MINISTERE DE L’AGRICULTURE DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE &&&&&& Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) &&&&&& Programme d’Appui au Développement du Secteur Agricole (PADSA) &&&&&& Programme Technologie agricole et alimentaire (PTAA) Programme Analyse de la Politique Agricole (PAPA) PROJET DE DEVELOPPEMENT DES SYSTEMES POST-RECOLTE INFLUENCE SUR LE DECORTICAGE DE L’ETAT DE MATURITE ET DES CONDITIONS DE SECHAGE DU PADDY DANS LE SUD BENIN Paul A. HOUSSOU Ir. Agronome M.Phil Food Science PTAA/INRAB, 2002 E-maïl : [email protected] E-maïl Alphonse SINGBO Ir. Agro-économiste PAPA/INRAB, 2002 [email protected] i Table des matières TABLE DES MATIERES................................................................................................................................................... I 1. PROBLEMATIQUE ......................................................................................................................................................... 1 2. OBJECTIFS ET HYPOTHESES .......................................................................................................................................... 1 2. 1 Objectifs............................................................................................................................................................... 1 2.2 Hypothèses de la recherche .................................................................................................................................. 2 1ERE PARTIE : IDENTIFICATION DES PRINCIPAUX INDICATEURS DE RECOLTE ET LES CONDITIONS DE SECHAGE DU RIZ PADDY.......................................................................................................... 2 3. METHODOLOGIE .......................................................................................................................................................... 2 3.1 Matériel ................................................................................................................................................................ 2 3.2 Méthodes............................................................................................................................................................... 2 4 RESULTATS DE L’ENQUETE ........................................................................................................................................... 3 4.1 Caractéristiques socio-démographique des exploitants ....................................................................................... 3 4.2-Importance de la production rizicole ................................................................................................................... 3 4.3. PRODUCTION DU RIZ DANS LES ZONES D’ETUDES ...................................................................................................... 4 4.3.1. Opérations culturales et calendrier d’exécution des opérations .................................................................... 4 4.3.2. Système de production.................................................................................................................................. 5 4.4. ACTIVITES POST-RECOLTES DU RIZ ........................................................................................................................... 6 4.4.1-Récolte du riz..................................................................................................................................................... 6 Photo n°1 : récolte du paddy 4.4.2. Battage des panicules .................................................................................... 6 4.4.2. Battage des panicules.................................................................................................................................... 7 4.4.2.1-Dispositions pré battage.............................................................................................................................. 7 4.4.4 Décorticage du riz paddy ............................................................................................................................... 9 2EME PARTIE : TEST EN MILIEU PAYSAN DES DIFFERENTES METHODES DE SECHAGE DU RIZ PADDY ............................................................................................................................................................................ 11 5.1. Présentation du lieu de déroulement des tests ................................................................................................... 11 5.2. Matériel et méthodes.......................................................................................................................................... 12 5.2.1. Matériel....................................................................................................................................................... 12 5.2.2. Méthodes..................................................................................................................................................... 12 6. RESULTATS ET DISCUSSION........................................................................................................................................ 14 6.1. Performance technique des différentes pratiques de séchage ........................................................................... 14 6.2. Rentabilité financière des différentes pratiques de séchage testées................................................................... 15 7. CONCLUSION ............................................................................................................................................................. 