C’est une deuxième vie qui nous est donnée et je ne me sens pas le droit de la gaspiller avec des tracasseries : par respect pour mon donneur et pour ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’être opérés. J’ai une chance incroyable, et à ce jour, c’est 14 ans de bonus qui m’ont déjà été donnés. Mon médecin ne m’a rien caché, quitte à paraître un peu brutal : je sais que mon cœur n’est pas éternel. Il faut vivre un jour après l’autre et en profiter au maximum. J’avance en âge, j’ai connu quelques petits pépins, mais être conscient de ma chance, c’est sans doute l’une des meilleures choses qui ait pu m’arriver ». Littérature, musique, ciné, musée : des histoires de cœur > " Réparer les vivants", de Maylis De Kerangal, Gallimard. Le roman raconte le voyage effectué par le cœur du jeune Simon vers un autre corps et décrit de manière assez fidèle ce qui se passe dans un bloc opératoire. > " La mécanique du cœur" : roman, album musical (Dionysos) et film d’animation de Mathias Malzieu. Au XIXe siècle, le jour le plus froid du monde, Jack naît avec le cœur gelé. Il est "réparé" par Madeleine, mi-docteur, mi-sorcière, qui lui greffe une horloge dans la poitrine. > " De cœur inconnu", de Charlotte Valandrey, éditions du Cherche Midi. Témoignage de l’actrice française Charlotte Valandrey, séropositive et greffée cardiaque, sur son expérience intime. > Le Musée du cœur aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles. Une collection de 500 objets illustrant la symbolique du cœur rassemblés par le cardiologue Noubar Boyadjian et offerte au Musée. Soins de santé Priorité à la flexibilité TROPHÉE pour vos employés ! ION INNOVAT 2014 2014 ENF UNE COUVERTURE ENFIN RÉELLEMENT SUR MESURE RÉE Garanties franchises Garanties, franchi et options modulables dans un même contrat collectif, affiliation possible du conjoint et des enfants... Choisissez dorénavant l’assurance qui correspond vraiment aux besoins de vos collaborateurs. Avec tout le confort de l’AssurCard®, son système de tiers-payant et de nombreux avantages innovants reconnus par les professionnels du secteur. Pour en savoir plus : www.ethias.be/HospiFlex Ethias S.A., entreprise d’assurances agréée sous le n° 196 E.R. Gaëtan Smets, rue des Croisiers 24 – 4000 LIEGE
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