16 1 1. Problématique Le riz est une denrée consommée partout au Bénin. Sa consommation par tête d’habitant et par an varie de 6 à 20 kg pour les zones rurales contre 10 à 30 kg en zones urbaines (Adégbola, 2001). Sur le plan de la production, le riz se retrouve dans tous les départements ; mais il ne connaît pas pour le moment un niveau de production à même de couvrir les besoins alimentaires des populations. Néanmoins, la production nationale de riz fait l’objet d’une relance au lendemain de la dévaluation de franc CFA. Ainsi enregistre-t-on une augmentation constante de la production du riz au fil des récentes campagnes agricoles. Par exemple, de 26,891 tonnes en 1997 elle est passée à 35,587 tonnes en 1998. (Annuaire Statistique, 1999). Malheureusement, cette relance concerne uniquement les aspects de production ; alors qu’il est reconnu de tous les avis que la prise en considération de l’aspect post-récolte est indispensable dans l’organisation des filières céréalières en général et de la filière rizicole en particulier. Après la récolte, pour que le riz soit comestible il doit subir obligatoirement un certain nombre de traitement dont le décorticage. Mais à partir d’une récente enquête conduite par PAPA/INRAB (2001), auprès des acteurs de la filière riz au Bénin, il ressort que ce décorticage rencontre un certain nombre de problèmes dont le taux de brisure très élevé du riz au décorticage. Ce taux de brisure élevé serait dû, soit à la décortiqueuse non performante, soit à l’état de maturité des grains ou bien aux mauvaises conditions de séchage du paddy. En effet, il a été constaté que le paddy qui n’est pas bien séché aboutit souvent à un mauvais décorticage avec un pourcentage élevé de grains brisés et de grains non décortiqués. De même le séchage excessif du paddy entraîne un fort taux de brisure au cours du décorticage. En somme un séchage mal conduit du paddy donne un riz de mauvaise qualité après le décorticage. En outre, la pratique du décorticage avec une machine non performante ou mal réglée entraîne également un produit non marchand et par conséquent des pertes substantielles de revenu. Ainsi donc, dans le but de rechercher les causes réelles de ce fort taux de brisure au décorticage du paddy, le PTAA/INRAB, vient de démarrer des tests sur les performances technique et économique de certaines marques de décortiqueuses. En complément à ces tests, les autres facteurs méritent aussi beaucoup d’attention. C’est dans ce cadre que s’inscrit la présente étude dont l’objectif global consiste à mettre sur le marché de consommation, du riz béninois de bonne qualité à faible taux de brisure. De façon spécifique cette étude vise à identifier les périodes propices de récolte et les conditions de séchage qui permettent une réduction des pertes post-récoltes notamment du taux de brisure lors du décorticage. 2. Objectifs et hypothèses 2. 1 Objectifs L’objectif général poursuivi par la présente étude est de déterminer, en dehors de l’équipement de décorticage, les autres facteurs qui influencent le décorticage du paddy. Les objectifs spécifiques assignés à ce travail sont les suivants : ¾ Connaître les pratiques paysannes en matière de traitement post-récolte du paddy ; ¾ Tester les méthodes de séchage appropriées induisant moins de brisure du riz au décorticage ; ¾ Evaluer la rentabilité financière des différentes méthodes de séchage testées. 2 2.2 Hypothèses de la recherche Dans le but d’atteindre les objectifs fixés, la présente étude s’inscrit dans le cadre général de recherche de solutions durables aux problèmes post-récoltes du riz. Ainsi les hypothèses formulées sont : H1 : Il existe des insuffisances dans les systèmes post-récolte du riz pratiqués par les paysans ; H2 : Le taux de brisure enregistré au décorticage dépend de la méthode de séchage du riz paddy ; H3 : Les pratiques améliorées de séchage sont financièrement plus rentables que la pratique paysanne. Par rapport à ces hypothèses, la présente étude s’est déroulée en deux étapes à savoir : ¾ Première étape : Enquête formelle auprès des producteurs pour identifier les différents indicateurs de récolte et les conditions de séchage du riz ; ¾ Deuxième étape : Test en milieu réel sou gestion chercheur des différentes méthodes de séchage du paddy. 1ère Partie : Identification des principaux indicateurs de récolte et les conditions de séchage du riz paddy 3. Méthodologie 3.1 Matériel Le matériel sur lequel est focalisé le présent travail est le riz cultivé par les différentes communautés vivant dans la vallée de l’Ouémé et celles installées sur les zones plateau d’Aplahoué et de Dogbo. Les différentes variétés cultivées par ces communautés constituent des aspects intéressants liés au matériel végétal qu’est la culture du riz. En dehors du matériel végétal, le groupe cible constitué par les producteurs et productrices du riz sont le matériel humain associé au présent travail. Et c’est avec la participation active de ce groupe que l’enquête a pu être possible. 3.2 Méthodes Deux départements (2) du Sud (Ouémé et Couffo) ont été concernés par la présente enquête, au sein desquels quatre (4) sous-préfectures ont été retenues. Des quatre sous-préfectures, six (06) communes ont été sélectionnées. Ces communes correspondent aux localités situées dans les vallées où la production du riz est importante. Au total, 106 producteurs ont été enquêtés dans huit (08) villages appartenant aux six (06) communes (Tableau 3.2). Les données ont été recueillies sur la base d’entretiens individuels à partir d’un questionnaire structuré (voir annexe). Tableau 3.2 : Localités retenues pour l’enquête Départements Sous-préfectures Adjohoun Ouémé (61,1) Dangbo Aplahoué Communes Adjohoun Azowlissè Kessounon Hozin Villages Goutin Houéda Hêtin Houndji Lonkly Eglimè Dévé Dévèhoué Gbakèhoué Zohoudji Mono (34,9) Dogbo Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 3 4 Résultats de l’enquête 4.1 Caractéristiques socio-démographique des exploitants Les exploitants impliqués dans le cadre du présent travail sont constitués par 82,1% d’hommes et 17,9% de femmes, âgés en moyenne de 42ans. La plupart des hommes sont mariés (91,5%) et possèdent une (1) femme en moyenne dans l’Ouémé et deux (2) dans le Couffo. La gestion des exploitations est le fait des unités domestiques de production composées de l’homme, chef de famille, de sa ou de ses femmes, et de ses enfants et toute autre personne. (Tableau 4.1). Ainsi, le nombre de personnes à charge varie d’une unité de production à une autre et selon le département concerné. Il est de six (06) dans l’Ouémé et de neuf (09) dans le Couffo ; et se justifie par la propension de la plupart des producteurs du Couffo d’avoir plus d’une femme. Tableau 4.1 : Caractéristiques socio-démographiques des exploitants Départements Sexes (%) Age (ans) Hommes Femmes Min. Max. Mariés (% de Age moyen répondants) Nombre moyen de femmes Nombre moyen de personnes à charge Ouémé 88,4 11,6 20 80 41 91,3 1 6 Couffo/Mono 78,4 29,7 18 70 43 91,9 2 9 Ensemble 82,1 17,9 18 80 42 91,5 2 7 Source : Enquête PTAA/PAPA 2002 4.2-Importance de la production rizicole Aussi bien dans l’ouémé que dans le Couffo, la principale activité dans laquelle s’investissent les producteurs du riz est l’agriculture. Elle est représentée par 82,6% des producteurs enquêtés dans l’Ouémé et 97,5% dans le Couffo (Tableau 4.2 a). Ceux-ci s’occupent également de l’élevage, de la transformation du vin de palme, du petit commerce et de la transformation des produits agricoles. Dans l’Ouémé, l’activité secondaire est beaucoup plus l’élevage (53,7%) et dans le Couffo, c’est la transformation du vin de palme en Sodabi (28,6%), le petit commerce (25,0%) et la transformation des produits agricoles (17,9%). La part du revenu procuré par le riz chez les producteurs est un peu plus élevée dans le Couffo (44,16%) que dans l’Ouémé (40,5%) (Tableau 4.2.b). Selon le sexe, le revenu issu du riz est beaucoup plus élevé chez les hommes que les femmes (42,88% contre 36,94%) Tableau (4.2c et 4.2d). Tableau 4.2a : Activités principales des exploitants de la culture du riz (pourcentage de répondants) Départements Agriculture Ouémé 82,6 Couffo/Mono 97,3 Ensemble 94,3 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Elevage Petit commerce 1,5 1,0 4,4 2,7 3,8 Transformation de produits agricoles 1,5 1,0 4 Tableau 4.2.b : Activités secondaires des exploitants de la culture du riz (% de répondants) Départements 53,7 Transformation du vin de palme 7,4 Petit commerce 5,6 Transformation de produits agricoles 5,6 3,6 14,3 28,6 25,0 17,9 6,0 40,2 14,6 12,2 9,8 Agriculture Elevage Ouémé 7,4 Mono Ensemble Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Au vu de ces résultats, il faut dire que la culture du riz joue un rôle important dans la construction du revenu des populations de ces localités. Elles produisent le riz préférentiellement non pas pour les besoins alimentaires internes mais pour la vente à travers laquelle elles arrivent à faire la richesse. Le riz est alors une culture vitale pour les populations vivant le long des vallées de l’Ouémé et des zones de bas-fonds du Couffo. Tableau 4.2c : Part du revenu provenant du riz Départements Ouémé Minimum 5 Maximum 80 Part moyen 40,5 Mono 10 80 44,16 Ensemble 5 80 41,84 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Tableau 4.2d : Part du revenu provenant du riz selon le sexe Départements Minimum Maximum Part moyen Hommes 10 80 42,88 Femmes 5 60 36,94 Ensemble 5 80 41,84 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 4.3. Production du riz dans les zones d’études 4.3.1. Opérations culturales et calendrier d’exécution des opérations La production du riz démarre à la suite d’opérations successives de préparation des casiers que sont le défrichage, le labour, le planage. Ces opérations nécessitent une main-d’œuvre abondante. Elles se font à des périodes variant d’un département à un autre, et même à l’intérieur d’un même département. Les équipements utilisés pour le défrichage sont essentiellement les coupe-coupes, pour le planage, et pour le labour, les houes. Après ces opérations, viennent la pépinière, le semis, l’irrigation, le désherbage, la chasse aux oiseaux et la récolte. La main d’œuvre joue un rôle très important dans l’exécution des tâches afférentes à ces opérations surtout lorsqu’il s’agit du désherbage et du semis ; et ceci à cause de la nature de ces activités et des écartements entre les talles au repiquage. La chasse aux oiseaux se fait par les enfants à l’aide des lance-pierres, des cascagnettes, des filets japonais et autres pièges. Elle intervient en fin de cycle et peut durer jusqu’à 45 jours, et ceci chaque jour pendant au moins 12 heures. 5 D’autres équipements interviennent chez certains producteurs pour l’accomplissement de certaines tâches spécifiques. En outre, il s’agit de la moto-pompe, de tracteur, de batteuse. Ces équipements ont été trouvés exclusivement dans le périmètre irrigué de Dévé. Le calendrier d’exécution des travaux se présente comme suit : Il faut retenir enfin que le riz est une culture qui utilise une grande quantité de main-d’œuvre, impossible d’être satisfaite exclusivement par les unités domestiques de production. Pour ce fait, celles-ci sollicitent des forces extérieures pour suppléer à la main-d’œuvre familiale avec moyennant une contrepartie en valeur monétaire. 4.3.2. Système de production Les producteurs exploitent pour la culture du riz, les bas-fonds non aménagés de la vallée de l’Ouémé ; tandis que ceux du Couffo produisent le riz pluvial et le riz irrigué. Pour les producteurs du Couffo, le riz pluvial est le système de culture le plus dominant ; 58,3% contre 41,7% pour le riz irrigué (Tableau 4.3.2.a). La production se fait généralement une ou deux fois durant l’année selon le nombre de parcelles disponibles, la superficie de celle-ci et la capacité de l’exploitant à recruter la main-d’œuvre. Cette production s’établit dans l’Ouémé entre Novembre et Mars après la décrue dans les vallées ( grande saison de production) et d’Avril à Août dans les zones non envahies par la crue (petite saison de production). Dans le Mono-Couffo, la grande saison de production s’étend d’Avril à Août et la petite saison de Septembre à Décembre-Janvier. Tableau 4.3.2.a : Système de production du riz Départements Ouémé Mono/Couffo Ensemble Riz de bas-fonds aménagé 13,0 Riz de bas-fonds non aménagé 87,0 7,7 Riz pluvial Riz irrigué - - - 58,3 41,7 51,3 23,9 17,1 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Les variétés de riz cultivées sont ADNY.11365, WAB et IRAT.136. Dans le département de l’Ouémé, c’est essentiellement la variété ADNY.11365 tandis que dans le Mono-Couffo, les producteurs se répartissent dans la culture de trois différentes variétés. Il s’agit de ADNY.11365, Améliorée WAB et IRAT 136 (Tableau 4.3 2b). Les producteurs en reçoivent les semences des structures de recherche, d’encadrement (CARDER), de leur propre production ou carrément d’autres producteurs. Tableau 4.3.2.b : Variétés de riz cultivées Départements Ouémé ADNY 11365 91,6 Local - Amélioré WAB - IRAT 136 - Mono/Couffo 43,5 10,9 28,3 15,0 Ensemble 72,9 5,1 11,0 5,1 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 6 Dans les deux départements concernés, la superficie moyenne cultivée par exploitant tourne autour de 0,5ha. Les rendements moyens sont respectivement de 40,26kg/ha dans l’Ouémé et 1.5 à 2 tonnes/ha dans le Couffo. Il faut retenir que les terres de vallée (Ouémé) sont plus riches et plus aptes à la production du riz du fait des alluvions qui s’y déposent régulièrement pendant les périodes de crue. Aussi, faudrait-il savoir que la production du riz dans la vallée exige moins de coût, surtout en matière d’apport supplémentaire d’eau (irrigation) parce que les vertisols arrivent à conserver l’eau durant tout le cycle de production, de sorte qu’aucun déficit ne soit ressenti par la culture. 4.4. Activités post-récoltes du riz 4.4.1-Récolte du riz La récolte du riz se fait à la fin du cycle de production en un seul tenant ou de façon échelonnée. Elle est échelonnée à cause de la rareté de la main-d’œuvre, de l’étendue des superficies et du manque de moyen financier pour la réalisation de la récolte en un seul trait. La récolte échelonnée est pratiquée chez 28,5% des producteurs ; alors que la récolte est faite d’un seul trait dans 71,4% des cas. Les producteurs qui adoptent cette dernière forme de récolte attendent les maturations complètes des casiers, puis engagent sur leurs périmètres rizicoles une main-d’œuvre suffisante. Cette main-d’œuvre est généralement composée d’hommes et de femmes qui s’organisent et se divisent autour du travail : les hommes coupent les pailles (récolte du paddy), les enfants et les femmes les mettent en tas. Les producteurs s’assurent de la maturation complète des casiers lorsque les épis ou panicules sont jaunes et se courbent. Ces indices sont précédés par un léger jaunissement des feuilles, mais suivis du durcissement des grains qui sous la dent produisent un son aigu. Au stade avancé de la maturation, les grains commencent à tomber seuls ou au passage du producteur dans le champ. Pendant cette période, la récolte devient très délicate et l’activité destructrice des oiseaux granivores très intense. Ainsi enregistre t-on déjà des pertes à la récolte. Dans ces conditions, quand bien même le battage, et le séchage seront rapides, force est de constater que ce paddy déjà trop sec depuis le champ occasionne assez de brisure au décorticage. Ceci présente comme conséquence la réduction du rendement et la diminution de la valeur marchande du riz à cause des brisures. La récolte faite bien avant l’apparition véritable des indices sus-énumérés présente aussi bien des conséquences, tels la lourdeur des pailles due au taux d’humidité encore élevé, rendant le ramassage difficile ; le collage des paddy aux pellicules rendant le battage long et pénible, aboutissant à cet effet à d’énormes pertes et par conséquent à un faible rendement. En définitive, la plupart des paysans enquêtés dans les deux départements maîtrisent le moment de récolte ; c’est à dire savent à quelle étape de maturité il faut récolter le paddy, car ont tous reconnu qu’une récolte avant ou après ce moment occasionne des pertes à divers niveaux et par conséquent réduit le rendement au décorticage. Photo n°1 : récolte du paddy 7 4.4.2. Battage des panicules Le battage est l’opération qui suit la récolte du riz au champ. Il consiste à soustraire le paddy des panicules. Cette opération peut se faire immédiatement après la récolte ou peut être différée de trois (3) à quatre (4) jours selon le producteur. Ainsi, pendant ce bref séjour des panicules, des dispositions sont prises pour mettre le riz à l’abri de tout dégât. 4.4.2.1-Dispositions pré battage Les dispositions prises avant le battage constituent en la constitution des panicules en bottes et en la mise en tas de celles-ci pendant trois à quatre jours. Les panicules disposées de cette manière sont protégées à l’aide d’un filet, de pailles ou d’imperméables au champ pour empêcher la destruction des grains par les oiseaux. Parfois, les bottes de riz peuvent être ramenées à la maison et conservées dans les magasins ou sous hangar avant le battage. La technique de battage différée est pratiquée par 58,0% des producteurs dans l’Ouémé et 25% de ceux-ci dans le Mon-Couffo, soit un total de 46,7% des producteurs sur l’ensemble des deux départements (Tableau 4.4.2.1a). Elle permet la poursuite du séchage et de détachement des paddy et est adoptée parfois à cause du manque de temps, de la main-d’œuvre et d’argent ; mais se justifie surtout par la nécessité de poursuivre le séchage et d’empêcher les paddy de coller au battage (Tableau 4.4.2.1b). Tableau 4.4.2.1a : Battage du riz Pourcentage Départements Ouémé Battage différé 58,0 Battage non différé 42,0 Mono 25,0 75,0 Ensemble 46,7 53,3 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Tableau 4.4.2.1b : Raisons pour lesquelles le battage est différé Raisons (% de répondants) Nécessité de Départements continuer le séchage pour faciliter battage Ouémé 46,5 Eviter collage des Manque de main Manque de grains au paddy d’œuvre temps Manque d’argent 30,3 7,0 7,0 2,3 Mono 60,0 - 20,0 - 20,0 Ensemble 49,1 24,6 9,4 5,7 5,7 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 L’influence de cette technique sur le paddy est nettement positive. En effet, elle accélère et facilite le battage. De plus, elle permet d’obtenir un bon rendement par le détachement de tous les grains des panicules. 4.4.2.2. Technique de battage du riz L’opération de battage se fait soit au champ sur une surface dure (tronc de bois, pierre, dos de jarre renversée, etc..). Cette opération est souvent accomplie par les hommes et les enfants. Toutefois, des femmes peuvent être aussi sollicitées. La réalisation de l’opération se fait dans des enclos 8 aménagés dont le sol est couvert de nattes ou tout autre couverture. Cette disposition selon le paysan permet d’éviter des pertes de grains de paddy par projection ou enfouissement dans le sol au cours de l’opération. La conséquence que cette technique de battage peut présenter est la cassure du grain de riz dans son enveloppe. Il en résulte un taux important de brisure et par conséquent des pertes. De plus, beaucoup d’impuretés subsistent et exigent dès lors un travail supplémentaire de vannage avant l’opération de séchage suivante. L’utilisation de la batteuse est une méthode de battage connue des producteurs, mais n’est pas adoptée par la plupart à cause du manque de moyen financier et des difficultés de transport de la machine sur les périmètres rizicoles vu que le battage se fait au champ par un grand nombre de producteurs. photo n°2 : Battage Tableau 4.4.2b : Effet moment de récolte sur le battage Moment de récolte Effets Pourcentages de répondants Battage difficile et long 71 Collage des grains au paddy 29 Précoce Battage rapide et facile Tardive Trop de déchet Trop de pourriture (mauvaise odeur) Rapide et facile A bonne date Bon rendement Bonne qualité Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 59,5 25 Conséquences Perte de grain au battage Baisse de rendement au décorticage Beaucoup de brisure Baisse de rendement au décorticage 14,3 50 34,3 15,7 Néant 4.4.3. Séchage du riz paddy Le séchage du riz paddy est un procédé de réduction du taux d’humidité du paddy qui permet de l’apprêter pour le décorticage. Il est tributaire des conditions climatiques et se fait par exposition du riz paddy au soleil. Dans la vallée de l’Ouémé comme dans le Mono-couffo l’opération consiste à un étalage du paddy sur des toiles cirées, des nattes, des sacs de jutes, des bâches ou sur l’aire de séchage. Le paddy est étalé en couches minces au soleil et retourné régulièrement pour favoriser le séchage des parties inférieures. Le séchage ne devient total que 2 à 3 jours après, lorsque le grain de riz quitte facilement le balle en triturant le paddy dans la paume des mains. De plus, le poids des grains au toucher est un bon indice de fin séchage. En effet, lorsque le séchage est optimal, le paddy est bien léger. 9 Dans le procédé de séchage, bien des contraintes existent. La contrainte majeure est la surveillance des grains pendant tout le temps d’exposition au soleil. La surveillance se fait contre les animaux domestiques et aussi pour éviter que la pluie ne tombe sur les grains. En effet, les producteurs sont prêts pour ramasser à tout moment dès que le ciel semble s’obscurcir, prévoyant la menace d’une pluie immédiate. Dans toutes les localités sillonnées, la technique de séchage est presque la même et se fait de la manière suivante : Le paddy récolté est étalé au soleil en couche mince sur une bâche ou un tapis en polyéthylène. Il est aussi laissé toute la journée. Le soir, il est ramassé, mis dans les sacs et entreposé à l’intérieur des cases (cas de l’Ouémé), ou bien est regroupé et recouvert du tapis de séchage et laissé sur l’air de séchage (cas du Mono/Couffo). Le lendemain, ce paddy est étalé à nouveau au soleil et le processus continue jusqu’au séchage complet. En fait, c’est un mode de séchage discontinu au cours duquel la teneur en eau du paddy baisse considérablement au soleil pendant la journée. Cette humidité augmente pendant la nuit sous l’effet de la rosée pendant la nuit ou bien dans des conditions de stockage avec les sacs en polyéthylène. C’est cette fluctuation de teneur en eau associée aux variations de température que le paddy subit pendant les 2 à 3 jours de séchage. Ces fluctuations, conduisent sans doute le plus souvent à l’apparition de petites fissures dans les grains et par conséquent à l’obtention de forts taux de brisures au cours du décorticage. Par ailleurs CTA 1992 recommande le séchage à l’ombre car, produit plus de grains entiers, la différence pouvant atteindre 10 à 25% de moins qu’un séchage au soleil et par conséquent moins de brisure au cours de l’usinage. 4.4.4 Décorticage du riz paddy 4.4.4.1 Dispositions pré-décorticage Le riz issu du séchage n’est pas toujours prêt pour subir automatiquement le décorticage. Chez certains paysans (80,2%), le riz passe par un stockage provisoire qui favorise le refroidissement des grains. Ce refroidissement donne certaines aptitudes aux grains qui peuvent passer désormais à la décortiqueuse sans subir un fort taux de brisure. Généralement, la mise en stock provisoire est conditionnée par la non disponibilité ou l’éloignement du lieu de séchage au lieu de décorticage. Dans la vallée de l’Ouémé, la gestion de la décortiqueuse se fait par le Conseil d’Administration du Groupement Villageois (CA/GV) qui élabore un programme suivant un calendrier bien défini au départ, de sorte que ceux qui ne sont pas programmés pour passer tout de suite doivent stocker pour un temps en attendant leur tour. 4.4.4.2. Décorticage du riz paddy La décortiqueuse est l’instrument utilisé dans la vallée de l’Ouémé et le Couffo pour le décorticage. Le décorticage se fait en prestation de service moyennant une contrepartie de 17,18FCFA/kg dans l’Ouémé et de 13,47FCFA/kg dans le Couffo, soit en moyenne 15,80FCFA sur l’ensemble des départements concernés par la présente enquête. Le rendement moyen des décortiqueuses est de 67,89% dans l’Ouémé et 77,45% dans le Couffo. De ces résultats, il ressort que le prix du décorticage est généralement moins élevé dans le Couffo que dans l’Ouémé. De plus, le rendement moyen des décortiqueuses dans le Couffo reste supérieur à celui enregistré dans l’Ouémé. Deux groupes de facteurs influencent le rendement du paddy au décorticage. Il s’agit des facteurs liés à l’état de fonctionnement de la machine et des facteurs liés à la nature même du riz paddy. 10 Tableau 4.4.4.2a : Prix et rendement du décorticage Départements Ouémé Minimum 15 Mono 8 Prix (FCFA/kg) Maximum Prix moyen 20 17,18 Rendement moyen (%) 67,89 30 13,47 77,45 Ensemble 8 30 Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 15,80 70,95 ¾ Facteurs liés à l’état de fonctionnement de la machine : ces facteurs concernent l’âge de la machine, l’état de défectuosité de son tamis et son réglage qui dépend en grande partie du manipulateur ; ¾ Facteurs liés à la nature du riz paddy : c’est essentiellement le niveau de séchage du paddy, lequel est tributaire des conditions de séchage. En effet, les récoltes précoce et tardive aboutissent généralement à un taux de brisure élevé et à des pertes élevées ; tandis que la récolte à bonne date, accompagnée d’un séchage correct aboutit à un décorticage rapide, à un bon rendement et à un riz de bonne qualité. Les appréciations des producteurs sur le taux de brisure et l’importance de la présence de grains non décortiqués confirment les corrélations existant entre l’état de la machine, la nature du grain à décortiquer avec la qualité du grain sorti de la décortiqueuse (tableaux 4.4.4.2b et 4.4.4.2c). Tableau 4.4.4.2b : Appréciations sur le taux de brisure Appréciations (n=143) Raisons Bon séchage Machine en bon état Faible (94,3%) Paddy bien sec Récolte à bonne date Elevé (5,7) Mauvais séchage Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 Pourcentages de répondants 35,4 19,5 18,3 8,5 6,1 Tableau 4.4.4.2c : Appréciations importance des grains non décortiqués Appréciations (n=143) Raisons Pourcentages de répondants Faible (84,8%) Bien sec 21,4 Machine en bon état 31,6 Bon réglage de la machine 17,1 Elevé (15,2%) Séchage non correct 7,7 Mauvais réglage de la machine Source : Enquête PAPA/PTAA 2002 11 2ème Partie : Test en milieu paysan des différentes méthodes de séchage du riz paddy L’enquête diagnostic réalisée a permis de constater que les paysans récoltent le paddy au bon moment. Par contre les conditions de séchage ne sont pas bonnes ; ce qui engendre assez de brisures au décorticage 40% environ. C’est suite à cela qu’il y a eu des tests de différentes méthodes de séchage. L’objectif de ces tests est de dégager la ou les méthodes de séchage qui occasionne moins de brisure avec un rendement intéressant après décorticage. 5.1. Présentation du lieu de déroulement des tests Les essais sont effectués sur le site d’Eglimè, un village du département du Couffo situé à une vingtaine de kilomètre de la Sous/préfecture d’Aplahoué. L’activité principale des populations est l’agriculture. Avec une taille d’exploitation variant entre 0,5 à 2,5 ha, les cultures pratiquées dans cette localité sont : le maïs, le coton, le niébé, le riz et les cultures maraîchères (tomate, gombo, piment). Par rapport à la culture de riz c’est les variétés WAB, INRIS, IRAT 136,11-365 qui sont souvent produites dans un système de riz pluvial sur un sol semi-argileux. Les opérations culturales, les périodes et les équipements utilisés pour la production du riz sont résumés dans le tableau ci-après : Tableau 5.1 : Les différentes opérations du système de production du riz à Eglimè Opération Préparation sol Semi Sarclage Fumure Récolte Battage Séchage Vannage Décorticage Méthode / équipement Période 1-2 semaines avant la pluie (entre fin Mars –et début Avril) et juin Grande saison :avril-mai Semis en ligne avec piquets et houes Petite saison :juin à juillet - 1 mois après semis et Manuel à la houe - 2 mois après semis -NPK une fois à 100kg/ha -grande saison :mai-juin -urée une fois à 50kg/ha (tout -petite saison juillet-août ceci est réalisé après le 1er sarclage) Grande saison :juillet-août Coupe des panicules aux couteaux Petite saison :novembreet coupe-coupes décembre Traditionnelle par sarclage à la houe et au coupe-coupe Battage aux bâtons des panicules coupés dans le champ Après la récolte Séchage au soleil en étalant le paddy Tout juste après le battage sur des bâches et sacs de jutes Se fait à l’aide de plateaux et bassines Utilisation de décortiqueuses à la ferme semen-contra de Dévé Répartition selon le genre Hommes et femmes Hommes et femmes Hommes et femmes Hommes et femmes Hommes et femmes Hommes et les jeunes garçons Enfants Après séchage Femmes Après séchage Hommes essentiellement 12 5.2. Matériel et méthodes 5.2.1. Matériel Le matériel utilisé dans le cadre des essais de séchage est constitué de : • matériel végétal : riz paddy variété locale fraîchement récolté (teneur en eau d’environ 22%) ; • matériel non végétal : bâches pour le séchage, un peson pour la mesure des poids et un humidimètre de terrain ; • matériels naturels : le soleil et l’ombrage des arbres. Par ailleurs des entretiens individuels ont permis d’évaluer la performance des différentes pratiques de séchage en test sur la base des observations et perceptions du produit final. Les essais sont réalisés avec la participation des paysans surtout pour l’appréciation de la performance des différentes méthodes de séchage. 5.2.2. Méthodes Trois méthodes ou techniques de séchage ont été testées. Il s’agit de la pratique paysanne, le séchage à l’ombre et le séchage mixte. 1. La pratique paysanne. Elle consiste à sécher le paddy à l’air libre directement au soleil en couche mince d’environ 2 cm d’épaisseur. Le paysan passe de temps à autre pour passer la main dans le paddy afin de faciliter un séchage rapide et homogène. Le paddy ainsi étalé à l’air libre y reste jusqu’au soir aux environs de 17h 30min avant d’être mis dans des sacs et entreposé dans la case. Quitte à recommencer la même opération le lendemain et le jour d’après jusqu’à ce que le paddy soit complètement sec (voire photo n°3 ci-dessous). 2. Séchage à l’ombre. Elle s’est effectuée à l’ombre d’un arbre, le paddy toujours étalé en couche mince sur des bâches dans la journée ; la nuit ce séchage continue à l’intérieur des cases avec toujours le paddy étalé (voire photo n°4 ci-dessous). 3. Séchage mixte (combinaison des deux précédentes méthodes). Elle consiste à sécher rapidement le paddy au soleil pendant environ 2heures 30 minutes puis continuer le séchage à l’ombre jusqu’à la fin. L’étape de séchage au soleil permet de ramener la teneur en eau du paddy à environ 16%. Photo n°3 : séchage au soleil Photo n°4: Séchage à l’ombre Pour chaque essais, 30kg de paddy sont séchés avec 03 répétitions. Après le séchage le paddy est décortiqué avec la décortiqueuse à rouleau installée sur le Périmètre irrigué de Dévé. Pour tester chaque méthode de séchage, le paddy fraîchement récolté a été divisé en neuf lots de 30 kg. dont trois (03) lots par méthode (avec répétition). Ainsi on a : 13 ¾ lot1 : séchage au soleil : pratique paysanne (PP) ¾ lot2 : séchage à l’ombre (SO) ¾ lot3 : séchage mixte (SM) Au cours de ces essais les différentes données collectées sont : - Date et heure de démarrage de séchage, Quantité de paddy séché, Date et heure de fin de séchage, Quantité de paddy après séchage, Date et heure de décorticage, Durée de décorticage, Quantité de riz obtenu après décorticage. Ces données ont permis de calculer les paramètres suivants : durée de séchage, taux de brisure et la teneur en eau du paddy séché prêt à être décortiqué. L’analyse financière a porté sur l’évaluation par budget partiel. Le budget partiel intègre les coûts variables qui varient d’une technologie à une autre (Alimi et Manyong, 2000 ; CIMMYT, 1989). Ce terme indique que n’y sont pas inclus tous les coûts de production mais seulement ceux qui varient en fonction des traitements envisagés à titre d’option. Dans le cas qui nous occupe, les coûts qui varient sont ceux associés au séchage avec la pratique paysanne (séchage discontinue au soleil), au séchage mixte (séchage rapide au soleil et achevé à l’ombre) et au séchage continue à l’ombre. Ce budget comprend la détermination des coûts variables marginaux et des bénéfices nets marginaux d’une technologie à une autre. Il est nécessaire de ne pas confondre bénéfices nets tels qu’indiqués dans ce type de budget et gain réel du producteur. Dans le budget partiel, il y a lieu de comparer les coûts additionnels (ou marginaux) et les bénéfices nets additionnels (ou marginaux). Elle s’exprime par la formule suivante : CVM(BNM) =Variationentredeuxtraitementsconsécutifs CVM = Coûts Variables Marginaux BNM = Bénéfices Nets Marginaux Dans ce budget partiel, la comparaison est faite entre les technologies consécutives. Certains niveaux d’analyse sont ainsi déterminés dans ce budget partiel. Il s’agit entre autres de l’analyse de dominance, du taux marginal de rentabilité et de l’analyse par la méthode arithmétique. L’analyse de dominance est le premier niveau qui permet d’éliminer la technologie dont les bénéfices nets qu’elle procure sont insuffisants. Il faut donc procéder à l’arrangement des technologies en ordre croissant suivant le total des coûts variables qui varient. Une technologie est dite dominée lorsqu’elle procure un bénéfice net inférieur ou égal à celui d’une autre technologie dont le coût qui varie est moindre (CIMMYT, op. cit.). Après ce premier niveau, on passe à l’analyse marginale des technologies consécutives qui ne sont pas dominées. Le taux marginal de rentabilité représente le gain que le paysan peut espérer obtenir en moyenne de son investissement quand il souhaite changer une pratique de séchage par une autre. Il est déterminé par la formule suivante : Tauxmarginal = Bénéficenetmarginal(augmentationdesbénéficesd'unetechnologieàuneautre) Coûtmarginal(augmentationdescoûts variablesd'unetechnologieàuneautre) Ce taux est comparé au Taux Minimum Acceptable de Rentabilité (TMAR) dont la formule est la suivante. TMAR =Coûtducapital + revenu degestion 14 Le coût du capital est le bénéfice que le producteur s’abstient d’obtenir quand il investit son capital dans une activité pendant une certaine période. Ce coût représente en fait le taux d’intérêt d’un emprunt. Dans le cas précis, on considérera dans les calculs le taux d’intérêt de la Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) qui est de 2 % par mois. Pour ce qui nous concerne, le séchage dure au maximum quatre (04) jours. Le revenu de gestion est le bénéfice que le paysan espère récupérer dans la gestion de son champ de riz. S’il s’agit d’une nouvelle technologie, il représente le bénéfice que le paysan espère récupérer du temps utilisé et des efforts fournis pour apprendre et pratiquer cette technologie. Alimi et Manyong (op. Cit.) suggèrent un revenu de gestion de 100% dans le cas des cultures vivrières. Au cours des essais, la fin de séchage des échantillons de paddy est appréciée par les paysans qui ont participé aux travaux. Ces indices de fin de séchage sont par exemple, lorsque le grain de riz quitte facilement le balle en triturant le paddy dans la paume des mains et ou le paddy est bien léger. Le riz paddy décortiqué est également apprécié par les riziculteurs. 6. Résultats et discussion 6.1. Performance technique des différentes pratiques de séchage Le tableau ci-après présente les résultats obtenus à l’issu des essais de séchage de paddy. Tableau 6 : Teneur en eau, rendement et taux de brisure à partir des échantillons de 30kg de paddy séché et décortiqué Mode de séchage Durée de séchage en jours 2 Soleil 3,5 Ombre Mixte 2h50 au soleil +2 jours à l’ombre Teneur en Quantité de eau (%)du Moyenne riz obtenue Rendement Moyenne paddy après (%) après (%) (%) décor décorti (kg) 13,40 17,9 59,66 13,53 18,4 61,33 13,54±0,15 57,66±4,97 13,70 15,6 52,00 12,83 19,0 63,30 13,63 18,2 60,66 12,99±0,56 61,87±1,33 12,53 18,5 61,66 13,63 18,5 61,66 13,43 18,8 62,66 12,98±0,94 60,10±3,40 11,96 16,8 56,00 Taux de brisure (%) 23,2 25,8 33,2 17,0 17,6 20,2 20,8 20,4 21,6 Moyenne (%) 27,40 ± 5,18 18,26 ± 1,70 20,93 ± 0,61 Malgré la durée de séchage qui a augmenté du séchage au soleil au séchage à l’ombre, les teneurs en eau des différents échantillons du paddy à la fin de séchage reste pratiquement les mêmes. Cette teneur est d’environ 13,20%. Ce qui par ailleurs ne s’écarte pas trop de celle recommandée qui est de 14% environ (CTA,1992). Ceci traduit que les indicateurs de fin de séchage selon les paysans à savoir : enlèvement facile des enveloppes des grains de paddy après trituration dans la main, grains légers, etc sont objectifs. Les rendements et les taux de brisures obtenus après décorticage des différents lots de paddy séché indiquent que le séchage à l’ombre (SO)et mixte(SM) donnent de meilleurs résultats par rapport au séchage solaire (SS). Les rendements sont élevés avec de faible taux de brisure alors que pour SS le rendement est relativement bas avec un taux de brisure supérieur aux deux autres. Ces rendements et taux de brisure sont de l’ordre (en %) de 61,87 et 18,26 ; 60,10 et 20,93 respectivement pour SO et SM contre 57,66 et 27,40 pour SS (Voire figure n°1). Les résultats de SO et SS confirment ceux contenus dans CTA 1992 qui stipulent que le séchage à l’ombre produit plus de grains entiers, à différence pouvant atteindre 10 à 25 % de moins qu’un séchage au soleil et par conséquent moins de brisures au cours de l’usinage. 15 70 60 rendement 50 Taux de brisure 40 % Rdt et brisure 30 20 10 0 Soleil Mixte Ombre Mode de séchage Figure n°1: Effet du mode de séchage du paddy sur le rendement et le taux de brisure Malgré la différence observée au niveau des rendements au décorticage, l’analyse statistique indique qu’ils sont statistiquement identiques quelque soit le mode de séchage. Par contre l’analyse des taux de brisure montre qu’il existe une différence entre le SS et les deux autres qui sont semblables. Ces différences obtenues surtout avec SS s’expliquent par le fait que ce mode de séchage fait subir des chocs thermiques résultant des variations brutales de température au paddy. Ces variations découlent du passage du paddy du soleil intense le jour et ensuite stocké le paddy dans les sacs toute la nuit où il fait frais. Ce qui fait que le paddy préalablement séché le jour dont la teneur en eau a baissé jusqu’à environ 11 % gagne l’humidité au cours de la nuit et se retrouve à un taux d’environ 15%. Le même processus est repris le second jour de séchage. Ainsi ces brusques variations thermiques créent des fissures au sein du grain de riz à l’intérieur de l’enveloppe (balle). Ces fissures rendent ainsi les grains fragiles et par conséquent ne peuvent plus tellement résister au décorticage. Ce qui conduit à l’obtention de fort taux de brisure entraînant du coup une baisse de rendement suite aux pertes sous forme de farines occasionnées par les brisures de riz. Par contre avec les séchages à l’ombre et mixte les grains de paddy ne subissent pas ces variations thermiques ce qui explique le faible taux de brisure et par conséquent un rendement relativement élevé. Du fait que ces riz séchés à l’ombre et décortiqués occasionnent peu de brisure, leur apparence est plus attrayante et va sans doute beaucoup attirer le consommateur comparativement au riz avec beaucoup de brisure. En définitive, le SO et SM ne présentant par de différence statistiquement significative, par conséquent il serait recommandable de proposer aux paysans d’adopter le séchage mixte par rapport au séchage à l’ombre qui nécessite plus de temps de surveillance. La différence entre ces deux modes de séchage d’environ de 12heures peut être utilisée par le paysan ou les surveillants à faire autres activités. 6.2. Rentabilité financière des différentes pratiques de séchage testées Le tableau 6.2.a présente le budget partiel de l’essai comparatif des trois pratiques de séchage testées. 16 Tableau 6.2.a. : Budget partiel par technologie pour 1.000 kg de riz décortiqué Séchage au soleil Séchage mixte Séchage à l’ombre 1. Revenu de vente (FCFA/ 1.000kg) 1.1. Rendement moyen (kg/kg) 0,58 0,60 0,62 1.2. Prix unitaire (FCFA/kg) 350 350 350 203.000 210.000 217.000 Séchage du paddy 1.200 1.500 1.800 Total coûts variables 1.200 1.500 1.800 201.800 208.500 215.200 Total Revenu 2. Coûts variables (FCFA/1.000kg) Bénéfices nets (FCFA/1.000kg) Le tableau 6.2.a montre que les bénéfices nets décroissent en fonction des coûts variables de la pratique paysanne (semi discontinue au soleil) à celle améliorée (séchage continue à l’ombre). Ceci traduit le caractère peu rémunérateur des technologies améliorées testées. • L'analyse de dominance Le tableau 6.2.b présente le total des coûts variables qui varient et les bénéfices nets correspondant à chaque technologie. A ce niveau, l’analyse devant porter sur les trois traitements, les coûts afférents au séchage par chaque pratique sont considérés comme des coûts variables. Ils sont pour ce fait intégrés dans l’analyse de dominance. Tableau 6.2.b : Analyse de dominance par technologie Total des coûts variables qui varient (FCFA/1.000kg) Bénéfices nets (FCFA/1.000kg) Séchage au soleil Traitements Séchage mixte Séchage à l’ombre 1.200 1.500 1.800 215.800 208.500 (D) 201.200 (D) On remarque de ce tableau que les traitements se succèdent en progression ascendante en fonction de la totalité des coûts qui varient. Par contre, les bénéfices nets de leur côté, diminuent. Les deux (02 technologies améliorées présentent des bénéfices nets qui sont inférieurs à ceux de la technologie paysanne utilisant le séchage continue au soleil. Il ressort de cette analyse que la pratique paysanne (séchage discontinue à l’ombre) est celle qui présente la meilleure performance économique. Elle est donc la meilleure alternative et semblerait justifiée le choix des riziculteurs à s’investir dans ce mode de séchage. A partir de cette conclusion, il serait alors inutile de continuer le niveau d’analyse. 7. Conclusion A l’issu de ces tests, le séchage à l’ombre et mixte ont donné de meilleurs résultats en ce qui concerne les taux de brisure au décorticage. Ces taux sont faibles par rapport à la pratique paysanne. En effet pour le séchage à l’ombre et mixte, les taux sont respectivement de 18,26% et de 20,93% contre 27,40% pour la pratique paysanne. Ainsi le séchage à l’ombre réduit de plus de 9% le taux de brisure par rapport à la pratique paysanne. Par conséquent le séchage mixte à défaut du séchage à 17 l’ombre est recommandable pour les riziculteurs. Ceci leur permettra d’améliorer la qualité et le rendement de leur riz à l’usinage. L’analyse de dominance montre que les technologies améliorées testées (séchage mixte et séchage continue à l’ombre) sont dominées. Elles ne présentent donc pas un intérêt financier pour les riziculteurs. Au terme de cet essai, il est nécessaire d’approfondir les analyses pour comparer le comportement de chacune de ces technologies avec d’autres types de décortiqueuses utilisées en milieu paysan. En fait, les résultats observés montrent qu’il n’existe pas une différence significative au niveau du taux de brisure. Aussi, les appréciations paysannes indiquent une faible différence entre les traitements.
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